Hors-série Léonard de Vinci

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Commission paritaire 0411C83022-ISSN0182-582

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■hors-série - Léonard de Vinci

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Léonard

de

LES DERNIERS SECRETS

Vinci


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Editorial

© BLANDINE TOP.

par Michel De Jaeghere

De son vivant, on le comparait déjà à Aristote et Pythagore. Sur la fresque de L’Ecole d’Athènes, au Vatican, Raphaël avait donné ses traits à Platon. François Ier proclamait qu’« aucun homme ne vint au monde qui en sût autant que lui, non seulement en peinture, en sculpture, en architecture, mais en philosophie ». Vasari, qui lui consacra l’une de ces Vies qui égalaient les grands artistes de son siècle aux héros de Plutarque, écrit qu’il « réunissait à une beauté physique au-dessus de tout éloge une grâce infinie dans tous ses actes ». «Quant à son talent, poursuit-il, il était tel que n’importe quelle difficulté se présentant dans son esprit, il la résolvait sans effort. Chez lui, la dextérité s’alliait à une force très grande; chez lui, l’esprit et le courage avaient quelque chose de royal et de magnanime.» Dès l’atelier de Verrocchio,il avait subjugué son maître par la finesse et la précision de son dessin. Sa conversation était agréable ; il en remontrait en mathématique aux plus savants ; il jouait de la lyre, chantait « divinement ». La postérité n’a pas démenti l’émerveillement de ces premiers témoins. Elle a fait de Léonard de Vinci un mythe. A l’auteur génial d’une Cène saisie sur le vif, où le miracle eucharistique se produit au cœur du brouhaha d’une dispute de préséance entre des apôtres trop soucieux de savoir quelle place leur réserverait le Maître dans le Royaume pour comprendre qu’il leur était donné d’assister au mystère de la Rédemption,à l’énigmatique portraitiste de La Belle Ferronnière, de La Joconde et de La Dame à l’hermine, au dessinateur inspiré de La Bataille d’Anghiari, de l’Adoration des Mages, de Saint Jérôme, s’est superposée l’image d’un homme omniscient, surhumain, qui aurait surplombé la Renaissance elle-même par l’universalité de ses connaissances en anatomie comme en balistique,en zoologie comme en architecture,en géologie,en médecine. La cristallisation de la légende remonte à la Révolution française.C’est alors qu’avaient été découvertes, à l’occasion du pillage des œuvres d’art de l’Italie par Bonaparte, les quelque sept mille pages de ses manuscrits, qui dormaient, depuis le XVIIe siècle, à Milan, dans les collections de la bibliothèque Ambrosienne. Il y traitait de la géophysique et du vol des oiseaux, des proportions du corps humain et des lois de la botanique, d’architecture civile et militaire; tâtait de l’hydrographie,de la paléontologie,des mathématiques,de l’astronomie et de la viticulture; imaginait des armes de siège et des machines volantes;dessinait des cartes géographiques et des costumes de scène. Tentait de définir «ce qu’est l’éternuement», «ce qu’est le bâillement». Décryptait le mouvement de la langue du pivert. A l’orée du triomphe du positivisme et de la révolution industrielle,il apparut, selon les mots de Carlo Vecce, comme « un précurseur, un prophète de l’extraordinaire progrès technologique ;on entrevoyait dans ses croquis la prémonition des machines de la civilisation moderne : la propulsion à vapeur, le train et l’automobile, le sousmarin, l’aéroplane et même la bicyclette ». Nul génie ne fut pourtant plus déroutant que le sien. Ce dessinateur sans pareil, ce peintre novateur, à qui l’on attribue le mérite d’avoir renouvelé l’art du portrait, introduit dans la peinture une dynamique inconnue de ses devanciers,fait jouer comme personne l’ombre avec la lumière et dissout les contours de ses figures dans une brume

imperceptible,un voile transparent qui les nimbe d’un incomparable mystère, n’a laissé achevées qu’un nombre d’œuvres peintes qu’on pourrait presque compter sur les doigts de deux mains. Une Annonciation florentine, quelques Vierges à l’Enfant, une Cène que ses procédés ont réduite au délabrement,quatre ou cinq portraits de ses contemporains, deux Vierges aux rochers, une Sainte Anne et la Vierge… Rien qui soit comparable à la profusion des œuvres léguées par Raphaël, Titien ou Michel-Ange. « En toute chose où il appliqua sa pensée, dit encore Vasari, il montra tant de divinité dans ses œuvres qu’il n’eut pas d’égal pour leur donner vivacité, bonté, grâce et beauté. » Mais « cette grande intelligence de l’art fut précisément cause que Léonard, qui commença beaucoup de choses, n’en finit aucune. Il lui semblait que sa main ne pourrait jamais atteindre la perfection de l’art, qu’il voyait dans ses œuvres par la pensée, d’autant plus que son imagination créait des difficultés extrêmes et des finesses merveilleuses, que ses mains, tant habiles qu’elles fussent, n’auraient jamais pu exprimer. » Il fut, incontestablement, l’homme le plus curieux de l’histoire universelle. Ses écrits, note Kenneth Clark dans la pénétrante biographie qu’il a consacrée au maître,«forment l’un des témoignages les plus considérables que nous ayons sur l’activité cérébrale d’un être». C’est en vain qu’on y chercherait pourtant l’expression d’un enthousiasme prométhéen. On y trouve bien plutôt le témoignage d’une inlassable observation du monde physique, une recherche inquiète, incertaine, et pour finir insatisfaite, de tout ce qui pourrait permettre de subjuguer la nature pour la mettre au service de l’homme. Là est sans doute la clé du mystère, le dernier secret que nous livre Léonard, ce qui nous donne à croire qu’il fut, plus qu’un artiste, un passeur inspiré, un déchiffreur d’énigmes. On a trop accoutumé de décrire la Renaissance sous les seules couleurs d’une période de ferveur créatrice et de renouvellement.Elle le fut au prix d’un trouble profond, d’une commotion intellectuelle. On avait ébranlé les anciennes croyances,remis en question les vénérables traditions.Des aventuriers avaient usurpé le trône des princes. Des mondes nouveaux apparaissaient au loin. L’homme avait pris la place qu’on avait, jusqu’alors, réservée à Dieu, au sommet de la création. Au fil de ses lectures, de ses recherches, Léonard avait dû constater son impuissance à maîtriser les forces aveugles qui meuvent l’univers. C’est peut-être pourquoi ses derniers tableaux baignent dans un demi-jour, une lumière d’automne : comme s’ils avaient fini par devenir l’expression d’une angoisse existentielle. Ses décors ont perdu la grâce florentine de ses premiers jardins. Ils sont animés par des éléments – rochers, glaciers, torrents – qui défient la raison. Ses personnages montrent du doigt des puissances qui échappent à notre vision. Leur sourire contenu témoigne d’une délectation dont nous ne connaissons pas les ressorts.Leur regard est voilé d’une mélancolie qui les défend de toute exaltation. Ils sont autant de symboles du mystère indéchiffrable qui fait de l’homme le centre du cosmos en même temps qu’il le condamne à la condition d’un fétu de paille ballotté par une violence obscure dont il n’est pas le maître. Le dessin de L’Homme de Vitruve ne célèbre le triomphe de l’humanisme moderne qu’au prix d’un singulier contresens.La leçon de Léonard est tout autre. C’est le cri silencieux d’une âme désespérée par le caractère tragique de sa condition, l’impasse où nous conduit le désenchantement du monde.

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Société du Figaro Siège social 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Président Serge Dassault. Directeur Général, Directeur de la publication Francis Morel. Directeur des Hors-Séries Michel De Jaeghere. Rédacteur en chef adjoint Vincent Tremolet de Villers. Chef de studio Françoise Grandclaude. Secrétariat de rédaction Caroline Lécharny-Maratray. Enquêtes, reportages Isabelle Schmitz. Iconographie Carole Brochart. Editeur Lionel Rabiet. Chef de produit Emilie Bagault Directeur de la production Bertrand de Perthuis. Chef de fabrication Philippe Jauneau. Fabrication Odile Colas. Communication Olivia Hesse. Relations presse Marie Müller. LE FIGARO Hors-Série Hors-Série du Figaro. Commission paritaire : N° 0411C83022 ISSN : 0182-582. Edité par la Société du Figaro. Rédaction 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Tél. 01 57 08 50 00. Régie publicitaire Figaro Médias. Président-directeur général Pierre Conte. 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Tél. : 01 56 52 26 26. Photogravure Digamma. Imprimé par la Roto France. Novembre 2010.

SOMMAIRE ARRÊT SUR IMAGES

Gros plan sur quelques-uns des chefs-d’œuvre de Léonard de Vinci, éclairés par les textes de son Traité de la peinture.

12 JOURNÉES DE LA VIE D’UN ARTISTE Par George de Brulon 26 Le roman des origines 28 Le Magnifique 30 Une ténébreuse affaire 32 L’homme pressé 34 Les jours de gloire 36 La jeune femme et la mort 38 Entre deux vies 40 La mort du père 42 France, mère des Arts 44 La route de Rome 46 L’homme du roi 48 Le chœur des anges

L’ARTISTE, LE MYTHE, LE VISIONNAIRE 52 Un certain regard Par Pietro C. Marani 60 L’imagination au pouvoir Par Thibaut Dary 64 La ligne noire Par Patrick de Bayser 70 La carte et le territoire Par Thibaut Dary 74 Vinci, la fable et l’histoire Par Martin Peltier 84 Le choix des armes Par Thibaut Dary 88 La première Cène Par Philippe Beaussant de l’Académie française 96 Le roman de la Joconde Par Constance Clertan

COMPLÉMENTS D’ENQUÊTE

© CORBIS. ALL RIGHTS RESERVED.

102 Léonard, une passion française Par Isabelle Schmitz 108 L’homme qui parlait à l’oreille de la Joconde Par Isabelle Schmitz 110 Da Vinci Trust Par Isabelle Schmitz 112 Plaisirs et lectures Par Michel De Jaeghere, Isabelle Schmitz, Vincent Tremolet de Villers et Thibaut Dary En couverture : Tête de jeune fille échevelée, dite La Scapigliata, par Léonard de Vinci, vers 1508, terre d’ombre, terre verdie et blanc de céruse sur bois, 24,7 x 21 cm (Parme, Galleria Nazionale). © Electa/akg-images


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SOMMAIRE ARRÊT SUR IMAGES

Gros plan sur quelques-uns des chefs-d’œuvre de Léonard de Vinci, éclairés par les textes de son Traité de la peinture.

12 JOURNÉES DE LA VIE D’UN ARTISTE Par George de Brulon 26 Le roman des origines 28 Le Magnifique 30 Une ténébreuse affaire 32 L’homme pressé 34 Les jours de gloire 36 La jeune femme et la mort 38 Entre deux vies 40 La mort du père 42 France, mère des Arts 44 La route de Rome 46 L’homme du roi 48 Le chœur des anges

L’ARTISTE, LE MYTHE, LE VISIONNAIRE 52 Un certain regard Par Pietro C. Marani 60 L’imagination au pouvoir Par Thibaut Dary 64 La ligne noire Par Patrick de Bayser 70 La carte et le territoire Par Thibaut Dary 74 Vinci, la fable et l’histoire Par Martin Peltier 84 Le choix des armes Par Thibaut Dary 88 La première Cène Par Philippe Beaussant de l’Académie française 96 Le roman de la Joconde Par Constance Clertan

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102 Léonard, une passion française Par Isabelle Schmitz 108 L’homme qui parlait à l’oreille de la Joconde Par Isabelle Schmitz 110 Da Vinci Trust Par Isabelle Schmitz 112 Plaisirs et lectures Par Michel De Jaeghere, Isabelle Schmitz, Vincent Tremolet de Villers et Thibaut Dary En couverture : Tête de jeune fille échevelée, dite La Scapigliata, par Léonard de Vinci, vers 1508, terre d’ombre, terre verdie et blanc de céruse sur bois, 24,7 x 21 cm (Parme, Galleria Nazionale). © Electa/akg-images










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