Bulletin de liaison des amis du Comité National contre les Maladies Respiratoires
Souffle N°49
LA LETTRE DU
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NOTRE GRAND DOSSIER
Les nuisances de la pollution sur notre santé La pollution extérieure, un risque de notre temps Des solutions, enfin ? Pollution intérieure, une menace négligée
p6 Que puis-je faire
contre la pollution ?
P7 NOS ACTUALITÉS
Tabac : à paraître, une brochure sur l’addiction destinée aux jeunes / Nota Bene ! 24 mars, journée mondiale contre la tuberculose / Pollution : 2 actions anti pollution de nos Comités / Subventions : 2 recherches sur le thème de la pollution
P8 VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES Notre rubrique interactive
édito
Alerte ! La pollution menace nos poumons. «Lorsque l’Homme aura coupé le dernier arbre, Pollué la dernière goutte d’eau, Tué le dernier animal et pêché le dernier poisson,Alors il se rendra compte que l’argent n’est pas comestible».Ce proverbe indien nous apparaît presque prophétique en ces temps où nous ne parlons plus que de pollution et d’écosystèmes en danger. Oui, nos vies sont menacées à cause de la dégradation de l’environnement. Premier agressé, le souffle. L’air, premier élément nécessaire à la vie, est devenu aujourd’hui source de danger pour l’homme. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 3 millions de personnes meurent chaque année prématurément en raison de la pollution de l’air.
Pollution et maladies respiratoires De nombreuses études menées ces dernières années démontrent que la pollution joue un rôle dans le développement de l’asthme et des manifestations allergiques. En outre, les polluants atmosphériques altèrent la fonction respiratoire et exacerbent les symptômes chez les personnes ayant une maladie respiratoire chronique. On estime qu’en France, 31 000 personnes meurent
chaque année des suites d’une exposition chronique aux polluants particulaires dans l’air. La dégradation de l’environnement serait à l’origine de 10,4% des cancers du poumon et de près de 8% des décès dus à des maladies cardio-vasculaires et respiratoires. Vite ! Des solutions ! Face à ce danger, en 1996, l’Etat reconnaît « le droit pour chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’Energie affirme le devoir pour l’Etat d’assurer la surveillance de la qualité de l’air et de ses effets sur la santé et l’environnement. Plus récemment, le Plan National Santé Environnement (2004-2008) a pour but d’améliorer la santé des Français en lien avec la qualité de l’environnement, dans une perspective de développement durable. Le Grenelle de l’environnement, sommet national sur l’écologie,en octobre dernier, a permis d’adopter des mesures de protection de l’environnement. Il reste à les mettre en œuvre, à les amplifier ensuite et à convaincre les autres pays d’en faire autant. Sur la question de la pollution de l’air, le CNMR joue un rôle d’information et de prévention et veut permettre à chacun de respirer un air plus sain, à son domicile comme sur son lieu de travail ou à l’extérieur.Nous devons absolument préserver l’environnement afin de protéger notre santé et celle des générations futures. Le CNMR s’y engage. Professeur Denis Charpin, pneumologue, Hôpital Nord, Marseille
NOTRE GRAND DOSSIER
Les effets néfastes de la pollution sur notre santé. Par Anne-Sophie Glover-Bondeau
L
Définition de la pollution Selon la définition officielle (Loi LAURE du 30 décembre 1996), « la pollution est l’introduction par l’Homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives ». On distingue deux types de pollution : la pollution chimique, due au rejet de produits chimiques et la pollution biologique provenant d’êtres vivants ou de leurs constituants, comme les pollens ou les acariens. Pour l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), la pollution de l’air représente la p r e m i è r e préoccupation environnementale des Français. A juste titre, semble-t-il.
Sources : cité-sciences.fr, INVS
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Pollution de l’air extérieur et intérieur, même combat L’air que nous respirons est de plus en plus souillé d’impuretés dont la quantité, la variété et la nocivité ne cessent de croître. Les zones urbaines paraissent les plus atteintes mais les campagnes ne sont pas épargnées. Benzène, particules fines, monoxyde d’azote de carbone, dioxyde de souffre et d’azote, chlore, dioxines, ozone,… la liste des polluants est longue. Plus grave encore, car sous-estimée, la pollution intérieure. Habitations, transports en commun, bureaux, écoles renferment divers polluants : monoxyde de carbone, fumée de tabac, moisissures, composés organiques volatils (COV), radon… La fumée de cigarette représente la source de pollution intérieure principale. Selon l’Observatoire Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution dite domestique est même devenue une question de Santé publique.
Les risques sanitaires La connaissance précise des effets de la pollution sur la santé apparaît complexe. En premier lieu, les personnes sont soumises à des expositions multiples et variées qui sont fonction du temps passé à l’intérieur des locaux, à l’extérieur, du tabagisme actif ou passif, des expositions professionnelles. Ensuite, on connaît mal l’effet à long terme de ces expositions et les effets des associations de polluants. Enfin, les personnes réagissent de façon différente à la pollution atmosphérique, en fonction de leur âge, de leur état de santé et de leur degré de sensibilité. De récentes études laissent entrevoir un lien fort entre pollution et problèmes de santé. La pollution atmosphérique en milieu urbain constitue l’un des facteurs principaux de risques sanitaires (cancers, insuffisances respiratoires, maladies cardiovasculaires, asthme) liés à l’environnement. Selon une étude réalisée par l’Institut national de la veille sanitaire (InVS) dans les neuf plus grandes villes de France, la pollution de l’air a entraîné l’hospitalisation de 750 enfants pour des maladies respiratoires et précipité la mort de 3 000 personnes fragiles. Il importe donc de préserver l’atmosphère. Par tous les moyens possibles.
Point santé
e progrès technique a des revers. La pollution en est un. Principal touché ? L’air, indispensable à la vie. Les taux de polluants que nous respirons chaque jour sont inquiétants. Faisons le point sur la pollution atmosphérique.
En France, une hausse des pathologies respiratoires La sensibilité bronchique s’est accrue progressivement depuis une vingtaine d’années : 30% de la population présente une allergie respiratoire (asthme, rhinites), certaines personnes présentent une sensibilité bronchique accrue, voire une hyperréactivité bronchique 3,5 millions de personnes souffrent d’asthme 10 à 14% des jeunes de 20 à 24 ans ont déjà fait au moins une crise d’asthme dans leur vie 65 000 personnes sont atteintes d’une insuffisance respiratoire grave
La pollution extérieure, un risque de notre temps.
Zoom
Les indicateurs de santé
Plusieurs indicateurs permettent d’analyser les effets de la pollution sur la santé : - Le recours aux services de soins pour pathologies respiratoires,ophtalmologiques ou cardio-vasculaires : consultations aux urgences pédiatriques,visites en médecine de ville à domicile,fréquence des hospitalisations,déclarations d’arrêt de travail,absentéisme scolaire, consommation de médicaments… - Le nombre de décès par pathologies respiratoires et vasculaires, qui peuvent être imputés à la pollution atmosphérique. Sont répertoriées les affections aiguës des voies respiratoires supérieures telles que pharyngite, laryngite, angine, les maladies pulmonaires chroniques telles que bronchites,emphysème,l’asthme,les dyspnées,les autres gênes respiratoires, les pathologies cardiovasculaires… Ces données sont ensuite croisées avec les concentrations en polluants mesurés dans une région donnée,en tenant compte de tous les autres facteurs (tabac, épidémies virales, météorologie, pollens) afin d’établir d’éventuelles corrélations. L’air, premier élément nécessaire à la vie (chaque jour, un être humain respire 10 800 litres d’air) est aujourd’hui source de danger pour l’homme. Chaque fois que nous respirons, nos poumons inhalent des substances et particules toxiques issues des automobiles, industries et autres sources relatives à l’activité humaine. Ces polluants compromettent la qualité de l’air et présentent un danger pour l’environnement et la santé. Le point sur les risques et leurs conséquences sanitaires. Les principales sources de pollution jusqu’aux années 1980 ont été essentiellement industrielles et domestiques en milieu urbain. Depuis 1980, l’accroissement de la circulation automobile constitue une source prédominante de pollution. Celle-ci se caractérise par la production de gaz d’échappement contenant des hydrocarbures volatils, des oxydants et des particules de petite taille. La pollution atmosphérique est constituée de polluants primaires et de polluants secondaires. Les premiers sont appelés ainsi car ils sont libérés directement dans l’atmosphère. Les trois principaux primaires sont le dioxyde de souffre, le dioxyde d’azote, les particules en suspension. Les seconds sont dits secondaires car ils se forment par réaction chimique entre les polluants primaires et l’eau, sous l’action des rayonnements ultra-violets du soleil. Ce sont l’ozone et les aérosols d’acides.
Quels sont leurs effets sur l’appareil respiratoire ? Les conséquences sur la santé La pollution atmosphérique a été incriminée comme facteur de risque des affections respiratoires depuis les années 1930. Une étude publiée en 2000 menée dans trois pays, l’Autriche, la France et la Suisse, a conclu que la pollution atmosphérique est responsable de 6% du nombre total de décès dans ces pays. Selon un rapport de l’Agence Française de
Sécurité Sanitaire et Environnementale (AFSSE), paru en 2004, la pollution ferait 9 500 morts par an. A court terme, lors des épisodes de pollution, les polluants peuvent induire une réaction inflammatoire au niveau des muqueuses respiratoires et provoquer la « décompensation » d’une insuffisance respiratoire pré-existante. Chez l’asthmatique, l’ozone et les particules fines notamment, peuvent favoriser la réaction allergique et les manifestations d’hyperréactivité bronchique non spécifiques. Les symptômes ressentis ? Rhinites, toux, voire crise d’asthme. A long terme, la pollution chronique favorise la poursuite et/ou l’accroissement de l’inflammation des bronches.Ainsi, des études réalisées aux Etats-Unis montrent un excès de mortalité cardio-respiratoire et par cancer pulmonaire dans les villes les plus polluées par rapport aux moins polluées. A Mexico, on a montré que les poumons d’enfants âgés de 10 à 12 ans présentent des anomalies qui ressemblent à celles de fumeurs confirmés.
Des projections alarmantes Selon un rapport de la banque mondiale, daté de 1997, à moins d’un déclin de la consommation des combustibles fossiles, en Chine seulement, les frais de santé liés à ce problème passeront de 32 milliards à 390 milliards de dollars au cours des 22 prochaines années, soit le coût de 600 000 décès précoces, 5,5 millions de cas de bronchite chronique, 20 millions de cas de maladies respiratoires aiguës par an et 5 milliards de journées de travail réduites ou perdues. Cela donne à réfléchir. Et donne envie d’agir.
Les plus vulnérables en première ligne Les personnes fragiles sont les plus sensibles aux nuisances de l’air : les nourrissons ; les enfants ; les femmes enceintes (elles transmettent une partie des pollutions à leur bébé ; en cas d'exposition au tabac il y a réduction de l'apport d'O2 au fœtus) ; les personnes âgées ; les asthmatiques et les malades en général, notamment les insuffisants respiratoires et cardiaques.
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Des solutions, enfin ? Les dangers de la pollution atmosphérique sont désormais reconnus mais mal évalués. Il convient maintenant de lutter contre ce nouveau fléau. Les solutions sont politiques et internationales mais aussi individuelles. Résumé des progrès accomplis et des efforts à faire.
La poursuite des efforts Selon le dernier rapport de l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE), « les niveaux actuels, surtout d’oxyde d’azote, de particules fines et d’ozone au sol, réduisent l’espérance de vie moyenne dans les pays d’Europe occidentale et centrale de près d’un an et compromettent la croissance des enfants ». A l’échelle mondiale, on estime que, d’ici 2020, il serait possible de prévenir annuellement 700 000 décès précoces dus à l’exposition aux particules, grâce à la mise en place de politiques modérées de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il faut s’attaquer à la pollution de fond. Cela passera par les projets technologiques des véhicules mais aussi et surtout par des efforts collectifs et individuels en matière d’organisation urbaine et de transport,de mode de vie et de comportement. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a appelé le 5 octobre les gouvernements à adopter de nouvelles directives en matière de qualité de l’air. La directrice de la santé publique et de l’environnement de l’OMS, Maria Neira, estime qu’en « réduisant le niveau d’un certain nombre de particules polluantes, on pourrait réduire les décès
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qui y sont liés de près de 15% ». Elle précise : « nous pouvons réduire le niveau mondial des maladies infectieuses respiratoires, des maladies cardiaques et des cancers du poumon. De plus, les mesures pour réduire la pollution de l’air auront aussi un impact sur les émissions de gaz qui contribuent au changement climatique ».
à er not
La mauvaise qualité de l’air n’est pas une fatalité. Agissons.
La pollution n’est pas seulement un phénomène à imputer aux activités humaines. La nature produit des polluants, qui, dans une moindre mesure, altèrent la qualité de l’air. Parmi les polluants naturels, citons les particules minérales, les particules vivantes, les pollens et les gaz.
Point Histoire
L’air extérieur a été amélioré au cours de ces dernières années en Europe. La qualité de l’air est désormais réglementée par une loi qui s’inspire d’une directive européenne. La loi sur l’air de 1996 a reconnu « le droit pour chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ». Les émissions globales de l’automobile ont baissé en France et en Europe. De nombreux efforts technologiques ont été réalisés : abaissement progressif des normes de rejets, amélioration de la formulation des carburants, promotion de carburants moins polluants… Les usines et sites industriels sont désormais soumis à une réglementation portant sur le respect des normes de pollution de l’air en proximité de site et les quantités de pollution émises par an. La pollution industrielle est en diminution grâce à cette politique de mesures préventives. En revanche, la pollution liée au trafic est en augmentation.
Les accords de Kyoto Le Protocole de Kyoto,adopté le 10 décembre 1997,a traduit en engagements quantitatifs juridiquement contraignants cette volonté d’agir.Il vise à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz carbonique. Au titre du protocole de Kyoto, les pays industrialisés ont à réduire leurs émissions combinées de six principaux gaz à effet de serre durant la période quinquennale 2008-2012 en-deça des niveaux de 1990. Seuls quatre pays industrialisés n'ont pas encore ratifié le Protocole dont l'Australie et les États-Unis qui comptent pourtant pour plus d'un tiers des gaz à effet de serre du monde industrialisé. Les pays en développement sont partie prenante du Protocole mais n’ont pas d’objectifs de réduction d’émissions. Ce qui risque de poser des problèmes car certains d’entre eux, comme la Chine et l’Inde, présentent une forte croissance économique et, par conséquent, des émissions exponentielles de gaz à effet de serre.Atteindre les objectifs de Kyoto reste donc un grand défi. Sources : La documentation Française, actu-environnement.com
Zoom France En France, les émissions de métaux lourds ont été très fortement diminués, grâce à une action sur les plus gros émetteurs de poussières et à la suppression des additifs plombés dans l’essence. Les concentrations atmosphériques locales de certains polluants, tels que le dioxyde de souffre ou le monoxyde de carbone, sont en décroissance marquée depuis le début des années 1990. Ces actions demeurent insuffisantes.
Pollution intérieure, une menace négligée
Dans la plupart des cas, la pollution intérieure est nettement supérieure à la pollution extérieure de l’air. Ainsi, selon l’Agence de protection environnementale (EPA), l’air des habitations peut-être jusqu’à 100 fois plus pollué que l’air extérieur. Plusieurs facteurs ont permis d’améliorer la qualité de l’air extérieur au cours des dernières années mais de nouveaux polluants sont apparus à l’intérieur des locaux.
Les ennemis de l’intérieur D’où proviennent les polluants intérieurs ? Ils ont des origines diverses : pénétration de l’air extérieur pollué, système d’air conditionné mal entretenu qui altère la qualité de l’air, équipement d’intérieur fixe, l’activité humaine, biocontaminants, polluants divers tels amiante ou poussière. Le pire ? la fumée de cigarette, source de pollution intérieure majeure. L’amélioration des conditions d’habitat et les progrès industriels ont modifié l’air dans les maisons. Les produits corporels, domestiques, de nettoyage et d’entretien libèrent plusieurs centaines d’éléments chimiques. Les animaux domestiques, qui vivent de plus en plus souvent à l’intérieur, représentent de nouvelles sources de pollution. L’utilisation de colles et produits de traitement de bois libère des Composés organiques volatils (COV) nocifs. Pour éviter une trop grande déperdition d’énergie, le calfeutrement dans l’habitation peut paraître une bonne solution. Pourtant, une isolation trop importante des locaux empêche l’air de se renouveler régulièrement et permet aux polluants de se concentrer dans les locaux. A l’intérieur des maisons où la ventilation est médiocre, le radon, par exemple, peut atteindre des niveaux élevés. Tout aussi pollués sont les transports en commun, tels le métro et le RER : on y retrouve les mêmes polluants que dans l’air extérieur, exception faite de l’ozone.
Le saviez-vous ?
La plupart des Français passent plus de 90% « sous abri » : habitation, lieu travail, de loisir, voiture.... Le plus souvent, ils s’y croient protégés de la pollution. En réalité, l’air domestique est pollué et à l’origine de problèmes de santé. Explications.
Encore une fois, la Nature vient à notre secours Véritables petites usines dépolluantes, certaines plantes peuvent améliorer la qualité de l’air intérieur. Le lierre par exemple est capable d’absorber le benzène. Le ficus benjamina, le chlorophytum et l’aloès éliminent le formaldéhyde. Le spathiphyllum permet de lutter contre le trichloréthylène. L’azalée intérieure, elle, absorbe l’ammoniac. N’hésitez pas à les associer pour une meilleure efficacité.
Le ficus benjamina vous aide à garder un air pur
A lire : Les plantes dépolluantes, de Geneviève Chaudet et Ariane Boixière, Editions Rustica.
Des effets sanitaires L’air intérieur pollué peut avoir des effets sur la santé,depuis la simple gêne (odeurs, somnolence, irritation des yeux et de la peau) jusqu’à l’aggravation, voire le développement de pathologies, notamment respiratoires.Les effets sur la santé de la pollution intérieure ne sont encore que partiellement connus,tout particulièrement les conséquences sur le long terme.Pour autant,des études montrent déjà un lien entre pollution domestique et maladies respiratoires. Ainsi l’Institut National de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a affirmé en 2003 le lien entre la pollution de l’air des logements avec l’asthme et la rhinite.Ces deux maladies sont plus fréquentes en présence de Composés organiques volatils (COV). Comme pour la pollution extérieure, les conséquences sur la santé ne sont pas les mêmes pour tous. Certains sont plus fragiles : les nourrissons, les personnes âgées, les asthmatiques, les malades insuffisants respiratoires et cardiaques, les personnes souffrant d’un déficit du système immunitaire…Les personnes en bonne santé ne doivent pas exagérer les risques encourus : l’appareil respiratoire possède un système d’épuration performant. Il faut néanmoins le préserver. C’est l’affaire de tous.
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Et moi, que puis-je faire pour lutter contre la pollution ? Andrée Buchmann - Présidente de l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI)
Je peux intervenir sur ma qualité de vie de quatre manières différentes En diminuant les émissions de pollution En évitant les situations polluées En évitant les zones les plus polluées En augmentant la dispersion de la pollution
Concrètement Je privilégie la marche à pied,le vélo,les transports en commun Pour les voyages, je préfère le train Au volant, je conduis souplement et légèrement (synonyme d’économie d’énergie), je ne laisse pas tourner le moteur à l’arrêt,je vérifie la pression de mes pneus et je fais entretenir mon moteur afin de réduire les émissions de mon véhicule Je diminue l’intensité du système de chauffage ou de ventilation : en diminuant la température de 2°C, on peut éviter la formation d’une tonne de gaz à effet de serre chaque année Je choisis des poussettes les plus hautes possibles pour les enfants en bas âge Je me renseigne auprès des services publics locaux ou des organismes environnementaux sur les énergies solaires et éoliennes, options renouvelables non polluantes J’inspire par le nez et non par la bouche
La lutte contre la pollution intérieure La lettre du souffle : Connaît-on mieux la pollution intérieure ? Andrée Buchmann : Oui,nous l’appréhendons mieux.Nous avons surtout une meilleure connaissance de certains polluants. L’Observatoire a réalisé une étude nationale sur la qualité de l’air intérieur des logements français. Nous avons recherché les polluants chimiques,physiques et biologiques.Certains polluants comme le formaldéhyde ou les moisissures sont présents de façon systématique. Or, l’exposition continue à de faibles doses de polluants sur de longues périodes peut avoir des conséquences importantes à court ou à long terme. La lettre du souffle : Comment lutter contre la pollution intérieure ? Andrée Buchmann : Quand on connaît quelque chose, c’est plus facile de le combattre. On sait que la pollution intérieure est issue d'une pollution extérieure qui entre dans les habitations mais peut aussi être produite par nos activités. Sur celle-ci, on peut agir. Comment ? Il faut aérer, ventiler, être attentif à ce que l’on achète comme produits. Il faut aussi faire attention aux types de matériaux utilisés.Finalement,lutter contre la pollution intérieure,c’est une question de bon sens. Chacun peut agir. La lettre du souffle : Que reste t-il à faire ? Andrée Buchmann : Il faut espérer des avancées réglementaires et il faut interdire certains polluants. L’Observatoire, lui, va continuer à dépouiller les résultats de l’étude sur la qualité de l’air intérieur dans les habitats. Nous allons travailler plus sur la pollution dans les lieux de vie des enfants : écoles, gymnases, piscines…Autre point important pour nous, étudier la qualité de l’air intérieur dans les lieux de travail type bureaux car nous disposons de très peu de données. Propos recueillis par Anne-Sophie Glover-Bondeau
Fiche santé N°4
Un habitat sain
Les conseils du Pr Bonnaud, pneumologue, CHU de Limoges
Je ne FUME PAS J’aère mon logement matin et soir, au moins 10 mn : une bonne ventilation évite l’accumulation d’humidité, de gaz émis par les appareils de chauffage et de cuisson,des toxiques et polluants divers émis dans le logement. Je ventile les pièces après utilisation de produits d’entretien ou de bricolage Je fais régler et ramoner les appareils de chauffage par des professionnels qualifiés Je m’assure que les pièces chauffées sont bien ventilées ; je ne bouche en aucun cas les grilles d’aération Une température de 21°C dans les pièces à vivre suffit, 18°C dans les chambres à coucher
J’utilise les produits de nettoyage sans excès en évitant les formes aérosols Je me sers d’une serpillière mouillée plutôt que d’un balai qui ne fait que soulever la poussière ou qu’un aspirateur qui n’en ramasse que 20% J’éteins les appareils électriques au lieu de les laisser en veille Je change la literie toutes les semaines ou au maximum tous les dix jours en laissant le matelas à l’air pendant plusieurs heures à chaque fois J’ai conscience de mon facteur de risque (insuffisance respiratoire ou cardiaque,asthme ou existence d’asthme dans la famille) Je protège mes enfants : ils sont les premiers exposés à la pollution.
Enfin, je ne dois pas oublier que la contamination de l’air n’est pas seulement le fait des autres. Nous sommes tous pollueurs. Nous devons tous agir. 6
L’actualité du CNMR Tout ce qui est nouveau, tout ce qui va sortir. Du nouveau sur notre site Sur www.lesouffle.org, venez consulter les nouvelles mises en ligne. Et notamment nos articles pour mieux connaître la tuberculose, le pneumothorax ou le syndrome d’apnées du sommeil. En préparation : coqueluche, bronchiolite… Du neuf dans nos brochures Jeunes et addiction Une brochure à paraître en ce début d’année. « Pourquoi commence t-on à fumer ? » ou « pourquoi est-ce si difficile d’arrêter la cigarette ? ».Voilà le type de questions abordées dans ses pages. Réalisée avec la Ligue, la brochure traite du sevrage sous la forme de « 20 idées reçues ». Les illustrations sont réalisées par un dessinateur de bandes dessinées. Pour que les jeunes la prennent en main ! Les substituts nicotiniques Les méfaits de la cigarette mais aussi les raisons de la dépendance,voilà ce que met en lumière cette brochure. Le fumeur peut y évaluer sa dépendance avec le test de Fagerström et trouver des conseils pour arrêter de fumer à l’aide des substituts nicotiniques. Cette brochure dénonce aussi les idées reçues les plus répandues. Et elles sont nombreuses. RAPPEL : Journée mondiale contre la tuberculose Le 24 mars 2008 sera la journée de lutte mondiale contre la tuberculose. Celle-ci est un problème majeur de Santé publique. 2 milliards de personnes,soit 30% de la population mondiale, sont infectées par le bacille tuberculeux. Plus de 80% des patients atteints de tuberculose vivent en Afrique subsaharienne ou en Asie. Le CNMR lutte encore et toujours contre la tuberculose. Plus que jamais mobilisé, il mène des actions de prévention et de
dépistage et soutient la recherche. Cette journée sera aussi l’occasion de rappeler que le vaccin BCG n’est plus obligatoire pour tous les enfants en France mais seulement recommandé pour certains. Vie des Comités Les comités départementaux mettent en place des actions anti-pollution : information, prévention… Zoom sur deux comités. CD Seine-Maritime (76) : le 7 juin 2007, le Professeur Georges Nouvet,a organisé une conférence sur la pollution industrielle et automobile. Son but, fournir à la population les informations les plus objectives possibles sur les risques respiratoires auxquels celleci est susceptible d’être exposée du fait d’une pollution industrielle. Rappeler également toutes les mesures prises depuis plusieurs années pour assurer un bon contrôle de cette pollution et en limiter l’impact sanitaire. CD Haute-Garonne (31) : Depuis 5 ans, le Comité départemental de Haute Garonne subventionne l’action d’une conseillère médicale en environnement intérieur. Celle-ci, à la demande de médecins, se rend chez des malades respiratoires ou personnes allergiques pour réaliser un audit de l’habitat : polluants biologiques,moyens de chauffage, polluants chimiques,dosage température et humidité, prévention au niveau du tabac. Ensuite, elle remonte l’information au médecin qui peut ainsi mieux suivre et soigner son patient.
Recherche Deux subventions pour la recherche sur le thème de la pollution : Dr Alice Mounouchy, « Etude des facteurs de risque d’asthme et des maladies allergiques en Guadeloupe ». Dr Frédéric Roche, « Impact de la pollution de l’air intérieur sur l’activité du système nerveux autonome et la présence d’apnées du sommeil chez le sujet âgé ».
Notre livre !
Vous êtes déjà nombreux à avoir commandé notre livre « 80 ans d’histoire du timbre antituberculeux » Ouvrage de 12O pages richement illustré sur 80 ans d’éducation sanitaire en France à travers le timbre antituberculeux. Il reste des exemplaires disponibles. N’hésitez pas à le commander au tarif de 15€ TTC. Coupon à retourner dans une enveloppe sans l’affranchir, accompagné de vos coordonnées complètes et de votre règlement à : Comité National contre les Maladies respiratoires - Libre réponse N°80363 – 75281 Paris cedex 06
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VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES Merci pour l’intérêt que vous portez à cette rubrique. Vous êtes toujours aussi nombreux à nous transmettre vos questions (par courrier, téléphone, mail ou via notre site Internet). Nous sommes désolés de ne pouvoir répondre à toutes les questions qui nous arrivent. Question posée par mail : contact@lesouffle.org Je m’appelle S. D. Rego et je vis au Bénin. J’ai 40 ans et suis père de 3 enfants. Dans ma jeunesse, j'ai souffert d’asthme mais dès l'âge de 15/16 ans le mal a disparu pour un long moment. Le voilà qui réapparaît, depuis plus d’un an. Le problème est qu’il n'y a pas ici de spécialiste qui traite l'asthme ; j’ai consulté un O.R.L qui a diagnostiqué sans aucun examen préalable un asthme allergique. Il m'a prescrit un certain nombre de médicaments qui me calmaient au début quelques jours, mais maintenant seulement quelques heures ! Actuellement, en respirant, j’ai un sifflement au niveau de mes bronches ce qui m'empêche de faire tout effort car je m’essouffle très rapidement. Je vous écris dans l’espoir que vous me conseilliez sur des traitements de fond pour diminuer mon asthme. Dans l'attente d'une réponse de votre part, veuillez recevoir mes sincères salutations. Réponse de Denis Charpin L'asthme est une maladie génétique influencée par les conditions de vie. Il faut s'efforcer de savoir ce qui aggrave votre asthme pour l'éviter. Par ailleurs, il faut respirer des médicaments tous les jours pour empêcher les crises. Ces médicaments sont à base de cortisone. Le plus connu est le Bécotide. Nous vous conseillons de tout faire pour vous rendre en consultation auprès d'un spécialiste (médecin pneumologue) afin de vous faire suivre régulièrement sur un plan médical.
Question posée par mail contact@lesouffle.org Je souhaite arrêter de fumer. Mes motivations sont les suivantes : bronchite chronique, insuffisance respiratoire, asthme. De sexe féminin je fume depuis l’âge de 14 ans, et je suis très dépendante de la cigarette. J’ai aujourd’hui 63 ans, et, je viens d’avoir quelques problèmes respiratoires qui m’ont conduite aux urgences de l’hôpital d’Arles. Selon le cardiologue, compte tenu de mes antécédents, le risque d’un accident cardiaque est élevé. Pourriez-vous, s’il-vous plaît, me conseiller. Je vous en remercie par avance. Réponse du CNMR En effet, avec ces antécédents médicaux, il est préférable pour vous d'arrêter la cigarette. Cette première démarche est un premier pas , vous avez l'air d'être motivée et il faudra le rester! Les effets de l'arrêt du tabac sont bénéfiques à tout âge. L'arrêt du tabac entre autre fera immédiatement chuter le taux de monoxyde de carbone dans votre sang et ralentira l'érosion de votre capital souffle. Pour plus d'informations, vous pouvez contacter : tabac info service au 0 825 309 310. Nous pouvons aussi vous faire parvenir dans les plus brefs délais des brochures d'informations sur le tabagisme et l'annuaire des consultations de tabacologie si vous souhaitez rencontrer directement un tabacologue. Bon courage. Question posée par courrier contact@lesouffle.org Mme M de Strasbourg Est-il toujours possible de commander le livre anniversaire sur le timbre anti-tuberculeux, 90 ans de combat ? Réponse du CNMR C’est un très beau livre, vous avez raison. Très richement illustré,il retrace 80 ans d’éducation sanitaire en France à travers le timbre anti-tuberculeux. Il suffit de le commander au prix de 15€ (franco de port) auprès de Kouroussa M’Bae au 01-46-34-58-80 ou de faire votre demande par mail : contact@lesouffle.org ou par courrier : CNMR,66 Bd Saint Michel 75 006 paris.
Merci de votre intérêt pour la Lettre du Souffle, merci de votre engagement à nos côtés. Professeur Gérard Huchon - Président du CNMR
La Lettre du Souffle - Magazine trimestriel - 66 bd Saint-Michel - 75006 Paris - Tél. : 01 46 34 58 80 - www.lesouffle.org. Directeur de la Publication : Pr. Gérard Huchon Rédaction : Anne-Sophie Glover-Bondeau - Conception : Fab2 - Imprimeur : Imprimerie GUEBLEZ - Commission paritaire : 0709G85835 - Dépôt légal : Février 2008 ISSN : 1265-4868 - Abonnement : 12 € par an.