Cette édition chez Books Factory est mise en ligne à l’occasion de l’accrochage de mon néon She Loves Control chez Mona Lisait à Paris. C’est une brochure ( à imprimer gratuitement chez soi ) constituée de 23 images sur 24 pages. La photo de couverture des badges She Loves Control est de Nadia Rabhi. À cette occasion, un nouveau tirage a été fait après la diffusion de 230 badges lors du Salon du livre de Paris, en mars 2014, pour le lancement du livre électronique She Loves Control.
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Pour le vernissage She Loves Control du 23 octobre 2014, après le lancement du livre Le cut-up de William S. Burroughs - Histoire d’une révolution du langage de Clémentine Hougue aux Presses du réel, dès 18h23, j’ai invité 23 personnes à créer des micro-actions : Nicolas Ballet, les Pontificall Beuys (Dorothée Chapelain, Katia Feltrin, Loïc Connanski), Anna Byskov, Frédéric Develay, Moufida Fedhila, David Fenech, Philippe Di Folco, Responsable France, Yoko Fukushima, Hortense Gauthier, Emmanuel Giraud, Arnaud Guy, Julie Higonnet, Joël Hubaut, les Idiotes (Sarah Cassenti & Hélène Defilippi), Léa Le Bricomte, Antoine Moreau, Pauline Picot, Black Sifichi, et Alain Snyers. PA G E |
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N’être rien, Être tout, Ouvrir l’être, Néant, Oubli, Être est le titre circulaire de la revue poétique surréaliste Néon de 1947 qui influence inconsciemment She Loves Control tout autant que la composition musicale Neon Light de Kraftwerk de 1978. Ce groupe n’a pas attendu la catastrophe de FukushimaDaiichi pour chanter « stop radioactivity » avant la fin du XXème siècle.
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Depuis celle-ci, une étude a mis en lumière l’existence de 23 autres installations susceptibles d’être victimes d’une telle catastrophe naturelle. C’est une autre réalité de la “nouvelle mythologie pour l’ère spatiale” que voulait créer William S. Burrough, pour qui la fiction du chiffre 23 est magique.
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D’autre part, c’est confronté à l’épilepsie d’une personne que le chanteur du groupe Joy Division, Ian Curtis, suicidé à 23 ans, a découvert la sienne. Il en tirera la chanson She’s Lost Control. Du renversement de la perte en amour, du “lost” en “love”, j’ai tiré aussi le titre de cette œuvre en néon, bleu-blanc-rouge, en résonance avec le centenaire William S. Burroughs.
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Love Is Lost comme le chantait récemment David Bowie (Hello Steve Reich mix by James Murphy) à visionner sur youtube.
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Le 14 février 2014, cette pièce d’art She Loves Control, un multiple de 23, a été proposée en acquisition aux 23 Fonds régionaux d’art contemporain. 8 mois plus tard, elle trouve place dans Paris, après avoir reçu 7 réponses négatives sur 23 lettres envoyées.
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Depuis 2010, j’installe de multiples lumières à l’intérieur de librairies-galeries, en partenariat avec la société Trois Lumières Blanches, au cœur de la ville. Certaines de ces pièces font désormais partie de collections privées à Vienne, Bruxelles et Arles. Les autres sont toujours visibles ici ou là, depuis l’extérieur.
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ANCEL.0 chez Mazarine depuis 2010 (78 Rue Mazarine 75006 Paris), M13.0 chez Imbernon (Le Corbusier 357, 280 Boulevard Michelet 13008 Marseille) et NAUTILE chez A Balzac A Rodin (14 bis rue de la Grande Chaumière 75006 Paris) depuis 2013, et maintenant SHE LOVES CONTROL chez Mona Lisait (211 rue du Faubourg Saint-Antoine 75011 Paris).
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Il y a dix ans, en 2004, je projetais déjà des choses dans la ville sur l’écran vidéo de la Tour Montparnasse : « Vous êtes le réseau ! », plus trois mots, MOBILE WIRELESS DIGITAL. Cette projection s’inscrivait dans un Global Poétique Système. Deux textes, eux aussi écrits à dix ans de distance (20012011), servent de manifestes publiés dans la revue de poésie Doc(k)’s.
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Global Poétique Système met en jeu tant le visiteur que le spectateur, dans un prisme créatif, hors des frontières, en projetant via des écrans réels-symboliques-imaginaires, une mise en réseau de données post-médiatiques. Une ligne de crête est tracée depuis les avant-gardes artistiques du siècle dernier jusqu’aux récentes mutations de la création contemporaine.
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Je signe ainsi des séries artistiques variées, entre éditioninstallation-performance, sous forme de triptyques, triades ou trilogies, non sans rapport avec des nœuds borroméens, par-delà le spectacle, à l’horizon d’une équanimité. J’explore la numérisation planétaire avec des créations postscénographiques, sans pouvoir pour autant répondre à des interrogations face aux techno-sciences.
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Lorsque Milad Doueihi dans Pour un humanisme numérique évoque en 2011, année de la catastrophe de Fukushima-Daiichi, ce qu’on appelle un “double bind”, c’est en précisant que « Le code permet cette liberté idéalisée tout comme il permet le contrôle et la censure. » Ce n’est pas sans faire référence aux récentes recherches sur la technologie du philosophe Bernard Stiegler.
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Mais est-ce ce Pharmakon que chante actuellement la newyorkaise Margaret Chardiet dans sa musique électronique et industrielle ? Ou bien est-ce cette idée de Sigmund Freud avec son Malaise dans la civilisation, que toute solution entraîne sa contre-solution ?
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Le cinéaste Michelangelo Antonioni sonnait déjà, en 1981, un rappel à travers son œuvre, en précisant dans un entretien : « Ce problème de l’adaptation, je l’ai déjà traité dans Deserto Rosso, je viens de le dire, l’adaptation des personnes aux nouvelles technologies. A l’époque nous avons parlé de l’air pollué que nous devrons respirer demain. »
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Deserto Rosso est aussi une de mes œuvres qui écrit des mots de la ville vers les réseaux sociaux, en capturant des images. Quelques-unes de ces images illustrent cette brochure. Elles ont toutes été prises après 2011 avec un iPhone, alors que je me suis imposé une vie sans téléphone portable depuis novembre 2013.
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Deserto Rosso est une collaboration avec la société Intersection Lab pour le développement, Alex Singer pour le graphisme et Rodolphe Alexis pour le son. En réaction à la catastrophe du 11 mars 2011 au Japon, elle a été lancée virtuellement, simultanément et gratuitement via iTunes, à Art Basel et à la Biennale de Venise, puis à Paris, et l’année dernière, en marge de la Documenta de Kassel.
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Enrique Vila-Matas dans ses Impressions de Kassel éditées en 2014, poursuit encore l’avant-garde, un quart de siècle après son Abrégé de littérature portative, car « il faut donner leur chance aux silencieux et aux fous, leur dire d’aller de l’avant et ne pas leur jeter un regard méfiant, cynique, apparemment revenu de tout.
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C’est précisément ce qui nous a perdus, croire que tout a déjà été fait et refuser de voir qu’il existe encore un art ingénieux, complexe, savant, qui repousse en permanence nos limites. Il faut écouter les artistes qui n’ont jamais été aussi indispensables qu’aujourd’hui. Ils sont le contraire des politiques. »
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Lors de l’édition 2014 du festival Ars Electronica à Linz, le contrôle s’est aussi invité avec un laboratoire “under [my] control”. Pourtant, j’aimerais plutôt me souvenir de l’année 1984 et de son Good Morning Mr Orwell. Seules des œuvres et des êtres uniques nous relient dans le temps et l’espace, pardelà l’actualité. En 1989, Nam June Paik présentait une autre version de ce programme TV par satellite pour l’exposition Les Magiciens de la terre avec une installation mêlant néon et télévisions, pour laquelle il écrivit une formule mathématique :
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« L’art c’est (sigma facteur de n) x (pas) art, n = 1 ».
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À l’heure où des sites Internet offrent du code informatique pour jouer aux artistes-poètes comme sur languageisavirus.com, le high du low-tech n’est pas toujours à l’endroit éclairé. Comme avec cette formule de Nam June Paik, c’est une autre face insaisissable dont s’illumine She Loves Control en invitant à une méditation dont le souffle est juste une présence... @franckancel
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ÂŤ Now and in the future our centre is everywhere, our circumference nowhere. No one is in control. No one is excluded. A man [sic] will know when he is participating without offering him a badge. Âť
Alexander Trocchi Sigma: a tactical blueprint 1964