The FIFA Weekly Edition #5

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N°5, 22 NOVEMBRE 2013

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

Un casting de rêve pour la Coupe du Monde 2014

Spectacle garanti

SEPP BLATTER : EN AUDIENCE PRIVÉE AVEC LE PAPE

GUY ROUX : LE PENSEUR FRANÇAIS

FRANCESCO TOTTI : DE RETOUR AVEC L’ITALIE ? W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


DANS CE NUMÉRO

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Le miracle du Caire Le football n’est évidemment pas épargné par l’état d’urgence proclamé en Égypte. Le championnat est actuellement à l’arrêt et Al Ahly, le plus grand club du pays, ne peut même pas jouer dans son propre stade. Malgré tous ces obstacles, les “Diables Rouges” ont réalisé un exploit en remportant la Ligue des Champions.

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L’essor de la Premier-Liga Dans l’ombre des grands championnats, l’élite russe devient une destination très prisée. Les pétrodollars y coulent à flots et les clubs commencent à jouer les premiers rôles sur la scène européenne. Même le Brésil ne reste pas indifférent au pouvoir d’attraction de ce championnat.

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Entretien avec Francesco Totti 37 ans et pas une ride ! Francesco Totti réalise encore une saison exceptionnelle avec l’AS Rome en Serie A. Ses performances donnent évidemment matière à réflexion au sélectionneur Cesare Prandelli. Totti, lui, prédit “une belle Coupe du Monde” pour l’Italie.

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Amérique du Sud 10 membres 5,5 places en Coupe du Monde www.conmebol.com

L e Top 11 de la semaine De Munich à Zurich, les plus belles remontées de l’histoire du football.

Inusable Guy Roux Entraîneur de l’AJ Auxerre pendant 44 ans, il a refusé par deux fois le poste de sélectionneur de l’équipe de France. Aujourd’hui encore, sa parole est d’or. Guy Roux nous livre la recette de sa longévité.

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epp Blatter en visite chez le Pape S Le football dépasse les frontières ethniques et religieuses, sans doute parce qu’il n’offre aucune prise aux idéologies. Dans sa rubrique, le Président de la FIFA Sepp Blatter nous livre son point de vue sur la religion et évoque son audience privée avec le Pape François.

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U ne leçon pour la patrie du football Il y a 60 ans, par une après-midi brumeuse à Wembley, les Hongrois Magiques corrigeaient l’Angleterre 6:3. Cette victoire marque le premier succès d’une équipe continentale sur le sol anglais.

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enaissance dans une cabine téléphonique R Fêtes, cigarettes, femmes... Wynton Rufer, footballeur océanien du siècle, n’était pas un enfant de chœur. Pourtant, sa vie a connu un tournant inattendu dans les montagnes suisses.

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Amérique du Nord et centrale 35 membres 3,5 places en Coupe du Monde www.concacaf.com

Ronaldo et le festin des champions du monde L’Uruguay est devenu jeudi la dernière équipe à valider son billet pour la phase finale au Brésil. La liste des 32 participants à la phase finale ressemble à un “Who’s Who” de l’histoire du football : les huit anciens champions du monde seront tous présents sur la ligne de départ. L’invidualité la plus marquante de cette édition appartient à une équipe qui n’a encore jamais remporté l’épreuve suprême : Cristiano Ronaldo, le roi du Portugal.

Lionel Messi Favori avec l’Argentine

Qualifiés

Qualifiés

États-Unis

Brésil (pays hôte)

Costa Rica

Argentine

Honduras

Équateur

Mexique

Chili Colombie Uruguay

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L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 53 membres 13 places en Coupe du Monde www.uefa.com

Afrique 54 membres 5 places en Coupe du Monde www.cafonline.com

Guy Roux Rencontre avec une légende du football français

Asie 46 membres 4,5 places en Coupe du Monde www.the-afc.com

Ferenc Puskas Souvenirs de la Hongrie magique de 1953

Océanie 11 membres 0,5 place en Coupe du Monde www.oceaniafootball.com

Kim Jin Su Le Sud-coréen n’oublie pas sa religion sur le terrain

N°5, 22 NOVEMBRE 2013

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

Un casting de rêve pour la Coupe du Monde 2014

Spectacle garanti

SEPP BLATTER : EN AUDIENCE PRIVÉE AVEC LE PAPE

GUY ROUX : LE PENSEUR FRANÇAIS

FRANCESCO TOTTI : DE RETOUR AVEC L’ITALIE ? W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY

Direction le Brésil Cristiano Ronaldo a propulsé le Portugal en phase finale après avoir inscrit quatre buts contre la Suède. Maintenant, la star veut offrir à son pays sa première couronne mondiale.

Francesco Totti Entretien Cristiano Ronaldo Roi du Portugal

Cover: Michael Campanella/EQ Images  Inhalt: AFP/Getty Images

Wynton Rufer Que s’est-il passé en 1986 ?

Qualifiés

Qualifiés

Qualifiés

Italie

Algérie

Australie

Pays-Bas

Côte d'Ivoire

Japon

Angleterre

Nigeria

Iran

Russie

Cameroun

République de Corée

Belgique

Ghana

aucune équipe qualifiée

Suisse Bosnie-Herzégovine Allemagne Espagne Por tugal France Grèce Croatie

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À DÉCOUVERT

Le seul et unique

Du style sur le terrain comme en dehors : Cristiano Ronaldo est prêt à embarquer pour le Brésil.

Thomas Renggli

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ucun autre footballeur ne suscite plus de commentaires que lui. Dès qu’il touche le ballon, le public adverse le couvre de huées. Il faut dire que la modestie n’est pas sa plus grande qualité, comme en témoigne cette déclaration : “Les gens sont jaloux de moi parce que je suis beau, riche et doué.” Si la beauté est une question de goût, les deux autres arguments ne souffrent aucune contestation. Après son transfert au Real Madrid pour 94 millions d’euros en 2009, il a récemment signé un contrat lui assurant un salaire annuel de 17 millions d’euros, ce qui fait de lui le footballeur le mieux payé au monde. Lui, c’est bien sûr Cristiano Ronaldo, qui, pour ne rien gâcher, est diablement talentueux. Mardi dernier, à l’occasion des barrages de qualification pour la Coupe du Monde, même Zlatan Ibrahimovic a dû se rendre à l’évidence. Si le Suédois n’a pas non plus la réputation

d’être un modèle d’humilité, il n’a pas eu d’autre choix, cette fois, que d’applaudir Ronaldo sur la pelouse de la Friends Arena de Solna, dans un mélange de consternation, d’admiration et d’impuissance. Le Portugais venait de réaliser ce qu’il réalise semaine après semaine sous le maillot merengue avec une régularité déconcertante, mais que l’on en viendrait presque à oublier en raison de son image de joueur arrogant. Il a marqué et décidé du sort du match à lui seul, une fois encore. Lors de la double confrontation avec la Suède (4:2, score cumulé), il a inscrit la totalité des buts de son équipe. Grâce à une superbe tête plongeante à l’aller et à une précision redoutable au retour, l’attaquant de 28 ans a ainsi été le principal artisan de la qualification des siens.

mais uniquement Ronaldo. À chaque fois que ce dernier se retrouvait à proximité de la balle, la voix des commentateurs montait de plusieurs décibels. Grâce à sa superstar, la formation lusitanienne rêve désormais de frapper un grand coup au Brésil. Cependant, la réalité sportive incite à la retenue : l’équipe a été devancée par la Russie dans son groupe de qualification, n’a passé l’obstacle suédois qu’à grand-peine et dépend largement de la forme d’un seul joueur. Il serait donc quelque peu présomptueux de sa part de se classer parmi les favorites dans la course au titre. Ronaldo, lui, ne devrait pas être troublé outre mesure par ces considérations. Il transformera de toute manière la Coupe du Monde en one-man-show où il fera une nouvelle fois étalage de toute sa classe unique en son genre. Å

En regardant le match à la télévision portugaise, on aurait pu avoir l’impression que ce n’était pas la Selecção qui affrontait la Suède, T H E F I FA W E E K LY

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Cristiano Ronaldo marque le premier de ses trois buts contre la Suède. 6

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C O U P E D U M O N D E 2 0 14

Rencontre au sommet. La liste des participants à la Coupe du Monde 2014 est désormais connue. Elle promet du spectacle et un tournoi de tous les superlatifs au Brésil.

Joel Marklund/Bildbyran/fresh focus

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À

Thomas Renggli et Perikles Monioudis

Paris, l’euphorie s’empare des spectateurs comme si l’équipe de France venait de remporter à la fois la Coupe du Monde et le Tournoi Olympique : on chante la Marseillaise, on agite le drapeau tricolore. Le défenseur Patrick Evra passe à l’offensive et colle un bruyant baiser sur la joue du sélectionneur Didier Deschamps. “C’est la magie du foot”, souligne ensuite le champion du monde 1998 au micro des journalistes. En Allemagne, l’ancien international Andreas Möller salue la prestation des Bleus : “En se qualifiant in extremis pour la Coupe du Monde avec une telle force de caractère, la France entre dans la phase finale gonflée à bloc. Ce succès est très important pour la cohésion de l’équipe.”

Le one-man-show de Ronaldo Ceci est d’ailleurs valable pour toutes les équipes européennes qui ont dû passer par les barrages. La Grèce (contre la Roumanie), la Croatie (contre l’Islande) et le Portugal (contre la Suède) se sont qualifiés, ce sont donc les équipes les mieux placées au Classement mondial de la FIFA qui se sont imposées dans chacune de ces confrontations. Si le succès des Portugais a également marqué les esprits, il est pourtant dû pratiquement à un seul homme : Cristiano Ronaldo, le goleador aussi génial qu’incontesté du Real Madrid. Ronaldo a remporté son duel au sommet avec la star suédoise Zlatan Ibrahimovic (cf. The FIFA Weekly n°4/2013) en inscrivant les quatre buts de son équipe. Grâce à lui, tout le pays espère aujourd’hui que le parcours de l’équipe 8

Q U A L I F I É E : France. Championne du monde 1998. À l’image : Karim Benzema (à g.) et Mamadou Sakho.

nationale en Coupe du Monde aura la saveur du succès. Le Portugal est devenu un véritable spécialiste des barrages. C’est la troisième fois de suite que la Selecçao se qualifie pour la phase finale en surmontant cette épreuve. À deux semaines du tirage au sort du premier tour dans la station balnéaire de Costa do Sauipe, d’autres formations européennes peuvent cependant prétendre jouer un rôle majeur dans la course au titre mondial. L’Allemagne, d’abord, qui n’a laissé échapper que deux points dans son parcours qualificatif et affiche de loin l’attaque la plus prolifique (36 buts) de toutes les équipes du continent. L’Espagne ensuite, tenante du titre, mais aussi les ex-champions du monde que sont l’Italie, l’Angleterre et les Pays-Bas (avec Robin van Persie,

meilleur buteur de la zone Europe), la Belgique (cf. The FIFA Weekly n°2/2013) et la Suisse n’ont pas non plus enregistré de défaite dans le tournoi préliminaire. Avec seulement trois buts encaissés en huit matches, l’équipe d’Espagne a surtout livré une bonne partition défensive. On peut en dire autant de la Belgique, qui s’est imposée haut la main dans un groupe délicat comprenant la Croatie et la Serbie, ainsi que de la Suisse, qui n’a laissé que quelques points en route en comptabilisant seulement trois nuls sur dix rencontres. Grâce à la régularité de leurs prestations, les Diables Rouges (5èmes) et la Nati (7ème) se sont hissés dans le Classement mondial à un niveau aussi élevé que de grandes nations du football comme les Pays-Bas, l’Italie ou l’Angle-

“En se qualifiant in extremis pour la Coupe du Monde grâce à une telle force de caractère, la France entre dans la phase finale gonflée à bloc.” Andreas Möller T H E F I FA W E E K LY

Getty Images

La réussite des Français revalorise la vingtième édition de l’épreuve suprême : les huit champions du monde de l’histoire se disputeront le titre au Brésil en juillet prochain. Malgré l’enthousiasme débordant des Français et leur évident soulagement, il ne faut cependant pas oublier la réalité de la situation : la victoire 3:0 contre l’Ukraine n’est pas le résultat d’une performance magistrale, elle limite seulement les dégâts après une campagne qualificative décevante en général et une prestation indigne en particulier, lors du barrage aller à Kiev (0:2). En se qualifiant pour la phase finale, la France a accompli son devoir, rien de plus. Les Bleus sont encore loin d’être à la hauteur des prétentions affichées par leur nation toute entière.


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Q U A L I F I É E : Italie. Championne du monde 1934,

Q U A L I F I É E : Espagne. Championne du monde

Q U A L I F I É E : Allemagne. Championne du monde

1938, 1982 et 2006. À l’image : Pablo Daniel Osvaldo.

2010. À l’image : Sergio Ramos.

1954, 1974 et 1990. À l’image : Mesut Özil.

terre, qui étaient toutes têtes de série pour le tirage au sort des groupes de qualification.

à 2006 en Allemagne. La sélection équatorienne (22ème au Classement FIFA), entraînée par le Colombien Reinaldo Rueda, compte dans ses rangs des joueurs de talent, comme l’ailier Antonio Valencia (Manchester United), le milieu Christian Noboa (Dinamo Moscou) ou l’attaquant Felipe Caicedo (Lokomotiv Moscou), fort de son parcours de globe-trotter.

grande surprise des qualifications de la CONMEBOL, puisqu’il a dû se soumettre à l’épreuve des barrages (cf. The FIFA Weekly n°3/2013). Ne serait-ce que parce qu’elle compte dans ses rangs des éléments comme les attaquants Luis Suarez (Liverpool FC), Edinson Cavani (Paris Saint-Germain) et la star Diego Forlan, la Celeste aurait dû être capable de beaucoup mieux. Mais il a fallu qu’elle batte la Jordanie en duel intercontinental pour se qualifier, une véritable honte aux yeux de ses supporters. Pour décrocher son billet pour l’édition 2010, déjà, l’Uruguay avait dû surmonter un barrage contre le Costa Rica, ce qui ne l’avait pas empêché de se hisser ensuite à la quatrième place du tournoi en Afrique du Sud.

La Bosnie, nouvelle puissance européenne La Bosnie-Herzégovine compte parmi les nouvelles puissances du football continental. Deux des joueurs de l’équipe entraînée par Safet Susic se trouvent parmi les quatre meilleurs buteurs européens : Edin Dzeko et Vedad Ibisevic. L’émergence de toutes ces nouvelles forces a naturellement fait des victimes : aucune formation d’Europe du nord n’a pu valider son billet pour le Brésil. Quant aux pays de l’ancien bloc soviétique, ils brilleront tous par leur absence en phase finale, à l’exception de la Russie. Au nombre de ces perdants figure la sélection tchèque, qui a dû se contenter de la troisième place de son groupe de qualification, derrière l’Italie et le Danemark. Le détour de l’Uruguay Il n’y a pas qu’en Europe que le tournoi préliminaire s’est terminé sans trop de surprises. Dans les autres confédérations aussi, les formations qui se sont imposées sont en général celles sur lesquelles on comptait, à quelques rares exceptions près, comme l’Afrique du Sud.

La Colombie, numéro quatre mondial, a disputé l’épreuve suprême pour la dernière fois en 1998. Elle s’est qualifiée cette année pour la cinquième fois. La valeur de son attaquant Falcao (AS Monaco) sur le marché des transferts est estimée à 60 millions d’euros. Cette véritable machine à buts peut compter, en club comme en sélection, sur les passes du jeune milieu de terrain James Rodriguez. L’attaquant Jackson Martinez (FC Porto) vaudrait quant à lui 30 millions d’euros. Chelsea et Arsenal s’intéresseraient à ce joueur de 27 ans. Mais c’est l’Uruguay, double champion du monde et numéro six mondial, qui a créé la plus

Dans la zone Amérique du Nord, centrale et Caraïbes, ce sont le Mexique, les États-Unis, le Costa Rica et le Honduras qui ont obtenu un précieux sésame pour le Brésil. Le Mexique a cependant dû faire un détour par la Nouvelle-Zélande pour y parvenir. Les Américains et leur sélectionneur allemand Jürgen Klinsmann ont rempli

Dans la zone CONMEBOL, le Chili, l’Équateur et la Colombie se sont qualifiés pour prendre part au tournoi aux côtés du Brésil, pays hôte, et de l’Argentine, double championne du monde. Le Chili, douzième au Classement mondial de la FIFA, était également présent en Afrique du Sud en 2010. Brésil 2014 marquera sa neuvième participation au grand rendez-vous mondial. Le milieu de terrain Arturo Vidal (Juventus Turin) et l’ailier droit Alexis Sanchez (FC Barcelone) constituent deux des atouts de l’équipe. Mercredi dernier, les hommes de Jorge Sampaoli se sont inclinés de peu face au Brésil en match amical (1:2). L’Équateur, lui, se prépare pour sa troisième Coupe du Monde. La dernière en date remonte

Q U A L I F I É E : Angleterre. Championne du monde 1966. À l’image : Wayne Rooney. T H E F I FA W E E K LY

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“Nous devons franchir le cap de la phase de groupes.” Jürgen Klinsmann, sélectionneur des États-Unis

À l’image : Neymar.

leur “mission difficile” (cf. The FIFA Weekly n°3/2013) et espèrent maintenant pouvoir passer le cap de la phase de groupes au Brésil.

Q U A L I F I É : Uruguay. Champion du monde 1930 et 1950. À l’image :

Pas de surprise en Asie En Asie aussi, le tournoi préliminaire s’est terminé plus ou moins comme prévu. Il sera intéressant de voir comment évolueront les équipes du Japon (44ème au Classement mondial, 5ème participation à la Coupe du Monde) et de la République de Corée (56ème, 9ème participation) en phase finale. La talentueuse sélection japonaise n’est pratiquement constituée que de professionnels évoluant en Europe. Keisuke Honda (Lokomotiv Moscou) ou Shinji Kagawa (Manchester United) font des merveilles au milieu de terrain et l’attaquant Shinji Okazaki (Mayence) enchaîne les réalisations. La fine gâchette de 27 ans en a signé huit durant les qualifications, ce qui fait de lui le meilleur buteur de l’AFC. L’Australie (57ème, 4ème participation) et l’Iran (49ème, 4ème participation) complètent le tableau asiatique. L’Iran a réussi le tour de force de s’imposer en tête de son groupe avec huit buts inscrits en huit matches.

Q U A L I F I É : Brésil. Champion du monde 1958, 1962, 1970, 1994 et 2002.

Luis Suarez.

Getty Images, Reuters

L’Algérie (32ème au Classement mondial, 4ème participation), le Cameroun (59ème, 7ème participation), le Ghana (23ème, 3ème participation), la Côte d’Ivoire (17ème, 3ème participation) et le Nigeria (33ème, 5ème participation) seront les représentants de l’Afrique au Brésil. Le Ghana affiche 18 buts inscrits en six rencontres. Il a dû se mesurer à la solide équipe d’Égypte au troisième tour du tournoi continental et l’a vaincue facilement. Quant au Cameroun, sa septième qualification pour la Coupe du Monde constitue le record africain.

Q U A L I F I É E : Argentine. Championne du monde 1978 et 1986. À l’image : Lionel Messi.

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Les derniers seront-ils les premiers ? Que se passera-t-il au Brésil en juillet prochain ? Ces équipes, comme l’Allemagne par exemple, sauront-elles rééditer les performances réalisées pendant les qualifications ? Ou sont-ce celles qui se sont qualifiées en dernier (comme la France, le Portugal, l’Uruguay, le Mexique) qui finiront sur les premières marches du podium ? Qu’adviendra-t-il de la Belgique, nouveau prodige européen ? Et du brillant Japon ? Il faudra patienter jusqu’à la phase finale pour le savoir ! Å 11


LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES Premier League égyptienne

Le m i racle du Ca ire Mark Gleeson est un journaliste et commentateur sud-africain qui vit au Cap.

Depuis des mois, l’Égypte vit sous le régime de l’état d’urgence. Les journées sont rythmées par des manifestations et des affrontements parfois violents. La population est partagée entre la peur et la colère. Dans ce climat pour le moins orageux, Al Ahly a récemment contribué à faire percer un rayon de soleil. Depuis longtemps, la formation du Caire est considérée comme l’une des meilleures équipes du continent. En 1999, elle a même reçu le titre très convoité de “club africain du siècle”. Les Diables Rouges n’ont rien perdu de leur superbe avec le passage au nouveau millénaire. Les Égyptiens viennent en effet de remporter leur deuxième Ligue des Champions de la CAF consécutive, la cinquième sur les huit dernières années. Pourtant, ce dernier sacre a des allures de miracle, car Al Ahly a dû surmonter des défis qui dépassent largement le cadre sportif : le championnat national est suspendu et le club n’a pas le droit de disputer des rencontres internationales dans son stade. En outre, le géant du Caire n’est pas

insensible à la lutte idéologique qui sert actuellement de toile de fond aux troubles politiques agitant actuellement le pays le plus peuplé d’Afrique du Nord. Au début de l’année 2012, 74 personnes (principalement des supporters d’Al Ahly) trouvaient la mort dans des affrontements dans le stade de Port Saïd. Suite à ce drame, le championnat a été immédiatement suspendu. Dans la foulée, la décision a été prise d’interdire l’accès des stades au public. Seuls quelques heureux élus ont ainsi pu assister aux rencontres les plus importantes disputées par la suite. Privé de pratique régulière, Al Ahly a donc réalisé un petit exploit en enlevant pour la deuxième année consécutive le trophée le plus convoité d’Afrique. En février dernier, la Premier League égyptienne a repris ses droits. La plupart des clubs se retrouvaient dans une situation précaire, après être longtemps restés sevrés de la manne que représente la billetterie. Al Ahly a pu lutter sur deux fronts pendant les tours préliminaires de la Ligue des Champions mais, avec l’éviction de Mohamed Morsi par l’armée début juillet, le championnat a de nouveau été interrompu. Intervenu juste pendant la phase de groupes, ce nouveau coup du sort aurait pu être fatal aux Diables Rouges. Personne ne s’attendait vraiment à voir les Égyptiens triompher à nouveau dans ce contexte. Pour ne rien arranger, le club s’est

vu refuser la permission de disputer ses matches au Caire ou à Alexandrie. Al Ahly a donc réalisé son parcours héroïque dans l’anonymat d’une petite cité balnéaire de la Mer Rouge, El Gouna, dont l’enceinte peut accueillir à peine mille spectateurs. Soucieux d’éviter d’autres manifestations politiques et de nouvelles flambées de violence, les militaires ont strictement limité tous les rassemblements populaires. Comme si tout cela ne suffisait pas, le stade d’El Gouna ne dispose pas de l’éclairage nécessaire pour les rencontres de Ligue des Champions, retransmises à travers tout le continent. Ce nouvel écueil a contraint Al Ahly à disputer ses matches pendant la journée, souvent sous une chaleur écrasante.

“Depuis longtemps, Al Ahly est considéré comme l’une des meilleures équipes du continent.”

Les supporters d’Al Ahly se réjouissent à la perspective d’accueillir les Orlando Pirates en finale retour. 12

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En finale, les Égyptiens ont dicté leur loi aux Orlando Pirates sud-africains, battus 3:1 sur l’ensemble des deux manches. À cette occasion, Al Ahly a retrouvé le Caire, même s’il a dû se contenter d’évoluer au stade Arab Contractors. Devant 30 000 spectateurs enthousiastes, les Diables Rouges ont remporté ce jour-là le plus improbable, mais aussi l’un des plus grands succès de leur histoire. Å

Khaled Desouki/AFP Photo

Enfin, deux rencontres ont eu lieu pendant le Ramadan. Les joueurs respectant le jeûne ont dû s’astreindre à n’avaler ni nourriture, ni boisson pendant la journée. Malgré tous ces obstacles, les Diables Rouges ont terminé en tête de leur groupe et se sont qualifiés pour les demi-finales. Dans le dernier carré, ils sont venus à bout des Camerounais de Coton Sport à l’issue de l’épreuve des tirs au but.


Premier Liga russe

L e Z é n it h d e Hu l k Sven Goldmann est spécialiste du football au quotidien Tagesspiegel de Berlin.

Aux yeux de l’establishment européen, l’Est reste une contrée lointaine et méconnue. Mais les temps commencent à changer. Pour les internationaux russes tels que Iouri Jirkov, Alexander Kokorin (tous les deux au Dinamo Moscou) ou Andrei Archavine (Zénith Saint-Pétersbourg), leur pays d’origine représente depuis déjà plusieurs années une alternative intéressante aux traditionnels employeurs anglais, espagnols ou italiens, y compris d’un point de vue économique. Les clubs russes sont à la fois généreux et fiables. Ces qualités les rendent également attrayants aux yeux des joueurs étrangers. C’est le cas du Brésilien Hulk ou du Belge Axel Witsel, qui gagnent tous les deux très bien leur vie à Saint-Pétersbourg. Il y a deux ans, le milliardaire russe Suleyman Kerimov n’a pas hésité pas à mettre la main au portefeuille pour attirer la star mondiale Samuel Eto’o sur les bancs de l’Anji Makhatchkala, un club du Daguestan. La parenthèse daghestanaise de la carrière du Camerounais s’est entretemps refermée. Cet été, Eto’o a rejoint les rangs de Chelsea, mais l’intérêt suscité par la Premier Liga reste intact. À l’issue de la phase aller du championnat de Russie, le Zénith Saint-Pétersbourg mène la danse, suivi des clubs moscovites (Lokomotiv Moscou, Spartak, CSKA et Dinamo). Les choses ne devraient pas beaucoup bouger après la deuxième journée de la phase retour, qui se déroule ce week-end. Deuxième l’an passé, le Zénith affronte à domicile le FK Rostov, dans un match qui devrait lui servir de simple échauffement avant d’aller défier mardi prochain l’Atlético Madrid en Ligue des Champions. Forts de leurs quatre succès en autant de journées, les Espagnols sont déjà qualifiés pour les quarts de finale. Le Zénith a bien failli connaître lui aussi ce sort enviable. Il y a deux semaines, il accueillait le FC Porto au stade Petrovski, sur les bords de la Neva. Givanildo Vieira de Souza, l’attaquant brésilien plus connu sous le nom de Hulk, aimerait oublier au plus vite cette soirée. Le joueur doit son surnom aux Japonais, fans de bandes dessinées. Personnage fictif, l’Incroyable Hulk devient vert, grand et fort dès qu’il se met en colère. Mais si Hulk a joué au Japon pendant quelques années, c’est sous les couleurs du

“Dans le pays d’origine de Hulk, la réputation de la Premjer-Liga n’est plus à faire.” FC Porto qu’il est devenu célèbre dans le monde entier. Lors de cette fameuse soirée, il a d’ailleurs inscrit un but contre son ancienne équipe. Il aurait même pu en marquer un deuxième, ou plutôt il aurait dû. Malheureusement pour lui, Hulk a vu son penalty arrêté par son compatriote Helton. Suite à cet échec, le Zénith a dû se contenter de partager les points (1:1). Vainqueur avec le Brésil de la Coupe des Confédérations, Hulk était pressenti à Chelsea ou Monaco, mais il a finalement décidé de mettre les voiles vers Saint-Pétersbourg, qui n’a pas hésité à débourser 55 millions d’euros pour s’assurer ses services. Un tel investissement prouve, si besoin était, que les clubs russes sont bien décidés à figurer parmi les meilleurs d’Europe. Dans le pays d’origine de Hulk, en tout cas, la réputation de la Premier Liga n’est plus à faire. Depuis la sélection en équipe nationale de Vagner Love, ancien joueur du CSKA, les Brésiliens observent de très près ce qui se passe entre Moscou et Saint-Pétersbourg. En signant cet été avec Saint-Pétersbourg, Hulk sait que ce choix ne menace en rien sa place au sein de la Seleção. À un an seulement de la Coupe du Monde programmée dans son pays d’origine, une telle certitude a de quoi rassurer. Å

Primera Division argentine

G a r e au C i c l ó n ! Jordi Punti est écrivain et auteur de nombreux articles sur le football dans les médias espagnols.

En Argentine, les vrais fans de football doivent s’y connaître dans l’art de déchiffrer les surnoms et autres sobriquets dont héritent systématiquement joueurs, entraîneurs, équipes et stades. Quand on lit que le Demonio (démon) a marqué pour l’Academia (académie) de Mostaza (moutarde), il faut comprendre que l’attaquant Gabriel Hauche a inscrit un but pour Racing Club de Avellaneda, club entraîné par Reinaldo Merlo. Cette tendance a entraîné l’éclosion d’un univers parallèle propre aux T H E F I FA W E E K LY

supporters, aux commentateurs et aux journalistes qui, au fond, tel que le signalait l’entraîneur-philosophe Ángel Cappa, incarne l’essence même du football argentin, voire sud-américain : la tromperie, la moquerie et la malice, que ce soit sur le terrain ou dans les gradins. Il arrive que ces pseudonymes aient traversé plusieurs décennies et que leur sens initial se soit érodé, mais ils attestent des traditions de ce sport. C’est le cas, par exemple, de l’un des duels les plus acharnés du football argentin, celui que se livrent à Rosario, deuxième ville du pays, leprosos (lépreux) et canallas (canailles), qui cette année semble avoir altéré le cours du Tournoi Initial. Le club de Newell’s Old Boys est surnommé la Lepra (la lèpre) depuis fort longtemps. Selon les livres d’histoire, au début du XXe siècle, l’hôpital Carrasco a invité Newell’s et le Club Atlético Rosario Central à disputer un match pour aider les patients atteints de cette maladie. Newell’s a accepté, Rosario Central a décliné. Depuis ce jour, les fans de Newell’s ont commencé à appeler canallas leurs rivaux de Central, lesquels ont répliqué en les surnommant leprosos. Après trois années passées en deuxième division, le retour dans l’élite de Rosario Central a permis la tenue d’une nouvelle édition du choc entre leprosos et canallas. Le match semblait on ne peut plus déséquilibré entre un Central de retour parmi l’élite et un Newell’s sacré lors du Tournoi de Clôture 2013. Mais comme chacun sait, les derbies obéissent rarement à la logique et cette rencontre emballante a fini par basculer du côté des outsiders, avec des buts du Flaco (le maigre) Donatti et du Sapito (le petit crapaud) Encina (2:1). Cette défaite n’a pas fait de bien à Newell’s, qui s’était approprié la première place du classement à la faveur d’un parcours quasi parfait et qui a enchaîné, depuis lors, trois nuls insipides et un revers cinglant sur le terrain de Tigre, délaissant ainsi son sceptre. En réalité, ces zigzags ont une logique. Après le départ de Gerardo Martino vers le FC Barcelone, Newell’s traverse actuellement une période de transition. Son nouvel entraîneur, Alfredo Berti, veut prolonger “l’âge d’or” du Tata Martino avec une recette théoriquement très recommandable : appliquer le même style de jeu, axé sur la possession de balle et l’optimisation des 13


Only eight countries have ever lifted the FIFA World Cup Trophy.

Yet over 200 have been winners with FIFA. As an organisation with 209 member associations, our responsibilities do not end with the FIFA World Cup™, but extend to safeguarding the Laws of the Game, developing football around the world and bringing hope to those less privileged. Our Football for Hope Centres are one example of how we use the global power of football to build a better future. www.FIFA.com/aboutfifa


couloirs, mais en l’adaptant aux nouveaux joueurs. Le Pelado (le chauve) Berti connaît d’autant mieux cette école qu’il a officié aux côtés de Marcelo Bielsa pendant le passage du Loco (le fou) à la tête du Chili. En outre, il a bâti son groupe en pariant sur une recette qui fait souvent mouche : de jeunes joueurs ambitieux autour de trois grognards de retour d’Europe, à savoir Maxi Rodríguez, Gabriel Heinze et David Trezeguet. Oui, après avoir contribué à la remontée de River Plate, l’ancien Monégasque continue de marquer du côté de Rosario, même s’il a manqué un penalty face à Tigre qui pourrait s’avérer décisif. À trois journées de la conclusion du Tournoi Initial, les errements de Newell’s ont ouvert la porte à de nouveaux candidats. Et c’est le Ciclón (cyclone, le surnom donné à San Lorenzo de Almagro) qui s’est engouffré dans la brèche. Juan Antonio Pizzi a su insuffler de l’optimisme et de l’ambition à cette formation de Buenos Aires. “Le championnat est plus excitant que jamais. Il y a beaucoup de tension et de stress”, a déclaré l’ancien Barcelonais après la dernière victoire de son équipe. Ses mots semblaient viser le centre névralgique de Newell’s et il a manifestement mis dans le mille. Aujourd’hui, la course au titre est plus ouverte que jamais, puisque même Lanús, Arsenal et Boca Juniors peuvent s’inviter à la fête. Å

spectateurs seulement se sont déplacées pour assister à ce match au stade Balewadi de Pune. A titre de comparaison, quand l’ancienne équipe de cricket de la huitième métropole d’Inde, les Pune Warriors India, jouait à domicile, les matches avaient lieu au Subrata Roy Sahara Stadium, une enceinte ayant une capacité de 55 000 personnes. Le cricket reste le sport numéro un en Inde. Le football y est très discret. Certes, en 2008, le Bayern Munich a joué devant près de 120 000 spectateurs à Calcutta. Mais ce n’est pas pour autant que le sous-continent indien s’est épris du football. Une tentative a pourtant été faite dans ce sens. L’initiative paraissait prometteuse : la création d’une superligue réunissant des stars d’Europe et d’Amérique du Sud, des légendes à la fois sur le terrain et sur le banc.

Une autre tentative plus récente, le lancement d’une Indian Super League d’ici quelques semaines, a quant à elle été reportée. Toutefois, il semblerait que cette compétition puisse voir le jour en septembre 2014. C’est en tous cas ce qu’a déclaré le promoteur IMG-Reliance. Il se murmure que l’IMG-R ne s’attendait pas du tout à être confronté à autant de problèmes logistiques. Le promoteur espérait créer l’événement, mais il n’a pas réussi à faire de miracle. Par exemple, Kenny Dalglish, la légende de Liverpool, aurait été contacté, mais aucune proposition n’aurait suivi. De son côté, l’AIFF est elle aussi mécontente. L’IMG-R l’a laissée (tout comme les clubs d’I-League) dans le flou le plus total. Mais c’est le réseau de télévision Star TV Network qui risque de pâtir le plus de cette situation.

I-League indienne

Plus riche que Rooney Perikles Monioudis est rédacteur à The FIFA Weekly.

PD

S’il avait marqué, un certain Rooney aurait pu confirmer la deuxième place de son équipe au terme de la 9ème journée. Mais le deuxième meilleur buteur du championnat est resté muet dans ce match à six points et son équipe, le Bengaluru FC, a perdu 0:1 face au Pune FC. Il n’est pas question ici du Wayne Rooney de Manchester United, ni même de Premier League, mais de l’I-League, la division la plus élevée du football indien. Sean Rooney, 24 ans, d’origine australienne, a quitté le Blacktown City FC et la Nouvelle-Galles du Sud pour venir s’aventurer dans cette I-League à 13 équipes, composée majoritairement de joueurs semiprofessionnels. En Inde, il est bien parti pour se faire un nom. Pourtant, quelques centaines de

Sean Rooney se fait un prénom en devenant meilleur buteur en Inde.

Pour réussir à peu près à tenir tête à la concurrence du cricket dans la course aux droits télévisuels, il fallait de grands noms du football. La dénomination de ce championnat devait, elle aussi, en imposer : Indian Premier League. Celle-ci aurait dû être lancée début 2012, parallèlement à l’I-League, qui dépend de l’All-India Football Federation (AIFF), avec des figures de proue comme Fabio Cannavaro, Hernan Crespo, Robert Pires, Robbie Fowler ou encore Jay-Jay Okocha. Les cinq franchises devaient être attribuées par le Celebrity Management Group (CMG). Mais finalement, ce championnat n’a jamais été créé. T H E F I FA W E E K LY

Celui-ci détient les droits télévisuels, qu’il a achetés pour les dix prochaines années. Il s’est en outre associé à l’Indian Super League à hauteur de 30  %. Mais qui sait, peut-être le championnat démarrera-t-il effectivement en septembre 2014 et peut-être le football indien sera-t-il lancé pour de bon … En attendant, selon le magazine Forbes, la star du cricket Mahendra Singh Dhoni, capitaine de l’équipe nationale indienne, serait loin devant Wayne Rooney dans la liste des cent sportifs les plus riches du monde – une liste qui ne comporte pas un seul footballeur indien. Å 15


Nom : Francesco Totti Date et lieu de naissance : 27 septembre 1976, Rome (Italie) AS Rome : 1989 – Principaux succès : Champion du monde 2006 Champion d'Italie 2000/01 Soulier d'or européen 2007 Distinctions individuelles :

Davide Monteleone/Dukas/Contrasto

Joueur italien de l'année 1998 et 2004

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L’ I N T E R V I E W

“Le Scudetto, ma plus grande joie” Alors que tout le monde ou presque le pensait fini pour le football, Francesco Totti signe un retour fracassant sur le devant de la scène. Du haut de ses 37 ans, le milieu offensif de l’AS Rome livre pour l’instant une saison de haute volée, au point que toute l’Italie se demande si le sélectionneur national Cesare Prandelli pourra encore longtemps se passer de lui.

Francesco Totti, quel est votre secret pour durer aussi longtemps ? Francesco Totti : La passion. Je prends toujours autant de plaisir à jouer que lorsque j’étais plus jeune.

Vous êtes à l’abri du besoin. Où trouvez-vous la motivation pour effectuer encore, à 37 ans, les nombreux efforts physiques et mentaux nécessaires, qui plus est contre des joueurs dont vous pourriez être le père ? Je me sens en forme et en bonne santé. Je peux encore rivaliser avec les jeunes joueurs au plus haut niveau et avoir de l’influence sur les matches. Mais lorsque le rythme sera devenu trop intense pour moi, je serai le premier à le reconnaître.

“Sempre Roma”. Ces mots ne sont pas vides de sens pour vous. Avez-vous un jour songé à quitter l’AS Rome ?

Pour en revenir à la sélection, vous avez pris votre retraite internationale après le titre de 2006, avant de revenir sur votre décision. Vous pourriez prochainement effectuer un nouveau retour spectaculaire. Auriez-vous imaginé participer à une Coupe du Monde à près de 38 ans ? C’est vrai qu’en ce moment, mon retour est d’actualité en Italie. Je ne sais pas encore s’il aura effectivement lieu. Si jamais la situation se présente, nous prendrons alors les décisions qui s’imposent.

Que peut-on attendre de l’Italie, l’an prochain au Brésil ?

Très probablement le Brésil, le pays hôte, mais aussi les équipes qui répondent toujours présentes, comme l’Espagne, l’Argentine et l’Allemagne.

Qu’a-t-il manqué pour que vous signiez à la Juventus ou à l’AC Milan ?

Avant cela, il reste la Serie A à disputer. Pourquoi l’AS Rome est-elle si forte cette saison ?

Tout d’abord, il aurait fallu que l’AS Rome soit prête à me vendre. Ensuite, il aurait aussi et surtout fallu que j’aie envie de quitter ce club. Mais les deux cas de figure ne se sont tout simplement jamais présentés.

Jusqu’à maintenant, tout se passe très bien, mais il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. Nous avons une équipe très solide et nous croyons en nos qualités. Nous avons aussi l’envie de bien jouer et nous disposons surtout d’un très bon entraîneur, qui sait tirer le maximum de son groupe.

Je l’ai déjà dit par le passé : gagner le championnat avec la Roma a été ma plus grande joie. Je suis Romain, mais aussi Romanista, un supporter de l’AS Rome. Je sais exactement ce que représente le Scudetto pour les fans. Mais devenir champion du monde a aussi été grandiose.

Savez-vous déjà ce que vous ferez une fois votre carrière terminée ? Envisagez-vous de devenir entraîneur ? Non, je ne me vois pas entraîner. Je me vois plutôt dans un bureau, mais il est encore bien trop tôt pour parler de tout cela.

Vous resterez en tout cas à l’AS Rome… Je serai toujours lié à l’AS Rome. Ce club, c’est ma vie. Å Entretien réalisé par Giovanni Marti

Je m’attends à un tournoi exceptionnel. Nous avons une bonne équipe et Cesare Prandelli est un excellent entraîneur. Je crois que ça sera une très bonne Coupe du Monde pour l’Italie.

Je suis très fier de ma carrière et de n’avoir porté qu’un seul maillot, celui du club que j’aime et vénère. Il y a eu des périodes où j’aurais sûrement pu m’en aller. Mais aujourd’hui, je suis très heureux d’être resté ici.

Vous avez remporté le “Scudetto” avec l’AS Rome et la Coupe du Monde avec l’Italie. Quel titre vous a procuré le plus d’émotions ?

C’est encore loin. Mais une chose est sûre, tant que je le pourrai, je jouerai au foot.

Quels adversaires la “Nazionale” doit-elle craindre le plus ?

Combien seriez-vous prêt à parier sur la conquête du titre ? Je ne parie pas. Nous devons simplement travailler dur pour terminer le plus haut possible.

Serez-vous encore footballeur professionnel à l’automne 2014 ? Ou bien le mondial brésilien sera-t-il la cerise sur le gâteau ? T H E F I FA W E E K LY

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EN ROUTE POUR LE BRÉSIL : PLUS QUE 29 SEMAINES

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Le Japon comme à la maison Le 12 juin 2014, ils seront plus d’un million de Japonais brésiliens à fêter le coup d’envoi de la Coupe du Monde. En effet, les deux pays entretiennent depuis longtemps des liens étroits. Bruno Sassi et Alan Schweingruber

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uand on imagine à quoi pourrait ressembler la prochaine Coupe du Monde, on se représente immédiatement des milliers de Brésiliens en train de danser la samba dans les rues. L’image d’Épinal d’un long carnaval de quatre semaines saute aux yeux. Pour faire bonne mesure, on ajoutera quelques touristes anglais et allemands, en train de patienter jusqu’au prochain match de leur équipe. Ce serait oublier un peu vite que le Brésil reste une terre d’accueil, comme l’ont compris depuis bien longtemps les Japonais. Plus d’1,5 million de personnes au Brésil sont d’origine japonaise. Elles forment la plus grande communauté étrangère du pays. Le quartier de Liberdade à São Paulo est célèbre pour ses enseignes rédigées en kanji et en hiragana. On y célèbre également d’autres fêtes, plus exotiques. Par une curieuse ironie du sort, le Japon a été le premier à valider son billet pour la phase finale. Le sélectionneur Alberto Zaccheroni est revenu sur cette situation inédite : “C’est certainement une source de motivation supplémentaire pour mes joueurs, mais c’est aussi une grande responsabilité. Nous serons un peu comme à la maison.”

dus à d’autres domaines. Au fil des ans, certains Japonais sont devenus plus Brésiliens que les Brésiliens eux-mêmes. Le football n’est sans doute pas le plus mauvais exemple de cette intégration réussie. Un inventeur méconnu Vous avez sans doute déjà vu Ronaldinho réaliser ce geste : il pousse le ballon de l’extérieur du pied, avant de le rabattre sèchement vers l’intérieur. C’est ce qu’on appelle au Brésil un elástico. Peut-être vous êtes-vous demandé comment il avait appris à maîtriser ce dribble. En regardant Roberto Rivellino ? Oui, sans doute. Mais l’inventeur de cette technique est tout autre. Il s’agit d’un certain Sérgio Echigo, un nisei (fils d’immigrants japonais), qui a porté le maillot des Corinthians dans les années 60. “Dans un match d’entraînement, il a poussé le ballon sur le côté pour

le protéger, avant de lancer ce dribble. Eduardo, un de nos défenseurs, est pratiquement parti jusqu’à la ligne de but”, se souvient Rivellino. “J’étais stupéfait. Je lui ai demandé : dis-donc, le Nippon, comment fais-tu ça ? Alors, il m’a expliqué son geste.” Zico conquis En 1991, le club Kashima Antlers a défrayé la chronique en faisant de Zico son ambassadeur officiel. Bien entendu, la décision des dirigeants japonais s’explique par l’énorme potentiel du football brésilien. Toutefois, il ne fait aucun doute que les deux parties ont beaucoup à gagner d’une telle association. Si le club a fait construire deux statues et un mini-musée en l’honneur de l’ancien meneur de jeu, c’est aussi et surtout parce que Zico a su incarner deux valeurs chères aux Japonais : rigueur et organisation. Ancien sélectionneur du Japon (2002 – 2006), le Brésilien conserve un souvenir ému de son passage au Pays du Soleil Levant : “Si je suis devenu sélectionneur, c’est grâce à ces gens, qui m’ont témoigné une telle reconnaissance. Je ne pouvais pas dire non. J’ai eu la chance de vivre au contact de la culture japonaise au quotidien et je dois dire que je me suis toujours senti très bien ici.” Å

Paulo Fridman/Corbis/Dukas

Premières arrivées en 1908 Les 165 familles japonaises qui ont embarqué en avril 1908 sur le Kasato Maru ne se doutaient pas vraiment qu’elles atterriraient au Brésil, 50 jours plus tard. Elles étaient parties en quête de travail, tout simplement. En 1940, près de 180 000 Japonais avaient déjà transité par le port de Santos (São Paulo). L’histoire de l’immigration japonaise au Brésil suit un scénario classique : d’un côté, un pays en manque de main d’œuvre ; de l’autre, des populations désireuses de quitter leur région d’origine, pour des raisons démographiques ou d’insécurité. L’hospitalité et la souplesse des Brésiliens sont les autres grands ressorts de cette belle aventure, au même titre que le volontarisme et la discipline des Asiatiques. La symbiose entre les deux groupes est telle que les échanges se sont rapidement éten-

São Paulo : Des Japonaises lors d’une fête traditionnelle dans les rues de Liberdade. T H E F I FA W E E K LY

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LE MIROIR DU TEMPS

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Wembley, Londres

Chapeautés. La finale de la FA Cup 1923 entre West Ham United et les Bolton Wanderers attire les foules. Officiellement, 126 047 billets ont été vendus pour ce match qui marque l'inauguration du nouveau stade de Wembley. Mais selon les estimations, 150 000 à 300 000 personnes sont compressées dans les tribunes. Les Bolton Wanderers s'imposent 2:0. Pas de coup du chapeau lors de cette rencontre, donc, sauf peut-être au milieu des spectateurs ou à l'entrée du stade.

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Topical Press/Getty Images

1923


LE MIROIR DU TEMPS

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Stade olympique, Kiev

Sergei Supinsky/AFP

2013 Entassés. 90 ans plus tard, les chapeaux ne sont plus en vogue, mais l'intérêt pour le football est toujours d'actualité. À Kiev, les supporteurs ukrainiens prennent d'assaut les caisses du stade olympique avant le match aller des barrages contre la France. 67  732 spectateurs assisteront finalement le 15 novembre à la victoire inattendue de l'Ukraine. Si la rencontre avait eu lieu 45 ans plus tôt, quelques billets supplémentaires auraient été vendus. En 1968, après son agrandissement, le stade avait en effet une capacité de 100 000 places et on y trouvait notamment un tremplin de saut à ski.

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TRIBUNE

L E T O P 11 D E L A S E M A I N E

L e s r e m o nté e s f a nt a s t i q u e s

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Bayern Munich – Manchester United 1:2 26 mai 1999: Le Bayern mène 1:0 en finale de la Ligue des champions et il ne reste plus que quelques secondes à jouer. Mais à la 91ème minute, les Anglais parviennent à égaliser, puis à inscrire le but de la victoire.

Invisibles comme l'air Thomas Renggli

A

u commencement, il y eut le football. Puis apparurent les fautes. Les victimes inventèrent alors les règles. En boxe, le premier règlement remonte à 1743. Celui du football vit le jour 105 ans plus tard, à l’université de Cambridge.

À l’époque, les garants du respect de ces règles étaient les capitaines des deux équipes. Lorsque les fautes se multiplièrent, ceux-ci, débordés, cédèrent cette compétence à un juge impartial. L’arbitre, nommé referee dans la patrie du football, se vit octroyer un sifflet comme signe distinctif (et comme outil de travail). Mais cet instrument a beau leur permettre de se faire entendre, les arbitres n’ont pas la vie facile. Leur prestige social oscille quelque part entre celui du concierge d’école et celui du videur. Lorsqu’ils sont mis en avant, cela n’augure généralement rien de bon pour eux. Le Suisse Gottfried Dienst en fit l’expérience lors de la finale de la Coupe du Monde 1966 pour avoir accordé l’un des buts les plus controversés de l’histoire du football, le fameux “but de Wembley” ; tout comme Moreno, son collègue équatorien qui infligea un carton rouge à Totti lors du grand rendez-vous mondial de 2002, sanctionnant par conséquent l’Italie toute entière. En une nuit, cet homme devint plus célèbre au pays des Azzurri que Berlusconi et le Pape réunis. Huit ans plus tard, c’est l’Uruguayen Jorge Larrionda qui s’illustra en huitième de finale entre l’Allemagne et l’Angleterre : sur un tir de Frank Lampard, le ballon, après avoir frappé la barre, rebondit derrière la ligne de but, sans que l’arbitre ne le voit. Il provoqua ainsi (sans le vouloir) la décision de la FIFA d’introduire la technologie sur la ligne de but.

Devenir arbitre n’est pas difficile. Être arbitre, en revanche, l’est beaucoup plus. Quand des supporters attendent l’homme en noir à la sortie des stades, il est très rare que ce soit pour lui demander un autographe. Afin de se protéger contre les dangers physiques et psychologiques qui les menacent, certains arbitres ont évolué au fil des ans vers une nouvelle espèce, dite de "l’arbitre à domicile". Celui-ci applique, en toute impartialité bien sûr, le principe qui consiste à sauver sa peau : in dubio pro domo (en cas de doute, décider en faveur de sa propre maison). Nombreux sont les arbitres qui furent euxmêmes footballeurs par le passé, mais qui, ballon au pied, n’arrivaient à rien. Ils changèrent alors de camp. Il faut dire que la sélection naturelle s’applique dès l’école. Une fois les équipes composées, le plus petit est souvent nommé – ou plutôt rétrogradé – arbitre. Dans le langage populaire, l’arbitre se fait souvent traiter de tous les noms. Il est associé à un vocabulaire très imagé, qui tantôt relève de la culture zoologique, tantôt fait référence à des parties du corps situées sous la ceinture. Malheureusement, il n’existe pas de société de protection des arbitres. Et dans la première Déclaration des droits de l’homme de 1776, on a oublié de mentionner les arbitres. Sur le terrain, l’arbitre est presque insaisissable. S’il est touché par un tir et que la trajectoire de la balle est modifiée, le match continue normalement. Selon le règlement, l’arbitre est donc… de l’air. Voilà qui en dit long sur son importance. Car sans air, l’homme ne peut pas vivre. Å

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly T H E F I FA W E E K LY

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AC Milan – FC Liverpool 3:3, 5:6 t.a.b. 25 mai 2005: Alors que le tableau d’affichage indique 3:0 à la mi-temps pour les Italiens, Liverpool renverse la vapeur en l’espace de six minutes et finit par remporter le titre aux tirs au but.

3

Angola – Mali 4:4 10 janvier 2010: L’Afrique a elle aussi été le cadre de quelques incroyables retournements de situation. Ce jour-là, l’Angola mène 4:0 à onze minutes du terme de la rencontre, mais le Mali obtient finalement un nul inespéré.

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Bayer Uerdingen – Dynamo Dresde 7:3. 19 mars 1986: Ce quart de finale retour de Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe occupe une jolie place dans les annales du football. Ce jour-là, Uerdingen réalise un véritable miracle et inscrit six buts en 28 minutes !

5

Werder Brême – RSC Anderlecht 5:3 8 décembre 1993: Encore un miracle. Le Werder est mené 3:0 lorsque son entraîneur Otto Rehhagel décide d’effectuer un changement tactique au milieu de terrain. À compter de la 66ème minute, son équipe trouve alors la faille à cinq reprises.

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Olympique de Marseille – Montpellier 5:4 22 août 1998: Après 34 minutes de jeu seulement, le gardien de l’OM est allé chercher quatre fois le ballon au fond de ses filets. Mais en l’espace d’une demi-heure, le favori remet les pendules à l’heure et finit par s’imposer.

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Borussia Dortmund – Malaga 3:2 9 avril 2013: Le champion allemand est dominé sur sa pelouse par Malaga (1:2) en quart de finale retour de la Ligue des Champions. Arrivent alors les arrêts de jeu et il ne faut que 69 secondes au BVB pour inverser la tendance et l’emporter.

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Charlton Athletic – Huddersfield Town 7:6 21 décembre 1957: Huddersfield contrôle facilement le match (5:1). Puis l’attaquant de Charlton Johnny Summers prend les choses en main, marque quatre fois et délivre deux passes décisives.

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Portugal U-17 – Cameroun U-17 5:5 20 août 2003: Un “come-back” complètement fou. Malgré un score de 0:5 à la 65ème minute, les Camerounais tiennent bon et finissent par arracher le nul.

1 0

Allemagne – France 3:3, 8:7 t.a.b. 8 juillet 1982: Les Bleus prennent les devants en prolongation de cette demi-finale de la Coupe du Monde (3:1). Ce sont tout de même les Allemands qui s’imposent, pour ce qui deviendra côté français le tristement célèbre “cauchemar de Séville”.

1 1

Grasshopper Club Zurich – FC Zurich 6:5 a.p. 3 mars 2004: Demi-finale de la Coupe de Suisse. À sept minutes du coup de sifflet final, le FCZ mène 5:2. Les Grasshoppers s’imposent pourtant en prolongation. 23


RENCONTRE

Retraite : Guy Roux possède une petite propriété dotée d’un lac, dans les environs d’Auxerre. L’ancien entraîneur de 75 ans aime à y passer ses étés.

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RENCONTRE

Le penseur français Déjeuner en Bourgogne : personne n’incarne mieux les valeurs du football traditionnel que l’inusable Guy Roux. Le Français a tenu les rênes de l’AJ Auxerre pendant 44 ans. Aujourd’hui encore, ses paroles sont d’or.

Alan Schweingruber (texte) et Francois Wavre (photos), à Auxerre

Aujourd’hui encore, le club et son entraîneur restent indissociables.

uand le grand Guy Roux en personne vous invite chez lui, tous vos ennuis disparaissent. Oubliés, les automnes rigoureux du fin fond de la Bourgogne ; envolés, les problèmes de transport pour rejoindre Auxerre. Alors que le train poursuit tranquillement son chemin vers cette petite ville tranquille de la province française, l’excitation ne cesse de monter. Pourtant, aucune animation particulière ne règne à la gare, à notre arrivée : deux chiens errent sans but, des enfants jouent dans un coin, une vieille dame assise sur un banc lit son journal… Un peu plus loin, un homme se tient près d’une Citroën. Il semble attendre quelqu’un. Les mains derrière le dos, il porte un costume bleu nuit, avec cravate et pull-over. Nous nous approchons ; l’homme nous sourit. “Bienvenue à Auxerre”, lance-t-il. “Venez, allons déjeuner. J’espère que vous avez faim.”

Il est même parfois bien difficile de ne pas confondre le club et la ville elle-même. L’ombre de Guy Roux semble planer sur toute l’agglomération auxerroise. Notre homme ressemble au fondateur d’une grande entreprise qui aurait décidé de passer le flambeau à son fils, après 50 ans de bons et loyaux services. Il n’est plus vraiment là, mais il repasse tout de même de temps en temps voir comment les choses avancent… Les gens le saluent avec respect. À notre arrivée au restaurant, une jeune femme lui demande avec inquiétude si elle ne lui a pas “volé” la dernière place de parking. “Ce n’est pas comme si je l’avais achetée”, s’amuse le vieil homme.

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Son ombre plane sur la ville Guy Roux roule au pas à travers les ruelles d’Auxerre, s’arrêtant de temps à autres pour saluer les habitants. En chemin, il nous raconte les bombardements pendant la guerre. Notre hôte connaît chaque église, chaque école, chaque pont et chaque parc de sa ville. Pour un peu, on croirait presque qu’il connaît chacun de ses 45 000 habitants. Sa passion pour l’histoire est telle qu’on en oublierait presque l’identité de notre chauffeur : Guy Roux est pourtant bien l’entraîneur le plus indémodable de France, comme en témoignent ses 44 saisons passées à la tête de l’AJ Auxerre. À son arrivée en 1961, le club végétait au niveau amateur ; sous son impulsion, la formation bourguignonne connaîtra l’ivresse de la Ligue des Champions. Avec Roux, Auxerre a gagné un titre de champion, quatre Coupes de France et une Coupe Intertoto. L’AJA a même froissé quelques egos lors de son passage en Ligue des Champions.

le personnel technique et plus particulièrement avec son jardinier. Lorsque l’AJA devait affronter une équipe particulièrement forte, il lui demandait de laisser pousser l’herbe dans certaines zones du terrain. Avec un gazon plus long sur la droite dans une moitié de terrain et sur la gauche dans l’autre, il veillait à ce que l’ailier droit adverse ne puisse jamais profiter pleinement de ses qualités de vitesse. Roux veillait également au moindre détail concernant ses propres joueurs. Il connaissait leurs parents, leurs loisirs, leurs habitudes alimentaires, leurs cycles de sommeil, leurs amis, leur vie amoureuse… Les footballeurs auxerrois n’avaient pratiquement pas de secrets pour leur entraîneur. Roux tirait toutes les ficelles et ne manquait jamais une occasion de tirer parti d’une situation inattendue. Il a ainsi réussi à

“Un entraîneur doit aimer ses joueurs indépendamment de leurs forces et de leurs faiblesses, pour mieux les comprendre.” Guy Roux

La mainmise de Roux Pendant sa carrière, Roux était connu pour s’intéresser à tout. Il savait quelles parties du stade devaient être rénovées et on raconte qu’il gonflait lui-même les ballons avant les entraînements. Il suivait les équipes de jeunes du club, connaissait la famille de tous les joueurs et, si son équipe devait séjourner à l’hôtel pour les besoins d’un match européen, il se déplaçait lui-même pour en trouver un… de préférence muni de fenêtres à double-vitrage. Roux entretenait également une relation privilégiée avec T H E F I FA W E E K LY

réquisitionner un avion militaire pour transporter l’enfant d’un de ses joueurs vers Paris, pour une intervention médicale urgente. Ce jour-là, le Bourguignon a réalisé un petit miracle. Le Rendez-vous, son restaurant préféré à Auxerre, mise sur une décoration classique, qui a visiblement fait ses preuves. De toute façon, les délicieuses senteurs qui saluent notre arrivée nous font vite oublier toute considération esthétique. Nous prenons place, tandis que 25


RENCONTRE

L’homme qui connaît les rouages du football : Guy Roux dans son restaurant préféré à Auxerre, le Rendez-vous.

notre interlocuteur part saluer quelques clients. Bernard Casoni, l’actuel entraîneur de l’AJA, se trouve à une table voisine. La scène évoque un grand chirurgien saluant un jeune interne en médecine. “Un bon entraîneur”, glisse Roux avant de s’asseoir avec nous. Qu’est-ce qui fait un bon entraîneur ? Un bon entraîneur. Le commentaire peut sembler banal, sauf s’il sort de la bouche d’un homme qui a refusé par deux fois de prendre en main l’équipe de France, qui a été fait chevalier puis officier de la Légion d’honneur par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Qu’est-ce qui fait un bon entraîneur selon Guy Roux et qui, en dehors de Bernard Casoni, mérite une telle distinction ? Après avoir commandé un steak saignant avec des pommes de terre et un verre d’Irancy Les Mazelots, Roux referme le menu et entre dans le vif du sujet : “Un entraîneur doit posséder trois qualités indispensables. D’abord, il doit aimer ses joueurs. Il doit les aimer indépendamment de leurs forces et de leurs faiblesses, de leurs origines ou de leurs convictions religieuses. Il doit les aimer et passer du temps avec eux, pour mieux les comprendre. Certains joueurs ont besoin de plus d’attention pour exploiter leur potentiel. Jupp Heynckes, par exemple, a réalisé un travail magnifique avec Franck Ribéry au Bayern Munich. Ce n’est pas un garçon compliqué mais avec lui, il faut du doigté.”

Nom Guy Roux Date et lieu de naissance 18 Octobre 1938, Colmar (France) Famille Marié (mais séparé depuis plusieurs années), un fils AJ Auxerre Entraîneur 1961 – 2005

Un foyer cher à son cœur La qualité exceptionnelle du vin encourage Roux à se lancer dans une petite diatribe sur les viticulteurs de la région, avant de revenir au sujet qui nous occupe. “La deuxième qualité est tout aussi importante : il doit être compétent. Il doit maîtriser les aspects sociologiques, tactiques et même logistiques liés à son club. Il n’a pas besoin pour cela d’avoir été un grand 26

Principaux succès Champion de France 1996. Vainqueur de la Coupe de France 1994, 1996, 2003 et 2005. Vainqueur de la Coupe Intertoto 1997. Distinctions Entraîneur français de l’année 1986, 1988 et 1996

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RENCONTRE

“L’Espagne pourrait encore gagner, à condition qu’il ne fasse pas trop chaud.” Guy Roux

joueur lui-même. Je pense à Jürgen Klopp, Ottmar Hitzfeld ou à mon propre cas. Nous étions des footballeurs moyens. En général, les joueurs n’aiment pas être entraînés par quelqu’un qui a réussi une grande carrière. Enfin, un bon entraîneur doit posséder l’énergie nécessaire pour travailler au moins 355 jours par an. Il ne peut pas prendre de longues vacances et s’attendre à ce que tout fonctionne parfaitement à son retour. Il doit garder le contact avec ses joueurs, rester informé, mener son club, analyser ce qui s’est passé et imaginer ce que l’avenir lui réserve.” La serveuse ne tarde pas à nous apporter notre repas. Le Rendez-vous regorge d’activité à cette heure de la journée. Les Auxerrois s’y retrouvent souvent pour déjeuner ou pour partager un pastis. Quand les touristes prennent Auxerre d’assaut pendant l’été, Roux préfère se retirer. Il possède une maison au milieu de cinq hectares de forêt, avec un petit lac. C’est là qu’il est allé se reposer, après les moments les plus difficiles de sa carrière d’entraîneur ou pour récupérer du triple pontage coronarien subi en 2001. Désormais, il s’adonne à la pêche. Il fait de longues promenades, lorsqu’il ne reste pas au bord de la piscine, en compagnie de ses trois petits-enfants. À l’entendre, on sent que son foyer tient une place importante dans son cœur. Expert national Curieusement, son téléphone portable ne sonnera pas une fois pendant notre déjeuner. À 75 ans, il travaille encore comme consultant pour la chaîne française Canal+ et pour la radio Europe 1. Ses employeurs n’hésitent pas à l’appeler à tout moment, lorsqu’ils souhaitent entendre son opinion sur des sujets particulièrement polémiques. Huit ans après avoir quitté les terrains, il reste très demandé. Un dicton circule dans certains cercles du football français : “Ne décide jamais rien sans en avoir parlé

à Guy Roux d’abord.” “J’aime bien donner des conseils, même si les jeunes ont souvent tendance à faire le contraire de ce qu’on leur dit”, reconnaît-il en repoussant son assiette vide. En Coupe du Monde depuis 1966 L’Alsacien d’origine a toujours du temps pour les autres. Un jour que son équipe se trouvait en déplacement dans le Valais (Suisse), Roux a rencontré un agriculteur dans un bar. Les deux hommes ont commencé à lier conversation et Roux s’est rapidement rendu compte qu’un défenseur du FC Sion correspondait exactement au type de joueur qu’il recherchait. Quatre semaines plus tard, Stéphane Grichting signait un contrat de quatre ans à l’AJA. Avec

le temps, notre homme n’a rien perdu de sa passion pour le football. Il regarde toujours entre six et huit matches par semaine, dont deux en direct. L’été prochain, il assistera à sa 13ème phase finale de Coupe du Monde consécutive. L’Auxerrois n’a pas manqué une seule édition depuis 1966 ! “Au Brésil, ça va être grand. L’Espagne pourrait encore gagner, à condition qu’il ne fasse pas trop chaud, car ses joueurs seront parmi les plus âgés.” Après une dernière analyse, nous consultons notre montre à regret. Guy Roux commande un dernier café. “Je vais vous ramener à la gare, ça me fait plaisir.” De notre côté, nous aurions eu plaisir à rester bien plus longtemps… Å

“L’état d’esprit formidable de l’équipe de France” Guy Roux à propos de l’équipe de France : “Je suis très heureux de la qualification pour la Coupe du Monde. Ce barrage a été, comme je le craignais, une affaire stressante. Si nous avons réussi après le 0:2 en Ukraine, c’est grâce à l’état d’esprit formidable dont l’équipe a fait preuve au Stade de France. Je suis aussi heureux pour l’entraîneur Didier Deschamps. J’apprécie beaucoup son travail. Pour le tirage au sort de la phase de groupes, le 6 décembre, nous ne devrions pas exprimer de souhaits particuliers. Je me souviens qu’avant le tirage au sort des barrages, la France se réjouissait à l’idée d’avoir l’Ukraine comme adversaire.” T H E F I FA W E E K LY

Guy Roux à propos du Bayern Munich : “Un club qui dispose de fondations très solides et de structures saines. La cohésion entre les anciens joueurs du Bayern au sein du club et à sa tête est impressionnante. Le Bayern jouera encore longtemps un rôle majeur en Europe.” Guy Roux à propos d’Arsène Wenger : “Pour moi, le meilleur entraîneur au monde. Ce que Wenger a mis sur pied à Arsenal en 17 ans est incomparable. Il se distingue non seulement par ses excellentes connaissances de terrain, mais aussi par son travail sur le long terme et son côté visionnaire.” Å 27


LE DÉBAT

Le football et les religions : le grand intégrateur

Prière de remerciement : Les joueurs de l’équipe de Syrie s’inclinent en direction de la Mecque après une victoire.

Thomas Renggli Le football peut avoir une fonction de médiateur et de pionnier – sur le plan politique comme sur le plan religieux. La Bosnie-Herzégovine en constitue l’un des exemples les plus probants. Avec ses 3,8 millions d’habitants, ce petit pays du sud-est de l’Europe s’est qualifié pour la première fois pour la phase finale d’une Coupe du Monde. Dans la rue, on a pu assister à des scènes de liesse incroyables. De nombreux habitants espèrent que cette participation à la compétition reine aura également des répercussions à l’extérieur des stades et aidera leur pays à surmonter ses conflits ethno-politiques. D’un point de vue sportif, ce sont l’esprit d’équipe et la qualité des joueurs offensifs (en 28

particulier des attaquants d’exception que sont Vedad Ibisevic et Edin Dzeko) qui sont à l’origine de la qualification au pas de charge de la Bosnie-Herzégovine. Mais en dehors du terrain, ce succès reflète également la cohésion récente d’une population constituée d’ethnies et de communautés religieuses diverses et qui reste marquée par les bouleversements causés par la guerre dans les années 1990. La population est principalement répartie en trois groupes : les musulmans (43 %), les Serbes orthodoxes (31 %) et les Croates catholiques romains (17 %). Tandis que les musulmans se sont tout de suite identifiés à la fédération de football créée en 1992, les habitants d’origine serbe et croate lui ont, au début, tourné le dos. Ce qui explique que pendant de nombreuses années, les matches n’ont pas été diffusés dans les régions serbes du pays. Mais les récents succès ont totalement changé la donne. Aux yeux de la majorité de la population, l’équipe nationale est devenue un facteur d’intégration.

ethniques et religieuses diverses qui poursuivent ensemble un but commun. Cela nécessite toutefois le respect d’un certain nombre de règles : suite à une décision prise en 2002 par l’International Football Association Board, tout joueur qui, au moment de célébrer un but, fera apparaître un maillot avec un message religieux ou politique recevra un avertissement. La FIFA attache beaucoup d’importance à ce que son sport ne soit pas récupéré à des fins politiques ou religieuses.

La Bosnie est loin d’être le seul pays où le football aide à dépasser les frontières. Dans de nombreuses autres sélections (en Jordanie, en Palestine, en Syrie ou encore au Liban), on trouve des joueurs ou des joueuses aux racines

Les débats de The FIFA Weekly Qu’est-ce qui vous interpelle ? De quels sujets aimeriez-vous discuter ? Envoyez vos propositions à : feedback-TheWeekly@fifa.org.

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En revanche, les joueurs qui pointent le doigt vers le ciel, font le signe de croix en entrant sur le terrain ou évoquent l’aide de Dieu lors d’une interview ne sont pas sanctionnés. De toute façon, Dieu est appelé tellement souvent dans les stades qu’à part se mettre en grève, il ne lui reste pas d’autre choix que d’enchaîner les heures supplémentaires. Å Marwan Naamani/AFP

Le football aide à franchir les frontières ethniques et religieuses, en grande partie parce qu’il ne laisse aucune place aux idéologies.


LE DÉBAT

“Je ne suis pas du tout d’accord avec le fait que des joueurs qui laissent libre cours à leur joie après un but soient sanctionnés par un carton jaune. C’est un abus caractéristique, le règlement doit être modifié. Sinon, bientôt, on sera exclu du terrain dès qu’on aura fait plusieurs fois le signe de croix.” Ovideo Ban, Timisoara (Roumanie)

“Le football et la religion présentent des points communs. Les gens décident un jour de soutenir un club ou d’adopter une croyance, ils vont en pèlerinage au stade ou à l’église, chantent des chansons qui sont transmises depuis des générations, se sentent bien quand ils sont au sein de leur communauté et croient aux miracles. Il y a des fanatiques qui mènent une guerre sainte aussi bien dans le football que dans les différentes religions.” Benjamin Striegan, Viechtach (Allemagne)

“J’ai appris la nouvelle de la mort du Pape Jean-Paul II pendant le match de Lech Poznan contre Pogon Szczecin. Les fans ont allumé des lumières qui formaient une croix et tout le monde, des joueurs aux spectateurs, avait les larmes aux yeux. C’était l’un des moments les plus émouvants que j’ai vécus dans le football. Pour moi, la religion et le football vont clairement ensemble. Ici, en Pologne, c’est comme ça, en tout cas.” Tomasz Krawczyk, Poznan (Pologne)

“L’interdiction de la FIFA est une erreur. À mon avis, les joueurs devraient pouvoir montrer le t-shirt qu’ils portent sous leur maillot quand ils célèbrent un but, même si un message religieux y est inscrit. La religion est très importante pour certains joueurs et a joué un rôle énorme dans leur parcours pour devenir footballeur professionnel. La tolérance devrait être le maître-mot ! On doit accepter chacun tel qu’il est. La FIFA ne peut pas vouloir que les joueurs retournent à leur place sans la moindre émotion après un but, comme si rien ne s’était passé.” Julia Prusko, Wallisellen (Suisse)

“La religion a marqué notre ville pendant très longtemps. Les Rangers sont le club des protestants, le Celtic est celui des catholiques. Avant, il était impensable que les deux confessions puissent se mélanger. Jusqu’en

LE BILLET DU PRÉSIDENT

1989, les Rangers n’ont engagé que des joueurs protestants. Lorsque le catholique ‘Mo’ Johnston, qui jouait auparavant au Celtic, a rejoint les Rangers l’été de cette année-là, tout Glasgow était scandalisé. Aujourd’hui, des joueurs de différentes religions et d’origines diverses jouent pour les deux clubs et c’est ‘normal’. Ce n’est pas apprécié, mais c’est toléré !” David Stirling, Glasgow (Écosse)

En visite chez le Pape

“La religion L doit rester une affaire privée.”

a religion fait partie de ces choses qui peuvent être utilisées de façon positive ou négative. C’est également le cas du football. Marx a écrit que la religion était l’opium du peuple. Ce faisant, il a choisi de lui donner un éclairage négatif. Il aurait tout aussi bien pu écrire : la religion rassemble les individus, au-delà des frontières sociales. Toutefois, cette définition n’aurait sans doute pas cadré avec son analyse politique.

“Le football réunit les hommes, au-delà des religions. En Suisse, nous avons un FC Religions, qui a été créé en 2008 pour promouvoir l’entente et le dialogue interreligieux. Des religions différentes y jouent ensemble au football : des imams, des rabbins, des curés et des prêtres sont réunis dans la même équipe. Tous les joueurs portent le numéro 7, parce que celui-ci est un nombre sacré dans plusieurs religions. Mais notre plus grand point commun, c’est notre plaisir de jouer au football.” Simon Hofstetter, Berne (Suisse)

“Je suis gêné que les joueurs manifestent ainsi leur croyance. La religion est et doit rester une affaire privée et n’a rien à faire sur un terrain de football. Qu’ils soient chrétiens, musulmans, juifs ou hindous, les joueurs sont payés pour jouer au football et pas pour exprimer leurs convictions personnelles. Les opinions politiques, elles, ne sont pas tolérées dans les stades. C’est une bonne chose et cela doit continuer ainsi.” Giannis Kasapis, Kos (Grèce)

“La tolérance devrait être le maître-mot.”

Camus, lui, a déclaré que tout ce qu’il savait de la morale et de l’éthique lui avait été enseigné par le football. Il a donc choisi un éclairage positif. On pourrait cependant interpréter ses paroles d’une toute autre manière et lui faire dire le contraire. Il n’en va pas autrement de la religion. L’histoire est marquée par de nombreuses guerres prétendument menées au nom de Dieu. En dernier recours, la réponse que l’on apporte à cette question dépend en grande partie de l’attitude que l’on adopte dans la vie et par rapport à la vie elle-même. La religion peut unir les peuples. C’est également vrai pour le football. Il faut aspirer au meilleur et voir le bien autour de nous. Il faut en outre avoir le courage de supporter la critique. Le mieux est souvent l’ennemi du bien et il suffit parfois d’un moment d’égarement pour basculer du mauvais côté. Le Pape François suscite l’admiration par sa volonté de briser les tabous. Pour faire tomber les murs, il n’hésite pas à remettre en cause les idées reçues. Je ne suis pas grand amateur de comparaisons hasardeuses. Pourtant, la même chose se produit dans le football. Nous construisons des ponts, nous rassemblons. Les sceptiques souriront ; les autres y verront un motif d’espoir. Je me réjouis à l’idée de faire la connaissance du Pape François cette semaine, à l’occasion d’une audience privée qui devrait largement dépasser le cadre privé. Å

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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LE CL ASSEMENT FIFA Classement Équipe Évolution Points

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Espagne Allemagne Argentine Colombie Belgique Uruguay Suisse Pays-Bas Italie Angleterre

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1513 1311 1266 1178 1175 1164 1138 1136 1136 1080

Brésil Chili États-Unis Portugal Grèce Bosnie-Herzégovine Côte d’Ivoire Croatie Russie Ukraine France Équateur Ghana Mexique Suède Danemark République tchèque Serbie Roumanie Slovénie Costa Rica Algérie Nigeria Honduras Écosse Panamá Venezuela Arménie Pérou Turquie Mali Cap-Vert Hongrie Japon Pays de Galles Islande Norvège Tunisie Paraguay Iran Égypte Burkina Faso Autriche Monténégro Ouzbékistan République de Corée Australie Albanie Cameroun République d'Irlande Libye Afrique du Sud Finlande Sénégal Slovaquie Israël Zambie Guinée Pologne Jordanie Émirats arabes unis Bolivie Sierra Leone Cuba Togo Bulgarie Maroc

-3 4 0 -3 -3 2 2 -8 -4 6 4 -2 1 -3 -3 -3 5 15 2 -1 2 -4 3 6 28 -1 -1 17 -5 9 -3 2 -13 -2 8 8 -8 -1 -8 -1 -1 -1 -6 -27 2 2 -4 -13 2 -1 9 7 -7 2 -5 3 4 8 -4 3 11 -9 -1 10 2 -12 -3

1078 1051 1040 1036 983 925 917 901 874 871 870 862 860 854 850 824 783 778 767 752 744 741 724 720 715 702 692 687 686 670 668 662 636 634 634 633 632 632 613 613 610 598 596 584 582 569 564 563 554 550 540 540 538 530 528 515 513 512 503 502 496 496 493 492 488 487 478

Rang

mai 2013

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oct. 2013

1 -41 -83 -125 -167 -209 1ère place

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hausse du mois

République dominicaine Nouvelle-Zélande Haïti Trinité-et-Tobago Jamaïque Belarus Gabon Ouganda ARY Macédoine RD Congo Azerbaïdjan Salvador Irlande du Nord Congo Oman Angola Bénin Éthiopie Moldavie RP Chine Botswana Estonie Géorgie Arabie saoudite Zimbabwe Lituanie Irak Qatar Liberia RDP Corée République centrafricaine Koweït Niger Canada Guatemala Antigua-et-Barbuda Guyana Mozambique Tadjikistan Lettonie Kenya Guinée équatoriale St-Vincent-et-les-Grenadines Liban Burundi Bahreïn Malawi Turkménistan Nouvelle-Calédonie Luxembourg Namibie Rwanda Tanzanie Suriname Grenade Afghanistan Chypre Kazakhstan Soudan Philippines Sainte-Lucie Gambie Malte Syrie Lesotho Thaïlande Tahiti

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baisse du mois

9 -12 -2 4 -4 -3 -1 -4 -11 4 19 4 -4 1 4 -4 -4 -2 33 2 6 -11 -3 8 -1 9 2 3 8 6 -4 0 -8 -5 -12 -1 16 1 1 -2 0 -21 2 -1 3 -2 -2 0 -31 -1 -1 2 -2 4 -13 -1 0 -3 4 4 0 -3 2 2 6 -4 2

474 470 464 457 456 441 438 431 430 411 407 404 399 394 381 380 378 376 369 365 354 351 350 338 328 323 323 313 312 310 310 307 306 296 294 294 286 282 280 277 274 273 271 267 267 266 263 254 249 247 246 242 242 237 233 223 219 216 215 213 203 202 192 183 183 181 179

145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 162 162 165 166 167 168 169 170 171 171 173 173 175 176 177 178 178 180 181 182 183 183 185 186 186 188 189 190 191 192 193 193 195 196 197 198 199 200 201 202 202 204 204 206 207 207 207

Belize Palestine Saint-Kitts-et-Nevis Hong Kong Myanmar Kirghizistan Vietnam Mauritanie Nicaragua Inde Singapour Tchad Maldives Liechtenstein Porto Rico Malaisie Bermudes Indonésie São Tomé-et-Principe Bangladesh Népal Sri Lanka Laos Pakistan Dominique Curaçao Îles Salomon Guam Barbade Aruba Îles Féroé Chinese Taipei Yémen Samoa Maurice Madagascar Guinée-Bissau Vanuatu Swaziland Mongolie Fidji Samoa américaines Tonga Bahamas Montserrat Comores Îles Vierges américaines Îles Caïmans Brunei Timor oriental Érythrée Seychelles Papouasie-Nouvelle-Guinée Cambodge Îles Vierges britanniques Andorre Somalie Djibouti Îles Cook Soudan du Sud Macao Anguilla Bhoutan Saint-Marin Îles Turks-et-Caicos

0 3 -10 0 13 -6 2 -2 0 1 4 2 -5 -2 1 1 -4 8 1 4 -2 2 5 2 -2 4 -2 4 -22 -8 7 -1 -4 -1 -1 -1 -1 -1 3 2 2 2 2 3 4 3 -1 0 -11 -11 0 0 0 1 -2 0 0 1 1 1 -2 0 0 0 0

178 175 172 171 169 161 159 158 155 151 149 148 147 141 139 137 127 120 120 120 119 108 105 102 89 88 86 86 82 82 81 79 72 62 62 57 56 53 49 49 47 43 43 40 33 32 30 29 26 26 24 23 21 20 18 16 14 11 11 10 10 3 0 0 0

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First Love

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Lieu : Dehdadi, Afghanistan Date : Mardi 6 novembre 2012 Heure : 16h15

Qais Usyan/AFP

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HISTORIQUE

Gloire et déclin de la Hongrie

La fin d’une époque : le capitaine anglais Billy Wright (à d.) avance courageusement.

Il y a 60 ans, le 25 novembre 1953, les Hongrois de Ferenc Puskas donnaient à l’Angleterre une leçon de football moderne à Wembley (6:3). David Winner

A

ussi étonnant que cela puisse paraître, ce score et cette date suscitent toujours les sourires dans les deux pays. C’est le contexte de ce match qui lui vaut sa place dans la légende. Avant la rencontre, l’Angleterre ne s’est encore jamais inclinée chez elle face à une équipe étrangère. Quant à l’Aranycsapat (l’équipe dorée), elle se présente toute auréolée de son titre olympique et d’une série d’invincibilité longue de trois ans. En coulisses, le sélectionneur de la formation rouge cerise, Gusztáv Sebes, est sous pression. Les Staliniens, alors au pouvoir en Hongrie, voient cette formation comme un instrument de promotion du communisme. Le message est clair : la défaite ne fait pas partie des possibles.

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Ce qui est annoncé comme le “match du siècle” va se solder par une rencontre à sens unique qui n’est pas sans rappeler les batailles des guerres coloniales opposant des autochtones armés de lances à des troupes britanniques équipées de mitrailleuses Maxim. Chloroformée et aveuglée par des décennies d’hautaine isolation, l’Angleterre aligne un rigide dispositif en WM (une ligne de trois défenseurs, un carré magique au milieu et une ligne offensive à trois) datant des années 20. Supérieurs sur le plan technique, les Hongrois pratiquent un jeu de passes plein de fluidité qui représente l’avenir. Leur style inspirera le 4-2-4 du Brésil de Pelé, le football total des Pays-Bas et le tiki-taka du Barça et de l’Espagne d’aujourd’hui. Par cette après-midi brumeuse typiquement londonienne, c’est le troisième but des visiteurs qui fait la différence. Au bout d’une T H E F I FA W E E K LY

action à huit passes sur toute la longueur du terrain, Puskas mystifie le capitaine anglais Billy Wright d’un superbe râteau avant de conclure en pivot. Les Anglais ont été perturbés par le jeu en mouvement très élaboré des Hongrois, leurs permutations de postes et leur utilisation de ce que nous appellerions aujourd’hui un “neuf et demi”, en la personne de Nandor Hidegkuti. Impérial, cet avant-centre évoluant en deuxième rideau a signé un triplé magistral. Après le match retour à Budapest, remporté 7:1 par les locaux, l’Anglais Syd Owen déclarera qu’affronter la Hongrie revenait à “jouer contre des extraterrestres”. En Hongrie, le “6:3”, comme ce match a été baptisé, reste le plus grand moment du sport magyar, un fait d’armes que le pays ne se lasse pas de célébrer. Le phénomène Ferenc Puskas Considérée par certains experts comme la meilleure équipe de tous les temps, l’Aranycsapat comptait dans ses rangs des prodiges tels


HISTORIQUE

que Sandor Kocsis, Zoltan Czibor et Jozsef Bozsik. Mais la grande star de cette sélection n’était autre que son capitaine, son buteur le plus époustouflant, Ferenc Puskas. Après son exil, il écrira une deuxième carrière tout aussi remarquable avec le Real Madrid. Jusqu’à sa mort en 2006, il aura représenté le symbole de l’âge d’or du football hongrois. Les vendeurs de souvenirs de Budapest proposent des produits dérivés à son effigie et des répliques de maillots du Major Galopant. Le principal stade de la ville a été baptisé en son nom, tout comme le prix de la FIFA récompensant le plus beau but de l’année. Quels ont été les répercussions de ce fameux match de Wembley ? Dans un premier temps, l’Angleterre est restée sous le choc. Comme l’écrivait le chroniqueur footballistique Brian Glanville, cette défaite représentait “le grand tournant, le moment de vérité, la fin d’une illusion”. Quelle illusion ? Celle selon laquelle l’Angleterre restait la nation dominante du football. Avec le recul, il semble encore plus évident que la perte de ce prestige sportif a initié le déclin de la Grande-Bretagne en tant que grande puissance. À l’époque pourtant, les Anglais se satisfaisaient de leur place sur l’échiquier mondial et, au lieu de verser dans l’amertume, ils ont réagi à cette humiliation footballistique en exprimant leur affection et leur admiration pour les Hongrois. Après cette rencontre, l’une des premières grandes affiches suivies en masse par les téléspectateurs, la foule s’était pressée à la Victoria Station pour souhaiter bon voyage aux Magyars Magiques avant la première étape de leur trajet retour.

United Archives, EFE, Allsport, Keystone

L’exemple des Hongrois a conduit de nombreux joueurs et entraîneurs à se pencher plus sérieusement sur l’aspect tactique de leur sport. Arrière droit des Three Lions lors de cette rencontre, Alf Ramsey deviendra sélectionneur national et emmènera l’Angleterre au titre suprême en 1966. En revanche, peu d’initiatives ont été entreprises pour remédier aux lacunes techniques anglaises. Ainsi, un peu comme dans une version footballistique d’Un jour sans fin, les Sujets de sa Majesté ont souvent rejoué la tragédie de 1953, s’étonnant systématiquement de s’incliner face à de nombreuses sélections supérieures dans la maîtrise et la transmission du ballon. De leur côté, les Hongrois ont eu des traumatismes plus profonds à gérer. Certes, aucune performance n’allait surpasser cette victoire face aux Anglais, mais l’équipe était contrainte d’évoluer dans un contexte politique de plus en plus instable. C’est ainsi qu’en 1954, la défaite face à l’Allemagne de l’Ouest en finale de la Coupe du Monde a déclenché une vague de protestation dans les rues de Budapest.

L’écrivain Tibor Fischer, auteur de Sous le cul de la grenouille, roman dépeignant le sport hongrois sous le communisme avec une touche d’humour noir, explique : “1953, ce n’était pas qu’un simple match de football. La Hongrie était un État quasiment totalitaire, le système de répression stalinien n’avait jamais été aussi dur et le football était le seul exutoire qui offrait aux gens un tant soit peu de plaisir ou d’espoir. Lorsque l’équipe a perdu la finale de la Coupe du Monde (en 1954 à Berne contre la RFA), les gens à Budapest ne voulaient pas croire que le match s’était déroulé dans des conditions normales. Ils étaient absolument convaincus qu’il y avait eu un arrangement ou un marché”. Selon l’historien Árpád von Klimo, le régime s’est fourvoyé en considérant le football comme un outil de propagande et en pensant qu’il était possible de le contrôler. “Les gens n’avaient rien à mettre dans leur assiette, mais ils avaient cette glorieuse équipe de football. Lorsque cette équipe a perdu, les choses sont devenues complètement folles. Les gens disent que les émeutes après la finale ont marqué le début de la révolution de 1956 car pour la première fois, les gens n’avaient pas peur de la police secrète, le bras armé de la répression.” Deux ans plus tard, le peuple se dresse contre le soviétisme et lorsque ce soulèvement pour la liberté est écrasé par les chars, ce sont quelque 200 000 Hongrois, parmi lesquels la plupart des footballeurs, qui partent en exil. C’est le début du lent et inexorable déclin du football hongrois. Le pays occupe actuellement la 43ème place de la hiérarchie mondiale, juste derrière les îles du Cap-Vert. Le mois dernier, l’équipe nationale s’est inclinée 1:8 face aux PaysBas en éliminatoires pour la Coupe du Monde.

Après coup : le capitaine hongrois Ferenc Puskas (devant à gauche) laisse éclater sa joie.

L’évocation de ce mois de novembre 1953 suscite encore un immense plaisir chez les Hongrois, mais le déclin qui a suivi a teinté leurs souvenirs de tristesse. “Il faut savoir que le peuple hongrois est l’un des plus déprimés au monde, mais nous affectionnons aussi nos défaites. Le 6:3 rend la situation actuelle de la Hongrie plus difficile à accepter. Nous ne sommes pas comme les Îles Féroé, qui n’ont jamais été très performantes. Les gens regardent dans le rétroviseur, ils voient que nous avions la meilleure équipe du monde et que ce temps est révolu. Ce match est pour nous une source de grande fierté mais aussi de douleur”, résume Von Klimo. Å

Toujours en blanc : Ferenc Puskas à Madrid (1959). T H E F I FA W E E K LY

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THE SOUND OF FOOTBALL

L’ O B J E T

Perikles Monioudis Le Dr. Leo Francis Hoye est allé consulter les archives de la Fédération anglaise de football et il en est ressorti accompagné de… lui-même.

“Pelé, héros de la chanson”

Cette sensation étrange, il la connaissait déjà. Son père, le dessinateur Reg Hoye, avait donné les traits de son garçon de 12 ans à la peluche Willie, un lion docile vêtu d’un maillot aux couleurs du drapeau anglais, portant l’inscription “World Cup” et doté d’une crinière ébouriffée – ou de la coiffure des Beatles dans les années 60, selon le point de vue.

Hanspeter Kuenzler

Dans les années 1940, les supporters brésiliens sont également les premiers à introduire la danse, la musique et les costumes dans les stades et à transformer les tribunes en scènes de carnaval. Rien d’étonnant donc à ce que les musiciens du pays s’inspirent du football pour écrire leurs chansons. Le nombre d’hymnes dédiés au génie du ballon rond Edson Arantes do Nascimento, alias 36

Pelé, bat néanmoins tous les records. Parmi ces chansons, la plus belle s’intitule “O Nome do Rei é Pelé” et est signée Jorge Ben (depuis 1988 Jorge Ben Jor). Dans les années 1970, ce musicien révolutionne la musique brésilienne en inventant la “samba rock”, un style qui allie bossa nova jazzy et éléments rock, soul et funk. “O Nome Do Rei e Pelé” est un véritable monument de la chanson brésilienne à la mémoire du magicien du football. Avec autant de passion mais dans un style totalement différent, Jackson do Pandeiro rend lui aussi hommage aux talents d’“O Rei, Pelé”. Décédé en 1982, do Pandeiro est l’une des grandes figures du forró, une musique très populaire dans le nord-est du pays qui allie le swing de l’accordéon au rythme des percussions. S’inspirant à la fois de la bossa nova et des chanteurs américains,

l’hymne “Pelé” composé par Palavra Cantada et interprété par Araçatuba fait de son côté déferler une véritable vague de percussions (on trouve ce morceau sur la compilation Musica de Futebol sortie en 2003). Même la starlette germano-américaine Peggy March a tenu à saluer le géant brésilien. En choisissant de mettre le morceau “Pelé” sur la face B de son disque “The Beatles – John, Paul, George und Ringo” en 1972, elle capte à merveille l’air du temps. Mais attention, qui dit Pelé ne dit pas forcément joueur brésilien : l’album Boys for Pele de l’artiste américaine Tori Amos fait, lui, référence à la terrifiante déesse hawaïenne des volcans. Æ

Leo est toujours fasciné par “World Cup Willie”. À la recherche de son passé, le professeur, linguiste au Centennial College de l’université de Hong Kong, continue à suivre les traces laissées par la création de son père. Dans les archives de la FA, il a tenté de dénicher des documents qui seraient à l’origine de son portrait en lion et de ses déclinaisons ou retraceraient la vie de Willie. Leo s’est lancé dans la rédaction d’un mémoire intitulé World Cup Willie: The Story of a Mascot, A Game, An Era, sur lequel il travaille encore. La FIFA, elle, a eu la chance de pouvoir acheter aux enchères sur eBay un Willie original. Sur son étagère, la mascotte est aujourd’hui à la tête d’une longue lignée de descendants. Les as-tu déjà rencontrés, Leo ? Å

T H E F I FA W E E K LY

Photo: Gian Paul Lozza, Illustration: Sion Ap Tomos

Au Brésil, le football, la danse et la musique sont depuis longtemps indissociables. “J’étais bon danseur, ça m’a aidé pour jouer au football”, a déclaré un jour Domingos da Guia, l’homme qui, dans les années 1930 et 1940, a su organiser avec une élégance inégalée la défense brésilienne. “Ces dribbles courts que je fais en me déhanchant, c’est grâce à la samba que je les ai appris”.

À l’époque, le petit Leo avait posé pour la presse du monde entier aux côtés de la mascotte, créée pour incarner le visage de la Coupe du Monde 1966 en Angleterre et l’égayer. Willie était la toute première mascotte d’une Coupe du Monde et même d’un événement sportif en général. Le lion s’est retrouvé sur des tasses, des serviettes, des assiettes, des casquettes, des t-shirts… et a déclenché un réel engouement pour tous ces gadgets. Aujourd’hui, on parle de “vente de produits dérivés” et le commerce de souvenirs et de logos génère des chiffres d’affaires de plusieurs millions d’euros.


LE TOURNANT

“Ma renaissance dans une cabine téléphonique” Pendant sa carrière de joueur, le Néo-Zélandais Wynton Rufer (50) a fait les quatre cents coups en dehors des terrains… jusqu’à sa rencontre en 1986 avec un soldat de l’Armée du Salut dans les montagnes suisses.

E

Nom :

n novembre 1986, ma vie a changé en un instant au cours d’une conversation téléphonique avec ma future épouse, Lisa.

Wynton Rufer Nationalités : Nouvelle-Zélande/Suisse Date de naissance : 29 décembre 1962

Lisa et moi nous étions rencontrés un an plus tôt, par hasard. C’était dans un hôtel de Wellington, où je n’aurais pourtant pas dû séjourner. Mon club, le FC Zurich, m’avais en effet interdit de faire le voyage pour aller disputer le match de qualification pour la Coupe du Monde de mon pays natal contre l’Australie. Mais j’avais tellement à cœur de soutenir l’équipe de Nouvelle-Zélande que j’ai pris l’avion sans me soucier de l’amende (10 000 francs suisse).

Christian Schroedter/Imago

Lisa, 18 ans, était là, assise au bar de l’hôtel avec ses parents. Elle était aussi entourée par la moitié de l’équipe de Nouvelle-Zélande, ce qui ne me facilitait pas vraiment la tâche pour l’aborder. Lorsque son père est allé aux toilettes, je l’ai suivi et j’ai engagé la conversation avec lui. Je me suis montré humble, même si j’étais alors l’un des joueurs les plus connus de l’équipe. Manifestement, mon attitude lui a fait forte impression. Il m’a présenté Lisa, nous sommes ensuite tombés amoureux et quatorze mois plus tard, le 7 décembre 1986, nous avons décidé de nous marier. Tout allait pour le mieux, pourrait-on dire. J’avais 23 ans, un contrat professionnel en poche, je gagnais suffisamment d’argent et j’étais sur le point d’épouser la femme la plus merveilleuse du monde. Pourtant, je n’étais pas heureux. Il manquait quelque chose dans ma vie, mais je ne savais pas encore ce que c’était : faire connaissance avec Jésus-Christ. J’ai vécu ce moment en novembre 1986, alors que je faisais étape dans les montagnes suisses pendant mon service militaire. Notre supérieur nous a accordé, à mes camarades et à moi, une soirée libre et toute la compagnie,

Equipe de Nouvelle-Zélande : 23 sélections Principaux succès : · 174 matches avec le Werder Brême, 59 buts · Champion d’Allemagne en 1993 (Werder Brême) · Nommé “Footballeur océanien du siècle”

ravie, s’est dirigée vers l’unique restaurant du village. Comme les autres, je me réjouissais à l’idée de déguster de la bonne cuisine accompagnée d’un verre de vin. Mais la soirée ne s’est pas déroulée comme prévu. À ma table était assis un soldat de l’Armée du Salut, avec lequel j’ai rapidement commencé à discuter. Nous avons finalement eu une longue conversation, au cours de laquelle il m’a raconté l’histoire de Jésus et m’a parlé de la Bible et de la force de son amour pour le Christ. J’étais subjugué, exalté. J’ai quitté le restaurant et j’ai couru jusqu’à la cabine téléphonique la plus proche pour appeler Lisa. À peine la communication avait-elle été établie avec la Nouvelle-Zélande, où le jour venait juste de se lever, que j’ai été submergé par une intense crise de larmes. Pendant trois minutes, j’ai été incapable de prononcer un mot. Une expérience incroyable. C’était comme une renaissance. T H E F I FA W E E K LY

Du jour au lendemain, ma vie a changé. Je n’avais plus envie de mener en dehors des terrains de football la vie dissolue pour laquelle j’étais réputé. Finis, les soirées en boîte de nuit et les joints que je fumais occasionnellement. Ce jour de novembre 1986, j’ai découvert l’amour pour Jésus et j’étais comblé. Naturellement, c’est avec ma femme Lisa que j’ai emprunté cette nouvelle direction. Nous nous aimons aujourd’hui comme au premier jour et nous avons deux fils, qui sont maintenant adultes. Je suis toujours lié d’amitié avec le soldat de l’Armée du Salut depuis cette fameuse conversation dans les montagnes suisses. Å Propos recueillis par Alan Schweingruber

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. 37


With Visa you are always welcome in the country of football.

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COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Cette semaine, il est question de la salutaire intervention d’un chien et de deux capitaines allemands. C’est parti !

Site Internet : www.FIFA.com/TheWeekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Postfach, CH-8044 Zurich, Tél. : +41-(0)43-222 7777 Fax : +41-(0)43-222 7878

1

J’ai sauvé la Coupe du Monde ! En anglais, mon nom désigne quelque chose que vous pourriez trouver dans votre assiette :

Président : Joseph S. Blatter Secrétaire Général : Jérôme Valcke F

Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio

N

L

W

Rédacteur en chef : Thomas Renggli Conception artistique : Markus Nowak Rédaction : Perikles Monioudis (rédacteur en chef adjoint), Alan Schweingruber, Sarah Steiner

2

Collaborateurs réguliers : Jordí Punti (Barcelone), David Winner (Londres), Hanspeter Kuenzler (Londres), Roland Zorn (Francfort), Sven Goldmann (Berlin), Sérgio Xavier Filho (São Paulo), Luigi Garlando (Milan)

Quel stade a accueilli deux finales de la Coupe du Monde masculine ?

A  Olympiastadion

E  Stade de France

I  Estadio Azteca

O  Stadio Olimpico

Service photo : Peggy Knotz Production : Hans-Peter Frei (directeur), Richie Krönert, Philipp Mahrer, Marianne Crittin, Mirijam Ziegler, Peter Utz, Olivier Honauer

3

F  1998 N  1958

Correction : Nena Morf Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : Giovanni Marti, Honey Thaljieh, Dominik Petermann

En quelle année n’y a-t-il pas eu d’équipes désignées têtes de série pour le tirage au sort de la phase finale de la Coupe du Monde ? K  1978 T 1938

C’était une autre époque ! Quand deux équipes d’Allemagne ont-elles pour la première fois pris part aux qualifications pour le grand ­rendez-vous mondial ?

4

Secrétaire de rédaction : Loraine Mcdouall Traduction : Sportstranslations.com Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch Contact : feedback-TheWeekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “© The FIFA Weekly, 2013”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. Le logo FIFA est une marque déposée. Produit et imprimé en Suisse.

E

1953/54

K

1957/58

A

1961/62

X  1965/66

Solution de l’énigme de la semaine précédente : COLD (explications détaillées sur FIFA.com/theweekly). Inspiration et application !

Faites-nous parvenir vos réponses le 27 novembre 2013 au plus tard à feedback­TheWeekly@fifa.org. Les concurrents qui auront correctement répondu à toutes les questions jusqu’au 31 décembre 2013 participeront à un grand tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour assister au Gala FIFA Ballon d’Or 2013, qui aura lieu le 13 janvier 2014. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement de la compétition. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : fr.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf. T H E F I FA W E E K LY

39


DEM ANDE Z À L A F IFA !

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Une Coupe du Monde à 32 équipes est-elle suffisante ou faut-il selon vous élargir encore le plateau de la phase finale ?

Réponse de Thomas Renggli, rédacteur en chef : Comme la Grèce, la France peut revendiquer la “paternité” des Jeux Olympiques. En effet, le pédagogue français Pierre de Coubertin a redonné vie aux Jeux en 1896, à Athènes. Quatre ans plus tard, les deuxièmes Jeux Olympiques de l’ère moderne étaient organisés à Paris. Beaucoup de clubs sportifs ont ainsi souhaité rendre hommage à l’esprit olympique, comme l’Olympique de Marseille ou encore l’Olympique Lyonnais.

Envoyez vos réponses à : feedback-TheWeekly@fifa.org

R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E :

34+22+20177

Qui remportera le FIFA Ballon d’Or 2013 ?

7%

17%

34%

 CRISTIANO RONALDO  FRANCK RIBÉRY  ZLATAN IBRAHIMOVIĆ  LIONEL MESSI  AUTRES

20%

22%

The FIFA Weekly paraît tous les vendredis – en version papier et électronique (www.Fifa.com/TheWeekly). En plus de proposer des informations sur les plus grandes stars et les plus beaux buts, le magazine ouvre le jeu vers les lecteurs. Venez participer au débat sur le plus beau sport du monde. Envoyez vos réactions à : feedback-TheWeekly@fifa.org

Comme le nombre de

dernière victoire de

participations de la

l’Angleterre sur le

Bosnie-Herzégovine à la

Chili. Vendredi, les

Coupe du Monde. Grâce,

Three Lions ont mordu la

entre autres, au talent du

poussière (0:2) face aux

buteur Edin Dzeko (en

Sud-américains à

47

photo), la sélection balkanique

Londres. Ce revers a mis

échec dans la course à la

vivra une grande première l’été

fin à une série de dix

qualification pour Brésil 2014,

prochain. De son côté, le Brésil est la

matches sans défaite

l’attaquant suédois reste en

seule équipe à avoir pris part à chacune

pour l’équipe entraînée

bonne compagnie : Günter

des 19 éditions de l’épreuve suprême.

par Roy Hodgson.

Netzer chaussait comme lui.

0 60 GRANDE PREMIÈRE

UNE LONGUE AT T EN T E

ans nous séparent de la

40

LE NOUVE AU MAGA ZINE

PÉNICHES

C’est la pointure de Zlatan Ibrahimovic. Malgré son

T H E F I FA W E E K LY

Keystone; Imago, Getty Images

À quel événement l’Olympique de Marseille doit-il son nom ? Ulla Margareta Jansen, Vejbystrand (Suède)


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