Les increvables au potager

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N’EST PAS ROSE potager TOUT

La conduite d’un potager est gratifiante… pour peu que les résultats soient au rendez-vous. Dus tour à tour aux aléas de la météo, aux attaques parasitaires, aux espèces et variétés inadaptées, à des conditions inadéquates, voire des mauvaises habitudes culturales, les revers et les échecs au potager y sont malheureusement monnaie courante.

Les aléas météorologiques

Les végétaux poussent des cercles polaires à l’Équateur.

C’est dire combien leur sensibilité aux conditions climatiques est variable ! Certains requièrent des températures élevées, d’autres se contentent des températures moyennes ou basses. Vous éviterez bien des déboires en culture en respectant les besoins de chaque espèce en chaleur, en humidité et en luminosité.

CHALEUR…

Beaucoup de légumes, d’arbres et d’arbustes fruitiers sont incommodés par les fortes températures estivales. Certes, ils sont capables de faire face ponctuellement à des températures caniculaires, en fermant les stomates situés au revers des feuilles, régulant les échanges d’eau entre la plante et l’air ambiant. Mais si la chaleur

est trop forte ou dure trop longtemps, la plante dépérit, d’abord provisoirement, puis définitivement. Les plantes d’origine méditerranéenne, comme le scolyme d’Espagne et le figuier, celles d’origine asiatique comme le pourpier d’été, le basilic, le concombre et la vigne, ou celles venant d’Amérique du Sud, comme la courgette et la tomate, supportent relativement bien les grandes chaleurs.

SÉCHERESSE…

Des légumes résistants à la sécheresse ? Il y en a, bien sûr. Ce ne sont malheureusement pas les plus nombreux. Beaucoup de légumes-racines, tels la bardane comestible, le chervis, l’onagre, le pissenlit, le salsifis et la scorsonère s’accommodent d’une longue période de sécheresse. La faible surface foliaire et le puissant rhizome de l’asperge lui permettent de passer chaque été sans nécessité d’arrosage. En dépit de ses origines littorales (il pousse spontanément sur les plages de galets des côtes de l’Atlantique, de la Baltique et de la mer Noire), le crambe maritime résiste aux sécheresses extrêmes. Contrairement à la plupart des choux, le chou frisé – qui est un chou kale – est peu sensible au stress hydrique. La tomate elle-même, n’est pas, et de loin, le légume le plus exigeant en eau. Les crosnes,

la tétragone, la rhubarbe et la betterave rouge manifestent vite les effets du manque d’eau, mais leurs feuilles se redressent rapidement, après arrosage. Si la mâche a besoin d’eau pour sa germination, elle est beaucoup plus tolérante au manque, par la suite (il est vrai qu’elle se développe essentiellement en automne qui est une période où, sauf année exceptionnelle, l’eau ne manque pas). Contrairement aux poiriers et aux pruniers qui souffrent, depuis de nombreuses années, de sécheresse à répétition qu’a connues notre pays, les mûres des jardins, les vignes de table et les figuiers semblent s’en accommoder.

ET FROID

Si les basses températures retardent la croissance – et donc la récolte – du pourpier d’hiver, la mâche, le poireau perpétuel comme le poireau commun, les choux frisés, la laitue d’hiver, le pissenlit, les asperges, la ciboulette, la livèche, le raifort, la rhubarbe, le chervis, le crambe maritime, l’onagre,

les topinambours et le chénopode Bon-Henri, de même que tous les petits fruits – mûres des jardins, framboises, groseilles et cassis – se maintiennent en place en hiver, sans protection particulière. Le pêcher, lui, n’apprécie pas les printemps froids, alors que les températures en hiver peuvent descendre à – 15 °C sans qu’il en soit incommodé. Une forte gelée tardive peut détruire une partie des jeunes pousses et réduire, voire annihiler, la récolte des figues d’été, mais n’empêchera pas le développement des figues d’automne. Certes, un printemps froid peut être dommageable à certains semis, en particulier les semis sous abri des tomates, des courgettes et des concombres, en contrariant la levée ou en exacerbant les symptômes de la fonte des semis, une redoutable maladie cryptogamique qui provoque une altération des jeunes plantules à hauteur du collet. Mais en retardant les mises en culture et en limitant les arrosages, le jardinier peut assez facilement remédier à ces problèmes.

Les ravageurs et les maladies

Si les mauvaises conditions climatiques sont les plus dommageables à la bonne croissance des légumes et des fruits, il serait malhonnête de considérer que ce sont les seules. De nombreux insectes et champignons provoquent en effet des dégâts plus ou moins importants, tant sur fruits que sur feuilles, jeunes pousses et racines.

PARASITES VRAIS

À côté des affections physiologiques dues aux effets du climat ou d’une carence en éléments minéraux essentiels aux plantes (azote, phosphate, potasse…), sévissent au jardin des parasites « vrais » dont la longue liste a de quoi alarmer le néophyte : insectes et arachnides, petits rongeurs, certains oiseaux, divers mollusques – comme les limaces et les escargots – ou champignons, quand ce ne sont pas des bactéries, des virus et des mycoplasmes.

Au potager, ce sont essentiellement les diverses mouches affectant les Alliacées (ail, oignon, échalote, poireau, ciboule et ciboulette) et les carottes, les doryphores sur les pommes de terre et les aubergines, les altises sur les Brassicacées (choux, radis, navet), ainsi que les divers mildious, essentiellement sur les tomates et les pommes de terre et, enfin, les oïdiums sur les Cucurbitacées (concombre, courgette, courge, etc.). Sur les arbres fruitiers, ce sont surtout les tavelures et oïdiums, ainsi que divers pucerons et les carpocapses – qui sont des papillons nocturnes responsables des pommes, des poires et des prunes véreuses –qui sont à craindre.

La sensibilité des diverses espèces à ces parasites est très variable, certaines n’étant jamais affectées – c’est le cas de nombreuses espèces présentées dans cet ouvrage – et d’autres l’étant systématiquement. L’incidence des divers parasites en culture change également selon la région et le climat de l’année. Tous les jardiniers ont pu l’observer : il y a des années à limaces, à pucerons ou à mildiou… et des années sans !

Là où les risques existent, la sélection de variétés peu sensibles et le recours à des pratiques culturales adaptées à chaque espèce – arrosage optimisé, couverture organique, amendements, etc. – participent efficacement à améliorer la résistance des légumes et des fruits à ces divers parasites.

Grosse limace rouge

ET LES MAUVAISES HERBES ?

Devenues aujourd’hui par euphémisme herbes indésirables, adventices ou plantes adventives, les mauvaises herbes, du fait de leurs dommages sur les cultures, peuvent être assimilées à des parasites. Certaines plantes ne sont pas trop incommodées par leur présence, d’autres, si ! Ainsi, les oignons cultivés sur une parcelle enherbée, comme beaucoup de plantes à racines superficielles, restent petits et sont plus sensibles aux diverses affections cryptogamiques de l’espèce.

Taupins sur pommes de terre
Courgette atteinte d'oïdium
Mildiou sur tomate

Sélectionner les espèces les plus résistantes

Il n’y a pas de mystère : les espèces les plus solides sont celles réputées de culture facile. Mais la diversification des mises en culture et l’association des plantes annuelles et bisannuelles, vivaces et arbustives augmentent, elles aussi, la solidité des plantes en culture. « Plus la biodiversité est grande, plus le système est stable et résistant » est un grand adage de la permaculture qui reste vérifiable, même en culture traditionnelle.

DES ESPÈCES plus ou moins délicates

Tout le monde apprécie les melons, les choux-fleurs et les poivrons. Pour de nombreuses raisons – faible tolérance aux parasites, fortes exigences culturales, importante sensibilité aux aléas météorologiques… –, leur conduite en culture est délicate, en particulier pour des jardiniers néophytes. Les topinambours, l’asperge ou la roquette, comme toutes les espèces présentées dans cet ouvrage sont, à des degrés divers, cultivables par tous, et avec facilité. Contrairement aux idées reçues, la tomate n’est pas un légume difficile et doit même une grande part de sa popularité à la relative simplicité de sa culture.

Asperge
Betterave rouge
Topinambour
Capucine tubéreuse

DES VARIÉTÉS SENSIBLES, tolérantes ou résistantes

Chaque espèce légumière et fruitière se subdivise en nombreuses – et parfois très nombreuses – variétés dont le comportement en culture est très variable. C’est le cas de la tomate qui compte au bas mot 4 000 variétés plus ou moins sensibles aux nombreux parasites qui affectent communément l’espèce. Confrontée à des conditions de culture identiques, telle variété vous permettra de récolter modestement deux ou trois fruits, une autre, plusieurs kilos. Du choix de la variété dépendent alors la réussite ou l’échec en culture.

Dans le meilleur des cas, la variété retenue sera totalement résistante à un ou plusieurs parasites qui affectent l’espèce. Malheureusement, la résistante totale est rare. Le plus souvent, la variété sera tolérante au parasite, c’est-à-dire que, comparée aux autres variétés de l’espèce, elle est capable de restreindre le développement du parasite. A contrario, une variété sensible n’aura pas la capacité naturelle à limiter le développement d’un pathogène ou d’un ravageur déterminé.

Les légumes dits anciens comme le chervis, la poire de terre ou la capucine tubéreuse sont très peu affectés par les parasites. Pour les autres

espèces, les variétés cultivées de longue date sont souvent plus résistantes que les variétés récentes. C’est le cas de la ‘Crapaudine’, une variété de betterave rouge très appréciée des jardiniers bio et probablement cultivée depuis la deuxième partie du xviiie siècle. Mais ce n’est pas toujours vrai ! Les nouvelles variétés de haricots sont moins sensibles à l’anthracnose – une affection cryptogamique qui se manifeste en fin de culture par de larges taches noires sur les gousses – et les plus récentes variétés de concombres sont généralement plus tolérantes à l’oïdium qui provoque le blanchiment, puis le dessèchement des feuilles et raccourcit considérablement la durée des récoltes.

UNE DIVERSIFICATION gage de solidité

Vous limiterez par ailleurs les dommages en culture en diversifiant les espèces cultivées et en associant des légumes annuels et bisannuels (qui requièrent une mise en culture chaque année) et des légumes vivaces (qui se maintiennent en place plusieurs années de suite). De même, une culture associée de légumes et d’arbres ou d’arbustes fruitiers ne peut que renforcer la résistance des uns et des autres.

Optimiser la croissance des plantes en culture

Si le comportement en culture de chaque espèce est largement conditionné par ses exigences particulières, sa résistance est sensiblement renforcée par les soins qui lui sont prodigués. Du semis et/ou de la plantation à la récolte, en passant par l’arrosage, chacune demande un suivi adapté. De fait, les légumes, les plantes condimentaires et les arbres et arbustes fruitiers « increvables » sont souvent, et tout simplement, des plantes correctement cultivées.

Comment

SEMER ?

À l’état naturel, les graines tombent spontanément sur le sol et ne sont pas enterrées, mais simplement recouvertes, en automne, par la chute des feuilles mortes. Il faut s’en souvenir lors des semis au jardin ! Il est, en effet, toujours plus préjudiciable d’enterrer les graines trop profondément que trop superficiellement.

Plus elles sont fines et moins elles devront être enfouies, les graines les plus petites comme celles du pourpier d’été et du pourpier d’hiver étant même simplement déposées sur le sol et enfouies superficiellement par griffage. Un arrosage en pluie – c’est-à-dire un arrosage pratiqué avec un tuyau ou un arrosoir muni d’une pomme – suit habituellement le semis pour provoquer un départ en germination rapide de la graine. Entre 12 et 22 °C – parfois moins, rarement plus –, la plupart des graines lèvent entre 5 et 21 jours. Au potager, les semis s’échelonnent entre février et novembre, avec une concentration en mars et avril (pour les récoltes de fin de printemps et d’été) et juin et juillet (pour les récoltes d’automne et d’hiver).

SEMIS EN PLACE OU À REPIQUER ?

Certains légumes, comme le pissenlit, la roquette cultivée, le percel, les diverses oseilles de semis, la betterave rouge ou le rutabaga se sèment le plus souvent en place, mais pourront également se semer en plaques de culture et se repiquer en minimottes. Certes, le semis en place vous dispense d’un repiquage, mais il rend d’autant plus important un suivi méticuleux – en particulier pour l’arrosage et le désherbage – et accroît le risque d’attaque parasitaire. Quoiqu’un peu plus compliqué, le semis repiqué est souvent moins aléatoire et son résultat généralement plus probant.

Les pourpiers d’été et d’hiver, la roquette sauvage, la ciboulette, l’ail des ours, la mâche, le navet, le panais, les oseilles, le salsifis, la scorsonère et les haricots se sèment directement en place, dans une terre aérée au préalable à l’aérabêche et affinée à la griffe. Le semis se fait à la volée (les graines sont éparpillées sur toute la surface à ensemencer), en ligne (les graines sont déposées dans un sillon plus ou moins profond) ou en poquets (les graines sont regroupées par 3 à 7 dans des petites excavations ouvertes, tous les 30 à 35 cm). Cette dernière façon de faire est utilisée pour les graines volumineuses, comme celles des haricots.

La tomate, la courgette et le concombre sont semés en situation abritée, dans des plaques de culture à alvéoles remplies d’un terreau de rempotage léger et humifère, la première en mars, et les autres en avril. Un rempotage – toujours sous abri – est généralement nécessaire avant leur plantation définitive au jardin.

Comment PLANTER ?

La plupart des légumes à repiquer et les arbustes fruitiers sont aujourd’hui élevés en pot ou en conteneur et se repiquent en motte. Leur reprise est alors immédiate et leur départ en croissance rapide. Tous se plantent de la même façon. Dans un premier temps, il vous faudra aérer le sol à

LES SEMIS SPONTANÉS

En les maintenant en place et en les laissant monter en graine, certains légumes comme l’arroche, le pourpier d’été et le pourpier d’hiver, la roquette, la mâche, le pissenlit ou le percel se ressèment spontanément. Ils réapparaissent ainsi tous les ans, sans que vous soyez obligé de les ressemer. Une fois implantés au potager, ils seront réellement « increvables », et cela, sans effort particulier.

POUR PLANTER UN ARBRE EN RACINES NUES

Optez pour un jeune sujet en scion – c’est-à-dire un arbre dont la pousse variétale est âgée d’un an. Aérez le sol en profondeur avec une aérabêche ou une fourche-bêche et ouvrez un trou de plantation d’un diamètre légèrement supérieur au volume des racines. Si l’arbre nécessite un tuteurage, piquez le tuteur en place. Plantez votre scion, après avoir coupé au sécateur les racines trop longues ou abîmées, en positionnant le point de greffe nettement au-dessus de la surface du sol. Comblez le trou de plantation en faisant glisser de la terre fine entre les racines. Tassez la terre avec le pied et arrosez tout de suite, au goulot.

l’aérabêche ou à la fourche-bêche et l’ameublir finement à la griffe. Au besoin, incorporez à la terre une matière organique bien décomposée, compost ou terreau de plantation. Ouvrez un trou de plantation de la taille de la motte à la pelle à transplanter ou, pour une plante volumineuse, à la bêche ou la fourche-bêche. Veillez à positionner le haut de la motte à la surface du sol, sans l’enterrer. Tassez la terre à hauteur du collet. Un arrosage au goulot – c’est-à-dire un arrosage pratiqué avec un tuyau ou un arrosoir débarrassé de sa pomme – suivra la plantation. Une cuvette circulaire établie autour du pied de la plante facilitera le suivi en eau. Si vous mettez en place plusieurs pieds, respectez les distances de plantation, qui varient sensiblement selon l’espèce plantée.

Les végétaux proposés en racines nues par les jardineries et les grandes surfaces de bricolage sont aujourd’hui l’exception. Les pépinières fruitières traditionnelles continuent néanmoins de proposer des arbres fruitiers cultivés en pleine terre et arrachés en automne pour la vente. Ce sont eux qu’il faudra privilégier ! Plantés en racines nues, les arbres présentent en effet un

ancrage au sol plus énergique que ceux plantés en conteneur et leur résistance – ultérieure, à la sécheresse en particulier – est bien meilleure. Octobre-novembre est l’époque optimale pour la plantation de tous les arbres et arbustes fruitiers à la rusticité avérée.

Comment ARROSER ?

La vitalité d’une plante est largement corrélée à la quantité d’eau dont elle dispose et, s’il n’existe pas d’intervention plus banale au jardin que l’arrosage, il n’en existe pas de plus importante. L’eau est en effet essentielle aux métabolismes de la photosynthèse, de la respiration et de l’alimentation en éléments minéraux, les plantes en ont besoin pour germer et croître, et, dans une moindre mesure, pour fleurir et fructifier. Arrosez les jeunes semis afin de provoquer la germination et, dans un deuxième temps,

pour permettre un développement vigoureux des jeunes plantules. De même, arrosez les végétaux nouvellement plantés, moins pour leur apporter une eau dont ils n’ont pas encore besoin que pour limiter les poches d’air et assurer une forte adhérence de la terre aux racines. Pour faciliter l’arrosage, établissez, là aussi, une cuvette circulaire au pied de la plante. De façon générale, toutes les plantes nouvellement semées ou repiquées requièrent un suivi minutieux de l’arrosage.

Au printemps et en automne, arrosez de préférence le matin pour permettre au sol de se ressuyer dans la journée (et, par là même, limiter les pullulations de limaces, le soir). En été, arrosez plutôt au crépuscule pour que l’eau percole dans le sol jusqu’aux racines. Dans tous les cas, il vaut mieux laisser sécher la terre en surface entre deux apports d’eau, car une sécheresse relative favorise les mises à fleur et augmente la concentration en sucre – donc la saveur – de la plupart des légumes-fruits et de certains légumes-racines comme la betterave rouge.

Ajustez la périodicité et le volume de vos arrosages en fonction de la texture de votre sol – plus réguliers et moins abondants en terre sablonneuse, plus espacés mais plus généreux en terre lourde et argileuse –, de la météo du moment et de l’espèce concernée.

ATTENTION AUX EXCÈS

Pour l’arrosage aussi « la dose fait le poison ». Un sol gorgé d’eau se réchauffe moins vite en début de saison, retarde la croissance des jeunes plantes et provoque le développement des limaces et des escargots au-delà du raisonnable. Plus tard, il entraîne une asphyxie des racines, suivie du dépérissement de la plante entière. Les affections cryptogamiques racinaires, comme la fusariose, sont également exacerbées en terre détrempée. L’arrosage est donc une affaire de dosage : ni trop ni pas assez. D’autant que les plantes sont capables, dans une certaine mesure, de réagir aux fluctuations de l’eau disponible.

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