Textes sur les oeuvres, exposition Songe d'eau

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Songe d’eau œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire entuspotruniuopelepluiepruiloezrphtrefkfg

les surprises du matériau et des résistances de l’exécution, guidé par sa maîtrise professionnelle de l’impression. Pendant plus de dix ans, Georg Baselitz a développé un ensemble de gravures qui comptent parmi les réussites les plus incontestables de son œuvre, en tout premier lieu dans la gravure sur linoléum et sur bois, tirée en noir, en brun-rouge, ou en plusieurs couleurs. Les dimensions exceptionnelles de certaines d’entre-elles comme Drummer confèrent à l’estampe une présence physique exceptionnelle.

Les images glacées, parfaites, sophistiquées, baignant dans une lumière froide suggèrent des paysages oniriques, désertés qui renvoient tantôt au cinéma, tantôt à la sciencefiction.

Patrick VAN CAECKENBERGH Het Bed, 1994 (Le Lit)

Pierre Besson Microloft 13, 2006

Georg BASELITZ Drummer (Batteur), 1982 Linogravure sur papier marouflé sur toile 221 x 150,5 cm Acquisition en 1984 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1938 à Deutschbaselitz (Allemagne). Vit et travaille à Holte (Allemagne). Georg Baselitz est l’un des plus importants représentants de la peinture allemande d’après-guerre, connu surtout pour ses tableaux aux sujets « renversés » où figures et objets sont représentés « la tête-en-bas ». L’artiste définit cet acte comme « le meilleur moyen de vider de son contenu ce que l’on peint. Quand on peint un portrait à l’envers il est impossible de dire : ce portrait représente une femme et je lui ai donné une expression particulière ». Graveur, Georg Baselitz l’est devenu en expérimentant tour à tour, dès 1963, les techniques « originales », à une époque submergée par la reproduction facile (offset, sérigraphie). C’est avec la série des Aigles, en 1974, que l’artiste se met à exploiter véritablement les ressources de l’image taillée, encrée, imprimée. Sans recréer des modèles antérieurs, il invente sur la plaque même, tirant parti de toutes

Tirage duratrans, fluos et variateur, caoutchouc sur bois 142 x 96 x 10 cm Acquisition en 2006 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1951 à Freigné. Vit et travaille à Angers. Pierre Besson vient de la sculpture mais le dessin – au sens de la construction – est essentiel à son travail. L’architecture est dominante mais mise en place avec les moyens de la photographie et de l’ordinateur. L’artiste construit des espaces fictionnels, après un cheminement mental long et rigoureux et un processus de mise en œuvre très complexe, comme un peintre peut construire son tableau, en ajoutant, juxtaposant ou supprimant des éléments. Dans la série des Microlofts, Pierre Besson photographie l’intérieur de carcasses d’unités centrales ou d’écrans d’ordinateurs qu’il a lui-même désossés. Il n’en retient que les éléments essentiels de l’architecture ou du graphisme, puis il projette à l’intérieur des images de bâtiments ou de sites urbains : paysages industriels, aéroports, ponts, métro, casinos, vidés de toute présence humaine. Il projette ainsi l’extérieur vers l’intérieur jusqu’à trouver des images « plausibles » bien qu’il s’agisse d’espaces inventés. La lumière intervient à nouveau quand l’image est placée dans un caisson lumineux. L’image ainsi créée par la juxtaposition des perspectives et le rétro-éclairage, provoque une impression de décalage d’échelle, une perte provisoire de repères physiques et géographiques, une fascination.

Sculpture Matériaux divers 90 x 180 x 60 cm Acquisition en 1995 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1960 à Aalst. Vit à SaintKornelis-Horebeke (Belgique). Le fonctionnement métamorphique de la maison, comme microcosme et système organique, investit la plupart des œuvres de Patrick Van Caeckenbergh. Het Bed (Le Lit) est une œuvre parfaitement représentative de l’univers très singulier de cet artiste qui résulte d’un souci d’envisager le monde à l’aune de l’expérience personnelle et des balises de son environnement quotidien. Ainsi l’encyclopédie rhizomatique et l’autobiographie se croisent-elles sous les auspices de la métaphore et, plus généralement, d’une imagination sans limites. Cette double instance le place à la fois dans la lignée d’un Peter Bruegel et d’un Jérôme Bosch, ses ancêtres flamands, et lui confère une place à part dans le contexte de l’art actuel, quand bien même il partage avec des artistes de sa génération, Jean-Jacques Rullier par exemple, le souci de l’inventaire du monde et du répertoire des signes. Entre collage et bricolage, où les références tant savantes que populaires occupent une place centrale, Patrick Van Caeckenbergh, principalement à partir des images de la maison, du corps et du paysage construit son univers du recyclage perpétuel. Tout y est régulièrement ingurgité, traité, digéré et recyclé. Les souvenirs de l’enfance familiale réapparaissent sous la forme d’objets (la chaise, le lit) ; les objets euxmêmes se modifient ; les images circulent sans cesse, que ce soit sous la forme de collages, de figurines ou d’incroyables collections.


Melanie Counsell Mechlin, 2006 Film super 8 couleur transféré en 16 mm, muet, 3’ en boucle Acquisition en 2006 Collection du Frac des Pays de la Loire Œuvre réalisée dans le cadre des XXe Ateliers Internationaux

Bernard Frize Oreiller, 1991 Acrylique, encre et résine sur toile 240x250 cm Acquisition en 1992 Collection du Frac des Pays de la Loire

Née en 1964 à Cardiff. Vit et travaille à Londres. Melanie Counsell interroge par ses œuvres la sculpture contemporaine. Ses installations minimalistes perturbent l’espace, en modifient les volumes et produisent des interactions inattendues entre l’œuvre, son environnement et le spectateur. Melanie Counsell s’attache aux configurations et aux caractéristiques d’un lieu, d’une situation ou d’un objet. Elle en analyse l’espace, la lumière, le son, ainsi que les activités passées et présentes qui s’y rattachent, et s’intéresse à la mémoire et à l’oubli inhérents à ces activités. à partir de cette identité multiple d’un contexte, elle construit des œuvres qui prennent souvent la forme d’interventions in situ, ou parfois de films.

Né en 1945 à Saint-Mandé. Vit à Paris. La technique picturale de Bernard Frize est aussi diversifiée que l’iconographie abstraite ou figurative à laquelle il recourt. Son travail est fondé sur son refus d’adopter un « style » singulier qu’il considère comme un instrument de pouvoir, une manière d’imposer une vision fondée sur des codes. Parmi les peintres qui ont abordé ces dernières années la problématique de la peinture, Bernard Frize est sans doute un de ceux qui ont pris position de manière radicale. Tableau après tableau, l’artiste développe, avec des moyens différents et dans ce qui paraît être des séries successives, une même idée de la peinture. Ces ensembles sont l’exploitation systématique d’un même processus qui est expérimenté pour ce qu’il porte en lui-même de potentialités picturales.

Lors des XXe Ateliers Internationaux du Frac, en 2006, l’artiste crée un film tourné en super 8 dans lequel se conjuguent caractère contemplatif, sensitivité et esquisse d’un paysage intérieur : un balancement entre un espace du dedans et du dehors.

Dans l’œuvre Oreiller présentée ici, l’artiste brosse de larges coups de pinceau sur une toile préparée à la résine acrylique encore fraîche qu’il penche ; ainsi les couleurs migrent, des coulures se forment, etc. Une fois la peinture sèche, le tableau est présenté dans le sens inverse de la gravité qui l’a créé.

Dans ce film l’artiste est allongée dans l’herbe, un feuillage dessine un motif subtil d’ombre et de lumière sur l’herbe et sur son corps étendu. Le titre Mechlin fait référence à la dentelle de Malines (caractérisée par ses motifs cernés d’un fil plus épais). L’association de l’ombre du feuillage à de la dentelle traduit la puissance poétique de la rêverie signifiée par la présence à l’image de l’artiste endormie.

Chaque série produite par Bernard Frize procède de cette mise en place d’un processus, d’une technique spécifique et de son épuisement par la répétition. Une fois la série achevée, il consigne le mode opératoire utilisé suivant un classement de sa conception.

Louis JAMMES Dortoir n°10, 1985 Triptyque, photographie noir et blanc, encre 115 x 115 cm chacune, l’ensemble : 115 x 385 cm Acquisition en 1985 Collection du Frac des Pays de la Loire Œuvre réalisée dans le cadre des Seconds Ateliers Internationaux Né en 1958 à Carcassonne. Vit à Paris. Perpétuant la tradition des photographies avec décor, Louis Jammes adopte une attitude de réalisateur de film, « mais d’un film poétique qui serait à chaque fois condensé en une seule image ». L’artiste, qui a travaillé comme assistant de réalisation avec Henri Alekan (chef opérateur des films de Jean Cocteau), affectionne les atmosphères oniriques cinématographiques. Le rêve renvoie également au titre de son triptyque, Dortoir n°10, œuvre réalisée à l’Abbaye royale de Fontevraud lors des Ateliers Internationaux du Frac en 1985. « En toute intelligence de la situation, et avant de s’échapper, Louis Jammes estima que le décor dans lequel il se trouvait, la population qui l’habitait, la place singulière enfin qu’il occupait : une abbaye, une centrale et des artistes à s’offrir au regard les uns des autres, en spectacle en quelque sorte. Bref, le lieu d’un véritable théâtre. En tout état de cause, il s’en prit donc au couple le plus caractéristique à ses yeux de ce lieu de réclusion : le toit en carène d’un magnifique dortoir voûté de bois et le dernier prisonnier. De quoi monter une belle histoire d’évasion et de bateau, réaliser à sa manière un nouveau miracle (celui d’une double disparition, la sienne propre et celle du condamné) et tenir là enfin un scoop (l’image unique de l’ultime pensionnaire) ce qui est bien l’apanage de tout photographe de reportage. Car c’est bien de cela dont il s’agit pour cet artiste, qui, avec cette trilogie, confirme son goût prononcé pour la mise en scène, c’est-à-dire pour l’image-film, quand celle-ci invente ses propres critères d’espace et de temps. »


Koo Jeong-a Maisons flottantes, 1994 Bois et morceaux de sucre blanc Dimensions variables Acquisition en 1995 Collection du Frac des Pays de la Loire Née en 1967 à Séoul (République de Corée). Vit à Paris. Jeong-a Koo, artiste d’origine coréenne installée à Paris depuis 1991, réalise des œuvres qui s’apparentent le plus souvent à des interventions éphémères dans des lieux privés ou publics (appartements qu’elle a successivement habités, divers locaux désaffectés, galeries, etc.) en prenant en compte les singularités des espaces donnés. Jeong-a Koo a toujours manifesté un intérêt pour les matériaux banals ou inhabituels (naphtaline, médicaments, etc) qu’elle associe dans une sorte d’improvisation relevant de son imaginaire et de son plaisir. Jamais elle ne conçoit de plan, comme pourrait le faire un designer ou un architecte, pour un objet qui nécessiterait des matériaux précis et adaptés. Ainsi, l’œuvre Maisons flottantes est constituée de petites architectures construites en morceaux de sucre et en planchettes de bois empilés, repositionnables, sans montage prédéfini. Fluides et furtives, modifiables et constructibles, les Maisons flottantes sont installées différemment, utilisant à chaque fois les ressources du lieu. Ce qui importe pour Koo Jeong-a, c’est le temps de la réalisation de l’œuvre, non pas celui qui s’étire du chaos à l’ordre, du magma à la forme, mais le temps régi par la propre nécessité intérieure de l’artiste qui considère, selon un proverbe coréen, que « le commencement contient déjà la moitié du tout ».

Robert Malaval Orage à Créteil, 1980 Acrylique et paillettes sur toile 100 x 100 cm Acquisition en 1984 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1937 à Nice. Décédé en 1980. L’œuvre de Robert Malaval est à l’image de son existence : traversée par une ivresse poétique, libre et fulgurante. Proche des Nouveaux Réalistes, il débute son travail artistique au début des années 1960. Dans sa production d’une grande variété domine la spontanéité, une forme de romantisme. Orage à Créteil fait partie des dernières peintures réalisées par l’artiste avant qu’il ne se donne la mort après la création à la Maison des Arts et de la Culture de Créteil d’un ensemble de plus de quarante toiles. La production s’y fait en direct : Robert Malaval peint en musique devant les visiteurs dans une ambiance rock, dans les conditions d’un concert. L’utilisation de paillettes est d’ailleurs une référence explicite à l’univers festif. Malaval explique que leur emploi dans nombre de ses images de l’époque est un acte d’agression et de violence totale ; c’est un coup de poing, manière pour lui de faire rupture par rapport à l’utilisation de matériaux picturaux traditionnels. Il les utilise ici pour décrire un éclair visuel qui est plus que le thème de ce tableau, en réalité la métaphore même de son trajet personnel et de l’œuvre qui en a résulté. Le geste et la spontanéité voire la vivacité du tracé sont ici largement privilégiés. C’est sans doute la raison pour laquelle cette toile, véritable coup de foudre en peinture, parvient à traduire très directement une forme d’intensité et de rapidité, une forme d’urgence.

David Medalla Bubble machines, 19632003 Plexiglas, pompes électriques, eau et savon L’ensemble : 300 cm (haut.) x 200 cm (diam.) Acquisition en 2005 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1942 à Manille (Philippines). Vit à Londres (Royaume-Uni). Créées à l’origine en 1963, les Bubble machines se composent de 5 colonnes en plexiglas de dimensions variables à travers lesquelles des pompes électriques diffusent un mélange d’eau et de savon. Ce qui résulte de cette machinerie n’a alors ni la matérialité ni la durée de vie d’une sculpture traditionnelle ou d’une œuvre habituelle : l’éphémère, l’instable voire l’insaisissable deviennent ici le véritable sujet de l’art. Il faut noter la lenteur minérale avec laquelle ces manières d’excroissances organiques sortent de chaque colonne, montent légèrement dans l’air avant de retomber sur le sol dans un bruit constant et délicat, celui de leur composition et de leur décomposition : la vie elle-même dans chacun de ses moments (naissance, croissance, disparition) devient un motif dominant de cette pièce. L’on pourrait relier ce travail à une histoire de la sculpture qui, chez Robert Morris ou Robert Smithson notamment, affirme l’existence d’une antiforme. Mais le projet artistique de David Medalla ne saurait se laisser classer dans des rubriques historiques : comme le montrent clairement les Bubble machines, c’est davantage un rapport à la vie elle-même, à ses rythmes, ses débordements mais aussi à ses subtiles alchimies — c’est-à-dire en réalité aux rencontres qu’elle rend possible — que l’artiste consacre son art.


Petra Mrzyk Jean-François Moriceau

Emmanuel Pereire

Sans titre, 2005 Sans titre, 2005

Six personnages sous la pluie, 1968

2 dessins : Encre sur papier 29,7 x 42 cm chacun Acquisition en 2005 Collection du Frac des Pays de la Loire

Acrylique sur toile 65 x 54 cm Acquisition en 1997 Collection du Frac des Pays de la Loire

Petra Mrzyk : Née en 1973 à Nuremberg. Jean-François Moriceau : Né en 1974 à Saint-Nazaire. Vivent à Châtillon-sur-Indre. La pratique de Petra Mrzyk et JeanFrançois Moriceau s’ouvre sur le dessin comme médium privilégié et autorise toutes formes de fantaisies susceptibles de s’incarner sur différents supports.

Né en 1930 à Paris. Décédé en 1992. Emmanuel Pereire n’est pas un peintre figuratif, quoi qu’on en pense, et bien qu’il peigne des formes qui pour être éclatées, au bord de l’apparition et de la disparition, n’en sont pas moins identifiables. L’artiste opère dans l’irrésolu, travaille dans l’ouvert et l’inachevé. Il produit des œuvres étranges d’une originalité absolue, qui restent comme en suspens, en attente de la suite, non d’un accomplissement, mais d’un inachevé à venir, volontaire.

Leur œuvre propose un regard décalé sur le monde réel autant que sur la pratique du dessin elle-même. Ce travail à quatre mains, qu’ils développent depuis 1998, traduit un processus intuitif qui ne semble répondre qu’à une logique de la prolifération dans un univers en expansion permanente. Ils trouvent leur inspiration dans le réel des images : icônes du cinéma et de la télévision, logos et publicité, images de science-fiction, de bande-dessinée, et même du monde de l’art. Mais bien que leurs dessins soient précis, ceux-ci n’ont aucun rapport avec un travail d’illustration. Réalisé au trait noir, le dessin se déploie de manière prolifique pour nous entraîner dans un univers exubérant et chaotique. Mrzyk et Moriceau projettent un monde étrange, proche de l’esprit surréaliste, tant en faisant subir des torsions aux personnages et aux choses figurées que par le contexte dans lequel ils les représentent. Les deux dessins présentés ici appartiennent à un ensemble de dix dessins acquis en 2005 par le Frac. Endormi sans doute sur sa table d’écolier en plein travail, le personnage du Sans titre de Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, semble plongé en plein rêve...

La série des Anges consiste, à l’instar de l’ensemble de la production d’Emmanuel Pereire, à se tenir au bord des décisions radicales. Avec ici, en regard, une réflexion théorique complexe sur l’angéologie, sujet de prédilection de l’artiste. Toutefois dans son œuvre, l’ange est parfois esquissé avec assez de précision pour être immédiatement reconnu mais il représente un caractère indéfini qui l’empêche de prendre corps. Les formes et les figures flottent dans un espace indéterminé, sur des fonds très travaillés : elles sont l’illustration d’un processus radical qui fait de la peinture brute la matière et l’objet même de son propos. Dans l’œuvre présentée ici, le personnage et la pluie, la forme et le fond sont également traités en touches de peinture systématiques conduisant à une indistinction troublante du sujet et de l’environnement dans lequel il évolue.

Jean-Jacques RULLIER Le rêve des rats dans le dos, 1993 Le rêve de la cuillerée transformée en insecte, 1994 Le rêve du poisson pêché (qui devient pierre), 1994 3 dessins : encre et crayon de couleur sur papier 57 x 47 cm chacun Acquisition en 1994 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1962 à Bourg-Saint-Maurice. Vit à Paris. La plupart des dessins de JeanJacques Rullier ont à voir avec l’espace et les expériences humaines qui s’y inscrivent. Espace réels ou imaginaires bien que la frontière entre les deux ne soit pas toujours aussi nette. Concernant la série de dessins présentée ici, l’artiste demande qu’on lui confie un rêve que l’on garde en mémoire puis, s’il le juge intéressant, il réalise la représentation graphique d’un de ses moments clé. Le fragment retenu évoque le plus souvent un temps de passage et de transformation (d’une matière en une autre, de la vie à la mort, etc.). On retrouve ici cette fascination de l’artiste pour les frontières et tous les lieux de bascule. Les dessins de rêves que possède le Frac montrent un bestiaire en proie à toutes sortes de mutations : Le rêve du poisson pêché (qui devient pierre) ou encore Le Rêve de la cuillerée transformée en insectes. Entre également dans le choix de ces moments visuels forts, outre leur tendance à la mutation, une réelle prise en compte de la dimension sensorielle : le toucher, par exemple, que l’activité onirique


sait si bien restituer, mais aussi le goût, l’odorat, etc. On admet que les rêves sont un fait de langage autant qu’une représentation et Jean-Jacques Rullier accorde un soin tout particulier à la formulation du songe. C’est le langage (et malgré la limitation inhérente à toute langue) autant que le dessin qui soustend cette entreprise conceptuelle et sensible, microscopique et panoramique à la fois.

Photographie couleur encadrée sous plexiglass 170 x 360 cm Acquisition en 1983 Collection du Frac des Pays de la Loire

Patrick Tosani La Pluie égale peu près, 1986 Photographie Tirage cibachrome encadré sous Plexiglas, tirage 1/3 123 x 163 x 2,5 cm Acquisition en 1994 Collection du Frac des Pays de la Loire

Pierrick SORIN L’homme qui aimait les biscottes, 1988 Film Super 8 (autofimage), couleur, 4’ Acquisition en 1996 Collection du Frac des Pays de la Loire Né en 1960 à Nantes. Vit à Nantes. Pierrick Sorin est artiste vidéaste. Il réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il se moque, sur un mode burlesque, de l’existence humaine et de la création artistique. Fervent pratiquant de l’auto-filmage, il est souvent l’unique acteur des histoires qu’il invente. Mais l’artiste est aussi un enfant de Méliès : il crée en particulier des petits « théâtres optiques », mélanges d’ingénieux bricolages et de technologies nouvelles, qui lui permettent d’apparaître comme par magie, dans l’espace, sous forme de petit hologramme et parmi des objets réels. Le film présenté ici appartient au premier corpus d’autofilmages réalisés par Pierrick Sorin dans les années quatre-vingt dont le Frac des Pays de la Loire a acquis de nombreux exemplaires. On y retrouve le comique doux-amer dont il fait sa signature et l’attitude artistique qui, tout en étant contemporaine et intellectuelle, reste accessible à un large public en convoquant des formes très ancrées dans l’expérience quotidienne.

Né en 1954 Poissy-l’Aillerie. Vit à Montrouge. La photographie est pour Patrick Tosani bien plus qu’un simple médium, elle devient pour l’artiste le sujet même de son investigation, dont il semble vouloir analyser tous les éléments constitutifs. C’est par ce moyen technique qu’il s’attache aux problèmes du temps, de l’espace ou des signes. Son œuvre toute entière se fonde sur des figures dont les significations sont liées à une description des principes photographiques : la durée (avec la fonte des glaçons puis les pluies), le reflet et la saisie des images (avec des cuillères), les problèmes de l’échelle réalisés à partir de vêtements et de talon.

Né en 1954 Poissy-l’Aillerie. Vit à Montrouge. La photographie est pour Patrick Tosani bien plus qu’un simple médium, elle devient pour l’artiste le sujet même de son investigation, dont il semble vouloir analyser tous les éléments constitutifs. C’est par ce moyen technique qu’il s’attache aux problèmes du temps, de l’espace ou des signes. Son œuvre toute entière se fonde sur des figures dont les significations sont liées à une description des principes photographiques : la durée (avec la fonte des glaçons puis les pluies), le reflet et la saisie des images (avec des cuillères), les problèmes de l’échelle réalisés à partir de vêtements et de talon. Dans le tryptique présenté ici, la photographie est utilisée pour fixer un moment éphémère où une figurine est prise au sommet d’un glaçon cônique, tel un alpiniste surpris par la glace. Au mouvement factice dans lequel est figé le petit modèle répond la permanence inconcevable du glaçon rendue possible par la photographie, produisant ainsi une image de pur artifice. Tosani est un photographe et c’est par les seuls moyens de la photographie qu’il veut rendre compte de la part du visible qui lui importe, ceci sous la forme d’objets photographiques qui sont les interfaces entre l’infinie complexité du réel et la pauvreté insigne du médium photographique.

Cette photographie de la série des écritures de pluie s’annonce à la fois comme un spectacle faussement naturaliste et comme un systême de signes, comme s’il s’agissait de rappeller l’adhésion tacite du spectateur aux artifices de la photographie. Patrick Tosani est un photographe et c’est par les seuls moyens de la photographie qu’il veut rendre compte de la part du visible qui lui importe, ceci sous la forme d’objets photographiques qui sont les interfaces entre l’infinie complexité du réel et la pauvreté insigne du médium photographique.

Dans L’homme qui aimait les biscottes, un homme confronté à des phénomènes sonores étranges s’apprête à prendre son petit déjeuner.

Jean-Luc VERNA La Femme Sacrée, 1995

Patrick Tosani Volcan, 1982

Transfert d’une photocopie noir et blanc sur papier ancien imprimé, rehaussé de crayon de couleurs, stylo-bille et fard à paupières 28,9 x 21,4 cm encadré


The End, 1993

Transfert d’une photocopie noir et blanc sur papier ancien, rehaussé de crayon de couleurs 22,3 x 28,8 cm encadré

Le Greffon, 2000

Transfert d’une photocopie noir et blanc sur papier ancien, rehaussé de crayon de couleurs, «stabilo» et stylo-bille 45,6 x 36,3 cm encadré

Quai des ordres, 1995

>>-> horaires d’ouverture de l’exposition : du 17 septembre au 30 septembre 2010 : tous les jours, de 10h à 18h30 ; dimanches et jours fériés, de 14h à 18h30 Du 1er octobre au 5 décembre 2010 : du mardi au samedi, de 14h à 18h ; le dimanche, de 15h à 18h. Fermé le lundi >>-> entrée libre

Transfert rehaussé de crayon sur papier ancien 39,8 x 81,3 cm encadré

Renseignements : T. 02 51 93 84 84 www.fracdespaysdelaloire.com <-<< www.ecomusee-ledaviaud.com <-<<

Acquisition en 2003 Collection du Frac des Pays de la Loire

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Né en 1966 à Nice. Vit et travaille à Nice. Depuis la fin des années 80, il mêle dans sa pratique artistique la performance, la musique, le dessin, la photographie et la vidéo. Très tôt, l’artiste est naturellement intervenu sur son corps. Grand, musclé, ce dernier est tatoué d’étoiles et autres motifs. Ces terrains d’expression ne sont pas forcément équivalents mais forment un ensemble cohérent qui s’organise autour du dessin. De la peau au papier, du papier au calque, du calque à la photocopie et de la photocopie au report sur des papiers plus ou moins délicats ou sur des murs, Jean-Luc Verna utilise le dessin pour son immédiateté autant que pour ses capacités métamorphiques, ses possibilités de reproductions par glissement ou par déplacement. Ce montage technique plus ou moins « cheap » vient cependant nourrir un imaginaire sans complexe. Précision et sensualité se conjuguent à un univers éprouvé par les mythes du passé, ceux-là même qui ont nourri le disegno de la Renaissance (Vasari, Léonard, etc.) et qui dialoguent aujourd’hui de manière aussi extravagante que modeste avec la culture punk et gothique et avec les états d’âme de l’artiste. Car l’univers de Jean-Luc Verna s’incarne dans un bestiaire un peu fou, une mythologie singulière, bourrée de citations qui se frottent sans jamais se heurter. entuspotruniuopelepluiepruiloezrphtrefkfg

Songe d’eau Œuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire

>>-> exposition du 17 septembre au 5 décembre 2010 Écomusée du marais vendéen – Le Daviaud 85550 La Barre-de-Monts

En regard de l’exposition Songe d’eau, des œuvres d’Emmanuel Pereire et de Stefano Arienti sont présentées au Musée Milcendeau / Jean Yole - Passio à Soullans Cette exposition est réalisée dans le cadre d’une convention triennale entre le Frac des Pays de la Loire et la Communauté de communes OcéanMarais de Monts et la commune de Saint-Jean-de-Monts


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