À bras-le-territoire

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7 FR : « Allo, oui. » FA : « Monsieur François Roustang ? » FR : « Oui, c’est pourquoi ? » FA : « Eh bien, voilà... » FR : « Je ne crois pas que vous ayez besoin de moi, vous avez déjà tout compris. » FA : « Oui, je le sais déjà, bien, mais je vous rapellerai peut-être un jour, merci. » Quelque temps plus tard, une nuit de pleine lune, je dois tout de même rédiger mon troisième texte pour la revue, À bras le corps, dont la date d’envoi est le

À-BRAS-LE-TERRITOIRE dimanche 22 mai 2016. Pourtant, s’il me faut bien écrire celui-ci, ce sera à partir d’un manque ; un manque qui a motivé les deux premiers. Mais cette fois, tu seras seul( e) sans corrections. Je me suis engagé à livrer, et pas qu’une bataille pour rester en vie depuis dix ans. Alors le jeu est dit comme le rituel d’une messe, sans en comprendre la totalité, être juste une unité à dechiffrer en trois actes. Dans mes deux premiers textes pour cette revue, j’ai fait allusion à mon projet de film autour de la psychanalyse et des Îles Borromées en Italie, que je désire composer en bouclant trois tours, en cercles ou en ronds. Un tryptique comme je le pratique souvent entre édition-installation-performance en devenir. Après avoir illustré mon premier texte À-bras-

l’identité, d’un homme, l’illustration est ici une synthèse phallique. Comme le manque chez le psychanalyste Jacques Lacan ; par-delà le sexe d’une femme ou d’un homme, c’est l’érection d’un territoire symboliquement méconnu. Bien que la gravure soit de la main de l’artiste Max Klinger, rien n’est ni blanc ni noir, dans toute composition vivante, seul(e) l’inconnu(e) fait trace, comme un certain cinéma, par-delà toute technique. Le mouvement de mon souffle invisible désire quant à lui, décrire un projet d’Une saison chez Lacan le roman de Pierre Rey. La répétition n’est pas la même ligne de fiction imaginaire, bien que l’écrivain William Gibson traine dans mon inconscient avec son No Maps for These Teritories. S’agit-il ainsi de quitter réellement le territoire de la mémoire ? À-bras-le-territoire poursuit encore quelques montages d’écriture, pour vous duper d’une réelle fin, dans cette nouvelle contribution. C’est pourtant bien en trois parties. Parce qu’il y a bien évidemment un cadre, mais dont l’énigme restera secrète, au point de convoquer le magicien du cinéma, Walter Murch pour le poser d’une autre manière, tout aussi incontrôlable. Retour en arrière sur son entretien, de novembre 2011, pour Les Cahiers du Cinéma, dans lequel il nous dis que « non, ce n’est pas abstrait, même si fondamentalement, le montage digital peut se résumer en data et metadata, des données et des informations sur ces données. Le danger, c’est de rester bloqué sur une seule position. Vous pouvez être absorbé par un unique centre d’intérêt : la fenêtre digitale. Or il faut savoir à travers la fenêtre et voir autour d’elle. » Lorsque ce texte sera publié, j’aurai lu le dernier livre du frère dominicain Jean-Pierre Brice Olivier Au-delà de l’amour, la miséricorde qui avait accepté de conclure mon deuxième texte sur l’identité, dans cette perspective de quitter les cadres, sans pour autant se défenestrer. De même, je remixe à l’horizon d’une frontière des données, à la frontière franco-espagnole, depuis des années aux pieds des Pyrénées. L’aura perdue d’une bataille sans reproduction préserve l’amour bienveillant au dépend de toute maîtrise numérique, entre Walter Benjamin et Marcel Duchamp. Cette page n’est donc pas un territoire, l’identité n’est pas la vérité, de tels transferts m’ont déjà valu une main courante alors que j’avais clairement tout déplié autrement. C’est une invitation à relire ou relier, le Cinéma-vivant de Saint-Pol-Roux, mais

l’on ne force jamais personne, L’art d’aimer d’Erich Fromm, pour t’éviter à l’avenir les contre-transferts. Pourtant, la fin était donnée en convoquant le cinéaste-poète F.J. Ossang, dans une clarté obscure dès le premier texte À-bras-la-vérité, tout était déjà perdu depuis le début, face à l’atomisation des êtres. Je n’allais tout de même pas dire non plus, publiquement, les raisons pour lesquelles vous avez pu entendre la voix enregistrée de James Joyce lors de ma lecture sur la musique de Vysocky, le samedi 30 janvier, à l’invitation de l’association À bras le corps et de la librairie À Balzac à Rodin. Nous en referons une dans laquelle nous intégrerons sans doute, cette fois en plus, le prologue d’Europa de Lars Von Trier* ; une future lecture mixant l’ensemble de mes trois contributions, qui au fond, sont sans sens, ou presque... vérité-identité-territoire. HABITER LA VÉRITÉ ROUGE Vladimir Maïakovski Remix COMPOSER L’IDENTITÉ VERTE Joseph Beuys Remix TRAVERSER LE TERRITOIRE BLEU Yves Klein Remix Juste dans la continuité de ce qu’en 2006, puis en 2007, et en 2015, je tentais déjà de traduire, entre poésie et amour, d’une fin comme un début, en trois monochromes vidéos, à partir de Maïakovski, Beuys et Klein. Un corps n’est pas le territoire d’une personne et l’Amour est sans pourquoi.

FRANCK ANCEL


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