N° 20, 7 MARS 2014
ÉDITION FR ANÇAISE
Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904
PIA SUNDHAGE UN PROCESSUS INTENSE DE DÉVELOPPEMENT STEFFI JONES CONTRE LA DISCRIMINATION
Football féminin
SEPP BLATTER LE FOOTBALL EST SYNONYME DE LIBERTÉ
DE NOUVEAUX SOMMETS
DANS CE NUMÉRO
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Football féminin et business plan À Lyon, la section féminine se consolide depuis dix ans. Onze footballeuses professionnelles sont aujourd’hui sous contrat avec l’Olympique lyonnais. Ces quatre dernières années, le club a remporté deux fois la Ligue des Champions féminines. À quoi ressemble le quotidien de ces footballeuses professionnelles ? Quelles sont les ambitions de l’OL ? Perikles Monioudis (texte) et Mareike Foecking (photos) sont allés enquêter sur place.
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Bien plus qu’une pâle imitation Chelsea, Arsenal, Liverpool : les favoris de la Women’s Super League anglaise ne sont pas des inconnus. La WSL est cependant bien plus qu’un simple calque de la Premier League.
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États-Unis : le football continue de grandir Le 12 avril marquera le début de la deuxième saison de la National Women’s Soccer League (NWSL). La Joueuse Mondiale de la FIFA Nadine Angerer et la championne du monde Nahomi Kawasumi ont rejoint le championnat américain. Elles sont censées le rendre encore plus attractif et contribuer à son succès durable.
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Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com
Abby Wambach La championne américaine
Pia Sundhage – L’interview La Suédoise compte parmi les techniciennes les plus titrées au monde. À l’occasion d’un entretien, la sélectionneuse évoque le bel avenir qu’elle entrevoit pour le football féminin, explique en quoi les footballeurs pourraient s’inspirer des joueuses et pourquoi la lutte pour l’égalité des sexes était un sujet dont elle ne se préoccupait pas à ses débuts.
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e Top 11 : les héroïnes du football L L’Américaine Kristine Lilly est en tête du Top 11 de la semaine. La Suédoise Lotta Schelin et l’Allemande Birgit Prinz figurent elle aussi dans notre liste des plus grands talents du football féminin.
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D es souvenirs et des émotions María Elena Valverde a marqué le football costaricain. Nous avons rencontré cette pionnière, aujourd’hui âgée de 86 ans, et nous avons fait avec elle un impressionnant voyage dans le passé.
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teffi Jones – Un entretien sans tabou S Une conversation approfondie : l’ex-internationale allemande aux 111 sélections parle de l’homophobie, du racisme et de l’émancipation. “Le football incarne des valeurs qui devraient nous tenir à cœur dans notre vie quotidienne.”
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N etzer sous le charme Notre chroniqueur Günter Netzer admire le football féminin et se souvient de la finale de la Coupe du Monde 2011 : “C’était spectaculaire. Ce match n’avait rien à envier au football masculin.”
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E lle a transgressé l’interdit paternel La Nigériane Perpetua Nkwocha n’a pas cédé quand son père lui a défendu de taper dans le ballon, même quand il a tenté de l’en empêcher de force. La joueuse n’a pas baissé les bras et a fini par trouver son bonheur en Suède.
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Amérique du Nord et centrale 35 membres www.concacaf.com
Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA Du 15 mars au 4 avril 2014, Costa Rica
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Tournoi Juniors FIFA/Blue Stars Du 28 au 29 mai 2014, Zurich
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
Europe 53 membres www.uefa.com
Steffi Jones Le fer de lance du football allemand
Afrique 54 membres www.cafonline.com Pia Sundhage La référence suédoise
Asie 46 membres www.the-afc.com
Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com
Homare Sawa La championne du monde japonaise
De nouveaux sommets Notre couverture met à l’honneur la Journée internationale de la femme. La section féminine de l’Olympique lyonnais, à laquelle est consacré notre reportage, compte dans ses rangs la championne du monde japonaise Saki Kumagai, la Française Wendie Renard et la Suédoise Lotta Schelin (de g. à d.).
Cover: Mareike Foecking / Getty Images
Perpetua Nkwocha La rebelle africaine
Coupe du Monde de la FIFA Du 12 juin au 13 juillet 2014, Brésil
Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA Du 5 au 24 août 2014, Canada
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Tournoi de Football des J.O. de la Jeunesse Du 15 au 27 août 2014, Nankin
Coupe du Monde des Clubs de la FIFA Du 10 au 20 décembre 2014, Maroc
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game onor game over
all in or nothing
adidas.com/worldcup Š 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
À DÉCOUVERT
La femme est l’avenir du football
Triomphales Mai 2012 : les joueuses de l’Olympique Lyonnais fêtent leur victoire sur Francfort en finale de la Ligue des Champions.
Thomas Renggli “En accord avec les organisations politiques et syndicales du prolétariat dans leurs pays respectifs, les femmes socialistes de tous les pays organiseront chaque année une journée des femmes qui, en premier lieu, servira à la propagande en faveur du vote des femmes. Cette journée des femmes doit avoir un caractère international et être soigneusement préparée.”
Dylan Martinez / Reuters
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est avec cette déclaration formelle que le 27 août 1910, lors de la deuxième conférence de l’Internationale socialiste des femmes organisée à Copenhague, fut proposée la création d’une Journée internationale des Femmes. L’idée vient des États-Unis. Aujourd’hui, le 8 mars fait partie intégrante de notre calendrier. En Europe de l’Est, ce jour est même férié. Quand il tombe un samedi (comme c’est le cas cette année), la population active, y compris les hommes, ne travaille pas le lundi suivant. À l’occasion de cette journée, The FIFA Weekly consacre un numéro spécial au football féminin.
“La femme est l’avenir du football”, déclarait il y a vingt ans déjà Sepp Blatter, le Président de la FIFA. Les faits lui ont donné raison. Aujourd’hui, les femmes peuvent pratiquer ce sport au sein des 209 associations membres de la FIFA, y compris dans les pays où, pour des raisons culturelles, leur présence dans l’espace public est quasi inexistante. “Le football est capable de surmonter les barrières sociales et culturelles, il donne confiance aux jeunes filles et aux femmes et améliore leur place au sein de la société”, explique Pia Sundhage, la célèbre technicienne suédoise. À ses yeux, le sport est un important facteur d’intégration sociale. On assiste également à une évolution du football féminin au sein des clubs internationaux. Parmi les grandes équipes, nombreuses sont celles à avoir professionnalisé leur section féminine. L’Olympique lyonnais fait ici figure de précurseur. Le président du club, Jean-Michel Aulas, a très tôt fait du football féminin l’une de ses priorités : il emploie 20 joueuses professionnelles et il espère bien qu’un jour, cet investissement lui rapportera de l’argent. Jusqu’ici, ses efforts ont été récompensés par deux victoires T H E F I FA W E E K LY
en Ligue des Champions. Lisez à ce sujet le reportage passionnant de Perikles Monioudis, qui s’est rendu dans la troisième ville de France. Quant au siège zurichois de la FIFA, cela fait bien longtemps que ce n’est plus un domaine réservé aux hommes. Parmi les 401 employés, 40 pour cent sont de sexe féminin. Les matches disputés entre collègues au cours de la pause déjeuner tordent définitivement le cou aux derniers préjugés sexistes. D’anciennes internationales néo-zélandaises, grecques ou suisses placent la barre très haut en matière de maîtrise du ballon et Honey Thaljieh, pionnière palestinienne du football féminin, dribble avec élégance le machisme loin du terrain artificiel de la FIFA. Soulignons que notre rédaction vit elle aussi avec son temps : le magazine que vous avez entre les mains a en effet été conçu à plus de 50 pour cent par des femmes. La femme est aussi l’avenir de la FIFA. Å
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La réussite des battantes 6
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L’Olympique lyonnais ne regarde pas à la dépense. Le double vainqueur de la Ligue des Champions féminine compte 20 professionnelles dans ses rangs, auxquelles il propose des conditions plutôt avantageuses. Mais le club se voit avant tout comme un pionnier du football féminin.
Par Perikles Monioudis (texte) et Mareike Foecking (photos), à Lyon
À
l’époque des premières images animées, Lyon se retrouve au centre du monde. Les ingénieux frères Lumière, Auguste et Louis, font fortune grâce à leur système de plaques photographiques : en 1894, 15 millions de pièces produites par 300 ouvriers sont vendues. Le premier film présenté au public s’intitule La sortie de l’usine Lumière à Lyon et dure environ une minute. Le titre résume parfaitement l’action. On peut effectivement voir les travailleurs quittant l’usine des frères Lumière installée dans le quartier de Monplaisir, à Lyon. Quelques kilomètres (et un siècle) séparent Monplaisir et Gerland. Les joueuses de l’Olympique lyonnais quittent les locaux du club pour pénétrer sur le terrain d’entraînement, d’où l’on peut apercevoir le vénérable stade Gerland. Les exercices du jour sont consacrés à la vitesse et à la finition. Toutes les footballeuses sont professionnelles. Leurs tenues d’entraînement bleu roi contrastent joliment avec le vert de la pelouse, qu’un soleil matinal et hésitant souligne élégamment. Elles paraissent heureuses. Elles vivent leur rêve. L’expression est presque devenue un cliché, mais elle s’applique ici parfaitement. De retour dans les locaux après l’entraînement, Wendie Renard discute avec la kinésithérapeute de l’OL. La défenseuse de 23 ans représente le nouveau visage du football féminin en France. Arrivée à 8 ans en métropole en provenance de Martinique, la jeune fille avait surpris sa mère en lui annonçant qu’elle porterait un jour le maillot de l’équipe de France. Renard a tenu parole. La jeune femme, qui compte 40 sélections à son actif, porte fièrement le brassard de capitaine, en club comme en sélection. “Je suis arrivée à Lyon à 16 ans”, raconte l’intéressée. “Mais ce n’était pas mon premier choix. Je n’ai pas été retenue pour intégrer le centre de formation national de Clairefontaine. Ensuite, mon représentant a demandé à l’entraîneur de l’OL si je pouvais faire un essai. 8
Accessoires d’entraînement. La capitaine Wendie Renard met la main à la pâte.
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Des perspectives d’avenir. La joueuse Maeva Manuel (U-19) à l’entraînement.
J’ai signé mon premier contrat professionnel en 2009.” Notre interlocutrice se félicite de la tournure qu’a prise sa carrière. “Le football est mon métier, mais il reste avant tout ma passion. Petite, j’étais toujours la première sur le terrain. J’étais impatiente de toucher le ballon.” La double championne d’Europe s’exprime sans fioritures, comme elle le fait sur le terrain. “Nous devons remporter le titre. Si nous y parvenons, les gens comprendront que le football féminin n’a rien à envier à son homologue masculin.”
Vers les sommets. La Japonaise Saki Kumagai a remporté la Coupe du Monde en 2011. T H E F I FA W E E K LY
Cercle vertueux Tous les compétiteurs ont la même ambition. Les trophées représentent la marque tangible du succès, ce qui reste une fois les crampons raccrochés. À Lyon, les titres s’inscrivent dans un contexte beaucoup plus important. Sans l’accumulation des sacres au niveau national et européen, tout le projet échafaudé par le club de la troisième ville de France risquerait de s’effondrer. Le football féminin est appelé à trouver un jour sa place parmi les événements sportifs les plus populaires du pays. Ce n’est donc pas uniquement une question de prestige, mais aussi d’argent. Derrière l’OL féminin se cache un plan marketing aussi rigoureux que celui imaginé pour la section masculine. Les dirigeants ne veulent pas se contenter de recruter les meilleures joueuses ; ils souhaitent aussi former des footballeuses compétitives. À terme, l’acquisition de titres doit attirer les spectateurs au stade et devant leur écran de télévision. La marque OL a bénéficié de gros investissements, dans l’espoir de gros profits. Les six derniers matches à domicile en Ligue des Champions ont attiré chacun 10 000 spectateurs. La section féminine est encore déficitaire. Mais les Fenottes ont encore le temps de s’imposer dans le cœur des supporters. Sonia Bompastor est aujourd’hui en charge de l’amélioration des structures du football féminin à Lyon. L’ancienne milieu de terrain a remporté deux Ligues des Champions féminines avec le club. L’an dernier, elle était encore sur le terrain. 9
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Convaincue du pouvoir de l’éducation, elle a fait de la formation sa priorité. Elle aimerait donc proposer aux jeunes filles une formule d’internat similaire à ce qui se pratique chez les garçons. Ce jour-là, Bompastor surveille attentivement l’entraînement des pensionnaires les plus âgées du centre de formation. “Notre projet comprend deux aspects. Dans un premier temps, nous voulons faire comprendre aux filles que le sport de haut niveau implique certains sacrifices personnels et réclame beaucoup d’application. Parallèlement, nous insistons pour qu’elles ne négligent pas leurs formation scolaire.” Au bord du terrain, l’ancienne internationale aux 156 sélections suit les débats avec attention. Rien n’échappe à son œil exercé. “Il suffit d’une blessure pour mettre un terme abrupte à une carrière professionnelle. Notre objectif est de permettre à ces jeunes filles de réussir dans le football, mais aussi dans d’autres domaines.” Comme chacun sait, il y a peu d’élues au plus haut niveau. “Nous avons neuf équipes, qui rassemblent environ 180 joueuses. À l’OL, nous avons 20 professionnelles sous contrat. En France, il y en a une cinquantaine… sur 65 000 licenciées”, ajoute-t-elle. Bompastor assume ses exigences. Elle demande à ses protégées d’obtenir de bons résultats en classe, de progresser à l’entraînement et d’afficher une conduite exemplaire. La technique avant tout On entend souvent dire qu’il ne faut pas comparer le football féminin à son homologue masculin. Patrice Lair, entraîneur de l’équipe première, partage cette opinion : “Les femmes pratiquent un jeu plus posé, dans lequel la puissance joue un rôle moins important. Leur style met davantage l’accent sur la technique. Il produit en outre davantage de buts. Je pense que cette discipline peut trouver son public, car les footballeuses font preuve d’une grande créativité et sont naturellement attirées vers le but.” “Il faut pourtant se rapprocher du football masculin”, tempère cet ancien éducateur. “Nous pouvons encore progresser dans les duels et au 10
Développer ses propres infrastructures. La joueuse Yasmine Badache (U-18) sur le terrain d’entraînement de l’OL féminin.
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“Notre objectif est de permettre à ces jeunes filles de réussir dans le football, mais aussi dans d’autres domaines.” Sonia Bompastor
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niveau de l’intensité, par exemple.” Le cinquantenaire assure n’avoir jamais fait de grande différence entre le football masculin et féminin : “J’ai la même approche, quel que soit mon auditoire. J’entraîne les hommes et les femmes de la même manière.” Selon lui, l’écart entre les deux disciplines s’explique par le fait que le football féminin reste relativement méconnu. Wendie Renard confirme : “Pour beaucoup de gens, une footballeuse ne peut pas prétendre à de grands honneurs. Ces gens-là voient encore le football féminin comme une curiosité. Mais il ne faut pas oublier que le professionnalisme est un phénomène récent. Il y a encore dix ans, il était impossible pour une joueuse de vivre de sa passion.” Notre interlocutrice voit dans cette évolution la preuve que le football féminin est sur la bonne voie. “On ne peut pas empêcher les filles de s’exprimer et de mener leur vie comme elles l’entendent. Nous avons commencé à faire passer ce message en France. Autrefois, les parents se sentaient gênés à l’idée d’amener leurs filles jouer au football. Aujourd’hui, ce n’est plus un problème.” “Ça me fait mal au cœur de voir que certaines femmes éprouvent d’énormes difficultés pour jouer au football, comme c’est le cas par exemple en Bulgarie. C’est la raison pour laquelle nous devons toujours nous remettre en question et être conscientes de la chance que nous avons d’être tous les jours sur le terrain et d’avoir les moyens de vivre notre passion.” Si Renard a encore une belle carrière devant elle, Camille Abily, 29 ans, pense déjà à sa reconversion. La milieu de terrain a entamé une formation pour devenir entraîneuse. Internationale à 120 reprises, la Lyonnaise appartient à la première génération de footballeuses professionnelles. “Je crois que les investissements de l’OL n’ont pas encore porté leurs fruits, mais les sponsors sont de plus en plus nombreux. Le public aussi répond présent. Dans ce domaine, je crois en tout cas que notre président Jean-Michel Aulas a un temps d’avance.” “Il y a encore dix ans, personne n’imaginait que le football féminin professionnel connaî11
O LY M P I Q U E LY O N N A I S F É M I N I N Des exigences élevées. L’entraîneur Patrice Lair au stade de Gerland.
“Nous vivons dans un monde d’hommes, mais en football, nous sommes en train de faire bouger les choses.” Lotta Schelin trait un tel essor. À l’époque, le fait de posséder une licence était déjà une victoire en soi. Il ne faut cependant pas oublier que ces progrès restent fragiles. Nous sommes encore très dépendantes des circonstances. Si Monsieur Aulas décidait un jour de fermer la section féminine, il ne resterait qu’un ou deux clubs dotés de structures professionnelles en France.” Entrepreneur avisé, Jean-Michel Aulas a des projets très précis pour son OL. Dès son arrivée à la tête du club en 1987, il s’était engagé à faire de Lyon une grande équipe européenne. Il a tenu parole. Depuis une dizaine d’années, le président a beaucoup investi dans le football féminin. Ces efforts lui ont permis de recruter des joueuses de premier rang, comme la championne du monde Saki Kumagai ou l’internationale suédoise Lotta Schelin. Une buteuse venue du froid Cette dernière, qui soigne une élongation, ne participe pas à l’entraînement aujourd’hui. Elle est tout de même présente dans les locaux du club. “Je suis venue à Lyon en 2008 pour tenter de gagner la Ligue des Champions. J’avais la possibilité de rejoindre un club américain, mais j’ai choisi la France. Je voulais rester en Europe.” À 29 ans, Schelin pratique le football depuis l’âge de 6 ans. “J’ai le sentiment d’avoir trouvé ma place à Lyon. C’est important de se sentir chez soi. C’est aussi avec ce club que j’ai remporté mes plus grands succès.” La Suédoise apprécie visiblement d’avoir réalisé son rêve d’enfant et de se consacrer aujourd’hui exclusivement à la pratique du football, en vraie professionnelle. “Nous nous entraînons le matin, puis nous déjeunons. Entre 13 et 15 heures, nous avons la possibilité de travailler avec les kinés. Deux fois par semaine, j’ai droit à un entraînement individuel, comme les autres joueuses. En général, nous sommes libres l’après-midi, même si notre métier nous impose évidemment de nombreux déplacements.” À l’en croire, la perspective de voir des femmes gagner leur vie grâce au football ne choque personne en France. “Voilà une victoire de plus 12
“Nous devons remporter le titre. Si nous y parvenons, les gens comprendront que le football féminin n’a rien à envier à son homologue masculin.” Wendie Renard
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Penser à demain. Camille Abily veut devenir entraîneuse.
“Nous vivons dans un monde d’hommes, mais en football, nous sommes en train de faire bouger les choses.” Lotta Schelin
à mettre à notre crédit”, dit-elle en souriant. “Nous vivons dans un monde d’hommes, mais en football, nous sommes en train de faire bouger les choses. Chaque année, nous faisons un pas de plus dans la bonne direction. Le plus important, c’est que les filles qui ont envie de jouer au football puissent le faire librement.” En 2011, Saki Kumagai a transformé le tir au but décisif contre les États-Unis, en finale de la Coupe du Monde. Son duel gagné face à la légendaire gardienne américaine Hope Solo est encore dans toutes les mémoires. Arrivée la même année en Allemagne pour renforcer le 1. FFC Francfort, la Japonaise a rejoint Lyon cette saison. “Je n’ai pas le sentiment que la pression soit plus forte ici qu’ailleurs, non”, confie l’intéressé à la sortie de l’entraînement. “Nous gagnons souvent, ce qui facilite grandement les choses. Nous nous fixons nos propres objectifs.” Ses parents n’ont jamais remis en cause son désir de faire carrière dans le football. Au contraire, ils l’ont soutenue dès son plus jeune âge. “Notre titre mondial en 2011 a eu un effet très positif au Japon. Les filles sont de plus en plus nombreuses à s’inscrire dans les clubs. Malheureusement, les affluences restent relativement faibles en première division.” Les Lyonnaises ont déjà fait leurs adieux à la Ligue des Champions pour cette saison. En revanche, leur parcours est plus brillant en championnat. À ce stade, seul le Paris St-Germain semble encore en mesure de contester leur suprématie sur le plan national. Une fois l’entraînement terminé, les joueuses quittent le terrain dans de petites voitures blanches. Elles roulent vers un avenir incertain. Pourtant, quoi qu’il arrive, ces jeunes femmes pourront affirmer qu’elles sont allées au bout de leur rêve. Elles étaient là lorsque le football féminin professionnel faisait ses premiers pas à Lyon, la ville lumière. Å
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LA HARGNE QUI A FAIT TRÉBUCHER LYON L’Olympique lyonnais a été éliminé prématurément de la Ligue des Champions féminine. Sa défaite en huitième de finale contre Potsdam prouve à quel point la concurrence allemande est redoutable.
Sarah Steiner
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ans le championnat féminin allemand, les jeux sont loin d’être faits. Grâce à sa victoire 3:0 face au SC Fribourg, le 1. FFC Francfort a certes repris la tête, mais la Turbine Potsdam, à une longueur, guette le moindre faux-pas de ses concurrentes. Quant aux championnes en titre du VfL Wolfsbourg, elles n’ont peut-être pas dit leur dernier mot. En tout cas, une chose est sûre : les dix dernières journées s’annoncent palpitantes. À Wolfsbourg, le mystère qui planait autour du futur entraîneur a été levé : Ralf Kellermann a en effet prolongé de trois ans son contrat, qui devait expirer l’été prochain. Cet homme de 45 ans attend énormément de ses joueuses. “L’évolution de l’équipe est loin d’être terminée. Je suis très heureux de poursuivre cette aventure avec elle”, a-t-il annoncé. Les résultats lui donnent raison : après une place de dauphin en 2012, Wolfsbourg a surpris tout le monde en remportant le triplé l’année suivante. Cette année, les Wölfinnen ont été éliminées prématurément de la Coupe d’Allemagne, mais elles peuvent encore espérer remporter le championnat et la Ligue des Champions. Duel allemand en demi-finale ? Wolfsbourg n’est pas la seule équipe à avoir fait parler d’elle en Ligue des Champions. La Turbine Potsdam s’est elle aussi hissée en quart de finale. Pourtant, rien n’était joué puisque l’équipe de la meneuse de jeu Julia Simic affrontait l’Olympique lyonnais, tenant du titre. “On l’a fait !!! Trop fière de faire partie de cette équipe”, pouvait-on lire sur la page Facebook de Simic après cet exploit. Patrice Lair, l’entraîneur des Françaises, s’est lui aussi montré impressionné par la performance de Potsdam. “Les Allemandes ont toujours une hargne incroyable ! Mes joueuses ont encore du travail de ce côté-là.” Les 23 et 30 mars, la Turbine affrontera l’ASD Torres Calcio, avec l’espoir de décrocher son ticket pour le dernier carré. Si Wolfsbourg parvient de son côté à se débarrasser du FC Barcelone, 14
les deux équipes allemandes se retrouveront alors face à face au tour suivant. La Bundesliga séduit le Japon À l’échelle internationale, les clubs féminins allemands jouissent également d’une notoriété certaine, fruit d’un travail de longue haleine qui s’est soldé par sept titres en Ligue des Champions et onze finales disputées. Si le football féminin allemand est parvenu à se faire une place aux côtés de son homologue masculin dans la conscience nationale, c’est sans aucun doute en grande partie grâce aux deux titres mondiaux et aux sept victoires en Championnat d’Europe remportés par la Mannschaft. Mais la Bundesliga fait elle aussi de plus en plus parler d’elle. La chaîne de télévision de la Fédération allemande retransmet ainsi un match en direct par journée. Et depuis cette
saison, Eurosport a acquis les droits du championnat féminin, jusqu’en 2016. Le charme de la Bundesliga opère bien au-delà des frontières allemandes. Grâce à Yuki Ogimi, la Bundesliga attire de plus en plus de footballeuses originaires du pays du Soleil Levant. L’attaquante portait encore la saison dernière les couleurs de la Turbine Potsdam. Elle a depuis rejoint les rangs de Chelsea, ce qui lui vaut d’être la première Japonaise à évoluer en FA Women’s Super League. La chaîne japonaise Asahi a même annoncé qu’elle retransmettrait la tête d’affiche de chacune des journées. “Cela prouve que la Bundesliga féminine s’établit en tant que marque et que sa qualité est reconnue. C’est une nouvelle étape dans le développement du championnat”, a déclaré Steffi Jones, directrice au sein de la Fédération allemande. Å
“Cela prouve que la Bundesliga féminine s’établit en tant que marque et que sa qualité est reconnue. C’est une nouvelle étape dans le développement du championnat.” Steffi Jones, directrice au sein de la Fédération allemande de football
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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE
VU DES TRIBUNES W o m e n ’s S u p e r L e a g u e a n g l a i s e
Investissements en pagaille Sven Goldmann est spécialiste du football au quotidien Tagesspiegel de Berlin.
Le cercle des favoris est formé par des noms bien connus, parmi lesquels on retrouvent notamment Liverpool et Arsenal. Si Chelsea n’est pas tout à fait au même niveau, Manchester City a désormais la ferme intention de venir jouer les trouble-fêtes. Le rival local de Manchester United n’est toutefois pas présent et le fait que des clubs tels que Notts County et Bristol Academy occupent le haut du tableau prouve que la FA Women’s Super League (WSL) n’est pas qu’un simple copié-collé de la Premier League masculine.
Getty Image
Le 16 avril prochain, l’élite du football féminin anglais entamera sa quatrième saison. Huit équipes se disputeront encore le titre en matches aller-retour, mais pour le reste, l’évolution est patente. La Fédération anglaise (FA) veut continuer à faire grandir la discipline et investira ainsi 3,5 millions de livres au cours des quatre prochaines années. Une antichambre a également été créée, la WSL 2. Elle est composée de dix clubs aussi réputés que Sunderland, Aston Villa ou encore Watford.
Les 18 formations engagées dans ces deux compétitions participent également à la Continental Cup. Pour la première fois, un système de promotion et de relégation a été mis en place. L’an prochain, le dernier de WSL et le champion de WSL 2 échangeront donc leurs places. En plus de toutes ces nouveautés, la FA a offert une place en WSL au Manchester City Women’s Football Club, sans justification sportive. La décision a provoqué quelques remous puisque les Doncaster Rover Belles, qui jouissent pourtant d’une belle tradition à ce niveau, ont dû être reléguées en WSL 2. Les Sky Blues au féminin débarquent cependant avec de belles ambitions. Leurs buts seront à l’avenir gardés par l’internationale anglaise Karen Bardsley, achetée aux Lincoln Ladies mais actuellement au repos suite à une fracture de fatigue au pied. Jill Scott et ses 74 capes arrivent quant à elles en provenance d’Everton pour faire la loi au milieu du terrain. Le brassard de capitaine a été confié à Stephanie Houghton, qui apportera son expérience glanée avec Arsenal. Le véritable niveau de City ne devrait pas tarder à être connu puisqu’à l’occasion de la première journée, ses joueuses seront en déplacement sur la pelouse du Halton Stadium de Widnes, où évoluent les Liverpool Ladies. Ces dernières ont créé une énorme sensation à l’automne dernier en mettant fin à l’hégémonie des Arsenal Ladies, sacrées neuf fois consécutivement.
À l’image du film Joue-la comme Beckham, Arsenal symbolise à merveille le football féminin anglais et se trouve également être la seule équipe anglaise à avoir remporté la Ligue des Champions féminine. C’était en 2007, alors que la compétition se nommait encore Coupe féminine de l’UEFA. Les jeunes femmes d’Arsenal font partie intégrante du club et ont même les honneurs de l’Emirates Stadium pour les grandes occasions. À l’inverse, Liverpool a terminé les deux premières éditions de la WSL à la dernière place du classement. L’entraîneur Matt Beard a alors décidé de tout changer et a ainsi recruté dix nouvelles joueuses. Parmi elles, on retrouve notamment l’Islandaise Katrin Omarsdottir, la Suédoise Louise Fors ou encore les Allemandes Corina Schröder et Nicole Rolser. Le premier sacre des Reds porte la marque d’une Anglaise, déjà présente sous la tunique rouge avant la révolution initiée par Beard. Natasha Dowie a ainsi inscrit 13 buts en 14 matches pour offrir à Liverpool un sacre dont les hommes rêvent depuis près d’un quart de siècle. Le dernier championnat remporté par le grand FC Liverpool remonte en effet à 1990. À l’époque, Ian Rush faisait encore rugir Anfield Road de plaisir et l’entraîneur se nommait Kenny Dalglish. Lors du dernier match contre Coventry City, il s’était même autorisé à jouer quelques minutes. Un autre temps. Å
Les ambitieuses Arsenal reste la seule équipe anglaise à avoir remporté la Ligue des Champions féminine. T H E F I FA W E E K LY
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N a t i o n a l W o m e n ’s S o c c e r L e a g u e
L’heure est venue Sarah Steiner travaille à la rédaction de “The FIFA Weekly”.
Si les États-Unis ne sont pas réputés pour leur passion du ballon rond, le football féminin y joue néanmoins un rôle très important. De nombreuses joueuses célèbres, telles que Mia Hamm, Abby Wambach, Kristine Lilly ou encore Hope Solo, viennent d’Amérique et sont devenues les ambassadrices du football féminin. Au sein des 300 équipes universitaires, ce sport rencontre un succès grandissant et le championnat est lui aussi suivi avec un vif intérêt. L’histoire du championnat féminin américain est cependant loin d’avoir été un long fleuve tranquille.
L’année dernière, une nouvelle initiative est lancée avec la création de la National Women’s Soccer League (NWSL). La stabilité financière et la durabilité sont placées en tête des priorités. Pour cette raison, le championnat reçoit le soutien des fédérations américaine, canadienne et mexicaine. Huit équipes ont participé à la première édition, remportée par les Portland Thorns. La nouvelle saison, qui débutera le 12 avril 2014, accueillera une formation supplémentaire, Houston Dash. En janvier dernier, des internationales jouant pour les sélections des trois pays membres ont été réparties entre
Euphoriques L’équipe des Portland Thoms veut défendre son titre lors de la nouvelle saison.
les neuf équipes. Le salaire des joueuses est pris en charge par leurs fédérations respectives afin que ces dépenses ne pèsent pas sur le budget des clubs. Pour sa prochaine saison, la NWSL possède également un argument publicitaire supplémentaire : à partir d’avril, Nadine Angerer, la Joueuse Mondiale de la FIFA, défendra en effet les buts du champion Portland Thorns. “J’ai toujours rêvé de jouer en Amérique”, a déclaré la gardienne allemande lors de la cérémonie du Ballon d’Or, au cours de laquelle elle a reçu le prix récompensant la meilleure joueuse de l’année 2013. Mais Angerer n’est pas la seule star à rejoindre les rangs du championnat américain. Prêtée par l’INAC Kobe Leonessa, Nahomi Kawasumi, championne du monde avec le Japon, portera ainsi les couleurs de Seattle Reign. “Naho est l’une des meilleures joueuses du monde, elle va
donner une nouvelle dimension à notre attaque”, a confié l’entraîneuse de Seattle, Laura Harvey. L’avenir du football féminin américain reste certes à écrire, mais il semble s’engager sur la bonne voie. Les enfants des anciennes joueuses professionnelles sont prêts à se lancer eux aussi dans l’aventure, tandis que les résultats de la sélection féminine et ceux de la Major Soccer League, le championnat masculin, ont permis au ballon rond de s’établir sur le continent américain et aux équipes de recevoir le soutien de nombreux supporters. Une chose est certaine en tout cas : l’heure est venue pour la nation du football féminin d’avoir enfin un championnat professionnel de qualité reposant sur une base financière solide. Å
“J’ai toujours rêvé de jouer en Amérique.” 18
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Howard Smith / ISI / Corbis / Dukas / Urzula Striner
La première ligue professionnelle voit le jour en 2001. Deux ans plus tard, la Women’s United Soccer Association (WUSA) doit cependant être suspendue pour cause de difficultés financières. Un comité est alors créé afin de restructurer le football féminin et de ressusciter la WUSA. Malheureusement, les tentatives entreprises resteront infructueuses. La Women’s Professional Soccer (WPS) connaîtra un sort comparable : lancé en 2009, ce championnat sera lui aussi rapidement interrompu.
Damallsvenskan suédoise
Un nouveau venu ambitieux Andrea Grünenfelder est une auteure et journaliste suédoise qui vit en Suisse.
La Damallsvenskan, le championnat de Suède féminin, reprend le 13 avril et, déjà, quelques favoris se dessinent. Toutefois, un nouveau venu très ambitieux pourrait bien bouleverser l’ordre établi. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, intéressons-nous un instant à l’aspect économique de cette compétition. La saison dernière, toutes les footballeuses évoluant en Suède ont vu leur salaire augmenter. C’est la deuxième fois en cinq ans que les joueuses de l’élite suédoise bénéficient d’une revalorisation de ce type. La tendance est donc nettement à la hausse. Aujourd’hui, le salaire moyen d’une footballeuse atteint 11 000 couronnes par mois, soit environ 1 230 euros. Globalement, les clubs ont procédé à une augmentation de 12 % en 2012. Un effort comparable a été réalisé la saison dernière. Les chiffres de l’année 2012 montrent que la Damallsvenskan a généré 3 892 300 couronnes (environ 437 000 euros) en sponsoring et publicité. Les résultats de l’exercice 2013 n’ont pas encore été publiés. Malgré l’intérêt croissant des médias et des mécènes, les affluences dans les stades restent relativement modestes. La tendance est même à la baisse dans ce domaine,
“La tendance est à la baisse” ce qui fait que la saison 2011 reste une référence. L’an dernier, par exemple, le record de spectateurs (5 361 personnes) a été établi à l’occasion du match entre Linköping FC (quatrième) et le KIF Örebro (cinquième). Les 65 rencontres disputées sur l’ensemble de la saison n’ont attiré que 47 605 spectateurs, soit une moyenne médiocre de 731 personnes par match. Le bilan indique pourtant une hausse des revenus aux guichets, mais ce paradoxe s’explique assez aisément : les prix des billets ont augmenté et les clubs ont réduit le nombre de places distribuées gratuitement. Tenant du titre, le LdB Malmö (devenu le FC Rosengård en décembre 2013) est considéré comme le grand favori à sa propre succession cette saison. L’an passé, Malmö a remporté 17 de ses 22 matches et les experts estiment que l’équipe n’a rien perdu de sa compétitivité. Les championnes de Suède débuteront leur parcours à Stockholm, sur le terrain de l’AIK FF. Deuxième de l’Elitettan (la deuxième division suédoise) la saison dernière, le promu va avoir droit à un baptême du feu musclé au plus haut niveau. Le Tyresö FF nourrit lui aussi de grandes ambitions. Le dauphin de Malmö entamera son parcours par un déplacement à Kristianstad, neuvième l’an passé. Tyresö, qui disputera les quarts de finale de la Ligue des Champions féminine en mars, entend conserver la majorité de son effectif. La seule incertitude concerne les Américaines Christen Press, Whitney Engen et Meghan Klingenberg. À en croire les rumeurs, les trois
jeunes femmes pourraient rentrer au pays une fois la campagne de Ligue des Champions achevée. Kopparberg/Göteborg FC, quatrième en 2012, devra quant à lui se passer des services de Stina Segerström. Cette défenseuse internationale (52 sélections) expérimentée attend en effet un enfant. La saison s’annonce donc difficile pour Kopparberg/Göteborg FC, qui a également perdu plusieurs autres pièces maîtresses. Le club pourra cependant compter sur le talent de son entraîneur Stefan Rehn, qui compte parmi les rares personnes à avoir remporté le championnat en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Avant de raccrocher les crampons, l’ancien milieu de terrain a notamment porté les couleurs d’Everton et de Lausanne. Depuis, il a officié dans de grands clubs masculins comme l’IFK Göteborg ou Djurgårdens. Il débarque à Göteborg, après avoir dirigé le Jitex BK en Damallsvenskan la saison dernière. Mais à l’approche de la reprise, c’est Eskilstuna United qui attire tous les regards. Le promu, champion de deuxième division, compte 200 sponsors, dont un sponsor maillot prêt à investir 2,5 millions de couronnes (environ 277 000 euros) par saison. Eskilstuna a déjà frappé un grand coup en recrutant Sara Thunebro. Considérée comme l’une des meilleures joueuses de sa génération, la défenseuse compte à son actif 105 sélections, 300 matches en Damallsvenskan et 70 apparitions en Bundesliga féminine. Å
Favori logique Le FC Rosengård (ex-LdB Malmö) partira favori, grâce notamment à la présence dans ses rangs de Sara Björk Gunnarsdottir (en blanc). T H E F I FA W E E K LY
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Bildbyrån
Pionnière La sélectionneuse Sundhage pose de nouveaux jalons pour le football féminin sur tous les continents.
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PIA SUNDHAGE
Double vainqueur des Jeux Olympiques, lauréate du prix d’Entraîneur de l’année FIFA pour le football féminin en 2012, Pia Sundhage, 45 ans, est une icône du football féminin mondial. À l’occasion d’un entretien, elle évoque le bel avenir qu’elle prédit à ce sport et nous explique pourquoi elle ne souhaite pas entraîner une équipe masculine.
“Nous sommes en plein dans un processus intense de développement” Nom Pia Sundhage Date et lieu de naissance 13 février 1960, Ulricehamn (Suède) Carrière de joueuse 1978 Falköpings KIK 1979–1981 Jitex BK 1982–1983 Östers Växjö 1984 Jitex BK 1985 Lazio Rome 1985 Stattena IF 1985 Jitex BK 1986 Hammarby IF 1987–1989 Jitex BK 1990–1996 Hammarby IF 1975–1996 Équipe nationale de Suède Carrière d’entraîneuse 1992–1994 Hammarby IF (entraîneuse des joueurs) 1998–1999 Vallentuna BK (adjointe) 2000 AIK Solna (adjointe) 2001–2002 Philadelphia Charge (adjointe) 2003 Boston Breakers 2004 Kolbotn IL 2005–2006 KIF Örebro 2007 Chine (adjointe) 2008–2012 États-Unis Depuis 2012 Suède Palmarès de joueuse Championne d’Europe : 1984 Championne de Suède : 1979, 1981, 1984, 1989 Vainqueur de la Coupe de Suède : 1981, 1984, 1994, 1995 Vainqueur de la Coupe de l’Algarve : 1995 Meilleure buteuse du championnat de Suède : 1982, 1983 Palmarès d’entraîneuse Vice-championne du monde : 2011 avec les États-Unis Championne olympique : 2008 et 2012 avec les États-Unis Vainqueur de la Coupe de l’Algarve : 2008, 2010, 2011 avec les États-Unis Championne de la ligue américaine WUSA : 2003 Distinctions Joueuse de l’année en Suède : 1981 Entraîneur de l’année en WUSA : 2003 Entraîneur de l’Année FIFA pour le football féminin : 2012 3ème place à l’élection de l’Entraîneur de l’Année FIFA pour le football féminin : 2013
Pia Sundhage, un article du quotidien Svenska Dagbladet disait récemment que le football féminin aurait bientôt la même importance que son homologue masculin. Êtes-vous du même avis ?
une belle formule, par exemple. On voit beaucoup moins de fautes grossières, de discussions pour gagner du temps ou de simulations chez les femmes.
Pia Sundhage : C’est difficile à dire. Mais ce que je sais, c’est que depuis que j’ai commencé à jouer au football, les choses ont énormément évolué. Il y a eu par exemple la Coupe du Monde 1999 aux États-Unis. Pour la première fois, le football féminin a attiré les foules. Beaucoup de gens ont découvert ce sport à ce moment-là. Ils étaient surpris de voir des femmes jouer à ce niveau. Beaucoup de spectateurs venaient assister aux rencontres à la fois par intérêt pour la discipline et pour manifester leur solidarité envers le mouvement féministe. Ils étaient tout simplement heureux de voir des femmes jouer au football.
Le football féminin est-il donc un autre sport que le football masculin ?
Peut-on comparer le football féminin et le football masculin ? Non, ce serait aussi injuste que dans d’autres sports. En football, il y a en plus le facteur temps à prendre en compte : les hommes sont bien plus avancés que nous en termes de développement, parce qu’ils ont commencé plus tôt, peuvent compter sur une organisation et des infrastructures meilleures, génèrent davantage d’intérêt auprès des médias et disposent donc de plus de moyens financiers. Il y a en revanche des domaines dans lesquels le football féminin est en avance. Le fair-play ne se limite pas à T H E F I FA W E E K LY
Non, c’est le même sport. On joue à onze contre onze, avec les mêmes règles. La tactique et la technique sont identiques. Pour autant, ceux qui s’attendent à voir les mêmes matches se trompent. C’est comme au théâtre : quand on va voir une représentation avec les mauvaises attentes, on est déçu.
À ses débuts, le football féminin, même en Suède, était confronté à l’ignorance des hommes et faisait l’objet de moqueries. Comprenez-vous pourquoi, avec le recul ? Quand je repense à mes premiers matches, ça ressemble à un rêve lointain. J’avais onze ans et je jouais avec les garçons. Je me souviens qu’une fois, j’ai pris de l’élan pour tirer un corner. Au bord du terrain se trouvait un vieil homme qui m’a dit : “Tu n’y arriveras pas, tu n’as pas assez de force pour envoyer la balle devant le but.” Pour lui, c’était inimaginable qu’une fille maîtrise la technique. Je lui ai vite prouvé le contraire.
On disait par le passé que le football n’était pas un sport pour les femmes et qu’il risquait de leur infliger des dommages corporels. Les hommes avaient-ils en fait peur de la concurrence féminine ? 21
PIA SUNDHAGE
Modèle En Suède, Sundhage fait partie des personnalités les plus sollicitées du monde du sport.
Perspective “C’est surtout le rythme qui va progresser d’ici dix ans.”
C’était surtout de l’ignorance. Au début, on entendait dire que les filles ne pouvaient pas jouer au football. Puis on a prétendu que le football n’était pas une activité saine pour le corps féminin. Ces thèses étaient inventées de toutes pièces. Il n’y avait pas d’argument scientifique pour les étayer. C’était simplement ce que les gens affirmaient. Quand j’étais adolescente, j’avais envie de jouer au football parce que j’y prenais du plaisir, pas pour prouver quoi que ce soit. Aujourd’hui, je suis reconnaissante d’avoir eu la possibilité de continuer à jouer.
Qu’est-ce qui vous a motivée ? Le football féminin lui-même ou la lutte pour l’égalité des sexes ? Les deux aspects ont été présents en parallèle. Pour moi, la question du droit des femmes ne se posait pas encore vraiment, à l’époque. Mais aujourd’hui, je pense qu’on aurait pu utiliser davantage le football comme un moyen de parvenir à cette fin. L’un comme l’autre aurait pu en profiter.
Quand vous avez commencé votre carrière, la situation s’améliorait pour les femmes, en Suède 22
du moins. En 1973, la Fédération suédoise comptait déjà 10 000 footballeuses licenciées. Comment se faisait-il que les pays du nord soient en avance par rapport aux autres ? C’est lié à la place de la femme dans ces pays. En Europe du nord, nous avons toujours été en avance à cet égard. C’est pour cela qu’en football aussi, l’évolution s’est faite plus vite. Elle a vraiment commencé au début des années 70. Pour la première fois, des femmes se réunissaient à grande échelle pour jouer au football. Beaucoup d’entre elles ont alors réalisé que c’était le plus beau sport du monde.
Le football version dames tient une plus grande place aux États-Unis, où le soccer est considéré comme un sport véritablement féminin… Un programme de développement lancé dans les universités a joué un grand rôle là-dedans. Il stipulait que les mêmes moyens financiers devaient être mis à la disposition des femmes et des hommes. Comme les femmes ne jouent pas au baseball ni au football américain, le soccer a alors reçu des T H E F I FA W E E K LY
montants disproportionnés par rapport aux autres sports. Le football féminin a ainsi bénéficié d’un énorme élan aux États-Unis. L’intérêt des spectateurs a cependant mis longtemps à s’éveiller. L’équipe nationale était pourtant en mesure de prétendre à tous les titres importants : en 2008 et en 2012, nous avons remporté le Tournoi Olympique et en 2011, nous avons été finalistes de la Coupe du Monde. Mais il n’y avait que 4 000 spectateurs qui venaient voir nos matches à domicile, au début. Aujourd’hui, c’est différent. La rencontre disputée à domicile contre le Canada fin janvier a attiré 20 000 fans. La Fédération américaine a également profité du rôle joué par quelques femmes qui sont de formidables ambassadrices de notre sport. Des joueuses comme Mia Hamm, Hope Solo ou Abby Wambach sont de véritables figures de proue pour le football dans son ensemble.
En 2007, aux côtés de votre compatriote Marika Domanski-Lyfors, vous avez co-entraîné l’équipe de Chine, une autre grande nation de football féminin…
Carl Sandin / Bildbyrån
Rétrospective Quand Sundhage disputait ses premiers matches, le football féminin était plombé par les préjugés et l’incompréhension.
PIA SUNDHAGE
C’était une expérience hors du commun. Nous ne parlions pas chinois, nous ne pouvions communiquer avec les joueuses que grâce à des interprètes. Nous arrivions tout de même à nous faire comprendre dans les moments d’agitation. Le langage du football est international. Sur le plan culturel, cette période en Chine a été une grande aventure. Nous étions en tout cas soutenues par la fédération. Si tout cela était possible, c’était grâce à la réussite de l’équipe. Pourtant, la Chine n’est pas un pays précurseur en matière d’égalité des droits.
Bildbyrån
Aujourd’hui, près de 30 millions de femmes et de jeunes filles jouent au football à travers le monde. Y a-t-il un événement qui a joué un rôle-clé dans cette progression ? C’est sans aucun doute le lancement de la Coupe du Monde Féminine en 1991. Cette compétition a donné un énorme élan au développement de la discipline et a fourni aux fédérations une occasion d’investir dans le football féminin. Aujourd’hui, des Coupes du Monde Féminines sont organisées dans toutes les catégories d’âge,
ce qui est également important. Les fédérations sont ainsi motivées pour consacrer encore plus de moyens et d’énergie à la formation. Les femmes et les jeunes filles en profitent à tous les niveaux. Le sport est pour elles un vecteur parfait d’intégration dans la société et de développement de la confiance en soi.
Chez les entraîneurs, en revanche, il y a toujours relativement peu de femmes. Que faudrait-il faire pour que cela change ? Il faudrait une vraie prise de conscience de la part des fédérations. Il faut s’écarter à tous points de vue de l’ancien schéma des rôles de l’homme et de la femme. Je connais de nombreuses footballeuses actives ou d’anciennes footballeuses qui feraient d’excellentes entraîneuses. Mais il faut qu’on leur fasse confiance et qu’on leur accorde une chance de faire leurs preuves. Dans le domaine de l’entraînement, les hommes et les femmes devraient davantage collaborer. Ce sont les personnes les plus compétentes qui devraient endosser les meilleurs rôles, qu’elles soient de sexe féminin ou masculin. T H E F I FA W E E K LY
Vous sentiriez-vous capable d’entraîner une équipe masculine ? Je pourrais imaginer le faire, oui. Mais je n’ai pas envie de le faire seulement pour prouver qu’une femme en est capable. Par ailleurs, ce qui se passe actuellement dans le football féminin est passionnant. Nous sommes au début d’un processus intense de développement. Je n’ai aucune envie de rater ça.
Où en sera le football féminin dans dix ans, selon vous ? Avec la progression de la professionnalisation, le niveau et la puissance du football féminin vont augmenter. Il sera plus technique, mais aussi plus athlétique. Mais je pense que c’est surtout le rythme qui va progresser. Å Propos recueillis par Thomas Renggli
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Photograph by Levon Biss with support from Umbro / RPM
First Love Lieu : Khaylitsha, Afrique du Sud Date : 9 octobre 2010 Heure : 15h33
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“Nous voulons le titre” La Coupe du Monde 2015 sera le plus grand tournoi de l’histoire du football féminin. Rien que le match d’ouverture promet d’être spectaculaire. Edmonton sait parfaitement comment fêter le sport.
Alan Schweingruber
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es amateurs de sport associent généralement Edmonton, la cinquième ville du Canada, au hockey sur glace et au football canadien. Dans les années 80, les Oilers ont gagné à quatre reprises la très convoitée Coupe Stanley. Par ailleurs, les Eskimos ont remporté la Coupe Grey cinq fois de suite à partir de 1978. La ville d’Edmonton, devenue métropole après la découverte de pétrole en 1947, est, depuis ces succès, également appelée la ville des champions. Depuis 1991, les triomphes se font plus rares. Mais les Canadiens n’en ont pas oublié leur sens de la fête pour autant. En 2002, Edmonton a réussi un exploit qui, aujourd’hui encore, est raconté dans toutes les écoles de sport du monde : la ville est parvenue à mobiliser 47 784 spectateurs pour la finale du Championnat du Monde de Football Féminin U-19.
Reuters / A ndy Clark
La Coupe du Monde en ligne de mire La joueuse canadienne Karine Le Blanc et sa coéquipière Christine Sinclair
L’objectif : 1,5 million de (à droite) à Vancouver. spectateurs La victoire des États-Unis grâce au but en or est presque devenue un détail douze ans plus tard. “L’expérience d’Edmonton reste mémorable”, confie Christine Sinclair, la meilleure buteuse du tournoi. “Depuis, nous avons records d’affluence. Peter Montopoli, direcévolué et avons réalisé un tournoi olympique teur général du Comité organisateur national , fantastique en 2012. La troisième place acquise explique : “Nous voulons être l’événement à Londres est de bon augure pour la Coupe du footballistique le plus suivi de l’histoire, juste derrière la Coupe du Monde masculine. Notre Monde 2015.” Sinclair est à présent capitaine de objectif est d’atteindre 1,5 million de spectal’équipe nationale et détient les principaux reteurs dans les stades.” cords du football féminin canadien : dix fois “Joueuse de l’année”, 203 sélections en équipe Sinclair passe à l’offensive du Canada et 147 buts. “La Coupe du Monde à domicile constituera l’apogée de ma carrière. Il reste 15 mois avant le début du spectacle. Une telle occasion ne se présente pas deux fois.” Cet été, la Coupe du Monde Féminine U-20 à La septième Coupe du Monde féminine Edmonton, Toronto, Montréal et Moncton verra s’affronter pour la première fois 24 fera office de répétition générale. Ensuite, nations. Tout porte à croire que le tournoi Edmonton, la capitale canadienne du pétrole, deviendra le centre du football féminin. C’est organisé au Canada battra de nouveaux T H E F I FA W E E K LY
là que se jouera le match d’ouverture le 6 juin 2015 et, comme le veut la tradition, le Canada sera de la partie. Le leitmotiv de Christine Sinclair est totalement en accord avec l’esprit de cette grande ville de sport : “Nous voulons être championnes du monde 2015. Nous sommes prêtes pour le titre.” Å
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HISTORIQUE
6 JUNE – 5 JULY
EDMONTON VANCOUVER
WINNIPEG
HISTORIQUE
Canada has hosted one edition of the Summer Olympics (Montreal 1976) and two Winter Olympics (Calgary 1988 and Vancouver 2010). The Canadian women’s team has participated in five out of six editions of the FIFA Women’s World Cup™, their best ranking being fourth in 2003. One year before the FIFA Women’s World Cup 2015™, Canada will also play host to the FIFA U-20 Women’s World Cup 2014. Canada will be the first country to host this tournament twice after staging the first edition in 2002 when they finished as runners-up. Toronto is the only FIFA U-20 Women’s World Cup stadium that will not host the senior event in 2015. The Canadian Soccer Association celebrated its centenary in 2012. Christine Sinclair scored ten goals in one edition of the FIFA U-19 Women’s World Championship in 2002, the tournament that is now called the FIFA U-20 Women’s World Cup. Former FIFA referee Sonia Denoncourt from Canada has refereed the second highest number of matches in the FIFA Women’s World Cup™ with a total of nine. The number of teams participating in the FIFA Women’s World Cup™ will increase from 16 to 24 in 2015. In 1991 and 1995, there were just 12. In Mexico in 2010, Canada won the CONCACAF Women’s Championship for the second time. Alexander Graham Bell was an eminent scientist, inventor, engineer and innovator who is credited with inventing the first practical telephone.
MONCTON
The Royal Canadian Mounted Police (RCMP), known around the world as The Mounties, is a federal police force for Canada. Even though the RCMP is a modern policing body, the scarlet tunic and the black horse remain an important part of the force’s traditions and form part of Canada’s national identity, as seen in the popular Musical Ride ceremony. Inuksuit are stone landmarks or cairns built primarily by the Inuit in the Arctic region of Canada. They vary greatly in shape, colour, size and how they are constructed and each one has some form of meaning. They have also been used in the past by Inuit in the Arctic region to divert caribou to a wider part of a river or lake for hunting purposes. The word inukshuk means “in the likeness of a human”. Inuit Heritage Trust
MONTREAL
OTTAWA
Totem poles are monumental sculptures carved from large trees, mostly Western Red Cedar, by indigenous peoples of the Pacific coast of North America. The word totem means “kinship group”. Tidal Bores are natural phenomena caused here by the surging Bay of Fundy tides which are the highest in the world. The higher waters in the bay cause the water in the placid Petitcodiac River to roll back upstream in one wave. Tidal bore activity occurs twice daily and waves range in height from 3cm to 60cm. Trees have a commercial, environmental and aesthetic importance to Canadians. Maples sustain the maple sugar industry, help to beautify the landscape and contribute valuable wood products. The maple tree was officially recognised as Canada’s arboreal emblem in 1996. On 15 February, 1965, the red maple leaf flag was inaugurated as the national flag of Canada making it one of the most prominent Canadian symbols. Live Your Goals is FIFA’s long-term commitment to support women’s football worldwide and encourage more young women and girls to participate in the sport.
@FIFAWWC facebook.com/fifawomensworldcup © FIFA 2014 Editorial deadline: March 2014 Images © Getty Images
LE DÉBAT
En pleine évolution
Jeunes espoirs De plus en plus de jeunes filles sont attirées par le football, comme ici, dans une école de sport à Potsdam.
Alan Schweingruber et Xavier Breuil Il n’est pas certain que James Brown réécrirait aujourd’hui son titre de 1966 “It’s a Man’s Man’s Man’s World”. Cette chanson machiste a rapporté des millions à la légende de la soul. Mais les événements qui s’étaient produits 45 ans avant la sortie de son tube planétaire auraient dû le faire réfléchir. À l’époque, le football féminin anglais se développait déjà largement. Il rassembla pas moins de 53 000 spectateurs dans le stade de Liverpool à l’occasion d’un match de bienfaisance entre les Dick Kerr Ladies (qui travaillaient pour l’entreprise Dick Kerr) et Saint Helens. Mais le beau style et l’élégance des femmes sur le terrain de football semblaient gêner 30
considérablement le sexe opposé. Les femmes volaient la vedette aux hommes. C’est pourquoi, un jour mémorable de 1922, 19 jours avant Noël, la Fédération anglaise de football prit la décision désespérée d’interdire purement et simplement le football féminin en Angleterre. La Belgique et l’Allemagne suivirent les Britanniques. Retour glorieux Lorsqu’on se demande aujourd’hui quelle sera l’importance du football féminin dans dix ans, c’est-à-dire en 2024, il faut aussi tenir compte de sa magnifique résurrection dans les années soixante. Ce sport assassiné est parvenu à se refaire une place dans le monde des hommes avec courage et engagement. En 1969 et 1970, l’Allemagne, la Suède et la France ont à nouveau reconnu officiellement le football féminin. L’apogée est arrivée dans les années quatrevingt-dix avec l’organisation de la première Coupe du Monde (1991) et, huit ans plus tard aux États-Unis, un spectacle suivi par plus de 660 000 spectateurs. Aujourd’hui, le football féminin enregistre peut-être sa progression la plus importante. Une expérience fondamentale a été acquise et ce sport est accepté. La technique, la tactique et les performances physiques mûrissent. T H E F I FA W E E K LY
Le fair-play avant tout Malgré leur retard chronologique, il y a certains domaines où les femmes ont un temps d’avance sur les hommes. Leur football éblouit non seulement par sa qualité, mais également par son fair-play. Toute personne regardant un match de 90 minutes remarquera rapidement que les footballeuses gagnent très peu de temps. Par ailleurs, elles commettent rarement de grosses fautes et il n’est pas question pour elles de simuler. “Le fair-play ne se limite pas à une belle formule dans le football féminin”, déclare Pia Sundhage, lauréate du prix d’Entraîneur de l’année FIFA pour le football féminin en 2012, dans son interview page 20. Les avis sur les intentions de James Brown divergent encore aujourd’hui. Mais quoi qu’il en soit, avec le couplet supplémentaire ajouté à sa chanson en 1966 (ou bien était-ce la chute ?), il avait trouvé le truc : “It wouldn’t be nothing, nothing without a woman or a girl!” Å
Les débats de The FIFA Weekly Qu’est-ce qui vous interpelle ? De quels sujets aimeriez-vous discuter ? Envoyez vos propositions à : feedback-theweekly@fifa.org
AFP
Quelle sera l’importance du football féminin dans dix ans ? L’évolution de ce sport se trouve actuellement dans sa phase la plus passionnante.
LE DÉBAT
Le beau jeu pourra bientôt compter sur des entraîneuses de haut niveau partout à travers le monde, car nous, les femmes, savons comment bâtir une équipe solide. Il y aura des assistantes, des femmes kinésithérapeutes, des femmes spécialistes de la médecine sportive et des équipes techniques composées de femmes, car si quelque chose ne fonctionne pas, nous sommes capables d’y remédier nous-mêmes. Il y aura des présidentes, des dirigeantes et des présidentes-directrices générales, car nous sommes intelligentes, dévouées et nous avons à cœur l’intérêt de notre équipe. Il y aura des arbitres féminines à tous les échelons, car nous serons formées par les pionnières qui, en ce moment même, repoussent les frontières. Les footballeuses participeront à des compétitions de premier plan et seront considérées comme des actrices indispensables pour apprendre aux enfants les bases physiques et techniques qui font la beauté du football.
LE BILLET DU PRÉSIDENT
sont prêts à investir dans ce sport ne sont pas très nombreux. Cette situation risque de limiter la compétition et de ralentir l’évolution générale. Acapulco, Mexique
“Le football féminin va continuer à progresser.”
Dawillos, Australie
“Les hommes et les femmes joueront dans la même équipe.”
D’ici dix ans, le football féminin aura tellement progressé que la FIFA envisagera de rendre le football mixte. Les hommes et les femmes joueront dans la même équipe. Vous pouvez me croire. Il en sera de même pour le tennis, le ping-pong et le catch. Je ne suis pas devin, mais je suis sûr de ce que j’avance. Djeniko Esse, Nigeria
Le football féminin va certainement continuer à progresser. En l’espace de 40 ans, il est passé du statut de loisir un peu risible à celui de sport reconnu. Je pense que la discipline va poursuivre son évolution au cours de la décennie à venir, à la base comme au plus haut niveau. A. Strit, Danemark
Dans dix ans, les femmes seront encore plus nombreuses à pratiquer le football. L’Afrique et l’Asie sont loin d’avoir exploité tout leur potentiel dans cette discipline. Cette augmentation se traduira automatiquement par une élévation du niveau général et de la qualité du jeu. Il faut maintenant espérer que l’encadrement se développera au même rythme. Pour s’imposer sur la durée, les femmes devront également progresser techniquement. Doris Dürr, Allemagne
Tout va dépendre de l’intérêt des médias. Si les chaînes de télévision décident d’accorder plus de place au football féminin, les grands clubs se lanceront dans l’aventure et investiront davantage dans les sections féminines. Fernando Del Potre, Argentine
Il ne fait aucun doute que le football féminin a énormément progressé ces dernières années. Pourtant, je ne crois pas qu’il aura beaucoup changé d’ici dix ans. Je pense que les pays qui
Dix ans, c’est trop court pour que tout puisse changer, mais le football féminin va continuer à s’améliorer. Il y aura plus d’équipes professionnelles, les joueuses et les techniciennes bénéficieront d’une préparation proche de celles des hommes et la télévision sera beaucoup plus présente. Sur le terrain, on assistera à de notables progrès dans tous les secteurs : technique, tactique et physique. Le jeu sera plus rapide et les footballeuses plus puissantes. Les écarts vont encore se resserrer et on verra beaucoup moins de scores absurdes (8:0, 12:1…). Pour autant, je pense que le football féminin n’atteindra jamais le niveau du football masculin. Julien Sorell, France
J’espère avant tout que des progrès seront réalisés dans le domaine de la formation. Les jeunes filles doivent bénéficier des mêmes opportunités que les garçons. Ce n’est qu’en développant le football à la base que le niveau de l’élite pourra s’élever. D. Boll, Autriche T H E F I FA W E E K LY
Égalité des sexes à tous les niveaux
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e football féminin a connu ces 40 dernières années une énorme évolution. Jusqu’en 1970, c’était un sport marginal et, en Allemagne et en Angleterre par exemple, il était interdit par les fédérations nationales. Aujourd’hui, 30 millions de femmes et de jeunes filles jouent au football à travers le monde, dans toutes les cultures et dans les 209 associations membres de la FIFA. En décembre dernier, la FIFA a mis l’accent sur la mondialisation du football féminin en désignant la Jordanie comme pays hôte de la phase finale de la Coupe du Monde Féminine U-17 2016. Dans l’espace culturel arabe, le sport joue un rôle déterminant dans les efforts réalisés en faveur de l’intégration des femmes et de l’égalité des sexes. L’International Football Association Board a également remarqué les signes d’évolution. Il a confirmé la semaine dernière que les footballeurs et footballeuses pouvaient désormais porter des couvre-chefs lors des matches de football officiels, ouvrant ainsi cette discipline à des millions de femmes et de jeunes filles. La critique selon laquelle on affermirait ainsi la soumission de la femme, symbolisée par le voile, est incompréhensible. C’est exactement le contraire qui se passe. Le football est synonyme d’espoir, synonyme de liberté. C’est cela qui est en jeu dans cette modification décisive du règlement. Personne n’est obligé de porter le voile. Mais celles qui le veulent le peuvent. L’intégration de femmes à des positions stratégiques et techniques majeures joue sans aucun doute un rôle-clé. Le fait que trois femmes, Moya Dodd, Sonia Bien-Aime et Lydia Nsekera, siègent au Comité Exécutif de la FIFA est un premier pas. Les femmes devraient également endosser des rôles encore plus importants dans les domaines de l’entraînement et du management. L’égalité des sexes doit progresser dans tous les secteurs et à tous les niveaux.
Votre Sepp Blatter 31
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LE CL ASSEMENT FIFA
La Norvège poursuit sa remontée La FIFA a officiellement introduit la version féminine de son classement mondial en 2003. Si les hommes bénéficient d'une édition mensuelle, les femmes doivent se contenter de quatre mises à jour par an. Le nouveau classement mondial féminin de la FIFA paraîtra justement le 28 mars. Les quelque 150 équipes concernées voient leur cote évoluer en fonction de facteurs comme le nombre de victoires, l'avantage du
Pos. Équipe
Évolution
Points
1 États-Unis
0 2228
2 Allemagne
0 2156
3 Japon
0 2071
4 Brésil
0 2031
5 France
1 2027
6 Suède
-1 2021
7 Canada
0 1978
8 Norvège
2 1973
9 Australie
-1 1957
10 RDP Corée
-2 1956
11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 29 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 42 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58
Angleterre Italie Danemark Pays-Bas Espagne Nouvelle-Zélande République de Corée RP Chine Islande Écosse Russie Suisse Finlande Ukraine Mexique République tchèque Belgique Vietnam Autriche Colombie Pologne Thaïlande République d'Irlande Nigeria Roumanie Pays de Galles Hongrie Belarus Chinese Taipei Costa Rica Portugal Myanmar Ouzbékistan Serbie Slovaquie Trinité-et-Tobago Cameroun Ghana Inde Afrique du Sud Guinée équatoriale Jordanie Iran Haïti Israël Bulgarie Irlande du Nord Slovénie
0 0 -1 0 2 3 0 -2 -4 0 0 3 -1 -1 -1 0 0 0 4 0 -1 -1 1 -2 0 1 -1 0 0 0 1 1 3 -1 -4 0 1 1 1 1 1 1 2 3 6 -1 -3 1
1942 1892 1872 1868 1849 1834 1829 1826 1822 1820 1806 1794 1786 1772 1760 1696 1680 1661 1650 1650 1647 1639 1633 1623 1606 1601 1576 1565 1564 1561 1550 1548 1548 1531 1524 1509 1467 1459 1431 1430 1429 1415 1412 1397 1394 1393 1391 1387
terrain, le niveau de l'adversaire ou l'importance de la compétition. En décembre 2013, la compétition préliminaire pour la Coupe du Monde Féminine 2015 et les nombreux matches amicaux disputés en Asie ont été à l'origine de l'essentiel des modifications. La Norvège apparaît comme la grande gagnante de ce trimestre (8ème, + 2 places). Quatre sélections océaniennes ont, quant à elles, disparu du classement, faute d'activité. À l'inverse, l'Indonésie (68ème) et le Swaziland (112ème) font leur grand retour.
Pos. Équipe 59 60 61 61 63 63 65 66 67 68 68 68 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 94 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117
→ http://www.fifa.com/womensworldcup/
Albanie Panamá Croatie Hong Kong Turquie Kazakhstan Grèce Côte d’Ivoire Îles Féroé Uruguay Indonésie Maroc Estonie Guatemala Bahreïn Bosnie-Herzégovine Philippines Guam Laos Malaisie Sénégal Monténégro Lituanie Zimbabwe Lettonie Palestine Singapour Salvador Malte Éthiopie Luxembourg Honduras Kirghizistan RD Congo Nicaragua Népal Arménie Géorgie Chypre ARY Macédoine Namibie Bangladesh Sri Lanka Liban Maldives Tanzanie Zambie Pakistan Dominique Afghanistan Mozambique Koweït Qatar Swaziland Lesotho Belize Bhoutan Antigua-et-Barbuda Botswana Argentine ** Chili ** Équateur ** Papouasie-Nouvelle-Guinée ** Pérou ** Paraguay ** Azerbaïdjan ** Jamaïque ** Venezuela **
T H E F I FA W E E K LY
Évolution 1 2 2 3 2 3 -7 2 0 1 1 3 -1 0 4 0 0 0 1 2 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 5 3 2 4 2 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 4 4 1 2 2 2 2 2
Points 1379 1364 1361 1361 1358 1358 1352 1344 1338 1330 1330 1330 1321 1318 1314 1312 1311 1294 1293 1266 1247 1242 1241 1224 1192 1182 1177 1175 1166 1163 1156 1153 1136 1132 1111 1104 1104 1100 1087 1073 1015 979 965 955 942 941 938 937 906 899 873 870 867 860 837 827 785 757 708 1609 1544 1484 1476 1450 1430 1341 1339 1338
Pos. Équipe Tunisie ** Algérie ** Tonga ** Fidji ** Égypte ** Guyana ** Congo ** Tahiti ** Bolivie ** Rép. dominicaine ** Mali ** Cuba ** Îles Salomon ** Nouvelle-Calédonie ** Bénin ** Moldavie ** Barbade ** Îles Cook ** Suriname ** Vanuatu ** Angola ** Sierra Leone ** Bahamas ** Samoa ** Porto Rico ** Samoa américaines ** Guinée ** Sainte-Lucie ** Érythrée ** Gabon ** Grenade ** St-Vincent-et-les-Grenadines ** Burkina Faso ** Saint-Kitts-et-Nevis ** Ouganda ** Îles Turks-et-Caicos ** Bermudes ** Guinée-Bissau ** Syrie ** Îles Vierges américaines ** Irak ** Liberia ** Îles Vierges britanniques ** Îles Caïmans ** Malawi ** Curaçao ** Aruba ** Comores ** Émirats arabes unis * Kenya *
Évolution
Points 1325 1320 1316 1306 1289 1256 1238 1238 1236 1226 1204 1201 1195 1188 1187 1177 1173 1170 1159 1139 1134 1132 1111 1110 1108 1075 1063 1061 1060 1031 1029 1008 1003 974 965 963 950 927 927 885 882 877 867 847 840 831 803 534 1665 816
** Les équipes n’ayant pas joué depuis plus d’un an et demi n’apparaissent pas dans le classement. * Équipes provisoirement déclassées pour ne pas avoir joué plus de cinq matches contre des équipes officiellement classées.
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L’ I N T E R V I E W
“Un long chemin à parcourir” Isha Johansen, présidente de la Fédération de football de la Sierra Leone (SLFA), organise à l’occasion de la Journée internationale de la femme un match contre la sélection du Libéria. Elle souhaite aider les jeunes femmes traumatisées par la guerre à reprendre confiance en elles grâce au football.
Madame Johansen, vous vous engagez énormément pour les droits des femmes. Isha Johansen : Il y a encore 15 ans, la Sierra Leone était ravagée par une guerre brutale et horrible, de même que le Libéria, juste à côté. Comme dans la plupart des guerres, ce sont les femmes et les enfants qui ont le plus souffert. Les femmes qui, comme moi, sont engagées dans le football international ne se contentent pas de parler de notre sport, mais parlent aussi des conséquences de telles guerres.
Votre poste de présidente de la Fédération vous permet justement d’agir. J’organise régulièrement des rencontres au cours desquelles des femmes de toutes les catégories sociales peuvent échanger. Nous les accueillons toutes, qu’elles travaillent dans des bureaux ou dans les champs. Le 8 mars, pour la Journée internationale de la femme, j’aimerais attirer l’attention sur toutes celles qui jouent au football. Beaucoup de nos joueuses des sélections U-17 et U-20 ont été violées ou ont vu de leurs propres yeux leur grand-mère, leur mère ou leur sœur se faire maltraiter. Elles doivent vivre avec ces cicatrices émotionnelles et psychologiques.
Ces jeunes femmes ont besoin de reconnaissance. Oui, on les retrouve maintenant dans de nombreux domaines de la société, comme dans le football, et elles essayent de reprendre confiance en elles.
Ceci est d’ailleurs valable pour d’autres pays de la région. Au Libéria, les femmes ont connu des situations très semblables, avec la guerre civile, les sévices… Elles souffrent des mêmes cicatrices. Nous considérons qu’il faut les soutenir également et c’est pourquoi nous organisons un match amical entre la Sierra Leone et le Libéria.
Quelle est la situation du football féminin en Sierra Leone ? 34
Je suis très heureuse de voir que nos jeunes femmes commencent à réaliser qu’il n’existe plus de métiers réservés aux hommes et qu’elles aussi peuvent, par exemple, jouer au football. Le moment est venu de développer le football féminin en Sierra Leone.
Est-il difficile d’organiser un tel match ? Pour un tel évènement, les principales difficultés sont toujours d’ordre financier. Les Libériennes vont arriver en bus. L’avion pour les 18 joueuses et leurs quatre accompagnateurs coûterait 11 000 dollars, même pour un vol aussi court. Le voyage en bus, d’une durée de 11 heures, revient beaucoup moins cher. Je suis contente que l’ambassadrice américaine adjointe en Sierra Leone ait décidé de parrainer la rencontre et d’organiser une soirée pour toutes ces jeunes femmes, au cours de laquelle elle remettra différents prix et distinctions. La Fédération de football de la Sierra Leone prendra en charge les repas ainsi que le logement et offrira une petite prime aux jeunes femmes.
Où le match aura-t-il lieu ? Il sera organisé au siège de la Fédération, à Freetown, sur une pelouse synthétique. Le terrain a été construit par la FIFA. Nous avons préparé des chaises et des fauteuils pour les spectateurs. Nous attendons des femmes qui travaillent dans l’administration, la police ou l’armée, mais aussi dans la politique et l’économie. La plupart des écolières des environs viendront également.
Depuis quand le football féminin est-il reconnu dans votre pays ? En Sierra Leone, le football féminin n’est toujours pas réellement présent. Nous partons de zéro, par exemple dans les écoles, où on joue surtout au volley et aux autres sports de filet. Nous sommes actuellement en discussion avec le ministère de l’École et du Sport pour que les petites filles aient au moins la possibilité de jouer au football si elles le veulent. T H E F I FA W E E K LY
La discipline est-elle au moins acceptée ? Ici, le fait que des jeunes femmes jouent au football n’est pas vraiment accepté, non. Quand j’étais petite, la situation était meilleure, je crois. Le football est considéré comme un sport de garçons. Une jeune femme qui veut y jouer n’est pas franchement soutenue ou encouragée. Nous devons donc retourner dans les écoles et faire de ce sport une partie intégrante de l’éducation.
Et en dehors des écoles ? Les jeunes filles ne peuvent pas aller jouer une fois par semaine, il n’y a tout simplement pas assez d’infrastructures. Les clubs accueillent celles qui sont un peu plus vieilles, à 18 ou 19 ans. Il reste encore un long chemin à parcourir. Å Propos recueillis par Perikles Monioudis
Nom Isha Johansen, née Tejan-Cole Lieu de naissance et de résidence Freetown, Sierra Leone Fonction
Andrew Esiebo/ Panos
Présidente de la Fédération de football de la Sierra Leone (SLFA), depuis août 2013 Autres responsabilités Présidente du FC Johansen, club basé à Freetown
T H E F I FA W E E K LY
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TRIBUNE
L E T O P 11 D E L A S E M A I N E
Les héroïnes du football
1 2
K ristine Lilly, États-Unis. 352 rencontres internationales, 30 matches de Coupe du Monde : un record mondial. Marta, Brésil. Il n’y en a pas deux comme elle dans le football actuel. Elle est la seule femme à avoir son empreinte de pied gravée dans le béton du Maracanã.
Men only
3
Nadine Angerer, Allemagne. C’est la Joueuse Mondiale de la FIFA 2013, une première pour une gardienne. Avec ses arrêts exceptionnels, elle a permis à l’Allemagne de devenir championne d’Europe.
Thomas Renggli
I
l n’y a pas que dans le football que les femmes sont confrontées à l’incompréhension et doivent dépasser les préjugés des hommes. Le sport peut difficilement être considéré comme précurseur en matière d’émancipation. Les Grecs ne toléraient même pas les femmes comme spectatrices durant les Jeux Olympiques de l’Antiquité, sous peine de mort. Quant aux compétitrices, on arguait contre elles que le sport était indécent pour les femmes et leur minait la santé. Au XIXème siècle, l’Allemand Friedrich Ludwig Jahn, promoteur de la gymnastique, était du même avis. Il affirma que le sport “animalisait” le regard de la femme. Dans le manuel allemand de gymnastique pour les jeunes filles de 1885, il est écrit : “Il suffit qu’elles apprennent à sauter des obstacles d’une hauteur de 50 centimètres.” Le père des Jeux Olympiques modernes, le Français Pierre de Coubertin, n’espérait pas non plus voir la gent féminine franchir les obstacles. Il s’opposa vigoureusement à sa participation aux épreuves. Mais à partir de 1900, il dut capituler et tolérer l’accès des joueuses de golf et de tennis au parquet olympique. Dans le livre suisse des JO de 1948 à Londres, on peut lire : “La nouvelle épreuve du 200 mètres féminin intégrée au programme devrait être à nouveau supprimée, parce qu’elle est trop exigeante pour ce sexe.” Le Viennois Ludwig Prokop, médecin du sport renommé, exprima des préoccupations similaires en 1959 : “La course de fond est tout à fait inconvenante pour les femmes.” Aux Jeux de 1968 à Mexico, la plus longue distance pour une course féminine était de 800 mètres. En 1972 à Munich, elle était de 1 500 mètres. “Si les femmes se mettent à courir 1 500 mètres, il faut regarder ailleurs pendant cinq minutes”, avait alors déclaré un opposant à cette idée. Aujourd’hui, il n’aurait même pas à détourner le regard pendant quatre minutes. Le record mondial féminin pour la plus longue distance de demi-fond est de 3 minutes 50 secondes 46.
Avant les JO d’été de Los Angeles en 1984, l’Union américaine pour les libertés civiles a été déboutée par un tribunal lorsqu’elle a tenté de faire accorder aux femmes le droit de participer aux courses olympiques de 5 000 mètres et de 10 000 mètres. Paradoxalement, c’est la même année que s’est déroulé le premier marathon olympique féminin. La gagnante, l’Américaine Joan Benoit, a parcouru les 42 195 kilomètres en 2 heures 24 minutes 52 secondes – un temps qui aurait suffi pour remporter la compétition masculine en 1956. De nombreux médecins du sport sont aujourd’hui convaincus que certaines coureuses sont plus aptes que leurs homologues masculins à réaliser des performances sur la durée. Avant qu’une telle idée ne fasse son chemin, un long travail de persuasion a été nécessaire. L’Américaine Roberta Gibb Bingay a un peu forcé les choses en 1966, lors du marathon de Boston. “Men only”, disaient les affiches de cet événement exclusif. Gibb prit en main son destin, se dissimula sous un bonnet de laine et un pull-over trop grand et se glissa dans un buisson à proximité de la ligne de départ. Elle attendit que la masse des coureurs soit partie avant de s’élancer. La chaleur l’obligea vite à se débarrasser de son accoutrement pour courir en maillot de bain noir et short mi-long dans les rues de Boston. Comme il n’existait pas encore de chaussures de course pour dames, elle portait des chaussures en cuir de la Croix-Rouge. Les spectateurs et les coureurs masculins réagirent avec enthousiasme. Gibb fut célébrée comme une héroïne. Will Cloney, le sévère directeur de la manifestation, qui avait refusé l’inscription de Gibb au motif que les femmes n’étaient pas capables de réaliser une telle performance, n’avait pas l’intention de se laisser faire. Il envoya des hommes à la poursuite de l’intruse. Mais l’agile Roberta s’enfuit, courut… et écrivit une page de l’histoire du sport. Å
4
Homare Sawa, Japon. Elle a fait ses débuts en première division japonaise à l’âge de 12 ans. À 15 ans, elle a été appelée en équipe nationale et à 16 ans, elle participait déjà à la Coupe du Monde.
5
Lotta Schelin, Suède. C’est la buteuse en série de l’Olympique lyonnais. La trentenaire a de très nombreux titres et distinctions à son actif.
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Abby Wambach, États-Unis. La Joueuse Mondiale de la FIFA 2012 fait preuve d’une efficacité incroyable : elle détient le record du monde de buts en sélection (165).
7
Kelly Smith, Angleterre. Elle a été la première footballeuse professionnelle en Angleterre. L’une des meilleures attaquantes de l’histoire.
8
Hege Riise, Norvège. Elle a été championne d’Europe et du monde et a décroché l’or olympique. À présent entraîneuse adjointe de l’équipe nationale, elle espère réitérer de tels exploits.
9
Birgit Prinz, Allemagne. En finale de l’Euro 1995, elle est entrée à la 62ème minute et, deux minutes plus tard, elle a marqué pour son équipe, finalement victorieuse. Elle a ensuite réalisé une carrière exceptionnelle.
10
M ia Hamm, États-Unis. C’est en partie grâce à sa popularité que le football féminin est devenu l’un des sports préférés des A méricains (275 matches internationaux, 158 buts).
11
Louisa Nécib, France. On la compare à l’immense Zinédine Zidane, c’est l’une des joueuses les plus talentueuses de France. Nous en avons oublié ?
La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly T H E F I FA W E E K LY
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LE MIROIR DU TEMPS
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Herne Hill, Angleterre
Bise. La Première Guerre mondiale a donné une impulsion au football féminin : en raison du recrutement massif de personnel militaire, de nombreux championnats masculins ne parvenaient plus à maintenir un fonctionnement régulier. Mais à la fin de la guerre, le vent a tourné. Le 5 décembre 1921, la Football Association anglaise a interdit aux femmes d’utiliser ses stades. Les footballeuses n’ont pas baissé les bras pour autant. Dans le quartier londonien de Herne Hill, un match international a été organisé en 1925 entre l’Angleterre et la France. Les capitaines Florrie Redford (à d.) et Carmen Pomiès se sont saluées cordialement. Mais elles ne se sont pas fait de cadeaux pendant la rencontre. La France s’est imposée aux tirs au but.
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MacGregor / Getty Images
1925
LE MIROIR DU TEMPS
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Newcastle upon Tyne, Angleterre
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2012 Poignée de mains. Lors du Tournoi Olympique de Football 2012, les portes des plus beaux stades britanniques étaient ouvertes aux femmes. Au St. James’ Park de Newcastle (capacité : 52 400 personnes), les capitaines du Canada (Christine Sinclair) et de la Suède (Nilla Fischer) ont échangé un regard déterminé avant le coup d’envoi d’un match de groupe. La rencontre s’est achevée sur un score nul et les deux pays se sont qualifiés pour les quarts de finale, où la Suède s’est inclinée face à la France. Quant au Canada, ses rêves de médaille ont finalement été concrétisés par le bronze.
T H E F I FA W E E K LY
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HISTORIQUE
“Fière de pouvoir assister à une Coupe du Monde au Costa Rica”
Aujourd’hui âgée de 86 ans, María Elena Valverde a été l’une des premières femmes à jouer au football au Costa Rica. À la veille de la Coupe du Monde Féminine U-17, cette pionnière nous raconte comment elle a réussi à former une équipe féminine de football et à la faire accepter par la société.
Souvenirs Aujourd’hui encore, María Elena Valverde est envahie par les émotions en revoyant les images des premiers matches de football féminin au Costa Rica.
40
HISTORIQUE
Le 19 mars 1949, 30 jeunes femmes ont fondé la première équipe féminine de football du Costa Rica. Racontez-nous cela. L’idée de former une équipe de football m’est venue alors que j’accompagnais l’une de mes tantes pour prier chez une de ses amies décédée. Les hommes dans cette maison discutaient très bruyamment d’un sujet qui m’était inconnu. Un jour, j’ai demandé à ma tante de quoi il s’agissait. Elle m’a répondu que c’était du football. Dans un grand sourire, je lui ai dit que j’aimais beaucoup ce sport. Elle est allée trouver l’un des hommes qui participait à la discussion. Il est venu me dire qu’ils étaient très intéressés par la création d’une équipe féminine mais que c’était impossible. Et moi de lui demander : “Et pourquoi ?” Il m’a répondu qu’il n’y avait pas assez de femmes intéressées. Emballée par l’idée, je lui ai dit que dans mon quartier, nous étions sept femmes à y jouer tout le temps. Ces femmes allaient accepter. À partir de là, nous nous sommes mises d’accord pour que chacune invite des amies pour former une équipe de 30 joueuses. Au bout du compte, nous avons réussi à former l’équipe. Nous avons fait deux groupes de 15 joueuses pour faire un match. Le 19 mars 1949, nous avons commencé l’entraînement. Un bus faisait un ramassage et nous conduisait à un terrain appelé “Las delicias”. Nous nous étions arrangées pour pouvoir nous entraîner là. On nous a enseigné la technique pour frapper dans le ballon et tous les fondamentaux du football.
Quand le premier match a-t-il eu lieu ? Quel souvenir en gardez-vous ? À quoi ressemblait l’ambiance de ces rencontres ? Le premier match a été disputé le 27 mars 1950 à l’Estadio Nacional. Nous étions l’équipe rouge, América, et l’équipe bleue, c’était le Costa Rica. Cette rencontre a été une réussite. Le stade était plein et nous avons reçu des commentaires élogieux dans les journaux. Certains sont même allés jusqu’à dire que nous jouions mieux que les hommes. La tenue était magnifique. Nous étions maquillées et coiffées, ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention.
Laura Rodríguez
Quel a été le rôle de cette équipe féminine dans la société costaricaine ? A-t-elle été acceptée ? Franchement, nous n’avons pas rencontré de difficultés. Nous avons reçu beaucoup de messages de félicitations. Dans un premier temps, on a entendu dire que la pratique du football représentait un risque d’infertilité pour la femme. Les gens ont pris peur mais un médecin a ensuite expliqué que cette thèse
Le goût du détail L'album souvenir de María Elena Valverde illustre une vie au service du football.
ne tenait pas debout. Les gens, et nos parents en particulier, ont été rassurés. Le football féminin a continué de grandir. D’autres équipes ont été formées, ce qui nous a permis de continuer à jouer jusqu’à aujourd’hui.
Comment avez-vous été accueillies dans le pays ? Avez-vous eu du mal à faire entrer le football féminin dans une société dominée par le football masculin ? Comme je vous l’ai dit, nous avons été surprises par le bon accueil que nous avons reçu. Bon nombre de mes coéquipières ont dû mentir et dire qu’elles allaient au basket car elles ne pensaient pas obtenir la permission de leur père. Elles leur ont fait la surprise pour notre premier match. En nous voyant jouer aussi bien et en entendant les commentaires élogieux, ils leur ont donné le feu vert pour continuer.
Dans quelle mesure le football féminin a-t-il modifié la perception de la femme au Costa Rica ? Honnêtement, je ne me souviens pas que l’on nous ait interdit de jouer au football. T H E F I FA W E E K LY
Nous avons été plutôt bien accueillies. De toute façon, cela devait arriver car les hommes ne pouvaient pas rester les seuls à pouvoir jouer au foot. C’est la seule chose qui a changé ; l’occasion donnée aux femmes de pratiquer un autre sport et de faire d’autres choses que l’on croyait réservées aux hommes.
Qu’avez-vous envie de dire aux filles qui participent à la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA ? Qu’elles vont faire très bonne figure car elles ont beaucoup de courage. Qu’elles doivent mesurer la chance qu’elles ont de pouvoir jouer au foot. Qu’elles continuent sur la voie que nous avons tracée. Qu’elles profitent de cette Coupe du Monde pour écrire l’histoire, comme nous l’avons fait il y a longtemps. Qu’elles en profitent et qu’elles stimulent le développement du football féminin. Et j’ai aussi envie de dire que je me sens extrêmement fière de pouvoir assister à cette Coupe du Monde à 86 ans. Å Entretien avec María Elena Valverde réalisé par Mariana Soto 41
Gaby Gerster / laif 42
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L’ I N T E R V I E W
“Déjà moquée quand j’étais petite” Steffi Jones, 111 sélections en équipe d’Allemagne, occupe aujourd’hui un poste de directrice au sein de la Fédération allemande de football. À l’occasion de la Journée internationale de la femme, elle nous parle de l’égalité des sexes, du racisme et de l’homophobie.
Steffi Jones, la Journée internationale de la femme est-elle nécessaire ? Steffi Jones : Pour nous les femmes, c’est une journée importante. De nombreuses femmes fortes se sont engagées pour l’émancipation de notre sexe. Cette journée est là pour nous rappeler leur combat, mais aussi le fait qu’il existe encore des pays où les femmes doivent se battre pour leurs droits. Son existence est donc une bonne chose.
Les femmes sont-elles défavorisées, dans la vie en général mais aussi dans le football ?
On se moquait déjà de moi à cause de la couleur de ma peau quand j’étais petite, mais le football nous inculque des valeurs de fair-play, d’intégration, de respect et de tolérance. Ce sport m’a permis de prendre confiance en moi et d’acquérir certaines compétences sociales, ce dont je profite encore aujourd’hui.
Les femmes ont-elles plus de difficultés que les hommes dans le monde du football ? Je ne fais aucune différence entre le football féminin et le football masculin. C’est la qualification qui m’importe et non le sexe. Mais je m’engage en faveur de l’égalité des sexes.
Que dites-vous aux parents qui ont des préjugés sexuels et refusent donc de laisser leurs filles rejoindre un club de football ?
Pourquoi les femmes doivent-elles relever tant de défis avant d’être acceptées dans les sphères à responsabilités ? Il faudra sûrement encore quelques années avant que les femmes soient naturellement nommées à des postes-clés. Mais je vois déjà aujourd’hui de nombreuses femmes occuper des fonctions importantes dans les entreprises, dans les organisations ou dans le monde politique. Elles y font leurs preuves et réalisent un travail fantastique. Les quotas réservés aux femmes aident peut-être également à accélérer les choses.
Puisque l’on parle de discrimination : avezvous été confrontée à des attaques racistes, par exemple lorsque vous étiez joueuse ?
Propos recueillis par Ségolène Valentin
L’homophobie semble plus répandue dans le football masculin que dans le football féminin. Pourquoi ? Toutes les formes de discrimination sont pour moi inadmissibles et je me réjouis de voir les nombreux efforts des fédérations et des clubs, qui prennent clairement position contre la xénophobie et la discrimination. En ce qui concerne l’homophobie, la Fédération allemande a publié un code de bonnes pratiques sous la forme d’une brochure, d’une part pour venir en aide aux footballeurs et footballeuses concernés, et d’autre part pour ouvrir les esprits.
À cause de la domination des hommes, les femmes ont plus de mal à occuper des postes à responsabilités, y compris dans le football. Mais l’évolution des dernières années montre aussi que de plus en plus y parviennent, dans la politique, l’économie, le sport… Ce sont de formidables exemples pour les autres femmes.
au football si elles en ont envie et peut-être ainsi réaliser leurs rêves. Å
Nom Stephanie Ann Jones Date et lieu de naissance 22 décembre 1972, Francfort-sur-le-Main (Allemagne) Poste Défenseuse centrale Clubs 1986–1991 SG Praunheim 1991–1992 FSV Francfort
Je leur dis que le football contribue au développement de la personnalité et incarne les valeurs qui devraient nous tenir à cœur dans la vie quotidienne. Le respect et la tolérance sont pour moi les plus importantes.
1992–1993 SG Praunheim
Que pensez-vous des États dans lesquels l’homosexualité est interdite ?
2002–2003 Washington Freedom
Il s’agit là d’une discussion d’ordre politique.
Comment voyez-vous l’avenir ? Quel regard porterons-nous sur cette interview dans dix ans ? Je souhaite que nous n’ayons plus besoin de quotas pour les femmes et je rêve de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Toutes les jeunes filles doivent pouvoir jouer T H E F I FA W E E K LY
1993–1994 TuS Niederkirchen 1994–1997 SG Praunheim 1997–1998 FSV Francfort 1998–2000 SC 07 Bad Neuenahr 2000–2002 1. FFC Francfort 2003–2007 1. FFC Francfort Équipe nationale 111 sélections pour l’Allemagne entre 1993 et 2007 Principaux succès Championne du monde en 2003 Championne d’Europe en 1997, 2001 et 2005 Médaillée de bronze olympique en 2000 et 2004 Vainqueur de la Coupe féminine de l’UEFA en 2002 et 2006 (1. FFC Francfort) Fonction actuelle Directrice au sein de la Fédération allemande de football depuis 2011 43
N E T Z E R L’ E X P E R T
L’ O B J E T
Que pensez-vous vraiment du football féminin ? Question posée par Juan Martinez, Stockholm (Suède)
Élégant, même au bureau Günter Netzer, manager du HSV à la fin des années 1970.
T
out d’abord, il ne faut pas comparer le football féminin avec le football masculin. C’est un parallèle qui ne fonctionne pas. En effet, les caractéristiques physiques sont trop différentes pour établir une comparaison objective. Mais les propos de l’ancien sélectionneur de l’équipe d’Allemagne ne sont pas non plus justifiés. Sepp Herberger avait déclaré : “Le football n’est pas un sport adapté aux femmes, notamment parce qu’il s’agit d’un sport de combat”. J’ai assisté à la finale de la Coupe du Monde en 2011 dans le stade de Francfort et je sais à quel point le football féminin peut être attrayant. Le match qui opposait les États-Unis au Japon s’est révélé spectaculaire et n’avait rien à envier au football masculin. Les joueuses nous ont offert 120 m inutes de suspense, de vitesse, d’exploits et quatre réalisations. Le Japon l’a finalement emporté 3:1 aux tirs au but. L’évolution de ce sport est fantastique. Je me souviens que dans les années 70, le football féminin ne comptait absolument pas. On faisait 44
semblant de s’y intéresser ou bien on en avait peut-être déjà entendu parler. Mais, secrètement, le football féminin faisait sourire. Pendant longtemps, des pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre ont interdit ce sport aux femmes. Celles-ci ont donc dû mener un long combat pour obtenir un peu de reconnaissance. Cela fait maintenant plus de dix ans que le football féminin est accepté et, à mon sens, enrichit le monde du sport. Malheureusement, les clubs et les équipes nationales manquent encore cruellement de soutien dans de nombreux pays. En général, les stades ne se remplissent que lors d’événements majeurs. Je conseille donc à tous les sceptiques de regarder le DVD de la finale de la Coupe du Monde 2011. Å
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le football, sans jamais oser le demander. Posez vos questions à Günter Netzer : feedback-theweekly@fifa.org T H E F I FA W E E K LY
Voici une carte postale de 1906 représentant une footballeuse. Elle porte une jupe rouge qui lui tombe au-dessus des genoux, ainsi qu’un bonnet à pointe assorti. Ses bras sont croisés dans son dos, tandis que son regard à la fois clair et indécis semble braqué sur nous, simples observateurs. Le ballon n’est pas collé aux pieds de cette jeune femme. Il est un élément du décor et ajoute uniquement une touche sportive à l’ensemble. La carte laisse en effet suggérer que si notre égérie tâte volontiers le cuir, elle apprécie également de le faire dans un environnement chic. N’aperçoit-on pas derrière elle une œuvre de Caspar David Friedrich, Navires dans le port, le soir ? Ou peut-être est-ce le ciel rouge pastel du tableau L’Incendie de la Chambre des Lords et des Communes de William Turner ? Quelle que soit la peinture représentée, son aspect dramatique contraste en tout cas avec le calme que la jeune femme semble dégager. Mais en 1906, on allie volontiers ces deux notions. Cette année-là, Alois Alzheimer d iagnostique également pour la première fois la maladie qui porte aujourd’hui son nom, Robert Musil publie son premier roman, Les Désarrois de l’élève Törless, tandis que la ville de San Francisco est complètement ravagée par un tremblement de terre et un incendie. Cette carte postale de 1906, plus personne ne sait qui l’a postée, ni à qui elle était destinée. Le cours de l’Histoire a toutefois vu le football féminin progresser et se développer. Les créations de ce genre ont été remplacées par des cartes ornées d’autographes que l’on s’arrache lorsque les joueuses sortent de l’entraînement. Dans son dos, la jeune femme aux chaussettes noires en tient probablement toute une pile en prévision du futur. Å
Mauritius Images
Perikles Monioudis
TURNING POINT
“Le football m’a ouvert de nouveaux horizons” Pour les jeunes filles africaines, l’accès au football est souvent difficile. Le père de la Nigériane Perpetua Nkwocha (38 ans) est même allé jusqu’à user de la violence pour la tenir à l’écart des terrains. Mais elle n’a pas baissé les bras et a fini par trouver son bonheur en Suède.
Nom Perpetua Ijeoma Nkwocha Date et lieu de naissance 3 janvier 1976, Nigeria Club actuel Sunnana SK (Suède) Poste Milieu de terrain Carrière internationale 83 matches, 41 buts
Lars Baron / FIFA via Getty Images
L
a ville de Skelleftea, située dans le nord de la Suède, est l’exact opposé de mon pays d’origine, le Nigeria. En décembre, le soleil a bien du mal à tenir une heure au-dessus de la ligne d’horizon. En été, par contre, il ne fait jamais nuit. Nous sommes tout près du cercle polaire et tout au long de la saison froide, l’entraînement se déroule exclusivement en salle – même si cette année, il n’a pas beaucoup neigé. Je dois avouer que pour moi, le réchauffement climatique n’a pas que des inconvénients. Je vis en Suède depuis maintenant sept ans et je peux dire sans trop m’avancer que mon transfert ici a constitué le principal tournant de ma carrière. Cette étape a marqué le début d’une nouvelle vie et je suis enfin devenue indépendante financièrement. Je gagne environ 4 000 euros par mois. Je reverse un quart de cette somme au fisc suédois. Comme mon club prend en charge le gîte et le couvert, je peux envoyer une grande partie de ce qui reste au Nigeria afin de venir en aide à mes parents ainsi qu’à mes cinq frères et mes deux sœurs. Ils vivent dans un petit village qui s’appelle Amankwu Umuhu. Ce qui me plaît avant tout en Suède, c’est qu’on peut compter sur les gens et que tout est bien organisé. Encore une différence avec le Nigeria. Là-bas, les gens parlent beaucoup, mais ils tiennent rarement leurs promesses. Dans mon pays d’origine, le ballon rond est un peu comme une religion – mais cela se limite au foot-
ball masculin. Pour les jeunes filles et les femmes, l’accès à ce sport est très difficile. Au début, mon père ne supportait pas de me voir courir dans la rue après un ballon avec des garçons. Il me l’a même interdit. Mais je ne me suis pas laissé faire, bien que cela m’ait valu quelques coups. Le contact avec la Suède s’est fait au Ghana, par le biais d’un agent américain. Au début, il était prévu que j’aille jouer à Malmö. Mais quand je suis arrivée en Suède, les caisses étaient vides. Deux semaines plus tard, le Sunnana SK, le club de Skelleftea, m’a fait une offre et je suis venue m’installer là. Le football m’a ouvert de nouveaux horizons. Mon talent a été découvert dès l’école primaire, mais c’est surtout au collège qu’on m’a encouragée dans cette voie. Le club nigérian des Rivers Eagles m’a ensuite donné la chance de faire mes preuves. Mais les plus beaux moments de ma carrière ont T H E F I FA W E E K LY
sûrement été les matches disputés sous le maillot de l’équipe nationale, je pense en particulier aux Coupes du Monde 2003 et 2007 ou aux Jeux Olympiques de 2000, 2004 et 2008. J’ai aujourd’hui 38 ans, la plus grande partie de ma carrière est derrière moi. Il est encore trop tôt pour dire si j’ai des chances de disputer la Coupe du Monde Féminine 2015 avec le Nigeria. En revanche, il y a deux choses que je sais avec certitude : j’aimerais rester vivre en Europe et continuer à travailler dans le football. Ce sport est ma plus grande passion. Å Propos recueillis par Thomas Renggli
Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. 45
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The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)
COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA
Site Internet : www.fifa.com/theweekly
Un doublé hommes-femmes, un stade pour deux finales et une équipe au nom
Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Tél. +41-(0)43-222 7777 Fax +41-(0)43-222 7878
de fleur figurent au programme de cette semaine. À vous de jouer !
Cette fleur symbolise le nom d'une équipe qui a remporté la Coupe du Monde Féminine de football. Laquelle ?
1
Président : Joseph S. Blatter
H Suède P Norvège
Secrétaire Général : Jérôme Valcke
L Chine R Japon
Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio Rédacteur en chef : Thomas Renggli Conception artistique : Markus Nowak
2
Où les hommes et les femmes du même club ont-ils remporté leur championnat national ?
U
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A
Rédaction : Perikles Monioudis (rédacteur en chef adjoint), Alan Schweingruber, Sarah Steiner Collaborateurs réguliers : Jordi Punti (Barcelone), David Winner (Londres), Hanspeter Kuenzler (Londres), Roland Zorn (Francfort), Sven Goldmann (Berlin), Sérgio Xavier Filho (São Paulo), Luigi Garlando (Milan) Service photo : Peggy Knotz, Adam Schwarz
3
Production : Hans-Peter Frei (directeur), Richie Krönert, Marianne Bolliger-Crittin, Mirijam Ziegler, Susanne Egli, Peter Utz
Voici le logo d'un championnat international de football féminin organisé bien avant le lancement de la Coupe du Monde officielle. La finale a attiré plus de 100 000 spectateurs. Où était-ce ? C Chine S Mexique
G Italie T Afrique du Sud
Correction : Nena Morf Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : Dominik Petermann, Tatjana Haenni, Doris Ladstaetter, Ségolène Valentin, Mariana Soto, Andrea Grünenfelder, Xavier Breuil
4
Lors de quelle Coupe du Monde les femmes ont-elles disputé la finale dans un stade qui avait déjà accueilli la finale de la Coupe du Monde masculine ?
Secrétaire de rédaction : Honey Thaljieh Traduction : Sportstranslations Limited www.sportstranslations.com
E
H
S
T
Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch Contact : feedback-theweekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2014”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.
Solution de l’énigme de la semaine précédente : ROOM (explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly). Inspiration et application : cus
Faites-nous parvenir vos réponses le 12 mars 2014 au plus tard à feedback-theweekly@fifa.org. Les concurrents qui auront correctement répondu à toutes les questions jusqu’au 11 juin 2014 participeront à un tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour la finale de la Coupe du Monde, qui aura lieu le 13 juillet 2014. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations à : http://fr.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf T H E F I FA W E E K LY
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DEM ANDE Z À L A F IFA !
LE SONDAGE DE L A SEMAINE
Y a-t-il une alternative aux tirs au but ?
Comment la Coupe du Monde Féminine a-t-elle vu le jour ? Nina Meier, Düsseldorf (Allemagne)
L A RECORDWOMAN
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Anxiété. En finale de la Coupe du Monde Féminine 2011, il a fallu recourir aux tirs au but pour départager le Japon et les États-Unis. Les Américaines ont senti le vent tourner en leur défaveur : le Japon s'est imposé 3:1. L'épreuve des tirs au but a-t-elle un sens ? Ou faudrait-il déterminer le vainqueur autrement en cas de score nul au bout de 120 minutes ? Envoyez-nous votre avis à feedback-theweekly@fifa.org
1+14+85
R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E : À quoi ressemblera le football féminin dans dix ans ?
85 % Dans dix ans, le football féminin sera beaucoup plus professionnel qu'aujourd'hui.
14 % Il a atteint son zénith.
1 % Dans dix ans, on verra jouer des équipes mixtes.
L’ É V O L U T I O N
118
fédérations se retrouvent aujourd’hui
7
LES HABITUÉES
réalisations ont été signées par
dans le classement
Abby Wambach en 215 rencontres
mondial féminin de la
internationales. L’Américaine de
FIFA. 30 millions de
33 ans détient ainsi le record du
femmes et de jeunes
nombre de buts internationaux,
filles pratiquent le football aux quatre coins du
Coupe du Monde Féminine :
hommes et femmes confondus. Elle
globe. La capacité à procréer des femmes – et donc
les États-Unis, l’Allemagne, la
a en outre été à l’origine de 67 passes
l’avenir de l’humanité – ne semblent pourtant pas
Norvège, le Brésil, le Japon, le
décisives. Le bilan des matches
en danger. À travers la campagne Live Your Goals,
Nigeria et la Suède. Les Américaines
qu’elle a disputés est également
la FIFA espère accroître encore la popularité du
et les Allemandes ont triomphé deux
impressionnant : 182 victoires,
beau jeu version dames, à l’approche de la Coupe du
fois, la Norvège et le Japon une fois
25 nuls et seulement 8 défaites.
Monde Féminine 2015.
chacun.
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équipes ont pris part aux six éditions passées de la
T H E F I FA W E E K LY
Joern Pollex / Getty Images
Réponse de Thomas Renggli, rédacteur en chef : La première édition, en 1991, a été lancée à l’initiative de l’ancien Président de la FIFA João Havelange. Cette Coupe du Monde organisée en Chine rassemblait douze équipes. En 1999, le nombre de pays participants est passé à seize. En 2015 au Canada, pour la première fois, 24 sélections s’affronteront pour le titre. L’édition 1999, aux États-Unis, est considérée comme celle qui a marqué la véritable éclosion de la compétition. En tout, 1,2 million de personnes ont assisté aux 32 matches du tournoi. La finale entre le pays hôte et la Chine, au stade Rose Bowl de Pasadena, a attiré à elle seule 90 185 spectateurs, un record mondial. Le grand rendez-vous mondial féminin a lieu tous les quatre ans et se déroule toujours un an après la phase finale masculine.