The Fifa Weekly Edition #53

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N O 53, 24 OCTOBRE 2014

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904

ROUMANIE PLACE AUX JEUNES VENEZUELA NOEL SANVICENTE LE DROIT DE JUGER CORÉE DU SUD LEE DONG-GOOK MARQUE TOUJOURS

Manuel Neuer exclusif

“Un champion du monde n’a pas de passe-droit” W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

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Costa Rica La Primera División costaricienne peine à surfer sur la vague d’enthousiasme déclenchée par la Coupe du Monde. Cette situation ne semble pas troubler Alajuelense, qui domine toujours la compétition de la tête et des épaules.

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S epp Blatter Le gardien de but moderne contribue à accélérer le jeu. Le poste a connu une évolution importante en 1992. “ Ce n’est pas sans une certaine fierté que je peux dire aujourd’hui avoir joué un rôle décisif dans cette évolution”, rappelle le Président Blatter.

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Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

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États-Unis Kyle Beckerman et le mystère de la disparition de la coiffure rasta.

Klas Ingesson Sa vie a basculé le jour où on lui a diagnostiqué un cancer. Désormais, ce père de famille et entraîneur de l’équipe suédoise d’Elfsborg essaie de profiter de chaque instant.

“Un champion du monde n’a pas de passe-droit” Notre photo de couverture représente Maneul Neuer lors d’une séance de pose organisée par adidas en février 2014. adidas / Hamish Brown

The FIFA Weekly Magazine App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues pour votre tablette.

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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com

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Noel Sanvicente Le nouveau sélectionneur du Venezuela veut offrir à son pays sa première qualification pour une Coupe du Monde.

imago (2), Miguel Vallenilla, Jeonbuk Hyundai Motors FC

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Le pari de la jeunesse La Fédération roumaine aimerait séduire les jeunes. La tâche s’annonce cependant difficile, car les priorités ont changé dans le pays. Perikles Monioudis s’est rendu à Bucarest pour visiter la “Maison du Football” et répondre à cette question : comment le football roumain peut-il sortir de la crise ?


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

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République de Corée Décevant à l’étranger, Lee Dong-gook est en revanche une star incontestée du championnat national.

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Manuel Neuer Entretien exclusif avec le gardien champion du monde autour de son rôle de précurseur.

Coupe du Monde des Clubs de la FIFA du 10 au 20 décembre 2014, Maroc

Coupe du Monde U-20 de la FIFA du 30 mai au 20 juin 2015, Nouvelle-Zélande

Coupe du Monde Féminine de la FIFA du 6 juin au 5 juillet 2015, Canada

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Rassemblons tous les fans de football Faites de nouvelles rencontres et découvrez des passions communes dans le Bar Lounge de l’A380 d’Emirates.

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Hello Tomorrow


À DÉCOUVERT

Nostalgiques

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n 1990, 1994 et 1998, l’équipe nationale de Roumanie a non seulement participé aux trois Coupes du Monde, mais elle a atteint à chaque fois la seconde phase en pratiquant un football de qualité. Avec la fin de cette génération emmenée par Gheorghe Hagi, la flamme s’est cependant éteinte. Aujourd’hui, après des années de crise, la Roumanie commence à chercher intensivement de jeunes talents. La fédération envoie aussi ses recruteurs à l’étranger, où de nombreuses familles roumaines se sont installées après les bouleversements de 1989. Perikles Monioudis s’est rendu à Bucarest pour rencontrer des membres de la fédération. Il nous livre un reportage sur le football roumain et le difficile défi que celui-ci s’est lancé (à partir de la page 6).

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anuel Neuer semble remplir son rôle avec facilité. C’est notamment pour cette raison que le joueur de 28 ans est régulièrement présenté comme “le gardien de but moderne”. “Il faut prendre les bonnes décisions et ne pas hésiter une seule seconde une fois qu’elles sont prises. Je suis parfaitement conscient que cela comporte des risques”, explique-t-il. Roland Zorn a rencontré le gardien de l’équipe d’Allemagne pour un entretien exclusif (à partir de la page 24).

S

epp Blatter lui-même parle de Neuer comme de “la nouvelle référence” dans son billet hebdomadaire (page 23). “Ces vingt dernières années, le poste de gardien de but est sans doute celui qui a connu les évolutions les plus marquantes”, souligne le Président de la FIFA. “Non content d’être le meilleur gardien du tournoi, il s’est aussi imposé, selon moi, comme le meilleur joueur (de champ).” Å

Cristi Preda

Alan Schweingruber

Match d’adieu en 2001 Gheorghe Hagi avec son fils Ianis, alors âgé de deux ans. T H E F I FA W E E K LY

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Le pari de la jeunesse

Vadim Ghirda / Keystone / AP

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Le football roumain veut redevenir une référence. La Fédération roumaine mise pour cela sur la formation. Perikles Monioudis, Bucarest

V Le plus grand drapeau du monde La Roumanie s’offre un record sur l’aéroport de Clinceni, au sud de Bucarest.

oici l’image de Bucarest qui s’offre à nous en ce doux mois d’octobre 2014 : un ciel bleu clair s’étendant dans toutes les directions, avec seulement quelques taches de blanc ici ou là ; les avenues et boulevards très fréquentés de la capitale roumaine, bordés de hauts marronniers parés de couleurs automnales lumineuses. On circule en voiture, souvent péniblement, entre les somptueux édifices, les monuments témoignant d’un autre temps et les bâtiments parfois délabrés. Dans les petites rues de cette métropole de près de deux millions d’habitants, il est conseillé aux conducteurs de faire attention aux nids de poule. Tandis que l’on ­zigzague en faisant subir quelques outrages aux amortisseurs et que la voiture longe la Dambovita sous les rayons du soleil, on en tenté de fermer les yeux un moment et de se laisser aller à imaginer que l’on est en mer sur un bateau à vapeur, au beau milieu de l’océan, par exemple de l’Atlantique… En juin 1930, le SS Conte Verde quitte le port de Gênes avec à son bord l’équipe nationale de football de Roumanie. Avec la Belgique, la France et la Yougoslavie, ce sont quatre équipes européennes qui entreprennent le voyage en direction de Montevideo pour se rendre à la première Coupe du Monde de la FIFA. Pour différentes raisons, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie, l’Autriche ou encore l’Espagne ont renoncé à participer au tournoi, certaines fédérations étant rebutées par la dépense et par le trajet à effectuer, tandis que d’autres sont opposées à l’idée d’une Coupe du Monde organisée en Uruguay ou même au concept de football professionnel. Jules Rimet, alors président de la FIFA, monte à bord du bateau à Villefranche-sur-Mer en compagnie de l’équipe de France, le trophée dans ses bagages. Il s’est personnellement investi pour que les Français puissent prendre part à la compétition, en intervenant notamment auprès des employeurs des joueurs. Le roi de Roumanie (depuis quelques semaines seulement) Charles II soutient lui aussi activement la participation de son pays à la Coupe du Monde. À bord, il impose à l’équipe un entraînement presque militaire pendant les deux semaines de voyage. Certains associent la rigueur de Charles II à ses origines anglo-alleT H E F I FA W E E K LY

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Un long voyage L’équipe de Roumanie sur le SS Conte Verde, à destination de Montevideo (1930).

Belodedici, figure de proue Les membres de l’équipe de Roumanie de 1930 sont immortalisés sur de grandes photos en noir et blanc affichées sur les murs de la “Maison du Football” de Bucarest, témoignant du premier grand succès de la Fédération roumaine de football (Federatia Romana de Fotbal, FRF) fondée en 1909. Tout près du stade national, dans l’ombre de la nouvelle enceinte, où s’achève dans un premier temps notre trajet en voiture, nous croisons Miodrag Belodedici, assis devant le mur orné des photos en noir et blanc. Né une génération et demie après la participation de son pays à la Coupe du Monde 1930, l’élégant libéro a compté parmi les joueurs ayant permis au football roumain de vivre une seconde heure de gloire. Le joueur aux 55 sélections a triomphé en 1986 en Coupe d’Europe des clubs champions (l’ancêtre de la Ligue des Champions) avec le Steaua Bucarest en remportant la finale à Séville aux tirs au but contre le FC Barcelone. La victoire du Steaua en Coupe d’Europe des clubs champions reste à ce jour le plus grand succès du football de club roumain. En 1991, il a décroché une nouvelle fois ce trophée, avec l’Étoile Rouge de Belgrade. À partir de 1992, il a passé quatre ans en Espagne, notamment sous les couleurs du FC Valence et de Villarreal. Belodedici a aussi été largement impliqué dans le troisième temps fort du football roumain, lorsque les Tricolorii se sont hissés en quart de finale de la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis, ce qui constitue le 8

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meilleur résultat jamais atteint par une équipe roumaine dans la reine des compétitions. La légendaire sélection de 1994, emmenée par le grand Gheorghe Hagi, Dan Petrescu, Ioan Lupescu, Gheorghe Popescu, Viorel Munteanu, Ilie Dumitrescu, Florin Raducioiu et le gardien Bogdan Stelea, s’est ensuite inclinée face à la Suède aux tirs au but. Belodedici, dont le tir a été repoussé par Thomas Ravelli, restera comme la figure tragique de ce match. Miodrag Belodedici nous apparaît décontracté et d’humeur joyeuse. Cette icône du football roumain n’est pas le genre d’homme à se prendre au sérieux. Au sein de la FRF, il officie aujourd’hui comme conseiller du président. Lorsqu’on lui demande si le football de son pays pourrait vivre bientôt un nouveau grand moment après ceux de 1930, 1986 et 1994, il fait

Vestiges d’un autre temps Les charmes parfois constrastés de Bucarest.

FIFA Archiv, Anna Nance / Reduxx / laif

mandes. Mais intéressons-nous plutôt aux résultats obtenus par les Roumains dans la compétition : dans le Groupe 3, ils s’imposent 3:1 face au Pérou, mais s’inclinent 4:0 face aux hôtes uruguayens, futurs champions du monde. Le premier but roumain en Coupe du Monde est inscrit par Adalbert Deșu, âgé de 21 ans et né sous le nom de Béla Dezső à Gátalja en ­Autriche-Hongrie. Pendant toute la durée de la Coupe du Monde, il ne touche aucun salaire de son club, le FCM Resita, ce qui amène le milieu offensif gauche à changer d’équipe après le tournoi pour rejoindre les rangs de Banatul Timisoara. Deșu ne connaîtra pas de longue carrière : il décède en 1937 d’une pneumonie, à 28 ans.


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En route pour l’Euro 2016 Les Tricolorii lors du match nul à domicile (1:1) contre la Hongrie, le 11 octobre 2014.

Daniel Mihailescu / AFP, Anna Nance / Reduxx / laif

la réponse suivante : “Après les bouleversements de 1989, le football a perdu de son importance en Roumanie. Cela s’explique par des raisons sociales. Beaucoup de gens ont voulu profiter de leur nouvelle liberté et ont quitté le pays pour aller s’installer en Espagne ou en Italie.” Dans les régions rurales surtout, nombreux sont les jeunes qui sont partis. Avant, on faisait beaucoup de sport, le football en particulier était très pratiqué. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Les clubs sont gérés de manière privée. “Les enfants doivent désormais payer pour pouvoir jouer au football dans des conditions convenables.” Belodedici pose un regard plutôt critique sur le football roumain et sur les chances de celui-ci de connaître prochainement un renouveau : “Il devient très difficile de jouer un certain rôle au sein du football de

“Beaucoup de gens ont voulu profiter de leur nouvelle liberté et ont quitté le pays.” club européen. Les clubs sont des entreprises privées, leurs propriétaires attendent des résultats, immédiats de préférence. Mettre les jeunes en avant ne les intéresse pas vraiment, on l’a déjà constaté. Ils devraient pourtant le faire, mettre à leur disposition des centres d’entraînement et leur permettre de disputer un grand nombre de matches, pour que les jeunes puissent progresser, même si cela ne se reflète pas immédiatement sur le classement de l’équipe.” La FRF, elle, a mis en place un centre à Mogosoaia, à la limite nord de Bucarest, où les équipes de jeunes peuvent s’entraîner et même se mesurer à des équipes étrangères. “Nous voulons élever le niveau de jeu des jeunes. Certains d’entre eux ont déjà signé à la Juventus, à Rome, en Espagne ou ailleurs, même s’ils ne sont pas encore titulaires. Dans ces clubs, ils seront bien formés.”

Bucarest post­ moderne Une façade en ruine, ornée de graffitis.

Perspectives d’avenir à l’étranger Dans la “Maison du Football”, l’ancien international (42 sélections) et actuel entraîneur Aurel Ticleanu se prépare à partir à Getafe, au sud de Madrid. Le responsable des recruteurs de la FRF et directeur technique des sélections de jeunes va s’y rendre pour voir jouer de jeunes talents aux origines roumaines qui voudront peut-être rejoindre les rangs de l’une des équipes nationales juniors. “Nous suivons là-bas 90 adolescents âgés T H E F I FA W E E K LY

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Expérience et cohésion

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équipe nationale des Îles Féroé s’est rendue à Bucarest en mai 1992 afin de disputer son premier match de qualification pour la Coupe du Monde 1994. À la fin de la rencontre, alors que la Roumanie venait de s’imposer 7:0, la joie s’est emparée de la capitale, mais personne n’a réellement fait la fête. Non pas parce qu’il s’agissait d’un jour de semaine (mercredi), mais parce que tout autre résultat qu’une victoire écrasante à domicile contre cet adversaire aurait créé la surprise. L’un ou l’autre supporter roumain s’est peut-être tout de même servi un verre de champagne en secret, en pressentant que ce 7:0 marquerait le début d’une ère inoubliable pour le football roumain. L’équipe menée par l’incroyable Gheorghe Hagi, alors sous contrat à Brescia en Italie, a clôturé sa phase de qualification à la première place de son groupe, avec 15 points et 29 buts, devant la Belgique et la Tchécoslovaquie. Cela a surtout permis à la Roumanie de prendre confiance en elle avant de s’envoler pour la Coupe du Monde aux États-Unis. La sélection avait de l’expérience et faisait preuve de beaucoup de cohésion. “Je ne dirais pas que nous formions la meilleure équipe nationale de l’histoire de la Roumanie”, confie l’ancien milieu de terrain Ioan Lupescu avec le recul. “Le groupe de 1970, dans lequel figurait mon père, proposait aussi du très beau football. Mais en 1994, nous étions très forts. Nous livrions de magnifiques prestations et nous rivalisions avec les plus grands. Le pays s’en souvient encore aujourd’hui.”

cette nation jusque-là inconnue dans le monde du football. “Nous aurions pu battre tout le monde”, estime Hagi. Le huitième de finale contre l’Argentine, qui restait sur une incroyable série de 33 matches sans défaite, a certainement été influencé par certains facteurs : Diego Maradona avait été expulsé de la sélection après avoir été contrôlé positif au test anti-dopage et Claudio Caniggia manquait à l’appel en raison d’une lésion musculaire. Mais l’équipe de Roumanie s’est montrée courageuse et a réalisé de fantastiques actions pour dominer les Argentins 3:2. De nombreux experts considèrent d’ailleurs ce duel comme le plus beau de la Coupe du Monde 1994. “Ce 3 juillet, nous avons provoqué de grandes émotions. Non seulement en Roumanie, mais aussi ailleurs dans le monde. C’est magnifique”, raconte Lupescu, qui travaille aujourd’hui pour l’UEFA. En quart de finale, la Roumanie a été vaincue aux tirs au but par un autre outsider, la Suède.

L’Académie Hagi Après la Coupe du Monde, Gheorghe Hagi, alors au sommet de son art, a signé Un banc de qualité Le milieu de terrain Ioan Lupescu est entré en au FC Barcelone. Plus tard, il a été transjeu lors des cinq rencontres à la Coupe du Monde 1994. féré à Galatasaray, où il a joué cinq saisons et a mis un terme à sa superbe carrière. En 2009, il a fondé une académie de football pour les enfants et les adolescents de 6 à 18 ans. L’école se trouve à Ovidiu, non loin de sa ville natale Săcele. “Enfant, j’ai eu la chance de pouvoir jouer au football partout, tout le temps. J’aimerais à mon tour offrir cette possibilité aux jeunes de l’académie. Notre objectif est de former les joueurs pas à pas.” Aujourd’hui, certains footballeurs de Ioan Lupescu son académie ont percé et se sont fait une place au sein de la sélection natioLa plus belle rencontre de Coupe du Monde ? nale, laquelle est d’ailleurs bien partie Lors du premier match de poule, l’équipe de Roumanie a battu la Colombie pour se qualifier pour l’Euro 2016. Mais il ne sera possible de formuler un réel 3:1. Ensuite, elle s’est inclinée 1:4 face à l’excellente sélection suisse (dirigée pronostic que le 29 mars 2015 au soir, lorsque la moitié des éliminatoires par l’entraîneur à succès Roy Hodgson). Néanmoins, grâce à sa victoire 1:0 aura été disputée. Ce soir-là, Bucarest accueillera une vieille connaissance : contre le pays organisateur (les États-Unis), elle a terminé en tête de son l’équipe nationale des Îles Féroé. groupe. Au tour suivant, tout le monde avait compris de quoi était capable Alan Schweingruber

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“En 1994, nous étions très forts. Nous pouvions rivaliser avec les plus grands.”


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Mogosoaia Les équipes de la FRF bénéficient de conditions d’entraînement idéales.

Daniel Mihailescu / AFP, Dana Grigorcea

de 15 ou 16 ans. Nous espérons pouvoir faire de certains d’entre eux de très bons joueurs.” Bien sûr, les jeunes qui évoluent en Roumanie sont observés eux aussi. “Nous avons 21 intervenants qui recrutent dans tout le pays pour la fédération. Ils assistent à des matches de jeunes, évaluent chaque footballeur entre 14 et 19 ans. Les meilleurs d’entre eux, soit environ 15 pour cent de tous ces jeunes, sont convoqués par la fédération. Cela représente quelque 150 joueurs par an. Ils me sont alors présentés, ainsi qu’à Miodrag Belodedici ou Ion Vladoiu [autre ex-international, 28 sélections, ndlr.] et bien sûr aux entraîneurs des équipes nationales juniors.” Ticleanu est surpris par le grand nombre de talents ainsi révélés : “L’entraîneur des U-15 m’a parlé d’environ cinquante jeunes qui avaient le niveau requis pour intégrer la sélection dans leur catégorie d’âge.”

“Si on veut développer le football, il faut investir dans la jeunesse.” Pourtant, les talents de ce pays de 20 millions d’habitants n’ont pas vraiment été exploités au cours des vingt dernières années. “Ma mission, c’est d’inciter les jeunes à pratiquer le football. C’est plus difficile aujourd’hui que par le passé”, explique Ciprian Paraschiv, directeur de la division Développement de la FRF. “Nous devons investir à la base. Les jeunes ne sont cependant pas faciles à motiver. Ils ont beaucoup plus de possibilités à leur disposition qu’autrefois : Internet, les ordinateurs… Mais si on veut développer le football, il faut investir dans la jeunesse.” Il souligne que c’est ce qui a fait défaut au football roumain ces dernières décennies. “Un club met cinq ou six ans, parfois même quinze, pour former un jeune talent. Engager un professionnel qui vient de l’étranger et peut immédiatement renforcer l’effectif de l’équipe, c’est la solution de facilité.”

Trois couleurs L’équipe de Roumanie peut toujours compter sur le soutien de ses supporters.

Un rendement sur le long terme Mais comment convaincre les clubs de miser davantage sur les jeunes ? “C’est ce à quoi nous travaillons intensivement, car nous voulons que les choses évoluent. L’une de nos propositions, c’est de faire en sorte que chaque équipe professionnelle compte trois joueurs de moins de 21 ans dans son onze de départ. Cela signifie aussi pour les clubs qu’ils pourraient toucher plus tard un revenu lors du transfert des jeunes joueurs T H E F I FA W E E K LY

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Une légende aux commandes Miodrag Belodedici, devant le stade national de Bucarest.

Une maison pour le football Le siège de la Fédération roumaine de football, inauguré en 2005.

Hagi père et fils “Chacun de ces grands rendez-vous est pour nous une bonne occasion de promouvoir notre football”, nous explique Paraschiv dans son bureau du 2ème étage. “Nous sommes candidats pour accueillir le Championnat d’Europe de Futsal 2018. En futsal, nous avons une première division professionnelle et une deuxième division. Les matches de première division sont diffusés en direct à la télévision. La seule équipe nationale roumaine qui se soit qualifiée trois fois pour l’Euro ces dix dernières années est celle de futsal. Nous allons maintenant avoir besoin d’une nouvelle salle.” 12

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Et qu’en est-il du football féminin ? “Je nourris de grands espoirs pour cette discipline. L’équipe nationale féminine de handball est une référence à l’échelle mondiale. Pourquoi n’en serait-il pas de même en football ? Nous avons là un gros potentiel. Notre sélection féminine compte de jeunes joueuses dans ses rangs. L’année prochaine, pour la première fois, il y aura un championnat national junior comptant 21 équipes de joueuses âgées de 12 à 15 ans. Il sera constitué de cinq tournois. Il nous reste toutefois à améliorer les affluences, à susciter ­l’intérêt des spectateurs”, résume Paraschiv. En cette après-midi d’automne chaude et ensoleillée, nous arrivons au centre de formation de Mogosoaia, inauguré en 2005 et où ont été disputées quatre rencontres du Championnat d’Europe U-19 2010/11.

Centre technique de Mogosoaia Un ballon Brazuca géant trône sur le parking.

Cristi Preda (3), Dana Grigorcea

ainsi formés. Mais il est difficile de changer les mentalités. Les clubs préfèrent recruter un joueur étranger de qualité équivalente, mais dans de meilleures conditions financières, qu’un joueur local.” En Roumanie, le football de club professionnel s’est par ailleurs illustré ces dernières années par quelques affaires spectaculaires. Le FC Unirea Urziceni a remporté le championnat en 2009, à l’issue de sa troisième année en Liga 1. Il a participé par la suite à la Ligue des Champions. Son propriétaire a cependant décidé à l’été 2011 de ne plus faire participer le club à aucune compétition, de le dissoudre et de garder les revenus. Gheorghe Gigi Becali, l’homme d’affaires qui possède le Steaua Bucarest, a quant à lui fait miroiter des bonus à des équipes rivales de Liga 1 si elles renonçaient à jouer contre certains adversaires. Becali purge actuellement une peine d’emprisonnement pour une affaire de séquestration. Paraschiv poursuit son analyse : “En Premier League anglaise ­s’applique une règle qui veut qu’un joueur étranger doive notamment avoir à son actif un certain nombre de sélections dans l’équipe nationale de son pays avant d’obtenir un contrat.” L’objectif majeur de la FRF est de faire en sorte que son équipe nationale A soit à nouveau en mesure de se qualifier pour les grands tournois. Au cours des trente dernières années, la Roumanie a pris part à quatre éditions du Championnat d’Europe sur huit. La dernière participation des Tricolorii à la Coupe du Monde remonte à France 1998.

Dénicheur de talents Aurel Ticleanu, aujourd’hui recruteur pour la FRF, a été international et entraîneur.


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La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre Ianis Hagi (au c.), 15 ans, capitaine de la sélection U-17.

Nous sommes accueillis par le gardien. Derrière la porte, un immense ballon Brazuca trône sur le parking. Derrière s’étendent deux terrains en pelouse très soignée, ainsi qu’un terrain artificiel un peu plus petit. Le gardien nous raconte qu’il suivait les matches de celui que beaucoup considèrent comme le meilleur joueur roumain de l’histoire, Gheorghe Hagi, et qu’ici, dans ce centre isolé à la campagne, près du palais érigé de 1698 à 1702 par le prince Constantin Brancovan au bord du lac de Mogosoaia, il a assisté à l’entraînement de son fils Ianis âgé de 15 ans, le capitaine de la sélection U-17. Cet été, Ianis a quitté l’académie fondée par son père pour rejoindre les rangs du FC Viitorul en première division, où, depuis septembre, l’entraîneur n’est autre que… son père.

L’équipe nationale A a récemment enregistré, après sa victoire 1:0 en Grèce et son médiocre 1:1 contre la Hongrie – et après quatre changements au sein du onze de départ –, une victoire 2:0 en Finlande dans le cadre des qualifications pour l’Euro 2016 en France. Elle a ainsi de bonnes cartes en main et pourrait bien réussir à valider son billet pour la phase finale. Il y a quelques jours, cependant, le sélectionneur Victor Piturca, buteur de la légendaire équipe du Steaua de 1986, a annoncé qu’il quittait son poste et partait entraîner Al-Ittihad en Arabie Saoudite. “Nous manquons d’infrastructures, nous avons perdu quatre ­terrains sur cinq et plus personne ne joue au football dans les rues de Roumanie. Les jeunes n’ont plus envie de jouer au football et nous n’avons pas de très bons joueurs”, avait-il déploré en novembre dernier. Le grand Gheorghe Hagi, qui se montre plus sévère en public avec son fils qu’envers les autres footballeurs, serait en droit de contester ces dires. Å

Cristi Preda, Mihai Barbu / Reuters

La FIFA aide la Roumanie

Un ballon tricolore Un terrain de sport dans le centre de Bucarest.

Au cours des dernières années, plusieurs projets ont pu voir le jour grâce à l’aide de la FIFA. En 2010, la Fédération internationale a ainsi investi 400 000 dollars américains dans le centre technique de Buftea. Cet ­argent a entre autres permis de financer un terrain en gazon naturel, des terrains en gazon artificiel ainsi que des vestiaires. Une autre enveloppe du même montant a été accordée pour la construction du siège principal à Bucarest en 2001. Pour l’aménagement des équipements d’entraînement de Buftea, Mogoşoaia et Constanta, ce sont 500 000 autres dollars qui ont été consacrés. Ces quatre dernières années, la FIFA a par ailleurs investi 218 000 dollars dans le football féminin roumain.

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EN BREF

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ne grande première a récemment eu lieu en Premier League ougandaise. En effet, SC Villa a décidé d’interdire le port des dreadlocks. En guise d’explication, le président Immanuel Misagga a livré ce commentaire laconique : “Nous souhaitons donner l’image d’une équipe disciplinée.” L’international américain Kyle Beckerman a pourtant prouvé que l’on pouvait évoluer au plus haut niveau et même disputer une Coupe du Monde en adoptant le style capillaire cher aux rastafaris. En tout cas, Jürgen Klinsmann ne s’est jamais exprimé sur le sujet. Les spectateurs venus assister au huitième de finale contre la Belgique n’ont cependant pas eu l’occasion d’admirer sa coiffure ; Beckerman est resté sur le banc. Faut-il y voir un désaveu de ces fameuses dreadlocks ? En fait, l’absence du milieu de terrain s’explique plus sûrement par un carton jaune reçu au premier tour. Å Dominik Petermann

Julio Cortez / Keystone / AP

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e football est synonyme d’espoir. C’est d’autant plus vrai pour les participants de la Coupe du Monde de football de rue pour les sans-abri qui se déroule actuellement à Santiago. La douzième édition de ce tournoi créé en 2003 réunit 63 équipes venues de 49 pays. Mais pour les joueurs et joueuses de cette “Homeless World Cup”, décrocher le titre n’est pas le plus important. Il s’agit avant tout pour eux de trouver une voie afin de sortir de la pauvreté, de l’isolement ou de la drogue et de se réintégrer dans la société. Même si à la fin, une seule équipe se hissera sur la plus haute marche du podium, la plupart des participants sortiront vainqueurs de la compétition. Des études ont en effet démontré qu’à l’issue du tournoi, environ 80 pour cent des inscrits reprennent pied dans la vie, que ce soit par le biais d’une cure de désintoxication, d’un nouvel emploi ou d’une formation, de l’accès à un logement ou encore d’une mission bénévole au sein d’une association. Par le passé, on a même pu assister à un véritable conte de fées moderne : le Portugais Tiago Manuel Dias Correia, surnommé Bébé, a joué pour l’équipe de sans-abri de son pays avant d’embrasser une carrière professionnelle. En 2010, il a en effet signé avec le célèbre club anglais de Manchester United et il porte aujourd’hui le maillot du Benfica Lisbonne. Å Tim Pfeifer

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ome est une ville formidable. On peut par exemple prendre le soleil sur le célèbre escalier de la place d’Espagne, admirer les carrosses qui passent les portes du Vatican ou bien encore s’asseoir à la terrasse d’un restaurant et déguster le meilleur plat de spaghettis de sa vie. Les milliers de Munichois qui écumaient les rues de la Ville Éternelle ce mardi ne se sont d’ailleurs pas privés pour prendre leur dose de bon temps romain. Ces supporters n’étaient pas là par hasard, bien sûr. Le soir même, leur club favori affrontait l’AS Rome. Des champions du monde sur les terres d’anciens champions du monde. Mais lorsque les projecteurs du stade olympique se sont allumés, le bon temps romain s’en est allé. 1:0, 2:0, 3:0… Quand les Allemands déroulent, ça peut faire mal. Il suffit de se souvenir de la demi-finale de la Coupe du Monde face au Brésil. Les ressemblances entre ces deux matches sont d’ailleurs frappantes. Cinq buts en une demi-heure à peine, 5:0 à la pause, 7:1 au coup de sifflet final. Pour les Bavarois, le plus grand défi de la soirée a surtout consisté en l’analyse de leur succès sans paraître suffisant, arrogant ou moqueur. Pep Guardiola, l’entraîneur, s’y est essayé à coups de “nous avons trop peu eu le ballon”, “nous avons un peu souffert” et autres “nous n’avons rien fait de bon pendant les 25 premières minutes de la seconde mi-temps”, entrecoupés de déclarations plus positives. Une véritable ode à la diplomatie. Å Alan Schweingruber T H E F I FA W E E K LY

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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES Primera División costaricienne

L e p ay s o r p h e l i n de ses héros Sven Goldmann est spécialiste du football au “Tagesspiegel” de Berlin.

Le Costa Rica possède sa propre Cathédrale du football. Sous ce nom pompeux se cache l’Estadio Alejandro Morera Soto, dans lequel évolue le Club Liga Deportiva Alajuelense. L’enceinte a déjà connu de nombreuses soirées de gala, en

témoignent les 29 titres glanés par son club résident, et elle devrait en vivre de nouvelles dans les semaines à venir : selon toute vraisemblance, l’armoire à trophées d’Alajuelense devrait s’enrichir d’une 30ème couronne nationale. Le jeu déployé n’est peutêtre pas chatoyant, mais il est efficace. La récente victoire 2:1 face au Municipal de Pérez Zeledón est déjà la dixième en douze journées du Torneo de Invierno, le Tournoi d’hiver. Si, au classement, l’avance sur le plus proche poursuivant, l’Universidad de Costa Rica, n’est que de deux unités, il convient de relativiser ce chiffre. En raison de ses engagements en Ligue des Champions de la CONCACAF, l’équipe de la ville d’Alajuela

compte en effet trois matches de retard par rapport à l’Universidad. Lors de la récente Coupe du Monde, la sélection du Costa Rica a créé une énorme sensation en atteignant les quarts de finale. En Primera División, cependant, cette performance n’a trouvé que peu d’écho. La plupart des héros des Ticos évoluent à l’étranger. Leur capitaine Bryan Ruiz, par exemple, se morfond en deuxième division anglaise du côté de Fulham et espère changer d’air cet hiver. On parle pour lui de la Bundesliga allemande et du Werder Brême. Le portier Keylor Navas a tellement brillé sur les pelouses sud-américaines qu’il a décroché un contrat avec le Real Madrid. L’attaquant Joel Campbell, quant à lui, se bat pour s’imposer dans les rangs d’Arsenal.

Luis Sequeira (à gauche) Jeune talent d’Alajuelense et buteur lors du match remporté 2:1 contre Pérez Zeledón. 16

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Randall Campos Muñoz / Imágenes en Costa Rica

Malgré cet exode massif, Alajuelense peut compter sur les services de Johnny Acosta, qui a disputé deux rencontres au Brésil. Face à Pérez Zeledón, il n’a toutefois pas fait d’éclat, laissant les projecteurs se braquer sur Luis Sequeira et Jean Carlo Agüero, tous deux buteurs pour les rouges et noirs. Les deux jeunes pousses du club ont parfaitement su saisir la chance offerte par Oscar Ramirez, leur entraîneur. Celui-ci avait en effet décidé de mettre certains de ses cadres au repos en vue du match de Ligue des Champions contre les Mexicains de Cruz Azul. Å


Décisif à la finition Lee Dong-gook s’impose comme un joueur phare dans son pays.

K-League Classic coréenne

L’o u r a g a n L e e Roland Zorn est spécialiste du football et vit à Francfort-sur-

Jeonbuk Hyundai Motors FC

le-Main.

Lee Dong-gook n’a jamais réussi à réellement s’imposer sur la scène internationale. Sous le maillot du Werder Brême, il n’a disputé que sept matches de Bundesliga au cours de la saison 2000/01. Lors de l’exercice 2007/08, on l’a tout de même vu à 23 reprises en Premier League, vêtu du maillot du FC Middlesbrough. Mais sa performance devant les buts est restée décevante. Quant à son parcours en Coupe du Monde, où son rôle s’est limité à celui de joker au cours d’un seul et unique match lors des éditions 1998 et 2010, il n’a pas davantage

marqué les esprits. Mais depuis qu’il est rentré en République de Corée, son pays d’origine, ce joueur de 35 ans semble véri­ tablement renaître. En K-League Classic, l’attaquant du club leader, Jeonbuk Hyundai Motors, est de nouveau en tête de la liste des meilleurs buteurs, avec 13 buts marqués en 32 journées. Avec un total de 165 réalisations en 370 matches de K-League, Lee est le meilleur attaquant de ce championnat asiatique créé il y a 31 ans. Régulièrement snobé par les sélectionneurs, cet avant-centre à la carrure imposante (1 mètre 87) a fait son retour en équipe nationale cet été. Avec 33 buts en 103 sélections à son actif, Lee, qui entretient une relation privilégiée avec son pays, a prouvé qu’il était un joueur hors du commun.

En 2007, une soirée trop arrosée en compagnie de trois coéquipiers pendant la Coupe d’Asie lui a valu une suspension d’un an en équipe nationale. Mais à chaque fois, l’attaquant s’est relevé. Sans lui, son club de Jeonbuk Hyundai Motors, dont il porte le maillot depuis 2009, ne serait sans doute pas en passe de décrocher son troisième titre de champion de Corée. À une journée de la fin de la saison régulière et à la veille du début des play-offs opposant les six meilleures équipes sur les douze que compte la K-League, Jeonbuk Hyundai Motors mène le classement, sept points devant les Suwon Bluewings. Une avance confortable à mettre, entre autres, sur le compte de l’excellent Lee Dong-gook. Å

En 2002, Lee n’a pourtant pas été retenu par l’entraîneur de l’époque, Guus Hiddink, pour la Coupe du Monde organisée dans son pays. T H E F I FA W E E K LY

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L’ I N T E R V I E W

“Je suis très sévère” Le Venezuela est la seule fédération sud-américaine à n’avoir encore jamais participé à une Coupe du Monde. Cela doit changer avec l’arrivée du nouveau sélectionneur, Noel Sanvicente.

Noel Sanvicente, quels objectifs vous êtes-vous fixés pour ce nouveau projet ? Noel Sanvicente : J’arrive à ce poste avec l’intention de donner au pays une occasion de se réjouir en se qualifiant pour la Coupe du Monde 2018. Il s’agit là d’un véritable défi.

Le Venezuela est passé à deux doigts de Brésil 2014. Dans quel état d’esprit se trouve l’équipe actuellement ? Elle veut continuer à aller de l’avant. Mes joueurs sont encore très jeunes. Mais nous devons tirer profit des expériences que l’équipe a pu faire avec l’encadrement précédent. Celui-ci a fait de l’excellent travail. À nous à présent d’apporter la dernière pièce à l’édifice. Nous savons que le chemin menant à la Russie sera encore plus difficile, car cette fois-ci, le Brésil prend part aux qualifications. Quant aux petites équipes, elles sont montées en puissance. Nous devons tous nous mettre au travail.

Dans quelle mesure votre approche est-elle différente de celle de l’entraîneur précédent ? Pour le savoir, il faudrait plutôt poser la question à l’équipe. Ce que je peux vous dire, c’est que nous nous occupons beaucoup des joueurs et que nous prêtons attention au moindre détail afin que chacun d’entre eux se sente bien au moment d’entrer sur le terrain.

Quel style de football souhaitez-vous mettre en pratique ? Mes équipes ont toujours fait preuve d’agressivité à l’avant et d’efficacité en termes de récupération du ballon. Je souhaite avoir une équipe dynamique.

Votre joueur Fedor a déclaré que depuis votre arrivée, une nouvelle mentalité s’est installée au sein de l’équipe. J’en suis ravi. Je suis sans cesse en quête d’amélioration et je corrige le travail des joueurs. Je me vois davantage comme un 18

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formateur, même si cette fonction relève plus du domaine de l’école ou des équipes juniors. Mais si on reste ouvert, on peut continuer à apprendre. De nombreux joueurs disent que je suis un peu comme un père pour eux. Je suis sévère, c’est vrai, mais avec le recul, les joueurs réalisent tout ce qu’ils ont appris avec moi.

Travaillez-vous en étroite collaboration avec la section jeunes ? Bien sûr. Partout où j’ai été entraîneur, les équipes juniors ont régulièrement rem­ porté les championnats. Je suis toujours à la recherche de nouveaux talents et je souhaite renforcer l’ensemble des organes de la fédération. Nous devons fournir tous les efforts nécessaires afin de tirer le maximum du magnifique centre de formation qui est à notre disposition.

Jusqu’alors, vous avez avant tout travaillé en club. Une équipe nationale fonctionne selon un rythme totalement différent. Comment faites-vous pour négocier ce changement ? Nous essayons de travailler au maximum avec des vidéos et de nous retrouver quotidiennement au siège de la fédération. En ce moment, il y a pas mal de tâches administratives à régler, c’est nouveau pour moi. Je dois m’y habituer, même si cela n’est pas toujours facile. Nous essayons d’utiliser au mieux les moments où nous nous retrouvons et où nous n’avons pas de match à disputer. Cela nous permet de faire un peu mieux connaissance et d’introduire les modules d’entraînement. Je leur présente mes idées afin que lors de la rencontre suivante, tout soit bien clair et que nous puissions mettre à profit les quelques journées à notre disposition avant et après les matches.

Vos entraînements sont-ils davantage axés sur la condition physique ou sur la tactique ? Il me semble que les joueurs doivent travailler sur leur condition physique au sein

des clubs. En sélection, l’accent est mis sur le travail avec le ballon, ils sont là pour apprendre ce que j’attends d’eux, à savoir perfectionner leurs mouvements et s’adapter au système de jeu. C’est ainsi que nous mettons au point la façon dont nous voulons jouer. Mais un diététicien est également là pour leur donner quelques directives, il travaille en collaboration avec les différents clubs afin d’optimiser le travail physique.

Vos joueurs disent que vous attendez énormément d’eux tout en leur accordant certaines libertés. Comment faites-vous pour trouver l’équilibre ? Lorsque nous travaillons, je suis très sévère, mais hors du terrain, je me comporte davantage en ami. Tant que les joueurs font leur travail comme il faut et respectent les objectifs fixés, il n’y a pour moi aucun problème.

Et dans le cas contraire, que se passe-t-il ? Je suis quelqu’un de très direct. Je dis aux joueurs ce qui me plaît chez eux, mais aussi ce qui me dérange. Les règles ne sont pas faites pour être discutées mais pour être appliquées. Les joueurs doivent toutefois se sentir libres. Et le meilleur moyen de les encourager, c’est la communication. Tant que nous serons ouverts, francs et honnêtes les uns avec les autres, il n’y aura aucun problème entre nous. Å Propos recueillis par Tamara Castro


Nom Noel Sanvicente Bethelmy Date et lieu de naissance 21 décembre 1964, San Félix (Venezuela) Poste Attaquant Parcours de joueur 1980–1986 Mineros de Guayana 1986–1993 C.S. Marítimo de Venezuela 1994–1996 Minervén FC 1996 Caracas FC

Nelson Pulido

Équipes entraînées 2002–2010 Caracas FC 2010–2011 Deportivo La Guaira 2012–2014 Zamora FC depuis 2014 Équipe du Venezuela Équipe du Venezuela 10 sélections entre 1989 et 1990

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First Love Lieu : Kpeve, Ghana Date : 16 mai 2014 Heure : 9h22

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Nyani Quarmyne / Panos Pictures

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Développer le football partout et pour tous

Organiser des tournois captivants

Œuvrer pour la société et l’environnement

Pour le jeu. Pour le monde. La FIFA s’engage à développer le football pour le bénéfice de tous. Sa mission est de : Développer le jeu L’objectif premier de la FIFA est de développer le football dans ses 209 associations membres. La Coupe du Monde de la FIFA™ lui donne les ressources nécessaires pour lui permettre d’investir USD 550 000 par jour dans le développement du football partout dans le monde. Toucher le monde La FIFA entend également toucher le monde à travers ses compétitions et événements internationaux qui fédèrent et inspirent les peuples du monde entier.

FIFA.com

Bâtir un meilleur avenir Le football est bien plus qu’un simple sport. Son universalité lui confère un pouvoir unique et une portée qu’il convient de gérer avec précaution. La FIFA est convaincue de son devoir envers la société qui dépasse les frontières du football.


LE DÉBAT

LE BILLET DU PRÉSIDENT

Les avis des utilisateurs de FIFA.com au sujet des meilleurs gardiens et de leurs qualités : Spontanément, deux gardiens de légende me viennent à l’esprit. Pour commencer, Jorge Campos, qui jouait pour le Mexique. Il portait toujours des maillots très colorés et il lui est même arrivé d’occuper le poste d’attaquant. Ensuite, Róbinson Zapata, un Colombien, comme Higuita. Un jour, il a même réussi à marquer un but sur son dégagement.

Keylor Navas et Tim Howard sont vraiment géniaux ! Manuel Neuer sort bien sûr du lot lui aussi, mais je suis encore plus impressionné par les qualités des deux premiers. 07isa.kadir.10, Turquie

Neuer, la nouvelle référence

Philipp, Allemagne

Pour moi, Kahn reste une personnalité hors du commun ! Il me manque beaucoup en tant que joueur, je suis donc d’autant plus heureux qu’il travaille à présent pour la télévision allemande. C’est un vrai plaisir d’écouter ses commentaires et ses analyses. Il reste l’un des meilleurs gardiens du monde et le meilleur portier que l’Allemagne ait jamais eu, même s’il faut bien sûr reconnaître que Neuer est très fort lui aussi ! 05474902010d, Allemagne

En Allemagne, même les gardiens remplaçants sont meilleurs que les titulaires des autres pays. Il suffit de penser par exemple à Adler, Butt et bien sûr Neuer !

Les bons gardiens sont les footballeurs les plus flexibles.

jj.plucky, Inde

Je trouve que Rui Patrício n’est pas reconnu à sa juste valeur, c’est pourtant un gardien extraordinaire ! N’oublions pas que si un attaquant a droit à l’erreur, la principale qualité d’un gardien, c’est la constance. Et Patrício ne commet jamais d’erreurs grossières ! cherie13, France

Un célèbre entraîneur a un jour fait la plaisanterie suivante : “Je ne comprends pas les gardiens. Comment quelqu’un qui aime jouer au football peut-il passer 90 minutes sur un terrain à attendre le ballon ?” Pour moi, un bon gardien doit pouvoir jouer chaque action dans sa tête et savoir se montrer plus vigilant que n’importe quel autre joueur. ljbejing, RP Chine

Plus que n’importe quel autre joueur, un gardien doit pouvoir s’adapter à chaque match, les bons gardiens sont probablement les footballeurs les plus flexibles. En revanche, il me semble que dégager la balle est une erreur que malheureusement même les plus grands commettent. Le risque est trop grand de voir le ballon atterrir dans les “bras de l’adversaire”. singi78, Suisse

Mon préféré, c’est Vincent Enyeama ! Il a déjà marqué plusieurs buts et grâce à sa grande polyvalence, il est aussi convaincant en club qu’en sélection. J’espère qu’il va continuer à enchaîner les succès ! fisayo2k1, États-Unis

Keylor Navas et Tim Howard sont vraiment géniaux !

C

ette semaine, les instructeurs des gardiens de but de la FIFA avaient rendez-vous à Zurich pour un séminaire. Les débats portaient sur l’harmonisation de la formation des portiers au niveau mondial. Ces vingt dernières années, le poste de gardien de but est sans doute celui qui a connu les évolutions les plus marquantes. Longtemps, le dernier rempart était uniquement responsable du bilan défensif de son équipe. Sa participation au résultat se limitait à arrêter les tirs adverses. Tout a changé en 1992. L’interdiction de prendre à la main une passe en retrait d’un coéquipier a profondément modifié la fonction de gardien de but. Ce n’est pas sans une certaine fierté que je peux dire aujourd’hui avoir joué un rôle décisif dans cette évolution novatrice à l’issue de la Coupe du Monde 1990. Depuis cette époque, un gardien doit également savoir se servir de ses pieds. On pourrait même affirmer que dans le football moderne, le gardien est devenu le onzième joueur de champ de son équipe. Son rôle tactique est d’autant plus important qu’il est le seul sur le terrain à voir la disposition de l’ensemble des autres acteurs. Les portiers sont donc de plus en plus nombreux à porter le brassard de capitaine. J’irais encore plus loin en les décrivant comme de véritables entraîneurs adjoints. Nous avons encore pu constater pendant la Coupe du Monde au Brésil à quel point les gardiens pouvaient faire basculer le sort d’une rencontre. Certes, le tournoi était placé sous le signe du football offensif, mais cette Coupe du Monde était aussi celle des grands gardiens. Je pense bien évidemment aux portiers sud-américains, qui ont souvent brillé par leur polyvalence, mais aussi à l’Allemand Manuel Neuer. Non content d’être le meilleur gardien du tournoi, il s’est aussi imposé, selon moi, comme le meilleur joueur (de champ). Cette nouvelle référence s’applique désormais à tous les gardiens.

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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MANUEL NEUER EN E XCLUSIVITÉ

Nom Manuel Neuer Date et lieu de naissance 27 mars 1986, Gelsenkirchen (Allemagne) Parcours Schalke 04, Bayern Munich Principaux trophées Coupe du Monde 2014 Ligue des Champions 2013 Championnat d’Allemagne 2013, 2014 Coupe d’Allemagne 2011, 2013, 2014

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MANUEL NEUER EN E XCLUSIVITÉ

“Mes impressions avant un match se révèlent souvent fausses” Lors de la Coupe du Monde au Brésil, le match remporté 2:1 contre l’Algérie a marqué un tournant dans le parcours de l’Allemagne, notamment grâce à un Manuel Neuer décisif. “J’ai dû prendre des risques”, explique au cours d’un entretien exclusif celui que beaucoup considèrent comme le meilleur gardien de la planète.

Manuel Neuer, le champion du monde que vous êtes tremble-t-il toujours avant un match important ? Manuel Neuer : Non, mais ce n’était déjà pas le cas avant ce titre. Je dois faire sentir à mes adversaires qu’ils n’ont aucune chance. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement pour eux que j’aborde un match avec calme et confiance, mais aussi pour mes coéquipiers, qui ont besoin de se sentir en sécurité avec moi.

On attend beaucoup de vous aujourd’hui. Vous êtes considéré comme le meilleur portier de la planète, mais aussi comme un onzième homme idéal. N’avez-vous pas parfois l’impression que l’on en fait trop à votre sujet ? Il est vrai que ce n’est pas toujours facile de gérer tout ce que je dois faire sur un terrain. Mais ce que les gens attendent de moi, je ne m’en préoccupe pas. J’essaye surtout de me concentrer sur moi-même. Je sais pertinemment qu’il peut aussi m’arriver de faire des erreurs. Le meilleur gardien du monde ? On peut le lire ici ou là, mais ce n’est jamais

sorti de ma bouche. Mon objectif, c’est de toujours améliorer mon jeu, quand bien même la barre serait déjà haute.

À l’inverse d’anciens grands gardiens allemands comme Oliver Kahn, vous ne semblez pas appartenir à la catégorie des “héros solitaires”. Pourquoi ? Le succès individuel est parfaitement inutile s’il n’est pas lié au succès collectif. Je me définis avant tout comme un joueur d’équipe. Je dépends de ceux qui sont avec moi sur le terrain, de leur position, de leur manière d’attaquer. Je dois en tirer les conséquences nécessaires pour sortir de mon but et pouvoir participer au jeu. C’est toujours un ensemble, un collectif que je ne peux pas diriger seul et qui, heureusement, est presque toujours bien huilé.

Qu’est-ce qui, dans le sport, vous procure le plus grand plaisir ? Je ne prends du plaisir que lorsque j’accomplis quelque chose au sein d’un groupe.

Fêter Noël tout seul, ça ne viendrait à l’idée de personne.

Comment vous y prenez-vous lorsque vous devez donner des indications à vos collègues défenseurs pour les replacer ? Commander sa défense correctement fait partie des missions d’un gardien. Je ne peux pas et ne veux pas invectiver mes coéquipiers et ainsi les déstabiliser. C’est pour cela que mes paroles doivent être courtes, adaptées et compréhensibles. Aujourd’hui, un gardien doit donc aussi avoir une très bonne lecture du jeu.

Votre jeu en équipe d’Allemagne et au Bayern Munich redéfinit le rôle d’un dernier rempart. D’aucuns parlent de révolution et votre sélectionneur Joachim Löw évoque même le gardien du futur. Avez-vous l’impression d’initier une nouvelle tendance internationale ? Dans mon esprit, je joue comme j’estime devoir le faire depuis des années. Je n’ai pas modifié mon jeu de manière fondamentale, T H E F I FA W E E K LY

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Mike Meyer

MANUEL NEUER EN E XCLUSIVITÉ

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MANUEL NEUER EN E XCLUSIVITÉ

mais il s’est retrouvé sous le feu des projecteurs avec la Coupe du Monde, qui jouit tout simplement d’un rayonnement international. On se souvient surtout du huitième de finale contre l’Algérie [victoire 2:1 en prolongation, ndlr.], au cours duquel j’ai souvent évolué loin de mon but et dû me comporter comme un joueur de champ. Des gens qui ne me connaissaient pas avant m’ont alors découvert. Mais en Bundesliga, tout le monde sait depuis longtemps comment je joue. Si j’ai dû prendre autant de risques contre l’Algérie, c’est parce que la situation l’imposait, avec notre équipe qui évoluait très haut et nos adversaires qui procédaient par contres rapides.

Des gens qui ne me connaissaient pas avant m’ont découvert lors du match contre l’Algérie.

30 juin, Porto Alegre Manuel Neuer prend rapidement conscience du danger …

Dans un tel match, avec de nombreux duels en dehors de la surface de réparation, un gardien ne doit-il pas posséder un “timing” exceptionnel ? Il faut en tout cas prendre les bonnes décisions et ne pas hésiter une seule seconde une fois qu’elles sont prises. Je suis parfaitement conscient que cela comporte des risques qui peuvent mener à un but, un penalty ou une expulsion. Mais si je m’arrêtais à mi-chemin, je n’aurais plus aucune chance d’interrompre l’action. Je serais bien trop facile à battre.

Leonhard Foeger / Reuters (2), Fabrizio Bensch / Reuters

Au Bayern Munich, vous arrive-t-il de vous entraîner sur le terrain ?

… et annihile l’action de l’Algérien Islam Slimani.

Nous travaillons parfois les déplacements à sept contre trois et je participe de temps en temps. C’est important, parce que cela me permet d’affiner ma technique, la qualité de mes passes ou ma vitesse d’exécution. Autrefois, les joueurs de champ osaient à peine passer en retrait parce qu’ils ne savaient pas ce que leur gardien allait faire du ballon. Aujourd’hui, il est devenu tout à fait normal et habituel d’inclure le gardien dans la construction du jeu.

Pendant un match, touchez-vous le ballon le plus souvent avec les pieds ou avec les mains ? Je crois que je joue le plus souvent au pied.

Si vous étiez joueur de champ, dans quelle division évolueriez-vous ? Je pense que je serais tout à fait capable de me débrouiller en quatrième division. Mais je ne saurais pas vous dire à quel poste exactement.

Autorité Neuer s’empare du cuir dans une marée de joueurs algériens, au grand soulagement de ses coéquipiers. T H E F I FA W E E K LY

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Le football est une confrérie. C’est la paix.

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Oscar Arias Lauréat du Prix Nobel


MANUEL NEUER EN E XCLUSIVITÉ

Parce que j’essaye toujours de faire au plus simple.

Se comporter comme une star n’apporte rien. Je peux bien sûr passer la nuit dans un hôtel cinq étoiles, mais je peux aussi tout à fait dormir sous une toile de tente.

Qu’est-ce qui vous reste le plus en mémoire, vos parades ou vos bévues ?

Pendant combien de temps se sent-on champion du monde ?

Au contraire de certains de vos collègues, vous n’avez pas pour habitude de faire le spectacle.

Je ne suis pas quelqu’un qui va aller voir le top dix de ses arrêts sur YouTube. Ça ne me sert strictement à rien. Ce qui m’intéresse, en revanche, ce sont les situations où je peux me remettre en question et me demander ce que j’ai fait de bien et, surtout, ce que j’ai fait de mal. Il est à mon sens essentiel d’analyser ces actions pour s’améliorer. Quand j’étais plus jeune, je suivais l’émission Eurogoals, où tout le monde ne regarde que le joueur qui vient de marquer un beau but. Moi, j’observais les gardiens et leur comportement.

Aujourd’hui, entre votre rôle classique de gardien consistant à défendre votre but ou votre surface et votre rôle de onzième joueur de champ, vous est-il encore possible de vous détendre pendant un match ? Je ne sors jamais du match, en fait, même lorsque j’ai peu de choses à faire. Ce sont précisément les matches où l’on n’est mis à l’épreuve que deux ou trois fois qui sont les plus difficiles à gérer mentalement, parce qu’il faut pouvoir répondre présent à tout moment. Il est impossible de déconnecter. C’est comme un cours magistral à la fac, si on n’écoute pas correctement, on perd complètement le fil.

Si j’étais joueur de champ, je pense que je serais capable de me débrouiller en quatrième division. Vous arrive-t-il toutefois d’avoir rapidement l’impression qu’il ne vous arrivera rien dans tel ou tel match ?

tnt-graphics AG

J’ai déjà eu des tonnes d’impressions avant un match et généralement, elles se révèlent fausses. Régulièrement, à l’échauffement, je me dis que tout se passera bien. Puis une fois sur le terrain, c’est l’inverse. Être trop confiant peut s’avérer trompeur. Les compteurs sont constamment remis à zéro, même lorsque je commets une erreur. Je peux gérer ça. Un arbitre n’a de toute façon jamais interrompu une rencontre à cause de la bévue d’un gardien.

Peut-on également expliquer votre réussite par le fait que vous gardez les pieds sur terre et ne vous comportez jamais comme une star, bien que vous soyez une référence mondiale ?

C’est quelque chose que personne ne pourra jamais m’enlever. Mais ce n’est pas pour ça que je me comporte différemment. Ce ne serait pas approprié et dans le football, il faut de toute façon toujours avancer. Un champion du monde, on ne lui fait aucun cadeau. Å Propos recueillis par Roland Zorn Un séminaire pour analyser les dernières tendances chez les gardiens : http://tinyurl.com/kanv43v

Où se positionnent les gardiens de la Coupe du Monde <1% 1-2% >2%

MANUEL NEUER

GIANLUIGI BUFFON

ALLEMAGNE

ITALIE

TIM HOWARD ÉTATS-UNIS D‘AMÉRIQUE

IKER CASILLAS

ESPAGNE

Schémas de gauche Les déplacements de Manuel Neuer comparés à ceux de trois autres gardiens de but. Graphique ci-dessous Les zones d’évolution de tous les gardiens de but de la Coupe du Monde par rapport à l’ensemble du terrain (tous les matches de Coupe du Monde disputés par les gardiens sont pris en compte).

Zone d’évolution des gardiens de la Coupe du Monde en pourcentage 0%

10%

15%

20%

25%

30%

Neuer (Allemagne) Ryan (Australie) Bravo (Chili) Benaglio (Suisse) Buffon (Italie) Joe Hart (Angleterre) Tim Howard (États-Unis d'Amérique) Hugo Lloris (France) Ospina (Colombie) Navas (Costa Rica) Cillessen (Pays-Bas) Júlio César (Brésil) Beto (Portugal) Courtois (Belgique) Romero (Argentine) Karnezis (Grèce) Muslera (Uruguay) Ochoa (Mexique) Sung-ryong (République de Corée) Rais Mbolhi (Algérie) Kawashima (Japon) Dauda (Ghana) Itandje (Cameroun) Akinfeev (Russie) Valladares (Honduras) Enyeama (Nigeria) Begović (Bosnie-et-Herzégovine) Barry (Côte d'Ivoire) Casillas (Espagne) Dominguez (Équateur) Haghighi (Iran) Pletikosa (Croatie)

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TRIBUNE

F I F A S 11

Les équipes les plus performantes en Coupe du Monde U-17

10 choses à faire dans la vie

1

Brésil 143 points 44 victoires 14 participations

2

N igeria 131 points 40 victoires 10 participations

3

A rgentine 97 points 28 victoires 12 participations

4

G hana 91 points 27 victoires 8 participations

5

M exique 84 points 26 victoires 11 participations

6

E spagne 83 points 25 victoires 8 participations

7

A llemagne 65 points 19 victoires 8 participations

8

États-Unis 64 points 19 victoires 14 participations

9

Australie 55 points 16 victoires 11 participations

10

Uruguay 40 points 12 victoires 6 participations

11

Italie 36 points 10 victoires 7 participations

Alan Schweingruber

N

ombreux sont ceux qui établissent un jour une liste tout à fait particulière, en partant du fameux principe “on ne vit qu’une fois”. Ils l’intitulent : “Les dix choses que j’aimerais faire dans ma vie”. Dans un moment de folie ou autour d’un verre de vin rouge, ils griffonnent alors un tas d’idées tout à fait subjectives. Par exemple : écrire une liste avec 9 choses diverses … puis : aller voir une rencontre de Coupe du Monde de football. Pour les fans convaincus : aller voir une finale de Coupe du Monde de football. L’énumération peut toujours s’allonger. Ajouter cinq ou six résolutions peut enrichir la vie, du moment qu’elles sont concrétisées. Si la personne concernée a mauvaise conscience parce qu’elle n’a pas réalisé quelque chose, elle risque de mettre sa liste à la poubelle au bout d’à peine six mois, or ce n’est pas le but. C’est la même chose que pour les attaquants qui, en début de saison, promettent de devenir le meilleur buteur, mais qui, après trois matches, n’ont toujours pas marqué. Ils se sentent de plus en plus en difficulté et finissent par perdre leur place de titulaire. Dans le pire des cas, ils sont priés de quitter le club. Autrement dit, les dix points de la liste doivent être réalistes et assez facilement réalisables. Parfois, certaines perspectives peu attrayantes à première vue peuvent changer une vie. C’est par exemple le cas d’un homme d’une quarantaine d’année au chômage qui, un dimanche matin, part dans le brouillard pour assister au match d’une équipe réserve. Il se retrouve seul spectateur au bord du terrain, car ce duel n’intéresse personne. Deux jours plus tard, après avoir découvert l’immense talent d’un jeune remplaçant, il décide de devenir agent de joueur. En trois ans, il devient

millionnaire. Il serait amusant de savoir si cet homme avait, lui aussi, dressé une liste avant d’aller voir la rencontre et si son escapade du dimanche en constituait l’un des points. Si tel est le cas, vous ne pourrez de toute façon jamais demander à cet homme fortuné de vous souffler des idées. Il est même préférable de ne pas réfléchir trop stratégiquement aux éléments à écrire. D’ailleurs, pour les projets à long terme comme celui d’assister à une rencontre de Coupe du Monde, les analyses terre à terre (“Le Brésil est loin, le voyage coûterait cher et je ne parle pas portugais”) ont rarement fait leurs preuves. Suivez plutôt votre intuition (“C’est la Coupe du Monde et Rio de Janeiro est une belle ville”) ! De plus, il peut être utile d’intégrer une “mission” plus facile à la liste, afin de laisser plus de place aux véritables grands défis. Nos aspirations et désirs changent au fil du temps. Ainsi, dès le premier souhait accompli, il peut arriver que de nouvelles portes s’ouvrent et que certaines possibilités qui ne faisaient peut-être pas du tout partie de vos projets se dégagent, comme dans le cas de Nicolás, un imposteur de 20 ans. Au début, il s’est prétendu conseiller du gouvernement espagnol, puis collaborateur des services secrets. Finalement, Nicolás apparaissait même serrant la main du roi Felipe VI sur des photos. L’arnaqueur a été démasqué le week-end dernier. Å

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly

Source : FIFA (FIFA, document : Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Le kit statistique, 21.10.2014) T H E F I FA W E E K LY

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LE MIROIR DU TEMPS

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H

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Birmingham, Angleterre

1908

Getty Images

Des chiens en t-shirt sautent après un ballon de plage.

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LE MIROIR DU TEMPS

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Berlin, Allemagne

2006

laif

Des chiens robots jouent au football.

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LE CL ASSEMENT FIFA

→ http://fr.fifa.com/worldranking/index.html

Classement Équipe Évolution Points

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 46 48 49 50 51 52 52 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77

34

Allemagne Argentine Colombie Belgique Pays-Bas Brésil France Uruguay Portugal Espagne

0 0 0 1 -1 0 2 -1 2 -2

1669 1565 1420 1388 1375 1307 1191 1184 1175 1119

Italie Suisse Chili Croatie Algérie Costa Rica Mexique Grèce Ukraine Angleterre Roumanie République tchèque États-Unis Slovaquie Côte d’Ivoire Bosnie-et-Herzégovine Équateur Islande Autriche Russie Tunisie Danemark Cap-Vert Pays de Galles Ghana Slovénie Écosse Égypte Suède Cameroun Sénégal Nigeria Irlande du Nord Pologne Israël Turquie Serbie Albanie Trinité-et-Tobago Hongrie Iran Japon Togo Pérou Guinée Panamá Afrique du Sud Mali Bulgarie RD Congo République d’Irlande Congo Finlande Monténégro Ouzbékistan République de Corée Gabon Norvège Honduras Antigua-et-Barbuda Burkina Faso Guatemala Libye Jordanie Arménie Paraguay Sierra Leone

2 -2 -1 5 5 -1 -1 -4 5 -2 5 6 -6 16 -3 -1 -6 6 10 -7 0 -5 8 -5 -2 17 -8 23 -7 2 -5 -5 28 26 19 -8 -12 -3 37 4 -7 -4 73 -7 -7 -1 10 1 -13 13 1 -14 2 -21 -7 -3 16 8 -13 10 -23 -15 -5 -5 -23 -16 -2

1064 1063 1060 1002 989 974 954 946 920 919 876 870 862 861 842 837 826 816 810 792 780 763 716 715 685 683 674 658 646 637 635 632 625 621 615 614 614 604 598 561 560 559 559 558 552 546 542 533 532 521 519 512 510 504 498 496 487 481 480 478 469 466 440 434 432 423 421

T H E F I FA W E E K LY

Rang

04 / 2014

05 / 2014

06 / 2014

07 / 2014

08 / 2014

09 / 2014

1 -40 -80 -120 -160 -200

78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 88 88 88 92 93 94 95 96 97 97 99 99 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 113 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 126 128 129 130 131 132 132 134 134 136 137 138 138 140 141 142 143 144

1ère place

Hausse du mois

Zambie Émirats arabes unis République dominicaine Irak Salvador Oman Ouganda Venezuela Bénin Angola Estonie RP Chine Maroc Qatar Lituanie Haïti Australie Rwanda Chypre Mozambique Arabie saoudite ARY Macédoine Lettonie Zimbabwe Botswana Bolivie Bahreïn St-Vincent-et-les-Grenadines Belarus Soudan Palestine Malawi Tanzanie Éthiopie Cuba Namibie Jamaïque Saint-Kitts-et-Nevis Kenya Géorgie Lesotho Moldavie Koweït Niger Canada Liberia Liban Guinée équatoriale Azerbaïdjan Luxembourg Burundi Philippines Guinée-Bissau Nouvelle-Zélande Kazakhstan Aruba Tadjikistan Afghanistan Vietnam Myanmar Turkménistan Sainte-Lucie Mauritanie Tchad Maldives Madagascar République centrafricaine

10 -6 27 9 -10 -7 -5 -19 -8 14 -7 9 -1 8 11 26 -10 -2 -11 12 -15 13 0 -9 -11 -9 0 1 -17 26 -6 -11 5 21 10 0 -13 2 -5 -7 -3 -14 4 -14 -2 3 -3 -11 -31 1 2 5 0 -13 -5 -3 2 1 6 6 3 -15 0 3 3 3 -7

Baisse du mois

418 413 405 393 392 391 389 388 375 373 369 369 369 369 364 360 359 356 348 341 341 340 340 330 323 310 308 302 301 298 297 292 291 289 286 284 284 279 273 271 266 262 261 258 251 249 246 238 233 233 232 229 226 225 218 218 214 214 208 207 197 197 195 194 183 180 178

145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 157 159 159 161 162 163 164 165 166 167 168 168 170 171 172 172 174 175 176 177 178 179 180 180 182 182 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 194 194 197 198 199 200 201 202 203 203 205 205 207 208 208

Grenade Barbade Curaçao RDP Corée Suriname Kirghizistan Syrie Guyana Nouvelle-Calédonie Laos Liechtenstein Malaisie Indonésie Malte Porto Rico Inde Singapour Guam Hong Kong Swaziland Thaïlande Tahiti Belize Gambie Nicaragua Montserrat Seychelles Bermudes Comores Sri Lanka São Tomé-et-Principe Bangladesh Îles Turks-et-Caicos Yémen Népal Îles Salomon Dominique Pakistan Timor oriental Macao Cambodge Soudan du Sud Îles Féroé Chinese Taipei Samoa Vanuatu Maurice Fidji Mongolie Bahamas Samoa américaines Tonga Îles Vierges américaines Brunei Papouasie-Nouvelle-Guinée Érythrée Îles Caïmans Andorre Somalie Îles Vierges britanniques Djibouti Îles Cook Anguilla Bhoutan Saint-Marin

-8 15 1 2 -2 1 1 1 -16 15 17 -2 -1 -2 -2 -1 -12 2 1 -4 -7 -4 -4 -2 2 -2 1 -2 2 2 2 5 3 6 4 2 -13 -7 11 2 14 -1 -8 -10 -2 -2 -2 -2 -2 -1 -1 -1 -5 -5 0 2 -3 1 1 -4 0 0 0 0 0

176 172 171 168 167 158 154 148 142 141 136 134 129 129 119 119 115 111 109 103 102 100 99 90 90 86 81 80 80 76 72 68 66 62 61 53 53 51 51 49 46 43 42 39 37 33 32 30 29 26 26 26 20 15 13 11 10 9 8 8 6 6 2 0 0


THE SOUND OF FOOTBALL

Le chant libérateur de Genesis

Genesis est considéré comme l’un des groupes fondateurs du rock progressif. Le titre “Match of the Day” a marqué un tournant dans le parcours des Britanniques. Hanspeter Kuenzler

Sion Ap Tomos,

“S

end him off Ref! / Where are your specs Ref!” (“Hé l’arbitre, sors-le / Tu as laissé tes lunettes à la maison ?”) est un refrain auquel on ne s’attendait pas vraiment de la part de musiciens célébrés comme des héros du rock progressif (le “prog”). En effet, les stars du “prog”, comme ELP, Yes ou encore Jethro Tull, s’étaient fixé comme objectif d’élever considérablement le niveau des modestes chansons de rock grâce à une technique instrumentale élaborée et à des textes énigmatiques. Le groupe Genesis se caractérisait notamment par des costumes de scène exubérants et interprétait des titres dont les paroles oscillaient entre observation subtile de la vie quotidienne et questions existentielles. Le football ne rentrait pas vraiment dans ce cadre. Pourtant, le refrain cité ci-dessus est un extrait de la chanson intitulée “Match of the Day”, figurant sur le 45 tours EP Spot the Pigeon. En mai 1977, cet album a permis à Genesis de se hisser à une position qu’il n’avait encore jamais ­atteinte au classement britannique des singles, la 14ème place. Les fans ont été surpris : les singles étaient considérés comme ordinaires, car commerciaux. Peu de temps auparavant, Genesis avait atteint le top 10 du hit-parade avec son

huitième album Wind & Wuthering, bien que le charismatique chanteur Peter Gabriel ait quitté le groupe et cédé le micro à Phil Collins, qui officiait en tant que batteur. Le groupe se trouvait alors à un tournant de sa carrière. Le rock progressif était sur le déclin, jugé trop prétentieux après l’avènement du punk rock. Gabriel était en outre le seul membre de Genesis que le public trouvait vraiment “cool”. Revenons au tube “Match of the Day” : cette chanson est une ode non pas au rendez-vous des supporters le samedi au stade, mais à un programme télévisé du même titre, diffusé sur la BBC le samedi soir depuis 1964 et revenant sur les grands moments de la journée de championnat. Avec ses paroles relativement simples, le disque a déclenché un véritable tremblement de terre au sein du groupe. Contrairement au guitariste Steve Hackett, Phil Collins, Mike Rutherford et Tony Banks n’avaient manifestement aucun problème à interpréter des refrains accessibles au plus grand nombre. Hackett s’est alors éloigné du groupe à son tour, les trois autres ont continué sans lui, ont enregistré l’album … And Then There Were Three et ont régné pendant encore quinze ans sur les hit-parades du monde entier. Æ T H E F I FA W E E K LY

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Š 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.

instinct takes over

#predatorinstinct

adidas.com/predator


LE TOURNANT

Nom Klas Ingesson Date et lieu de naissance 20 août 1968, Ödeshög (Suède) Parcours de joueur 1987–1990 IFK Göteborg 1990–1993 FC Malines 1993–1994 PSV Eindhoven 1994–1995 Sheffield ­Wednesday 1996–1998 AS Bari 1998–2000 FC Bologna 2000 Olympique ­Marseille 2001 US Lecce Équipe de Suède 57 sélections, 13 buts

“J’étais KO” Devenu entraîneur d’Elfsborg, le Suédois Klas Ingesson vit chaque jour intensément. Depuis 2009, ce père de famille se sait atteint d’un cancer incurable. Le football lui permet désormais d’échapper à son quotidien.

Nicklas Elmrin / DUKAS

L

e football est ma vie. Il en a toujours été ainsi. J’ai eu une belle carrière. J’ai joué en Angleterre, en Italie et j’ai terminé troisième de la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis avec la Suède. J’ai raccroché les crampons en 2001, à 32 ans. Si c’était à refaire, je crois que je jouerais plus longtemps. Mais j’étais un autre homme à l’époque. J’avais le sentiment de revivre sans cesse les mêmes choses et ça m’ennuyait. Le cours de mon existence a basculé en 2009. Je souffrais de douleurs chroniques au dos et je me suis finalement décidé à aller voir un médecin. Alors que je me trouvais sur mon lit d’hôpital, le docteur est venu me trouver pour me dire : “Klas, nous avons diagnostiqué chez toi un myélome multiple.” J’étais soulagé. Certes, j’étais malade, mais je n’avais pas de cancer. C’est ce que j’ai dit à ma femme au téléphone. À ce moment, le médecin est revenu

dans la chambre pour m’informer sur la chimiothérapie. “Quelle chimiothérapie ?”, ai-je demandé. “Je n’ai pas de cancer.” “Si, Klas”, m’a-til répondu. “C’est bien un cancer.” J’étais KO. Ma vision s’est assombrie. J’ai compris que je n’en avais plus pour longtemps. J’avais deux solutions : accepter la mort ou me battre. Je ne voulais pas mourir. J’aime beaucoup trop la vie et ma famille pour ça. Depuis cette nouvelle, je mène une vie différente. J’étais très impatient, avant. J’essaye d’en savoir le moins possible sur la maladie. Si Google te donne tes chances de survie minuscules, tu peux vite tomber dans la déprime. J’ai discuté avec d’autres malades, mais je ne voulais rien lire à ce sujet. Franchement, je préfère que les médecins ne me disent pas tout. Le myélome multiple est une maladie de la moelle osseuse ; elle ronge peu à peu le tissu musculaire. En arrivant à Elfsborg en 2013, je

marchais sur des béquilles. Ensuite, il m’a fallu un déambulateur. Maintenant, je me déplace en fauteuil roulant. Savoir que je ne pourrai plus avoir d’activité physique, c’est le plus dur pour moi. Je ne m’attends évidemment pas à pouvoir rejouer au football. Ce serait déjà formidable de pouvoir faire dix mètres sans tomber. Récemment, je me suis cassé le bras dans les vestiaires. Mes os sont devenus très fragiles. J’ai déjà subi deux greffes de cellules souches. Je me sens bien, compte tenu des circonstances. Mais je ne sais pas combien de temps il me reste à passer sur le terrain et auprès des miens. Je suis heureux de ne pas être obligé de rester enfermé à la maison. Si je peux passer du temps à l’entraînement et que je ne me sens pas trop fatigué, je considère que la journée a été bonne. Nous avons un groupe relativement jeune et le travail avec les joueurs me permet de garder le moral. Je crois pouvoir leur apporter quelque chose, les aider à progresser. Si ce n’était plus le cas, je tirerais ma révérence. En attendant, je profite de chaque instant. Å Propos recueillis par Nicola Berger

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY

37


EVERY GASP EVERY SCREAM EVERY ROAR EVERY DIVE EVERY BALL E V E RY PAS S EVERY CHANCE EVERY STRIKE E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L SHALL BE SEEN SHALL BE HEARD S H A L L B E FE LT

Feel the Beauty

BE MOVED

THE NEW 4K LED TV

“SONY” and “make.believe” are trademarks of Sony Corporation.


The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) Site Internet : www.fifa.com/theweekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Tél. +41-(0)43-222 7777 Fax +41-(0)43-222 7878

COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

Des drapeaux de corner maltraités, un test impitoyable et un maillot de la Coupe du Monde unique en son genre – à vous de jouer ! 1

Quelle équipe a porté ce maillot rayé en Coupe du Monde pendant les années 70 ?

Président : Joseph S. Blatter

F Brésil M Pays-Bas J Italie R France

Secrétaire Général : Jérôme Valcke Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio Rédacteur en chef : Perikles Monioudis Rédaction : Alan Schweingruber, Sarah Steiner, Tim Pfeifer

2

Quel joueur a cumulé les plus grosses indemnités de transfert sur l’ensemble de sa carrière ?

Conception artistique : Catharina Clajus Service photo : Peggy Knotz Production : Hans-Peter Frei A

Mise en page : Richie Krönert (Leitung), Tobias Benz, Marianne Bolliger-Crittin, Susanne Egli, Alissa Rosskopf 3

Correction : Nena Morf, Kristina Rotach

E

O

Lors des tests pour l’obtention du logo “FIFA Approved”, le ballon est jeté de près de deux mètres de haut sur une plaque d’acier. À quelle hauteur doit-il normalement rebondir ? Environ...

Collaborateurs réguliers : Sérgio Xavier Filho, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Hanspeter Kuenzler, Jordi Punti, Thomas Renggli , David Winner, Roland Zorn

S D N L

Ont contribué à ce numéro : Nicola Berger, Tamara Castro, Dominik Petermann, Andreas Wilhelm Secrétaire de rédaction : Honey Thaljieh Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub

4

U

50 cm 80 cm 110 cm 140 cm

Quatre matches de la Coupe du Monde, quatre drapeaux de corner martyrisés. Quelle est la dernière victime en date ?

Traduction : Sportstranslations Limited www.sportstranslations.com Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch

A

L

K

E

Contact : feedback-theweekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2014”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse. Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.

Solution de l’énigme de la semaine précédente : SPOT Explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly Inspiration et application : cus

Faites-nous parvenir vos réponses le mercredi 29 octobre 2014 au plus tard à feedback-theweekly@fifa.org Les personnes ayant correctement répondu à l’ensemble des énigmes parues depuis le 13 juin 2014 participeront en janvier 2015 à un tirage au sort pour tenter de gagner un voyage pour deux pour le Gala FIFA Ballon d’Or, qui aura lieu le 12 janvier 2015. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : http://fr.fifa.com/mm/document/af-magazine/fifaweekly/02/20/51/99/fr_rules_20140613_french_french.pdf T H E F I FA W E E K LY

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R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E Lequel de ces attaquants vous a le plus impressionné lors des récents matches amicaux ?

35+23+22875 7%

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Quel leader dans son groupe de qualifications pour la CAN 2015 vous a le plus surpris ?

5%

8%

35%

22%

23%

≠  ≠  ≠  ≠  ≠  ≠

Choisissez entre : · Algérie · Cameroun · Afrique du Sud · Ghana · Gabon · Cap-Vert · Tunisie

Abderrazak Hamdallah (Mar) Carlos Bacca (Col)

Karim Benzema (Fra) Joao Plata (Ecu)

Pour voter, rendez-vous sur : Fifa.com/newscentre

Eduardo Vargas (Chi) Diego Tardelli (Bra)

“Tevez a atteint le niveau qu’avait Zidane quand il était à la Juventus. Il est vraiment exceptionnel. Je n’avais jamais vu un tel phénomène.”

4

LA SEMAINE EN CHIFFRES

106  082

fans ont franchi les portes des stades australiens durant la première semaine d’ALeague, ce qui constitue un nouveau record sur

15

buts en sept matches, voilà

une journée. Le Sydney

une moyenne qui ravirait la

FC, par exemple, a

plupart des attaquants. Mais

accueilli 41 213 suppor-

cette statistique est d’autant

ters à l’occasion du derby

plus remarquable qu’elle est

contre Western Sydney

nouvelle page d’histoire. Seules

l’œuvre d’un gardien de but.

Wanderers. Il s’agit là de

huit formations, sur les 97 que

Rogerio Ceni a porté son total

la meilleure affluence de

comptent les cinq grands

personnel à 123 réalisations depuis

l’Allianz Stadium,

championnats européens,

le début de sa carrière. Un magnifique

toutes catégories

sans compter le Real Madrid,

coup franc du portier brésilien a

confondues, depuis

présentent une moyenne

permis à São Paulo de l’emporter 2:1

son inauguration il y

supérieure à la sienne (2,14

devant Bahia.

a 26 ans.

buts par match).

buts au cours des huit premières journées de Liga ont permis à Cristiano Ronaldo d’écrire une

Bechir Ramzy / Anadolu Agency / AFP, Getty Images (3)

Marcello Lippi, entraîneur italien


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