N° 31/2015, 7 AOÛT 2015
ÉDITION FR ANÇAISE
Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904
PAYS-BAS L’AJAX VEUT RECONQUÉRIR LE TITRE SEPP BLATTER LE FOOTBALL DOIT RESTER INDÉPENDANT COUPE DU MONDE U-17 LE PARAGUAY DE RETOUR L’ÉQUIPE DE JAMAÏQUE A LE VENT EN POUPE
REGGAE BOYZ
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L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
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Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com
S oudan Les amateurs de football soudanais bouillent d’impatience : les rivaux d’Al Merreikh et Al Hilal pourraient s’affronter en demi-finales de la Ligue des Champions de la CAF.
S epp Blatter “Il ne doit plus arriver que des clubs, dans l’optique de gains pécuniaires rapides, se jettent dans les bras d’investisseurs évoluant hors du secteur et perdent finalement tout contrôle”, déclare le Président de la FIFA dans son billet hebdomadaire.
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Mexique Le Club León renoue avec le succès. (En photo : Mauro Boselli)
G ünter Netzer “Tout club ambitieux se doit aujourd’hui d’avoir dans ses rangs un bon directeur de la formation”, souligne notre chroniqueur.
Oh, Jamaïque ! La photo de notre page de couverture montre le musicien et chanteur jamaïcain Bob Marley (1945-1981) à Amsterdam. La photo a été prise en 1977, juste avant l’un de ses concerts. David Burnett / Contact Press
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Coupe du Monde U-17 De belle manière, le sélectionneur Carlos Jara Saguier a offert au Paraguay une qualification pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Chili 2015™.
The FIFA Weekly App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues. Il est également disponible gratuitement pour votre smartphone ou tablette. http://fr.fifa.com/mobile 2
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Finale de la Copa Libertadores 2015 River Plate (Arg) – Tigres (Mex) 3:0 (match aller : 0:0)
imago, Getty Images, Valerio Pennicino / Getty Images, Clive Brunskill / Getty Images
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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com
Jamaïque L’équipe nationale de ce petit État insulaire des Caraïbes a créé la sensation en terminant à la deuxième place de la Gold Cup de la CONCACAF. Mais ce résultat n’est pas le fruit du hasard. Le sélectionneur allemand, Winfried Schäfer, espère maintenant permettre à son équipe de décrocher sa deuxième qualification pour une Coupe du Monde de la FIFA™. Sarah Steiner brosse le portrait de cet entraîneur d’ores et déjà légendaire. Nous revenons également sur l’évolution des “Reggae Boyz” et sur l’amour du plus célèbre des Jamaïcains pour le football : Bob Marley.
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
Europe 54 membres www.uefa.com
Afrique 54 membres www.cafonline.com
Asie 46 membres www.the-afc.com
Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com
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Héros d’un match Parfois, un seul match peut suffire pour entrer à jamais dans l’histoire du football. (En photo : Harald Brattbakk)
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Pays-Bas L’Eredivisie gagne en prestige grâce au talent de ses entraîneurs. (En photo : l’entraîneur de l’Ajax Frank de Boer)
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Š 2015 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
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À DÉCOUVERT
La belle vie
Mario Wagner / 2Agenten
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l existe de nombreux beaux et petits pays dont la majeure partie de la population de notre planète n’a pour ainsi dire jamais entendu parler. Mais il existe aussi de beaux et petits pays avec lesquels chacun s’identifie d’une manière ou d’une autre, sans même y avoir jamais mis les pieds. C’est le cas de la Jamaïque. Trois millions d’habitants, des plages à perte de vue, un style de vie placé sous le signe de la décontraction, la musique de Bob Marley à chaque coin de rue… Une île paradisiaque en somme. Les Jamaïcains eux-mêmes chérissent le calme de leur quotidien. Deux semaines après la finale de la Gold Cup perdue avec les honneurs, on serait même tenté de dire que c’est dans leur décontraction qu’ils puisent leur plus grande force. Mais tout n’est bien sûr pas aussi simple. Lorsque l’on termine en tête de son groupe devant le Costa Rica et le Canada puis que l’on élimine le grand favori de la compétition, à savoir les États-Unis, c’est que l’on dispose d’autres qualités, qu’elles soient tactiques, techniques ou physiques. Le sélectionneur allemand de la Jamaïque, Winfried Schäfer, n’a jamais été aux commandes d’un grand club. Mais il a compris très tôt dans sa carrière qu’il pouvait réaliser des prouesses grâce à sa science du ballon rond et à ses compétences sociales. Sarah Steiner dresse le portrait d’un entraîneur qui a su gagner le cœur et le respect des Jamaïcains. Nous en profitons pour revenir sur la toute première qualification des Reggae Boyz pour une Coupe du Monde de la FIFA™ ainsi que sur l’amour de Bob Marley pour le football. Å Alan Schweingruber
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USA TODAY Sports Images
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MISTER COOL
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Après avoir terminé deuxième de la Gold Cup, l’équipe de Jamaïque rêve à présent de découvrir la Russie en 2018. Elle compte pour cela sur l’efficacité de son sélectionneur, Winfried Schäfer, comme nous l’explique Sarah Steiner.
Winfried Schäfer Le sélectionneur a permis à la Jamaïque d’entrer dans l’histoire (photo prise avant la finale de la Gold Cup 2015).
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infried Winnie Schäfer est un globe-trotter. Allemagne, Cameroun, Dubaï, Azerbaïdjan, Thaïlande... Ce qui peut se lire comme un carnet de voyages est en réalité la liste des pays où cet homme de 65 ans a travaillé comme entraîneur. Aujourd’hui, il vit en Jamaïque. À Kingston, pour être plus précis, la capitale de cette île des Caraïbes dont le soleil et les plages de sable fin font rêver de nombreux touristes. Mais qu’en pense Winfried Schäfer ? “La Jamaïque est un pays à part”, explique le sélectionneur allemand qui semble avant tout impressionné par la manière dont les gens appréhendent la vie. “Quand on leur demande comment ils vont, ils répondent toujours ’super, génial’. Jamais personne ne dira qu’il ne va pas bien”, poursuit-il. Schäfer puise dans cette attitude positive pour faire jouer ses Reggae Boyz. Le football jamaïcain a cependant encore énormément de progrès à faire puisque le plus grand succès de la sélection remonte à la fin du siècle dernier. Elle s’était alors qualifiée pour la Coupe du Monde de la FIFA, France 1998™. Depuis, le pays a peu ou prou disparu de la carte du football mondial. Winfried Schäfer ne cache pas ses ambitions. “La Coupe du Monde de 1998 est dans tous les esprits. Mais dans le football, 17 ans, c’est très long. C’est pourquoi nous travaillons dur afin d’offrir aux Jamaïcains un autre souvenir tout aussi plaisant”, explique-t-il. Avant d’affronter le Nicaragua en septembre prochain dans le cadre des qualifications pour Russie 2018, son équipe a déjà eu l’occasion de faire ses preuves.
Journée historique Le 16 novembre 1997, la Jamaïque se qualifie pour sa première Coupe du Monde.
“En ce qui concerne la discipline, c’est partout la même chose. Si tu n’es pas vigilant, tu te laisses vite marcher sur les pieds. Peu importe que tu sois en Allemagne, en Thaïlande ou au Real Madrid.” Winfried Schäfer
La Copa América à peine terminée, l’équipe de Jamaïque a ensuite participé à la Gold Cup de la CONCACAF et Winfried Schäfer s’est vu conforté dans son analyse. Avec sept points récoltés en trois matches, ses troupes ont en effet terminé en tête du groupe B avant de s’imposer en quart de finale face à Haïti. À la surprise générale, les Reggae Boyz ont ensuite poursuivi l’aventure jusqu’en finale malgré la présence sur leur chemin d’un adversaire de taille, à savoir les États-Unis de Jürgen Klinsmann. Grâce à sa victoire 2:1, la Jamaïque est devenue la première équipe des Caraïbes à atteindre la finale de la Gold Cup. “Cela fait plus de 40 ans que je suis dans le football, j’ai déjà tout vu, mais croyez-moi : je n’oublierai jamais cette nuit. Merci à tous !”, a twitté Schäfer après la demi-finale. 8
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Copa América Lionel Messi souffre face aux hommes de Schäfer.
Ben Radford / All Sports / Getty Images, Gabriel Rossi / LatinContent / Getty Images
Succès historique à la Gold Cup Entre le 11 juin et le 4 juillet, la Jamaïque a pris part à la Copa América, où elle s’est retrouvée dans le même groupe que l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Si elle a perdu ses trois matches sur le même score de 1:0, elle a malgré tout réalisé un parcours plus qu’honorable au regard de la qualité de ses adversaires. “Je suis très fier de mon équipe”, avait déclaré Schäfer à l’issue du tournoi. “Lionel Messi est le meilleur joueur du monde. Mais après le match qui nous a opposés à l’Argentine, c’est Ángel Di María qui a été désigné Homme du match”, expliquait le sélectionneur en dressant le bilan du parcours de son équipe. “Cela signifie que nous avons réussi à faire en sorte que Messi ne joue pas son meilleur football.”
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FÊTE JAMAÏCAINE En novembre 1997, la Jamaïque se qualifiait pour sa première Coupe du Monde de football. Un événement historique pour le pays, de même que la participation de quatre bobeurs aux Jeux Olympique d’hiver de Calgary. Après la finale de la Gold Cup perdue face au Mexique, les Jamaïcains ont d’abord dû commencer par digérer leur immense décep tion : ils venaient en ef fet de rater une magnifique occasion d’ac crocher un titre à leur palmarès. Bien sûr, ils ont déjà rempor té à plusieurs reprises la Coupe caribéenne des nations, six fois pour être exact, la dernière remontant à 2014. Mais la Gold Cup, le grand rendez-vous continental ? Aux États-Unis, qui plus est ? Jamais… Le sélectionneur allemand des Reggae Boyz, Winfried Schäfer, a peut- être raison lorsqu’il avance que son équipe aurait sûrement pu gagner si elle n’avait pas pris par t à la Copa América quelques semaines auparavant. Mais c’est bien connu, avec des si… Et puis comment refuser une invitation au prestigieux tournoi sud- américain ? La Jamaïque sait faire la fête, comme elle l’a prouvé à maintes reprises. Ce petit État insulaire de près de 3 millions d’habitants est fier de ses spor tifs qui sillonnent le monde et por tent haut ses couleurs. Quand Usain Bolt concour t aux Jeux Olympiques, tous les habitants de Kingston, la capitale, sont dans la rue. Il n’en a pas été autrement fin juillet, lorsque l’équipe nationale de football est par venue à éliminer les États-Unis, pour tant grandissimes favoris dans la course au titre, en demi-finale de la Gold Cup. Le match était d’ailleurs retransmis sur écrans géants. Schäfer, qui a eu droit à plusieurs salves d’applaudissements, a joué là un bien vilain tour à son compatriote Jürgen Klinsmann. Celui-ci, sur le banc de touche adverse, a connu une soirée autrement plus compliquée. Les critiques se font de plus en plus vives et au pays du soccer, on se demande si l’Allemand est encore l’homme de la situation.
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Des jours durant, le ciel de Kingston avait été envahi par les feux d’artifice et à chaque coin de rue, les DJs avaient fait chauffer leurs platines. Une longue et belle fête Au coup de sifflet final de la rencontre face à El Tri, le peuple jamaïcain a donc laissé échapper quelques larmes. Mais bien vite, la joie d’avoir conquis une sensationnelle deuxième place a repris le dessus. Dans l’histoire du football jaune, noir et ver t, ce résultat compte assurément parmi les plus retentissants. À vrai dire, seule une date semble même en mesure de pouvoir lui disputer la première place au Panthéon local : celle du 16 novembre 1997. Ce jourlà, la Jamaïque se qualifiait pour sa première – et pour le moment unique – phase finale de Coupe du Monde de la FIFA™. Le match contre le Mexique, déjà, avait alors accouché d’un triste 0:0 ponctué de nombreuses frappes lointaines sans conviction et disputé sous une chaleur accablante. Avant même que les deux formations n’engagent les débats, de nombreux spectateurs
Légendaire La fameuse scène de la baignoire dans le film “Rasta Rockett” (1993).
avaient dû être évacués pour cause d’insolation. Mais les “Reggae Boyz” sor taient d’une formidable phase qualificative et grâce à ce match nul, ils avaient pu valider leur billet pour l’épreuve suprême organisée en France l’année suivante. Des jours durant, le ciel de Kingston avait été envahi par les feux d’ar tifice et à chaque coin de rue, les DJs avaient fait chauffer leurs platines. Chez cer tains, cette longue et belle fête avait ravivé les souvenirs du 6 août 1962, lorsque la Jamaïque avait obtenu et célébré son indépendance visà-vis de l’Empire britannique. Rasta Rockett L’histoire du spor t jamaïcain ne serait pas complète sans évoquer l’extraordinaire aventure de ses bobeurs aux Jeux Olympiques d’hiver de Calgar y, en 1988. Il faut faire preuve d’une imagination débordante pour s’imaginer quatre hommes originaires des Caraïbes dévaler des pentes verglacées. Il faut dire qu’en Jamaïque, sur les Blue Mountains, qui culminent à 2 000 mètres, il n’y a jamais de neige. Cela n’a pour tant pas effrayé les hommes d’affaire américains George Fitch et William Maloney, qui ont débarqué avec un concept inédit : dénicher en Jamaïque de bons athlètes et sprinteurs afin de monter une équipe de bobsleigh. Après des recherches intensives et une campagne d’affichage, leur projet olympique a commencé à prendre forme. Deux coureurs de 100 mètres de haut niveau (Michael White et Chris Stokes), un adepte du demi-fond (Devon Harris) et un pilote d’hélicoptère (Dudley Stokes) se sont donc retrouvés au Canada, sur la ligne de dépar t de Calgar y. Malgré leurs résultats pour le moins mitigés, ils sont devenus de véritables stars. En 1993, Hollywood s’est même permis d’en faire un film, passé depuis à la postérité : “Rasta Rockett”. Alan Schweingruber
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En finale, la Jamaïque s’est toutefois inclinée 3:1 face au Mexique. “À mes yeux, cette deuxième place n’est pas synonyme de médaille d’argent. Pour moi, elle vaut de l’or. La Jamaïque devrait être très fière de cette équipe. En tout cas, moi je le suis”, a déclaré Schäfer après la meilleure performance de sa sélection dans l’histoire du tournoi. En 1993, les footballeurs caribéens avaient terminé sur la troisième marche du podium. L’Afrique et l’Asie avant les Caraïbes Sur le plan personnel, le sélectionneur Schäfer est passé à deux doigts de son deuxième titre continental. En 2002, il avait en effet été sacré champion d’Afrique avec le Cameroun. À l’époque, il était déjà réputé pour son talent à insuffler un véritable esprit d’équipe à ses joueurs. 10
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À la tête des Lions indomptables lors de la Coupe du Monde 2002, il réussit un an plus tard à atteindre la finale de la Coupe des Confédérations de la FIFA™. La France devra marquer un but en or pour réussir à s’en défaire. Schäfer garde d’ailleurs un très bon souvenir de son passage sur le banc camerounais : “Entre nous, ça a été le coup de foudre.” Après l’Afrique, le parcours de Schäfer le conduit aux quatre coins du globe. En 2006, il est sacré à Dubaï champion des Émirats arabes unis avec Al Ahli. En 2009, il remporte avec Al Ain la Coupe Etisalat, la Coupe du Président ainsi que la Supercoupe des EAU. Un an plus tard, l’Allemand signe un contrat de deux ans avec le club azerbaïdjanais du FK Bakou avant d’être nommé en 2011 sélectionneur de l’équipe de Thaïlande.
Roberto Maya / MEXSPORT / AFP
Message à la famille Les Jamaïcains s’imprègnent de l’ambiance avant la finale de la Gold Cup.
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Cela fait donc 14 ans que Winfried Schäfer entraîne des équipes du monde entier. Malgré les différences culturelles, il estime qu’elles ont toutes en commun un aspect non négligeable : “En ce qui concerne la discipline, c’est partout la même chose. Si tu n’es pas vigilant, tu te laisses vite marcher sur les pieds. Peu importe que tu sois en Allemagne, en Thaïlande ou au Real Madrid.” L’entraîneur a un don pour s’adapter à chaque nouveau pays et à sa population. Il essaie toujours de gagner le respect de la culture dans laquelle il vit. Quant à la retraite, cet homme de 65 ans ne semble pas encore y penser : “À chaque fois, j’en veux encore plus, plus, plus”. Son contrat avec la Jamaïque court, lui, jusqu’en 2018.
“Il s’agit à présent de faire ce pas important vers l’avant. Nous devons conserver cet état d’esprit et continuer à travailler.” Winfried Schäfer
David Goldman / AP / Keystone
Faiseur de talents à Karlsruhe Winfried Schäfer a mis les pieds dans le football il y a de cela plus de 45 ans. À l’époque, il court lui-même après le ballon. Sous les couleurs du Borussia Mönchengladbach, il remporte un titre de champion d’Allemagne et une Coupe de l’UEFA. Après avoir raccroché les crampons, il choisit de devenir entraîneur et prend les commandes du Karlsruher SC. Il passera douze années sur le banc du club allemand, qui connaîtra avec lui ses plus belles années de ces dernières décennies. Au final, Karlsruhe connaîtra les joies de l’accession en Bundesliga et aura même la chance de disputer la Coupe de l’UEFA. Les habitants du Bade-Wurtemberg se souviennent encore du “Miracle du Wildpark”. Ce soir-là, Karlsruhe s’impose face au FC Valence, alors leader du championnat espagnol, sur le score sans appel de 7:0 et se qualifie pour les demi-finales. Winfried Schäfer fait alors de nécessité vertu. Le club ne disposant pas de l’argent nécessaire pour acheter de grands joueurs, l’entraîneur n’a d’autre choix que de faire appel aux jeunes talents formés sur place. Oliver Kahn, Mehmet Scholl ou encore Jens Nowotny sont ainsi passés entre les mains de Schäfer avant de devenir des stars mondiales. Aujourd’hui encore, l’intéressé est considéré comme un véritable héros à Karlsruhe où on le surnomme Winnie Wahnsinn, ou Winnie la Folie. “Quand tu ramènes à la vie un club que tout le monde croyait mort et que tu le conduis ensuite jusqu’en demi-finale de la Coupe de l’UEFA, les gens s’en souviennent.” Une stratégie axée sur le collectif Si ses cheveux sont toujours aussi longs qu’à l’époque, le blond-roux a par contre viré au gris. Mais Schäfer n’envisage pas encore de mettre un terme à sa carrière. “Si un jour, je ne peux plus courir, alors peut-être que j’arrêterai”, explique-t-il. Il a également conservé ce don consistant à former une équipe efficace à partir d’un groupe hétérogène de footballeurs. Il reconnaît d’ailleurs lui-même que c’est là sa grande force. Le concept d’équipe est au cœur de sa philosophie. À son arrivée en Jamaïque, les conditions étaient loin d’être optimales. Il explique que le football jamaïcain était mal organisé, qu’il manquait une vision sur le long terme. Il s’est alors mis au travail et a su trouver les mots adéquats pour motiver ses troupes. Aujourd’hui, le sélectionneur est passé à l’étape suivante. Les Jamaïcains ont repris confiance en leur sélection. Ici aussi, Winfried a accompli sa mission : grâce à un savant mélange de joueurs expérimentés et de jeunes enthousiastes, il a composé une équipe avec laquelle il s’imagine tout à fait passer encore quelques années. Mais son projet ne s’arrête pas là : “Il s’agit à présent de faire ce pas important vers l’avant. Nous devons conserver cet état d’esprit et continuer à travailler.”
Surprise générale Le 22 juillet 2015, la Jamaïque bat les États-Unis 2:1.
J A M A ÏQUE C apit ale : K ings ton Super f ic ie : 10 991 k m² Nombre d’habitant s : 2 950 210 ( juillet 2015) Indépendanc e : 6 août 1962 Régime polit ique : monarc hie par lementaire F onda t ion de la f édéra t ion de f oo t ball : 1910 Nombre de c lub s de f oo t ball : env. 275 C onf édéra t ion : CONC AC A F Af f ilia t ion à la FIFA : 1962
LA FIFA EN JAMAÏQUE : Depuis 20 03, dans le c adre de son programme "Goal", la FIFA a appor té un soutien f inancier de 1 80 0 0 0 0 dollar s US à la F é dér a t ion jamaïc aine de f o otb all. C e t te s omme a é té inve s tie dans dif f érent s projet s v isant à améliorer le s c onditions d ’ent r aînement dans le p a y s . C e t ar gent a p ar e xemple s er v i à c ons tr uire de s ter rains d ’entraînement et de s ve s tiaire s à Mona. L e bu d g e t all ou é d an s l e c a dr e du P r o gr amm e d ’A s si s t an c e F inancière (FA P) de 2011 à 2015 s’e s t élevé à 2 60 0 0 0 0 dollar s US. T H E F I FA W E E K LY
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Battersea Park, Londres Avec son groupe des Wailers, Bob Marley affronte une équipe d’Island Records (1977). 12
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56 Hope Road Music / Urbanimage.tv
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Bob Marley : “Le football, c’est la liberté” Au fil du temps, bien rares sont les pays qui peuvent affirmer que leur naissance coïncide avec celle d’un style de musique entièrement nouveau. Bienvenue à la Jamaïque. L e reggae e s t indis sociable de l’identité culturelle de la Ja maïque depuis que le pays a ac quis son indépendanc e à l’été 1962. Bien avant que l’équipe nationale de football ne dispute le tout premier matc h de qualif ic ations pour une C oupe du Monde de la FIFA™ de son his toire, f ac e à Cuba, Millie Small oc cupe en mar s 1964 la tête de s hit- parade s du monde entier grâc e à sa chanson “My Boy L ollipop”, alor s qu’elle n’e s t âgée que de 17 ans. Au même moment, Bob Mar ley et le s Wailer s f ê tent leur premier suc c è s sur l ’ î le c ar ibéenne. À l ’ époque, leur s t y le ne s’appelle pas enc ore le reggae, mais le “ska”. L or sque le “r hy thm & blue s” de Fat s Domino e t c onsor t s, ex trêmement populaire en Jamaïque, commenc e à s’e s souf f ler au x État s - Unis, le s propr iétaire s de s discothèque s jamaïcaine s ambulante s – le s “Sound Sys tems” – se met tent à satis f aire la demande loc ale à l ’aide de leur s propre s produc tions. L’ap proche de l’indépendanc e du pays leur donne as se z de c ou rage et de conf iance pour s’éloigner d’un s t y le vieillis sant, par exemple en transposant l’ac c ent r y thmique du premier temps sur le deu xième temps : le “ska” e s t né.
David Goldman / AP /Keystone
“Dreadlocks” et mobylettes Tout s’enchaîne rapidement. La jeunesse se ser t enfin de ses cordes vocales et s’ouvre ainsi les por tes d’un avenir dif férent. Le “ska” devient le “bluebeat”, un peu plus lent, puis le reggae dans les années 60. Pour les Jamaïcains, il s’agit d’une musique capable de retranscrire toutes les émotions d’un peuple en plein éveil. À tout cela vient s’ajouter le mouvement rastafari, avec ses “ dreadlocks”, ses “splif fs”, ses mobylet tes et ses ballons de foot. Oui, le football est bel et bien le spor t que l’on associe au reggae, et non le cricket, par exemple. Bob Marley est ainsi l’un des pion niers de la discipline dans son pays. Depuis son enfance, il est fan du club brésilien de Santos et de Pelé. “Le football, c’est la liber té ”, clame -t- il un jour. “Si vous voulez faire ma connaissance, vous devez disputer un match contre les Wailers.”
“Nous vous devons le plus grand respect” Les 4 et 8 septembre prochains auront lieu les matches éliminatoires contre le Nicaragua. Si la Jamaïque passe cette épreuve avec succès, elle sera ensuite reversée dans le Groupe B du quatrième tour des qualifications de la CONCACAF, où elle retrouvera le Costa Rica, le Panama et Haïti ou la Grenade, qui s’affrontent eux aussi en barrage. L’Allemand ne perd pas son objectif des yeux : il est bien décidé à aller en Russie avec la Jamaïque pour participer à la Coupe du Monde 2018.
“Merci, Monsieur Schäfer ! Vos talents d’ingénieur allemand ont permis à un pays au fort potentiel de renouer avec l’optimisme.” Lettre ouverte du journal “The Gleaner”
Il peut en tout cas compter sur le soutien de la population. Sur cette île des Caraïbes, le football est entré dans une nouvelle dimension. Et les gens sont reconnaissants envers Winnie la Folie pour cette évolution. Il y a quelques jours, le journal local The Gleaner lui a ainsi adressé une lettre ouverte : “Merci, Monsieur Schäfer ! Vos talents d’ingénieur allemand ont permis à un pays au fort potentiel de renouer avec l’optimisme et de repartir vers l’avant. Une nation qui doit faire face à tant de défis a souvent besoin d’une ambiance positive telle que celle-ci. Les joueurs et le staff technique ne tarissent pas d’éloges à votre sujet. J’ai été d’autant plus fier de vous voir chanter l’hymne national lors de la finale de la Gold Cup. Nous vous devons le plus grand respect, monsieur. Vous l’avez amplement mérité !” Å
Matches entre groupes de musique C ’e s t A llan Sk ill C ole, ancien f ootballeur prof e s sionnel che z le s Atlanta Chief s, qui f ait pendant de s année s of f ic e de ma nager du gr oup e d ’ar tis te s. Quant à Mar ley, p ar tout où il pas se, il or ganise de s matc he s c ontr e d ’autr e s gr oupe s ou c ontre sa maison de disque s. Dans sa tombe, en plus d ’une guitare, il empor tera également un ballon. La relation entre le reggae et le football est encore vivace aujourd’hui. En 2002, la scène musicale jamaïcaine a dédié tout un album à son équipe nationale : “Football Reggae – a Tribute to the Reggae Boy z”. Cedella, la f ille aînée de Bob Marley, a appor té tout son soutien à l’équipe de Jamaïque de football féminin af in que cet te dernière puisse prendre par t aux quali f ications pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2015™. Et en A ngleter re, les suppor ters de Chelsea tapent toujours dans leurs mains au son de “ The Liquidator ” (Harr y J Allstars) avant leurs rencontres à domicile. Hanspeter Kuenzler, Londres
Victoire face aux États-Unis “Je n’oublierai jamais cette nuit”, twittera Schäfer (à d.) après le match. T H E F I FA W E E K LY
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GRASSROOTS
FIFA inspiring girls and boys to play football FIFA’s Grassroots programme is the core foundation of our development mission, aimed at encouraging girls and boys around the world to play and enjoy football without restrictions. Grassroots focuses on the enjoyment of the game through small-sided team games, and teaching basic football technique, exercise and fair play. For more information visit FIFA.com
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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE
VU DES TRIBUNES L i g a M X m e x ic a i n e Re to u r e n fo r c e d u Club León Sven Goldmann est spécialiste du football au “Tagesspiegel” de Berlin.
Le Club León a repris du poil de la bête et semble bien décidé à renouer avec les succès de la première décennie de ce troisième millénaire, lorsque les plus grands joueurs mexicains évoluaient sous les couleurs de ce club du centre du pays.
Isaac Ortiz / MEXSPORT / Afp
Rafael Márquez a beau être reparti depuis longtemps sur un autre continent (il a rejoint la Serie A italienne et le Hellas Vérone), León se souviendra longtemps du passage de ce joueur. Devenu une véritable idole, Márquez a évolué entre 2012 et 2014 au poste de défenseur sur la pelouse de l’Estadio León, que tout le monde appelle Nou Camp. Petit clin d’œil fortuit au FC Barcelone, pour lequel Márquez a également joué pendant plusieurs années. En Europe, celui-ci a décroché tous les titres dont un joueur peut rêver en club. Ligue des Champions, championnat d’Espagne, championnat de France, sans oublier la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA™. Mais il manquait à son palmarès un titre mexicain et ce titre, c’est León qui le lui a offert.
leader aura toutefois dû attendre la seconde mitemps pour prendre l’ascendant sur son adversaire. Les Requins Rouges de Veracruz signent d’abord un très bon début de rencontre et prennent même la tête au tableau d’affichage grâce à un magnifique but inscrit au milieu de la première période par l’Uruguayen Juan Ángel Albín. León réagit aussitôt en augmentant la pression, mais Elías Hernández, pourtant très bien placé, a la malchance de voir sa frappe repoussée par la transversale. Au cours de la seconde mi-temps, la situation s’envenime rapidement pour Veracruz puisqu’à l’heure de jeu, Arturo Paganoni repousse de la main une tête de l’Argentin Guillermo Burdisso alors que le ballon s’apprêtait à franchir la ligne. Paganoni se voit donc signifier son expulsion, avant d’assister à la parade de son gardien Melitón Hernández face au penalty tiré par Mauro Boselli, deuxième joueur argentin de León.
Les Argentins allaient d’ailleurs refaire parler d’eux sur la pelouse du Nou Camp ce soir-là. Quatre minutes après le penalty manqué de Boselli, l’entraîneur de León, Juan Antonio Pizzi, originaire de Santa Fe, a la bonne idée de faire entrer le vétéran Miguel Sabah. Quatre autres minutes plus tard, l’attaquant de 35 ans marque le but de l’égalisation. León continue alors sur sa lancée et prend rapidement l’avantage grâce à une réalisation de Burdisso. Puis son compatriote Boselli ose défier à nouveau le gardien de Veracruz depuis le point de penalty. León mène déjà 3:1 lorsque, quelques minutes avant le coup de sifflet final, Boselli trouve une nouvelle fois le chemin des filets. Avec trois buts argentins en un seul match, cette soirée malgré tout mexicaine touche alors à sa fin. Å
Avantage pour León L’Argentin Guillermo Burdisso exulte après avoir inscrit le but du 2:1 contre Veracruz.
Revenu jouer dans son pays natal, Márquez a permis au club domicilié dans l’État du Guanajuato de remporter coup sur coup le Tournoi d’ouverture 2013 et le Tournoi de clôture 2014. Il s’agit là des sixième et septième titres de León en championnat depuis sa création, 72 ans plus tôt. Capitaine de l’équipe, le défenseur Márquez est l’un des principaux artisans de ce succès et lorsque, l’été dernier, au lendemain de la Coupe du Monde brésilienne, il décide de rejoindre l’Italie, León traverse une période pour le moins difficile. Le club passe deux fois de suite à côté d’une qualification pour le tournoi à élimination directe réunissant les huit meilleures équipes du pays. Mais voici que cette année, dès le début du Tournoi d’ouverture 2015, les hommes en vert et blanc font à nouveau parler d’eux. Avec deux victoires en deux matches, León fait la course en tête grâce à une meilleure différence de buts, à égalité de points avec trois autres équipes. Lors de la deuxième journée de la Liga MX, le Club Deportivo Tiburones Rojos de Veracruz a fait les frais de cette évolution, s’inclinant 4:1 face au Club León, auteur d’un excellent match. Le T H E F I FA W E E K LY
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Leader Marhoum Mohamed et Al Merreikh sont en tête du championnat du Soudan.
Un e i m p at i e n c e c r o i s s a nte Mark Gleeson est journaliste et
en tête et Al Hilal suit à trois points, avec cependant un match en moins. Sur le papier, les deux ogres sont donc à égalité parfaite au moment d’aborder les trois derniers mois de compétition. À noter que dimanche, Al Merreikh a laissé échapper des points à Merreikh Al Fasher.
commentateur de football et vit au Cap.
De nombreux championnats de la planète sont dominés par une poignée de clubs. Parfois, cette poignée se réduit à deux clubs. C’est le cas du Soudan, où les voisins Al Hilal et Al Merreikh exercent une domination outrancière sur la ligue nationale, créée en 1962. Sur les 50 éditions précédentes du championnat, Al Hilal en a gagné 28, Al Merreikh 19. Il n’est arrivé qu’à trois reprises qu’un autre club emporte la décision et la dernière fois remonte déjà à 1992. La présente mouture du championnat soudanais prolonge cette tradition, le duo possédant déjà neuf longueurs d’avance sur ses premiers poursuivants. Al Merreikh est 16
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Al Merreikh recevra Al Hilal vers la fin de la saison. Les stades des deux clubs se dressent à proximité l’un de l’autre à Omdourman, banlieue tentaculaire de la capitale Khartoum située sur la rive ouest du Nil. La rivalité entre les deux clubs est l’une des plus chaudes de toute l’Afrique. Elle se traduit souvent par des scores des plus serrés. Ainsi, les trois dernières confrontations ont toutes accouché de matches nuls, les deux dernières fois sur le score de zéro à zéro. Cette année, la course au titre pourrait être encore plus pimentée que d’habitude. Depuis une dizaine d’années, les deux clubs sont régulièrement présents en Ligue des Champions de la CAF, même si Al Merreikh reste à ce jour la seule formation soudanaise
à avoir remporté une épreuve continentale en Afrique, à savoir la défunte Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupe, en 1989. À l’heure actuelle, Al Merreikh et Al Hilal sont toujours en lice dans la Ligue des Champions 2015 et si la phase de groupes devait s’arrêter aujourd’hui, Al Hilal – premier de son groupe – affronterait en demifinales Al Merreikh, deuxième de sa poule, au mois de septembre prochain. Ce week-end, nous en saurons un peu plus sur la probabilité d’une telle confrontation soudano-soudanaise dans le dernier carré de l’épreuve reine du continent. En attendant, les fans des deux formations sont plus impatients que jamais à l’idée d’exporter leur rivalité hors des frontières de leur pays et de voir l’une ou l’autre équipe écrire le plus glorieux des chapitres de son histoire. Å
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Premier League soudanaise
Eredivisie néerlandaise
L’Ajax en reconquête Annette Braun est membre de l’équipe de rédaction de FIFA Weekly.
Les noms des joueurs passés par le PSV Eindhoven ou l’Ajax Amsterdam avant de connaître les sommets du football mondial sont prestigieux, les carrières qui ont suivi impressionnantes. Romário, Gullit, Ronaldo ou Robben. Cruyff, van der Sar, Ibrahimović ou Suárez. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres. L’Eredivisie sert de tremplin vers les meilleurs championnats européens et les centres de formation des clubs néerlandais sont réputés pour leur excellence.
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Cet été, Arsenal a ainsi recruté le jeune attaquant ajacide Donyell Malen, 16 ans. Amsterdam se sépare d’un immense talent et la première division néerlandaise passe à côté d’une future attraction. Voilà un bel exemple du fléau auquel les clubs ont dû s’habituer depuis longtemps, même si les
dirigeants de l’Ajax se sont montrés extrêmement déçus du transfert de leur jeune pépite. De son côté, l’entraîneur Frank de Boer suit certainement de très près l’évolution du cas Jasper Cillessen. Le portier de l’Ajax est très courtisé par Manchester United, mais son coach espère que le gardien international restera dans la capitale et disputera une nouvelle saison sous ses ordres. Ce serait un atout certain pour le championnat et, surtout, pour la mission “reconquête du titre”. Les Lanciers ont dominé la première division des Pays-Bas pendant quatre ans, terminant chaque fois sur la plus haute marche du podium. Mais la saison passée, le PSV Eindhoven est parvenu à lui damer le pion. Avec 17 points d’avance sur Amsterdam, l’AZ Alkmaar et le Feyenoord Rotterdam, Eindhoven a décroché son premier titre de champion depuis 2008. Le coup d’envoi de la nouvelle saison d’Eredivisie aurait dû être donné ce 7 août, mais une grève des forces de police est venue remettre le programme en question. Certaines rencontres ont ainsi dû être annulées, dont celle du tenant du titre, prévue contre l’ADO La Haye.
Ses dauphins, eux, devraient pouvoir débuter la compétition comme prévu. L’Ajax Amsterdam entrera en lice face à Alkmaar. Quant au Feyenoord Rotterdam, il recevra le FC Utrecht. Les quatre premiers de la saison dernière ne sont pas uniquement unis par la lutte pour le titre, leurs entraîneurs ont également des points communs. Frank de Boer (Ajax), Phillip Cocu (PSV), Giovanni van Bronckhorst (Feyenoord) et John van den Brom (Alkmaar) sont autant de noms qui ont marqué toute une génération du football batave et qui, en plus de leurs exploits à domicile, ont fait fureur en Espagne, en Angleterre et en Turquie. Aujourd’hui âgés d’au moins 40 ans, ils espèrent renouer avec le succès en entraînant une formation de leur pays. Cocu est le champion en titre, van den Brom le plus expérimenté, de Boer l’ancien champion en série et van Bronckhorst le débutant. Le championnat néerlandais n’en aura que plus de charme. Å
Concentré Le coach de l’Ajax, Frank de Boer (au c.), prépare son équipe pour la nouvelle saison. T H E F I FA W E E K LY
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HISTORIQUE
Du purgatoire à la gloire L’euphorie de la montée en première division peut donner des ailes à une équipe, au point parfois qu’elle s’envole jusqu’au titre. Nottingham Forest, les Girondins de Bordeaux ou encore le 1. FC Kaiserslautern sont quelques exemples de ces clubs qui ont connu une promotion immédiatement suivie d’un sacre.
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Surprises et records En France, le phénomène s’est produit trois fois. Le premier titre des Girondins de Bordeaux, lors de la saison 1949/1950, a longtemps paru inespéré pour ce club fraîchement promu, qui comptait six points de retard sur Lille à la fin de la première moitié du championnat. A rrivé à l’intersaison, l’ailier international néerlandais Lambertus De Harder en a été le grand artisan, permettant finalement au club girondin d’arracher le titre, avec une avance de six points sur le favori lillois. Quatorze ans après ce surprenant succès, Saint-Étienne réussit le même exploit. Champions de deuxième division en 1963, les Verts remportent le titre l’année suivante à l’étage au-dessus, le deuxième d’une longue série de dix au total. Parmi les joueurs ayant participé au triomphe stéphanois, on trouve un certain Aimé Jacquet, qui permettra à la France de remporter la Coupe du Monde de la FIFA™ 34 ans plus tard. Le titre décroché par l’AS Monaco en 1978 n’est pas non plus le premier de son histoire, mais il intervient après le retour du club de la principauté parmi l’élite, sous la houlette de Lucien Leduc. Ce troisième sacre est l’occasion pour un jeune gardien nommé Jean-Luc Ettori de se faire remarquer et de s’imposer dans les buts monégasques. Il conservera sa place pendant 604 matches de première division, un record qui tient toujours ! “Notre équipe avait changé de visage. Habituellement il faut bien avouer que nous avions un point faible, la défense”, se souvient l’attaquant Christian Dalger. “Mais là nous avions recruté Gardon, Courbis, Vitalis, Moizan et personne n’avait peur de la relégation. Évidem18
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Triomphe inattendu Le défenseur de Nottingham Forest Kenny Burns brandit le trophée (1978).
Bob Thomas / Getty Images
n dit souvent que la victoire est d’autant plus belle qu’elle est inattendue. En football, le couronnement d’un promu en est le meilleur exemple. Un tel parcours constitue un tour de force, à plus forte raison quand le club en question évolue au sein de l’élite pour la première fois. Les annales des différents championnats nationaux regorgent de ces histoires de nouveaux venus aussitôt propulsés vers la gloire.
HISTORIQUE
Champion pour la première fois Le succès historique de Lekhwiya quelques mois seulement après sa promotion (2011).
ment, nous ne pensions pas au titre, mais nous étions persuadés que nous avions les moyens de finir au milieu de tableau ...” La même année, de l’autre côté de la Manche, c’est Nottingham Forest qui défraye la chronique, en terminant devant Liverpool, champion en titre. Non content de ceindre la première couronne nationale de son histoire, Forest remporte la Coupe d’Europe des Clubs Champions la saison suivante.
Karim Jaafar / AFP
En 1978, Nottingham F orest défraye la c hronique en terminant devant Liverpool, c hampion en titre. La magie de Rosario De l’autre côté de l’océan, Rosario Central a également réalisé l’exploit, pour le plus grand bonheur de ses fans passionnés. “Les supporters de Rosario Central pensent que nous sommes les premiers dans tout, au moins en dehors de Buenos Aires”, avance l’écrivain Roberto Fontanarrosa, un des plus fervents supporters du club. “Central a été la première équipe de province à remporter le championnat, à se qualifier pour la Copa Libertadores et à remporter un titre international”.
En 1986/87, le club a décroché le championnat national alors qu’il venait de monter en première division, devançant son voisin et rival Newell’s Old Boys d’un seul point. Cet exploit a grandement contribué à souffler sur les braises de l’animosité historique entre les deux clubs. L’entraîneur de l’époque, Ángel Tulio Zof, n’en croyait pas ses yeux : “Je suis tout retourné. Ce qu’on vit actuellement est indescriptible. L’émotion, les gens, les joueurs … Nous avons atteint notre but. La chance nous a été favorable et cela pour le bien du football. Je tire mon chapeau à mes jeunes joueurs, qui ont fait ce qu’il fallait pour être champions”. Le tour de force de Kaiserslautern Le club allemand de Kaiserslautern, relégué en seconde division lors de la saison 1996/97, fait également partie de la liste des promus devenus champions. L’entraîneur Otto Rehhagel avait ramené les Diables Rouges parmi l’élite dès l’année suivante, avant de créer la sensation en remportant la quatrième couronne de l’histoire du club. Kaiserslautern comptait alors dans ses rangs plusieurs stars, dont Andreas Brehme, vainqueur de la Coupe du Monde 1990, Michael Ballack et Ciriaco Sforza, sans oublier Olaf Marschall, deuxième meilleur buteur de Bundesliga cette année-là. Fou et heureux En Asie, l’Olympic Beyrouth a réalisé une saison inoubliable au début de ce siècle, en
s’adjugeant le championnat et la Coupe du Liban un an seulement après sa montée en première division. Il faut dire que l’équipe avait constitué, grâce à son recrutement, une sorte de Dream Team nationale. Au Qatar, le club de Lekhwiya a créé la surprise lors de la saison 2010/11 en arrachant le titre des mains d’Al-Gharafa, qui le monopolisait depuis plusieurs années. Le club entraîné par l’Algérien Djamel Belmadi a réalisé cet exploit historique quelques mois seulement après sa promotion parmi l’élite. “Tout le monde se demande comment un club si jeune et promu a pu réaliser cela. Les joueurs m’ont pris pour un fou lorsque je leur ai dit que nous visions le titre. Aujourd’hui, je suis très heureux”, confiait alors l’ancien Marseillais à FIFA.com. Depuis, Lekhwiya joue les premiers rôles au Qatar. Le club a remporté le championnat national à trois autres reprises, dont l’édition 2014/15. À l’autre bout du continent asiatique, Kashiwa Reysol est devenu la première équipe japonaise à remporter successivement le championnat de deuxième division puis celui de première division. Après avoir dominé la J-League, le club a participé à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2011™. Les Japonais ont fini à la quatrième place, après avoir perdu aux tirs au but contre les Qataris d’Al Sadd. De quoi donner des idées aux clubs qui visent actuellement la montée ... Å Mohammed Hallal T H E F I FA W E E K LY
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First Love Lieu : La ville de Gaza, en Palestine Date : 28 juillet 2015 Heure : 18h44 Photog raphe : Mohammed Salem
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FOOTBALL FOR HOPE
Football for Hope témoigne de notre engagement pour bâtir un meilleur avenir à travers le football. Nous avons soutenu à ce jour plus de 550 projets communautaires socialement responsables qui utilisent le football comme outil de développement social afin d’améliorer les conditions de vie et les perspectives d’avenir des jeunes et des communautés dans lesquels ils évoluent. Rendez-vous à la rubrique Développement durable sur FIFA.com pour en savoir plus.
FOOTBALL FÉMININ
LE BILLET DU PRÉSIDENT
Grosses affluences en Angleterre et aux États-Unis Dans le sillage de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Canada 2015™, l’engouement pour le football féminin ne cesse de croître.
Le football doit rester indépendant !
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Wembley Plus de 30 000 spectateurs ont suivi le dénouement de la FA Cup féminine entre Chelsea et Notts County.
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Getty Images
ors de la première édition de la FA Cup féminine disputée à Wembley, un nouveau record d’affluence a été battu pour un match de clubs en Angleterre, grâce aux 30 710 spectateurs venus assister à la finale. Chelsea a profité de l’occasion pour remporter le premier trophée de son histoire en football féminin, à l’issue d’une victoire 1:0 sur Notts County. L’internationale sud-coréenne Ji Soyun a inscrit en première période le seul but de la partie, sur une passe d’Eniola A luko, élue joueuse du match. En NWSL nord-américaine, l’histoire se répète, avec des affluences toujours aussi fortes et des buteuses toujours en forme. Le week-end des 1er et 2 août, Seattle Reign a accru son avance en tête à la faveur d’un succès 2:1 sur les Boston Breakers, dans une rencontre qui s’est jouée à guichets fermés. Même scénario pour les Chicago Red Stars sur leur terrain, qui ont mené deux fois au score grâce à des buts signés Christen Press avant de concéder le nul à Kansas City. Å tfw
a popularité et le rayonnement global du football n’ont pas toujours que des effets positifs. Ainsi, notre sport peut devenir l’objet de spéculations ainsi que (au sens premier du terme) le jouet d’investisseurs. À cet égard, la FIFA a pris une décision de principe entrée en vigueur le 1er mai 2015 – l’interdiction de propriété ou d’achat de droits de joueurs par des tierces parties. Fin juillet, un tribunal de Bruxelles a appuyé cette nouvelle règle en rejetant en première instance une demande de l’agence de droits sportifs Doyen Sports Investments et du club de deuxième division belge Seraing United visant à lever temporairement l’interdiction internationale de la propriété des droits économiques des joueurs par des tiers (TPO). En d’autres mots : le transfert des droits d’un joueur ne peut plus être effectué que de club à club. Bien que sur le court terme, cette nouveauté puisse entraîner des difficultés économiques chez certains clubs, elle demeure d’une extrême importance pour l’avenir du football. Actuellement, 30 pour cent des sommes versées dans tous les transferts de par le monde reviennent à des tiers – et échappent ainsi aux clubs. Dans le pire des cas, cela peut miner les fondations mêmes du football. Afin de réaliser dans quelles dimensions nous évoluons, il suffit de se pencher sur les flux financiers. Selon le système de régulation des transferts de la FIFA, les clubs issus des cinq grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie) ont investi, à eux seuls, 466 millions de dollars US au cours de la période de transferts de l’hiver 2014/2015. L’interdiction de propriété par des tiers garantit l’indépendance et l’intégrité des clubs – et ainsi la crédibilité du football. Mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment des clubs concernés. En raison de la portée politico-sportive ainsi que de la complexité juridique de cette problématique, il convient d’avancer prudemment. L’objectif est toutefois de réguler le marché en agissant dans le sens de la raison. Car il ne doit plus arriver que des clubs, dans l’optique de gains pécuniaires rapides, se jettent dans les bras d’investisseurs évoluant hors du secteur, se retrouvent au cœur d’un conflit d’intérêts – et perdent finalement tout contrôle.
Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY
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Couronné Brian Harris (g.) et Brian Labone portent en héros leur coéquipier Mike Trebilcock (au milieu) pour son doublé qui a permis à Everton de remporter la FA Cup.
LES HÉROS D’UN MATCH
Keystone
Parfois, un seul et unique match peut suffire pour entrer à jamais dans l’histoire du football. Stephen Sullivan se souvient de buts décisifs pour un titre, de relégations évitées de justesse et d’exploits en Coupe du Monde.
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HÉROS D’UN M AT CH
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oute équipe possède ses héros, qui, dans la plupart des cas, ont atteint leur statut grâce à la répétition de leurs prouesses au fil des années. Pour certains footballeurs néanmoins, l’ascension au rang d’idole s’est faite beaucoup plus rapidement : il leur a suffi d’un match pour inscrire leur nom dans le livre d’or de leur club ou de leur pays. Prenez Mike Trebilcock, par exemple. À en juger par son bilan statistique à Everton – 14 matches, trois buts –, il semblerait que cet attaquant n’ait pas cassé des briques à Goodison Park. Pourtant, Trebilcock, qui vit désormais en Australie, est sûr de recevoir un accueil triomphal lorsqu’il revient dans le Merseyside. La raison en est que l’un de ses 14 matches avec les Toffees s’est soldé par un triomphe en FA Cup. Ce jour-là, il réalisa une prestation qui changea sa carrière à tout jamais. Étonnamment préféré à l’international anglais Fred Pickering pour la finale de la Coupe d’Angleterre 1966, Trebilcock a saisi sa chance en inscrivant un doublé qui a permis à Everton de remonter deux buts de retard pour s’imposer 3:2 face à Sheffield Wednesday. “Les gens me parlent encore de cette finale, ça ne changera jamais”, déclarait quelques années plus tard le héros de Wembley. “Ils me demandent : ‘Quand avezvous arrêté de fêter ça ?’ Moi je réponds : ‘On n’a jamais arrêté !’ Même en Australie, cette rencontre est restée gravée dans les mémoires. On m’interroge sans arrêt sur ce match mémorable et je réponds invariablement : ‘On le fête encore et je le fêterai jusqu’au jour de ma mort’.”
Clive Brunskill / Allsport, Alex Morton / Action Images, Reuters
Le but du titre Il est une autre grande ville de football qui a engendré le même type de héros. Ainsi, vous aurez beaucoup de mal à entendre un fan du Celtic Glasgow parler en mal de Harald Brattbakk. Si vous insistez un peu, les supporters reconnaîtront peut-être que le Norvégien a réalisé trois saisons sans relief au club. Mais ils oublient sans mal toutes les performances médiocres de l’attaquant en se remémorant un but qui a mis fin
à l’une des périodes les plus sombres de l’histoire du Celtic. En 1998, alors que la formation attendait de remporter un championnat depuis dix ans, Harald Brattbakk a fait des étincelles. Lors de la dernière journée de la saison, il a marqué le but de la victoire (2:0) contre St. Johnstone, offrant ainsi le titre à son club. “Ce but a empêché les Rangers de décrocher un dixième titre consécutif, ce qui leur aurait permis de faire tomber le record du Celtic”, explique Brattbakk. “Il s’agit, à n’en pas douter, du point d’orgue de ma carrière. Ce but valait de l’or pour tout un tas de gens.” Tous en attaque Difficile de trouver mieux que cet épisode en termes d’émotions et de suspense. Pourtant, Jimmy Glass pourrait se targuer d’avoir surpassé Brattbakk. En 1999, ce portier ayant connu de nombreux clubs était en prêt à Carlisle United, dont il gardait les cages lors du dernier match de la saison. Son équipe devait alors s’imposer face à Plymouth Argyle pour éviter de quitter le niveau professionnel du football anglais.
“J’ai toujours été un attaquant contrarié” Jimmy Glass, gardien de Carlisle United
Ce jour-là, il ne reste plus que dix secondes à jouer et le score est de 1:1. Sur le dernier corner, Glass traverse le terrain pour créer le surnombre. Par miracle, il profite d’un ballon mal repoussé pour battre son homologue d’une volée. Carlisle est sauvé et une légende est née. “J’ai toujours été un attaquant contrarié”, a déclaré Glass au journal
Mémorables Avec son but, Harald Brattbakk (à gauche) a offert le titre au Celtic Glasgow, lors du dernier match de la saison ; Jimmy Glass (en haut à droite), gardien et auteur du but qui a évité la relégation à Carlisle United ; Roy Essandoh est entré dans l’histoire lorsqu’il a répondu à l’annonce des Wycombe Wanderers et les a propulsés en demi-finale de la FA Cup.
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Bonheur allemand Nia Künzer (en haut à gauche) a inscrit le but du 2:1 face à la Suède, synonyme de titre mondial pour la “Mannschaft” féminine ; les deux réalisations de Dirk Weetendorf (en bas à gauche) ont maintenu le HSV en Bundesliga ; le sprint de David Odonkor a entraîné la défaite de la Pologne contre l’Allemagne, en match de groupe de la Coupe du Monde.
À la recherche d’attaquants Roy Essandoh fait partie de ces joueurs qui ont fait la une du jour au lendemain avant de disparaître de la circulation. En 2001, le Wycombe Wanderers FC, qui évoluait en quatrième division anglaise, a atteint les quarts de finale de la FA Cup, où il a retrouvé Leicester City, pensionnaire de Premier League. Wycombe était cependant en manque d’attaquants, car ses six avants étaient à l’infirmerie. Le manager Lawrie Sanchez n’a eu d’autre choix que d’utiliser des moyens peu conventionnels. Il a publié une annonce sur le désormais obsolète service de télétexte Ceefax : le club cherchait un attaquant en forme et n’ayant pas joué en FA Cup avec une autre équipe cette saison-là. Essandoh est le seul à y avoir répondu et Sanchez ne l’a jamais regretté. Son but de la tête, le plus important de toute l’histoire des Wycombe Wanderers, a envoyé le Petit Poucet en demi-finale. Ce but aura toutefois été le seul inscrit par le Nord-Irlandais en 13 sorties sous les couleurs des Wanderers. Depuis, il navigue de club en club, dans l’anonymat le plus complet. Héros et sauveurs Le football britannique a fourni certains des exemples les plus mémorables de starisation éphémère, mais ce phénomène ne lui est pas exclusif. En Argentine, tous les fans de football connaissent Claudio Benetti et Rubén Bruno. Pourtant, aucun de ces deux joueurs n’a signé une carrière phénoménale. Mais Benetti a inscrit pour Boca Juniors un but tout 26
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aussi important que celui de Brattbakk avec le Celtic. En 1992, lors de la dernière journée d’Apertura, il a fait ses débuts contre San Martín et a offert aux Xeneizes leur premier titre en onze ans. Quant à Bruno, il avait mis un terme à la plus longue disette de River Plate. Profitant d’une grève des joueurs professionnels en 1975, il avait marqué à 17 ans le but qui avait donné aux Millonarios leur premier sacre depuis 1957. De la même manière que ces deux hommes ne figureront jamais au panthéon du football argentin, Dirk Weetendorf n’apparaîtra jamais dans une liste des légendes de la Bundesliga. En fin de compte, il n’a fait trembler les filets qu’à trois reprises au cours d’une carrière décevante dans l’élite. Malgré tout, Weetendorf reste un chouchou à Hambourg et il a d’ailleurs été surnommé Horst-Uwe, en référence aux idoles du club Horst Hrubesch et Uwe Seeler. Pourquoi ? Parce que deux de ses trois buts sont intervenus lors d’une victoire 2:1 face au Borussia Dortmund qui a sauvé le club de la relégation, en 1997. Contes de fées allemands Les équipes nationales ont aussi connu des héros éphémères, à l’instar de la Mannschaft allemande. En 2013, David Odonkor a raccroché les crampons à l’âge de 29 ans en mettant un terme prématuré à son contrat avec le club ukrainien de l’Hoverla Uzhhorod. Il a ainsi stoppé une carrière professionnelle qui n’aura jamais été à la hauteur des attentes. Cet ailier a pourtant laissé une trace indélébile dans son pays suite à la Coupe du Monde de la FIFA 2006™, où son accélération et son centre millimétré avaient offert à Oliver Neuville un but fatal à la Pologne et décisif pour la suite de la campagne des troupes de Jürgen Klinsmann. Le conte de fées allemand s’était finalement terminé à la troisième place de cette Coupe du Monde disputée à domicile. En 2003, lorsque l’équipe féminine allemande s’est adjugé son premier titre mondial, une joueuse est largement sortie du lot : Nia Künzer.
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The Independent. “Les gens voient ce but comme un fait insolite, mais j’en avais mis trois la veille à l’entraînement.” En comptant cette fameuse rencontre, Glass n’aura disputé que trois matches avec Carlisle. Deux ans plus tard, il raccrochera définitivement les gants, à l’âge de 27 ans seulement.
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C’est elle qui a inscrit le but en or, d’un coup de tête magnifique, en finale contre la Suède. À l’époque, elle était âgée de 23 ans et semblait promise à une brillante carrière. Pourtant, alors que l’Allemagne et ses coéquipières, telles que Birgit Prinz, sont montées en puissance, Künzer a été victime quelques mois plus tard d’une blessure aux ligaments croisés du genou dont elle ne s’est jamais complètement remise. Elle a dû arrêter sa carrière en 2006. Apparitions en Coupe du Monde Tant que nous en sommes à parler de buts merveilleux, comment ne pas évoquer celui inscrit par le Saoudien Saeed Al-Owairan lors de la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis, au terme d’un fantastique slalom dans la défense belge. Sa prouesse a emmené les siens en huitième de finale. Si vous vous demandez pourquoi vous n’avez plus trop entendu parler de ce Fils du Désert, c’est que sa carrière s’est délitée par la suite. Al-Owairan a touché le fond lorsqu’il a été suspendu un an et emprisonné pour avoir enfreint la loi sur l’alcool dans son pays. Josimar n’est pas non plus passé inaperçu en Coupe du Monde, et pas seulement en raison de son but somptueux contre l’Irlande du Nord à
Mexique 1986. Le Brésilien avait aligné les performances de haute volée, au point d’être nommé meilleur arrière droit de la compétition. Il semblait s’ouvrir les portes d’une grande carrière, mais la pression inhérente à cette accession instantanée à la gloire a été à l’origine d’une dégringolade spectaculaire du jeune homme de 25 ans. “J’étais pauvre et du jour au lendemain, je suis devenu une célébrité”, a raconté Josimar dans les colonnes du magazine FourFourTwo. “Les distractions en dehors des pelouses ont eu raison de mon endurance et de ma concentration.” La Coupe du Monde a toujours été un théâtre privilégié pour les belles aventures d’un jour. Demandez donc à Oleg Salenko. Quand il est arrivé à États-Unis 1994, l’attaquant russe n’avait jamais inscrit le moindre but en sélection. En un match, la correction 6:1 infligée au Cameroun, Salenko en a signé cinq, établissant au passage un record d’efficacité en phase de groupes. Cet exploit, ainsi que son but face à la Suède, lui ont valu de décrocher le Soulier d’Or adidas, mais aussi étonnant que cela puisse paraître, Salenko n’a pas été retenu pour le match suivant. Cela va même plus loin : celui qui est peut-être le modèle suprême du héros d’un match n’a jamais plus porté les couleurs de son pays. Å
“J’étais pauvre et du jour au lendemain, je suis devenu une célébrité”
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Le Brésilien Josimar
Tombés dans l’oubli après la Coupe du Monde Bien qu’élu meilleur arrière droit du tournoi de 1986, Josimar (à gauche) n’a pas embrassé une grande carrière ; Oleg Salenko (en haut à droite) a fait trembler les filets camerounais à cinq reprises pour la Russie, mais n’a ensuite plus jamais joué pour son pays ; Saeed Al-Owairan n’a pas réussi à confirmer après ses excellentes prestations à États-Unis 1994.
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Le Paraguay de retour grâce à son entraîneur Après 14 ans d’absence, le Paraguay fait son retour en Coupe du Monde U-17 sur le sol chilien. Un succès signé Carlos Jara Saguier, comme nous l’explique Diego Zandrino. 28
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ors du Tournoi Olympique de Football d’Athènes, en 2004, Carlos Jara Saguier avait permis à la sélection paraguayenne U-23 de décrocher la médaille d’argent. Cette année, il a emmené l’équipe U-17 de son pays jusqu’à une qualification pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Chili 2015™. Absents de ce tournoi depuis plus d’une décennie, les jeunes Paraguayens ont signé là une belle performance avec leur sélectionneur. Le nom de Jara Saguier était cependant entré dans l’histoire du football paraguayen bien avant cette qualification. Carlos fait en effet partie d’une famille dans laquelle pas moins de sept frères ont fait carrière dans le football de ce pays d’Amérique latine. “Je crois que c’est quelque chose d’unique au monde”, affirme en souriant l’entraîneur de 64 ans. “En plus, mon père est le fondateur du club de Rubio Ñu, qui est aujourd’hui en première division. Il n’est donc pas exagéré de dire que j’ai le football dans le sang”, ajoute-t-il non sans humour.
La saga Jara Saguier Críspulo Jara Román et Lidia Saguier ont eu 13 enfants : 6 filles et 7 garçons. Darío, Toribio, Enrique, Ángel, Alberto, Carlos et Críspulo ont probablement cassé plus de vitres et piétiné plus de plates-bandes que ce que l’on peut s’imaginer. “C’était comme ça : à la fin de chaque réunion familiale, il fallait réparer toute la maison. Cela dit, il n’y a jamais eu une seule bagarre”, se souvient-il. À l’exception d’Alberto, tous les frères ont joué à Cerro Porteño. Quatre d’entre eux ont même été champions du Paraguay avec le Ciclón, comme est surnommé le club de Barrio Obrero, un quartier d’Asunción. On dit souvent que Carlos était le meilleur joueur de la fratrie. “Chacun avait ses qualités. Moi, j’étais milieu offensif. À l’époque, dans l’équipe du Cerro, il y avait Saturnino Arrúa, qui était titulaire à ce poste. Alors on m’a fait redescendre en position de milieu récupérateur. Malgré cela, j’ai quand même marqué pas mal de buts, car j’avais une technique correcte et une bonne vision du jeu.”
Norberto Duarte / AFP
Joie Óscar Rodas (au c.), capitaine des U-17 paraguayens, fête la qualification pour la Coupe du Monde avec ses partenaires.
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Carlos a remporté trois titres avec la formation azulgrana, entre 1972 et 1975. Ensuite, il a pris la direction de Cruz Azul, au Mexique, où il a remporté deux titres nationaux, avant de revenir au Ciclón pour un baroud d’honneur, puis de prendre sa retraite en 1985. Sa première expérience comme entraîneur a justement débuté au Mexique, à Monterrey, en 1999. Profiter de l’instant présent Des sept frères, Darío, Enrique, Ángel, Alberto et Carlos ont porté le maillot de l’équipe nationale. C’est Carlos qui a eu la plus belle carrière en sélection. Il a participé aux qualifications pour Allemagne 1974, Argentine 1978 et Espagne 1982, sans jamais toutefois réussir à s’ouvrir les portes de la phase finale de la Coupe du Monde de la FIFA™. Cela donne peut-être encore plus de poids à la qualification des U-17 paraguayens pour la Coupe du Monde de la catégorie au Chili. “Pour moi, ce n’est pas une revanche, mais une belle opportunité de savoir à quoi ressemble l’atmosphère de la compétition reine. Quand j’étais joueur, j’ai tout fait pour jouer la Coupe du Monde, donc je connais toute la difficulté qu’il y a à se qualifier pour cette épreuve. C’est ce que je rappelle souvent aux garçons : ils doivent savoir qu’ils ne revivront peut-être jamais une telle expérience. Il faut qu’ils en profitent au maximum, avec le même sérieux que pendant le Championnat d’Amérique du Sud, mais sans oublier de prendre du plaisir”, explique celui qui est arrivé aux commandes de la sélection U-17 début 2014. Jara Saguier n’a pas attendu le tirage au sort de la phase finale pour se fixer des objectifs. “L’adolescence est toujours une période de rébellion. Bien gérée, la rébellion est aussi une expérience positive. Nous leur parlons
beaucoup afin qu’ils comprennent l’importance de ce moment pour leur carrière. Je suis satisfait de mes garçons car ils écoutent et ne rechignent jamais à l’effort.” Philosophie et objectifs Ses “garçons” ont effectué leur baptême du feu en tant qu’hôtes du Championnat d’Amérique du Sud. À cette occasion, le Paraguay a terminé premier de son groupe, avant de s’adjuger le quatrième et dernier billet qualificatif sud-américain pour Chili 2015 en battant l’Uruguay, qui, avant la rencontre, occupait la quatrième place. “Ils ont ressenti une grosse pression, ce qui est compréhensible chez des adolescents de 16 ans. Nous n’avons pas toujours réussi à gérer cette pression. Cela explique nos résultats irréguliers.” Cette inconstance n’a pas empêché l’Albirroja de boucler les qualifications pour la Coupe du Monde avec la meilleure attaque. “Sur le plan offensif, nous avons été irréprochables. Nous avons tourné à deux buts par match en moyenne. C’est en défense que nous avons eu des problèmes. Il faut que nous trouvions l’équilibre. Pour bien jouer, il faut remplir trois conditions : se créer des occasions de but, les concrétiser à hauteur de 50 % et ne donner aucune possibilité à l’adversaire. Nous allons travailler ce dernier domaine car en Coupe du Monde, ça ne pardonnera pas.” Jara Saguier n’attend pas le tirage au sort final, qui aura lieu le 6 août prochain, pour se fixer des objectifs. “Si je disais que notre but est de gagner la Coupe du Monde, je me voilerais la face. Aujourd’hui, je m’attache à faire comprendre à mes joueurs qu’ils doivent donner le meilleur d’eux-mêmes, car en football, beaucoup d’éléments conspirent contre vous : l’adversaire, le ballon, le terrain… Mais
en privé (2), Nestor Soto / CONMEBOL
Photo de famille Enrique, Darío et Ángel (de g. à d.) avec le maillot de Cerro Porteño.
Un duo sur le terrain Carlos (à g.) et Alberto.
si vous donnez le meilleur de vous-même, la conspiration a déjà beaucoup moins de chances de réussir”, souligne le technicien. Pas besoin de lui demander d’où lui vient cette philosophie. Encore aujourd’hui, il se retrouve à la maison avec ses frères pour discuter de la sélection U-17. “Je leur demande leur avis et nous échangeons des idées, avec comme ligne de conduite de toujours faire en sorte que le Paraguay arrive à bon port. Et puis, je veux faire honneur à notre nom. Je tiens à ce qu’il soit associé à la réussite du football paraguayen.” Å
Le garant du succès Carlos Jara Saguier se prépare à la compétition en affinant son concept tactique.
Coupe du Monde U-17 : une scène planétaire pour les jeunes C’est en 1985, en Chine, qu’a eu lieu la première Coupe du Monde U-17 de la FIFA™. Depuis, les meilleures équipes de jeunes s’affrontent tous les deux ans pour tenter de décrocher le titre mondial. L’édition 2015 se déroulera du 17 octobre au 8 novembre au Chili et le tenant du titre est le Nigeria. En tout, 24 sélections nationales U-17 y participeront. Elles ont validé leur billet à l’issue des championnats continentaux. Le tirage au sort des six groupes de quatre équipes pour le premier tour de la phase finale a eu lieu le 6 août, après la clôture de la rédaction de ce numéro. Vous trouverez plus d’infos à cette adresse : http://tinyurl.com/2d5j9dz
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FIFA PARTNER
TRIBUNE
COUP DE PROJEC TEUR
INFORMATIONS GÉNÉR ALES Pays : Liechtenstein Trigramme FIFA : LIE Confédération : UEFA Continent : Europe Capitale :
Au bord du terrain Annette Braun
Mario Wagner / 2Agenten
G
agner à tout prix. C’est certainement ce qu’a pensé Pablo Martel, entraîneur du club argentin de l’Atlético Unión Santiago. Lors de la rencontre face au Deportivo Comercio de Santa Sylvina, un joueur adverse s’est lancé dans un sprint balle au pied le long de la ligne de touche en direction du drapeau de corner, une situation idéale pour ensuite adresser un centre millimétré. Comment Martel a-t-il réagi sur cette phase de jeu ? Il aurait pu donner d’ultimes indications à ses défenseurs. Il aurait pu se préparer à une occasion de l’adversaire. Il aurait pu, déçu, tourner le dos à l’action et désapprouver la mauvaise attitude défensive de son équipe par des signes de tête. Il aurait même pu transformer sa colère en énergie positive pour remobiliser ses troupes. Mais Pablo Martel a choisi une toute autre option. Il a donné un nouveau sens au concept de douzième homme. Lorsque l’attaquant est arrivé à la hauteur du coach, ce dernier s’est mis sur la ligne de touche, a tendu son pied gauche et n’a pas hésité à faire trébucher l’adversaire. Cela nous rappelle le coup de tête d’Alan Pardew en 2014, même si dans le cas de l’entraîneur de Newcastle United, il s’agissait d’une bagarre et non d’une intervention directe dans le jeu. À l’époque, Pardew avait agressé le joueur de Hull City David Meyler, alors que les Magpies l’avaient emporté 4:1. Ce
faux-pas lui avait valu sept matches de suspension dont trois journées d’interdiction de stade. En réalité, seules certaines occasions permettent à l’entraîneur de sortir du cadre de ses attributions. Lors du match de gala “Soccer Aid” de l’été dernier, par exemple, José Mourinho ne s’en est pas privé et a joué les fauteurs de troubles en subtilisant le ballon au chanteur Olly Murs. Mais personne ne s’est énervé sur le bord du terrain et le coach n’a pas été réprimandé. Au contraire, tous les participants ont rigolé. En fin de compte, le Portugais a agi pour la bonne cause. Å
Vaduz
INFORMATIONS GÉOGR APHIQUES Superficie : 160,4 km² Point culminant : Vordere Grauspitz 2 599 m Façade maritime : –
FOOTBALL MASCULIN Classement FIFA : 147e position Coupe du Monde : aucune participation
DERNIERS RÉSULTATS Hommes : Liechtenstein - Moldavie 1:1 14 juin 2015
INVES TISSEMENTS DE L A FIFA Depuis 2003 :
La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly
3 000 000 USD T H E F I FA W E E K LY
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LE MIROIR DU TEMPS
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Stockholm, Suède
1958
Emilio Ronchini / Mondadori Portfolio via Getty Images
L’international soviétique Konstantin Krizhevsky s’accorde un peu de repos pendant la Coupe du Monde de la FIFA™.
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LE MIROIR DU TEMPS
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Ibiza, Espagne
2015
Splash / dukas
L’attaquant de Beşiktaş Mario Gomez profite de la pause estivale.
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N E T Z E R L’ E X P E R T
Quelles sont les qualités d’un bon directeur de la formation ?
LE S DÉC L AR AT ION S DE L A SEM AINE
“Zlatan est le meilleur. Nous dormions souvent dans la même chambre avant les matches. Une nuit, il s’est réveillé en me disant : ‘Adi, réveille-toi ! J’ai fait un cauchemar ! J’ai rêvé que Ronaldo était meilleur que moi !’ Il n’a réussi à se rendormir qu’après que je lui ai dit : ‘Non, Zlatan ! Tu es le meilleur du monde ! Calme-toi !’” Adrian Mutu à propos de Zlatan Ibrahimović, son ancien coéquipier à la Juventus
“Si je jouais encore aujourd’hui, je suis prêt à parier que je serais sacré meilleur joueur du monde deux ou trois fois. Avec le football pratiqué en Europe, je marquerais plus de 50 buts par saison. Facilement. Surtout en Espagne.” Rivaldo
Souvent sur la route Günter Netzer, le meneur de jeu de Mönchengladbach, à 20 ans.
imago
T
out club ambitieux se doit aujourd’hui d’avoir dans ses rangs un bon directeur de la formation. On a en effet compris qu’il était possible d’influencer le cours de la carrière d’un jeune joueur. Les grands clubs le savaient déjà, évidemment. Mais personne n’avait réellement conscience des conséquences négatives que pouvait avoir le manque de professionnalisme dans la gestion des équipes espoirs, gestion qui jusqu’alors était souvent le fruit du hasard. Un bon directeur de la formation doit avant tout savoir faire preuve de délicatesse, car il est en contact avec l’entraîneur de l’équipe première, mais il est aussi responsable des équipes de jeunes placées sous sa responsabilité. Il est en quelque sorte l’interface entre ces différentes sections. Son opinion joue donc souvent un rôle crucial lorsque des décisions difficiles doivent être prises. Par exemple lorsqu’il s’agit de fixer le moment adéquat pour lancer un jeune talent en équipe première. Si l’on écoute le joueur ou son entourage, ou encore la presse, il faudrait que ce soit tout de suite. Mais c’est loin d’être toujours le meilleur choix à faire.
Il me semble essentiel pour un entraîneur espoirs ou un directeur de la formation qu’il sache s’occuper de ses joueurs de manière individuelle, comme un instituteur. Je ne parle pas ici de les chouchouter. Mais il doit garder à l’esprit que son équipe est composée de caractères très différents. Il doit donc être capable de sentir ce dont chaque joueur a besoin pour progresser. Certains doivent être stimulés tandis que d’autres ont au contraire besoin qu’on les freine. Et un entraîneur doit bien sûr être en mesure de repérer les joueurs disposant des qualités nécessaires à la poursuite d’une carrière professionnelle. Dans le cas des transferts de jeunes espoirs venus de l’étranger, c’est encore plus délicat. À l’adolescence, le cercle familial joue un rôle essentiel. Dans certains cas, il faut donc permettre à la famille de suivre le joueur dans son nouveau pays d’accueil. Comme pour Lionel Messi. En ce qui le concerne, le FC Barcelone a fait les bons choix du début à la fin. Å
Tout ce que vous avez voulu savoir sur le football. Posez vos questions à Günter Netzer : feedback-theweekly@fifa.org
“La mode, c’est ma passion. Pour moi, c’est juste une affaire de confiance en soi et en la manière dont on s’habille. Ça rend vraiment sexy. Hier, je portais quelque chose qui mettait mes fesses en valeur, on voyait mes jambes, ça me plaisait. Parfois, il fait vraiment chaud, mais tant que vous avez le bon look et que vous vous sentez bien, la météo n’a pas d’importance.” Kei Kamara (Columbus Crew)
“Je comprends que les gens aient besoin de boucs émissaires aussi bien que de héros, mais Messi doit supporter les deux rôles. Quand il contribue à la victoire de son équipe grâce à son incroyable talent, on se rend à l’autel pour l’aduler. Et quand son équipe perd, on se rend au même autel pour le sacrifier.” Jorge Valdano au sujet de Lionel Messi T H E F I FA W E E K LY
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LE TOURNANT
“Si tu marques ici, tu vas te faire un nom” En Italie, Carolina Morace est la véritable figure de proue du football féminin. Elle est notamment connue pour ses quatre buts inscrits à Wembley en 1990, synonymes de record pour l’éternité.
Alex Livesey / FIFA
J
e n’ai pas franchement la mémoire des dates, mais le 19 août 1990 représente une exception. Il s’agit du jour où, avec l’équipe d’Italie, j’ai affronté l’Angleterre dans le mythique stade de Wembley, en lever de rideau du Charity Shield entre Liverpool et Manchester United. Avant la rencontre, toutes les joueuses étaient réunies dans les vestiaires et notre entraîneur est venu me parler. Il m’a exhortée à tout donner dans ce match : “Carolina, si tu marques ici, tu vas vraiment te faire un nom.” Ces mots m’ont touchée et j’étais donc particulièrement motivée en pénétrant sur la pelouse. Nous l’avons finalement emporté 4:1 et j’ai inscrit tous les buts de l’Italie. Après ma première réalisation, j’étais tout simplement heureuse, parce que j’avais effectivement réussi à marquer à Wembley. Après la deuxième, je nageais en pleine euphorie. Après la troisième et la quatrième, quand les spectateurs se sont levés pour applaudir à tout rompre, j’ai commencé à réaliser que quelque chose de singulier venait de se produire. Quatre buts à Wembley ? Personne n’y était encore jamais parvenu, homme ou femme. J’ai vécu énormément de choses au cours de ma carrière, j’ai gagné des titres, j’ai terminé parmi les quatre premières à l’élection de la Joueuse de la décennie et je suis la première femme à avoir été admise au Hall of Fame dans mon pays. Mais le moment le plus fort, c’est sans conteste ce match à Londres. Le plus beau, c'est que mon record a été officialisé sans distinction de sexe. Cela a confirmé l’impression que j’ai eue tout au long de mon parcours
d’attaquante : je n’ai jamais ressenti le besoin de faire mes preuves spécialement en tant que femme. Au contraire, j’ai toujours eu le sentiment d’être reconnue pour ce que je faisais, par tout le monde. Quand on est entraîneuse, les choses sont un peu différentes. Pour être acceptée, il faut avoir un passé solide. Si tu n’as jamais connu le succès, il est très compliqué de s’intégrer dans le milieu. Mes buts inscrits à Wembley m’y ont aidée, de même que mon poste de commentatrice à la télévision. Cela m’a permis de montrer que je connaissais le football et cela m’a ouvert bien des portes, récemment encore, puisque je dirige désormais un centre d’entraînement pour le football féminin à Perth, en Australie. C’est la raison pour laquelle je garderai toujours ce record en mémoire. En plus, c’est un record qui restera pour l’éternité : le vieux stade de Wembley n’existe plus ! Å Propos recueillis par Annette Braun
Nom Carolina Morace Date et lieu de naissance 5 février 1964, Venise (Italie) Poste Attaquante Principaux clubs fréquentés 1989–1991 AC Reggiana Femminile 1991–1993 ACF Milan Femminile 1996–1998 CF Modène Principales équipes entraînées 2000–2005 Italie 2009–2011 Canada Principaux succès Vice-championne d’Europe (joueuse) 12 fois championne d’Italie (joueuse) Vainqueur de la Gold Cup 2010 (entraîneuse) Équipe d’Italie 150 sélections, 105 buts
Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY
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CLASSEMENT MONDIAL MASCULIN
Leader Entrées dans le Top 10 Sorties du Top 10 Nombre total de matches disputés Équipes avec le plus grand nombre de matches Plus grande progression en termes de points Plus grande progression en termes de places Plus grand recul en termes de points Plus grand recul en termes de places P osition Équipe
+/- Points
Argentine (inchangé) Chili (10e, + 1) Pays-Bas (12e, - 7) 29 Jamaïque, Mexique, Panama, États-Unis (6 matches chacun) Albanie (+ 166) Jamaïque (+ 21) Allemagne (- 185) Serbie (- 23)
P osition Équipe
1 Argentine
0 1425
55 Jamaïque
2 Belgique
1 1244
3 Allemagne
+/- Points
P osition Équipe
21
596
108 Guatemala
56 Trinité-et-Tobago
8
595
-1 1226
56 Japon
-6
Dernière mise à jour : 6 août 2015 +/- Points
P osition Équipe
+/- Points
-3
299
163 Timor oriental
2
110 Salvador
-22
289
164 Bhoutan
2
128
595
111 Namibie
3
284
165 Suriname
-2
124 124
130
4 Colombie
0 1218
58 Paraguay
-2
588
112 Bahreïn
1
282
165 Indonésie
-1
5 Brésil
1 1186
59 RD Congo
1
555
113 Mauritanie
15
273
167 Nouvelle-Calédonie
0
118
6 Portugal
1 1177
60 Guinée
-2
552
114 Bénin
-18
269
168 Malaisie
0
116
7 Roumanie
1 1166
61 Australie
-2
551
115 St-Vincent-et-les-Grenadines
0
268
169 République centrafricaine
1
111
8 Angleterre
1 1157
62 Guinée équatoriale
1
546
116 Kenya
0
266
170 Bangladesh
-1
102
9 Pays de Galles
1 1155
63 Mali
-2
545
117 Syrie
0
259
171 Pakistan
1
101
1 1124
64 Gabon
1
544
118 Palestine
1
255
172 Tchad
1
100
10 Chili 11 Espagne
1 1110
65 Panamá
-3
528
119 Saint-Kitts-et-Nevis
12 Pays-Bas
-7 1032
66 Serbie
-23
523
119 Cuba
1
254
173 Dominique
1
98
-15
254
174 Yémen
-3
96 90
13 Croatie
1 1023
67 Bolivie
-1
515
121 Botswana
-1
253
175 Maldives
1
14 Slovaquie
1 1016
68 Norvège
-1
495
122 Madagascar
0
251
176 Îles Vierges américaines
-1
88
14 Autriche
1 1016
69 Bulgarie
-1
489
123 Belize
-5
242
177 Laos
0
86
16 Italie
1 1001
70 Émirats arabes unis
-1
484
124 RDP Corée
5
240
178 Montserrat
0
74
17 Suisse
1
997
71 Burkina Faso
1
482
125 Philippines
-1
239
179 Chinese Taipei
0
72
18 Uruguay
-5
988
72 Afrique du Sud
-2
478
126 Koweït
-3
237
180 Cambodge
1
66
19 Algérie
0
941
73 Zambie
-2
465
127 Moldavie
-3
236
181 Maurice
-1
63
20 République tchèque
0
933
74 Ouganda
-1
463
128 Lesotho
3
229
182 Sri Lanka
1
62
21 Côte d’Ivoire
0
912
75 Îles Féroé
-1
456
129 République dominicaine
-3
224
183 Brunei
1
61
14
888
76 Ouzbékistan
-1
452
130 Liban
0
223
184 Népal
1
57
23 France
-1
882
77 Monténégro
4
423
131 Sainte-Lucie
-4
220
185 Seychelles
1
56
24 Islande
-1
877
78 Estonie
4
420
132 Swaziland
6
218
186 Comores
1
50 50
22 Albanie
25 Danemark
-1
876
79 RP Chine
-2
416
132 Burundi
-1
218
186 Tahiti
2
26 Mexique
14
838
80 Togo
3
415
134 Afghanistan
0
212
188 Macao
-7
49
27 Ghana
-2
827
81 Honduras
-1
409
135 Bermudes
1
209
189 São Tomé-et-Principe
0
48
28 Bosnie-et-Herzégovine
-2
819
82 Chypre
3
391
135 Nouvelle-Zélande
1
209
189 Îles Caïmans
0
48
29 USA
5
816
82 Maroc
2
391
137 Aruba
-2
201
191 Îles Salomon
0
47
30 Ukraine
-3
791
84 Haïti
-5
387
138 Barbade
3
198
192 Saint-Marin
0
40 33
31 Russie
-3
782
85 Irak
1
386
139 Thaïlande
1
197
193 Turks et Caicos
0
32 Écosse
-3
774
86 Lettonie
1
377
140 Tanzanie
-1
194
194 Îles Vierges britanniques
0
27
33 Pologne
-3
769
87 Soudan
3
375
141 Kazakhstan
1
193
195 Soudan du Sud
0
22 20
34 Tunisie
-2
768
88 Arménie
1
373
142 Gambie
1
191
196 Vanuatu
1
35 Hongrie
-4
763
89 Angola
3
371
142 Guinée-Bissau
-9
191
197 Samoa
-1
19
36 Équateur
-1
758
89 Finlande
1
371
144 Nicaragua
-1
188
198 Fidji
1
17
37 Suède
-4
752
91 Rwanda
-13
369
145 Luxembourg
1
187
198 Tonga
-1
17
38 Costa Rica
3
728
92 Jordanie
0
357
146 Guam
8
185
200 Samoa américaines
1
12
39 Sénégal
0
722
93 Arabie saoudite
-1
351
147 Liechtenstein
0
182
201 Papouasie-Nouvelle-Guinée
1
9
40 Irlande du Nord
-3
721
94 Libye
2
345
148 Curaçao
1
173
201 Andorre
1
9
41 Iran
-3
718
95 Qatar
1
344
149 Turkménistan
3
172
203 Érythrée
1
8
42 Cameroun
0
667
96 Belarus
4
341
150 Porto Rico
0
169
204 Mongolie
1
6
43 Congo
4
666
97 Mozambique
-2
339
151 Hong Kong
3
168
204 Somalie
1
6
44 Grèce
0
661
98 Malawi
10
335
152 Guyana
7
167
206 Djibouti
1
4
45 Turquie
3
627
99 Éthiopie
2
330
153 Vietnam
-10
166
206 Îles Cook
1
4
46 Slovénie
3
626
99 Oman
3
330
154 Géorgie
-1
165
208 Anguilla
1
0
47 Israël
4
620
101 Canada
2
323
155 Singapour
-5
162
208 Bahamas
-8
0
48 Venezuela
-3
617
102 Niger
-6
312
156 Kirghizistan
1
160
0
160
-10
159
49 Pérou
-3
612
103 ARY Macédoine
2
311
156 Inde
50 Cap-Vert
2
608
104 Sierra Leone
7
304
158 Tadjikistan
50 République d’Irlande
2
608
105 Antigua-et-Barbuda
2
303
159 Malte
-1
157
52 Égypte
3
606
106 Azerbaïdjan
2
302
160 Grenade
0
153
53 Nigeria
4
601
107 Lituanie
3
301
161 Liberia
0
150
54 République de Corée
-2
599
108 Zimbabwe
4
299
162 Myanmar
0
142
38
T H E F I FA W E E K LY
http://fr.fifa.com/worldranking/index.html
PUZZLE
Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)
Président Joseph S. Blatter
1
2
5 2
Secrétaire Général Jérôme Valcke
7
2
1
2
2
4
2
8
3 6
5
3 6
9
2
6
9
8
8
1
4
5
1
1
7
MOYEN
Correction Nena Morf (responsable), Martin Beran, Kristina Rotach
5
1
3
8
2
5
2
4
7
6
7 5
Collaborateurs réguliers Ronald Düker, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Andreas Jaros, Jordi Punti, Thomas Renggli, David Winner, Roland Zorn
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Ont contribué à ce numéro Mark Gleeson, Mohammed Hallal, Hanspeter Kuenzler, Stephen Sullivan, Diego Zandrino
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Assistante de rédaction Alissa Rosskopf
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Production Hans-Peter Frei
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DIFFICILE
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Impression Zofinger Tagblatt AG
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Contact feedback-theweekly@fifa.org
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Internet www.fifa.com/theweekly
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La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2015”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse. Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.
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Conception artistique Catharina Clajus
Traduction www.sportstranslations.com
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Rédaction Alan Schweingruber (rédacteur en chef adjoint), Annette Braun, Sarah Steiner
Responsables de projet Bernd Fisa, Christian Schaub
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Rédacteur en chef Perikles Monioudis
Mise en page Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Susanne Egli
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Directeur de la Communication et des Affaires publiques Nicolas Maingot (a. i.)
Service photo Peggy Knotz, Andreas Wilhelm (adjoint)
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FACILE
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T H E F I FA W E E K LY
Puzzles courtesy: opensky.ca/sudoku
Éditeur FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Téléphone +41-(0)43-222 7777, Fax +41-(0)43-222 7878
Le but du jeu est de remplir la grille avec des chiffres de 1 à 9, qui ne se trouvent jamais plus d’une fois dans la même ligne, la même colonne ou le même carré de 3x3.
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XX. Monat 2013
Édition française
Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904
Football breaks down barriers Football builds bridges. It has a unique power to inspire friendship, respect and equality. FIFA’s Say No To Racism campaign is part of our commitment to tackle all forms of discrimination in football. Everyone should have the right to play and enjoy football without fear of discrimination. Say no to racism. For more information visit FIFA.com
www.FIFA.COM
WWW.FIFA.COM/