Observatoire
Marin
Observer, agir et expliquer…
les meilleurs armes de l’Observatoire Marin au et des élus du littoral.
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L'Observatoire marin du Sivom du Littoral des Maures a participé durant trois ans au Programme SUSTAIN qui réunit douze structures de pays côtiers européens dont les actions sont des exemples en matière de gestion locale de préservation de leur environnement. L’aboutissement de ce programme européen en décembre 2012 nous a incités à vouloir vous dévoiler le rôle, les actions et… l’âme de l'équipe de l'Observatoire marin. Allons directement en discuter avec eux...
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L'observation jusqu'à la mise en œuvre de moyen aériens pour surveiller le mouillage des plaisanciers. À gauche, on note des ancrages dans les herbiers.
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© ULM Flying Safari - Phlippe LAVOCAT
in au service de la biodiversité…
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de la Mairie de Cavalaire-sur-Mer, dont Rémy Drouin, l’ancien directeur du port public de Cavalaire et l’actuel directeur du service Environnement. C’est particulièrement dans ces années-là que les préoccupations environnementales ont commencé à émerger d’autant que bon nombre de cavalairois partageaient le sentiment que la baie de Cavalaire avait des particularités écologiques à valoriser.
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Synthèse d’une table ronde animée et passionnée (et vos allez le sentir… dynamique !!!), d’autant qu’entre plongeurs, l’information est vécue comme ressentie et partagée. Bref, un bon moment... À l'initiative de qui et pourquoi a été créé l'Observatoire Marin du Sivom du Littoral des Maures ? Mes interlocuteurs : L’idée d’un Observatoire marin a germé en 1992 dans l’esprit des élus et responsables
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Ayant eu l’occasion de nous joindre à cette sympathique équipe sur différentes interventions, sur terre comme sous l’eau, nous nous retrouvons en salle de réunion à l’Observatoire marin en compagnie de Jean-Philippe Morin, Chef du service Observatoire marin, Bérangère Casalta, Chargée de mission Suivis Scientifiques et Référente du programme SUSTAIN et de Céline Koch, Chargée de communication
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Quelles ont été tout de suite les priorités ? Comme dans toute démarche de gestion du littoral, l’Observatoire marin a d’emblée procédé à la réalisation d’un diagnostic et défini les enjeux de ce territoire. Ce travail préalable a permis d’établir en 1996 un plan d’action validé nos principaux partenaires, c’est-à-dire l’Agence de l’Eau RM&C, la Région Provence-Alpes Côte d’Azur et le Conseil général du Var. Ce premier document de planification préconisait plusieurs mesures de gestion, dont les principales ont été l’étude des bassins versants, l’étude de l’érosion des plages, la création d’un SIG (système d’information géographique), la mise en place d’actions de sensibilisation, etc. Tous les cinq ans, ce document est mis à jour afin de s’assurer que les objectifs répondent toujours aux enjeux et spécificités locales. L’Observatoire marin en est aujourd’hui à son 4è plan d’action quinquennal (20112015).
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Aujourd'hui, vos principales actions semblent suivre trois axes de travail : l'Observation, la Gestion et la Sensibilisation. Que regroupe celui de l'Observation ? Celui de la Gestion ? Et celui de la Sensibilisation ? En effet, nos actions se déclinent sous ces trois axes qui résument bien notre logique de fonctionnement. L’observation est à l’origine de toutes nos autres actions. Elle permet de produire un diagnostic précis de l’état de santé du littoral et de hiérarchiser les pressions responsables des écarts au bon état écologique. À titre d’exemple, nous menons un suivi annuel de la posidonie (bio-indicatrice du bon état de santé global du milieu marin), l’analyse périodique de la qualité physico-chimique des sédiments marins ou encore la cartographie de zones dites patrimoniales. La sensibilisation de tous les citoyens au respect de l’environnement est une nécessité constante et aujourd’hui absolue, un domaine toujours en évolution dans lequel chacun, enfant ou adulte, habitant ou visiteur du littoral des Maures, peut toujours accroître sa connaissance, sa conscience et son engagement.
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Les communes voisines de La Croix Valmer, RayolCanadel-sur-Mer et Ramatuelle ont très rapidement intégré la démarche initiée par Cavalaire. Ces quatre communes se sont alors regroupées au sein du Sivom du littoral des Maures (syndicat intercommunal) : l’Observatoire marin était né.
de gauche à droite, Jean-Philippe Morin, Bérangère Casalta et Céline Koch, que personnellement je vois plus souvent en combi de plongée !!!
Programme européen Sustain, des savoir-faire partagés
Cette sensibilisation constitue donc un volet fondamental de la politique de développement durable engagée par les communes du Sivom du littoral des Maures. Lorsque la sensibilisation des différents usagers ne suffit pas à réduire certaines pressions sur les milieux, l’Observatoire marin propose la mise en place de mesures de gestion. Ainsi, nous avons dû procéder aux aménagements de sites de plongée, élaborer un plan de balisage, développer un système de gestion des eaux de baignade, par exemple et entre autres. Notre contribution se situe à deux niveaux, soit d’une part sur la gestion directe comme maître d’ouvrage, soit d’autre part dans le cadre d’une aide à la gestion comme assistant à maître d’ouvrage ou de conseil. Peut-on dire que globalement la vocation même de l'Observatoire Marin s'inscrit dans une optique de Gestion intégrée de la Zone Côtière ? Oui, tout a fait et cela à plusieurs titres. Tout d’abord, cela s’illustre par notre façon même de travailler en s’appuyant sur une observation, un constat, un témoignage, afin d’identifier les problématiques à résoudre. Nous n’élaborons pas de projets qui ne s’appuient sur une connaissance de base. Notre démarche est empirique mais également participative. Dès l’origine, un Comité d’orientation a été créé regroupant une centaine d’acteurs qui sont consultés tous les deux ans sur les orientations de la structure. De même, l’Observatoire marin s’est attaché à toujours communiquer sur ses projets.
Et pour finir, les fondateurs de l’Observatoire marin ont souhaité dès le départ une structure opérationnelle composée d’agents présents sur le terrain et qui sont pour la plupart plongeurs professionnels et pratiquants d’activités nautiques. Cette proximité avec l’ensemble des acteurs a permis d’établir des relations de confiance propices à la mise en place de projets concertés et pertinents. Comment se traduisent alors en pratique et dans la vie de tous les jours pour les différents acteurs locaux (élus et responsables, usagers, professionnels, etc.) les objectifs théoriques de la notion de GIZC ? Aujourd’hui, ce que l’on appelle la Gestion Intégrée de la Zone Côtière se traduit concrètement par la conduite de nombreuses opérations basées sur une concertation au niveau local. Parmi les plus récentes, nous pouvons citer le travail en cours sur un prochain cantonnement de pêche, l’aménagement de nombreux sites de plongée, l’élaboration d’un schéma d’aménagement de la baie de Cavalaire, ou encore la participation au schéma d’aménagement de la baie de Pampelonne pour sa partie maritime.
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Un pote mérou
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L'équipe de l'Observatoire s'associe également avec le Groupe d'Étude du Mérou (mission GEM)
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Les bateaux des clubs de plongée ne jettent plus l'ancre. Ils s'amarrent à cette bouée fixée écologiquement sur le fond
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Fréquentes plongées pour suivre l'évolution des herbiers de posidonies
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Prélèvement de sédiments pour une éventuelle détection de contaminants
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Jean-Philippe Morin se concentre sur son parcours d'observation sous marine
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Vos actions et votre engagement vous ont donc valu d'être retenu dans le cadre du Programme SUSTAIN. Comment cela s'est-il déroulé ? Le programme SUSTAIN évoqué précédemment est un programme européen qui a pour objectif de mutualiser les acquis de structures qui oeuvrent sur les problématiques littorales. “Sustain” est un mot anglais qui signifie “soutenable, durable” et qui fait directement référence à la notion de développement durable. Le coordinateur du projet, une association basée aux Pays-Bas, souhaitait faire collaborer des structures ap-
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partenant à différentes régions côtières au travers de l’Europe. Ils ont ainsi pris contact en 2008 avec l’Observatoire marin sur les conseils du Parc naturel régional de Camargue. Qu'implique le fait d'être l'un des 12 partenaires de SUSTAIN ? Peut-on parler d'échange de compétences et de connaissance ? Les programmes européens sont ambitieux, mais complexes car ils visent à travailler sur le dénominateur commun des partenaires recensés (en l’occurrence la gestion du littoral) tout en conservant les particularismes de chacun. Cette démarche devant permettre in fine à la plupart des territoires littoraux en Europe de s’y retrouver et d’adopter les mesures préconisées. Toute la difficulté consiste à faire “le grand écart” entre notre vision locale et opérationnelle et le besoin de créer un outil pertinent pour des territoires confrontés à des enjeux différents. C’est un peu un résumé de la difficulté des politiques européennes qui doivent donner un cadre commun à des acteurs qui ont des préoccupations parfois opposées. Mais comme le disait Marc Twain, ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.
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Quels outils proposez-vous aux communes pour leur permettre une meilleure gestion environnementale ? Aujourd’hui, le meilleur outil que nous ayons à leur proposer concerne notre expertise et notre connaissance du milieu marin. À travers ces atouts, les communes disposent des éléments nécessaires aux choix qui leur incombent en termes de politique du littoral. Notre rôle n’est pas de leur dire ce qu’elles ont à faire puisqu’elles demeurent bien entendu seules décisionnaires, mais simplement de leur donner tous les éléments dont elles ont besoin pour prendre les bonnes décisions.
Plongée de reconnaissance pour le suivi des populations de poissons
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Tous ces projets nécessitent de bien identifier les acteurs concernés, dont les usagers (pêcheurs, plongeurs, plagistes, etc.) mais aussi les élus locaux et les financeurs, pour pouvoir prendre des décisions unanimement consenties et d’autant plus efficaces. À une échelle géographique plus importante, nous avons participé à un programme européen destiné à améliorer les politiques de développement durable des territoires littoraux. Il s’agit du programme SUSTAIN qui a été mené de 2010 à fin 2012. Les douze partenaires (collectivités locales, instituts de recherche, associations) ont pu échanger pendant trois ans sur leurs bonnes pratiques en matière de gestion du littoral et se concerter pour l’élaboration d’un outil d’auto-évaluation et d’aide à la décision (ndlr : voir M&L précédent).
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Sera-t-il nécessaire d'élaborer un document type, un guide, qui pourrait faire référence en matière de Bonnes Pratiques pour les élus et responsables de l'Environnement littoral, au niveau local, national, ou même européen? Les douze séminaires qui se sont tenus dans chacun des pays partenaires pendant les trois ans du programme ont permis l’identification et le transfert de bonnes pratiques. Ainsi, plusieurs actions innovantes ou ingénieuses de l’Observatoire marin ont été transposées dans d’autres pays (et inversement). Par exemple, le Conseil régional de Down en Grande-Bretagne a créé un panneau d’information sur la dégradabilité des déchets en mer, en adaptant celui existant sur le littoral des Maures. Le partenaire portugais s’est, quant à lui, inspiré du travail effectué sur la gestion des eaux de baignade pour l’adapter aux 92 plages de sa zone de juridiction.
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Une espèce à combattre, la Caulerpa racemosa, également traquée par l'Observatoire marin
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La traque incessante anti caulerpe
Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour dire si SUSTAIN aura les répercussions au-delà des douze partenaires du programme, d’autant plus que c’est notre première participation à une démarche d’envergure européenne. Seul l’avenir nous le dira. Il va nous falloir élaborer un guide qui permettra aux autres territoires de s’approprier la démarche et les outils mis en œuvre. Seul petit regret à ce jour, nous nous rendons compte que dans ce type de programme le volet communication nous semble sous-estimé. C’est pourquoi, indépendamment du soutien financier de SUSTAIN, nous allons essayer en interne de donner aux outils en cours de finalisation une touche personnelle afin de faciliter leur transfert à d’autres structures.
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À combattre également, la Caulerpa taxifolia qui phagocyte les écosysèmes et notamment les herbiers de posidonies.
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Briefing sympathique avant la balade
© Observatoire marin - Florent BEAU
Sensibilisation aux plaisanciers lors des campagnes Ecogestes
Sensibilisation et invitation à la découverte de la faune et de la flore terrestre du littoral
Expliquer et sensibiliser sans relâche, avant et après une balade sous-marine
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Sensibilisation du jeune public
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Observatoire Présidente du Sivom du littoral des Maures, Maire de Cavalaire-sur-Mer, Conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur
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Annick NAPOLEON
en 1960, s'est nettement développée ces dernières années. Comment avez-vous pu garantir son développement sans impact sur l'environnement de votre littoral et de ses fonds marins si riches et diversifiés ? Cavalaire a connu une urbanisation très rapide, intense, puisque sur nos 1.664 hectares, où 900 sont classés, 800 ont été bâtis en seulement une cinquantaine d’années. Tenant absolument à préserver notre environnement naturel, je crois que nous sommes aujourd’hui arrivés au bout de notre développement urbanistique. Ce développement s’est accompagné cependant, durant la décennie 90, d’une volonté forte de maîtriser l’impact sur le milieu littoral et marin.
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Sous l’impulsion de personnes passionnés et engagés telles que Louis Foucher (Maire précédent) et Rémy Drouin (ancien capitaine du port et responsable de l’environnement), entre autres, l’Observatoire Marin a été créé. Devenu au fil des ans un outil incontournable d’observation, certes, mais aussi d’action et de sensibilisation en matière d’environnement littoral et marin, cet Observatoire nous a permis d’apporter des réponses efficaces en matière de gestion de l’environnement aussi bien terrestre que maritime et aussi, plus spécifiquement, portuaire. À noter le rôle moteur de Rémy Drouin qui a, par ailleurs, été également l’initiateur de la Démarche Ports Propres. Avec l’Observatoire marin, l’harmonisation entre le développement économique et une bonne gestion de l’environnement a été possible. Nous sommes semblet-il précurseurs en la matière, ce que vous avez déjà
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➤C avalaire-sur-Mer, un millier d’habitants
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© Observatoire marin - Florent BEAU
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avalaire sur Mer, commune tranquille d’environ 7.000 âmes, voit sa population “exploser ” l’été pour accueillir 65 à 70.000 personnes. Véritable “nœud gordien”, ce phénomène répétitif demande une gestion ultra précise basée sur des connaissance parfaite. Il se trouve que la présidence du Sivom du Littoral des Maures, et donc de l’Observatoire Marin, est actuellement assurée par Annick Napoléon, Maire de Cavalaire. Si un nœud gordien est littéralement “un problème inextricable, finalement résolu par une action brutale (trancher le nœud gordien), voyons comment la Ville et l’Observatoire Marin répondent en douceur à ce défi de la surfréquentation, ce que l’on appelle aussi la Charge territoriale”. Rencontre avec Annick Napoléon, Présidente du Sivom du littoral des Maures, Maire de Cavalaire-sur-Mer et Conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur.
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Marin souligné dans l’un de vos anciens numéros (ndlr : exact, voir par exemple nos sujets sur la première aire de carénage non-polluante du port de Cavalaire). Dans le domaine du dragage portuaire, par exemple, nous nous orientons du reste vers un procédé de nouvelles bactéries qui viendront s’attaquer aux pollutions organiques et qui par conséquent diminueront les sédiments contaminés, évitant ainsi de nombreux dragages.
Une borne à eaux usées. Un équipement pour un port...durable
➤L a fréquentation touristique de Cavalaire
ne risque-t-elle pas de trouver ses limites si rien n'est fait pour gérer la pression anthropique estivale ? Comment contenir et diriger cette "charge" territoriale ? Comme la plupart des communes balnéaires de Méditerranée, notre économie est essentiellement touristique et il ne faut bien entendu pas “tuer la poule aux œufs d’or”. Mais attention, l’attrait de notre ville demeure son environnement, notre plus bel atout. Je dirais que notre Tour Eiffel à nous, c’est justement notre environnement terrestre et marin. C’est pour cette raison que tous nos efforts se sont et sont encore tournés vers lui, vers sa protection et même vers sa connaissance. Mais il n’en demeure pas moins que nous ne voulons pas céder au “bétonnage facile”, à une urbanisation débridée pour accroître encore notre capacité d’accueil et engager une course folle au développement tous azimuts. L’Observatoire Marin a relevé le défi d’harmoniser depuis sa création notre développement avec l’équilibre fragile de la vie marine et littorale. Il serait absurde de dépasser les limites de ce que la nature accepte et la mettre en péril.
D’autant qu’il faut garder à l’esprit les prochains enjeux à relever en matière de manque possible d’eau potable, de réchauffement climatique et de montée du niveau des mers… Il est prévu, dans les années à venir, une augmentation de la population sur les littoraux. Dans le même temps, nous savons que la montée des océans et des mers réduiront le littoral (érosion, tempêtes, inondations, etc.). Il faudra alors de nouveau se pencher sur le problème d’un nouveau nœud gordien à résoudre… et s’adapter.
Tri sélectif, bac à huiles mais aussi la 1re aire de carénage non-polluante...
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Observation et aussi Gestion de la qualité eaux baignade
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➤L es outils d'observation et de contrôle dont
dispose l'Observatoire Marin peuvent également apporter des solutions sur la Charge territoriale. Comment utilisez-vous son expérience de "terrain" ? Parmi les multiples et indéniables compétences de l’Observatoire Marin, la surveillance, l’analyse, le contrôle, la sensibilisation, bref, la gestion totale de la pression anthropique est capitale. Chaque année, l’équipe dirigée par Jean-Philippe Morin nous fournit les résultats de leurs observations.
Elles portent sur la fréquentation et le respect des mouillages organisés, l’évolution de la qualité du milieu marin, les changements dus à divers évènements, les altérations de la qualité de l’eau en cas de concentrations de bactéries fécales des usagers des sites de baignade, et même sur la gestion des eaux pluviales afin de réduire toute source de pollution en amont vers l’aval. Tout ce travail mené par cette jeune équipe de scientifiques passionnés a réussi pleinement dans ses tâches et nous apporte toutes les réponses que nous attendions. Et puis, vous le signaliez dans votre précédente édition, ses compétences sont reconnues au niveau européen (Programme Sustain). Que de chemin parcouru en seulement quelques années par l’Observatoire Marin. On ne peut que les encourager à poursuivre leur mission qui, du reste, va s’étendre dans le cadre d’une future intercommunalité. Huit autres communes, dont cinq ayant une façade littorale, bénéficieront de l’expérience de l’Observatoire Marin. Et ceci bien sûr pour une qualité de vie dans un environnement préservé…
Les bateaux des clubs de plongée ne jettent plus l'ancre. Ils s'amarrent à cette bouée fixée écologiquement sur le fond
Port Cavalaire, limpide. J'y ai même vu 2 hippocampes !
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Roland BRUNO
Discussion avec le Vice-président du Sivom du littoral des Maures, Délégué à l’Observatoire marin, et Maire de Ramatuelle
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Ramatuelle, petit village paisible durant 300 jours par an et si effervescent pendant 65 jours d’été… Et là, la nature est en danger… Des milliers de touristes sur le littoral et en mer, des rivages piétinés à longueur de journée, des plages bondées et des petits fonds marins subissant toutes sortes d’altérations telles que des ancrages « au petit bonheur », des nuisances diverses et même parfois des dégazages de certaines grosses unités. Et pourtant, il faut assurer une qualité de vie et des eaux de baignade irréprochables, lutter contre les macrodéchets, gérer l’érosion du trait de côte et préserver les écosystèmes et les biotopes… L’Observatoire Marin veille, surveille… et gère cette pression.
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➤L es
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années 1993 et 1994 ont été marquées par la création de l’Observatoire Marin du Littoral des Maures pour apporter une aide précieuse en matière de gestion de l'environnement et de l'aménagement du territoire géré par le Sivom qui réunit 4 communes. Qu'attendiez-vous d'une telle structure à l'époque ?
La Ville de Ramatuelle a rejoint l’Observatoire Marin en 1998. Créée 4 ans auparavant, nous avons remarqué que cette structure répondait parfaitement à notre volonté de disposer d’un outil d’observation de notre environnement marin et littoral. Mais au-delà de cette vocation, l’Observatoire Marin s’est tout de suite révélé être aussi un outil d’actions, de gestion, et, très important également, un outil de sensibilisation.
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Baie de Pampelonne ➤ Il
apparaît que l'Observatoire Marin soit devenu aujourd'hui, au fil des années et de ses travaux, un "outil" incontournable. Dans quels cas précis les compétences et les connaissances de cet Observatoire ont été déterminants ?
Pour ce qui concerne plus précisément le littoral de Ramatuelle, l’Observatoire joue un rôle capital en matière de surveillance de l’équilibre des écosystèmes marins, et bien entendu, en matière d’évolution des espèces parasites, les Caulerpa taxifolia et racemosa, notamment, que l’on a découvert en baie de Pampelonne.
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Par exemple, sur Ramatuelle, certes, nous ne disposons pas de port de plaisance comme à Cavalaire-sur-Mer, et donc pas de problématique de gestion portuaire. Mais notre linéaire côtier, d’environ 16 km, est en soi, source de préoccupations car très fréquenté en saison estivale. Que pouvaient devenir nos écosystèmes si nous n’y prêtions pas attention ? Force est de constater que l’équipe dynamique de l’Observatoire Marin, constitué de jeunes scientifiques hyper compétents, plongeurs qualifiés, solides acteurs de terrain et très impliquée dans ses missions, à accompli un travail formidable. Et ceci est aujourd’hui reconnu au delà des limites de nos 4 communes (ndlr : et même européen, voir par ailleurs dans cet article).
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Après la tempête sur une plage de Ramatuelle
L’équipe mène des campagnes d’observations régulières tout au long de l’année pour suivre son évolution. Ensuite, grâce à l’Observatoire, nos 4 communes ont pu se doter de « réserves patrimoniales » aujourd’hui totalement vierges de toutes espèces invasives. Et, très important, si la qualité de nos fonds marins est intacte, la qualité des eaux de baignade doit l’être également, et pas seulement en raison de la Directive européenne qui nous l’impose, mais aussi et surtout car nous partons du principe que notre richesse sous-marine doit être offerte au plus grand nombre en toute sécurité. C’est le principe du « mieux connaître pour mieux protéger ». Là aussi, les observations fréquentes et régulières en matière de qualité des eaux de baignade nous ont permis d’obtenir le label spécifique « Qualité de eaux de baignades ». Du 15 juin au 15 septembre, un collaborateur de l’Observatoire effectue quotidiennement des prélèvements en différents endroits de nos communes et les analyses immédiatement. Ainsi, nous pouvons d’un moment à l'autre fermer une plage, puis, la ré-ouvrir quelques heures après lorsque de nouveaux prélèvements et analyses le permettent. C’est presque un contrôle en temps réel.
Mais au-delà de ces actions de surveillance, une base de données est établie, d’où peuvent être émises des statistiques et des éléments qui nous permettront même d’anticiper des situations et périodes dites « à risques ». D’où également les compétences de l’Observatoire en matière de lutte contre les pollutions dans le cadre du Plan InfraPolmar. L’évolution de notre trait de côte est également l’une de nos préoccupations et, dans ce domaine, effectivement, l’Observatoire intervient. D’autant que, sur le plan touristique et donc économique, nos plages doivent être préservées. ➤ Un mot à propos de Natura 2000 ? L’Observatoire Marin du Littoral des Maures s’est effectivement largement impliqué, en tant que maître d’oeuvre, dans la réalisation du document d’objectifs Natura 2000 de nos 3 caps (cap Lardier, cap Tayat et cap Camarat) sachant
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Grande plage de Pampelonne
Pas encore trop noir de monde avant la saison
➤ L’Observatoire
agit aussi pour la pêche, de quelle façon ?
En effet, il a été contacté par la prud’homie des pêches de Saint-Tropez pour la mise en place d’un cantonnement de pêche. À la demande des pêcheurs professionnels, l’Observatoire mettra donc ses compétences et son expérience de la vie marine à leur service pour optimiser et gérer la ressource locale. Nous aurons à ce moment-là l’occasion d’aborder un sujet qui vous tient à cœur chez Mer & Littoral : les récifs artificiels. L'été, c'est l'embouteillage et la foule
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les années à venir, quels seront selon vous les défis que l'Observatoire Marin devra relever ?
Indéniablement, les prochains défis seront liés au réchauffement climatique avec son cortège de bouleversements. On remarque que les tempêtes sont de plus en plus fréquentes, le niveau de la mer montera, les côtes seront attaquées, bref, tout ceci se fera sentir au niveau de la morphologie des côtes et des écosystèmes. Des actions seront à entreprendre sur le plan préventif, mais aussi sur le plan de l’adaptation. Rappelons-nous bien qu’il ne faut pas aller « contre » la nature, mais l’accompagner. Par exemple, la longue plage de Pampelonne, aujourd’hui espace naturel remarquable, qui héberge de nombreux établissements de plage sera menacée. Il faudra alors songer à déplacer plus en amont ceux qui seront le plus soumis aux risques naturels. C’est l’objectif du schéma d’aménagement élaboré par la commune qui doit concilier la protection de l’environnement (dunes et espèces protégées) et l’économie de plage. Puis, autre “point noir” à gérer : la surfréquentation sur l’eau. Nous dénombrons de plus en plus de bateaux de plaisance, de plus en plus gros, de plus en plus puissants, occasionnant différents types de pollution (rejets directs, pollution par hydrocarbures, mouillages non respectueux des herbiers bref, un phénomène qui devient un “cassetête” si l’on souhaite préserver notre littoral, aujourd’hui sous « Natura 2000 de la corniche varoise » et dont nous avons en charge la réalisation du document d’objectifs. Et ceci sans parler de la fréquentation touristique importante sur les plages ou encore sur le sentier du littoral. Tout ceci passe par des équipements adaptés, pas nécessairement en grand nombre, mais très spécifiques et efficaces. Mais quoiqu’il en soit, notre environnement est notre principale richesse pour nous tous, et pour le bonheur de nos enfants. Le juste équilibre doit être trouvé et c’est la mission que poursuit l’Observatoire Marin du Littoral des Maures. Un sans faute depuis sa création et je sais que son équipe sera à la hauteur des enjeux.
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Des biens menacés
➤ Dans
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qu’un tiers concerne la partie terrestre et 2 tiers la partie sous-marine. Des actions ont été définies et sont en cours de réalisations (signalétique sur le littoral, travaux d’aménagement, reconfiguration des biotopes, aménagement des sites de plongée par ancrages écologiques, zones de mouillages organisées et balisages écologiques délimitant la zone des 300 mètres, gestion des herbiers de posidonies, etc.). La zone initiale Natura 2000 qui se situait seulement au droit de nos communes s’étend aujourd’hui du Cap Nègre (Cavalière – Le Lavandou) jusqu’au Cap Saint Pierre à Saint-Tropez, avec une surface en mer d’environ 40.000 hectares.
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