The FIFA Weekly Edition #38

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N o 38/2015, 25 SEPTEMBRE 2015

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904

FEYENOORD ROTTERDAM

TOUT POUR LA JEUNESSE AZERBAÏDJAN QABALA VEUT SAVOIR

RUSSIE LE DOUBLE ENTRAÎNEUR LEONID SLUTSKY

BOLIVIE LES TIGRES PRENNENT LA PREMIÈRE PLACE

W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

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Bolivie Face à The Strongest, les Sport Boys ont manqué d’un meneur de jeu de qualité. Cette défaite leur a également fait perdre leur place de leader du classement.

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S epp Blatter Dans sa tribune hebdomadaire, le Président Blatter appelle les administrateurs du football du monde entier à soutenir sans réserve les réformes de gouvernance qui devront être entreprises l’année prochaine, afin de restaurer la confiance à l’égard de la FIFA .

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J orge Luis Pinto Le nouveau sélectionneur du Honduras souhaite poser de nouvelles bases.

Tout pour la jeunesse Notre image de couverture montre deux jeunes espoirs du Feyenoord Rotterdam avant leur entrée en jeu. Luc Schol

Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

18

Mathieu Valbuena L’international français revient sur son parcours semé d’embûches.

28

River Plate Antonio Alzamendi estime que l’équipe est capable de remporter la Coupe du Monde des Clubs qui se déroulera au Japon.

The FIFA Weekly App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues. Il est également disponible gratuitement pour votre smartphone ou tablette. http://fr.fifa.com/mobile 2

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Coupe du Monde U-17 de la FIFA

Coupe du Monde des Clubs de la FIFA

17 octobre – 8 novembre 2015, Chili

10 – 20 décembre 2015, Japon

Aflosport / imago, Dean Mouhtaropoulos / Getty Images

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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com

Feyenoord Academy Lors de la Coupe du Monde 2014 au Brésil, 11 joueurs de la sélection néerlandaise étaient passés par le centre de formation du Feyenoord Rotterdam. Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’école de football de cette ville portuaire ? Sarah Steiner s’est rendue sur place.


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

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Leonid Slutsky Le nouveau sélectionneur de l’équipe de Russie vise la qualification pour l’Euro.

15 Belga / imago, Vladimir Pesnya / RIA Novosti / AFP

Belgique Après huit journées disputées, Ostende est en tête du championnat. (en photo : Gohi Bi Cyriac)

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À DÉCOUVERT

Marque de fabrique I

ls sont curieux, ils scrutent le terrain avec intérêt et ils ne se séparent jamais de leurs petits carnets. Ils prennent des photos et des notes en abondance. En cette journée pluvieuse, rien n’échappe aux trois visiteurs de Varkenoord, où s’entrainent les jeunes du Feyenoord Rotterdam. La qualité du travail réalisé par la Feyenoord Academy est reconnue bien au-delà des frontières néerlandaises. Les trois visiteurs en question sont des entraîneurs de MLS qui n’ont pas hésité à traverser l’Atlantique pour s’initier aux méthodes et à la philosophie dispensées aux Pays-Bas. Quelles sont les particularités de ce fameux centre de formation, qui alimente depuis des années l’équipe nationale en joueurs de talent ? Notre rédactrice Sarah Steiner s’est rendue sur place pour en savoir plus. Découvrez les ­résultats de son enquête dès la page 6. Å

Mario Wagner / 2Agenten

Annette Braun

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Tout donner pour son rêve Les jeunes de la Feyenoord Academy lors de leur entraînement quotidien à Varkenoord. 6

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MAIN DANS LA MAIN AU FEYENOORD Près de la moitié de l’effectif néerlandais convoqué pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014 au Brésil a fait ses gammes sur les pelouses de Rotterdam. Sarah Steiner est partie enquêter sur les méthodes de la Feyenoord Academy. Photos : Luc Schol

I

l pleut sur Rotterdam. La ville s’affiche en nuances de gris. Le vent qui s’engouffre dans les rues ne parvient pas à chasser les nuages bas. Le temps est maussade. C’est l’automne aux PaysBas. La cité est à l’image de son climat. Grande ville industrielle néerlandaise, Rotterdam est connue pour son austérité. Nous sommes dans l’agglomération ouvrière par excellence. On dit qu’ici, les chemises sont vendues avec les manches déjà retroussées. Plus que tout autre, le quartier du port illustre parfaitement cet état d’esprit. Les artères très fréquentées qui mènent à la mer débouchent sur l’un des plus grands ports d’Europe : 180 000 emplois, 450 millions de tonnes de marchandises traitées par an, 12 500 hectares de superficie. On peine à prendre la mesure de tels c­ hiffres. Les habitants de Rotterdam sont fiers de leur ville. Ils sont également très fiers de leur club. Grand rival de l’Ajax Amsterdam et du PSV Eindhoven, le Feyenoord est l’un des trois géants du football néerlandais. Avec 14 titres de champion, 11 Coupes des Pays-Bas, une Coupe d’Europe des Clubs Champions (1970) suivie d’une Coupe Intercontinentale et de deux Coupes UEFA (1974 et 2002), le Feyenoord possède un palmarès fourni. Pour assister à un match au stade De Kuip, il faut avoir le cœur bien accroché. Le public est bruyant et fanatique ; l’atmosphère souvent enfiévrée. Les supporters sont exigeants. Ces dernières années, le club a dû faire face à une grave crise financière qui l’a contraint à se montrer plus discret sur le marché des transferts. Aujourd’hui, le Feyenoord semble avoir retrouvé une certaine stabilité financière. À défaut d’obtenir des résultats éblouissants, le club comble lentement mais sûrement l’écart qui le sépare encore des meilleures formations sur la scène nationale et internationale. Le soleil brille à Brasilia. La ville se pare de ses plus beaux atours. La douce brise qui souffle dans la région contribue à rendre la température particulièrement agréable. Le temps idéal pour une partie de football. C’est l’hiver au Brésil. C’est aujourd’hui que doit avoir lieu le match pour la troisième place de la Coupe du Monde de la FIFA 2014™, qui oppose le pays hôte aux Pays-Bas. Sur les 23 membres de l’effectif oranje, 11 ont un lien direct avec le Feyenoord. T H E F I FA W E E K LY

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Tout en un Du repos aux repas en passant par l’état de forme idéal – les jeunes talents bénéficient d’une préparation complète pour écrire un jour l’histoire du Feyenoord.

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Séance collective Même les plus petits doivent se plier aux règles du centre de formation.

Cinq d’entre eux, tous âgés de moins de 24 ans, sont encore au club : Jordy Clasie, Bruno Martins Indi, Terence Kongolo, Daryl Janmaat et Stefan de Vrij. Tous ont appris le métier de footballeur au centre de formation du Feyenoord, la Feyenoord Academy. Quatre autres internationaux ont fait leurs gammes dans ce centre de formation. Puis ils se sont imposés en équipe première, avant de poursuivre leurs carrières sous d’autres cieux : Leroy Fer (parti ensuite au FC Twente), Georginio Wijnaldum (au PSV Eindhoven), Jonathan de Guzmán (à Villarreal) et Robin van Persie (capitaine de l’équipe nationale, parti à Arsenal). À cette liste, il faut ajouter les noms de Ron Vlaar et Dirk Kuyt, qui ont porté le maillot du Feyenoord au début de leur carrière. Au total, près de la moitié de l’équipe a fait escale dans le grand port néerlandais. Le chiffre a de quoi laisser songeur. Il était une fois dans la rue Visiblement, les formateurs du Feyenoord ont découvert la recette du succès. Mais quelle est-elle ? Comment expliquer que le club de Rotterdam réussisse mieux que les autres dans ce domaine ? “Nous avons trouvé notre propre

voie”, répond Raymond van Meenen, manager de la Feyenoord Academy. Selon lui, il n’est pas question de savoir si son école est meilleure ou moins bonne que les autres. “De toute façon, les résultats de notre travail parlent d’eux-mêmes.” Au-delà des onze hommes qui ont contribué à mener les Pays-Bas sur la troisième marche du podium au Brésil, la saison dernière a globalement souri aux stars de demain. Il y a deux semaines, les équipes de jeunes sacrées dans leurs championnats respectifs ont été récompensées à l’occasion du match d’Eredivisie entre le Feyenoord et Willem II à De Kuip. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y avait foule sur le terrain : les U-16, U-14, U-13, U-10 et U-9 ont été chaleureusement applaudis par le public. Tous les enfants qui s’entraînent à la Feyenoord Academy rêvent évidemment de défendre un jour les couleurs de l’équipe première. Mais le chemin qui mène à l’élite est long et semé d’obstacles. Ici, tout le monde en est conscient. “Nous expliquons dès le début aux garçons qu’à peine un ou deux pour cent d’entre eux intègreront un jour le groupe professionnel”, reconnaît Marcel Koning. L’entraîneur de l’équipe U-19 sait que la proportion sera légèrement supérieure au sein de

sa tranche d’âge. Ses joueurs ont atteint le dernier échelon. À partir de là, il ne reste que deux issues possibles : trouver un autre club ou traverser la rue. Littéralement. C’est là que se trouve leur rêve, à portée de main. Depuis le terrain d’entraînement, on devine les projecteurs du stade du Feyenoord, communément appelé De Kuip, au milieu des cimes des arbres. Les murs du stade se dressent à l’horizon. L’équipe professionnelle n’existe plus seulement dans l’imagination de ces footballeurs en herbe. Elle n’a jamais été aussi proche, aussi réelle. “Nous sommes en contact étroit avec le groupe professionnel et les entraîneurs de l’équipe première”, poursuit Marcel Koning. Giovanni van Bronckhorst, ancien pensionnaire de la Feyenoord Academy, et son assistant Jean-Paul van Gastel, ancien entraîneur de l’équipe U-19, assistent souvent aux matches des équipes de jeunes. Ils savent très précisément sur quels joueurs ils pourront compter dans un avenir proche. “Par le passé, nous avons souvent cherché à l’étranger et dans d’autres clubs au moment de nous renforcer. Aujourd’hui, tous les chemins mènent à Varkenoord, notre complexe sportif”, déclare Damien Hertog. T H E F I FA W E E K LY

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LE VIDE ENTRE 18 ET 21 ANS Le pays de Johan Cruyff et du “totaalvoetbal” risque fort de manquer à l’appel de l’Euro en France. Qu’est-ce qui ne va pas aux Pays-Bas ?

Des idées copiées et améliorées Malheureusement pour eu x, le s Pays - Bas ne produisent plus suf f isam ment de f ootballeur s de trè s haut niveau. L e s Néer landais ont inven té la plupar t de s base s du f ootball moder ne, mais semblent a voir aujourd’hui perdu leur sens de l’innovation. L’habileté technique et la liber té tac tique de s premier s adepte s du f ootball total dans le s année s 70 étaient révolutionnaire s. Aujourd’hui, tout le monde peut en f aire autant . L e s méthode s de f or mation mise s au point à l’A ja x se sont démocratisée s, au point de devenir monnaie c ourante. L e s Br itannique s, qui avaient pour tant inventé le c hemin de f er, ont v u d ’autre s nations c réer de s trains et de s ré seau x f er ré s beau c oup plus per f or mant s au f il de s ans. C omme eu x , le s Néer landais ont v u leur s idée s c opiée s, améliorée s ou empr untée s. L a Franc e, l ’A llemagne e t la B elgique pr o duis ent da vantage de joueur s de

La référence Johan Cruyff dans les années 70.

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c las se mondiale. L e Turc Oğuzhan Öz yakup, buteur f ac e au x Pays Bas il y a deu x semaine s, e s t en f ait… un ancien inter national junior néer landais, pas sé par le c entre de f or mation de l ’A Z A lk maar. Pris entre deux générations Tout le monde paraî t aujourd’hui c onvaincu que l’équipe de s Pays Bas n’e s t pas aus si f or te que se s ré sultat s de s cinq der nière s année s le lais saient à penser. En 2010 et 2014, Ber t van Mar wijk puis L ouis van Gaal ont eu la bonne idée d’abandonner le s t y le traditionnelle ment of f ensif de s Pays - Bas pour c ons tr uire d’exc ellente s machine s à c ontrer. En misant sur le s chevauchée s d’A r jen Robben et la jus te s se de s pas se s de We sley Sneijder, le s Néer landais sont pas sé s à un ta lon (c elui du gardien e spagnol) de rempor ter l’ épreuve suprême en A f r ique du Sud. Quatre ans plus tard, ils ont écrasé le s champions du monde 5:1 au Bré sil, en s’appuyant sur une déf ense à cinq. On oublie trop souvent qu’entre ce s deu x C oupe s du Monde, le s Pays - Bas ont réalisé un Euro 2012 c atas trophique, ponc tué de trois déf aite s. L’ époque de s grands s tratège s néer landais e s t elle aus si révolue. C r uy f f n’exerc e plus depuis 1996. Hiddink a 68 ans et se s meilleure s année s sont v isiblement der r ière lui. Van Gaal prendra sa re taite dans deu x ans. L e c élèbre c entre de f or mation du club le plus impor tant dans l’his toire du pays, l’A ja x A ms terdam, n’a plus produit le moindre joueur de renommée mondiale depuis plus d ’une déc ennie (l ’Ur uguayen L uis Suare z et le Suédois Z latan Ibrahimov ic étaient déjà adulte s à leur ar r ivée che z le s Lanciers). L e s changement s mis en plac e depuis la pr ise de pouvoir de Johan C r uy f f en 2011 n’ont produit aucune amélioration v isible. L’ équipe nationale se retrouve, quant à elle, pr ise entre deu x générations. On c onsidère générale ment que le s f ootballeur s at teignent leur meilleur niveau ver s la f in de la v ingtaine. Pour tant, le s Pa y s - Bas n’ont aligné aucun joueur entre 27 et 31 ans lor s de la déf aite c ontre la Turquie (3:0) en début de mois. À un b out du sp e c tr e, on tr ou ve de s s tar s v ieillis sante s c omme Sneijder, Robben ou Robin van Per sie ; à l’autre, de s jeune s c omme Daley Blind ou Memphis Depay. Entre le s deu x , r ien. Henk Spaan, rédac teur en c hef du jour nal Hard gra s, e s time que son pays doit se guér ir de sa nos talgie c hronique et c ommenc er à apprendre de s pays qui l ’ont dépas sé. Si la f or mation déliv rée au x Pa y s - Bas entr e 10 e t 18 r e s te “ inc r oyablement ” b onne, “quelque c hose ne va pas entre 18 et 21 ans. Nos entraîneur s ne par v iennent pas à trans f or mer de jeune s e spoir s pleins de talent en f ootballeur s de métier ”. L e c hampionnat national souf f re également de l ’exode de plus en plus préc oc e de se s meilleur s élément s. (Dans le s année s 80 et 90, le s jeune s le s plus promet teur s c omme Ruud Gullit et Den nis Bergkamp ne par taient pas avant 24 ans. Aujourd’hui, le s jeune s prodige s quit tent le nid dè s 20 ans.) Pour ne r ien ar r anger, le s s c hémas pr i v ilé gié s p ar le s s tr a tè ge s néer landais sont devenus ob solète s. “C r uy f f dit toujour s qu’il f aut jouer avec de s ailier s trè s haut pour bloquer le s latérau x adver se s. Mais le s joueur s de c ouloir sont plus rapide s. On ne peut plus jouer c omme ç a. L e f ootball se moder nise. L e s Pays - Bas doivent se réin venter, c omme l’A llemagne l’a fait aprè s se s dif f iculté s du début de s année s 20 0 0”, c onclut Spaan. David Winner

VI Images / imago

L e s géant s orange ont ter miné deu x ième s de la C oupe du Monde de la FIFA 2010™ e t troisième s de l ’ édition 2014 organisée au Bré sil. Aujour d ’hui, ils s e languis s ent à la qua t r ième plac e de leur groupe de qualif ic ation pour l’Euro. Ne serait- c e que pour at teindre le s bar rage s, le s Pays - Bas doivent maintenant bat tre le Kazak hs tan e t la République tc hèque, en e spérant que la Turquie perde l ’un de s e s deu x der nier s ma tc he s. Rar e s s ont le s supp or ter s à y c r oir e enc ore. L a c ampagne de qualif ic ation néer landaise n’a é té qu’une suc c e s sion de mau vais c hoi x s tratégique s, d ’oc c asions manquée s e t d ’inc royable s er reur s déf ensive s. C e t te semaine, la r umeur pré tendait même que Danny Blind, qui n’a remplac é Guus Hiddink que de puis on z e s e maine s (a vant de p e r dr e deu x ma t c he s dé c isif s c ontr e l ’Islande e t la Tur quie), p our r ait ê tr e limo gé au pr of it de l ’anc ien entraîneur de Dor tmund, Jürgen K lopp.


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Le directeur du centre de formation a, lui aussi, appris les bases du métier au Feyenoord, comme beaucoup de ses collègues. “C’est un privilège de travailler pour ce club”, estime-t-il. L’équipe au cœur du jeu Cet amour du Feyenoord est omniprésent. Ici, tout le monde travaille main dans la main. À aucun moment, cet état d’esprit ne paraît factice. Du garçon de huit ans qui pénètre sur le terrain le torse bombé au responsable des relations internationales, tous les acteurs semblent liés. “J’ai grandi ici. Le Feyenoord est mon club. Je ne me vois pas travailler ailleurs”, assure ce dernier. En ville, le Feyenoord est partout. On ne trouve pas un mur sans graffiti à sa gloire ; pas un bar sans écharpe blanche et rouge. Même en cette journée pluvieuse, personne ne se plaint à Varkenoord lorsque les entraîneurs convoquent les joueurs sur le terrain d’entraînement. L’ambiance est bon enfant ; l’équipe est au centre de toutes les préoccupations. C’est précisément l’état d’esprit que veulent encourager les dirigeants du centre de formation. “Qu’est-ce que ça peut faire que tu aies réussi un bon match si ton équipe a perdu 2:0 ?”, demande Damien Hertog. Les jeunes espoirs doivent se donner à fond pour répondre aux exigences de leurs éducateurs. La vie d’apprenti footballeur n’a décidément rien d’une sinécure. Pourtant, les responsables ne souhaitent pas priver leurs pensionnaires de leur enfance. Afin de bien coordonner les entraînements et le temps consacré à l’étude, des partenariats sont établis avec les écoles. Les membres de la Feyenoord Academy enfilent les crampons tous les matins et retournent s’asseoir sur les bancs de leurs classes dans l’après-midi. Les cours se terminent relativement tôt, afin de leur permettre de profiter de leurs amis et de leur famille en fin de journée. L’aspect social tient donc une place très importante. Le directeur du centre de formation est en contact permanent avec 220 joueurs et leurs parents. La vie ne s’arrête pas aux lignes de touche. “Il nous est déjà arrivé de trouver une place à un père ou de faciliter des démarches administratives”, raconte Raymon van Meeren. L’exemplarité est une notion essentielle pour cet ancien arbitre professionnel. “Nous ne travaillons pas avec des footballeurs, mais avec des êtres humains”, aime-t-il à répéter. Communication et diététique Au fur et à mesure de leur développement, les joueurs sont aussi mis face à leurs responsabilités. Il leur revient notamment de prendre en charge leur développement personnel. L’entraîneur de l’équipe U-19 Marcel Koning détaille l’organisation du club : “Au début de la saison, je m’entretiens avec chacun individuellement. Nous parlons ensemble de ses progrès, de ses objectifs, de ses forces et de ses faiblesses. Ensemble, nous définissons trois domaines dans lesquels le joueur doit travailler et s’améliorer.” Cette méthode, baptisée "Entretien de Plan de Développement Personnel", est pratiquée dès les U-13. Les pensionnaires du centre de formation disposent de nombreux outils pour optimiser leur plan de développement, à commencer par les outils d’analyse vidéo. Tous les matches sont filmés, ainsi que de nombreux entraînements. Chaque joueur est suivi individuellement. Nos footballeurs en herbe peuvent ensuite se connecter à une

La relève Aujourd’hui à Varkenoord, prochainement au stade De Kuip.

Détecteurs de talents Glenn van der Kraan, entraîneur de l’équipe U-10 (en haut à droite) et Marcel Koning, entraîneur des U-19 (en bas à droite).

Organisateurs Damien Hertog, directeur de la Feyenoord Academy (en haut à gauche) et Raymond van Meenen, manager (en bas à gauche) T H E F I FA W E E K LY

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Des jeunes pousses aux grands chênes Beaucoup d’anciens pensionnaires de la Feyenoord Academy ont été sélectionnés en équipe des Pays-Bas. 12

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plateforme en ligne pour évaluer leur performance. De leur côté, les éducateurs savent quand et combien de temps leurs élèves sont connectés. En milieu de saison, chacun doit mettre en avant les progrès réalisés à l’occasion d’une présentation faite devant les entraîneurs. “Ça nous permet de savoir où il en est, mais – c’est le plus important – ça permet aussi au joueur de se situer lui-même”, précise Marcel Koning. L’enseignement dispensé à Varkenoord ne se limite pas aux dribbles et à l’art du placement. “Pour devenir professionnel, le talent ne suffit pas”, prévient Raymond van Meeren. De ce fait, les joueurs bénéficient de formations dans de nombreux domaines, comme la communication par exemple. Devant les caméras de la chaîne du club, les jeunes espoirs sont invités à discourir ou à répondre à toutes sortes de questions, même les plus délicates. Les tensions avec l’entraîneur ou les coéquipiers sont ainsi régulièrement évoquées. Après coup, chaque prestation fait l’objet d’une analyse lors d’une session spéciale, avant d’être discutée au sein du groupe. Les stars de demain peuvent également obtenir les conseils d’un préparateur mental ou d’une nutritionniste. Enfin, un assistant social est à leur disposition pour des conversations plus personnelles. “C’est à eux de faire le travail” L’organisation de la Feyenoord Academy est réglée au millimètre. Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de conserver une vue d’ensemble. C’est la raison pour laquelle le club a choisi de mettre en place un système de gestion numérique. Cette grande base de données réunit toutes les informations sur les joueurs. “De cette façon, nous pouvons rassembler tous les domaines dans un seul et même système”, explique Glenn van der Kraan. Entraîneur des U-10 et chef de projet, notre interlocuteur mesure parfaitement l’importance d’un tel outil. “Quand un enfant de cinq ans arrive chez nous et commence à s’entraîner, nous créons immédiatement un dossier. Au fil des ans, nous ajoutons tous les renseignements possibles : performances, résultats scolaires, informations médicales… Ces données sont accessibles à tout le monde au sein du club. Ainsi, son entraîneur peut retracer simplement et rapidement son parcours.” Cet expert du monde du sport consacre toute son énergie à son club. “Je suis supporter du Feyenoord, toute ma famille l’est aussi. Il en a toujours été ainsi. En venant travailler ici, j’ai réalisé mon rêve”, poursuit notre interlocuteur. Grâce à son père, ancien journaliste sportif, Glenn van der Kraan a eu la chance de côtoyer très jeune ses idoles au stade De Kuip. Aujourd’hui, il entraîne les U-10, ce qui semble lui convenir parfaitement. “C’est incroyable de

les voir sur le terrain. Ils ont deux temps d’avance sur nous. Ils voient beaucoup mieux le jeu et savent tout de suite où il faut mettre le ballon.”

“C’est la meilleure académie en Europe, si ce n’est au monde” Leroy Fer, footballeur professionnel

Pour développer ces qualités, les responsables du centre de formation ont recours à des moyens simples. Glenn van der Kraan interdit par exemple à ses joueurs de porter des dossards. Il empêche ainsi ses protégés de se concentrer uniquement sur les couleurs. Sur le terrain, il faut se souvenir des visages de ses coéquipiers. Contrairement à d’autres clubs qui organisent des matches à quatre contre quatre ou cinq contre cinq, la Feyenoord Academy fait jouer très tôt ses pensionnaires à neuf contre neuf. “Au bout du compte, ils finiront par jouer à onze contre onze. C’est un fait. Ils doivent donc apprendre à visualiser très vite l’ensemble du terrain. À quoi bon attendre ?” Parallèlement, l’entraîneur affiche une grande confiance dans ses élèves. Chacun d’entre eux possède le potentiel pour accéder un jour à l’équipe première. Il en est convaincu. “Nous sommes là pour leur montrer le chemin. Nous les aidons, nous organisons leur emploi du temps, nous les entraînons. Mais c’est à eux de faire le travail”, conclut Glenn van der Kraan. Feyenoord un jour, Feyenoord toujours Beaucoup sont allés jusqu’au bout de ce chemin. Certains ont même réussi à intégrer le groupe professionnel. Leurs noms et leurs photos sont affichés sur les murs de l’entrée du centre de formation. On peut y voir le visage de Terence Kongolo, aujourd’hui titulaire au Feyenoord. Jean-Paul Boëtius a, quant à lui, émigré au FC Bâle. Luc Castaignos, la nouvelle recrue de l’Eintracht Francfort, est là lui aussi. La dernière image de la rangée montre seulement une silhouette. Un point d’interrogation remplace le nom. Tous les pensionnaires du centre de formation ont compris le message : il ne tient qu’à eux de s’approprier cet espace. Sur le mur opposé, on retrouve les visages des internationaux néerlandais passés par ici. Tous ces footballeurs ont fait les gros titres pendant la Coupe du Monde au Brésil. Au premier rang d’entre eux se trouve évidemment le capitaine Robin van Persie. Un lien particulier les unit tous. “Nous avons grandi

ensemble ; ce club est notre trait d’union”, dit Leroy Fer. Sa photo est là aussi. Il est arrivé au centre de formation à dix ans. “Le Feyenoord sera toujours dans mon cœur. C’est mon club !” Il garde visiblement un bon souvenir de son passage à Varkenoord, de cette époque où il rêvait encore de disputer un match au stade De Kuip. Il a depuis réalisé ses ambitions et porte aujourd’hui les couleurs des Queens Park Rangers. Il a également participé à la Coupe du Monde. “C’était le plus beau moment de ma vie”, raconte-t-il. Lorsqu’on lui demande si l’équipe des PaysBas doit une fière chandelle au centre de formation du Feyenoord, la réponse ne se fait pas attendre : “C’est la meilleure académie en Europe, si ce n’est au monde. Une partie du mérite de notre succès lui revient, naturellement !” Les Pays-Bas traversent actuellement une passe difficile dans les qualifications pour l’Euro 2016 en France. Les Oranje ne sont plus maîtres de leur destin. Ils dépendent de la Turquie. Comment expliquer ce revers de fortune ? “Il n’y a pas assez de joueurs du Feyenoord en équipe nationale”, lâche Raymond van Meenen en riant. L’essence de l’humour, c’est de continuer à rire malgré tout. Å

FE Y ENOOR D RO T T ER D A M Faits et chiffres Fondation : 19 juillet 1908 Stade : s tade de Feyenoord, De Kuip, 51 577 plac e s Entraîneur : Giovanni van Bronc k hor s t Pré sident : Gerard Hoetmer Palmarès du club : Championnat des Pays-Bas : 1924, 1928, 1936, 1938, 1940, 1961, 1962, 1965, 1969, 1971, 1974, 1984, 1993, 1999 Coupe des Pays-Bas : 1930, 1935, 1965, 1969, 1980, 1984, 1991, 1992, 1994, 1995, 2008 Suc c è s inter nationau x : Coupe des clubs champions européens : 1970 C oupe Interc ontinentale : 1970 C oupe de l ’UEFA : 1974, 20 02

Feyenoord Academy Direc teur : Damien Her tog Manager : Ray mond van Meenen Stade : c omplexe spor tif Var kenoord, 3 60 0 plac e s Dis tinc tions : Rinus Mic hels Award : 2010, 2011, 2012,2013, 2014

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LE S C H AMPIONN AT S À L A LOUPE

VU

DES

Pro League belge

O s te n d e c o n s e r ve la prem ière place Annette Braun est membre de

TRIBUNES

Anderlecht. Le seul but de la partie a été inscrit à la 66e minute par Gohi Bi Cyriac. Ce joueur de 25 ans est arrivé cet été à Ostende en provenance d’Anderlecht. Après avoir terminé à une modeste dixième place lors du précédent exercice, le leader est l’une des bonnes surprises de cette nouvelle édition de Pro League.

l’équipe de rédaction de FIFA Weekly.

La saison passée, Ostende s’était incliné 7:1 face à Courtrai. À l’époque, l’entraîneur Yves Vanderhaeghe se tenait sur la ligne de touche de Courtrai. Lors de la huitième journée de l’actuel championnat, les équipes ont de nouveau croisé le fer. Cette fois-ci, la rencontre s’est soldée par la victoire d’Ostende (1:0). Un visage connu se trouvait sur le banc du vainqueur puisque Yves Vanderhaeghe a, cet été, décidé de changer de club.

Belga / imago

Le succès que rencontre Ostende cette saison est-il à mettre sur le compte de son nouvel entraîneur ? Grâce à sa victoire sur Courtrai, l’équipe a conservé la tête du classement avec 19 points au compteur, quatre longueurs devant

Le Standard de Liège a, quant à lui, signé un début de saison nettement moins réussi. Alors que l’équipe avait terminé quatrième à l’issue de l'exercice 2014/15, elle pointe actuellement à l’avant-dernière place du classement. Après avoir pris une douche froide contre Bruges lors de la sixième journée (7:1), le club liégeois s’est de nouveau incliné à domicile 4:1 face à La Gantoise, alors qu’il avait pourtant pris l’avantage dès la deuxième minute de jeu à la faveur d’un but signé Anthony Knockaert.

Les Buffalos semblent bien décidés à continuer sur la lancée de leur premier titre national.

90 minutes et deux cartons rouges plus tard (Dino Arslanagic, 45e minute, Damien Dussaut, 64e), la cinquième défaite de la saison était scellée. Sven Kums (42e), Danijel Milicevic (45e) ainsi que Thomas Matton par deux fois (62e et 90e) ont permis au tenant du titre de retourner la situation. Avec 14 points, Gant occupe actuellement la sixième place du classement. Ce match a sans aucun doute rappelé de bons souvenirs aux supporters de La Gantoise puisqu’en mai dernier, le Standard de Liège lui avait “offert” le premier titre de son histoire en s’inclinant 2:0. En plus de cet honneur national, ce triomphe historique a également permis au club de se qualifier directement pour la Ligue des Champions de l’UEFA. Sa première sortie à ce niveau s’est conclue sur un nul 1:1 contre Lyon. Le prochain adversaire à l’échelle continentale sera le Zénith Saint-Pétersbourg tandis qu’en championnat, le club de Gand affrontera Waasland-Beveren. Les Buffalos semblent en tout cas bien décidés à continuer sur la lancée de leur premier titre national. Å

D’agréables retrouvailles L’entraîneur Yves Vander­ haeghe est heureux de la victoire 1:0 de son équipe, Ostende, sur son ancien club, Courtrai. T H E F I FA W E E K LY

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Vachement bon Rodrigo Ramallo (m. ; The Strongest) célèbre un but.

L e s T i gr e s d é t r ône nt l e s Tau r e au x Sven Goldmann est spécialiste du football au “Tagesspiegel” de Berlin.

Les Sport Boys auraient bien eu besoin d’un bon numéro 10, d’un meneur capable de jouer des coudes quand il le faut. C’est ce qui leur a manqué lors du match au sommet de Liga de Fútbol Profesional Boliviano contre The Strongest, leur plus proche poursuivant. Il y a un peu plus d’un an, à l’occasion de festivités, les Sport Boys avaient dédicacé leur prestigieux maillot numéro 10 au premier serviteur de l’État de Bolivie. Au mois de mai, le Président Evo Morales avait en effet signé un contrat professionnel avec cette formation de la ville de Warnes dans la plaine bolivienne, qui lui garantissait un salaire minimum de 213 dollars. Une belle publicité pour le club, mais aussi pour Morales, alors en campagne pour les élections présidentielles. Personne 16

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ne s’attendait sérieusement à ce que le chef d’État de 55 ans foule un jour les terrains de football sous les couleurs des Sport Boys. Aujourd’hui, c’est le maillot d’Anderson Gonzaga qui arbore le numéro 10. Lors de la huitième journée d’Apertura, les Sport Boys, leader provisoire et encore invaincu, ont pénétré fièrement dans le stade Samuel Vaca Jiménez. Mais pendant la rencontre, le milieu offensif brésilien s’est fait beaucoup plus discret. Les bleus se sont inclinés 2:1 et ont perdu la tête du classement. La première place est désormais occupée par les Tigres, surnom donné à The Strongest en raison de son équipement rayé noir et jaune. Il serait grand temps pour ce club traditionnel de La Paz de décrocher un nouveau titre, le douzième après celui de l’Apertura 2013. La saison dernière, les deux tournois sont tombés dans l’escarcelle du rival de la capitale administrative et formation la plus titrée du pays avec 20 couronnes, le Club Bolívar. Dans les Andes, les Sport Boys sont appelés les Taureaux. L’équipe a rejoint l’élite il y a deux ans à peine, après avoir été sacrée vice-championne de Nacional B. L’an passé, elle a évité la relégation de justesse. Elle n’a

donc jamais autant brillé que depuis le début de cette Apertura. Mais dans le choc face aux Tigres, les Taureaux se sont d’emblée montrés trop sages et pacifiques dans leur pré. Après cinq minutes et un dégagement manqué, Rodrigo Ramallo s’est retrouvé seul devant le but des Sport Boys et a ouvert la marque en faveur des visiteurs. Peu avant la mi-temps, les locaux ont retrouvé l’espoir quand la spectaculaire volée de Leonel Morales a filé dans la lucarne (1:1). Toutefois, The Strongest a repris le contrôle de la partie après la pause, même si la décision est intervenue sur une action pleine de réussite. Le Paraguayen Ernesto Cristaldo était parfaitement placé pour effectuer une tête vers la cage adverse, mais Helmut Gutiérrez (Sport Boys) s’est interposé. Malheureusement pour ce dernier, il a envoyé le cuir dans ses propres filets. Ensuite, les Tigres ont continué à dominer et n’ont plus jamais été mis en difficulté. Les Taureaux ont manqué de créativité et de détermination. Un véritable meneur capable de jouer des coudes quand il le faut leur a cruellement fait défaut. Mais ce jour-là, Evo Morales se mobilisait dans la lutte contre la drogue et n’avait pas de temps à consacrer au football. Å

Xinhua / imago

Liga de Fútbol Profesional bolivienne


Supreme League azerbaïdjanaise

Q a b a l a l u t te p o u r s o n p r e m i e r t it r e Emanuele Giulianelli écrit sur le football en indépendant et vit à Milan.

Pour fêter son dixième anniversaire, le Qabala FK a l’intention de poursuivre sur sa lancée. Après deux troisièmes places consécutives, chaque fois derrière Qarabag et l’Inter Bakou, l’équipe de la ville la plus ancienne d’Azerbaïdjan compte bien lutter jusqu’au bout pour conquérir son premier titre national.

ZUMA Press / imago

Après cinq journées, c’est Qarabag Agdam, double champion en titre, qui pointe en tête de la Premier League avec 13 points au compteur, fruit de quatre victoires et un nul. L’actuel leader est obligé de disputer ses matches "à domicile" dans la capitale, en raison du conflit qui n’est toujours pas résolu au Haut-Karabagh. Qarabag a laissé échapper ses deux seuls points lors de la première journée d’un cham-

pionnat également nommé Supreme League, précisément sur le terrain de Qabala. Les deux équipes s’étaient neutralisées sur le score de 2:2. Les locaux avaient pris l’avantage par le biais de l’Estonien Zenjov, avant de se faire rejoindre puis dépasser sur un doublé du Brésilien Richard, qui effectue sa quatrième saison au club. Finalement, Samir Zargarov avait définitivement remis les pendules à l’heure à trois minutes du terme. Qabala occupe actuellement la deuxième place du classement, à égalité de points (10) avec l’Inter Bakou. Les deux équipes ne se sont inclinées qu’une seule fois. Qarabag et Qabala sont également les seuls représentants du football azéri encore en lice dans les coupes européennes. Pour sa deuxième participation à l’Europa Ligue, Qabala a obtenu un nul vierge chez lui contre les Grecs du PAOK Salonique à l’occasion de la première journée. Qarabag, de son côté, est l’équipe azérie la plus expérimentée sur la scène européenne. Lors de la journée inaugurale de son groupe, elle a été battue 3:1 à Tottenham, après avoir pourtant mené au score et réalisé une bonne partie. L’an

passé, Qarabag était passé tout près de la qualification pour le tour suivant. Dans l’un des championnats européens où la moyenne de spectateurs est la moins élevée (environ 1 600 par match), le troisième sérieux prétendant au titre n’est autre que l’Inter Bakou, dont la dernière couronne remonte à 2010. Les trois équipes de tête se tiennent donc en trois points et sont talonnées par le Zira FK, quatrième avec 9 unités au compteur. Fondé il y a 13 mois seulement, ce club avait bouclé sa saison inaugurale à une étonnante cinquième place et s’est fixé comme objectif de faire mieux lors du présent exercice. Invaincu au cours des cinq premières journées, Zira a même réussi à tenir en échec l’Inter (0:0). Tout en bas de ce tableau de la première division azérie, qui comprend 10 équipes, on trouve l’AZAL, qui n’a toujours pas marqué le moindre point ni le moindre but depuis le coup d’envoi de la saison. Ses déplacements à venir, au mois d’octobre, pour affronter Qarabag et Qabala, nous en apprendront un peu plus sur les réelles possibilités de cette équipe. Å

Sur la scène européenne Sergei Zenjov (à g.) a obtenu le point du nul (0:0) avec Qabala contre le PAOK en Ligue Europa. T H E F I FA W E E K LY

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L’ I N T E R V I E W

“Quand on travaille, on est récompensé” Mathieu Valbuena est un travailleur acharné, un battant et un milieu offensif redouté des défenses adverses. À l'occasion d'un entretien, l'international français de 30 ans évoque ses débuts difficiles à Bordeaux et la ténacité dont il a dû faire preuve, mais aussi la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™. Mathieu Valbuena, quels joueurs vous ont le plus marqué quand vous étiez enfant ? Mathieu Valbuena : Mon idole a toujours été Ronaldo, Il Fenomeno, qui faisait des choses incroyables avec le ballon. Il y avait aussi Romario et Rivaldo qui me faisaient rêver et qui ont fait le bonheur du Barça. Ils ne jouaient pas comme les autres et c’étaient des génies du football. Quand on est enfant, ce sont des joueurs qui font rêver, qui font qu’on se dit que le football est beau et qui suscitent de la passion pour ce sport.

Vous concernant, on a cette image d’un joueur qui dû se battre plus que les autres pour y arriver. Pourquoi ? Ça n’a jamais été évident pour moi, de par ma corpulence sur laquelle beaucoup de gens ont émis des doutes. J’ai été formé à Bordeaux où je suis arrivé à l’âge de huit ans. J’y ai fait toute ma formation et à l’âge de 18 ans, au moment de passer de la réserve à l’équipe pro, ça a été un frein pour le club. C’était dû à mon gabarit, ou peut-être au fait que je n’étais pas prêt à ce moment-là pour affronter le défi physique. Je suis parti et j’ai dû terminer ma formation ailleurs, dans des clubs moins huppés et plus amateurs. Ça a été dur, parce que quand on passe d’un entraînement quotidien à des séances deux fois par ­semaine, il faut s’entraîner tout seul pour continuer à croire en son rêve. Quand on se fait virer à 18 ans, on n’a pas un moral d’acier, mais j’ai cravaché et je n’ai rien lâché. Ce sont des choses qui m’ont endurci.

Comment avez-vous réagi sur le moment ? J’ai pleuré. Ça m’a beaucoup attristé parce que j’ai eu le sentiment que tout s’écroulait en un instant. J’ai eu mes parents, et particulièrement mon père, comme éléments moteurs qui m’ont poussé à y croire. Ils m’ont dit que j’étais encore jeune et qu’il fallait que je travaille et que je passe par d’autres étapes pour me former. Il y a eu Langon puis 18

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­ ibourne, où ça a aussi été compliqué de L m’imposer, mais j’ai toujours su arriver à mes fins. Ma force, ça a été ma capacité à m’accrocher alors que je n’ai jamais rien eu dans la facilité, que ce soit pour signer pro, pour faire ma place à chaque nouveau club ou en sélection. A force de travail et d’abnégation, des vertus qui ont toujours fait ma force, j’ai toujours réussi à inverser les situations.

En quoi ce parcours difficile vous a-t-il ­renforcé ? Ça a été un mal pour un bien. On ne m’a pas tout donné. Aujourd’hui, on voit beaucoup de joueurs qui signent pro très jeunes et qui sont tout de suite dans le confort. Si j’avais signé avec Bordeaux, peut-être que je n’aurais jamais eu cette carrière et que je ne serais pas devenu international. Le fait d’être évincé a provoqué une prise de conscience.

Qu’est-ce qui, dans votre personnalité, a fait que vous avez su traverser ces épreuves ? Je pense que c’est une certaine forme d’insouciance. J’avais cette valeur de travail inculquée par mes parents, mais aussi cette passion du football. C’est toute ma vie et je prends énormément de plaisir en faisant des matches ou des parties entre amis. ­Aujourd’hui on ne trouve pas tant de pas­ sionnés que ça dans le football. Je suis tout simplement heureux quand je m’entraîne et que je tape dans un ballon, et quand je joue, je ne pense à rien d’autre. C’est ce qui fait ma force.

Est-ce cette qualité qui vous permet d’être performant dans les grands matches ? Pour moi, jouer un grand match, c’est avant tout du bonheur. Il faut le prendre positivement, avec plaisir. Quand on travaille, on est toujours récompensé. C’est vrai qu’à Marseille, j’ai su marquer dans des moments importants. Mes grandes premières ont aussi été des réussites. Mon premier match de

Ligue des Champions, c’était à Liverpool, où j’ai marqué. Pour ma première sélection aussi. Pour moi, c’est une pression positive. J’essaie d’en profiter un maximum pour ne pas avoir de regrets quand j’arrêterai ma carrière.

En quoi votre expérience à la Coupe du Monde 2014 vous a-t-elle transformé ? Sur le plan personnel, ça a été une aventure humaine comme je n’en ai jamais vécue. Au-delà du fait que nous avons été tous performants, la cohésion de groupe a été extraordinaire, tout comme l’ambiance, les stades … Le fait que ça se passe au Brésil ajoutait quelque chose de très spécial. Ça a été un grand moment et ce but marqué contre la Suisse est le plus grand souvenir de ma carrière.

Vous qui avez connu la Russie pendant une saison, comment voyez-vous la Coupe du Monde 2018 ? Je peux dire qu’ils y pensent beaucoup là-bas ! Nous aussi, on y pense, mais c’est quand même loin car il y a l’Euro qui arrive en France. Mais pour avoir vu les stades et ce qui est en construction, je peux dire qu’ils ont de très belles infrastructures et que ce sera une très grande Coupe du Monde.

Que pensez-vous du groupe de la France, qui sera opposée aux Pays-Bas, à la Suède, à la Bulgarie, à la Biélorussie et au Luxembourg ? Il n’y a pas de groupe facile, de toute façon. On a perdu contre l’Albanie en fin de saison dernière. Il n’y a plus de petites équipes, c’est fini l’époque où on mettait 10:0 à l’Azerbaïdjan. Il faudra se battre, comme à chaque qualification. On a dû passer par les barrages à la dernière Coupe du Monde, j’espère que cette fois on terminera premiers. Å Mathieu Valbuena s’est entretenu avec Pascal de Miramon


Nom Mathieu Valbuena Date et lieu de naissance 28 septembre 1984, Bruges (France) Poste Milieu de terrain

pressesports

Parcours de joueur 2001-2003 Jeunes Girondins de Bordeaux 2003-2004 Langon Castets FC 2004-2006 FC Libourne-Saint-Seurin 2006-2014 Olympique de Marseille 2014-2015 FK Dynamo Moscou Depuis 2015 Olympique lyonnais Équipe de France 50 sÊlections, 8 buts

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First Love Lieu : Grand-Bassam, Côte d’Ivoire Date : 6 avril 2014 Heure : 16h43 Photog raphe : Ma lte Jaeger

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Football breaks down barriers Football builds bridges. It has a unique power to inspire friendship, respect and equality. FIFA’s Say No To Racism campaign is part of our commitment to tackle all forms of discrimination in football. Everyone should have the right to play and enjoy football without fear of discrimination. Say no to racism. For more information visit FIFA.com


MUSÉE DU FOOTBALL MONDIAL

LE BILLET DU PRÉSIDENT

Le Musée du Football mondial de la FIFA touche au but

La réforme doit être globale

L Inspection Alessandro Del Piero (à g.) et Marta se sont rendus sur le chantier.

Olivier Morin / AFP

D

epuis mars 2014, la société FIFA Museum AG entreprend la construction du Musée du Football mondial de la FIFA en plein cœur de Zurich. Le travail à l’intérieur du musée a commencé en septembre, avec notamment des travaux d’aménagement sur les trois étages ­d’exposition afin d’installer la complexe technologie d’arrière-plan qui accompagnera les 1 000 pièces exclusives. Le musée proposera une vaste gamme d’expériences interactives grâce à sa soixantaine d’écrans, mais l’installation du flipper géant (Pinball) – une exclusivité du musée – se révèle particulièrement complexe. “Je suis impatient à l’idée de voir le Musée du Football mondial de la FIFA. Nous allons créer un lieu de rencontre particulier, car le musée permettra de donner vie à des émotions et souvenirs partagés, et donc de rapprocher la famille du football international dans son ensemble”, a déclaré le Président de la FIFA, Joseph S. Blatter. Le lancement de la phase d’aménagement intérieur signifie que le musée entre dans la dernière ligne droite. “C’est formidable de voir que les travaux ont enfin débuté à l’intérieur du musée”, a déclaré Stefan Jost, directeur général de FIFA Museum AG. “Tout ce que nous avions connu uniquement sur des plans commence à prendre forme.” Le directeur artistique du musée, David Ausseil, est lui aussi particulièrement sollicité ces derniers temps : “Il reste encore beaucoup à faire. En dehors de la technologie complexe, nous devons aussi vérifier que tout le contenu du musée ne comporte pas d’erreurs, examiner toutes les traductions et finaliser tout le matériel vidéo”. Les travaux d’aménagement intérieur du musée devraient être terminés fin octobre, puis il sera temps de débuter une phase intensive de tests de tous les espaces du musée. De son côté, Stefan Jost reste confiant : “Nous pourrons comme prévu ouvrir le musée au cours du premier trimestre 2016”. Une fois terminé, le musée revendiquera un espace d’exposition de plus de 3 000 m² répartis sur trois niveaux et qui mettra à l’honneur toutes les facettes du monde du football. Un tout nouvel univers d’expériences interactives et multimédias permettra aux visiteurs de contempler les émotions que le football suscite quotidiennement partout dans le monde, exaltant les foules et influençant des vies. Å tfw

es réformes de la FIFA en 2011 nous ont permis d’établir une ­fondation plus forte pour la gouvernance du football à travers le monde. Toutefois, les événements très regrettables survenus cette année nous ont douloureusement montré que ces changements n’étaient pas suffisants. Si la plupart des réformes recommandées en 2011 ont été approuvées par un vote global du Congrès de la FIFA, elles n’ont pas remporté l’adhésion totale dans l’ensemble du cadre responsable du contrôle au quotidien du football, partout dans le monde. Nous devons y remédier une fois pour toutes, grâce à des réformes inattaquables et à l’engagement sincère de tous les administrateurs du football. Nous devons montrer que nous comprenons la gravité de la situation et que nous sommes prêts à prendre les mesures nécessaires pour la corriger. Mais la FIFA ne peut pas changer le football toute seule. Nous avons besoin de la coopération entière des six confédérations, de nos associations membres et des autorités nationales. La FIFA soutient les actions des autorités américaines et suisses et nous continuerons à le faire, même si ces investigations approchent le seuil de notre porte. C’est le chemin difficile que nous devons emprunter si nous voulons vraiment le changement. Je suis convaincu que le docteur François Carrard et la Commission des Réformes 2016 proposeront une série de réformes fiables dont la matière nous aidera à rétablir notre crédibilité et à retrouver la confiance. Le président indépendant de la Commission d’Audit et de Conformité de la FIFA Domenico Scala a présenté une liste de propositions fortes à la FIFA, lesquelles ont contribué à donner le ton et le cap de cette nouvelle phase de réformes. J’attends de toutes les associations membres qu’elles soutiennent pleinement ce processus de réforme lors du Congrès extraordinaire en février. Le cas contraire reviendrait à trahir notre institution, le football et les millions de supporters à travers le monde qui nourrissent à juste titre les plus grandes exigences vis-à-vis de ceux qui gèrent le jeu. Notre objectif doit être de donner à la FIFA, l’institution, l’opportunité d’avancer l’année prochaine et de consolider les progrès ­accomplis dans l’organisation de compétitions et le développement du football partout dans le monde depuis 1904. Si nous n’agissons pas maintenant, nous mettrons en péril tout ce travail.

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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RUSSIE

Nom Leonid Viktorovich Slutsky Date et lieu de naissance 4 mai 1971, Volgograd (Russie) Parcours de joueur 1989 FC Zvezda Gorodishche Équipes entraînées

Trois ballons, deux postes d’entraîneur Leonid Slutsky porte un double chapeau, mais ce n’est pas un problème pour lui.

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Alexander Vilf / RIA Novosti / AFP

2000 FC Olympia Volgograd 2003-2004 FC Elista 2005-2007 FC Moscou 2008-2009 Krylia Sovetov Samara Depuis 2009 CSKA Moscou Depuis 2015 Équipe nationale de Russie


RUSSIE

Deux fois plus d’attentes Leonid Slutsky est à la fois entraîneur du CSKA Moscou et de l’équipe nationale de Russie, qu’il va diriger durant la dernière phase des qualifications pour l’Euro 2016. Pour ce technicien expérimenté, il n’y a là aucun conflit d’intérêt, comme il l’a expliqué à Ivan Tarasenko.

A

lors que la Russie se prépare à accueillir la Coupe du Monde de la FIFA 2018™, son équipe nationale débute un nouveau chapitre sous les ordres de Leonid Slutsky. Après avoir fait confiance aux Néerlandais Guus Hiddink et Dick Advocaat puis à l’Italien Fabio Capello, la Fédération russe a, pour la première fois depuis 2006, confié les clés de la sélection à un Russe. Ce choix peut surprendre, puisque Slutsky a accepté d’endosser le costume de sélectionneur jusqu’à la fin des qualifications pour l’Euro 2016 tout en conservant sa place sur le banc du CSKA Moscou, club avec lequel il a remporté deux éditions de la Premier League russe et deux Coupes de Russie au cours des six dernières années. “Avoir un sélectionneur à mi-temps est plutôt inhabituel de nos jours, mais ce n’est pas la première fois que ça arrive en Russie ou dans le football mondial”, témoigne-t-il. “Nous avons discuté d’emblée avec la fédération d’une période assez courte, quatre à six matches de qualification pour l’Euro 2016. C’est une mesure exceptionnelle. La Russie était en difficulté dans son groupe, j’ai donc accepté l’offre qui m’a été faite. N’importe quel entraîneur dans ma position aurait fait la même chose afin d’aider l’équipe nationale.” Deux missions ? Aucun problème L’agenda de Slutsky sera donc chargé cet ­automne. Actuellement en tête du championnat, le CSKA luttera pour le titre et sera également en course en Ligue des Champions de l’UEFA dans un groupe comprenant Manchester United, le PSV Eindhoven et Wolfsbourg. À ce calendrier bien rempli, il faut ajouter des matches de qualification décisifs pour l’Euro. “Ce n’est pas un problème”, assure le technicien de 44 ans. “Dans le football moderne, un entraîneur doit surtout se concentrer sur le match à venir. Cela fait des années que je fonctionne de cette façon, il n’y a rien de nouveau pour moi. Je connais quasiment tous les joueurs de la sélection, qui évoluent pour la plupart en Premier League russe. La seule exception est Denis Cheryshev, du Real Madrid, mais nous avons échangé à plusieurs reprises.”

Certains remettent néanmoins en cause cet emploi du temps partagé, y voyant un conflit d’intérêt potentiel. Un sélectionneur travaillant également en club pourrait en ­effet avoir du mal à rester objectif vis-à-vis de joueurs qu’il connaît bien.

“N’importe quel entraîneur dans ma position aurait accepté l’offre de la fédération afin d’aider l’équipe nationale.” Leonid Slutsky

“Je suis là pour obtenir des résultats”, r­ étorque Slutsky. “Si nous y parvenons, je me moque de ce que les gens peuvent me reprocher. Si ce n’est pas le cas, on pourra sans doute m’accuser de favoritisme, mais ce ne sera que l’un des points qui me seront reprochés, donc ça ne m’inquiète pas du tout”. Un an à l’hôpital Slutsky a de bonnes raisons d’être confiant. Il est l’un des entraîneurs les plus titrés de ces dernières années en Russie. Il est notamment devenu en 2009 le premier technicien à conduire un club russe en quart de finale de la Ligue des Champions, après avoir déjà présidé avec succès aux destinées du Krylia Sovetov de Samara et du FC Moscou. Il faut cependant remonter au tout début de sa carrière, sur le banc de l’équipe de jeunes d’Olimpia, à Volgograd, pour retrouver sa plus grande fierté. “Je travaillais avec des garçons nés autour de 1982 et 17 d’entre eux sont ­passés professionnels”, explique-t-il. “C’est

un pourcentage incroyablement haut, quasiment impossible à atteindre. J’en suis très fier.” Contrairement à la grande majorité des entraîneurs russes, Slutsky n’a lui-même ­jamais eu la chance d’évoluer chez les pros. Sa carrière a tourné court à l’âge de 19 ans seulement, après avoir chuté d’un arbre sur lequel il avait grimpé afin de secourir le chat d’une voisine. Résultat : fracture ouverte de la rotule gauche. “C’est le genre de blessure qui vous enlève tout espoir de rejouer un jour au football, mais qui bouleverse également votre quotidien”, ­raconte-t-il. “J’ai passé un an à l’hôpital. J’ai effectué un gros travail de rééducation sur ma jambe et j’ai essayé plus tard de rejouer au football, sans succès. Mais en tant qu’entraîneur, je peux dire avec le recul que ce n’est pas une grande perte pour le football russe de ne pas m’avoir eu comme joueur !” Le Mourinho russe Lorsqu’il a commencé à entraîner en Premier League, la presse locale l’a surnommé le Mourinho russe pour n’avoir, comme le Portugais, aucune expérience de joueur pro. “Lorsque le président du FC Moscou, Yuri Belous, m’a offert le poste, on lui a demandé pourquoi il faisait appel à quelqu’un qui n’avait pas joué au plus haut niveau”, relève Slutsky. “Il a r épondu que c’était également le cas de ­ Mourinho. C’est de là qu’est partie cette ­ ­comparaison très flatteuse.” Même s’il a effectué la majorité de sa carrière à Moscou, le sélectionneur russe nourrit des liens étroits avec d’autres régions du pays. Né à Volgograd, il a également travaillé pendant un an à Samara – deux villes hôtes de Russie 2018. “Les Russes, et plus particulièrement en province, attendent la Coupe du Monde avec impatience”, affirme-t-il. “Ces villes auront la chance de voir les meilleurs joueurs, dans les plus beaux stades. Le tournoi va leur permettre d’améliorer leurs infrastructures et d’intégrer la communauté internationale. Les gens qui y habitent n’ont pas tous l’oppor­ tunité de voyager à l’étranger. Je veux dire à tous les supporters qui ont l’intention de ­venir en Russie qu’ils seront ravis de l’accueil qu’ils vont recevoir.” T H E F I FA W E E K LY

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RUSSIE

UN VISAGE PERSONNEL Dans toute la Russie, des événements ont été organisés pour lancer le compte à rebours des 1 000 jours qui nous séparent du Match d’ouverture de la Coupe du Monde 2018. Le Programme des bénévoles qui a pour but de donner une touche individuelle au tournoi a lui aussi été au centre des manifestations.

L

e 18 septembre, le compte à rebours des mille jours qui nous séparent du Match d’ouverture de la Coupe du Monde de la FIFA, Russie 2018™, au Stade Luzhniki de Moscou a été lancé.

Pour marquer ce jalon important, plus de 45 000 personnes dans 33 villes de Russie ont pris part à une série d’événements organisés par le Comité Organisateur Local (COL) de Russie 2018, avec le soutien de l’Association des centres de bénévoles et de l’Association russe des clubs étudiants. Le principal objectif est d’attirer les bénévoles pour le tournoi en lui-même. Un processus de candidature débutera au deuxième trimestre 2016. “Pour nous, la communauté des bénévoles joue un rôle impor-

tant dans la promotion d’une image positive de la Coupe du Monde Coup d’envoi Sur la place Rouge de Moscou, le compte à rebours a commencé à défiler.

de la FIFA, Russie 2018”, a déclaré Alexey Sorokin, Directeur général du COL de Russie 2018. “L’opportunité de prendre part au Programme des bénévoles a suscité autant d’intérêt dans tout le pays. Le compte à rebours des 1 000 jours en a été une claire illustration. À ce jour, des centres de bénévoles du COL de Russie 2018 ont déjà été sélectionnés dans chacune des onze villes hôtes, mais nous allons faire fonctionner le programme des bénévoles comme une seule équipe. Les candidats bénévoles vont pouvoir poser leur candidature à partir du deuxième trimestre 2016.” Parmi les autres événements pour fêter le compte à rebours des 1 000 jours, des matches de football et des conférences ont été ont pris part aux festivités tandis que les bénévoles à Arkhangelsk et Tambov ont aidé des jeunes qui ont grandi dans des orphelinats

L’excitation monte Plus que 1 000 jours d’ici le Match d’ouverture de la Coupe du Monde 2018.

à développer leur technique footballistique. À Vladivostok, l’équipe de première division russe de Luch Energiya a accueilli un tournoi de mini-football. Le Ministre russe des Sports et Président du COL de Russie 2018, Vitaly Mutko, a souligné les bénéfices de la pratique du football sur le plan physique. “Il est important pour nous que le spor t et les modes de vie sains gagnent en popularité chez les jeunes”, a-t-il déclaré. “Pour ce qui est des préparations pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018, nous construisons une multitude d’équipements sportifs dans pratiquement toute la partie européenne de la Russie. Il ne s’agit pas seulement de nouveaux stades, mais également de terrains d’entraînement et de camps de base pour les équipes. Cela va poser les fondations d’un riche héritage que le tournoi va laisser derrière lui. Nous sommes certains que cela va améliorer la santé de la nation.” Å

Représentant Lothar Matthäus, champion du monde en 1990.

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Sefa Karacan / Anadolu Agency / AFP, Pavel Lisitsyn / RIA Novosti / AFP, Golovanov + Kivrin / imago

organisés un peu partout dans le pays. Les écoles et les universités


RUSSIE

Débuts réussis Le nouveau sélectionneur de la Russie Leonid Slutsky (à d.) a enregistré deux victoires après son entrée en fonction.

Grigoriy Sisoev / RIA Novosti / AFP

Se verrait-il bien à la tête de la Russie pour cette Coupe du Monde à domicile ? “Je n’y pense pas vraiment”, répond l’intéressé. “Je ne me projette pas trop loin. Mais ce serait évidemment un grand honneur et une grande émotion, pour n’importe quel entraîneur, de conduire son équipe nationale lors d’une Coupe du Monde à la maison.” Trop peu de reconnaissance Pour l’heure, Slutsky se concentre sur les ­rencontres de qualification pour l’Euro 2016 qui attendent son équipe. Ses détracteurs ­reprochent à celle-ci de manquer de stars. Le technicien, lui, voit les choses différemment : “Si le mot ‘stars’ signifie qu’il s’agit forcément de joueurs évoluant dans les meilleurs clubs des grands championnats, alors c’est vrai, nous n’en avons pas”, concède-t-il. “Ceci dit, Cheryshev est tout de même au Real Madrid

et nous aimerions bien qu’il ait plus de temps de jeu. Mais à mes yeux, le championnat de Russie ne jouit pas de la reconnaissance qu’il mériterait. Je crois que l’équipe nationale dispose de très bons joueurs qui sont tout à fait à la hauteur du défi qu’ils doivent relever actuellement : décrocher une place pour ­l’Euro 2016.” Å

La Russie dans les qualifications pour l’Euro Deux matches, deux victoires - Leonid Slutsky a pris début septembre un bon départ au poste de sélectionneur de la Russie. Son équipe s’est imposée face à ses concurrents directs, la Suède (1:0) et le Liechtenstein (7:0), dans les qualifications pour l’Euro 2016, ce qui a permis à la Russie d’atteindre la deuxième place du Groupe G. Si les Autrichiens sont déjà qualifiés pour la phase finale du tournoi avec 22 points au compteur, les Russes, eux, affichent actuellement 14 points, suivis des Suédois, qui comptent 12 unités. La Russie a son avenir entre ses mains. Elle tentera de d écrocher une qualification directe pour ­ ­l ’Euro lors des deux dernières journées, face à la Moldavie et au Monténégro.

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RIV ER PL AT E

Troisième triomphe River Plate est d’humeur festive après sa victoire en Copa Libertadores, en août dernier.

River Plate n’a pas peur du Barça

“Q

uand j’entends le public chanter ‘uruguayo, uruguayo!’, ça me donne la chair de poule. C’est plus fort que tout.” Antonio Alzamendi ne porte plus depuis longtemps le maillot rayé de River Plate. À 59 ans, les cheveux ont gagné en blancheur et l’homme en sensibilité. Le 3 août dernier, il a fait le voyage de son Uruguay natal jusqu’à Buenos Aires pour voir River Plate remporter sa dernière Copa Libertadores en date. Les fans l’ont accueilli comme ils le faisaient à l’époque où il portait encore les crampons et où un but de la tête l’avait fait entrer dans la légende du club. “Le fait d’avoir marqué le but le plus important de l’histoire de River me suit jusqu’aujourd’hui”, explique-t-il. “Nous sommes l’équipe qui a mis fin à la malédiction du club, qui n’arrivait pas à gagner la 28

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Copa Libertadores ni la Coupe Intercontinentale. Ce que nous avons fait est proprement historique pour l’une des équipes les plus importantes du monde.” River était maudit en Libertadores, mais en 1986, les Alzamendi, Norberto Beto Alonso, Oscar Ruggeri, Héctor Enrique, Nery Pumpido, Américo Gallego et autres Juan Gilberto Funes ont vaincu le mauvais sort. Deux semaines après avoir remporté la compétition suprême des clubs en Amérique du Sud, les Millonarios s’étaient rendus au Japon, où River disputera la Coupe du Monde des Clubs en décembre prochain. En finale de la Coupe Intercontinentale face au Steaua Bucarest, Antonio avait inscrit de la tête le seul but de la partie et offert à la Banda Sangre son seul titre mondial à ce jour.

Xinhua / imago

En 1986, Antonio Alzamendi a signé un but en finale de la Coupe Intercontinentale, offrant un titre mondial à River Plate, qui venait de remporter la Copa Libertadores pour la première fois. Il croit l’équipe actuelle capable de triompher à son tour en Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2015™ au Japon.


RIV ER PL AT E

“Nous n’étions pas les premiers venus et nous étions courageux.” Antonio Alzamendi

AFLOSPORT / imago

En à peine 46 jours, River venait de tourner le dos à une malédiction qui durait depuis 26 ans, en s’adjugeant coup sur coup deux trophées internationaux. “Il y avait de la pression dans l’air à chaque match, mais nous formions une équipe qui n’avait peur de rien”, se souvient-il. “Nous étions prêts à tout et nous ne redoutions aucun adversaire. Nous avions confiance en nous et nous savions que nous étions capables de battre n’importe qui. Cette équipe n’avait rien à voir avec l’histoire de River. Nous ne pratiquions pas un football spectaculaire. Nous cherchions avant tout à être efficaces. C’était une équipe qui avait beaucoup de personnalité.” Les capacités de motivation de l’entraîneur Héctor Veira ont été fondamentales. “El Bambino avait réussi à nous convaincre que nous étions capables de marquer l’histoire de River. Après ses causeries, vous vous sentiez aussi fort que King Kong”, assure Alzamendi en souriant. Il fallait l’être pour gagner la Libertadores et ensuite prendre le meilleur sur un Steaua qui avait surpris Barcelone en finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, avec dans ses rangs des stars du football roumain comme Lacatus, Belodedici, Bumbescu et Balint. Les deux équipes se sont croisées pour la première fois dès leur arrivée au Japon. La réaction des Argentins en disait long sur leur état d’esprit. “Nous avons débarqué quasiment en même temps. Ils portaient tous le costume et nous, nous avions des survêtements moulés qui nous faisaient ressembler à des danseuses. Mais nous étions pleins de défiance”, assure celui qui allait devenir un héros. “Nous disions entre nous qu’ils avaient un air barbare mais que peu importe, on les mangerait quand même. On allait les battre. C’est exactement ce qui s’est passé. La modestie n’était pas notre point fort mais en même temps, ça peut se comprendre. Nous avions quatre champions du monde dans notre équipe et cinq internationaux uruguayens. Nous n’étions pas les premiers venus et en plus, nous étions vraiment courageux.” Demi-finale le 16 décembre Beaucoup de supporters millonarios qui ont assisté aux trois sacres de leur équipe en Copa Libertadores – River a également remporté l’édition 1996, mais a été battu en Coupe Intercontinentale au Japon par la Juventus – trouvent beaucoup de similitudes entre la génération 1986 et la génération actuelle. Alzamendi, qui a suivi tous les matches de River dans la Libertadores 2015 à la télévision, sauf la finale, où il était au stade, partage cette opinion : “Les joueurs sont évidemment très différents sur le plan de la technique, mais ils sont pareils que nous au niveau de la mentalité. C’est un groupe qui a appris à se serrer les coudes pour gagner les matches importants, les matches durs. Quand ils ont battu les Brésiliens 3:0 à Belo Horizonte, après avoir perdu le match aller 1:0 à domicile, on a pu voir à quel point cette équipe était forte. Elle a fait preuve d’une personnalité incroyable, à l’image de son entraîneur Marcelo Gallardo.” Le rêve de tout River est de passer la demi-finale du 16 décembre pour s’inviter en finale, le 20 à Yokohama, si possible contre Barcelone. Impossible ? “Si je rencontre Luis Enrique, je lui dirai de faire attention,

parce que River peut le faire”, avertit Alzamendi. “Barcelone a dans ses rangs Suárez, Messi, Neymar et Iniesta, mais c’est la même chose que lorsque nous avons joué contre les Roumains. Ils sont Goliath et nous David. Mais comme dans la légende, une petite pierre peut faire beaucoup de mal...” Pour bien faire passer son message, Alzamendi raconte un épisode provenant d’une autre bible, celle du football uruguayen : “Roque Máspoli, le gardien de l’Uruguay qui avait battu le Brésil dans le match décisif de la Coupe du Monde 1950, répétait toujours qu’avant ce match, les gens disaient souvent que le Brésil battrait l’Uruguay 99 fois sur 100. ‘Gagnons ce match, et que le Brésil gagne les 99 suivants’, avaient décidé les Uruguayens avant la rencontre. Je crois que River peut réussir à faire la même chose. Sur 10 confrontations, Barcelone en gagnerait probablement 9. À nous de gagner l’autre.” Å Eduardo Barassi

Auteur du but victorieux Antonio Alzamendi (au centre) en finale de la Coupe Intercontinentale 1986.

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FOOTBALL FOR HOPE

Football for Hope témoigne de notre engagement pour bâtir un meilleur avenir à travers le football. Nous avons soutenu à ce jour plus de 550 projets communautaires socialement responsables qui utilisent le football comme outil de développement social afin d’améliorer les conditions de vie et les perspectives d’avenir des jeunes et des communautés dans lesquels ils évoluent. Rendez-vous à la rubrique Développement durable sur FIFA.com pour en savoir plus.


TRIBUNE

COUP DE PROJEC TEUR

INFORMATIONS GÉNÉR ALES Pays : Sri Lanka Trigramme FIFA : SRI Confédération : AFC Continent : Asie Capitale : Colombo

INFORMATIONS GÉOGR APHIQUES Superficie :

Héros

65 610 km² Point culminant : Pidurutalagala 2 524 m Façade maritime : Océan Indien

Annette Braun

Mario Wagner / 2Agenten

D

eux titres de Bundesliga allemande, 13 ans et un total de 399 apparitions en jaune et noir, dont 322 en première division et 47 sur la scène internationale. Tel est le bilan de Dedê au Borussia Dortmund. Le Brésilien a joué pour le BVB de 1998 à 2011 et conquis le cœur des fans. Début septembre, la planète football a pu mesurer toute l’importance que Dedê avait pour son club et ses supporters, à l’occasion de son match d’adieu qui a rassemblé bon nombre de ses compagnons de route et de stars mondiales, ainsi que 80 000 spectateurs. Cette affluence impressionnante prouve que l’ancien numéro 17 a marqué le Borussia de son empreinte. Il est resté fidèle à la formation de la Ruhr dans les bons comme dans les mauvais moments. Ils ont triomphé ensemble mais ils ont également fait face ensemble à la débâcle financière. La relation qui liait Dedê au BVB n’en a été que renforcée. Le Brésilien n’a pas cédé aux tentations pécuniaires ; il est toujours resté. Il affirme d’ailleurs que Dortmund est sa ville. Aujourd’hui, dans un univers footballistique agité, les joueurs fidèles se font tellement rares qu’ils sont adorés et vénérés. Le cœur des fans est aussi grand que leur désir d’identification. S’ils soutiennent leur équipe

favorite toutes les semaines, ils ont de moins en moins la possibilité de faire corps avec l’un de leurs joueurs. Dedê, lui, était un footballeur modèle. Il était “l’un d’eux”, ce qui explique qu’il reste adulé aujourd’hui, bien qu’il ait quitté l’Allemagne et travaille depuis quatre ans comme entraîneur adjoint d’un club turc. Lorsque les supporters ont trouvé leur héros, leur admiration et leurs témoignages d’affection ne connaissent pas de limites. Dedê a ainsi pu, à l’occasion de la rencontre opposant une sélection internationale et un onze qu’il avait lui-même composé, remplir un stade et organiser le match d’adieu qui a fait le plus d’entrées en Europe. Å

FOOTBALL MASCULIN Classement FIFA : 184e position Coupe du Monde : aucune participation

FOOTBALL FÉMININ Classement FIFA : 124e position Coupe du Monde : aucune participation

DERNIERS RÉSULTATS Hommes : Bhoutan - Sri Lanka 2:1 17 mars 2015 Femmes : Inde - Sri Lanka 4:0 13 mars 2015

INVES TISSEMENTS DE L A FIFA Depuis 2001 :

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly

4 189 220 USD T H E F I FA W E E K LY

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LE MIROIR DU TEMPS

T

H

E

N

Westminster, Angleterre

1958

Sven Torfinn / laif

Le linge sèche lentement dans le froid humide de la campagne anglaise.

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LE MIROIR DU TEMPS

N

O

W

Elmina, Ghana

2012

mauritius images

L’opération est plus rapide sous l’action de la brise maritime.

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L’A R T D U F O O T B A L L

LE S DÉC L AR AT IONS DE L A SEM AINE

Tactique et hasard

“Nous avons gagné le droit d’être dans le top 10 du Classement mondial et nous sommes sur le point de réussir quelque chose de très spécial.”

Ronald Düker

Chris Coleman, sélectionneur du Pays de Galles

“C’est le jour le plus triste de ma vie. J’étais avec lui quand il est né. J’ai partagé une expérience incomparable pendant sept ans et je l’ai embrassé une dernière fois avant la fin. Ça faisait longtemps que je n’avais pas autant pleuré et je ne suis pas le seul à être triste. La vie ne sera plus pareille sans toi.” Michael Owen après le décès de son cheval Brown Panther, mortellement blessé à l’Irish St Leger, où il défendait sa couronne

Imagebroker / imago

A

ujourd’hui plus que jamais, les formations tactiques qui conditionnent les déplacements des joueurs sur le terrain sont au cœur des discussions sur le football. Un peu comme si ces systèmes étaient des numéros de téléphone, on parle ainsi du 4-42, du 5-3-2, du 4-3-3 ou encore du 4-2-3-1. Cette pensée systématique avait pourtant bien failli disparaître dans les années 70 avec l’invention du “football total” par Rinus Michels, entraîneur entré depuis dans la légende. Il avait alors autorisé ses joueurs à créer le chaos sur le terrain ou du moins à adopter une vision flexible du jeu en modifiant sans cesse leur positionnement dans l’espace. Lors de la Coupe du Monde de la FIFA 1974™, les Oranjes ont donné le vertige à leurs adversaires en ayant recours à cette tactique révolutionnaire, du moins jusqu’en demi-finale. Il n’en demeure pas moins que ce style de jeu était lui aussi soumis à une structure permettant ensuite de s’en écarter. Les joueurs entraient en effet sur le terrain en position de 4-3-3. Certains systèmes de jeu se sont vus ­a ffubler de noms dont on ne se souvient pas toujours aujourd’hui. Au 19e siècle, le jeu très offensif en 2-3-5 où les attaquants étaient majoritaires sur le terrain était particulièrement en vogue. On parlait alors de “pyramide”. De son côté, le 1-4-3-2, système de jeu extrêmement défensif qui, plus d’un siècle plus tard, permettra aux Italiens de causer bien du souci aux équipes adverses, est surnommé catenaccio, mot italien signifiant verrou. Au-delà de ces chiffres et de ces appellations, nous sommes surtout habitués à voir depuis plusieurs années ces graphiques diffusés à la télévision qui nous permettent de

mieux visualiser les schémas tactiques. Le terrain est représenté sous la forme d’un rectangle abstrait et chaque joueur est un point raccordé à une ligne pas toujours très droite. Il arrive en effet qu’un point soit ­décalé vers l’avant ou l’arrière selon que le joueur est plutôt offensif ou défensif. La dynamique des mouvements a beau n’être qu’esquissée, ces images ont la prétention de préfigurer l’ensemble du jeu d’une équipe avant même le début du match. Peut-on se permettre, pour un instant seulement, de comparer à une table de roulette ces diagrammes représentant les schémas tactiques des équipes ? Imaginons alors que le terrain corresponde à la table de jeu verte numérotée de un à 36, le zéro se trouvant au niveau du but. Le long des lignes latérales, des tactiques de jeu supplémentaires sont signalées par les cases Passe et Manque, Pair et Impair et enfin Rouge et Noir. Quant aux jetons qui sont sur le tapis de jeu, ils représentent les footballeurs du diagramme tactique. Il manque toutefois un élément pour que la métaphore soit réellement complète, à savoir le cylindre sur lequel la bille tournoie et qui, obéissant aux lois du hasard ou du destin, détermine le cours de la partie. Mais cet instant est absent de tous les diagrammes. Le schéma tactique a beau être préparé avec la plus grande minutie, le positionnement des joueurs sur le terrain a beau paraître le plus coercitif possible, c’est une autre force qui décide de l’issue de la partie. Cette force est parfois équitable, mais pas toujours. Elle est surtout incalculable. C’est ce qui fait toute la beauté du football, cette discipline qui, à nos yeux, reste le plus beau sport du monde. Å

“Il y a beaucoup d’étoiles [stars en ­anglais] dans cette équipe de Paris, presque autant que dans le ciel !” Age Hareide, entraîneur de Malmö, au sujet du Paris Saint-Germain

“Mon équipe joue à 100 à l’heure ! J’adore ça. Quand vous voulez construire quelque chose, il faut d’abord penser au club. La tête du poisson. C’est le secret. ­Maintenant, je veux que nous arrêtions d’encaisser des buts. Si nous y arrivons au prochain match, je paie une pizza… peutêtre même accompagnée d’un hot dog.” Claudio Ranieri à propos de Leicester City

“C’est un type très direct. Il était capable de vous humilier un jour et de vous dire le lendemain que vous étiez meilleur que Zidane.” Xavi évoque Louis van Gaal

“La lutte a eu un impact sur mes qualités physiques, mon agilité et la façon dont je contrôle mon corps. Elle m’a aidée à me considérer moi-même individuellement. En lutte, vous êtes seule responsable de vous-même.” L’internationale finlandaise Emmi Alanen T H E F I FA W E E K LY

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FIFA PARTNER


HONDURAS

Pinto renouvelle ses voeux Une crise peut ouvrir la porte sur une grande opportunité. C’est ce qui est arrivé à Jorge Luis Pinto dans sa mission à la tête du Honduras.

Laurence Griffiths / Getty Images

L

e parcours peu convaincant des Catrachos dans la Gold Cup de la CONCACAF a mis en évidence les points faibles de l’équipe et l’amplitude de la tâche à entreprendre. “Le changement de génération est toujours un processus douloureux, mais en même temps, cela m’a permis de chercher un style différent de celui habituellement pratiqué par le Honduras”, explique le technicien colombien dix mois après avoir pris les commandes de la sélection. La période comprise entre 2009 et 2014 est l’une des plus fastes de l’histoire du football hondurien. Jamais auparavant le pays ne s’était qualifié pour deux éditions consécutives de la Coupe du Monde de la FIFA™, le tout sans avoir à passer par les barrages. Cette génération talentueuse et couronnée de succès a cependant abordé Brésil 2014 avec la deuxième moyenne d’âge la plus élevée de la compétition : 28,56 ans. Son élimination dès la phase de groupes a montré qu’il était temps de penser au renouvellement. Rajeunir la H, Pinto en a fait sa priorité dès la signature de son contrat. “En analysant le passé récent de l’équipe, je me suis rendu compte qu’il fallait se concentrer là-dessus. C’était obligatoire”, estime-t-il. “Mais ça ne peut pas se faire n’importe comment. L’idée est de faire ça de façon progressive, pour qu’il n’y ait pas de vide, pour que le manque d’expérience ne soit pas trop pénalisant.” Le processus est en marche. Sur les 23 joueurs convoqués pour les rencontres amicales face à l’Équateur et au Venezuela il y a quelques jours, on comptait seulement sept rescapés de Brésil 2014. “La nouvelle génération est pétrie de talent. Quelques joueurs ont

déjà l’expérience de l’étranger et du niveau international. C’est très important et il faudra en tirer parti”, poursuit Pinto. Des résultats qui commencent à venir La transition est toutefois difficile. Les résultats se font attendre. Depuis l’élimination à Brésil 2014, les Catrachos ont disputé 20 matches, avec un bilan de 11 défaites, 5 victoires et 4 nuls. En outre, ils ont terminé la Coupe Centraméricaine 2014 à la cinquième place et ont quitté la dernière édition de la Gold Cup de la CONCACAF dès la phase de groupes, après avoir été battus par les États-Unis et Haïti, et avoir partagé les points avec le Panama. Malgré cela, le technicien a des raisons d’être optimiste. “Nous avons beaucoup appris pendant ces matches, surtout contre le Brésil et le Mexique. Je suis convaincu que nos résultats en Gold Cup ne reflètent pas notre vrai niveau”, juge-t-il. “Nous avons bien joué, mais

nous nous sommes fait avoir sur des erreurs de débutants. Ça n’a pas été facile, mais je reste quand même sur une bonne impression d’ensemble.” Quand on a mené une équipe comme le Costa Rica en quarts de finale de Coupe du Monde à Brésil 2014, on sait qu’il faut de la ­patience pour introduire de nouveaux concepts et insuffler une dynamique de reconquête. ­P into sait aussi que cela passera par du travail, beaucoup de travail. “Je veux que cette équipe produise plus de jeu avec le ballon, qu’elle joue plus vite qu’elle ne le fait traditionnellement.” Le succès convaincant au Venezuela (3:0), ­récemment, a commencé à valider le travail de Pinto et donne encore plus de crédit aux ­paroles de l’entraîneur de 62 ans : “Il y a du talent. Il faut maintenant l’exploiter. Ces joueurs ont un grand avenir”. Å Martin Langer T H E F I FA W E E K LY

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CLASSEMENT MONDIAL FÉMININ

Leader Entrées dans le Top 10 Sorties du Top 10 Nombre total de matches disputés Équipes avec le plus grand nombre de matches Plus grande progression en termes de places Plus grand recul en termes de places Nouvelles entrées dans le classement Sorties du classement

États-Unis aucune aucune 98 Nigeria (7) Jamaïque (67e, plus 7) Nigeria (38e, moins 9) 6 (Fidji, Guyana, Nouvelle-Calédonie, Îles Salomon, Samoa et Grenade) aucune +/- Points

P osition Équipe

+/- Points

1 États-Unis

0 2189

51 Belarus

-2 1476

101 Mali

-2 1196

Singapour **

2 Allemagne

0 2115

52 Ghana

0 1475

102 Palestine

-2 1192

Vanuatu **

1139

3 France

0 2083

53 Paraguay

-2 1459

103 République dominicaine

-6 1191

Angola **

1134

4 Japon

0 2052

54 Équateur

0 1451

104 Îles Cook

1 1185

Sierra Leone **

1132

5 Angleterre

0 2038

55 Croatie

5 1436

105 Salvador

-4 1184

RD Congo **

1132

6 RDP Corée

2 1993

56 Inde

0 1425

106 Moldavie

-4 1180

Arménie **

1104

7 Brésil

-1 1973

57 Israël

0 1424

107 Zimbabwe

-3 1174

Samoa américaines **

1075

8 Suède

-1 1970

58 Jordanie

-5 1423

107 Lettonie

-5 1174

Guinée **

1063

P osition Équipe

+/- Points

P osition Équipe

Dernière mise à jour : 25 septembre 2015 P osition Équipe

+/- Points 1177

9 Australie

0 1968

59 Iran

-1 1418

109 Éthiopie

-3 1154

Érythrée **

1060

10 Norvège

0 1933

60 Pérou

1 1412

110 Suriname

-3 1152

Burkina Faso **

1038

11 Canada

0 1924

61 Afrique du Sud

-2 1408

110 Honduras

-3 1152

Ouganda **

965

12 Pays-Bas

0 1908

62 Turquie

0 1395

112 Malte

-3 1145

Guinée-Bissau **

927

13 Italie

0 1874

62 Côte d’Ivoire

5 1395

113 Îles Salomon

1144

Syrie **

927

14 Danemark

1 1856

64 Slovénie

0 1390

114 Samoa

1138

Irak **

882

15 RP Chine

-1 1840

65 Venezuela

0 1380

115 Porto Rico

0 1137

Liberia **

877

16 Nouvelle-Zélande

0 1839

66 Irlande du Nord

0 1376

116 Kirghizistan

-6 1134

Mozambique **

873

17 République de Corée

0 1838

67 Jamaïque

7 1374

116 Luxembourg

-6 1134

Koweït **

870

18 Espagne

1 1824

68 Haïti

-5 1372

118 Géorgie

-6 1116

Malawi **

840 836

19 Islande

-1 1818

69 Grèce

-1 1364

119 Népal

-7 1115

Lesotho **

20 Écosse

0 1791

70 Panamá

-1 1363

120 Nicaragua

-6 1111

Curaçao **

831

21 Suisse

0 1781

71 Uruguay

-1 1361

121 Chypre

-6 1108

Rwanda *

996

22 Russie

0 1779

72 Bosnie-et-Herzégovine

-1 1360

122 ARY Macédoine

-5 1079

Barbade *

979

23 Ukraine

0 1770

73 Kazakhstan

-1 1351

123 Gabon

-5 1052

Macao *

922

24 Finlande

0 1754

74 Émirats arabes unis

-1 1348

124 Namibie

-5 1039

Îles Vierges britanniques *

867

25 Colombie

0 1747

75 Hong Kong

0 1347

125 Zambie

-5 1015

Îles Vierges américaines *

852

26 Mexique

0 1736

76 Bulgarie

0 1343

126 St-Vincent-et-les-Grenadines

-5 1000

Andorre *

763 761

27 Autriche

0 1722

77 Estonie

0 1329

127 Sainte-Lucie

-5

991

Comores *

28 Belgique

0 1712

78 Albanie

0 1322

128 Bangladesh

-5

987

Madagascar *

714

29 Thaïlande

1 1666

79 Indonésie

0 1321

129 Sri Lanka

-5

968

Turks et Caicos *

704

30 République tchèque

0 1654

79 Algérie

0 1321

130 Liban

-4

949

31 République d’Irlande

2 1653

81 Maroc

0 1320

131 Bermudes

-4

943

32 Pologne

-2 1639

82 Tunisie

0 1314

132 Saint-Kitts-et-Nevis

-7

942 938

33 Vietnam

2 1629

83 Philippines

0 1312

133 Maldives

-5

34 Costa Rica

0 1627

84 Guatemala

0 1300

134 Tanzanie

-5

937

35 Argentine

1 1621

85 Fidji

1292

135 Pakistan

-5

926

36 Pays de Galles

1 1620

86 Bahreïn

0 1289

136 Grenade

37 Chinese Taipei

2 1608

87 Guam

0 1287

137 Dominique

-6

900

38 Nigeria

-9 1602

88 Îles Féroé

0 1286

138 Afghanistan

-6

889

39 Portugal

-1 1580

89 Égypte

0 1278

139 Qatar

-6

864

40 Hongrie

0 1565

90 Laos

0 1273

140 Îles Caïmans

-6

849

41 Roumanie

0 1562

91 Malaisie

0 1260

141 Swaziland

-6

836

42 Chili

0 1559

92 Guyana

1259

142 Belize

-6

825

43 Ouzbékistan

2 1540

93 Tonga

-8 1258

143 Kenya

-6

796

914

43 Serbie

3 1540

94 Nouvelle-Calédonie

144 Bhoutan

-6

778

45 Cameroun

-2 1530

94 Sénégal

-2 1252

145 Antigua-et-Barbuda

-6

767

46 Slovaquie

1 1525

96 Monténégro

-3 1241

146 Aruba

-6

745

47 Myanmar

-4 1515

97 Lituanie

-3 1238

147 Botswana

-6

730

48 Trinité-et-Tobago

0 1489

98 Bolivie

-2 1217

Azerbaïdjan **

1341

49 Papouasie-Nouvelle-Guinée

1 1480

98 Cuba

0 1217

Tahiti **

1238

50 Guinée équatoriale

5 1477

100 Congo

-5 1206

Bénin **

1187

http://fr.fifa.com/fifa-world-ranking/ranking-table/women

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1252

** Les équipes n’ayant pas joué depuis plus d’un an et demi n’apparaissent pas dans le classement. * Équipes provisoirement déclassées pour ne pas avoir joué plus de cinq matches contre des équipes officiellement classées.


PUZZLE

Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Président Joseph S. Blatter

1

5

Secrétaire Général par intérim Markus Kattner Directeur de la Communication et des Affaires publiques Nicolas Maingot (p. i.) Rédacteur en chef Perikles Monioudis Rédaction Alan Schweingruber (rédacteur en chef adjoint), Annette Braun, Sarah Steiner

Mise en page Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Susanne Egli

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Production Hans-Peter Frei

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DIFFICILE

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Impression Zofinger Tagblatt AG

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Contact feedback-theweekly@fifa.org

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Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.

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MOYEN

Assistante de rédaction Alissa Rosskopf

La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2015”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.

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Ont contribué à ce numéro Eduardo Barassi, Pascal de Miramon, Emanuele Giulianelli, Martin Langer, Luc Schol, Ivan Tarasenko

Internet www.fifa.com/theweekly

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Collaborateurs réguliers Ronald Düker, Matt Falloon, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Andreas Jaros, Jordi Punti, David Winner, Roland Zorn

Traduction www.sportstranslations.com

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Correction Nena Morf (responsable), Martin Beran, Kristina Rotach

Responsables de projet Bernd Fisa, Christian Schaub

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Conception artistique Catharina Clajus Service photo Peggy Knotz, Christiane Ludena (suppléance 13 Photo)

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T H E F I FA W E E K LY

Puzzles courtesy: opensky.ca/sudoku

Éditeur FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Téléphone +41-(0)43-222 7777, Fax +41-(0)43-222 7878

Le but du jeu est de remplir la grille avec des chiffres de 1 à 9, qui ne se trouvent jamais plus d’une fois dans la même ligne, la même colonne ou le même carré de 3x3.

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GRASSROOTS

FIFA inspiring girls and boys to play football FIFA’s Grassroots programme is the core foundation of our development mission, aimed at encouraging girls and boys around the world to play and enjoy football without restrictions. Grassroots focuses on the enjoyment of the game through small-sided team games, and teaching basic football technique, exercise and fair play. For more information visit FIFA.com


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