Escale à buenos aires 9782728919598

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Le monde à cœur battant Cécile Quiniou

Escale à

« J’enfile mes écouteurs et laisse mon esprit voyager au rythme de Could you be loved de Bob Marley. Dans la torpeur qui m’envahit, j’entends le ronronnement monotone de la voix de mon prof, M. Desombres : “Cette peinture d’une délicatesse infinie nous dévoile tout le romantisme lyrique, bien qu’atypique, d’un peintre, qui, des années 1876 à 1879, sans doute, avait le cœur et les pensées tournés vers la volonté de retranscrire des émotions palpitantes…” Je me réveille quatre heures après. Le chef de cabine annonce le début de la descente de notre avion vers l’aéroport de Buenos Aires où il est 11 heures du matin et où la température est de 27 degrés. »

Escale à Buenos Aires

Buenos Aires

Escale à

Buenos Aires

La suite des aventures de Jade au rythme du tango argentin. Entre la naissance des jumeaux, un mystérieux vol de tableau et les retrouvailles avec Gaspard… le cœur de Jade n’a pas fini de palpiter !

13,90 € France TTC www.mameeditions.com

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Le monde à coeur battant Cécile Quiniou

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Illustration de couverture : Félicité d’Hautefeuille Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe, Sophie Cluzel Édition : Camille Icole Direction artistique : Élisabeth Hebert Fabrication : Thierry Dubus, Anne Floutier © Mame, Paris, 2015 www.mameeditions.com ISBN : 978‑2-­7289‑1959‑8 MDS : 531 378 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49‑956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »

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À mon « petit Bobby » pour la vie, devenu mon mari depuis juillet ! Merci mon Alexandre pour ta patience et ta constance à mes côtés : sans toi, ni moi ni Jade ne serions aussi confiantes. À mes familles Quiniou et Prot pour leur amour sans faille et leur soutien. Aux potes, pour ne pas faire de jaloux. À la Providence, qui ne m’abandonne jamais. Et aux lecteurs du tome 1 Manille, embarquement immédiat pour leur enthousiasme et leurs mots touchants à mon intention. MERCI.

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Hasta luego Paris ! 20 décembre, dans l’avion

–  Mademoiselle, un coca, un café ? L’hôtesse de l’air me tire d’un profond sommeil. Je me suis paisiblement endormie sur un polycopié… Je me frotte les yeux pour me réveiller. Décidément, ce vieux professeur d’histoire de l’art, M. Desombres, me poursuit même dans mes rêves. C’est le pire enseignant du monde. C’est dommage, car la matière aurait été intéres‑ sante mais lui, c’est un somnifère incarné ! –  Un coca, un cafè o agua Señora ? – Ah si, gracias ! Heu… yes ! Enfin, oui ! Heu… Un coca, s’il vous plaît. –  Voilà ! Je récupère la canette maladroitement puis, comme à mon habitude, l’engloutis d’une traite. J’adore quand ça me pique les yeux et me décape le gosier. Je suis dans l’avion. J’en aurai fait des trajets aériens en deux ans ! Cette fois, je pars de l’autre côté du globe. Adieu l’Asie, au revoir la France et bonjour l’Amérique du sud ! Je vais retrouver ma petite famille en voie d’agrandissement à Buenos Aires, en Argentine, pour un mois. Muy bien ! 9

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L’Argentine est un pays extraordinaire, somptueux, ­grandiose. Il fait presque dix fois la France en superficie. Il se trouve à côté du Brésil, de la Bolivie, du Chili, du ­Paraguay… Des noms qui font rêver ! On y parle espa‑ gnol. C’était ma seconde langue au collège et je la maîtrise assez bien. Il y a des montagnes, des glaciers, des lacs, des immenses prairies où le peuple des gauchos – ces gar‑ diens de troupeaux de la pampa sud-­américaine – dressent leurs chevaux. Et bien sûr il y a Ushuaïa ! Sur les forums Internet, les voyageurs racontent à grand renfort de photo‑ graphies qu’au détour d’une colline, d’une rivière ou d’un simple virage, le paysage change complètement, que l’on semble passer d’un monde à un autre. Je suis assez impa‑ tiente de découvrir tout ça ! Est-­il possible que cela soit plus beau que les Philippines ? Les Philippines… Gaspard… Je secoue la tête pour le chasser de mes pensées. Interdic‑ tion de ruminer ! Il est loin et je m’en éloigne encore plus aujourd’hui. Je vais penser à… Hum… Je suis pressée de goûter la viande de bœuf argentin ! C’est la meilleure au monde, m’a dit Bon Pap’. Quand il était étudiant, il a vécu six mois à Córdoba, au nord de l’Argentine. Avant que je parte, Mouna m’a cuisiné un plat d’après une recette que Bon Pap’ lui avait apprise. C’est à base de farce de viande hachée ou de poulet, de fromage, de raisins, d’olives, d’oignons, de mozzarella. Le tout assaisonné de poivre, paprika, basilic et cumin. Mmm… Dans cinq jours, c’est Noël. J’ai hâte d’y être ! Il était inenvisageable pour moi de ne pas passer le réveillon en 10

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famille. Cela fait déjà quatre mois que nous ne nous sommes pas vus, et les parents et Toto me manquent cruel‑ lement. Maman doit être énorme. Elle doit accoucher de jumeaux dans trois semaines. Quelle nouvelle quand on a appris ça en juin ! Maman était déjà enceinte de presque deux mois ! L’annonce de ce bébé avait été surprenante mais quand le docteur a dit qu’il y en avait deux… Cela fait déjà 6 mois que je suis rentrée des Philippines, où nous avons vécu avec ma famille pendant un an. Une année extraordinaire et surprenante dont je ne me suis pas encore remise. J’habite à Paris, où j’étudie l’histoire de l’art à la fac. Je pense à Manille tous les jours, malgré les copains que j’ai rencontrés ce semestre, les retrouvailles avec Mouna, Bon Pap’, les amis d’enfance, la vie estudian‑ tine, l’indépendance familiale et un peu financière et tout et tout… Debjani, Divine, Jun et tous ceux des Philippines me manquent énormément. Et mon Antoy… Et Maria Mae… Et puis Gaspard… Je ravale ma salive. Nouvelle envie de m’émouvoir niai‑ sement… STOP ! Je suis dans l’avion pour l’Argentine et ça, c’est vraiment extra ! « Viva las vacaciones ! », comme ils disent là-­bas. Je suis trop contente de les retrouver. Thomas est entré au lycée français de Buenos Aires. Je n’ai pas eu beaucoup de nouvelles depuis septembre, juste quelques e-­mails laco‑ niques en réponse aux miens. Mais il va me raconter tout ça de vive voix. Je suis reconnaissante envers mes parents de m’avoir ­permis de faire mes études supérieures à Paris. Ils savaient que j’en rêvais… J’en rêvais, oui… Avant Manille, je ne rêvais que de la vie parisienne. Le fait est que c’est exaltant 11

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mais… Il semble que tout a changé en moi, alors que rien n’a changé dans la capitale. Ça a été perturbant au début. Et finalement, je me suis sentie très seule à Paris. Après toutes les aventures vécues à Manille – l’enlèvement, le gang, la trahison de notre chauffeur Boong, la fusil‑ lade… –, notre famille s’est soudée dans l’épreuve. Aujourd’hui, même si je ne l’avoue pas franchement, je ne suis pas sûre d’être parfaitement à ma place dans la capi‑ tale. Certes, cela me permet de voir régulièrement mes grands-­parents, de vivre l’aventure étudiante en autonomie. Mais la famille, c’est si important. Je n’ai pensé qu’à une chose ces derniers temps : repartir, et les retrouver. Et, c’est le cas aujourd’hui ! Buenos Aires me réserve sûrement de belles surprises pour les trois semaines à venir. Et je compte bien en profiter au maximum. Tous mes partiels sont passés. Je n’aurai les résultats qu’à la mi-­janvier et d’ici là : no stress & just enjoy !, comme dirait l’ami Jun. J’ai tellement cravaché… Je sens encore l’odeur de Beau‑ bourg, cette bibliothèque calme et silencieuse, où l’on ­n’entend que les stylos qui grattent le papier et les pages de livres qui se tournent. Il m’est arrivé de me sentir comme ces têtes de classe qui ne vivent que pour leurs résultats scolaires, concentrées, sérieuses et organisées. Une fois, j’ai même refusé d’aller à la soirée de ma copine Char‑ lotte. Moi qui adore sortir en général… Elle organisait une grande fête pour célébrer la fin des partiels. Au pro‑ gramme : apéro dans un bar du IVe arrondissement, table de restaurant réservée dans la nouvelle steakhouse inspirée de celles qui existent à New York et grosse soirée déguisée dans la gigantesque maison de Charlotte à Levallois. Avec 12

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piscine chauffée ! Mais j’avais encore deux partiels impor‑ tants à passer et je n’ai participé qu’à l’apéro. Tant de sérieux de ma part, c’était bizarre. J’ai choisi cette année l’option « Conservation, restauration des biens culturels » – que je pourrai prendre en majeur pour mon master – et celle intitulée « De la Renaissance au XXe siècle ». Et les partiels avaient lieu à l’oral. Alors ça n’était vraiment pas sérieux de partir guincher à l’autre bout de Paris pour finir épuisée à 7 heures du mat’. J’ai un peu grandi certaine‑ ment… « Il faut assumer tes choix si tu veux avancer vite, ma chérie » m’a dit Mouna. Pas facile, mais je l’ai fait assez naturellement. Bref, j’ai eu un boulot monstre mais passionnant. J’ai appris beaucoup de choses durant ces quatre mois et j’adore sentir que j’en sais de plus en plus : je comprends les sources d’inspiration de tel ou tel artiste, selon l’époque, le contexte politique… et je crois que rien n’est anodin. Grâce à un prof de l’École du Louvre, je suis actuelle‑ ment en stage, chaque vendredi, à la police judiciaire de Paris. J’assiste la personne en charge de rédiger les comptes-­rendus de vols d’objets d’art en France et dans le monde. Je suis et répertorie les événements artistiques ­organisés autour de la peinture, je participe à des vernis‑ sages et j’écume les musées dédiés aux peintres clas‑ siques… Ce que je préfère, c’est rédiger les profils des voleurs receleurs les plus recherchés et assister aux ventes aux enchères. J’y ai rencontré un commissaire-­priseur, un vieux copain que maman fréquentait à l’époque où elle tra‑ vaillait encore, c’est-­à-­dire avant d’attendre Toto. Il est drôle et très cultivé. Par bonheur, il s’est pris d’amitié pour moi. Il m’emmène à des ventes qu’il dirige au mythique hôtel Drouot. C’est un monsieur aussi atypique que 13

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sympathique, d’une cinquantaine d’années, et tout droit sorti des romans de Mary Higgins Clark. Avec ses longs cheveux grisonnants et bouclés et ses lunettes rondes, on dirait Einstein ! Il sait plein de choses, connaît toutes les actualités du marché, possède une connaissance pointue de l’art et témoigne d’une véritable passion des objets et d’un certain sens de la mise en scène quand il s’agit d’animer les ventes. Un coup de marteau et… « Adjugé pour 100 000 euros ! » En toute confiance, je lui raconte des anecdotes et lui m’apprend quelques astuces du métier. Il me répète ­combien le milieu de l’art est fermé voire complètement bouché. Comme pour me prévenir que seuls les meilleurs tirent leur épingle du jeu. Il me dit par exemple : « L’art c’est passionnant mais il y a peu de postes. Il faut avoir un réseau, s’en servir à bon escient et ne pas avoir peur de ­casser les codes pour avancer. » J’ai bien noté, Jean-­Marc, fais-­moi confiance ! Surtout que lui, les codes, il les casse ! Plus jeune, il était enquêteur pour le compte de la P.J., où je travaille. Il coursait les contrebandiers avec fougue. Il s’est passionné pour ça et c’est naturellement qu’il a évolué vers une carrière de commissaire-­priseur en complétant ses cinq années de droit avec une licence d’histoire de l’art obtenue à l’École du Louvre, où est dispensée une formation qui fait autorité dans ce domaine. Puis il a passé une myriade ­d’examens et de concours jusqu’à obtenir enfin le statut très convoité de commissaire-­priseur judiciaire. Cela lui permet de mener les ventes des biens saisis par les auto­ rités, d’effectuer des expertises pour les tribunaux ou de participer aux liquidations judiciaires. Il reste cependant très proche de la police, avec qui il collabore lors ­d’enquêtes importantes. Le boulot de mes rêves, quoi ! 14

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Jean-­Marc, c’est comme mon mentor, et d’ailleurs, il me l’a dit : « Jade, si tu veux, je serai ton coach car je sens que tu as le potentiel ! ». Il ne m’en fallait pas plus pour jubiler. Bref, je veux faire comme lui. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour figurer parmi les meilleurs et mar‑ cher dans ses pas. En multipliant les options et les cours – dont ceux du soir à l’École du Louvre – et en ajoutant le stage à la P.J. et la fonction d’assistante de Jean-­Marc, ­j’espère bien y arriver ! Je suis un peu comme sa secrétaire, parce que J.-­M., c’est un génie de l’informatique et de la culture mais pour répondre au téléphone et trier ses papiers, c’est un ours ! Avec lui, je plonge dans de vieilles enquêtes oubliées du grand public. Il travaille sur des dossiers internationaux, il voyage souvent pour des affaires dont il ne peut pas trop parler… Tout ce mystère me fascine ! Parfois, il ressemble à un détective privé des années cinquante tant il est méfiant avec tout ce qui paraît simple. Il est l’un des meilleurs experts de son domaine selon mam’ et c’est encore plus gri­ sant de savoir qu’il a ses propres méthodes, pas toujours validées par ses supérieurs. Il m’a raconté qu’une fois, alors qu’il n’était encore qu’officier de police, il avait piégé un grand bandit d’art en se faisant passer pour un collection‑ neur ayant en sa possession l’une des plus belles toiles de je ne sais plus quel artiste connu. Une histoire montée de toutes pièces ! Il allait de grands dîners en soirées très ­privées, parlant de sa trouvaille et de l’ampleur de sa col­ lection – fausses preuves à l’appui – à qui voulait ­l’entendre. Il s’était créé un personnage prétentieux, hau‑ tain et bavard, se targuant d’une richesse fictive. Il avait infiltré un réseau, s’était inventé des relations familiales princières avec de faux papiers et s’était fait des amis dans 15

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le milieu bourgeois, parmi « ceux qui ragotent de tout », comme il dit. Le but était, bien sûr, que l’info fuite dans les milieux des contrebandiers, que leur désir de récupérer ce faux butin s’intensifie. Jean-­Marc avait attendu des mois, jour et nuit, que le plus apte à passer à l’action tombe dans le piège : ça avait été un certain Carlo Mendez. Jean-­Marc l’avait pris en flag’ six mois après, en train de forcer le coffre-­fort de la maison huppée de l’île Saint-­Germain qu’il avait réquisitionnée et faussement habitée pour les besoins de l’enquête. Évidemment, il avait travaillé presque seul et avait omis de raconter certains détails à la police pour qu’elle le laisse régler cette enquête comme il l’entendait. Une vraie tête brûlée, ce J.-­M. ! Cela lui avait valu une mise à pied assez sévère, qui avait eu pour effet de le faire réfléchir à sa carrière de commissaire-­priseur. Mais il avait aussi reçu la Légion d’honneur pour avoir démantelé un sacré réseau de voleurs ! Avec toutes ces activités, j’avoue ne pas avoir eu le temps de me faire de vrais amis ici… Je sors de temps en temps avec les étudiants de la fac mais je n’entretiens pas des rela‑ tions très solides avec eux. Je sors juste pour me changer les idées. Car, dans le fond, je souhaite avant tout me concentrer sur mon avenir. Mes vrais amis le comprennent et me soutiennent. Ce qui compte, c’est maintenant et demain, pas hier, n’est-­ce pas ? Je veux devenir commis­ saire-­priseur ou au moins travailler dans le milieu de l’art et j’y arriverai ! C’est fou comme les tableaux de maîtres valent cher ! Des millions pour certains ! Pas étonnant qu’il y ait des vols… En même temps, qui achèterait La Joconde ? Alors pourquoi vouloir la voler ? Ça me semble absurde. À la P.J. de Paris, en participant au profilage des voleurs et des 16

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membres de leurs réseaux, j’ai découvert plein d’histoires et approfondi parfois celles dont Jean-­Marc m’a parlé. Il y aurait matière à écrire une collection de romans policiers ! Avec ma supérieure, je refais les fiches identitaires de ces voleurs (une sorte de biographie). Je me souviens, par exemple, d’un vol aux États-­Unis : deux jeunes, je crois, avaient dérobé une toile de Manet chez une milliardaire de Chicago. Un autre vol en Afrique du Sud m’avait laissée perplexe : trois toiles de plusieurs millions subtilisées en plein jour dans un musée surveillé, sans que personne s’en aperçoive ! Les toiles ont été retrouvées trois semaines après, dans la cave d’un restaurant. Le voleur, lui, s’était volatilisé… Quand le patron du restaurant a découvert les tableaux, il a cru qu’il était riche pour toujours et a entamé une procédure pour vendre son fonds de commerce. Il a été bien déçu d’apprendre qu’il ne toucherait rien et il est retourné à ses fourneaux, le pauvre ! Chaque année, des œuvres signées de la main de peintres très cotés disparais­ sent. De nombreuses toiles toutes plus uniques les unes que les autres attisent la convoitise des bandits et des collec­ tionneurs fous. Il y a deux ans, au musée d’Art moderne de Paris, cinq tableaux d’un montant de plus de 100 millions d’euros ont été volés. Des toiles signées Picasso, Matisse, Modigliani, Léger et Braque, qui n’ont toujours pas été retrouvées. La police continue d’enquêter… Les journaux en avaient beaucoup parlé à l’époque, puis l’histoire a peu à peu été oubliée, sauf par des spécialistes comme Jean-­ Marc, qui vibrent au rythme des enquêtes parallèles. J’ai dû faire une revue de presse à ce sujet, c’était bluffant. Pour m’aider dans mes fiches, je contacte parfois des P.J. à l’étranger, en anglais, pour leur demander des informa‑ tions actualisées, des dates ou des lieux de naissance par 17

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exemple… Je fouille sur Internet et dresse ces notes pour faire le point et avoir toutes les infos à disposition. Tout ceci, dans le but d’alimenter et de compléter les enquêtes policières en cours ou à venir. Je n’imaginais pas à quel point le marché de l’art était véreux… BRRRRR ! L’avion se met à trembler et ça me rappelle des sou­ venirs… J’ai eu tellement la frousse dans l’avion qui nous emmenait à Manille l’an dernier ! Devant la violence des secousses, tout le monde s’était mis à prier. Et puis j’étais tellement triste de quitter la France à ce moment-­là… Aujourd’hui, c’est plutôt un plaisir. – Mesdames et messieurs, Ladies and gentlemen, ­señoras y señores, merci d’attacher vos ceintures de sécu‑ rité nous allons traverser une zone de turbulences. Please fasten your safety belts. Por favor, abróchense los cinturones de seguridad… C’est reparti ! Je ne peux m’empêcher de penser à ma ­rencontre avec Debjani, ma voisine dans l’avion pour Manille. Elle m’avait impressionnée par son calme et sa quiétude alors que des secousses nous faisaient valdinguer en tous sens comme aujourd’hui. C’est marrant mais là, je n’ai pas vraiment peur. Je me sens paisible. Je ferme les yeux et je respire profondément. Environ cinq minutes s’écoulent pendant lesquelles nous sommes soumis à des vibrations assez violentes. Mais je ne panique pas et l’avion retrouve bientôt son calme. C’est fini et je n’ai pas perdu confiance ! Je prends le petit carnet sur lequel j’ai pris l’habitude d’écrire mes réflexions depuis mon séjour à Manille et je note : 18

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Dans l’avion Paris-­Buenos Aires : Je me sens bien plus forte maintenant ! Il vaut mieux traverser les épreuves avec patience et foi. Les épreuves de la vie sont comme les zones de turbulences, ça passe mieux si on ne se laisse pas aller à imaginer le pire. Comme quand j’ai pardonné à Amélie et à Henri de ne m’avoir rien dit de leur relation amoureuse… Amélie sort avec Henri, qui était amoureux de moi avant que je ne parte à Manille. Enfin… je croyais qu’il l’était ! Quand j’ai compris la raison de leur comportement distant, je ne l’ai pas très bien pris. Ça a été très tendu entre nous pendant un moment. Puis, j’ai réfléchi : après tout, Henri et moi ça n’a jamais vraiment été autre chose qu’une belle amitié. Et puis, il ne m’appartenait pas… J’ai réalisé que si je réagissais mal, c’était juste parce que mon ego était ­touché. Du coup, j’ai pardonné. Mais j’ai quand même pris mes distances avec eux. Je ne leur en veux pas, mais j’ai besoin de vivre ma vie à moi et eux, la leur… Alors on ne se voit plus trop. Et c’est étrange, mais ça ne me manque pas plus que ça. Surtout que mon cœur à moi s’est déjà naturellement détourné d’Henri depuis… Je ne sais même plus depuis quand ! J’ai mis un petit couvercle sur mes sentiments ces derniers temps pour ne pas mollir. Si je repense à tout ça, à la lettre de Gaspard je… Oups ! STOP ! Sujet tabou. Music ! J’enfile mes écouteurs et laisse mon esprit voyager au rythme de Could you be loved de Bob Marley. Dans la torpeur qui m’envahit, j’entends le ronronne‑ ment monotone de la voix de mon prof, M. Desombres : « Cette peinture d’une délicatesse infinie nous dévoile tout le romantisme lyrique, bien qu’atypique, d’un peintre, 19

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qui, des années 1876 à 1879, sans doute, avait le cœur et les pensées tournés vers la volonté de retranscrire des émo‑ tions palpitantes… » Je me réveille quatre heures après. Le chef de cabine annonce le début de la descente de notre avion vers l’aéro‑ port de Buenos Aires, où il est 11 heures du matin et où la température est de 27 degrés.

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Olé ! 20 décembre, Buenos Aires

–  Maman ! Je cours vers ma mère. Elle clopine vers moi en soute‑ nant un ventre si gros qu’elle aurait plus vite fait de rouler. Je m’arrête en freinant des quatre fers, juste devant elle, ne sachant pas bien comment l’étreindre. Elle est tellement énorme ! Mais elle ne me laisse pas le temps de réfléchir plus longtemps et m’étouffe en me serrant dans ses bras. Je sens son gros bidon sur le mien et je sens… Je sens que je suis chez moi, avec ma maman, mes futurs frangins – ron‑ dement présents ! – et papa, que je vois arriver au loin. –  Ma chérie, ma Jade, mon trésor, mon amour, mon chou, mon gâteau à la crème chantilly, mon beignet, mon loukoum, ma perle des îles, mon enfant… Oh là là ! Quel bonheur ! –  Maman, mamounette… Nous restons comme ça plusieurs minutes, jusqu’à ce que papa réclame son tour avec une impatience marquée. –  Bon… Et moi ?! Je lâche doucement maman, qui ne me quitte pas de ses grands yeux verts, et je me rue dans les bras de papa. Dieu que c’est bon ! –  Mam’ ? Où est Toto ? Il n’est pas venu ? 21

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–  Heu… non. Il préférait t’attendre à la maison. Il s’est couché tard et il… Enfin, il fait sa crise, là, et il nous pousse un peu à bout… Bref, il t’attend à la maison. –  Ah ben c’est sympa ! On ne s’est pas vus depuis 6 mois et il préfère m’attendre à la maison ? –  Ne t’en fais pas. C’est l’âge ! Il veut faire différent, s’affirmer. Mais il n’a rien contre toi ! – Mouais… Je suis déçue. Depuis Manille, je pensais être de plus en plus proche de mon frère et il « préfère m’attendre à la ­maison » ? Ça me fiche un coup ! –  Allez ! lance papa. On a plein de trucs à préparer pour Noël et plein de choses à se raconter ! Nous retrouverons Toto après le déjeuner. Ça lui apprendra à nous snober ! J’invite mes femmes au restaurant ! Après on ira à la ­maison, on a un sacré programme ! Nous quittons l’aéroport après avoir réglé les histoires de papiers, d’autorisation de séjour et compagnie. Le ciel est d’un bleu éclatant et l’air est chaud. Je ne suis pas trop dépaysée jusque-­là, mis à part par la langue qui fleure bon le latino et par le climat sud-­américain. –  La voiture est là. –  Eh ! Belle bagnole ! Pas de chauffeur, ici ? –  Ah ah ! Non. Enfin… pas le week-­end. Papa m’adresse un clin d’œil complice et nous grimpons dans la BMW noire rutilante. Il se frictionne l’épaule avant de prendre le volant. –  Tu as encore mal, papa ? –  Les docteurs disent que les douleurs articulaires sont normales, ça va passer avec le temps. Après tout, j’ai reçu 22

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une belle balle et ce n’est pas donné à tout le monde. Je garde une blessure de guerre ! Je repense furtivement à cette scène dans le parking de Manille où nous nous apprêtions à coincer ce traître de Boong… Un frisson me parcourt l’échine. J’ai eu si peur en découvrant papa couvert de sang… Ça me paraît déjà bien loin et nous n’en avons pas reparlé depuis le retour des ­Philippines. Il faut dire qu’on ne s’est pas beaucoup vus ces derniers temps. J’ai écrit une longue lettre d’excuses à papa pour lui demander pardon de lui avoir menti, de lui avoir volontairement dissimulé la vérité, mais je ne me suis jamais décidée à l’envoyer… Pourquoi ? Je ne sais pas. La peur de ressasser trop de négatif, peut-­ être. Ou trop d’orgueil de ma part ? De la gêne aussi, certainement… –  Allez, c’est parti ! Buenos Aires a l’air d’être une belle ville. On y respire un mélange très « latino européen ». Ça me rappelle Barce‑ lone, Madrid, aussi un peu Paris, Toulouse et l’Italie où je suis allée avec mes parents plusieurs fois. En conduisant, papa dispense son petit cours d’histoire-­géographie : –  Il y a plus de 13 millions d’habitants à Buenos Aires. Elle est la plus européenne des métropoles d’Amérique du Sud, parce qu’elle est peuplée par les descendants des colons venus d’Italie ou d’Espagne dans l’espoir d’y ­trouver un avenir meilleur. –  C’est vrai ? –  Oui ! On ressent bien cet héritage dans les différents quartiers de la ville. –  Ah oui, j’ai lu dans le Guide du routard que les hôtels particuliers de la Recoleta évoquaient Paris, que La Boca 23

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avait l’air mal famé de Naples et que les larges avenues du centre rappelaient la Gran Via à Madrid. C’est vrai ? –  Parfaitement ! Je vois que tu es bien renseignée. –  J’ai aussi lu qu’il y avait aussi beaucoup de pauvreté plus ou moins cachée dans des quartiers réputés extrême‑ ment hostiles. Tiens, regarde, j’ai même imprimé le papier : IMPORTANT Point principal d’entrée en Argentine, Buenos Aires – parce qu’elle ressemble sous bien des aspects à Paris ou à Madrid – peut susciter un sentiment relatif de ­sécurité. Pour éviter tout désagrément, cette première impression doit être dépassée. Les dangers sont bien réels en Argentine, en particulier dans la capitale et les grands centres urbains où le niveau de délinquance ­générale demeure élevé. Il convient de redoubler de ­prudence, d’autant que, dans les zones touristiques, les agressions sont de plus en plus fréquentes. –  Avec ça, nous voilà bien ! –  C’est comme partout, ma belle ! Il vaut mieux prévenir que guérir, comme on dit. Cette note a simplement pour but d’éviter que les voyageurs prennent des risques inconsi­ dérés. Les gens ne doivent pas se mettre en danger bête‑ ment. Un peu comme à Manille, hein ? Bam ! Elle fait mal cette réflexion… Je la perçois comme un « Souviens-­toi, ma chérie. Si tu avais pris tes précau‑ tions, je ne me serais pas fait tirer dessus ». Je repense à ma lettre d’excuses jamais envoyée. Aurais-­je vraiment brisé quelque chose entre papa et moi ? Aura-­t‑il à nouveau confiance en moi ? –  Oui, papa…

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En fait, Buenos Aires n’a rien à voir avec Manille. De premier abord, c’est une ville assez propre, et les décora‑ tions de Noël dans les rues rappellent que, malgré le soleil, c’est bientôt l’anniversaire du petit Jésus – « Réssous », comme ça se prononce en espagnol. Papa nous explique qu’au-­delà des apparences les mafias sud-­américaines sont violentes et dangereuses et que, comme partout, il faut être sur ses gardes. Nous arrivons dans un quartier très aéré, décoré de guir‑ landes et de boules rouges, dorées et argentées. Papa se gare et nous descendons de la voiture pour nous diriger vers une jolie place, entourée de restaurants aux enseignes ­colorées et de cafés. Habillés de costumes traditionnels rouges, blancs et noirs, des couples dansent des tangos enflammés pour le plaisir des passants et des citadins qui déjeunent en terrasse. La souplesse de leurs mouvements, la grâce de leurs gestes, la sensualité de leurs postures, tout cela sur des rythmes latinos entraînants, joués par des musi‑ ciens de rue… Je suis subjuguée et je ne peux détacher mes yeux de ces spectacles improvisés. Il y a ici une ambiance festive de carnaval continuel qui me charme beaucoup. –  Ils dansent dehors, c’est superbe ! C’est pour Noël ? –  Ils dansent tout le temps, c’est tout à fait local. C’est du tango argentin, typique de la culture caliente du pays. –  Mais… ils sont là pour le plaisir ? –  Oui et non. Si tu veux leur donner quelques sous, ils seront loin d’être contre… C’est leur métier pour la plupart et ils ne réagissent pas très poliment si tu ne les gratifies pas de dix ou douze pesos quand ils font la quête. –  Le peso ? Comme à Manille ? 25

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–  Oui, mais ici, c’est le peso argentin. Les Espagnols ont colonisé les Philippines, d’où les similitudes que tu vas découvrir entre ces deux peuples, pourtant séparés par des milliers de kilomètres… Mais le tango, c’est d’ici ! Et ça n’a rien à voir avec les Philippins qui se trémoussent et s’égosillent en faisant leur karaoké maison ! Papa fait alors semblant de prendre un micro et les imite : il se met en posture superstar, improvise une vague danse du ventre, entonne un chant bourré de fausses notes et plein de « oh yeah ! » en mode Britney Spears orientale… Il est magique. –  Ah ah ! Ces bons Philippins ! Tellement drôles ! Il a raison, papa. La chaleur et la bonhomie des gens ici est quasi la même qu’aux Philippines, même si les danses sont différentes. On ressent bien l’héritage culturel ­commun, espagnolisant. Aïe aïe aïe muchacho ! Je ne peux détacher mon regard des danseurs. –  Je VEUX faire ça ! Maman rigole : –  Tu n’as pas perdu ta spontanéité, mon ange… C’est bien plus technique qu’il n’y paraît. Cette belle harmonie cache une parfaite maîtrise des mouvements de la part des danseurs. Cela demande beaucoup de travail. Je jure de me mettre au tango quand j’en aurai l’occasion. Il doit bien y avoir des cours à Paris. C’est sûr, je m’inscris en rentrant ! Nous nous installons à la table d’un bistrot et le serveur apporte les cartes en nous saluant. J’ai déjà remarqué que, contrairement à l’espagnol que j’ai étudié à l’école, les « r » ne roulent pas mais coulent. Et les « y » se prononcent « j ». –  Gracias ! 26

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Le serveur me sourit et me demande en espagnol si nous sommes français. –  Si ! Claro ! Somos de Francia ! De Paris ! –  Eh ben chiquita ! Tu nous épates, là ! C’est bien de savoir parler quelques mots. Je ne suis pas peu fière, même si pour le moment mes parents ne peuvent pas encore savoir que je me débrouille vraiment bien en espagnol… –  Claro que si ! J’ai toujours adoré les langues étrangères. À Manille, j’ai appris grâce à Maria-­Mae quelques rudiments de dialecte tagalog. J’ai adoré parler sa langue, dans son pays. Ça m’a permis de mieux comprendre les origines, particularités et subtilités de sa culture. Pour moi, c’était une façon de lui témoigner mon respect et ça m’a servi pour être acceptée plus vite par la communauté. –  Au fait, des nouvelles de Manille ? D’Ate Maria-­Mae ? Maman répond, le regard assombri : – Elle nous a envoyé un mail il y a deux semaines. Elle a perdu son mari. Il était malade, tu sais… C’est une véritable épreuve pour toute la famille et elle est très affectée. Nous l’aidons financièrement, de loin. Son petit dernier est maintenant parrainé par l’association Enfants du Mékong et cela allège les frais de scolarité. Les autres sont partis vivre en province chez leurs grands-­ parents. Ils cultivent la terre et ils commencent à vendre leurs produits. – Pauvre Maria ! Heureusement qu’elle est soutenue. J’espère qu’elle ne va pas se sentir trop seule en cette période de Noël… 27

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–  Oui, je lui fais confiance. C’est déjà la fête là-­bas, c’est la période des Simbáng gabi  1, tu te souviens ? En plus, elle est embauchée chez Abhâ maintenant, alors ça ne peut qu’aller mieux. –  Oui, j’espère. Elle me manque, tu sais… Comme les autres d’ailleurs. –  Oui, à nous aussi, ils nous manquent. Hein, chéri ? Maman se retourne vers papa, lui sourit étrangement, puis plonge la tête dans le menu en se concentrant. –  Que… ? Pas le temps de poser de questions. Le serveur du bistrot arrive subitement par-­derrière et nous alpague : –  Ola familia ! Que quieren pedir para comer ? Tenemos pescados, pollos y deliciosa carne también  2. Je meurs de faim et opte sans hésiter pour cette fameuse viande argentine si réputée pour sa qualité. En accompa­ gnement, je commande des frites et des petits légumes ­grillés. Papa fait comme moi et maman, elle, demande un gros cheeseburger avec de la confiture d’oignon… –  Bah quoi ? On est trois, nous ! Une famille de morfals, c’est moi qui vous le dis. Pour nos retrouvailles, papa nous offre une coupe de champagne argentin et un cocktail sans alcool pour maman, qui jure de se rattraper une fois les bébés nés. Nous passons un excellent déjeuner, animé et joyeux. Je rapporte des 1.  Aux Philippines, chaque jour à la même heure (4 heures du matin), neuf messes sont célébrées durant les neuf jours qui précèdent Noël : ce sont les Simbáng gabi. 2.  Bonjour la famille ! Que souhaitez-­ vous commander pour le déjeuner ? Nous avons du poisson, du poulet et de la viande délicieuse.

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Composition et mise en pages : Facompo, Lisieux Achevé d’imprimer en mars 2015 par Legoprint (Italie) Nº d’édition : 15088 Dépôt légal : avril 2015

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Le monde à cœur battant Cécile Quiniou

Escale à

« J’enfile mes écouteurs et laisse mon esprit voyager au rythme de Could you be loved de Bob Marley. Dans la torpeur qui m’envahit, j’entends le ronronnement monotone de la voix de mon prof, M. Desombres : “Cette peinture d’une délicatesse infinie nous dévoile tout le romantisme lyrique, bien qu’atypique, d’un peintre, qui, des années 1876 à 1879, sans doute, avait le cœur et les pensées tournés vers la volonté de retranscrire des émotions palpitantes…” Je me réveille quatre heures après. Le chef de cabine annonce le début de la descente de notre avion vers l’aéroport de Buenos Aires où il est 11 heures du matin et où la température est de 27 degrés. »

Escale à Buenos Aires

Buenos Aires

Escale à

Buenos Aires

La suite des aventures de Jade au rythme du tango argentin. Entre la naissance des jumeaux, un mystérieux vol de tableau et les retrouvailles avec Gaspard… le cœur de Jade n’a pas fini de palpiter !

13,90 € France TTC www.mameeditions.com

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