Textes sur les oeuvres, exposition Nomad-ness

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Feuilles de salle entuspotruniuopelepluiepruiloezromphtref

Nomad-ness entuspotruniuopelepluiepruiloezromphtref Œuvres du Frac des Pays de la loire et des Frac Aquitaine, Bretagne, Centre, Champagne-Ardenne, Lorraine, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, du Fnac (Cnap) / Ministère de la culture et de la communication, du Musée national d’art moderne / Centre Georges Pompidou, du Musée des Beaux-arts de Nantes, du CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux, du Musée de la Roche-sur-Yon, du Ring/artothèque (collection Ville de Nantes) et de la collection Michel Poitevin. entuspotruniuopelepluiepruiloezromphtref

Une exposition du Frac des Pays de la Loire en partenariat avec l’école supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole.

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exposition du 26 octobre 2010 au 16 janvier 2011

déforme, qu’on transforme, sans cette recherche précise de l’objet qu’avaient nos aînés. » Son travail se nourrit de collaborations avec des artistes, des écrivains, des graphistes auxquels il fait appel. Réalisé en commun avec l’artiste photographe Guillaume Janot, Restore Hope est un portrait de Saâdane Afif. Posant debout, sur le parvis du palais de justice de Nantes, les mains derrière le dos, on peut y voir une image ambiguë de rébellion. Imprimé sur le tee-shirt, un message se délivre sans qu’il y ait lieu de l’énoncer, le visage dissimulé derrière les cheveux longs ne laisse voir que le corps devenu support de communication à l’instar d’un panneau publicitaire. Transformé en slogan, le message lui-même est aujourd’hui perverti et ne peut faire oublier ce à quoi il renvoie : l’opération « humanitaire » menée par l’armée américaine en Somalie intitulée « Restore Hope », qui s’est révélée être un échec et un signe de l’impuissance de l’armée américaine dans ce conflit. Il s’agit pour Saâdane Afif de « redonner espoir » sans naïveté aucune et sans idéologie, en toute conscience de sa probable manipulation ou récupération.

Under Discussion évoque la situation d’une île portoricaine, Vieques. En 1941, les américains installent sur ce territoire une base militaire navale contestée par ses habitants qui se trouvent coincés entre une zone de tir et une aire de stockage de munitions. Ils accusent les essais militaires, études scientifiques à l’appui, d’avoir provoqué de sérieux dégâts écologiques et une sensible dégradation de leur santé. Suite à la campagne de « désobéissance civile » initiée par les pêcheurs de l’île en 1999, et qui a abouti à la mort d’un des leurs, la marine US a dû quitter en 2003 la moitié ouest de l’île. Sur ce site labéllisé aujourd’hui « refuge pour la vie sauvage », les américains ont entrepris une campagne de restauration de l’écosystème de la côte. Cette opération permet aussi de tenir à l’écart le pouvoir local qui souhaiterait une décontamination totale du site et risquerait probablement de découvrir certaines vérités. Dans la vidéo Under discussion, un autochtone fait le tour de la zone réservée sur une barque réalisée à partir d’une table renversée équipée d’un moteur, symbole de la « table des négociations », du dialogue avorté.

Francis AlŸs El Gringo, 2003

ALLORA & CALZADILLA

Under discussion, 2005

Saâdane AFIF & Guillaume JANOT Restore Hope, 2000 Photographie couleur 119 x 79 cm Collection du Frac Poitou-Charentes Acquisition en 2003 Saâdane Afif est né en 1970 à Vendôme. Il vit à Berlin. Guillaume Janot est né en 1966 à Nancy. Il vit à Paris. Le langage de Saâdane Afif semble irréductiblement polyphonique, multipliant avec une fluidité remarquable les modes d’adresse au public. « J’appartiens à une génération d’artistes qui (...) aborde l’art comme une forme de langage avec lequel on joue, qu’on

Installation vidéo béta numérique, couleur, son, 6’20 Collection du Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle Jennifer Allora est née en 1974 à Philadelphie (états-Unis). Guillermo Calzadilla est né en 1972 à La Havane (Cuba). Ils vivent à San Juan (Porto Rico). Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla, avec une approche à la fois ludique et critique, créent un corpus d’œuvres qui tient du poétique, du conceptuel et du subversif. Leur travail, à base de divers médias (photographies, vidéos, installations), met en place des systèmes dans lesquels un humour subtil se mêle au réalisme afin de dénoncer certains faits d’actualité.

Vidéo Couleur, sonorisé 4‘12

Collection du musée des Beaux-arts de Nantes Né à Anvers en 1959, vit à Mexico. Architecte de profession, Francis Alÿs vit à Mexico depuis les années 80. Sa posture d’exilé lui inspire une série de gestes visant à infiltrer les flux de cette ville, dont le centre historique est souvent qualifié de « territoire de l’incurie » en raison du désordre et de la dégradation de son tissu urbain. En touriste éclairé, Francis Alÿs fait de la marche une discipline artistique. Il fonde sa pratique artistique sur cette forme de mobilité qui constitue pour lui une façon d’interroger la réalité à travers l’espace urbain, utilisé comme un immense laboratoire, afin d’en faire émerger les singularités, d’emprunter son anonymat, de travailler l’imperceptible. Ses actions sont aussi aléatoires que


discrètes. Il collecte ainsi, par l’errance et la déambulation, les éléments d’une mémoire visuelle qui privilégie les images de la précarité. C’est pourquoi la figure du marginal l’intéresse, qu’il soit sans-abri ou chien errant. La vidéo El Gringo a été tournée à Hidalgo au Mexique. Une rumeur dit que cette ville est menacée d’être assaillie par les chiens errants. L’artiste focalise l’image sur les truffes des chiens, leurs crocs, leur donnant un aspect de plus en plus menaçant.

humanité, qui fait avec ce qu’elle a à disposition. On est toujours après une catastrophe, et on comprend qu’il est vain de projeter un état stable qui succéderait à la « transition ». Présenter le projet de Voghchaberd à travers un dispositif documentaire donne une possibilité d’ouverture à l’histoire et à ses fractures. » Anna Barseghian

ARCHIGRAM-Peter COOK Airship «Zeppelin Model», 1969

Karen Andreassian Voghchaberd, 2003 Site Internet http://www.voghchaberd.am

Maquette plastique, tissu synthétique, métal, peinture, papier 60 x 60 x 190 cm

par élément, héliportée par des dirigeables ou des montgolfières. Tout se passe comme si l’intensité des flux d’informations de la nouvelle société de consommation s’infiltrait dans la ville. Instant City, la « ville instantanée », se pose sur une ville existante, où elle crée un événement qui sera « architecture ». Ville-réseau ou premier village global, Instant City n’est plus assujettie à une logique de localisation ; elle est itinérante et suit les flux de l’événement et de la circulation de l’information. La maquette Airship « Zeppelin Model » fait partie du projet de ville nomade Instant City. Ce projet apparaît dans les années 60, période où l’architecture gonflable tient une place importante. Ludique et politique, Instant city nous propose un voyage imaginaire à bord du dirigeable Airship « Zeppelin Model ». Le grand papier peint également présenté ici est une sorte d’architecture-événement. Elle se donne dans l’instant et pose la question : l’architecture comme objet construit est-elle encore légitime ?

Collection du Frac Centre

Collection du Frac Poitou-Charentes Né en 1957 à Erevan (URSS), vit à Erevan (Arménie). L’artiste explore depuis 2003, la situation d’un village arménien, Voghchaberd, situé à 12 kilomètres de Erevan sa ville natale. Construit sur une zone géologiquement instable mais fertile, c’était à l’époque brejnévienne, un lieu prospère où les apparatchiks avaient leur résidence secondaire. Aujourd’hui, il est menacé de glissements de terrains, aggravés par le séisme de 1988, et la population s’expose au danger en refusant de se « déplacer ». L’artiste soutient cette forme de résistance et témoigne de l’histoire du lieu et de ses habitants, véritable métaphore de l’histoire de l’Arménie au XXe siècle et de sa situation actuelle. L’histoire récente du paysage du village a en effet coïncidé avec deux phénomènes : l’effondrement de l’Union Soviétique et le cataclysme naturel, l’éboulement géologique qu’il a subi. C’est sur le double constat du caractère mouvant de ce lieu et de la volonté des habitants d’y rester que Karen Andreassian a amorcé son projet, en déplaçant le village dans un espace électronique : le site internet : www.voghchaberd.am, qu’il enrichit jour après jour dans le but de prolonger l’histoire du village lorsqu’il sera entièrement vidé de ses habitants. « Il y a donc une vie, et même une prospérité possible, dans l’exposition au danger, dans la contingence ; le fait d’une

Neal BEGGS Instant city visits Bonnemouth, 1968 Wall paper Dimensions variables Collection du Frac Centre Peter Cook né en 1936 à Southend-on-Sea (Royaume-Uni). Le groupe Archigram est fondé en 1963 et dissout en 1974. Fondé en 1963, Archigram est à la fois le nom du groupe et l’énoncé de leur méthode : l’architecture par le dessin, leurs idées étant dirigées contre les conventions formelles et vers les associations libres. Ils inventent l’architecture à l’heure de la société de consommation et de loisirs : une architecture de communication nourrie de références publicitaires, de culture populaire, des débuts de l’informatique, de science-fiction. Présenté comme le chef de file médiatique d’Archigram, Peter Cook participe aux principaux projets du groupe dont Instant City est l’un des plus emblématiques. Il s’agit d’une ville nomade, qui se déplace, élément

Sleeping Bag, 2002 Sac de couchage et paillettes argentées 25 x 200 x 60 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2009

The Helvetic System, 20062008 Ensemble de 78 cartes Cartes géographiques IGN, aibrush noir et blanc Dimensions variables


Collection du Frac Lorraine Acquisition en 2005

From our House to the summit of Europe, 2009/2010 Vidéo numérique, couleur, sonore 4’22’33

en une traversée du territoire, partant de chez lui en Maine-etLoire pour rejoindre le sommet du Mont-blanc. Deux versions de cette longue marche sont proposées ici au public, une privilégiant un regard plus extérieur, l’autre plus longue restituant les nombreux monologues de l’artiste face à lui-même dans cette traversée en solitaire. Nourri de musique pop-rock anglaise des années 70-80, l’artiste fait un clin d’oeil ici à travers le titre de l’œuvre, à la chanson Our House du groupe britannique Madness.

l’Afrique du Sud. Tâches noires, à la Rorschach, les formes de ces pays ne délivrent plus d’information de type géopolitique, mais évoquent plutôt un code, une nomenclature mystérieuse ou un alphabet crypté dans une spatialisation chère à l’artiste et poète qu’était Broodthaers.

Prêt de l’artiste Né en 1959 à Lane (Irlande du Nord), vit à Champtoceaux. L’œuvre de Neal Beggs est attachée à une forme d’aventure particulière : l’escalade. Ex-alpiniste, il a gravi de façon semi-professionnelle de nombreux sommets. Une expérience qu’il restitue dans son œuvre en gommant cette limite qui séparerait l’art de la vie. Ses pièces, souvent « praticables » par le public, empruntent leur vocabulaire formel à ce sport (mur de grimpe, prises, etc.). Mais l’analogie se développe par-delà cette seule plasticité, l’artiste adapte en effet le principe de sa pratique sportive à son processus de création artistique.

Claire Fontaine We are with you in the night, 2008 Lettrage néon

Marcel Broodthaers

L’œuvre de Neal Beggs est constituée de vidéos, d’intallations, de photographies, de peintures, etc. Les motifs dominants, voire exclusifs de ces œuvres sont l’escalade et son contexte (la montagne, les rochers, les objets qui s’y rapportent).

Atlas, 1970

Sleeping bag, (le sac de couchage), montre bien cette bascule d’un rapport symbolique à l’expédition en haute montagne vers une logique de séduction, d’une sublimation des objets du quotidien, elle-même métaphore légèrement distanciée de l’objet d’art.

Né en 1924 à Bruxelles (Belgique). Mort en 1976. Menant une carrière poétique de la fin des années 1950 jusqu’en 1963, Marcel Broodthaers se consacre dès 1964 à la création plastique. Sa première exposition, qu’il intitule Moi aussi je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose, témoigne de la forte impression que lui a laissée l’œuvre de Manzoni, dont il partage l’humour, le septicisme et la « mélancolie acide ».

The Helvetic System est un programme qui s’est développé sur une durée de deux ans. L’œuvre est composée d’un ensemble de 78 cartes topographiques à l’échelle 1/50000 qui représentent la totalité du territoire helvétique. Chacune d’entre elles est entièrement recouverte d’une peinture noire sur laquelle apparaît une myriade de points blancs qui indexent avec précision les sommets suisses. La disparition de toutes les informations annexes (perdues sous l’aplat de couleur) ne laisse alors comprendre la géographie des sommets qu’à travers leur situation les uns par rapport aux autres et le sens des images bascule rapidement de la topographie à l’astronomie. La vision géographique des sommets, délivrée de ses coordonnées, s’amalgame à la vision cosmique de constellations. Le découpage de la carte de la Suisse réalisé ici par Neal Beggs correspond aux différentes régions linguistiques. La vidéo présentée ici rend compte d’une marche, que Neal Beggs a entrepris en 2009 et qui comme l’indique le titre consistait

Impression sur papier 50,5 x 69,5 cm Collection du Frac Poitou-Charentes Acquisition en 1984

« En 1968, Broodthaers choisit de transformer d’une simple rature une « carte du monde politique » en Carte du monde poétique, indiquant le vrai territoire de son engagement. Les ratures, les fautes d’orthographe, les erreurs de la scription sont autant de signes. Formes d’accidents, elles renvoient aux flux de la pensée, au doute, à l’errement, à la fulgurance. » Marie Muracciole

Œuvre historique de Marcel Broodthaers, l’Atlas est une impression sur papier tirée à part de l’édition de son dernier livre intitulé La conquête de l’Espace. Atlas à l’usage des artistes et des militaires. Le plus petit atlas du monde reproduit trente deux pays, représentés à une taille identique et non à une même échelle. Se côtoient ainsi l’Angleterre et l’Australie, l’Italie et Haïti, l’Allemagne et

Collection du Fonds national d’art contemporain Collectif fondé en 2004. Vit à Paris. Ce collectif d’artistes formé en 2004 a emprunté son nom à une marque populaire de cahiers pour écoliers. Claire Fontaine combine tous les types de médias possibles : peintures, sculptures, néons, vidéos, objets détournés ou textes. La simplicité des dispositifs contraste avec la force du message. Les problématiques approchées questionnent l’art contemporain mais aussi un certain malaise dans la société en général. L’art de Claire Fontaine interroge, énonce les questions qui travaillent notre époque. La dimension politique et sociale traverse les formes dans une circulation, un équilibre où jamais le message ne vient réduire l’expression artistique. We are with you in the night, est à l’origine un message « Siamo con voi nella notte » (Nous sommes avec vous dans la nuit) apparu sur les murs des villes italiennes dans les années 70. L’ambiguïté de cette phrase surpasse son sens premier : le soutien politique adressé aux prisonniers. La nuit représente la prison, mais aussi les zones d’obscurité et les associations clandestines émergeant des multiples formes de résistances. La nuit devient alors un espace flou où les repères séparant les singularités s’évanouissent.


Jordi Colomer Anarchitekton/ Barcelona, 2002

3 maquettes dimensions 287 x 80 x 50 / 207 x 62 x 42 vidéo : 5’ Collection du Frac Centre Né en 1962 à Barcelone (Espagne). Vit à Paris et à Barcelone. Jordi Colomer commence sa formation artistique au début des années 1980 à l’EINA, école d’art et de design de Barcelone, où il suit différents séminaires dont celui de «scénographie des fêtes». Il poursuit ses études à la Faculté d’histoire de l’art et participe à la création du magazine Artics comme graphiste et rédacteur, avant d’entrer à l’École d’architecture de Barcelone. Parallèlement à l’urbanisme, son intérêt se développe également pour le théâtre moderne et contemporain. Une série de performances photographiées dans diverses grandes villes du monde est à l’origine d’Anarchitekton (20022004). Ce terme est une contraction entre architekton (mot grec signifiant architecte et urbaniste), et Anarchitecture, groupe fondé par l’artiste américain Gordon MattaClark. Il fait également référence aux Architectones, nom donné par Kasimir Malevitch à ses modèles en plâtre d’architecture formelle dégagée de toute préoccupation fonctionnelle. Dans l’œuvre vidéo présentée ici, un personnage nommé Idroj Sanicne (Jordi Encinas à l’envers), double imaginaire de l’artiste, manifeste seul. En guise de banderole et de slogan, il brandit dans la ville de Barcelone, les modèles réduits de bâtiments emblématiques de l’urbanisation moderniste. S’agitil d’une revendication ou d’une position critique ? Colomer laisse planer le doute, mais le renversement des échelles spatiales, renforcé par l’exposition des maquettes qui ont servi au cours des différentes performances, invite au questionnement de la place que nous occupons dans la ville, et de nos rapports avec l’architecture et le monument.

Guy Ernest Debord

Guide psychogéographique de Paris, 1974 encre sur papier 59,5 x 73,5 cm

Jeremy DELLER

Veteran’s Day Parade. La fin de l’Empire, 2002 Film numérique couleur sonore 14’10 Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2006

Collection du Frac Centre Né à Paris en 1931. Mort en 1994. En juillet 1957, est créée l’Internationale Situationniste (1957-72), dont Guy Debord sera le théoricien. L’activisme politique de l’I.S. s’exprima, entre autres, dans une autre approche de la ville : Guy Debord défend alors, avec l’artiste Constant, la notion d’« urbanisme unitaire » qui « envisage le milieu urbain comme terrain d’un jeu de participation ». Ce jeu prendra notamment la forme de la « dérive » urbaine, héritée des flâneries de Thomas de Quincey dans Londres ou de la « promenade » des Surréalistes, dans Le Paysan de Paris d’Aragon. « Le goût de la dérive porte à préconiser toutes sortes de nouvelles formes de labyrinthe », dont le projet de Constant New Babylon rendra compte, en se donnant comme le premier « village planétaire ». Cette dérive sera mise en image dans les collages de cartes que Debord réalise avec l’artiste Asger Jorn. Le Guide psychogéographique de Paris publié en 1957, est un collage à partir d’un plan de Paris datant de 1734 (le « plan Turgot »). Il reconstitue une carte de fragments reliés par des flèches indiquant des déplacements. L’unité souveraine de la carte est morcelée pour y substituer des « unités d’ambiance » urbaine, un déplacement subjectif du piéton qui reconstitue lui-même l’espace urbain. À l’ordre conventionnel de la carte et à son action implicite de possession du territoire, des chemins sans cohérence, des atmosphères, des désordres subjectifs recomposent une nouvelle géographie : l’itinéraire forme la carte qui s’offre désormais à la dérive, aux sollicitations toujours nouvelles des rencontres.

Sans titre, 2002 Ensemble de 20 photographies couleur 9 (10,5 x 15,5 cm) ; 6 (20,5 x 25,5 cm) ; 3 (28 x 36 cm) ; 2 (9,5 x 13,5 cm) Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2006 Né en 1966 à Londres où il vit. Jeremy Deller fonde sa pratique artistique sur un travail continu de recherches documentaires, de rencontres et de collaborations afin de mettre en relation les diverses expressions de la culture dite populaire avec le contexte social dans lequel elles apparaissent. En favorisant la réunion sans jugement de valeur d’éléments humains, culturels, esthétiques et politiques disparates, Jeremy Deller initie de nouvelles formes de transmission et de lecture de l’histoire contemporaine. Invité en résidence par le CCAC Wattis Institute for Contemporary Art de San Francisco, Jeremy Deller a sillonné pendant presqu’un an la Californie. Veteran’s day a été réalisée lors de ce séjour : « Quoique voisin de la Californie, le Nevada est un monde à part. Dès que tu franchis la frontière de cet Etat, tu remontes dans le temps. C’est un endroit plus


dépassé qui évoque le chaos sinon l’anarchie. Ma première perception du Nevada s’est faite un jour de défilé des vétérans l’année dernière, juste après le 11 septembre ce qui a rendu l’événement encore plus impressionnant. C’était un mélange bizarre de patriotisme, christianisme et d’occultisme. » Jeremy Deller Réalisée à la manière d’un document vidéo amateur, Veterans Day Parade dresse le portrait pittoresque d’un pays en guerre à travers ce défilé annuel en hommage aux soldats américains morts à la guerre. Sur la route ensoleillée d’une petite ville dans le désert, la caméra enregistre le passage de voitures décorées et de chars bardés de drapeaux américains dans lesquels différents groupes affichent leur appartenance à une communauté culturelle ou religieuse. Des écoliers vêtus d’uniformes militaires côtoient ainsi des groupes folkloriques ou religieux, des associations de retraités et d’anciens soldats, dans une même ferveur. Pendant son séjour, il a également réalisé un recueil de textes et d’entretiens, illustré des cartes géographiques ainsi que de nombreuses photographies prises par l’artiste lui-même réunit dans le livre After the Gold Rush, sorte de guide historico-social de la Californie. Au fil des photographies de Jeremy Deller, nous apercevons certains aspects de l’histoire de la Californie, son ascension et son déclin, de sa vie politique, de ses icônes, ainsi que de ses paysages à l’infini. « Je m’intéresse à l’Histoire avec un grand H autant qu’aux parcours individuels ». Ce « road-movie » reflète un grand nombre des préoccupations de l’artiste, notamment les liens qui unissent les beaux-arts et la culture populaire, le passé et le présent. En mettant en lumière les relations que nous entretenons avec ce type de rituels, Jeremy Deller souligne leur influence sur la conscience de notre société.

Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 1999 Né en 1965 à Wervik (Belgique). Il vit entre Gant (Belgique) et Pékin (Chine). Cet artiste aujourd’hui reconnu et exposé internationalement, propose une œuvre qui, tout en puisant ses références dans une certaine tradition de l’art flamand, se développe selon les principes de l’économie actuelle mondialisée : entre local et global, de Gand – siège du « Studio Wim Delvoye » – à Pékin, où se trouve son « Art Farm », où l’artiste élève et tatoue des cochons. Teintée d’ironie et d’iconoclasme, sa pratique artistique mêle imagerie populaire et culture savante pour mieux faire ressortir les contradictions et mutations de notre environnement contemporain. « Les cartes de Wim Delvoye (…) ressemblent bien à des cartes. Le problème est qu’elles ne correspondent en rien à ce à quoi les cartes renvoient, c’est-à-dire à la réalité géographique. Ce sont des cartes purement imaginaires, pleines de fantaisie mais aussi de clins d’œil. (…) Et c’est le 50/50 qui fait tout leur intérêt : 50% de mystère et d’opacité (des tracés improbables, des noms qui n’évoquent rien de connu) et 50% de références identifiables. C’est ici que ça bascule. On ne parle pas de ce que l’on prendrait bien pour de vraies cartes mais de toutes ces formes qui évoquent des objets connus : un marteau, des clés, des lunettes (à moins que ça ne soit un soutiengorge), etc. Mais là encore c’est 50/50 : 50% qui tirent vers l’objet quotidien, 50% qui tirent vers une carte plausible. Et puis ces objets, n’ont-ils vraiment aucun rapport avec les « vraies » cartes ? Et l’Italie, ce n’est pas une botte ? » Jean-Marc Huitorel

Song DONG Jump, 1999

Wim DELVOYE

Atlas. La salle des cartes, 1999 Installation sur 1 à 3 murs Dimensions variables

Film couleur sonore numérique 15’48 Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2003 Né en 1966 à Pékin (Chine). Vit à Pékin.

Song Dong est né en 1966 à Pékin en Chine où il vit aujourd’hui. En 1989, il obtient son diplôme de peintre au département des Beauxarts de l’université de Pékin. Il fait alors partie d’une génération d’artistes chinois qui émerge au début des années 90, dans un climat politique peu enclin à la liberté d’expression. La situation politique et financière de l’artiste dans ce contexte a encouragé Song Dong à la réalisation d’une oeuvre méditative et solitaire. Dans ses performances, photographies, vidéos et installations, l’instable et l’éphémère occupent une place de premier plan. Le titre de la vidéo Jump définit d’emblée l’action d’un corps en mouvement. Un corps se déplace sans raison apparente et répète le même geste : un saut de côté à droite, un saut de côté à gauche pour revenir à sa place initiale, et ce pendant près de 16 minutes sous le regard indifférent des passants. Le lieu est fixe, bien défini et rapidement identifié, il s’agit de la place Tiananmen, seul le bougé du corps laisse les traces d’un déplacement. La caméra est fixe elle aussi, à distance, posée sur un pied, à hauteur d’homme. Elle montre en plan fixe une partie de la place, à la fois parfaitement banale et si singulière et le corps de l’artiste seul acteur d’une action éphémère. Cette expérience s’inscrit comme une pratique transgressive qui questionne le comportement normatif des corps dans l’espace collectif. Notons que c’est au milieu de cette place que se trouve le mausolée dans lequel le corps de Mao Zedong est exposé, mais devant lequel il est interdit de s’arrêter. Le propos est incontestablement politique et donne tout son sens à l’action menée dans ce lieu hautement symbolique. Performance qui n’est pas sans rappeler les actions héroïques des jeunes étudiants chinois du « Printemps de Pékin » en mai 1989.

Robert FILLIOU Trilogy (VideoUniverscité : Grâce à Fourier), 1979

Vidéo/Master Beta couleur sonore Durée : 30’ Collection du Frac ChampagneArdenne Acquisition en 2000


Né en 1926 à Sauve (Gard). Décédé en 1987. L’exposition Nomad-ness par son titre célèbre un des grands penseurs et artistes de la seconde moitié du XXe siècle, Robert Filliou. Le terme « Nomad-ness » est en effet issu d’une œuvre de 1979, Telepathic music n°: from madness to nomad-ness qui atteste et révèle chez ce concepteur prolifique, une posture de voyageur qu’il a sans cesse incarnée à la fois dans sa vie et dans son œuvre. Robert Filliou a démarré sa carrière en tant qu’économiste, voie qu’il abandonne en 1954. Il met en place à la fin des années 1960 le « Principe d’équivalence : bien fait – mal fait – pas fait », qui place sur un même plan le modèle (bien fait), l’introduction de l’erreur par rapport au modèle, erreur entendue comme acte créateur, comme lieu du désordre et de l’imagination (mal fait), et l’idée (pas fait). Par ses œuvres et ses écrits, Robert Filliou a participé à redéfinir la notion d’œuvre d’art et le rôle de l’artiste, à concevoir une œuvre « irrésolue », hors-cadre, caractéristique d’une pensée nomade. L’œuvre Trilogy évoque le principe de l’offre et de la demande établie par la société marchande. Robert Filliou y développe la théorie de Charles Fourier. « Quatre pommes eurent une importance capitale pour l’humanité : celle qu’Eve offrit à Adam, celle du jugement de Pâris, celle qui tomba de la tête de Newton, celle dont le prix abusif fit comprendre à Fourier que quelque chose ne marchait pas dans la société de son temps, ce qui l’amena à l’étudier et finalement à concevoir son système d’harmonie. » Robert Filliou y ajoute la cinquième pomme ou le principe de non-comparaison. « Il s’agit de méditer l’histoire suivante : Deux personnes se partagent une pomme inégalement coupée en deux. Le premier à se servir prend le gros morceau. Le second râle devant ce geste. Le premier « Qu’aurais-tu fait à ma place? ». Le second : « J’aurais pris le petit morceau. » Le premier : « Mais tu l’as le petit morceau ! Alors de quoi te plains-tu? »

Installation vidéo Collection du Frac Centre Né en 1968 à Chennevières-sur-Marne (France). Vit entre Paris et Lisbonne. Performances, vidéos, textes se combinent aux recherches architecturales de Didier Fiuza Faustino, pour qui l’architecture résulte d’une expérience du corps, de ses contraintes physiques, politiques et de son exploration « topomorphique ». Dans un va-etvient permanent qu’il établit entre art et architecture Didier Fiuza Faustino montre comment les espaces, les bâtiments et les objets sont des interfaces entre le corps individuel et le corps collectif, entre la sphère publique et privée. Sous-titré « habitat personnel », l’œuvre One Square Meter House présentée ici interroge l’espace de la maison et le défi spéculatif que représentent les petits espaces dans les mégalopoles où la stratégie consiste à construire des bâtiments de grande capacité obligeant à miniaturiser les espaces, tels ces hôtels-capsules japonais où l’unité de couchage se réduit au strict minimum. C’est aussi l’idée de ce projet, mais qui vire au « cauchemar ». Réalisée à l’échelle 1 : 1 porte d’Ivry en 2007, One Square Meter House est une maison d’un mètre carré où se superposent sur 17 mètres de haut des coques en résine standardisées. La superficie contraint l’occupant dans un espace invivable, définitivement étriqué. La surface au plancher ne permet même pas de s’allonger. Ce rêve de maison est sensé, dit Faustino, « travailler l’individu dans ses pires travers » ; la maquette se double d’une projection vidéo dans laquelle on voit le bâtiment « détruit en petits morceaux », au-dessus de ces images, un slogan en renforce l’absurdité : « Lieu idéal pour se reposer après des jours passés à faire des relations publiques et des soirées passées en boîte de nuit. Votre maison, maintenant disponible dans une large gamme de prix : une surface au plancher de un mètre carré avec deux à cinq étages pour seulement le prix d’une parcelle. Choisissez votre standing.

Incroyable ! »

Didier FIUZA FAUSTINO One Square Meter House, 2003

Hamish FULTON The Heron Stands and

Waits, 1989 Photographie noir et blanc, texte et cadre en bois 117 x 137 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 1991

Dead hedgehog, fox, squirrel..., 1983 Photographie noir et blanc, texte et cadre en chêne 109 x 129 cm Collection du Musée de La Roche-surYon Acquisition en 1990 Né en 1946 à Londres. Vit à Canterbury (Royaume-Uni) Toutes les photographies de Hamish Fulton montrent des paysages épargnés par l’industrialisation et l’urbanisation, et s’accompagnent de textes conçus dans un esprit de nominalisme poétique. Cet arpenteur inlassable des régions les plus reculées donne avec chacune de ses œuvres un souvenir de son passage dans un lieu, sous la forme d’une grande photographie en noir et blanc, élégamment encadrée de bois et assortie de quelques mots, extraits de son journal, indiquant le moment, la situation géographique, la durée de la randonnée et, le cas échéant, la nature du sol, les conditions météorologiques, la qualité de l’éclairage ou les noms des animaux, oiseaux et insectes rencontrés en chemin. Ces légendes soigneusement inscrites dans le bas des photographies augmentent le pouvoir évocateur des images, un peu à la manière de mantras incantatoires. The Heron Stands and Waits témoigne d’une randonnée accomplie en France en 1989, qui avait mené Hamish Fulton, en l’espace de vingt jours, de la côte Atlantique à la Méditerranée. Les noms des fleuves et rivières rencontrés en chemin (la Garonne, la Dordogne, la Loire, le Rhône, la Drôme et la Durance) sont notés sous la photographie dont le titre renvoie sans doute au héron aperçu en cours de route. Les photographies de l’artiste ne sont ni pittoresques ni romantiques. Elles soulignent une sorte d’être-là primordial du paysage qu’il a traversé en solitaire. Leurs allusions feutrées nous


incitent irrépressiblement à méditer sur les menaces que le monde moderne fait peser sur la nature. La photographie Dead hedgehog, fox, squirrel... s’attache à une énumération du monde animal rencontré lors de cette traversée.

Pierre Joseph Fabrice Hyber Bibendum, 1992

Table, tissu, chambres à air, panier Collection privée, Michel Poitevin

Jef Geys

Quadra medicinale, 16 countries/cities, 2008 Impression sur tyfek, édition 1/8 130 x 130 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2009 Né en 1934 à Bourg-Léopold. Vit à Balen (Belgique). Apparu sur la scène artistique au début des années 60, Jef Geys conduit toute son œuvre comme un vaste projet évolutif qui conjugue attitude conceptuelle, activité pédagogique et expérimentations plastiques. Constamment hybride, l’œuvre de Jef Geys a la particularité de se construire sur un héritage moderniste – notamment celui du Bauhaus – tout en développant le goût de l’artiste pour la dimension ordinaire du réel. Ainsi, à l’encontre d’une forme et d’un langage hégémoniques, Jef Geys invente une forme de conceptualisme débridé. L’œuvre présentée ici est le résultat d’une demande de l’artiste à quatre personnes résidant au centre ville de grandes Métropoles. Il leur demande d’arpenter un petit territoire autour de chez eux et d’y recencer les plantes médicinales que l’on peut y trouver. Dans un contexte où l’urbanisation prend le pas sur la nature, Jef Geys met en avant cette nature qui réussit malgré le béton à se faufiler, le choix de plantes aux vertus médicinales n’est donc pas anecdotique.

Né à Luçon en 1961. Vit à Paris. L’univers de Fabrice Hyber relève d’une globalité ouverte, d’une entreprise, au sens large du terme, qui rechigne à s’envisager en termes de « pièces » ou d’ « œuvres » dans les sens que l’on donne habituellement à ces mots, c’est-àdire des objets autonomes et séparés. C’est du côté de l’énergie, de la circulation, de la prolifération, du « work in progress », de l’ouverture permanente, de l’alerte et de la curiosité prospective, à l’opposé de la réification de l’art et du fétichisme de l’œuvre que se positionne l’artiste. L’objet, chez Fabrice Hyber, n’a de sens et de réalité que comme vecteur, circulation, déclencheur de pensée ou représentation provisoire ; il est toujours transitif pour ne pas dire transitionnel, en un mot, il est érotique. C’est le commerce plus que la marchandise qui l’intéresse, et les P.O.F (Prototypes d’Objets en Fonctionnement) se comprennent avant tout dans la dynamique de l’échange, ce que confirme UR (Unlimited Responsability), l’entreprise qu’il a créée au début des années 90 et grâce à laquelle ce qui n’était jusqu’alors qu’objet artistique intègre les circuits réels de la production. Le Bibendum est une page blanche, recouverte ici des textes que doit lire le Père Noël au cours de leur conversation fictive. Le corps-enflure devient le lieu de l’écriture et surtout le support de la mémoire. L’enflure devient une forme dérivée de prothèse, un instrument qui facilite la digestion et la transcription des données. On retrouve à nouveau le réseau d’associations entre l’esprit et le corps, entre la pensée, le diction et l’action.

Mon plan du plan du métro de Paris, 2000

Impression numérique marouflée sur aluminium 170 x 135 cm Collection du Frac Poitou-Charentes Acquisition en 2003

Map of Japan, 1998 feutre sur papier, plastification recto accrochage par pinces à dessin métalliques 160 x 247 cm Collection du Frac Poitou-Charentes Acquisition en 2003 Né en 1965 à Caen. Il vit à Paris. Pierre Joseph développe depuis la fin des années 80 une œuvre polymorphe qui interroge le jeu ou l’apprentissage comme mode d’expériences et de connaissance. En 1989, avec les « Personnages à réactiver » (1989), il soulevait la question de l’interaction possible entre le spectateur et l’œuvre dans l’exposition, les relations du spectateur au musée, mais aussi le statut de l’œuvre d’art. Avec les cartographies présentées dans l’exposition, l’artiste précise cette question à travers la notion d’apprentissage, l’étendant à une réflexion sur les savoirs et les connaissances. Issu du travail de mémoire de l’artiste, Mon plan du plan de métro de Paris retranscrit uniquement ce qu’il connaît, ce dont il se souvient pour l’avoir suffisamment pratiqué. S’il évoque ainsi les débuts de la cartographie, où seuls les territoires réellement visités et considérés comme connus pouvaient être


retranscrits par un plan ou par une carte, ce « plan » par définition n’en est pas un. Unique, il témoigne d’une expérience et d’une connaissance personnelle et n’a pas de prétention fonctionnelle ou universelle. Humble retranscription d’une démarche d’apprentissage, cette œuvre amène à reconsidérer ce qui semble définitivement acquis qu’il s’agisse d’un code, d’un langage ou d’un savoir.

par l’artiste au cours de son voyage. In the clouds/dans les nuages, white gravel/gravier blanc, red stones/ pierres rouges, first night/ première nuit, second night/second nuit, Sidewind/chemin du vent, etc.

Pour Map of Japan l’artiste écrit : «J’ai dessiné ce plan de Moriya city après avoir laissé passer trois mois sans regarder de carte de cette ville. Que retient-on d’un endroit qu’on ne connaît pas? Ce sont mes expérience à vélo et à pied qui ont façonné ce plan.» Pierre Joseph

Cildo MEIRELES Eppur si muove, 1992

Pierre MALPHETTES Firefly, 2007

Installation vidéo Collection Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur

Richard LONG

A 2 1/2 Day Circular Walk in the Scottish Highlands Clockwise, 1979 Texte en noir et rouge sérigraphié sur papier 104 x 152,5 cm Collection du Frac Aquitaine Né en 1945 à Bristol (Royaume-Uni), où il vit Richard Long étudie à Bristol puis à Londres, en particulier la sculpture à la Saint Martins School of Arts, entre 1966 et 1968. Il fait ses premières œuvres en extérieur en 1964 et 1965. Il voyage depuis 1967 sur tous les continents, arpentant des sites naturels. Comme il l’a souvent expliqué dans ses entretiens, Richard Long organise à l’avance tous ses déplacements, choisit les lieux qu’il va parcourir. L’historien d’art Jean-Marc Poinsot souligne que Richard Long se promène dans des « sites naturels connus, nommés, cartographiés avec précision, aménagés par l’agriculture, les voies de communication (…), des lieux ayant une histoire ou portant des traces d’organisation ou des monuments manifestant la présence de l’homme ». L’œuvre intitulée A 2 1/2 Day Circular Walk in the Scottish Highlands, Clockwise, témoigne d’une marche en cercle que l’artiste a effectuée dans cette région. Elle se présente sous la forme d’une série d’annotations brèves, décrivant la forme du parcours, sa durée, les phénomènes et les éléments naturels rencontrés

Né en 1970 à Paris. Vit à Marseille. En travaillant principalement des matières intangibles telles que l’air, la lumière, l’eau, ou bien encore des matériaux bruts, de construction (la bâche, le caillebotis), Pierre Malphettes matérialise des espaces mentaux qui évoquent le voyage, le parcours. été 2007, Pierre Malphettes quitte Marseille pour rejoindre le nord de l’Écosse au volant d’une Peugeot 504. Ce Pick-up noir, équipé d’un caisson lumineux rose fuchsia, part à la rencontre du paysage et de ses lumières. Les deux conducteurs, également réalisateurs, filment leur voyage. Le véhicule transformé s’apparente à une enseigne urbaine dépouillée de son message publicitaire. L’itinéraire, qui passe de la lumière méditerranéenne aux brouillards et aux ciels chargés de l’Écosse, permet de confronter le caisson monochrome aux lumières de la ville et à celles des campagnes, de glisser dans la nuit des villes pour atteindre, au lever du soleil, de vastes étendues vertes. La voiture, imposante au début du film, opérant comme un révélateur du paysage, doucement s’y intègre, puis s’efface. Le cadre s’ouvre lentement pour laisser place à l’observation et à la contemplation de la nature.

Verre, papier, métal chaque élément : 12 x 18 x 10 cm Collection du Fonds national d’art contemporain Acquisition en 1998 Né en 1948 à Rio de Janeiro (Brésil). Cildo Meireles réalise ses premières œuvres au milieu des années 60 alors que le Brésil est sous l’emprise d’une dictature militaire. Les pénétrables, les dispositifs qui suscitent la participation des spectateurs, l’exploration des relations entre l’espace et ceux qui s’y trouvent, mais aussi les rituels magiques venus de la culture afrobrésilienne, tout cela fait partie du « néo-concrétisme » qu’a développé ensuite Meireles. Son travail témoigne à la fois d’un engagement artistique et d’un engagement politique pratiqués notamment pendant la dictature militaire, en se servant des symboles de la culture des états-Unis, la bouteille de Coca-Cola ou le billet vert, dont il a produit en grand format une image intitulée Zero Dollar. L’œuvre Eppur si muove a été réalisée pour l’exposition inaugurale du musée d’art contemporain de Montréal « Pour la suite du monde ». L’œuvre est le résultat d’une action menée par l’artiste au printemps 1992. à partir d’une somme initiale de 1000 dollars canadiens, il a réalisé une série d’opérations de change successives en livres sterling et en francs français. Après une centaine de ces opérations, il ne restait de la somme de départ que 4 dollars et quelques cents. En céramique ou porcelaine, le cochon tirelire, muni d’une fente, transmet habituellement l’idée de l’épargne aux enfants. Ici, en verre, les tirelires dévoilent un contenu stable puisque leur fente a été colmatée. La première contient la monnaie, la deuxième les reçus de ces opérations monétaires et la troisième, fonctionnant comme un simulacre, contient la même quantité d’argent que la première. L’artiste met en évidence, non pas la dévaluation causée par l’inflation, par les dommages matériels ou par tout autre facteur, mais la dévaluation provoquée par la


circulation. Paradoxalement, plus grande est la circulation, moins l’argent a de valeur.

Photographie diptyque 105 x 186,5 cm encadré Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2008

Gabriel OROZCO

Dog urine in snow, 1993 Shadow on reflection, 1993 Heart of the river, 1991 Photographies couleur Chacune 56 x 71,5 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisitions en 1994 Né en 1962 à Jalapa (Mexique). Vit à New-York (états-unis). Artiste mexicain vivant à New York, Gabriel Orozco s’est imposé sur la scène artistique internationale notamment grâce à ses sculptures et ses photographies. Son travail est caractérisé par la diversité des œuvres produites et des matériaux employés, ainsi que par des rapprochements insolites d’éléments. Dans ses photographies, l’artiste enregistre des micro-événements et présente des gestes ou des interventions discrètes. Les trois œuvres présentées ici sont liées à la contingence de « rencontres » que l’artiste réalise au gré de marches – souvent anodines et non préméditées – de pérégrinations, de voyages. La perception fugitive d’un moment, d’une ambiance – la confrontation d’une lumière avec un miroir abandonné (Shadow on reflection), la sensation d’un tracé dans la neige (Dog urine in snow) – génèrent chez lui des associations diverses. Celles-ci constituent la trame d’une œuvre plurielle ne se laissant enfermer dans aucun support, ni aucune esthétique. Elles manifestent l’intérêt de l’artiste pour différents domaines – artistique mais aussi scientifique, social, politique, philosophique.

Né en 1969 à Shkoder (Albanie). Vit à Milan (Italie). L’artiste albanais Adrian Paci a fui la guerre civile dans son pays en 1997 pour se réfugier en Italie avec sa famille. Son expérience de l’exil définit le contexte de ses œuvres, notamment celui de ses premières vidéos à travers lesquelles il tente de retrouver les racines de son passé. Dans Albanian Stories, il filme sa fille de trois ans racontant à ses poupées des histoires incluant les forces internationales, les pillages et la migration de sa famille. L’artiste se détache progressivement de son vécu pour parler de l’histoire collective dans des mises en scène qui révèlent comment l’identité est conditionnée par le contexte socio-économique. Il questionne aussi la position de l’artiste dans la société comme dans Piktori, le portrait d’un artiste devenu faussaire pour survivre. Sa formation de peintre classique transparaît dans ses œuvres où la lumière et le clair-obscur tiennent une place symbolique (Turn on, Per Speculum). Avec beaucoup de poésie et un certain esprit caustique, Adrian Paci parvient à aborder les problèmes de notre société en mêlant expériences intime et universelle.

L’œuvre présentée ici intitulée Papavore est à cet égard exemplaire de la dimension onirique des propositions de l’artiste. Cet aérostat, fragile maquette d’un improbable vaisseau volant à la délicate nacelle d’osier, s’inspire directement d’une capsule végétale. Sa vive couleur rouge évoque « l’amour en cage » qui fleurit aux premiers jours de l’automne et comme le pavot auquel il emprunte son nom, il nous invite à un subtil et exaltant voyage de l’esprit et des sens.

Bruno PEINADO

The Big One World, 2000 Résine moulée 240 x 170 x 100 cm Collection du Frac Poitou-Charentes Acquisition en 2001

Papavore, 1980 Papier, bois, osier 63 x 60 x 90 cm

Centro di permanenza temporanea, 2007

Les machines à voler réalisées utilisent des techniques simples parfois obsolètes. Ni visionnaire comme Vinci, ni utopiste comme Tatlin ou les futuristes, Panamarenko nous entraîne dans un parcours à rebours du progrès scientifique, dans une totale liberté d’imagination qui se teinte parfois d’ironie.

Centro di permanenza temporanea (centre de rétention), se présente comme une photo de groupe. Des portraits d’hommes, qui partageraient alors une même histoire forment une file d’attente sur un escalier placé sur une piste aérienne, lieu de passage, de transit et de mouvements. Aucun protagoniste ne pose le pied au sol, aucun ne peut décoller. L’escalier ne mène nulle part.

PANAMARENKO Adrian PACI

Né en 1940 à Anvers (Belgique). Vit à Anvers. Après avoir à ses débuts pratiqué le happening (action) dont il conservera dans toutes ses œuvres la dimension ludique, Panamarenko s’intéresse très tôt, dés la fin des années soixante, aux machines volantes.

Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 1988

Né en 1970 à Montpellier. Vit à Douarnenez. Figure importante de la scène française, l’œuvre de Bruno Peinado est notamment emblématique de ce qu’on qualifie d’art de la postproduction. Les techniques telles que le sampling, le mixage (phénomène d’acculturation), au même titre que le dub (musique jamaïcaine) constituent autant de process, de modèles d’activation que l’artiste reprend et use dans son travail.


Bruno Peinado opère par stratégies de détournement, de piratage et de parasitage. Il se réapproprie les archétypes et les icônes de la culture occidentale, issus du marketing et de la communication des multinationales, faisant apparaître les enjeux économiques qui les soustendent. The Big One World, un « Bibendum Black » - coupe afro, attitude Black power et poing brandit de la revendication - devient symbole du métissage, porte-drapeau des minorités quelles qu’elles soient : ethniques, sociales ou politiques. « Elle a été réalisée dans un contexte très particulier (les licenciements chez Michelin en 2000, et le film de Michael Moore, The Big One) avec une réflexion sur le début de cette nouvelle économie très libérale qui fonctionne de manière très dangereuse pour la culture et pour l’avenir de l’humanité. Ma logique est celle de la créolisation, du métissage, le monde est une collision d’images. J’ai dans l’idée de casser la pureté ». Bruno Peinado

Michelangelo PISTOLETTO

Sphère de journaux, 1965 Papier journal Diamètre : 100 cm Collection du Frac Bretagne Acquisition en 2001 Né en 1933 à Biella (Italie), où il vit. La première exposition de Michelangelo Pistoletto a lieu en 1960. Il fait alors partie des artistes qui, en Italie, sont à l’origine du mouvement appelé Arte Povera qui émerge en 1967, la démarche est selon le critique d’art Germano Celant un « dépouillement volontaire des acquis de la culture ». Le « tableau-miroir » est à la base de toute l’œuvre de Pistoletto qui instaure un rapport d’instantanéité entre le spectateur et son reflet. Il inverse le processus traditionnel du « tableau-fenêtre » de la Renaissance, à la perspective unique, en se servant de plaques d’acier en inox poli sur lesquelles il fixe une silhouette découpée. Il allie ainsi

illusion de la réalité et intrusion du spectateur dans l’œuvre. La traversée du miroir sert également à redéfinir les relations entre art et société. Sphère de journaux, l’œuvre présentée ici, date de 1965, l’année où Michelangelo Pistoletto commence une série d’œuvres désignées comme « objets en moins ». « En 1965-66, j’ai regroupé une série de travaux sous le titre Objets en moins. Bien que proposés en tant que volumes, tous ces objets faisaient appel à une idée de soustraction, de déplacement matériel (...) » Cette même année, Michelangelo Pistoletto fait rouler dans les rues de Turin cette énorme sphère recouverte de coupures de journaux, il la réactive en 1998 dans le cadre d’une résidence au centre d’art contemporain de Kerguéhennec. La sphère, porteuse d’événements divers, est tout à la fois mouvement, déplacement et mémoire. Peintre, sculpteur, photographe, actionniste, écrivain et théoricien, Pistoletto est un des artistes contemporains dont l’importance est reconnue internationalement. Il explore la tradition italienne des « tableaux-objets » et, de manière générale, conjugue la réflexion sur la nature et l’histoire.

Bruno SERRALONGUE

Rise up, Resist, Return (New Delhi et Dharamsala), 2008 Ensemble de 12 photographies encadrées Chacune 43 x 54 x 5 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisition en 2010

En 2008, l’organisation des jeux olympiques d’été a été confiée à la Chine. La torche olympique, partie de Grèce le 24 mars est arrivée à Pékin le 6 juillet. Tout le long de son parcours en Europe, aux étatsUnis et en Asie des manifestants profitant de la couverture médiatique importante, ont dénoncé l’atteinte portée aux droits de l’homme et à la liberté d’expression en Chine. Les tibétains en exil ont saisi eux aussi cette occasion unique pour lancer des manifestations de grandes ampleurs dans différents pays du monde mais également à Lhassa où les manifestions ont été durement réprimées par l’armée chinoise faisant des centaines de morts. « 2008 People Uprising Movement » est le nom que les tibétains ont donné à cette opération mondiale. Les 16, 17 et 18 avril 2008, la torche olympique était à New Delhi. Rassemblés sous le slogan « No Torch in Tibet » des milliers de tibétains en exil en Inde ont convergé vers la ville pour protester contre le passage de la torche olympique au Tibet (dans un geste symbolique fort, les chinois ont porté la flamme Olympique au sommet de l’Everest). Les photographies de la série Rise Up, Resist, Return (New Delhi et Dharamsala) 2008, montrent ces manifestations.

Charles SIMONDS Floating City, 1978 6 photographies 23,8 X 32,6 cm

Floating City, an arrangement, 1978 Installation balsa, bois, métal, papier, gouache, polystyrène Collection du Frac Centre

Né en 1968 à Chatellerault. Vit à Paris. L’œuvre de Bruno Serralongue se conçoit à la croisée des différentes raisons d’être de la photographie, de son histoire, de son usage et de son statut désignant la responsabilité du photographe comme un élément central. Depuis quelques années, ses sujets montrent essentiellement des grands rassemblements politiques internationaux. Là encore, l’artiste oppose le caractère collectif à l’autorité individuelle du photographe.

Né en 1945 à New York (états-unis) où il vit. Avec ce projet de « Villes flottantes », Charles Simonds imagine un nouveau mode d’organisation urbaine, fondé sur la mobilité, l’échange et le désir des habitants. Refusant le principe généralisé d’une ville « spécialisée », qui assimile un lieu à une fonction, l’artiste propose de transférer les terrains sur des barges flottantes, selon différentes typologies (habitations, bâtiments publics et administratifs, industries,


espaces verts, etc.). La ville devient un espace en mutation et en recomposition perpétuelle, démultipliant le potentiel relationnel et offrant de nouveaux modes de communication et de production. Libérée de son emprise au sol, ouverte à d’autres temporalités, Floating City (Ville flottante) de Charles Simonds prend valeur de contre-proposition « radicale », dans le contexte d’une société américaine marquée par le mythe fondateur du sol et de la propriété. À travers une série de photomontages, l’artiste offre une vision poétique et dynamique de la ville utopique embarquée sur l’océan. L’usage de petites maquettes en bois exprime ensuite sur un mode ludique le principe des combinaisons. Les typologies deviennent les pièces d’un jeu de dominos où il devient possible de constituer sa « propre ville » en suivant les caractéristiques des maquettes – couleur, taille, fonction.

une redécouverte des territoires par la marche à pied exploratoire collective, convoquant à la fois le corps, la perception et la mémoire pour ensuite l’actualiser à travers des interventions et documentations inédites. L’installation présentée ici restitue le parcours effectué par le groupe Stalker dans Rome, du 5 au 8 octobre 1995, sous forme de deux ensembles complémentaires. Au mur, une projection synchronisée et partiellement superposée d’une image vidéo animée et de deux images fixes (projection de 160 diapositives : 2x80). Le centre de l’espace est occupé par une carte peinte de Rome en trois éléments, fixés chacun sur le plateau d’une table à tréteaux et accompagnés d’une torche électrique, permettant au public de découvrir la topographie de la ville et le parcours accompli par Stalker.

Laurent TIXADOR

Kilingusaa Avataani, 2004 Bouteille en verre, ivoire de nerval, peau de phoque retournée et vidéo sonore (9’30’’) 20 x 51 x 15 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisitions en 2006

STALKER

Stalker a traverso i territori attuali, Roma 5/6/7/8, octobre 1995, 1995 Installation vidéo 1 master Betacam SP 60’ 160 diapositives, gouache, acrylique sur polyester, bois, torches électriques Collection du Fonds National d’art contemporain Acquisition en 1998

Laurent TIXADOR & Abraham POINCHEVAL l’Inconnu des grands horizons, 2002

Bouteille en verre, figurines en plastique, terre de Verdun, bout de veste et lacets, vidéo sonore (24’30’’) 20 x 51 x 15 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisitions en 2006

Stalker : groupe d’artistes fondé en 1993 à Rome. Stalker est un collectif d’architectes et de chercheurs créé en 1994 par Francesco Caceri à Rome. En 2002, Stalker fonde l’osservatorio nomade (ON) qui regroupe architectes, chercheurs, artistes, vidéastes, travaillant de manière expérimentale sur les territoires en marges, autogérés et auto-organisés. Intervenant d’abord à Rome sur les rives du Tibre, Stalker a dévellopé son approche originale à Berlin, Milan, Istanbul, Paris, Miami, et collaboré avec de nombreux groupes et universités. Ce collectif attire l’attention sur les espaces marginaux et les zones en mutation, territoires délaissés, friches urbaines, ainsi que sur les communautés qui y sont liées. Ces actions commencent par

Total Symbiose 2, 2005 Bouteille en verre, cordelette et peau de blaireau, terre, terre cuite et vidéo sonore (25’) 20 x 51 x 15 cm Collection du Frac des Pays de la Loire Acquisitions en 2006

Laurent Tixador : né en 1965 à Colmar, vit à Nantes. Abraham Poincheval : né en 1972 à Alençon, vit à Marseille. « À la question de savoir si nous nous sentons proches des artistes du Land Art parce que nos travaux répondent aux deux critères qui le définissent généralement : être en milieu naturel et intervenir sur l’espace, nous répondons immédiatement : non (...). Notre atelier se situe dans la nature mais ce que nous souhaitons, c’est tout simplement nous transposer dans des situations aventureuses.» Chaque expérience artistique du duo pourrait débuter ainsi, par une courte phrase, qui précède souvent les jeux des enfants : « On dirait que... ». Comme un énoncé nécessaire, un postulat de départ qui tenterait de fixer les règles ou le cadre avant que l’Histoire ne se mette en marche, régie par les hasards et les aléas extérieurs. En l’occurrence, l’histoire est souvent celle d’une aventure à vivre : tantôt un itinéraire aux moyens de déplacements ou aux trajectoires peu communs, tantôt un campement au contexte décalé. L’ensemble des trois œuvres réunies par le Frac rend compte de leurs diverses performances sur le terrain. L’Inconnu des grands horizons : une virée lors de laquelle les artistes ont marché de Nantes à Caen puis de Caen à Metz en ligne droite avec pour seul moyen d’orientation une boussole. Total Symbiose 2 : séjour en autarcie au beau milieu d’une prairie de Dordogne, dans des igloos de terre construits par eux-mêmes. Killingusap Avataani : le lancement


d’un faux iceberg télécommandé à Ilulisat, dans la région de Disko Bay sur la côte ouest du Groenland. Le fjord abrite un immense glacier flottant qui est l’un des plus rapides du monde. De ses flancs, se décrochent périodiquement d’énormes icebergs.

devient un confident, un porteur de sens, un voyageur qui accompagne chaque personne un moment avant de repartir vers d’autres lieux, à la découverte d’autres personnes et histoires. qklsjdfhqklsjdfhqlksjdfhqlksjdfhqlksjdfhqlksjdhfqlksjdfqsldkdhf

Nomad-ness

une exposition du Frac des Pays de la Loire en partenariat avec l’école supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole. commissariat : Laurence Gateau et Vanina Andréani du 26 octobre 2010 au 16 janvier 2011 Hangar à bananes quai des Antilles 44200 Nantes

Stephen WILKS âne bleu, 2002 Tissu de bleu de travail, Photographies 200 x 130 x 60 cm Collection du Frac Provence-AlpesCôte d’Azur Acquisition en 2003 Né en 1964 à Bridgwater (Angleterre). Il vit à Berlin. Le travail de Stephen Wilks s’inscrit dans une riche et ancienne tradition qui fait de la capture photographique et du dessin, pratiqués dans le mouvement même de la déambulation, le moyen de saisir le réel urbain. L’âne bleu est l’un des 12 ânes du projet des ânes voyageurs, initié en 2002 par l’artiste. Sortes de peluches grandeur nature, ces ânes sillonnent le monde (Chine, Inde, Japon, Europe, Egypte) de façon quasi autonome. « Mode d’emploi : Les ânes voyagent de maison en maison. Chaque hôte est prié de les confier à une relation digne de confiance pour un court séjour. Des appareils photographiques se trouvent dans son ventre, ils peuvent être utilisés pour témoigner du passage de l’âne chez vous (écrits, dessins, etc. peuvent être inclus et seront bienvenus). Toutes ces traces intimes remplissent au fur et à mesure les ventres des ânes et peuvent être consultées par chaque nouvel hôte. » Stephen Wilks L’âne est souvent perçu comme un animal obstiné, ingrat, loin de la noblesse du cheval, il est le travailleur ou le porteur de fardeaux ; compagnon de l’homme dans son labeur, il n’en fait qu’à sa tête, et cette expression d’un caractère obstiné lui vaut sa mauvaise réputation. Ici, l’âne

horaires d’ouverture : mercredi, samedi et dimanche de 15h à 19h fermé les samedi 25 décembre 2010 et 1er janvier 2011 ouverture pendant le congrès ELIA : mardi 26, mercredi 27, vendredi 29 octobre de 13h à 20h jeudi 28 octobre : de 13h à 21h30 visites accompagnées : le mercredi et le samedi à 16h entrée libre renseignements (Frac) : T. 02 28 01 50 00 www.fracdespaysdelaloire.com groupes sur réservation (esbanm) : T. 06 31 24 69 50 ou 02 40 35 90 67 france.pineau@esba-nantes.fr www.esba-nantes.fr Ce document est téléchargeable sur le site Internet du Frac.


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