Au cœur d’une guerre qui paraissait déjà incompréhensible à beaucoup (qu’y cherchions-nous, au juste, fors l’honneur un peu vain d’y tenir notre parole ? d’y préserver des populations lointaines d’un communisme dont on avait, peut-être, exagéré jusqu’à la caricature le danger ?), l’égarement de nos chefs militaires illustrait comme en vraie grandeur l’impasse où ne pouvait manquer de nous enfermer une aventure coloniale sans issue.
Illusion d’optique. Comme le relevait, en 1965, une revue vietnamienne, « Diên Biên Phu n’est une cuvette que pour ceux qui disposent d’avions, de véhicules motorisés, d’artillerie à longue portée. Pour des gens qui vont à pied [et c’était alors le cas du Viêt-minh], c’est bien une vaste plaine longue de 18 kilomètres, large de 6 à 8 kilomètres, dont l’accès n’est guère facile ; les crêtes qui l’environnent dépassent souvent 1 000 mètres. Comment amener par-dessus les cimes canons et vivres, comment faire dévaler les vagues d’assaut sur les pentes intérieure