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Paris, le 6 septembre 2011

Chambre FNAIM de l’Immobilier Paris Ile-de-France

Tribune de Gilles Ricour de Bourgies Laissez l’immobilier et le logement en paix !

Un pas en avant, deux pas en arrière... la valse hésitation fiscale en matière d’immobilier et de logement semble être devenue la norme française. En témoigne le tout récent épisode de l’annonce de la suppression de l’exonération des plus values immobilières, sur laquelle, finalement, les parlementaires ont obtenu qu’elle ne soit pas aussi douloureuse pour les vendeurs. Une fois de plus, l’immobilier et le logement se sont retrouvés pris en otages au milieu des perturbations politicomédiatiques alors qu’ils appellent bien au contraire à la sérénité, y compris fiscale, et au long terme. Ce jeu de « stop and go » sans cesse n’a d’autre effet que de casser la dynamique fragile du logement. Le logement à Paris et en Ile-de-France mérite une réelle et ambitieuse politique publique. Il mérite un meilleur traitement que des « mesurettes » fiscales à court terme. On constate encore une fois que le logement n’est vu que sous l’angle strictement fiscal, changeant au gré des circonstances et de la conjoncture économique. Le logement, c’est du long terme. On ne peut pas sans cesse changer les règles du jeu fiscal sans porter atteinte à la viabilité du secteur. Ce n’est pas ainsi que l’on répondra aux besoins de nos concitoyens qui éprouvent des difficultés à se loger, particulièrement en Ile-de-France, bien au contraire ! On ne peut pas d’un côté déplorer la hausse des prix de l’immobilier, due non pas à la cupidité des uns ou des autres, mais bien à la pénurie de logements qui caractérise notre région, et de l’autre augmenter les taxes (nationales et locales) sur le logement, donc contribuer à l’augmentation des prix. Il y a là une fâcheuse incohérence. Sur le terrain, la réaction du marché ne s’est pas fait attendre dès le 24 août : les vendeurs qui retrouvaient timidement le chemin des agences ont reporté sine die leurs projets de vente. Combien de transactions annulées en l’espace de quelques jours ? Combien de projets immobiliers franciliens ont été purement et simplement reportés « le temps d’y voir plus clair » ? Les investisseurs privés qui contribuent majoritairement au logement en Ile-de-France ont abandonné leurs projets d’investissements locatifs au risque d’un nouveau gel du marché de l’immobilier dont l’Etat portera la responsabilité et donc l’absence totale des recettes fiscales attendues. N’oublions pas les dégâts collatéraux de telles hésitations sur l’emploi et l’activité dans le bâtiment à un moment où la hausse du chômage repart de plus belle. Il faut protéger l’immobilier et le logement. Etre propriétaire de sa résidence principale, secondaire ou d’un bien immobilier destiné à la location n’est pas l’apanage des classes les plus riches. Ce n’est pas seulement un problème de riche ! Ce sont des millions de foyers qui sont concernés, issus des classes moyennes le plus souvent, qui voient là la récompense d’efforts, de toute une vie de travail. Il serait caricatural de n’y voir qu’un sujet pour gestionnaire de grandes fortunes ou de rentiers. Non, la réalité est qu’en faisant planer des incertitudes sur l’immobilier, au gré du vent ou d’annonces médiatisées, on sape littéralement le facteur humain le plus déterminant : la confiance. Sans confiance, pas de croissance. L’immobilier et le logement ne sont pas des variables d’ajustement conjoncturelles. Ils devraient bien au contraire faire l’objet d’une véritable politique publique, cohérente, sur le long terme, consensuelle au regard des enjeux et des difficultés des franciliens et des français en matière de logement. Le Grand Paris prévoit 70 000 logements par an pour faire face à la pénurie. C’est une chance que cette volonté politique se soit affirmée au plus haut niveau de


l’Etat. Dès lors, il faut être cohérent et donner aux professionnels les moyens de remplir ces objectifs. Pour cela, une seule condition : de la volonté politique à tous les niveaux de décision politique, du Maire au Ministre. Un pays qui fait preuve, inconsciemment, d’autant de défiance à l’égard de la propriété est un pays qui va mal, un pays qui doute de son avenir. A l’aube d’une échéance politique majeure pour le pays, on aimerait que nos décideurs politiques aient une vision de l’avenir qui dépasse les échéances comptables, voire électorales. Le combat pour le logement en Ile-de-France ne doit pas être sacrifié sur l’autel de la démagogie.

Gilles Ricour de Bourgies Président de la Chambre FNAIM Paris Ile-de-France.


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