PROTECTION DES FONDS MARINS
MACRODECHETS ET PROTECTION DES FONDS MARINS
MACRODECHETS La Ville de Cannes réagit !
Disons-le tout de suite, la Ville de Cannes est propre. Elle a prévenu tout le monde : " toute forme de pollution de la voie publique est sanctionnée par des amendes allant de 11 à 1 500 € ".Toutefois, les petits fonds marins, proches ou dans les zones de baignade étaient recouverts, comme tant d'autres communes côtières, de toutes sortes de macrodéchets, aussi hétéroclites que nombreux. Rencontre avec les acteurs concernés…
Ca bouge à Cannes sur le plan des macrodéchets. Depuis que la presse écrite et audio-visuelle à diffusé les photos et les vidéos d'un plongeur cannois décidé à nettoyer lui-même les fonds marins, le maire à réagi… vite…, et bien. Mais le problème était connu et les acteurs y travaillaient tout de même. Nous les avons quasiment tous rencontré …
Historique… Depuis 10 ans environ, un plongeur cannois, Laurent Lombard réalise non seulement des photos, mais aussi, des vidéos sous-marines des petits fonds cannois, notamment au droit des plus grands établissements hôteliers de Cannes, en zone de baignade. Il y a 5 ans, Mer & Littoral Magazine publiait un dossier d'une dizaine de pages dévoilant le triste état de la baie de Cannes. Du coup, peu avant la saison estivale, le nouveau maire, David Lisnard, a décidé de frapper fort et vite. Toute une série de mesures ont été prises pour juguler le problème dont une partie est issue du comportement "j'men foutiste" des concitoyens et des usa-
gers du littoral. Aujourd'hui, il est bien stipulé par voie d'affichage que "toute forme de pollution de la voie publique est sanctionnée par des amendes allant de 11 à 1 500 € et que la propreté de la ville est réglementée par l’arrêté municipal relatif à la propreté des voies publiques n° 10/485 du 19 mars 2010, ainsi que par l’article 1 de l’arrêté préfectoral du 22 mars 1972 sanctionnant le rejet en mer de toute substance !" Souvent oublié en vacances, le geste de tri doit obligatoirement se poursuivre sur le lieu de villégiature. Pour protéger son littoral et ses 8 kms de plages, la Ville a mis en place un dispositif de collecte sélective avec notamment 250 corbeilles de tri sélectif. Il est interdit de jeter papiers gras, canettes de boisson et autres déchets sur le sable ou dans l’eau. Des corbeilles sont installées sur les plages. Les mégots de ci-
garettes sont une nuisance durable. Il ne faut absolument pas les jeter ou les enterrer sous le sable car ils ne peuvent pas être ramassés mécaniquement ou manuellement. La mairie distribue aussi gratuitement des cendriers de poche (service Allô Mairie au 0810 021 022). Bref, çà bouge… LE CONSTAT ALARMANT… FILMÉ. 10 ans de photos et de vidéos et moultes alertes à la mairie ne servant à rien, Laurent Lombard décidé de publier ses vidéos sur internet peu avant l'été 2015. Discussion… M&L : Pourquoi avezvous décidé de réaliser une vidéo et des photos montrant les amoncellement de macrodéchets en baie de Cannes et de les publier ? L.L. D'habitude je prends des photos des fonds marins pour mon plaisir. Depuis plusieurs mois, constatant le développement de l'ampleur de la pollution par les macrocéchets envahissant les petits fonds marins de la baie, j'ai décidé de rendre public cet état de délabrement. Non seulement ces déchets ont totalement dévasté les écosystèmes marins, mais sont aussi une menace pour la sécurité des baigneurs qui peuvent se blesser vue leur taille et leur nature.
M&L : Quand avez-vous commencé à y sensibiliser son Maire et quand ont eu lieu les premières réactions de la Mairie ? L.L. : Je sensibilise la commune et l'ancien maire de Cannes depuis une dizaine d'années. Il faut reconnaître que j'étais '"l'empêcheur de tourner en rond" et que la Ville "avait d'autres chats à fouetter". L'environnement marin était la dernière des préoccupations de la commune puisque cela ne se voyait pas. Les premières réactions ont eu lieu il y a 5 ans et depuis un an c'est de plus en plus concret notamment avec un nettoyage régulier des fonds marins. En outre, l'équipe municipale s'est étoffée avec notamment l'arrivée de personnes particulièrement compétentes et passionnées.
M&L : Vos vidéos particulièrement éloquentes ont été reprises sur les plus grandes chaînes de télévision (FR3, BFM, etc.). La Ville de Cannes a donc très vite réagi en adoptant une série de mesures pour endiguer le problèmes des macrodéchets. Avez-vous des suggestions à faire aux équipes municipales afin de mieux gérer cette pollution ? L.L : Outre les mesures prises dont vous avez parlé plus haut en terme de sensibilisation et de répression ne serviront pas à grand chose si l'on empêche pas ces déchets d'arriver en mer. Il faut absolument traiter les vallons et les eaux pluviales par des nettoyages réguliers et par l'installation de systèmes de rétention et/ou de filtration. M&L : Pensez-vous vérifier régulièrement l'état de santé de la baie de Cannes, le communiquer et également visiter les petits fonds marins des communes limitrophes ?
L.L. : Bien évidemment je ne plonge plus sans ma caméra et je retourne régulièrement sur les zones que j'ai filmées. Depuis 2 ans j'ai aussi réalisé quelques prises de vues dans d'autres communes, comme à Théoule par exemple, et je vais maintenant tenter d'augmenter mon rayon d'action sur la Méditerranée. L'idée est de démontrer que le problème est global et que toutes les communes du littoral sont touchées. Bien entendu, il n'est pas question de faire de la "mauvaise publicité" aux villes côtières concernées, mais plutôt d'alerter leurs responsables sur ces pollutions sournoises qui très vite vont nuire à leur image et à leur équilibre environnemental littoral et marin… et à la sécurité des usagers... ><(((°<
Gérer les pollutions en amont L'une des sources principales du problème semble
donc décelée mais la Ville de Cannes ne reste pas inactive pour maîtriser ces pollutions, avec l’assistance technique du syndicat d’assainissement du bassin cannois (SIAUBC). Sa responsable, Laurence Estimbre, nous a avoué l'ampleur de la tâche et dévoilé les moyens d'action élaborés pour gérer ces pollutions. M&L : Outre les déchets marins provenant des incivilités et du "j'men foutisme" de certains concitoyens usagers du littoral et plaisanciers, une grande partie de macrodéchets en baie de Cannes proviennent des vallons. Avez vous travaillé sur ce sujet et comment ? Laurence Estimbre : La Ville de Cannes procède chaque année régulièrement au nettoyage des fonds marins et tout particulièrement avant chaque saison estivale. Ces campagnes de nettoyage permettent de collecter également les macrodéchets provenant de la terre et transportés jusqu’à la mer après un épisode pluvieux notable (déchets à terre /grilles/réseau d’eaux pluviales/vallons/mer). En outre, le SIAUBC, chargé de l’entretien des réseaux d’eaux pluviales fait procéder via son délégataire Suez (Lyonnaise des eaux) au curage des réseaux d’eaux pluviales et des grilles (ces dernières sont curées tous les quinze jours
au niveau des rues de forte fréquentation et deux fois par an sur le reste du périmètre, avant les saisons de pluies d’automne et du printemps). Durant toute la saison estivale, les vallons sont équipés de prises d’étiage qui interceptent tous les écoulements naturels des vallons (débit de temps sec) et renvoient ces flux pour traitement à la station d’épuration. Les prises d’étiage sont contrôlées tous les jours par le délégataire du SIAUBC et les macrodéchets sont collectés à cette occasion. La ville effectue également via le SIPLOP le nettoyage des macrodéchets flottants : toute l’année et 7 jours sur 7 durant la saison estivale, avec 3 bateaux « Mer propre ». M&L : Faut-il envisager de procéder à l'installation d'équipements supplémentaires pour retenir les macrodéchets comme c'est le cas sur d'autres communes du littoral national ? L.E. : En plus de ces actions curatives déployées sur terre et en mer, la Ville et le SIAUBC étudient des solutions techniques dans cadre de leur réflexion sur le plan vallons , et notamment pour retenir les macrodéchets.
Néanmoins, les systèmes type CycloneSep ne sont pas compatibles avec les débits de pointe des vallons cannois supérieurs à 1 m3/s (valeur maximale de la capacité de traitement du dispositif développé par la société hydroconcept). Une étude est en cours pour améliorer les dispositifs de piège à macrodéchets existants à l’exutoire des principaux vallons de la baie de Cannes. Des caméras vont être prochainement installées pour quantifier les gisements et la dynamique de transfert des macrodéchets. En outre, le déploiement de paniers à flottants au niveau des grilles est également une piste de réflexion afin de piéger les déchets à la source. Une étude de caractérisation des gisements des macrodéchets à l’échelle de la baie de Cannes va également être engagée par le SIGLE, animateur du contrat de baie. M&L : En constatant ce que l'on retrouve dans les caniveaux et à la sortie des exutoires, il s'agit de déchets délibérément abandonnés par incivisme, comment ne pas finir pas baisser les bras face à ces comportements de plus en plus nombreux ? L.E. : il s’agit de dépasser ce triste constat en sensibilisant l’ensemble de la société qui pour une grande part n’a pas conscience de ses actes. En réalité, tout déchet jeté à terre finit à la mer !
Or bon nombre de personnes pensent à tort que les grilles d’évacuation d’eau de pluie sont des bouches d’égouts (et donc les déchets seront ensuite traités à la station d’épuration … !) alors que ces grilles sont raccordées aux réseaux d’eaux pluviales eux-mêmes raccordés aux vallons et in fine à la mer. Une campagne de sensibilisation auprès du grand public est d'ores et déjà engagée par la Ville de Cannes et le Syndicat. Ne pas baisser les bras mais au contraire retrousser ses manches pour lutter contre l’incivisme et la pollution de nos villes littorales et donc de nos fonds marins sont les objectifs de la Ville pour préserver la qualité et la biodiversité du littoral au travers d' actions telles que : Préventive via la sensibilisation du plus grand nombre (objectif : partager la connaissance pour favoriser le changement des comportements) ; Répressive en sanctionnant les gestes délibérés (Objectif : lutter contre l’incivilité) et, Curative en poursuivant les actions déjà menées par la ville (objectif : améliorer les systèmes de collecte de macrodéchets existants). ><(((°<
« Le SIAUBC a engagé, en 2014, en partenariat avec la ville de Cannes une réflexion relative à l’entretien et la gestion des vallons pluviaux pour lutter contre les inondations et la pollution de la baie de Cannes. Dans ce cadre, les services du SIAUBC ont réalisé en 2014 un état des lieux de l’état des vallons et l’inventaire des propriétaires riverains en charge de leur entretien. En effet, près de 70 % du linéaire des vallons cannois font partie du domaine privé. Le SIAUBC, assure quant à lui, l’entretien via le délégataire des parties publiques et accessibles des vallons. Aussi, afin de garantir une gestion globale efficiente, le syndicat réalisera en 2015 une campagne de sensibilisation et d’informations auprès des riverains concernés. En parallèle de cette sensibilisation, un programme global pluriannuel d’actions préventives et curatives sera défini. Les réflexions engagées sur la gestion des vallons du territoire cannois seront étendues à l’ensemble du périmètre du syndicat. A ce titre, une commission dédiée réunissant l’ensemble des communes du territoire syndical a été créée en mars 2015 ».
SUEZ relève le défi Aussi fastidieux soit-il, le problème de gestion des macrodéchets dans les vallons n'est pas inextricable. Avec les collectivités locales, Suez œuvre directement sur le terrain. L'idée a donc été de rencontrer les représentants de l'activité Eau France de Suez (anciennement Lyonnaise des Eaux) en Côte d'Azur. Synthèse de nos discussions avec eux… M&L : Si bon nombre de macrodéchets en mer Méditerranée (secteur Côte d'Azur) proviennent de nos voisins italiens par le courant Ligure, ainsi que par quelques plaisanciers peu respectueux, une bonne partie d'entre eux proviennent aussi de l'amont (bassins versants, vallons, rivières, ruissellement, écoulements naturels, etc). A ce niveau particulier, quelle est la politique d'intervention de SUEZ et pour quels résultats ? "Nous aimerions rappeler avant tout que SUEZ environnement est un acteur clé de la préservation des océans, notamment en développant des solutions sur tous les continents permettant de préserver la ressource en eau, de recycler et de valoriser les déchets. Afin de renforcer cet engagement en ce qui concerne la problématique des macrodéchets en mer, SUEZ est partenaire de l'expédition 7ème continent. Pour lutter contre cette pollution par les macrodéchets provenant des terres, nous assurons l'entretien des vallons et des réseaux d'eau pluviale,
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mais aussi la récupération des déchets en mer. En Côte d'Azur, le SIAUBC (Syndicat Intercommunal d'Assainissement du Bassin Cannois) nous a confié, dans le cadre d'un contrat d'exploitation, la mission de récupérer les macrodéchets situés à l'intérieur des vallons, dans les parties publiques et accessibles.
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Il faut noter que la majorité des parcelles de ces vallons sont privées. Nous intervenons également, à la demande de la Ville de Cannes, pour nettoyer certaines zones "inaccessibles" telles que l'exutoire de la Foux situé sous le Palais des festivals.
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Par ailleurs, l'une de nos filiales, Marinov, dispose de moyens pour récupérer les déchets arrivés en mer. En baie de Cannes par exemple, le bateau Mer Propre récupère les déchets en surface à la demande de la ville.
M&L : Compte tenu des récentes dispositions prises par le Maire de Cannes afin d'inciter les cannois et estivants à un comportement plus écocitoyen, pensezvous qu'il soit également nécessaire d'améliorer le réseau des eaux pluviales ou de procéder à l'équipement de systèmes de retenu des déchets sur celui-ci ?
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Les déchets issus des feux d'artifice sont récupérés en surface par le bateau Mer Propre et au fond par des plongeurs".
"La sensibilisation des citoyens est essentielle et nous menons beaucoup d'actions en ce sens partout en France. Localement, nous avons participé à une enquête menée durant trois ans par le bureau d'études E3D environnement à la demande du SIAUBC pour déterminer l'impact de la sensibilisation sur les comportements : nous avons ainsi analysé et catégorisé les déchets trouvés dans les grilles d'eaux pluviales pour le périmètre concerné par l'étude. Nous sommes également partenaires de la campagne Inf'eau mer qui intervient, notamment sur les plages de Cannes, pour sensibiliser locaux et estivants à la préservation de la Méditerranée. Au-delà de la sensibilisation, il est nécessaire d'apporter des solutions techniques pour récupérer les déchets des vallons avant qu'ils n'atteignent la mer. Aujourd'hui, le curage du réseau et le nettoyage des grilles est effectué par secteurs définis et à une fréquence définie. L'augmentation de cette fréquence sur certaines zones ainsi qu'une réflexion sur le piégeage des déchets au niveau des vallons sont en cours de discussion avec la collectivité". ><(((°<
M&L : Plus précisément, sur le bassin cannois, quelle stratégie avez-vous mis en oeuvre afin de réguler ces apports de déchets et macrodéchets ? "Plusieurs stratégies sont mises en place sur le bassin cannois afin de réguler ces apports de déchets. Tout d'abord, nous réalisons une visite annuelle des vallons dans leur globalité. Par ailleurs, chaque jour, une visite du bas des vallons est réalisée avec un entretien quotidien des prises d'étiage de mai à octobre. Les prises d'étiage permettent, en cas de pollution des vallons, de rejeter les eaux polluées dans le réseau d'eaux usées en bord de mer pour les traiter en station d'épuration. Nos obligations contractuelles avec le SIAUBC nous demandent également d'assurer annuellement l'entretien de 25 000 avaloirs (ouvertures munies de grilles permettant l'évacuation des eaux de surface vers le réseau d'eaux pluviales) et nous en réalisons plus du double chaque année. Le sable au niveau des exutoires des vallons est évacué en cas de besoin afin de laisser le libre écoulement des eaux pluviales. Ces opérations nous ont permis, pour la seule année 2014, de récupérer 98 tonnes de produits de curage (sable et déchets divers) sur ce territoire".
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Marinov sécurise et nettoie les ports et les sites de baignade
Bien entendu, les zones portuaires ne sont pas épargnées par les macrodéchets. Même si les élus ont quasiment tous adhérés aux Opérations Ports Propres et ont élaboré une "foultitude" de moyens pour inciter les plaisanciers à être plus respectueux de l'environnement littoral et marin, Ce que l'on trouve encore au fond des ports est toujours aussi surprenant, hétéroclite, original, parfois drôle… et finalement désolant ! Pour ne parler que de Cannes, la municipalité a initié des opérations de nettoiement de la surface du plan d’eau et des fonds marins. Plus de 50 tonnes de déchets sont ainsi récupérées chaque année par des navires spéciaux pour récupérer les déchets en surface et l' hiver (d'octobre à février), la bande de O à 200 mètres devant La Croisette est entièrement nettoyée par des plongeurs mandatés par la Ville.
Une filiale spécialisée a été spécialement conçue par Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) afin de répondre aux critères de qualité des ports de plaisance et des lieux de baignade : Philippe Deléan directeur de Marinov Côte d'Azur, nous a expliqué que "Marinov a été créée pour répondre aux besoins des gestionnaires et des collectivités portuaires dans les domaines de l'environnement, de la qualité des eaux et des sédiments, de la compensation environnementale, du nettoyage des plans d'eau et de la lutte contre les pollutions marines de tous ordres (hydrocarbures, macrodéchets et même chimiques"). Puisque seules les équipes de techniciens municipaux ne peuvent pas assurer ces interventions qui demandent certaines compétences précises, l'idée a donc été de créer cette structure qui maintenant est constitués d'équipes spécialisées. Ces dernières sont donc opérationnelles sur l'ensemble de la Côte d'Azur, donc le bassin cannois. Sur ce point précis, et en terme de travaux maritimes spécialisés, Philippe Deléan a souligné le caractère professionnel de ces activités :
© : Suez
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"Les équipes de Marinov réagissent immédiatement en fonction des urgences ou s'organisent selon un programme planifié avec les collectivités locales en fonction de leurs besoins Quoiqu'il en soit, l'organisation de notre structure nous permet d'intervenir 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 puisque nous disposons de bateaux spécialisés et une équipe formés à la lutte contre tous les types de pollutions. En outre, et c'est très important au regard de la législation professionnelle en milieu hyperbare, nous avons renforcé nos équipe par les compétences de scaphandriers professionnels".
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Aujourd'hui, il n'est donc pas étonnant de croiser les équipes de Marinov sur le littoral azuréen comme par exemple sur Menton, Mandelieu, Théoule, Cannes bien sûr, entre autres…><(((°<
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Photos Terre-Mer, Isabelle Poitou
M&L : Les images tournées sot particulièrement éloquentes, voire franchement désolantes. Mais le Ville de Cannes n'est pas un cas isolé. Quelles autres villes du littoral méditerranéen sont également victimes du phénomène ?
MAUDITS MACRODÉCHETS ! RENCONTRE AVEC "LA" SPECIALISTE
Incontournable sur le sujet, LA spécialiste depuis des années de l'étude et de la lutte contre les macrodéchets nous apporte un éclairage net et précis sur le phénomène…Rencontre avec Isabelle POITOU. M&L : Les macrodéchets en baie de Cannes ont été très largement médiatisés sur les plus grandes chaînes de télévision. Faut-il en arriver là pour les communes touchées par cette pollution réagissent ? I.P. : En fait, elles réagissent déjà depuis que le problème des déchets sauvages synthétiques et persistants existent et que le tourisme balnéaire s’est développé. Mais les réponses actuelles semblent encore insuffisantes puisqu'elles ne répondent pas aux causes de cette pollution que l'on constate au regard des amoncellement de déchets sur les fonds marins et de ceux qui viennent s’échouer sur les plages. Alors, oui, ces vidéos permettent de montrer qu’il faut encore faire des efforts et mieux comprendre les sources de ces déchets en mer pour agir efficacement à leurs sources.
I.P. : Toutes les communes littorales sont victimes des déchets abandonnés en dehors des poubelles. Les quantités de déchets qui pénètrent dans leurs eaux vont dépendre des courants marins et des flux d’eau de ruissellement avec les déchets qu’elles transportent via le bassin versant. Les quantités de déchets en mer sont proportionnelles à la qualité de la gestion des déchets à terre. Les pays de la rives sud sont particulièrement touchés par cette pollution. Lorsque l’on voit que les côtes françaises sont autant impactées alors que nous sommes censés avoir développés une gestion durable de nos déchets et des eaux de ruissellement, imaginez ce qui se passe dans les pays où les systèmes de traitement ne sont pas encore mis en place.
pour que les communes littorales n’aient pas à supporter seules, le coût du traitement de ces déchets qui arrivent sur leur plages ou sur les fonds devant leurs côtes. Une sortie d'eau pluviale… Quel système peut les stopper ?
M&L : Par ordre d'importance, d'où proviennent ces macrodéchets qui s'amoncellent au droit des communes côtières ? La principale origine des déchets en mer est terrestre. En fait, toutes les communes de France sont en quelques sortes des communes littorales. Si vous regardez une carte des bassins versants français, 6 grands bassins hydrographiques concentrent les eaux vers nos façades maritimes. Tous les déchets jetés en dehors des poubelles vont suivre le parcours des eaux de ruissellement. La taille et la quantité des objets va dépendre du débit des eaux. Lors de fortes pluies, les quantités de déchets transportées augmentent. Les eaux vont se charger en déchets depuis le point le plus haut du bassin versant, tout au long de son cheminement pour aboutir dans le récepteur final, la mer ou l’océan.
Les communes littorales vont ensuite recevoir les déchets présents en mer qui sont transportés par les courants et les vents vers leurs côtes, mais aussi les déchets provenant des activités menées en mer. Il ne faut pas négliger toute la part de déchets produites par les activités de plaisance, de tourisme balnéaire, de croisière et le transport commercial de personnes et de marchandises. De nombreux déchets passent encore par-dessus bord malgré les campagnes de sensibilisation et la réglementation qui s’est renforcée à ce sujet à bord des navires. Une partie des déchets présents sur les côtes provient des activités balnéaires. Les touristes qui fréquentent les zones de baignades en saison estivale, consomment sur place et amènent donc avec eux leur lot de déchets qu’il s‘agit de traiter. Les communes doivent alors adapter les équipements, les fréquences des collectes et les nettoyages des espaces publiques à ces flux importants de déchets. ><(((°<
Conséquences d'une forte pluie
Les collectivités territoriales, sont les premiers remparts contre cette pollution en mettant en place des programmes de gestion concertée des macrodéchets. La solidarité terre/mer entre commune voudrait que toutes fassent un effort tout au long du bassin versant
PEUT-ON RETENIR LES MACRODÉCHETS ET DANS QUELS CAS ? En attendant que tous les citoyens fassent preuve de civisme ou aient pris conscience de ne pas jeter les détritus n'importe où car ces derniers ne sont pas tous dirigés vers les centres de traitement, il fallait bien trouver une solution.
Le Cyclonesep est donc un appareil versatile qui prend en compte l'hétérogénéité de la pollution pluviale.
Localement et dans certains cas, la solution a été trouvée il y a quelques années et fait toujours ses preuves pour certaines villes. La société HYDROCONCEPT a conçu et développé un système, le CycloneSep, que nous avons vu à l'œuvre après l'avoir découvert à Pollutec. Nous allons parler Technique avec Antoine Morin, le Directeur de la Société Hydroconcept. M&L : Vous avez développé un système destiné à retenir les macrodéchets qui circulent dans les réseaux d'eaux pluviales des collectivités locales , ce qui intéresse d'autant plus celles du littoral qui souhaitent mieux gérer leurs rejets en mer. Quel est ce système et comment fonctionne-t-il ? A.M. : Le système CycloneSep est un séparateur cyclonique qui utilise tout simplement le principe de la séparation tangentielle le long d'une grille. Ce principe consiste à diriger l'effluent que l'on veut traiter tangentiellement à une grille dont les orifices sont masqués par des petites lames un peu comme des écailles. Les ouvertures de la grille sont ainsi protégées. En pratique, on crée une retenue d'eau par un orifice calibré et on dirige l'eau dans un cuve cylindrique afin de créer un mouvement tourbillonnaire autour d'une cage recouverte de la grille. Le phénomène physique qui se produit dans la cuve, est analogue à celui que l'on observe quand on rempli un seau avec un jet d'eau que l'on dirige tangentiellement. Le volume du seau entre en rotation même avec un petit jet d'eau. Ainsi les effluents et les déchets qu'ils transportent circulent le long d'une grille sans la boucher. Les macro-déchets s'accumulent devant la grille et les objets les plus denses ainsi que les sédiments finissent par décanter au fond de l'appareil.
M&L : Quelles villes s'en sont déjà dotées et quelles volumes de macro-déchets ont-elles comptabilisé ? A.M. : Nous pouvons citer Deauville et Trouville-surMer, La ville de Camier, d'Etampes, la Communauté d'Orléans. Le Grand Lyon, par exemple, est en train d'installer un appareil pour traiter les eaux de ruissellement de la ZAC de la Confluence à Lyon. D'autres collectivités ont manifesté leur intérêt pour notre système et nous sommes pour certaines d'entre-elles en phase d'étude. Pour des unités pouvant traiter 200 litres/s au fil de l'eau et de 20 m3 de capacité, le volume de boues collectées peut atteindre 5 m3 (la boue collectée contient de nombreux macro-déchets). Le volume de macro-déchets présents en surface est variable selon la saison. Il peut atteindre 0.3 m3. Le coût d'exploitation annuel est d'environ 2500 €. Pour des unités pouvant traiter 500 litres/s au fil de l'eau et de 40 m3 de capacité, le volume de boues collectées peut atteindre 11 m3 (idem : la boue collectée contient de nombreux macro-déchets). Le volume de macro-déchets présents en surface est également variable selon la saison. Il peut atteindre 1 m3. Le coût d'exploitation est doublé : 5000€. La fréquence d'exploitation est généralement bisannuelle : en fin d'automne, et vers fin mai, avant la belle saison.
M&L : Dans quelles conditions peut-on installer ce système et dans quel cas est-ce impossible ? A.M. : Deux conditions sont requises pour installer un Cyclonesep : il faut bien sûr une emprise disponible et accessible par la suite pour les interventions de curage. Il faut aussi que le réseau amont supporte la mise en charge (élévation du niveau de l'eau) qui est nécessaire pour donner de la vitesse à l'eau lors de son entrée dans l'appareil. ><(((°<
Enseignants chercheurs, et industriels devant le pilote du Cyclonesep à l'IMFS de Strasbourg
Le CyclonSep, réalisé en éléments préfabriqués, peut bien entendu être configuré, adapté pour des débits peu importants comme pour de très gros débits de plusieurs mètres-cube/seconde.
ANTIPOLLUTION LITTORALE Le G I P M sur tous les fronts
Comme l'avait très justement exprimé un ancien Président lors d'une visite en Bretagne (Jacques Chirac lors d'un passage dans les bureaux du Cedre à Brest), "les macrodéchets sont aussi des pollutions accidentelles". Ces pollutions ont donc rejoint la liste des produits néfastes pour l'environnement littoral et marin comme les hydrocarbures et les produits chimiques et autres métaux lourds.
La lutte… ça s'organise ! Bien entendu, on ne peut que remercier tous les bénévoles qui interviennent sur les plages lorsque surgit une catastrophe, notamment une marée noire. Cela dit, ils s'exposent à des risques sanitaires et peuvent parfois amplifier l'impact de ces pollutions par de mauvaises manœuvres par exemple. D'où l'idée de créer une structure spécialisée dans le domaine de la dépollution, notamment celles qui touchent les milieux aquatiques (mer et eau douce).
Sur les rives de la Méditerranée, le GIPM connait bien le phénomène des marodéchets ainsi que celui des dégazages sauvages et la surveillance. Et es compétences intéressent d'autres pays.. Il fallait que l'on rencontre Philippe Deléan… M&L : Le groupement d'intervention contre les pollutions marines (GIPM), créé en 2008, dispose aujourd'hui d'une présence internationale. Quelles sont ses principales missions ? Ph.D. : Le GIPM fédère plus de 30 sociétés dans le monde pour la lutte contre les pollutions, dispose d'un agrément CDIF pour former les personnels des ports et collectivités. Une commission "ETE" (Étude Technique Événements) composée d'ingénieurs pour valider toutes les innovations dans le domaine maritime et portuaire a également été conçue.
C'est donc fait depuis près de 8 ans avec le Groupement d’Intervention sur les Pollutions Marines (GIPM) que préside depuis sa création Philippe Deléan. Le GIPM est spécialisé dans les moyens de formation et d'action dans les domaines des pollutions en mer, en lacs et en rivières et plus globalement pour la protection de l’environnement maritime. Il participe aux projets maritimes, élabore des plans infra-POLMAR en mutualisant les compétences de sociétés spécialisées dans la dépollution, aux services des collectivités et fédère les compétences des ses adhérents en cas de besoin d’intervention et de lutte contre les pollutions.
Le périmètre d’intervention du GIPM ne se cantonne pas à la France puisqu'il œuvre dans de nombreux pays. Les formations à la lutte contre les pollutions en milieu aquatique (mer, lacs, rivières) sont menées sous les directives du CEDRE en collaboration avec des agents des collectivités, chambre de commerce, ports, et entreprises partenaires du GIPM.
Des activités diversifiées et des actions multiples Qu'il s'agisse de lutte contre les hydrocarbures, de ramassage des déchets flottants dans les ports, de sécurisation ou le renflouement d'un navire échoué, de nettoyer les fonds marins, etc, les équipes du GIPM peuvent intervenir 24h/24 et 365 jours par an. Pour l’entretien plus spécifique des zones de baignade, les équipes de Rivages Pro Tech interviennent à la demande sur les plages après les spectacles pyrotechniques, nettoient les plans d’eau de nuit, posent des barrages anti-méduses ou encore tentent de débarrasser les petits fonds de macrodéchets. Bref, autant de compétences qui peuvent même aller jusqu'à la gestion des plages.
ties en statistiques. Ces données concernent par exemple les pluies, les vents, l’ensoleillement, l’amplitude des marées, le niveau de la mer,, son fonctionnement, et ceci aussi bien pour les cours d’eau, plages intérieures (vannes, by-pass, débits des cours, etc.).
M&L. : Qu'est-ce que l'Offre Plage du GIM ? Ph.D. : En ce qui concerne l’Offre Plages du groupement, l’idée est de disposer d’une aide à la décision rapide en étant informé immédiatement, en cas de risque, pour fermer les plages à bon escient et pouvoir les ré-ouvrir le plus rapidement possible sans danger pour les usagers. Ceci concours à optimiser le classement des plages en fonction de la nouvelle directive européenne. La réalisation de profils de plage est aussi proposée et représente d’une part un plan d’amélioration continu de la qualité des eaux de baignade et d’autre part une stratégie optimisée de surveillance. Ainsi l’on analyse les risques selon une méthode dite des « 5 M » : - Milieu : apport de pollution microbiologique via un cours d’eau, - Matière : utilisation de produits polluants, - Matériel : problème de vétusté du réseau d’assainissement….,
Et pour les interventions en eaux douces, le groupement à développé une méthode de dévasage de plans d’eau, des ports, des étangs, des écluses et de désensablage d’embouchures de ports. Il a du reste mis au point une barge spécifique pour les macrodévasages M&L : Si l'on devait donner UN chiffre résumant l'activité du GIPM quel serait-il ?
2.700 ! Aujourd'hui, nous totalisons 2.700 missions, et, pour ne parler que de lutte antipollution par hydrocarbures, nous en sommes à plus de 500 tonnes collectées avec une présence dans 20 pays différents. Et par ailleurs, le GIPM a été évalué par l’université de Nice pendant 1 an et demi au travers d’un « Master Pro Environnement » et a gagné le trophée mondial innovation Suez environnement 2010. ><(((°<
- Méthode : mauvaise utilisation du matériel entraînant une pollution, par exemple, rinçage de machines de chantier à proximité de la zone de baignade, elle en générale couplée à la main d’œuvre, - Main d’œuvre : mauvais comportement, par exemple personne ne ramassant pas les déjections fécales de son animal en le promenant sur la plage… Pour réaliser un profil de plage, des données recueillies, exploitées et stockées sont analysées et conver-
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