petit journal " le journal le spectacle de la nature"

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le spectacle de la nature Isabelle Arthuis*, Etienne Bossut*, Nina Childress*, Johan Creten, Gregory Crewdson, Simone Decker, Marc Deneyer, Hubert Duprat, Barry Flanagan, Aurélien Froment, Rodney Graham*, Philippe Gronon, Bertrand Lavier*, Barbara et Michael Leisgen, Minot & Gormezano, gina pane, Yan Pei-Ming, Giuseppe Penone, Eric Poitevin, Adrian Schiess, Patrick Tosani Œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire. *emprunts à la collection du Frac Bretagne kjjsjkjqsdbsqjbdkjsqbkjdbksqjbdksqjbdkjqsbdkjsqbkdjbkqsjbduebdjsbqkjdheuhdkjsqhkjdhuzhdkuqhskjduzgdiuqgskdugqskugdkqsugdqssfdjhsdhhhfghdhhhdhjfndkjfsdsdhqjhjhckqssqs

Exposition du 10 février au 22 avril 2012 au domaine départemental de la Garenne Lemot Gétigné-Clisson


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Pour la septième année consécutive, le Frac des Pays de la Loire propose dans la villa et le parc du domaine départemental de la Garenne Lemot un ensemble d’œuvres de sa collection qui fait écho au site conçu au début du XIXe siècle. « L’homme est une créature singulière. Il possède des dons qui le rendent unique parmi les animaux, de sorte que, contrairement à eux, il n’est pas une figure dans le paysage, mais un modeleur du paysage. »1. Depuis les années 1960, dépassant la seule représentation du paysage, les artistes façonnent la nature, se l’approprient pour mieux mettre en évidence la relation que nous entretenons avec elle. Faisant de la nature une œuvre recomposée à part entière, les artistes usent des artifices les plus divers pour la mettre en scène et la célébrer. Le spectacle de la nature interroge l’idée d’idéalisation et de théâtralisation de la nature dans l’art, modèle et source d’inspiration privilégiés des artistes.

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Nature et Artifice Dans un parc arboré créé pour célébrer la magnificence de la nature, une pelle abandonnée dans une cavité creusée dans le sol pourrait nous faire penser que nous nous sommes égarés dans un jardin privé. Cette vision d’un petit chantier familier et quotidien rompt avec la continuité du paysage dessiné au XIXe siècle par François-Frédéric Lemot, qui célèbre sur les treize hectares du domaine, une vision de la nature romantique et idéalisée. Avec humour, Étienne Bossut fait chuter de son piédestal Dame Nature pour pendre à rebours la notion d’idéalisation à travers ce faux jardinage, moulage en polyester et vrai piège pour le regard ! La pluie est un élément à la fois des plus banals dans la nature mais aussi des plus complexes à représenter, surtout en photographie. Alors Patrick Tosani met en œuvre une pluie artificielle en studio pour ses prises de vue : « La pluie nous est familière et courante, mais photographiée et maîtrisée de cette façon, elle est comme mise en espace et théâtralisée. Nous n’avons plus qu’à nous intéresser à ce qui se joue devant nous dans son infinie précision. ». L’arbre totem Lorsque Giuseppe Penone crée sa série d’arbres, dont L’Arbre de sept mètres, il retrouve à l’intérieur d’une poutre, en suivant les cercles d’âge du bois, la forme naturelle de l’arbre à un moment antérieur de son développement. La partie non travaillée par l’artiste, poutre sculptée industriellement, sert de socle. Le choix de l’arbre, comme support essentiel de la création, est lié chez Penone à sa capacité à se transformer, à passer d’une forme à une autre et à se prêter aux métamorphoses les plus diverses. Révélant le mouvement incessant au cœur du cycle naturel qui, avec le temps, altère les êtres et les choses, Penone semble faire sien la célèbre phrase d’Héraclite : Panta Rei, tout s’écoule, rien ne reste tel. Yan Pei Ming livre ici un de ses rares paysages, intitulé Paysage international . L’arbre y est représenté comme figure centrale.

Comme dans ses portraits, l’artiste ne souhaite pas s’attacher au particulier, mais à l’universel afin de montrer ce que l’humanité partage : cette terre comme héritage commun. Rodney Graham par un principe de renversement de l’image – le sommet de la photographie représente le sol – s’est attaché à travers ses séries en noir et blanc à figurer les arbres comme témoin d’une nature mise à mal, incomprise et reléguée à la fin du XXe siècle à n’être plus qu’une image dont on aurait oublié le sens... Pour la prise de vue de son arbre, Eric Poitevin a disposé un miroir au sol et photographié ce reflet. Par cet artifice, l’arbre semble en lévitation, effet renforcé par le cadre serré et l’absence d’autres repères spatiaux. Énigmatique et imposant, cet arbre au tronc noueux impose sa force et sa présence. Métaphore de la vie dépeinte aux travers de quatre visions qui le célèbrent comme totem, l’arbre symbolise la relation complexe qui s’est tissée à partir du XXe siècle entre l’homme et la nature.

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qui partagent un intérêt pour les contes, les fables de La Fontaine, la mythologie antique, etc., récits qui mettent en scène le monde animal ou végétal pour décrire l’humanité de manière détournée. Gina Pane, avec Action, Pierres déplacées, souligne l’importance du geste de l’artiste et sa portée symbolique. En déplaçant des pierres de l’ombre au soleil, elle initie un rituel qui fait écho à des pratiques ancestrales, primitives, qui accordaient un caractère sacré aux éléments de la Nature. Avec Philippe Gronon, l’œil est en action : dans ses prises de vue l’artiste transcende le sujet et transforme des tas de fumier en véritables sculptures naturelles. Alors qu’enduits de boue, les corps des artistes Minot & Gormezano, deviennent outils et par là-même aussi véritables sculptures classiques. Par le geste, le regard, l’expérience, ces artistes sont les démiurges d’une nature qu’ils remodèlent à leur manière.

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L’invention du paysage La photographie est le dénominateur commun d’Isabelle Arthuis, Hubert Duprat, Barbara et Mickael Leisgen, qui utilisent les artifices offerts par ce médium pour recomposer le paysage. Barbara et Mickael Leisgen entament dans les années La nature en paysages L’illusion de la nature 1970 un travail de prise de vue Marc Deneyer, Adrian Schiess, Simone Decker et Gregory Crewdson Nina Childress et Bertrand Lavier construisent à part entière une image du soleil. Ici, ils confrontent un plan fixe de l’astre à une prise s’approprient chacun à leur manière idéalisée de la nature. S’appuyant de vue en mouvement. Ce geste crée le paysage et sa représentation. sur ses représentations dans les un signe -une forme triangulaireLandscape Painting & Beyond de magazines, les images télévisuelles, empreinte de la lumière du soleil Bertrand Lavier est réalisée à partir la publicité, le cinéma, et usant des sur la pellicule. Isabelle Arthuis d’un poster décoratif représentant mêmes procédés et trucages que ceux retravaille en laboratoire chacune de un paysage. Repeint en partie par utilisés par les médias, ces artistes ses captations. Living Colors est un un restaurateur, il est également déconstruisent un langage reposant dispositif qu’elle met en place pour complété par ce même restaurateur sur l’illusion et le mensonge. classer et présenter ses images du dans une troisième section laissée Le photographe new-yorkais Gregory monde par couleur. libre à son imaginaire. Composé de Crewdson puise dans sa propre Quant à Hubert Duprat, il recompose trois sections : l’original (le poster), culture, ses mythes et légendes des fragments de paysage dans son son double (la restauration) et son pour mieux dévoiler l’envers du atelier à l’aide d’une caméra obscura. prolongement (l’interprétation), il rêve américain. Soigneusement mises Ces éléments du réel apparaissent met en évidence l’écart entre le en scènes, ces œuvres jouent sur comme perçus au travers d’un modèle et sa(ses) copie(s), la nature et la tension entre un environnement sa représentation. familier et une nature incontrôlable, kaléidoscope, dans cet atelier devenu chambre noire. Une nature inventée Dans une même volonté de ne pas fantastique. et artificielle naît alors, comme une contrôler l’entière issue de son image issue de l’inconscient. œuvre Adrian Schiess installe Pétrir la nature dans les espaces d’exposition des Barry Flanagan et Johann Creten La mise en scène de la nature plaques peintes industriellement, travaillent la terre, le premier la Pour Pulmo Marina, Aurélien Froment qui par leur brillance reflètent le malaxant pour créer des formes filme en plan séquence une méduse à paysage, l’architecture et les œuvres d’animaux, le second s’attachant travers la vitre d’un aquarium. Les alentours, donnant lieu à une forme à reproduire le monde végétal. Le constants changements de formes de de reproduction la plus objective recours à des pratiques traditionl’animal sont mis en valeur par le possible. nelles (poterie, céramique) donnent contraste entre sa couleur jaune et Le paysage est le sujet de lieu dans les deux cas à des œuvres prédilection du photographe Marc Deneyer. Ici sa série de prises de vues, qui s’attache à restituer des paysages de la campagne française au travers du motif de bottes de paille, évoque les tableaux de Claude Monet. La réalisation de ces clichés par série et le clin d’œil à la peinture impressionniste mettent en évidence la construction de la nature par l’homme. Le paysage est toujours représenté en noir et blanc ce qui permet à l’artiste de dégager avec plus d’évidence les lignes de force à l’œuvre dans la nature, et la manière dont elle est véritablement modelée et sublimée par la lumière. Avec Nina Childress se poursuit la question de la représentation de la nature à travers la pratique picturale. Le flou, les couleurs, le format panoramique créent une ambiguïté quant au médium utilisé, est-ce une photographie ou une peinture ? Cette question renvoie au bouleversement amené par l’invention de la photographie au XIXe siècle, qui a profondément et durablement changé la façon de peindre le réel, et notamment la nature.

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Ce journal est édité à l’occasion de l’exposition :

le spectacle de la nature Isabelle Arthuis*, Etienne Bossut*, Nina Childress*, Johan Creten, Gregory Crewdson, Simone Decker, Marc Deneyer, Hubert Duprat, Barry Flanagan, Aurélien Froment, Rodney Graham*, Philippe Gronon, Bertrand Lavier*, Barbara et Michael Leisgen, Minot & Gormezano, gina pane, Yan Pei-Ming, Giuseppe Penone, Eric Poitevin, Adrian Schiess, Patrick Tosani. Œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire. *emprunts à la collection du Frac Bretagne

Du 10 février au 22 avril 2012 Cette exposition a été construite en partenariat avec le Département de Loire-Atlantique. Horaires d’ouverture : ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 14h à 17h30 entrée libre bdsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqjhjhckqssqsjqsjsshdjhq À voir aussi dans le parc de la Garenne Lemot : Dan Graham, Pergola/Two-Way Mirror Bridge for Clisson, 1989. œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire. Pascal Convert, L’appartement de l’artiste, 1990. œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire. Jean Clareboudt, Étude pour la Grande Oblique haute d’Ivry, 1989. œuvre du Fonds national d’art contemporain (Cnap), Ministère de la culture et de la communication.

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Domaine départemental de la Garenne Lemot Route de Poitiers 44190 Gétigné-Clisson T. 02 40 54 75 85 www.loire-atlantique.fr bdsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqjhjhckqssqsjqsjsshd

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le bleu de la lumière artificielle de l’aquarium. Le discours énoncé par la voix-off emprunte à des registres variés : documentaire animalier, brochure zoologique ou interprétation mythologique. Après avoir décrit les caractéristiques biologiques de l’animal et conté le mythe de Méduse, le discours se déplace et s’intéresse aux aspects techniques de l’aquarium dans lequel l’artiste nous plonge : design, mesures, fonctionnement artificiel des courants, systèmes d’éclairage et de colorisation de l’eau... Cette déconstruction révèle l’aquarium comme un véritable dispositif de mise en scène et d’illusion, qui le rapproche finalement du cinéma. « Et sans doute notre temps préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être… Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion. »2

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Jacob Bronowski, The Ascent of Man, 1973 2 Ludwig Feuerbach, Préface à l’Essence du Christianisme, 1841

Frac des Pays de la Loire Fonds régional d’art contemporain La Fleuriaye, Bd Ampère 44470 Carquefou T. 02 28 01 50 00 / F. 02 28 01 57 67 www.fracdespaysdelaloire.com

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commissariat : Laurence Gateau, Directrice, assistée d’Anouk Roussel, coordinatrice des expositions. bdsjqhbdsnqjndkjkjjsjkjqssqjhjhckqssqsjqsjsshdjhq légendes : couverture- Gregory Crewdson, Untitled (Birds around hole), 1994 Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 01- Giuseppe Penone, Arbre de 7 mètres, 1986 Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire réalisée dans le cadre des Ateliers internationaux. Cliché Jonathan Boussaert 02- Patrick Tosani, La Troisième Pluie, 1986 cliché : DR Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 03-Barry Flanagan, Sans titre, 1986 cliché : DR Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 04- Isabelle Arthuis, Pleine Lune de la série : Living Colors (Part IV), 2008 Œuvre de la collection du Frac Bretagne cliché : Isabelle Arthuis © 05- Simone Decker, Jérémy, 1999 - 2000 cliché : DR Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire 06- Aurélien Froment, Pulmo Marina, 2010 Œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire © Aurélien Froment

Le Frac des Pays de la Loire bénéficie du soutien de l’État, Direction régionale des affaires culturelles et du Conseil régional des Pays de la Loire.


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