EVA PRODUCTION Présente
LA PETITE JERUSALEM L'histoire de la communauté juive dans la ville de Bayonne Documentaire proposé par Vic Demayo réalisé par Thierry Lasheras
CONCEPT Peu de gens savent que deux villes du Sud-Ouest de la France, Bordeaux et Bayonne, ont abrité durant ces derniers siècles les descendants des Marranes venus d’Espagne et du Portugal par vagues successives à partir de la moitié du XVIe siècle. Peu de gens savent également que ce qui était à l'époque le bourg Saint Esprit aux portes de Bayonne et où s'était installée la communauté juive, était surnommée par certain "La petite Jérusalem" Installés en Péninsule Ibérique avant la destruction du Second Temple, certains Juifs venaient de la tribu royale de Juda, d’ où le nom de « Nefousoth Yehuda » (les exilés de Juda), qui devint l’ emblème de la Communauté de Bayonne après 1492, quand les décrets d’ expulsion des Juifs d’ Espagne et, par la suite, de ceux du Royaume du Portugal qui refusaient la conversion amenèrent l’ installation à Saint Esprit aux portes de Bayonne et aux environs, à Peyrehorade, Bidache et Labastide- Clairence, de Juifs du royaume voisin de Navarre, de Castille, de Galicie et du lointain Portugal. Sous le nom de « nouveaux chrétiens », les Juifs connurent une première période où ils durent pratiquer secrètement le judaïsme comme des Marranes. La seconde période fut celle d’ un édit royal qui reconnut les Juifs comme «Nation Portugaise» sans prononcer le nom de Juifs, mais qui les autorisa en fait à "judaïser" d’une façon ouverte. Les Juifs de Bayonne ainsi que ceux des Pays Bas et même ceux originaires d’ Espagne adoptèrent cette dénomination de « Juifs portugais ». Ils conservèrent un rituel très spécifique et authentique et on peut penser que certaines prières viennent du Temple de Jérusalem. Importateurs de chocolat, négociants, armateurs, ils occupèrent une place importante dans la cité, avec des persécutions et des procédures nombreuses. La troisième période fut la Révolution française et la Communauté juive de Bayonne, comme celle de Bordeaux, fut la première à devenir française, avec les droits et les devoirs de citoyens. Les grands noms de cette époque furent les familles FURTADO, PEREYRE, DA SILVA. René CASSIN, prix Nobel de la Paix, et originaire de Bayonne, de même que la famille du Président Pierre MENDES FRANCE.
La Communauté juive de Bayonne, depuis 1962, s’est trouvée renforcée par l’ arrivée des frères des Communauté d’ Algérie, du Maroc et de Tunisie, qui forment un ensemble harmonieux avec ce qui reste de l’ ancienne Communauté portugaise. La Communauté compte environ 200 familles, dispersées de Dax à Hendaye. Cette Communauté et ses responsables font tout leur possible pour rester fidèles à l’enseignement des Anciens : « MAINTENIR ET ACCOMPLIR » Cinq siècles de présence en la ville de Bayonne, cinq siècles riches en péripéties, drames, contradictions. Cinq siècles où les histoires humaines, personnelles ont été absorbées dans la grande Histoire. Cinq siècles où chacun, à titre individuel ou communautaire a tenté de répondre à la même question comment devenir soi quand beaucoup d'évènements, d'obscurantisme se liguent contre vous. C'est ces cinq siècles que ce documentaire va vous conter.
SYNOPSIS Archives et témoignages Les premiers juifs en pays basque Les premiers juifs sont arrivés au Xe siècle au Pays Basque, notamment du côté de la Navarre et de la province d’Araba. Ils vécurent sous la protection des rois, puisqu’ils payaient plus d’impôts que les autres citoyens. Au XIIIe siècle, on dénombre 2 841 juifs habitant dans les quartiers juifs de VitoriaGasteiz au pays Basque espagnol. Il y avait également une communauté à Balmaseda (Biscaye). Mais c’est surtout en Navarre que l’on dénombre au XIVe siècle 42 communautés juives, de Pampelune jusqu’à Tutera. Mais la répression s’abattra sur eux. Par le décret de l'Alhambra, les juifs sont expulsés d'Espagne en 1492. Certains choisissent le Portugal comme refuge mais le 5 décembre 1496, ils sont à nouveau expulsés qu'ils soient de longue date établis au Portugal ou nouveaux arrivants d'Espagne. À partir de 1580, l'immigration en provenance d'Espagne s'accélère car l'Inquisition redouble d'activité et de plus, les statuts de pureté du sang interdisent à ceux issus de Juifs ou de Maures toute fonction importante. Les Juifs fuyant l'Espagne séjournent souvent de façon temporaire en France, plus rarement de façon définitive car l'Inquisition peut encore y sévir. Les premiers juifs à Bayonne Si les "Nouveaux Chrétiens" s'établissent en de nombreux villes ou villages, seules certaines communautés vont perdurer. En 1600 est organisée la communauté de La Bastide-Clairence puis celle de Saint Esprit dans les faubourgs de Bayonne. Les juifs se sont installés dans le quartier Saint Esprit puisqu’ils étaient interdits de séjour à Bayonne. A cette période, les Juifs portugais forment la communauté juive la plus florissante. Les Israélites séfarades s’installèrent donc à Bayonne, d’où ils essaimèrent dans les trois petites villes de Peyrehorade où les accueille le seigneur d’Aspremont, de Bidache et de La Bastide-Clairence où les protège le duc de Gramont. Les Séfarades constituent une branche du peuple juif qui suit le judaïsme liturgique espagnol, en particulier dans la prononciation des mots des prières. En 1633, on estime qu'il y a 80 familles à La Bastide-Clairence, 60 à Saint-Esprit. Ces familles sont toujours catholiques de façade, les enfants sont baptisés, les mariages célébrés d'abord à l'église et les morts ensevelis en terre chrétienne. Toutefois, le carré des Nouveaux Chrétiens est souvent bien délimité dans le cimetière comme c'est le cas à La Bastide-Clairence où il existe aussi un mikveh. C’est plus tard qu’ils ont déployé leur judaïsme un peu plus au grand jour, avec la construction de la synagogue à Bayonne et à Bidache.
Cette population va atteindre 3 500 personnes en 1750, toujours entièrement située dans le faubourg de Saint-Esprit où elle représente plus des trois quarts de la population, et plus du quart de celle de l'agglomération. À partir de cette date, elle ne va pas cesser de diminuer. En 1785, elle ne compte plus que 2 500 personnes, soit tout de même la moitié de la population de Saint-Esprit. Au début du XXe siècle, le nombre de Juifs dépendant du consistoire de Bayonne, c'est-à-dire incluant aussi les villes de Biarritz, St Jean de Luz, Pau (rattaché à Bayonne jusqu'en 1959) et Dax est encore de 2 000. Il n'y en aura plus que 1 000 à la veille de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, la communauté revit mais ne comprend plus que 240 membres environ. La décroissance va se ralentir dans les années 60, avec l'arrivée des Juifs d'Afrique du Nord. Il y a aujourd’hui près de 200 familles juives à Bayonne et aux environs, dont certaines connues comme Gomes-Vaez, Salzedo, Pariente et Dalmeda, arrivées il y a près de quatre siècles. Plus tard, d’autres arriveront d’Afrique du nord.
LA GRANDE HISTOIRE
Liens affectifs et commerciaux Les premiers entrepreneurs du chocolat au Pays basque Statuts sociaux et politiques De Bayonne à Saint-Sébastien : Le grand retour Liberté religieuse, loi de 1869 Les institutions de la communauté au XIXe siècle, âge d'or de la communauté Lieux et Monuments Lieux de Cultes La synagogue de Bayonne Construction Note d’intention La musique Les Lieux Documents et Archives Conclusion
Liens affectifs et commerciaux Les exploitations agricoles sont limitées aux vignes produisant le vin casher. L'industrie et surtout la transformation des denrées coloniales sont la spécialité juive. Les Gradis sont spécialisés dans le sucre, les Dacosta dans le chocolat. D'autres sont médecins notamment à La Bastide-Clairence. A partir de cette époque, de nombreux liens s'établissent entre les commerçants juifs de Bayonne et les Espagnols de toutes les provinces. Bayonne étant un moment le seul entrepôt où l’Espagne venait s’approvisionner pour toutes les denrées coloniales. Comme les Juifs détenaient ce grand commerce, c’est avec eux qu’ils avaient noué leurs relations qui, parfois, ne se bornaient pas à des rapports d’affaires, mais étaient devenues des liens de sincère et franche amitié. Les maisons A. Léon aîné et frère, I. Léon fils aîné, Frois frères, Silva frères, les fils de Josué Léon, Rodrigues et Salzedo, Furtado jeune, Dacosta et Rodrigues, Alvarés Pereyre et frère, Haïm Léon, Delvaille et Attias, avaient vu grandir leur clientèle grâce à la confiance qu’elles inspiraient par leur façon d’agir et leur manière de travailler. Pendant la guerre carliste, des familles entières se réfugièrent à Bayonne, et ce furent surtout les Juifs qui les accueillirent, leur offrant leur toit, leur foyer, leurs salons, leurs maisons de campagne. Les maisons qui, en périodes d’émigration, ouvrirent le plus largement leurs portes aux Espagnols, furent celles de Isaac Léon fils aîné et Abraham Léon aîné et frère, dans leurs campagnes de Huire et Ste-Croix sur les hauteurs de Bayonne Ste-Croix, quartier sur les hauteurs de Bayonne nord, qu’habitait Salomon Émile Léon, fut le rendez-vous de tout ce qui avait de célèbre en Espagne. Le perron du château, sur lequel les puissants du jour rencontraient les exilés de la veille comme en terrain neutre, était parfois une tribune politique où les ministres passés et présents discutaient des destinées de la pauvre Espagne. Le maréchal Prim, l’archevêque de Ségovie, M. Gonzales Bravo figuraient parmi les intimes de Ste-Croix. Et ce dernier, revenu à Madrid et ayant repris la présidence du Conseil des ministres, se souvint que, réfugié à Bayonne, il y avait trouvé une maison et une famille qui avait été le foyer de tous les exilés. Il envoya à M. Émile Léon la Croix de commandeur d’Isabelle la Catholique, en l’accompagnant d’une lettre personnelle plus précieuse encore que la dignité conférée. Lorsque, en 1840, les frontières, qui jusque là n’avaient pas eu de barrières, virent s’installer une double ligne de douane avec des droits prohibitifs, ce fut une révolution pour le commerce de Bayonne. La perturbation fut grande un moment, et la contrebande s’établit sur une grande échelle. Tout cela était bon pour des débuts, mais l’avenir se trouvait compromis. C’est alors que les maisons A. Léon aîné et frère, I. Léon fils aîné, Delvaille et Attias, puis David Delvaille et Cie installèrent à Saint-Sébastien une succursale de leurs maisons. Entre 1843 et 1853, ce fut le tour de Frois frères et Silva frères à Villabona, Rodrigues et Salzedo à Tolosa, Jules et Isidore Gommes à Madrid, Achille Delvaille à Saint Sébastien, maison Rothschild à Madrid, Édouard Pereyre à Tolosa suivis plus tard de D.Pinède et Cie, Benoît, Salzedo et Cie, Alphonse Benoît et frère, Isaac Salzedo et fils.
Les premiers entrepreneurs du chocolat au Pays basque Si les documents font défaut pour affirmer que les juifs de St Esprit furent les premiers à introduire dans le royaume de France le chocolat et son procédé de fabrication, il est par contre plus solidement établi qu'ils furent les premiers à le fabriquer à Bayonne. Ils ont importé d’Espagne le savoir-faire chocolatier, et fabriquaient au domicile de leurs clients des breuvages réputés pour leurs vertus médicinales et aphrodisiaques. A cette époque, l'Italie et le Pays-Basque sont tellement liés au cacao vénézuélien, qu'au début du siècle suivant, les rares cargaisons de cacao partant de Curaçao et n'allant pas à Amsterdam se rendent directement à Bilbao et Livourne. Jusqu'en 1810, le Venezuela assure à lui seul la moitié de la production mondiale. La consommation en Europe est alors surtout réservée aux voyageurs, aux têtes couronnées et surtout aux pharmaciens, Mais ce commerce lucratif, fait des envieux et les migrations des Juifs chocolatiers sont fréquentes et souvent forcées. En 1684, M. de Riz, intendant de la région basque, obligea 93 familles juives à «sortir du royaume». L’année suivante, en 1685, le code noir stigmatise les Juifs, propriétaires de cacaoyers à la Martinique, et souvent en relation avec les communautés de Bayonne, qui doivent fuir les colonies françaises et se retrouvent à Curaçao ou à Amsterdam. Les Juifs trouvent cependant des astuces pour conserver leur activité de chocolatier, réclamée par leurs clients. Les registres paroissiaux de baptême de Saint Esprit mentionnent en 1687 un habitant «faiseur de chocolat». Le 23 août 1691, les échevins de Bayonne rendirent une ordonnance interdisant aux Juifs portugais de Saint-Esprit, de faire des acquisitions à Bayonne. Les rabbins de Bayonne composent des livres en espagnol, imprimés probablement dans la clandestinité, comme Historia Sacra Real d'Yshak de Acosta, en 1691, qui avait reçu sa formation à Amsterdam comme d'autres rabbins de Bordeaux et Bayonne, tels qu'Abraham Vaez ou Isaac Abarbanel de Souza. Au XVIIIe siècle, peu après le Traité de Ryswick de 1697 entre la France et l'Espagne, un édit du roi de France autorise en 1705 à nouveau les « limonadiers à vendre du chocolat à la tasse ». Entre 1710 et 1720, s'installent à Bayonne et Saint-Jean-de Luz, des Basques espagnols de St Sébastien, d'Azpeitia, Urdax et Ainhoa qui s'appellent Ezcura, Amitsarobe, Istillart, et Latamendia. Vers 1723, un recensement de Saint-Esprit dénombre 1100 Juifs et 3500 français, principalement actifs dans le sel, la colle et le chocolat Peu à peu, la concurrence se renforce. En 1761, les chocolatiers bayonnais se constituent en guilde qui exclue les juifs. Cette querelle prend fin en 1767 avec un jugement du parlement de Bordeaux qui condamne la guilde à la demande des «étrangers», comme Moise Mesquit, Isaac Ledesma, et Raphael Dias. Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, de nombreuses dynasties de chocolatiers basques s'installent à Bayonne et accaparent la quasi totalité de la production.
Statuts sociaux et politiques
Leur statut est fixé par une série de lettres patentes de Henri II en 1550 qui les «autorise à vivre dans le royaume avec familles, domestiques et marchandises..», en 1574 et en 1580, confirmées plus tard par des lettres patentes de Louis XIV, de Louis XV en 1723 et de Louis XVI en 1777. Les Juifs de Bayonne obéissent à un gouvernement de la nation juive et à des règlements réunis en corpus le 31 décembre 1752. L'essentiel du pouvoir appartient au trésorier (gabay) et à trois syndics (parnassim), choisis parmi les membres fortunés de la communauté et élus par un collège de treize vocaux. Ce sont eux qui fixent l'assiette des impôts, taxes et redevances,dont une partie revient au fisc royal et le reste servant aux charges communautaires et sociales. Jusqu'à la révolution française, ils sont en permanence en conflit avec la ville de Bayonne, l'attaquant même en justice pour son refus de les autoriser à séjourner dans la ville et y pratiquer le commerce de détail. L'édit de Versailles signé par le roi Louis XVI le 7 novembre 1787, leur accorde le droit de citoyenneté, ainsi qu'aux Juifs de Bordeaux et d'Avignon. Ils sont alors autorisés à résider à Bayonne et à y acheter des biens, mais la majorité d'entre eux continue à résider à Saint-Esprit.
La Révolution accorde le 21 septembre 1791 la citoyenneté pleine et entière à tous les Juifs de France. Napoléon impose un certain nombre de restrictions et oblige avec le décret de Bayonne du 28 juillet 1808, tous les Juifs de son vaste Empire à se choisir un prénom et un nom de famille fixe et à le déclarer à la mairie ce qui n'était de loin pas toujours le cas. Pendant la Révolution, les synagogues de Bidache et de La Bastide-Clairence sont fermées et les Juifs de ces deux villes vont s'établir à Peyrehorade ou à Saint-Esprit. Dans cette dernière ville, le rabbin Andrade cache dans un grenier les rouleaux de la Torah et différents objets du culte et les remplace par des objets sans valeur qui seront brûlés par les révolutionnaires. Napoléon 1er réunit une Assemblée de Notables juifs pour discuter du culte juif. La première séance se déroule le 26 juillet 1806 à Paris. Les Juifs du département des Landes, sont représentés par Henri Castro fils, par le jeune Patto et par Abraham Andrade (rabbin de Saint-Esprit de 1789 à 1808; les Juifs des Basses-Pyrénées (maintenant Pyrénées Atlantiques), par le jeune Abraham Furtado et par Marqfoy de Bayonne. Pour le Grand Sanhédrin, cour suprême convoquée l'année suivante, ils sont représentés par Marqfoy et Andrade. Lors de l'organisation des consistoires départementaux par décret impérial du 15 mars 1808, la communauté de Saint-Esprit-Bayonne est rattachée à celui de Bordeaux. Ce n'est qu'en 1846 qu'un consistoire local est installé à Saint-Esprit intégré à Bayonne en 1857. Lors de la seconde guerre mondiale, tous les Juifs de Bayonne sont évacués de force par les nazis. Soixante d'entre eux sont déportés en Allemagne, dont le grand-rabbin Ginsburger. Seuls deux reviendront.
De Bayonne à Saint-Sébastien : Le grand retour
On sait peu que certaines familles,trois ou quatre siècles plus tard, firent un retour en Espagne. Dans les premières décennies du XIX° siècle, le Pays basque espagnol — et pratiquement tout le nord du pays, vivait d’agriculture et de pêche. Le commerce et l’industrialisation balbutiante incitèrent beaucoup d’entrepreneurs français à chercher fortune au pays voisin. Ils s’établirent en particulier à Saint-Sébastien, qui, incendiée en 1813, était alors en pleine reconstruction et développement. Les archives espagnoles du R.M.G, attestent qu’en Octobre 1880 la maison de commerce "Isaac LÉON fils aîné et frère" ayant siège à Bayonne ouvrait une succursale à Saint-Sébastien Elle avait pignon sur rue, l calle Mayor. En 1854, le Dr. Philippson, rabbin à Magdebourg et rédacteur de l’Allgemeine Zeitung des Judenthuns, eut la pensée généreuse de faire une nouvelle tentative en faveur de la rentrée des Juifs en Espagne. Il présenta un mémoire à la Reine et aux Cortés, sollicitant la révocation des décrets qui avaient expulsé les Juifs de ce pays. Le Dr. Philippson, réclama l’aide du consistoire de Bayonne, supposant que, à proximité de l’Espagne, les Juifs de sa circonscription ayant conservé des rapports d’affaires avec toutes les contrées de l’Espagne et leur ville accueillant tous les réfugiés qui en arrivaient, chassés ou proscrits, cet organisme était plus à même de recommander un examen attentif de la question. Le consistoire, tout en approuvant l’idée, ne se dissimula pas les difficultés qu’elle présentait et pensa qu’il ne pouvait agir seul. Le 8 septembre 1854, dans une lettre au Dr. Philippson, il préconisait que les grands corps représentant les intérêts juifs en France, en Allemagne et en Angleterre, fassent appel aux Cortés.
Liberté religieuse, loi de 1869
Isabelle II renversée de son trône, un gouvernement provisoire s’installait en 1868, sous la présidence du maréchal Serrano. C’était une occasion nouvelle de reprendre la question de la liberté entière des cultes en Espagne. Les Juifs anglais avec Sir Moses Montefiore et M.H. Guedalla ; les Juifs français avec les consistoires de Bordeaux et de Bayonne, adressèrent une nouvelle pétition rédigée par Alexandre Léon au Gouvernement provisoire. Ces démarches ne pouvaient qu’être prises en considération, car les relations entre les chefs de la révolution et les notabilités israélites de Bayonne et de Bordeaux étaient des plus intimes. Le 1er décembre 1868, le maréchal Serrano répondait aux consistoires de Bordeaux et Bayonne : ...je dois vous manifester que notre glorieuse révolution ayant proclamé, avec les autres conquêtes des droits de l’homme, la liberté religieuse, l’édit du XV° siècle est abrogé de fait. Par conséquent, vous êtes libres d’entrer dans notre pays et d’y exercer librement votre culte, ainsi que les partisans de toutes les religions. En mai 1869, la Constitution votée portait l’article 21, ainsi conçu : La nation s’oblige à entretenir le culte et les ministres de la religion catholique. L’exercice public ou privé de tout autre culte est garanti à tous les étrangers résidant en Espagne, sans autre limitation que les règles universelles de la morale et du droit. Toutes les dispositions du paragraphe précédent s’appliquent également aux Espagnols qui professeraient une autre religion que la catholique.
Les institutions de la communauté au XIXe siècle, âge d'or de la communauté
Dès que les Juifs de Bayonne purent pratiquer librement leur religion, ils établirent des règles pour le fonctionnement de la communauté. Les premiers statuts remontent à 1752. Jusqu'à la Restauration, les deux institutions principales sont la Hébéra ( Hévra Kaddisha ), pour l'entraide, et l'administration générale de la synagogue et du Talmud Torah pour l'instruction élémentaire et religieuse des jeunes. Les statuts sont modifiés en 1826 et quand en 1844 un consistoire est créé à Saint-Esprit, son rabbin reçoit le titre de grand-rabbin. Après l'union en 1857 des Juifs de Bayonne et de Saint-Esprit, le consistoire est transféré à Bayonne, les diverses institutions sont réorganisées et d'autres sont créées. Dorénavant, la direction des affaires religieuses est confiée à une administration spéciale sous le contrôle du consistoire. La Hébéra continue à s'occuper de la charité et d'entretenir le cimetière, à partir de 1859 elle est chargée du contrôle et de l'administration d'un asile pour les orphelins, les malades et les personnes âgées, fondés grâce à la générosité des banquiers D. Salzedo et A. Rodriguez. L'école de Talmud Torah, qui a toujours été supportée financièrement par la communauté juive, devient en 1848 une école publique. Son premier directeur est alors M. Moreau, auquel va succéder David Lévy. En 1887, suite à un décret sécularisant toutes les écoles publiques, elle cesse d'exister en tant qu'école séculaire, mais continue l'instruction religieuse sous le même nom. Une école pour filles et une crèche sont ouvertes en 1845. En 1894, suite à un appel de Zadoc Kahn grand-rabbin de France, et grâce à l'initiative du grand-rabbin Émile Lévy, l'Association des études juives est formée à Bayonne. Celle-ci donne des cours en hivers sur des thèmes juifs et offre à ses membres une bibliothèque sur des sujets juifs. La Société Protectrice de la Jeunesse Israélite, fondée en 1850 pour les enfants âgés de plus de treize ans, continue le travail de la société Malbish 'Arumim ; fondée par Gersam Léon et Camille Delvaille, elle fournit des habits aux enfants juifs pauvres. Delvaille sera entre autres président du consistoire de Bayonne de 1895 à 1904, conseiller municipal de Bayonne de 1870 à 1900 et deuxième adjoint au maire en 1881. Peu après sa fondation, cette société s'associe avec la Société des arts et métiers, de Moïse Salzedo et Virgile Léon. Malgré ses difficultés initiales, elles vont graduellement étendre leur champ d'applications et préparer les garçons et les filles quittant l'école à un futur métier.
Lieux et Monuments
Cimetière juifs de Bayonne : Situé en haut de la rue Maubec qui est la rue principale du quartier St Esprit, le cimetière juif de Bayonne se situe sur les hauteurs du quartier Saint-Etienne. Un site datant du XVIIe siècle : C’est afin d’éviter les inhumations d’israélites dans le cimetière de l’église collégiale que le curé acheta, en 1654, un terrain jouxtant la chapelle Saint-Simon appelé “campot de Saint-Simon pour servir de cimetière israélite”. Après un procès avec un ayant droit, la parcelle fut remise en 1671 aux juifs dits alors “Portugais”. En 1689, le terrain étant concerné par un projet de fortification du bourg de Saint-Esprit, le cimetière fut déplacé et définitivement implanté à proximité de l’église Saint-Etienne et de son cimetière, sur un plateau dominant la ville. Le cimetière juif appartient aujourd’hui à l’association cultuelle israélite de Bayonne, qui demande sa protection et son inscription sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques des murs de clôture, du sol et des façades, et des toitures du dépositoire. Ce cimetière juif de plus deux hectares présente un caractère bien singulier et une histoire forte pour le patrimoine bayonnais. De plus, il revêt un caractère bien spécifique dans la mesure où les tombes les plus anciennes datent de 1680, et comportent des inscriptions tout à fait lisibles. Les épitaphes en hébreu, en français ou encore en espagnol attirent les spécialistes dans le domaine.
Lieux de Cultes
Tant que les Juifs de Saint-Esprit sont forcés de cacher leur religion, ils ne peuvent pas bâtir de synagogue et se réunissent pour les prières par petits groupes dans des maisons particulières ; pour célébrer un office il suffit d'avoir un miniane (dix hommes).
Après leur reconnaissance, ils ouvrent plusieurs oratoires ou synagogues à Bayonne - Saint-Esprit. En 1755 on compte treize esnogas (synagogues) à Bayonne : oratoire du Fort : c'est le premier oratoire officiel installé en 1750 à Saint-Esprit ; oratoire de la rue des Jardins (actuellement 49 rue Maubec), dont le hazzan (chantre) est Moïse Brandam ; oratoire Alexandre situé dans la maison appartenant à M. Alexandre ; oratoire Jean d'Amou, présidé par Mardoché Fonséca ; oratoire de Guedes situé dans la maison de Moïse Guedes, originaire d'Amsterdam Ce dernier suite à un prêche dans sa synagogue du rabbin Hayyim-Joseph-David Azulay d'Hébron consent par acte en date du 3 octobre 1755, une rente aux «rabbins de la cité de Hébron en Terre Sainte qui méditent et travaillent sans cesse à la Loi.» ; synagogue de Brandon, située 22 place Saint-Esprit, occupe le troisième étage de la maison de la veuve de Salomon Péreyra Brandon. Elle fermera ses portes le 28 août 1872. C'est la plus importante synagogue de Bayonne Saint-Esprit avant la construction de la synagogue actuelle.
À la fin du XVIIIe siècle, le déclin économique de Bayonne, entraine de nombreux Juifs à partir pour Paris, Bordeaux ou Pau ou à émigrer dans les colonies. Plusieurs synagogues doivent fermer faute de fidèles. En 1776, il n'y a plus que quatre synagogues à Bayonne - Saint-Esprit.
La synagogue de Bayonne
Construite en 1836-1837 est située 35 rue Maubec, dans le quartier St Esprit. Elle est inscrite sur la liste des Monuments Historiques le 26 septembre 1995. En 1835, la communauté demande officiellement au consistoire de Bordeaux dont elle dépend, ainsi qu'aux autorités administratives de la ville, l'autorisation de construire une synagogue pouvant recevoir jusqu'à 300 personnes, ainsi que des locaux pour la fabrication de la matza, (pain azyme consommé à Pessa'h la Pâque juive), un mikvet (bain rituel) et une école pour les pauvres. La communauté achète alors la maison de Rébecca Louis Nounès, située rue Maubec, où sont installées la Hébéra ainsi qu'une petite synagogue fréquentée par les dirigeants de la communauté. De nos jours, la synagogue est ouverte pour les offices du chabbat, bien qu'il lui arrive quelque fois de ne pas atteindre le miniane. Elle ne se remplit que pour les grandes fêtes juives ainsi que pour les cérémonies de mariage et de Bar ou Bat Mitsva
Construction
La communauté donne comme instruction à l'architecte Capdeville, de construire un lieu de culte imposant pour pouvoir accueillir 300 fidèles, mais simple et non ostentatoire pour ne pas froisser les autres habitants de la ville. Le lieu retenu est celui de la maison de Rébecca Louis Nounès qui date du XVIIIe siècle, partiellement détruite pendant la révolution et qui possédait une petite synagogue. Seuls, l'Arche Sainte et quelques pièces de mobilier seront conservées. La synagogue est donc construite en retrait par rapport à la rue, sur cour, avec deux pavillons de un étage sur rue entourant le portail d'entrée. Alors que dans leur très grande majorité les synagogues sont orientées avec l'Arche Sainte sur le mur est, en direction de Jérusalem, afin que les fidèles soient orientés vers la Ville sainte en faisant face à l'Arche, la synagogue de Bayonne est orientée à l'inverse, avec son entrée à l'orient (Est) et le mur du fond où se trouve l'Arche Sainte à l'occident (Ouest), ce qui est très rare. Cette orientation suit l'orientation donnée dans la Bible (exode 25; 26; 27) pour la construction du Tabernacle dans le désert, et plus tard pour la construction du Temple de Salomon Le bâtiment est construit sur deux niveaux. Sa façade est de style néoclassique. Au centre, un portail rectangulaire, divisé en trois parties par deux piliers massifs de section carrée, avec de chaque côté un pied droit similaire aux piliers, permet d'accéder à un porche légèrement surhaussé par rapport à la cour. Au dessus du portail, le linteau porte gravé en hébreu et en français le verset biblique : «Ma maison sera dénommée maison de prières pour toutes les nations". Isaïe 56:7 Au premier étage, au dessus du porche, trois œils-de-bœuf situés dans la partie supérieure de niches à fond plat à arc plein-cintre, séparés par des pilastres dans le prolongement des piliers du porche, donnent un peu de clarté à l'intérieur de la synagogue. Le bâtiment est terminé par une corniche à consoles entre lesquelles est gravée la date de construction selon le calendrier hébraïque 5597 (1837) surélevé d'un petit muret, de la hauteur de trois pierres, Le toit à croupe est recouvert d'ardoises.
On pénètre à l'intérieur de la salle de prières par la porte centrale en bois au fond du porche, les deux autres portes étant condamnées. La salle est de forme rectangulaire allongée avec sur trois des côtés, une galerie réservée pour les femmes.
NOTE D'INTENTION
"Le souvenir est un travail et les rêves du présent y jouent un aussi grand rôle que les faits vrais à jamais disparus... et ce passé ne vit pas moins dans les passions d'aujourd'hui que dans celle d'hier" René Allio Cette phrase, est la base de réflexion qui m'a emmené à vouloir réaliser ce documentaire. Où est l'Histoire, où sont les rêves... Depuis des années que je suis revenu m'installer à Bayonne, et plus précisément à Bayonne Nord, je descends souvent à pied la rue Maubec dans le quartier St Esprit. En bas de cette rue, juste avant d'arriver à la gare, coincé entre deux immeubles anciens, on peut voir un portail austère et bien souvent fermé. Derrière ces grilles, au fond d'une cour pavée, en retrait de la rue comme pour ce faire discrète, se trouve la Synagogue de Bayonne. On ne voit qu'une partie de sa façade et de son porche. Je ne peux m'empêcher à chaque fois de ralentir le pas, pour lire au dessus de ce porche l'inscription en hébreu et en français "Ma maison sera dénommée maison de prières pour toutes les nations" Cette grille, ce porche, cette inscription dégagent une grande force et semblent être là comme un rappel à la mémoire collective d'une ville et des citoyens qui l'a constitue. Ce sentiment est d'autant plus sensible, que de nos jours le quartier St Esprit est toujours un quartier très populaire, où l'on croise une mixité de population importante et rempli du moins en apparence d'une grande tolérance, à l'image d'un coiffeur, barbier tenu par de jeunes maghrébins et qui à pignon sur rue dans un des immeubles attenant à la synagogue. Mais que veut ou que peut nous dire ce lieu ? : A t'il valeur de refuge spirituel pour la population juive de la ville ? A t'il vocation a être un rappel pour tous de ce que fut et donc de ce que est de nos jours l'histoire de la ville de Bayonne et de cette partie de l'Europe ? En dehors de ce lieu de culte, il n'existe que peu de traces de l'arrivée et de la présence des juifs dans la cité.
Qui sait aujourd'hui en dehors des historiens et de certaines personnalités de la communauté juive, toute l'importance et l'influence que cette présence représenta, abstraction faite de l'amalgame juifs et chocolat qui se rapproche plus du "folklore" et de l'imaginaire bayonnais, que d'une réalité concrète. Qui se souvient aujourd'hui, même dans la communauté juive de ces premiers "parias" chassés d'Espagne et du Portugal ?
Qui étaient, par delà un destin tragique ces milliers de gens chassés pour leur croyance et qui arrivèrent par petits groupes ou par familles, à la fin du XVI s et au début du XVII siècle aux portes de Bayonne ?
Comment comprendre et expliquer quelle fut leur intégration, eux que les habitants de la cité refusaient en leurs murs et qui durent s'installer dans ce qui était à l'époque non pas un quartier de Bayonne, mais un bourg séparé de la ville par un fleuve l'Adour et un pont infranchissable.
Quel cheminement a parcouru cette diaspora pour plus d'un siècle plus tard arriver enfin à être autorisé à franchir ce pont si bien nommé pont St Esprit ?
Comment décrire ce combat incessant durant plus de cent ans pour obtenir une reconnaissance de citoyen, jusqu'à cette date du 21 septembre 1791 où La Révolution accorde la citoyenneté pleine et entière à tous les Juifs de France.
Quelle était durant toute cette période, l'influence, la puissance politique et sociale du gouvernement de la nation juive auquel obéissaient les juifs de St Esprit ?
Comment revenir sur les souvenirs de la seconde guerre mondiale, période durant laquelle, tous les Juifs de Bayonne sont évacués de force par les nazis. Soixante d'entre eux sont déportés en Allemagne. Seuls deux reviendront. Comment appréhender ce retour permanent de l'histoire qui fait que cinq siècles après avoir été persécuté, ce même peuple se retrouve face à l'une des plus grandes atrocités de l'humanité.
Quelle est la réalité de la communauté juive de Bayonne aujourd'hui entre retour en Espagne et arrivée de communautés venant d'Afrique du Nord. Entre XXI siècle et mémoire ancestrale.
Répondre à ces questions et remonter le temps jusqu'à nos jours est l'objet de ce documentaire. Ci ajoute pour un réalisateur de documentaire l'excitation d'aller à la découverte d'une culture, d'une société qui n'est pas la sienne et de percevoir et faire connaître comment celle ci s'est intégrer au monde qui l'entourait tout en gardant ses spécificités et en y emmenant toute sa richesse.
L'autre richesse de ce documentaire est de confronter le passé au présent. Ce film doit pour cela affiner l'art des rapports entre le présent et la mémoire, se faire exploration sentimentale du passé et instrument pour la connaissance historique. Pour ce faire, nous n'utiliserons pas de reconstitutions jouées et scénarisées, nous utiliserons en dehors des ITW, les documents à notre disposition que nous reconvertirons en images cinématographiques : lieux - œuvres d'art - textes ... Bayonne dans son centre ville, ou dans son quartier St Esprit est une invitation à une promenade dans le temps. Petites ruelles, façades de maisons à deux ou trois étages datant du XVI au XVIII siècle, détails d'architecture révélant à eux seuls des pan d'histoire, jusqu'à ce fameux pont St Esprit, véritable interface entre deux parties distinctes de la ville et dont l'architecture, vue sous certains angles nous replonge dans le Bayonne du XVI siècle Les lieux, les décors ne seront pas aménagés, rien ne masquera la réalité présente de ceux ci. Toujours cette idée de confronter présent et passé.
Le commentaire occupera une simple place de transition. C'est à un ou plusieurs guides que nous confierons la conduite de ce parcours dans les traces de cette communauté juive de Bayonne. C'est à eux également qu'ils soient de la communauté juive, du consistoire, ou historiens (basque et français) que nous poserons certaines questions. Telles que : a) La mémoire fonde les identités. C'est la mémoire d'une oppression séculaire qui a façonné les communautés juives y compris celle de Bayonne. C'est cette même mémoire mais cette fois ci développée par l'identité basque et gasconne qui a construit la cité où ils vivent. Où se trouvent les points de convergence - de rupture ? b) L'image est tout ce qui reste du souvenir, mais la mémoire qu'elle réactive n'est plus que mélancolie, alors que l'oubli continue son œuvre. mais peut être, est-il nécessaire d'oublier pour construire l'avenir ? Là aussi, il sera intéressant de confronter les diverses sensibilités.
La musique
Qu'elle soit chants populaires ou religieux, la musique aura également une place importante, aussi bien dans sa recherche de compréhension que nous allons développer que par sa présence en tant que bande son du film. Cette liturgie "ce langage intermédiaire entre Dieu et les humains" jouée dans la synagogue, évoque les racines de la musique judéo portugaise, qui depuis le XV siècle jusqu’aux récitatifs, et les compositions modernes du XIX siècle, composent ce répertoire riche qui appartient à la ville et s'échappe par delà les frontières. Nous verrons comment cette liturgie a franchi les siècles et échappé aux persécutions, retenues par la mémoire collective.
Les Lieux
Deux lieux symbolisent la communauté juive de Bayonne : La synagogue (que nous avons décrite plus haut) : construite en 1836-1837, elle est située 35 rue Maubec, et inscrite sur la liste des Monuments Historiques le 26 septembre 1995. Ce lieu de rassemblement, de prières, mais aussi de fêtes sera notre "port d'attache" dans notre parcours, l'endroit où l'on revient pour préciser un évènement, comprendre tel ou tel fait historique et religieux. Cette volonté de revenir dans ce lieu régulièrement dans le film est également une manière de faire ressentir à tous l'importance vitale que revêt un lieu de rassemblement pour une communauté. Le cimetière juif : Il sera de part son caractère singulier, son histoire forte pour le patrimoine de Bayonne et son actualité récente, le symbole de ce documentaire. Il est le lien essentiel dans notre volonté de rattacher le passé au présent. Ce site de plus de deux hectares et datant du XVIIe siècle est méconnu des Bayonnais eux-mêmes. Son travail de restauration en 2011, le découvre au grand jour . Co-organisé par l’Association cultuelle israélite et la ville de Bayonne, ce chantier européen se déroula en juillet, de cette même année, sous la direction scientifique de Philippe Pierret, conservateur au Musée juif de Belgique, et d’Olivier Hottois, archéologue au musée du même nom. Sous l’égide de l’association allemande ASF (action, signe de réconciliation, services pour la paix), les travaux furent menés par 13 jeunes venus d’Allemagne, d’Azerbaïdjan, ou encore de Russie. 2 500 tombes anciennes et pierres tombales seront ainsi traitées et un relevé vertical des pierres, fixation des gravures, relevés épigraphiques réalisé afin d'effectuer un inventaire exhaustif, et leur mise en gravier. Des tombes datant du XVII siècle, des noms principalement en espagnol, portugais peu en hébreu, une association ASF dont la réhabilitation du patrimoine funéraire juif est l’un des projets phares et qui vise à la réparation symbolique des crimes nazis, tout est là dans ce lieu et cette action pour synthétiser la finalité de notre documentaire. Nous inviterons Philippe Pierret, ainsi qu'un membre de l'association ASF à nous retrouver en ce cimetière et dans le quartier Saint Esprit afin qu'ils nous apportent toutes leurs connaissances et nous expliquent leurs engagements vis à vis de la communauté juive de Bayonne
Documents et Archives
Les archives bayonnaises conservent plusieurs documents du XVIII siècle concernant la nation juive du bourg Saint-Esprit. De plus, le fonds des archives Israélites du consistoire de Bayonne a été versé aux Archives Municipales de Bayonne. Nous trouverons également des documents auprès du Musée Basque et de particuliers. Quelques uns des éléments consultables : "B. 1725-1773 déclarations des circoncisions NMD 1751-1788 et 1808 juifs , déclaration des noms juifs espagnols et portugais registre de la population juive portugaise et espagnole, Décès juifs portugais et espagnols de 1788 à 1792 Registre des transcriptions de déclaration de nom et prénom des juifs résidant à Bayonne en application du décret impérial du 28/7/1808
L'intégration de ces documents se fera au montage. Le but essentiel de ces archives est de situer à tout moment dans le film, le contexte social et politique des époques évoquées.
Conclusion
Pour arriver à ces différents buts, ce documentaire est basé sur des recherches approfondies, afin de développer un récit que nous avons voulu le plus proche des réalités de cette communauté et de cette ville qui l'a vue arriver et faire souche dans ses murs. De plus, la réussite ultérieure de ce film, viendra de notre capacité à tenir la distance juste pour parler de cette communauté. C'est à dire, éviter d'une part la froide objectivité de l'analyse et de l'autre une complicité toujours équivoque avec des faits ou des personnages. Ce réalisme du récit, du regard évitera tout effet ou excès mélodramatique, ajoutera ainsi la force à "l'originalité" des évènements relatés
PRODUIT PAR VIC DEMAYO 7 RUE DES MESSAGERIES – PARIS 10 01.53.38.86.50
vic.demayo@evaproduction.fr
REALISE PAR THIERRY LASHERAS
tlasheras@wanadoo.fr
CHARGEE DE PRODUCTION SARAH KAMINSKI 06.10.11.80.42
Sarah.kaminski@evaproduction.fr