The FIFA Weekly Edition #11

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N° 11, 3 JANVIER 2014

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

P SEPP BLATTER : “STOP À LA COMÉDIE”

E

L BOXING DAY : LA FÊTE DU FOOTBALL ANGLAIS

É EN ROUTE POUR LE BRÉSIL : L’ESPAGNE ENTRE DEUX FEUX W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


DANS CE NUMÉRO

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Pelé, le plus grand footballeur de tous les temps L’artiste brésilien a tutoyé les sommets, enflammé l’imagination des fans et incarné l’élégance balle au pied comme aucun autre footballeur. Issu d’un milieu modeste, Edson Arantes do Nascimento s’est imposé comme le symbole de tout un pays. Le footballeur du siècle, qui compte trois titres de champion du monde à son actif, s’est fait une place dans le Livre Guinness des Records grâce à son incroyable efficacité offensive. Nous avons rencontré la légende vivante.

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Le Maroc en fête, le Bayern triomphe La qualification du Raja de Casablanca pour la finale de la Coupe du Monde des Clubs constitue sans doute l’une des plus grandes surprises de l’année écoulée. Le titre est cependant revenu au Bayern Munich, qui a remporté cinq compétitions en 2013.

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“Les Pays-Bas manquent d’expérience” Direct, généreux, célébré. Le Néerlandais Roy Makaay a été le joueur le plus cher du monde. Personne n’a oublié son passage au Bayern Munich. Dans un entretien, il évoque son parcours et la Coupe du Monde 2014.

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E n route pour le Brésil : l’Espagne entre deux feux L’Espagne est tiraillée entre ses certitudes et un certain agacement, depuis le tirage des groupes de la Coupe du Monde. Opposés au Chili, à l’Australie et aux Pays-Bas, les champions du monde hésitent. Le sélectionneur del Bosque tente de trouver les mots justes.

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B oxing Day – le football ne s’arrête jamais Les grands championnats européens marquent une pause entre Noël et le Nouvel An, à l’exception du championnat d’Angleterre. Avec la traditionnelle journée du Boxing Day commence la phase la plus intensive et la plus appréciée de la saison. Pour autant, tout le monde n’est pas ravi que les stades soient pleins en hiver.

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Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

Pelé Onze pages consacrées au plus grand des footballeurs

Le Sénégal à la relance Certes, les Lions de la Teranga n’ont pas réussi à se qualifier pour la Coupe du Monde. Pourtant, l’équipe nationale dirigée par Alain Giresse semble sur le point de franchir un palier, grâce notamment au programme Performance.

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alte aux comédiens ! H Le Président de la FIFA Joseph S. Blatter en a assez des simulateurs et des joueurs qui ne pensent qu’à gagner du temps. Dans son éditorial, il invite les arbitres à prendre leurs responsabilités et à appliquer les règlements en vigueur.

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“ Nous devions emprunter de l’argent” Fuir le Kosovo : dans notre rubrique “Le Tournant”, l’internationale allemande Fatmire Alushi revient sur les événements vécus en 1992.

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Amérique du Nord et centrale 35 membres www.concacaf.com

FIFA Ballon d’Or 13 janvier 2014, Zurich

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Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA Du 15 mars au 4 avril 2014, Costa Rica


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 53 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Fatmire Alushi Fuir pour mieux rebondir

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

Roy Makaay Interview avec le joueur néerlandais

Pelé, légende vivante Footballeur inégalé, Pelé est aussi un interlocuteur très agréable. La photo de couverture est signée par le célèbre photographe Martin Schoeller.

Karim Ansarifard L’attaquant gravit les échelons du classement de la FIFA avec l’Iran

Cover: Martin Schoeller/August

Mouhssine Iajour Une Coupe du Monde des Clubs vertigineuse

Tournoi Juniors FIFA/Blue Stars Du 28 au 29 mai 2014, Zurich

Coupe du Monde de la FIFA Du 12 juin au 13 juillet 2014, Brésil

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Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA Du 5 au 24 août 2014, Canada

Coupe du Monde des Clubs de la FIFA Du 10 au 20 décembre 2014, Maroc

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The best footballer of 2035

was born today. But where?

The FIFA Ballon d’Or is the highest accolade any footballer can hope to receive, a prize to which players all over the world aspire. FIFA takes great pride in being able to offer guidance to thousands of young players around the world through its grassroots programmes. FIFA promotes football skills, equality and fair play and helps to develop the football stars of tomorrow. www.FIFA.com


À DÉCOUVERT

Owens, Ali, Pelé

Thomas Renggli

General Photographic Agency/Getty Images

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es discussions visant à déterminer le plus grand sportif de tous les temps sont aussi vieilles que controversées. Il n’est pas possible d’y apporter une réponse ferme sur la base d’un vote démocratique. Les opinions à ce sujet sont trop différentes de par le monde, selon les générations et les secteurs. Dans le milieu de l’athlétisme, on hésite entre Jesse Owens, Carl Lewis et Usain Bolt. Pour les amateurs de natation, il ne peut s’agir que du recordman des médaillés olympiques Michael Phelps. À moins que ce ne soit Mark Spitz ou Johnny Weissmuller ? Au Canada, on choisirait à l’unanimité l’icône du hockey sur glace Wayne Gretzky. Les fans de basket misent sur Michael Jordan, les férus de baseball sur Babe Ruth et les golfeurs sur Tiger Woods. Les passionnés de cricket défendent Sir Donald George Bradman. La légende de la boxe Mohamed Ali et le dieu du tennis Roger Federer remportent toujours de nombreux suffrages. Dans le football, la question du meilleur joueur est soulevée chaque année, à l’occasion du Gala FIFA Ballon d’Or, dont la prochaine édition aura lieu le 13 janvier à Zurich. Alors, Messi, Ronaldo ou Ribéry ? Mais l’attribution de cette récompense ne correspond qu’aux prestations réalisées sur une année, soit une courte période. La FIFA a voulu préciser les choses et a sacré Pelé “joueur du 20ème siècle”. Le Comité International Olympique est allé plus loin encore en nommant le virtuose brésilien “sportif du siècle”. Les faits parlent d’eux-mêmes : 1363 matches, 1281 buts, seul footballeur de l’histoire à avoir remporté trois fois la Coupe du Monde, 26 titres en 17 ans. Né Edson Arantes do Nascimento, appelé Pelé par son père et surnommé O Rei par ses fans, l’ancien footballeur compte parmi les très rares sportifs dont la gloire ne s’est nullement ternie longtemps après la fin de leur carrière. À 73 ans, son opinion est toujours très demandée, comme s’il pouvait décider de l’issue de la Coupe du Monde. Il incarne mieux que quiconque

Le plus grand sportif ? George Herman “Babe” Ruth (1,87 m) a remporté sept victoires en Série mondiale de baseball.

l’espoir du Brésil de décrocher sa sixième couronne mondiale. Pelé est véritablement le visage de la Coupe du Monde 2014. The FIFA Weekly a eu l’honneur de s’entretenir avec le roi du football, chez lui. Se prêtant de bonne grâce à l’exercice de l’interview, il y a déployé les mêmes qualités que sur un terrain de football : aisance, grandeur, enjouement. Il raconte que l’équipe du Brésil arrive toujours à le faire pleurer, qu’il aurait préféré qu’on l’appelle Edson et revient sur ce qu’il T H E F I FA W E E K LY

considère comme le plus grand moment de sa carrière. Mais surtout, il nous montre qu’il n’a rien perdu de son aura, 36 ans après avoir raccroché les crampons. On attend des sportifs qu’ils se retirent au sommet de leur carrière. Si ce critère s’appliquait également chez les journalistes, le moment serait venu pour moi de prendre ma retraite (anticipée). Car je ne vois pas comment je pourrais avoir un jour un plus illustre interlocuteur à interviewer que Pelé… Å 5


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“J’ÉTAIS À MON MEILLEUR NIVEAU EN 1970”

AP/Keystone

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PELÉ

Sacré champion du monde à trois reprises, auteur de plus d’un millier de buts et véritable roi du Brésil : nul autre que Pelé ne saurait mieux incarner le football. À 73 ans, cette légende vivante fait toujours preuve d’élégance et de légèreté. Un échange enrichissant avec l’une des personnalités les plus marquantes du monde du sport.

Le monde entier vous connaît sous le patronyme de Pelé, bien que votre vrai nom soit Edson Arantes do Nascimento. Au Brésil, vous êtes également surnommé O Rei (“le Roi”). Comment souhaitez-vous être appelé ? Monsieur Pelé ou “Votre altesse” ?

dans le monde entier pour l’Unicef dans le cadre de projets en faveur d’enfants défavorisés, je devais faire de gros efforts. Aux yeux des enfants, je devais représenter la force et la volonté. Ce n’est pas très évident si l’on se met à pleurer.

Mon père m’a donné le nom de Pelé. Simple et court. Je m’appelle Pelé. Il n’y a pas besoin de rajouter un “monsieur” ou quoi que ce soit d’autre.

Le sort de ces enfants vous touche-t-il parce que vous vous reconnaissez en eux ?

Pourquoi Pelé ? Pé signifie “pied” en portugais. Mon père s’est inspiré de ce mot. Mais je suis quand même fier d’avoir été baptisé Edson, qui vient de Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule. Quand je suis venu au monde, les premières lampes électriques faisaient leur apparition dans les mines brésiliennes. C’est pour cette raison que mes parents m’ont nommé Edson. Cela n’apparaît malheureusement pas sur mon extrait de naissance. Je suis néanmoins satisfait de “Pelé”.

D’une certaine manière, oui. J’ai moi aussi grandi dans un milieu très pauvre. Mais Dieu m’a donné la faculté de jouer au football. Je lui en serai éternellement reconnaissant.

Les attentes qui pèsent sur votre équipe nationale sont énormes. Pourra-t-elle résister à la pression ? Cela fait partie du sport de haut niveau. Pendant la Coupe des Confédérations, les joueurs ont montré qu’ils savaient gérer ce genre de chose. Ils sont de toute manière soumis à la pression quotidiennement dans leurs clubs respectifs.

Votre nom est devenu une véritable marque. Oui, on peut dire ça comme ça. Je mène ma propre entreprise, je suis rarement chez moi et je reçois tous les jours des demandes pour effectuer des apparitions à des fins de marketing ou publicitaires. Mais je n’accepte pas n’importe quoi et je reste fidèle à certains principes. Je ne m’engagerai jamais pour de l’alcool, du tabac ou dans la politique.

Dans le monde du football, vous êtes toujours au premier plan, 36 ans après votre départ en retraite. Vous pouvez donc sûrement nous dire qui sera champion du monde en 2014. Je ne peux pas vous dire qui sera champion du monde. En revanche, je peux vous dire qui j’aimerais voir sacré. Il s’agit du Brésil, naturellement. Je vibre avec la Seleção comme si je jouais moi-même. Ça me rappelle mon père. Après la finale de 1950, j’avais neuf ans à l’époque, il a pleuré comme une madeleine. Je lui ai demandé ce qu’il se passait. Il m’a répondu que le Brésil venait de perdre la Coupe du Monde contre l’Uruguay. Je ne veux pas pleurer l’été prochain.

Qui considérez-vous comme l’adversaire le plus dangereux pour le Brésil ? Il y a beaucoup de bonnes équipes : l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, le Chili et bien sûr l’Argentine. Messi pourrait jouer un rôle très important.

“Pelé est l’une des rares personnes à avoir contredit ma théorie : au lieu de 15 minutes de gloire, il en aura 15 siècles.” Andy Warhol, artiste

Le grand Pelé pleure ? Oui, assez facilement, d’ailleurs. Mais pas à cause du football. Quand je vois des gens pauvres ou des enfants malades, j’en ai les larmes aux yeux. Quand je voyageais 8

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PELÉ

Nom : Edson Arantes do Nascimento – Pelé Date et lieu de naissance : 23 octobre 1940 à Três Corações (Brésil) Taille : 173 cm Position : Attaquant Clubs : 1952–1956 Bauru AC 1956–1974 Santos FC 1975–1977 New York Cosmos Équipe nationale : 92 sélections pour le Brésil (77 buts) Titres : 3 Coupes du Monde (1958, 1962, 1970) 10 Championnats de l’État de São Paulo 2 Copa Libertadores 2 Coupes Intercontinentales Records et distinctions personnelles :

AP/Keystone

Joueur du siècle (FIFA) Athlète du siècle (CIO) 1363 matches, 1281 buts

1970 Après son troisième triomphe en Coupe du Monde, Pelé pose en chaussures dorées et avec le maillot de Santos. T H E F I FA W E E K LY

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PELÉ

“Je suis fier d’avoir été baptisé Edson.” Pelé

D’un point de vue brésilien, une victoire de l’Argentine représenterait une catastrophe. Comme en 1950 avec la défaite contre l’Uruguay. Oh oui. Pour nous, ce ne serait évidemment pas l’idéal. Mais il est vrai que l’Argentine dispose d’une équipe très forte, avec beaucoup de joueurs expérimentés.

Revenons-en au Brésil. Est-ce un avantage que la plupart des joueurs évoluent en Europe, selon vous ? Oui, absolument. Les joueurs sont habitués à un rythme intense et à la pression du résultat. Ça les aidera pendant la Coupe du Monde.

Le plus grand espoir du Brésil se nomme Neymar. L’été dernier, il a été transféré à Barcelone à l’âge de 21 ans seulement. Lui auriez-vous conseillé de partir si tôt ? C’était la bonne décision. Il peut ainsi accumuler l’expérience qui pourra peut-être faire la différence en juillet prochain.

À votre époque, l’Europe semblait encore plus lointaine. Vous le regrettez ? Auriez-vous aimé jouer dans un grand club européen ? Non, jamais. J’ai eu beaucoup d’offres en provenance d’Europe, du Real Madrid ou de l’AC Milan, par exemple. Mais Santos a toujours été ma priorité, aussi bien sportivement qu’humainement. À Madrid, j’aurais pu gagner beaucoup plus d’argent, mais cela m’importait peu. Je voulais jouer là où je me sentais bien. À la fin de ma carrière, j’ai tout de même fini par aller à l’étranger, au New York Cosmos, entre 1975 et 1977.

Vous avez remporté trois Coupes du Monde, à 17, 21 et 29 ans. Lequel de ces titres a le plus de valeur à vos yeux ? C’est une bonne question. À 17 ans, tout était comme dans un rêve. Le tournoi en Suède était mon tout premier séjour en Europe. Je jouais avec l’insouciance du petit nouveau et tout s’est enchaîné presque naturellement. En 1962, je me suis blessé avant le début de la compétition au Chili. Je n’ai pas joué tous les matches et je n’étais pas 10

aussi dominant que quatre ans auparavant. Ma troisième participation, en 1966, s’est terminée par une grosse déception. Je me suis blessé et nous avons été éliminés en phase de groupes. Après cela, je voulais prendre ma retraite internationale. Mais Dieu m’a indiqué que l’heure d’arrêter n’était pas encore venue. À la Coupe du Monde 1970, j’étais à mon meilleur niveau, ç’a été le couronnement de ma carrière. J’aurais probablement été à nouveau sélectionné en 1974. Avec Santos, j’ai été sacré meilleur buteur en 1973 et j’étais en grande forme. Mais j’ai senti qu’il était temps de prendre du recul.

Votre fils Edinho est également devenu footballeur professionnel, mais au poste de gardien de but. Quelle partie de son éducation avez-vous donc raté ? (Il rit) Ne dites pas de mal des gardiens. Mon fils a grandi aux États-Unis et ne s’est vraiment consacré au football que relativement tard. Il a finalement percé à 24 ans, puis plusieurs blessures aux genoux l’ont freiné. Plus tard, à Santos, il a entraîné Neymar.

Dans la plupart des sports, la question de savoir qui est le plus grand joueur de tous les temps fait débat. Sauf en football. Pelé est le plus grand, sans discussion possible. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Et comment êtes-vous parvenu à vous maintenir à ce niveau international pendant plus d’une décennie ? Je me suis toujours entraîné très dur et j’ai mené une vie sérieuse. Pour un jeune joueur, les tentations sont nombreuses. Seul celui qui n’y succombe pas peut devenir un grand joueur. J’ai toujours su que mon talent était un grand cadeau, avec lequel il ne fallait pas faire n’importe quoi. C’est pourquoi j’ai toujours tout donné pour le football. C’est la raison principale de mon succès. Bien sûr, il a également fallu un peu de chance. Mon père était lui aussi un bon footballeur. Mais il a dû mettre fin à sa carrière à cause d’une blessure au genou. Ç’a été dur pour notre famille. Financièrement, nous avons eu du mal à nous en sortir.

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“Pelé a joué au football pendant 22 ans, durant lesquels il a fait davantage pour promouvoir l’amitié et la fraternité que n’importe quel autre ambassadeur.” J.B. Pinheiro, ambassadeur du Brésil à l’ONU

1963 Pelé spectateur à Wembley pendant le match Angleterre – Brésil.

“Son grand secret, c’était l’improvisation. Les choses qu’il faisait, il les inventait sur le moment. Il avait une perception du jeu extraordinaire.”

Mirrorpix/Bulls Press

Carlos Alberto Torres, footballeur brésilien

1966 Exercice de tir pendant la Coupe du Monde. T H E F I FA W E E K LY

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“Je me disais avant le match qu’il était fait de chair et d’os, comme tout le monde, mais j’avais tort.” Tarcisio Burgnich, le défenseur italien affecté à son marquage lors de la finale de Mexique 1970

Mirrorpix/Bulls Press, Alexander Hassenstein/FIFA via Getty Images, Propperfoto/Getty Images, Sven Simon

1970 Le sacre : Pelé conduit le Brésil à son troisième titre mondial au Mexique.

“Pelé était tellement motivé à l’idée de soulever le trophée. C’était comme s’il savait que c’était son destin. On aurait cru un enfant qui attendait le Père Noël.” Mario Americo, masseur de la sélection brésilienne, à propos de Mexique 1970

1982 “Aide au développement” : avec des élèves américains dans un camp d’entraînement.

“Di Stefano a été le plus grand joueur de l’histoire. Je ne peux pas classer Pelé, il évoluait dans une autre dimension.” Ferenc Puskás, footballeur et entraîneur hongrois 1970 Jubilation après la victoire 4:1 contre l’Italie en finale de la Coupe du Monde. 12

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“Je suis Ronald Reagan, Président des États-Unis d’Amérique. Vous n’avez pas besoin de vous présenter, tout le monde connaît Pelé.” Ronald Reagan, 40ème Président des États-Unis

2012 Gala FIFA Ballon d’Or à Zurich : Pelé avec Neymar et Sepp Blatter.

“Le plus difficile, le plus extraordinaire, ce n’est pas de comptabiliser 1000 buts comme Pelé, mais d’en marquer au moins un comme lui.” Carlos Drummond de Andrade, poète brésilien

“Dans certains pays, les gens voulaient le toucher ou l’embrasser. Dans d’autres, ils embrassaient même le sol sur son passage. Je trouvais ça beau, tout simplement beau.” Clodoaldo, footballeur brésilien 1957 Pelé sous les couleurs du club Santos FC. T H E F I FA W E E K LY

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PELÉ

1966 Tour de force de Pelé lors d’un match amical contre la Belgique au Maracanã.

“Je me suis toujours entraîné très dur et j’ai mené une vie sérieuse. Pour un jeune joueur, les tentations sont nombreuses. Seul celui qui n’y succombe pas peut devenir un grand joueur.” Pelé

C’est exact. Mon frère, qui est aujourd’hui avocat, et ma sœur, qui a épousé un footballeur, n’ont pas eu le choix non plus, à l’époque. Je gagnais environ 15 dollars par mois comme cireur de chaussures. Mon premier contrat avec Santos, à l’âge de 14 ans, me rapportait 200 dollars par mois. Cela peut paraître peu aujourd’hui, mais pour l’époque, c’était une belle somme.

Qui est pour vous le meilleur footballeur actuel ? Messi, Ronaldo, Ibrahimović ou Ribéry ? Il est impossible de comparer ces quatre joueurs. Il est donc difficile de répondre à cette question. Ronaldo et Ibrahimović se rapprochent le plus, par leur style de jeu. Ils interprètent leur rôle offensif d’une manière similaire. Ribéry est un ailier classique. Messi, lui, on ne peut le comparer à personne.

L’un de ces quatre joueurs aurait-il pu se mesurer à Pelé ? Ronaldo, Ribéry et Ibrahimović ne sont pas dans le même registre, ils sont plus offensifs que je l’étais. Le rôle que joue Messi dans son équipe est celui qui ressemble le plus au mien. 14

À la fin de leur carrière, de nombreux joueurs deviennent entraîneur. Ce n’est pas votre cas. Je reçois beaucoup de demandes et j’aurais pu signer un contrat un nombre incalculable de fois. Mais ce n’est pas pour moi. Vous savez, un entraîneur est constamment sous pression, il dépend de l’humeur de son président et de ses joueurs. Lorsque les joueurs ne vous écoutent plus, vous ne pouvez rien faire. Ça ne me plairait pas du tout. C’est un aussi un métier très stressant, qui fait vieillir plus rapidement.

Une dernière question : quels sont vos vœux pour 2014 ? Je souhaite que le Brésil saisisse la chance qui lui est donnée, que ce soit avec la Coupe du Monde 2014 ou les Jeux Olympiques 2016. Nous voulons montrer à la planète ce que nous avons à offrir : notre joie de vivre, notre mentalité et notre magnifique pays. Des évènements semblables à ceux survenus pendant la Coupe des Confédérations, lorsque le sport s’est transformé en plateforme pour des messages politiques, ne doivent plus se reproduire. Propos recueillis par Thomas Renggli T H E F I FA W E E K LY

Properfoto/Getty Images

On dit que vous vous êtes alors mis à cirer des chaussures…


Allsport/Getty Images

PELÉ

1980 Aurait-il connu une telle gloire mondiale au poste de gardien ?

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COUPE DU MONDE DES CLUBS

Le Maroc en fête

Conte de fées marocain : la présence du Raja de Casablanca en finale de la Coupe du Monde des Clubs est l’une des surprises footballistiques de l’année 2013. Alan Schweingruber, à Marrakech

C

ertes, ils n’ont pas remporté la finale, mais les joueurs du Raja de Casablanca semblaient loin d’être accablés. La fierté se lisait derrière les mines tristes qu’ils affichaient à l’issue de leur défaite 0:2 face au Bayern Munich. Cette Coupe du Monde des Clubs avait été tellement riche en événements et en émotions que le fait de perdre face à la meilleure équipe du monde et de passer à côté d’un coup de théâtre ne pouvait venir assombrir leur bonne humeur. Bien sûr, ils auraient été ravis d’empocher la prime de 5 millions de dollars et le trophée serait venu couronner le palmarès de ce club qui a déjà remporté onze championnats marocains. Mais, triomphe ou non, la satisfaction et la fierté s’étaient d’ores et déjà installées dans le cœur des joueurs. En revenant quelques semaines en arrière et en 16

relisant les communiqués autour du Raja de Casablanca, on comprend que le club vient de vivre une période exceptionnelle. Début novembre, le club s’incline face à El Jadida en finale de la Coupe du Maroc et sombre dans une véritable dépression. Puis l’équipe perd 0:1 en championnat face à ce même adversaire et dégringole en milieu de classement. Et ce, à la veille de la Coupe du Monde des Clubs. Désespéré, le Raja de Casablanca se sépare alors de son entraîneur, Mohamed Fakhir – l’homme qui, la saison dernière, lui a permis de remporter le titre de champion et qui, entre 1972 et 1999, a joué et entraîné le club sans interruption. Son successeur, Faouzi Benzarti, parvient à insuffler une énergie nouvelle au Raja. Considérés comme les outsiders de la compétition, les Marocains, invités d’honneur du tournoi en qualité de représentants du pays hôte, parviennent à écarter Auckland City, puis les T H E F I FA W E E K LY

Mexicains du CF Monterrey, avant de créer la sensation le 18 décembre en s’imposant en demi-finale face à l’Atlético Mineiro. Au fur et à mesure que la Coupe du Monde des Clubs avance, les rues des villes et des villages marocains plongent dans une liesse étourdissante. Dès les deux premières victoires, Casablanca fait la fête toute la nuit. À l’issue du quart de finale, le tournoi devient une véritable fête populaire sur l’ensemble du territoire de ce pays de 33 millions d’habitants. La vieille ville marchande de Marrakech, qui accueille la demi-finale et la finale, est prise d’assaut par la foule, qui laisse exploser sa joie sans retenue. Dès neuf heures du matin, voitures et deux-roues envahissent les rues. Ils tirent derrière eux des drapeaux verts, les conducteurs klaxonnent tandis que les deux, trois, quatre ou cinq passagers de ces véhicules, euphoriques, hurlent “Raja” dans toutes les directions. Une fois le soleil d’hiver un peu plus haut dans le ciel, vers quatorze heures, toute la ville se met en ébullition. Dans les rues, déjà très animées d’ordinaire, se mêlent les aboiements des chiens, les appels des muezzins, les respirations des chevaux, les cris des bébés, les hurlements des sirènes et les crissements de pneus. Autour du stade, les rues sont bouchées. Dans la célèbre Médina, au milieu des morceaux de

AFP

Vice-champions, les supporters et les joueurs du Raja de Casablanca célèbrent ce grand moment d’émotion.


COUPE DU MONDE DES CLUBS

Le Bayern au sommet

“Plus la Coupe du Monde des Clubs avançait, plus le Maroc plongeait dans une liesse étourdissante.” Cinq titres en un an. Le défenseur Dante et ses coéquipiers avec le trophée de la Coupe du Monde des Clubs.

viande, des étals d’épices, des charmeurs de serpents et des danseuses du ventre, les gens tombent dans les bras les uns des autres. C’est le chaos généralisé, mais un chaos qui respire le bonheur. Par chance, pour ce qui est de faire la fête, les Sud-Américains n’ont rien à envier aux Africains. Dans un peu plus de cinq mois, c’est le début de la Coupe du Monde au Brésil. Et en décembre prochain, le Maroc verra de nouveau les meilleurs clubs du monde s’affronter. Å

COUPE DU MONDE DES CLUBS 1. FC Bayern Munich (UEFA) 2. Raja de Casablanca (CAF)

Getty Images

3. Atlético Mineiro (CONMEBOL) 4. Guangzhou Evergrande (AFC) 5. FC Monterrey (CONCACAF) 6. Al - Ahly (CAF) 7. Auckland City (OFC)

Sven Goldmann

A

lors que le triplé est en vue, entre les finales de la Ligue des Champions et de la Coupe d’Allemagne, Thomas Müller ne peut s’empêcher de lancer une boutade. “L’entraîneur peut s’estimer heureux d’avoir 68 ans et pas 25”, s’exclame ainsi l’impertinent attaquant du Bayern Munich. “Parce qu’après une saison comme ça, il doit de toute façon prendre sa retraite !” Jupp Heynckes n’est pas le plus grand des orateurs, mais après le couronnement de sa carrière d’entraîneur, cette finale 100 % allemande remportée 2:1 face au Borussia Dortmund, il trouve ces quelques mots empreints d’assurance et d’espièglerie : “Je laisse une équipe parfaite à mon successeur. Bayern va devoir prouver qu’il est capable de se maintenir à ce niveau”. L’année hors norme de la superpuissance bavaroise, qui s’est terminée par la conquête de la Coupe du Monde des Clubs, est reflétée par des chiffres ahurissants : cinq titres, 50 victoires en 56 matches officiels, pour trois défaites seulement. Les candidats au statut de dieu vivant sont nombreux. On trouve parmi eux le Néer-

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landais Arjen Robben, qui, après avoir manqué son tir au but contre Chelsea un an plus tôt, a inscrit cette fois-ci le but décisif dans l’enceinte de Wembley ; ou bien Bastian Schweinsteiger et Philipp Lahm, les Munichois pur jus. Ils font tous deux partie de cette génération rouge et blanche qui a dominé la Bundesliga et avait atteint la finale de la plus grande compétition européenne à deux reprises en trois ans… pour deux cuisants échecs. Mais au-dessus d’eux s’élève la silhouette de Jupp Heynckes, leur entraîneur, qui a décidé de partir sur le plus grand succès imaginable sur la scène internationale : un triplé composé de la Ligue des Champions, du championnat et de la Coupe nationale. Plus tard, son successeur Pep Guar­ diola ne manque pas de le remercier chaleureusement. Il le fait après sa première grande victoire avec le Bayern, la Supercoupe de l’UEFA, qui revêt pour lui une importance toute particulière puisque l’adversaire n’est autre que le FC Chelsea de son ennemi intime José Mourinho. “Merci à Jupp Heynckes de nous avoir donné la possibilité de disputer cette finale”, s’épanche alors Guardiola. “Ce titre est pour lui et pour les supporters.” Å 17


L’ I N T E R V I E W

“Les Pays-Bas manquent d’expérience pour gagner la Coupe du Monde” Ses adversaires détestaient sa décontraction. Ses entraîneurs appréciaient sa simplicité. Ancien joueur le plus cher de l’histoire du Bayern Munich, Roy Makaay nous parle des compétences sociales, de la pression et de son mode de vie.

Roy Makaay, vous étiez considéré comme un joueur sérieux, modeste et facile à vivre. On ne trouve plus beaucoup de footballeurs comme vous ! Roy Makaay : Je n’ai jamais eu besoin de jouer un rôle. Je suis comme je suis. Je n’ai pas besoin de faire le spectacle. Lorsque j’étais professionnel, je m’astreignais à une certaine rigueur. Quand on se fixe un objectif, il faut tout mettre en œuvre pour l’atteindre. L’outil de travail du footballeur, c’est son corps. Il est donc normal de lui accorder une certaine attention.

Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? En Bavière, on se sent tout de suite chez soi. Le club fait tout pour que ses joueurs s’adaptent le plus vite possible. Je suis arrivé en 2003 de La Corogne. J’avais un gros retard à l’entraînement et j’étais sous pression. Pour ne rien arranger, je suis resté muet lors de mes premiers matches en Allemagne. Pourtant, les gens au club m’ont consacré du temps, ils m’encourageaient et prenaient chaque jour de mes nouvelles. Si ce club fait partie de l’élite mondiale, ce n’est pas un hasard. C’est le résultat d’un travail remarquable.

Il paraît que vous ne vous êtes jamais soûlé ? C’est vrai. J’ai raccroché les crampons il y a trois ans et, depuis, je passe un peu plus de temps au restaurant. J’en profite pour prendre un verre de vin. Mais je ne suis pas du genre à faire des excès.

Qu’attendez-vous des U-19 du Feyenoord Rotterdam, dont vous êtes aujourd’hui en charge ? Quand nous nous fixons un objectif, je veux qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Toutefois, ils peuvent aussi sortir de temps en temps, du moment que ça se passe dans le calme. Ça ne me pose pas de problème et ça leur fait du bien.

Dans quelle mesure votre passage au Bayern Munich vous a-t-il influencé ? J’ai toujours été quelqu’un de sérieux. C’est une question de caractère. J’ai appris d’autres choses au Bayern. Beaucoup de personnes dans ce club ont énormément compté pour moi. Ces gens-là possédaient de grandes compétences sociales. Je n’oublierai jamais la façon dont j’ai été accueilli à Munich. 18

Vous êtes encore en contact avec le Bayern ? Occasionnellement. Mais à chaque fois que je téléphone pour avoir des places pour un match, je suis très bien reçu. J’ai ainsi pu assister au match de Ligue des Champions contre Manchester City, le 10 décembre dernier.

pour remporter une compétition de cette envergure. Je vois plutôt le Brésil, l’Espagne, l’Argentine ou l’Allemagne.

Et la Belgique, dans tout ça ? La Belgique possède une belle équipe, ça ne fait pas de doute. Mais elle doit encore faire ses preuves. Elle compte également beaucoup de jeunes joueurs dans ses rangs.

Lorsque vous étiez jeune footballeur, qui a eu une influence sur votre parcours ? Frans Thijssen. Il était éducateur à Vitesse Arnhem et m’avait convaincu d’effectuer des séances supplémentaires après l’entraînement. J’en ai profité pour travailler ma frappe de balle des deux pieds. Quand j’ai signé mon premier contrat professionnel à 18 ans, j’étais parfaitement à l’aise des deux pieds. Sans le soutien de Frans Thijssen, je ne sais pas si je serais allé aussi loin.

Vous aviez un modèle ? Vous avez été le transfert le plus cher de l’histoire du Bayern, avec 19 millions d’euros. Que peut ressentir aujourd’hui un joueur comme Gareth Bale au Real Madrid ? En général, un footballeur a tout intérêt à oublier les circonstances qui touchent à son transfert. C’est l’affaire des clubs, pas des joueurs. Moi, je me suis concentré sur le fait de marquer des buts. Le reste, ça n’était pas vraiment mon problème.

L’équipe des Pays-Bas est connue pour son football offensif. Les Oranje peuvent-ils espérer remporter la Coupe du Monde au Brésil ? Non, ça m’étonnerait. L’équipe de Louis van Gaal a du talent, mais elle manque d’expérience T H E F I FA W E E K LY

Non, pas vraiment. Mais quand j’étais adolescent, Marco van Basten jouait à l’AC Milan. Il possédait des qualités fantastiques. Bien entendu, c’était mon idole.

Propos recueillis par Alan Schweingruber


Nom : Roy Makaay Date et lieu de naissance : 9 mars 1975, Wijchen (Pays-Bas) Clubs : Vitesse Arnhem, CD Tenerife, Deportivo La Corogne, Bayern Munich, Feyenoord Rotterdam

Patrick Post/Hollandse Hoogte/laif

Palmarès : Champion d’Allemagne 2005 et 2006 Champion d’Espagne 2000 Distinctions individuelles : Soulier d’Or 2003 Meilleur buteur du championnat d’Espagne 2003 But le plus rapide de l’histoire de la Ligue des Champions (après 10 secondes)

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EN ROUTE POUR LE BRÉSIL : PLUS QUE 23 SEMAINES

Du chaud au froid, façon de parler

Loin des vacances : Javier Martinez (à gauche) et Cesc Fabregas risquent de se retrouver en eaux troubles pendant la Coupe du Monde.

Jordí Punti

Jasper Juinen/Getty Images

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es réactions qui ont suivi le tirage au sort de la Coupe du Monde en Espagne ont illustré la versatilité de ce pays dans son approche du football. Les entraîneurs adverses seraient bien inspirés de les étudier de près pour préparer leurs rencontres. Le parcours quasi-parfait réalisé au cours du marathon qualificatif et la fierté d’arriver au Brésil avec le titre de champion n’ont pas pesé lourd face au rodéo émotionnel déclenché par le résultat du tirage. L’Espagne se réserve un premier tour compliqué dans un Groupe B qu’elle partagera avec les Pays-Bas, le Chili et l’Australie. Le soir du tirage au sort, les commentateurs sportifs ont proposé devant les caméras une large palette de réactions. Face à ce “groupe de la mort”, comme ils l’ont baptisé, certains prédisaient déjà que l’Espagne allait gagner tous ses matches et prendre la première place, évitant ainsi le Brésil (lui aussi promis à la pole position de son groupe). En revanche, d’autres observateurs estimaient que l’entrée en lice face aux Pays-Bas – dans un remake de la finale d’Afrique du Sud 2010 – était de mauvais augure. À leurs yeux, ce

match sera pour les Oranje une occasion de se venger, pour les Espagnols un rendez-vous aux airs de déjà-vu. Et d’autres de répliquer : “Mais ce sont eux qui doivent avoir peur. Les champions du monde, c’est nous”. Puis un autre y allait de son avis : “Attention au Chili, qui va avancer masqué dans ce groupe. C’est une équipe aguerrie, vaillante et inspirée, comme le montre Alexis, le joueur du FC Barcelone”. Et l’Australie ? On ne sait pas grand-chose de cette mystérieuse équipe, si ce n’est sa situation géographique : aux antipodes de l’Espagne. Le clan des fatalistes et celui des conquistadores se rejoignaient au moins sur un point : le tirage chanceux de la France… Quelle injustice ! Qualifiés in extremis, les voisins transpyrénéens ont été versés dans le groupe le plus facile, en compagnie de la Suisse, du Honduras et de l’Équateur. Sur Twitter, les réactions des joueurs n’ont pas tardé. Piqué : “Personne n’a dit que ce serait facile”. Reina : “Ça ne sert à rien de se poser en victimes, on est les champions”. Iniesta : “Un groupe passionnant pour attaquer la Coupe du Monde. Vamos !”. Comme souvent, c’est le sélectionneur Vicente del Bosque qui a eu les propos les plus sensés dans ce déchaînement d’opinions diverses et variées. Après avoir T H E F I FA W E E K LY

précisé qu’il craignait le Chili depuis le début – “un adversaire très coriace, qui met beaucoup de pression” –, il s’est félicité de la difficulté du groupe : “Les Pays-Bas vont nous obliger à être au maximum dès le premier match, mais tout dépend de nous et de la mentalité avec laquelle nous allons aborder la Coupe du Monde”. Del Bosque est conscient que l’Espagne est une sélection qui monte en puissance au fil des tours et qu’elle devra afficher un gros niveau de concentration d’emblée. Le sélectionneur a également donné dans l’optimisme en évoquant les villes dans lesquelles jouera son équipe : “Nous allons du chaud au froid. D’abord Salvador, puis Rio et enfin Curitiba, où se trouve notre camp de base”. Del Bosque sait qu’une nation européenne n’a jamais remporté une Coupe du Monde en Amérique du Sud. Les températures du mois de juillet à Curitiba donneront peut-être des airs d’Europe au Brésil. Le tout est de s’en convaincre. Å

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B O X I N G D AY 2 013

Jingle Bells ! Le père Noël est lui aussi présent dans les stades anglais pendant les fêtes de fin d’année. On le retrouve ici parmi les fans d’Arsenal.

Alors que le reste de l’Europe mange, fait la fête et se repose, le football anglais mène un train d’enfer. Le programme n’y est jamais aussi intensif que durant la période de Noël. Cela plaît au public, mais un peu moins à certains entraîneurs. 22

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David Price/Arsenal FC via Getty Images

Entre festins et football


Hanspeter Kuenzler

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Carl Court/AFP

e ciel est gris, comme si un lac gelé s’y reflétait. À l’horizon, le soleil tente vainement de percer. Le brouillard vient se mêler au froid. L’atmosphère est pourtant fantastique. C’est le Boxing Day, le lendemain de Noël. Nous nous trouvons dans le stade du Barnet FC, qui évolue en cinquième division anglaise, la Conference Premier. Même à ce niveau, les clubs disposent de joueurs professionnels à temps plein. On y retrouve également quelques grands noms. Sur le banc de touche de l’équipe locale, l’ancien international néerlandais Edgar Davids donne ses directives. L’ex-star de l’Ajax, de la Juventus, de Milan et de Barcelone se plaît tellement à Londres qu’à la fin (supposée) de sa carrière à Crystal Palace, il n’a pas voulu quitter la ville. Il est donc devenu entraîneur-joueur chez les Bees, afin de se forger une première expérience dans le métier

de coach. L’adversaire du jour se nomme Luton Town. Un derby, comme le veut la tradition du Boxing Day, mais aussi un duel au sommet entre le cinquième et le deuxième du classement. Le Hive Stadium, dans le nord de Londres, accueille pour l’occasion 3608 spectateurs. Il s’agit certes du record du stade, mais ces chiffres n’ont rien d’étonnant dans ce championnat : lorsque Luton, qui évoluait encore au plus haut échelon national en 1992, joue à domicile, 6000 supporters s’amassent régulièrement dans les tribunes. Cela résume parfaitement la passion qui règne dans le football anglais. Pour tous ces fans, les fêtes de fin d’année n’auraient pas la même saveur sans les sensations procurées par le programme le plus intensif au monde à cette période. Quatre journées complètes de Premier League et un tour de FA Cup ont en effet lieu entre le 21 décembre et le 4 janvier. Ces réjouissances sont aussi anciennes que le football organisé. Dès la saison 1888/89,

Gueule de bois : Les entraîneurs d’Arsenal Arsène Wenger (à gauche) et de West Ham United Sam Allardyce militent pour une trêve hivernale. T H E F I FA W E E K LY

lorsque douze clubs se sont disputé pour la première fois le titre de champion d’Angleterre dans une formule championnat (le vainqueur fut alors Preston North End), des matches ont été organisés lors du Boxing Day. Cette journée, à la portée symbolique moins importante que le 25 décembre, était considérée comme idéale pour présenter aux foules curieuses le nouveau phénomène de “sport-spectacle”. Une grande partie de la population bénéficiait d’un jour de congé. De plus, les hommes n’étaient généralement pas habitués à devoir passer des heures entières dans la cuisine. Leur seule envie lors du Boxing Day était de sortir prendre l’air et de se raconter des blagues autour de quelques pintes. Hormis le fait que les femmes sont désormais elles aussi présentes dans les stades et que la chanson de Noël la plus en vogue n’est plus “Douce nuit” mais le titre de Slade “Merry Xmas Everybody”, les choses ont peu changé depuis lors. Les matches de cette période revêtent toujours une atmosphère très particulière, comme si les gens voulaient libérer toute l’énergie accumulée lors des repas copieux des jours précédents. Afin d’attirer encore plus de monde, la ligue s’efforce traditionnellement de proposer autant de derbies que possible. Rien d’étonnant, donc, à ce que certains stades aient battu leur record d’affluence lors du Boxing Day. Malgré tous ses attraits, ce programme chargé demeure l’une des rares inventions du football anglais à n’avoir pas été reprise dans le reste de l’Europe. Tous les principaux championnats s’accordent une trêve hivernale, à l’exception de l’Angleterre et de l’Écosse. La situation en est d’ailleurs devenue un peu étrange. Alors que les spectateurs se réjouissent du spectacle, joueurs et entraîneurs appellent de plus en plus régulièrement à la suppression de cette tradition. Arsène Wenger (Arsenal), Sam Allardyce (West Ham), Mark Hughes (Stoke), le sélectionneur anglais Roy Hodgson et même Sir Alex Ferguson se sont ainsi prononcés en faveur d’une pause. Ils estiment que les joueurs traînent ces efforts supplémentaires comme un boulet jusqu’à la fin de la saison. Nombreux sont ceux qui y voient l’une des raisons des performances décevantes de l’équipe nationale au dernier Euro et à la Coupe du Monde 2010. Sans phase de récupération, les batteries des joueurs sont complètement vides lorsque ces compétitions débutent. Les partisans d’une trêve agitent volontiers les statistiques. Le quotidien The Guardian cite ainsi un analyste de la société Prozone. Celui-ci s’est penché sur les performances des milieux et attaquants durant les matches de Noël de l’an passé. Les joueurs ayant disputé deux rencontres durant cette période ont en moyenne effectué 69,5 sprints par match, contre 63,7 pour ceux ayant joué trois 23


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Offside/Witters

fois. Ce chiffre tombe même à 58,0 pour les joueurs ayant dû jouer à quatre reprises. Les équipes disposant d’un groupe étoffé et de qualité ont donc un avantage conséquent par rapport à celles qui ne peuvent se permettre une rotation efficace. La cinquième division souhaite elle aussi bénéficier d’une pause hivernale depuis longtemps : “J’aimerais qu’il y en ait une”, avoue ainsi John Still, l’entraîneur de Luton Town. “Ce serait bien pour les joueurs d’avoir quelques jours pour eux et pour leur famille.” Selon toute vraisemblance, la pression populaire et les intérêts financiers devraient empêcher toute modification du format actuel pour le moment. Pour la Premier League, les matches de fin d’année sont une opportunité unique d’attirer l’attention du monde entier. Faute de concurrence en provenance des autres grands championnats européens, l’élite anglaise dispose à cette période d’une sorte de monopole médiatique. Pour les supporters, ces rencontres renferment une tension et un

charme inégalables. Elles sont un peu au football ce que le cap de Bonne-Espérance est aux marins. Leur effet psychologique est impossible à prévoir. Certaines équipes répondent parfaitement au défi proposé, quand d’autres s’écroulent totalement sous la pression. Cela vaut aussi bien pour les équipes du haut de tableau que pour celles qui se battent pour éviter la relégation. Les résultats de ces matches réservent ainsi bon nombre de surprises.

Pour Luton, l’issue a été positive. Après ses succès contre Barnet (2:1) et Kidderminster (6:0), ce club historique est actuellement leader du classement. Barnet, en revanche, a également perdu son match suivant, à l’extérieur face à Salisbury. Edgar Davids a récolté à cette occasion son troisième carton rouge de la saison. Il a même déclaré réfléchir à raccrocher définitivement les crampons, estimant que les arbitres se liguaient contre lui et son équipe. Å

“Ce serait bien pour les joueurs d’avoir quelques jours pour eux et pour leur famille.” John Still, entraîneur de Luton Town

Embouteillages : Entre Noël et le Nouvel An, les supporters se ruent dans les stades, comme ici pour la rencontre ManCity – Liverpool. T H E F I FA W E E K LY

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LE MIROIR DU TEMPS

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New York, États-Unis

Extérieur du pied. Marilyn Monroe fait apprécier son toucher de balle en talons hauts. Sur ce cliché pris à l’Ebbets Field de New York, l’actrice donne avec enthousiasme le coup d’envoi d’un match de charité opposant les États-Unis à l’Hapoël Tel-Aviv. Les Américains s’inclineront 6:4. "Recrutez Marilyn", titre dès le lendemain le magazine Soccer Star. 26

T H E F I FA W E E K LY

interTopics

1957


LE MIROIR DU TEMPS

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W Rio de Janeiro, Brésil

2012

Dukas

Intérieur du pied. Lady Gaga abandonne ses chaussures au profit du ballon. Dans une favela de Rio de Janeiro, la chanteuse s’essaye à l’art de la passe, sans se départir de sa coiffure impeccable. Malgré le regard impassible de la star, les enfants ne semblent pas très convaincus par ses talents de footballeuse.

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TRIBUNE

L E T O P 11 D E L A S E M A I N E

“Mon club, c’est ma vie” – les joueurs fidèles

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Ryan Giggs, Manchester United. Au club depuis 26 ans. Giggs est le joueur qui a remporté le plus de titres de toute l’histoire du football anglais.

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Iker Casillas, Real Madrid. Au club depuis 24 ans. Le gardien a gravi tous les échelons de la maison merengue depuis son plus jeune âge. Il a été élu gardien de but de l’année cinq fois d’affilée.

Un ballon sur Twitter 3 Thomas Renggli

H

appy New Year! Feliz Ano Novo! L’année 2014 s’annonce magique avec le retour de la Coupe du Monde dans LE pays du football, après 64 ans. Ça y est, l’année 2013 est finie, il a fallu prendre de bonnes résolutions – et pas uniquement en Angleterre, où l’on a joué une journée de championnat complète quelques heures seulement après avoir fait sauter les bouchons de champagne. Par le passé, entre Noël et le Nouvel An, les joueurs britanniques profitaient de la vie nocturne après avoir trinqué, ce qui laissait des traces. Aujourd’hui, rares sont ceux qui arrivent aux rendez-vous sportifs en donnant leur maillot à la blanchisserie du club et en buvant une gorgée de boisson isotonique pour se remettre d’aplomb. En fait, l’année de la Coupe du Monde a véritablement commencé le 6 décembre 2013, lors du tirage au sort des groupes de la phase finale sur la côte brésilienne. Une fois que les premiers chocs ont été encaissés et que l’Espagne et l’Italie ont arrêté de croire à la théorie du complot, les 32 participants ont immédiatement entamé leur programme de préparation. Les Américains se réjouissent à l’idée de parcourir de nombreux miles (8866, exactement) à travers le Brésil durant leur premier tour, les Allemands bouleversent la gastronomie locale et construisent leur propre hôtel, les Anglais s’habituent à transpirer et se préparent au pire dans les bains turcs et les Français profitent de leur cadeau de Noël prématuré. Le football instruit. Ainsi, le tirage au sort a été l’occasion de se souvenir que Tegucigalpa est la capitale hondurienne, que, sur le plan footballistique, l’Australie fait partie de l’Asie, qu’outre les meilleures frites, la Belgique produit aussi d’excellents joueurs de football et que Manaus n’est pas le nouveau modèle d’un constructeur automobile japonais.

Dans les esprits, le Brésil est déjà très proche grâce à la samba et au carnaval qu’on voit dans les émissions de télévision caricaturales. Techniquement, le voyage jusqu’à la 20ème Coupe du Monde a débuté au Maroc, avec la Coupe du Monde des Clubs. C’est là que Brazuca, le nouveau ballon de l’événement majeur, a été utilisé pour la première fois. Le 12ème ballon produit par Adidas depuis 1970 est l’objet de toutes les convoitises. Constitué à 100% de polyuréthane, il devrait davantage séduire que son prédécesseur Jabulani, si l’on en croit son fabricant. Six cents footballeurs issus de dix pays différents, dont les stars Lionel Messi, Bastian Schweinsteiger et Zinédine Zidane, l’ont testé consciencieusement. Tous ont rendu un avis positif. La trajectoire de Brazuca est stable, il permet des tirs de bonne qualité, il colle bien au pied et fait preuve d’une puissance incroyable. Et Sepp Her­ berger a raison : Brazuca est rond. Si ce ballon roule sur les terrains de football mondial, il est aussi capable de communiquer à l’échelle internationale, puisqu’il possède son propre compte Twitter (@brazuca). Ceci est une excellente nouvelle, surtout pour tous les gardiens (anglais) : une petite notification devrait les prévenir lorsque le cuir approchera. Å

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly T H E F I FA W E E K LY

Steven Gerrard, FC Liverpool. Au club depuis 24 ans. La relation particulière de Gerrard avec son club trouve également ses racines dans la tragédie d’Hillsborough, qui a coûté la vie à son cousin en 1989.

4

Francesco Totti, AS Rome. Au club depuis 24 ans. À Rome, Il Capitano est vénéré. L’amour du joueur pour la Louve ne s’est jamais démenti lui non plus.

5

Rogerio Ceni, FC São Paulo. Au club depuis 22 ans. Le dernier rempart a disputé 1117 rencontres pour son club, mais aussi remporté trois fois la Copa Libertadores et la Coupe du Monde des Clubs en 2005.

6

Xavi, FC Barcelone. Au club depuis 22 ans. Sept titres de champion d’Espagne, deux Coupes du Roi, trois triomphes en Ligue des Champions. Tout est dit.

7

Alessandro Del Piero, Juventus Turin. 19 ans dans le même club. Il est arrivé chez la Vieille Dame âgé de 19 ans et ne l’a quittée pour l’Australie qu’au crépuscule de sa carrière, fidèle à la devise “un gentilhomme ne quitte jamais sa dame”.

8

Nobusiha Yamada, Urawa Red Diamonds. Au club depuis 19 ans. Le défenseur japonais est la personnification asiatique de la fidélité.

9

Henrik Rydström, Kalmar FF. Au club depuis 19 ans. Le diplômé en littérature et chroniqueur pour le magazine de football Offside porte le même maillot depuis les catégories de jeunes.

10

Javier Zanetti, Inter Milan. Au club depuis 18 ans. L’Argentin compte déjà plus de 800 apparitions pour l’Inter. Il est surnommé Il Trattore (“le tracteur”) par les supporters.

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Carles Puyol, FC Barcelone. Au club depuis 14 ans. Ce joueur âgé de 35 ans est également le capitaine des Blaugrana depuis neuf ans. 29


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SÉNÉGAL

Les Lions de la Teranga en chasse

Avec le cœur. Un fan de l’équipe du Sénégal.

Dukas/Eyevine, Sia Kambou/AFP

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Sénégal est bien loin de ruminer sa non-qualification pour la Coupe du Monde. La fédération et le sélectionneur, le légendaire Alain Giresse, ont tourné la page et préparent déjà l’avenir avec l’appui du programme Performance.

L’envolée. Football amateur à Dakar.

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David Noemi, Dakar (Sénégal)

n décembre, les nuits à Dakar sont plus fraîches que cette brûlante soirée de l’’été 1982 à Séville, où Alain Giresse avait brillé de mille feux. Lors de cette irrespirable demi-finale de la Coupe du Monde 1982, disputée le 8 juillet au stade Ramón Sanchéz Pizjuán, Gigi avait trompé Harald Schumacher d’une imparable frappe du droit qui avait donné un avantage temporaire de 3:1 à la France face à l’Allemagne de l’Ouest. À son poste de sélectionneur national du Sénégal, l’ancien Bordelais, qui a également participé à Mexique 1986, reste fidèle à sa vision du foot. On retrouve Giresse assis dans son petit bureau, au deuxième étage du siège de la Fédération sénégalaise de football (FSF), à un quart d’heure du centre de Dakar. Collée à une étagère, une photo rappelle son époque de joueur aux Girondins. On l’y voit saluer affectueusement un autre lutin, Diego Maradona, alors au FC Barcelone. L’ancien membre du carré magique des Bleus ne le cache pas : il veut que les Lions de la Teranga retrouvent la place qu’ils T H E F I FA W E E K LY

occupaient au début de la dernière décennie et plus précisément en 2002. Cette année-là, les Diop, Diouf et autres Fadiga avaient déjoué les pronostics en battant la France en ouverture de la Coupe du Monde puis en accédant aux quarts de finale. Les Sénégalais n’ont pas su décrocher leur qualification pour Brésil 2014 en barrage face aux Ivoiriens. Leur objectif est désormais de composter leur billet pour la Coupe d’Afrique des Nations 2015 au Maroc. “L’Afrique a toujours possédé des joueurs extraordinaires. C’était déjà le cas en 1982, quand j’ai disputé ma première Coupe du Monde. À l’heure actuelle, plusieurs Africains évoluent à très haut niveau en Europe. En Afrique, le défi consiste à construire une équipe à partir d’individualités et d’établir des programmes au niveau de l’administration et de l’infrastructure pour promouvoir un développement complet”, estime Giresse, dont c’est la troisième expérience à la tête d’une sélection africaine, après ses mandats au Gabon et au Mali. “Si ce n’était qu’une question de talent, une équipe africaine pourrait remporter la Coupe du Monde en 2014. D’ailleurs, le Ghana a été tout près d’accéder aux demi-finales en 2010”, ajoute-t-il. 31


SÉNÉGAL

Une légende française. Alain Giresse, ancien joueur de classe mondiale, a de grandes ambitions avec le Sénégal (Ici : entraînement à Abidjan).

Le diagnostic de Giresse se confirme en suivant un match entre l’Union Sportive de Ouakam et NGB, deux clubs professionnels de la première division sénégalaise, dans le cadre de la Coupe du Maire de Dakar, au stade Demba Diop. Sur le gazon synthétique, le talent et les qualités physiques sont au rendez-vous. C’est ailleurs que le bât blesse. C’est précisément dans ce domaine que la FSF souhaite travailler. “Nous voulons recréer le phénomène de 2002, lorsque l’extraordinaire prestation de notre sélection à la Coupe du Monde avait engendré une forte cohésion au sein du football sénégalais”, affirme le Secré­ taire général, Victor Cissé. La non-qualification pour Brésil 2014 repré­ sente un coup dur sur les plans sportif et finan­ cier, mais pour Cissé, la vie doit continuer. Le dirigeant est convaincu que si le Sénégal veut connaître le développement sur le long terme dont il a tant besoin, il doit se retrousser les manches dès aujourd’hui. À la demande de la FSF, six experts de Performance, le programme de gestion du football de la FIFA, se sont ainsi rendus quasi-incognito à Dakar fin novembre. Cette visite de cinq jours 32

a été rythmée par de nombreuses réunions et entretiens avec toutes les parties prenantes du football sénégalais, depuis le Président de la FSF Augustin Senghor jusqu’à la RTS, la prin­ cipale chaîne de télévision, en passant par Giresse et le ministre des Sports. Cette consultation a mis en lumière quelques problèmes. L’un d’eux concerne les difficultés du championnat professionnel, lancé en 2009, à séduire la RTS, qui préfère retrans­ mettre des matches européens. De même, l’ab­ sence de page web opérationnelle empêche la FSF de communiquer efficacement sur ses acti­ vités. Les experts de Performance ne se sont pas contentés de mettre le doigt sur les lacunes, ils ont aussi formulé des suggestions : l’élabora­ tion d’une stratégie de marketing et de commu­ nication qui envisage l’utilisation des réseaux sociaux, très efficaces et peu onéreux au Séné­ gal ; ou bien la restructuration de l’organi­ gramme interne, avec notamment le recrute­ ment d’un directeur financier ainsi que le renforcement de la direction technique en tant qu’entité coordinatrice de toutes les structures au niveau du football amateur et féminin. Tous ces changements devront s’inscrire dans le T H E F I FA W E E K LY

Fédération : Fédération Sénégalaise de Football Surnom : Lions de la Teranga Classement FIFA : 65ème place (536 points) Premier match international : Bénin – Sénégal 3:2 31 décembre 1961 Plus large victoire : Sénégal – Maurice 7:0 9 octobre 2010 Plus large défaite : Tunisie – Sénégal 4:0 15 juillet 1995


SÉNÉGAL

Omniprésente. Au Sénégal, la Premier League anglaise a la cote.

“Si ce n’était qu’une question de talent, une équipe africaine pourrait remporter la Coupe du Monde en 2014.” cadre d’un projet encadré par des objectifs tangibles et des délais précis. Les experts de Performance se sont déjà rendus dans 155 pays du monde entier, dont 38 en Afrique. Les résultats sautent aux yeux. Grâce à ce programme, la fédération mauritanienne a ainsi monté sa propre unité de production télévisuelle pour filmer les matches du championnat national et réaliser une émission de football hebdomadaire, diffusée sur la plus grande chaîne du pays. “Cela nous a permis d’accroître notre visibilité de façon considérable”, a récemment déclaré le président de la Fédération mauritanienne de football, Ahmed Ould Yahya. L’Éthiopie constitue un autre exemple très parlant. Suite à une grave crise interne, la fédération s’est engagée dans une restructuration

complète avec le soutien de Performance. Ce projet a été couronné par la qualification pour la CAN 2013, alors que les Walya n’avaient pas fréquenté l’épreuve continentale depuis 31 ans. Il s’est aussi concrétisé par la signature d’un accord commercial historique avec une marque de boisson. Tout est relatif lorsque l’on parle des résultats des processus de développement. Aux yeux du monde du football, le Sénégal reviendra vraiment sur le devant de la scène si les Lions de la Teranga se qualifient pour la CAN 2015 et pour Russie 2018. Cependant, pour tous les Sénégalais rêvant de jours meilleurs, le processus est bel et bien enclenché, même s’il s’agit pour l’instant d’un travail de l’ombre. Å

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LE DÉBAT

Pourquoi ne pas jouer tout de suite au rugby ?

Ashley Young (au sol) a écopé d’un carton jaune après ce plongeon lors d’un match de championnat entre Manchester United et Crystal Palace le 14 septembre 2013.

“Un plongeon n’est pas une simulation si l’arbitre siffle.” C’est souvent ainsi, à peu de choses près, que commence le discours de tous ceux qui ne trouvent pas forcément condamnable de voir un footballeur tenter de tromper l’arbitre, ses adversaires et les spectateurs. Selon eux, si l’arbitre siffle, un plongeon n’est pas une simulation, mais la conséquence d’une faute. Pour justifier le geste des footballeurs qui se laissent tomber volontairement, on fait principalement valoir deux points : tout le monde peut le faire et tout le monde le fait. Le fait que tout le monde ait le choix de faire croire à une faute ou de s’aider de la main et d’obtenir ainsi un avantage déloyal témoigne seulement d’une compréhension fondamentalement fausse de l’égalité de traitement envers tous les joueurs que l’on peut attendre de l’arbitre. Déclarer que tous les joueurs usent de la combine tôt ou tard (l’occasion fait le larron, c’est bien connu) ne peut en aucun cas légitimer la chose. Ce qui cloche par ailleurs dans ces deux 34

arguments, c’est qu’ils sont en contradiction. Car un joueur ne peut pas faire appel aux règles du jeu, par exemple pour se protéger contre les simulations de l’adversaire, et refuser en même temps de les appliquer. Il pénètrerait ainsi dans un espace non règlementé et sans éthique, dans lequel il pourrait avoir recours à des actions encore plus brutales, aller jusqu’aux blessures corporelles et à l’abus de force, tout cela pour envoyer la balle dans les filets adverses. Pourquoi ne pas adopter tout de suite les méthodes du rugby ? Certes, tous ceux qui jouent ou ont joué un jour au football savent que la tentation de commettre une infraction cachée peut être grande. On est mené à la marque, il ne reste plus que quelques minutes à jouer, alors on pourrait – oui, on pourrait – tomber dans la surface de réparation en se retournant légèrement, pousser un cri aigu, puis plier les genoux en se tenant les jambes, même si l’adversaire n’a commis aucun geste illicite. De nombreux footballeurs choisissent d’emprunter cette voie, en dépit de cas flagrants T H E F I FA W E E K LY

où le monde entier est conscient que le joueur a triché. Celui-ci doit alors assumer les conséquence de son acte et reste longtemps au ban de la profession dans la mémoire collective. Thierry Henry, autrefois considéré comme un gentleman, a irrémédiablement perdu son statut en 2009 lorsqu’il a permis à la France de se qualifier pour la Coupe du Monde en commettant une faute de main manifeste lors du match de barrage retour de la compétition préliminaire. Les Irlandais ont été les dindons de la farce. Pendant un moment, ils ont dû se croire dans un match de rugby. Å

Les débats de The FIFA Weekly Qu’est-ce qui vous interpelle ? De quels sujets aimeriez-vous discuter ? Envoyez vos propositions à : feedback-TheWeekly@fifa.org.

Michael Regan/Getty Images

Perikles Monioudis


LE DÉBAT

“Rien d’étonnant à ce que le football ne parvienne pas à s’imposer parmi les grands sports américains. Il y a trop de comédiens dans ce sport. Combien de fois voit-on un joueur se rouler par terre, le visage déformé par la douleur, pour le retrouver piquant un sprint trente secondes plus tard ? Ça me rend fou. Comment prendre le football au sérieux dans ces conditions ? Et rien ne laisse à penser que les choses vont bientôt changer.” Mike Tattersall, San Francisco (USA)

“Un attaquant doit prendre des décisions en une fraction de seconde. Faut-il faire l’effort ou décrocher ? Dois-je venir au ballon ou laisser le jeu se développer sans moi ? Se laisser tomber fait partie de ces choix. Je crois qu’il ne faut pas être trop sévère. Les simulations font partie du jeu. Il ne faut pas y voir une escroquerie. Tous les bons joueurs le savent.” Nikos Mavridis, Thessalonique (Grèce)

“Les simulateurs sont indispensables. En punissant les joueurs trop sévèrement, on risque de faire disparaître un élément essentiel : l’instinct. C’est l’instinct qui pousse les footballeurs à chercher le moindre avantage, quitte à se faire prendre. Les vrais professionnels ne sont pas des moutons, même s’ils acceptent les règles du jeu.” Japhet Kinhasi, Bruges (Belgique)

“Les simulateurs sont indispensables.” “Il est grand temps de rappeler à l’ordre les tricheurs et les simulateurs sur les terrains de football. Leur comportement honteux fausse les résultats et ils nuisent considérablement à la réputation du sport. Pour moi, il y a une solution simple à ce problème : les simulations évidentes doivent être sanctionnées d’un carton rouge direct. Un joueur qui cherche à obtenir un penalty imaginaire doit être traité comme un défenseur qui annihile une occasion de but de manière illicite.”

LE BILLET DU PRÉSIDENT

“Le football est un jeu et dans tous les jeux, il y a des gens pour tenter de contourner les règles. C’est humain de vouloir bénéficier d’un avantage. C’est la raison pour laquelle je trouve totalement hypocrite le débat sur les sanctions liées aux simulations de faute.” Valentino Nero, Milan (Italie)

“Jürgen Klinsmann, Cristiano Ronaldo, Filippo Inzaghi… Les grands simulateurs ont rendu de bien mauvais services au football. À cause d’eux, les enfants commencent à tricher dès la cour d’école. Derrière ce problème se cache aussi une question sociale. Si les parents ne parviennent plus à inculquer des valeurs à leurs enfants, il ne faut pas s’attendre à ce que les footballeurs fassent davantage preuve d’intégrité à l’avenir.” Holger Sandmann, Duisbourg (Allemagne)

“Depuis longtemps, on croise plus de bons acteurs que de bons footballeurs.” Volker Roth, ancien représentant des arbitres allemands

“Je pense que les joueurs qui se rendent coupables de simulation devraient être sanctionnés, même après coup. Néanmoins, il faut également veiller à ce que les décisions prises par les arbitres ne soient pas systématiquement contestées ou remises en cause. Il faut fixer une ligne claire, afin que chacun sache ce qui relève d’une possible suspension.” Anders Berqvist, Umea (Suède)

“Les tricheurs nuisent au sport. Personnellement, je ne vois aucun inconvénient à ce que l’arbitre expulse un simulateur. D’autres sanctions ne pourraient être appliquées après coup que si les images permettaient d’identifier un mauvais geste ayant échappé à l’arbitre, ce qui, en principe, est exclu.” Cornelia Reder, Fischbach (Suisse)

“En fin de compte, tout est une question de fair-play. Il y aura toujours des joueurs malhonnêtes, dans tous les sports. Toutefois, dans un environnement où le respect et le savoir-vivre sont de mise, on voit moins de cinéma. En Premier League, les spécialistes du plongeon sont copieusement hués. Hélas, les étrangers sont de plus en plus nombreux dans notre championnat et ces bonnes habitudes se perdent, même en Angleterre. Malheureusement.” David Best, Lemington (Angleterre)

“Je n’aime pas les simulateurs. Ils trichent avec leurs adversaires et avec le football en général. Une suspension les ferait peut-être réfléchir.”

Stop à la comédie

C

es dernières années, le football est devenu de plus en plus rapide et de plus en plus direct, notamment grâce à des ajustements techniques ciblés, tels que la règle de la passe en retrait ou l’augmentation du nombre de ballons autour du terrain. Aujourd’hui, les plus longues interruptions de jeu sont presque exclusivement dues à des sketches de comédiens destinés à simuler des blessures. Proscrit dans d’autres sports, ce type d’action est devenu normal dans le football. Ces simulations ont beau être déloyales et ridicules quand on les visionne au ralenti, elles sont souvent vues comme une preuve de débrouillardise. Ou bien on considère, dans le pire des cas, qu’il s’agit d’un acte sans gravité. Je dois dire que cela me révolte, d’autant plus qu’en général, ces joueurs (soi-disant) à l’agonie reprennent du poil de la bête dès qu’ils ont été conduits hors du terrain. Il semblerait que la ligne de touche ait des vertus thérapeutiques miraculeuses qui échappent à la médecine. Les arbitres doivent ici jouer leur rôle. Des instructions claires leur ont d’ores et déjà été communiquées : quand un joueur est à terre, ce n’est pas à l’équipe adverse de mettre la balle en touche. S’il estime qu’il s’agit d’une blessure sérieuse, l’arbitre se doit d’intervenir. Mais quand un “simulateur” souhaite revenir sur le terrain, l’homme en noir est tout à fait libre de le faire patienter jusqu’à ce que l’infériorité numérique ait un impact sur les rapports de force entre les deux équipes. De fait, cela équivaudrait à une exclusion temporaire – et cela pourrait inciter tous les malades imaginaires à changer d’attitude. Il faut à tout prix que les footballeurs cessent de se livrer à ce genre de tricheries, c’est une question de respect vis-à-vis de l’adversaire et des supporters, mais aussi de soi-même. Les joueurs professionnels se doivent de montrer l’exemple.

Victor D Johnston, Leeds (Angleterre)

Votre Sepp Blatter

Peter Durst, Innsbruck (Autriche) T H E F I FA W E E K LY

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LE CL ASSEMENT FIFA Classement Équipe Évolution Points

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Belgique Grèce Angleterre États-Unis Chili Croatie Côte d’Ivoire Ukraine Bosnie-et-Herzégovine France Mexique Russie Équateur Ghana Danemark Algérie Suède République tchèque Slovénie Serbie Costa Rica Roumanie Iran Écosse Arménie Venezuela Nigeria Panamá Cap-Vert Pérou Égypte Honduras Turquie Hongrie Mali Autriche Japon Tunisie Islande Cameroun Paraguay Monténégro Burkina Faso République de Corée Norvège Pays de Galles Albanie Australie Libye Slovaquie Guinée Afrique du Sud Israël Finlande Sénégal Jordanie République d'Irlande Ouzbékistan Zambie Bolivie Émirats arabes unis Togo Maroc Bulgarie Sierra Leone Pologne Gabon

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Rang juillet 2013

août 2013

sept. 2013

oct. 2013

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déc. 2013

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hausse du mois

Trinité-et-Tobago Haïti Jamaïque Belarus RD Congo ARY Macédoine Congo Oman Ouganda Arabie saoudite Angola Irlande du Nord Nouvelle-Zélande Salvador RP Chine Éthiopie Azerbaïdjan Estonie Moldavie Botswana Liberia Bénin Cuba Géorgie Lituanie Qatar Niger Koweït République centrafricaine Zimbabwe Guinée équatoriale Kenya Irak Bahreïn Canada Guatemala Tadjikistan République dominicaine Malawi Lettonie Mozambique Soudan Tanzanie Nouvelle-Calédonie Liban Luxembourg Burundi Namibie Chypre Philippines Kazakhstan Syrie Myanmar Gambie Malte Rwanda Suriname Turkménistan Grenade Palestine Lesotho RDP Corée Afghanistan Hong Kong Mauritanie Tahiti Vietnam

T H E F I FA W E E K LY

baisse du mois

1 -6 1 1 1 1 0 2 0 12 1 1 1 1 1 0 1 2 1 1 7 1 -53 0 0 0 0 1 0 -1 3 8 -1 8 2 2 2 -27 5 3 2 11 4 1 2 1 -12 1 1 6 4 6 10 3 4 -6 6 2 -6 5 0 -25 -11 4 2 -2 14

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Antigua-et-Barbuda Thaïlande Sainte-Lucie Kirghizistan Saint-Kitts-et-Nevis Guyana Singapour Laos St-Vincent-et-les-Grenadines Liechtenstein Porto Rico Malaisie Inde São Tomé-et-Principe Belize Nicaragua Guam Indonésie Maldives Tchad Bangladesh Barbade Chinese Taipei Dominique Sri Lanka Aruba Îles Féroé Îles Salomon Népal Pakistan Bermudes Seychelles Maurice Curaçao Yémen Vanuatu Mongolie Fidji Samoa Guinée-Bissau Bahamas Swaziland Madagascar Montserrat Cambodge Brunei Timor oriental Tonga Îles Vierges américaines Îles Caïmans Papouasie-Nouvelle-Guinée Îles Vierges britanniques Samoa américaines Comores Andorre Érythrée Soudan du Sud Macao Somalie Djibouti Îles Cook Anguilla Bhoutan Saint-Marin Îles Turks-et-Caicos

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First Love

Lieu : Istanbul, Turquie Date : 19 juin 2013 Heu re : 17 h 32

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Joern Pollex


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THE SOUND OF FOOTBALL

L’ O B J E T

Perikles Monioudis

Pelé, auteur et interprète Hanspeter Kuenzler

L’image a fait le tour du monde : Pelé en short et en sandales, pinçant avec application les cordes de sa guitare pendant la Coupe du Monde 1970 au Mexique. Il ne s’agit pas d’un simple cliché publicitaire. Depuis son plus jeune âge, Edson Arantes do Nascimento et son instrument sont inséparables. Le footballeur compose même ses propres chansons. En 1969, il sort son premier single, “Perdao Nao Tem”, interprété en duo avec Elis Regina. La chanson n’est pas une simple ritournelle composée à la va-vite pour tirer parti de la célébrité de Pelé. La mélodie est inspirée et la partenaire de l’international brésilien se montre à la hauteur. Les meilleures années de la carrière du maître à jouer de la Seleçao coïncident avec une période faste pour la musique brésilienne. Vers la fin des années 50, la bossa nova s’impose sur le 40

devant de la scène grâce à Joao Gilberto, en proposant un habile mélange de jazz et de rythmes de samba. Par la suite, le pays succombe au tropicalisme. Des artistes comme Caetano Veloso, Gilberto Gil et Gal Costa revendiquent l’influence de Bob Dylan, des Beatles, de la samba et des nombreuses musiques populaires brésiliennes. Dans un contexte très répressif, ce mouvement capte la soif de liberté de la jeunesse. Elis Regina compte parmi les chanteuses les plus en vue de cette époque. En 1977, Pelé effectue un nouveau passage dans les bacs : aux côtés de Gracinha Leporace, l’épouse de Sergio Mendes (pionnier de la bossa nova), il interprète un titre de la bande originale du documentaire consacré à son parcours et intitulé Meu Mundo E Uma Bola. Il faut pourtant attendre 2006 pour découvrir son premier album, Peléginga. L’ancien attaquant se révèle un chanteur sûr

de son talent et de son charme, qui dégage une présence apaisante. Les chansons se distinguent quant à elles par leur éclectisme. On passe sans heurt de la bossa nova à une samba rythmée, en faisant un détour par le folk-rock de Meu Boi aux accents d’accordéon. Le grand Gilberto Gil figure parmi les invités prestigieux de cet album, lui qui exerçait à l’époque la fonction de ministre de la Culture du Brésil. Æ

Pelé, “Peléginga” (EMI Records) T H E F I FA W E E K LY

Tâchez de vous imaginer Lothar Matthäus, recordman du nombre de sélections en équipe d’Allemagne et champion du monde en 1990, affublé d’une casquette verte en velours. “Et pourquoi pas ?”, seriez-vous peut-être tenté de répondre. D’une part parce qu’elle lui irait certainement à ravir et d’autre part parce qu’il arrive également à la Mannschaft de jouer en vert, lorsque l’équipe chez laquelle elle se déplace évolue en blanc ou en noir. Si une telle casquette aurait fière allure sur le crâne de Matthäus, élu deux fois footballeur allemand de l’année, c’est aussi parce qu’elle lui rendrait un bel hommage. En effet, lorsque le football était encore une jeune discipline, l’équipement d’un joueur était bien sûr composé de chaussettes, d’un short et d’un maillot, mais aussi parfois d’une casquette. Pour la porter, il fallait l’avoir méritée. Chaque club en possédait une à ses couleurs, qui était ensuite ornée du logo et de l’occasion pour laquelle elle était confectionnée. Elle était décernée à ceux qui avaient marqué un but important ou s’étaient particulièrement distingués. La Fédération anglaise de football, par exemple, offrait une casquette à chaque joueur sélectionné en équipe nationale. Aujourd’hui encore, on parle en Angleterre de caps lorsqu’on veut indiquer le nombre d’apparitions d’un footballeur sous le maillot de sa sélection. Peter Shilton, qui a gardé les buts anglais entre 1970 et 1990, possède ainsi la bagatelle de 125 caps. Son prédécesseur Bobby Moore en compte 108. La casquette verte ci-dessus indique “Ireland v Poland”, “Ireland v Switzerland” et “193839”. L’Irlande s’est inclinée 6:0 contre la Pologne en mai 1938, avant de prendre sa revanche onze mois plus tard à Dublin (3:2). La Suisse, quant à elle, a pris une sévère leçon (4:0) en septembre 1938. À cette époque, la Pologne se trouvait déjà en guerre contre l’Allemagne. Cette casquette verte appartient désormais à la FIFA, qui la garde précieusement dans sa collection. Å


LE TOURNANT

“Notre fuite m’a ouvert des perspectives” Elle a fui le Kosovo avec sa famille, à l’âge de quatre ans. Ce nouveau départ dans la vie n’a pas été facile, mais Fatmire Alushi a su s’ouvrir des perspectives inédites. À 25 ans, elle fait désormais figure de titulaire indiscutable en équipe d’Allemagne.

C

omme j’étais une fille, ma place était dans le but. C’est du moins ce que pensaient les autres enfants. Personnellement, je n’avais aucun plaisir à tenir le ballon dans mes mains. Je voulais dribbler, centrer, marquer des buts. Ça a duré un moment, jusqu’à ce que je finisse par m’imposer. Une fois que les garçons ont compris que je n’étais pas maladroite balle au pied, j’ai été promue au rang de joueuse de champ. Bien vite, on s’est disputé pour m’avoir dans son équipe. Pourquoi ai-je choisi le football ? Beaucoup de gens pensent que je dois ma passion à mes deux frères, l’un plus âgé, l’autre plus jeune. Ils se trompent. Le football m’a toujours attirée, comme grimper aux arbres ou chahuter. J’ai grandi dans une famille de sportifs. Ma mère jouait au volley, mon père au football. Je ne tenais pas en place. C’était ma nature. Notre départ du Kosovo en 1992 constitue sans doute le grand tournant de ma vie. J’avais quatre ans, à l’époque. J’aime mon pays natal plus que tout, mais je n’aurais sans doute jamais eu la possibilité de devenir footballeuse si nous étions restés à Durakovac, ma ville natale. J’aurais sûrement pu taper dans le ballon de temps en temps, pour m’amuser. Mais c’est l’Allemagne qui m’a donné la chance d’exploiter pleinement mon potentiel. Nous avons connu des difficultés en arrivant dans ce nouveau pays. Nous habitions dans un foyer de réfugiés à Remscheid et nous ne connaissions presque personne. Mes parents devaient emprunter de l’argent à notre famille pour que nous puissions joindre les deux bouts. Dès qu’ils ont trouvé du travail, nous avons cherché un endroit à nous. Nous nous sommes installés à Mönchengladbach. C’est là que ma carrière a débuté.

Mes parents vivent encore à Mönchengladbach et ils viennent souvent me voir jouer. Avec le recul, j’ai encore du mal à identifier le temps fort de ma carrière. Notre victoire en Coupe du Monde 2007 était extraordinaire. Mais nos triomphes en finale de l’Euro (2009 et 2013) ou les titres remportés avec le Turbine Potsdam (deux championnats et une Ligue des Champions) ont aussi beaucoup de valeur à mes yeux. Je n’ai que 25 ans et depuis mon retour sur les terrains (Alushi a subi une déchirure des ligaments croisés en 2012, ndlr), j’ai envie de goûter à nouveau au succès avec le 1. FFC Francfort et l’équipe nationale. Mon histoire est riche de nombreux événements, qui m’ont marquée chacun à sa manière. Un jour peut-être, je pourrai transmettre à mes enfants ce que j’ai moimême eu la chance d’obtenir dans ma jeunesse : des perspectives inédites. Å Propos recueillis par Alan Schweingruber T H E F I FA W E E K LY

Nom : Fatmire “Lira” Alushi Date et lieu de naissance : 1er avril 1988, Durakovac Poste : Milieu offensive Parcours : 1996–1997 DJK/VfL Giesenkirchen (jeunes) 1997–2004 Mönchengladbach (jeunes) 2004–2009 FCR 2001 Duisbourg 2009–2011 1. FFC Turbine Potsdam Depuis 2011 1. FFC Francfort Équipe nationale : 67 sélections, 15 buts

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. 41


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COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) Site Internet : www.FIFA.com/TheWeekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Postfach, CH-8044 Zurich, Tél. : +41-(0)43-222 7777 Fax : +41-(0)43-222 7878

Le onzième homme, un chanteur exceptionnel et un collectionneur de métaux précieux figurent au programme de cette semaine. À vous de jouer !

1

Au sein de son organisation, cet illustre personnage s'est vu attribuer le numéro 12. Toutefois, une femme figurant parmi les onze premiers, il est en fait devenu le onzième homme. Quel est son prénom ?

Président : Joseph S. Blatter Secrétaire Général : Jérôme Valcke Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio Rédacteur en chef : Thomas Renggli

H João

R Henry

A  Claudio Caniggia I  Paolo Maldini

Rédaction : Perikles Monioudis (rédacteur en chef adjoint), Alan Schweingruber, Sarah Steiner

3

E Rivelino O  Wolfgang Overath

Quatre pays ont atteint la finale de la Coupe du Monde, sans jamais remporter l'épreuve suprême. Ces quatre nations… E  ... ont disputé sept finales à elles quatre N  ... sont toutes des monarchies R  ... sont toutes voisines de l'Allemagne S  ... se trouvent toutes dans le même fuseau horaire

Service photo : Peggy Knotz, Adam Schwarz Production : Hans-Peter Frei (directeur), Richie Krönert, Marianne Crittin, Mirijam Ziegler, Peter Utz Correction : Nena Morf

P Sepp

Quel joueur a terminé premier, deuxième et troisième de la Coupe du Monde ?

2

Conception artistique : Markus Nowak

Collaborateurs réguliers : Jordi Punti (Barcelone), David Winner (Londres), Hanspeter Kuenzler (Londres), Roland Zorn (Francfort), Sven Goldmann (Berlin), Sérgio Xavier Filho (São Paulo), Luigi Garlando (Milan)

M Placido

4

Lequel de ces disques réunit quatre titres ?

Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : David Noemi Secrétaire de rédaction : Loraine Mcdouall

T

S

H

E

Traduction : Sportstranslations.com Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch Contact : feedback-TheWeekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “© The FIFA Weekly, 2013”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. Le logo FIFA est une marque déposée. Produit et imprimé en Suisse.

Solution de l’énigme de la semaine précédente : RISE (explications détaillées sur FIFA.com/theweekly). Inspiration et application ! Les noms des gagnants des deux entrées pour le Gala FIFA Ballon d’Or seront publiés dans le prochain numéro.

Faites-nous parvenir vos réponses le 8 janvier 2014 au plus tard à feedback-TheWeekly@fifa.org. Les concurrents qui auront correctement répondu à toutes les questions jusqu’au 11 juin 2014 participeront à un tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour la finale de la Coupe du Monde, qui aura lieu le 13 juillet 2014. Avant de participer, nous vous inviter à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : fr.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf. T H E F I FA W E E K LY

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DEM ANDE Z À L A F IFA !

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Qui sera l’Entraîneur de l’Année 2013 ?

Quel joueur a marqué le plus de buts en Coupe d’Europe ? Réponse de Thomas Renggli, rédacteur en chef : L’Espagnol Raúl González Blanco, plus connu sous le nom de Raúl, a inscrit 76 buts en compétitions européennes pour le Real Madrid et Schalke 04, dont 71 en Ligue des Champions. Derrière, on retrouve l’Italien Filippo Inzaghi (70 réalisations), l’Ukrainien Andrei Shevchenko et l’Allemand Gerd Müller (67 chacun). La performance de l’attaquant du Bayern Munich est d’autant plus remarquable qu’à son époque, les matches européens n’étaient pas encore monnaie courante. Der Bomber (“le Bombardier”) a ainsi marqué en moyenne un but par match en 35 duels en Coupe d’Europe des clubs champions.

Jupp Heynckes (en photo), Alex Ferguson et Jürgen Klopp sont nominés pour le titre d’Entraîneur de l’Année de la FIFA. Le nom du vainqueur sera dévoilé le 13 janvier à Zurich, lors du Gala FIFA Ballon d’Or.

L’Allemagne, l’Italie et l’Espagne devraient-elles renoncer elles aussi à la trêve hivernale ?

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LE MAGA ZINE DE FOOTBALL The FIFA Weekly paraît tous les vendredis en version papier et électronique (www.Fifa.com/TheWeekly). En plus de proposer des informations sur les plus grandes stars et les plus beaux buts, le magazine ouvre le jeu vers les lecteurs. Envoyez vos réactions à : feedback-TheWeekly@fifa.org

 O UI, AINSI TOUT LE MONDE AURAIT LE TEMPS DE REGARDER DES MATCHES  N ON, LA FAMILLE PASSE AVANT TOUT  Ç A M’EST ÉGAL

LE COEFFICIENT

88,427 points, c’est le coefficient de l’Espagne au dernier indice UEFA, calculé sur cinq ans. Les clubs de Primera División caracolent toujours en tête du classement européen, devant leurs homologues anglais (82,320 points) et allemands (79,498).

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45+38+17

R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E :

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LE RECORDMAN

buts ont été inscrits par Ottmar Hitzfeld à l’occasion de la victoire 8:0 du VfB Stuttgart sur Jahn Regensburg en 1976/77. L’actuel sélectionneur de l’équipe de Suisse détient ainsi le record du nombre de buts marqués en un seul match de Bundesliga. T H E F I FA W E E K LY

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LE CON T R AT millions de dollars, c’est ce que va toucher le FC Barcelone pour porter la publicité Intel Inside. Le logo du fabricant de microprocesseurs figurera pendant cinq ans sur le maillot catalan… de façon invisible car cousu à l’intérieur.


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