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Le Coefficient pour vitesses lentes (CVL

Le CVL : dix questions, dix réponses

1Le CVL ça veut dire quoi, ça sert à quoi ?

C’est le deuxième chiffre du rating : le coefficient de vent léger. Ces coefficients figurent dans les tables, à côté des points de rating de chaque bateau.

Ils traduisent la manière de ralentir des bateaux quand le petit temps s’établit : certains ralentissent de 3% pendant que d’autres ne ralentissent que de 1%. Un rating à un chiffre (TMF ou SM) ne peut pas tenir compte de cette réalité.

2C’est difficile à mettre en œuvre ?

Non, il suffit d’utiliser pour les classements un logiciel qui le prévoit, (le logiciel FREG diffusé par la FF Voile le fait très bien) et de lui entrer la distance de la course. Aucune interprétation humaine n’est nécessaire. On peut l’appliquer en temps sur temps ou en temps sur distance.

3Comment en est apparu le besoin ? D’où en vient la nécessité ?

Le coefficient exprimé par les chiffres du rating compense surtout les possibilités des bateaux dans le temps « médium ». Dans le petit temps, les hiérarchies de potentiel peuvent s’inverser sensiblement. Certains modèles ont à ces moments seulement une perte de potentiel qu’il ne serait pas opportun de compenser par un coefficient en permanence moins élevé. Seul un système à deux chiffres permet de rendre compte plus justement de la façon dont le potentiel des bateaux s’amenuise quand le vent faiblit. Cette faculté n’est pas offerte par les jauges moins élaborées.

4Ne faudrait il pas aussi un coefficient aux vitesses rapides ?

Le problème à résoudre n’est pas symétrique, et il faut se garder d’extrapoler la méthode. Il y a 65% de courses disputées aux vitesses standard où les handicaps sont équilibrés, 20% sont dans la fourchette lente où le CVL rééquilibre les chances. Et seulement 15% sont disputées à des vitesses sensiblement plus élevées. Aux vitesses faibles, de 50% inférieures à la moyenne par exemple, les parcours peuvent rester équilibrés (près portant) en offrant différentes allures. Par contre, si à l’arrivée on enregistre une vitesse supérieure de 50% à la moyenne (7,5 nœuds pour 20 points de rating par exemple), c’est qu’il y a eu beaucoup de vent portant. Pour « bien compenser » pareille situation, de simples correctifs de type CVL ne sont plus suffisants: il faudrait un jeu totalement différent de coefficients rendant compte principalement des aptitudes au portant, avec faculté de planning incluse ! Pratiquement, ceci est trop difficile à mettre en œuvre de manière juste et simple pour seulement 15% de cas. Seule la jauge ORC permet cela. Mieux vaut utiliser, tant que possible, des parcours équilibrés.

5Un exemple pratique ?

Le CVL, qui est un pourcentage, ne joue pas aux vitesses habituelles. Il agit progressivement pour donner du bonus quand la course ralentit. Nul ou imperceptible aux vitesses moyennes habituelles, le bonus s’accroît, jusqu’à donner la valeur exprimée par le coefficient CVL, quand on va deux fois moins vite que prévu. Exemple : Vous avez 21 points de rating. Vous surveillez un autre bateau qui en a 20, derrière vous (10 s par mille). Vous êtes donc en moyenne plus rapide que lui. Mais dans le petit temps, si le potentiel de votre concurrent s’érode moins que le vôtre, il a tendance à vous rattraper. De ce fait il aura un CVL plus bas que le vôtre (par exemple 3% pour vous, 2% pour lui : c’est 1% d’écart pour mieux lui tenir tête).

Dix milles en deux heures : cinq nœuds. Normal. Vous le relevez à 100 secondes derrière vous, vous vous dites que vous êtes égaux en temps compensé. (Écarts de 50s à l’heure. ou de 10s par mille, c’est pareil… la vitesse est standard). Le CVL n’agit pas à cette vitesse. Mais si vous faites les mêmes dix milles en quatre heures…, vous avez navigué deux fois moins vite que la normale. Et le comportement des bateaux a changé de façon différente. Sans application du CVL, il suffit toujours que votre concurrent passe à moins de 100 secondes derrière vous, pour qu’il vous batte. En tenant compte du CVL, vous bénéficiez - à cette vitesse - de 1% de bonus sur lui pour compenser votre handicap petit temps : 144 secondes (14400 x 1%). L’écart de 100 secondes change de sens. À cette faible vitesse vous pouvez maintenant être jusqu’à 44 secondes derrière lui sans être battu: les moins bonnes aptitudes de votre bateau dans la « pétole » ont été automatiquement prises en compte.

6Comment se passe le calcul pratiquement ?

Le coefficient secondes par mille de chaque bateau permet de retrouver sa vitesse moyenne standard. Le programme informatique compare celle ci à la vitesse du jour, en déduit la part de CVL à appliquer pour chacun, et les bonus éventuels. Puis il établit les temps compensés comme d’habitude.

7C’est pareil en temps sur temps ?

Oui: avec la formule conventionnelle, vous devez être à près de 200 secondes devant votre concurrent si vous mettez quatre heures pour faire dix milles. L’écart est doublé par rapport au temps sur distance, car une des spécificités du « temps sur temps » dans le petit temps, est de distordre toujours les écarts au profit des ratings les plus faibles (c’est bien connu, à l’ancre, les plus petits avancent en temps compensé). Mais là n’est pas la question, c’est une spécificité du temps sur temps indépendante de notre propos. Quand on applique le CVL avec l’exemple ci dessus, ce n’est plus 200 s d’avance que vous devez avoir. Comme vous avez toujours 144 secondes de bonus, il vous suffit de garder 56 secondes d’avance pour contrôler votre adversaire.

8Mais qu’en pense l’autre concurrent ?

Évidemment, il trouve la besogne dans ces conditions, plus difficile qu’avant. Mais si on regarde une flotte, à part le plus petit des CVL, chacun trouve dans le petit temps des adversaires plus faciles et d’autres plus difficiles. Une seule chose est certaine. Dans le petit temps les écarts seront plus serrés et les places mieux disputées. Mais finalement c’est toujours le talent qui paye... car les chiffres ne compensent pas les erreurs !

9Comment sont établis les coefficients ? quelle est leur répartition ?

Il ne s’agit pas d’une jauge devant évaluer une vitesse potentielle, mais d’un simple correctif à donner à la vitesse moyenne déjà connue par la jauge. Dès lors les données sont beaucoup plus simples : moins on est toilé et plus on a de surface mouillée, plus on ralentira dans le petit temps. Les CVL calculés vont pratiquement de 0 à 5%. La moitié des bateaux possède des dispositions bien équilibrées, situées entre 3 et 3,5%. Un quart est au dessus, un quart est au dessous.

10 Pourquoi cette formule reste-elle une option pour les organisateurs ?

La solution Osiris propose des menus « à la carte » pour tenir compte de la grande disparité des pratiquants et plans d’eau (groupes, T/T, T/D, etc...). Même si elle recommande certains menus « types ». Par exemple on peut toujours trouver des cas particuliers: si un courant prévisible doit ralentir fortement la vitesse sur le fond, les performances enregistrées peuvent être lentes alors que les aptitudes des bateaux n’y sont pour rien. C’est au talent des organisateurs de s’exercer, en fonction des circonstances, pour choisir dans la palette proposée, la meilleure solution. À ne pas perdre de vue : la correction agit automatiquement et progressivement : elle ne joue pas aux vitesses normales. Un comité qui la prévoit ne fait qu’assurer « un plus » avec des classements mieux équilibrés en cas de petit temps. n

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