The FIFA Weekly Edition #29

N° 29, 9 MAI 2014

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

ARGENTINE VALDANO PARLE DE MESSI BLATTER EN FINIR AVEC LES FAUTEURS DE TROUBLES WEBB UN RÊVE D’ENFANCE (PRESQUE) RÉALISÉ

Côte d’Ivoire

La relève après Drogba W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY

DANS CE NUMÉRO

6

Amérique du Nord et centrale 35 membres www.concacaf.com

Côte d’Ivoire : Le rêve européen L’équipe de Côte d’Ivoire jouit toujours d’une grande popularité dans le pays et ses supporters attendent la Coupe du Monde avec impatience. Pendant ce temps, le championnat national vivote dans son ombre. Ses meilleurs talents ne résistent pas longtemps aux sirènes européennes. Nous sommes partis à Abidjan, sur les traces de Drogba et de ses compatriotes.

19

Sepp Blatter : “Halte au chaos” Suite aux graves incidents survenus en Italie, le Président Blatter réclame des mesures sévères de la part de la police, des fédérations nationales, des ligues et des clubs.

24

“J’ai une image claire en tête” Jorge Valdano est devenu champion du monde en 1986, avec l’Argentine. Il revient pour nous sur ce titre et son expérience d’entraîneur.

Il évoque également les ambitions argentines en terre brésilienne.

36

U n’ Estate Italiana L’hymne de la Coupe du Monde 1990 a connu un vif succès en Italie et en Europe. En revanche, il a été boudé dans le reste du monde. Notre rubrique “Sound of Football” a tenté de trouver une explication.

Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

37

Howard Webb La finale de la Coupe du Monde 2010 a changé sa vie. L’arbitre anglais nous raconte son “Tournant”.

32

But du siècle de la FIFA Nous revenons sur la course folle de Maradona pendant la Coupe du Monde 1986.

La relève de Drogba Un footballeur en herbe travaille son jeu de tête à l'“Ivoire Football Academie”. À son âge, il n'a qu'une idée en tête : marcher sur les traces de son idole, Didier Drogba, et jouer dans un grand club européen.

Nic Bothma / Keystone

Coupe du Monde 2014 : Groupes A à C

VERS LE GRAND BUT™ 2

Groupe A

Groupe B

Groupe C

Brésil

Espagne

Colombie

Croatie

Pays-Bas

Grèce

Mexique

Chili

Côte d’Ivoire

Cameroun

Australie

Japon

T H E F I FA W E E K LY

L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

14

Madjid Bougherra Le capitaine de l’Algérie nous parle de ses espoirs pour la Coupe du Monde au Brésil.

12

Champion d’Australie Le Brisbane Roar a fêté son troisième sacre depuis la création de la A-League au pays des Socceroos.

Coupe du Monde 2014 : Groupes D à H

Getty Images (4)

Groupe D

Groupe E

Groupe F

Groupe G

Groupe H

Uruguay

Suisse

Argentine

Allemagne

Belgique

Costa Rica

Equateur

Bosnie-Herzégovine

Por tugal

Algérie

Angleterre

France

Iran

Ghana

Russie

Italie

Honduras

Nigeria

USA

République de Corée

T H E F I FA W E E K LY

3

EVERY GASP EVERY SCREAM EVERY ROAR EVERY DIVE EVERY BALL E V E RY PAS S EVERY CHANCE EVERY STRIKE E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L SHALL BE SEEN SHALL BE HEARD S H A L L B E FE LT

Feel the Beauty

BE MOVED

THE NEW 4K LED TV

“SONY” and “make.believe” are trademarks of Sony Corporation.

À DÉCOUVERT

Les voies du succès

L

a Côte d’Ivoire s’est qualifiée pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014 au Brésil. Cette troisième participation consécutive des Éléphants repose sur le talent et l’expérience de ses nombreux joueurs évoluant à l’étranger. Cet état de fait est loin de représenter une exception, de nombreuses fédérations profitent en effet de la formation reçue en Europe par leurs meilleurs éléments, qui reviennent ensuite prêter main forte à leur sélection. Mais au pays, comment se portent les futures générations ivoiriennes ? Pour le savoir, Grace Ligbet s’est rendue à Abidjan.

L

’Argentine est une grande nation de football, qui a remporté la Coupe du Monde chez elle en 1978 puis au Mexique en 1986. À Mexico, Diego Armando Maradona s’est vu remettre le trophée le plus convoité de la planète après la victoire de son pays 3:2 en finale contre l’Allemagne, mais aussi après avoir inscrit le But du siècle en quart de finale face à l’Angleterre. Aujourd’hui emmenée par Lionel Messi, que peut attendre l’Albiceleste de Brésil 2014 ? Jorge Valdano, buteur lors de la finale de 1986, nous livre sa pensée.

N

otre interlocuteur Howard Webb a dirigé la finale de la Coupe du Monde 2010 à Johannesburg. Toute son enfance, l’arbitre anglais, qui sera également du voyage au Brésil, a rêvé d’entrer un jour sur le terrain pour disputer une finale mondiale. Il n’imaginait certes pas qu’il serait alors dans la peau d’un homme en noir, mais les regrets se sont envolés depuis bien longtemps.

A

près les violents affrontements entre supporters qui ont accompagné la finale de la Coupe d’Italie à Rome, le Président de la FIFA Sepp Blatter rappelle que “les stades ne sont pas des zones de non-droit, mais des espaces de rencontre pour les amoureux de sport de tous les âges et de toutes les catégories sociales”. Les clubs doivent prendre leurs responsabilités, estime-t-il également. Å Perikles Monioudis

Afp

Coupe du Monde et but du siècle Diego Armando Maradona a marqué Mexique 86 de son empreinte.

T H E F I FA W E E K LY

5

CÔTE D’IVOIRE

Seule l’équipe nationale séduit Depuis son triomphe en finale de la Coupe d’Afrique 1992, la Côte d’Ivoire n’a plus gagné le moindre titre.

Pendant ce temps, le championnat national traverse de sérieuses difficultés.

L

Grace Ligbet

a Côte d’Ivoire suscite régulièrement l’enthousiasme des observateurs par la qualité de jeu, notamment en Coupe du Monde. Elle a véritablement attiré l’attention de la planète football pour la première fois en 2006. Les fans ivoiriens sont sous le charme de leurs stars… mais surtout de celles qui jouent en Europe. Le football local, lui, souffre d’un désintérêt croissant et d’une diminution du nombre de spectateurs. Plus grand monde ne suit la progression des clubs de première division ivoirienne que sont l’ASEC Mimosas, l’Africa Sports, le Stella Club d’Abidjan, le Stade d’Abidjan ou le Séwé Sport de San-Pédro, champion en titre. Pourtant, la plupart de ces clubs ont joué un rôle majeur dans l’évolution du football ivoirien.

Quelles sont les raisons de ce désamour ? Si les spectateurs ne vont plus dans les stades, c’est parce qu’ils pensent que le niveau des équipes

6

T H E F I FA W E E K LY

Emanuel Ekra / Keystone / AP

Didier Drogba, l’icône Les espoirs ivoiriens reposent sur la superstar.

CÔTE D’IVOIRE

Francois Mori / Keyston / AP

Au-dessus du lot L’ancien joueur de Chelsea Didier Drogba (en haut) avec ses coéquipiers ivoiriens.

locales est trop faible et qu’elles ne sont capables d’offrir qu’un spectacle médiocre. Les clubs, de leur côté, pointent du doigt le manque de moyens financiers pour garder leurs meilleurs joueurs.

“Le fait est qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de retenir un joueur”, souligne Francis Ouégnin, président de l’ASEC Mimosas et responsable de la section football du club. “Certains partent trop tôt. Mais comment retenir un footballeur que l’on paye 400 dollars US alors qu’à l’étranger, on lui offre dix fois plus ?”

Les centres de formation ont proliféré en Côte d’Ivoire. Le nombre de postulants pour les intégrer s’est multiplié ces dernières années.

Nombreux sont les jeunes joueurs qui interrompent leurs études et rêvent d’une grande carrière, mais dont les espoirs sont déçus. Il faut dire qu’une grande partie de ces écoles ne sont pas organisées de manière suffisamment professionnelle.

MimoSifcom, une école modèle L’un de ces centres, en revanche, est à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’une

formation de haut niveau : l’Académie MimoSifcom de l’ASEC Mimosas. Cette école dispose d’un cadre idéal et de bonnes infrastructures pour la progression des jeunes footballeurs. Julien Chevalier, responsable de la formation au sein de l’Académie, explique : “La formation à Mimos Sifcom est gratuite. Mais pour être retenu, il faut remplir douze critères de sélection en un an. La formation en elle-même dure d’un à quatre ans. L’âge moyen des jeunes qui intègrent l’Académie se situe entre 14 et 18 ans.”

En règle générale, deux séances d’entraînement sont prévues par jour, soit neuf à dix entraînements par semaine. Tout au long de leur parcours, les enfants et adolescents formés au centre acquièrent des compétences et aptitudes tactiques, techniques et physiques.

Par le passé, les succès de l’ASEC Mimosas se sont avérés déterminants pour le football ivoirien et même africain en général. Jusqu’à présent, trois générations de joueurs sont sorties de l’Académie MimoSifcom. Mais le contexte a évolué et “la concurrence est devenue plus forte”, comme le souligne Chevalier.

T H E F I FA W E E K LY

La réussite du centre de formation n’empêche pas l’ASEC Mimosas de connaître des hauts et des bas. Le club attend un nouveau titre de champion depuis trois ans. À cela s’ajoutent des performances plutôt modestes dans les compétitions continentales. Si une telle institution souffre, on imagine aisément que les autres équipes ivoiriennes connaissent elles aussi de sérieuses difficultés.

Remettre les grands derbies au goût du jour La solution pourrait passer par une politique portée par l’État et les structures fédérales. On parle par exemple de relancer les grands derbies, à l’image de ceux qu’on voit dans les championnats les plus huppés. Cela pourrait donner un nouveau souffle à de nombreux clubs locaux qui disposent de peu de moyens financiers. Un retour massif des spectateurs dans les stades entraînerait une augmentation des revenus liés à la vente des billets et permettrait d’attirer des sponsors potentiels pour les clubs. Mais il y a déjà eu des tentatives pour introduire de la 7

A FIFA World Cup in Brazil is just like Visa: everyone is welcome.

™

TM & © 2014 Lucasfilm Ltd. All Rights Reserved. Used Under Authorization.

CÔTE D’IVOIRE

AFP

Précurseur L­ ’Ivoirien Laurent Pokou s’entraînant avec le Stade Rennais (janvier 1974).

nouveauté. En 2012 et 2013, les spectateurs pouvaient assister gratuitement aux matches de première division. Pourtant, les gradins sont restés vides.

d’ambassadeurs auprès des jeunes et leur expliquer qu’ils doivent bien préparer leur avenir.

Pour faire carrière en Europe, il faudrait d’abord avoir fait ses preuves au n ­ iveau national.”

Les anciens dans le rôle d’ambassadeurs En revanche, l’équipe nationale avec ses stars évoluant en Europe fait toujours recette. Ses matches sont retransmis par des chaînes privées largement diffusées. Quand la sélection ivoirienne participe à un tournoi, l’euphorie s’empare de tout le pays. Tous les fans de football ivoiriens ont déjà coché la date du 14 juin dans leurs agendas. Ce jour-là, les Éléphants feront leurs débuts en Coupe du Monde 2014 contre le Japon.

C’est notamment le cas d’Abdoulaye Traoré, qui s’est illustré entre 1985 et 1998 comme l’un des meilleurs attaquants de son pays. Il porte un regard critique sur l’évolution du football et souligne l’importance de la la transmission des expériences : “Les aînés devraient jouer un rôle

La génération Drogba fait rêver Cela pourrait contribuer à augmenter l’attractivité du championnat, au moins dans un premier temps et ce même si les joueurs de Ligue 1 ivoirienne continuent à rêver d’une carrière internationale. Leurs modèles, ce sont les footballeurs de la génération de Didier Drogba, du Camerounais Samuel Eto’o et des grands noms du football mondial que sont Lionel Messi, Zlatan Ibrahimovic et Cristiano Ronaldo. “J’aimerais soulever un jour la coupe aux grandes oreilles”, confiait récemment Touré Amara, un jeune talent ivoirien de 19 ans. Nzue Kouassi Ghislain, qui a triomphé avec la Côte d’Ivoire dans le tournoi international juniors de Montaigu en France, partage le même idéal : “Je rêve de l’Europe.” Å

T H E F I FA W E E K LY

Équipe nationale de Côte d’Ivoire Association Fédération Ivoirienne de Football Sélectionneur Sabri Lamouchi (FRA) Participations à la Coupe du Monde 2006, 2010, 2014 Matches de groupes en Coupe du Monde 2014 Japon (14 juin), Colombie (19 juin), Grèce (24 juin) Classement mondial FIFA 21ème place Les joueurs-clés Didier Drogba (Galatasaray Istanbul), Salomon Kalou (Lille), Didier Zokora (Trabzonspor), ­ Yaya Touré (Manchester City), Gervinho (AS Roma), Emmanuel Eboué (Galatasaray Istanbul), Kolo Touré (Liverpool)

9

Nic Bothma / Keystone

CÔTE D’IVOIRE

10

T H E F I FA W E E K LY

CÔTE D’IVOIRE

Le berceau des stars africaines Le football ivoirien a entamé son ascension il y a plus de cinquante ans.

Grace Ligbet

C

ôte d’Ivoire, 1960 – des joueurs comme Laurent Pokou, Kallet Bially, Niankouri Joseph ou encore Blé Théodore écrivent les premiers chapitres de la riche histoire du football ivoirien. Ces premiers exploits s’inscrivent dans un contexte difficile : les structures font cruellement défaut au niveau de l’organisation et des derbies ont lieu entre les différentes régions. Ces footballeurs n’ont jamais reçu de formation. Ils incarnent la passion la plus pure pour le football.

Leur goût pour le beau jeu constitue pratiquement leur unique point commun.

Laurent Pokou, le précurseur Dans les années 70, Laurent N’Dri Pokou s’impose comme la figure de proue du football ivoirien grâce à ses qualités de dribbleur et son extraordinaire sens du but. Son passage à l’ASEC Abidjan lui donne l’occasion de se faire un nom et de remporter les plus grands titres de sa carrière. Sur le plan national, il est élu à deux reprises Joueur ivoirien de l’année.

Il compte également deux titres de meilleur buteur de la Coupe d’Afrique à son palmarès : en 1968 en Éthiopie (six réalisations) et en 1970 au Soudan (huit). Lors d’un match, il inscrit cinq buts à lui seul, ce qui lui vaut d’être immédiatement surnommé “l’Homme d’Asmara”. Avec 14 réalisations, Laurent Pokou est resté meilleur buteur de la Coupe d’Afrique pendant 38 ans, jusqu’à l’avènement du Camerounais Samuel Eto’o.

Didier Drogba, la superstar Depuis 2002, Didier Drogba s’est imposé comme le digne héritier de Pokou au sein de

T H E F I FA W E E K LY

la sélection ivoirienne. L’attaquant, qui a fait l’essentiel de ses classes en France, accède à une renommée mondiale lors de son passage à Chelsea mais aussi grâce à son engagement humanitaire. En 2007, l’ancien Marseillais est nommé Ambassadeur de bonne volonté de l’ONU. Quatre ans plus tard, il intègre la Commission de Vérité et de Réconciliation de Côte d’Ivoire.

En route vers les sommets Le réservoir de talent ivoirien semble inépuisable. Dans les années 90, les espoirs du centre de formation de l’ASEC Mimosas, fondé en 1994, partent directement tenter leur chance dans de grands clubs étrangers. De grands noms du football européen comme Kolo Habib Touré (Liverpool), Salomon Kalou (Lille) ou Emmanuel Eboué (Galatasaray Istanbul) ont été formés par Jean-Marc Guillou, le fondateur de l’école “Académie JMG”. Cette génération représente environ 90 pour cent des internationaux actuels.

Le derby d’Abidjan Dans les années 80, le championnat de Côte d’Ivoire est dominé par un duel qui oppose deux formations abidjanaises : derrière l’ASEC Mimosas, l’Africa Sports s’impose comme le deuxième club le plus titré du pays. Les derbies entre ces deux équipes tirent l’ensemble du football ivoirien vers le haut et le propulsent sur le devant de la scène continentale. Ces deux géants nationaux ont remporté deux Coupes d’Afrique des Vainqueurs de Coupe (1992 et 1999), une Ligue des Champions (1998) et deux Super Coupes d’Afrique (1993 et 1999). Å

11

LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES Les Lions rugissent à nouveau Jordi Punti est écrivain et auteur de nombreux articles sur le football dans les médias espagnols.

Taxez-moi d’eurocentriste si vous le voulez. En tout cas, quand je me penche sur les championnats des antipodes, de l’Asie à l’Océanie, je ne peux m’empêcher de voir les reflets de leurs pendants européens, des copies d’un monde parallèle dans lequel on retrouve les mêmes schémas, styles, modes et manies. Peut-être arrivent-ils sur le tard et quelque peu émoussés, mais pratiquement tous leurs acteurs sont un jour passés par le Vieux Continent. Il n’est donc pas étonnant de les voir reproduire ce qu’ils connaissent déjà.

Ce constat a trouvé une parfaite illustration dans la grande finale du championnat d’Australie, qui opposait le Brisbane Roar FC au Western Sidney Wanderers FC dimanche dernier. Les deux clubs ont confirmé lors des play-offs leur excellente saison régulière, qu’ils ont terminée aux première et deuxième places respectivement. Difficile, en regardant le match, de ne pas détecter certains parallélismes avec les demi-finales de la Ligue des champions de l’UEFA. Je ne parle pas de résultats, mais de l’opposition entre le football du Bayern Munich, basé sur la possession, et les styles du Real Madrid, de l’Atlético de Madrid ou de Chelsea, misant sur l’agressivité et les contres éclair.

Le maillot de Brisbane, de couleur orange, est un clin d’œil à ses origines. Ce club a été fondé en 1957 sous le nom de Brisbane Lions par un centre

d’immigrés néerlandais. Ce lien de parenté avec l’Orange mécanique se retrouve sur le rectangle vert. Son entraîneur anglo-australien, Mike Mulvey, propose un football basé sur la possession, ouvert sur les couloirs et caractérisé par une forte présence de son joueur marquee, le milieu allemand Thomas Broich, et de son meilleur passeur, Luke Brattan. Quant au Western Sydney Wanderers FC, qui est né il y a deux ans à peine, son nom rend hommage au premier club de football fondé en Australie, les Wanderers de Sydney, à la fin du 19ème siècle. Les couleurs et l’écusson ont été choisis au moyen d’un vote auprès de ses nouveaux supporters. Il était écrit que les Wanderers formeraient une équipe de contre, peut-être par souci de se démarquer de leurs rivaux du Sydney FC. C’est ainsi que l’entraîneur Tony Popovic s’appuie sur un solide bloc défensif et sur les talents d’organisateur de l’une de ses stars, le Japonais Shinji Ono. La formule s’est révélée payante puisque le club a remporté le titre dès sa première saison, l’an dernier, avant de retrouver la finale cette année.

Compte tenu des forces en présence, il fallait s’attendre à une finale très disputée entre le Brisbane Roar et les Western Sydney Wanderers.

Au terme de 90 minutes marquées par de nombreuses occasions de part et d’autre, le match s’est soldé par un nul 1:1. La décision s’est faite en faveur de Brisbane (2:1) dans les dernières minutes de la prolongation. Après une première période très équilibrée, le défenseur Matthew Spiranovic a ouvert le score pour les Wanderers sur corner. Suite à ce but, chaque équipe a suivi son instinct : Sydney en adoptant un dispositif encore plus prudent et Brisbane en redoublant d’efforts en attaque. À cinq minutes de la fin, le Roar a égalisé par l’intermédiaire de Besart Berisha, son joueur le plus remuant, qui a repris de la tête un centre de Broich. Tout était donc

Avec fanfare et trompettes Le Brisbane Roar fête son titre en A-League.

12

réuni pour un final haletant. En prolongation, c’est le Brésilien Henrique, entré en seconde période, qui a donné la victoire aux Orange grâce à une frappe dans la surface.

Les Lions rugissent de nouveau dans l’A-league et le Roar devient l’équipe la plus titrée des neuf éditions disputées. Thomas Broich a été élu meilleur joueur du match pour Brisbane et Iacoppo la Rocca a obtenu la même distinction chez les Wanderers. Au-delà des résultats, cette nouvelle saison a confirmé la belle période du football en Australie. Les Socceroos sont qualifiés pour la Coupe du Monde et le public semble de plus en plus passionné par le football de clubs. Le record d’affluence a encore été battu cette année et ils étaient plus de 50 000 à s’être massés dans le Suncorp Stadium de Brisbane pour assister à la finale.

Le meilleur représentant de l’essor du football australien en termes de combativité et de qualité est l’une des stars du Brisbane Roar, Besart Berisha. L’attaquant albanais est un globe-trotter du ballon rond. Après avoir écumé les deuxièmes divisions anglaise et allemande, il est arrivé en Australie à 26 ans pour porter les couleurs du Brisbane Roar. C’est là qu’il a le mieux réussi, avec un style de jeu très accrocheur, physique et débridé qui ne manque pas de déranger, même chez ses propres coéquipiers. Si les joueurs des Wanderers ont pleuré après leur défaite en finale, Berisha a lui aussi versé des larmes de gratitude et de tristesse. Car s’il a gagné le titre avec Brisbane, il est déjà acquis qu’il jouera la saison prochaine au Melbourne Victory, où il doublera son salaire et deviendra ainsi l’un des joueurs les mieux payés de l’A-League. Comme cela se produit avec les stars émergentes en Europe, les transferts sont monnaie courante dans le championnat d’Australie. Å

Robert Cianflone / Getty Images

Australie : Hyundai A-League

T H E F I FA W E E K LY

Mêlée dans la surface de réparation Lors du match nul 1:1 contre Brøndby, Georg Margreitter, du FC Copenhague, saute le plus haut.

Superligaen du Danemark

La bataille de Copenhague Sven Goldmann est spécialiste du football au quotidien Tagesspiegel de Berlin.

Lars Rønbøg / Frontzonesport / Keystone

Le calme est revenu à Copenhague. Depuis les rangs trois et quatre du classement, les deux grands clubs que sont le Brondby IF et le FC Copenhague sont spectateurs de la lutte entre le FC Midtjylland et l’Aalborg BK pour la tête du championnat – et pour les places lucratives en Ligue des Champions. Le champion de Superligaen décroche une place directe, le deuxième gagne un accès aux qualifications.

Pour Brondby, la troisième place constituerait un exploit. Ce club de la banlieue a failli être relégué en deuxième division l’année passée et est aujourd’hui en pleine réorganisation. Pour le FC Copenhague, tenant du titre, le constat est en revanche décevant : le club n’a plus qu’une chance théorique d’atteindre l’objectif traditionnel de sa saison au cours des trois derniers matches. Il y a quatre ans à peine, le FC Copenhague était pourtant la première équipe danoise à atteindre les huitièmes de finale de la Ligue des Champions.

Dimanche dernier, les choses sont allées très loin au stade Parken, l’enceinte la plus moderne du Danemark. 33 000 supporters sont venus assister au duel entre les deux clubs de la capitale, que les Danois appellent New Firm en référence au derby de Glasgow entre le Celtic et les Rangers. Le FC Copenhague n’allait déjà pas bien avant cette rencontre. Carsten Vagn Jensen a d’ailleurs été limogé. Cette décision en a surpris plus d’un, car Jensen était au service du club depuis 1993. Il a été joueur, entraîneur adjoint, entraîneur, puis dernièrement directeur sportif. C’est l’entraîneur actuel, Stale Solbakken, qui assurera l’intérim à ce poste.

La première rencontre du Norvégien Solbakken sous une double casquette a failli se terminer en catastrophe, c’est-à-dire par la première défaite à domicile contre Brondby depuis dix ans. Si le FC Copenhague dominait la partie, il ne parvenait pas à marquer.

Brondby, lui, y est arrivé. Un quart d’heure avant la fin, le gardien Johan Wiland n’a pas

réussi à repousser un tir du Zimbabwéen Quincy Antipas. Le ballon s’est retrouvé aux pieds du Paraguayen José Ariel Núñez, que Brondby a acheté au Club Libertad d’Asunción en janvier dernier. Le joueur n’avait plus qu’à pousser la balle dans le but vide. Peu après cette réalisation que tout le monde pensait décisive, l’entraîneur Thomas Frank a remplacé l’attaquant par le Sud-Africain Lebogang Phiri, afin de renforcer sa défense. Cela a fonctionné pendant un long moment. Mais lorsque dans les arrêts de jeu, Pierre Begtsson a réalisé un dernier centre vers la surface de réparation de Brondby, Thomas Delaney a bondi et égalisé de la tête.

Les joueurs avaient terminé leur travail, mais la police, elle, a dû procéder à une intervention spéciale. On a alors compris pourquoi les forces de l’ordre danoises qualifiaient le derby de “bataille de Copenhague”. En quittant le stade, 200 fans se sont livrés à une bagarre de masse. Å

“Brondby et le FC Copenhague sont spectateurs de la lutte pour le titre.”

T H E F I FA W E E K LY

13

Nom Madjid Bougherra Date et lieu de naissance 7 octobre 1982, Longvic (France) Parcours en tant que joueur FC Gueugnon, Crewe Alexandra, Sheffield Wednesday, Charlton Athletic, Glasgow Rangers, Lekhwiya Équipe nationale 58 sélections, 3 buts Sven Simon

Coupe du Monde 2014 Matches de groupes : Belgique (17 juin), République de Corée (22 juin), Russie (26 juin)

14

T H E F I FA W E E K LY

L’ I N T E R V I E W

“Se donner à fond et prendre du plaisir” Après avoir remporté un troisième titre de champion du Qatar avec Lekhwiya, Madjid Bougherra (Algérie) rêve de connaître le même succès avec l’Algérie pour sa deuxième Coupe du Monde. Avec The FIFA Weekly, il revient sur sa vie au Qatar, son expérience aux Glasgow Rangers, ses objectifs pour Brésil 2014 et la responsabilité sociale du football.

Après un beau parcours en France, en Angleterre et en Écosse, vous êtes parti au Qatar.

Pourquoi avoir choisi Lekhwiya ?

Madjid Bougherra: Sincèrement, ce qui m’a poussé à signer avec Lekhwiya, c’est le grand projet des dirigeants, qui veulent construire un grand club au Qatar et en Asie. Durant les trois années que j’ai passées ici, nous avons remporté deux championnats et une Coupe du Prince héritier. Nous sommes devenus l’un des clubs les plus respectés du Qatar et avons fait parler de nous au niveau continental.

Vous avez joué la Ligue des Champions de l’UEFA. Comment jugez-vous l’écart de niveau avec la Ligue des champions de l’AFC ? Que manque-t-il à l’Asie pour se rapprocher de l’Europe ?

On ne peut pas comparer ces deux compétitions. En Europe, le niveau est exceptionnel.

Nous ne sommes pas loin des plus grandes compétitions internationales : on trouve des joueurs exceptionnels et les stades sont pleins. En Asie, l’audience et le style de jeu sont différents. On peut dire que le niveau augmente à partir des quarts de finale.

Vous avez remporté le championnat écossais à trois reprises avec les Rangers. Suivez-vous encore cette équipe ?

Oui, je sais qu’ils viennent de monter en deuxième division écossaise. Le club a toujours de nombreux supporters et 50 000 personnes environ assistent à chaque match.

Je ne doute pas un seul instant que l’équipe retrouvera l’élite.

Parlons un peu de l’Algérie. Que pensez-vous de ses performances ces quatre dernières années ?

La Fédération fait beaucoup et, franchement, les choses se sont améliorées depuis six ou sept ans. Les joueurs sont choyés et un centre d’entraînement a été construit spécialement pour l’équipe nationale. De plus, nous disposons de nombreux professionnels évoluant en Europe, sans oublier que Vahid Halilhodzic

a fait du bon boulot. Aux jeunes joueurs de la nouvelle génération de continuer sur cette lancée durant les quatre prochaines années.

Vous avez brillé en Afrique du Sud, notamment contre l’Angleterre. Quels sont vos souvenirs de la compétition et de ce match ?

C’était un match fantastique à guichets fermés. J’étais heureux de jouer contre les Anglais. La météo était favorable et nous avons réalisé un bon match, face à une grande équipe. Personne n’imaginait un tel résultat (0:0, ndlr.) Tout le monde nous voyait perdants.

Nous avons montré le vrai visage du football algérien dans cette rencontre. Je regrette simplement que nous n’ayons pas obtenu de meilleurs résultats dans le tournoi. La peur nous a freinés mais nous avons acquis une belle expérience, qui nous sera utile au Brésil.

À propos du Brésil, l’Algérie va disputer son deuxième Mondial de suite dans un mois.

Quelles sont vos chances dans le Groupe H ?

Notre objectif est de franchir le premier tour pour la première fois de notre histoire.

Le peuple attend de nous que nous démontrions les progrès du football algérien et que nous soyons fair-play. Certains joueurs vont disputer leur première grande compétition.

C’est aux anciens de leur dire de se donner à fond et de prendre du plaisir.

un message autour de la responsabilité sociale du football. Lorsque vous êtes joueur de haut niveau, vous devez donner l’exemple. J’ai assisté à plusieurs événements organisés par l’Unicef en Algérie et j’en suis très heureux.

J’ai également créé la fondation Bougherra pour aider les jeunes et les ­familles dans le besoin.

Quel rôle social peut jouer le football, en particulier loin des terrains ?

Je me suis engagé car je considère que le football peut faire beaucoup pour la société.

Un joueur doit utiliser son image pour des actions positives car le football est un beau sport, pratiqué par des millions de personnes dans le monde. Personnellement, j’ai le plus grand respect pour les joueurs qui aident à développer le football et s’engagent dans la société. Beaucoup d’entre eux sont nés dans des quartiers pauvres et ils se sentent investis d’une mission, ce qui démontre la force du football à notre époque. Å Propos recueillis par Mohammed Hallal

Le public vous surnomme “le Magicien”.

Depuis quand et pour quelle raison ?

Lorsque je jouais à Crewe Alexandra, le club n’avait pas remporté la moindre victoire depuis 17 matches et, dès ma première sortie, nous avons gagné. Les résultats positifs se sont enchaînés par la suite, c’est ce qui a poussé les supporters de club à m’appeler “le magicien”.

Vous avez été nommé ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef en Algérie. Que représente cette responsabilité à vos yeux ?

C’est très important pour moi car c’est l’occasion d’aider les enfants et de faire passer T H E F I FA W E E K LY

15

game onor game over

all in or nothing

adidas.com/worldcup Š 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.

EN ROUTE POUR LE BRÉSIL : PLUS QUE 34 JOURS

→ http://www.fifa.com/worldcup

La FIFA distribue 50 000 billets aux ouvriers des stades Il ne reste plus qu’un mois avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde.

Les ouvriers des stades vont se voir remettre un présent un peu spécial en remerciement de leur dur labeur.

Marcio MacCulloach

Eraldo Peres /Keystone/ AP

D

ésireuse de remercier ceux qui ont travaillé dur à la réalisation de la Coupe du Monde au Brésil, la FIFA compte offrir près de 50 000 billets aux ouvriers impliqués dans la construction ou la rénovation des douze stades de la compétition.

Les places seront distribuées aux entreprises chargées des travaux sur les différents stades, qui les remettront ensuite à leurs ouvriers. Les critères de distribution et la quantité de billets alloués seront à la discrétion de chaque entreprise. Les ouvriers auront droit à des places de catégorie 4 pour tous les matches du premier tour, à l’exception du match d’ouverture de la Coupe du Monde, qui opposera le Brésil à la Croatie le 12 juin à São Paulo.

Les Centres de Billetterie sur Site sont ouverts Comme convenu avec les entreprises, la quantité de billets par stade a été établie en fonction du nombre final d’ouvriers impliqués dans les travaux de chaque enceinte. La répartition des billets par stade est en effet proportionnelle au pourcentage d’ouvriers ayant travaillé sur chaque arène.

Les billets seront distribués à la mi-mai. Ils devront être retirés par un représentant désigné par chaque entreprise. Les entreprises effectueront elles-mêmes la remise des places aux ouvriers. À l’heure qu’il est, plus de 2,73 millions de billets pour la Coupe du Monde ont trouvé preneurs. Depuis le 18 avril, les Centres de Billetterie sur Site de la FIFA ont ouvert leurs portes T H E F I FA W E E K LY

dans onze des douze villes hôtes. Pour retirer leurs billets, les clients doivent présenter un document officiel comportant une photo et la carte de paiement utilisée pour la transaction.

Les personnes bénéficiant de tarifs spéciaux (personnes âgées, étudiants, bénéficiaires de l’aide gouvernementale “Bolsa Família” et personnes à mobilité réduite ou handicapées) devront obligatoirement présenter les justificatifs correspondants.

En outre, près de 540 000 places seront remises à partir du mois de mai aux personnes ayant choisi l’option “Livraison des Billets” lors de leur achat. Å

17

LE DÉBAT

La tare du football

Recife, Rome, Berne : les fauteurs de troubles ­ternissent sévèrement l’image du football.

Mais les échauffourées dans les stades sont avant tout un reflet des problèmes de société.

Thomas Renggli

S

i l’on dresse le bilan du football international de ces dernières semaines, on se croirait presque en temps de guerre : bagarres et échanges de coups de feu dans les rues de Rome avant la finale de la Coupe d’Italie (trois tifosi blessés par balle) ; un mort dans les émeutes qui ont éclaté à Recife, au Brésil, autour d’une rencontre de deuxième division entre Santa Cruz et Parana ; une bande d’agitateurs qui sème la zizanie à Berne en marge de la finale de la Coupe de Suisse, entraînant pas moins de 45 arrestations.

En ce moment, les statistiques sur la criminalité ont remplacé les meilleurs buteurs en première page des journaux et nuisent considérablement à la réputation du football professionnel. La 18

situation semble échapper à tout contrôle, principalement en Italie. Depuis la tribune d’honneur du stade olympique de Rome, Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien, a pu prendre la mesure de la situation le week-end dernier. Entouré de grands noms de la politique, du football et du spectacle, il a assisté à une scène désolante : depuis son virage, Gennaro De Tommaso, chef des ultras napolitains connu dans tout le pays, a imposé sa loi, prenant littéralement en otage le calcio. La situation est loin d’être simple, comme l’illustrent les origines de l’acteur principal de ce drame : De Tommaso est en effet le fils d’un chef de clan de la Camorra, la mafia napolitaine.

Avant la rencontre, Daniele De Santis, le capo des ultras de l’AS Rome, avait mis en scène une véritable vendetta dans les rues de la capitale italienne, avant de dégainer un pistolet et de faire T H E F I FA W E E K LY

Les débats de The FIFA Weekly Qu’est-ce qui vous interpelle ?

De quels sujets aimeriez-vous discuter ? Envoyez vos propositions à : feedback-theweekly@fifa.org.

Getty Images / Central Press

Présence policière La police montée se charge de faire respecter l’ordre dans le stade de Wembley lors de la finale de la Coupe d’Angleterre de 1923. Le match entrera dans l’histoire sous le nom de “White Horse Final”.

feu sur les supporters napolitains. Le match, qui opposait Naples à la Fiorentina, s’est par ailleurs conclu sur le score de 3:1.

Si le président du Conseil, Renzi, a assisté désemparé à la triste scène, la police et la justice italiennes semblent elles aussi démunies face à ce phénomène. Pendant que les ultras parviennent tant bien que mal à garder les stades sous contrôle, les dérapages se multiplient autour des enceintes. Les sanctions semblent avoir pour effet d’encourager les fauteurs de troubles. Le président italien Giorgio Napolitano a déclaré au sujet des récents événements : “Ces débordements sont le reflet de la crise morale de notre pays. Nous ne devons pas négocier avec ces fauteurs de troubles. Ceci est également valable pour les présidents des clubs. Ils doivent rompre les liens qui les unissent à ces individus issus du crime organisé et du monde de l’illégalité et qui se prétendent supporters.”

Si l’on jette un regard aux championnats voisins, on se rend compte que seules les sanctions draconiennes, assorties de mesures préventives, sont susceptibles d’apporter des solutions. ­L’Angleterre constitue ici un cas d’école. Suite à la catastrophe survenue en 1985 dans le stade du Heysel (39 morts), des mesures drastiques ont été prises : interdiction de l’alcool dans les gradins, suppression des tribunes debout, arrivée et départ des supporters sous surveillance policière, vidéosurveillance, interdiction de stade pour certains et obligation de se présenter à la police. Depuis, la situation en Premier League s’est sensiblement apaisée. Par ailleurs, la hausse générale du prix des billets a modifié la composition du public.

De son côté, la Turquie, elle aussi victime de multiples débordements, a choisi une voie plus originale : Fenerbahçe Istanbul a ainsi récemment fêté son titre de champion devant un ­public composé exclusivement de femmes et d’enfants. L’absence de spectateurs masculins pendant les matches a pour but de civiliser l’ambiance qui règne dans les stades. Les scandales de matches truqués et de corruption survenus en 2011 continuent néanmoins de ternir l’image de la Süper Lig et réduisent quasiment à néant les efforts fournis par ailleurs. Conclusion : en Turquie comme en Italie, même les sanctions les plus sévères restent inefficaces face à des dérives profondément ancrées dans la société. Å

LE DÉBAT

Seules les sanctions exemplaires peuvent (malheureusement) nous dissuader d’enfreindre les règles. La peur de se faire retirer son permis, de payer de grosses amendes, d’être jeté en prison, d’être interdit d’assister à des manifestations publiques, d’être exclu d’une association, d’être mis au ban de la société par la publication de nos faits, de devoir effectuer de pénibles travaux d’intérêts général, etc. Celui qui n’a pas peur des conséquences osera tout. Lors des réunions massives, la police montée est un instrument efficace, car sa seule vue impose le respect, mais aussi la crainte. La présence des chevaux limite les agressions et peut calmer les esprits dans une foule agitée. L’Angleterre et l’Allemagne prouvent que cela marche, mais Zurich a décidé de supprimer cette unité.

Bernhard Sorg, Wallisellen (Suisse)

“Seules les ­sanctions exemplaires peuvent nous dissuader d’enfreindre les règles.”

La violence n’est pas liée au football, c’est un problème de société. Les clubs doivent bien sûr endosser leur part de responsabilité et rechercher le dialogue avec leurs supporters, mais ils ne peuvent rien faire contre les problèmes de société. Une collaboration saine entre un club et ses fans aide à minimiser les incidents dans les stades, voire à les supprimer. Mais ce qu’il se passe en dehors des enceintes n’est tout simplement pas du ressort des clubs, ni de celui des groupes de supporters organisés. S’il existait une solution simple au problème posé par la violence

LE BILLET DU PRÉSIDENT

autour du football, de nombreux autres conflits de ce monde auraient déjà été résolus depuis longtemps.

Stefan Berger, Kufstein (Autriche)

Le football pourrait être si beau ! Les rivalités font partie du décor, mais elles doivent rester sportives. Sur le terrain, en général, les deux équipes ne passent pas leur temps à se taper dessus. Il est triste de voir quelques “supporters” gâcher le plaisir des autres. Je suis moi-même footballeur et j’allais très souvent au stade auparavant. J’ai arrêté à cause de la violence. À force de faire attention à ne pas se prendre de coups, on finit par ne plus regarder le match du tout.

Oliver G., Düsseldorf (Allemagne)

Toutes les parties concernées doivent faire beaucoup plus d’efforts. Les accompagnateurs de groupes de supporters ne servent à rien s’ils ne travaillent pas de concert avec les autorités.

Mais en Suisse, la police aussi échoue souvent à faire son devoir : quand une troupe de plusieurs centaines de policiers est envoyée pour isoler une dizaine de fauteurs de trouble et qu’elle n’y parvient pas, c’est qu’il y a un problème ! Je le répète, les coupables sur et en dehors des stades doivent être arrêtés immédiatement et sévèrement punis, comme en Angleterre. Il faut également renforcer la coopération entre les parties impliquées.

Mais en fin de compte, il s’agit là d’un ­problème de société. La bonne éducation, c’est d’abord chez soi qu’on la reçoit.

Ralph Hennecke, Zurich (Suisse)

Le seul moyen de régler ce problème est d’instaurer des sanctions plus sévères.

Les clubs doivent également prendre leurs distances avec les agitateurs et les fauteurs de troubles. Il n’est pas possible que ce soit un hooligan qui décide si et quand un match aura lieu dans les divisions supérieures.

Si les clubs, les fédérations et les autorités ne s’unissent pas contre ces personnes qui ne respectent pas notre société, les rencontrent finiront par se jouer dans des stades vides.

Personnellement, je refuse en tout cas de continuer à payer un billet à 55 euros ou plus pour aller voir un match (demi-finale de Coupe du Suisse FC Zurich – FC Thoune) si c’est en plus pour mettre en danger mon fils de 12 ans.

En finir avec les fauteurs de troubles

R

ecife, Rome, Berne … ces dernières semaines, en marge de matches de football, les agitateurs et les habitués des émeutes ont laissé derrière eux une épouvantable vague de chaos. Malheureusement, ces débordements ne sont pas des cas isolés. Ces scènes évoquent un mauvais film qui serait rediffusé tous les week-ends.

Maintenant, il faut mettre fin à cette soi-­ disant spirale infernale. La présidente brésilienne Dilma Rousseff a dit : “Un pays qui aime le football ne peut pas tolérer une telle violence dans les stades. La police doit faire preuve de la plus grande sévérité.” Elle a entièrement raison. Aux côtés des institutions de l’État, les clubs (donc les associations nationales et les ligues aussi) doivent être mis face à leurs responsabilités. Dans la plupart des cas, les auteurs de ces exactions sont connus.

Malheureusement, de nombreux présidents de clubs hésitent à prendre leurs distances avec de tels personnages. Cette stratégie les expose à un dangereux chantage. Les stades ne sont pas un espace de non-droit mais un lieu de rencontre pour les amateurs de sport de tous âges et de toutes origines sociales. Ceux qui refusent de le comprendre n’ont rien à faire près d’un terrain de football. Les clubs qui protègent les fauteurs de troubles doivent être punis de manière exemplaire. Toutes les sanctions sportives doivent être envisagées : du retrait de points à l’exclusion pure et simple de la compétition.

Edi Koller, Bülach (Suisse)

“La violence est un problème de société.”

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

19

First Love 20

T H E F I FA W E E K LY

Lieu: Carrière de calcaire d’Ungasan, Bali Date: 14 novembre 2005 Heu re: 17 h02

Photograph by Levon Biss with support from Umbro / RPM

T H E F I FA W E E K LY

21

LE CL ASSEMENT FIFA Classement Équipe Évolution Points

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 25 25 28 29 30 30 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 42 44 45 46 47 47 49 50 51 52 53 54 55 55 55 58 59 59 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77

Espagne Allemagne Portugal Brésil Colombie Uruguay Argentine Suisse Italie Grèce Angleterre Belgique Chili États-Unis Pays-Bas France Ukraine Russie Mexique Croatie Côte d’Ivoire Écosse Danemark Égypte Bosnie-et-Herzégovine Suède Algérie Équateur Slovénie Serbie Honduras Roumanie Arménie Costa Rica Panamá République tchèque Iran Ghana Turquie Autriche Venezuela Pérou Cap-Vert Nigeria Hongrie Slovaquie Japon Pays de Galles Tunisie Cameroun Guinée Finlande Ouzbékistan Monténégro République de Corée Norvège Paraguay Islande Mali Australie Burkina Faso Libye Sénégal Jordanie Afrique du Sud République d’Irlande Émirats arabes unis Bolivie Salvador Albanie Sierra Leone Pologne Bulgarie Trinité-et-Tobago Arabie saoudite Maroc Haïti

0 0 0 2 -1 -1 -1 0 0 0

1460 1340 1245 1210 1186 1181 1178 1161 1115 1082

0 0 1 -1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 -1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 -1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 -1 0 0 0 0 0 0 0 1 -1 0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 2

1043 1039 1037 1015 967 935 913 903 877 871 830 825 819 798 795 795 795 794 787 759 759 756 750 748 739 731 715 713 711 673 666 665 665 631 623 616 613 613 597 583 580 578 577 555 551 551 551 546 545 545 528 522 511 510 507 504 499 497 488 486 484 479 460 457 455 454 452

Rang

12 / 2013

01 / 2014

02 / 2014

→ http://fr.fifa.com/worldranking/index.html

03 / 2014

04 / 2014

05 / 2014

1 -41 -83 -125 -167 -209

78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 106 108 109 110 111 112 113 114 114 116 117 118 119 120 121 122 122 124 125 126 126 128 128 130 131 131 133 134 134 136 137 138 139 140 141 142 143 144

1ère place

Hausse du mois

Israël Zambie ARY Macédoine Jamaïque Oman Belarus Irlande du Nord Azerbaïdjan Ouganda Gabon RD Congo Togo Cuba Botswana Congo Estonie Angola Qatar RP Chine Bénin Zimbabwe Moldavie Irak Éthiopie Niger Géorgie Lituanie Bahreïn Kenya République centrafricaine Koweït Lettonie Canada Nouvelle-Zélande Luxembourg Guinée équatoriale Mozambique Liban Vietnam Soudan Kazakhstan Liberia Namibie Tadjikistan Malawi Tanzanie Guatemala Burundi République dominicaine St-Vincent-et-les-Grenadines Malte Afghanistan Chypre Suriname Rwanda Sainte-Lucie Gambie Syrie Grenade RDP Corée Nouvelle-Calédonie Mauritanie Philippines Lesotho Antigua-et-Barbuda Thaïlande Belize

T H E F I FA W E E K LY

0 -5 0 1 -1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 12 -1 0 0 0 0 9 -1 -6 -2 -2 -2 8 -3 -3 -2 0 -2 13 3 -3 -3 -3 -1

Baisse du mois

450 448 443 420 418 404 400 398 395 386 380 374 371 369 367 366 347 338 333 332 327 325 321 319 315 303 293 289 284 284 283 273 272 271 266 261 251 251 242 241 235 234 233 229 227 227 223 215 212 212 204 204 201 197 197 191 190 190 188 175 174 165 161 159 158 156 152

145 146 147 147 149 150 151 152 153 153 155 156 157 158 159 159 161 162 163 164 165 165 167 168 169 170 171 172 173 173 173 176 177 178 179 180 180 182 183 184 184 186 187 188 189 190 191 191 191 194 195 195 197 197 199 200 201 202 202 204 205 206 207 207 207

Malaisie Kirghizistan Singapour Inde Porto Rico Liechtenstein Guyana Indonésie Maldives Saint-Kitts-et-Nevis Aruba Turkménistan Tahiti Hongkong Pakistan Népal Barbade Bangladesh Dominique Îles Féroé Tchad Palestine São Tomé-et-Principe Nicaragua Bermudes Chinese Taipei Guam Îles Salomon Sri Lanka Laos Myanmar Seychelles Curaçao Swaziland Yémen Maurice Vanuatu Fidji Samoa Comores Guinée-Bissau Bahamas Mongolie Montserrat Madagascar Cambodge Brunei Timor oriental Tonga Îles Vierges américaines Îles Caïmans Papouasie-Nouvelle-Guinée Îles Vierges britanniques Samoa américaines Andorre Érythrée Soudan du Sud Somalie Macao Djibouti Îles Cook Anguilla Bhoutan Saint-Marin Îles Turks-et-Caicos

-3 1 -2 -2 -2 -1 -1 -1 0 0 0 0 0 0 2 0 1 1 -3 0 4 -1 -1 -1 -1 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 -4 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

149 148 144 144 143 139 137 135 124 124 122 119 116 111 102 102 101 98 93 91 88 88 86 84 83 78 77 75 73 73 73 66 65 64 63 55 55 47 45 43 43 40 35 33 32 28 26 26 26 23 21 21 18 18 16 11 10 8 8 6 5 3 0 0 0

23

ARGENTINE

24

T H E F I FA W E E K LY

ARGENTINE

“MESSI EST UN ARGUMENT MAJEUR” fotogloria

Jorge Valdano est devenu champion du monde en 1986 avec Maradona. Plus tard, il a entraîné le Real Madrid. Ce philosophe du football qualifie Messi de génie durant notre interview.

Mais au Brésil, selon lui, cela ne suffira pas à l’Argentine si elle veut remporter le titre.

T H E F I FA W E E K LY

25

ARGENTINE

Vous faites partie du club très fermé des joueurs ayant marqué un but en finale de Coupe du Monde. Maintenant que les années ont passé, quel est votre meilleur souvenir de cette soirée au Mexique ?

Le fait d’inscrire un but lors d’une finale de Coupe du Monde gagnée par son équipe, c’est un aboutissement, car il n’existe pas de plus grand ou de plus beau scénario. Si je n’avais pas eu cet honneur, le reste de ma vie aurait certainement été un peu moins heureux. Mes souvenirs de cette soirée sont tellement nets que j’ai peine à croire que près de tente ans se sont déjà écoulés. Un terrible rappel du temps qui passe se mêle à ma joie immense. Et ça, ce n’est pas réjouissant.

En observant les images, j’ai vu que lorsque Maradona avait envoyé le ballon au fond des filets, c’est vous qui êtes allé le rechercher.

Qu’avez-vous pensé à ce moment-là ?

Effectivement, c’est moi qui ai eu l’honneur de reprendre la balle que Maradona avait mise dans les buts. Inutile de dire que cet honneur est minime. À cet instant, j’ai pensé que cette réalisation appartenait plus à Diego qu’au reste de l’équipe et qu’il fallait le laisser la célébrer seul. C’est pourquoi, pendant qu’il hurlait sa joie, j’ai décidé de faire quelque chose d’utile : sortir le ballon de la cage.

Vous êtes arrivé dans le football espagnol à l’âge de 19 ans et êtes passé par différentes équipes : Alavés, Saragosse, le Real Madrid...

Ensuite, vous avez aussi été entraîneur pendant plusieurs années et directeur général du Real Madrid. Vous connaissez donc très bien le football espagnol. En quoi la sélection a-t-elle changé ces dernières années pour être aussi compétitive aujourd’hui ? Est-ce seulement une question de talent des joueurs ou est-ce parce qu’ils ont des caractères qui s’associent bien ?

La formation des footballeurs espagnols a connu une révolution, non seulement au Real Madrid et à Barcelone, mais également dans toutes les écoles de football du pays. Alors que toutes les nations étaient obsédées par le physique et la tactique, l’Espagne s’est concentrée sur la technique collective et s’est ainsi largement démarquée.

26

Comment imaginez-vous la prochaine Coupe du Monde ? Le Brésil, l’Espagne, l’Argentine et l’Allemagne sont a priori favoris. Quelles sont vos impressions à quelques semaines du coup d’envoi ? Quelle équipe peut être la révélation du tournoi ?

apparemment parfait pour la consécration.

Toutefois, ses blessures et sa saison avec le FC Barcelone laissent une place aux doutes.

Croyez-vous que le sélectionneur Sabella ait trouvé la solution pour que Messi se sente à l’aise dans l’équipe ?

Je pense qu’il y a deux influences très positives. Premièrement, le dernier champion est l’Espagne. Elle est devenue une référence footballistique mondiale et semble même avoir contaminé des équipes aussi traditionnelles que celles d’Allemagne ou d’Italie.

Deuxièmement, le tournoi se déroulera au Brésil, un pays passionné de football et capable d’apprécier tant l’efficacité que la beauté. J’espère que l’addition de ces deux forces donnera un grand mondial. Toutes les sélections classiques, c’est-à-dire celles qui ont déjà gagné une Coupe du Monde, sont prétendantes au titre. Selon moi, la Colombie et le Chili peuvent être des révélations.

Messi est un génie, quel que soit le maillot qu’il porte. Il sera l’argument majeur de l’Argentine au Brésil, mais pour remporter la Coupe du Monde, un génie ne suffit pas.

Quant à Sabella, il réalise du bon travail.

Parlons de l’Argentine. Messi se lancera dans la compétition à l’âge de 27 ans, un âge

Quel joueur de la sélection argentine actuelle vous rappelle, au niveau du caractère et du jeu, le Valdano qui a remporté la Coupe en 1986 ?

Di María, pour son large champ d’action.

Mais c’est tout. Pour le reste, nous sommes très différents.

Pensez-vous que l’Allemagne profitera de l’influence de Pep Guardiola à travers le Bayern Munich, comme Del Bosque l’a fait pour l’Espagne à travers le FC Barcelone ?

Je ne pense pas.

“Selon moi, la Colombie et le Chili peuvent être des révélations.”

Champion du monde et entraîneur des Galacticos

Jorge Valdano a eu l’honneur de gagner une Coupe du Monde (Mexique 1986) et de marquer un but en finale. Sa présence dans cette équipe historique qui tournait autour du génie Diego Maradona constitue l’apogée d’une longue carrière pleine de succès,

T H E F I FA W E E K LY

qui l’a conduit en Espagne dès l’âge de 19 ans. Rapide et élégant, Valdano était un joueur qui faisait de grandes enjambées et aimait déborder. Il a fait partie d’équipes comme le Real Saragosse et le Real Madrid.

Plus tard, il a entraîné le Real Madrid ainsi que le CD Tenerife et le Valence CF. Il a également été membre de la direction du Real Madrid. Jorge Valdano a écrit plusieurs livres sur le football, dans lesquels son expérience sportive se laisse emporter par un regard critique et intellectuel sur le ballon rond et par un style littéraire qui réunit la passion, l’analyse et la défense du bon jeu bien avant les résultats. Jordi Punti

Getty Images

Propos recueillis par Jordi Punti

Nom Jorge Alberto Francisco Valdano Castellanos Date et lieu de naissance 4 octobre 1955, Las Parejas, Argentine Poste Attaquant Parcours en tant que joueur 1973–1975 Newell’s Old Boys 1975–1979 Deportivo Alavés 1979–1984 Real Saragosse, Espagne 1984–1987 Real Madrid, Espagne Principaux succès en tant que joueur Champion du monde 1986 ; champion d’Espagne 1986, 1987 ; vainqueur de la Coupe de l’UEFA 1985, 1986 Parcours en équipe nationale 1975–1990, 23 sélections pour l’Argentine Parcours en tant qu’entraîneur 1992–1994 Tenerife 1994–1996 Real Madrid 1996–1997 Valence Succès en tant qu’entraîneur Champion d’Espagne 1995

Reinaldo Coddou/fotogloria

À propos de Guardiola, vous avez déclaré plus d’une fois que son passage à la tête du Barça avait constitué une innovation et un pas en avant. Si je me souviens bien, vous l’avez également qualifié de “Steve Jobs du football”.

Pouvez-vous nous dire en deux mots en quoi consiste cette modernisation ?

Guardiola a beaucoup de mérite parce que ses équipes cherchent toujours à faire le jeu. Il est beaucoup plus difficile et laborieux d’attaquer à huit sans se désorganiser que de défendre à neuf. Guardiola veut gagner avec mérite, risque et grandeur. Par ailleurs, c’est un innovateur. Il est capable de changer, même s’il connaît le succès. C’est quelque chose que j’ai vu très rarement en quarante ans dans le monde du football.

La Coupe du Monde représente également une bonne vitrine pour les nouveaux joueurs qui

veulent s’illustrer. À quels jeunes allez-vous accorder le plus d’attention ? De qui en attendez-vous le plus ?

Le Belge Hazard, le Colombien James Rodríguez et les Espagnols Thiago et Isco, si Del Bosque les emmène au Brésil... Les Coupes du Monde n’apportent plus de surprise. Nous savons tout sur tout le monde.

Depuis que vous n’êtes plus entraîneur, vous conciliez votre emploi de commentateur de football avec l’écriture d’articles, une approche plus intellectuelle du sport, et vous êtes même l’auteur d’une fiction. Qu’est-ce qui vous attire dans l’écriture ? Il est peu fréquent de voir le football dépasser le plan émotionnel pour s’aventurer sur un terrain plus rationnel...

L’amour est aussi une émotion et il a animé la littérature de tout temps. Alors, pourquoi ne pas écrire sur le football ? C’est T H E F I FA W E E K LY

un domaine aussi passionnant pour la réflexion que n’importe quel autre. De plus, je pense qu’il incarne la grande métaphore de notre époque.

Nous recommanderiez-vous un peu de lecture footballistique récente en rapport avec la prochaine Coupe du Monde ?

En espagnol, Héroes de nuestro tiempo, un livre de Santiago Segurola. Certains articles d’Enric Gonzalez (Espagnol), de Juan Villoro (Mexicain) ou de Juan Sasturaín (Argentin). Å

Pour en savoir plus à ce sujet, lisez la page 28.

27

ARGENTINE

Quatre finales de Coupe du Monde, deux victoires Après un démarrage hésitant, l’équipe d’Argentine a enchaîné une série de 14 rencontres sans défaite lors de la phase de qualification. Nous dressons un état des lieux de la sélection d’Alejandro Sabella à quelques semaines du début de la Coupe du Monde.

A

près avoir débuté sa campagne qualificative par une victoire large et prometteuse contre le Chili, l’Argentine a chuté pour la première fois de son histoire au Venezuela, avant de concéder le nul à domicile contre la Bolivie.

Alejandro Sabella, arrivé aux commandes après la Copa América 2011, était déjà sous pression. Mais l’Albiceleste a vite redressé la tête en allant battre la Colombie à Barranquilla, après avoir été menée au score.

Les hommes de Sabella n’ont plus jamais perdu dans les qualifications par la suite, signant une série d’invincibilité de 14 matches.

Grâce notamment à des victoires au Chili et au Paraguay et à des matches nuls en Bolivie, en Équateur et au Pérou, l’Argentine a réalisé sa meilleure campagne dans les qualifications sud-américaines depuis qu’elles sont passées au format actuel.

Le bilan final de la bande de Lionel Messi est de 35 buts marqués et de 15 concédés.

imago

Explosion de joie Mario Kempes après avoir inscrit le but du 2:1 en finale de la Coupe du Monde 1978.

28

T H E F I FA W E E K LY

ARGENTINE

L’Albiceleste a empoché son billet pour le Brésil à deux journées de la fin et terminé en tête des qualifications pour la troisième fois en cinq éditions.

Diego Zandrino

Bob Thomas / Getty Images

Passé en Coupe du Monde L’Argentine a disputé quatre fois la finale de l’épreuve reine, un chiffre qui la place d’emblée parmi les prétendants naturels à la couronne mondiale. L’Albiceleste manque d’abord la dernière marche en 1930, s’inclinant 2:4 face à l’Uruguay, pays hôte, lors de la toute première édition de l’épreuve reine.

Menée par le goleador Mario Kempes, elle monte sur la plus haute marche du podium chez elle en 1978, puis en 1986, elle récidive au Mexique, avec dans son rang un certain Diego Armando Maradona. L’Argentine a même la possibilité de réaliser la passe de deux en 1990 en Italie, mais elle rend les armes en finale face à l’Allemagne, qui l’emporte à la faveur d’un penalty d’Andreas Brehme.

Les joueurs-clés Élu quatre fois de suite Joueur mondial de la FIFA de 2009 à 2012, Messi est indiscutablement l’âme de l’Argentine. Vainqueur d’une longue série de titres avec le FC Barcelone, la Pulga voudrait enfin donner la pleine mesure de son talent sous la tunique albiceleste, après être resté étonnamment muet à Afrique du Sud 2010.

On trouve à ses côtés d’autres joueurs de premier ordre comme Gonzalo Higuaín, Sergio Agüero, Javier Mascherano, Fernando Gago et Ángel Di Maria. Å

MEILLEURES PERFORMANCES EN COMPÉTITION FIFA : • Vainqueur de la Coupe du Monde 1978 et 1986 • Médaille d’or olympique en 2004 et 2008 • Vainqueur de la Coupe des Confédérations 1992 • Médaille d’argent olympique en 1928 et 1996.

La sécurité avant tout Le capitaine argentin Daniel Passarella et le trophée de la Coupe du Monde, entourés de policiers.

T H E F I FA W E E K LY

29

emirates.com

Tomorrow brings us all closer To new people, new ideas and new states of mind.

Here’s to reaching all the places we’ve never been.

Fly Emirates to 6 continents.

TRIBUNE

F I F A S T O P 11

Nombre de spectateurs à la Coupe du Monde

La tension monte Sarah Steiner

D

’ici au 13 mai, les sélectionneurs des équipes nationales qualifiées pour la Coupe du Monde doivent déposer leurs listes provisoires, lesquelles peuvent inclure 30 joueurs au maximum. Les techniciens auront encore la possibilité de remplacer les blessés jusqu’au 2 juin, date de la publication des effectifs officiels. Quelque 960 footballeurs vont donc jouer leur avenir dans les prochains jours. À l’issue de cette période stressante, ils sauront enfin si leur rêve d’escalader l’Olympe du ballon rond a une chance de se réaliser.

Ces moments-là, nous les avons presque tous connus dans notre enfance. Certes, nous ne parlons plus ici du plus grand et du plus médiatique tournoi de la planète, mais, à nos yeux, les circonstances étaient presque aussi importantes : la répartition des joueurs en deux équipes, pendant le cours d’éducation physique.

Les quelques mètres qui nous séparaient du gymnase donnaient lieu à un véritable sprint.

Nous retrouvions l’odeur caractéristique du sport dans les vestiaires, ce savant mélange de sueur, de bois, de cuir et de caoutchouc. J’étais fan d’Alain Sutter, le milieu de terrain de l’équipe de Suisse aisément reconnaissable à ses cheveux longs. Tous les espoirs de la Suisse pour la Coupe du Monde 1994 reposaient entre ses pieds. Pour moi, c’était un géant. Avec son maillot, j’étais invincible. Une fois dans le gymnase, nous nous tenions alignés sur une rangée, en attendant fébrilement que le professeur désigne les heureux élus chargés de former les équipes. Nos sélectionneurs nationaux, en quelque sorte. J’ai rarement connu cet honneur.

Commençait alors un véritable supplice.

Matthäus, Maradona, Baggio, Ronaldo, Milla, Larsson… les noms défilaient jusqu’à ce que notre tour vienne. Dans un souci de parité, notre professeur avait décidé que les capitaines

devaient appeler alternativement un garçon et une fille. Mes camarades et moi-même lui en étions reconnaissantes ; les garçons étaient moins satisfaits. Il ne restait plus qu’à savoir qui aurait la chance de choisir en premier.

Le premier joueur appelé était toujours Claudio. Il était notre référence : rapide, efficace et insaisissable. L’équipe qui bénéficiait de ses talents avait déjà pratiquement un but d’avance.

En revanche, je me demandais bien pourquoi mon nom était toujours cité parmi les derniers.

Les enfants n’ont pas beaucoup de recul sur eux-mêmes et c’est sans doute mieux ainsi. À défaut de talent, je n’ai jamais perdu mon enthousiasme pour le jeu lui-même, celui qui me saisit encore aujourd’hui dès que je vois un ballon. Désormais, je me contente néanmoins du rôle de spectatrice. En effet, je me suis rendu compte au fil des années que j’étais beaucoup plus utile à mon équipe en tant que supportrice.

La semaine prochaine, je suivrai avec le même enthousiasme l’annonce des listes des sélectionneurs nationaux. J’aurai aussi une pensée pour ceux qui n’auront pas été retenus et pour tous ceux qui regarderont désespérément leur téléphone, en attendant que leur tour vienne. Å

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly T H E F I FA W E E K LY

1

1994, États-Unis Moy. de spectateurs par match : 68 991 Total : 3 587 538 Matches : 52

2

2006, Allemagne Moy. spectateurs par match : 52 491 Total : 3 359 439 Matches : 64

3

1970, Mexique Moy. spectateurs par match : 50 124 Total : 1 603 975 Matches : 32

4

2010, Afrique du Sud Moy. spectateurs par match : 49 670 Total : 3 178 856 Matches : 64

5

1974, RFA Moy. spectateurs par match : 49 099 Total : 1 865 753 Matches : 38

6

1966, Angleterre Moy. spectateurs par match : 48 848 Total : 1 563 135 Matches : 32

7

1990, Italie Moy. spectateurs par match : 48 389 Total : 2 516 215 Matches : 52

8

1950, Brésil Moy. spectateurs par match : 47 511 Total : 1 045 246 Matches : 22

9

1986, Mexique Moy. spectateurs par match : 46 039 Total : 2 394 031 Matches : 52

10

1998, France Moy. spectateurs par match : 43 517 Total : 2 785 100 Matches : 64

11

2002, Corée/Japon Moy. spectateurs par match : 42 269 Total : 2 705 197 Matches : 64

Source : FIFA (Coupe du Monde de la FIFA, Kit statistique 7 : Faits et chiffres, 26.03.2013) 31

HISTORIQUE

Maradona ou l’acte de pénitence

Perikles Monioudis

L

orsque l’on parle de l’équipe d’Argentine, il est difficile de ne pas évoquer les deux titres de champion du monde conquis en 1978 et 1986. La première Coupe du Monde est remportée le 25 juin 1978, à domicile, dans un véritable tourbillon de papelitos provoqué par les supporters amassés dans l’Estadio Monumental de Buenos Aires. Dans un contexte politique et économique trouble, les hommes de César Luis Menotti disposent des Pays-Bas après la prolongation (3:1).

1986, l’année de Maradona Le second titre de l’Albiceleste est quant à lui indissociable du nom de Diego Armando Maradona, de même, d’ailleurs, que l’ensemble de la Coupe du Monde organisée au Mexique. Rarement un joueur aura autant marqué un tournoi de son empreinte avec autant de détermination et d’assurance que le Pibe de Oro en 1986. Même Lothar Matthäus, son “chien de garde” à l’occasion de la finale, reconnaît l’emprise du meneur 32

de jeu sur la compétition. L’Allemand se console quatre ans plus tard en Italie, en soulevant luimême le trophée après avoir vaincu lors du dernier match… l’Argentine de Maradona.

Ce clin d’œil de l’histoire ne doit toutefois pas faire oublier que si la Coupe du Monde 1986 est restée dans les annales comme étant celle de Maradona, c’est parce que le génial Argentin a inscrit un but très particulier en quart de finale contre l’Angleterre. Un but que les spectateurs ne sont pas près d’oublier. Un but qui est devenu la référence ultime. Un but auquel sont comparées toutes les autres réalisations hors du commun : la chevauchée fantastique de Maradona sur plus de 60 mètres dans la fournaise de Mexico.

“Vive le football” À l’époque, le commentateur de la radio argentine se nomme Víctor Hugo Morales, un Uruguayen qui reconnaît immédiatement la beauté et la portée de l’action : “J’ai envie de pleurer !

Bon Dieu ! Vive le football !” Que vive le football, oui, pour et par la grâce d’un but inscrit T H E F I FA W E E K LY

par l’un des meilleurs joueurs que ce sport ait jamais enfantés. En 2002, ce mémorable solo a même été élu “But du siècle” par la FIFA à la suite d’un vote sur Internet.

Ce moment magique prend forme dans la moitié de terrain argentine, lorsque Maradona est servi entre deux Anglais dont il se joue avec brio, effectuant un demi-tour en sautant pour emmener le ballon avec la semelle, avant de prendre le large. Cette petite danse avec l’adversaire lui donne un nouvel élan, il passe la ligne médiane, la poitrine encore plus bombée qu’à l’habitude, plus rien ne peut l’arrêter.

Tout à son raid, Maradona oublie ses partenaires, plante sur place deux autres membres des Three Lions, s’enfonce dans la surface de réparation et mystifie le légendaire Peter Shilton. Il feinte à gauche et crochète sur la droite du gardien anglais, puis glisse le ballon dans les filets pour le 2:0 en tombant, comme si c’était le geste le plus naturel au monde.

Qu’a donc bien pu pousser le célèbre numéro 10 à entamer cette course folle ? Quand exactement s’est-il décidé à aller au bout ? Dans son

Afp

Diego Armando Maradona a inscrit le but du siècle.

Mais comment en est-il arrivé là ?

HISTORIQUE

propre camp ? Lorsqu’il a vu l’espace s’ouvrir devant lui, sur le côté droit de la pelouse ? Se serait-il lancé dans cette échappée s’il n’avait pas ridiculisé deux adversaires au début de l’action ? A-t-il alors emmagasiné assez de confiance pour poursuivre jusqu’au but, ou bien les mètres avalés en chemin ont-ils aiguisé encore plus son appétit ?

Repentance pour la “main de Dieu” Des questions, toujours des questions. Maradona, lui, ne s’intéresse qu’aux réponses et il les donne sur le terrain. Pourtant, la genèse de ce but magique, il faut la chercher quatre minutes plus tôt. À la 51ème minute, le capitaine argentin ouvre la marque, mais pour beaucoup, ce but est entaché d’une main. Et en effet, Maradona saute devant Hilton et propulse le ballon dans les filets de sa main gauche, comme il l’avouera bien des années plus tard. En sautant, Maradona effectue un mouvement de la tête, dupant ainsi l’arbitre, qui croit que le but est inscrit de la tête et non par la “main de Dieu”.

C’est en tout cas l’expression qu’utilisera le maître à jouer pour décrire le réflexe dont il se rend coupable ce jour-là.

Un joueur est bien sûr le mieux placé pour savoir avec quelle partie du corps il marque. En inscrivant le plus beau but de l’histoire du football quelques minutes plus tard, Maradona se protège de la vague de protestations soulevée par son geste illicite, sa “main de Dieu”. Il fait ainsi, en quelque sorte, acte de pénitence. Å

Getty Images (2), Pixathlon

F I FAWO RL D C U P.C O M B U T D U S I ÈC L E 1

2

3

4

5

6

7

8

9

1 0

Devant la surface La dernière porte menant au but s’ouvre devant Maradona.

La folle chevauchée Maradona s’échappe à la surface.

MAR ADONA (1986 vs ENG) : 18 062 votes Michael OWEN (1998 vs ARG) : 10 631 votes PELE (1958 vs SWE) : 9 880 votes MAR ADONA (1986 vs BEL) : 9 642 votes Gheorghe HAGI (1994 vs COL) : 9 297 votes Saeed OWAIR AN (1994 vs BEL) : 6 756 votes Rober to BAGGIO (1990 vs C ZH) : 6 694 votes Carlos ALBERTO (1970 vs ITA) : 5 388 votes Lothar MAT THÄUS (1990 vs Y UG) : 4 191 votes Vincenzo SCIFO (1990 vs URG) : 2 935 votes

Durant les six semaines qu’a duré l’élec tion du But du siècle en 2002, 341 460 votant s se sont exprimés dans plus de 150 pays.

Finition Maradona glisse le ballon dans les filets sous la pression adverse.

T H E F I FA W E E K LY

33

LE MIROIR DU TEMPS

T

H

E

N

White Hart Lane, Londres, Angleterre

1954

Monty Fresco / Getty Images

Des balais pour lutter contre l’inondation : le niveau de l’eau est très haut sur le terrain avant le match du troisième tour de la FA Cup entre Tottenham Hotspur et Leeds United.

34

T H E F I FA W E E K LY

LE MIROIR DU TEMPS

N

O

W

Arena Thoune, Suisse

2013

Peter Schneider / Keystone

Des raclettes pour lutter contre l’humidité : c’est avec le sourire que ces hommes éliminent l’eau de la pelouse artificielle avant le match de qualification pour la Ligue Europa entre le FC Thoune et le FC Chikhura Sachkhere (club géorgien).

T H E F I FA W E E K LY

35

THE SOUND OF FOOTBALL

L’ O B J E T

Perikles Monioudis

Hanspeter Kuenzler Rares sont les chansons sur le football qui possèdent un arbre généalogique aussi ramifié que celui de l’hymne officiel de la FIFA écrit pour la Coupe du Monde 1990 en Italie, “Un’ Estate Italiana”.

Le morceau a été composé et produit par Giorgio Moroder tandis que l’Américain Tom Whitlock a écrit ses paroles élégiaques. La version anglaise est sortie sous le titre “To Be Number One” (Summer 1990). Les stars italiennes Edoardo Bennato et Gianna Nannini ont créé une version un peu plus subtile du texte dans la langue de leur pays et l’ont chantée à leur tour.

Leur “Un’ Estate Italiana” a occupé la première place du hit-parade italien pendant des semaines et a même accroché le top 10 en Allemagne, en Norvège, en Suède et en Suisse.

Mais ailleurs dans le monde, la chanson a laissé le public indifférent, que ce soit en anglais ou en italien. À l’exception peutêtre de l’équipe nationale du 36

Cameroun, qui, le 8 juin 1990, a fait son entrée sous cet air dans le stade San Siro de Milan lors du coup d’envoi du tournoi, provoquant une des plus grandes sensations de l’histoire de la Coupe du Monde : une victoire 1:0 face à l’Argentine et la “Main de Dieu” de Maradona. Le manque de succès de la chanson est difficile à expliquer. Moroder, originaire du Haut-Adige italien, avait intégré le hit-parade allemand en 1969 avec sa pâle parodie des Beach Boys “Looky Looky”. Il est par la suite devenu l’un des pionniers de la synthpop. On lui doit entre autres “Love to Love You Baby”, le titre interprété par Donna Summer, ainsi que “No. 1 Song in Heaven”, chanté par les Sparks, “Cat People (Putting Out Fire)” par David Bowie et “What a Feelin’” avec Irene Cara. Sa version anglaise, sortie sous le nom de Giorgio Moroder Project avec Paul Engemann en guest star, dont la voix était connue grâce aux succès des groupes Device et Animotion,

faisait incroyablement penser au tube planétaire plein de pathos “Take My Breath Away” du film Top Gun. Il faut dire que ce morceau a lui aussi été composé par Moroder et Whitlock. La version italienne avait nettement plus de caractère, surtout sur le plan vocal. Cela n’a rien d’étonnant car Bennato était un vétéran très respecté de la scène musicale italienne et Nannini, sa cadette de dix ans, était pour beaucoup une idole post-punk.

Mais alors, avec tous ces signes très prometteurs, comment expliquer ce succès limité ? Il est peut-être lié à la tactique négative et parfois brutale de certaines équipes qui ont marqué le tournoi et que l’on préfèrerait oublier. Les supporters n’ont peut-être tout simplement pas supporté qu’une compétition avec 16 cartons rouges et d’innombrables passes en retrait (la règle à ce sujet a été modifiée peu après) soit accompagnée de paroles comme “Running like the wind” ou “Playing hard but always playing fair”. Æ T H E F I FA W E E K LY

Sion Ap Tomos

Avec la passion italienne

C’est jour de match… et il pleut ! L’homme apprêté et la femme élégante jettent un coup d’œil dans l’entrée, afin de s’assurer que le parapluie est bien là. Peu importe qu’il tombe des cordes, ils iront bien au stade. Tant pis si le pantalon de monsieur doit souffrir du voyage. Le match, lui aussi, devra s’adapter aux conditions climatiques : les tirs longue distance seront plus nombreux qu’à l’accoutumée et, dans l’entrejeu, on risque fort d’assister à un festival de passes en profondeur.

Le parapluie connaît bien le chemin. En effet, il trône dans son superbe stand en fer forgé de la fin du 19ème siècle (collection de la FIFA) spécialement en vue des visites au stade par temps couvert.

Ce porte-parapluie qui s’inspire du thème du football nous vient d’une époque où le beau jeu n’en était encore qu’à ses balbutiements. En effet, l’“Association Football” était déjà doté d’un règlement. Pour mémoire, la FA anglaise a été officiellement fondée en 1863.

Le sélectionneur Roy Hodgson a l’habitude du mauvais temps. Non seulement il est anglais mais, en plus, il a déjà eu l’occasion de diriger l’équipe de Suisse. Il a notamment mené la Nati en phase finale de la Coupe du Monde 1994.

Pour leur entrée en lice, les Helvètes avaient défié les États-Unis au Silverdome de Detroit. À l’époque, le technicien anglais s’était déclaré impressionné par le stade, qui disposait notamment d’un toit. Plus fort encore : le toit était fermé.

Pour la première fois, un match de Coupe du Monde n’avait pas lieu à ciel ouvert. L’événement s’est reproduit à plusieurs reprises par la suite, mais notre porte-parapluie a toujours sa place dans toutes les bonnes maisons. Å

LE TOURNANT

“Cette finale a changé ma vie” Howard Webb, 42 ans, rêvait déjà de disputer une finale de Coupe du Monde lorsqu’il était petit.

Il n’imaginait pas qu’il le ferait dans la peau d’un arbitre.

Jeroen Hanselaer

’J

ai travaillé très dur pour devenir footballeur. J’étais milieu défensif, j’avais une bonne vision du jeu, mais je n’étais franchement pas exceptionnel dans les airs. Je n’avais tout bonnement pas assez de talent pour faire carrière. Mon père était un arbitre semi-professionnel et il m’a un jour suggéré d’emprunter la même voie que lui. À l’époque, je croyais encore que tous les arbitres étaient vieux et chauves. Je me suis dit : “Ce n’est pas pour moi”. Puis à 17 ans, j’ai choisi de tenter l’expérience, avec un camarade de classe. Cette décision m’a mené jusqu’à la finale de la Coupe du Monde 2010. Elle m’a également permis de voyager dans le monde entier. Jusqu’à présent, j’ai ainsi visité 44 pays et cinq continents.

La finale de 2010 reste mon plus grand souvenir. Franchir le tunnel pour entrer sur la pelouse, prendre le ballon Jabulani doré, puis passer à côté du trophée. Je l’avais déjà vu ­plusieurs fois, à la télé, en photo … Mais celui du match à Johannesburg était le vrai ! Je n’ai ­jamais vu d’objet en métal plus brillant que celui-ci de toute ma vie.

Certes, être l’homme en noir n’est pas le rôle dont je rêvais étant petit. Je voulais être le capitaine de l’équipe championne du monde et lever la coupe en premier. Mais avoir pu participer à un tel évènement reste un très grand honneur. J’en ai encore la chair de poule quand j’en parle aujourd’hui. Cette finale a changé ma vie.

Le match en lui-même a été une rencontre intense entre l’Espagne et les Pays-Bas. Quelques scènes resteront dans ma mémoire pour toujours. Par exemple après le coup de sifflet final, au moment de quitter le terrain. J’ai

cherché des yeux mon père, qui était dans les tribunes. Il brandissait un drapeau de l’Angleterre avec l’inscription “Can’t play but can ref” (“ne sait pas jouer, mais sait arbitrer”). C’était génial. Ces 90 minutes resteront à jamais dans mon cœur.

Cette année, les arbitres anglais ne peuvent que gagner. Si notre équipe nationale parvenait à aller jusqu’en finale, j’en serais bien sûr le premier ravi. Si Roy Hodgson et ses hommes devaient être éliminés rapidement, nos chances de diriger ce fameux dernier match augmenteraient significativement.

Mais je dois dire que je préfère la première option.

Pour tous les arbitres, c’est la même chose : le football est notre passion, même si certains d’entre nous rêvaient d’autre chose quand ils étaient gamins. Å Propos recueillis par Alejandro Varsky T H E F I FA W E E K LY

Nom Howard Webb Date et lieu de naissance 14 juillet 1971, Rotherham (Angleterre) Principaux matches arbitrés Finale de la Ligue des Champions 2009/2010 Finale de la Coupe du Monde 2010 Quart de finale de l’Euro 2012 Demi-finale de la Coupe des Confédérations 2013 Distinctions Membre de l’Ordre de l’Empire britannique (2011) Arbitre de l’année (2010 et 2013)

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie.

37

WELCOME TO

©2014 THE COCA-COLA COMPANY. COCA-COLA® AND THE CONTOUR BOTTLE ARE REGISTERED TRADEMARKS OF THE COCA-COLA COMPANY.

OFFICIAL SPONSOR

The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

Site Internet : www.fifa.com/theweekly

Un casque, une étoile, un emblème et 203 minutes de jeu sont à l’honneur cette semaine. À vous de jouer !

Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Tél. +41-(0)43-222 7777 Fax +41-(0)43-222 7878

1

Président : Joseph S. Blatter

Le dernier but de cette finale de Coupe d’Europe des clubs champions a été inscrit à la 203ème minute de jeu. L’une des deux équipes a signé cinq réalisations, tandis qu’un but a été inscrit par…

Secrétaire Général : Jérôme Valcke Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio Rédacteur en chef : Perikles Monioudis Rédaction : Thomas Renggli (auteur), Alan Schweingruber, Sarah Steiner

B

2

Conception artistique : Catharina Clajus Service photo : Peggy Knotz

3

Correction : Nena Morf, Kristina Rotach

P

T

Un club de football connu a rendu hommage en 2014 au champion du monde que vous voyez à droite. Il s’agit du monument situé sur le lieu de son accident.

Son nom ?

A Alonso I Rossi

Production : Hans-Peter Frei Mise en page : Richie Krönert (responsable), Marianne Bolliger-Crittin, Susanne Egli, Mirijam Ziegler

J

E Senna O Piquet

Quelle équipe nationale a été la première à ne porter qu’une étoile sur son maillot pour une Coupe du Monde remportée ?

T

P

Collaborateurs réguliers : Sérgio Xavier Filho, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Hanspeter Kuenzler, Jordi Punti, David Winner, Roland Zorn

L

R

Ont contribué à ce numéro : Mohammed Hallal, Grace Ligbet, Marcio MacCulloach, Markus Nowak, Alejandro Varsky, Andreas Wilhelm (photos), Diego Zandrino Secrétaire de rédaction : Honey Thaljieh Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub

4

Où cet emblème classique du football a-t-il été remis récemment ?

A Stade Azteca O Estádio da Luz

E Stadio Olimpico P Soccer City

Traduction : Sportstranslations Limited www.sportstranslations.com Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch

Solution de l’énigme de la semaine précédente : SAVE (explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly).

Inspiration et application : cus

Getty Images

Contact : feedback-theweekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2014”.

La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.

Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.

Faites-nous parvenir vos réponses le 14 mai 2014 au plus tard à feedback-theweekly@fifa.org. Les concurrents qui auront correctement répondu à toutes les questions publiées depuis le Ballon d’Or 2013 participeront le 11 juin 2014 à un tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour la finale de la Coupe du Monde, qui aura lieu le 13 juillet 2014. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations à : http://fr.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf T H E F I FA W E E K LY

39

D E M A N D E Z À T H E W E E K LY

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

De quelle affiche rêvez-vous pour la finale de la Coupe du Monde 2014 ?

Certains misent sur le Brésil, d’autres voient plutôt les Pays-Bas ou les tenants du titre espagnols atteindre à nouveau la finale.

Dites-nous quels pays vous rêvez de voir s’affronter le 13 juillet en nous écrivant à feedback-theweekly@fifa.org

Deux clubs madrilènes, le Real et l’Atlético, se sont qualifiés pour la finale de la Ligue des Champions. Deux équipes d’une même ville se sont-elles déjà affrontées en finale de Coupe d’Europe ?

Florian Schenker, Kosice Non. Depuis qu’il n’y a plus seulement les champions en Ligue des Champions (1997), des formations du même pays se sont affrontées en finale à quatre reprises (Real Madrid – Valence en 2000, AC Milan – Juventus Turin en 2003, Manchester United – Chelsea en 2008, Bayern Munich – Dortmund l’an dernier), mais jamais un vrai derby n’a eu lieu. En Ligue Europa ou en Coupe de l’UEFA non plus, la finale n’a jamais donné lieu à une confrontation entre deux équipes d’une même ville. (tre)

R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E Quelle sera la première grande nation à être éliminée de la Coupe du Monde ?

26% 22% 17%

France Italie Angleterre

13%

Uruguay Portugal

10% 4%

Argentine

4%

Brésil

4%

Colombie

204 25 3

matches d’affilée en Eredivisie,

soit 18 360 minutes consécutives :

tel est le record égalé par le gardien du NAC Breda,

championnats de Tunisie figurent au tableau de

c hampionnats d’Italie

Jelle ten Rouwelaar (en photo). À 33 ans, le portier

chasse de l’Espérance (en photo Ahmed Akaichi),

remportés consécutivement : c’est la prouesse

a disputé tous les matches de son club en cham-

qui s’est assuré du titre alors qu’il reste encore

réussie par la Juventus (en photo Andrea Pirlo).

pionnat depuis la saison 2007/08, égalant ainsi un

deux journées, dans un championnat où les Sang

Cela ne lui était plus arrivé depuis huit décennies

record établi par Ruud Hesp sous le maillot du

et Or ne se sont inclinés qu’une seule fois en

(1931 – 35). La Vieille Dame a ainsi profité de la

Fortuna Sittard, entre 1987 et 1993.

28 rencontres.

surprenante défaite de l’AS Rome à Catane (4:1).

T H E F I FA W E E K LY

AFP, Getty Images (2), imago (2)

LA SEMAINE EN CHIFFRES