A Great Day To Be Alive

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A GREAT DAY TO BE ALIVE







INTRODUCTION Toute histoire possède un début et une fin. Suite à la perte d’un ami cher en Septembre 2013, je me suis posé beaucoup de questions sur la Fin. Avant cet évènement, je n’avais pas conscience de ce qu’était la Mort. J’ai donc décidé de me pencher sur ce sujet nouveau pour moi, à la fois pour un enrichissement personnel et aussi pour rendre hommage à mon ami. Suite à de nombreuses recherches et lectures (Elisabeth Kübler-Ross, Sophie Calle, …), ma conclusion fut qu’il fallait avant tout parler de la vie. A la manière de Sophie Calle (Prenez-soin de vous), j’ai eu envie de questionner mon entourage sur le sujet. Le dessin est mon moyen d’expression, j’ai donc demandé à plusieurs personnes de me donner leur perception de la vie à travers une illustration, avec ou sans mots, le but étant d’obtenir différents point de vue, de les comprendre, puis de les analyser dans une série d’interprétations graphiques. Plus qu’un projet personnel, je vous propose une expérience. — Projet réalisé sous le turorat de Nicolas Barrome.

Titre des oeuvres par Jean-Pierre Chebassier — –7–



INDEX Marin, 11 ans. ……………………………………………………………………… Page 14 à 16. Agathe, 15 ans. ……………………………………………………………………… Page 18 à 20. Baptiste, 17 ans. ……………………………………………………………………… Page 22 à 24. Gabriel, 21 ans. ……………………………………………………………………… Page 26 à 28. Hadjara, 21 ans. ……………………………………………………………………… Page 30 à 32. Thibaut, 21 ans. ……………………………………………………………………… Page 34 à 36. Alice, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 38 à 40. Anna, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 42 à 44. Benjamin, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 46 à 48. Edna, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 50 à 52. Elise, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 54 à 56. Hugo, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 58 à 60. Julia, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 62 à 64. Maxime, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 66 à 68. Morgane, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 70 à 72. Rose, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 74 à 76. Sébastien, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 78 à 80. Zoé, 22 ans. ……………………………………………………………………… Page 82 à 84. Alex, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 86 à 88. Armelle, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 90 à 92. Eric, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 94 à 96. Justine, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 98 à 100. Karine, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 102 à 104. Lucie, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 106 à 108. Raphaël, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 110 à 112. Romain, 23 ans. ……………………………………………………………………… Page 114 à 116. Adrien, 24 ans. ……………………………………………………………………… Page 118 à 120. Clément, 24 ans. ……………………………………………………………………… Page 122 à 124. Hedi, 24 ans. ……………………………………………………………………… Page 126 à 128. Daphné, 25 ans. ……………………………………………………………………… Page 130 à 132. Kevin, 25 ans. ……………………………………………………………………… Page 134 à 136. Maxime, 25 ans. ……………………………………………………………………… Page 138 à 140. Matthias, 26 ans. ……………………………………………………………………… Page 142 à 144. Alexandre, 29 ans. ……………………………………………………………………… Page 146 à 148. Hervé, 29 ans. ……………………………………………………………………… Page 150 à 152. Nicolas, 34 ans. ……………………………………………………………………… Page 154 à 156. Claudie, 48 ans. ……………………………………………………………………… Page 158 à 160. Maguelone, 51 ans. ……………………………………………………………………… Page 162 à 164. Pascal, 56 ans. ……………………………………………………………………… Page 166 à 168. Christiane, 57 ans. ……………………………………………………………………… Page 170 à 172. –9–



marc 1992 - 2013




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DROIT Marin, 11 ans. Marin est le benjamin de notre famille. Aussi mon petit protégé. La première chose qui m’a étonnée dans son dessin fut l’absence de couleur. Il adore dessiner, particulièrement des dragons, et remplit toujours ses monstres de différentes couleurs. Mais cette fois-ci, il n’a même pas sorti les couleurs, il a simplement attrapé le noir et commencé à dessiner. Je pense l’avoir influencé sur son choix coloriel avec mes illustrations en noir et blanc, j’ose imaginer qu’il a voulu faire comme son grand frère pour l’aider dans son projet. Marin m’a expliqué son dessin. La main debout sur la Terre est selon lui “la Main du Partage”, car “dans la Vie il est important de partager”. Il a dessiné le chemin de la vie autour de notre planète et l’Amour se tenant à côté, puisqu’il est important d’aimer dans la Vie. Son dernier élément, le panier de basketball, m’as fait sourire et c’est un peu ma faute. Pendant qu’il dessinait, je jouais avec le panier qui est installé dans sa chambre… Il a ajouté que lorsque la Terre passe dans le panier, c’est la fin de la Vie, la boucle est bouclée.

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scène Agathe, 15 ans. J’ai interrompu ma petite sœur pendant qu’elle travaillait pour obtenir son dessin. Je lui ai demandé d’aller s’installer à son bureau et je lui ai donné tout le matériel nécessaire. Elle a commencé par sortir tous les feutres de la boîte puis elle a choisi ses couleurs. Tout d’abord elle a tracé l’énorme cercle bleu et elle a ensuite travaillé sa composition autour. Elle a placé l’énorme personnage, et les 3 petits pictogrammes représentant un “blanc, un métisse et un noir”. Enfin, elle a placé son inscription en différentes couleurs. Je lui ai demandé ce que son dessin représentait. Le grand personnage rouge est un être supérieur qui nous contrôlerait tous “comme des marionnettes” a-t-elle ajouté. Le cercle bleu représente notre belle planète avec les Hommes dessus. En outre, sur notre planète peuplée d’une multitude de personnes, toutes différentes, chacun doit trouver et jouer son rôle, comme dans un grand théâtre.

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JEUX Baptiste, 17 ans. Mon second frère, Baptiste, est actuellement à 1 mois de passer son baccalauréat. Il m’a demandé de tricher sur son âge et de mettre 18 au lieu de 17, je lui ai demandé d’être honnête. Je lui ai donné les feutres et le A4 et je l’ai laissé faire son œuvre tranquillement dans sa chambre. Il était au courant de la question plusieurs jours avant de faire son dessin, il a donc eu plus de temps pour réfléchir à ce qu’il allait faire. Son dessin m’as beaucoup fait penser aux schémas de SVT que l’on faisait au lycée. Le fait de séparer l’image en différentes parties et de les numéroter fait très scolaire. Cependant, selon lui, son image est divisée “comme une bande dessinée”. Il m’a également dit que le personnage sur la deuxième case est “Kirikou”, un dessin animé que nous avions l’habitude de regarder quand nous étions plus petits. L’œuvre de Baptiste parle du cercle de la Vie. On né, on grandit, on trouve un compagnon puis on meurt. L’histoire se répète. Une boucle astucieuse.

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VERT Gabriel, 21 ans. Montréal. C’est là-bas que j’ai rencontré mon ami Gabriel. Il a grandi en France, dans le 92, tout comme moi, mais il est d’origine québécoise et vit aujourd’hui là-bas. C’est quelqu’un de plutôt détendu, qui semble ne pas éprouver le stress plus que ça et c’est justement ce qui en fait une personne agréable. Lors de mon séjour à Montréal, j’ai passé 4 mois à “chiller” avec lui, il m’a fait découvrir toute la ville. Gabriel était à Paris pour 3 semaines, pour voir sa famille. J’étais content de pouvoir obtenir son dessin pour mon livre. Il m’a dessiné ce shot de tequila au lendemain d’une soirée un peu arrosée… C’était la première fois que je le voyais à l’œuvre, pourtant je dessinais souvent en sa présence au Canada, mais jamais il ne s’était laissé aller à griffonner avec moi. Il m’a dit l’avoir fait pour sa colocataire Stéphanie, qui adore les shots de tequila. Gabriel sert dans des bars de Montréal pour payer ses études. Pour lui, les shots sont autant son gagne-pain que ses soirées libres.

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MAUX Hadjara, 21 ans. Une amie, d’ami, d’amis. Voilà comment j’ai connu Hadjara. Le soir où je l’ai fait dessiner sur la question de la Vie, nous étions au vernissage d’un ami, Hedi, dont vous croiserez l’esquisse quelques pages plus loin. C’était à Ménilmontant, dans une petite librairie. Elle s’est emparée du feutre bleu, du feutre rouge et elle est allée dessiner dans un coin. Elle était très mal installée, perchée sur un petit muret, alors qu’il y avait plein de tables libres; mais je n’ai pas osé la déranger tant elle semblait concentrée sur son œuvre. J’ai été surpris par son image, qui est très graphique et fonctionne vraiment bien. Les dessins avec beaucoup de signes peuvent être rapidement chargés, saturés, mais pas cette fois-ci. Les montagnes représentent la ligne d’un cardioscope, réinterprété. Hadjara avait fait un premier dessin sur un A4 mais elle pensait qu’il fallait partager la place avec d’autres. Sur son premier dessin était justement figurée une ligne de cardioscope qui se transformait doucement en montagne. La Vie est parsemée de moments, d’émotions, mais selon Hadjara: “C’est pas la Mort !!!?”.

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BANDE Thibaut, 21 ans. Thibaut est un élève de l’ECV. Il est en 3ème année. Le croiser au vernissage d’Hedi m’a donné l’occasion de le faire dessiner. C’est une personne motivée et je savais que ça l’amuserait de prendre part au projet. Je n’avais jamais vu ce qu’il faisait auparavant, je crois, ce qui ne m’empêcha pas de lui donner une confiance totale. Son illustration m’a beaucoup emballée car au fur et à mesure de son avancement je visualisais la manière dont j’allais la retranscrire et refaire ses éléments à l’ordinateur. Il faut avouer qu’il m’a facilité la tâche en construisant une image très graphique. Son image possède un peu de tout: de l’espace, des extra-terrestres, des spermatozoïdes, des seins et des pénis, la ville, la nature, de l’abstrait et même ce qui semble être la Russie… Cependant, chaque élément possède sa propre case. La “Diversité” est le mot d’ordre de sa production. Les éléments n’ont pas vraiment de rapports entre eux et c’est le message qu’il nous fait passer. Composons la Vie de ce que nous voulons.

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SQUELETTE Alice, 22 ans. Alice est la petite amie d’un copain. Elle est devenue une amie à part entière à force de moments passés ensembles, et notamment grâce à notre bonne entente immédiate. Tout comme moi en école de graphisme, l’illustration fait partie de ses passe-temps et il me faut bien admettre qu’elle est douée. Son dessin raconte une histoire, une anecdote d’enfance. Elle a fait partie des premières personnes à avoir participé à mon projet et j’ai adoré le résultat. Sa réponse est décalée. Avoir une réponse naïve qui ne traite pas la question au premier degré m’a beaucoup plu, cela diversifiait les interprétations. Lorsque j’ai montré ce dessin à mon entourage, les gens étaient toujours amusés. Une note de dérision dans le projet. Beaucoup peuvent se reconnaître dans ce genre d’histoire, on s’y identifie facilement, la plupart ayant déjà vécu ce genre de malentendu étant petits. On ne réalise son erreur que des années plus tard. La Vie est un quiproquo.

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Séisme Anna, 22 ans. Le cardioscope, également appelé "scope". J’espérais obtenir une réponse comme celle-ci. Pas spécialement de la part d’Anna mais je la remercie d’avoir dessiné cela. Cette ligne est un des emblèmes de la Vie. C’est un signe que l’on voit souvent apparaître lorsqu’il est question de la Vie et je souhaitais vraiment obtenir au moins une réponse telle que celle-ci. C’est un signe simple mais si vous montrez ce graphisme à différentes personnes, ils vous répondront qu’il s’agit de la Vie. Anna ne dessine pas beaucoup bien qu’elle soit dans mon école. Elle préfère travailler directement sur son ordinateur. C’est une personne qui soigne ses mises en page et qui aime la typographie. Elle est également très exigeante avec elle-même, peut-être un peu trop. Elle pousse ses travaux dans le détail. Pour le choix de la couleur, Anna a tout simplement attrapé une couleur foncée. Elle voulait faire son tracé au noir, mais celui-ci avait quelques ratées alors elle a choisi le marron comme couleur de substitution.

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PILLULES Benjamin, 22 ans. Benjamin est un de mes amis les plus proches. Il dessine énormément et c’est un bourreau du travail. Il a souvent des idées décalées, donc j’étais naturellement curieux de voir sa réponse. Il l’a dessiné durant une soirée. Et si je me souviens bien, nous avions mangé des pizzas (sans concombre). Le vert est une couleur qui revient souvent dans ses travaux, ses peintures. La bichromie également. J’avais déjà noté que ses toiles étaient faites d’aplats de couleurs toujours bien placées pour que ses compositions connaissent un équilibre. C’est cela qui fait sa force. Ici, il a dû faire différemment et s’adapter au médium que je lui fournissais, ce qui était aussi l’exercice. Benjamin aime bien les astuces, les casse-têtes, quand il faut faire fonctionner son cerveau en somme. Il a un vrai don pour l’analyse et aime voir des double sens dans les œuvres. Sa réponse est appréciée, car chacun peut y voir ce qu’il préfère tout en jouant sur son dessin. A titre personnel, j’y vois la pizza sans concombre. Et vous ?

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éCLATS Edna, 22 ans. Edna est serveuse dans un restaurant du 11ème arrondissement. Elle travaille tard en semaine et le weekend. Son rythme de vie est totalement décalé. Le soir où elle a fait son dessin était un soir de semaine, où elle avait son congé et donc plutôt une envie de faire la fête. On note d’ailleurs immédiatement le lien entre son dessin d’un “gros bol de confettis” et l’ambiance de la soirée… Je l’avais déjà vu dessiner, un après-midi où nous avions sortis des tas de feuilles et nous dessinions des débilités. Néanmoins, j’avais remarqué qu’elle avait un crayonné. Elle n’a pas hésité bien longtemps avant de se lancer dans sa production. Pleine de spontanéité elle a attaqué la feuille avec vivacité. Edna est une personne enthousiaste et je pense que c’est la meilleure explication à son dessin. Elle déborde d’énergie et sa personnalité est comme un bol de confettis qui nous explose au visage. Et à côté de cela, on peut lire une intense envie que la Vie soit une longue fête qui n’a pas de fin.

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CYCLE Elise, 22 ans. Quand je suis arrivé chez Elise et Clément, je n’avais plus de feuilles A4. On s’est débrouillés pour trouver un support chez eux. J’ai donc posé à Elise ma question sur la Vie, une fois le papier récupéré, et après quelques minutes d’interrogation, elle s’est lancée. Les gens réagissent souvent de la même manière lorsque je leur pose la question. Ils sont d’abord effrayés, car les réponses peuvent être infiniment vastes, puis ils comprennent qu’ils ont toute la liberté possible et trouvent rapidement leur propre expression. Elise s’est donc lancée et a commencé à faire ce schéma, tout comme en SVT. Pourtant Elise est une littéraire, mais j’imagine que son esprit scientifique a pris le dessus cette fois-ci. Elle s’est donc inspirée des dessins que l’on faisait en sciences, en mettant toutes les étapes de la Vie. Notons qu’elle a représenté la vie d’une femme mais surtout la vie végétale. La Vie selon Elise, c’est une croissance perpétuelle et naturelle, du début à la fin.

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Métaphore Hugo, 22 ans. Nous nous connaissons avec Hugo par le biais de notre école. Il dessine assez souvent, chez lui, en cours, ailleurs… Il peint, sur les murs, sur les toiles. Je me suis demandé quelles seraient ses influences pour cet exercice. De quoi il s’inspirerait pour réaliser son A4. Apparemment, la vie vient d’Islande sous la forme d’une femme à barbe… Hugo utilise peu de couleurs pour ses travaux, généralement entre deux et trois. Il reste toujours assez sobre mais il aime construire des motifs. Il a fait du dessin de nu en option dans notre école. Son nu est très stylisé, on ressent l’habitude et l’expérience d’avoir esquissé des corps. Il pratique également le dessin de manière spontanée, sans croquis ou préparation. Celui-ci est pour moi une réinterprétation de “L’origine Du Monde” de Gustave Courbet. La version d’Hugo, la version 2014, réalisée avec des feutres pour enfants.

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flèche Julia, 22 ans. Le soir où j’ai fait dessiner Julia, c’était la première fois que je la rencontrais. Nous étions dans un bar du quartier de Bastille. J’ai eu du mal à la convaincre de dessiner. Elle étudie en Master de droit. C’est-à-dire que ce n’est pas le milieu où l’on dessine le plus. Mais finalement je l’ai convaincue, une fois de plus grâce à l’argument qu’elle pouvait faire absolument tout ce qu’elle voulait. Quand on demande aux gens de dessiner, ils pensent immédiatement qu’il faut remplir la surface du papier. J’étais à la recherche de toute réponse. Ce que m’as représenté Julia, c’est la “Flèche de Croissance” que l’on nous apprend en prise de note, pour être plus rapide. Elle n’a utilisé qu’une seule couleur, pour souligner son âge. Du rose en plus. Sa touche féminine. Pour me répondre, Julia a utilisé un signe simple mais faisant partie de sa vie d’étudiante, habituée à prendre des notes. Ce n’est pas un symbole connu mais une astuce pour gagner du temps. Pourtant, on lit que son signe exprime la Croissance et l’on comprend son lien avec la Vie.

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SERRURES Maxime, 22 ans. Il a triché. Maxime est un ami très proche. Lorsque je réfléchissais à mon projet, on en a beaucoup parlé. Je lui ai demandé conseil, je voulais avoir son avis et également qu’il me suggère des idées. Il a finalement suivi mon évolution de près. Quand j’ai trouvé ce que je souhaitais faire, je lui ai parlé de ma fameuse question: “Selon toi, c’est quoi la Vie?”. Avant tout cela, nous avions déjà eu de nombreuses discussions à ce propos. Il a pu avoir une meilleure réflexion sur le sujet. Il a triché. Mais j’ai adoré sa réponse. Elle correspondait parfaitement à ce que j’aurai pu faire. C’est également pour cela que j’ai choisi d’utiliser son dessin comme couverture et d’en faire l’emblème de mon projet. Ce qu’il a souhaité représenter, c’est le chemin de la Vie. Un point A, qui est le début de toute chose, et à son opposé, le point B, la fin de toute chose. Le chemin est caché. On en voit le début et la fin car on sait comment la vie commence et se termine. Mais jamais on ne sait de quoi il est fait.

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CIGALES Morgane, 22 ans. C’est la fête. Du moins ça l’était lorsque j’ai donné les feutres à Morgane et c’est ce qu’elle a retranscrit sur le papier. Son message est de profiter de chaque instant et bien entouré. Et c’est ce que nous faisions puisque c’était lors d’une soirée entre amis qu’elle a mis tous ses talents de dessinatrice à l’épreuve. Le contexte a eu beaucoup d’influence sur son dessin. Et ne sachant pas réellement dessiner, Morgane a décidé de faire simple, avec des petits bonhommes en bâtons et plein de couleurs, comme une enfant. Au moins, elle s’est prêtée au jeu ! Le personnage la représentant est en rouge, le seul élément rouge du dessin et plus grand que les autres personnages. Quel narcissisme. Son œuvre est une ode à l’amusement et au plaisir. Morgane veut faire la fête pour se sentir vivante mais surtout, être entourée de tous ses proches.

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CERVELLE Rose, 22 ans. Je connais Rose depuis le début de mes études de graphisme. Nous sommes allés voir une exposition sur le mouvement Gabber, il pleuvait des cordes. Je lui ai donc proposé qu’on aille s’installer dans un café pour se mettre au chaud pendant qu’elle ferait son dessin. J’ai gardé la question secrète jusqu’au dernier moment pour obtenir le plus de spontanéité possible. Rose a utilisé du noir, du gris et du rose. Une blague qu’elle fait depuis la première année mais je n’arrive pas à m’en lasser. Elle aime dessiner ce que j’appellerai “Le Flux”. Ses motifs reviennent souvent dans ses travaux ou dans ses carnets de croquis. Je la regardais dessiner ses formes tranquillement, pendant que nous discutions de différentes choses. C’était intéressant de la voir tracer ces lignes sans même y réfléchir, ça paraissait tellement naturel. La vie est faite de tours et de détours, elle est complexe. C’est fait de gris, de noir et de blanc. Mais surtout, il y a des touches de couleur.

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épines Sébastien, 22 ans. Une fois de plus, c’était à l’occasion d’une soirée où Sébastien était présent, que j’ai pu lui demander de me faire un dessin. Je ne l’avais jamais vu dessiner. Je ne sais même pas s’il a un jour eu de l’intérêt pour le dessin, mais ce soir-là, il était motivé pour créer et laisser libre cours à son génie artistique. Il s’est installé sur la table de la cuisine, dans l’appartement où nous étions et il a commencé à faire son A4. Au début je suis resté à côté de lui, et puis j’ai commencé à comprendre qu’il voulait y passer du temps. Je l’ai donc laissé tranquille. Je revenais de temps en temps afin de surveiller son avancée. Il s’est vraiment amusé, il s’est lâché sur la feuille. J’étais agréablement surpris quand j’ai vu le résultat. C’est à la fin qu’il a décidé de combler le trou en haut de sa feuille avec plein de mots. Il y avait des gens autour. Chacun voulait y mettre du sien, tout le monde lui criait des mots à inscrire sur la feuille, mais il en a lui-même choisi la majorité. Le soleil pour le bonheur, les nuages pour les coups durs, les ronces pour le malheur. Mais en haut, à côté du soleil et donc dans le bonheur, sont notés différentes choses qu’il apprécie dans la vie. Pour profiter de la Vie, il faut savoir profiter de chaque petit plaisir.

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NOYADE Zoé, 22 ans. Un verre de rouge et de la musique. Que demander de plus? Ha oui, un verre de rouge, jacuzzi et de la musique. On se doute du contexte dans lequel le dessin a été fait. Un moment festif, encore. Une soirée où les gens étaient nombreux, le son était fort et la bonne humeur était au rendez-vous. Zoé dessine de temps à autre. Elle aime particulièrement faire des tampons en linogravure. On reconnait d’ailleurs la technique à la façon dont elle a laissé des blancs dans son personnage et dans le verre de vin. Une œuvre lyrique. L’atmosphère est très colorée et on y trouve de nombreux éléments. Des buildings, pour représenter l’environnement citadin dans lequel Zoé vit. La musique et les gens qui dansent, car c’est ce qu’elle fait quand elle en a le temps. Accompagné d’un petit verre de vin rouge, tout en fumant. Son personnage est rayonnant d’amour et de lumière. Au calme, pataugeant dans son bain fruité. Ce que l’auteur du dessin essaie de nous dire, c’est qu’il faut s’amuser, profiter, savoir se faire plaisir.

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LAPALISSE Alex, 23 ans Alex était particulièrement de bonne humeur le soir où il a fait son dessin. Il enchaînait les blagues, les jeux de mots et les vannes. Et il était tellement en forme qu’il a tourné ma question en dérision en inscrivant: “La Vie c’est quand t’es pas mort”. Quand il a commencé à poser son feutre sur la feuille, j’étais dans l’interrogation la plus totale. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait faire. Il est développeur web mais je n’ai jamais eu l’occasion de voir ce qu’il faisait dans son travail. C’était d’ailleurs ça qui m’intéressais, contrairement aux gens dont je suis proche et dont je connais les influences, les styles, lui m’as laissé dans un questionnement le plus total. L’énigme. Je ne sais pas si Alex a l’habitude de dessiner ou pas mais il s’en est très bien sorti avec son œuvre typographique. Il s’est amusé en inscrivant une ânerie, mais en rendant le message esthétique visuellement, en jouant avec les lettres. Et on ne peut pas tout à fait dire qu’il a tort. Après tout, c’est vrai que la Vie, c’est quand t’es pas mort…

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CREUSER Armelle, 23 ans. Il suffit de voir le dessin d’Armelle pour en déduire qu’elle a du talent. Pas besoin de s’étaler sur le sujet, je ne pensais même pas que l’on pouvait faire ceci avec des feutres pour enfants. Elle dessine très souvent des personnages. Des portraits et des bonhommes dans des positions particulières. Avant de se lancer sur la conception de son œuvre, Armelle a pris un peu de temps pour réfléchir. Elle a mis des éléments qui possèdent un sens pour elle. Un personnage est représenté car elle nous parle ici de la vie personnelle. L’amour est représenté par un cœur. Le bonheur est représenté par un petit soleil jaune. Autour du personnage se trouve du noir ainsi que 2 larmes, car la vie est faite de hauts, mais aussi de bas, c’est la tristesse. Le cerveau du personnage est vide car c’est à nous de le remplir de souvenirs. La Vie est faite de bonheur et de tristesse, mais c’est à chacun de constituer ses souvenirs, ses expériences, ses idées au travers du bon comme du mauvais.

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RATés Eric, 23 ans. Eric à l’habitude du papier. Il est écrivain. C’est mon ami qui fait du rap, parce qu’on a tous un ami qui fait du rap. Il écrit également des sketchs de Stand Up et des scénarios. Donc nous ne sommes pas trop étonnés qu’il nous remplisse un A4 de texte, en noir sur blanc et avec des ratures. C’est un peu son train de vie. Il réussit toujours à trouver des phrases coup de poing, et des rimes improbables avec juste le soupçon de stupidité qu’il faut. Si tu laisses traîner un carnet, sois sûr qu’Eric aura écris quelque chose dedans quand tu reviendras. J’ai moi-même de nombreux carnets avec des couplets qu’il a disséminé entre les pages. Il a écrit ce texte lors d’un vernissage. Dans son coin. Il a mis du temps avant de se lancer et d’écrire ces lignes. J’aurais été surpris qu’il n’écrive rien. J’ai été surpris qu’il ne dessine rien. Mais voilà, il a rempli entièrement le format de phrases, pour finalement tout rayer et ne laisser apparaître d’une seule et unique phrase. La Vie c’est les autres.

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électrochocs électr Justine, 23 ans. Une autre élève de l’ECV. Justine. Elle n’a jamais été dans ma classe et nous n’avons jamais travaillé ensemble. Ça m’as laissé la surprise la plus totale quand à ce qu’elle pouvait faire. J’interprète son dessin comme différentes lignes de vie. Chaque ligne, chaque vie, est représenté par une couleur. Il y a un point de départ et d’arrivée pour chaque ligne, les points restent toujours les mêmes. Et l’on retrouve la ligne du cardioscope. Toutefois, ses lignes sont entre celles du cardioscope et celles d’un diagramme. La ligne du rythme cardiaque est souvent centrée sur la hauteur puis monte est descend. Ici, les lignes sont toujours supérieures à leur point de départ. Ses lignes sont irrégulières car la Vie c’est plein d’imprévues, de rebondissements, de situations de toute sorte et que ça compose notre quotidien.

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CONTRASTES Karine, 23 ans. Karine m’a demandé de la retrouver dans un bar des Grands Boulevards à la sortie de son travail. Cela faisait un certain temps que l’on ne s’était pas vu. Karine est une très bonne amie que j’ai rencontrée durant mon passage à l’université de St Denis. J’ai sorti les feutres, la feuille et lui ai demandé ce qu’était la Vie selon elle. Karine a commencé par sortir tous les feutres et à diviser la feuille en deux. J’ai vu qu’elle voulait remplir la moitié en noir mais le feutre était un peu en peine. Je lui ai donc proposé de remplir le noir moi-même quand je l’aurai remplacé. Elle a évidemment fait le reste et posé ses couleurs sur le papier. Elle m’avait prévenu que ça ressemblerait à un drapeau gay. C’était un bar gay dans lequel elle m’avait dit de la rejoindre, les drapeaux disposés un peu partout on dû l’influencer dans le choix de sa composition. Selon elle, la Vie possède 2 côtés. La partie sombre, où arrivent les malheurs, les mauvaises nouvelles et les sentiments négatifs. A l’opposé se trouvent tous les sentiments positifs. Une vision simple mais explicite... Et plutôt colorée!

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ALIGNER Lucie, 23 ans. Lucie a été dans ma classe de nombreuses années. Elle sait dessiner, elle faisait même l’option illustration avec moi. Pourtant, quand je lui ai demandé son opinion sur la Vie, sa réponse était concise. En effet, j’ai eu le droit à un cercle, et une ligne avec un point à chacune de ses extrémités. Pour Lucie, le cercle c’est la continuité, la longévité, m’a-t-elle expliqué. Et la ligne avec les points représentent la ligne de la vie. Avec le début, et la fin. Un dessin d’une grand simplicité mais qui suffit peut-être à résumer le concept de la Vie… Malgré son début et sa fin, la Vie est un éternel recommencement.

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HASARD Raphaël, 23 ans. Raphaël fut une des premières personnes que j’ai rencontrées durant mes études. Il m’a expliqué que la Vie pour lui, ce sont des rencontres improbables. Il lui arrive toujours des histoires rocambolesques, pleines de rebondissements et il se retrouve systématiquement dans des situations extraordinaires. J’ai toujours aimé qu’il me raconte ses épopées. Donc Raphaël a dessiné des formes, qui se rencontrent, pour exprimer son idée. Des différentes et colorées qui entrent en contact, et se superposent. Il n’était pas à l’aise avec le médium du feutre.

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FAUTES Romain, 23 ans. C’est le premier texte que j’ai eu, celui de Romain. Il nous avait rejoints chez une amie après son travail et il était malade, la crève. Il m’a dit qu’il avait déjà écrit un texte sur la Vie, en prenant les transports en commun. Romain l’avait tapé sur son téléphone, qu’il m’a tendu pour que je le lise. Quand je lui ai donné la feuille, il a décidé de recopier son texte sur lequel je l’avais complimenté. Comme il était malade, c’était plus facile pour lui de recopier quelque chose que de réfléchir à du nouveau. Et même pour recopier, son cerveau était tellement encombré avec nous qui le dérangions en plus, qu’il en a oublié une partie qu’il a ensuite noté plus bas. J’ai trouvé son texte très bien, cela ne m’a pas dérangé qu’il se contente de retranscrire ce qu’il avait déjà écrit. De plus, comme je l’ai dit auparavant, c’était mon premier texte. J’ai beaucoup aimé la métaphore sur la locomotive. Cela fonctionne vraiment bien pour parler de la Vie. Lorsque j’ai recopié son texte, je me suis dit que j’allais corriger son erreur, et réintégrer le morceau manquant dans le texte. Les fautes d'ortographe ont également disparues. Car c’est aussi mon travail de corriger les erreurs.

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INFINI Adrien, 24 ans. Adrien habite dans la même ville que moi. Il est également dans mon école, et nous nous sommes connus grâce à cela. Nous avons souvent travaillé ensemble grâce à la proximité de nos foyers respectifs. Il est parti du Yin Yang pour créer son dessin. De là en a découlé le reste de sa composition. Le signe de l’infini en jaune, l’être angélique, la faucheuse, les nuages et les petites icônes liées à la mort. Adrien a équilibré sa composition avec la chauve-souris, le crâne et l’os, par rapport aux nuages qui sont dans la partie bleue. La faucheuse fait le signe de Satan et du Rock’n’roll, mais Adrien m’a expliqué qu’il n’avait pas fait exprès de faire ce signe, cependant, cela tombe à pic. L’auteur du dessin a laissé un blanc tournant sur son œuvre. La déformation professionnelle du graphiste. Il a basé tout son dessin sur un concept simple: celui des opposés, mais également celui de l’infini. Il a illustré la Vie avec un personnage divin et la Mort avec la faucheuse, la lumière et l’obscurité, le bien et le mal. Mais surtout, Adrien nous explique que tout est lié, connecté, il n’y a pas de Bien sans Mal et surtout, pas de Vie sans Mort.

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COCON Clément, 24 ans. L’université de Saint-Denis fut notre lieu de rencontre. La première fois que j’ai vu Clément, je ne pensais pas que nous deviendrions de si bons amis. La soirée où je lui ai demandé de mettre son talent artistique à mon service, je l’ai rejoint dans son appartement où il venait tout juste d’emménager. La question l’a un peu pris de cours. Au bout de quelques minutes de réflexion, il a attrapé les feutres et commencé à colorier le papier. Clément a composé le dessin avec les choses qu’il aime. Il y a plusieurs références à la musique (les notes, la guitare et l’ampli ainsi que le micro et la cane) car il joue de la guitare depuis de nombreuses années et va également à beaucoup de concerts et de festivals. Le rock est sa passion. Il a également fait une référence au cinéma, à l’Amour ainsi qu’à la fête avec la bouteille de champagne. Mais surtout, les éléments principaux sont les mots “FRIENDS & FAMILY”, car il faut savoir s’entourer des gens importants pour profiter du reste.

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SÔT Hedi, 24 ans. Baka, c’est son nom d’artiste. Hedi, c’est son prénom. Je suis allé à Ménilmontant ce soir-là, pour rejoindre Hedi et le reste de mes amis. C’était le vernissage de Baka et Bengs. Une petite exposition collaborative dans une librairie du quartier. J’ai profité du contexte artistique et de l’ambiance pour demander une rapide esquisse de la Vie à Hedi. Il était un peu occupé, se faisait interpeller par différentes personnes et devait gérer les gens qui étaient là. Forcément. C’était son vernissage, je n’avais pas de surprise. Il m’a dit qu’il allait me faire quelque chose rapidement et que ça serait à la fois ironique et dramatique. Son univers en soit. Il créé souvent des images pleines d’humour et s’inspire beaucoup de l’environnement dans lequel il vit. Hedi m’a donc dessiné un personnage, comme à son habitude, plongeant dans le vide. La question que l’on peut se poser est: son personnage a-t-il sauté volontairement ou pas? Il laisse ici votre imagination prendre le relais. La Vie est une chute. La Vie est ironique.

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ASPIRATION Daphné, 25 ans. J’ai rejoint Daphné chez elle, spécialement pour obtenir mon dessin. Nous nous sommes installés autour d’un thé et nous avons commencé à discuter. Je lui ai donné mon sujet puis lui ai demandé de réagir sur le A4 de la manière qu’elle désirait. Elle a commencé à dessiner des grandes lignes telle une fontaine, puis à faire le gazon en bas de la feuille. Elle a ensuite écrit sur les lignes de la fontaine et là je me suis demandé comment j’allais reproduire cela. J’ai un peu paniqué avant de trouver la solution. Daphné danse. Elle a noté une citation de 2 danseurs jumeaux (les Twins). Elle a également écrit en “miroir” sur la partie gauche du dessin. J’ai été impressionné par ce talent. Puis elle a terminé sa composition par les gouttes qui tombent le long du geyser. Daphné m’as ensuite expliqué ce que son dessin signifiait pour elle. Pourquoi elle avait décidé de dessiner ce geyser. Lorsque je lui ai posé la question “Selon toi, c’est quoi la vie?”, cela lui a fait penser au mot ancien “le vit” qui signifie “le pénis”. Je vous laisse le soin de faire la corrélation entre le vit et le geyser dessiné.

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TOUCHE Kevin, 25 ans. Kevin est le fils de mon beau-père. Nous avons le même âge, nous sommes très différents mais nous nous entendons bien. C’est une personne directe. J’ai eu du mal à le convaincre de dessiner, d’autant plus que le noir fonctionnait mal et qu’il affectionne particulièrement cette teinte. Il ne s’habille qu’en noir. Il a donc dû se rabattre sur le gris. Avoir la contrainte des feutres qui fonctionnent mal faisait également partie du challenge dans le projet. Je n’ai pas compris son dessin jusqu’à ce qu’il inscrive les mots: “Ask again later”. Là, il m’est apparu que c’était une boule magique. C’est une boule noire, ayant souvent l’apparence de la boule de billard numéro 8. Il faut poser une question, secouer la boule et alors apparaît une réponse à la question. La réponse qu’il a choisi d’afficher est donc: “Demande plus tard”. Une belle parade pour ne pas répondre directement à ma question. Ce qu’a souhaité dire Kevin, c’est que la vie est une éternelle énigme. On lui reposera la question plus tard. Un jour.

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SUPERHéROS Maxime, 25 ans. Nous nous sommes rencontrés en internat. Maxime a beaucoup d’imagination et c’est pour cela que l’on s’est immédiatement bien entendu. Il a fait des études dans le cinéma, et plus précisément dans le montage. Il n’a pas pour habitude de dessiner néanmoins il lui est arrivé de devoir crayonner pour son école. Son dessin est rempli de références au cinéma. Tout d’abord, il a coupé son format avec 2 bandes noires, en haut et en bas, comme un écran 16:9ème. Ensuite il a dessiné un dragon, car il adore ces créatures imaginaires. Ici, je sais qu’il a dessiné Smaug, le dragon de Bilbo le Hobbit (Tolkien). Un livre que je lui avais conseillé et un film qu’il a grandement apprécié. On trouve également une référence au Seigneur Des Anneaux avec la tour de Sauron, à Retour Vers Le Futur avec “Doc.” et sa DeLorean. Il a représenté Iron Man, ainsi qu’un personnage avec une épée lumineuse et une cane (un mélange des personnages de Tolkien: Gandalf et Bilbo, selon moi). Enfin sa dernière référence est dédiée aux jeux vidéo, plus précisément à celui de Halo, où il a dessiné le personnage principal (Masterchief) sur une “Mangouste” (un véhicule du jeu). Maxime m’a expliqué qu’il avait dessiné cela car le cinéma est son univers, c’est ce qu’il apprécie dans la Vie.

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INTERROGATION I Matthias, 26 ans. Je ne connais pas beaucoup Matthias. Nous avons travaillé ensemble dans un magasin de surgelés au début de cette année. Mon amie Armelle s’est prise d’amitié pour lui et l’avait invité à une soirée chez elle. Je lui ai demandé de dessiner car il me paraissait intéressant d’avoir l’opinion d’une personne faisant des études différentes des nôtres et ayant un autre rythme de vie. Quand j’ai demandé à Matthias de dessiner, il a d’abord cherché à savoir pourquoi je lui demandais de faire cela, quel était le but. Après lui avoir expliqué que c’était pour un projet d’école, il a voulu savoir ce qu’il devait faire. Quel genre de réponse il devait donner. Ça ne l’a pas beaucoup aidé quand je lui ai dit qu’il devait me répondre par lui-même. Il a commencé à partir mais j’ai insisté pour qu’il me donne son avis sur le papier. Il s’est finalement installé, a pris le feutre noir et a inscrit sur la feuille qu’il ne savait pas. On ne peut pas avoir réponse à tout.

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VORACE Alexandre, 29 ans. Je ne l’appelle jamais par son prénom. La plupart des gens qui le connaissent le prénomme MMH, son nom de scène. Alexandre est DJ, il scratch et produit des instrumentaux. MMH a représenté un ordinateur, son outil de travail mais aussi sa source de divertissement. Il a dessiné sur l’écran une vidéo de skate, un cardioscope, des billets et un logiciel de son. Sur le clavier, il a écrit “Rimshots” son collectif vidéo, et “Cutter’s Klub”, son groupe de musique. Autour de l’ordinateur il y a une platine, par rappeler sa passion ainsi qu’un plâtre car MMH est un casse-cou qui s’est cassé plusieurs membres à cause du skateboard. La main tente d’atteindre les cieux. Il y a également une pizza avec l’inscription “7 PIZZA”. J’ai été intrigué par ce détail et je n’ai pas été déçu par son explication. Les “7 PIZZA” est un restaurant près de chez lui où toutes les pizzas sont à 5 euros. Alexandre en a fait son alimentation principale au cours des années. MMH s’entoure des choses qu’il aime faire pour profiter de sa Vie.

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ESPOIR Hervé, 29 ans. Je connais Hervé par le biais de la musique. Il est chanteur dans un groupe de rap se nommant “Dirty Zoo”. Il s’est laissé porter par l’atmosphère du vernissage dans lequel nous étions. Hervé a dessiné une lune rayonnante qui serait également un ovule puisque elle est entourée de spermatozoïdes zigzaguant dans sa direction. L’élément le plus intriguant de son œuvre. On trouve aussi dans sa composition un immeuble dans lequel vivent des personnages, 2 personnages pour être précis. Dans le haut du format, Hervé a dessiné des soucoupes volantes ainsi que 2 planètes dans un ciel étoilé. On remarque également une télévision qui émet des ondes et projette les mots “FUCK LIFE” (Nique la Vie) sur son écran. Enfin, il y a un élément noir, tandis que le reste de sa composition est verte, ce sont les nuages. Hervé a fait un mélange de différents éléments qui lui sont passés par la tête au moment de la conception de son dessin. Il s’est également inspiré de l’univers de l’exposition. Il y a une légère critique d’une société au travers des éléments. Je crois que l’auteur souhaite nous dire qu’il faut se démarquer, sortir des sentiers battus et prendre conscience de qui nous sommes.

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GLOUTON Nicolas, 34 ans. Nicolas est mon professeur d’illustration à l’école. J’avais travaillé sous son aile il y a 3 ans lors d’un workshop d’une semaine mais également ces 2 dernières années dans son option illustration. Je m’entends bien avec lui et j’aime beaucoup son travail, ce pourquoi je lui ai demandé d’être mon tuteur pour ce projet. Nous avons passé de nombreuses heures ensemble à réfléchir sur le sujet de la Vie et de la Mort. Ensemble, nous avons eu l’idée de faire dessiner différentes personnes sur une question qui serait posée à chaque participant. J’étais forcé de lui demander sa participation, pour mon plus grand plaisir. Nicolas traite ses illustrations avec des trames. Ses œuvres sont toujours pleines d’humour. J’avais déjà remarqué qu’il aimait dessiner des hamburgers, ce n’est pas la première fois que je le vois faire cela. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois non plus que je l’entendais parler de nourriture. Si son premier plaisir dans la vie est de manger, je pense que son second est de dessiner.

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SIMPLISTE Claudie, 48 ans. Je vois Claudie chaque semaine. Elle fait partie de ma vie, du moins hebdomadaire. Lorsque je lui ai demandé son aide dans mon projet, elle était malade. Claudie est une femme pleine de cœur et sa réponse fut simple. La Vie selon elle, c’est l’Amour et l’Amitié. Deux choses qui ne sont pas données à tout le monde mais dont il faut savoir s’entourer pour être heureux.

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FEU Maguelone, 51 ans. Maguelone est un prénom du Sud de la France. Maguelone est ma belle-mère et je la connais depuis que j’ai 4 ans. C’est aussi la mère de Marin, Agathe et Baptiste, dont vous pouvez retrouver les dessins dans les premières pages du livre. Elle exerce la PNL (Programmation Neurolinguistique) et lis beaucoup de livres sur le bien-être, la santé, la psychologie. C’est elle qui m’as introduit Elisabeth Kübler-Ross, et m’as prêté 2 livres de cet auteur pour que je puisse mieux comprendre la Mort et m’instruire sur le sujet. L’eau, l’air, la terre donnent la Vie. C’est ce que nous dit Maguelone en dessinant des tourbillons bleus pour représenter l’air, des traits bleus pour l’eau et une courbe marron pour la terre. La Vie est une petite pousse verte sortant de la terre. Le tout est encadré par un grand cœur rouge. Dans son dessin, on retrouve 3 des 4 éléments. Le feu manque à l’appel. Maguelone a la phobie du feu. Les éléments essentiels pour créer la vie sont présents dans l’œuvre avec en plus, un soupçon d’Amour.

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VISIONNAIRE Pascal, 56 ans. Pascal est mon beau-père. Pascal est breton et donc, un marin. Il adore la mer et tout ce qui touche à la navigation maritime, la pêche aussi entre autre. Il est très fier de ses origines bretonnes et quitte souvent la région parisienne pour retrouver ses racines. En revanche, le dessin ce n’est pas vraiment son dada. C’était la première fois que je le voyais dessiner. Il a commencé par dessiner la mer puis le grand soleil couchant. Il m’a expliqué que s’il avait pu, il aurait rajouté le “Pabouk”, son bateau, naviguant à l’horizon. Ensuite, il m’a donné le sens de son dessin. C’est le berceau de la vie : la mer. Là où les premières formes de vie sont apparus et ont évolué. Son esquisse est très astucieuse car il a su donner un sens profond à un élément qui lui plait: l’océan. De plus, il a su réaliser son dessin de façon simple et explicite.

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ARROSAGE Christiane, 57 ans. Christiane est la personne qui m’a donné la Vie. Nous nous sommes installés dans la salle à manger. Elle m’a demandé de lui faire un thé et en échange je lui ai donné les feutres et une feuille. Elle sortait les feutres un par un et les remettait toujours en place après les avoir utilisés. Elle a choisi 4 couleurs pour son dessin: Violet, rose, rouge et orange. La raison est simple, c’est parce qu’elle aime ces couleurs. Ma mère a toujours apprécié les fleurs, les bouquets, les arbres fleuris. Et voici une fois de plus la raison simple mais justifiée de la présence de toutes ces fleurs sur le dessin. Enfin, on peut observer l’inscription “Carpe Diem” soit une locution latine de Horace que l’on traduit par “cueille le jour présent sans te soucier du lendemain”. Les mots sont disposés autour d’une des fleurs, sa petite touche graphique. Les fleurs sont souvent une représentation de l’éphémère et c’est ce que Christiane a voulu évoquer. Cependant, elle nous rappelle bien de vivre chaque jour comme si c’était le dernier: intensément.

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