Mémoire hmonp flavien faussurier

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Flavien FAUSSURIER

HMONP Habilitation à la maitrise d’oeuvre en mon nom propre Architectes et communication Stratégies de communication des agences d’architecture pour accéder à la commande.


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Mémoire Professionnel HMONP

Architecte Diplômé d’Etat : Flavien Faussurier Structure d’acceuil : Mootz et Pelé Architectes Tuteur : Marc Pelé Directeur d’étude : Sebastien Freitas Soutenance : 21 Septembre 2015

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Sommaire /

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Sommaire

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Avans-Propos

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Introduction

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Le choix d’une agence

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Présentation de l’agence

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Carte d’identité de l’agence

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Personnalités de l’agence

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Présentation des projets

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Expériences dans d’autres agences

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I- Le constat du déficit d’image de l’architecte Ce que je perçois L’origine de cette vision péjorative de l’architecte vue par la société Qu’en est-il vraiment ? En quoi cette image est nuisible?

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II- La nécessité d’une communication d’agence Communication interne à l’agence Communication locale avec les acteurs du projet Communication globale

52 56 62 72

III- Le outils au service de la valorisation de la profession Faire tomber les a priori Valoriser les compétences de l’architecte Pédagogie et architecture

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Conclusion La construction de ma pratique future

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Bibliographie Sitiographie

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Remerciements

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Avant-Propos /

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L’obtention de mon diplôme d’architecte en juin 2014 était pour moi, comme pour beaucoup, l’aboutissement de mes études et par définition la finalité de celles-ci. Et comme tout jeune diplômé je me retrouvais devant le choix crucial de ma vie professionnelle. Dans quelle agence ? Pour faire quels types de projets ? Pour quels clients ? Autant d’interrogations sans réponses concrètes, auxquelles il faut ajouter le constat de la dichotomie entre la formation initiale dispensée à l’ENSAG et mes premières expériences professionnelles au sein d’agences d’architecture que ce soit à l’occasion de stage ou de travail temporaire. En effet au cours de mes expérimentations au sein d’agences variées, j’ai tout de suite put constater l’éloignement certain entre la formation à l’ENSAG et la vie en agence. La formation initiale parait donc incomplète, ne nous rendant, nous jeunes diplômé, pas aptes au métier d’architecte maitre d’œuvre dans immédiat. C’est donc tout naturellement que j’ai voulu approfondir mes connaissances et effectuer cette formation HMONP. C’est pour enfin savoir à quoi correspondent toute ces abréviations (DCE, EXE, APS,…) et à quoi elles

engagent, qui les défini,… Autant de sujets qui ne sont absolument jamais traités dans la formation initiale et qui font pourtant partit intégrante du travail au quotidien dans une agence d’architecture. Je ne remets pas en cause ici la qualité de la formation initiale, bien au contraire, c’est elle qui a fait de moi le praticien que je suis, capable de me projeter, d’innover et de m’intéresser à tout. C’est cette formation qui fait une architecture qualitative. Je mets simplement en relief la complémentarité de la formation initiale et de la formation HMONP que ce soit en cours à l’ENSAG mais aussi en agence lors de la MSP. Cette formation HMONP s’inscrit aussi pour moi, dans un projet futur de m’établir à mon compte, car j’aimerais pouvoir exercer à ma manière, le processus de projet, que chacun voit différemment. Me sentant parfois bridé dans les agences que j’ai eu la chance de côtoyer, j’ai le désir de pourvoir mener mon affaire, et en particulier les projets futurs, par moi même. C’est ce projet qui rend pour moi nécessaire la formation HMONP pour atteindre cet objectif, ces connaissances et maitriser au mieux mon exercice futur.

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Introduction /

Paris

Grenoble

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Parallèlement à mon PFE j’ai effectué mon stage de fin d’étude chez Juan Socas Architecte à Grenoble. Stage que je n’avais pas effectué l’année précédente car j’étais en échange international. Ce stage de professionnalisation était pour moi l’ultime étape avant mon grand saut dans la vie professionnelle, mais c’est aussi le premier contact avec la profession en tant que diplômé. Je retire de ce stage une très bonne expérience, mais aussi les premières prémices d’un métier dans une situation assez particulière. En effet, il m’a fallu pas loin de deux mois pour trouver un stage « non rémunéré » dans une agence d’architecture

Grenobloise, signe d’un milieu dans une forme plutôt médiocre, ou même la main d’œuvre « gratuite » n’est pas acceptée, faute de travail. C’est ce premier aperçu du milieu de l’architecture qui m’a décidé à m’éloigner un peu et à partir chercher une mise en situation professionnelle (MSP) à Paris. Cette période de crise, qu’elle soit économique mais aussi réglementaire, oblige les architectes à diversifier leurs interventions, à chercher de nouveaux marchés, et à faire valoir leur compétences afin de consolider leur participations dans les marchés existants, c’est ici tout l’enjeux de ce mémoire.

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Le choix d’une agence /

Illustration de Hibouch, un ĂŠtudiant en architecture - bloggeur http://hibouch-blogbd.tumblr.com/

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Aux vues des difficultés déjà rencontrées pour trouver un stage non rémunéré, je me suis dis que la tache de trouver une agence pour y effectuer ma formation HMONP serait encore plus complexe. Après avoir envoyé ma candidature à des agences dont le travail m’intéressait profondément, j’ai vite revu mes critères à la baisse, en espérant avoir une bonne surprise, avec comme priorité : trouver une agence coûte que coûte. Et après plus de 300 candidatures spontanées dans des agences parisiennes, j’ai eu deux entretiens dans deux agences que j’avais découvertes sur internet. Après

ces entretiens, le travail au sein des deux agences, les projets et thèmes traités me paraissait dans les deux cas intéressants. Je me suis reconnu dans les deux manières de concevoir l’architecture qui m’étaient proposés. Je n’ai été retenu que dans l’une de ces deux agences, Mootz & Pelé Architectes Associés .Avec le recul, je suis heureux d’avoir réduit mes critères sélectifs, car sans cela, je n’aurais pas découvert ces deux agences. Or elles ont beaucoup à nous apprendre. Il ne faut donc pas être trop gourmand, oser se laisser surprendre et se dire « au pire que ce n’est qu’un premier emploi. »

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Présentation de l’agence /

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Erik Mootz et Marc Pelé ont fondé l’agence Mootz & Pelé Architectes en 2011 après avoir été lauréats du concours Europan 10 sur un éco-quartier de 180 logements à l’Isle d’Abeau. Ils se rencontrent en Chine où ils travaillent tout deux pendant deux ans après avoir collaboré dans plusieurs grandes agences françaises ( Ameller et Dubois, Daquin et Ferrière, Chaix et Morel, Brunet et Saunier). A leur retour ils montent Mootz et Pelé Architectes Associés, participent à de nombreux concours internationaux et répondent à des commandes privées. Ils sont lauréats du concours Europan 10, projet fédérateur de l’agence. Depuis sa création, l’agence multiplie les échelles de sa production et diversifie ses domaines d’interventions afin de parvenir à de plus grands projets. En atteste la construction du collège Confluence à Vitry sur Seine dont la livraison est prévue pour Décembre 2015 aux côtés d’Ameller et Dubois. L’agence fonctionne autour de

la co-gérance de Eric et Marc, les relations majeures sont prises à deux. Le reste de l’équipe est composé de deux architectes diplômés d’état en formation HMONP, Manon Brisset étudiante à La Villette et moi même. Nous avons aussi eu deux stagiaires au cours de l’année : Jordan Martini étudiant à l’ESA et Aklabian Braga étudiant brésilien en échange en France. Au sein de l’agence, c’est chacun son projet, tout le monde gère ces propres projets, que ce soit les entreprises et les clients, toujours sous la tutelle de Marc et Eric en cas de besoin et pour les points importants. Ils contrôlent quotidiennement nos avancées sur nos différents projets. Les choix architecturaux leur reviennent souvent, mais toujours en accordance avec nous.

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Carte d’identité de l’agence /

Coordonnées: Mootz et Pelé Architectes Associés 15 rue Martel 75 010 Paris 01 40 02 03 32 http://www.mootz-pele.com/

Informations Juridique : Dénomination sociale : Mootz et Pelé Architectes SARL au capital de 1000,00€ Numéro de Siret : 533 905 568 0010 Gérants : Marc Pelé / Eric Mootz Numéro inscription à l’ordre national des architectes : S14784 Chiffre d’affaires 2013 : 210 000,00€ Code NAF : 7111Z (activité d’architecture) Référence MAF : 15 35 44/B

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Philosophie:

Texte de présentation de la démarche et de la philosohie de l’agence issue directement du site internet de l’agence.

En 2010, Erik Mootz et Marc Pelé sont primés à l’Europan 10 et lauréats d’un appel d’offre public pour la maitrise d’oeuvre urbaine et architecturale d’un écoquartier de 180 logements à l’Isle d’Abeau (Isere). C’est à cette occasion qu’ils fondent en juillet 2011 l’agence MOOTZ/PELE. Depuis sa création en juillet 2011, l’agence d’architecture multiplie les échelles de sa production et diversifie ses domaines d’intervention: réalisations de maisons individuelles, conception de logements sociaux, réalisation d’equipement scolaire, aménagement intérieur, réalisation de films sur l’habitat, participation à des colloques et des think tanks... Cette pluralité d’activités nourrit la richesse des approches conceptuelles et jette les fondements d’un savoir faire pluridisciplinaire et transversal. L’engagement intellectuel en faveur de démarches innovantes, la confrontation avec les experiences architecturales internationales (Chine, Brésil, Japon, Nouvelle Zelande...), l’intérêt porté pour les techniques nouvelles et la conscience aigüe des enjeux sociétaux posés par l’architecture et l’urbanisme forment le creuset où s’élaborent les projets au sein de l’agence. Les questions posées par la pédagogie sont aussi au coeur des reflexions poursuivies par l’agence. A ce titre, MOOTZ/PELE travaille actuellement à la conception du collège Confluence à Ivry sur Seine en vue d’une livraison du bâtiment en décembre 2015. Parallèlement à l’activité de Maitre d’Oeuvre, l’agence travaille avec la socièté de production audiovisuelle CAPA à la réalisation d’une série de documentaires sur l’architecture internationale. Trois épisodes ont été diffusé sur Canal +. -13-


Personnalités / Erik Mootz

Architecte DPLG, Erik a pourtant débuté ses études par une formation en Urbanisme et aménagement à l’université de La Sorbonne avant d’entamer des études d’architecture à Paris La Villette. Il collabore au sein de nombreuses agences d’architecture Parisienne comme Chaix et Morel, Brunet&Saunier, Daquin&Ferrière avant de partir travailler en Chine pour l’agence ARTX à Shanghai. Il rencontre Marc en Chine lors de différentes collaborations. De retour en France il monte son agence en association avec Marc Pelé : Mootz et Pelé Architectes en 2011. Au sein de l’agence, Erik s’occupe plus du développement de l’agence, il répond aux appels d’offres et a en charge tout le coté administratif. Il gère de front ses projets comme par exemple le collège confluences.

Manon Brisset Manon est architecte diplômée d’état à l’ENSA de Paris La Villette, elle a effectué sa formation HMONP en même temps que moi au sein de l’agence Mootz et Pelé Architectes. Manon a eu en charge différents projets de l’agence, et nous avons collaboré et partagé nos expériences sur certains points comme l’étude de faisabilité d’immeubles de bureaux à Arcueil et Bagneux. Aklabian Braga Aklabian est un étudiant Brésilien. Il est en quatrième année d’étude dans son école à San Paulo, et effectue une année d’échange international à Paris dans une école de Design. Il a effectué deux mois de stage dans l’agence, et a été en charge d’un projet de maison-auberge allié à une école de glisse au Brésil. Le client est un ami de Marc Français mais vivant au Brésil. La mission d’Aklabian était de contacter les instances brésiliennes afin de connaitre les contraintes de construction dans cette région du Brésil, contraintes réglementaires ou matérielles. -14-


Marc Pelé Marc Pelé est architecte DPLG, diplôme qu’il a obtenu à l’ENSA de Rennes. Breton d’origine, il a ses premières expériences professionnelles sur ses terres natales avant de se rendre à Paris. Il collabore au sein de l’agence Ameller et Dubois dès la création de cette agence, et y reviendra après son expérience en Chine dans les agences ETE Lee et associés et l’agence Arte Charpentier toutes deux à Shanghai. Au sein de l’agence, Marc est plutôt le concepteur, même si chacun gère ses projets. Il dessine beaucoup plus que Erik, mais s’occupe moins du coté administratif de l’agence. LE partage des taches est équitable, suivant les compétences et les aspirations de chacun. Jordan Martini Jordan est étudiant en troisième année à l’ESA, l’école spéciale d’architecture. Il a effectué un stage d’un mois dans l’agence, et sa mission était principalement la réalisation de maquettes. Flavien Faussurier C’est moi, je suis donc Architecte diplômé d’état en 2014 au sein de l’ENSAG. Et je me suis exilé à Paris pour effectuer ma HMONP, en alternance entre Paris et Grenoble. J’ai été en charge de différents projets de l’agence, principalement de la maison individuelle mais aussi un chai viticole et une faisabilité d’immeubles de bureaux.

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PrĂŠsentation des projets / Maison Robino - Bretagne

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La famille Robino est allée voir de nombreux constructeurs de pavillons afin de trouver la maison qui leur conviendrait. Ce qui ne fut pas le cas. Ils ont donc contacté l’agence Mootz et Pelé, ainsi qu’une autre agence d’architecture, leur proposant toutes deux de faire une esquisse rémunérée, et de les comparer aux quatre propositions des constructeurs afin de faire construire celle qui leur conviendrait le mieux. C’est donc dans l’optique d’un mini-concours que j’ai débuté ma mise en situation professionnelle. Le but étant de proposer une maison esthétique, mais avec des moyens modestes, avec un plan simple et très fonctionnel. Nous avons remporté ce mini-concours, les deux agences d’architectures proposant des projets « bien supérieurs qualitativement par rapport aux constructeurs », ce sont les mots du client.

Nous avons donc déposé le permis de construire et réalisé les pièces techniques, pour qu’un ami de Marc, entrepreneur, construise la maison. La maison est en ossature bois, nous avons donc créé toutes les pièces afin d’expliquer clairement à l’entrepreneur comment arriver au résultat escompté, la mission complète ne convenant pas au client, et l’agence préférant déléguer ce petit chantier un peu trop excentré. Le projet est composé de trois zones, une grande zone séjour avec les chambres au dessus, une zone de distribution réduite au maximum, et une zone froide (garage buanderie,...). La simplicité de l’enveloppe et de l’organisation spatiale rend la maison esthétique et efficace. C’est ce qui a plu aux clients. La construction est en cours et la livraison prévue pour Octobre ou Novembre.

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Maison Zariffa - Bretagne

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La maison Zariffa est un projet de longue haleine. Je suis arrivé sur ce projet en phase DCE, mais le client voulait totalement modifier la configuration alors que le DCE était déjà effectué. Nous avons donc tout repris depuis l’esquisse afin de simplifier la maison et de prendre en compte les modifications du client. J’ai recomposé dans la foulée le DCE et les pièces d’exécutions afin de pouvoir réaliser un prototype avec le constructeur bois. Le prototype était nécessaire pour se rendre compte de la pré-

sence et de la texture du bardage. Il a aussi permis de régler de nombreuses questions techniques en amont du chantier. Aujourd’hui, le projet est en cours de réalisation. Il devrait être livré au premier trimestre 2016. L’agence a accepté que ce projet pas très rentable pour eux, à cause du temps nécessaire à la nouvelle étude, afin de pouvoir s’en servir pour communiquer autour de sa démarche d’agence, et de son savoir faire.

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Maison Mattei - Corse

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La maison Mattei est le projet le moins rentable de l’agence Mootz et Pelé. C’est en effet la troisième étude commandée par le client sur un troisième sites différents avec un programme encore une fois nouveau. Après une maison à la montagne, et maison dans les falaises, voici le troisième projet de la maison Mattei, la maison en bord de plage. La volonté du client est que l’on conçoive une cabane de plage, dans l’esprit des cabanes d’architectes, très simple et modeste. Mais le programme veut dans cette cabane, deux maisons distinctes, pour le client et son frère avec chacune deux chambres pour eux et leurs enfants respectifs. Afin d’atteindre ces objectifs, un grand travail de croquis, d’implantation et d’insertion a été mené, ainsi que de nombreuses maquettes d’étude. Le projet tente de se résumé à sa façade sud, profitant pleinement

de la vue sur la mer, avec des cotés biseauté afin de disparaitre dans la perspective. Une attention toute particulière a été faites à la structure, afin de simplifier cette maison, et de la faire flotter au dessus du maquis afin d’avoir le moins d’impact possible sur ce site merveilleux. Nous avons déposé le permis de construire de ce projet avant mon départ. Le client étant enfin convaincu pleinement par le projet. L’agence a accepté de continuer les études autour de ce projet, au vue de l’intérêt du projet en lui même. Ils veulent communiquer sur les valeurs de l’agence à travers lui, malgré le manque de rentabilité de celui ci. Comme nous le savons, les constructions d’un architecte et les clients satisfaits sont la meilleure carte de visite et la meilleure publicité possible.

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Immeubles de bureau - Arcueil & Bagneux

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Ce projet d’immeubles de bureau sur les communes d’Arcueil et de Bagneux est annonciateur de la volonté d’évolution de l’agence. N’ayant jamais réalisé auparavant d’immeubles de bureaux, ce projet est un défi qui s’inscrit dans les objectifs de développements de l’agence, dans sa volonté de diversifier sa pratique, d’élargir son réseau, d’instaurer de nouvelles relations de travail,... La commande a été passée par la SADEV 94, aménageur de rang majeur dans la région. J’ai eu l’occasion de travailler sur l’étude de faisabilité de ces deux immeubles de bureaux totalisant 15 000 mètres carrés de surface de plancher. L’agence a l’habitude de fonctionner autour d’un principe de partage du travail se résumant à la phrase: «chacun son projet», et ce projet est pourtant le seul que nous avons effectué tous en commun. Cela s’explique avant tout par la rapidité de l’étude demandée, de la réactivité exigée par le client, mais aussi le défi que se lançait l’agence, découvrir par soi même les us et coutume de la conception et de la construction d’immeubles de bureaux. Ma mission lors de cette étude était exclusivement basée sur la communication autour de ce projet. J’ai réalisé les pièces graphiques et

le discours permettant d’expliquer le projet simplement à des personnes qui ne sont pas habituées à parler, et à «lire» de l’architecture. En effet, la SADEV nous a missionnés sur ce projet, afin de leur proposer un projet, dans le but de le présenter aux élus communaux de Arcueil et de Bagneux. C’est la SADEV 94, qui va présenter le projet, qui prend place sur deux terrains mitoyens à une ZAC mais en dehors de la zone classifiée ZAC. La communication était donc un des enjeux majeurs de ce projet,il nous fallait adapter nos pièces graphiques et notre discours afin de convaincre des élus sans pouvoir expliquer et discuter de notre projet. La commande incluait un aspect, qui devient un argument de vente et de communication, car encore une fois l’enjeux est ici: communiquer pour vendre. C’est l’aspect qualitatif de ces bureaux qui va être mis en avant, avec une structure alliant le bois et le béton. Ce bâtiment dans l’air du temps vient améliorer la vision de la ville et de la ZAC toute neuve à ces abords, c’est en tout cas sur ce point que la communication de l’agence autour de ce projet s’oriente. Le projet est guidé par la stratégie commerciale qui lui est assignée.

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Chai viticole - Chateau de l’Escarelle - Provence

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Je vous présente maintenant l’un des deux projets majeurs de l’agence. La restructuration et l’extension d’un chai viticole dans le Domaine de l’Escarelle. L’agence a été lauréate du concours pour la construction de ce chai, et cette performance est la résultante d’une communication importante autour du projet. Historiquement, un premier concours a été effectué, ou aucune agence n’a convaincu le client. L’agence Mootz et Pelé Architectes est donc intervenue auprès du client pour redéfinir les paramètres et les programmes du concours avec le client, tout en argumentant autour d’un projet probable, qui correspond mieux aux attentes du client. Le programme a donc été modifié et le concours relancé. L’agence connaissant ainsi beaucoup mieux les volontés du client, et le client ayant

mieux défini ses priorités. L’instauration de cet échange a permis aussi, d’ouvrir le client à l’architecture proposée par l’agence, à ses manières de faire et ses valeurs. Lors du deuxième concours, l’agence a été lauréate, sans surprise après une telle intervention et un tel travail de discutions et d’échange avec le client. Le projet vient créer un socle au site existant, sur lequel vient se délimiter un patio, aux allures de cloitre moderne. L’entrée est suggérée par une salle d’exposition et de dégustation, largement ouverte. Les matériaux mis en œuvre respectent l’aspect traditionnel du lieu et du milieu de la vinification. Leur caractère local et noble répond à l’image que souhaite projeter le Domaines de l’Escarelle, traditionnelle emplie de caractère, inscrit dans l’histoire du site et du terroir.

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Collège Confluence - Ivry sur Seine

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Voici le deuxième projet majeur de l’agence. Un collège dans la nouvelle zone confluence à Ivry sur Seine. Le projet est sorti de terre et sera livré en Décembre 2015. Le concours a été remporté par l’agence qui s’était alliée à l’agence Ameller et Dubois pour des raisons évidentes de crédibilité de l’agence que ce soit pour valoriser les compétences de l’agence, mais aussi ses moyens (chiffre d’affaires, nombre d’employés,...). L’excellente relation qu’entretient Marc Pelé avec les créateurs de l’agence Ameller et Dubois, dans laquelle il a longtemps travaillé avant de monter sa propre agence, a permis de mettre en valeur l’agence, et de gagner un concours qui aurait été inaccessible à l’agence Mootz et Pelé en temps normal. D’où l’importance des relations entre agences, et de la communication qu’elles entretiennent. La confiance qu’a accordée l’agence Ameller et Dubois, qui endosse le rôle de mandataire mais

qui laisse la réalisation à l’agence Mootz et Pelé est remarquable. C’est l’atout des groupements, qui permettent aux deux agences de communiquer autour du projet, qui va servir de faire valoir. Ce projet offre la crédibilité nécessaire à l’agence Mootz et Pelé, pour gagner de nouveau concours et avoir accès à de nouveaux projets, comme l’étude de faisabilité pour les immeubles de bureaux à Arcueil et Bagneux, présentée précédemment. Je n’ai pas travaillé directement sur ce projet, mais il a fortement influencé l’agence et sa manière de fonctionner et de communiquer, il était donc nécessaire pour ce dossier que je présente ce projet. N’étant intervenu que lors de la conception des ranges-cartable je ne vais pas présenter le programme et la réalisation de ce projet mais simplement la communication et le projet de développement qui lui sont associés.

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ExpÊriences dans d’autres agences /

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Juan Socas Architecte / Grenoble (38) J’ai effectué mon stage de fin d’étude chez Juan Socas, sur une durée avoisinant les 3 mois. J’ai eu le temps de découvrir la pratique de Juan, et c’est dans ce modèle d’agence que je me reconnais le plus. Juan est espagnol, il a ouvert son agence à Grenoble il y a deux ans, après plusieurs années chez Alvaro Siza. L’orientation de son agence est simple, faute de référence construite, il n’a que très peu de chance d’être retenu dans un projet en MAPA. Habitué à faire des concours, il s’est donc orienté sur les concours ouvert à l’international. Primé lors du Europan 9, Juan concentre son action sur les concours en Suisse maintenant, car ils sont très nombreux, et que les 4 voire 5 premiers reçoivent un prix .Ils sont «ouverts». Il a récemment été lauréat d’un EMS, semblable à ceux que nous avons conçu et présenté ensemble. J’ai énormément appris aux côtés de Juan, sur la manière de concevoir et de représenter «à la Suisse». Nous avons donc participé à deux concours ouvert d’EMS, et nous avons reçu le 3ème prix pour la résidence les Hirondelles à Vevey. La communication de l’agence est une des priorités de Juan afin de faire connaitre son agence, et ses capacités pour accéder à la commande. Il propose donc souvent de publier ses participations à des concours, à des magazines ou des sites internet, tels que europaconcorsi, ou même arquitecturabeta. Le but de sa participations à ces concours est d’affiner sa pratique, d’acquérir de l’expérience personnelle, mais aussi et surtout d’accéder à la commande, que ce soit directement en remportant ces concours mais aussi indirectement en se servant de ces concours comme de faire valoir, et en les incluant dans son plan de communication. Cette expérience m’a dévoilé l’étendue du panel de la communication adaptée aux agences d’architectures, que ce soit autour du projet, mais aussi directement lié au rayonnement de l’agence, et de son savoir-faire. -29-


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Plural Arquitectos / Argentine J’ai effectué une année d’échange international en Argentine durant mon cursus, à San Miguel de Tucuman plus précisément. Au cours de cette année, j’ai suivi les cours à l’école d’architecture locale et j’ai même eu l’occasion d’observer le travail en agence, dans l’agence de mes trois professeurs de studio. C’était une expérience courte mais très formatrice, l’agence Plural arquitectos a pour volonté de fortement évoluer, et tout est mis en œuvre pour ça. Originellement petite agence à Tucuman, elle s’étend maintenant mondialement, avec des associés à Dubaï, Londres, Buenos Aires,... La communication autour des projets à l’international, et des nombreux concours réalisés leur permet d’acquérir une aurâ grandissant à Tucuman et dans toute l’Argentine, voir l’Amérique du Sud. MD Agencement / Sassenage (38) MD Agencement n’est pas une agence d’architecture, il est difficile de définir «l’agence». Elle allie un espace de quincaillier/ antiquaire, avec un stock de meuble, boiserie, et bibelot en tout genre, à une petite entreprise générale, autour d’un patron qui à l’origine réalisait des enseignes .Il a diversifié son offre pour aujourd’hui réaliser de nombreux restaurants et boutiques. Le réseau très étendu sur Grenoble de MD Agencement m’a permis de concevoir et de réaliser plusieurs restaurants au cours de ces 8 mois d’emploi étudiant, parallèlement à mes études. Etant le seul «architecte» au sein de ce groupement, je concevais les projets et je passais directement les plans d’exécutions aux employés de MD Agencement chargés de les effectuer. Le fait de voir évoluer la construction de ce que l’on a imaginé et dessiné seulement quelques jours auparavant et très gratifiant. Diriger des employés directement au sein de l’entreprise permet une très grande réactivité, et ses échanges m’ont apporté une grande connaissance technique de la construction. A l’époque, étudiant de troisième année, diriger ses chantiers et voir éclore des boutiques telles que la» cuisine des tontons, le casse-croutes à Dédé, Come Prima» était très réjouissant et instructif. -31-


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Cocoon / Sassenage (38) J’ai travaillé dans l’agence d’architecture d’intérieur Cocoon pendant ma licence à l’ENSAG. J’ai pu y exercer mon discours sur les clients, pour qui la frontière entre décoration, architecture d’intérieur et architecture n’existe pas. C’est en tout cas le plus grand enseignement que je tire de cette expérience. Je n’aspire pas à me lancer dans l’architecture d’intérieur, mais j’ai appris là bas, que l’architecture ne se limite pas à la construction du bâtiment. Pour qu’un client trouve son projet abouti, il faut pouvoir le meubler avec lui, lui parler de teinte, de matériaux de cohérence et d’ambiances sans faire référence à la sacro-sainte lumière naturelle, et aux matériaux nobles. Un grand pas de recul pour moi qui ne jurait que par des musées éclairés zénithalement.

Bernard Rivolier Architecte DPLG / Roanne (42) J’ai eu l’occasion de revenir à trois reprises dans l’agence de Bernard Rivolier. Une fois en tant que stagiaire de 3ème, tout juste sortit du collège. J’aspirais déjà à devenir architecte, mais je ne connaissais du métier que la vision qu’en a le grand public. Je suis revenu plus tard au cours de ma licence, pour y effectuer mon stage de première pratique, puis pour mon premier emploie dans le milieu de l’architecture. Soit trois mois de pratiques, à l’époque c’était considérable pour un deuxième année. J’y ai découvert la loi MOP, les normes d’accessibilités et de sécurité incendie, des enjeux bien loin de ma formation à l’école. C’était la encore très formateur, c’est la bas que j’ai su qu’un jour je devrais faire ma HMONP, afin de connaitre toute ses règles et pour enfin monter mon agence. Le parcours était encore long, mais la volonté était là.

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Partie 1/ Le constat du déficit d’image de l’Architecte


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- « Qu’est ce que tu fais dans la vie ? - Architecte. »

Nous sommes les premiers à nous rendre compte quotidiennement de l’image erronée que véhicule la profession d’architecte. Perçue différemment par chacun d’entre nous, la réponse -« Architecte » engendre pourtant toujours un intérêt certain. Elle fait rêver, ou tout au moins, elle projette des . Et pourtant l’image que reflète les architectes est souvent décrite en des termes peu glorieux, voire péjoratifs. Mais pourquoi notre profession rejette t ‘elle cette image ? Nous allons tenter de mieux définir ce constat, afin de mieux définir l’image projetée par la profession, tout d’abord en analysant ce que j’ai eu l’occasion de percevoir, au sein de

mon expérience personnelle. Puis en seconde partie nous en expliciterons les origines, afin de répondre à la question de : « Pourquoi les architectes sont ils perçus ainsi ? ». Enfin nous décrypterons la place réelle de l’architecte, en comparant l’image publique de l’architecte, à la réalité du métier et en quoi cette image est nuisible ou non à la pratique de l’architecture.

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Ce que je perçois /

Illustration issue de l’ouvrage: Fais Le! 1 500 jours pour librer son premier bâtiment - Nicolas Toury, Architecte

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« Les architectes, avec les réparateurs de chars il n’y a pas plus escrocs et incompétents » Malococcyx à propos de son architecte Numerobis dans Astérix, mission Cléopatre

Aussi caricaturale soit elle, cette réplique n’est que le reflet d’une opinion publique à propos de la profession d’architecte. Une image déficitaire, car souvent mal informée, et pleine d’à priori. En effet, quand au cours d’une conversation le métier d’architecte apparaît, la question suivante est bien souvent : « - Architecte d’intérieur ou … d’extérieur ». Force est de constater que comparativement aux architectes d’intérieur qui se sont rapprochés du thème « architecture » porteur pour eux de compétence, les classant au rang des architectes, surpassant celui de décorateur à leur yeux, les architectes n’ont quant à eux pas eu la communication ou la diffusion nécessaire pour correctement rendre compte de leur profession, au point d’être considérés par grand nombre comme des architectes « d’extérieur », concepteur de boites vides. Je joue bien entendu sur l’hyperbole de ces exemples, qui me

touchent et me surprennent à la fois, car avant d’appartenir à l’ensemble des architectes et étudiants en architecture, j’ai fait partie intégrante du grand public que je décris, et malgré cette image péjorative du métier, j’ai tout de même émis la volonté d’intégrer cette profession. Ce qui n’aurait surement pas été le cas, si l’image que j’en avais à titre personnel avait été si dépréciative. Mais alors, que reproche-t-on réellement aux architectes ? Le reflet de la profession perçu par le grand public pâtit souvent des stéréotypes de l’architecte star, trop cher, ne respectant ni les budgets, ni les plannings, ni les volontés du client, pour servir son égo ou sa vision d’artiste avec des projets clinquants, à l’image forte, mais en dehors des réalités des commanditaires. De plus, historiquement, la profession d’architecte maitre d’œuvre avant tout constructeur, s’est éloigné progressivement de celle de l’ingénieur, tout

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du moins en France, instaurant malgré elle une rupture entre l’image de la compétence technique et de la maitrise de la construction accordées à l’ingénieur et celle de l’architecte devenu simple artiste concepteur, insuffisamment compétent techniquement. Je pense ainsi avoir exposé tous les maux que la société et le grand public accordent aux architectes, mais cette vision est bien entendu exagérée afin de mieux étayer le discours. Certains acteurs de la profession ont des avis bien différents ou très nuancés comme nous pouvons le voir dans le rapport de l’observatoire de la profession d’architecte réalisé par l’IFOP pour le compte de l’ordre national des architectes : Avis 1 : « Depuis quelques années, grâce à l’engouement du public qui glisse de la décoration vers l’architecture, ce

besoin de travailler la qualité du nid familial oblige le public au constat que seuls les architectes sont capables d’atteindre la qualité que les revues et émissions de télé mettent enfin en valeur. » (Homme, moins de 40 ans, Languedoc-Roussillon, associé dans une agence)

Avis 2 : « S’ils n’étaient pas légalement tenus de le faire, les maîtres d’ouvrage se passeraient de nos services. Nous sommes considérés comme des professionnels chers qui n’apportent pas de connaissances aussi scientifiques que les BET ni de savoirs aussi techniques que les entreprises, sans parler du mythe tenace de l’architecte artiste qui ne pense qu’à augmenter le montant des travaux pour s’assurer un bâtiment tape-à-l’œil et une meilleure rémunération. » (Femme, moins de 40 ans, Auvergne, associée dans une agence)

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L’origine de cette vision péjorative de l’architecte vu par la société /

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Mais d’où est issue l’image perçue par l’opinion collective concernant la profession d’architecte ? Elle est issue de plusieurs points. Tout d’abord une origine historique, celle de l’évolution de la profession au travers l’histoire. Mais aussi et surtout de la présence de ce métier dans le milieu actuel : médias, télévision, débats politiques, star-architectes devenus personnalités publiques… Et le premier constat que l’on peut faire c’est que ni l’architecture, ni l’architecte, ne sont au cœur de ce milieu. Seuls les star-architectes déversent l’image présumée de l’ensemble des architectes. En France, 66 millions d’architectes, c’est en tout cas ce que voudrait nous faire croire certaines émissions de télévision (D&co, la maison France 5, téva déco, pour ne citer qu’elles). En effet, au travers différentes astuces et exemples simples, ces émissions propulsent l’idée que chacun à son échelle, avec de

petits trucs, peut améliorer soi- même son cadre de vie. Ce qui est, je le pense, bien vrai. Mais il ne faut pas confondre, et là est la nuance, avec l’architecture, au service de l’habitant et de la ville et de la société. C’est sur cette ambiguïté, volontaire ou non, entre aménagement, décoration et architecture que porte cet a priori, faisant de l’architecte une étape non-nécessaire vis à vis de l’opinion publique. Mais, nous pouvons constater que l’opinion publique est aussi très nuancée, car cette image péjorative est aussi complétée par une image bien plus méliorative, celle de l’architecte respectable, au statut social valorisé. Beaucoup répondent à l’annonce de notre profession qu’eux aussi auraient aimé être architecte. L’architecte de séries télévisées jouit de cette notoriété, par exemple Ted Mosby dans la série : How I met your mother. On peut même parfois croiser des enquêtes révélant que le métier le plus sexy du monde serait

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architecte (enquête de Firstaffaire.fr) dévoilant ainsi tout le fantasme qui entoure la profession mais aussi la méconnaissance que l’opinion public en a. Ce qui s’expliquerait facilement par la citation : « Vous arrivez à créer à partir de rien, les Architectes sont comme Dieu, et il n’y a pas plus sexy que Dieu. » - Barney Stinson dans How I met your mother. C’est peu être même cette idéalisation du métier d’architecte et de son statut social qui finalement dessert l’architecte comme le suggère un architecte dans le rapport de l’observatoire de la profession d’architecte : « C’est un métier reconnu chez suffisamment de personnes qui « rêvent » d’être architectes. Il est justement si « valorisé » que beaucoup se disent que nous sommes trop chers… » (Homme, entre 40 et 49 ans, PACA, exerce à titre individuel)

C’est ce constat qui dévalorise peut être l’architecte. L’image de professionnel reconnu et envié, le rend inaccessible. Le grand public s’imagine qu’ayant une statut social élevé, les architectes sont donc chers .Ils se pensent inaccessibles à cet haut débat qu’est l’architecture, ils imaginent que leur «petit» projet n’en vaut pas la peine, et que c’est un luxe qu’ils ne peuvent se permettre que de missionner un architecte pour le faire est irréalisable. L’idéalisation du statut

social de l’architecte serait donc en partie à l’origine de cette image. Mais je pense que c’est avant tout les architectes devenus personnalités publiques et les dérives de leurs pratiques qui sont à l’origine de certains de ces maux. Et ce car ils sont les rares personnalité connu du plus grand nombres et auquel est raccroché l’étiquette « Architecte ». Ces « starchitectes » comme on peut parfois l’entendre dans les revues spécialisées sont donc le reflet de notre profession. Libération a titré un jour « Le grand flop de la Bibliothèque de France », avec en ligne de mire son architecte Dominique Perrault, mais aussi plus récemment en une du Parisien Magazine : « Jean Nouvel, l’archi mégalo » à propos des dérives budgétaires de la philharmonie de Paris.C’est cette vision des architectes qui est offerte au grand public, ce qui justifie facilement son à priori de « hors budget, hors délais, hors considération ». L’architecture fait donc la une dans de rares occasions, et dans des cas diffamateurs accusant l’architecte de toutes les dérives, sans expliciter au grand jour les causes de ces dérives comme nous l’explicitait Jean Nouvel lors d’une conférence-débat avec Patrick Bouchain au pavillon de l’arsenal le 18 Juin dernier à laquelle

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je participais. Je ne m’étalerais pas plus sur ce sujet, le thème de notre discussion étant l’opinion publique vis à vis des architectes et non qui est coupable de ces dérives ? Mais une fois de plus l’architecte est ici diabolisé ,accusé d’être le seul « responsable » de ces dérives. Ce cas a par ailleurs déjà eu lieu précédemment, rendant l’architecte responsable de tous les maux de la politique des grands ensembles, politique de reconstructions d’après guerre. Dans ce caslà, l’architecte est pointé du doigt et qualifié d’incompétent n’ayant pas soupçonné le désastre de ces grands ensembles alors que l’architecte vantait les mérites de la cité jardin pour répondre à de nouveaux enjeux. Là encore, faute de communication conséquente, il fait les frais des pots brisés des politiques, et des médias. Il y a un dernier point sur lequel je tiens à intervenir, c’est la réglementation française. En effet, celle-ci ne valorise pas les architectes. Je ne parle pas ici de sécurité incendie ni même de normes d’accessibilité, mais du seuil de recours obligatoire à l’architecte. Seuil rendant non-crédible les architectes, car il les rend «

non-nécessaire ». L’architecte devient de par ce fait, non plus un atout majeur au service de la qualité architecturale, mais un obstacle supplémentaire, un intermédiaire obligatoire au dessus d’un seuil totalement arbitraire. De plus, il est considéré comme pariât en dessous de ce seuil, comme ci la maison individuelle était réservée aux seuls promoteurs, constructeurs et pavillonistes. Comment paraître crédible, quand la loi tend à vous en écarter ? La fédération française des constructeurs de maisons individuelles, a même lancé en 2010 une pétition « Sauvons les constructeurs » .Elle fait suite au rapport parlementaire qui lui tendait plutôt à la revalorisation de l’architecture et des architectes : « Le recours à un architecte apparaît comme une garantie de bonne fin, {…} l’architecte permet de générer de multiples économies en rejetant les devis exagérés, en évitant les mal façons. » Au sein même de la construction, les différents acteurs tendent même à discréditer les architectes pour s’octroyer des parts de marchés.

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Qu’en est-il vraiment /

En tant qu’architecte et étudiant en architecture nous sommes bien placés pour constater que l’image de l’architecte et la réalité du métier sont bien différentes. Mais il nous faut mettre en lumière ces différences afin de mieux présenter l’architecte et son savoir faire. C’est en faisant évoluer l’image qu’ont les gens de l’architecte que nous développerons de nouveaux marchés, comme par exemple la maison

individuelle, milieu le plus touché par le déficit d’image des architectes de par la législation qui n’exige pas le recours automatique à un architecte à chaque construction. Nous venons de voir précédemment que l’image de la place de l’architecte au sein de la société est surévaluée. En effet, le rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) s’intéressant sur les professions réglementées dévoile la haute image

Rapport de l’inspection générale des finances relatif aux professions réglementées - Tableau 4 et 6 L’Abeille et l’Architecte - Billet du 06/08/2014 - Le rapport de l’IGF sur les professions réglementées, les architectes sauvés ?

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qu’entretient le grand public vis à vis des architectes. Ce rapport rend mesurable la dichotomie entre l’opinion publique et la réalité de la pratique. Le grand public pense que la moyenne des architectes est rémunérée 4211€ par mois, et il estime que les architectes sont surpayés, et établirait leur rémunération aux vues de leur compétence plutôt à 2903€ par mois. En réalité la rémunération moyenne des architectes est de 2702€, ce qui est bien inférieur à l’image que l’opinion publique s’en fait, mais qui en plus est inférieur à ce que le grand public pense que la moyenne des architectes mérite. L’architecte est le seul des métiers de cette étude dans ce cas la, le seul moins payé que ce que le public estime comme juste, ou même qu’il imagine que l’on touche réellement. Ce rapport fait aussi état d’un pourcentage alarmant, 95% des usagers sondés trouvent les tarifs des architectes trop élevé et seul 29% d’entre eux a déjà fait appel à un architecte. L’idéalisation de l’architecte et de sa place sociale est donc bien réelle, valorisant indirectement nos compétences, mais nous fermant les portes de certains marchés, par inaccessibilité. Il est primordial selon moi, de communiquer autour de ce

constat, mais aussi de rétablir la valeur de l’architecte et de son travail au sein d’une maitrise d’ouvrage et dans la négociation des honoraires. Notre pratique est sous-estimée, voie dévalorisée vis à vis des autres professionnelles du bâtiment. C’est de cette différence nette que nait la crainte du grand public de l’architecte, qui le considère comme un intermédiaire superflu et non économique, car trop payé. L’architecte ne crée pas un objet ou une matière, il offre au contraire un service, quelque chose qui n’est pas palpable, le rendant ainsi superflu.

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En quoi cette image est nuisible ? /

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Comme toutes perceptions erronées et infondées, la vision que se fait le grand public des architectes a tendance à desservir la profession. C’est avant tout une question de confiance. Comment un client potentiel peut il accorder sa confiance, pour un projet qui pour lui est peut être le projet de toute une vie, à un corps de métier indigne de cette confiance, car trop couteux, ne respectant pas les délais, ni les considérations du client,… Ce qui se comprend, c’est pourquoi il est nécessaire de se détacher de cette image, afin de regagner la confiance des clients et des consommateurs potentiels. Et c’est cette confiance qui est à l’origine de futures commandes, de développement d’entreprise d’architecture, de progression. Il est donc nécessaire voir primordiale de tenter de la regagner. Je suis persuadé que pour atteindre cet objectif, il n’y a qu’une seule possibilité, la communication. C’est grâce à la communication que nous, architectes, parviendrons à mettre en valeur notre travail, à prouver que nos études, nos

connaissances et nos savoir- faire, sont au service de la qualité architecturale et donc du client. C’est par une communication adaptée que nous pourrons valoriser les architectes face tout d’abord à leur détracteurs, mais aussi et surtout à leur concurrents sur certains marchés (les constructeurs et pavillonistes pour le marché de l’habitat individuelle par exemple). Cette image peu valorisante de la profession est aussi un prétexte, une excuse à se faire « grignoter » petit à petit. Persuadée de l’incompétence des architectes, la maitrise d’œuvres à tendance à s’élargir, et à voir entrer de nouveaux acteurs, maitrisant de nouveaux sujets, répondant très souvent à de nouvelles législations, qui ont tendance à augmenter la pourcentage d’honoraires de la maitrise d’œuvre. Face à ses nouveaux acteurs qualifiés, l’architecte peine parfois à faire valoir son travail, du fait de sa mauvaise notoriété et du peu de reconnaissance de son travail, entachant indirectement sa rentabilité.

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Partie 2/ La nécessité d’une communication d’agence


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Communiquer : Faire savoir quelque chose à quelqu’un, le lui révéler, lui en donner connaissance ; transmettre, divulguer. Dictionnaire Larousse

La communication est dans la société la capacité de se comprendre, d’interagir et d’évoluer. C’est avec ces trois mêmes objectifs que nous allons étudier les différentes démarches et outils permettant de communiquer au niveau d’une agence d’architecture. Nous allons voir qu’il y a plusieurs types de communications, une communication de valorisation de son savoir faire et de ses connaissances, une communication de partage et d’échange de ces compétences et une communication de diffusion des ces valeurs. Dans une agence d’architecture, comme dans toutes entreprises, le but de la communication est de vivre ensemble, pour évoluer ensemble et perdurer ensemble. L’objectif de la communication est de se faire connaître, de faire reconnaître son savoir faire, de part ses expériences passées réussies et par son évolution au cours du temps. Afin de bien communiquer, il faut comprendre les différentes échelles de communication liées aux agences d’architecture. Nous traiterons tout d’abord de la communication interne à l’agence, afin de faire partager à ses colla-

borateurs les plus proches, sa vision de l’architecture, sa démarche et ses valeurs. Cette première étape nous permettra ainsi de passer à la communication de l’agence à une échelle locale, c’est à dire avec les interlocuteurs récurrents de l’agence d’architecture, qu’ils soient ou non, ouverts, avertis à la pratique architecturale. Et enfin, dans l’objectif de diffuser ses valeurs et de faire rayonner son savoir faire, nous parlerons de la communication globale de l’agence pour trouver de nouveaux marchés, et mieux se démarquer face aux concurrents. La communication est hiérarchisée entre les différentes phases ainsi qu’entre les différents acteurs de chaque phase. Et le rôle de l’architecte est là, c’est le point central de la communication d’un projet. Tout revient à lui, que ce soit ses collaborateurs sur chaque projet, mais aussi les autres acteurs de la maitrise d’œuvre, les différents types de maitrise d’ouvrage, les entreprises, et la communication externe de l’agence. Nous allons traiter par échelles les différents rôles et points d’intervention de l’architecte dans cette partie.

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Communication interne à l’agence /

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Dans une agence comme Mootz et Pelé Architectes, la communication interne est primordiale. C’est quand tout a été expliqué et mis en place qu’enfin le travail de chacun peut s’effectuer sans frictions. Cette communication interne consiste avant tout à bien définir l’agence, et sa démarche. Le but de cette étape étant d’accorder les violons de tout le monde au sein de l’agence, pour savoir qu’elle est la valeur ajoutée proposée par l’agence. Et une fois cette étape validée on peut parler de projet, d’organisation, de partis pris et ensuite définir un cap d’évolution. C’est surement dans cet exercice que ma mise en situation ne m’a pas apporté ce que je désirais, si je puis dire. Les objectifs étaient rarement clairs, il y avait trop peu d’explication sur l’historique du projet, l’objectif et le cap à suivre et j’étais toujours un peu

à la pêche aux informations. J’aurais aimé plus de précisions de la part de mes tuteurs Eric et Marc qui sont tout deux les gérants de l’agence. Mais je pense que tous les torts ne leur reviennent pas, j’ai surement ma part de responsabilité et j’en suis pleinement conscient. Et même si l’expérience s’est très bien déroulée, c’est le seul point d’ombre sur lequel je peux entretenir quelques regrets. Mais en même temps, m’être aperçu de ça m’a aidé à analyser le phénomène, et donc à le prendre en compte dans ma vision du travail pour y accorder plus d’attention dans mon exercice futur. Et c’est cette réflexion autour de ce sujet de la communication interne qui m’a fait prendre conscience que l’architecte est un communicant, et que pour exceller dans ce domaine il faut en avoir conscience, et en avoir étudié les différentes facettes. C’est

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ce qui a entrainé et justifie pleinement mon choix de m’intéresser au sujet de la communication dans ce mémoire, et j’espère avoir pris suffisamment de recul pour traiter du sujet dans sa globalité : l’architecte est un communicant.

l’explication et la compréhension du projet. Le croquis est à mes yeux le moyen le plus efficace de communication de l’architecte. Sur le calque les idées fusent, et tout observateur, interlocuteur avertis y voient beaucoup plus clair. Le croquis amène à Mais même si ce qui m’a tout ramener à l’essentiel, et c’est une amené à traiter ce sujet est une zone valeur qui m’est chère en architecture d’ombre de ma MSP, je tiens quand : la simplicité, la radicalité. De plus, même à préciser que c’est la stratéen comparaison à un rendu photogie de communication de l’agence, à réaliste, ou une perspective simple, il laquelle j’ai pris part. Ce qui légitime ne donne pas trop d’information, il se que je me penche plus en avant sur contente du nécessaire, de ce qu’on ce thème. Et en particulier la comchoisit d’y incorporer. Mais cet outil munication autour du projet et des a un défaut majeur, celui de n’être enjeux, où là les deux créateurs de compréhensible que par un œil averti, l’agence excellent, avec un outil en exercé déjà entrainé à imaginer des particulier : le croquis perspective. espaces et des points de vue à Et c’est donc autour de rouleau de partir du dessin. Il n’est pas nécessaire calque et de feutres noir papermate d’avoir une très grande expérience que toute la réflexion autour du dans le domaine, mais certains clients projet se faisait. Que ce soit avec peuvent parfois se sentir désemparés, nous, leurs collaborateurs, mais aussi n’ayant pas la capacité de se projesouvent avec les clients comme nous ter dans cet espace sans efforts. le verront plus tard. Je n’ai malheuEt pour palier à cela, il existe reusement pas scanné de croquis un langage universel : la maquette. au cours de l’année permettant d’en La maquette rend tout projet plus attester, les calques servant de base concret, et bien plus parlant. Mais de travail simplement, pas de pièces je parlerai de la maquette dans la graphiques à conserver et inclure au partie suivante, car nous n’avons pas dossier, ce qui est regrettable étant fait beaucoup de maquettes d’étude donné leur qualité graphique, et la durant ma MSP, mais beaucoup plus clarté qu’ils apportent dans la lecture, de maquettes à présenter aux clients. -59-


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La maison Mattei est une bonne application de ce mode de communication interne. C’est un projet totalement non-rentable, l’étude a été faite une fois sur un terrain à la montagne, puis sur un terrain en bord de mer, puis finalement sur un troisième terrain lui aussi en bord de mer, tout trois en Corse, pour un client Corse. Le temps d’étude a été littéralement explosé, mais le projet plait et l’agence veut pouvoir communiquer autour de ce projet, en faire sa tête d’affiche, sa signature. Donc le projet perdure, et je suis donc arrivé en phase esquisse de ce 3ème projet. Il changeait à nouveau beaucoup, mais la ligne de conduite de ce projet était la cabane de plage, simple, modeste, sur un site magnifique. Mais cette cabane de plage regroupe

deux maisons avec toutes deux deux chambres pour deux frères et leurs enfants avec une façade en front face à la mer de 35m. Comment la rendre modeste ? C’est le travail en croquis, juste et précis, et le travail en maquette qui ont amené ce projet à se dessiner, à se caler qui ont permis d’en discuter avec le client. C’est un projet auquel j’étais rattaché, sur lequel j’ai passé beaucoup de temps : arriver à des niveaux de détails de DCE, pour revenir en esquisse plusieurs fois, pour finalement déposer un permis après près de 3 ans d’étude, ponctués de pauses certes, mais trois ans d’études tout de même. Lors de la fin de ma MSP, le projet se dénouait enfin, et allait pouvoir devenir plus concret.

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Communication locale avec les acteurs du projet /

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Dans le monde d’aujourd’hui où la bulle internet fait partit intégrante de notre quotidien, avec les Smartphones, ordinateurs portables et autres, être visible sur le net est primordial pour une agence. Mais il existe aussi d’autre moyen de communiquer, d’expliciter sa pensée, sa démarche, et d’être vue. Là encore le thème est « être vu », pouvoir divulguer ses idées, sa démarche afin de mieux se faire comprendre mais surtout pouvoir accéder à de nouveaux marchés (ou en entretenir un en cours ou passé). Là encore la hiérarchisation de la communication est très présente, et chaque pièce graphique, chaque production ont un but précis, et un public ou plutôt un récepteur précis à informer. Plus les phases du projet

avancent, plus les interlocuteurs sont nombreux et plus la communication est présente et précise. Pour les jeunes agences, il est extrêmement difficile d’accéder à la commande publique, faute de référence principalement, et de chiffre d’affaire suffisamment élevé. D’où l’importance des associations, groupements. La cohérence de ces groupements, comme de toutes agences est liée à l’unité de son discours, de sa chartre graphique et de ses modes de représentation. L’unité et la cohérence sont la base d’un graphisme efficace, qui mettra en valeur les idées présentées en gardant toujours à l’esprit le public visé, et la démarche à expliciter. A qui s’adresse-t-on ? Quelle idée veut-on faire passer ?

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Exemple faisabilité Arcueil / Bagneux Ayant toujours été intéressé par le graphisme, intérêt consolidé par mes études d’architecture, je pense qu’il est important de maitriser son sujet de communication et ses outils afin de ne pas se tromper de cible, de public, et d’être clair. C’est pour cela que j’avais été embauché dans l’agence Mootz et Pelé Architectes, pour la clarté de mon portfolio, sa qualité graphique, et ma maitrise évidente du trait que ce soit en dessin d’architecture comme en graphisme. Lors de la faisabilité pour deux immeubles de bureaux en structure bois que nous avons réalisé à Arcueil et Bagneux, Eric et Marc ont donc tout naturellement fait appel à moi pour créer le graphisme, la chartre graphique et les pièces graphiques explicatives liés à cette étude de faisabilité. C’est le seul projet de l’année sur lequel nous avons tous travaillé en même temps, alors qu’habituellement le travail s’organise chacun autour de son projet. Mon but était de créer la communication autour de ce projet commandité par un aménageur la SADEV 94 dans le

but de le vendre aux mairies d’Arcueil et de Bagneux. Il fallait donner une unité aux différentes pièces graphiques produites par 4 membres de l’agence et créer une genèse du projet en partant du PLU pour arriver au projet sans trop parler d’architecture. C’est pour ne pas trop parler d’architecture et plus parler que nous avons choisi les schémas plutôt que les perspectives. L’établissement d’une chartre graphique rappelant le portfolio de l’agence pour ce dossier de présentation vient créer la cohérence nécessaire, et toutes les pièces graphiques ont été retravaillées pour créer l’unité de ce projet. Les schémas sont librement inspirés de la communication de l’agence BIG, précurseur international de par la stratégie commerciale de leur agence. Ils créent pour chacun de leur projet ses schémas de genèse formelle du projet alliant simplicité et graphisme, avec une très forte efficacité pédagogique, en accord avec leur vision de l’architecture essentiellement formaliste.

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Exemple Maison Zariffa : Ce projet part avant tout d’un travail sur des références architecturales variées, les goûts du client sur photos, et un cahier des charges très peu abouti. Il a fallu faire le tri dans les volontés du client, et l’amener à se rendre compte du coup exorbitant de son projet initial idéal et du budget bien plus serré qu’il envisageait. C’est une discussion qui amène à parler prix, mètres linéaires, à décortiquer chaque espace, chaque mètre carré pour définir réellement les envies du client en adéquation avec son budget. Notre but était de connaître les priorités du client, et les endroits où on pouvait tenter de réduire la note. C’est tout récemment que j’ai découvert l’outil mis en place par un architecte Mickael Tanguy. Afin de mieux définir le programme de ses clients, afin de connaître les points sur lesquels ne pas déroger et savoir lesquels sont au contraire transgressables, le tout dans une volonté de paraitre plus concret face au client, il a créé un simple fichier Excel, téléchargeable par tous. Le client définit ses priorités, mètre carré par mètre carré, en essayant de tenir lui même son budget en fonction de ses envies. Je vous invite à aller voir son

site, il y a le fichier Excel et la notice explicative téléchargeables. Avec un tel outil, nous aurions sûrement pu plus facilement mettre à jour les priorités du client dans le cas de ce projet. Cette maison est l’exemple adéquat pour parler du langage universel qu’est la maquette. En chacun d ‘entre nous, se réveille une âme d’enfant jouant avec ses légos ou ses Kaplas. Mais avant tout ,la maquette est comprise ,lisible par tous, chacun arrive à s’y projeter, contrairement à un plan, une image ou un croquis. On tourne autour, on voit le volume, on a quelques informations légères sur les matériaux, la structure… C’est exactement le cas du client, qui a beaucoup de mal à parler d’espace et de volume en plan, mais qui adore la maquette de son projet. En plus, avec un petit travail photographique simple, on peut faire quelques tests de lumière que l’on incruste sur les photos du site et le client est conquis. Il imagine déjà sa maison avec l’écurie pour son cheval au milieu de la campagne bretonne.

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Exemple Escarelle : L’histoire du projet est ici quelque peu rocambolesque. Un premier concours a été organisé par le client entre différents architectes, mais non satisfait du résultat il est prêt à laisser tomber. C’est la discussion avec notre agence qui parvient à le faire changer d’avis, à redéfinir ses envies, et ses besoins. Il reformule le concours, que l’agence remporte. Les perspectives de qualité, respectant la volonté du client avec un projet s’inscrivant dans le patrimoine du lieu, un projet fait pour durer, avec des matériaux locaux, ont

fait clairement pencher la balance de notre coté. C’est tout le cheminement pour en arriver à décrypter les aspirations profondes du client qui a fait que le projet proposé lui ressemble, et qu’il se l’imagine grâce aux perspectives. L’aspect photoréaliste, la puissance des matériaux dans un effet photographique poussé fait que c’est cette image qui a convaincu le client.

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Outre les maquettes, le croquis, les plans ou les perspectives photoréalistes (qui sont des outils communs à tous les architectes aujourd’hui), mais qui plaçaient convenablement dans une démarche d’écoute et de partage peuvent faire la différence, il existe de nombreuses manières pour se faire comprendre. Le tout est de savoir cibler à qui l’on parle, et ce qu’il attend de nous. Mais outre les pièces et outils mis en œuvre, il y a tout un discours, un échange, une démarche d’agence à définir clairement, et à instaurer avec les acteurs extérieurs qui amènent au bon fonctionnement des relations professionnelles. Par exemple, en incluant au plus tôt les entreprises dans le processus de développement du projet, on peut faire des économies de moyens et de temps, sur des savoir-faire qu’elles ont ou non, des méthodes de travail. Savoir les inclure dans le processus de création fait que l’on peut s’approprier leur savoir-faire, pour penser comme elles : mise en place, temps, fourniture et donc commencer à parler de rentabilité. C’est la même intelligence de conception qui fait que l’ouverture de la maitrise d’œuvre à tous ces acteurs au plus tôt, évite de devoir retravailler son projet en aval. La réflexion avec leurs

compétences incluses se fait dès la conception et les agences gagnent un temps considérable, mais aussi privilégient des relations de confiance et non conflictuelles basées sur le partage des connaissances. Avec la complexification des réglementations et des systèmes d’habitats, la maitrise d’œuvre s’élargit, il faut donc ouvrir le dialogue avec ces nouveaux acteurs, pour bénéficier de leur acquis. Je pense que l’agence d’architecture va être amené à changer, à se lier à des BET, à s’entourer de techniciens et d’ingénieurs spécialisés, pour ouvrir son éventail de compétences, et faire fonctionner son intelligence de conception en avance, dans un soucis d’efficacité et de rentabilité, mais aussi de maitrise des savoir-faire et des techniques. Le bouche à oreille étant en architecture l’un des meilleurs recruteurs de clients, soigner sa communication avec les acteurs internes, déjà présents dans son réseau est primordial. Un projet, un client heureux seront nos meilleures cartes de visite.

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Communication Globale /

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Le but de la communication est de pérenniser son activité en démarchant de nouveaux marchés, de futurs projets, de nouveaux clients. Je pense que le point primordial de cette partie est de créer une dynamique qui amène les maitres d’ouvrages potentiels à accorder leur confiance à notre agence. Car en effet, nous y revenons, le problème premier qui dessert les architectes c’est l’image qu’à l’opinion publique d’eux. Le premier point c’est la confiance, car pour le MOA potentiel, ce projet, c’est souvent un projet de vie, c’est pour lui avant tout de l’argent, le fruit d’un labeur à transformer par notre intermédiaire en un projet. Et dès que l’on parle d’argent on parle de confiance. Si le service proposé par les architectes ne représentait qu’une part minime d’un salaire, nous pourrions et nous devrions orienter

notre communication sur le plaisir, le fun, ou je ne sais quoi d’autre. Mais là les sommes engagées sont conséquentes, et les aprioris sur la profession bien présents. Il est donc nécessaire de venir broder petit à petit une confiance à l’égard de son agence. Et cette confiance c’est avant tout l’adhésion à un discours élaboré, à une prise de parti. Ce raisonnement doit découler d’un plan de communication visant à se démarquer de ces concurrents indirects, les constructeurs, promoteurs et les concurrents directs, les autres agences d’architecture. L’objectif est donc de définir son agence comme spécialisée, la rendant ainsi « experte en … ». Il faut donc procéder par étape, en définissant précisément les marchés visés, les clients visés, pour enfin trouver la spécificité de votre agence, celle qui la rendra unique,

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«Nous devons admettre que c’est la pléthore d’offre ; c’est-à-dire des alternatives légitimes à la proposition de notre entreprise ; qui permettent aux clients de demander, d’éxiger de nous que nous leur fournissions gratuitement notre réflexion. Si nous ne sommes pas perçus comme plus experts que nos concurents, nous nous réduisons à n’être qu’un parmi tant d’autres, au pouvoir limité dans notre relation avec eux et nos prospects.» Gagner sans idée gratuites - La stratégie commerciale gagnante du designer entrepreneur. - Blair Enns

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et experte. Quand le client potentiel que vous avez ciblé, va chercher à qui confier son projet, il aura le choix donc entre vous, expert en exactement ce dont il a besoin, et d’autres non-experts, non-spécialistes, sachant faire de tout, et aux yeux du client sachant faire de tout sauf ce dont il a besoin. Le choix ne sera pour lui que plus facile, et étant le seul expert de ce milieu, vos honoraires seront négociés bien autrement. Mais cette méthode c’est bien entendu ma vision du marketing et de la communication d’une agence. Et trouver une spécificité suffisamment pointue pour en être le seul expert, mais avec un marché suffisamment grand pour que vous y trouviez votre place, là sera le défi. C’est ce que nous explique le livre Gagner sans idée gratuite – la stratégie commerciale gagnante du designer entrepreneur, mais qui s’applique très bien aussi aux architectes entrepreneurs. La spécialisation et son expertise ne sont que la première étape, celle qui sert à démarquer son agence des autres, et surtout à

définir son agence, à mettre des mots précis sur des marchés, des objectifs. Il y a ensuite de nombreux outils qui peuvent servir à dispenser ses qualités, à communiquer non plus en temps qu’une agence d’architecture mais maintenant en : LA SEULE agence experte en … Et maintenant pour accéder à la commande, pour rencontrer de potentiel MOA, prêt à vous faire confiance, il faut maintenant se faire connaître, et là nous passons du marketing à la communication par la stratégie de communication. Chacun des outils que je vais présenter peut être mis en œuvre seul ou conjointement aux autres. Je pense que pour atteindre le plus de clients potentiels, il faut viser le plus large possible, c’est un des principes de la publicité, et c’est un peu dans ce penchant là que nous tombons.

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http://www.mootz-pele.com/ Nouveau site internet de l’agence.

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Le site internet, primordial de nos jours, ne doit pas desservir l’agence. Certains sites, trop vieux, trop laids, peuvent vite desservir l’agence en détériorant l’opinion qu’elle cherche à dispenser. Les sites modernes comme celui de Mootz et Pelé Architectes qui vient d’être mis à jour, se composent souvent d’un partie projet, sous forme de catalogue, et d’une partie actualité, se reprochant souvent du blog. Mis à jour régulièrement, il permet d’alimenter le site, de montrer le travail au quotidien,

donc aussi le savoir-faire. Une newsletter permet de rappeler chaque mois votre existence avant tout mais aussi, votre savoir-faire au quotidien et vos nouvelles réalisations. La chartre graphique générale, celle du site internet, du book, et le logo de l’agence sont aussi une manière graphique de se faire connaître, de créer de l’intérêt, de l’attrait. Les sites ne sont pas à négliger et doivent refléter la spécificité de l’agence si possible.

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idées | 7

0123 JEUDI 30 OCTOBRE 2014

VU D’AILLEURS | CHRONIQUE par ay esha et parag k hanna

Comment réguler l’économie du partage

L

a capacité croissante des indivi­ dus à procéder à des échanges directs de biens, de services et de travail, par l’intermédiaire des pla­ tes­formes en ligne, transforme la manière dont fonctionnent nos éco­ nomies. Mais si nous voulons que l’avènement de l’« économie du par­ tage » s’opère de manière efficace et bénéficie à l’ensemble des acteurs, une certaine réglementation est né­ cessaire. Les individus sont aujourd’hui en mesure de contourner nombre d’en­ treprises de services traditionnelles. Il leur est désormais possible de par­ tager les transports, d’obtenir un hé­ bergement, de confier leurs tâches ménagères, de se faire livrer leurs courses, de financer une start­up… En supprimant les intermédiaires, ces plates­formes en ligne permettent d’autonomiser les individus : ache­ teurs et vendeurs sont à même de s’entendre directement sur le prix de chaque transaction, la réputation des entreprises reposant sur une expé­ rience cliente transparente, qui gé­ nère une pression perpétuelle vers plus de qualité.

L’économie du partage dynamise aussi l’entrepreneuriat. Ce qui avait commencé comme un moyen d’ar­ rondir ses fins de mois – en louant par exemple un appartement ou une voiture – s’est mué en une force éco­ nomique perturbatrice. Selon les esti­ mations du magazine Forbes, les re­ venus de l’économie du partage s’élèveraient à 3,5 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) en 2013. NORMES SOCIALES

Une évolution économique de cette magnitude suscite des inquiétudes, parfois légitimes. Nombre de ces ser­ vices vont avoir besoin d’une régle­ mentation minutieuse s’ils veulent prospérer – comme l’ont démontré plusieurs manifestations et décisions de justice, en Europe, à l’encontre d’Uber, spécialiste des voitures de tourisme avec chauffeur. On peut craindre que ces entreprises supplan­ tent la concurrence parce qu’elles ne sont pas soumises à la même fisca­ lité. Ou encore que, nourries de capi­ tal­risque, elles fonctionnent à perte dans le but de capter des parts de marché. Et doivent­elles être autori­

Sevrer le marché du logement de son dopage fiscal Trop de demande, pas assez d’offre… Les politiques restent impuissants par auguste mpacko priso

M

anuel Valls a lancé la re­ mise à plat de la loi sur le logement. Mais la dé­ cision du premier mi­ nistre a suscité des remous tant chez les partisans que chez les adversaires de ce texte. Les adversaires du contrôle des loyers n’ont pas tari d’éloges devant sa suppression, quitte à avancer des idées étranges. Un grand promoteur a ainsi accusé cette loi d’être, contre toute évidence, responsable de la « chute des investissements et mises en chantier, blocage du marché avec comme résultat une baisse plus nette de la croissance et une augmentation du chômage » (Le Monde, 5 septem­ bre 2014). De l’autre côté, les partisans de la loi amputée – au premier rang desquels l’ancienne ministre du logement, Cé­ cile Duflot – la défendent en s’ap­ puyant sur des arguments tout aussi étonnants. Affirmer qu’en « détrico­ tant la loi ALUR, MM. Hollande et Valls renforcent la bulle immobilière », c’est prétendre que cette loi aurait pu, si­ non en empêcher la formation, au moins y mettre un terme. La réalité est plus complexe. Si les prix de l’immobilier restent si élevés en France, c’est d’abord parce que la demande reste forte et l’offre relative­ ment inélastique. Or cette demande est alimentée par différentes sources. Certains investisseurs sont tétanisés par la perspective de faibles niveaux futurs de pensions et cherchent à se mettre à l’abri en nourrissant cette de­ mande, quitte à entretenir une éven­ tuelle bulle. On ne peut guère le leur reprocher. Mais tous les initiateurs de dispositifs d’incitation fiscale à l’in­ vestissement locatif, ministres et/ou

Auguste Mpacko Priso, économiste, est l’auteur d’ « Economie et stratégies immobilières », Editions Dianoïa, 2014

élus locaux, font aussi partie des fau­ teurs de bulle, y compris le dispositif Duflot, dont le mécanisme, s’il ne pro­ voque pas nécessairement la hausse des prix, l’entretient. La question importante reste donc de savoir si, à moyen terme, la France peut résorber l’écart entre la demande et l’offre de logements. Rien n’est moins sûr. D’un côté, la hausse du nombre de ménages, qui s’explique en partie par la baisse du nombre de personnes par ménage, exerce une pression insoute­ nable sur la demande. De l’autre, l’orga­ nisation extrêmement centralisée du pays entraîne une pression croissante sur les zones tendues. STATU QUO

Chacun sait qu’un autre aménagement du territoire aurait été une réponse adéquate, comme le montre l’exemple allemand. Dans ce pays, la plupart des activités culturelles se trouvent à Ber­ lin. L’industrie est surtout concentrée en Bade­Wurtemberg (Stuttgart) et en Bavière (Munich). La finance a princi­ palement pris ses quartiers en Hesse (Francfort)… Autant de localisations qui évitent la concentration de la de­ mande dans une seule localité. En France, en revanche, la finance, la cul­ ture et l’industrie sont d’abord en ré­ gion parisienne. En réalité, ni les partisans ni les adver­ saires de la loi Duflot n’ont apporté de réponse aux principales sources de tension sur le marché résidentiel fran­ çais. Il s’agit de savoir comment faire baisser la demande de logements, ou alors comment accroître l’offre. S’il s’agit de baisser la demande, il faudrait revenir sur l’évolution sociétale en réaugmentant la taille des ménages. Cela peut passer par la baisse du nom­ bre de ruptures conjugales (mariages ou pacs) ! Ou encore par une accéléra­ tion de la recomposition des ménages (intergénérationnels, colocations, etc.). S’il s’agit d’augmenter l’offre, il faudrait revenir à une politique de soutien à la construction, avec des aides plus im­ portantes à l’accession à la propriété. Mais les difficultés budgétaires sont telles qu’il ne reste plus qu’à œuvrer pour la baisse de la demande… Dans l’hypothèse par conséquent très probable d’un statu quo, la princi­ pale question à laquelle doivent répon­ dre le gouvernement et les promoteurs est celle de savoir comment désensibi­ liser la promotion privée de la drogue des dispositifs d’incitation fiscale. 

sées à accéder aux données de con­ nexion sur les habitudes et les mou­ vements de la clientèle ? Certaines de ces sociétés se sont fixé leurs propres normes. TaskRab­ bit, système de partage des tâches ménagères, exige des participants qu’ils versent un salaire minimum, et a lancé un programme d’assurances sociales pour ses employés améri­ cains. En revanche, les plates­formes technologiques recourant à des « em­ plois du temps algorithmiques » afin d’harmoniser les heures de travail des employés et les horaires des en­ treprises perturbent la vie de famille et imposent un stress inutile. Il incombe aux responsables politi­ ques de devancer ces tendances et de travailler aux côtés du secteur privé pour garantir l’équité et l’efficacité du marché, par exemple, en luttant con­ tre la manipulation des avis d’inter­ nautes. Airbnb et l’agence de voyages en ligne Expedia ne permettent la formulation d’avis que de la part d’internautes ayant effectivement utilisé leurs services ; cela pourrait constituer l’une des normes régle­ mentaires de l’économie du partage.

Surtout, dans la mesure où les indi­ vidus fondent leurs revenus sur di­ verses sources plutôt que sur une profession unique, il devient de plus en plus difficile de recueillir et d’ana­ lyser les données du marché du tra­ vail. Les gouvernements vont avoir besoin de nouvelles normes de comptabilité pour calculer les reve­ nus et les cotisations de la catégorie toujours plus nombreuse des tra­ vailleurs indépendants. De telles normes, couplées à des règlements en matière de partage des données, contribueront à déterminer à quel moment, et dans quelle mesure, taxer les transactions de l’économie du partage. Rien de tout cela ne sera facile. L’existence de travailleurs indépen­ dants à temps partiel n’est pas nou­ velle, mais l’économie du partage leur permet de devenir des « nano­ travailleurs », changeant d’employeur non seulement chaque mois ou cha­ que semaine, mais bel et bien plu­ sieurs fois par jour. Face à des taux de chômage élevés et à la stagnation des salaires aux Etats­Unis et en Europe, les individus

Ayesha et Parag Khanna sont coauteurs de « Hybrid Reality : Thriving in the Emerging Human Technology Civilization » (TED Conferences, 2012)

recourent de plus en plus à ce type de diversification. A l’heure actuelle, près de 27 millions d’Américains sur­ vivent grâce à des revenus à temps partiel et autres rémunérations ponctuelles. Alors que près de la moitié des em­ plois de services des pays dévelop­ pés devraient s’automatiser, l’écono­ mie du partage pourrait permettre d’atténuer la perturbation subie par les travailleurs menacés par cette mutation. Les données de l’écono­ mie du partage pourraient en effet aider les gouvernements à identifier les employés les plus à risque, et à œuvrer en faveur de leur reconver­ sion professionnelle.  Traduit de l’anglais par Martin Morel. © Project Syndicate, 2014. www.project­syndicate.org

Habitat : crise de l’offre, ou crise de la qualité ? L’industrie de la construction n’arrive pas à sortir du modèle du marché de masse qui a fondé sa prospérité passée par erik mootz et marc pelé

L

es Français achètent trop peu de logements neufs. La crise économique amorcée en 2008 a plongé l’industrie de la construction dans une récession inédite par sa longévité. Sept ans de débats et de mesures de relance – choc foncier, relance de la demande, simpli­ fication des normes –, et les indices sont toujours aussi accablants. Cent mille logements neufs restent inven­ dus, le nombre des transactions chute, les investisseurs sont de plus en plus défiants. Une seule explication : si les Français n’achètent pas, c’est que le lo­ gement neuf est trop cher, le plus cher d’Europe. Une analyse lapidaire et im­ parable.

« ÂGE D’OR »

Pourtant, les taux d’intérêt sont au plus bas, et la demande est pressante : on estime à 800 000 par an la de­ mande de toits en France, et seule­ ment 280 000 logements ont été mis en chantier en 2013. En vain. La de­ mande se désintéresse de l’offre. Or quelque chose a été oublié dans ce « remue­méninges » : le logement lui­ même. On parle de son prix, jamais de sa valeur : fonctionnement, espace, lu­ mière, modernité, etc. Et si la cause de la crise était aussi liée à la nature de l’habitat proposé ? Imaginez les PDG de Renault ou de Coca­Cola accablant les politiques publiques pour justifier l’échec de l’Avantime ou du New Coke… Ces exemples montrent que, sans analyser et corriger la pertinence du produit commercial, une sortie de crise durable est impossible. Un « âge d’or » d’un demi­siècle a suffi à enfermer la production de loge­ ments dans un raisonnement coupé

LE CUMUL DE NORMES A PRODUIT DES ABERRATIONS DANS LA RÉPARTITION DES SURFACES ET LA TAILLE DES ESPACES HABITABLES

de la demande. La reconstruction de l’après­guerre, le baby­boom, la multi­ plication des familles monoparentales et l’incroyable fertilité des ménages français ont permis à l’industrie de se construire sur un modèle où la de­ mande est aiguillée par l’urgence et le besoin. Une production de masse pour une masse peu exigeante. Et si cette époque était révolue ? Essayons d’imaginer à quoi ressem­ blerait une automobile dont le proces­ sus de production ressemblerait à ce­ lui du logement. L’habitacle de 2014 serait celui d’un véhicule populaire des années 1970, comme la 4 L, par exemple. Le reste serait composé de matériaux imposés par des contrain­ tes réglementaires – les fameuses nor­ mes – qui sont autant de cadeaux of­ ferts aux industries chargées de fournir les matériaux de construc­ tion… Un assemblage de produits coû­ teux pensés indépendamment les uns des autres au gré des exigences légis­ latives et assemblés au mieux par un designer habile en puzzle : l’architecte. Une chimère industrielle dont les coûts toujours plus élevés n’ont offert, en quarante ans de production, aucune amélioration significative de l’espace habitable. Bien au contraire, le cumul de normes a produit des aber­ rations bien connues des profession­ nels dans la répartition des surfaces et la taille des espaces habitables. Si les ménages s’en désintéressent, est­ce parce qu’ils ne sont pas solva­ bles ? Le gonflement de l’épargne et l’augmentation du volume des assu­ rances­vie tendraient à prouver le contraire. Et si les Français n’étaient tout simplement pas séduits par ce produit ? Aucune étude dans ce sens n’a été menée pour définir les axes de la relance de l’industrie. Mais dans ce jeu, personne n’est dupe. A part, peut­ être, quelques architectes idéalistes qui ont en mémoire les merveilleuses cellules en duplex de la Cité radieuse de Le Corbusier (qui s’arrachent à prix d’or) ou les standards des logements d’Auguste Perret, dont les opérations du Havre sont inscrites au Patrimoine de l’humanité par l’Unesco (une bonne affaire pour les propriétaires). La relance du BTP, c’est un potentiel de croissance de 0,4 point : un Graal pour n’importe quel gouvernement, qui justifie tous les aveuglements.

Tribunes d’Erik Mootz pour le compte de l’agence Mootz&Pelé dans Le Monde

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Pourtant, de nombreux indices de­ vraient nous inciter à remettre en question notre manière de concevoir le logement. L’augmentation des re­ cours contre les permis de construire, qui bloquent la construction de 25 000 logements par an, démontre le rejet d’une partie croissante de la po­ pulation vis­à­vis d’une production ju­ gée défavorable à la valorisation du patrimoine alentour. La bonne santé des transactions dans l’ancien (+ 9 % dans l’ancien en Ile­de­France, contre – 26 % dans le neuf en 2013) tend aussi à prouver la défiance croissante des acquéreurs concernant des construc­ tions neuves. Enfin, le simple fait qu’il faille doper la demande à coups d’aides publiques révèle l’apathie que suscitent les logements mis sur le marché. MANŒUVRE DE CONTOURNEMENT

Cessons de concevoir le logement comme un simple produit d’épargne. Les questions du coût du foncier, du poids des normes et de la capacité de financement des acquéreurs sont es­ sentielles. Mais défiscaliser un produit revient à baisser artificiellement son prix sans en améliorer la valeur. C’est une manœuvre de contournement, malheureuse pour les finances publi­ ques. Etonnants débats où les grands groupes privés de l’immobilier récla­ ment comme un dû une croissance… financée par le déficit public. L’objectif de la relance devrait viser à valoriser le logement pour que son prix soit justifié. C’est l’intégralité de ses attributs qui déterminent l’attrac­ tivité d’un logement, et pas seulement son prix. Ikea a révolutionné l’ameu­ blement populaire en proposant un design élégant, dynamique et bon marché, Apple a transformé des ma­ chines fonctionnelles en objets ludi­ ques et séduisants… A chaque fois, c’est une approche sensible et pas ex­ clusivement technico­financière qui a permis de créer des richesses. Quelle équipe d’investisseurs, de promoteurs, d’architectes aura « la » bonne idée pour séduire à nouveau les acheteurs et dynamiser un marché en panne ? Et quel gouvernement lui en donnera les moyens ? 

Erik Mootz et Marc Pelé dirigent l’agence d’architecture MOOTZ & PELÉ, spécialisée dans le logement et les équipements scolaires


Les réseaux sociaux sont aujourd’hui le nouveau crédo de communication des agences: facebook, twitter et surtout instagram et pinterest. Ce sont autant de supports libres et gratuits, ou chacun peut poster l’actualité de son agence, des photos de chantier, l’évolution et l’actualité interne de l’agence (recrutement, nouveaux venus,...). Avec le même objectif qu’une newsletter, rappeler son existence, partager l’actualité de l’agence et se mettre en valeur, ces méthodes sont très pratiquées par les jeunes agences d’architecture. De plus, les réseaux sociaux permettent un meilleur référencement de l’agence et de ses spécificités au sein des moteurs de recherche (google, yahoo ,bing ,...) et donc une meilleur visibilité. L’agence Mootz et Pelé a aussi choisi de diversifier les supports de son intervention, et de sa réflexion sur l’architecture. Par exemple, Eric fait partie de l’émission diffusée sur Canal + : les nouveaux explorateurs. Ce sont des documentaires de 45min à 1h, ou un explorateur part visiter un pays, Eric à visiter par exemple le Brésil, le Japon et la Nouvelle Zélande. Le thème d’Eric est le logement dans le monde, chacun de ses reportages traitent de ce thème, crédibilisant ainsi l’agence d’une expertise internationale du logement.

Au tout début de ma MSP, Eric écrivait un article, qui a été publié dans le monde. Cette tribune intitulée : « Habitat, crise de l’offre ou crise de la qualité ? » a été publiée dans Le Monde, transférant tout le sérieux et le crédit de ce journal à l’agence. Nous avons été contactés par une dizaine de promoteurs voire de très grands promoteurs, pour discuter de l’article, et du placement de l’agence dans la dynamique qualitative du logement. L’agence devient ainsi experte en logement, alors qu’en réalité même si Eric et Marc ont réalisé de nombreux bâtiments de logements dans leurs expériences précédentes, l’agence va livrer ses tout premiers logements collectifs seulement en Décembre 2015 lors de la livraison du Collège Confluence à Ivry.

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L’agence LAN a publié un livre, à la manière d’une autobiographie de l’agence et des projets, permetant de diffuser différements le discours produit par l’agence. Le livre devient un argument marketing, et la publication est maitrisé car effectuer au sein de l’agence, ventant les mérites de sa démarche.

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En matière de communication, avec des supports différents dans le but d’élargir son panel de clients potentiels, l’agence LAN fait partie des précurseurs. Pour chaque projet, ils réalisent une vidéo, tout au long du processus, depuis l’esquisse jusqu’à la livraison, diversifiant ainsi les supports et les publics. Les publications d’articles, écrits sous le nom de l’agence a toujours une influence positive. Ce n’est plus dans ce cas-là du journalisme sur les projets de son agence, mais une stratégie de diffusion de ses valeurs. L’article écrit par un journaliste d’architecture au sujet d’un projet sera forcément critique, même très légèrement, mais le vôtre exposera votre manière de penser, sans contradictions possibles, sans nuances. Les concours sont souvent l’occasion d’être vu. Tout d’abord parce qu’ils sont souvent fortement médiatisés et relayés sur internet (europaconcorsi, arquitecturabeta,…) mais aussi car ils peuvent être le support de projet signature, base

de travail autour de la réflexion menée par son agence. Mais attention au travail spéculatif. La pratique de l’architecture est un entreprenariat ne l’oublions pas. Nous ne vendons pas un bien mais un service, et ce service ne peut pas être offert à tout va, c’est notre matière première, et elle a un coût : notre temps de travail, nos idées, nos valeurs ajoutées. De nombreux autres supports existent, radios, télévisons, évènementiels…Certaines agences se groupent pour être présentes à des salons du logement, de la construction bois… Salons où sont présents de potentiels clients, et des entreprises avides de faire connaître leurs nouveaux savoir-faire. Je pense qu’il n’existe pas de liste exhaustive de ces supports, la seule limite étant la créativité de chacun (et son budget). Mais ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est d’adapter ces supports à ses potentiels clients et non l’inverse.

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Partie 3/ Les outils au service de la valorisation de la profession


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Nous avons vu précédemment que la profession d’architecte pâtit d’une réputation péjorative, infondée et parfois fausse. Nous avons par la suite proposé des actions au niveau de chaque architecte et de chaque agence, pour détacher l’opinion publique de ces a priori, et pour démarquer les agences des unes des autres, mais nous n’avons pas encore traité la question : « Quelles actions peut-on entreprendre pour changer cet a priori ? Regagner la confiance du grand public, gagner de nouveaux marchés sur le dos de nos détracteurs en faisant valoir nos

compétences ,tels sont les objectifs. L’architecture est considérée comme le premier art dans la classification des neuf arts majeurs, et pourtant elle n’est pas enseignée dès le plus jeune âge. Je pense que pour faire évoluer les mentalités à ce sujet, il faut passer par une approche pédagogique de l’architecture. Mais avant tout, il faut faire tomber les a priori, et revaloriser notre profession.

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Faire tomber les aprioris /

Campagne de communication par lebahutier.tumblr.com

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Les a priori négatifs sur les architectes étant principalement véhiculés par les détracteurs qui n’ont aucun intérêt économique à ce que nous soyons reconnus comme des professionnels compétents, je pense qu’il est assez simple de réduire considérablement leur impact. Je pense que c’est le rôle de l’ordre des architectes de diffuser largement une campagne de communication mettant à mal ces a priori infondés. En se basant sur l’observatoire de la profession que l’ordre des architectes a commandité et sur le rapport sur les professions réglementées, des études sérieuses démontrent l’état réel de la place de l’architecte dans la société. Mais étant architecte et maitrisant l’image, notre image et la communication, il est de notre devoir de nous mettre en valeur en nous comparant à nos concurrents, et leur maisons en papier mâché, toutes pareilles. La communication basée sur l’humour étant souvent très communicative, je me permets de vous joindre deux exemples rencontrés, mis en place par des agences d’architecture, dont l’ordre national pourrait s’inspirer pour créer sa campagne. La crise des cinquante prochaines années ne

sera pas celle des grands ensembles mais celles des lotissements j’en suis certain. Notre but n’est en aucun cas de se mettre en « guerre » contre les constructeurs de maisons individuelles, bien entendu. Notre but est économique avant tout, c’est l’accès à des parts de marchés qui ne sont pas aujourd’hui couvertes par les architectes, et le point qui me semble primordial pour y arriver, c’est de défendre et de faire valoir la qualité des réalisations des architectes. Qualités non seulement plastiques, mais avant tout le gage de confort, de pérennité, de respect du cadre de vie, au service du client, de la ville et la société. Et l’objectif est ainsi non pas de prendre les clients de ces marchés, mais d’amener les promoteurs, les constructeurs et les pavillonistes eux-mêmes à faire appel constamment aux architectes, afin de garantir la qualité de réalisation, afin d’avoir accès aux compétences détenues par les architectes apportant une réelle valeur ajoutée à leur travail.

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Valoriser les competences de l’architecte /

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Tout d’abord, la disparition du seuil de recours obligatoire à l’architecte serait une reconnaissance de nos compétences. C’est donc législativement qu’un changement s’impose, pour ne pas discréditer nos architectes et notre formation, en réaffirmant dès à présent notre intérêt pour la maison individuelle, contrairement à ce que prétendent les constructeurs de maisons individuelles. Là encore les études et la publicité autour de notre métier pourraient dégager le caractère qualitatif du passage par un architecte. Mais cette évolution passe par de nombreuses échelles. La représentation forte des architectes et de leur valeur est une mesure à mobiliser auprès du gouvernement. Rendre systématique le passage chez un architecte pour toutes constructions est enjeux à obtenir. Cette phase politique, doit, je l’imagine, être orchestrée par l’ordre des architectes, soutenue des syndicats des architectes, dans une démarche globale, pour se faire entendre en plus haut lieu. Tout en gardant à l’esprit que ce passage à l’acte sera forcément douloureux, car le lobbying de nos détracteurs tels que Bouygues immobilier, etc.… ne se fera pas sans oppositions. Là encore, il faudra faire appel à la législation, afin de pouvoir assumer notre mission première et afin

de nous porter « garant de la qualité architecturale ». C’est à mon humble avis un passage nécessaire dans l’évolution du métier d’architecte. Les assurances, les engagements de l’architecte au quotidien, sur chacun de ces chantiers, les responsabilités qu’il endosse ne sont pas un fardeau pour l’architecte. C’est un faire valoir, qu’il faut mettre en avant, pour montrer jusqu’où nous sommes prêts à aller pour construire et quelles garanties, quelles couvertures nous apportons à nos clients. C’est cette assurance qui est ici un gage qualitatif de nos compétences et de nos aptitudes à construire. Ces assurances, qui pour nous sont obligatoires, sont avant tout un outil marketing qu’il faut savoir mettre en avant .Ces assurances valorisent notre profession. Et pour aller plus loin encore dans cette démarche, nous pourrions imaginer un engagement contractuel sur les délais et les budgets, afin de rassurer des potentiels clients sur la vision directe qu’ils ont de nous, de notre métier. Ce contrat prenant en compte les seuls aléas de notre pratique et non ceux indépendants de notre bon vouloir. Ce contrat permettrait ainsi de communiquer autour de cet engagement, mettant à mal les a

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Site internet archionline.com Vous cherchez de l’inspiration ou des plans d’architectes ?

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priori et valorisant considérablement notre professionnalisme. Nous voyons récemment fleurir des sites internet, créés par des financiers, prétendant Uberiser* l’architecture. Ce sont en réalité des Startups, qui visent à simplifier l’accès à l’architecture pour le grand public. MadeinPlan / ArchiOnLine / RencontreUnArchi,… Leurs noms sont évocateurs et leurs missions sont à première vue nobles. Ils diffusent l’architecture, ils facilitent le lien avec un architecte, et permettent grâce à un large panel d’architectes, de dématérialiser l’agence, de la rendre ultra-présente, dans chaque Smartphones et dans chaque ordinateur, en réinventant la relation architecte/client, et en systématisant le programme des clients, en le transformant en simple donnée interprétable. Je pense que diversifier le modèle de notre agence, et évoluer avec notre société est nécessaire voire vital pour la profession. Mais là, je tiens à mettre en garde les architectes que nous sommes, l’amalgame entre l’architecture d’intérieur et l’architecture est volontaire. Cette promiscuité volontaire joue sur la désinformation du client en assimilant les deux professions. Et là est le piège, il va falloir se défendre face à ce phénomène, car il tend à dévaloriser

notre profession. Mais surtout il vient mettre en exergue celle d’architecte d’intérieur, en faisant fi des différences majeures des deux professions comme : l’échelle d’intervention, les savoir- faire différents, les assurances et engagement pris par l’architecte. Comme le démontre le site l’Abeille et l’architecte, leur communication est basée sur cette ambiguïté, et il peut ainsi exister des cas de « tromperie sur la marchandise », le service vendu est celui d’un architecte, alors que le service donné est celui d’un architecte d’intérieur. Situation qui transposée au milieu de la médecine devient risible « Imagine-t-on un site « Rencontre un doc » facilitant la vie pour un trouver un spécialiste ou généraliste, mais dans lequel seraient mélangés des rebouteux, des homéopathes, des phytothérapes, des acupuncteurs… Certains seraient de vrais médecins, comme certains architectes font de l’architecture d’intérieur, mais la plupart n’auraient aucun diplôme de médecine. On imagine déjà la réaction de l’Ordre des médecins. » L’abeille et l’architecte – Billet du 20.05.2015 Rencontre un Archi, sérieusement ?

L’enjeu ici est de défendre notre titre au quotidien, pour le valoriser. Car tant que l’amalgame et l’ambiguïté existeront, notre savoir faire sera reca-

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lé à celui d’architecte d’intérieur, car plus connu du public. J’en arrive donc tout naturellement au rôle de l’ordre dans la défense de ce titre. L’attaque systématique et médiatisée de tous les usurpateurs de titres devrait être le cheval de bataille de l’ordre, diabolisant ainsi ces pratiques, au même titre que le fait l’ordre des médecins. Le fait de s’inscrire dans cette dynamique suffirait sûrement à faire fuir les usurpateurs, les charognards et donc a valoriser le titre et le métier d’architecte.

sentent et valoriser nos compétences : la représentation 3D, comme le BIM, la maitrise de l’ensemble du projet de manière informatisée. Nous dévoilons ainsi l’étendue de notre métier et des connaissances mises en œuvre pour en arriver à un bâtiment. La complète maitrise des matériaux, des systèmes constructifs, des volumétries est à porter de notre main. C’est en tout cas le message que nous devons faire passer à nos clients.

La valorisation de nos compétences passe donc par plusieurs échelles, où La mission de valorisation de la chacun à notre niveau, nous mettons profession et de nos compétences tout en œuvre pour prouver nos est à partager entre les différents compétences. Et pour cela, il est juste acteurs présents. C’est une mission d’user de tous nos supports et outils qui revient par définition à l’ordre des de travail afin de communiquer autour architectes, mais aussi aux maisons d’eux pour qu’ils deviennent ainsi les de l’architecture, aux CAUE, et bien garants de nos compétences. Notre entendu à nous simples pratiquants discours et notre démarche peuvent de l’architecture. C’est une mission à s’appuyer sur ces outils solides, tiroir. Chacun, à son niveau d’interven- rendant toujours plus crédible notre tion, a la possibilité de faire évoluer intervention, afin de communiquer sur les choses. N’hésitons pas à user de notre savoir-faire. tous les supports pour valoriser nos compétences, et à nous grouper pour avoir plus d’impact. Nous pouvons réfléchir, effectuer un travail pour mettre en valeur nos nouveaux outils, les faire découvrir, développer les atouts qu’ils repré-93-


Pédagogie et architecture /

Site internet de la maison de l’architecture de l’isère.

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Je parlais précédemment de l’architecture comme le premier des arts majeurs, mais art jamais étudié à l’école avant 2008 .Les programmes de l’éducation nationale (BO2008) intègre le mot architecture .Il ne s’agit pas d’un apprentissage de l’architecture mais d’une observation de l’architecture des œuvres. Le programme peine à se mettre en place, du fait de la non formation des professeurs. Mais une initiative de la maison de l’architecture de l’Isère cherche à sensibiliser les jeunes à l’architecture en milieu scolaire. Epaulé d’une jeune architecte : Adélaïde Boëlle qui s’occupe de ces interventions à Grenoble, le programme est basé sur plusieurs étapes avec des visites de chantiers menées par des architectes, des visites de l’école d’architecture, et la présentation de maquettes, des cours de représentation… L’objectif étant de faire connaître l’architecture, nos outils et la portée réelle de nos interventions. Cet exercice est ainsi formateur de nouvelles vocations mais ouvre aussi la curiosité et la réceptivité des jeunes face à l’architecture

contemporaine. Cette initiative est sûrement le meilleur moyen d’ouvrir les jeunes à l’architecture. Mais je pense que des missions pédagogiques envers le grand public sont aussi possibles. Il existe par exemple un livret réalisé par l’ordre des architectes, intitulé « Construire avec l’architecte ». Cette démarche pédagogique a bien entendu une vocation commerciale. Ce livret explicatif cherche à guider le futur acquéreur d’une maison individuelle dans l’évolution de son projet, en proposant un cadre afin d’expliquer et de définir la mission de l’architecte dans ce projet. Ce guide pédagogique mériterait une bien plus large diffusion, dans tous les salons par exemple, et autres évènements auxquels se rendent souvent les potentiels clients avant le début de leur projet .Il informe des démarches à suivre, et indique les intermédiaires vers qui s’orienter. Et pour aller plus loin, je pense qu’une opération de diffusion pédagogique de l’architecture et de ses

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Couverture de la plaquette d’information réalisé par l’ordre des architectes

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enjeux, pour l’habitant, pour la ville et pour la société est à mener. Elle peut passer par de nombreux outils je le pense, comme une émission télévisée cofinancée par l’ordre afin d’expliquer ses valeurs essentielles d’urbanisme et de vivre ensemble. Mais c’est peut être aussi une campagne de publicité à large échelle comme nous avons pu le voir précédemment, ou une communication des écoles d’architecture sur ce sujet, auprès des futurs étudiants, comme le fond les écoles de commerces. Les publicités et la communication que font ces écoles, leur permet de se démarquer les unes des autres afin d’attirer plus d’étudiants dans leurs rangs, et d’établir un classement qualitatif de leur école. Cette agitation permet de sensibiliser les futurs étudiants aux pratiques du commerce. Appliquer cette méthode aux écoles d’architectures amènerait de la même manière les futurs étudiants à se sensibiliser à la pratique de l’architecture, même s’il faut, je pense, éviter de « classer » les écoles d’architecture afin de ne pas dévaloriser nos compétences. Nous pourrions imaginer que le débat politique sur le thème des seuils de recours pourrait être constructif et pourrait amener une sensibilisation à l’architecture telle

que: passer par un architecte n’est pas une contrainte mais un gage de qualité sur la future production. La journée porte ouverte des agences d’architecture a été mise en place il y a déjà deux ou trois ans. Cette journée c’est avant tout amener le public à l’Architecture et à l’architecte. C’est cette rencontre directe qui peut être le déclic d’une attention à l’architecture et à la qualité de la production architecturale. J’ai remarqué que peu d’agences d’architecture avaient pignon sur rue. Ce phénomène est surement dû à une notion économique, car la « boutique » est plus coûteuse que le local. Mais penser que tout le monde nous trouvera sans nous voir est à mon avis une erreur. Il faut que l’architecte prenne place dans la rue, crée sa « boutique », non pas pour vendre des produits dérivés, mais pour avoir une réelle vitrine tout en exposant pourquoi pas des maquettes, des photos, la communication de son agence. Cela incite les gens à rentrer, ou même simplement à être confrontés à l’architecture, à vous connaître, vous l’architecte du coin de la rue. Une maquette réveillera peut être, qui sait, l’âme d’enfant » fan de Légos » présent en chacun de nous.

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L’architecte avec pignon sur rue. Illustration réalisé par Hibouch - architecte et bloggeur sur http://hibouch-blogbd.tumblr.com/

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Les Architectes ouvrent leur portes / Journée portes-ouvertes des agences d’architecture initiée par l’ordre des architectes ainsi que les maisons de l’architecture et CAUE. http://www.portesouvertes.architectes.org/

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Conclusion /


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Conclusion /

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Qu’est ce que l’architecture ? De nombreux outils sont à notre service pour faire connaître notre pratique, et amener le grand public à se poser cette question. Une meilleure information au sujet de notre profession et de nos réalisations permettra à chacune des agences d’accéder à de nouveaux marchés. Pour les jeunes agences, la communication sera le passage nécessaire pour aspirer au développement. N’hésitons pas à actionner tous les leviers nécessaires et à notre disposition pour faire connaître l’architecture. Car la production des architectes en France est dans le monde sera à coup sur notre meilleur atout face à nos concurrents. La communication des différents acteurs de l’architecture, depuis l’étudiant en architecture jusqu’à l’ordre des architectes, permettra de dévoiler cette carte de visite omniprésente qu’est l’architecture .Cela aidera ainsi

à faire disparaître progressivement les aspects péjoratifs de l’opinion du grand public sur notre profession. C’est un plan de communication bien étudié, bien hiérarchisé qui amènera l’architecture à mieux se faire voir, et qui engendrera donc plus de travail pour les architectes. La crise économique et réglementaire qui touche le milieu actuellement n’est qu’un des moteurs qui doit faire évoluer les agences d’architectures pour reconquérir le déficit de commande publique, en mettant à jour les enjeux politico-sociétaux de l’architecture, que ce soit pour la commande publique ou privée.

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La construction de ma pratique future /

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Ma participation à cette formation HMONP m’a amené à me poser la question de : pourquoi je pratique l’architecture ? Tandis que ma mise en situation professionnelle m’a interrogé sur le « Comment j’imagine ma pratique professionnelle ? ». Aujourd’hui, les contours de ma future agence se dessinent petit à petit. Cette formation HMONP y a fortement contribué. J’ai bien évolué depuis l’origine de ce projet. Il a débuté avant même mon inscription à l’école d’architecture de Grenoble. C’est la vision que j’avais du métier d’architecte qui m’a fait rêver en devenir un jour. Aujourd’hui c’est chose faite, tous mes a priori sur le métier ont été chamboulés et je n’en suis que plus épanoui. J’ai énormément appris et changé au cours de mes études. Ma vision de l’architecture est aujourd’hui plus pointue, plus travaillée, tout comme ce qui me plait ou non dans ce métier. Mes gouts et mes appréciations se sont affutés C’est tout ce processus qui fait qu’aujourd’hui je prétends aspirer à devenir Architecte Maitre d’œuvre. C’est le besoin d’appliquer ce que j’ai appris, l’envie de faire différemment de ce que l’on m’a proposé pour l’instant

et la liberté de me mettre à mon compte. Cette formation HMONP ainsi que mes différentes expériences professionnelles, m’ont donné les outils et les bagages nécessaires vers ce grand saut. J’ai acquis la sagesse de ne pas prendre ça à la légère. La société qui nous entoure, qui forme le cadre de notre monde et de notre pratique, incite les agences d’architecture à évoluer constamment. Aspirant à m’installer à mon compte, je pense que l’amorçage de mes débuts, sera forcément guidé par la communication que je vais mener. Il faudra donc bien que je définisse les contours de ma future pratique, afin de concevoir le plan de communication de mon agence. La première œuvre a toute son importance, car comme tout projet, elle est la carte de visite d’un architecte. La référence amène la référence. Il faut donc bien l’étudier pour ne pas se tromper de trace et dériver. Le plan de communication est là pour ça, pour se définir soi, en tant qu’agence et en tant que praticien, avant de le faire découvrir aux autres. Ce projet que j’entretiens, je ne

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l’alimente pas seul. En effet, après plusieurs expériences communes, dont certaines ont été primées, je pense que mon aventure future en tant qu’agence d’architecture se joue aux cotés de Margot Lefebvre Buillet. Car nous ne serons que mieux à deux pour porter toutes ses responsabilités. Et que notre caractère complémentaire fait que chacun apporte à l’autre un appui nécessaire à la bonne stabilité de l’ensemble. Notre projet commun prend actuellement forme, le bouche à oreille familial apporte actuellement le profil d’un probable futur projet qui correspond à la pratique professionnelle que nous souhaitons mettre en place. Mais il nous reste encore bien des paliers à franchir, bien des choses à apprendre. Je pense que chaque architecte apprend toute sa vie. Renzo Piano a même eu les mots : « il nous faudrait trois vies, une pour apprendre, une pour construire et une pour enseigner… »

pour démarrer pas à pas. Cette situation assure un revenue nécessaire à la vie d’une jeune agence non rentable, tout en libérant du temps de travail pour faire naitre et évoluer cette agence. Je suis actuellement à la recherche d’un tel emploi, en espérant qu’il existe. J’ai des exemples de proches pour qui cela fonctionne. Pour Margot il reste encore l’étape de la formation HMONP à effectuer. Elle travaille depuis maintenant un an dans une agence parisienne, elle va effectuer cette formation cette année au sein de cette agence.

L’évolution de notre future agence va se faire petit à petit, en prenant le temps de bien définir notre pratique. Afin d’acquérir des références nous allons participer à des concours, principalement en Suisse comme j’en ai eu l’expérience chez Juan Socas Architectes. Le but étant de nous créer des références en accord avec notre objectif de pratique idéale, nous sommes conscients de ne pas avoir encore le bagage nécessaire Dans l’idéal, j’aimerais m’accorder du pour prétendre être lauréat dans ses temps à faire apparaître les contours concours, mais c’est la réflexion qui de ma future pratique. Je pense que sera menée qui amènera l’agence à le temps partagé entre un 4/5ème évoluer. Ces références permettront dans une agence d’architecture et le par la suite de prétendre pouvoir dernier 1/5ème au service de notre accéder à des MAPA, des marchés futur projet est une bonne solution publics et appuyeront aussi notre -107-


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discours que ce soit auprès des marchés publics et privés. Mais cette pratique n’étant pas rentable, le temps partiel partagé se justifie pleinement. C’est pour nous la manière de nous donner les moyens d’atteindre notre objectif.

Notre référencement se fera par ce biais. Notre démarche se mettra en place de part la participation à des concours, à la réalisation de nos premiers projets, et à l’évolution de nos pensées. Le temps partagé est ici présenté comme une sécurité auquel se raccrocher, mais c’est C’est l’envie d’y arriver et l’acharneavant tout une double expérience, ment à tout mettre en œuvre qui fera alliant un système qui fonctionne à un la réussite de cette opération. Je le qui se met en place progressivement. pense, j’y suis préparé. L’ouvrage « C’est aussi l’opportunité de profiter Fais le ! » de Nicolas Toury Architecte du faible afflux de clients dans notre atteste de cette lutte qu’il faut se agence pour enrichir nos expériences préparer à mener : dans d’autres agences en parallèle, « Un mauvais architecte est un archi- et ainsi nous offrir le luxe d’avoir des tecte qui ne doutes jamais. interlocuteurs prêts à partager leurs L’architecture est un métier de pasexpériences. Un employeur accepsion. La création est un processus tant ce genre d’arrangement étant qui nous habite puis qui nous dévore souvent apte à partager, et à guider entièrement. L’investissement physique, un jeune architecte dans le lanceintellectuel et artistique est intense. ment de son projet. Le but étant bien Parce que chaque projet est une entendu de prendre notre envol dès partie de nous, la critique comme les que le marché le permettra. compliments sont ressentis au plus « Une des clés du succès est la profond de nous même. » confiance en soi. Une des clés de la Cette énergie là nous habite, et nous confiance en soi est la préparation. » pensons avoir la sagesse de bien Arthur Ashe nous préparer. Il nous faudra sûrement encore un peu de temps avant En espérant pouvoir revenir vers vous de sauter le pas. Et aussi sûrement dans un futur plus ou moins proche autant pour trouver ce 4/5ème qui en tant que co-gérant de l’agence servira de tremplin, mais nous sommes Faussurier Lefebvre Architectes. persuadés que prendre le temps de préparer nos débuts est primordial. -109-


Bibliographie /

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Fais le! 1 500 jours pour livrer son premier bâtiment Nicolas Toury - Architecte / Avivre éditions Faut-il pendre les architectes? Philippe Tretiack / édition du Seuil Gagner sans idées gratuites - La stratégie commerciale gagnante du designer entrepreneur. Blair Enns / éditions moneydesign.org L’observatoire de la profession d’architecte 2014 Ordre des architectes - IFOP Les rapport IGF sur les professions réglementées. Inspection générale des finances - ministère de l’économie et des finances L’architecture est un sport de combat Rudy Ricciotti / Editions Textuel Cahiers de la profession - Les pistes d’améliorations du travail de l’architecte CNOA

Mémoires HMONP m’ayant permis d’étayer mon propos / - Architecture, vers une communication au service du projet Yannick Badin / ENSA Grenoble - L’architecte, qui? pourquoi? comment? Guillaume Keidel / ENSA Lyon - Communication d’une entreprise d’architecture Jennifer Rein / ENSA Nancy - Architecte, une profession aux champs d’interventions multiples Antoine Chavanne / ENSA Grenoble - Le choix de la maitrise d’oeuvre Nicolas Vernet / ENSA Grenoble - FLCDa François Lis / ENSA Grenoble -111-


Sitiographie /

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L’abeille et l’architecte https://labeilleetlarchitecte.wordpress.com/

Le courier de l’architecte http://www.lecourrierdelarchitecte.com/

L’ordre national des architectes http://www.architectes.org/accueils/cnoa

Maison de ‘architecture de l’Isère http://www.ma38.org/

Hibouch http://hibouch-blogbd.tumblr.com/

UNFSA http://syndicat-architectes.fr/

Journée portes ouvertes des architectes http://www.portesouvertes.architectes.org/

Les agences d’architecture citées: http://www.lan-paris.com/fr http://www.tanguy-architecte.com/ http://www.mootz-pele.com/

Les sites ouvrant a une nouvelle pratique de l’architecture en jouant sur l’ambiguïté: http://www.rencontreunarchi.com/ http://www.archionline.com/ http://madeinplan.com/

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Remerciements /

Je tiens tout d’abord à remercier Marc et Eric de m’avoir accueilli dans leur structure, et d’avoir partagé avec moi leurs savoir et leur manière de faire, mes collègues au sein de l’agence qui ont partagé avec moi cette expérience, et qui l’ont rendue si vivante: Manon, Jordan, Aklabian. Toutes les personnalités du plateau, car les joies de l’open-spaces se partagent. Sébastien Freitas qui m’a suivi dans cette aventure, afin de me guider et de partager avec moi jusqu’à ce jour. Guy Dépollier qui m’a accompagné depuis maintenant quatre années et qui ne peut malheureusement pas être présent à ce jury. Tous les membres du jury, qui nous accordent un temps précieux pour que nous puissions concrétiser nos objectifs. A tous mes amis, sans qui cette expérience et mes études d’architecture auraient été bien ternes. Loris, Yannick, Thib, Clem, Valou, Blond, Guerv’, Grand, Marion, Alban, Camille et Cora, Quentin, Fra’, Sourya et j’en passe. Merci pour votre énergie et votre joie de vivre. Un grand merci à François, qui m’a accueilli et abreuvé tout au long de cette année, et qui m’a orienté et conseillé dans ce projet. Ma gratitude la plus sincère va à mes parents, Martine et Bernard ainsi qu’à mes frères Romain et Willy, qui m’ont toujours soutenu et poussé à donner le meilleur de moimême. Je leur attribue mon mérite. Un pensé toute particulière à Margot, ma partenaire dans la vie et bien plus.

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Mémoire professionnel Habilitation à la maitrise d’oeuvre en mon nom propre Flavien Faussurier 21 Septembre 2015


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