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1.1 Le changement climatique, entre atténuation et adaptation
La dernière Ère industrielle a été synonyme de progrès, avec l’apparition de la machine à vapeur ou encore les débuts de l’automobile. Cependant, cela a nécessite énormément de matières premières telles que le charbon, le pétrole qui lorsqu’elles sont transformées, dégagent d’énormes quantités de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2).
Depuis le XIXe siècle, l’homme a donc considérablement accru la quantité de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère. Ces gaz ont un rôle essentiel dans la régulation du climat et notamment de la température. Sans eux, la température moyenne sur Terre serait de -18 °C au lieu de +14 °C, ce qui rendrait la vie sur Terre beaucoup plus difficile.
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Cette pollution de l’air résultant de l’activité humaine menace de modifier le climat à l’échelle mondiale dans le sens d’un réchauffement global. Les impacts de cette modification sont visibles depuis déjà plusieurs années et on assiste actuellement à une intensification. Ils peuvent être très différents d’une région à l’autre mais ils concernent l’ensemble de la planète.
Sur la période évaluée par le GIEC (1970-2010), 78% de la hausse des émissions totales de gaz à effet de serre peut être attribuée à l’usage de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz...) et aux procédés industriels. En 2010, les émissions totales ont ainsi atteint 49 milliards de tonnes équivalent CO2 contre environ 32 milliards de tonnes en 1980. Depuis 2000, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté dans tous les secteurs de l’économie (hormis en ce qui concerne l’utilisation des terres, de leurs changements d’affectation, et la forêt). Le graphique ci-contre montre les risques climatiques à l’horizon 2100 si la température augmente de 1,5°C (Reliefs, 2019).
Risques climatiques à +1,5°C (horizon 2100)
Qu’est ce que le changement climatique ?
CHANGEMENTS DE CLIMAT QUI SONT ATTRIBUÉS DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT À UNE ACTIVITÉ HUMAINE ALTÉRANT LA COMPOSITION DE L’ATMOSPHÈRE MONDIALE ET QUI VIENNENT S’AJOUTER À LA VARIABILITÉ NATURELLE DU CLIMAT OBSERVÉE AU COURS DE PÉRIODES COMPARABLES.
(Définition du changement climatique d’après la CCNUC, 1992) ‘‘
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Selon le GIEC (1995), ce changement climatique s’accompagnerait d’une perturbation du cycle de l’eau, d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones), d’une menace de disparition de certains espaces côtiers (les deltas, les mangroves, les récifs coralliens, les plages d’Aquitaine), d’une diminution de 17,5 % de la superficie émergée du Bangladesh, de 1 % de celle de l’Égypte, il favoriserait la recrudescence du paludisme et l’extension de maladies infectieuses comme la salmonellose ou le choléra ou encore accélérerait la baisse de la biodiversité avec la disparition d’espèces animales ou végétales.
L’enjeu est donc de diminuer, limiter ces changements climatiques impactant l’ensemble des écosystèmes de la planète. Dans cette optique, à l’occasion du « Sommet de la Terre » à Rio en 1992, la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques fut adoptée. Celle-ci a pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse au système climatique. (CCNUCC 1992).
ATTÉNUATION
+ 1,5°C + 2°C Les pays signataires de la CCNUCC ont conclu un accord historique en 2015 à l’occasion de la COP 21 afin de lutter contre les changements climatiques : l’Accord de Paris. L’objectif central est de renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique en maintenant l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C. Pour ce faire, il est primordial d’agir sur les émissions de gaz à effets de serres qui sont la principale cause de cette hausse des températures et donc du changement climatique. C’est ce que l’on appelle l’atténuation. En agissant sur l’aléa, on limite donc les risques. Les deux principaux leviers dans cette approche sont :
- Réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre ; - Protéger et améliorer les puits et réservoirs de GES Une deuxième approche est plébiscitée afin de lutter contre ces changements climatiques : l’adaptation. Aux vues des évolutions actuelles, l’augmentation des températures semble inévitable. Il est donc nécessaire d’anticiper ces phénomènes afin d’en limiter les conséquences et les dégâts potentiels sur les activités et les écosystèmes. Il s’agit donc d’agir sur la vulnérabilité. Atténuation et adaptation sont deux enjeux complémentaires qui doivent être pensés ensemble afin d’être cohérents et permettre une lutte efficace contre les changements climatiques. ADAPTATION Atténuation et adaptation: deux enjeux majeurs
Effets du changement climatique
Le climat de l’Aquitaine est la composante régionale d’un système beaucoup plus vaste, de dimension planétaire. Pour expliquer « le temps qu’il fait » sur l’Aquitaine, on s’intéresse souvent à des événements lointains, tels qu’un renforcement de l’anticyclone des Açores ou le développement de tempêtes atlantiques.
Les deux notions de « temps » et de « climat » sont très différentes mais elles partagent une caractéristique importante : il n’y a pas de prévision météorologique sans connaissance de la circulation atmosphérique de l’ensemble du globe, et de la même manière il est impossible d’anticiper ce que peut devenir le climat de notre région sans se placer dans le contexte de la planète dans son ensemble.
Pour préciser ces notions, il faut revenir à quelques définitions. Le mot « climat » signifie «inclinaison» en grec, et aux temps de la science antique, il a d’abord fait référence à la rotondité de la Terre. Celle-ci implique que les rayons du soleil arrivent au sol avec une inclinaison qui dépend de la latitude et modulent la température locale, plus forte près de l’Équateur, plus faible en se dirigeant vers les Pôles. Cette notion de climat a beaucoup évolué et il est désormais plus facile de définir ce qu’est le «système climatique ». On appelle ainsi le milieu dans lequel nous vivons, notre « environnement », c’est-à-dire l’ensemble des composantes que sont l’atmosphère, les océans, ainsi que toutes leurs interactions, physiques, chimiques et biologiques. Au final, si la notion de climat est moins immédiate que celle « du temps qu’il fait », elle n’en demeure pas moins une notion très concrète. C’est bien le climat d’une région qui en partie détermine le cortège floristique que l’on y trouve, comment on s’habille, où l’on vit, ce que sont nos ressources en eau…
Les climats français s’organisent autour de trois pôles : le pôle méditerranéen, le pôle atlantique et le pôle montagnard (Joly et al., 2010). La combinaison de facteurs, gradients climatiques, permet de découper la France en zones climatiques et détermine également la flore forestière, que l’on appelle « bio-climat ».
Aujourd’hui
En 2050
En 2100
Montagnard Légendes: }
Continental
Atlantique
Aquitain
Méditerranéen
Les bio-climats de France et leur projection (d’après Badeau et Loustau, 2010)
Avec le changement climatique, le découpage de ces zones va évoluer et se modifier. Ces modifications devraient s’accompagner d’un bouleversement des écosystèmes forestiers. La productivité des espèces en sera impactée, sa diminution en fin de siècle dans le sud et dans une grande partie de l’ouest de la France est à prévoir, comme l’ont montré des projets successifs Carbofor 33 (Loustau, 2010), Climator 34 (Brisson et Levrault,2010) et FAST 35 (Granier, 2013).
Contexte actuel, quelques chiffres clés
Les impacts de ces changements sont visibles et se font de plus en plus ressentir. Depuis 30 ans, le GIEC évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts. Il identifie également les possibilités de limiter l’ampleur et la gravité du réchauffement et de s’adapter aux changements attendus.
Si on n’agit pas pour réduire nos émissions de CO2, on pourrait se diriger vers une hausse de la température moyenne d’environ 3,7 à 4,8°C d’ici la fin du siècle (par rapport aux températures de la fin du 20°siècle) d’après le 5° rapport du GIEC sur les changements climatiques et leurs évolutions futures. Pour atteindre l’objectif fixé, rester sous la barre des 2°C, il faudra réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40% à 70% en 2050 et atteindre des niveaux d’émissions proches de zéro en 2100.
A l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, les 2/3 de ces émissions sont liés à l’activité économique de la région: agriculture, industrie, transport de marchandises, activités tertiaires, traitement des déchets. Le reste des émissions est lié aux ménages : résidentiel, déplacements. Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) en NouvelleAquitaine sont estimées à 51 684 kt CO2 pour l’année 2015.
Comme on a pu le voir précédemment, toutes ces évolutions et changements climatiques touchent les écosystèmes et en particulier la forêt. Mais, quand est-il pour le massif des Landes de Gascogne ?
Émissions de GES du secteur Agriculture/Forêt en 2010 et objectifs à l’horizon 2050 (5°rapport du GIEC, 2014)
La situation écologique et géographique particulière du massif des Landes de Gascogne entre régions méditerranéenne et tempérée fait que nombre d’espèces forestières se retrouvent en limite de leur aire de répartition méridionale (hêtre, chêne sessile) ou septentrionale (chêneliège, chêne tauzin), dont le maintien ou l’extension dépendra de leurs réponses aux changements climatiques à venir.
D’après le GIEC, le scénario le plus plausible aux vues des évolutions actuelles entrainerait une hausse des températures de 1,5 à 2°c en moyenne dans le Sud-ouest et une diminution d’environ 10% des précipitations. Ces changements auront un impact sur les espèces qui constituent le massif, la filière forêt-bois, l’agriculture… En ce qui concerne le pin maritime, essence principale sur le massif, son rendement va fortement évoluer avec ces changements climatiques. D’ici 2050, une diminution de 10% est à envisager et de plus de 40% à l’horizon 2100.
Dans ce contexte, les principaux aléas auxquels la forêt landaise devra faire face, vont également évoluer. Incendies, attaques sanitaires, tempêtes, sécheresses iront en s’intensifiant dans les prochaines décennies, modifiant les milieux forestiers. Le degré de sensibilité du massif des Landes de Gascogne aux incendies sera équivalent d’ici 2040 à celui du Sud-est de la France actuellement. Ajouté à cette sensibilité accrue aux feux de forêts, une vulnérabilité aux parasites liés à l’augmentation des températures et une capacité d’adaptation supérieure à celle de leurs hôtes. Les déficits hydriques estivaux se feront de plus en plus importants et les engorgements hivernaux plus longs. Quant aux tempêtes, l’impact du changement climatique sur l’occurrence et l’intensité de celles-ci n’est pas clairement établi et en l’état actuel des modèles climatiques, rien ne permet de conclure à un accroissement de leur occurrence dans les prochaines décennies.
Intensité de 3 scénarios d’évolution climatique, A.Bosc, 2011
Évolution du rendement du pin maritime entre 1970 et 2100 (A.Bosc, 2011) ... 01 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE , clé d’entrée d’une démarche paysagère