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ETUDES SUR
LÉONARD DE
VIPiCI
CEUX QU'IL A LUS ET CEUX QUI L'ONT LU PAR
Pierre
DUHEM
CORRESPONDAISÏ DE l'iNSTITUT DE .FRANCE
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE BORDEAUX
PREMIÈRE SÉRIE
PARIS LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE Libraire de 6,
S.
M.
le
A.
Roi de Suède.
RUE DE LA SORBONNE, 6
1906
HERMANN
.,f
M£Df4£l^
8/OI
ETUDES SUR
LÉONARD DE
VINCI
CEUX QU'IL A LUS ET CEUX QUI L'ONT LU PAH
Pierre
DUHEM
COKRESPOJNDANT DE l'iNSTITUT DE FRANCE
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE BORDEAUX
PREMIÈRE SÉRIE
PARIS LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE Libraire de 6,
S.
M.
RUE DE LA
le
A.
Roi de Suéde,
SORBOISIVE, 6
1906
HERMAISTN
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PRÉFACE
Lorsque nous contemplons une grande découverte, nous
éprouvons tout d'abord une admiration mêlée regard étonné mesure la hauteur à laquelle
nous sentons à quel point auxquelles notre
humble
le
d'efProi; notre
génie
s'est élevé;
hauteur surpasse toutes celles
cette
une
esprit saurait atteindre, et
sorte
de vertige s'empare de nous. Puis, au fur et à
mesure que
méditation nous rend plus
la
familière la découverte qui
nous avait
change de nature; non pas,
certes, qu'elle
sité
;
mais
elle se
et
et d'irréfléchi
perde de son inten-
;
devient de plus en plus
elle
raisonnée. Si colossal que le génie nous appa-
nous comprenons
raisse,
qu'il n'est
pas d'autre nature que
notre modeste intelligence; qu'il procède par les qu'elle,
parables seul
encore qu'avec une sûreté ;
bond
admiration
dépouille peu à peu de tout ce que la surprise
y mêlait d'instinctif consciente
ravis, notre
nous voyons clairement
et
mêmes
voies
une promptitude incom-
qu'il
ne
s'est
pas élevé d'un
à la hauteur oii nous le contemplons; qu'il y est
parvenu par une longue
suite d'efforts tout semblables à
dont nous sommes capables
alors naît en
;
nous
le
connaître chacun de ces efforts et l'ordre dans lequel
succédé; nous réclamons
le récit détaillé
ceux
désir de
ils
se sont
de l'ascension qui a
conduit l'inventeur à sa découverte.
Mais ce précis
récit,
combien
découvre
une ample
hommes
qu'il a prises
au
de l'obtenir exact
et
!
Bien souvent, celui qui
autres
est difficile
il
loin,
il
est
parvenu au sommet
vérité n'a souci
le spectacle
pour atteindre
les a oubliées,
il
d'oii
se
que de décrire aux
qui s'offre à lui
;
quant aux peines
le
pic d'où sa vue peut s'étendre
les
juge misères sans importance,
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
IV
indignes de nous être contées
mais
il
mais
nous
son œuvre achevée,
livre
au feu ses esquisses.
jette
comment
D'autres nous disent ter;
il
;
il
ils s'y
sont pris pour inven-
toujours prudent de se
n'est pas
fier
à leurs
confessions.
Du
point culminant, on aperçoit tous les chemins propres à
y conduire; on ne
les
soupçonnait pas tandis qu'on gravissait
Parmi ces chemins, on en voit un, parfois, qui est tout simple et facile, par lequel on eût évité les longs détours et les mauvais pas. C'est cette route aisée que l'inventeur nous
la pente.
non
décrit, suivi.
((
Ma découverte
me reste Il
est
le sentier
pénible et dangereux qu'il a vraiment achevée, fait-on dire à Gauss;
est
plus qu'à trouver
comment
dû
je l'aurais
ne
il
faire. »
donc des inventeurs qui nous cachent avec une sorte
de pudeur
les
longues
et
pénibles démarches de leur esprit en
quête de vérité; ceux-là nous montrent seulement la route royale par laquelle
eût été facile d'atteindre la découverte
il
qui leur a coûté tant d'efforts. faire
parade de leur vigueur
disent,
ou nous
guide dont l'expérience la
qui tiennent à
est aussi
de leur habileté
les sentiers les
plus scabreux;
les
en
;
ceux-ci
nous
laissent croire, qu'ils ont, seuls et par leurs
propres forces, deviné passages
et
II
main secourable
les a
ils se
les a
plus cachés, franchi les
gardent bien de
empêchés de
nommer
se fourvoyer,
préservés d'une chute;
ils
le
dont
nous décri-
vent avec complaisance les lacets compliqués de leurs déductions et la profondeur de leurs méditations
;
ne nous disent
ils
pas quelles lectures ont orienté ces déductions et soutenu ces méditations. Il
est
l'esprit
donc bien malaisé de suivre de l'inventeur
lesquelles elle a passé
Pour que notre
et
le
de développer
pour atteindre
curiosité fût
progrès de l'idée en
la série
des formes par
sa perfection.
pleinement
satisfaite,
il
faudrait
que l'inventeur eût minutieusement jalonné son chemin au fur et à mesure qu'il l'accomplissait, qu'il eût marqué, pour ainsi dire, la trace de
chacune de
chacun de
ses pensées eût été
moment même
ses pas.
Nous aimerions que
saisie et fixée
par l'écriture au
qu'elle prenait naissance en son esprit;
les
PREFACE
notes ainsi recueillies nous permettraient de comprendre com-
ment
peu à peu, depuis
s'est éclaircie
l'idée
brumes du doute, jusqu'à en pleine évidence, dans
l'instant oii
la
que
pour
la
contempler
humain
à l'intelligence
est
un qui nous
a laissé cette
ainsi dire, le journal
fut sa vie
s'offrait à ses rité,
pu
minutieuse des démarches de sa pensée, qui a
description rédigé,
en
il
a
oii
splendeur du vrai.
Or, parmi ceux qui ont initié l'esprit
de nouvelles vérités,
il
moment
au travers des
génie en a soupçonné la vague silhouette
le
le
;
au fur
et
du voyage de découvertes
mesure qu'une proposition nouvelle
à
méditations,
il
la notait
avec une entière sincé-
sans dissimuler aucune de ses hésitations, aucun de ses
tâtonnements, aucun de
pour lui-même, en
ses
repentirs, car
il
n'écrivait
que
que ces précieux brouillons nous
sorte
permettent de suivre, depuis
la
première esquisse jusqu'au
dessin arrêté et détaillé, les formes diverses qu'une invention a prises
en
la
raison géniale de Léonard de Vinci.
Les manuscrits de Léonard de Vinci sont des documents
d'un prix inestimable, car
ils
sont uniques en leur genre
;
aucun de ceux dont les méditations ont enrichi la Science ne nous a donné, au sujet de la marche suivie par ses pensées, des
indications
nombreuses,
aussi
aussi
détaillées,
aussi
immédiates.
Ce coup
n'est pas et
sans
que ces documents nous livrent du premier
un labeur prolongé
les
renseignements qu'ils
recèlent en abondance.
Ces
courtes notes écrites de droite à gauche, difficiles à
déchiffrer, souvent obscures
rarement datées;
en leur extrême concision, sont
cahiers qui les gardent ont été remplis
les
tantôt dans le sens de la pagination, tantôt en sens contraire;
quelques-uns de ces carnets semblent porter des réflexions qui ont été engendrées à différentes époques de la vie du grand peintre; d'autres, en grand Dii sein de ce chaos,
ments qui ont l'ordre des
marquent
trait à
une
temps où
les
ils
il
nombre, ont été perdus. s'agit d'exhumer les divers frag-
même
découverte, de les ranger dans
furent conçus, de telle sorte qu'ils
étapes successives de l'idée en progrès; cette
143
ÉTUDES SUR LEONARO DE VINCI
VI
tâche est bien souvent malaisée et les résultats n'en sont point toujours d'une certitude absolue. Si
pénible que soit cette tâche, elle n'est peut-être pas la
plus ardue qu'il
faille
accomplir pour retracer l'histoire d'une
invention de Léonard.
Lorsqu'une idée nouvelle naissait dans
ne
s'y
engendrait pas d'elle-même
l'esprit
du Vinci,
sans cause
et
elle
;
y
elle
était
produite par quelque circonstance extérieure, par l'observation
d'un phénomène naturel, par la conversation d'un
homme,
plus souvent encore par la lecture d'un livre.
semblable à une terre rase
n'était point sées, été
vigoureuses
et pressées,
implantées par
entendus
et
tomber ce germe de pensée
l'esprit oii venait
D'ailleurs,
nue; d'autres pen-
l'occupaient déjà; elles y avaient
des maîtres que Léonard avait
les leçons
surtout par les enseignements des écrits qu'il avait
médités. Pour germer et grandir, velle
et
venue
se servît
il
fallait
que
la
graine nou-
de cette végétation déjà développée ou
qu'elle luttât contre elle.
veut donc suivre l'évolution d'une idée dans
Si l'on
gence du Vinci, on tion
:
((
doit, tout d'abord,
Qu'avait-il lu?
»
Et
la
répondre à
l'intelli-
cette ques-
réponse ne se peut donner sans
des recherches longues et minutieuses. D'une part, en
en rédigeant ses notes hâtives
rarement suggérait
nommé telle
son œuvre à avait
ou
et
concises, Léonard a bien
l'auteur dont la lecture telle
celle
effet,
ou
le
souvenir lui
proposition. D'autre part, en comparant
de ses devanciers, on reconnaît bientôt qu'il
beaucoup lu
et qu'il avait étudié
bon nombre des
traités
scientifiques prisés de son temps.
L'un des objets de ces Études est de
faire
connaître quel-
ques-unes des sources auxquelles Léonard a puisées discerner
ce
que chacune
a versé
d'elles
au
et
de
courant des
pensées du grand inventeur.
Mais pour apprécier exactement
comme ceux
initiateur,
qu'il
a lus;
il
il
ne
suffit
le
rôle
que Léonard a joué
pas de déterminer et d'étudier
faut encore découvrir ceux qui Vont lu.
L'idée au progrès de laquelle l'inventeur a travaillé n'ac-
quiert pas sa plénitude et son
achèvement en
la raison
de son
PREFACE
VII
auteur; lorsqu'il la publie, elle est encore grosse de vérités nouvelles;
qui accueilleront la découverte lopper.
produira par l'œuvre de ceux
et ces vérités, elle les
11
est juste
de louer
et le
qui s'efforceront de la déve-
premier initiateur non pas
seulement de ce qu'il a mis en acte dans son invention, mais encore de ce qu'il y a laissé en puissance; peut connaître qu'en étudiant
les
ment
pillées et plagiées, elles
ces
le
;
un
manuscrites ne
ses notes
impudemaux quatre vents du
stérile oubli;
ont jeté
semences de vérité qu'elles contenaient en abondance
ciel les
et
on ne
travaux de ses successeurs.
Or, Léonard a eu des successeurs
sont point demeurées intactes en
et cela,
semences ont porté
xvi^ siècle.
Nommer
fleur et fruit
en
la
;
du
science
quelques-uns de ceux qui ont eu connais-
sance de ces notes, mettre leur plagiat en évidence, évaluer ce qu'ils doivent
Entre ceux
au Vinci,
c'est le
qu'il a lus et
second objet de ces Études.
ceux qui Vonl
lu,
du
apparaît à sa véritable place; solidaire recueilli et
médité
les
enseignements,
La plupart de Bulletin italien.
est
il
de l'avenir dont ses pensées ont fécondé
la
passé, dont
cette publication,
a
encore solidaire
ces Études ont paru, tout d'abord,
En
il
la science.
dans
le
dont leur dévouement
assure la prospérité, M. G. Radet et M. E.
accordé
Léonard de Vinci
Bouvy nous ont
plus large hospitalité. Qu'ils nous permettent de
leur en témoigner notre très vive gratitude* Bordeaux, 27 juillet 190G.
I
ALBERT DE SAXE ET
LÃ&#x2030;ONARD DE VINCI
ALBERT DE SAXE ET
LÉONARD DE VINCI Dans son beau livre sur Léonard de Vinci^ M. Eug. Mûntz a « Pour apprécier à sa juste valeur l'œuvre écrit de écrit ceci ^
:
Léonard,
faut,
il
qu'en littérature
nous avons
avant tout, nous pénétrer de celte conviction et
en philosophie, non moins qu'en science,
affaire à l'autodidacte
par excellence.
»
Léonard a abordé une
L'originalité puissante avec laquelle
foule de problèmes scientifiques ne saurait être mise en doute
par qui a
feuilleté,
ne fut-ce qu'une seule
nuscrites laissées par le grand artiste. Mais
demander
si
la
nature
fois, les il
ma-
notes
permis de
est
se
de cette origi-
et le caractère particulier
nalité ont été étudiés jusqu'ici avec assez de soin.
L'histoire des sciences est faussée par
deux préjugés,
un
blables qu'on pourrait les confondre en
couramment que
le
progrès scientifique se
de découvertes soudaines
et
imprévues;
il
fait
seul;
si
sem-
on pense
par une suite
est, croit-on,
l'œuvre
d'hommes de génie qui n'ont point de précurseurs. C'est faire utile besogne que de marquer avec insistance à quel point ces idées sont erronées, à quel point l'histoire du développement scientifique
est
soumise à
la loi
de continuité.
Les grandes découvertes sont presque toujours le fruit d'une
poursuivie au cours des
préparation, lente et compliquée, siècles.
Les doctrines professées par les plus puissants pen-
seurs résultent d'une multitude d'efforts, accumulés par foule de travailleurs obscurs. Ceux-là
d'appeler créateurs,
les
Galilée,
les
même
qu'il est
de
une
mode
Descartes, les Newton,
n'ont formulé aucune doctrine qui ne se rattache par des liens I.
innombrables aux enseignements de ceux qui
Eugène Mùnlz, Léonard de p.
DUIIEM.
Vinci, l'artiste,
le
penseur,
le
les
ont
savant, Paris, 1899, p. 278.
ÉTLDES SLR LÉU>ARI> DE M>C1
3
précédés.
Une
nous
histoire trop simpliste
admirer en
fait
eux des colosses nés d'une génération spontanée, incompréhensibles et monstrueux dans leur isolement; une histoire mieux informée nous retrace
Léonard de Yinci
la
fait-il
longue
dont
filiation
exception à cette
sont issus.
ils
qui pèse sur les
loi
plus grands savants? Tout ce qu'il sait en Mécanique et en
Physique,
le doit-il
méditations? N'a-t
il
exclusivement à ses expériences point
tiré
une
et à ses
partie de ses connaissances,
voire la plus grande partie, des traités composés par ceux qui l'ont précédé?
serait invraisemblable qu'il
11
que rien au passé
;
il
est
ne dût rien ou pres-
certainement vrai qu'il lui doit beaucoup.
Bien souvent, ceux qui ont salué en lui l'inventeur
et le
créateur avaient négligé de s'enquérir des sources auxquelles
pu auraient pu il
avait
cet obscur
et
dû
lui servir
A quoi bon
s'informer de ceux qui
de précurseurs? Ne vivaient-ils point en
Moyen-Age, où
Comment
pensée?
puiser.
la
parole d'Aristote tenait lieu de
cette stérile Scolastique aurait-elle
pu
sug-
gérer au grand artiste de Vinci les idées neuves et fécondes
qui abondent dans ses notes? Fort de ces prémisses, on
mait avec une naïveté d'enfant que
le
affir-
chêne aux vertes fron-
daisons ne se rattachait par aucun lien au sol aride sur lequel il
était
Si
simplement posé.
les
ramures du chêne sont
ont tant de fraîcheur,
c'est
si
étendues,
ses
si
feuilles
que des racines, vigoureuses
nombreuses, mais cachées à tous
et
vont puiser au
les regards,
plus profond du sol les sucs accumulés par les antiques végé-
Ces racines apparaissent à ceux qui se donnent
tations.
la
peine de fouiller la terre.
Nous nous sommes
efforcé de mettre
par lesquelles
des racines
de Léonard plongent dans reconnaître
Cène la
la
»
p.
la
Mécanique
le
passé.
nu quelques-unes la
et
nous avons pu
Déjà,
plupart de ses nombreuses réflexions sur
Duhem,
Léonard de
Vinci.
Physique
quelles lectures avaient suggéré à l'auteur de la
balance, sur
I.
à
le
plan incliné
Les Origines de
(Recw
la Statique.
et
sur
Chapitre
drs Questions scientifiques,
le
sur
principe des déplace-
VlH La :
o'
le levier,
série,
Statique du t.
VI,
Moyen-Age
p. ^C)^\
et
octobre
ALDEHT DE SAXE ET LEON AU D DE VINCI
ments
virtuels.
Un
O
simple nom, Pelacano, jeté par Léonard
avec une proposition de Mécanique, nous
manière certaine une de ces lectures,
le
a
révélé
d'une
Tractatus de ponde-
ou au commencement du XV* siècle par Biagio Pelacani, surnommé Biaise de Parme. Mais les objections mêmes adressées à Biaise de Parme, non
composé
ribus
moins
qu'une plus
influence XLU''
du
à la fin
xiv^ siècle
d'autres
foule
ancienne,
fragments,
mécaniciens
des
celle
trahissaient qui,
une au
formaient l'École de Jordanus de Nemore.
siècle,
Nous voudrions, aujourd'hui, exhumer une autre racine par laquelle la science de Léonard s'est alimentée des sucs de la
Scolastique
;
nous voudrions signaler ce que
le
grand peintre
doit à Albert de Saxe. I
Albert de Saxe. Albert de Saxe est
— Ce
que nous savons de sa
un des docteurs
les
vie.
plus puissants et les
plus originaux qui, au xiv® siècle, aient illustré la Scolastique.
La tradition de
ses
enseignements
fut
de longue durée. Les
maîtres de l'École, à la fin du Moyen-Age et au début de la
Renaissance, les Niphus, les Soto, les ïolet, citent souvent ses
ou
écrits
s'en inspirent.
n'eurent pas moins
Ses doctrines
d'influence sur les penseurs que la Science positive préoccu-
que
pait plus
la
Philosophie
et la
Cardan, Copernic, Guido Ubaldo lilée
et,
par Guido Ubaldo, Ga-
ont subi cette influence, dont leurs œuvres portent la
trace reconnaissable. Cependant, rot
Théologie; Biaise de Parme,
I,
le
nom
malgré
d'Albertus de Saxonia est
les
à
efforts
peine
de Thu-
prononcé
aujourd'hui par l'Histoire des Sciences.
Les œuvres d'Albert de Saxe nous sont bien connues; elles ont eu de nombreuses éditions; par contre, nous savons bien
peu de choses de sa la
vie;
une profonde obscurité en dissimule
plus grande partie.
Thurot, Recherches historiques sur le principe d'Archimede, 3' article {Revue nouvelle série, t. XIX, p. 119; 1869). Dans cet écrit, Thurot a signalé l'extrême importance de l'œuvre d'Albert de Saxe pour l'histoire de l'HydroI.
archéologique, statique.
—
ÉTUDES SUR LÉO-NARD
4
il
t)E
VINCI
Son surnom, de Saxonia, nous fait connaître la contrée où est né. Nous savons également, d'une manière certaine,
:
manuscrit» de
la Biblio
Codex palatlnus n" 1207, contient cette Explicit tractatus de proportionibus Parisius per
thèque Vaticane,
mention
Un
enseigna à Paris.
qu'il séjourna et
«
le
Magistrum Albertum de Saxonia editus. Deo laus. » C'est à Paris, assurément, qu'Albert a composé ses Questions sur la Physique d'Aristote; voulant, quelque part
d'une pierre qui tombe dans l'eau, pierre dans la Seine. la
Nous savons
prendre l'exemple
suppose qu'on
jette cette
d'ailleurs qu'il avait étudié a
Sorbonne. Le court préambule qui, dans quelques éditions^,
précède ses Questions sur ((
il
2,
In quibus
le
De Cœlo
se
termine par ces mots
:
quid minus bene dixero, bénigne correctioni
si
melius dicentium
me
Pro bene
subjicio.
dictis
autemnon mihi
sed magistris meis reverendis de nobili Facultate Artium
soli,
Parisiensi, qui
me
tionem honoris
A
talia
docuerunt, peto dari gratias
et reverentiœ. »
ces renseignements certains,
date.
nous pouvons joindre une
La Bibliothèque nationale possède, en
de manuscrits,
et exhibi-
copie
la
^
sa riche collection
des Questions sur le De cœlo com-
posées par Albert de Saxe, et cette copie est datée de l'an-
née iSyS. Ces quelques indications
précises vont
nous conduire à
retrouver les traces du passage d'Albert de Saxe à l'Université
de Paris.
Georges Lokert, professeur au Collège deMontaigu, puis à i.
B.
la
Boncompagni, Intorno
{BuUetino di Bibliografia
et
di
al Tractatus proportionum dl Alberto di Sassonia Storia délie Scienze matcmaliche e fisiche, t. IV, p. ^198 ;
1871.) 2. Albcrti de Saxonia Quœstiones super libros de Physica Auscultatione ; in quarliun librum Physicorum quœstio V. 3. Questioncs siibtilissimœ Alborli de Saxonia in libros de Cœlo et Mundo. In fine : Expliciunt quœstiones prœclarissimi doctoris Alberti de Saxonia super quatuor libros de Cœlo et Mundo Aristotclis, diligentissime emendaiœ per eximium artium et medicinaï doctorem llieronymum Surianum Venetum, filium Domini Magistri Jacobi
—
Suriani physici pnustantissimi. Impressaî autem Vcnetiis arle Boncti de Localoilis Bergomensis, impensa vcro nobilis viri OctaViani Scoti, civis Modoetiensis. Anao Salulis noslrœ 1/192, nono kal. novembris, ducante incliio principe Augustino Barbadico. Ix.
Bibliothèque nationale, fonds
hisloriques sur t.
XIX,
le
latin,
principe d'Archiniede^
p. 119, i8Gq).
y
Ms.
n" 1/1723.
—
Ci".
Thurot, Recherches nouvelle série,
article (Revue archéologique,
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE VINCI
Sorbonne, donna, en i5i6
et
1)
en i5i8, deux éditions
i
des
Questions d'Albert de Saxe, éditions assez médiocres d'ailleurs;
en
l'épître
qui leur sert d'introduction, Georges Lokert, très
au courant, à coup
sûr, des traditions de l'Université de Paris,
nous apprend que, près de deux
siècles
avant
lui, la
Sorbonne
s'enorgueillissait d'un brillant triumvirat de philosophes; les
composaient ce triumvirat
trois maîtres qui
(i3oo-i36o),
Thimon
Juif et Albert de Saxe.
le
Du Boulay nous donne 2, au renseignements précis. avec éclat
la
étaient.leanBuridan
sujet d'Albert de Saxe,
nous apprend qu'Albert a enseigné
Il
Philosophie, en Sorbonne, de i35o à i36i.
plusieurs fois procureur de la Nation Vnglaise. il
fut élu recteur
lui confia la
quelques
fut
i358,
de l'Académie. Enfin, en i36i % l'Université
cure de la paroisse SS.
Les dires de
En juin
Il
Du Boulay
Côme
et
Damien.
sont, d'ailleurs, confirmés par les
Registres de la Nation Anglaise de la Faculté des Arts de VUniversité de Paris
^.
Ces registres mentionnent qu'Albert a présidé
des examens en x352, 1354, i355, i358 et 1359. Tels sont les
de
faits
la
vie d'Albert de
pouvons affirmer avec quelque
1
.
Quœstiones
et decisiones physicales
[
Alberti do Saxonia in
.
)
[
Thimonis
in
Saxe que nous
certitude. Faut-il l'identifier,
insigninm viroriim
:
Octo libros Physicorum. Très libros de Cœlo et Mando.
Duos lib. de Generatione et Corruptione. Quatuor libros Meteorum. Lib. de Sensu et Sensato.
Buridani
in Aristotelis
Recognitœ rursuset emendatœ
.
}
Librum Librum Librum Librum
de
de
Memoria et Reminiscentia Somno et Vigilia.
de Longitudine et Brevitate Vitœ.
de Juventute et Senectute.
samma accuratione etjudicio
Magistri Georgii Lokert Scoti;
Venumdantiir in œdibus Jodoci Badii Ascensii et Conradi Resch, — Au verso du titre se trouAe une Epistola nancupatoria et parenelica de Georges Lokert, avec. ces deux dates: Ex pra^claro Montis acuti coUegio, Idibus Januarii ad supputationem Curiîp Romanœ MDXVI. Et rursus e Sorbona ad Kalen. Octo. MDXVIII. Cette édition est très incomplète. Des questions y font défaut qui se trouvent dans d'autres éditions; de là, dans le numérotage des questions, des divergences que nous aurons soin de mentionner dans nos références. 2. Bulœus, Historia Universitatis Parisiensis, t. IV, p. SGa et 968 MDCLXVIII. 3. A la page gôS, une faute d'impression fait dire à Du Boulay 1867 au lieu a quo sunt tractatus proporlionum addlti.
;
de i36i. 4.
Cf.
Thurot, Analyse d'un ouvrage de Ueberweg (Revue critique d'Histoire
Littérature,
t.
VI, p. 25i, 1868).
et
de
LÉONARD DE V1>CI
ÉÏL'DES SUR
6
comme
l'ont
admis
Graesse
J. T.
\
Adlung
J. G.
et
2
U. Gheva-
avec Albert de Ruckmeisdorff, recteur de TUniversité de Vienne en i365 et évêque d'Halberstadt de i366 à iSgo, date liers,
de sa mort? Gela n'est rien moins que certain. Bien des points demeurent d'ailleurs obscurs à son sujet. Nous ignorons, par
exemple,
s'il
séculier
fut
de ses œuvres,
en
il
est
ou régulier; parmi qui
le
les
éditeurs
disent Augustin, d'autres
Dominicain, d'autres encore Franciscain; beaucoup ne mentionnent point qu'il
appartenu à un ordre, quelconque.
ait
U. Ghevalier^i, se référant à Sbaralea
Albert de Saxe,
surnommé
franciscain au xv® siècle;
il
5,
mentionne un autre
qui aurait été moine
Alhertiilias,
ne nous paraît pas que cet Alber-
tutius doive être distingué de notre Albertus de Saxonia; voici
quelques preuves à l'appui de cette opinion
de Ghieti, natif de
Nicoleto Vernias
Padoue vers
Philosophie à
la
composa, en 1499, un
la
fin
écrit intitulé
:
:
Vicence, enseignait
du xv^ siècle; il y De gravitas et levibus
quœstlo sublillssima. L'éditeur, qui, en i5i6, publia à Venise les
^
Qaœstlones super libros de Physica Auscultatione d'Albert de
Saxe, y joignit ce petit écrit. L'auteur y mentionne et y réfute l'opinion d'Albertutius qui attribue la continuation du mou-
vement des
projectiles
impelas acquis par
le
non
à l'agitation de l'air,
mobile
;
or, cette
mais à un
opinion est bi^n celle
qu'Albert de Saxe, dans ses Questions sur les Physiques et sur le
De
contre Averroes, Saint
Ccelo, soutenait
Thomas d'Aquin
et
iEgidius Golonna. C'est assurément lui que Nicoleto Vernias a
1.
J.
T. Graesse. Le'/irôuc/i einer Litterargeschichte der beriihmsten VÔlker des Miltel-
alters; 2" Abth., 2" Hâlfte, p. G5G. 2.
J.
C.
Lexico, Bd. 3.
Adlung, Fortselzung und Ergànzungen zu I,
C. G. Jôchers allgemeinen Gelehrten
coll. /iBo-^iJO.
U. Chevalier, Hépevloirc des sources historiques du moyen-âge.
Bio-bibliogra;hie.
Paris, i888; col. 69. 4.
U. Chevalier,
loc. cit.
Sbaralea, Sapplementum scriptorum Franciscanorum, p. 738; 1806. C. Acutissiinœ Qaestiones super libros de Physica Auscultatione ab Alberto de Saxonia editœ ; janidia in tenebris torpentes; nuperrinie vero qnani diligentissime a viliis purgatœ : ac 5.
summo
studio
emendatx;
quantum
—
impressœ. Nicolcli Vernialis perversam Averrois opinionem de unitale intellectus, et de aninuv felicitale Qucsliones divinfc; nuper castigatissime in hicem prodeuntes. Ejusdein eliani de gravibus et levibus qu.rstio subtilissinia. A la dernière page Veneliis, sninplibus luereduin q. D. Oclaviani Scoti Modoeliensis ac sociornin, et
aniti ars potuitjideliter
The-diifii philosophi perspicacissinii contra
—
ai Aiiffusli l'uCi,
— :
VL13ERÏ
entendu
ne
citer. Il
DE SAXE ET LÉONARD DE VINCI
le
nomme
pas seulement Albertutius, mais
encore Albertas parvus, réservant à Albert
nom
7
le
Grand
le
simple
d'Albertus.
Au
xvi" siècle, le
synonyme parfois
nom
à' Albertutias était si
bien pris pour
d'Albertus de Saxonia que les imprimeurs accolaient
ces
deux noms dans
ouvrages qu'ils publiaient
la
composition
du
titre
des
i.
De son activité intellectuelle, Albert de Saxe nous a laissé des monuments nombreux et importants; bien des générations de philosophes et de savants ont lu et étudié ses ouvrages. De son Tractatus proportionam, on connaît dix éditions 2. Ses Oaœstiones sur le De Cœlo et Mundo d'Aristote furent imprimées à plusieurs reprises ^ dès la fin du xv^ siècle, et le xvi® siècle naissant continua de les méditer. Les Quœstiones sur la Physique
sur le
et
De Generatione
imprimées avant
été
et
Corruptione ne paraissent pas avoir
le xvi* siècle. C'est
en ces divers ouvrages
que nous trouvons exposées, avec une grande grande précision,
les
clarté et
une
doctrines qu'Albert de Saxe professait en
Physique. II
Quelques points de la Physique d'Albert de Saxe Ces doctrines, nous n'avons point l'intention de les exposer ici
dans leur ensemble. L'œuvre mériterait d'être tentée; mais
elle
excéderait les bornes de cet article.
Nous nous conten-
terons de résumer quelques-unes des théories qui ont particu-
lièrement attiré l'attention de Léonard de Vinci. d'ailleurs, et cela n'a rien qui
ces théories sont
parmi
les
Il
se trouve,
puisse nous surprendre, que
plus neuves et les plus intéressantes
qu'ait émises Albert de Saxe.
1.
Témoin
ce titre
:
Logica Alhevlucii perutilis. Logica excellentissimi sacrœ theologiœ
professoris Magistri Wberli de Saxonia, ordinis Ercmitarum divi Augiistini, per Magistrum Aureliam Sanulnm Venelum, Venetiis, œre et soUertio haeredum G. Scoli, MDXXII. Tractatus proportionum di Alberto di Sassonia (Balmatematiche ejîsiche, t. IV, p. '498; 1871). 3. Graîsse {Tré<or des livres rares et précieux, t. I, p. 57) dit que les Quœstiones super quatuor libros Aristotelis de Cœlo et Mundo furent imprimées à Pavie en i^Si, à Venise en 1^192 et 1/197, à Paris en lôiG, de nouveau à Venise en 1620. 2.
B.
Boncompagni, Intorno
ol
letino di Bibliografia et di Storia délie Scienze
rnoF.s sir m:o\\rd nr mnci
8
une théorie de la pesanteur qui a eu la plus grande influence sur le développement de la Mécanique ». Cette théorie, il l'a donnée afin de résoudre les diffi-
On
doit à Albert de Saxe
que présentait la détermination du lieu naturel de la Terre. Selon Aristote, à chaque corps correspond un lieu naturel où
cultés
forme substantielle de ce corps acquerrait sa perfection, où
la
trouverait les conditions les plus propres à assurer
ce corps
où
sa conservation,
En il
corps est
serait le
est-il écarté? II désire s'y
Quel lier,
de
Pour
par
la voie la
Terre
les
plus courte.
éléments
en particu-
et,
?
uns, qui semblent les plus fidèles interprètes de
pensée du Stagirite, on doit dire que est la surface
qu'il est
actions nuisibles.
Il
est le lieu naturel des divers la
les
y demeure en équilibre. rendre et, s'il n'en est empêché,
en son lieu naturel.^
il
s'y précipite
mieux exposé aux influences
mieux protégé contre
bienfaisantes, le
Un
il
naturel de la Terre
concave qui limite inférieurement
formé par
cette surface et par
termine l'atmosphère. En ticien, le lieu
le lieu
d'un corps,
effet,
une
la
la
mer, ou bien
partie de celle qui
selon l'enseignement péripaté-
c'est la surface interne
des corps qui
l'environnent.
D'autres veulent que le lieu naturel de la Terre soit le centre
du Monde; tout grave, en effet, s'il n'en est empêché, désire gagner le centre du Monde là seulement, dégagé de toute ;
entrave,
il
pourrait demeurer en repos; la Terre, réunion de
graves, ne peut
donc demeurer qu'en ce
lieu.
Tel est le débat que doit trancher la doctrine d'Albert de Saxe. Toutefois, ce n'est pas au sujet de ce débat, mais au sujet
d'une autre discussion qu'il nous en expose Aristote n'avait
aucunement conçu
de masse désigne aujourd'hui pour tait,
I.
principe.
cette notion
les
que
mécaniciens;
il
le
nom
n'exis-
en un corps, aucune résistance extrinsèque au mouvemenl,
aucune
sur
le
inertie; les seules résistances
V.ollo
/.es
le
Philosophe
influence sera étudiée en détail aux chapitres XV et XVI de noire travail la Statique; ces ("liapitres seront prorliaincnient pul)liés dans la
Orujines de
/.Vi'./f' (les
que conçût
(Juestioiis seientiriques.
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE VINCI
que nous
étaient des résistances extrinsèques, ce
aujourd'hui des forces;
de
la résistance
sol;
dans
l'air,
si
un grave
soudainement achevée;
serait
et c'était le
du
lequel Aristote combattait la possibilité
Les
n'admettaient point
scolastiques
beaucoup voulaient que
même
dans
le
vide
instantanément sur
longue qu'en
sa chute, si
le vide,
le
ils
;
mouvement ne
fût
notion de
mêmes
masse
parcours,
vide.
tous
opinion;
cette
fût point instantané,
voulaient que tout corps fût
le siège
pressentaient
ils
essayaient de la tirer des principes
et
d'Aristote, qui
le
le
grand argument par
d'une résistance intrinsèque au mouvement; la
nommons
n'avait pas à lutter contre
se précipiterait
il
9
y étaient
Plusieurs auteurs pensaient^
si «
contraires.
que
les parties
d'un
même
grave s'entravent mutuellement, parce que chacune d'elles a
une inclination à descendre par
comme,
le
;
el
moyenne descend par un telle ligne, latérales; par suite de cet empêchement
les parties
mutuel des diverses dans
ligne la plus courte
seule, la partie
gêne
elle
la
temps
)>,
même
Mais, dit Albert, lieu, elle
parties,
les
graves simples se meuvent
se trouvent
s'ils
dans
le vide.
raison ne peut tenir.
« cette
prétend que chacune des parties d'un
tend à descendre par pas valable
;
la ligne la
En premier
même
grave
plus courte; cette raison n'est
chacune des parties ne tend pas à ce que son
centre devienne
le
centre du Monde, ce qui serait impossible.
C'est son tout qui descend de telle sorte
que son centre devienne
du Monde; et toutes les parties tendent à ce but que le centre du tout devienne le centre du Monde elles ne s'entravent donc pas l'une l'autre... » centre
le
;
Voilà formulée la doctrine dont Albert va faire de multiples applications; le désir de s'unir au centre
du Monde n'appartient
point en propre à chaque partie d'un grave, de le désir
s'unissent en
un
seul
;
ils
Monde un point du grave .
que
d'une partie puisse se trouver en compétition avec
désir d'une autre partie et
I
telle sorte
le
contrecarrer;
tous ces
le
désirs
concourent à placer au centre du qu'Albert
nomme
ici
simplement
Alberti de Saxonia Qiixstiones in libros de Physico Auditii; in libnim IV qnaeslio V. est celle de Rosrer Bacon.
— L'opinion qu'il coml)at en ce passage
ETUDES SUR LEONAUD DE
lO le centre,
gravité;
nommera constamment
qu'il
dans une chute
libre, c'est ce
droite ligne vers le centre
"recherche du lieu naturel de lieu est
il
rNCJ
ensuite le centre de
point qui se dirige en
du Monde.
C'est cette doctrine qui va guider
Ce
A
Vlbert de Saxe dans la
la Terre.
concave de l'eau? Non, car
la surface
il
ne
suffît
pas qu'un grave soit entouré d'eau pour demeurer en repos;
tombe au
sein de l'eau
;
il
n'y est donc pas en son lieu naturel.
du Monde? Pas davantage, car
lieu est-il le centre
il
Ce
Terre n'est
la
un simple point et ne saurait être logée en un point. La Terre est un ensemble de graves elle est en son lieu naturel lorsque le centre de gravité de cet ensemble est au centre du Monde. pas
;
((
La Terre
l'air,
limitée en partie par la surface concave de
^,
en partie par
concave de
la surface
l'eau,
occupe sa
situa-
tion naturelle lorsque le centre de gravité de la dite Terre est
au centre du Monde
;
car
Terre se trouvait hors de
la
si
la
surface qui la situe de la sorte, elle se mettrait à descendre et se
mouvrait jusqu'à ce que
le
centre de l'agrégat qu'elle forme
graves devînt
le
centre
avec tous
les
n'en fût empêchée... « si
A quoi
et qu'elle
y
la
qu'elle
fût retenue
la
concavité de l'orbe de la Lune,
de force; que, d'autre part, on laissât
tomber un grave, ce grave ne mais
lieu,
Terre se trouvait placée hors de son
exemple en
totale de la Terre,
moins
remarques: En premier
j'ajouterai quelques
lieu naturel, par
à
»
masse entière de
la
du Monde,
il
se
mouvrait pas vers
se
la
masse
mouvrait en ligne droite vers
le
du Monde la raison en est qu'une fois parvenu au centre du Monde, il serait en son lieu naturel, pourvu du moins que son centre de gravité soit le centre du Monde; or, centre
;
tout être qui n'en est pas
empêché tend naturellement
placer en son lieu naturel, car et s'y
s'y
il
si les
graves se meuvent vers
à cause de la Terre; c'est parce
Albcrti do
(^uœstio V,
Saxonia
(JuH'sliones
in
la
//fcro.s
Il
résulte
Terre, ce n'est point
qu'en venant à
s'approchent du centre du Monde. 1,
conserve plus longtemps
trouve plus éloigné de ce qui lui est nuisible.
de là que
à se
la
Terre,
ils
»
de
Physira Audilu;
in
librum
IV
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE VINCI Si la
ï I
notion générale du lieu naturel occupait déjà Aristote
en sa Physique,
c'est
surtout le problème
de Saxe développe
Mando,
et
dans
Quœstiones
« Ici, » dit-il I,
voici la première
du
t-il
de Cœlo les
dans
la
longuement, dans
les
dont
la doctrine in libros
Il
Mando
et
de
lieu naturel
qu'il traitait
Terre; aussi Albert
Qaœsliones
a posé les fondements
il
de poser deux distinctions dont
y a deux points qui peuvent être
més milieux ou centres des corps graves, savoir grandeur
et le centre
3
gravité n'est pas
de
Car dans
la gravité.
uniformément
n'est pas le centre de
in libros
de Physico Auditu.
«il convient :
De Cœlo
le
grandeur
;
le
les
nom-
centre de
corps
oii la
répartie, le centre de gravité
tandis que dans les corps de
gravité uniforme le centre de grandeur et le centre de gravité
peuvent bien coïncider. ))
La seconde distinction
est celle-ci
:
Dire qu'un corps est
au milieu du Monde peut s'entendre de deux manières rentes
;
d'une première manière, on entend que son centre de
grandeur
est
au centre du Monde
que son centre de gravité »
est
d'une seconde manière,
;
au centre du Monde.
Or, je suppose que la Terre n'est pas d'une gravité uni-
forme.
»
Gela est évident, car
pas, exposée
aux rayons du
Dès
elle serait
lors,
n'est point le
si
son centre de grandeur
et,
les
cette
seconde conclusion
:
c'est le centre
du Monde. On
partageait pas la
le
de
prouve
:
au centre par leur gra-
donc un plan quelconque passant par
Monde ne
eaux. :
toutes les parties de la Terre lendent
I.
partant, avec le centre
entièrement couverte par
gravité de la Terre qui est au centre
lio
mer ne couvre
on peut poser cette première conclusion Ce centre de grandeur de la Terre qui est au centre
du Monde... Puis
vité. » Si
la
plus dilatée que la partie
soleil, est
coïncidait avec son centre de gravité
du Monde,
que
la partie
recouverte par les eaux. D'ailleurs,
»
diffé-
le
centre du
Terre en deux parties d'égale
Alberti de Saxonia Quœstiones in libros de Cœlo (Ed. 1/192) vel XXIII (Ed. i5i8).
et
Mando;
in librutn II quaes-
XXV
9.. Grandeur a, en général, chez les scolastiques, le sens que les géomètres modernes donnent au mot volume; par centre de grandeur, Albert de Saxe entend sans doute, au moins confusément, ce que nous entendons aujourd'hui pSiV centre de gravité du volume.
irrUDES SUR I-KOWRD DE
12
gravité,
la partie
«
jusqu'à ce que devînt
pousserait la plus légère
du Monde;
même
comme deux
poids en équilibre.
un paradoxe
là,
parties de
même
que l'une surpas-
en grandeur; elles se contrebalanceraient l'une
serait l'autre
De
deux
alors ces
poids demeureraient immobiles, lors
l'autre
INCI
centre de gravité de la Terre tout entière
le
centre
le
plus lourde
la
\
'
:
Lorsque
»
Terre se trouve en son
la
lieu naturel, les diverses parties de la Terre se trouvent vio-
chacune de ces
lentées et hors de leur lieu naturel; en effet, parties serait naturellement située
du Monde;
trouvait au centre
si
son centre de gravité se
et c'est le
centre de gravité de la
Terre qui occupe cette position. Albert de Saxe résout
évidemment
ce paradoxe par les rai-
sons qui lui ont servi à prouver que les diverses parties d'un
grave ne se gênaient pas
ment; ce
n'est point
les
unes
les autres
chaque partie de
son centre de gravité au centre du
la
dans leur mouve-
Terre qui tend à unir
Monde
;
cette
tendance
n'appartient qu'à la Terre en son entier; ou mieux, chaque
que l'ensemble
parlie tend à ce
Monde
centre du ((
L'eau,
tant
que
Monde.
»
le
Il
dit-il
ait
son centre de gravité au
:
%
«
ne forme pas
le lieu
naturel de
ne
suffit
milieu du Monde, et
forme avec
centre du
que
le
Monde
;
du
pas qu'une portion de la Terre se trouve
immobile; car alors son centre de gravité qu'elle
Terre
centre de gravité de la Terre n'est pas le centre
entourée d'eau pour qu'elle soit en son lieu naturel
le
la
et
demeure
n'est point encore
le
centre de gravité de l'agrégat total
le reste
de la Terre n'est point non plus au
elle
continue donc à descendre jusqu'à ce
centre de gravité de tout l'agrégat formé par cette por-
tion de la Terre et tout le reste de la Terre se trouve au centre
du Monde. » De ce principe que le centre de gravité de l'ensemble des corps pesants tend constamment à se placer au centre du Monde, il résulte que la Terre n'a pas nécessairement cette 1
Albert de Saxe,
2.
Alberli de Saxonia Qiixsllones
tioN.
loc. cit.
in
libros de PltYsiro Aiiditu: \n lihruni IN
qiurs-
AI,PEKI
ET LÉONARn DE VINCI
SAXli
niï
l6
immobilité absolue que d'aucuns lui prêtent. Une foule de l'échaufFement par les rayons du Soleil,
causes, telles que
en
font,
gravité en gravité ((
En
continuellement
la
masse
terrestre
fait, » dit
effet,
il
est
une
de
en
l'est
or,
;
au-dessus de
Soleil
cesse; sans
partie de la Terre dont la gravité est
partie qui regarde le Soleil
du
meut sans
Alberta, « la Terre se
diminuée plus qu'elle ne laire
son centre
déplacent
et
de la
la distribution
*
en
cesse,
varier
effet,
opposée;
la partie
mouvement
par suite du la Terre,
c'est
cette
circu-
change
partie
donc que le centre de gravité de Terre demeure au centre du Monde, et puisque la partie de
d'instant en instant; afin
Terre qui s'allège change continuellement,
il
faut
la
que
la
la
la
Terre
meuve sans cesse. » Ces mouvements incessants, Albert de Saxe les considère de nouveau en un autre lieu 3 de ses Questions sur le De Cœlo ; mais, pour montrer que la position du centre de gravité de la se
Terre change continuellement,
quer l'inégal échauffement du
il
sol
ne
contente plus d'invo-
se
par
les
rayons solaires;
il
a
recours à une cause de déplacement plus lente, mais beaucoup plus puissante, l'érosion; et plus d'un géologue sera assuré-
ment frappé de montagnes
lui voir attribuer à
l'érosion la formation des
:
est
u 11
bien vraisemblable que, sans cesse, quelque partie
de la Terre se meut d'un
convaincre par
mouvement
rectiligne;
raisons que voici
les
Terre élémentaire que
les
:
De
on
cette partie de la
eaux ne couvrent pas, sans cesse, de
nombreuses masses terreuses sont entraînées par au fond de
mer
la
;
la
la partie
donc pas au
1.
découverte
même
les fleuves
Terre s'accroît donc sans cesse dans la
partie qui est couverte par les
dans
s'en peut
;
eaux, tandis qu'elle diminue
son centre de gravité ne demeure
point. Aussitôt que le centre de gravité a
Albcrti de Saxonia Qiiœstiones in libros de Physico Auditu; in librum IV (juœsCœlo et Mundo; in librum II quaestio X.
tio V. Quœstiones in libros de 2.
Alberti de
Saxonia Quœstiones
in
libros
de
Cœlo
et
Mundo;
in
librum
Jl
librum
II
quœstio X, 3.
Alberti de Saxonia
qusEstio
XXV
Quœstiones in libros (Ed. 1A92) vcl XXIII (Ed. i5i8).
de Cœlo
et
Mundo;
in
ÉTUDES SUR LEO.NARD DE AJNCl
l4
changé de place, le nonveau centre de gravité se meut pour devenir centre du Monde; quant au point qui était auparavant centre de gravité,
il
remonte vers
la surface
eaux ne couvrent pas. Par cet écoulement continuels, la partie de la Terre qui, à
et
convexe que
par ce
les
mouvement
une certaine époque,
se
trouvait au centre, arrive à la superficie et inversement.
A
((
on peut voir comment
ce propos,
grandes montagnes. de
ties
Il
n'est point
formées
se sont
les
douteux que certaines par-
Terre n'aient plus de cohésion que d'autres;
la
que peu de cohésion s'écoulent à
parties qui n'ont
les
mer,
la
entraînées par les fleuves; pendant ce temps, les parties les
plus cohérentes demeurent en place et forment éminence au-
dessus du terre
sol.
Toutefois, à
ou d'autre façon,
les
la
longue, par tremblement de
montagnes sont renversées, tombent
et se détruisent. »
Jusqu'ici, le lieu
nous avons exposé
la théorie d'Albert
comme
naturel de la Terre en entendant par Terre,
nous avons
l'entend d'ailleurs, le seul élément solide;
abstraction de la masse des eaux.
De
dans
la
et,
il
par-
mer?
ticulièrement, de la
Sur ce point,
eaux
il
fait
quelle manière faut
tenir compte, en cette théorie, de la présence des
même
de Saxe sur
pensée d'Albert a varié;
les Questions
elle
n'est pas la
sur la Physique et dans les Questions
sur le De Cœlo.
En commentant ces lignes
Ce que
ment de
»
la
Physique d'Aristote, Saxonia avait écrit
:
j'ai dit
de
la terre seule,
a il
faut l'entendre égale-
tout l'agrégat formé par la terre et l'eau
éléments forment sans doute une gravité totale le
et
centre de gravité se trouve au centre du Monde. Cette opinion,
mente «
le
On
De Cœlo
de
deux
unique dont »
com-
:
m'objectera qu'il ne semble pas que
Albcrli
ces
Vlbert de Saxe la repousse 2 lorsqu'il
gravité de la terre seule soit au centre I.
;
Saxonia Qucestlones
le
centre de la
du Monde; que
in
Ubros de Pliysico
in
Ubros de
cette
Audilu; in libruni IV
quîcslio V. a.
Albcrli
quit-slio
\\V
(Je
Saxonia Quiestiones
(Ed. i'k.iO vol
WIII
(Ed. i5i6).
Cœlo
cl
Miindo: in
libruin
II
ALBERT DE SAXE ET LIONARO DE MNCI
10
position convient bien plutôt au centre de gravité de l'agrégat
formé par
La
la terre et l'eau.
en
terre,
d'un côté,
est^
effet,
toute couverte d'eau; cette eau se joint à la partie de la terre qu'elle recouvre
pour peser à rencontre de
donc repousser
doit
l'agrégat
formé par
l'autre partie; elle
que
celle-ci jusqu'à ce
centre de tout
le
par l'eau se trouve au centre
la terre et
du Monde. » Nous répondrons en niant que
centre
le
du Monde coïn-
cide avec le centre de gravité de l'agrégat total formé par la terre et leau.
En
effet,
si
Ton imaginait que
toute l'eau fût
enlevée, le centre de gravité de la terre serait encore au centre
du Monde..., l'eau..., quelle
par essence,
car,
que
soit
donc
la
placée d'un côté de la terre et terre
la
n'en recevrait pas,
l'autre partie, plus d'aide
On terre
s'explique
I,
ment grave, en
quantité d'eau qui se trouve
non de
sorte
l'autre, cette partie
pour contrepeser
que par
la terre,
repousser
et
en
«
qu'une partie de
au-dessus de son centre de grandeur;
il
est
se trouve fort
beaucoup plus près
de l'une des calottes convexes qui limitent
que de
la terre
uniformément grave
et
qui tend au
du Monde, coule vers la calotte terrestre qui est voisine du centre de gravité de la terre de sorte que centre
;
partie, l'autre calotte, celle qui est la plus éloignée
de gravité, demeure découverte. reliait ainsi,
»
la
pas uniformé-
effet, n'est
que son centre de gravité
l'autre; alors l'eau, qui est
de
le passé... »
dès lors, sans peine
émerge des eaux;
plus grave que
terre est
la
La théorie de
la
plus
l'autre
du centre
la gravité se
pour Albert de Saxe, aux notions géographiques
qui avaient cours de son temps; elle servait à justifier l'hypothèse d'un hémisphère terrestre couvert par
hypothèse que devait ruiner
la
découverte
un de
vaste océan,
Christophe
Colomb. Si,
de la
dans ses Questions sur
le
De CœlOj Albert
mer exercent aucune pression sur
qu'elles recouvrent,
si,
par conséquent,
il
nie que les eaux
la surface
les
terrestre
regarde
comme
incapables d'écarter le centre de gravité de la Terre du centre 1.
Alborti de
quaestio V.
Saxoiiia
Qaœsliones
in
libros
de
Physico Andita; in
librum
IV
ÉTUDES SUR LÉONARD DE \1NC1
l6
du Monde, ce
point par hasard; c'est en vertu d'une
n'est
théorie que ces Questions exposent avec détail. Cette théorie
un débat
clle-menie a pour objet de trancher l'École
célèbre dans
I.
Un élément
est-il
encore pesant lorsqu'il se trouve en son
Bon nombre de
lieu naturel?
scolastiques soutenaient qu'un
élément cesse d'être pesant lorsqu'il se trouve au lieu où sa forme désire résider; l'eau n'est pas pesante en son lieu naturel
pourquoi on peut
c'est
;
plonger dans un bain sans
se
ressentir le poids de l'eau dont le corps est surmonté. D'autres,
au contraire, soutenaient qu'un élément
pesant
est
même
lorsqu'il
se
trouve dans son propre lieu; à l'appui de leur
opinion,
ils
citaient
mal interprétée
une expérience
— qu'Aristote^
gonflée d'air pèse plus que la
— assurément fausse
Une outre
avait rapportée:
même
Ce débat, Albert de Saxe va
ou
outre vide.
s'efforcer d'y mettre
fin
en
distinguant la gravité potentielle ou habituelle de la gravité actuelle^.
La tendance à unir son centre de gravité au centre du Monde,
un grave le
grave
la
conserve toujours identique k elle-même; lorsque
est à
son lieu naturel,
potentiel
ou
désir de
demeurer où
elle existe
Veut -on l'arracher de ce lieu?
est.
pesanteur potentielle passe aussitôt à feste
l'état
pour ce grave, en un
habituel; elle consiste alors, il
simplement à
l'état actuel et se
la
mani-
sous forme de résistance. Le grave est-il placé hors de
son lieu?
la
pesanteur actuelle
obstacle ne s'y oppose
:
«
Si
le
met en mouvement
quelque support
si
aucun
l'arrête
ou
le
demeure à Tétat actuel il est vrai qu'elle ne communique plus un mouvement actuel au corps pesant, mais ell-e produit un effort actuel pour com-
retient hors de son lieu, la pesanteur
;
primer ce qui retient ce corps par violence. La gravité habituelle,
I.
Au
sujcl
lie
celle
-2.
Arislolc,
t.
XX,
p.
ili,
série,
t.
XVUI,
p. 389,
Principe d'Archi-
le
i8G8
;
t.
XIX,
p.
/12,
1869).
De Cœlo elMundo,
lib, IV.
Albcrli de Saxoiiia Quœstiones Cf. in libruni 1 qiuoslio X. 3,
qu'un élément possède lorsqu'il
ce dcbal, voir Tliiirol, liecherches kistoriques sur
mède (Revue Archéoloyiqiw, nouvelle p. III et p. 28/r,
»
cap. vi.
in libros
de Cœlo et
Mumlo ;
libri III quiçstio III.
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE VINCI
I7
en son lieu naturel, ne saurait produire une semblable
est
pression. L'eau de la mer, qui se trouve en son lieu naturel,
ne presse point l'eau qui
forme
terre qui
trouve au-dessous d'elle *, ni la
se
fond de l'Océan.
le
Si les parties centrales
«
de
la
Terre 2 sont plus denses que les parties externes, ce n'est point
comprimées par
qu'elles soient
trouvent au-dessus d'elles; sous-jacentes.
parties
pèse plus avec
»
ne pèsent pas sur
celles-ci
D'autre part,
contenu dans
l'air
une
a si
renferme que
l'air qu'elle
dégonflée, c'est que
parties terrestres qui se
les
comprimé, ce qui
les
vessie gonflée
la vessie
seule et
cette vessie est
quelque
rend plus lourd que
peu condensé
et
extérieur;
dans un milieu moins grave, un corps plus
et
grave descend.
l'air
»
donc par une
C'est
le
suite logique de
hydro-
ses théories
De Cœlo, admet la doctrine géodésique que nous avons résumée D'une part, Teau est terminée par une sphère qui a son centre au centre du Monde; d'autre part, le centre de gravité de la terre ferme, statiques qu'Albert, dans ses Questions sur le
:
considérée isolément, est également au centre du Monde. Lors
même
que
serait pas
ferme aurait
terre
la
forme sphérique,
la
entièrement recouverte par
les eaux, car
elle
ne
son centre
de gravité ne coïnciderait pas pour cela avec son centre de
doue hors du centre de l'Univers
figure; celui-ci serait
sphère solide ne
serait
concentrique à
pas
la
et la
sphère des
eaux^.
Albert admets
D'ailleurs,
rigoureusement, sphère.
mais
La Terre
«
peut regarder
la
est
))
Mais
ronde,
»
dit-il,
<(
dans
hauteur des montagnes
les
ferme a non pas
terre
la
approximativement,
rapport aux dimensions de
compte.
que
la
Terre entière
arguments
qu'il
la
forme d'une
où
l'on
petite
par
la limite
comme et
n'en point tenir
apporte à l'appui de cette
thèse tendraient, pour la plupart, à prouver que la sphère Alberti de
1.
Saxonia Quœslioiws
in
libros de
Pliysico
Aiiditu;
in
libriim IV
quaîstio X.
Alberti de Saxonia Qaœstiones in libros de Cœlo et Manda ; libri III quaestio III. Alberti de Saxonia Qaœstiones in libros de Cœlo et Mundo; in librum II quaes*
2.
3.
XXVII
liones [\.
et
XXVIII (Ed.
l'iga) Ael
XXV
et
XXVI
Alberti de Saxonia Qaœstiones in libros de Cœlo
XXVII p.
(Ed.
1/192) vel
DUHEM.
XXV
(Ed. j5i8). et
Mando;
in
librum
II qua.'8tio
(Ed. i5i8). 2
ÉTUDES SUR LÉO.NARD DE VINCI
l8
dont
la surface terrestre est voisine,
plus
en plus, a pour centre
qu'elle
le
centre
elle
s'approche de
même
de l'Univers,
concentrique à
par conséquent,
est,
dont
la
sphère des
eaux. «
un
En premier
lieu,
»
dit-il, «
sol qui n'appartient ni à
lorsque les graves tombent sur
une montagne ni à une
vallée, ils
rencontrent toujours normalement; cela n'aurait point lieu
le
graves ne tendaient tous au
les
si
même
centre; et
comme
toutes les parties de la Terre sont graves, elles tendent toutes
même
au
moins, tende vers
la rotondité.
En second lieu, centre du monde ))
;
déclives,
comme
il
descendra
»
On
toutes les parties de la Terre tendent au
lieux les plus
les
moins qu'elles ne se soutiennent l'une l'autre, arrive pour les parties qui forment les montagnes; le
cours des temps, toute partie de la Terre
et sera précipitée vers le
centre du Monde, ce qui
être la cause de la rotondité terrestre.
voit par là
que
si la
Terre était fluide
que chaque partie ne soutînt pas
sorte
elle s'écoulerait
comme
parties voisines,
les
et
»
semble, d'après ce raisonnement, que tous
mènes produits
en
l'eau,
jusqu'à ce qu'elle soit entièrement ronde
parfaitement sphérique. Il
descendent vers
elles
à
néanmoins, dans semble
du
centre; cela exige que la Terre soit ronde ou,
à la surface
du
sol
les
phéno-
par la pesanteur tendent
une sphère parfaite ayant pour centre centre du Monde, partant une sphère recouverte par les
à faire de la terre ferme le
eaux.
Mais,
selon Albert de Saxe, cette
ne sera jamais
fin
un mouvement de soulèvement du sol, produit par érosions mêmes, en compense à chaque instant l'effet;
atteinte;
ces
nous l'avons déjà entendu développer revient' à la fin «
du second
livre
Le centre de grandeur de
du De Cœlo
la
son centre de gravité; d'un côté,
cette
théorie;
il
y
:
Terre ne coïncide pas avec la
Terre est plus voisine du
Ciel et les eaux la laissent à découvert; de l'autre,
elle
est
plus éloignée du Ciel et recouverte par les eaux; c'est vers ce I.
Albcrli
XXVIll (Ed.
(le
Saionia Quivstiones
i/i<)2)
vel
XXVI
in libros
(Ed. i5i8).
de Cœlo
et
Mundo;
in
librum
II
qujDstio
ALBERT DE SAXE Ef LÉONARD DE \1NGI
jg
côté que s'écoulent toutes les eaux, afin de se rapprocher
du
centre du Monde. »... Mais, direz -vous,
ne peut- on reprendre une précédente
En même temps que les fleuves, des parties de la Terre s'écoulent constamment vers la mer; par là, la Terre finira par être aussi voisine du Ciel du côté oii les eaux la couvrent que du côté découvert; et, lorsque cela aura lieu, objection?
elle sera
entièrement couverte par
les
eaux.
Nous répondrons que cela n'aura jamais
»
pourquoi
:
Quand
l'autre côté
lieu,
sont entraînées vers
les particules terrestres
de la Terre, cet autre côté devient plus lourd
pousse celui-ci vers
le
haut,
une précédente question.
Il
comme nous
ainsi,
»
Une
de
partie
la
ferme demeurera donc
terre
émergée; mais Albert admet ', avec Aristote^ que ne demeurera pas toujours «
Je crois que, par suite du
même
la
immergée
et
changement de
inversement; ce
animaux toujours
cette partie
fait est
:
l'écliptique solaire,
émergée
était autre-
mis en évidence par
Aristote dans le second livre des Météores; fois, qu'il faille l'attribuer
cela,
et
au cours des siècles
cette partie de la Terre qui est aujourd'hui fois
il
cette dissymétrie a été
;
réglée par Dieu, de toute éternité, pour le salut des
des plantes.
et
l'avons expliqué en
en sera toujours
grâce à la dissymétrie de la Terre
et
voici
et
il
ne
dit pas, toute-
à la variation de l'orbite solaire.
»
III
Ce que Léonard de Vinci a emprunté a Albert de Saxe. Parmi jour
le
les
cahiers
manuscrits où Léonard a consigné au
jour ses réflexions de toute nature, et que conserve la
Bibliothèque de
que désigne
l'Institut, l'un
la lettre
des plus importants est celui
F 2. Par une heureuse
constance, ce manuscrit est daté. 1.
En
Albcrti de Saxonia Quœstiones in Ubros de Cœlo (Ed. 1492) vel XXVI (Ed. i5i8).
tête et
et
trop rare cir-
du premier
Mundo;
feuillet,
in libruni II quœslio
XXVIII 2.
de
la
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Bibliothèque de l'Institut, Paris, 1889.
Cli.
Ravaisson-Mollicn
;
ms, F
ÉTtDES SUR LEONARD DE VINCI
30
on
selon la constante habitude de
cette indication, écrite,
lit
Léonard, de droite à gauche
u
:
Gomincato ammilano addi
— Commencé
12 dissettembre i5o8.
à Milan
septem-
12
le
bre i5o8.
Le verso de
la
couverture de ce cahier est lui-même couvert
on y
d'inscriptions diverses;
de Venise. caves
On y
»
de
» et
)) ,
commence par
trouve, en
que
tels
u
Vitruve
u
u
de Nicolo délia Croce
Albertucco elmarliano decalculatione
((
Alberto decelo e
mundo
Que M. Ravaisson-Mollien u
Albert, de
et
les
le
(^
Dante
— da
bernardino
fra
et
traduit ainsi
Mundo, par
:
»
»
:
Marliano, de calculatione,
Cœlo
»,
que l'on déchiffre ces lignes
((
Albertuccio
miroirs con-
».
C'est à la suite de cette liste
((
Livres
«
Archimède, De centra
Anatomie d'Alesandro Benedetto
\\(
Quels sont
de
:
des titres de livres ou
»,
»,
mots
ces
à côté
effet,
couteaux de Bohême
((
de manuscrits, gravitatis
Cette liste
lui.
une
liste,
Léonard de Vinci ou
sorte d'inventaire d'objets appartenant à
empruntés par
une
voit, entre autres,
»
frère Bernardino.
»
nous
ouvrages dont ces quelques lignes
révèlent la présence entre les mains de Léonard?
Une note de M. Ravaisson-Mollien nous liano,
en
rappelle que Mar-
premier médecin de Jean Galeasz Sforza, mort à Milan
i/i83,
motuum
avait
composé un
in velocitate.
intitulé
écrit
Le sujet de cet
écrit a
De proportione
:
rapport à certaines
questions touchées par Léonard au cours du cahier F
;
il
donc raisonnable de croire que l'ouvrage auquel Léonard
est fait
allusion est bien celui qu'indique M. Ravaisson-Mollien.
Mais
comment
faut-il
précède la mention de propose, avec
interpréter le cet
Albertucco,
qui
ouvrage? M. Ravaisson-Mollien
un point de doute,
Alberti». M. Eug.
nom
la
traduction
Mûntz^ admet, en
effet,
que
:
Leone
Battista
cette indication
se rapporte à Alberti.
1 .
«
Mon
A
la table des matières du nis. K, au mot Alberlucciiis, M. HaVaissoii-MoUien écrit frère Louis llavaisson-Mollien, de la HilDliothèque Ma^ariile, me fait remarquer :
qu'un des deux Alhert de Saxe, Franciscain du xv' a»
Eugène
Paris, 1899.
Miuilz, Léonard de Vinci, l'artiste,
le
siècle, fut
penseur,
le
appelé Albertuccius. »
savant, p. 3oS (en note),
ALBERT DE SAXE RT LEONARD DE VTNCf
21
De prime abord, une remarque rend douteuse prétation
nomme
Léonard
;
cite A^lberti
cette inter-
en d'autres passages
i
il
;
ne
l'y
point Albertucco, mais Battista Alberti. D'autre part,,
nous saA^ons qu'au
on
coutume de désigner Albert de Saxe par le surnom à' Alheriutius ou Albertaccius, INous sommes donc conduits à penser que l'auteur mentionné par
Léonard
xvi" siècle,
n'est point Alberti,
a
mais Albertus de Saxonia.
Cette présomption est confirmée par cette autre
remarque
:
seconde partie du Tractatiis proportiomim d'Albert de Saxe,
souvent imprimée au xv^ siècle intitulée
2
:
du
et à la fin
in
molibus.
rapproché cet
ait
si
xvi^ siècle, est
Tractatas de proporiione velocitatum
semble donc tout naturel que Léonard
La
Il
écrit
de celui de Marliano.
Dans un moment, nous verrons
ces
présomptions
se
changer
en certitude.
La mention
«
:
Albert,
M. Ravaisson-MoUien Mais rien, dans
De Cœlo
comme
les notes
et
Mundo
»
est
regardée par
se rapportant à Albert le
que renferme
le
Grand.
cahier F, ne rappelle
physiques de Maître Albert; nous verrons, au conque l'on y peut reconnaître des emprunts nombreux et
les théories
traire,
importants aux Quaestiones
par Albert de Saxe avait en «
mains
;
c'est
et qu'il
Alberto decelo
e
in libros
de Cœlo
donc sûrement
et
Mundo composées
cet écrit
que Léonard
entendu mentionner par ces mots
a
mundo.
:
»
Les considérations qui précèdent nous montrent que Léonard
de Vinci, lorsqu'il jetait ses pensées sur F, avait sans doute en le
les feuillets
du Cahier
mains deux ouvrages d'Albert de Saxe
:
Tractatas proportionum et les Quœstiones in libros de Cœlo et
Mundo. Mais,
lors
même
qu'il
ne nous en eût point
laissé le
témoignage, l'étude de ses notes nous eût bientôt appris qu'il avait médité les doctrines du vieux maître en Sorbonne. Qu'est-ce que Léonard a
1.
emprunté au Tractatas proportionum
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien ms. F Bibliothèque de l'Institut, fol. 82, recto; ms. G de la Bibliothèque de l'Institut, ;
de
la
fol. 54, recto. 2. B. Boncompagni. Intorno al un comento di-BenedettoTTlttori, medico Faentino, al Tracta tus proportionum di Alberti di Sassonia (Bullelino di Bibliografia e di Storia dcUc Slcienze matematiche e fisiche, t. IV, p. /igS; 187 1).
ETIDES SUR LEO\ARD DE VINCI
32
d'Albert et au traité
De proportione motuum
liano? Sans doute, ces propositions
axiome péripatéticien
vieil
meut
tionnelle à la force qui
sembler bien
difficile
La
:
in velocitale
de Mar-
qui, toutes, découlent
i
mobile
vitesse d'un
A
ce mobile.
est
du
propor-
cet égard,
peut
il
d'émettre une affirmation formelle. Déve-
loppées par tous les commentateurs d'Aristote, depuis Alexandre d'Aphrodisias et Simplicius, ces propositions étaient du
domaine commun. Heureusement, le témoignage même de Léonard nous apporte, à cet égard, une certitude. Voici ce que Albert de Saxe dit, dans nous lisons dans un de ses cahiers ^ son Des proportions, que si une puissance meut un mobile avec ((
:
une certaine double plus
vite. Il
Non moins que Ton peut
ne
me
la
moitié de ce mobile du
paraît pas ainsi, à moi... »
rapprochements
saisissants et probants sont les
mainte note de Léonard
faire entre
d'Albertutius
tions
mouvra
vitesse, elle
sur le
De Cœlo
et
Ques-
et les
Mundo. Prenons, par
exemple, ce que nous lisons dans ces deux auteurs au sujet de la figure
que
l'on voit
dans
la
comment s'exprime
Voici
en quatrième provient de
Albert de Saxe 3
:
«
On demande,
tache qui apparaît dans la Lune
lieu, si cette
la diVersité
Lune.
des parties de la
Lune ou bien
la
si
cause en est extrinsèque à cet astre. »
On
tente de prouver qu'elle ne provient pas de la diversité
des parties de
la
Lune. En premier
lieu,
en
effet, la
Lune
est
un corps simple; or les parties d'un corps simple, considérées sous un même rapport, sont toutes semblables entre elles; cela est apparent
dans
l'eau,
dans
l'air et
dans
les autres
corps
simples. »
En second
lieu, les parties
du
Soleil
ou bien
celles
de toute
autre étoile sont semblables et uniformes en rareté et densité il
en
est
donc de
même
des parties de la Lune;
et,
;
par consé-
quent, cette apparence de tache ne peut provenir de la diversité
des parties de la Lune.
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 26, reclo, et fol. 3i, verso. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publics par Ch. Ravaisson-Mollicn; ms. la Bibliothèque do l'Institut, fol. lao (72), recto. 1. 2.
3.
tio
Ali)erli
XXIV
(td.
do Saxonia Quaistiones i.',f)^)
vol
XXII (Ed.
in libros
i5i8).
de Cœlo
et
Mundo;
in libruni
11
1
de
quaes-
ALBERT DE SAXE ET LÉONARD DE VINCI »
Troisièmement,
elle avait
si
que diverses parties de moins; mais on prouve
Lune
la
rares; et cela est »
seraient plus rares et d'autres
du
les parties
évidemment
lisse,
de
la
Lune qui sont
plus
les
faux.
semblance
dons cette
comme
Lune, nous y voyons apparence de tache.
un miroir;
est
un
la Terre, se
la
Terre par réflexion,
de
et
là
sujet de cette question, j'examinerai d'abord la question
émises à son sujet
que
serai l'opinion
En premier
les
diverses opinions qui ont été
et je les réfuterai.
En second
lieu, j'expo-
je crois véritable.
lieu,
il
une opinion selon laquelle la Lune avait pour cause une vapeur
existait
tache qui apparaît dans
la
Lune même; interposée entre
l'astre
et
nous,
vapeur nous obscurcissait certaines parties de
la
Lune.
élevée par la
Un commentateur une
à elle
telle
ajoute que, selon certains, la
eaux
et
Lune
attirait
vapeur pour s'en nourrir.
D'autres disent que la
Lune
a
un grand pouvoir
sur les
l'humidité; sa nature est donc d'attirer au-dessous
une semblable vapeur. Tous ces auteurs s'accordent
d'elle
donc
Lune
la
Lune, y engendre son image et resdans un miroir; lors donc que nous regar-
en elle-même, j'exposerai
cette
de
la
la
Au
même
bien poli et semblable à
trouvant en regard de
))
les
Enfin, on prouve que cette apparence de tache provient
corps
»
dans
Soleil parviendraient jusqu'à
d'une cause extrinsèque. Le corps
»
cause, c'est donc
telle
qu'il n'en est pas ainsi; car,
éclipses de Soleil, les rayons
nous en traversant
une
23
à attribuer la tache qui apparaît
dans
la
à la diversité des parties lunaires, mais à
Lune, non point
une cause
extrin-
sèque. »
Mais cette opinion n'est pas valable. Ces exhalaisons
et ces
vapeurs ne seraient point attirées également en tout temps; elles n'auraient
même, mais
point une figure toujours semblable à
essentiellement changeante.
Au
contraire, cette
tache apparaît constamment et a toujours la
par conséquent,
elle
n'est point causée
exhalaison interposée entre »
On ne
la
Lune
peut, surtout, regarder
et
elle-
même
forme;
par une vapeur ou
nous.
comme
valable
l'opinion
ÉTinrS SUR LEONARD DE VINGT
2^
des premiers, selon lesquels la
Lune
des vapeurs
attire à soi
afin de s'en nourrir; les corps célestes n'ont pas à se nourrir,
car
ils
ne sont sujets ni à
génération, ni à la corruption, ni
la
à l'altération. »
Une
autre opinion prétendait que cette tache est la repré
sentation de quelque objet de ce
monde
inférieur, soit de la
Terre, soit des montagnes, soit de quelque chose d'analogue; ces corps seraient vus dans la
Lune comme des corps peuvent
vus par réflexion dans un miroir,
être
cette opinion, la
Lune
est polie
et cela
comme un
parce que, selon
miroir.
Cette opinion ne vaut pas; car lorsque la
))
la partie
de
la
Lune où
Lune
comme
les
meut,
changer d'un
paraît cette tache devrait
instant à l'autre; exactement
se
images changent de
un miroir en mouvement; et cela n'est point. D'ailleurs, si la Lune avait le pouvoir de réfléchir
place dans »
images des corps, l'image de
la
apparaître dans la Lune; or,
est
il
les
Terre tout entière devrait faux qu'elle y apparaisse,
car la Terre n'a point la forme de cette tache. »
En second
que
lieu, le
Commentateur émet une troisième opinion
je crois véritable
des parties de
Cette tache proviendrait de la diversité
:
Lune qui
la
ou plus ou moins denses en lesquelles
la
et,
unes que
les
ou moins rares
les autres.
Les parties
tache se montre sont les plus rares, ce qui les
rend moins aptes à reluire; plus denses
seraient plus
par
là,
les parties
qui les avoisinent sont
brillent davantage. Cela se
par analogie avec l'albâtre;
les
comprend
parties de l'albâtre qui sont
non transparentes paraissent fort blanches; celles qui sont transparentes comme du verre sont obscures et tirent sur le noir. Si l'on demande pourquoi la Lune pré-
très
denses
et
sente de telles différences entre
répondre que ((
ses diverses parties,
Lune
— Au premier, je répon-
drai
que
cela
nVmpêche
ties,
présenter des dillerences de rareté et de densité.
»
\u second,
entre
le
faut
telle est sa nature... »
Réponses aux arguments du début. la
il
est,
en
ellet,
simple en substance; mais que
pas qu'elle ne puisse, entre ses diverses par-
je répondrai qu'il n'y a point de
Soleil et les étoiles,
d'une part,
et
la
comparaison
Lune, d'autre
ALIJERT DE SAXE ET LEO^VARD DE VINCI
part.
2iD
n'y a pas lieu d'assigner la cause de cette dissem-
Il
blance; elle tient à la nature de ces corps.
du troisième, je dirai qu'une partie de la Lune est, il est vrai, un peu plus rare que l'autre; mais qu'elle n'est pas rare à ce point que les rayons solaires puissent traverser
Au
»
sujet
toute l'épaisseur de la Lune.
Ce
))
qu'il faut
répondre au dernier argument découle de
réfutation de la seconde opinion.
»
Lisons maintenant ce qu'écrit Léonard de Vinci
même
sujet des taches de la
Taches de
«
Lune.
la
—
la
sur ce
i
Lune.
Quelques-uns disent qu'il s'en élève
des vapeurs semblables à des nuages et qu'elles s'interposent
Lune
entre la
et
nos yeux.
en
S'il
était ainsi,
jamais de
telles
taches ne seraient stables ni de position ni de figure, et en
voyant elles
la
Lune en divers
aspects, ces taches,
ne varieraient pas, changeraient de figure
quand même
comme
fait la
chose qu'on voit par plusieurs côtés. »
la
On
a dit aussi
Lune
ainsi,
en
est,
dans
que
de raretés
soi,
les éclipses
Lune sont dues
taches de la
les
et densités diverses. S'il
de Lune
(sic), les
se ))
voyant pas, ladite opinion en
soi
en
était
un
tel effet
est fausse.
D'autres disent que la surface de la
polie, elle reçoit
que
rayons solaires péné-
treraient par quelque partie dans la susdite rareté;
ne
à ce
comme un
Lune
miroir
la
étant nette et
ressemblance de
la Terre. »
Cette opinion est fausse, puisque la Terre découverte par
quand la taches que quand
l'eau a, sous différents aspects, diverses figures; car
Lune
est à l'orient, elle réfléchirait d'autres
elle est
au-dessus de nous, ou que quand elle est à l'occident;
or, les taches
de
la
Lune,
ne varient jamais dans
comme on
le
le voit à la
mouvement
fait
par
pleine lune,
elle
dans notre
hémisphère, »
Une deuxième
raison est que la chose réfléchie dans la
convexité prend une petite partie du miroir,
prouvé en I.
recto.
la
perspective.
Une
comme
il
troisième raison est qu'à
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol.
8^,
recto,
8/4,
est la
verso, et 85,
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
36
la
voit seulement le milieu de la sphère de
Lune
pleine lune, la
Terre illuminé, dans laquelle l'Océan resplendit avec les
autres eaux, et la Terre
on
et ainsi
verrait
splendeur de
une
moitié de notre Terre ceinte par la
la
mer
la
des taches dans cette splendeur;
fait
éclairée par le Soleil et,
la
Lune,
ressemblance serait une minime partie de celle Lune.
telle
La quatrième raison
que
est
la
chose qui resplendit ne se mire
pas dans une autre splendeur; donc la
deur du
dans
comme
Soleil,
s'y réfléchir
Lune,
fait la
la
mer prenant
la splen-
Terre ne pourrait pas
sans qu'on y vît se réfléchir particulièrement
le
corps du Soleil et de chacune des étoiles à elle opposées. »
D'autres disent que la
Lune
était
comme
ou moins transparentes,
si
composée de parties plus une partie était en sorte
d'albâtre, et
quelque autre en sorte de
s'ensuivrait
que
partie ainsi
le
moins dense montrerait cette
ombres
les
compose-ton
Ainsi
opinion
lumière resterait à
11
la
la surface;
plus dense resterait illuminée, et la partie
partie
obscures.
la
verre.
rayons dans
Soleil frappant avec ses
moins transparente, la
ou de
cristal
la
de
qualité
ses
de
profondeurs
Lune
la
et
plu à beaucoup de philosophes, surtout à
a
Aristote. Et pourtant c'est les divers aspects
que
la
une fausse opinion, parce que sous
Lune
et la
Terre offrent souvent à nos
yeux, nous verrions ces taches varier et se faire tantôt obscures et tantôt claires. Elle se feraient obscures
quand
le Soleil
Lune au milieu du Ciel, car alors les transparentes prendraient ombre jusqu'au plus
est à l'occident et la
concavités
haut des lèvres de ces concavités transparentes, parce que le
Soleil
ne pourrait pas
faire
pénétrer ces rayons dans les
bouches de ces concavités. Elles paraîtraient lune, lorsque la
Lune
claires à la pleine
à l'orient regarde le Soleil à l'occident;
alors le Soleil illuminerait jusqu'aux fonds de telles transpa-
rences; et ainsi, aucune
ombre ne
nous montrerait pas en ce temps
comme
je
l'ai
et
de
dit ci-dessus.
changements du
Lune par rapport
la
Lune ne
les susdites taches; et ainsi,
tantôt plus, tantôt moins, selon les
rapport à la Lune
se produisant, la
à
Soleil par
nos yeux,
»
La comparaison de ces deux textes ne saurait
laisser place
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE VINCI
27
au doute; lorsque Léonard écrivait ses réflexions sur de
Lune,
la
il
venait de
les
taches
discussion d'Albert de Saxe sur
lire la
même sujet. 11 l'avait lue, d'ailleurs, comme peut lire un homme de génie qui, bien rarement, se résigne a suivre servi-
le
lement
la
pensée d'aulrui; aux objections qu'Albertutius avait
adressées à certaines hypothèses, ses propres objections
;
avait ajouté
il
même
et l'explication
ou substitué
à laquelle le vieux
maître en Sorbonne avait accordé ses préférences n'était pas
demeurée sauve des critiques du grand peintre. Nous verrons plus loin que celui-ci avait, à son tour, une explication à proposer. Léonard mais
il
s'inspire encore des Quœstlones d'Albert de
même
avec la
s'en inspire toujours
Saxe,
liberté, lorsqu'il
discute cette question, soulevée par les Pythagoriciens et parles
Platoniciens: Les
mouvements
célestes produisent-ils des sons?
Albert de Saxe avait observé est rapide,
que
i
« le
mouvement,
cause un son, pourvu cependant qu'il soit accom-
pagné des conditions nécessaires
à
la
production du son,
qu'un frottement, un ébranlement de
telles
lorsqu'il
énergique,
car
les
célestes. ((
il
ne
corps
autres le
»
se
produit point de frottement
célestes
cependant un frottement énergique
mouvement
et
conditions font défaut dans
semblables; mais toules ces
mouvement des corps En ce mouvement,
l'air,
sont
lisses
est nécessaire
et
polis;
pour que
et le
un son. » 11 ne faut point se représenter le mouvement de deux orbites voisines à l'image du mouvement de deux roues d'engrenage. « Une orbite n'entraîne point violemment l'orbite voisine; il des corps engendre
n'y a point d'entraînement des orbites l'une par l'autre, car les surfaces des
corps célestes sont parfaitement lisses; elles ne
présentent point d'aspérités par lesquelles une orbite puisse
mouvement. » D'autre part, dans les mouvements célestes, on ne trouve pas cette percussion ou cet ébranlement de l'air qui est s'accrocher à l'autre et l'entraîner dans son
((
nécessaire pour qu'il y ait son.
ébranlement de Pair I.
Alberti de
quapslio
XVI
objectera peut-être que cet
n'est point indispensable à la génération
Saxonia Quœstiones
(Ed. 1/192) vel
On
XV
in
(Ed. i5i8}.
libros de
Cœlo
et
Mundo,
in
librum
II
ÉTUDES
28
SI
LÉOWRD DE
R
VI\CT
à sa propagation. Cette objection est
du son, mais seulement
sans valeur. Je pourrais, en
effet,
un son dans un corps quelconque
prétendre qu'il y a
même,
raisonnant de
en
lorsqu'il
en repos, mais qu'on ne l'entend pas, parce que ce corps
est
communique aucun frémissement
en repos ne
vironne
que ce frémissement
et
entendu, car
soit
diaire de l'air vibrant.
pour que
est nécessaire
du son
la species
à l'air qui l'en-
se
le
son
propage par l'intermé-
»
L'influence de ces raisonnements se reconnaît, mais, parfois,
profondément modifiée, dans ce passage «
Du frottement
est
causé par
des cieux,
l'air
s'il
fait
que
suivrait
frottement
et ce
là
par Léonard'
:
un son ou non. Tout frottement
frappant un corps dense,
deux corps graves entre eux, entoure;
écrit
c'est
au moyen de
consume
corps
les
par
et s'il est fait l'air
qui les
Donc
frottés.
il
cieux dans leur frottement, pour ne pas avoir
les
d'air entre eux,
ne produiraient pas de son.
Si
cependant ce
frottement avait vérité, ces cieux, en tant de siècles durant lesquels
ont tourné, auraient été consumés par leur
ils
immense
de chaque jour. Et
vitesse
celui-ci
ne pourrait
cussion
faite
se
s'ils
répandre, puisque
faisaient le
si
un
son,
la
per-
son de
sous l'eau s'entend peu, et s'entendrait moins ou
pas du tout dans les corps denses. Le frottement
non plus des
même
qu'il se trou-
corps polis ne
fait
pas de bruit, et c'est de
verait qu'il ne se fait pas de bruit
cieux. Et
si
frottement,
ces cieux il
ne sont pas polis au contact de leur
suit qu'ils sont
contact n'est
au contact ou frottement des
pas continuel,
globuleux ou rugueux, donc leur et
s'il
en
est ainsi,
on conclut ne pas se trouver dans conclu que le frottement aurait consumé
le
vide se
produit, lequel
la nature.
Donc
les
est
il
de chaque
ciel, et
vers les pôles,
puis
il
il
autant
se
il
est plus rapide vers le
termes
milieu que
consumerait plus au milieu qu'aux pôles
n'y aurait plus de frottement et
le
son cesserait, et
;
les
danseurs s'arrêteraient, à moins que des cieux l'un ne tournât à l'orient et l'autre au septentrion.
Entre
les
»
doctrines d'Albert de Saxe et les opinions émises
par Léonard, on pourrait faire maint rapprochement analogue; I.
Us
Manu}tcrits
de
Léomrd de
Vinci, ms. F,
fol. 5C,
verso.
ALlilillT
DE SAXE ET LEONARD DE \HNCI
29
on pourrait, par exemple, comparer ce passage du premier Si un mobile se mouvait dans le vide, il ne causerait aucune chaleur; car le mouvement n'engendre de la chaleur que par le frottement du mobile contre le milieu, » à celte phrase 2 du '
:
((
second
«
:
Le frottement
engendre du
feu. »
rapide de deux corps denses
très
Mais ne nous arrêtons pas à toutes
les
concordances de détail que Ton pourrait relever; portons notre attention sur celles qui ont trait à la théorie de la gravité déve-
loppée par Albertutius; cette théorie, en sollicité
effet,
paraît avoir
d'une manière toute spéciale l'attention de Léonard de
Vinci.
Voici d'abord
un fragment 3 où Léonard reproduit
la distinc-
tion essentielle sur laquelle repose la théorie d'Albert de Saxe. ((
Du
centre
du grave. Tout corps non uniforme a
trois centres,
c'està dire de la grandeur, de la gravité accidentelle^ et de la
gravité naturelle; mais il
manquerait ((
un
on incorporait
si
centre de la gravité accidentelle.
le
Dans
Monde sinon dans
cet autre
part.
le
et
centre de gravité et celui de la
»
fragment
Léonard montre, suivant
5,
d'Albert de Saxe,
comment
subit de perpétuels
changements de
1.
»
centre de gravité naturelle. Et on ne pourra recevoir le
grandeur restera à
être
centre du Monde,
Des corps non uniformes qui ont un centre de grandeur
centre du
((
le
Parce que
le
centre de gravité de la Terre lieu
:
centre de la gravité naturelle de la Terre doit
au centre du Monde, Alberti de
le
l'avis
la
Saxonia Quœstiones
Terre va toujours en s'allégeant in
libros
de Physico
Audita; in librum IV
quaestio IX.
—
Les Manuscrits de Léonard do Vinci, nis. F, fol. 85, verso. Ce passage me que Ton pourrait invoquer si l'on voulait prétendre que Léonard a connu les Quœstiones sur la Physique ; il est, je crois, insuffisant à établir cette opinion. Léonard n'a probablement connu que les Quœstiones sur le De Cœlo, seules imprimées avant i5o8. 3. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 54, recto. t\. Il me parait facile de deviner ce que Léonard entend par centre de la gravité accidentelle; la gravité accidentelle désigne, pour beaucoup de scolastiques, ce que Léonard nomme généralement iinpeto; cette notion confuse correspond plus ou moins exactement à nos idées modernes de vitesse acquise, de quantité de mouvement et de force vive; de même que, pour Léonard, la gravité naturelle a son siège en un point, le centre de gravité naturelle, de même la gravité accidentelle est condensée au centre de gravité accidentelle. Si le grave incorpore le centre du Monde, il y demeure en repos, et la gravité accidentelle disparaît avec son centre. 5, Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 70, recto. 2.
paraît être le seul
ÉTUDES SLK LEOINARD DE
3o
submerge autant de joigne
le
la partie
pousse en haut,
allégée
et la partie
en quelque partie,
YliNCI
opposée
qu'il
en faut pour qu'elle
du Monde;
centre de la susdite gravité au centre
sphère de Teau tient
constamment
surface
sa
et
et la
équidistante
au centre du Monde.
Où
»
le Soleil est droit
par Fair,
les
eaux
centre du
neige lui ont manqué; du côté opposé,
neiges alourdissent la Terre, la poussent vers
les pluies et les le
et la
au-dessus, la Terre s'allège; couverte
Monde
et
éloignent de ce centre
ainsi la sphère de l'eau conserve l'égalité de distance
gées;
du centre de
sa sphère,
mais non de
Albertutius avait montré
ment
comment
la gravité. »
la
Terre tendait constam-
à la sphéricité; Léonard reprend
rations
mêmes
les
i
considé-
:
Da Monde. Tout grave tend en
«
les parties allé-
bas, et les choses hautes ne
resteront pas à leur hauteur, mais avec le temps elles descen-
dront toutes
et ainsi,
avec
le
temps,
le
Monde
par conséquent, sera tout couvert d'eau.
et,
restera spliérique »
Albert avait reculé devant cette conséquence d'expliquer
comment une
;
il
s'était efforcé
terre ferme émergerait toujours hors
des eaux. C'est en énumérant les opinions à réfuter qu'il avait écrits ces
mots
«
:
Omne
grave tendit deorsum nec perpetuo
sursum sustineri, quare jam totalis terra esset sphieundique aquis cooperta. » Plus audacieux, Léonard pas à annoncer que le jeu même de la gravité tend à
potest sic rica
et
n'hésite
l'inondation totale de l'Univers;
mot pour mot
la
non seulement
phrase d'Albert de Saxe
deorsum nec perpétue potest
sic
:
sursum
totalis terra esset facta sphaerica, »
a
Omne
il
grave tendit
sustineri,
mais encore
il
transcrit
quare jam
revient avec
insistance sur cette prophétie. ((
Si la
Terre était sphérique
découverte par lieux
la
du fond de
spbère de la
mer,
'•,
aucune partie n'en
l'eau... et
les
serait
Perpétuels sont les bas
cimes des monts sont
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 84, recto. Alberti de Saxonia Qua'sliones in libros de Cœlo et Mundo; in librum XXVIII (Ed. ihv^;.) vcl \XVI (Ed. i5i8).
le
1.
2.
o.
V
Les Manuscrits de Léonard de ^ inci, ms. F, fol. Les Manuscrits de Léonard de Mnci, nis. F, fol.
8/i,
recto.
I"):!,
verso.
II
qua^stio
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE contraire;
il
suit
que
la
Terre se fera sphérique et toute cou-
verte des eaux, et sera inhabitable.
Dans ce continuel tend à arrondir pluviales joue ce rôle;
il
u
rôle essentiel
;
Albert de Saxe nous a signalé
du
sol.
Léonard reprend ces considérations;
expose* en ingénieur habitué à l'observation minu-
les
tieuse des
ferme, l'érosion produite par les eaux
nous a montré également comment l'érosion avait
il
sculpté le relief
mais
»
travail de la gravité qui, perpétuellement,
la terre
un
3l
VlINCI
phénomènes produits par
les
eaux courantes
:
Si la terre des antipodes qui soutient l'Océan s'élevait et se
découvrait beaucoup hors de cette mer, étant presque plane,
de quelle façon pourraient se créer avec les vallées, et les pierres »
La fange ou
le
temps
monts
les
et
des diverses couches?
sable, d'où l'eau s'écoule,
quand
elle reste
découverte par les inondations des fleuves, nous enseigne ce qui se »
demande
ci-dessus.
L'eau qui s'écoulerait de
quand
cette terre s'élèverait
qu'elle fût presque plane,
pour
les parties
mençant
la terre
découverte par
beaucoup au-dessus de
commencerait
la
la
mer,
mer, bien
à faire divers ruisseaux
plus basses de celle surface, et ceux
ci,
com-
ainsi à se creuser, se feraient réceptacles des autres
eaux environnantes de cette façon ;
ils
acquerraient, dans toute
partie de leur longueur, de la largeur et de la profondeur,
leurs eaux croissant toujours jusqu'à ce soit
écoulée
;
et ces
que toute
cette
eau se
concavités seraient ensuite les cours des
torrents qui reçoivent les eaux des pluies; et ainsi elles iraient
consumant
les
berges de ces fleuves jusqu'à ce que les terres
qui les séparent les uns des autres se fissent monts aigus et
commençassent à se sécher plus ou moins grandes selon
que, l'eau s'écoulant, ces collines et à créer les pierres les
en ci)uches
épaisseurs des fanges que les fleuves auraient portées dans
mer avec leurs déluges. » Albert admet que c'est le centre de gravité de la terre ferme qui occupe le centre du Monde; la présence de l'eau en
la
certaines parties de la surface qui termine la terre solide, son
absence en d'autres parties de cette X.
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
même
surface ne sauraient
foi. ii, verso.
ÉTLDES SUR LEONARD DE \I^Cl
32
déranger ce centre de gravité. Léonard de Vinci
a-t-il
admis
cette théorie?
Léonard
rénonce
^
connaît
sur
principe
le
en résumant Albert de Saxe:
lequel a
elle
repose;
Aucun élément simple
n'a de légèreté ni de gravité dans sa propre sphère,
parce que cet air est condensé; et
de
telle
et si la
aux balances qu'étant vide,
vessie pleine d'air pèse plus
le feu
il
c'est
pourrait se condenser
façon qu'il serait plus lourd que
ou égal
l'air
à l'air,
plus lourd que l'eau et devenant égal à la terre.
et peut-être
Mais de ce qu'il a connu de cette théorie, point qu'il
l'ait
en tout cas,
adoptée;
il
n'a pas
il
»
n'en résulte
admis sans
conteste le corollaire qu'Albertutius en avait prétendu tirer.
La modification laire est d'ailleurs
pas lège
la partie ;
il
semble disposé à apporter à ce corol-
qu'il
bien singulière
du globe
principe d'Archimède. Voici
((
opinion
il
pense que l'eau n'alourdit
qu'elle recouvre, mais, au contraire,
regarde cette proposition
cette étrange
;
le
comme une
passage 2
l'al-
conséquence du
oii se
trouve exposée
:
Si la Terre couverte
par
la
sphère de l'eau
est
plus ou moins
grave qu'étant découverte. Je réponds que ce grave pèse plus
Donc
qui est en milieu plus léger. est plus
l'air
Deux
petits
la terre
qui est couverte par
grave que celle qui est couverte par
l'eau... »
croquis représentent des pyramides, en parties
immergées dans une côté de ces croquis,
on
sphère liquide, en partie émergées; à lit
«
:
Je dis que le centre de gravité de
pyramide étant placé au centre du Monde, cette pyramide changera de centre de gravité si elle est ensuite en partie cou-
la
verte par la sphère de l'eau
poids cylindriques égaux
dans l'eau reste à
prouvé.
et
et
;
et
donnes-en exemple avec deux
semblables dont l'un
soit à
moitié
Tautre tout dans cette eau. Je dis que celui qui
moitié hors de l'eau est plus grave,
comme
il
est
))
A une théorie formellement contraire aux lois de rHvdrostatique, Léonard de Vinci en a substitué une autre qui ne s'accorde pas 1.
j.
mieux avec
les
principes de cette science. Nous
Les ManuscrUs do Léonard do Vinci, ms. F, fol. O9, verso. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, nis. F, foL 0(j, recto.
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE
mieux
allons voir que le grand peintre fut souvent soit qu'il se
33
VI?» CI
proposât simplement de développer
d'Albert de Saxe, soit qu'il rejetât les doctrines
inspiré,
les
du
pensées
scolastique
en faveur de théories nouvelles.
IV
Ce que Léonard de Vinci a ajouté aux théories d'Albert de Saxe
Léonard de Vinci a donc étudié et
les
Quœsliones
Mando composées par Albert de Saxe
;
il
in libros
ne
de Cœlo
point étu-
les a
diées en lecteur attentif, désireux de pénétrer très complète-
ment il
la
pensée d'un auteur
et
de se l'assimiler très exactement;
avec un sens critique toujours en éveil, avec
les a étudiées
une imaginalion toujours prête à enfanter des hypothèses nouvelles, avec une habileté de géomètre et un talent d'observateur toujours disposé à enrichir les doctrines d'Albert de Saxe ou à leur substituer des théories différentes.
Les discussions que développe Alberlutius suggèrent à Léo-
nard des problèmes nouveaux. Ainsi le vieux maître en Sorbonne examine, après Aristote, cette question
I
deux mondes semblables, con-
Peut-il exister
:
struits
autour de deux centres distincts? Bien qu'avec
sophe,
il
tienne pour la négative,
le
Philo-
examine quelques corollaires
il
de l'hypothèse affirmative.
En chacun de terre; ces
même à deux le
deux
ces
deux mondes semblables,
terres de
l'égard des centres des
terres aurait
centre
tendance à
du monde au
chacune de ces deux d'elles, si
I.
on
l'écartait
nature se comporteraient de
deux mondes; se
y aurait une
c
chacune de ces
mouvoir non seulement vers
sein duquel elle se trouve, mais aussi
vers le centre de l'autre
(Ed.
même
il
monde;»
terres
« il
n'en résulte pas que
tendrait vers
l'autre;
du centre du monde auquel
chacune
elle
Albcrti de Saxonia Quœstiones in libros de Cœlo et Mando; in librum vol \ (Ed. i5i8).
I
appar^
qua^stio XII
i/,(ja)
p.
DLllEM.
3
ÉTUDES SLR LEONARD DE VINCI
34
non
dirigerait vers ce centre et
se
tient,
qu'elle est plus
rapprochée de celui-là; mais
comme un morceau
en équilibre entre eux,
lui arrivait
s'il
deux centres,
d'être placée à égale distance des
parce
vers l'autre,
elle se tiendrait
de
fer
entre deux
aimants qui l'attireraient également». ayant lu ce passage, se pose d'autres questions
Léonard,
analogues à celle qu'a examinée Albert de Saxe. Le premier
problème qui
son attention
sollicite
^
concerne
le
mouvement
d'un grave qui parcourt la perpendiculaire menée à la ligne de jonction de deux centres par ((
Donnés
les
Vun de Vautre, vité soit
milieu de cette ligne.
le
deux mondes sans éléments,
centres de
donné un grave uniforme dont
et
également éloigné des deux
étant laissé tomber, quel sera son »
Il
longtemps
ira
dits centres,
le
centre de gra-
puis un
chacun des deux ligne de son
Léonard 2
mouvement.
chacun des
une égale distance de
au plus prochain lieu qu'ait
la
»
analogues se présentent à
l'esprit
de
:
Donné que
((
s'arrêtera à
il
dits centres,
D'autres questions
grave
mouvant avec un mouvement ayant
se
finalement,
et
tel
mouvement?
toute partie de sa longueur également distante de centres,
très éloignés
serait le contact
de deux corps terrestres avec
leurs éléments, quelle figure prendraient les éléments à leur
contact?
Donné un grave sphérique au contact de
»
l'élément
du feu
avec l'autre élément du feu, qui pèse autant vers l'un des centres
de
tels
éléments que vers
le
grave descendra obliquement
deux corps
terrestres...,
et
centre des autres éléments, ce
et se
posera sur
le
contact des
son mouvement sera oblique.
Léonard entend par ces derniers mots que
la trajectoire
»
de ce
grave, dirigée suivant une perpendiculaire à la ligne qui joint les
deux centres, ne sera verticale ni pour l'une ni pour
l'autre
des deux terres en contact.
Les problèmes
relatifs à l'action
fixes étaient destinés à I.
À.
simultanée de deux centres
solliciter les efforts des
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 83, verso. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, loc. cit.
géomètres qui
35
ÀLBJikT DÉ SAXE ET LEOiNARt) DE Vl.NCÎ
ont suivi Newton.
A
l'époque où Léonard écrivait ses notes, de
problèmes, loin de pouvoir être résolus, ne pouvaient
tels
même
manière complètement déterminée. posait à lui-même des problèmes mieux
être posés d'une
Léonard
Parfois,
se
adaptés aux connaissances mathématiques qui avaient cours
de son temps
et,
dans ce cas,
en obtenait
il
de ce
la solution;
nombre est la recherche du centre de gravité du tétraèdre. La théorie de la pesanteur développée par Albert de Saxe faisait un constant appel à la considération du centre de gravité des solides; mais la recherche de
presque jamais
immortels
ouvrages,
Archimède
comment on peut déterminer
le
centres de gravité n'avait
Dans
des géomètres.
efforts
les
sollicité
tels
ses
seulement enseigné
avait
centre de pesanteur de figures
planes; assurément, ses recherches sur les corps flottants nous
montrent
qu'il connaissait le centre
de révolution, mais
nous a pas
le
de gravité du paraboloïde
procédé par lequel
été transmis.
il
l'avait
Pappus, tout en donnant
du centre de gravité pour des corps
obtenu ne
la définition
à trois dimensions, n'a
ensuite traité de ce point qu'en des figures planes. C'est seu-
lement au milieu du de
et
Commandin
siècle
xvi'^
que
les
travaux de Maurolycus
ont inauguré l'étude du centre de gravité
des solides. Or, Léonard de Vinci avait, d'un demi-siècle, précédé
rolycus note'
et
Commandin, comme en témoigne
son axe, vers
la
base; et
si
est
cette
intersection aboutira au susdit quart.
telle
dans
le
quart de
tu divises l'axe en 4 [parties] égales,
que tu entrecoupes deux des axes de
et
courte
:
Le centre de toute gravité pyramidale
«
cette
Mau-
pyramide, une
»
Quelle démonstration avait fourni à Léonard de Vinci ce
beau théorème, que Maurolycus devait retrouver seulement en
Nous en sommes réduits, sur ce point, aux conjecque nous suggèrent les figures jointes à l'énoncé. Léonard
i5/^8.^
tures
montrait sans doute que se
le
centre de gravité
trouver sur la ligne qui réunit
gravité de la base opposée; 1.
il'
du
solide devait
un sommet au centre de
reconnaissait alors que ce centre
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol. 5i, recto.
ÉTUDES SUR LÉONARD
36
de gravité
était le
L>E
M.\C1
point de concours des quatre lignes analo-
gues issues des quatre sommets du tétraèdre Il
i.
douteux que ce problème de Géométrie ne
n'est pas
de Léonard à propos de
soit présenté à l'esprit
la théorie
pesanteur donnée par Albert de Saxe; nous avons vu, en
qu'au
moment
les relations
de
de discuter
la
la terre solide,
la
effet,
de son centre de gravité et de
la
un ensemble
remplacée par une pyramide.
pour développer certaines doctrines d'Albert de Saxe,
Ainsi,
Léonard aussi,
la terre était
de
doctrine de cet auteur touchant
sphère des eaux, Léonard de Vinci considérait ^ analogue, où
se
faisait parfois
il
usait
appel à son talent de géomètre; parfois,
observations
des
qu'avaient
accumulées
sa
curiosité de naturaliste et sa sagacité d'ingénieur.
Albert de Saxe avait nettement caractérisé ces deux sortes
de phénomènes géologiques
par
les
eaux
fluviales,
:
d'une part, l'érosion, produite
continents; d'autre part, des oscillations aller jusqu'à
immerger
mer du sol
qui entraîne à la
la
terre
des
qui peuvent
certains continents et à faire sortir de
l'Océan des terres nouvelles, longtemps couvertes d'eau.
Nous avons vu Léonard résumer avec netteté ces doctrines du vieux maître en Sorbonne; nous l'avons vu décrire les
phénomènes d'érosion en hydraulicien qui sement observés
;
les a
minutieu-
n'hésite pas devant les opinions les plus
il
audacieuses d'Albert de Saxe;
il
admet avec
lui
que
les terres
aujourd'hui habitables ont été jadis submergées.
A
l'appui de ces opinions géologiques empruntées à Albert
de Saxe, Léonard
d'établir à la fois les les
des preuves convaincantes,
capables
phénomènes d'érosion qui ont
constitué
cite
dépôts sous- marins et les soulèvements par lesquels ces
dépôts ont émergé de la surface des eaux; ces preuves sont fournies par les roches sédimentaires que l'on observe jusqu'au
sommet
des montagnes et par les fossiles que l'on y trouve.
Avec son inexactitude habituelle, Lihri (Histoire des Sciences mathématiques en t. III, p. fn i84o) dit « La figure qui accompagne sa note prouve que Léonard décomposait les pyramides en plans parallèles à la base, comme on le fait à présent. » Les deux Hgures qui accompagnent la note de Léonard n'olTrcnt aucune trace de cette décomposition; seules y sont tracées les médianes des bases et les lignes joignant les sommets aux points de concours de ces médianes. 2. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. G 9, recto. 1.
Italie,
;
:
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE VINCI ((
Si les
monts
3;
n'étaient pas restés en grande partie décou-
^
verts par les eaux,
les
cours des fleuves n'auraient par pu
mer
porter autant de limon dans la être
'
qu'est celui qui vient à
mêlé à une grande hauteur aux animaux qu'elle a ren-
fermés.
Les
»
coquilles
que nombre de roches sédimentaires ren-
ferment en abondance ont dû,
de toute
antiquité,
attirer
hommes. Mais il fallut bien longtemps pour qu'on y vît la preuve des mouvements du sol par lesquels le fond des mers est devenu terre ferme. En ces simulacres des l'attention des
coquillages qui vivent encore aujourd'hui au sein des mers
on prétendait voir d'étranges dispositions
prises par les pierres
sous l'influence de certaines constellations. Léonard s'élève
avec force contre la puérilité de ((
Et
si
opinions
telles
:
tu veux dire que les coquilles sont produites par la
nature dans ces montagnes moyennant quelle
2
voie
montreras -tu
que
les constellations,
constellations
ces
par
font les
coquilles de diverses grandeurs et de divers âges et de diverses
espèces en »
Et
un même endroit?
comment m'expliqueras -tu
le
gravier
congelé par
degrés à diverses hauteurs des hauts monts, parce que
là
se
trouvent des graviers de diverses régions, apportés de divers
pays par
le
cours des fleuves en cet endroit? Le gravier n'est
pas autre chose que des morceaux de pierre qui ont perdu les angles par leur longue révolution, et par diverses percussions
chutes qu'ils ont eues au
et
les »
ont conduits en ce
Gomment
moyen
des courses des eaux qui
lieu.
prouveras -tu
le
grand nombre d'espèces
très
diverses de feuilles congelées dans les hautes pierres de tels
monts,
et l'algue,
coquilles et
herbe de mer, se trouvant à être mêlée aux
aux sables? Et
ainsi tu verras tputes sortes
choses pétrifiées ensemble, avec des écrevisses de lées et entremêlées de ces coquilles.
Pour
justifier plus
mer morce-
»
complètement
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, lages des montagnes.
de
l'origine qu'il attribue à
1.
fol. 78, "verso.
2.
fol.
80, verso.
En
titre:
Des coquil-
KTUDES SLR LEONARD DE VINCI
38
animaux, Léonard explique par quel
ces débris végétaux et
mécanisme
se sont
formées
l'on peut observer. Citons
montre observateur
se
((
Quand
la
les
de fossiles que
en entier ce fragment i, où Léonard
sagace et
exact
si
:
nature vient à la formation des pierres, elle pro-
duit une qualité
avec
si
les diverses sortes
d'humeur visqueuse
qui, en séchant, se fige
choses qui s'y enferment sans changer ces choses en
mais en
pierres,
les
conservant avec
elle les a trouvées. C'est
pour cela que
forme avec laquelle
la
sont trouvées
les feuilles
entières au dedans des pierres formées
au bas des montagnes,
mélange de diverses espèces que leur ont laissées inondations des fleuves nées au temps des automnes; là, avec
le
les les
fanges des inondations suivantes les recouvrirent, puis ces fanges s'agrégèrent avec la susdite
humeur
en couches de pierres par degrés, selon ((
Tous
les
animaux ayant
ont été couverts par leurs
les
»
poissons pétrifiés
en dedans de leur peau qui
fanges des eaux des fleuves sortis de
ordinaires ont été à la minute imprimés en ces fanges.
lits
Et avec
les
les os
changèrent
degrés de fange.
les
Des os des poissons qui se trouvent dans
et se
temps,
le
maux imprimés
et
les lits
des fleuves étant abaissés,
ces ani-
enfermés dans ces fanges qui ont consumé
leur chair et leurs organes, les os seuls leur restant, leur orga*
tombés au fond de
nisation étant décomposée, ces os sont
quand
concavité de leur empreinte. Et
la
la
fange, par son éléva-
tion au-dessus des eaux, s'est séchée de l'humidité aqueuse,
dans
celte concavité elle a pris l'humidité visqueuse, qui s'est
enfermant avec
faite pierre,
de soi tous
de
tels
les creux.
animaux,
porosités
de
la
conserve
la
En trouvant
même
qui s'y trouvait, remplissant la
concavité de l'empreinte
pénètre subtilement dans
elle
terre
s'échappe... Cette
elle ce
par lesquelles
l'air
Des animaux qui ont
les
os
colimaçons ou huîtres, capes,
trouvait
les
«
buoli
»
— Quand
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
et là
»
au dehors, comme
qui sont d'espèces innombrables. I.
s'y
mêmes
humeur, séchant, se fait pierre légère forme que les animaux qui ont laissé
leur empreinte, et elle en renferme les os. «
qui
les
(9) et les
les coquillages,
de semblables,
inondations des
fol. 80, recto, 79,
verso, et 79, recto.
ALBERT DE SAXE ET LEON AU D DE VINCI
89
fleuves troublés de fine fange la déchargeaient sur les
animaux
qui habitaient sous les eaux voisines des rivages de la mer,
animaux restaient empreints de cette fange et se trouvant beaucoup sous un grand poids de cette fange, ils devaient nécessairement mourir, les animaux dont ils avaient l'habitude de se nourrir leur manquant. La mer s'abaissant avec le temps, ces
;
fange, les eaux salées écoulées, vint à se changer en
cette
pierre; et les coquilles de ces coquillages, dont les
animaux
avaient été consumés, se trouvaient, à la place de ceux-ci,
remplies de fange; ainsi, au milieu de la transformation en pierre de toute la fange environnante, la fange qui était restée à l'intérieur des têts des coquillages
un peu ouverts
s'étant
jointe, par cette ouverture de la coquille, à l'autre fange, vint,
à se convertir en pierre; et ainsi tous les têts de
aussi,
elle
ces coquillages restèrent entre les
deux
pierres, c'est-à-dire
entre celle qui les enfermait et celle qu'ils contenaient.
On en
trouve en beaucoup d'endroits, et presque tous les coquillages pétrifiés
dans
les
rochers des montagnes ont encore leur
naturel, surtout ceux qui avaient assez vieilli
soient
conservés par leur dureté; et
chaux en grande
réduits en
l'humeur visqueuse
En il
les
pour
têt
qu'ils se
jeunes, étant déjà
partie, avaient été
pénétrés par
et pétrifiable. »
écrivant ce fragment, Léonard créait la Paléontologie; et
l'avait écrit
scolastique
pour confirmer
du
les
théories
géologiques d'un
xiv** siècle.
Ce que Léonard de Vinci a opposé aux doctrines d'Albert de Saxe. Inventeur de génie lorsqu'il se propose de confirmer
compléter ni
où
moins il
les
et
de
enseignements d'Albert de Saxe, Léonard n'est
moins heureux, en certaines circonstances doctrines de son prédécesseur pour leur substi-
original, ni
rejette les
tuer des hypothèses nouvelles.
KTDDES SUR LEONARD DE VINCI
f^O
Souvent, en
effet,
il
vieux maître en Sorbonne,
du
à admettre les théories
refuse
se
son refus n'est pas toujours
et
exempt de rudesse. Les Pythagoriciens
parallèle entre les cinq polyèdres réguliers
un
à établir
sait,
Platoniciens se plaisaient, on le
et les
convexes qu'avaient découverts
les
géomètres
composé.
ces simples dont l'Univers matériel était
buaient
cube à
le
le tétraèdre
au
cinq essen-
et les
Ils
attri-
la terre, l'icosaèdre à l'eau, l'octaèdre à l'air,
dodécaèdre à
feu, enfin le
la
cinquième essence,
à celle dont le ciel est formé. Aristote, et Albert de Saxe après lui
montrent, en particulier, que
ils
construits au
parmi
réguliers;
cube
particules ayant la forme de polyèdres
peuvent paver
un réseau dont
autres
;
polyèdres réguliers, deux seulement,
les
et l'octaèdre,
répétition, les
moyen de
les
% rejettent ces doctrines éléments ne peuvent être
les
l'espace et
composer, par leur
aucun vide;
mailles ne laissent
réseaux
des
constitueraient
le
où
resteraient
des
espaces vides que la nature ne peut souffrir.
Ce raisonnement, fort sensé cependant, n'est pas du goût de Léonard. Il prend vivement à partie le docteur scolastique, fidèle interprète, «
De
la figure
en ce
cas,
de l'opinion d'Aristote
des éléments
2,
et
l'opinion de Platon, disant que l'un l'autre avec les figures
:
d'abord contre ceux qui nient si
ces éléments se revêtaient
que met Platon,
il
se produirait
du vide entre l'un et l'autre... De sorte que qui a dit qu'il s'engendre du vide a fait un triste discours. Des cinq corps réguliers^. — Contre quelques commenta))
teurs qui
blâment
grammaires
et
les
les
anciens inventeurs, de qui naquirent les
sciences,
et
inventeurs morts; et pourquoi
se font cavaliers
ils
contre les
n'ont pas trouvé à se faire
inventeurs à cause de leur paresse,
et
comment
ils
ne
s'oc-
cupent de tant de livres que pour continuellement reprendre leurs maîtres par de faux arguments.
Nous avons i .
cité
»
plus haut la réfutation, par Léonard, de
Alberli de Saxonia Quœstlones
in libros
de Cœlo et
Mando;
ol ultinia. •j.
3.
Les Manuscrits de Léonard de A inci, ins. F, Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol. 27, recto. fol. 27,
verso.
libri III qusestio XIII
ALBERT DE SAXE ET LÉONARD DE VINCI
4l
donnée de la tache lunaire point, comme celle qu'on vient de lire,
l'explication qu'Albertulius avait cette réfutation n'est
;
empreinte d'une vivacité qui va jusqu'à
pour garder une forme impersonnelle, nette. C'est qu'à l'explication se proposait d'en substituer
elle
une autre qui avait
elle consistait; selon
presque entièrement recouverte d'eau
vivement
reflétant
la
n'en est pas moins
donnée par Albertutius, Léonard
lumière du
ses préférences.
nous permettent de
Cette explication, quelques fragments
deviner en quoi
mais,
brutalité;
la
Léonard, cet
et
Lune
la
était
océan lunaire,
formait les parties
Soleil,
brillantes de l'astre des nuits; les taches obscures étaient des terres fermes.
un fragment
Voici
mais bien dans et qui,
^
qui ne se trouve pas dans
les feuillets
le
cahier F,
que Libri avait arrachés au cahier B
grâce aux efforts de M. Léopold Delisle, sont redevenus
propriété de
la
Bibliothèque nationale; or, bien des raisons
indiquent que ces feuillets sont postérieurs au cahier F
Prouve comment plus
«
Soleil, plus le Soleil te le Soleil agit
tu seras près de ta cause des rayons
paraitragrand réfléchi sur
par son éclat avec son centre
sance de tout son corps, s'éloignent, plus
il
est nécessaire
aillent s'ouvrant. S'il
ils
la
fortifié
que plus en
mer.
de
la
forme de ce
ce
rayons du
quand
serait
le
couchant, tu verras
Soleil est
au midi
et
le Soleil se réfléchir
—
Si
rayons
ses
est ainsi, toi qui
soleil porter sur la surface
Soleil réfléchi; et si tu es près
du
la puis-
une
es avec l'œil près de l'eau qui réfléchit le Soleil, tu vois
petite partie des
:
du
que
de l'eau
Soleil, la
très
comme
mer
est
au
de très grande forme
sur ladite mer, parce que étant plus près du Soleil, ton œil,
prenant
les
rayons près du point, en prend plus, ce dont
résulte plus l'éclat. la
Lune
est
un
Pour
cette cause,
monde, semblable au nôtre, que la partie est une mer qui réfléchit le Soleil et que
celle qui n'a pas d'éclat est les
une
terre,
o
eaux lunaires formaient une sphère
lisse, cette
I.
on pourrait prouver que
autre
qui en a de l'éclat
Si
il
sphère se comporterait
comme un
parfaitement
miroir convexe
;
Les Manuscrits de Léonard de A'inci. Ms. 2o38 (italien) de la Bibliothèque natio-
nale, fol. i6, verso.
ÉTUDES SUR LEONARD DE YlNCl
43
l'image
du
le reste
de
Soleil y formerait
comment
ainsi
très petite
tache brillante et
demeurerait sans éclat; on ne pourrait
la surface
comprendre
une
la
Lune
tout entière nous paraît
éclairée. ((
De
LaneK
la
Si
— Tu en
l'œil
qu'elle illumine environ la moitié de la boule,
bien
ne voit qu'une petite partie de sa surface
cela,
demeure
reste
même
polie,
pour
invisible, l'œil étant éloigné de la boule.
dense,
et
comme
si
elle
corps qui
sont les
était réflé-
»
On comprend, au
comme
les
rident la surface
;
lumière solaire
contraire,
que
Lune nous
la
paraisse
admet que les océans lunaires sont nôtres et que des vagues nombreuses en ces mers houleuses diffusent en tout sens
entièrement éclairée
«
ténèbres qui l'entourent;
arriverait à la surface de la Lune,
luisante
chissent.
agités
les
et tout le reste
n'y paraît que le simulacre de la lumière, et tout
il
Cela
la
sur une petite partie de sa
ténèbres avec une lumière placée loin
les
de cette surface réfléchit
le
et
verras la preuve en prenant une boule d'or
bruni placée dans d'elle;
simulacre du
est polie et sphérique, le
puissamment lumineux,
Soleil y est
surface.
elle
si
l'on
:
Des rayons solaires réfléchis ^ sur
font paraître le simulacre
du
soleil
la surface
être
de l'eau ondulée
constamment dans
toute l'eau qui est entre l'Univers et le Soleil. »
Léonard revient à plusieurs reprises 3 à Soleil lois
dans une eau houleuse.
de cette réflexion,
ment de
((
cherche à expliquer, par
les particularités
'i
qui a immédiatement
I.
3.
Les extrémités de
la
^.
l'éclaire-
trait
à
Lune sont plus illuminées
Les Manuscrits de
Léonard de Vinci, ms. F, Léonard de Vinci, ms, F, Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, Les Manuscrits de
verso, fol.
les
cette
:
montreront plus lumineuses parce
a.
que présente
du
Lune.
un fragment
Voici théorie
la
Il
cette réflexion
verso et roclo. Les Manuscrits de Léonard de A inci,
qu'il n'y apparaît
et
se
que
les
fol. 98, recto,
fol. 38,
verso.
fol. Sg, recto, fol.
(î3,
nis. F, fol. 77, verso.
Or, verso, fol. Ga,
ALBERT DE SAXE ET LEONARD DE M\CI
sommets des ondes de
ses eaux; et les
43
profondeurs ombreuses
des vallées de telles ondes ne changent pas les espèces de ces parties lumineuses qui viennent des extrémités des l'œil.
ondes à
y>
Nous savons que
cette
explication de la clarté lunaire n'est
point celle qu'admet Albert de Saxe; selon lui», la Lune est
un
translucide analogue à l'albâtre. Mais de
solide
Léonard adopte une opinion qui il
n'est point celle d'Albertutius,
n'en résulte pas que sa propre opinion ne lui
suggérée parla lecture des Questions sur
germe de
ce que
pas été
ait
De cœlo. Que
le
cette
on en sera convaincu si l'on compare les divers fragments que nous venons de citer, avec ce passage, composé par le Maître en Sorbonne lecture ait été le
sa théorie,
:
y a doute au sujet du procédé par lequel la Lune
« 11
reçoit sa lumière
du
Soleil.
Il
y
à cet égard,
a,
plusieurs
opinions. »
Certains disent que la surface de la
Lune
est
parfaitement
lisse,
sans nulle aspérité, en sorte qu'elle réfléchit bien vers
nous
la
lumière du
sont réfléchies par cette réflexion
de
Soleil, tout
comme
un miroir bien bruni la
diverses couleurs
les
et
bien poli
;
lumière solaire à sa surface que
par
c'est la
Lune
nous paraît lumineuse. «
Mais cette opinion n'est pas recevable
lisse et
;
sans doute
bien poli réfléchit les rayons vers l'œil; mais cette
réflexion ne provient point de toute partie
miroir en est un exemple patent. Lorsque
du corps
ma
devant un miroir, chaque partie du miroir
lisse.
Le
figure se trouve
me
réfléchit
une
un rayon venant de ma figure mais n'importe partie du miroir ne renvoie pas à mon œil n'importe
espèce ou quelle
un corps
;
quel rayon
;
telle partie
me
renvoie
En
tel
rayon
autre
et telle
pour qu'une partie du miroir me renvoie un certain rayon, il faut que ce rayon qui, venu de ma figure, tombe sur le miroir et le rayon qui partie,
tels
parvient à
autres rayons.
mon
effet,
œil forment, à la surface du miroir, des angles
d'incidence et de réflexion égaux entre eux. Or, cela n'a point I.
tio
Alberti de Saxonia Qaœstiones in libros de Cœlo vel \X (Ed, i5i8).
XXII (Ed. 1492)
et
Mundo;
in
librum
II
quoes-
KTTIDES SUR Tj':0>l\RD DE YfNCl
t\t\
en toute partie du miroir... Si donc
lieu
du
vers nous la lumière
comme un
la
Lune
réfléchissait
Soleil de ladite manière, c'est-à-dire
Lune
miroir, sans doute la surface entière de la
pourrait bien nous offrir une faible clarté
mais nous ne per-
;
cevrions de clarté intense qu'en une petite partie,
que
telle
l'angle d'incidence soit égal à l'angle de réflexion vers notre œil.
Mais peut être fera-ton une objection à ce raisonnement.
»
lumière du Soleil frappe un mur, ce
Si la
éclairé en toute sa surface et
mur nous semble
non pas seulement au point qui
correspond à un angle de réflexion égal à l'angle d'incidence. Celte objection est sans valeur.
comme du
Il
corps de la Lune. Grâce aux rugosités de
une foule de
parties
notre œil; dès lors, paraît éclairée. Mais
la surface,
du mur peuvent réfléchir des rayons à une large étendue de la muraille nous
si la
un miroir ou comme
mur
n'en est point de ce
le
paroi était parfaitement lisse
corps de
Lune,
la
les
comme
rayons solaires,
en frappant ce mur, ne l'éclaireraient point vivement en toute sa surface,
mais seulement en un point où
venant du Soleil l'œil
et le
le
rayon incident
rayon que l'on supposerait réfléchi vers
donneraient des angles d'incidence
de réflexion égaux
et
entre eux. Gela se voit fort bien en une eau tranquille. Seule,
une
avec intensité si
de
petite partie
l'on
d'être
agite
la
de cette eau nous représente
la surface
lumière du Soleil ou d'un autre
quelque peu
parfaitement
lisse,
Mais
astre.
la
surface de cette eau, elle cesse
et
la
lumière du Soleil nous
est
renvoyée avec intensité par une région bien plus étendue de cette surface.
»
Voilà, bien reconnaissable déjà, le
sance
à la théorie
germe qui donnera
de Léonard.
Selon cette théorie, la Lune, avec océans, est donc la
Lune
est
pour
nais-
un corps semblable la Terre, la
ses
continents et
ses
à notre Terre; ce que
Terre doit
l'être
pour
la
Lune.
La pensée de Léonard de Vinci semble avoir été longuement préoccupée de ce parallélisme; de cette préoccupation, les notes consignées au cahier F nous apportent maint témoignage « I.
Prouve' comment
tu étais dans la
si
Les Manuscrits do [.('onard de
\
:
Lune ou dans une
inci, n»s. F, fol. ()3. recto.
ALIiERT DE SAXE ET EÉO.NARD DE VINCI
étoile
notre Terre
fait la
Lune.
te
/|5
que
paraîtrait faire, avec le Soleil, l'office
»
«La Lune
des jours et des nuits
a
I
comme
Terre; la
la
nuit dans la partie qui ne luit pas et le jour dans celle qui luit. Ici, la
nuit de la
de son eau.
Pour
Lune
voit la lumière de la Terre, c'est-à-dire
»
la Terre,
comme pour
la
réfléchissent surtout la lumière
Lune, ce sont
du
océans qui
les
Soleil, tandis
que
les conti-
nents demeurent plus sombres; l'hémisphère que nous habitons doit
donc
peu
éclairer fort
la
Lune;
il
l'éclairait
davantage à
em-
l'époque où, selon la théorie géologique que Léonard
prunte à Albert de Saxe, cet hémisphère ((
Comment
la
couvert d'eau
était
:
Terre ^ faisant office de Lune, a perdu beau-
coup de l'antique lumière dans notre hémisphère par sement des eaux,
comme
est
il
prouvé au
monde et des eaux. » La Lune n'éclaire pas seulement de dominatrice des humidités,
monde, sur toute chose
elle
la
l'abais-
livre quatre
Terre
;
:
Du
en sa qualité
exerce son influence, en ce
froide et
humide;
l'unanime
c'est
croyance des contemporains de Léonard. La Terre doit exercer
une influence semblable sur «
Mon
livre
3
les
fait,
moyennant
monde en manière de Lune, prouve.
«
Lune
((
L'eau est froide
froide et
n'est
et
le Soleil,
resplendir notre
aux plus éloignés paraît une
))
humide et
».
humide. Notre mer a sur
influence telle que celle de la
La Terre
:
pour objet de montrer comment l'Océan,
a
avec les autres mers,
étoile, et je le
humidités lunaires
donc
Lune sur nous
plus, dans l'Univers,
la
Lune une
».
un corps excep-
tionnel par sa nature, ses dimensions, son importance; est
analogue à
étoiles.
la
Lune
et aussi^
Léonard vient de
Les étoiles n'ont point de
le dire,
lumière propre;
elle
aux
toutes,
grâce aux eaux qui les recouvrent, elles réfléchissent vers nous la
lumière du
1.
a. 3.
Soleil.
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 6/j, verso, Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, foL 69, verso. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 9/i, verso.
ÉTUDES SLR LEONARD DE VlNCl
46
Saxe qui a suggéré à
C'est encore la lecture d'Albert de
Léonard son opinion sur remarque' que
Moyen-Age
et six raisons militent
Les astres autres que
du
Soleil
Il
le
les étoiles
Lune, leur lumière du Soleil; Avicenne,
la
une lumière propre.
aient
opinion.
veut que toutes
attribuait à Aristote,
au contraire,
pas que
des Éléments^ apocryphe arabe que
le livre
comme
tiennent,
Non
stellaire.
bien fortement cette
affirmé
scolastique ait
le
lumière
la
te
Bref
«
en sa faveur, veut qu'elles
», ajoute-t-il, a
Soleil et la
Lune
cette question
tiennent-ils leur lumière
comme un problème
peut être regardée
:
neutre
;
les
Ton donne en faveur d'un parti sont aisées à réfuter comme celles que l'on donne en faveur de l'autre. Donc, par amour d'Aristote, prince des philosophes, je réfuterai les raisons que
six objections déjà faites contre l'opinion d'Aristote,
de l'opinion toutes
d' Avicenne,
soient planètes
ou
avec Aristote, j'admeltrai que
et,
autres que
étoiles,
les
en faveur
Soleil
le
et
la
Lune, qu'elles
lumière du
étoiles fixes, tirent leur
La réfutation donnée par Albert de Saxe
est
Soleil.
souvent
»
insuffi-
sante; Léonard s'emploie à la corroborer, et ses raisons sont
d'une saine Physique.
tirées
La première objection d'Avicenne termes
par
s'éloignent
Albertutius
du
Soleil, les étoiles devraient
comme
en forme de croissant,
marquerait surtout en Vénus
du
et
la
Lune;
prendre une figure
et cette
apparence se
en Mercure qui sont au-dessous
Soleil. »
Vénus lumière du
Voici la réponse d'Albert: telle
transparence que
astres et la
formulée en ces
Selon qu'elles s'approchent ou
«
:
était
Lune.
nard ^ ((
est
la
en imbibe toutes »
«
et
Mercure sont d'une
Soleil s'incorpore à ces
les parties^ ce
qui n'a pas lieu pour
Cette réponse laisse fort à désirer. Celle de Léo-
autrement satisfaisante
et
conforme à
la vérité
:
Pourquoi tout lumineux de figure longue à longue
tance parait-il rond?
en advient ce qui a
Il
n'est
lieu
dis-
jamais parfaitement rond, mais
pour
le
dé de plomb qui, battu
1. Albcrti de Saxonia Quxstiones in Ubros de Cœlo et Mutidn; in lihruiii \Xll(l':d. 149:0 vci XX (Ed. i5i8j. a. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. K, fol. 6^, rcclo.
II
il
et for-
quavslio
ALBERT DE SAXE ET LÉONARD DE VINCI
tement écrasé, à
se fait
47
de forme circulaire. Ainsi celte lumière
longue distance acquiert tant de largeur en tout sens que, ce
qui a été acquis étant égal,
pour rien relativement à
formément que
le
premier fonds de lumière compte
cet acquis, et
le fait paraître
pour cela l'acquis uni-
rond. Et ceci est bon pour prouver
cornes de toute étoile ne sont pas sensibles à longue
les
distance.
»
C'est encore par la transparence de
Vénus
qu'Albert de Saxe résolvait cette objection
Vénus
et
:
de Mercure
Supposons que
«
Mercure, qui sont moins élevés que
et
n'aient
le Soleil,
point de lumière propre, mais qu'ils tiennent leur lumière Soleil; lorsque
Vénus ou Mercure s'interposent entre notre
œil et le Soleil, la
Lune Mieux Si
devraient éclipser cet astre,
ils
qu'on ne voit pas.
et c'est ce
instruit des
Léonard
tius, ((
;
du
écrit
les étoiles
^
eff'ets
de
la
comme
fait
»
lumière que ne Test Albertu-
:
ont la lumière
da
Soleil
ou de
qu'elles ont la lumière de soi, alléguant
soi.
que
—
Ils
Vénus
disent
et
Mer-
cure n'avaient pas de lumière propre, quand ces étoiles
s'in-
terposent entre
notre
œil et le
Soleil,
si
elles
obscurciraient
autant de ce Soleil qu'elles en couvrent pour notre œil. Ceci est faux,
dans
le
comment l'ombreux,
parce qu'il est prouvé
lumineux,
couvert par les rayons laté-
est ceint et tout
raux du reste de ce lumineux,
démontre ton que quand
et
devient ainsi invisible. Ainsi
le Soleil est
vu par
a lieu
pour
les susdites
elles-mêmes sans
éclat,
la
ramification
rameaux n'ocpour nos yeux. La même chose
des plantes sans feuille à longue distance,
cupent aucune partie du Soleil
placé
les
planètes qui, bien qu'elles soient par
comme
n'occupent,
du Soleil pour notre œil. » Léonard continue en ces termes Ils disent que les étoiles dans
il
est dit,
aucune
partie
:
((
la nuit paraissent avoir
d'autant plus d'éclat qu'elles sont plus au-dessus de nous, et
que
si
elles n'avaient
la Terre,
pas de lumière propre, l'ombre que
qui s'interpose entre elles et
le Soleil,
fait
viendrait à les
obscurcir, ces étoiles ne voyant pas le corps solaire et n'en I.
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol. 57, rcclo.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
48
étant pas vues. Mais ceux-ci n'ont pas considéré que l'ombre
pyramidale de
pour
la
Terre n'atteint pas beaucoup d'étoiles et que,
celles qu'elle atteint, la
occupe peu du corps de
pyramide
l'étoile;
reste
le
diminuée
est si
qu'elle
illuminé par
est
le Soleil. »
Ce passage était destiné à répondre à une objection d'Avicenne qu'Albert de Saxe formulait en ces termes » Par inter:
position de la Terre entre le Soleil d'une part, et Mars, Jupiter
ou Saturne d'autre
part,
il
devrait y avoir éclipse ou extinction
de Mars, de Jupiter ou de Saturne.
Tombre de situés au delà du
répondu que
déjà
jusqu'aux astres
«
A quoi
»
Albertutius avait
Terre ne s'étendait pas
la
Soleil.
»
Quelle est la grandeur de ces étoiles, qui sont semblables
de nature à
Terre
que par
éclairées Elles
la
et à la
Lune
comme
et qui,
elles,
ne sont
le Soleil?
nous semblent extrêmement
petites,
parce qu'elles sont
très éloignées
de nous; mais
que
Les plus grosses cependant sont d'une extrême
la Terre.
petitesse par rapport ((
la
presque semblable à
de beaucoup plus grosses
est
à conclure la
Lune,
que
»
Si lu les
fine aiguille,
et
prouveras
tu
et ainsi
un discours
d'étoiles, selon les auteurs.
regardes 3 les étoiles sans rayons
voyant par un
Terre est une
la
noblesse de notre Monde; et ainsi tu feras
grandeurs de beaucoup
en
en
aux dimensions de l'Univers.
Tout son discours^ a
étoile
il
»
(comme on
petit trou fait avec l'extrême pointe
placé jusqu'à toucher l'œil),
tu
des
le fait
d'une
verras ces
minimes qu'aucune chose ne puisse paraître moindre, et vraiment la longue distance leur donne raisonnable diminution, bien qu'il y en ait beaucoup qui soient un très grand nombre de fois plus grandes que l'étoile formée par étoiles
la
être
si
Terre avec l'eau. Pense maintenant ce que paraîtrait notre
étoile à
une
on mettrait
si
grande distance,
d'étoiles, et
étoiles qui sont
et
puis considère combien
en longueur
et
en largeur, entre ces
semées dans l'espace ténébreux,
I. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, nns. F, fol. 56, recto. Ordre pour prouver que la Terre est une étoile. a. I.es Manuscrits de Léonard (}e Vinci, nis. F, fol. 5, recto.
n
—
Cf. fol.
35, verso:
ALBERT DE SAXE ET LÉONARD DE VINCI
Le globe ciel,
un
étoiles
buer à
terrestre est
u
donc une des innombrables
astre semblable à la
Lune
aux planètes,
et
Terre
la
un
lieu spécial et privilégié
qu'elle réside au centre
de l'antique hypothèse géocentrique
Comment
Terre
la
^
il
lors, attri-
dans l'Univers,
du Monde? C'en
serait sur la
Lune, autant
même
que
office
lui
et
elle est
Soleil, autant paraîtrait notre
:
ses
sont unis. Et pour qui
au-dessus de nous avec
le
Terre avec l'élément de l'eau,
fait la
Lune pour nous.
»
déchue de ce rang exceptionnel où
Si la Terre est
est
pas au milieu du cercle du
n'est
éléments, qui l'accompagnent
du
est des
au milieu du Monde, mais bien au milieu de
Soleil, ni
faisant le
étoiles
et
beaucoup plus importantes; comment, dès
comment supposer fait
49
la mettait
l'hypothèse géocentrique, quel astre doit prendre cette place
La réponse que Léonard eût faite à cette question ne saurait être douteuse pour nous; selon lui, l'astre central est
délaissée?
assurément
le Soleil
de cet Éloge du «
;
Soleil ^
n'est-ce point la conclusion qui découle ?
Les raisons de sa grandeur
quatrième
livre,
de sa vertu, je
et
les réserve
mais je m'étonne bien que Socrate
ait
au
blâmé
ce corps-là et qu'il ait dit qu'il était à la ressemblance d'une pierre ardente; et certes, qui le tira d'une telle erreur n'eut
guère
Mais je voudrais avoir des mots qui
tort.
me
servissent
blâmer ceux qui trouvent plus louable d'adorer les hommes que ce Soleil, car je ne vois pas dans l'Univers un corps de plus grande grandeur et vertu que celui-là, dont la lumière à
illumine tous les corps célestes qui se trouvent dans l'Univers.
âmes descendent de lui, parce que la chaleur qui est dans les animaux vivants vient des âmes. Il n'y a aucune autre chaleur ni lumière dans l'Univers, comme je le »
Toutes
les
montrerai dans adorer et
les
quatrième livre;
hommes pour
de semblables, ont
que quand il
le
fait
I.
une
même l'homme
paraîtrait semblable
3.
dieux,
à
et certes,
comme Jupiter,
très
DUHEM.
Saturne, Mars,
grande erreur, puisqu'on voit
serait aussi
grand que notre monde,
une minime
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, Les Manascrits de Léonard de Vinci, ms. F, p.
ceux qui ont voulu
étoile, laquelle paraît
fol. tii,
verso.
fol. 4, recto. A
ETUDES SUR LEONARD DE VlNCl
5o
un point dans
hommes
l'Univers, et qu'on voit encore ces
mortels, putrescibles et corruptibles dans leurs sépultures. Pareils accents
en l'honneur du
»
source de toute
Soleil,
lumière, de toute chaleur et de toute vie, se retrouvent dans les écrits
En
du plus ardent
i5o8, alors
méditations sur trois
années
(i
le
disciple de Copernic, de Kepler.
que Copernic commençait seulement
système du Monde, qui devaient durer vingt-
607-1 53o),
Léonard de Vinci
En nets
du Monde,
i5o8, également,
touchant
il
l'origine
était déjà
parvenu
déclarer que la Terre
à rejeter l'hypothèse géocentrique, à n'est ni au centre
ses
ni au centre
du
du
cercle
Soleil.
avait formulé les principes les plus
des fossiles;
et
ces
ne
principes
devaient être énoncés de nouveau que par Bernard Palissy,
dans des cours donnés à Paris en 1675. Certes,
Léonard a bien mérité
initiateur de la pensée
moderne
d'être
appelé'
a
grand
le
».
Mais lorsque Léonard analysait
si
exactement
les
divers
modes de formation des fossiles, il avait pour objet de prouver une thèse sur l'érosion et les mouvements du sol, thèse formulée par Albert de Saxe. Lorsqu'il chassait la Terre du centre du monde, il le faisait en vertu d'une théorie sur la tache qui paraît dans la
Lune;
pour
et cette théorie avait été construite
supplanter celle qu'Albert de Saxe avait donnée. Ainsi,
au
moment
riiême où
il
se faisait l'initiateur
de
pensée moderne, Léonard de Vinci demandait sa propre tiation
ini-
aux Commentaires sur Aristote qu'Albertutius avait
exposés au xiv"
siècle,
en sa chaire de
la
Sorbonne.
Peut-on souhaiter preuve plus saisissante de
la continuité
selon laquelle se développe la Science? Peut-on, par
ment plus convaincant, expliquer
la
un argu-
réfuter l'erreur de ceux qui pensent
genèse de nos connaissances sur
qu'ils font abstraction et
la
de ce
mouvement
le
Monde,
alors
intellectuel, intense
prolongé, que fut la Scolastique.^ I.
Félix Uavaisson,
Rapports sur
les
La Philosophie en France au XlX' progrès des Lettres et des Sciences, 1868).
siècle, p.
5
(Recueil de
II
LÃ&#x2030;ONARD DE VINCI ET
VILLALPAND
LÉONARD DE VINCI ET
VILLALPAND
Comment
se sont répandues les pensées
de Léonard de Vinci.
Lorsqu'en 1797, Venturi eut annoncé que Ton retrouvait, dans les manuscrits de Léonard de Vinci, quelques-unes des lois essentielles
de
la
Mécanique moderne,
sieurs géomètres dut se
la surprise
mêler d'un regret. Sur certains points,
grand peintre avait devancé Galilée d'un
le
pu, de son vivant, publier des poids qu'il préparait; cation, les
fragments
de plu-
du mouvement
le Traité
si,
qu'il
siècle.
du moins, laissait
avait
S'il
et le Traité
à défaut de cette publi-
avaient
pu
être
connus
aussitôt après sa mort, quelle impulsion aurait reçue la
Méca-
nique! Galilée, Simon Stevin, Descartes, eussent, au début de leurs travaux, trouvé cette science plus avancée d'un stade sur
chemin du progrès; par un effort égal à celui qu'ils ont donné, ils eussent pu la mener plus loin qu'ils ne l'ont réellement conduite tout le développement des sciences positives le
;
en eût
été hâté. Ainsi l'oubli, à
jamais déplorable, dans lequel
sont demeurées, pendant des siècles, les pensées de Léonard
principes de la Mécanique a imposé à la
de Vinci touchant
les
marche de
humain un irrémédiable
l'esprit
retard.
L'opinion que les pensées scientifiques, souvent des, de
si
profon-
Léonard sont demeurées absolument inconnues
qu'au jour
011
Venturi
les révéla; qu'elles
quent, influer à aucun degré sur
le
jus-
n'ont pu, par consé-
développement de nos
connaissances; que, dès lors, rhistorien des Sciences, soucieux
de
la
marche générale de
l'esprit
humain, n'a point à en
tenir
ETUDES SUU LEONARD DE VINCI
54
compte;
cette
opinion, dis -je, est presque
universellement
admise.
Eugène Mûntz exprime
Cette opinion est celle que M. ces termes «
^
en
:
La gloire de notre grand Léonard a
ceci de particulier
ne saurait porter ombrage à n'importe quel savant de
qu'elle
nos jours.
de ses manuscrits permet de reculer de
Si l'étude
deux, parfois
même
de trois ou quatre
de découvertes capitales, restent pas
moins
les
siècles, la date
de tant
droits de ses successeurs n'en
intacts. Je m'explique. Les
manuscrits du
Maître étant restés inédits jusqu'à ces dernières années, cha-
cune des seconde
lois qu'il a établies foise
Quelque
ou devinées a dû
être trouvée
pour
flatteuses qu'aient été
sa
ces confirmations spontanées, dont la plupart se
duites
si
longtemps après sa mort,
ne diminue en rien
aux mêmes
arrivés
sont pro-
;
ils
sont
résultats par des voies diff"érentes et n'ont
pas à compter avec
prendre date.
mémoire
l'antériorité de ses litres
mérite de ses successeurs
le
une
lui,
du moment où
il
avait négligé de
»
A rencontre
de cette opinion, M. E. Wohlwill a émis^, très
incidemment, l'hypothèse que
les
découvertes de Léonard de
Vinci avaient pu exercer quelque influence sur les recherches
poursuivies en Mécanique par Cardan et par Tartaglia.
L'étude approfondie des écrits sur la Mécanique qui furent
composés au
nous a conduit à énoncer une conclu-
xvi° siècle
sion toute semblable;
nous
il
a
semblé
3,
notamment, que
la
marque de Léonard de Vinci se retrouvait, très reconnaissable, en mainte proposition de Jérôme Cardan et de Jean- Baptiste Benedetti.
Nous nous proposons d'apporter aujourd'hui une preuve qui nous semble particulièrement nette de l'influence exercée par
Léonard de Vinci sur seurs 1.
2.
les théories
notre objet est de montrer
;
comment
les
ses succes-
théorèmes sur
Eugène Mûnlz, Léonard de
Vinci, l'artiste, le penseur, le savant, p. 3o6, Paris, 1899. E. Wolilwill, Die Entdeckung des Bcharrungsgeset:es {Zeilschrift fiir Vôlkerpsy-
chologie iind Sprachivisscnscliaft, 3.
mécaniques de
P.
Duhcm,
Questions scientifiques,
Jordanus
:
Band XIV,
Les Origines de 3* série,
Guido Ubaldo
et
t.
en note; i883). Jérôme Cardan (Revue des Chapitre X La réaction contre IV, octobre igoS). la
p. 380,
Statique. Chapitre III
Benedetti (ibid.,
—
3* série,
t.
:
:
VI, octobre 1904).
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND le
55
centre de gravité, attribués par Mersenne à Villalpand, ont
été,
en
empruntés par Villalpand à Léonard de Vinci.
réalité,
marques auxquelles se peut reconnous semble bon d'examiner en peu de
Mais avant d'exposer naître cet
emprunt,
mots comment
il
les
les théories
de Léonard ont pu, en l'absence
de tout livre publié par ce grand sance des savants du xvi^
siècle.
Deux courants ont pu porter qui venaient après lui;
dans
la diffusion
venir à la connais-
artiste,
de Léonard à ceux
la tradition
ces courants prenaient source l'un
des manuscrits du grand peintre, l'autre dans
l'enseignement qu'il avait donné à son Académie de Milan.
Que les manuscrits de Léonard de Vinci aient du xvi** siècle, en butte à un véritable pillage', malheureusement trop certain; on connaît
la
été,
au cours
c'est
un
fait
négligence avec
laquelle s'acquittèrent de leur mission ceux qui avaient la
garde de ce précieux dépôt
:
a
Non seulement
rédigés par le grand peintre ont péri,
perdu aussi
la
plupart des livres où
il
»
dit Libri^,
la propriété
a
mais on a
écrivait ses notes.
sa mort, tous ses manuscrits, ses dessins et
devinrent
ouvrages
les
Après
ses instruments
de François Melzi, son élève, à qui
avait légués. Melzi, qui n'était
il
les
qu'un amateur, plaça ce pré-
cieux héritage dans la maison de Vaprio, près de Milan; ses
descendants n'en tinrent aucun compte, Gavardi, parent d'Aide cette famille,
collection,
le
un
certain Lelio
jeune, et précepteur dans
ayant remarqué qu'on laissait perdre cette belle
déroba
Toscane pour
Manuce
et
les
treize
de
ces manuscrits et les porta en
vendre au Grand- duc François
1"^;
mais ce
prince venait de mourir, et ils furent déposés à Pise, chez Alde^ qui les montra à son ami Mazenta. Celui-ci désapprouva forte-
ment
la
conduite de Gavardi, qui, honteux de sa mauvaise
action, le chargea de rapporter à Milan et de restituer ces
ma-
nuscrits aux Melzi. Horace, alors chef de cette famille, igno-
rant la valeur de ces treize volumes, en lui dit
fît
cadeau à Mazenta
et
qu'on avait oublié dans un coin de sa maison de Vaprio
1. Voir pour l'histoire de ces manuscrits, l'introduction mise par M. Charles Ravaisson-MoUien en tète du premier volume de sa belle publication Les Manuscrits de Léonard de Vinci, Paris, 1881, :
2.
Libri, Histoire des Sciences mathématiques en Italie,
t.
Ill,
p. 33, Paris, i8/jo.
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
56
beaucoup d'autres dessins
manuscrits de Léonard. Plusieurs
et
amateurs obtinrent ensuite
dessins, les instruments, les
les
préparations anatomiques, enfin tout ce qui restait du cabinet
de Léonard. Pompée Leoni, sculpteur au service de Philippe des
fut
mieux
partagés...
»
Les manuscrits qui
lui
II,
furent
donnés sont devenus, après maintes péripéties, le célèbre Codice Atiantico de la Bibliothèque Ambrosienne de Milan. Ainsi, dans le trésor
amassé par Léonard, chacun
fouillait à
sa guise et prenait ce qui lui plaisait. Les traités étaient rete-
nus par ceux qui y prenaient intérêt ou circulaient de main en
main jusqu'à
ce qu'ils fussent égarés; parfois,
un
lecteur plus
soigneux en prenait copie.
Nous savons par Luca
ment achevé dans
la
que Léonard avait complète-
Paciolii
rédaction de son Traité de
la peinture.
Vies des meilleurs peintres^ sculpteurs
ses
et
Yasari,
architectes,
raconte avoir vu ce traité autographe entre les mains d'un
Rome. Cette aujourd'hui perdue. Une grande
peintre milanais qui voulait le faire
rédaction
autographe
partie des minutes au
est
moyen
imprimer
à
desquelles Léonard en avait pré-
paré la rédaction ont été publiées de nos jours par M. Richter. Les nombreuses éditions du Traité de celles
la
peinture données avant
de M. Richter ont pour sources deux copies manuscrites.
La première de ces copies, conservée aujourd'hui à Rome, Bibliothèque Barberini, est xvii^ siècle,
par
le
celle
qui fut
à la
communiquée au
chevalier Del Pozzo, à Roland Fréart, sieur
de Ghambray; ce dernier en donna, en i65i, deux éditions, l'une en italien, l'autre en français, ornées de dessins de Poussin.
La seconde, propriété de
beaucoup plus complète; fois,
la
Bibliothèque Vaticane, est
elle fui
publiée pour la première
en 1817, par Manzi.
L'histoire
du
Traité de la peinture,
que nous venons de
retra-
sommairement, nous montre de quelle manière les idées de Léonard ont pu se répandre au xvi** siècle. Certains traités ont pu, comme celui de la peinture, parvenir plus ou moins intégralement jusqu'à nous; tel l'ouvrage intitulé Del
cer très
:
moto I.
e delta Luca
misura
deW
acqua, qui fut seulement
Pacioli, Divina proportione, fol.
i,
Venetiis, iSog.
imprimé en
LÉONARD DE VINCI ET VÏLLALPAND 1828, à Bologne. D'autres, livrés de
b']
bonne heure
à toutes les
déprédations, ont été perdus.
Léonard, par exemple, avait achevé de
perspective ;
Gellini,
s'était
et
rendu acquéreur de ce
que
celui-ci
en avait
rédaction d'un Traité
dans l'ouvrage
même
rence, en i568, sur le
la
qu'il
publia à Flo-
sujet, dit a plusieurs reprises qu'il traité, qu'il l'avait
prêté à Sarlio,
y a de mieux dans son
tiré ce qu'il
ouvrage.
Cardan, qui a
fait
tant d'emprunts à la Statique et à la
Dyna-
mique de Léonard, mentionne dans son De Subtilitate les recherches anatomiques du grand peintre. Biondo, dans V Éloge de la peinture, paru en i549, mentionne également le Traité d'anatomie
du peintre de
la
Joconde.
Ces divers témoignages, en nous marquant à quelles déprédations les écrits de Léonard furent en butte, nous montrent
avec quelle Il
est
purent être plagiés.
facilité ils
probable que
par un autre canal
;
les idées
de Léonard se répandirent aussi
nous voulons parler de
la tradition créée
par l'enseignement qu'il donnait à son Académie.
Nous ne savons presque rien de 1' « Accademia Leonardi Vinci » que le grand peintre avait fondée à Milan; son existence même a pu être révoquée en doute par M. Uzielli, sans que ce doute, cependant,
d'ailleurs, rencontrât créance. Et
justement M. Eug. Mûntzi,
serait
« il
comme
le dit fort
d'un intérêt capital de
connaître l'organisation de l'Académie de Milan, ne fût-ce que
pour savoir dans quelle mesure ont pu se répandre,
venues à
la
et si
découvertes de Léonard
plusieurs d'entre elles ne sont pas
connaissance de ses successeurs immédiats par
voie de tradition orale. à
les
»
D'autant qu'en général^
considérer les manuscrits de Léonard
ments de l'enseignement Milan.
qu'il
«
on s'accorde
comme
des
frag-
donna devant l'Académie de
»
comprendre comment une théorie de Mécanique, composée par Léonard, a pu être reproduite, sous un nom d'emprunt, vers la fin du Ces
quelques
considérations
font
xvi^ siècle. I.
Eug. Mûntz, Léonard de
Vinci, l'artiste, le penseur,
le
savant, p. aSo.
ÉTUDES SUR I^ÉONARD DE VINCI
58
II
La THEORIE DE l'ÉQUILIBRE DES MERS SELON ArISTOTE, Adraste et Théon de Smyrne, Si
nous voulons constater
très
exactement en quoi
de Léonard de Vinci a été plagiée,
nous
il
quer avec une entière précision ce qui, en en propre au grand
tenait
reconnaître à quelles sources
artiste il
;
la théorie
faut d'abord mar-
cette théorie, appar-
pour
cela,
nous faut
il
avait puisé.
Pour retrouver ces sources, il nous faut rétrograder dans le passé, il nous faut remonter jusqu'à Aristote.
Un ment
très loin
des plus remarquables chapitres du De Cœlo est assuré-
du deuxième
ce XIV® chapitre
prend de prouver
Parmi donnent
ses
la sphéricité
arguments,
la rotondité
de l'ombre de
la
cette observation
il
de la
le
le Stagirite entre-
la Terre.
y a des raisons a posteriori qui nous Terre comme un fait; telle la forme
Terre dans
que
de
où
livre,
les éclipses
de Lune
;
telle
voyageur, s'avançant du Nord au Sud,
voit certaines constellations s'abaisser et disparaître,
que d'autres, qui devant
lui.
lui étaient tout
tandis
d'abord inconnues, se lèvent
Cette observation peut
même
dimensions du globe terrestre
les
encore
et
servir à déterminer
Aristote en
donne une
évaluation qu'il tenait peut-être d'Eudoxei; cette détermination, à
coup
sûr, est fort erronée; elle n'en est pas
moins
la
plus ancienne qui soit parvenue à notre connaissance.
L'étude de la pesanteur fournit à Aristote
un nouvel argu-
ment a posteriori en faveur de la sphéricité de la Terre; Aristote admet que tous les graves tendent au même point, le centre du Monde; or la trajectoire de la chute des corps pesants, la verticale, variable
est toujours
en direction d'un point à l'autre de
normale
celle-ci a
donc
la Terre,
forme
à
sa surface;
la
pesanteur fournit à Aristote un argu-
la
sphérique.
La considération de I.
Cf. p.
Tannery, Recherches sur
l'histoire de
l'Astronomie ancienne (Mémoires de la
Société des Sciences pliysiques et naturelles de Bordeaux, 'y série,
t.
I,
p.
i
lo; iSgS).
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND
ment d'un
un argument
autre ordre,
69
a priori, ce que l'on appe-
de son temps une preuve physique, ce que l'on appelle
lait
aujourd'hui une preuve mécanique; et cette preuve lui paraît
importante qu'il 11
((
faut,
la place
au premier rang.
dit Aristote, «
»
si
que
la
Terre
forme sphérique,
ait la
car chacune de ses parcelles est douée d'une gravité par laquelle
tend au centre du Monde; la moins lourde de deux par-
elle
poussée par
celles voisines,
la
tantôt en haut, tantôt en bas
mée
et finit
;
plus lourde, ne peut se mouvoir
de plus en plus compri-
elle est
par céder à celle qui
la presse
jusqu'à ce que, de
toutes parts, tout grave vienne vers le centre,
Sous une forme bien sommaire passage contient
et
bien vague encore, ce
germe d'une grande
le
développant à travers
les siècles
c'est à la
:
»
vérité qui
ira
pesanteur que
se la
Terre doit sa figure.
De
la
pesanteur de
qu'elle soit sphérique,
ferme, on ne saurait conclure
la terre
mais seulement qu'elle tend à l'être grâce ;
à leur solidité, ses diverses parties s'étayent les unes les autres
gênent en leurs mouvements.
et se
l'eau;
la fluidité
changement de
Il
n'en est pas de
même
de
de cet élément supprime tout obstacle au
figure;
dent au centre du
une eau dont
Monde ne
les diverses parties ten-
saurait être en équilibre
que
sa
une sphère concentrique à l'Univers. fort bien reconnu cette vérité; il a entrepris de
surface ne soit Aristote a
démontrer géométriquement eaux.
si
sphéricité de la surface des
Voici en quels termes, trop concis, le De Cœlo nous
rapporte ((
la
'
sa
démonstration
:
Que la surface de l'eau soit sphérique, cela Ton accepte cette hypothèse la nature de :
est
manifeste
l'eau
est
de
s'écouler vers les lieux les plus bas, et ce lieu est le plus bas
qui est
le
plus voisin du centre.
deux lignes a^
et ay;
joignons
du centre
diculaire ao
courte que l'on puisse sera
I.
donc
le
Aristote,
a
gy. Si
et
effet,
du centre
nous abaissons
a
menons
la
perpen-
sur la ligne ^v, cette ligne sera la plus
mener du
plus bas de la ligne
De Cœlo
En
Mando,
centre a à la ligne py. Le point |3y,
lib. II, cap. IV.
B
en sorte que l'eau coulera
ÉTUDES SUR LÉONARD DE AINCI
6o
de tout côté vers ce point, jusqu'à ce que sa surface toutes parts équidistante
Dans
du
centre...
soit
»
raisonnement d'Aristote
sa brièveté extrême, le
quelque peu obscur. Nous allons
de
est
retrouver sous une forme
le
plus nette dans l'œuvre d'Adraste.
Élève immédiat du Stagirite, Adraste vécut, pense-t-on, de
36o à 317 avant J.-G. Ses écrits sont entièrement perdus. Mais de son enseignement touchant la rotondité de
la Terre,
nous
trouvons une copie ou un résumé très étendu dans un ouvrage de Théon de Smyrne
connue que
;
ce dernier vécut à
^
une époque mal
l'on doit placer entre le règne de Tibère et celui
d'Antonin-le-Pieux.
Pour prouver développant
les
d'Aristote; ((
il
de
la sphéricité
la Terre,
quelques-uns des arguments
et les précisant,
reprend d'abord
La sphéricité de
la
Adraste reprend, en
arguments a
les
posteriori
:
Terre est démontrée par cette raison
que, de chaque partie de la Terre, notre regard embrasse la
moitié du Ciel, tandis que
nous
l'autre moitié,
cachée parla Terre, ne pouvant l'apercevoir... ((
le
jugeons
»
Et d'abord la Terre est sphéroïdale de l'Orient à l'Occident;
lever et le coucher des
ont lieu plus tôt pour
les
mêmes
astres le
prouvent bien;
encore, c'est une
même
éclipse de
un même espace de temps peuvent
sera vers l'Orient, plus vite
Il
Midi;
est »
on
effet,
;
elle se
le
montre
produit dans
pour tous ceux qui
des instants différents; plus on la
verra et plus tôt on en aura
partie... »
encore évident que
en
Lune;
assez court
la voir, elle paraîtra à
vu une plus grande
ils
habitants des régions orientales, plus
pour ceux des régions occidentales. Ce qui
tard
«
la
les
la
habitants
Terre est convexe du Nord au des
contrées
septentrionales
voient des étoiles que les méridionaux n'aperçoivent pas, et
inversement.
A
ces preuves, Adraste ajoute la raison
mécanique donnée
OEQNOÏ IMÏPNAlOr lIAAïtiNIKGÏ tîÔv xarà to [j.aO/][jLaTtxbv xp/)TiVwv el; nXocTwvo; àvâyvwTtv. T. -Théon de Smyrne, philosophe platonicien, Exposition des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon, traduite pour la première fois du grec en français par J. Dupuis; Paris, 1892. Troisième partie Astronomie. I.
TT,v
:
De
la
forme sphorique de
la
Terre, p. 198.
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND
par Aristote; cette raison, termes
la précise et la
il
6l
développe en ces
:
D'ailleurs, tout corps pesant se portant naturellement vers
«
le centre, si
nous concevions que certaines parties de
fussent plus éloignées
du
centre,
il
Terre
la
faudrait nécessairement, à
cause de leur grandeur, que les petites parties qui les entourent fussent pressées, repoussées et éloignées du centre, jusqu'à ce que l'égalité de distance et de pression étant obtenue, tout
qui se soutiennent
même
comme deux poutres mutuellement ou comme deux athlètes de
en équilibre
soit constitué
et
en repos,
mutuellement embrassés.
force qui se tiennent
également éloignées du
différentes parties de la Terre sont
centre, »
En
il
que sa forme
faut
Si les
soit sphérique.
outre, puisque la chute des corps pesants se fait toujours
et
partout vers
et
qu'enfin chaque corps
le centre,
que tout converge vers
tombe verticalement,
le
même
point
c'est-à-dire qu'il
avec la surface de la Terre des angles égaux, on doit
fait
conclure que la surface de la Terre est sphérique.
».
Adraste, jusqu'ici, a paraphrasé, en les précisant quelque
peu, les preuves de
son maître Aristote. et
la sphéricité
Mais,
«
»
de
ajoute-t-il,
des eaux tranquilles est aussi
encore du Stagirite, ((
Souvent,
a
mer
meurée
que
On
qui faisait obstacle.
la
mer
s'inspirant
ou un vaisseau
haut d'un mât
les
convexité
»
cette preuve, bien insuffisante
mais de-
classique, de la sphéricité de la mer, le philosophe :
peut démontrer physiquement
la surface
rique.
et,
comme dominant la
péripatéticien poursuit en ces termes u
la terre
matelots grimpés au
Après avoir donné
»
de
pendant une navigation, alors que du
aperçoivent, étant plus élevés et
de la
la surface
justifier cette affirmation.
pont du navire on ne voit pas encore qui s'avance, des
«
ferme données par
sphérique
entreprend de
il
» dit-il,
la terre
et
mathématiquement
de toute eau tranquille doit être de forme sphé-
L'eau tend, en
effet,
toujours à couler des parties les
plus hautes vers les parties les plus creuses. Or, les parties
hautes sont celles qui sont
le
plus éloignées du centre de la
Terre, les parties creuses sont celles qui le sont le moins.
»
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
63
un
Adraste suppose, pour soit limitée
instant,
par une surface plane;
existerait sur cette surface a (S y
centre de la Terre le
y.
que
qu'une partie de
montre sans peine
il
un point
pied de la perpendiculaire abaissée du point
s'écoulera
donc des points
que
a, y,...
les
qu'il
du
g situé plus près
les autres points a, y,...
ce point p est, dès lors, plus bas
mer
la
7.
points
;
ce point
sur
plan
le
a, y,...
;
a
est
(3
ay
l'eau
vers le point g moins élevé,
jusqu'à ce que ce dernier point, entouré de nouvelle eau, soit aussi éloigné
du point
que de
y.
a et y. Pareillement, tous les
points de la surface de l'eau devront se trouver à égale distance
de
7. ;
donc
forme sphérique
l'eau offre la
l'eau et de la terre est sphérique.
Ce
premier
d'équilibre des
essai
mers
et la
masse entière de
»
mécanique pour déterminer
la
forme
suscita, dès l'Antiquité, d'autres tentatives
analogues. Archimède s'efforça, à son tour, de prouver que,
par
le fait
de
la
pesanteur, la surface des eaux tranquilles est
une sphère dont le centre est aussi celui du Monde. La démonstration d'Archimède semble plus savante que celle d'Aristote cependant une critique un peu sévère ne tarde et d'Adraste ;
pas à reconnaître
de
la
I
qu'elle
ne repose pas sur une exacte notion
pression hydrostatique. Mais nous n'insisterons pas
sur la démonstration d'Archimède, qui, jusqu'au
xvi''
siècle,
ici
ne
parait guère avoir attiré l'attention des physiciens.
Plus simple que
le
raisonnement du grand Syracusain,
gumentation d'Aristote
et
d'Adraste a
pu
ravir l'adhésion de
maint philosophe. Théon de Smyrne nous a conservé sition d'Adraste, et Pline l'Ancien, sous
précise, paraphrase 2 ce
une preuve de 1.
p.
2.
la subtilité
Duhem, Archimède
matica, 3 Folge, Bd. C. Plinii
rotunditatc.
même argument
I,
a-t-il
l'ar-
l'expo-
une forme assez imqu'il regarde
comme
géométrique des Grecs.
connu
le
paradoxe hydrostatique? (Bibliotheca mathe-
p. i5; 1900).
Secundi Historia
naturalisa liber II;
de antipodibus, an
sint, et
aquac
63
LÉONARD DE VJNCI ET VILLALPAND
i
III
La sphéricité de la terre et des mers selon Albert de Saxe.
comme Claude Ptocomme Sacro-Bosco, ne
Les astronomes de l'École d'Alexandrie, lémée, ou du Moyen-Age occidental,
paraissent point s'être attachés aux preuves mécaniques de la sphéricité de la Terre et des mers; au contraire, les philosophes
qui ont
commenté
De Cœlo d'Aristote y ont arrêté leur
le
attention.
Simplicius développe longuement ce qu'Aristote avait dit de
de
la figure
Terre;
la
corrige, d'après les déterminations
il
d'Eratosthène, les dimensions que le Stagirite avait attribuées à notre globe.
Il
expose, sous une forme claire
raisonnement par lequel
A
prouvée au De Cœlo.
la
sphérique des mers est
figure
cette preuve,
qui n'est point d'Aristote
penser que
la
:
«
et explicite, le
il
en ajoute une autre i,
Une observation nous conduit
à
sphérique; lorsque des
surface de l'eau est
tombent sur une surface polie, comme une feuille de roseau ou une feuille d'arbre, elles se pelotonnent sur elles-mêmes et^ lorsqu'elles ont pris la forme sphérique,
gouttes
elles
d'eau
demeurent en
équilibre... Si l'on remplit d'eau
un
calice
doucement dans cette eau des pièces de monnaie ou d'autres masses, on voit la surface du liquide prendre la forme sphérique et l'eau ne s'écoule qu'après qu'elle et si l'on
introduit
a surpassé la surface de la sphère.
»
Nous savons aujourd'hui combien fautives sont ces comparaisons qui confondent les phénomènes dus à la seule action de
la
pesanteur avec
n'était point
les
effets
de capillarité;
au Moyen-Age,
faite
et
la
distinction
plus d'un physicien se
pouvait prendre à ces analogies; Pline les avait invoquées
avant Simplicius,
Au
et
les
sujet de la figure de la Terre
bre des mers, saint I.
Sacro-Bosco
ad Rhenum,
comme au
Thomas d'Aquin
Simplicii Coinmentarias
teni, Trajecti
admit après
in
IV
se
p. i86.
sujet de l'équili-
borne à exposer
libros Aristotelis de Caelo
MDCCGLXV,
lui.
très
recensione Sim. Kara-
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
64
fidèlement et très clairement la pensée d'Aristote.
Il
nous
faut
arriver jusqu'au xiv^ siècle et à l'enseignement d'Albert de Saxe
pour trouver quelque addition essentielle à
entière est-elle sphérique?
a
il
cette question
assurément sous
commentaire de Simplicius
d'Aristote et le
doctrine péripa-
nous occupent.
téticienne touchant les questions qui
Lorsque Albert de Saxe examine
la
;
les
i
:
La Terre
yeux
mais
il
le texte
consulte
Théon de Smyrne ou bien un exposé que ce texte a inspiré; une foule d'indices permettent de le reconnaître. Lisons, par exemple, dans les Questions du vieux maître aussi le texte de
nous y
scolastique, les preuves de la sphéricité de la Terre;
arguments d'Adraste,
retrouverons les
même où Théon de Smyrne nous «
les a
rangés dans Vordre
présentés
:
Première conclusion. La Terre n'est pas rigoureusement
sphérique
;
cela est évident, car elle présente
un grand nombre
de montagnes et de vallées. »
Seconde conclusion. La Terre est ronde de l'Orient à l'Occi-
On
dent.
le
prouve; en
effet, s'il
étoiles se lèveraient et se
mes qui habitent
mêmes pour les hom-
n'en était pas ainsi, les
coucheraient aussi tôt
vers l'Occident que pour ceux qui habitent
vers l'Orient... Or, cette conséquence est fausse; le jour et la
commencent plus
nuit
tôt
pour ceux qui habitent à l'Orient
que pour ceux qui habitent à l'Occident;
ment de
ce
souvent constaté, qu'une
fait,
Lune, aperçue par nuit, est
vue par
cela résulte
orientaux à
les
les
occidentaux à
éclipse de
troisième heure de la
la
la
même
évidem-
première ou à
la
seconde
heure, selon qu'ils habitent plus ou moins à l'Ouest des pre-
miers
;
et cela n'aurait
point lieu
de meilleure heure pour »
On
le
ment du Nord
1.
commençait pas
les orientaux.
De même, la Terre est ronde du Nord prouve; car si un voyageur s'avance suffisam-
vers le Sud,
il
voit le pôle s'élever sensiblement;
ne peut provenir que du renflement présenté par
entre le »
nuit ne
Troisième conclusion.
au Midi.
cela
si la
Nord
et le
En second
Terre
Sud.
lieu,
un voyageur
pourrait s'avancer du Nord
Albcrli de Saxonia Quœstiones in libros de Cœlo (Ed. 149a) vel XXV (Ed. i5i8).
XXVII
la
et
Mundo; iu iibrum
II
quocslio
LÉONARD DE VTNGI ET VlLLALPAND
Sud
vers le
ne
assez
pour voir certaines
étoiles qui, auparavant,
même
temps, certaines constel-
en
lui apparaissaient point;
yeux qui, auparavant,
lations se cachent à ses
Cela ne peut être qu'un
lui.
entre le
Nord
et le
65
se
montraient à
du renflement de
effet
la
Terre
Sud.
Quatrième conclusion. La Terre est ronde à ce point que,
»
par rapport h
la
sont petites et
comme
Terre entière,
élévations des
les
On
négligeables.
le
montagnes
prouve, en premier
parce que lorsque les graves tombent sur un sol qui n'est
lieu,
point celui d'une montagne ni d'une vallée,
ils
tombent
angles égaux [normalement]. Cela n'aurait point lieu
graves ne tendaient point au
de la Terre sont graves,
les parties
toutes au
même
même
il
comme
centre; et
à
les
si
toutes
en résulte qu'elles tendent
centre. Cela ne serait point
si la
Terre n'était
pas ronde ou ne tendait pas naturellement à la rondeur.
En second
»
lement vers
le
lieu, les parties
centre du
de
Monde;
la
Terre tendent toutes éga-
elles
descendent aux lieux
les
plus bas, à moins qu'elles ne se soutiennent l'une l'autre,
comme on
le voit
des montagnes; néanmoins, au cours des
temps, toute chose descendra et se précipitera vers
du Monde
;
il
semble que ce
soit là la
cause de
le
centre
la rotondité
de
la Terre.
on peut connaître que si la Terre était fluide comme de telle sorte que ses diverses parties ne se soutinssent
De
»
l'eau^
là^
point l'une l'autre, elle coulerait vers une rotondité uniforme et
une sphéricité
parfaite.
»
Jusqu'ici, Albert de Saxe n'a guère fait
que mettre en forme
scolastique les arguments qu'Adraste avait donnés en faveur
de
la sphéricité
de
forme de l'ombre de
ment Puis «
la
la
y joint l'argument tiré de la Terre dans les éclipses de Lune, argu-
Terre.
11
qu'Aristote avait produit, mais qu'Adraste avait négligé. il
Au
ajoute ce passage
:
sujet de cette conclusion,
déterminer par l'expérience
si
la
il
faut savoir
que l'on peut
Terre est ronde, du moins du
Sud au Nord. Qu'un observateur, partant d'un certain lieu, se déplace vers le Nord jusqu'à ce que le pôle lui semble plus élevé d'un degré qu'auparavant, p.
DUHEM.
et qu'il
mesure
le
chemin parcouru. 5
ÉTUDES SUR LÉONAtlD DE
^6
Gela
son point de départ
qu'il revienne à
fait,
de ce lieu,
VIlNCi
et
se dirige vers le Midi, jusqu'à ce
il
que, partant
que
pôle lui
le
moins élevé d'un degré qu'il n'était au lieu marqué comme point de départ; qu'il mesure de nouveau le chemin parcouru. Si ces deux chemins se trouvent être égaux, c'est un signe certain que la Terre est circulaire du Nord au Sud; si, au paraisse
contraire,
il
ne fussent point égaux, ce
se trouvait qu'ils
un signe que
la
serait
Terre n'est point ronde du Nord au Sud.
»
Les Anciens avaient trouvé dans la mesure de l'arc d'un degré le
moyen de déterminer
rique;
grandeur de
la
nous avons vu que
cette
la
Terre supposée sphé-
méthode
d'Aristote, qui la tenait peut-être d'Eudoxe;
déjà
était
connue
mais que
la
me-
sure d'un degré du méridien, répétée sous diverses latitudes,
pût servir à déterminer
la
forme
réelle
du globe^
c'est
une
idée qui ne paraît point s'être présentée à l'esprit des astrono-
mes de
l'Antiquité
venons de
citer
Le passage d'Albert de Saxe que nous
I.
montre que
nettement formulée.
la
Scolastique du xiv^ siècle l'avait
appartenait à
Il
la
science
du
i^yif siècle
d'en aborder la réalisation.
Albert de Saxe ne sphéricité
la
s'est
terrestre,
pas contenté d'exposer, au sujet de les
arguments d'Aristote
un point important;
d'Adraste, perfectionnés en
une
divers
il
et
y a joint
de corollaires curieux, d'allure paradoxale, destinés
série
sans doute à frapper l'esprit de ses disciples. Pour l'objet que
nous nous proposons, ces corollaires sont d'une importance
donc
particulière; citons-les ((
I"
De
ce
normales à
que
la
la
in extenso.
Terre est ronde,
il
résulte
que
les
lignes
surface de la Terre, lorsqu'on les prolonge vers le
centre, vont sans cesse en se rapprochant les unes des autres et
concourent au centre. » 2" Il
en résulte que
si
l'on
construisait
deux tours
verti-
cales, plus elles s'élèveraient et plus elles s'écarteraient l'une
de
l'autre; et plus elles seraient basses, plus elles seraient proches. » 3"
Si l'on creusait
un
puits au
fil
à
plomb, ce puits
serait
plus large au voisinage de l'orifice qu'au fond. I.
de
la
Cf.
Paul Tannery, Recherches sur V histoire de V Astronomie ancienne {Mémoires
Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, k' série,
t. I,
p. io4; iSgS).
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND 4°
»
Toute ligne dont tous
du centre
points sont à égale distance
les
une ligne courbe; car
est
67
si elle était
droite, certains
de ses points seraient plus près du centre et d'autres plus
gnés ils
;
éloi-
ne seraient pas équidistanls du centre;
ses divers points
ne seraient pas aussi bas
les
uns que
autres.
les
Si
une
ligne droite touche la surface terrestre en son point milieu,
son point milieu
est plus voisin
ensuite;
il
il
descendrait, en
point qui est
le
du moment
oii
en
que durant
la
cherait sans cesse rait
durant
la
Terre que ses
si
effet,
tant qu'il se dirigerait vers le
plus voisin du centre de la Terre;
à partir effet,
la
un homme marchait suivant cette descendrait une partie du temps et monterait
extrémités, lien résulte que ligne droite,
du centre de
monterait
il
s'éloignerait de ce point;
il
est clair,
première partie du temps^
il
s'appro-
il
du centre de
seconde partie
;
la Terre, et qu'il s'en éloigne-
du centre de
or, s'approcher
la
Terre, c'est descendre et s'en éloigner, c'est monter. ))
On
peut conclure de
donnés, décrit un fort
là
qu'un mobile qui, entre deux termes
qui sans cesse monte ou descend peut
trajet
bien faire moins de chemin que
s'il
allait
de l'un de ces
termes à l'autre sans monter ni descendre. Gela se voit
ment en supposant que la
premier
le
trajet soit
Terre, tandis que le second serait la
a ce diamètre »
5"
claire-
un diamètre de
demi circonférence qui
pour corde.
Lorsqu'un
homme
se
promène
à la surface
de
la Terre,
meut plus vite que ses pieds; car la tête, qui est en l'air, décrit une plus grande circonférence que les pieds qui touchent le sol. On pourrait concevoir un homme si grand que sa
sa tête se
tête se
mouvrait en
l'air
deux
fois
plus vite que ses pieds sur
le sol. »
Ces corollaires de la sphéricité terrestre, bien capables de frapper l'imagination des
«
escholiers
de Sorbonne
pressaient au pied de la chaire de maître
qui se
Albert de Saxe,
devaient conduire Léonard de Vinci à découvrir
théorème de Mécanique.
»
un important
ÉTUDES SUR LÉOlSARD DE VlNCt
6S
IV
La sphéricité de la terre et des mers dans les écrits DE Léonard de Vinci. n'est pas impossible
Il
que Léonard de Vinci
Théon de Smyrne;
livre de
naturelle de Pline
médité
est
in
libros
connu
le
probable qu'il a lu ï Histoire
mais à coup sûr 2,
»;
Qaœstiones
les
il
ait
de Cœlo
il
profondément
a
Miindo
et
d'Albert
de Saxe.
Parmi peu qui
questions examinées par Albert de Saxe,
les
que
aient, autant
la théorie
de
la figure
des mers, sollicité l'attention de Léonard;
aisément;
grand
le
artiste
était,
en
de
cela
même
la
il
en
est
Terre
et
conçoit
se
temps,
le
plus
savant ingénieur hydraulicien de son époque; rien de ce qui
touche à l'équilibre pouvait
et
au mouvement des eaux naturelles ne
le laisser indifférent.
Dans ce cahier F où sont consignées au jour le jour les réflexions que lui a suggérées la lecture d'Albert de Saxe, il consacre tout un feuillet ^ à répéter, sous des formes variées,
l'argument d'Aristote rique des mers «
se
la
elle
preuve
ne
la
ici
si elle
elle est
et se
mouvant
»
sphère de Veau ne peut se mouvoir par
la
entourée d'eau d'égale hauteur qui V enfer me,
peut surpasser par aucun côté.
en marge.
Léonard dessine, en
»
autres points a et 6; puis
il
On en montre effet,
la
une circon-
marque un point c entre deux ajoute: « Soit c une quantité d'eau
férence de cercle sur laquelle
1.
ne descend pas,
suit qu'elle descend.
il
Aucune partie de
elle-même car
la figure sphé-
sphère de Veau est parfaitement ronde. L'eau ne
meut pas d'elle-même
((
en faveur de
:
Preuve que
d'elle-même,
et
et d'Adraste
il
Le Codtce af/an^ico renferme une liste des livres que possédait Léonard; on y un Pline (Cf. E. Mûnlz, Léonard de Vinci, l'artiste, le penseur, le savant,
voit figurer p. 282.) 2.
Voir notre précédente étude: Albert de Saxe
Italien, o.
t.
V, p.
i
et p.
It^i Maniiscriis
1
et
Léonard
13).
do Léonard de Vinci,
mi>. V, fol. 82, verso.
de
Vinci
(Bulletin
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND
entourée
et
enfermée par l'eau ab; je dis par
passées que l'eau c ne se
mouvra
conclusions
les
pas, parce qu'elle ne trouve
du
cercle; puisque a et 6
pas de descente, selon
la définition
sont éloignés du centre
du Monde comme
immobile.
69
suit
c, il
que
c reste
»
Les passages que nous venons de citer rappellent surtout les considérations de Pline l'Ancien
;
ceux qui suivent ont une
plus grande analogie avec l'exposition
par Théon de Smyrne «
les ((
Donné un plan
«
:
d'eau, à la surface de la sphère de l'eau,
extrémités de ce plan s'en iront en son milieu.
Le grave sphérique, placé sur
est glacée,
mais
sphère de l'eau là où
Léonard.
par
preuve de
la sphéricité
raisonnement de Pline, fragment suivant
^
Tout élément
face sphérique.
d'abord
il
en
parfait,
ne
au milieu du plan.
»
sont fréquemment
ce feuillet
forme donnée à
la
des mers, celle qui paraît refléter
le
La
première
se retrouve, plus
développée dans
le
:
flexible et liquide a,
On
le
prouve avec
la
par nécessité, sa sursphère de l'eau, mais
faut poser quelques conceptions et conclusions.
Cette chose est plus haute, qui est plus éloignée
du Monde,
elle
»
s'en ira tout de suite
pensées esquissées
reprises
((
»
Le grave sphérique, placé à l'extrémité du plan
Les
((
la
ne changera pas de place.
s'arrêtera pas,
rapportée
d'Adraste,
et celle-là est
»
du centre
plus basse qui est plus voisine de ce
meut pas de soi si elle ne descend pas, et se mouvant, elle descend. Que ces quatre conceptions, placées deux à deux, me servent à prouver que l'eau qui ne se meut pas de soi a sa surface équidistante du centre du Monde (en ne parlant pas des gouttes ou autres petites quantités qui s'attirent centre. L'eau ne se
l'une
l'autre
comme
l'acier
sa
limaille,
mais des grandes
quantités). »
Je dis qu'aucune partie de la surface de l'eau ne se
soi-même,
si
elle
ne descend pas; donc
la
meut de
sphère de l'eau
n'ayant en aucune partie de surface à pouvoir descendre, est nécessaire I.
il
par la première conception qu'elle ne se meuve
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol. 37, recto, et fol. 26,
verso.
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
-yO
pas d'elle-même. Et
si
tu considères bien toute
minime
parti-
cule de cette surface, tu la trouveras entourée d'autres parti-
du
cules semblables, qui sont à égales distances entre elles
centre
du Monde,
qu'entourent
et à cette
distance est celte particule la
troisième conception la
mouvra pas d'elle-même parce
qu'elle
entourée de bords d'égales hauteurs. Ainsi chaque cercle
est
de
donc, par
les autres;
particule de l'eau ne se
même
vase pour la particule que contient
telles particules se fait
ce cercle, vase qui a le circuit de ses bords de hauteur égale ainsi
est
cette
par rapport aux autres particules
particule
semblables qui composent Nécessairement,
;
la surface
de
sphère de
la
l'eau.
par elle-même sans mouvement;
elle sera
et,
par conséquent, chacune étant à égale hauleur du centre du
Monde, nécessité Ce qui
((
est dit
fait
de
que
cette surface est sphérique...
de l'eau qui confine avec
la surface
s'entend être dit de la surface de
l'air
qui confine avec
ments
fluides sont sphériques,
mon
l'air
le feu.
La vérité de ces sphères ayant donc prouvé que
«
»
»
.
les élé-
intention est de descen-
dre à la nature dans son universalité et dans les particularités
de chacun de ses éléments, d'abord
Ce
le feu,
n'est plus l'influence de Pline,
puis
mais
puis l'eau.
l'air,
celle d'Adraste et
»
de
Théon, perçue au travers des Questions d'Albert de Saxe, que
nous reconnaissons en ce passage^: Si la terre était sphérique,
«
verte par la sphère de l'eau. « Il
soit
aucune partie n'en
serait décou-
»
ne se trouvera pas de terre plane sur laquelle Teau ne
pas de figure convexe^ et réunie au milieu de cette surface
plane; et cette eau n'aura jamais de
mités de cette plaine.
Une
mouvement
vers les extré-
»
figure représente
un plan qui coupe une
partie de la
sphère terrestre; sur ce plan, une masse d'eau est posée, que
termine une calote sphérique concentrique à dessous de cette figure, Léonard écrit: est ((
mont Il
est
escarpé.
»
Puis
il
«
la Terre.
Ce qui paraît
plan
continue en ces termes:
impossible de trouver aucune partie plane sur
surface de n'importe quelle grande étendue d'eau. I.
ici
Au-
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol.
5a, verso.
»
la
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND ((
du fond de
Perpétuels sont les bas lieux
cimes des monts sont sphérique
le
contraire
il
;
que
suit
7I
la
mer,
et les
la terre se fera
couverte des eaux, et sera inhabitable.
et toute
»
Cette dernière phrase est textuellement traduite d'Albert de
Saxe.
De
la
pensée d'Albert de Saxe, d'autres traces bien nettes
reconnaissent dans les passages que nous venons de
Parmi ces
vestiges,
En démontrant que
l'eau, prise
il
en
se
citer.
est qui méritent d'être signalés.
selon les principes d'Aristote et jd'Adraste
en grandes masses, doit être terminée par une
marquer que cette argumentation ne rendrait pas compte de la forme des masses d'eau très petites, des gouttes de rosée, par exemple ce n'est surface sphérique, Léonard a eu soin de
;
pas la pesanteur qui explique la figure de ces gouttes, mais
une
attraction mutuelle de leurs diverses particules, semblable
que l'aimant exerce sur
à l'attraction limaille
le fer
ou
sur sa
« l'acier
».
En posant
cette distinction,
Léonard marquait
la frontière
où confinent deux branches de la Physique théorique L'Hy drostatique des liquides soumis à la seule action de la pesanteur et la théorie de la capillarité; ce n'est pas une de ses :
moins profondes
et
moins prophétiques divinations.
Cette distinction n'avait pas
manière aussi
claire;
et la figure d'équilibre
pour Sacro -Bosco,
vait la sphéricité
été
aperçue d'une
bon nombre de physiciens avaient
un intime rapprochement et
toujours
établi
entre la figure des gouttes de rosée
des mers; pour Pline, pour Simplicius la rotondité des gouttes
de rosée prou-
de l'Océan.
Pour Léonard, au contraire, la goutte de rosée est bonne seulement à fournir une image, une comparaison qui rendent sensibles aux yeux les considérations dont la sphère des eaux peut être «
Dans
l'objet.
la
goutte de rosée bien ronde % on peut considérer
beaucoup de cas
comment
elle
différents de l'office
contient en soi
le
corps de
tion de la sphéricité de sa surface. I.
delà sphère de la terre
l'eau;
sans destruc-
Que d'abord on prenne un
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol. G2,
verso.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
-ya
cube de plomb de qu'avec un
on
très fin à lui joint,
fil
on verra que
goutte;
grandeur d'un grain de panic, puis
la
submerge dans
le
ne perd pas sa première
cette goutte
rondeur, bien qu'elle soit agrandie d'autant qu'est
enfermé dans
cette rosée.
cube
le
»
En distinguant nettement effets
cette
les
phénomènes
capillaires des
explicables par la pesanteur, tels que la forme sphérique
des mers, Léonard émettait une idée que la science
moderne
amplement développée; mais à la formation de cette idée, Albert de Saxe avait pris une part notable. Dans la dernière relatives au De Cœlo, Albertutius avait rangé des Questions au nombre des objections à réfuter cette proposition a En un corps homogène, le tout doit avoir la même figure que les parties; sinon, ce ne serait point un homogène; mais les para
^
:
ticules de l'eau
montrent
semblent tendre vers
la sphéricité,
gouttes de rosée ou de pluie
les
l'eau doit donc, elle aussi, être sphérique.
nous l'avons
dit, était
Albertutius,
termes dis
:
«
Au
que ce
tielle
»
admise par Simplicius
masse
sujet de la figure
totale de
et
par Sacro-Bosco.
répond en ces
sphérique des gouttes d'eau, je
une conséquence de
la
forme substan-
de l'eau; elle résulte plutôt de la fuite des contraires, car
le
sphérique
est celle
où
plus étroitement unies,
résister à
les diverses parties se trouoii
une cause de corruption
masse tend
elle à
elles
;
peuvent
le
aussi n'importe quelle
comme
la
en petite quantité;
I.
elle
les liquides,
le voit
Alberti de Saxonia, Quaestiones in libros de Cœlo
ultima.
le
ne convient pas seulement à
comme on
et
avec
le vif
Mundo;
soit
dureté ou la
pesanteur. Cette tendance se remarque surtout lorsque
mais à tous
mieux
prendre cette figure pourvu qu'elle n'en
pas empêchée par quelque autre cause,
est
le
Cette proposition,
à l'image d'Albert le Grand, y
n'est point
cette figure
vent
la
;
comme
corps l'eau,
argent.
libri 111,
»
quaestio
LÉONARD DE
VliNCI
ET VILLALPAISD
78
Le centre de gravité et l'équilibre dans les écrits DE Léonard de Vinci. Albert de Saxe n'avait pas seulement reproduit les argu-
ments d'Arislote
et
d'Adraste en faveur de la sphéricité de la
y avait joint certains corollaires, de forme paradoxale, tirés de cette proposition; ces corollaires, eux aussi, Terre;
il
avaient attiré l'attention de Léonard de Vinci; les réflexions
remplissent tout un feuillet
qu'ils lui avaient suggérées
de
'
ses notes.
L'homme
«
de Saxe,
écrit Albert
pieds.
qui chemine,
dit
Léonard, répétant ce qu'avait
va plus vite avec
qu'avec
la tête
qui,
cheminant, traverse tout un endroit
va penché, d'abord en avant, puis autant en arrière.
tours au
plomb,
à
fil
que
tant plus
les
les
»
si
deux tours seraient plus hautes. Léonard
retourne, en quelque sorte cette remarque; certain lieu de la Terre,
la
part et d'autre de ce lieu, à
verticale
il
mène, en un
de ce lieu;
conséquent, parallèles entre
une certaine distance, elles.
Il
tours devront forcément s'écrouler
si
textuellement
a
une
((
se
capitale
elles soient parallèles,
deux tours s'écrouleront Vune contre
deux
ces
par
deux
reproduisons-le
;
toujours avec
il
est
et
que
les
sans doute que
l'autre, si la construction
une égale hauteur pour
chacune
des
tours. »
Soient
[fig.
i]
les
deux
verticales des
continuant en continuelle droiture. Si I.
et,
:
espaces compris entre
continue
ima-
il
elles sont assez hautes.
Si l'on fait deux tours en continuelle droiture,
«
les
importance
montre que
de
puis,
gine qu'on élève deux tours parallèles à cette verticale
passage
plat,
Ton construisait deux couronnements s'écarteraient d'au-
Albert de Saxe avait remarqué que
Le
les
»
L'homme
«
«
»
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F,
fol.
deux points B elles
83, recto.
et
G,
coupent une de
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
74 ces
G G
tours en
passent pas par
KLG
le
en B F,
que ces lignes ne centre de gravité de leur longueur; donc
et l'autre
il
suit
que son
G, partie de l'une, pèse plus
reste
G G D,
et
de
choses inégales, l'une l'emporte sur l'autre; de sorte que, par
grand poids de
nécessité, le plus
la tour entraînera toute la
tour opposée; et l'autre tour fera de
première.
même,
à l'inverse de la
»
Au-dessous du croquis que nous avons reproduit, Léonard trace
un
autre croquis, fort analogue, où les deux tours cylin-
driques sont remplacées par deux
mides
très élevées, et
il
écrit
:
«
Les axes
des deux pyramides étant parallèles,
sont de grande hauteur, elles l'une contre l'autre
pyra-
si
elles
tomberont
)>.
En cherchant à présenter sous une forme un peu différente une conclusion d'Albert de Saxe, Léonard a
fait
usage de ce théo-
rème que nul ne paraît avoir énoncé avant lui Pour qu'un corps pesant, reposant sur le sol, demeure en équilibre, il faut et il :
FlG.
suffit
ne
que
le
centre de gravité de ce corps
pas en dehors de sa base.
se projette
Ge théorème a une grande importance; les applications en sont innombrables; dans le fragment que nous avons cité, Léonard en a entrevu toute
en ce cas
fait
seulement un usage bien spécial;
la généralité
très particulier?
a-t-il
de la proposition qu'il a découverte
On
n'en saurait douter.
Léonard réclame sans cesse du peintre qu'il soit un esprit universel; il l'était lui-même au plus haut degré. Il était universel
non pas
à la façon
de ces gens qui juxtaposent une foule
de connaissances disparates entre lesquelles n'existe aucun lien; nul,
au contraire, n'a senti plus vivement à quel point
sont solidaires
les
unes des autres
les
diverses branches
du
savoir humain. Aussitôt qu'une vérité lui apparaissait en l'un
des domaines où s'exerçait son activité intellectuelle, vait le reflet de
cette vérité
qu'explorait son esprit.
il
aperce-
en chacun des autres domaines
En même temps
qu'il tire des Ques-
LÉONARD DE VINCI ET VILLA.LPAND
de Saxe des pensées propres au Traité de Veau
lions d'Albert
qu'il
a rintention d'écrire,
cahier de notes peinture
la
;
^
le
sur les feuillets de son
jette
il
brouillon de certains chapitres du Traité de
ou bien encore
oiseaux% sujet constant de démonstration de
la
ses méditations.
il
au peintre qui veut donner à il
Aussi, dès là que l'a
amené
en
tire aussitôt
des mers
la sphéricité
pose raisonnée; ou bien encore
du vol des
revient à l'étude
il
voir une propriété du centre de gravité, règles utiles
76
ses
à conce-
des
personnages une
en déduit l'explication des
diverses allures des oiseaux.
Nous avons déjà vu Léonard, commentant
les corollaires
d'Albert de Saxe, soucieux des applications que l'on en pouvait faire à la station de
traverse tout
un endroit
puis autant en arrière. portée de ce théorème être
:
plat,
Mais
»
:
«
L'homme
qui,
cheminant,
va penché, d'abord en avant, si
l'on veut connaître toute la
un grave reposant sur
ne peut
le sol
en équilibre lorsque son centre de gravité se projette en
dehors de sa base; diverses
les
l'homme
abandonner
si
l'on désire savoir
article,
A
et
des
il
explique
animaux,
feuilleter le
et
est postérieur
cahier que Venturi a
au cahier F. Dans un prochain
nous aurons occasion d'examiner
les
essais de Léo-
nard de Vinci pour expliquer l'origine des sources le
verrons,
faut
il
cahier F, que nous avons presque exclusive-
le
ment étudié jusqu'ici, marqué de la lettre A. Le cahier
l'homme
postures de
comment
au
cahier
F,
cahier A, reconnaître que
proposer une théorie, cette
;
nous
puis,
au
théorie est erronée et doit
être rejetée. Il
n'est
guère de question traitée au cahier F à laquelle Léo-
nard ne revienne dans
les
notes qui composent le cahier A.
En
particulier, la théorie de la figure de la Terre et de la conver-
gence des verticales, sur laquelle
les
Qaœstiones d'Albert de
Saxe ont appelé l'attention du grand peintre, sont l'objet de
maintes réflexions dans
le
nouveau manuscrit.
i. Comparez, par exemple, le ms. F, fol. i, verso, et le chapitre de la peinture (édition de i65i). 2. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. F, fol. 53, verso.
XXIV du
Traité
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
76
En
voici
une
qui est presque la traduction littérale de l'une
^
des conclusions d'Albertutius Si tu fais
((
des
une tour de 4oo brasses
et
mera un commencement de pyramide. Léonard pense,
que tu
la
plombes avec
plus étroite du pied que de la
elle te sera
fils,
:
tête, et for-
»
mesurer
d'ailleurs, qu'il serait possible de
celte différence d'écart entre
deux verticales au sommet
et à la
base d^une tour et d'en déduire la longueur du rayon terrestre.
En même temps que pensées sur l'eau,
il
la
ne cesse d'amasser des documents pour
tions de
où
A
propriétés
de
la
retrouveront dans ce Traité. l'on
Il
y trouve maint fragment
du centre de gravité servent
à
expliquer
postures et les allures des êtres animés.
les
nombre trouve sur un
De se
perspective qui se
le Traité
un grand nombre de proposi-
contient
donc point étonnant que
les
de Léonard est occupé de ces
Géodésie, par lesquelles s'ébauche son Traité de
peinture; le cahier
n'est
l'esprit
ce
est le
fragment suivant ^
«
:
Toute chose qui
sol plan et parfait de telle sorte
que son pôle
[point d'appui] ne se trouve pas entre des parties d'égal poids,
ne s'arrêtera jamais
;
un exemple
s'en voit
dans ceux qui
sent sur la glace et qui ne s'arrêtent jamais,
deviennent pas équidistantes à leur centre.
si les
glis-
parties
ne
»
nombre encore sont ces remarques 3, dont la première répond à un problème examiné déjà par Aristote dans ses QuesDe
mécaniques
tions
:
Celui qui est assis ne peut pas se lever de son siège
«
tie
ce
si la
par-
qui est en avant du pôle [point d'appui] ne pèse pas plus que
celle qui est ((
en arrière de ce pôle, sans se servir de ses bras.
Celui qui
monte en un
lieu
»
quelconque doit donner une
plus grande partie de son poids en avant de son pied
le
plus
du pôle qu'en arrière du pôle; donc l'homme donnera toujours une plus grande partie de son poids du côté vers lequel il désire se mouvoir élevé qu'en arrière, c'est à-dire en avant
qu'en aucun autre 1.
lieu.
»
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. verso.
A de
la
Bibliothèque de Tlnstilut,
fol. 20, 2.
3.
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. A, Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms. A,
fol. ai, verso. fol. 28,
verso.
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND ((
77
Celui qui court penche plus vers le lieu où
il
court et
il
donne plus de son poids en avant de son pôle qu'en arrière, de sorte que celui qui court en montant le fait sur les pointes des pieds, et celui qui court en plaine va d'abord sur les talons et
puis sur la pointe des pieds. ((
)>
Celui-ci ne portera pas son poids,
au poids de devant en toujours
le
pied qui pose se trouve au milieu du poids.
figureront au Traité de «
la
figure pose sur
poids placé au-dessus...
trouve, dans
il
un
pied, ce pied se fait centre
posture des êtres animés, on les
la
sommaire
Pour
jet.
L'homme
centre de la
de l'homme
que l'on consulte
ment
qui chemine aura
jambe qui pose ^
de
\e Traité
le
imparfaite
la peinture.
cette
Là, se
proposition
2
centre de sa pesanteur sur
à terre
>)
en sorte que
;
«
:
le
poids
le
qui se tient planté sur une de ses jambes seule-
sera tousjours esgalement partagé aux
perpendiculaire ou ligne centrale qui ((
et
voir plus parfaites et plus dévelop-
les
rencontrent de multiples variantes de ((
du
cahier A, à côté de notes qui reflètent l'influence
le
suffit
chapitres qui
peinture; nous y voyons que lors-
d'Albert de Saxe. Elles y ont la forme
du premier
un des
^
»
».
Ces considérations sur
pées,
pas équilibre
fait
en arrière, de façon que
se renversant
Et Léonard poursuit en ébauchant
qu'une
ne
s'il
Tousjours
qui soustient
la figure
^
le
deux costez de
soustient
le
la
».
poids sur soy et sur
masse de son corps, doit jeter autant du poids naturel ou accidentel de l'autre côté opposite, qu'il en de
la ligne centrale
la
faudra pour parfaire la ligne centrale
centre
^
le
balancement du poids égal autour de
qui part
de pesanteur de
du centre de
l'homme] qui porte
laquelle passe au travers de la
sur cette partie
la partie
la
du pied [du charge,
masse entière du poids,
du pied qui pose à
terre
c.
On
et
et
tombe
void ordinaire-
Les Manuscrits de Léonard de Vinci, ms A, fol. 28, verso, et fol. 2g, recto. Traité de la peinture de Léonard de Vinci, donné au public et traduit de l'italien en françois par R. F. S. D. C. [Roland Fréart, sieur de Chambrayj; à Paris, de l'imprimerie de Jacques Langlois, MDCLI. Gh. CCII, p. 66. 3. Traité de la peinture de Léonard de Vinci, ch. CGI, p. 66. 1.
2.
4.
Traité de la peinture de
5.
Lig-ne centrale
G.
La
entre
[].
plirase de
Léonard de Vinci,
ch.
= ligne qui va au centre de
Léonard contient un
CGVI,
p. 68.
Terre, verticale. lapsus évident; nous avons rétabli la
le
sens
ÉTUDES SUR LÉONARD DE
-yS
ment qu'un homme qui
VllNGI
un fardeau avec un
lève
des bras
estend naturellement au delà de soy son autre bras, et
ne
suffit
pas à faire contrepoids,
poids en courbant
si
y met encore de son propre
il
corps autant qu'il faut pour estre bastant
le
dont
à soutenir le fardeau
il
est
chargé; on void encore que
celuy qui s'en va tomber à la renverse estend tousjours
de ses bras,
remarquer que
I
ici
porte vers la partie opposite.
et le
plus que
le
poids du corps de
le
centre de la pesanteur est
l'axe qui le soustient.
On
»
—
faut
l'homme tire d'autant esloigné du centre de
pourrait multiplier ces citations; elles nous montreraient la situation
de gravité du corps occupe par rapport à
Nous avons
dit
que
ornent cette copie,
et
la
que
base qui
le
supporte.
qui sont, sans doute, de grossières imita-
en des postures variées
montrant que
le
;
toujours,
une ligne
humaines
^verticale les tra-
centre de gravité se projette à l'inté-
par laquelle l'homme repose sur
la surface
centre
peinture; les croquis qui
la
tions des dessins de Léonard, représentent des figures
de
le
Bibliothèque Yaticane possédait une
la
copie fort complète du Traité de
rieur
a II
Tun
»
Léonard constamment préoccupé de
verse,
cela
le
sol.
Cette ligne verticale a été conservée en quelques-uns des des-
que Nicolas Poussin exécuta pour
shis
l'édition française
l'édition italienne
données en i65i.
En même temps que Léonard cherche propriétés mécaniques
tudes du corps humain,
«
en font
foi, et
Du mouvement
à expliquer par les
du centre de gravité il
les diverses atti-
n'omet point d'user de ces propriétés
en l'analyse du vol des oiseaux crits
et
;
maints passages de ses manus-
aussi ce chapitre 2
des animaux
et
du
Traité de la peinture
:
de leur course. La figure
qui se montrera plus viste en sa course, sera celle qui tom-
bera d'avantage sur
le
devant. Le corps qui se
aura d'autant plus de vistesse que
le
sera esloigné de son centre de soustien
lement pour
le
mouvement
meut soy-mesme
centre de sa pesanteur ;
cecy est dit principa-
des oyseaux, lesquels sans aucun
battement d'aisles ou sans estre aidez du vent, se remuent I.
Traité de la peinture de
a.
Traité de la peinture de
Léonard de Vinci, ch. GCVII, p. 68. Léonard de Vinci, ch. GCCXlX, p. 9g.
LÉONARD DE VlNGl ET VILLALPAND
d'eux mesmes,
quand
et cela arrive
le
centre de leur pesan-
du centre de leur soustien,
teur est hors
79
c'est à dire
centre de l'estenduë de leurs aisles, parce que
hors du
le
si
milieu
des deux aisles est plus en avant ou plus en arrière que le
milieu ou
oyseau
le
centre de pesanteur de tout l'oyseau, alors cet
son mouvement en haut
portera
et
en bas, mais
d'autant plus ou moins en haut qu'en bas, que le centre de sa
pesanteur sera plus loin ou plus près du milieu des
que
c'est-à-dire
centre de la pesanteur estant esloigné du
le
milieu des aisles, oblique, et
aisles,
que
fait
il
descente de l'oyseau est fort
la
ce centre est voisin des aisles, la descente de
si
l'oyseau aura peu d'obliquité.
»
Lors donc qu'un corps repose en équilibre sur
son
le sol,
centre de gravité se projette à l'intérieur de la surface qui le
Dans
soutient.
le
cahier de notes de Léonard que désigne la
nous avons vu
lettre F,
cet
important théorème de Mécanique
naître d'une conclusion de maître Albert de Saxe; dans le Traité
de
la peinture,
tirer
nous trouvons
les
conséquences que
de cette proposition. Entre
l'artiste
peut
principe à peine ébauché,
le
qui n'a point encore reçu son énoncé général, et les corollaires
qui
éloignés,
sont affirmés
manque visiblement un Que
ce
chaînon
un
esquissé
Traité
ait
quant
i
Au
cette proposition
son mouvement»,
local
gravité,
Léonard
local,
ait
est perdu.
rédigé ou
exposé systématique gravité,
il
nous
que
«
est
c'est-à-dire
tout grave pèse par la ligne de
parla verticale issue de son «
cela se
prouve par
la
g"
du
».
local,
où
se trouvaient sans
doute
dynamiques du centre de aujourd'hui inconnu; qu'il ait été connu et
les propriétés statiques et
nous
est
exploité au xvi^ siècle, cela semble bien probable, car
nous
allons en trouver la trace fort reconnaissable dans les écrits P. Jean-Baptiste Villalpand. X.
il
Traité de la peinture, Léonard, invo-
Ce Traité du mouvement exposées
un chaînon
du centre de
centre de gravité, déclare que
mouvement
que
existé,
da moavemenl
d'en douter.
aucune démonstration,
intermédiaire;
des propriétés mécaniques difficile
sans
Traité de la peinture de
Léonard de Vinci, ch. CXGVI,
p. 64.
du
ÉTUDES SUR LÉONARD DE
8o
VllNCI
VI Les théorèmes de Jean-Baptiste Villalpand. Jean-Baptiste Villalpand, né à Gordoue en i552, entra dans la Société
de Jésus, où
il
né lui-même en i547, à Bacca. Philippe P.
II
Prado de composer un commentaire de
ayant demandé au la vision d'Ezéchiel,
Prado associa son élève à cet ouvrage auquel
le P.
donner
les
plus vastes proportions
tout d'abord, chargé P.
Jérôme Prado,
eut pour maître le P.
Prado mourut à
inachevé; son élève
que de
Rome le
i.
il
voulait
Le P. Villalpand
n'était,
la partie
archéologique; mais
le
en iSgD, laissant son commentaire
continua
volumes Villalpand mourut
à
et
composa
Rome
seul le troisième
en 1608, sans
avoir
terminé cette gigantesque explication d'Ezéchiel.
Au
archéologiques sur Jérusalem et
cours des études
le
Temple, Villalpand s'attache à réfuter une singulière erreur. Certains commentateurs avaient prétendu ceci
:
La Judée
est
montagneux que la surface du sol y est quatre fois plus considérable qu'en un pays de plaine que délimiteraient les mêmes frontières. Pour prouver l'absurdité, ou mieux
un pays
si
l'inutilité
d'une
telle
démontrer qu'un
sol
supposition,
Villalpand entreprend de
montueux ne peut
porter ni plus d'hom-
mes, ni plus d'animaux, ni plus d'édifices, ni plus d'arbres
qu'une plaine de
même
contour.
La démonstration cherchée
se doit tirer des propriétés stati-
ques du centre de gravité.
Pour définir ce point, pour en marquer les caractères, Villalpand recourt aux auteurs anciens et modernes il cite Aristote, ;
de
Gomman-
paraît d'ailleurs l'avoir presque textuellement
emprunté
Pappus diU;, il
et
Gommandin
;
ce qu'il dit de
Hicronymi Pradi
Pappus
et
et Joannis Baptistoc Villalpaiidi c Societate Jcsu in E^echielem apparalus Ufbis ac Templi Hierosolymitani, commentariis et imaginibus illusLralus. Opus tribus tomis dislinctum. Roma;, MDXCVI-MDCIIII. 2. Tomi III, Apparalus Urbis ac Templi Ilierosolymitani Parles 1 et II, JoannisBaplislic Villalpandi Cordubensis e Socictale Jesu, collaio studio cum II. Prado 1.
explanalioncs
et
ex eadem Societate* llomic, MDGIIII.
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND
8l
Guidobaldo del Monter. Mais lorsqu'il arrive aux divers
à
théorèmes qui justifieront sa thèse, Ces théorèmes cependant, à qui Villalpand les
il
ne
cite
n'est point malaisé de deviner
il
emprunte; leur ressemblance
fragments que nous avons relevés dans
les
de Léonard de Vinci ou encore dans
scrits
ture, qu'il
nous
les faut,
la
avec
est telle
manu-
les cahiers
le Traité
de
la
pein-
de toute nécessité, attribuer à Léonard.
Le chapitre où Villalpand donne certainement
plus aucun auteur.
la suite
de ces théorèmes est
reproduction, plus ou moins remaniée, d'un
petit traité rédigé
par
le
grand peintre ou par quelqu'un de
ceux qui fréquentaient l'Académie de Vinci. Voici, par exemple, les énoncés des propositions IV et «
Un
:
corps qui repose par un point demeurera en équilibre
dappui passe
ligne verticale qui passe par le point
si la
V
par son centre de gravité; mais
tombera
il
si
aussi
cette ligne passe
hors du centre de gravité^ à moins qu'un impelas impressus^^
communiqué au grave, ne mette obstacle à la chute. » Un grave sphérique, posé sur un plan parfait et sauf de tout empêchement, se mouvra jusqu'à ce qu'il parvienne au ((
seul point
du plan où
il
puisse demeurer en équilibre.
Ne nous souvient-il pas d'avoir parmi cahier
deux propositions,
cahier A, l'autre au
F.^
La proposition VI de Villalpand «
ces
l'une au
notes de Léonard,
les
lu
»
Un
grave qui repose sur
demeurera en équilibre de
la surface
si
toute verticale
si
est
le sol
une
formulée en ces termes:
par une certaine surface
verticale
de soutien passe par
le
menée par
centre de gravité
le
milieu
ou bien
;
menée par un des points extrêmes de
cette
ou bien encore si cette centre de gravité du même côté que la base.
surface passe par le centre de gravité; verticale laisse le
Mais
si le
centre de gravité se trouve de l'autre côté,
tombera assurément.
corps
»
Nous reconnaissons, énoncée sous forme générale, 1.
le
m
Guidi Lbaldi e Marchionibus Monlis
la
propo-
duos Aichiinedis œquiponderanlium
libi-os
paraphrasis, scholiis illustrala, Pisauri, i588. 2.
Au
XVI* siècle, et particulièrement
dans
les écrits
de Léonard, on entend par
impctus impressus une notion assez vague qui s'est dissociée en se précisant et a fourni les notions de vitesse acquise, de quantité de mouvement et de force vive. p.
DUHEM.
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
82 sition
par
que Léonard
la lecture
a
formulée pour un cas particulier, suggéré
d'Albert de Saxe;
qui plus
et,
est, la
que Villalpand donne de celte proposition textuellement celle que Léonard avait imaginée. tion
démonstraest
presque
Cette proposition s'applique naturellement à l'équilibre des édifices, aussi bien
qu
ces applications qui
ce sont
l'homme
à la station de
mais ces applications,
il
En pourrions-nous douter en
des animaux;
intéressent surtout Villalpand;
emprunte,
les
et
elles aussi; a
Léonard.
par exemple, ces corol-
lisant,
laires? ((
Lorsqu'un
homme
la verticale issue
par
du bout du pied sur lequel
penche, lever rôle d'un
le
il
que
telle sorte
s'appuie passe
ne pourra, du côté vers lequel
il
bras sans tomber; car ce bras étendu joue
le
centre de gravité,
le
de
se tient sur ses pieds,
il
bras de levier plus grand ou d'un })oids qui pèse
d'autant plus qu'il s'écarte davantage du centre de la balance.» ((
Un homme ne
saurait s'incliner en avant, en arrière,
ou
de côté, que la verticale issue du point extrême de la base sur laquelle
il
s'appuie ne passe par
le
centre de gravité de son
corps; ou bien encore que ce centre de gravité ne surplombe cette base; «
Pour qu'un
proche ((
de
les
homme tombera. « homme assis puisse se lever,
sinon cet
pieds du siège et qu'il avance la
Lorsqu'un oiseau vole, la
la verticale
il
faut qu'il rap-
tète. »
qui passe par
le
milieu
surface des ailes passe aussi par le centre de gravité
du
corps... Lorsqu'il désire élever la partie antérieure de son corps et abaisser la
partie postérieure,
il
c'esl-y-dire la base qui le supporte.
porte en avant ses ailes, Il
les retire
en arrière, au
contraire, lorsqu'il veut diriger son vol vers le bas. Par
parvient aisément à changer en son corps
de gravité.
la
là,
il
position du centre
»
Cette dernière proposition est
constamment
une de
sollicité l'attention
celles qui ont le plus
de Léonard; transcrite dans
l'ouvrage de Villalpand^ elle y garde d'autant mieux la marque du grand peintre, qu'elle y est un véritable hors-d'œuvre, sans utilité
pour
l'objet
que
se
propose
Nous pouvons donc, sans
le
savant Jésuite^
hésitation, attribuer au Vinci les
83
LÉONARD DK VINCI ET VILLALPAND
lliéorcincs de Villalpaiid sur le centre de gravité et les applica-
que
tions
cet auteur en a faites à la station de
animaux; nous pouvons, en proposition
attribuer
lui
extrêmes de
cette surface
de base.
Tun
\c
des points
du même
côté que
»
chose que
cette proposition n'est autre
rème sur
cette
qui passe par ses pieds ou bien lorsqu'il
la surface
trouve^ par rapport à cette verticale,
Or
des
en équilibre lorsque son centre
de gravité se trouve sur une verticale issue de
se
et
:
Un quadiupède demeure
«
particulier,
l'homme
classique théo
le
polygone de susieniallon, enseigné aujourd'hui dans
tous les cours élémentaires de Statique. C'est donc à Léonard
de Vinci qu'il faut remonter pour trouver l'inventeur de cette
moindre bachelier. Villalpand
loi,
familière aujourd'hui au
fait
que nous transmettre, en
du grand
n*a
découverte
se l'appropriant, la
peintre.
Perdus en un vaste ouvrage d'exégèse théorèmes empruntés à Léonard par
et
le P.
d'archéologie, les
Jean-Baptiste Villal-
pand fussent sans doute demeurés inconnus des mathématiciens si l'infatigable curiosité de Mersenne ne les eût découverts et signalés à l'attention des géomètres.
Sans cesse à
l'affût
des idées nouvelles que les savants de
France, d'Italie, de Hollande émettaient touchant la Physique
ou
la
Mécanique,
qu'elles étaient
le
laborieux Minime s'empressait, aussitôt
connues de
lui,
commenter en quelqu'une des publiait sans relâche; par
il
remplit ainsi, sa vie durant,
le
journaux scientifiques
les
reproduire et de les
mettait en circulation;
rôle
imprimés
P.
académiques.
Mersenne
fut
que
le
une
collée
à Paris, en 1626^ chez Robert
Estienne, sous le titre de Synopsis mathemalica.
d'auteur n'accompagnait ce
il
que devaient tenir plus
et les recueils
L'un des premiers ouvrages du tion de petits traités
les
singulières compilations qu'il
là,
tard les
de
titre,
mais
c'est
Aucun nom
au P.
Mersenne
privilège de l'ouvrage était concédé.
Chacun de
ces petits traités se
compose dune
suite de lliéo
rèmos empruntés, sans aucune démonstration ni
tigure,
quelque auteur
exemple.
illustre.
L'un de ces
traités,
par
à
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
84
un
contient tous les théorèmes des éléments d'Euclide; toutes les propositions
autre,
qu'Archimède a formulées dans
ses
divers ouvrages.
Le plus intéressant de tous ces résumés qui a pour
titre
:
Mechanicorwn
assurément celui
Là, les propositions énon-
libri.
Commandin, par Guidobaldo, par Luca
cées par
du centre de gravité des
sujet
est
solides,
Yalerio au
par Guidobaldo
et
Stevin au sujet de la Statique, par Stevin au sujet de l'Hydro-
aux diverses Questions méca-
statique se trouvent réunis et joints
niques d'Aristote.
Là
aussi,
Mersenne reproduit, au
ligne de direction^ c'est-à-dire
centre de gravité,
nomme
sujet de la
de la verticale qui passe par
le
divers théorèmes de Villalpand (qu'il
les
Villapandus) et quelques autres énoncés.
Parmi
ces énoncés, ajoutés par
publiés Villalpand,
il
Mersenne
en est où nous
à
ceux qu'avait
retrouverions la tradi-
tion d'Albert de Saxe qui, sans doute, s'était conservée dans les écoles
jusqu'au
Cette constatation serait bien
xvii^ siècle.
propre à démontrer l'influence considérable qu'eut jadis Alber-
dont
tutius,
le
nom
est à
peine prononcé aujourd'hui. Mais
l'étude des vicissitudes par lesquelles a passé cette influence, si
intéressante soit-elle, ne
le
Synopsis maihemaiica de Mersenne nous intéresse, c'est que,
par
lui,
point partie de notre sujet. Si
les propriétés statiques
vertes par si le
fait
Léonard de Vinci,
et
du centre de
gravité, décou-
publiées par Villalpand
savant jésuite en était l'auteur, sont venues à
sance
commune
la
comme
conhais-
des géomètres.
Nous ne suivrons pas
la trace
de ces propositions parmi
les
divers traités de Statique qui virent le jour au xvii® siècle ou
à des époques plus rapprochées de nous; une intéresserait l'histoire générale de la
Mécanique
toire spéciale des découvertes scientifiques de
temps, croyons-nous, de conclure
le
telle
et
recherche
non
Léonard;
l'hisil
est
chapitre de cette histoire
que nous avions entrepris d'écrire. Nous avons vu une idée, qui devait conduire à d'impor
spéciale
tantes conséquences,
germer
Léonard de Vinci. Cette idée tanée?
Non
point;
si
et se
développer dans
est-elle
l'esprit
de
née par génération spon-
originale soit-elle, sa formation a été
LÉONARD DE VINCI ET VILLALPAND
85
occasionnée, provoquée par des pensées plus anciennes. Ces pensées, qui ont suggéré une découverte au grand peintre de la
Renaissance, se sont-elles présentées à son esprit en quelque
œuvre produite par
l'Antiquité classique? Pas davantage;
ces pensées ont leur principe dans les écrits elles
ont été
élaborées
à
nouveau
par
mêmes la
si
d'Aristote,
Scolastique
du
xiv^ siècle et ce sont les corollaires produits par cette élabo-
ration qui ont fécondé les réflexions de Léonard. Celui-ci a fixé
sur
le
papier, en des notes sommaires, les divers aspects sous
lesquels la vérité se montrait à lui; mais résultats de ces méditations;
perdus pour
la
en
faut-il
il
n'a pas publié les
conclure qu'ils ont été
Science, qu'il a fallu retrouver ce qu'il avait déjà
inventé ? Point encore par tradition écrite ou orale, par la dilapi;
dation de ses manuscrits ou par la diffusion de son enseignement, la loi
de Statique qu'il avait reconnue est parvenue jusqu'aux
géomètres du
xvii^ siècle;
rant de la Science; Ainsi, l'étude soit-elle,
il
par eux,
elle a
pénétré dans
n'y manquait que le
que nous allons clore nous
nom
le
cou-
de l'inventeur.
paraît,
si
restreinte
capable de discréditer quelques-uns des préjugés qui
faussent l'histoire de la Renaissance scientifique.
m LÃ&#x2030;ONARD DE VINCI ET
BERNARDINO BALDI
LÉONARD DE VINCI ET
BERNARDINO BALDI
Maintes
fois,
Mécanique,
il
au cours de nos recherches sur
nous
idées neuves que
est arrivé
de formuler cette assertion
Léonard de Vinci a semées
ses notes n'ont point été
inconnues de
par de nombreux auteurs,
l'histoire
elles ont,
de :
durant tout
;
Les
dans
à profusion
ses successeurs
la
plagiées
le xvi" siècle,
inspiré les écrits qu'ils publiaient sur la Statique et sur la
Dynamique.
A
du grand ouvrage de Prado et Villalpand sur Jérusalem et son temple nous a fourni un argument saisissant; nous avons vu le P. Villalpand insérer dans sa description de la Judée un petit traité de Statique l'appui de cette assertion, la lecture
^
dont lons,
les divers chapitres se retrouvaient tous, à l'état
dans
les cahiers
nous a permis de inventeur,
le
manuscrits de Léonard;
restituer au
de brouil-
et cette
étude
grand peintre, son véritable
théorème célèbre du polygone de sustentation.
Nous allons retrouver
la trace
des notes de Léonard, et nous
allons la retrouver aussi palpable, aussi
profondément marquée
qu'en l'ouvrage de Villalpand, en analysant un commentaire
aux
Questions
composé avant
mécaniques le
d'Aristote;
monumental
traité
ce
commentaire
du savant
Jésuite,
fut
mais
la
publication en fut longtemps retardée 2.
Ce commentaire a pour auteur Bernardino Baldi. Voir la précédente étude Léonard de Vinci et Villalpand. Bernardini Baldi Urbinatis, Guastallae abbatis, In mechanica Aristotelis problemata exercitationes ; adjecta succincta narrationo de autoris vlta et scriptis. Mogunliœ, typis et sumptibus Viduae Joannis Albini MDCXXl. I.
:
3.
;
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
90
La vie de Bernardino Baldi d'Urbin, abbé de Guastalla. L'éditeur qui, quatre ans après la
de Bernardino Baldi,
les Exercices
intéressante
et
Scliarloncini
comme un
'.
les
cette notice,
rédigée
par
Fabricio
Bernardino Baldi nous apparaît
esprit d'une activité et d'une étendue prodigieuses,
capable d'embrasser les connaissances esprits,
tels
l'auteur, publia
précéder d'une courte
fît
biographique
notice
En
mort de
l'Italie
du
xvi'
plus diverses; de
les
montrée productrice
siècle s'est
féconde, plus peut-être qu'aucun autre pays, à aucune autre
époque.
Bernardino Baldi naquit à Urbin
juin i553;
le 6
tenait à
une noble famille de Pérouse,
gallini;
son trisaïeul
nom
patronymique
Sa mère se plaisait k conter
contre celui de Baldi.
extraordinaire dont Bernardino avait
appar-
famille des Canta-
la
son
avait troqué
il
fait
la
piété
preuve dès ses plus
jeunes années. Ses premiers maîtres furent Giovanni-Andrea Palazi
en
tenait
grecque
haute estime latine.
tèrent
et
à
Turonei
;
ce
dernier était
Paolo Manuzi (Aide Manuce l'Ancien) qui
avec
relation
les
Giovanni-Antonio
et
Baldi
pour
en le
connaissance des langues
sa
Les leçons de ce savant humaniste profi-
qui,
tout jeune
encore,
traduisait
en vers
Phénomènes d'Aratus.
En
Padoue pour y nous l'y voyons s'atta-
1573, âgé de vingt ans, Baldi se rend à
compléter
sa
formation intellectuelle
cher de suite à érudit,
il
Emmanuele Margunii
approfondit l'étude de
d'œuvre de
la
littérature
;
;
sous
l'Iliade;
grecque
et,
la
direction de cet
il
étudie les chefs
particulièrement,
les
Son commerce avec les poètes grecs fut si assidu que sa mémoire garda, sa vie durant, de longs morceaux de poésie hellénique; il répétait volontiers que la
idylles de Théocrite.
Le litre de celle notice est le suivant De vila et scriptis Bernardini Baldi Urbiex literis Fabritii Scharloncini, ad Illastrissimuni et neverendissimum Dominum Lxlium Buinuni Episcopum Balneoregiemem, ex-Nunlitun ipontoUrum ad Pohni.r I.
:
natis,
liegem
etc.
LÉONARD DE VINCI Kï BERNAHDINO H\LD1
9I
Iraduction d'un orateur grec lui coulait parfois quelque peine, tandis que la traduction d'un poète ne lui en coûtait aucune.
Son
aptitude
acquérir
à
connaissance d'une langue
la
étrangère tenait, du reste, du prodige.
Il
ment, à Padoue, en relation avec des
«
fréquem-
se trouvait
transalpins
»
;
il
se lia
d'amitié avec certains d'entre eux; honteux de ne pas entendre leur langage,
apprit
il
français et
le
l'allemand avec une
devenu abbé de Guastalla,
rapidité extraordinaire. Plus tard,
veut adonner aux études d'Écriture Sainte
se
apprend l'hébreu
chaldaïque
et le
;
joint la connaissance de l'arabe et
et,
en
trois ans,
quelque temps après,
il il
il
y Tesclavon, appris au cours
d'un voyage à Rome. Son épitaphe, citée par Nicéron
',
lui
attribue la connaissance de douze langues; mais Grescimbeni,
dont Nicéron rapporte également seize
:
témoignage, en énumère
le
l'hébraïque, la chaldaïque,
l'étrusque,
la
grecque,
la
latine, l'arabe, la persane, l'esclavone, la turque, l'allemande^
la hongroise, l'espagnole, la française, la provençale,
la sici-
lienne et l'italienne. D'ailleurs, dès l'époque de son séjour à Padoue, se manifester,
en
son goût pour
les
pose un
traité
même
sa vocation philologique,
études historiques et scientifiques
sur les canons
Chassé de Padoue par dit Scharloncini,
là,
temps que
nous voyons
il
et
;
il
com
sur ceux qui les ont inventés.
la peste,
il
revient à Urbin, sa patrie;
pendant cinq ans dans Tintimité
vit
du grand géomètre Frédéric Commandin, poursuivant en compagnie l'étude des diverses sciences mathématiques; Taide à dessiner d'Euclide, de
La douleur
Pappus
qu'il
figures
les
et
qui
illustrent
les
sa il
traductions
Commandin a données. mort de Commandin pousse
de Héron que
ressent de la
Baldi à écrire la vie de son ami; mais bientôt ce projet se
change en un dessein bien plus vaste tous les grands géomètres
;
et,
:
celui d'écrire la vie de
en douze années, Baldi mène ce
dessein jusqu'à complète exécution.
Comme 1.
remarque
fort
justement Nicéron \ ce
Nicéron, Mémoires pour servir à l'histoire des lionimes illustres de
des Lettres, 2.
le
t.
XXXI X,
t.
XXXIX,
de
la
République
la
République
p. 'i6i.
Nicéron, Mémoires pour servir à
des Lettres,
récit
p. 357.
l'histoire des
hommes
illustres
de
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
92
Scharloncini ne peut être exact,
Gommandin
car
était
mort
en 1675, un an avant que Baldi ne revînt en sa patrie s'il y eut amitié et collaboration entre ces deux hommes, ce ne put être ;
que durant
jeunesse de Baldi, avant son départ pour l'Uni-
Padoue.
versité de
Après
la
la
mort de Gommandin, Baldi
se lie d'amitié avec
un
autre géomètre et mécanicien illustre, Guidobaldo, marquis del
Monte; l'influence de
celui-ci,
complétant
din, pousse notre érudit vers l'étude de
sous cette influence qu'en 1682,
il
la
compose
aux Questions mécaniques d'Aristote dont va
celle de
Gomman-
Mécanique; les
c'est
commentaires
traiter le
présent
article.
La réputation que valaient à Baldi sa science
et ses
vertus
parvint jusqu'à Ferdinand de Gonzague, prince de Molfelta et
seigneur de Guastalla; celui-ci l'appela à sa cour,
sans
astreindre d'ailleurs le savant érudit à la vie fastueuse qu'on
y menait;
Baldi put continuer paisiblement ses travaux
demande de Vespasien de Gonzague, duc de mener à bien ses commentaires sur Vitruve.
à la
Ferdinand de Gonzague dut, sur ces Espagne;
il
ne voulut point
Sabionetta,
entrefaites, se rendre
se séparer de Baldi
et,
dont
la
en
conver-
sation le charmait et dont les conseils lui étaient précieux;
l'emmena donc avec lui. Mais dès le début du voyage, le savant philologue tomba malade; il dut s'arrêtera Milan, oii saint Gharles Borromée le reçut chez lui et le garda jusqu'à
il
complet rétablissement. Baldi revint alors à Guastalla
procura de studieux
loisirs.
Guastalla, qu'il n'avait Il
011
En
l'absence de Ferdinand lui i586, la charge d'abbé de
aucunement
sollicitée, lui fut confiée.
résolut alors de s'adonner exclusivement
canon étroit
et d'exégèse;
pour son
mais
il
aux études de droit
ne put se tenir à ce champ, trop
activité; la philologie, l'astronomie, la
géogra-
phie se partagèrent son attention avec l'étude des livres sacrés
nous
le
voyons traduire des géographes arabes
dictionnaire arabe. Enfin, en i6o3,
il
et
;
composer un
entreprit la rédaction
d'une géographie aux proportions monumentales, où devaient être décrits les
moindres
villes et villages
mentionnés par
les
LÉONARD DE VINCI ET BERN\UD1>'0 BALDI
auteurs anciens ou modernes.
Il
ne put terminer cette œuvre
gigantesque; à sa mort, survenue
quarante jours de maladie,
le
n'avait
il
98
12 octobre 1617, après
mené
bonne
à
fin
que
quatre ou cinq volumes de ce dictionnaire géographique; les notes qu'il laissait témoignaient que sept ou huit volumes restaient à composer.
II
Les ŒUVRES de Bernardino Baldi. Scharloncini nous vante les vertus,
désintéressement de Baldi; qui, chez cet érudit, tenait
force de l'âge,
il
se leva
il
nous retrace l'amour du
du prodige;
travail
tant qu'il fut dans la
régulièrement à minuit pour se mettre
à l'étude; pendant ses repas^ çais
la piété, la charité, le
lisait
il
un
allemand, fran-
livre
ou arabe.
Aussi breux.
les écrits
de Baldi sont -ils extraordinairement
L'épi taplie
nombre
à
quatre
titres,
quœdam toutes les
du savant abbé de Guastalla en évalue Scharloncini
quarante-huit.
biographique d'une
alla.
mais
nom-
liste
suivre sa notice
fait
d'ouvrages qui comprend cinquante-
cette liste
se
termine par ces mots
Crescimbeni, qui a eu entre
œuvres de notre
le
les
auteui', assure qu'il
Et
:
mains presque
en
fallait
compter
plus de cent.
Un
certain
nombre
vivant de l'auteur; 1°
santi
tels
des écrits de Baldi furent imprimés du
sont les suivants
Corona delU anno quale corrono
il
tatto
si
Vanno,
contiene tanti sonnettiy quanti
secondo
Vicenza, per A. délia Noce; 1689.
:
il
calenderio
— Cet ouvrage
est
Romano.
une
collec-
tion de 106 sonnets sur les principales fêtes de l'année. 2°
Dl Herone Alessandrino de
moventi,
lihrl
due,
tradotte
gll
aatomati overe machine se
dal greco da Bernardino Baldi. In
Yenetia, appresso Girolamo Porro; 1589.
Une seconde
édition fut donnée,
du vivant de
l'auteur
:
In
\enezia, appresso Gio. Battista Bertoni; lOoi.
L'ouvrage fut imprimé une troisième
fois, à
Venise, en 1661.
ÉTUDES SLU LEONARD DE VI>CI
Cj^4
Monsignor Berwrdino Baldi. Venetia,
Versi e prose di
3"
appresso F. de' Franceschi
;
iSgo.
Imprimé en Fabsence de Fauteur, fautes d'impression.
La
ouvrage fourmille de
contient les pièces suivantes
Il
poème en
nautica,
cet
:
non rimes que Baldi présenta
vers
eu i585 à Ferdinand de Gonzague;
Veglogue mis le; Li sonetti romani;
Le rime varie: La J'avola di Leandro
Museo;
di
Dialogo délia dignilà; L'arciero, overo délia felicila del principe
La
;
descriitione del pallazzo d'Urbino.
La description du palais d'Urbin, qui termine ce recueil, fut reproduite plus tard dans
Memorie concernenti
:
la
di
cilln
Urhino
e
la
descrizione del
palazzo da Behnardino Baldi e Francesco Bianchini, pubblicate dal Cardinale Annibale di S. Clémente. Borna, G. M. Salvioni; 172^1.
D'autre pari,
sous
le titre
:
le
Jai
poème de La
navigation,
de rHalien par M.
naalica fut traduit en français
poème de Bernardino Baldi,
Armand de Galiam.
J.
Paris,
traduit
A. Bertrand
(sans date).
Enfin ce recueil, enrichi par l'adjonction d'autres ouvrages de Baldi, fut public sous
:
Bernardino Baldi, ordinale e annotatc
Versi e prose scelle di
da Filippo Ugolini
le titre
Filippo Luigi Polidori. Firenze, Le Mon-
et
nier; 1869. /f
Les Sonnetti romani, avec une autre pièce, furent publiés
dans l'ouvrage suivant Sonnetti romani; 5"
La
Nenezia; (')"
Deifof)e,
il
8"
lauro. scherzo giovanile.
ovvero
gli oracoli délia Sibilla
Parigi
;
1600.
Cumea, monodie.
i6o/|.
Il diliwio
universale, cantalo
Pavia, per P. Bartoli -"
:
;
i()o/i.
Concelti morali. In
Parma
Carmina
Parma;
latina. \n
con nuova maniera di
;
liio-j.
i6o().
l'crsi.
LIÎONAUD
Impares
if ScaniUli
VINCI El BEK\AKDINO BALDl
Di:
a
Vitruvlani
ratione explicatif refulaiis
f)5
Behnaudino Baldo
nova
prioram inlerpreliim Galielmi Philandri,
Danielis Barbarie Baplistœ Bevlani sealentiis. AugusUïî Yindelico-
ruin, ad insigne Pinus
1612.
;
De Vitravianoram verborum
10"
perpeluiis in
signijicatione sea
commentarias
M. Vitruviam PoUionem, auclore Bernardino Baldo.
Accedit vita Vitruvii,
eodem
auctore.
AugusUr
\
indelicorum,
ad insigne Pinus; 16 12. Les recherches de Baldi sur Vitruve sont, assurément, celles de ses œuvres qui eurent
Aons reproduites dans
le
les
plus de réputation. Nous les trou-
ouvrages suivants
:
— M. ViTRUAii PoLLiOiNis Oper«. Libridecem. Anistelodami,
.1.
apud Ludovicum Elzevirium
;
Acceduni Lexicon
16/19
vianam Bernardini Baldi Urbinatis, Gaaslallœ Abbatis, ScamUli impaves Vitruvlani Lexicon Vitravlanum est
le
(L'écrit :
De
désigné
ici
et
par
ejusdem le titre
verborum
Vitriivlanoriini
Vitrn-
:
slgnlfi-
catlone.)
B.
— JoANNis
PoLEM
Vltruvlame, seu conimen-
Exercltallo/ics
larius crlticus de Vitruvii architectura. Patavii; 1789
M.
Vitruvii Polllonis vlta, auctore
Accedit
Bernardino Baldo.
— M.
Vitruvh Pollioms ArcJdtectura, textu ex recenslone codlcum emendato cuni exercltatlonlbus /iotlsque novlssûnls Joannis C.
Polem et cominentcuiis varioruni addltls. nunc primum sludiis Simone Stratico Utini, apud fratres Mattiuzzi, Vnno 1826, in olïîcina Peciliana.
— Cet ouvrage contient
Marcl Vitruvii Pot
Bernardino Baldo Urblnate, cum annota-
tlonis vlta conscrlpta a tlonlbu.s
:
JoANMS Polem
— Baldi
Bernardim Scanùlll Impares
Vitruvlani nova ratione expllcatl. Il"
Orazlonc dl B. Baldi, Ambasciadore del Ser. IJuca
blnOy alla Serenlta del
nuovo Duca
dl Venetla
d Ur-
M. Antonio Meni-
mlo. In Venetia; 16 13. 12"
Bernardini Bvldj
In
tabulant
leneam Euyublnam^
llngua
Hetrusca veterl perscrlptam. dlvlnatlo. Augusta? Vindelicorum.
ad insigne Pinus, imprimebat D. Francus; 16 i3" latine,
Heronls
Cteslbil Belopoeca.
Jioc
est
lo.
grœce
tellfactiva,
et
interprète et scholiastc Beu\. Baldo, qui Vltam Heronls
addidit» Augustae Vindelicorum^ 'yi>i^ Davidis Franci
;
1616.
ÉTUDES SLR LEONARD DE VINCI
f)6
La traduction dans
rées
de Bernardino Baldi furent insé-
et les notes
Mathemaiicl
collection des
la
donnée par
veteres
l'Imprimerie royale en 1693.
La
également imprimée
Vlta Heronis fut
en 1616.
a part
Héron d'Alexandrie est le dernier écrit de Bernardino Baldi qui ait été imprimé du vivant de l'auteur; mais un grand nombre d'autres ouvrages du savant abbé de Cette étude sur
Guaslalla furent publiés après la mort de celui qui les avait
composés; quelques-uns, même, n'ont pas presse avant la fin
du
livrés à
été
xix'' siècle.
Parmi ceux de ces ouvrages posthumes qui sont venus notre connaissance,
occuper en cet i4°
le
article
la
premier en date
est celui
à
qui va nous
:
Bernardini Baldi Lrbinatis, Guastalla3 abbatis, la mecha-
nlca Avistotelis problemata exercitationes tione de aatoris vita et scriptis.
;
adjecta succincla narra-
Moguntiœ, typis
et
sumptibus
Yiduœ Joannis Albini; MDCXXI. Il
cet
comme une
faut sans doute regarder
ouvrage
le livre
theca malhemalica,
t.
seconde édition de
mentionné par Murhard
suivant, 111, p. 6)
(Biblio-
:
Sylloge commeniarioriim et exercitatlonum in quœstiones mecha-
cum proemio Bart. Lausanni. œuvre, nous pouvons citer
nicas Avistotelis,
Après cette i5"
La
Yenetiis; 1623.
:
difesa di Procopio, contre
le
catumnle di Flavio Biondo,
con alcune considerationi intovno al luogo, ove segui Ira Totila e Narsete. In
la
giornata
Urbino, per M. A. Mazzantini; 1627.
16° / cento apologhi di M. Bern. Baldi, portati in versi da Gio.
Mario de Crescimbeni,
Roma, per Ces été
colle
moralità di Malatesta Strinati. In
A. de Rossi; 1702.
apologues,
originaux
composés, nous
Battista Alberti;
mais
très
sommaires, avaient
dit Scharloncini, à l'imitation
Crescimbeni a pris
la
peine de
de Leone mettre
les
en vers.
Une deuxième lip.
édition
du
même ouvrage
fut
donnée
:
Roma.
Perego Salvioni; 1828.
17"
Encomio
delta pair ia de
M. Bernardino Baldi, da Urbino.
In Urbino, per A. A. Monticelli; 1706.
LÉONARD DE AINCI ET BERNARDINO BALDI
Cet écrit a été reproduit en
pour
titre
léle
du
97
recueil, déjà cité, qui a
:
Memorie concernenti
dl Urbino e
ait là
la
del
ta descrizzione
palazzo da Bernaudino Baldi e Francesco Bianghini, pubblicatc
Cardinale Annibale di
dal
Clémente. Roma, G. M. Sal-
S.
vioni; 1724.
epUome deWistoria
18" Cronica de' Malemaiici, overo
mie
délie
Urbino, per M. A. Moniicelli; 1707.
lovo.
Ce
qu'un court abrégé du grand ouvrage auquel Baldi
n'est
travailla
pendant douze ans.
Cet écrit a été réimprimé dans
Versi e prose scelle di
les
Bernardino Baldi, publiés à Florence en iSôg
ment
et
précédem-
cités.
19''
Epislola de asse sive pondère Elrusco.
insérée au livre
20°
ch. VII de l'ouvrage suivant
1,
JusTi FoNTANiiM
Cette
De
Viia di Federigo
:
Roma^
anliquilatibus Hortœ.
lettre est
;
1708.
Commandino.
un des ouvrages les plus remarquables de imprimée à Venise dans le Glornale de' letlcraii
Cette vie, qui est Baldi,
a été
d'Ilalia, vol.
Elle a été
XIX,
p. i/|o; 1714.
réimprimée dans
les Versi e
prose
scelle di
Bernar
DiNO Baldi. Firenze; 1859. 21"
Bernardim Baldi
elegantisslme egloghe rasticali. Venezia
;
22" Delhi viia e de' falli di Gaibaldo
d'Urbino, tri
;
libri
Inséré dans Quallro
Vorlo.
Celeo,
XII; di Bernardino
1760.
I da Monlefellro, Daca
Baldi.
Milano, G. Silves-
1821.
iZ" Viia e falli dl Federigo da Monlefellro, isloria di
Bernar-
un manoscrilto inedilo con osservazione Zuccardi. Roma, presso Perego Salvioni; 1824. De scribenda hisloria Iraclalus, auctore Bernardino
dino Baldi estratta da di Fr.
24"
Baldo inséré dans ;
25**
delU
Spicilegiani
Viia di Arislide
Accademia
musique
Roma;
dans
Bomanuni, tomus I.
Quinliliano
ponlificia di
écrit est reproduit
p.
:
:
et
d' Arislide Quinlilien relalif
;
da Bernardino Baldi
Nuovi Lincei,
Vincent
Romœ
t.
1839. (.1///
XVIIl; i865.) Cet
Martin, Passage du
Irailé
au nombre nuplialde Platon.
i865.
DUHEM.
de
n
ÉTUDES SUR LÉO.NARD
(^8
Vita di Giovanni Eligerio
26"
pubblicato
Yl>Gt
da Beknardlno Baldi (Bulletino
di storia délie scienze
e
bibliogvafia
di
Di:
rnatcnialiche
da Baldassare Boncompagni,
Cet écrit est reproduit dans
p.
I,
1868).
3/19;
P. D. ïimoteo, Barnabita^ Stdla
:
épis Lola di Pietro Peregrino di Mavicoiivl.., p. 107.
t.
e Jisiche,
Menwria seconda...,
Borna; 1868.
27° Lettere di
sono a Parma
Behnahdino Baldi, cavate degli aulograti chc Archivio di Stata; pubblicale da Aniadio
nell'
Bonchini. Parma, per conto délia B. Deputazione di Storia patria; 1870. 28" Vite inédite di
niaieniatici iialiani,
scritti
da Behnaiidi>o
Baldi e pubblicati da Enrico Narducci {Balletino... pubblicalo
da B. Boncompagni, 29"
dans
Vita di :
t.
XIX; 1886).
Paolo di Middelbuvg da Beknaudino Baldi
Demetrio Mauzi, La questione
insère
;
delta rijbrnui det calendario
nel quinto concitio Laleranense (i5i2-i5i7). Firenze; 1896.
Le nombre des œuvres de Baldi qui ont jusqu'à ce jour est très considérable;
que Ton
ait
publié toutes
que
celles
nombre de
celles qui sont
en premier
lieu, cette collection
il
s'en faut, cependant, cite Scliarloncini.
encore inédites,
liciens qui avait coûté à Baldi
collection n'est point perdue
;
il
convient de
douze années de
citer,
le
travail. Cette
manuscrit original
et
deux
Boncom-
prince
'.
Bien d'autres œuvres inédites figurent encore dans
donnée par Scharloncini. Ces œuvres ont, les
Au
de vies des grands mathéma-
copies se trouvaient en la bibliothèque du
pagni
imprimées
été
la liste
d'ailleurs, les objets
plus variés.
Nous y trouvons des morceaux prose;
telle
la
traduction
en vers
littéraires,
italiens
en vers ou en des
Phénomènes
un
recueil de
poésies et de discours pieux, intitulé Scala cœleslisl
une com-
d'Aratus, première
paraison entre
œuvre de notre auteur;
la vie
sur la cour; des
monastique
poèmes
tels
et la vie séculière; six livres
satiri(iues sur le
même
sujet,
plétés par la traduction des Misères de courtisa/is de I.
com-
Lucien
;
(Jatatoyo di iiuinoscrilla ara posseduli du IL Baldassare UoncoiniHHjni, coinpiUUo dd
Enrico Narducci. lloiua,
Tip. délie Scienze laalenialiche e (isiclie; i8Ga.
LÉONAKI)
DIC
\1NCI ET BERNARDJ>0 BALDl
99
dépigrammes; des dialogues, dont l'un, traite de l'humanité, dont un autre, intitulé
des livres d'odes et intitulé Goselin,
Le Tasse, a la prosodie pour sujet.
A
riiistoire des
intitulée V
:
inventions scientifiques se rattache
De lonnenlis
l'étude des langues et à
traductions
eorum
bellicis ci
la pièce
itiventoribus.
appartiennent
la Pliilologie
les
des Fables de Musée, de VHomeri paralipomenou
composépar Quintus de Smyrne,
la
composition d'un Diction-
naire arabe.
La passion de Baldi pour l'Archéologie a inspiré
aux conservateurs de Rome en vue d'assurer quités de cette
ville
un
et
la
le
Discours
sauvegarde des
anti-
livre sur les Antiquités de Guastalla. et
du Nouveau Testa-
ment sont nombreuses dans l'œuvre de
l'infatigable érudit;
Les recherches au sujet de l'Ancien
nous y relevons, en Jérémie d'après
une traduction des Lamentations de
effet,
texte grec des Septante, enrichie de notes
le
d'après le texte hébreu; une paraphrase
posée sur
le texte latin et
annotée d'après
traduction de la Paraphrase sur
chaldaïque par Onkelos d'Ézéchiel; enfin,
L'Astronomie de Baldi, Cinq universel,
un
;
le texte
Job,
hébreu
une Description
nouvelle du
sur
le
écrit
Sur
le
une
;
temple
V Évangile selon saint Matthieu.
Géographie revendiquent, parmi
livres
com-
Pentateuque écrite en langue
le
une Étude sur
et la
du Livre de
les écrits
nouveau calendrier, un Cadran solaire firmament
et les
eaux, la traduction
d'un Jardin géographique arabe dont l'auteur est inconnu, enfin le vaste Dictionnaire
slalla laissa
géographique universel que l'abbé de Gua-
inachevé.
Mentionnons encore un ouvrage de géomètre, le Paradoxoram mathemaiicorum liber, dont le titre seul nous est connu et
nous aurons achevé
cette
revue des écrits composés par
Bernardino Baldi; revue sans doute incomplète; revue sante*
cependant, pour nous donner un
aperçu du labeul*
comme
des multiples apti-
prodigieusement tudes
Une bien
suffi-
actif et continu,
dont
intellectuelles, telle
témoigne une
puissance de travail, une
communes au
taisons modernes,
xvi' si
siècle,
telle
pareille
souplesse de lesprit,
étonnent jusqu'à
vite rebutées par
œuvre.
l'effroi
nos
une étude longue
et
ETUDES SUR LEONA.RD DE VINCI
100
moindre changement de méthode, si volontiers satisfaites d'avoir, en un tout petit livre, effleuré la surface d'un domaine minuscule.
pénible,
si
aisément déroutées par
le
m Les emprunts de Bernardino Baldi a la Mécanique
DE Léonard de Vinci. Scharloncini nous apprend que les Exercices sur
mécaniques d'Aristote furent composées
les
questions
par Baldi en i582.
moment, l'ami de Guidobaldo, marquis del Monte. Celui-ci venait de composer un traité de Mécanique qui, pendant un siècle, eut grande renommée; il allait y joindre un commentaire aux recherches d'Archimède sur les cenL'auteur était, à ce
'
tres
de gravité
^,
commentaire ne devait guère avoir
ce
et
moins de vogue que Les méchaniques. L'influence de Guidobaldo sur les doctrines mécaniques exposées par Bernardino Baldi ne
saurait
donc
être
révoquée en doute; bien loin
de nier celte influence, Baldi se plaît à citer à maintes reprises le
nom
de son ami.
Ses connaissances
Mechanicorum il
en
est qu'il
liber
ont, d'ailleurs, d'autres sources
du Marquis
nous
del
Monte
et,
que
le
parmi ces sources,
connaître. Telle, en premier lieu, la
fait
traduction des Questions mécaniques d'Aristote donnée, avec de brefs
commentaires, par Nicolas Leoniceni^;
savante et importante Paraphrase des niques
composée par
Baldi va 1.
même jusqu'à
le
très
mêmes
telle
encore
la
Questions méca-
docte Alexandre Piccolomini^.
nous apprendre, en sa préface, que
Guidi Ubaldi e Marchionibus MonVis Mechanicorum
liber.
Pisauri,
le
apud Hiero-
nymum
Concordiam; MDLXXVII. 2. Guidi Ubaldi e Marchionibus Morilis In duos Archimedis œquiponderantiuni libtios paraphrasis, sclioliis illustrala. Pisauri, apud Hieronynium Concordiam; MDLXXXVIII. 3. Nicolai Lconici (sic) Tliomœi Opuscula nuper in lucem œdila quorum noinina proxima habentur pagella... Conversio mechanicarum quœslionum Aristolelis cunifiguris Opusculum hoc ex imprcssione rcprcsenlavil et onnotationibus quibusdani. Colophon Hernardinus Vilalis Vtnelus, Anno Domini MCGGCCXXV, Die XXI II Februarii, ex :
Vcnctiis. 4.
Alexandri Piccolomini In niechanicas quœstiones Arislotelis paraphrasis paulo qui-
dem plenior, ad Nicolauni A rding hélium Cardinaleni amplissiinuni.... MDXLVII. In line vExcussum Uomae apudAutonium Bladiim Asulanuui. Tertio Non. lanuarii MDXLVII.
:
'-*/"
LEONARD DE VINCI ET BERNARDIISO BALDT
lOI
du Hollandais Simon Stevin est venu jusqu'à lui, mais qu'il n'a point vu les travaux de cet auteur'. Mais il est une influence que Baldi a profondément éprouvée bruit des recherches
et
que, cependant,
de Vinci ses
à
;
il
ne
pas
cite
Léonard de Vinci,
commentaires, attirent
il
:
c'est l'influence
de Léonard
doit tous les passages qui,
dans
plus vivement l'attention; de ces
le
passages, nous trouvons en quelque sorte le brouillon dans les cahiers que conserve la Bibliothèque de l'Institut; ce sont ces
mêmes
cahiers qui nous ont permis de suivre les
éveillées
en
l'esprit
du grand peintre par
la lecture
pensées
d'Albert de
Saxe; ce sont eux également qui nous ont gardé les esquisses des théorèmes reproduits par Villalpand.
Ces théorèmes,
si
curieusement insérés par Villalpand en sa
description de la Judée, nous les retrouvons presque tous en l'écrit
de Bernardino Baldi.
donne quelques-uns dans le chapitre ^ où il examine cette question d'Aristote Si deux hommes portent un poids suspendu à un bâton, pourquoi celui qui est moins distant du Baldi en
:
fardeau supporte-t-il une charge plus grande?
demander pourquoi ceux qui portent un grand poids marchent courbés et à réponCette question l'amène, en
effet,
à se
dre qu'ils prennent cette position pour mettre leur centre de
du point d'appui.
gravité dans la verticale
commence
11
alors à développer ces considérations sur les
avait
l'homme
animaux que Léonard esquissées au cahier ^^ puis plus complètement exposées
diverses postures de
au Traité de
la
3,
où
Pourquoi ceux qui sont telle sorte
il
examine
cette question d'Aristote
:
assis et veulent se lever placent-ils les
qu'elles
cuisses et rapprochent-ils de En
des
peinture. Ces considérations, Baldi les poursuit
au chapitre suivant
jambes de
et
fassent
même la
un angle aigu avec
les
poitrine des cuisses? Cette
Statique de Stevin, rédig^ée en flamand, ne fut imprimée qu'en i586 De Bcghinselen der Weeghconst, beschreven deur Simon Stevir. van Brugghe. TotLeyden,inde Druckerye van ChristofTel Planlijn, bij Françoys van Raphe1.
sous ce
effet, la
titre
:
linghen, MDLXXXVI. Ainsi, quatre ans avant qu'elles fussent imprimées, les recherches du grand géomètre de Bruges étaient déjà annoncées en Italie. 2. Bernardin! Baldi In mechanica Aristotelis problemata exercitationes; Quœstio
XXIX, 3.
p. i66.
B. Baldi, loc.
cit.,
Quœstio XXX,
p. i6G.
1-TUDES SUR LEONARD DE VINCI
Ï02
question était précisément
première
la
par
eût cherclié h résoudre
que Léonard de Vinci
'
considération du
la
centre de
gravité.
Baldi explique en détail la solution de Léonard
il
;
rend
compte d'une manière analogue de diverses allures de l'homme et des animaux; il n'oublie pas, d'ailleurs, d'appliquer la même théorie aux objets inanimés l'exemple du trépied le ^
;
conduit à formuler
du polygone de sustentation. L'équi-
la loi
que
libre des tours penchées, telles
de Garisendi à Bologne, est
tour de Pise et la tour
la
traité
presque dans
mêmes
les
termes qu'au livre de Yillalpand.
Ce
en ce
n'est point
livre,
cependant, que Baldi a pu
lire les
théorèmes de Léonard; l'œuvre de l'abbé de Guastalla achevée bien avant que ne parût n'est
pas admissible non
celle
du savant
était
Jésuite.
Il
plus que Yillalpand n'ait eu des
théorèmes de Léonard qu'une connaissance indirecte, par
la
communication d'une copie manuscrite des ExercUationes de Baldi; certains passages donnés par Villalpand, tel le passage si
le
caractéristique sur le vol des oiseaux, ne se trouvent pas dans livre de Baldi. Ils ont
dû puiser tous deux
leurs connais
commune, et cette source devait être soit un manuscrit de Léonard, soit un cahier copié sur les notes du sauces à une source
grand peintre.
Il
se peut, d'ailleurs,
que Villalpand
Baldi la connaissance de ce document; selon
composé un
point surprenant qu'il
ait été
traité
tenu de
Scharloncini,
Baldi s'était occupé, lui aussi, de la description d'Ezéchiel et avait
ait
sur ce sujet
;
du temple il
ne serait
mis, à cette occasion, en rapport
avec Villalpand.
Quoi
qu'il
en
soit, les
emprunts
faits
par Baldi à
Statique
la
de Léonard sont autrement étendus que ceux dont Villalpand est débiteur.
Parmi ces emprunts, la
l'un des plus caractéristiques
pesanteur apparente d'un grave suv un plan incliné.
La plus ancienne solution de ce problème
I.
dp
concerne
due
a
Pappus,
manuscnii- de Léonard do Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollion. M<. \ de l'Institut, fol. 28, verso. H. Riddi In inechonirn AristotcUs prohleinata t'J'crcitatinne:^; Qvtvpsi'io \\X, p. 173.
Lf's
la liil)IiothcqiiP 9.
est
BERNA RDTNO RVLDl
IKOIVVRD DE VINCI El
qui
efforcé de déterminer celle pesanteur apparente en
s'étail
roidement
étudiant
le
incliné
appuyé
;
sur
dun
un
sphérique sur un
corps
le
nous
que
liypothèses
des
aujourdliui inadmissibles, sait à
Io3
plan
jugeons
raisonnement de Pappus conduiévaluation de la pesanteur
résultat taux. L'exacte
apparente d'un corps placé sur un plan incliné avait été
xnr Jordanus de Nemore
obtenue dès
;
et la
méthode proposée par
la
répéter
cours de Statique sans y changer un seul mot.
les
Léonard, qui connaissait probablement par ce géomètre du
un
ce géomètre
que l'on pourrait, aujourd'hui encore,
était si parfaite
dans
par un mécanicien de l'École de
siècle
le
xni'' siècle, s'est
analogue à celui de
artifice
la règle
découverte
etTorcé de la retrouver par
Pappus;
sa démonstration,
inacceptable en bonne logique, n'en est pas moins ingénieuse; il
une certaine impor-
est à croire, d'ailleurs, qu'il y attachait
tance, car
il
l'a
exposée à plusieurs reprises
Or, cette solution
Bernardino Baldi
la
si
originale,
si
particulière à
reproduit très exactement
de remarque, à propos d'une question où
que
faire
Léonard diffère
^
Il
'.
a soin, d'ailleurs, de noter
offre des analogies
et,
elle
el
chose digne
semble n'avoir
que
la
solution de
avec celle de Pappus, et qu'elle en
en des points essentiels.
Tandis que Baldi adoptait cette solution dont moins,
Léonard,
était correct,
le résultat,
du
Guidobaldo, aveuglé par son admiration
exclusive des anciens, s'en tenait au raisonnement de Pappus.
Toute occasion semblait bonne à Baldi pour exposer, en
marge
d'Aristote, les
remarques
qu'il
empruntait aux notes de
Léonard. Aristote,
par exemple, pose cette question
:
Pourquoi
les
corps flottants, saisis par un tourbillon liquide, sont-ils tous
amenés au centre du tourbillon? Les circonstances se prêtent à une étude sur la formation des tourbillons au sein des eaux courantes. Cette étude, Baldi nous en donne
finalement
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Gh, Ravaisson-^IoUieri, Ms. A Bibliothèque de l'Inslitut, fol. 53, recto et fol. n, verso. Cf. P. Dulieni, Les origines de la Statique, Ch. II, et Cb, VIII, S 3. 2. Bernardini Baldi fn mechanica Aristotelis probleniata exercitationes : Ousestio Vfll Qua^ritur ciir ex figuris omnibus rotunda* facilius moveantur. p. Oj. 1.
de
—
la
:
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
fo4
mais ces éléments, nous ne sommes point
les
éléments';
fort
embarrassés pour en reconnaître presque dans
trouvons exposés,
la
mêmes
les
nous
les
termes, en
un
provenance
;
cahier de Léonard de Vinci.
Lisons d'abord ce que Baldi nous enseigne de tourbillons ((
genèse des
:
ABCD
Soit
la
courbe
i) la rive
(fig.
rapide courant
A
G avec
se précipite
en
violence, épousant la forme de la
se détache de la rive, l'eau poursuit
il
tournoiement commencé,
le iC
EFDC. qui
s'enroule en tourbillon; lorsqu'en
rive,
B
concave d'un fleuve. Le
et
courbe en spirale
GHFIK
dont
le
et
se
elle
le-
forme un tourbillon
centre est en K.
Les tourbillons peuvent encore naître
»
d'une autre cause, savoir, du conlact entre
en
Soit,
effet,
une eau courante et une eau dormante. ABC (fig. 2j une rive de fleuve qui forme
golfe; par suite de l'arrêt
opposé par
la rive, ce golfe
renferme
une nappe d'eau tranquille; supposons que
fleuve coure librement et direc-
le
tement entre
les
deux droites VC
AC
Tandis que l'eau qui avoisine
rapidement vers A,
elle
sion latérale, suivant
ABG
;
la partie
DE.
se porle
donne une impul-
G A, à
entraîne avec
elle
et
l'eau tranquille
elle,
de F vers G,
de cette eau qu'elle touche. Mais
tandis que cette eau entraînée court de vers G, l'eau tranquille qui
s'oppose à
elle et la
est à
repousse de
F
côté
G vers
H.
commence donc un mouvement en spirale; elle s'incurve selon la ligne GHK,
L'eau
point
où
I
touchent
les
les
diverses parties de l'eau
unes
les
autres. D'ailleurs,
ces masses d'eau roulant en spirale, I.
Bernardini
XXXV,p.
187.
Baldi
In
et
parvient
au
tourbillonnante se ces
tourbillons ou
que nous avons observés
inechaiica Aristotelis problemata exercitationes
;
Quaeslio
LÉONARD DE VINCI ET BERNARDINO BALDl
en naviguant sur
Pô, l'Adige ou d'autres grands fleuves,
le
ne demeurent point en un lieu invariable;
mouvement Teau,
de l'eau qui
les
entraîne
s'évanouissent peu à peu'.
ils
Lisons maintenant Léonard «
On observe
Io5
parfois,
»
et,
transportés au
la fin
dit-ib,
«
de nombreux tourbillons
du courant, plus
ils
sont grands.
eaux qui retournent en
arrière
après la percussion
qu'a
rapide.
Les eaux lentement mobiles que frappe
liquide
mue rapidement
et
produite
le
courant la
plus
masse
transforment aussitôt leur mouve-
acquièrent ladite vitesse; par suite, l'eau qui est en
contact avec attirée
les
s'appro-
ils
par
ment
de
:
se créent à la surface
» Ils
fil
le
»
sur les côtés d'un grand courant d'eau, et plus
chent de
suivent
ils
le courant;,
par force,
et
et
arrachée de l'autre eau; de sorte que, de
proche en proche, toute acquerrait ce
par derrière, se trouve attachée,
eau qui se mouvait lentement
cette
même mouvement
rapide; mais
un
tel
courant
ne pourrait recevoir toute cette eau à moins qu'elle ne s'élève au-dessus de lui;
comme
cela
ne peut
être,
il
est nécessaire
consume en soi-même de tels mouvements. Dès lors, lesdits tourbillons vont, consommant en diverses circulations les mouvements commencés. Et que
ils
cette
eau retourne en arrière
ne restent pas aux
mêmes
et
endroits, mais, après qu'ils sont
formés, tout en continuant à tourner ainsi, et sans changer de figure, ils sont portés
font à la fois deux
par l'impulsion de l'eau; en sorte qu'ils
mouvements,
l'un est
un mouvement de
révolution sur soi-même, l'autre consiste à suivre l'eau; et cette le
défasse.
eau transporte
le
le
cours de
tourbillon jusqu'à ce qu'elle
»
1. Nous verrons, dans une prochaine étude, que les Exercitationes de Baldi onl exercé une puissante influence sur la Mécanique du xvii° siècle; dès maintenant, mentionnons que l'ouvrage de Baldi est souvent cité dans les commentaires aux Questions Mécaniques d'Aristole composés par Jean de Guevara «. D'ailleurs, dans cet ouvrage, bon nombre d'emprunts sont faits à Baldi et, par son intermédiaire, à Léonard de Vinci, sans qu'aucun auteur soit cité; c'est ainsi que les considérations sur les tourbillons exposées ci-dessus sont reproduites par Guevara (Quaîst. XXXV). 2. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien Ms. F de la Bibliothèque de l'Institut, V 78 [3o], verso et recto. ;
a. Joannis de Guevara, cler. reg. min, In AristoteUs mechanicas commentarii, una cuin annotât ionibus quibusdam ad eandem materiim pertinentibus. Romae, apud Jacobum
Mascardum; MDCXXVIL
LKONARD DE VINCI
ÉTf DES SUR
To6
Le second de ces morceaux n'est
il
pas, on quelque soiio.
le
brouillon du premier? Arislote se pose la question suivante'
Pourquoi
:
les pièces
de
bois se brisent-elles d'autant plus aisément qu'elles sont plus
longues P Baldi s'empresse de profiter de cette question pour exposer ses idées sur
la résistance
des matériaux:
opinions à ce sujet, nous trouvons presque toujours
dans
les
manuscrits de Léonard^ au cahier
Bibliothèque de
de ses
oi',
trace
la
que conserve
l,
la
l'Institut.
Baldi s'occupe d'abord (p. 98) de la résistance d'une poutre
chargée debout.
entreprend d'expliquer pourquoi
11
poutre
la
soutiendra sans fléchir ni se rompre un poids très considérable
pourvu que de
la
le
du poids
centre de gravité
même
poutre se trouvent sur une
rencontre
le
centre de
la
que
le
verticale, et
surface par laquelle
sur le sol. Or Léonard avait dit^ de
de gravité
et le centre
même
:
support qui a son centre placé sous
que
celle-ci
poutre repose
la
est
a 11
impossible
centre du poids
le
superposé par ligne perpendiculaire se puisse jamais ployer,
mais d'abord ((
il
poussera sous terre sa base.
Mais, on dira peut-êlre,
ainsi, plus
une poutre
soutenir
poids, et
aux
le
»
remarque
Baldi,
a
que
s'il
en
sera grêle, plus elle aura de force
moins
elle se brisera, ce
Nous répondrons que
faits.
»
est
pour
qui est contraire
cette rupture
provient de
la
non des proportions géométriques... Deux choses importent donc à la force d'un support un rapport convenable entre la longueur et l'épaisseur, et une faiblesse de la matière et
:
certaine solidité et résistance de la matière. «
»
Bien qu'on ne puisse pas bien déterminer par
nombre
quel est l'accroissement de la puissance d'un corps de double quantité par rapport à u
un
autre,
approcher quelque peu de
remarques"' sur cette
situdinem I.
»
que Baldi
«
on peut pourtant, la vérité
))
;
et
il
n
dit
Léonard.
multiplie les
débita proportio longitudinis ad cras se
contente de signaler.
l'crnardini Baldi In mrrhnnica AristoU'Us prohU'inala orercifalioneu
:
Ouccslio XVI,
p. 95. a. f*
Les manuscrits
'i5,
verso.
;i.
//)/</..
loi.
'if»,
(U;
Léonard de Vinci; Ms.
verso,
fol.
'|(i,
reolo
\
ol vorsc», el
do fol.
la
'17.
Bibliolliôquc do l'inslilul, rorlo.
LÉONARD DE VIXCI
I-
T DKRNARDINO BALDI
\0^
Pour prouver qu'une poulie chargée debout ne peut courber ni se briser, Baldi considère tout d'abord poutre horizontale, encastrée à ses extrémités
et
se
une
(p. 99)
qui porte un
poids en son milieu: cette poutre résiste d'autant mieux que
le
rapport de sa longueur à son épaisseur est plus petit; l'abbé de Guastalla en conclut qu'une poutre chargée debout, où les
dimensions horizontales sont
fort
hauteur, a une très grande résistance étrange;
il
ne se trouve point dans
du moins,
les
;
le
raisonnement
est
notes de Léonard; mais,
voyons-nous l'étude de
>
par rapport à la
petites
la
flexion d'une poutre
horizontale chargée en son milieu se mêler'
à
l'étude de
la
résistance de la poutre chargée debout. D'ailleurs, les consi-
dérations par lesquelles Baldi prouve qu'une poutre encastrée à ses extrémités portera
un poids d'autant plus grand
est plus épaisse, rappellent
Léonard
qu'elle
de fort près celles par lesquelles
qu'un arc dont on double l'épaisseur portera
établit^
un poids quadruple. Côte à côte, Léonard dessine un arc en cintre surbaissé arc ogival.
L'arc peu courbé,
«
par lui-même, mais ses épaules.
parlant
»
—
«
«
si
on
épaules,
se
rompra
chaque arc
partir
vient à étie chargé,
s'il
davantage
sui'
du premier^
dit-il
le
est
charge; »
et si
tu as
partiel, à
peu près au
ajoute-t-il en et
le
devieni
peu de souci de
tiers
comme
ses
de sa longueur à
l'esquisse la
de ce que
résistance de ces
d'arcs.
Baldi, toutefois, y ajoute de son cru
forme où
se
une amère critique
complurent étrangement
au déclin de l'Empire, envahirent Les manuscrUs do Léonard de Vinci;
l'Italie et
Ms A de
les
»
de
barbares qui,
qui faussèrent hon-
la
Bibliothèque de
do
la
Bibliothèque do l'institul,
Les manuscrits de Léonard do Vinci; Ms. A de verso.
la
Bibliothèque de l'Institut,
/|8,
a.
»
du sommet.
deux sortes
I.
sûr
est
en deux points que Léonard marque
Bernardino Baldi enseigne'' au sujet de
fol.
u
un
faut bien armei'
par lui-même faible
Ces courtes indications sonl
cette
il
L'arc de grande courbure,
du second,
il
»
et
l'Institut,
recto.
Les mamisrritis de I-éonard de Vinci; Ms. verso.
V
fol. /i9,
3.
fol. 5o, 'i.
Bernardini Baldi In mechanica Aristotelis pvohlemata exercitationes, pp.
io6 107.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
I08
ieusement
bonnes
les
établies par les anciens
et
utile
que tous
l'usage en
les autres,
fut-il
règles
de
construction
».
arrive alors à traiter
Il
correctes
^
de l'arc en plein cintre
qui est de beaucoup
extrêmement familier
le
qui est plus
«
plus beau; aussi
à tous les architectes de
Ce que Baldi nous enseigne au sujet de la résistance de cet arc semble encore un simple développement de ce qu'en a dit Léonard ^ Léonard avait sans doute, dans un cahier que nous ne posl'antiquité
»
.
sédons pas, développé des arcs que
les
quelques indications sur
nous lisons au cahier A;
le
la résistance
manuscrit ainsi
rédigé ou une copie de ce manuscrit a dû venir aux mains de
Bernardino Baldi.
IV
Les emprunts de Bernardino Baldi a la Mécanique
DE Léonard de Vinci
(suite).
—
Le centre de la gravité
accidentelle
Notre attention va être attirée vers d'autres emprunts que Baldi a
faits
à
la
Mécanique de Léonard,
emprunts auront sur une puissante
et
le
et
ces
développement ultérieur de
nouveaux la
Science
féconde influence. Par l'intermédiaire du livre
composé par l'abbé de Guastalla, certaines idées de Léonard seront communiquées à Descartes et à Boberval; elles provoqueront entre ces deux grands géomètres un débat qui ne sera pas exempt d'aigreur; portées par Mersenne, par le P. Fabry, par Pierre Mousnier à la connaissance du jeune Christiaan Huygens, les affirmations contradictoires de Roberval et de Descaries suggéreront à ce physicien de génie la théorie du pendule composé; et la genèse de cette grande découverte de 1.
2.
Bernardini Baldi In mcchanica Aristotelis problemata exercitationes, p. 108. Les rîianuscrits de Léonard de Vinci; Ms. A de la Bibliothèque de l'Institut,
fol. 49,
verso.
LÉONARD DE VINCI ET BERNARDINO BALDI
Dynamique pourra sur
le
Il
ainsi être suivie à partir des notes jetées
papier par Léonard de Vinci
i.
nous faut tout d'abord, pour comprendre
notes qui furent
le
IO9
sens exact des
le
point de départ de cette genèse, dire quel-
ques mots d'une notion qui joue un grand rôle dans
nements de Léonard nous voulons parler de ;
Cette
même,
notion
l'exacte signification
l'Antiquité et le
vement des Aristote,
ne
l'on
Moyen -Age ont
point
notion àUmpelo.
possible
d'en
saisir
aux opinions que
se reporte
professées touchant
mou-
le
projectiles.
aux
struit toute sa
Toute chose
moteur
si
n'est
il
la
les raison-
livres Vil et VIII de sa
<Ï>u7'.7.y;
Mécanique sur ces principes
mue
x/.pcajtc,
a con-
:
qui n'est pas animée tient son mouvement
d\m
distinct d'elle-même.
Le moteur accompagne nécessairement
Dans une semblable
doctrine, le
la
chose qu'il meut.
mouvement d'un
projectile,
mouvement de la flèche après qu'elle a quitté l'arc, apparaît comme un phénomène qu'il est malaisé d'expliquer. A cette flèche en mouvement, il faut adjoindre un moteur le
qui soit distinct d'elle et qui, cependant, pendant toute la
durée du mouvement,
contigu avec
soit
elle.
Ce moteur ne
peut pas être une certaine impulsion, une certaine propriété conférée à la flèche par l'arc qui
lancée, car le
moteur
mue. Ce moteur ne peut
alors intrinsèque à la chose l'air
l'a
serait
être
que
qui environne la flèche.
C'est
donc
l'air,
ébranlé par
le
moteur
initial,
qui maintient
le
mouvement du
le
maintient en mouvement.^ La difficulté n'est point résolue;
elle n'est
projectile.
que déplacée.
Il
Mais cet air même, quel moteur
faudra accorder à
l'air
ce qu'on a
demeurer en mouvement premier moteur sera revenu au repos; il faudra
refusé à la flèche, la propriété de
après que
le
admettre que cet
air,
une
fois agité, peut,
pendant un certain
temps, non seulement demeurer son propre moteur, mais
encore servir de moteur au projectile.
Semblable illogisme n'a point arrêté Aristote; î. Cette genèse sera exposée daas Roberval et Descartes.
il
n*a point
une prochaine étude sur Bernardino
Baldl,
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
110
commenlateurs, depuis rAnliquité
plus illustres
arrêlé ses
jusqu'au début du xiv' siècle; Alexandre d'Aphrodisie, The-
Thomas, Romanus), Gau-
mistius, Simplicius, Averroës, Albert le Grand, saint
Colonna
Pierre d'Auvergne, Gilles
(./Egidius
Jandun consentent tous en ce point qu'un moteur peut communiquer à l'air, à l'eau, aux divers fluides non seulement la propriété de demeurer en mouvement lorsque le moteur est revenu au repos, mais encore d'entraîner dans tier
Burley, Jean de
mouvement
leur
les solides qu'ils
compara après que le
Alexandre d'Aphrodisie
communique
l'eau;
à
entourent. Cette puissance, à la chaleur
la
feu
que
le feu
éloigné,
a été
l'eau
demeure chaude et capable d'échauffer les corps que l'on y plonge. Cette comparaison fit fortune dans les écoles. Beaucoup de penseurs devaient réputer étrange cette opposi tion entre les solides et les fluides;
l'eau
une
mobiles
v.vn-v/Sr^ cjvajj/.ç l'.lzyirr^
moteurs après
et
ment, pourquoi refuser
on
la lui
Vristote et ses
Que
cette
opinion se
moins que
Tandis qu'en
flèche cette
la
la
soit,
même
Et
si
préoccupé
se trouve telle pas résolue?
dont l'attribution
nous en apportent
XXXI V'
yhy.\)Az''>
dès l'Antiquité, offerte à certains
::::6>.r,;;.aTa,
certaine,
la
un premier ébranle
difficulté qui a si fort
commentateurs ne
esprits, les Mr^yav./.z
rien
par laquelle ces corps demeurent
qu'ils ont reçu
à
accorde, toute
l'on accorde à l'air et à
si
à Aristote n'est
le
témoignage.
Question, l'auteur de cet ouvrage
admet que l'air ébranlé est la cause qui entretient le mouvement des projectiles, nous le voyons, aux deux questions qui portent les
n*'"
XVllI
et
XX, assimiler
le
mouvement
(©opi)
à
une pesanteur additionnelle. L'opinion, bien indistincte encore, que laissent soupçonner ces passages, se précisa
Thomas d'Aquin
et
ceux qui attribuent l'arc aurait
dont
il
assurément au Moyen-Age, car saint
Gautier Burley prennent soin de réfuter
le
mouvement de
imprimée en
la flèche à
cette flèche;
et
une verlu que
déjà* à cette qualité le
nom
Luculellu^.
i^yii
ne veut pas admettre l'existence, Burley donne'
de (/mvilé accidentelle. 1. [).
Burleu.'?
Aj'j, col. c.
Hujjer otio
libros
Physkvrum;
Vciieliis,
LioucUis
LEONAUn DE VINCI ET BERWRDINO
L'opinion que saint
et
I
I
Gautier Builey se refusaient
\i\' siècle,
par Albert de Saxe'.
imprime
Celui qui lance un projectile
((
l
nettement formulée, explicitement enseignée,
à adopter va être
au milieu du
Thomas
B/iLDI
à ce projectile
une
naturemêmeest dans la direction où le moteur l'a lancé. »
certaine vertu motrice; c'est unequalité dont la
de mouvoir Plus
le
rentraîne. et
le
projectile
est massif, plus est inlense la vertu qui
[)rojectilc «
Comme
une pierre
quelle est plus dense,
motrice; elle
pourquoi
elle reçoit
de malièie qu'une plume
davantage de cette vertu
garde plus longtemps que
la
meut plus longtemps
elle se
l'instrument qui
davantage de
a plus
vertu
plume
et voilà
ai)rès qu'elle a quitté
C'est aussi parce ({u'elle possède
la projette.
cette
la
motrice imprimée qu'elle produit
une percussion plus violente.
»
Cette vir/us itnpre.ssa n'est pas impérissable; elle s'atténue
peu
peu
à
relle
par s'anéantir, car
et finit
au mobile
et
qui l'incline à
«
le projectile
vertu imprimée
finit
un mouvement
:
contraire,
«
par se corrompre; alors
mou\ement qu'on
de se mouvoir du
lui a
le
programme de
maint passage de
la
» dit
cette
mobile cesse
donné en
lejelant.
Ces quelques phrases écrites par Albert de Saxe sont le
natu-
Comme, par nature, tend à un mouvement opposé,
lutte sans cesse contre cette vertu
Vlbertde Saxe,
la gravité, qualité
»
comme
Dynamique que Léonard développe
ej»
ses notes.
Nous ne pouvons songer à reproduire ici tous ces passages; bornons- nous à en noter quelques-uns qui résument et condensent, pour ainsi dire, la pensée du Vinci. La virtus motiva Impressa à laquelle Albert de Saxe attribue le
mouvement du
de Vinci
lui
donne divers noms;
souvent, /mpe/o; notes'
:
projectile qui a quitté son moteur,
a
il
l'appelle forza et,
le
Vlmpelo a de vie.
plus
Définition de Yimpeto,^) lisons-nous en ses
mouvement et de mouvement ce que
(dJimpelo est une vertu créée par
transmise par
Léonard
moteur au mobile qui
a
le
»
I. Acutissinue quséstiones sitijcr libros de physlca Auscallalione ah Alberto de Savonia editœ; in librum VIII quœslio XIII.
2.
Les manuscrits de Léonard de \inci; Ms. E do
fol. j-^t recto.
la
[jibliotlièquc de l'Institut,
I
I
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
3
Le mobile a de mouvement ce que V'impelo a de
vie;
de Yimpeio n'est point éternelle; cette qualité va
la vie
gnant peu
à
peu
finit
<ît
par mourir d'elle-même;
consumant par degrés de mouvement » u Ldi forza^ court avec furie à sa mort
mais s'élei-
elle «
va se
^ ;
désirée... Elle naît par
violence et meurt par liberté. Et plus elle est grande, plus vite
consume.
elle se
»
Mortelle parce qu'elle a pour origine la violence, la forza
en cela du poids qui est perpétuel parce qu'il est
diffère
naturel
:
toujours
«
Si
poids désire
le
en désir de
que
fatigue, tandis
la
poids tombe, plus
diminue.
elle
est naturel et
la
il
si
forza est
la
poids est par lui-même sans
le
forza n'en est jamais exempte. Plus
augmente^,
et
Isl
le
plus la /or;:a tombe, plus
Le poids
forza accidentelle. Le poids désire stabilité et forza désire fuite et mort d'elle-même.
la.
plupart des
»
mouvements que nous observons, Vimpelo
pesanteur interviennent tous deux
et la
et
3
Si l'un est éternel, l'autre est mortelle.
puis immobilité;
En
fuite,
stabilité
la
et,
bien souvent,
ils
s'opposent l'un à l'autre; lorsque Vimpeto est suffisamment fort,
il
annule
la
pesanteur
et
mouvement
le
violent; mais la pesanteur^ à son tour, tue
vement devient exclusivement
est
mixtes ou composés; d'abord violent,
soumis à
l'action de Vimpeto; puis
l'influence de la pesanteur. été accidentel
;
La 1.
il
trajectoire
un de il il
fait
mouvements monter le projecretomber sous
le fait
tombe
a d'abord été portée il
montait
et
»
d'un projectile se compose donc de deux
verso.
Les manuscrits de Léonard de Vinci; Ms.
A
de
Bibliothèque de
la
Les manuscrits de Léonard de Vinci; Ms.
loi. 34,
l'Institut,
•
loi. 34, verso. 3.
mou-
ces
appelé accidentel quand
descendait.
le
Les manuscrits de Léonard de Vinci; Ms. F. de la Bibliothèque de l'Institut,
loi. 7/4, 2.
quand
l'a
forza et
Le mouvement naturel ^ a d'abord
ainsi la pierre qui
ou jetée en haut; on naturel
«
purement
naturel.
Le mouvement d'un projectile
tile
Isl
est
A de
Bibliothèque de l'institut,
la
verso.
Plus un mobile s'approche 4. C'est la doctrine d'Aristote et de ses commentateurs de son lieu naturel, plus sa tendance vers ce lieu est intense. 5. Les manuscrits de Léonard de Vinci; Ms. A de la Bibliothèque de l'Institut, :
fol. 3i,
verso.
LÉONARD DE VINCI LT lîEriNARDIXO parties distinctes,
soumises à des
et
engendrées par des puissances différentes lois diff'érentes.
pesante', jetée avec
chemin. Et
à moitié
à 200 brasses,
Il3
13ALDI
changera
furie,
si
tu connais
place-toi à
La pierre ou autre chose
«
de sa course
la ligne
une tienne arbalète qui
tire
une distance de 100 brasses d'un
clocher, mets le point de mire au-dessus de ce clocher et tire
qu'à 100 brasses au delà de ce clocher, la
ta flèche; tu verras
flèche se fichera en ligne perpendiculaire
quelle avait
ainsi, c'est signe
qu'elle entrait dans le
pesante, elle tombait, libre, vers
Les deux portions de
mouvement
violent
violent et
le centre. »
celle qui
correspond au
mouvement
provient du
qui
celle
trouves
naturel, c'est-à-dire qu'étant
la trajectoire,
et
et si tu la
mouvement
fini le
mouvement
;
naturel, ne se succèdent cependant pas sans transition;
du
route
comme
de
la
forme d'une parabole;
Gomment lent et le
de
descendant
rapproche
se
l'air,
le talent
d'observateur qui carac-
la trajectoire réelle
prend, par suite de la
une forme semblable à
celle qu'il dessine.
s'explique cette transition entre le
mouvement vio-
mouvement naturel.^ Uimpelo ne passe pas brusquement
la pleine
bien avant affaibli
en évidence
Léonard, car
résistance de
l'arc
plus que l'arc ascendant; mais cette particu-
même met
térisait
continuité,
parfaite
marquent tous les dessins de Léonard; sans doute, ne donne pas encore à la trajectoire d'un mobile
la verticale
larité
une
avec
s'incurve
le
celui-ci
pesant
mobile
la
puissance à la mort; qu'il
pour que
ait
la
il
s'évanouit graduellement;
entièrement cessé d'être,
tendance naturelle vers
le
assez
est
il
centre
des
graves puisse se faire sentir; ainsi entre la période où ïimpeto entraîne le mobile dont la gravité est alors anéantie et la
période où la gravité, victorieuse, exerce seule son action,
une période de lutte entre ces deux puissances. Cette lutte, nous en sommes témoins lorsque nous suivons
s'écoule
mouvement d'une toupie rapidité de son mouvement de
des yeux les diverses phases du
La toupie^ qui, par
((
Les manuscrits de Léonard de Vinci; ms.
1.
fol.
/|,
2.
la
:
A
de
la
Bibliotlièque de l'Institut,
recto.
Les manuscrits de
Léonard de Vinci; ms. E de
la Bibliotlièque
de l'Institut,
loi. 5o, verso.
p.
DUUEM.
8
\i\
i:iLJ)ES sili
bt \\y(A
i.foNVivn
circoiivolulion, perd la puissance qu'a rinégalilc de sa pesau-
autour du centre de sa circonvolution, par cause de
leur
domine
Yiinpelo qui
tendance
à
ce corps, est
un corps qui n'aura jamais
la
l'abaissement que désire l'inégalitë de sa pesanteur,
tant que la puissance de Vimpeto
moteur de ce corps ne
se
l'ait
pas moindre que cette puissance de l'inégalité. »
Mais quand
la
puissance de l'inégalité surpasse
sance de Vinipclo, alors
circonvolution; et ainsi ce corps, sur ce centre »
le reste
quand
Et
la
du
centre du
elle se fait
amené
la puis-
mouvement de
à rester gisant, finit
susdit i/npeto.
puissance de l'inégalité se
Tait
égale à la puis-
sance de Vimpeto, alors la toupie s'infléchit obliquement
et les
deux puissances combattent avec mouvement composé, et elles se meuvent l'une l'autre avec un grand circuit, jusqu'à ce que s'établisse le centre de la
en
seconde espèce de circonvolution;
Vimpeto termine sa puissance.
lui,
»
entre la pesanteur et Vimpeto est
période de lutte
Cette
et,
précédée d'une période où cette qualité, victorieuse, annihile entièrement
pesanteur; au cours de cette période, un projec-
la
meut en
tile se
ligne droite dans la direction
lorsque, par exemple,
ment,
une bombarde
où
il
a été lancé;
a été pointée horizontale-
meut d'abord a dans la position d'égalité ». suivant une ligne horizontale; il n'éprouve alors
le l)oulet se
c'est-à-dire
aucune pesanteur suivant la direction
la verticale;
il
pèse seulement, dans
de son mouvement, de celte gravité accidentelle
meut selon la position de l'égalité' ne pèse ([ue par la ligne de son mouvement. On le prouve dans la première partie que fait le mouvement du boulot de la bombarde, mouvement qui est dans la position de qu'est Vimpeto
l'égalité.
:
((Tout grave qui se
))
Nous venons d'entendre Léonard pour désigner ce
et
leciuel,
vertu I.
l'action
mot nous dès
que
servir
du mot
par laquelle Vimpeto entraîne
a rappelé le
nom
temps de Gautier Burley, on
le
mo!(^ur
communique \iiici;
mi>.
le
pesci'
mobile:
de gravité accidentelle par
le
Les mniiUivfUs de Lronaixl de
lui. 77, reclo.
se
désignait cette
au projeclilc. (iaëtan (•
de
la
l>ibli<>llic(iuc
de
de rinslilul,
LEONARD
M.NCl Li
I)i:
Tiènc, qui écrit vers le milieu du
que
«
telle
ix
donnent
certains
le
nom
de gravité ou de légèrelé acciden-
qu'on rappelle
communément
prend parfois
terme de gravité
le
d'impeto ou de
/b/'C(/
«
;
simple
est sa gravité
% nous apprend-
siècle
xv*"
communiquée par
cette vertu
llÔ
|}i:il\AHDL>0 13ALi)i
le
moteur au mobile, mais
impetus». Léonard, lui aussi, accidentelle
comme synonyme
Trois sont les natures du grave^
et
l'une
:
naturelle; la seconde est sa gravité
accidentelle; la troisième est le frottement produit par lui.
Mais
poids naturel
le
est,
en
immuable;
soi,
l'accidentel qui se
joint à lui est infini, avec laforza; et le frottement est variable
selon les lieux où
il
est
fait,
ou
c'est-à-dire âpres
se
le
de gravité accidentelle que reçoit cette dernière qualité, va
conduire Léonard à une conception nouvelle il
»
marquée par
Cette analogie entre la gravité et Vinipeto,
nom
délicats.
bornera à l'indiquer
ment de
la
Selon
la
mais
;
elle
;
cette conception,
exercera sur
Dynamique une profonde
et
le
développe-
féconde influence.
doctrine que l^éonard a empruntée à
Vlbert de
Saxe, la gravité naturelle siège tout entière, pour ainsi dire, en
un
certain point
du grave, son centre de gravité; de même, en un point,
gravité accidentelle se condense
gravité accidentelle
mouvement
de
contre l'autre,
deux centres,
le
\
il
et la
centre de
le
se
meut d'un
forza entrent en jeu
y a lieu de considérer
centre de la gravité naturelle et
la gravité accidentelle
centres
donc qu'un mobile
lors
mixte, où la pesanteur
et luttent l'une
ces
;
c'est-à-dire
:
«
ceux de
à la fois le
centre
Tout corps non uniforme
a trois
la
grandeur, de
dentelle et de la gravité naturelle.
la gravité acci-
»
Les notes où nous voyons Léonard faire appel à
la
ration de ce centre de la gravité accidentelle, qu'il aussi centre du niouvenient
celle \ille
en
1
'i8o,
2.
eu
fol.
:
Impressum
Domini Octaviani
est
cuin
aniiotationibus IcxLuum,
hoc per Bonetum Locatellum, jussu
Scoti civis Modoetiensis.
Anno
et
expensis
Salutis 1/19G.
Les monascrits de Léonard de Vinci; ms. E de la Bibliothèque de rinstitut,
fol. 5/j, h.
malheu-
Tièiio,
Colophon
nobilis viri 3.
nomme
i'i(35. Il
Recolleclœ Gaietaui saper oclo Ubros Physicoi^uni
5i.
fol.
de
centre de ta Jnite, sont
considé-
ne à Viceuce, cnscigiiH la pliilosopliic à l'adoiic; il iiioiiniL on ne laul poinl le coiil'onclre avec Gaëlan de Tiènc, né à Vicenee mort en i.V|-; celui-ci fonda l'ordre des Théalins et fut canonisé.
(îaclaii
1.
ou
la
verso.
Les manuscrits de Léonard de Vinci; lus. F de la Bibliothèque do llnàlilut,
5.'<,
recto.
ÉTUDES SLR LÉONARD DE VINCI
Il6
reusement
fort
peu nombreuses
et fort
devinons que tout plan mené par partager
de
d'impeto
des
l'urre
du mouvement
centre
le
mobile en deux parties
le
peu explicites i. Nous y
telles
que
puissances
exactement
équilibrent
parties
les
doit
les
nous y lisons que, dans
puissances à'impeto de l'autre partie;
choc d'un projectile contre un obstacle, la position du point frappé par rapport au centre da mouvement détermine la viole
lence plus ou moins grande du coup et les
boulet après
choc. Ces pensées à peine esquissées, Léonard
développait en ce Traité da mouvement local qu'il mentionne
les
au Traité de en
le
mouvements du
:
peinture et que nous
qu'en ce Traité de
effet,
sition
la
((
la peinture, il
Tout grave pèse par
ajoute que
u
cela se
la ligne
invoque ^
lors,
cette propo-
de son mouvement,
» il
du mouvement local ». du mouvement local que Bernar-
prouve par
en ce Traité
C'est, sans doute,
possédons plus;
rie
la
g**
dino Baldi avait pris connaissance de ces propositions. Les emprunts de l'abbé de Guastalla à la
Léonard sont, en
effet,
impossible de
méconnaître.
les
Mécanique
assez larges, assez directs
pour
de
qu'il soit
Voici, d'abord, la distinction de la trajectoire d'un projectile trois portions
la
seconde de mouvement mixte,
:
la
mouvement violent, troisième de mouvement
première, décrite de
en
la
Deux de
mouvements^, le mouvement naturel et le mouvement violent, sont rectilignes le troisième mouvement, mélange de ces
naturel,
a
ces
;
FiG. 3
deux-là, est curviligne.
En
que l'on projette violemment un corps grave A (fig. 3); tandis que la violence est prédominante, ce corps se meut en droite ligne vers B lorsque la violence se met à faiblir peu à peu, on voit le mobile se porter en C par une ligne »
effet,
;
courbe
mixte
et
;
c'est
à
la
violence, en
transport en avant, à la nature, son
une I.
fois
qu'il
est
parvenu en C,
Elles se trouvent réunies
au ms.
A
de
effet,
mouvement
la violence la
qu'il
doit son
vers le bas
ayant pris
Bibliothèque de rinslitut,
recto et verso. a.
3.
Traité de la peinture de Léonard de Vinci, cli. GXCVI, p. G'i, Bernardini Baldi In mechanica Aristotelis problemata exercitaliones, p.
k.
fol.
;
fin /j/j,
LEONARD DE
YIINCI
ET RERNARDINO BALDT
tandis que la nature demeure,
le
II7
corps pesant tombe verticale-
ment suivant CD. Ce mouvement naturel
))
et ce
mouvement
comporter de diverses manières.
se
rieure
pousse un corps grave vers
nature
et
la
pousse
le
corps grave vers
une force extécentre du monde, la
en
Si,
violent peuvent
le
effet,
violence s'aideront l'une l'autre
l'autre; enfin,
dans
les
;
cette force
si
elles résisteront l'une à
le haut,
mouvements de
elles
côté,
com-
se
battront l'une l'autre d'autant plus vivement que la trajectoire
montera davantage.
«
La décomposition du mouvement d'un reproduit lorsqu'il analyse qui
frappe
le
mouvement delà hache
un coup de hache
en arrière; puis, brusquement, et le laisse
projectile, Baldi la
il
Celui
rejette
d'abord l'instrument
l'élève
au-dessus de sa
retomber. Tandis que
portion de circonférence, elle
i.
la
hache décrit
ainsi
tête
une
commence par monter d'un
mouvement purement violent; la descente, au contraire, est un mouA^ement mixte où la gravité naturelle est secondée par violence qu'a imprimée le bûcheron.
la
Ces considérations s'accordent de Léonard de Vinci
pu ne
Baldi aurait
;
il
les
fort bien avec la
Dynamique
bon de remarquer, cependant, que pas emprunter directement au grand
est
peintre; Cardan, qui les tenait sans doute de Léonard, les avait
déjà publiées
presque dans
les
mêmes termes
:
Les matières donc qui sont jetées au loing consistent en
«
trois et
^
mouvemens
:
le
premier violent,
moien composé des deux
le
ment porte point
le
dernier du tout naturel,
autres.
corps en droite ligne de
plus haut de la trajectoire.
le
le
«
A
Le premier mouvevers B, qui est le
Or quand
parvenue droitement en son extrême
est
»
la
lieu, elle
boule jetée
ne descend
en faisant la figure du cercle, ni aussi droitement, mais presque par une ligne la ligne
moyenne
entre les deux qui représente presque
environnante d'une quatrième partie du cercle,
comme
Bernardini Baldi In mechanica Aristotelis problemata exercitationes, p. 129. Hieronymi Cardani medici Mediolanensis De sabtilitate Ubri XXL Luo^duni; MDLl. Les livres de Hiérome Cardanus, médecin milannois, intitulés De la subtilité et subtiles inventions... traduis de latin en françois par Richard Le Blanc. Paris, MDLVI 1.
2.
—
;
p. 49, recto.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
118
BC; et finalement aucune fois la boule descend de G en D par le mouvement de la matière pesante.
est
»
vraisemblablement inspiré de
de Cardan,
ce passage
Si
tout droit
Léonard, a pu, à son tour, inspirer Bernardino Baldi, d'autres circonstances
où
celui ci
il
est
montre soumis à Tin-
se
fluence directe de Léonard. N'est-ce pas cette influence que
nous reconnaissons dans auteur explique
«
I
les
considérations par lesquelles notre
comment
les loupios
qui servent aux jeux
des enfants, se tiennent debout tant qu'elles tournent et tom-
bent lorsque leur
A J^
g(
F
(
prend :
I
\h
\?
DE
le
le
rotation
?
Considérons une toupie
dont
centre de graA
plan borizontal
ité
et
AB
est
ABC
U),
{fig.
C soient une verti;
cale qui passe par le centre de gravité
"O
-pv
«
fin »
mouvement de
C
"p*
et ])ar le
point d'appui B. Le centre de
gravité se trouvant sur
la
du
verticale
point d'appui, la toupie demeure en équilibre^ selon ce qui a
démontré. C'est par
été
qu'elle
tombe, à moins qu'elle ne
mouvement de «
rotation.
soit
animée d'un rapide
»
debout tant que
Je dis donc que la toupie se tiendra
mouvement de rotation, mais qu'elle inclinera vers chute lorsque le mouvement se ralentira, et qu'elle tombera
durera la
défaut de sa construction matérielle
le
le
lorsque la rotation prendra
fin.
Imaginons, en
effet,
que par
du manqvie d'homogénéité de la matière, ou du défaut de la fabrication, ou de toute autre cause, le centre de gravité désignons par G, H les côtés soit non pas en C, mais en F suite
;
de
la toupie.
Le centre de gravité
se trouvant
en F, hors de
la
du point d'appui, la toupie tomberait du côté G la vitesse du mouvement empêche qu'il n'en soit ainsi, car elle transporte aussitôt le centre de gravité de l'autre côté, en I. La verticale
;
toupie ne tombe pas davantage vers H, car
ramène
le
la
même
vitesse
centre de gravité en F. Grâce à ce transport conti-
nuel du centre de gravité autour delà verticale du point d'appui, la
toupie ne peut tomber d'aucun côté. Mais le I,
IJcriianliiii
Baldi In
incc'iaiiira Aristotelis
mouvement vient-
problemata crercilationes,
p.
a:i.
LÉONAllI) DE VINCI
à s'alanguir,
il
mouvement de
la
ravi té.
RVLDl
>
toupie s'incline peu à peu
rotation cesse tout à
du point d'appui
côté de la verticale pf
l'.EUN VIU)I\(
ni"
;
oii se
l
f)
lorsqu'enfin ce
toupie
la
fait,
T
trouve
le
tombe du centre de
»
L'imprio, lorscpi'il est 1res violent, supprime,
ici
encore,
la
conformément aux principes de Léonard « Ajoutons, » ditBaldi ', u qu'eu une telle rotation, le corps devient plus léger tant que dure le mouvement, el d'autant plus léger que la rotation est plus rapide. Cet effet a pour cause le mouvement latéral qui oppose un certain obstacle au mouvement
gravité naturelle,
:
qui, par gravité naturelle, tend vers le
Ton pose sur la paume de la tourne rapidement, une de ces toupies qui
rience nous apprend elle que
main, tandis qu'elle
centre; aussi l'expé-
si
servent aux jeux des enfants, on
la
trouve très légère.
»
Cette première période, au cours de laquelle Vimpeto prévaut
annule
et
la gravité, est suivie, selon
période au cours de laquelle la
«
contre la «puissance de Vimpeto Baldi
lutte,
la décrit
l'axe est incliné et
2
puissance de l'inégalité )>
en étudiant
dont
le
Léonard, d'une seconde
et finit
((
un déplacement
Lors donc que
la
Cette étude
la vaincre. Cette
centre se trouve hors de l'axe; la
il
nature, à chaque
du centre du Monde. que la nature prévaudra,
qui l'éloigné
violence cessera et
roue ne tardera pas à s'arrêter d'elle
la
lutte
d'une roue dont
la rotation
nous montre ce centre subissant contre révolution,
par
»
du mouvement de
même.
»
rotation nous fournit encore
d'autres rapprochements entre la pensée de Léonard et celle de
Baldi; en voici
de
un qui
est
particulièrement saisissant;
il
s'agit
rotation d'une roue dont le centre de gravité est sur
la
l'axe.
Au
sujet de ce
lignes-*»
mouvement, Léonard de Vinci
avait écrit ces
:
une roue dont
mouvement
devenu de plus en plus violent, donne d'elle-même, après que son moteur l'abandonne, beaucoup de tours, il paraît clair que si ce moteur « Si
1.
2. ,S.
foK
2
le
est
Bernardini Baldi In mcchanlca Ari^totelis prohleinata exercilalioncs, p. Bernardino Baldi, loc. cit., p. ^fi, Les manuscrit!^ de l/'onard do Vinci; ms. B i]o la Bibliolhrquo de 0,
verso,
7/i.
l'Inslilut,
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
IQO
persévère à
faire
la
tourner en sus de ladite vitesse, cette
persévérance peut avoir lieu avec peu de force. Et je conclus
que pour vouloir maintenir ce mouvement, le moteur n'aura toujours que peu de fatigue, et d'autant plus que, par nature, il
se fixera.
»
Baldi dessine
^
dont
cette roue,
sur l'axe de rotation; puis
(fig. 5),
centre de gravité est en
le
ajoute
il
:
a
En
G
l'absence de
donc à
toute force extérieure, le corps se tient en équilibre. Si
l'une des moitiés de la roue on applique, en
G par exemple, une la
moitié
'^ elle la
force
BGD prévaudra
si
petite soit-elle,
sur la moitié
BAD;
poussera ou l'entraînera, l'obligeant à
suivre son propre
mouvement. Ainsi
la puis-
sance que l'on a appliquée en G, ne rencontrant
un mouvement très rapide, et cet effet sera d'autant plus aisé et plus prompt que la roue est déjà davantage en mouvement, que son diamètre est plus grand et que la puissance mouvante est appliquée plus loin du centre. Nous reconnaissons clairement combien ce mouvement est facile si nous observons que le moteur peut aucun
obstacle^
communiquera
à la roue
cesser toute impulsion et que la roue, cependant, garde très
longtemps s'arrête
le
mouvement
qui lui
a
été
imprimé;
entièrement qu'après une rotation durable.
elle
ne
»
Nous avons vu Bernardino Baldi faire à la Dynamique de Léonard de Vinci de si nombreux emprunts que nous ne nous étonnerons pas de
lui A^oir
adopter
la
notion de centre de
la
gravilé accidentelle.
A
cette
notion, l'abbé de Guastalla accorde
importance; car la
pose à
la
))
par »
1.
2.
notion de centre de
même
de cette science
Le mécanicien considère
Un
la gravilé naturelle, il
base de sa Mécanique; voici, en
définit^ l'objet ((
la
le
grave
une extrême
effet,
comment
il
:
et le léger.
corps peut être grave de deux manières, par nature ou
violence.
Un
corps est dit grave par nature lorsqu'une propension
Bernardini Baldi In mcchamca Arhtoielis problemata exercilationes, p. 78. Bernardino Baldi, /oc. cit., p. i.
LTONARD DE VINGT ET BEUINARDTNO BALDI
T2T
du Monde. Il est dit grave par violence lorsqu'une certaine pesanteur, imprimée de l'extérieur par un moteur, le pousse dans une certaine direction. » Un corps est dit léger lorsque, par nature, il s'éloigne du naturelle lé porte A^ers le centre
centre »
du Monde.
D'ailleurs tout ce qui est grave est grave en
point que l'on gravités, et celui
le cenlre
de gravité;
la violence.
termes ((
'
de Frédéric
et
Commandin,
Nous disions
qu'il
la nature
deux définitions
les
Baldi continue en ces
y avait deux centres de gravité, l'un dû
Nous affirmons maintenant
que ces deux points n'en font qu'un en considérer
que par
y a deux
:
à la nature et l'autre à la violence.
les
il
certain
»
Après avoir donné du centre de gravité de Pappus
comme
y a deux centres de gravité, celui de
il
de
nomme
un
comme deux
la raison et
qu'on ne peut
réalité;
points distincts a
non dans
°
la réalité.
B (fig. 6) le centre de la gravité naturelle du corps A; c'est ce centre Fio. G. qui tombera en G si le grave tombe abandonné à lui-même; si, au contraire, on lui communique une impulsion dans la direction D, il acquerra un autre centre de gravité relatif à la violence qui l'entraîne dans la direction D; ))
en
en
Soit,
efTet,
réalité, ces
mais on rents
si
deux points n'en font qu'un, qui
devra
les
considérer
l'on considère
comme deux
séparément
la
est le point
centres
B;
diffé-
gravité naturelle et la
violence. »
A
ces
deux centres correspondent deux mouvements, tous
deux rectilignes; l'un purement naturel
et
l'autre
purement
violent... »
Cette identification entre le centre de la gravité naturelle et le
centre de la gravité ex violentia surprendrait peut-être
l'on
n'observait que
Baldi
considère
animé d'un simple mouvement de
surtout
un
'
à cette question
1.
Bernardini Baldi In mcchanica Arislotclis problemata exercitationes,
2.
Bcrnardino Baldi,
i8i.
projectile
translation.
Cette analogie lui sert à répondre
loc. cit., p.
si
:
«
p. 3.
Pour-
ETUDES
122
quoi
la partie la
lorsque
le
plus lourde d'un corps se tourne-t-elle en bas
corps tombe, et en avant lorsqu'il est projeté?
Imaginons une en plaçant en
Un
effet
ment;
centre de figure; laissons-la tomber
le
sorte
telle
semblable se produira de
celle-ci s'orientera
violentidy
Dans
sa cliute, la
que
la partie la
plus lourde
plus basse.
marche en avant ex
»
centre de gravité
le
liant la partie la plus lourde.
balle pirouettera de la
dont
balle hétérogène
ne coïncide pas avec
devienne
FJONARD DE TTXCI
SI H
soit celle
lequel
on lance
si
la balle latérale-
manière que
telle
qui contient
le
la partie
qui
centre de la gravité
coïncide précisément avec
le
centre de
reconnaissons
certaines
gravité naturelle.
dans
Or,
nous
exposition,
celle
opinions chères à Léonard. D'une pari, en
effet,
passage de ses notes, Léonard répète cet adage
tombe,
corps
chute.» ((
partie
la
nous lisons dans
D'autre part,
Ce qui
plus lourde se
la
est le plus loin
de celui qui
plus pesant, attendu que
le
le
:
Quand un
guide de sa
fait
ses
«
en maint
manuscrils':
cause, est ce qui est
du boulet qui va
c'est la partie
devant, et qu'elle se trouve sur une ligne passant par l'endroit
qui
l'a
poussé
et
par
centre du poids et de la fuite; et se
le
trouvant ainsi également au milieu de ces deux puissances, elle
en subit une égale action...
Le centre de ce que Baldi
Vinci
lafaife,
nomme
comme pour
dont
le
il
»
est ici question, est
centre de
Baldi,
il
la
violence;
coïncide avec
visiblement
pour Léonard de
le centre
du poids ou
centre de la gravité naturelle.
Nous pourrions multiplier ces rapprochements
Dynamique de Léonard
la
Dynamique de Baldi; nous montrer comment ces deux auteuis et
pourrions, en particulier,
entre
la
analysent d'une manière toute semblable
'
le
rebondissement
d'une balle qui a frappé un mur. Mais ce que nous avons dit suffit,
pensons-nous,
à
prouver
cette
vérité
:
Les doctrines
Les monnscrits de Léonard do Vinci; ms. A de la Bibliothèque de rinstilul, recto; cl', fol. ^4, verso. 3. Les manuscrils de Léonard de Vinci; nis. F. de la Bil)liollièqiio de l'Inslitnt, fol. a.i, recto. Bernardini Baldi //} ineclianica Aristotclis prohlemata c.mrilntiones. I.
fol.
^'i/i,
—
p.
i83.
I,i:ONARD
exposées au sujet du tirées,
en
très
grande
DE VINCI ET nEIlNARDINO
BATJ)I
I20
mouvement par Bernardino
Baldi ont été
partie, des notes
de Léonard de Vinci.
Dans une prochaine étude, nous verrons quelle influence ont oxorcée sur la Dynamique actuelle ces théories du mouve
ment empruntées par Baldi
à Léonard.
Mais, dès maintenant, les études que nous avons poursuivies jusqu'ici autorisent
une première conclusion
:
L'analyse des
théorèmes de Villalpand, des Exerciialiones de Bernardino Baldi
nous ont prouvé jusqu'à l'évidence que tifiques
les intuitions scien-
de Léonard de Vinci n'étaient nullement demeurées
enfouies dans l'oubli jusqu'à l'époque où Venturi les les
géomètres du xvr
nombreux emprunts, lancèrent dans
la
siècle
en eurent connaissance
exhuma; et,
par de
trop semblables à des plagiats,
circulation générale
ils
les
des doctrines scienti
fiques.
Déjà, la comparaison entre les écrits d'Albert de Saxo et ceux
de Léonard nous avait montré que Léonard n'était nullement l'autodidacte que l'on s'est plu, bieu souvent, à voir en lui
nous avions reconnu que
ses intuitions,
trices et les plus audacieuses, avaient été
par
la science
même
les plus
suggérées
et
;
nova-
guidées
du Moyen Age. Léonard ne nous apparaît donc
comme un génie isolé dans le temps, sans lien avec le passé comme avec l'avenir, sans ancêtres intellectuels comme plus
sans postérité scientifique; nous voyons sa pensée se nourrir des sucs de la science des siècles précédents pour féconder à
son tour
la science
solide et brillant,
des siècles fulurs; maillon admirablement il
tradition scienlifique.
reprend sa place dans
la
chaîne de
la
IV
BEKNARDINO BALDI
ROBERVAL ET DESCARTES
BERNAKDINO BALDl
ROBERVAL ET DESCARTES
Iîehnaudlno Baldi touchvnt les mouvements
Uni: opinion de
agcéléké8.
En bulinanl quelques unes des inluilions de Léonard de Vinci pour en enrichir son œuvre de mécanicien, Bernardino lîaldi' a
rendu à
vices.
la
pensée du grand peintre
plus signalé des ser-
Sans cet heureux larcin, tout ce que cette pensée
riche renfermai et inutile;
ramené est
le
ses
en
I
de
neuf
et
de fécond
la plagiant, l'abbé
eaux
fertilisantes
demeuré ignoré
fût
de Guastalla Ta publiée;
au courant de
si
la
il
a
Science qui s'en
trouvé grandement accru et accéléré.
Suivons ce
germer sous
courant
et
voyons quelles
la bienfaisante
découvertes
vont
inlluencc des idées de Léonard,
transmises par Baldi. Distinguer ce que la Mécanique du le
séparer de ce qu'elle
xvu*' siècle doit à Baldi,
tient d'autres
toujours chose aisée. Baldi n'a point
auteurs ne sera pas
marqué
ce qu'il prenait à
Léonard; à son exemple, ceux qui vont s'inspirer de presseront de cacher la source a laquelle
ils
riionnête Père Mersenne prononcera son
s'em-
lui
auront puisé
;
seul,
nom.
Une minutieuse enquête, semblable à celle qui nous a permis de retrouver la marque de Léonard sous la signature de lialdi ou de Yillalpand, nous permettra seule de rendre t.
Voir noire prcccdeiilc élude sur Léonard de Vinci
et
à Baldi cer-
Bernardino Baldi,
ÉTUDES SLR
128
taines affirmations
DE VINCI
lj':ONAI\D
que nous lirons dans
de Roberval
les écrits
ou de Descaries. Cette enquête nous sera parfois facilitée par la connaissance
de certaine opinion admise par l'abbé de Guastalla. L'opinion
dont nous voulons parler nous semble, en effet, tout à fait propre et personnelle au savant érudit; mais pour en marquer avec précision
les caractères,
différencient la pensée
à quel point
ils
de Baldi des pensées de ses jjrédé-
nous faut remonter assez haut dans le passé, jusqu'à Mécanique du Moyen -Age, source de notre Science
cesseurs, cette
pour montrer
il
moderne.
La Dynamique
Aristotélicienne a légué à la
deux affirmations qui, jusqu'aux temps modernes,
xm'' siècle
furent considérées testables,
sur les
Dynamique du
comme deux
comme deux
propositions également incon-
expérimentales tellement appuyées
lois
qu'elles ne pussent livrer au doute la
faits
prise; et cependant, tandis
que
mations pose une grande
vérité, la
la
moindre
première de ces deux
affir-
seconde énonce une
très
grave erreur. Voici la première de ces affirmations librement descend de plus en plus
pendant
si
longtemps,
consentement universel vient de lancer elle
bénéficia, :
La
commence par
passe par un
vile.
maximum,
:
Un grave qui tombe
Et voici la seconde qui,
comme
la
première,
vitesse d'un projectile
croître;
du
qu'un moteur
au bout d'un certain temps,
puis diminue
et s'a/mule.
Accélération de la chute libre des graves, accélération initiale
du mouvement des donnaient, au faits
projectiles, cette vérité et
même
titre,
comme
cette erreur se
des traductions fidèles des
d'expérience; elles bénéficiaient également de l'autorité
d'Aristote'
Parmi
;
elles étaient l'objet d'explications
analogues.
ces explications, laissons de côté celles qui sont anté-
rieures au
xni''
siècle 2
et
arrivons de suite à saint
Thomas
d'Aquin. La soi-disant accélcralioii du mouvcmon l des projectiles est affirmée par Arislolc, OJpavoO, U, ç (Livre 11, eh. VI). 2. Au sujet de ces explications, voir P. Duhcm, De l'accélération produite par une force constante ; notes pour servir à l'histoire de la Dynamique. (Mémoire présenté au Congrès d'Histoire des Sciences. — Comptes rendus du 2° Congrès de Pliilosophie, p. 85y Genève, 190/».) 1.
llept
:
;
BERJNAUDlNO BALDI, hOi'.i:UVAL ET JJESCARTES
I
29
Avec Aristote et ses plus fidèles commentateurs, saint Thomas admet que le mouvement du projectile, séparé de l'instrument qui
ambiant;
il
l'a
mouvement de l'air demande au mouvement de cet
lancé, est entretenu par le
est naturel qu'il
air d'expliquer la soi-disant accéléralion initiale
aussi est-ce ce qu'il fait
a
:
mouvement
ce
cement, alors que
du mouvement du
rapide qu'au
plus
est
niquée par l'instrument projetant
commence
à s'aftaiblir. cette
un
cation de la prétendue accélération des projectiles,
de Jordanus de Nemore dont traité
De ponderibus
'
le ,
nom
nous
((
est
effet,
est
»
expli-
disciple
inconnu donne,
une explication analogue de
chute accélérée des graves. Voici, en auteur
il
commu-
que l'impression
Thomas d'Aquin propose
l'époque où saint
en son
commen-
quantité d'air ébranlée est petite;
la
aussi plus rapide qu'à la fin, alors
A
projectile;
Lorsqu'une grande quantité d'air
a été agitée, dit-il», c'est-à-dire au milieu projectile,
du
la
ce qu'a écrit cet
:
Une chose grave
meut d'autant plus rapidement
se
descend plus longtemps. Ceci l'eau, car l'air est
est plus vrai
dans
l'air
qu'elle
que dans
propre à toutes sortes de mouvements. Donc
un grave qui descend
tire,
en son premier mouvement,
fluide qui se trouve derrière lui et
met en mouvement
le
le fluide
qui se trouve en dessous, à son contact immédiat; les parties
du milieu
mouvement meuvent
ainsi mises en
suivent, de telle sorte
un moindre
que
celles qui les
celles-ci, déjà ébranlées,
obstacle au grave qui descend. Par
opposent
le fait, celui-ci
devient plus grave et donne une plus forte impulsion aux
du milieu qui cèdent devant lui, au point que celles-ci ne sont plus simplement poussées par lui, mais qu'elles le tirent. 11 arrive ainsi que la gravité du mobile est aidée par parties
1.
Sancti
édita; tomvis
Thomas III,
Aqiiinatis Opéra omnia jussu impensaque Leonis XIII, P. M., Gonimentaria in libres de CacloetMundo, lib. II, cap. VI, lect. VIII,
p. i5o. 2.
De
ce traité, la Bibliothèque Nationale possède
deux exemplaires manuscrits,
(fonds latin, ms. 8680 A et ms. 7878 A). Il a été imprimé au xvi° siècle, d'une manière oxlrèmemeni défectueuse, sous ce titre Jordani Opusculam de ponderositate Nicolai Tartaleœ studio correctum novisque figuris auctum.
tous deux
du
xiii' siècle
:
Vcnetiis,
apud Curtium Trojanum,
MDLW.
Nous avons
dit,
dans nos recherches sur
Les origines de la Slati(iue (ch. VII), de quelle importance avait été ce traité lution de la Slatique. r.
DLUE-M.
pour M
l'évo-
rViLDES
i.')o
el
accru par
gravité,
continuellement
en sorte que ce mouvement accroît
la vitesse
du grave.
Pareille explication de
pouvait
dl vinci
î;<>\aivIj
i
que. réciproqueiiieiit, leur luouvemenl esl
leur Iraclion la
>t:i;
manquer de
»
chute accélérée des
la
graves
iic
ceux qui attribuaient aux mou-
satisfaire
vements de l'air l'entretien du mouvement d'un projectile. Vussi voyons-nous, en la première moitié du \iv' siècle, \\ aller
Burleyi
et
Jean de Jandun-' souscrire à
cette théorie.
Ces explications, admises par Burley, par Jean de Jandun, ne seront naturellement pas acceptées par attribuent la continuation gravité accidentelle, à
du mouvement du
un impelas
physiciens qui
projectile à
une
impvessus.
Déjà Burley nous avait avertis que le
les
certains prétendent que
c
grave, en descendant, acquiert continuellement une nouvelle
gravité
plus en plus grave
et,
par conséquent, qu'il se meut continuel-
lement de plus en plus se rallie les
devient ainsi continuellement de
accidentelle, qu'il
vite ». Cette
opinion est celle à laquelle
nettement Albert de Saxe; à
Physiques d'Aristote où,
de ïitnpetas impressas
et
si
la fin
nettement,
il
de
la Ouesllon'
formule
la
sur
doctrine
l'oppose à la théorie aristotélicienne,
On peut expliquer de la même manière pourquoi le mouvement naturel est plus rapide à la fin qu'au commencement; il faut dire à ce sujet que le mobile animé du mouvement naturel acquiert une certaine aptitude à ce mouvement et cette aptitude acquise, en s'unissant à la s'exprime en ces termes
il
gravité,
:
«
meut plus rapidement
le
mobile.
»
Cette doctrine, Albertutius l'avait déjà formulée en la seconde partie de son Traclalas proporlionam
I.
hoc
;
il
Burlciis, Super oclo Ubros Physicufiiin, lib. Vlll.fol.
l'expose surtout en
n:»;. col. c.
doloplioii': Kl in
exposilio evcelleiitissiiiii i)liiloso])hi Ciualleriide Burley Anglici iu libros oclo de physico auditu Aristolclis Stagerile (àtVj, emeudala diligeutissimc, imp^e^^a (iiiiliir
artc cl diligculia Boncti Locatclli Bergomcnsis, siimptibus vcro et e\pcnsis iiobili>
auno .Salutis nonagcsinioprinio Mipra quadringenlesimum, quarto nonas Deceinbris. -j. Joannis de Janduno In Ubros Aristotelis de Cœlo et Muiido quiesliones subtUissimn\ quil)us nupcr consulte adjecimus Averrois sermonem de substantia orbis cum ejusdcin Joannis commcntario et quœstionibus... Veneliis, apiid Ilieroiiynium Scotum, 155^?. OucTstio \I\, fol. .S:?, col. d. 3. Alberti de Saxoiiia ()u,rstiones in Ubros de physica (uiscuUaUone; in librum VIII (pia">.lio Mil. CI'.: Albcrli do Savonia (Juivstionc» in Ubros de C<v(o el Mundo. lib. ni. (|u;.K|i,, Ml. >iri Octaviaiii Scoti Modoetiensis... Venetiis,
millesimum
et
—
BËKNARDINO
une question sur
le
UUI5i:il>AL
lîAl.Dl,
De Coelo
' ;
question admirable, où
où
examine
il
la vitesse
si
entre-
des
de chute des graves croît
temps écoulé
proportionnellement au
il
mouvement
voit la loi de l'inertie et son application au astres;
IOI
ET DESCÎAHTES
où
;
il
se
demande,
comme
tant d'autres physiciens l'admettront après lui,
comme
Galilée
lui-même l'admettra pendant quelque temps,
si
cette
vitesse croît proportionnellement à l'espace écoulé; où, enfin, il
rejette ces lois qui feraient croître la vitesse
au delà de toute
temps écoulé ou avec l'espace parcouru, pour en adopter une qui la fasse tendre a ers une limite finie. En cette question, Albert s'exprime en ces termes: « Il est limite avec le
une autre opinion au
de l'accélération du mouvement
sujet
naturel, et c'est cette opinion que j'approuve. Selon cette opi-
nion,
il
faut
imaginer qu'un grave qui tombe acquiert, outre
sa gravité naturelle,
un
certain
///iyje/^ii*
cette gravité accidentelle vient
corps
acquiert se
il
en aide à
la
;
gravité naturelle
mouvement plus rapide... Lorsque tombe pendant un temps de plus en plus long, il
pour animer le
ou gravité accidentelle
le
grave d'un
un impetus de plus en plus grand
mouvrait de plus en plus
et,
par conséquent,
vite si la résistance, croissant
plus vite que ïinipetas acquis, n'y mettait obstacle.
»
Albert de Saxe admet donc, au sujet de la chute accélérée des graves, l'opinion que V\ aller Burley rejetait; quant à la
prétendue accélération du qu'il a quitté
du
projectile
après
son moteur, nous ne voyons pas qu'il en
mention dans
lait
mouvement d'un
ses écrits.
xv^ siècle, reproduit
d'Albert de Saxe en
'
ait
Gaétan de Tiène qui, au milieu
presque exactement l'argumentation
faveur de ïinipetas impressiis,
pas à nier cette soi-disant accélération
:
«
n'hésite
Bien loin de se
I. Questiones subtilissinie Alberiï de SdLXoni'd in Uhros de celo et manda. Colophon Kxpliciiml (fuestiones... Impresse autem Venetiis arte Boneti de Locatellis Bergo:
iiieiisis. Impensa veto nobilis viri Octaviani Scoti civis modoeticnsis. Anno salulis nostre 1^9:3. Nono Kalen novembris. Ducante inclito principe Augustino Barbadico. Libri II quaîstio XIIII. Cette question capitale n'a pas été reproduite par Georges
Lokert dans
les
deux éditions du
même
ouvrage qu'il a données
à Paris,
en i5iG
et i5i8. >..
loi.
RecoUecte Gaietani super oclo libros
5o, col. d,
fol.
5i, col. a.
Colophon
:
Physicoruni ciun
Impressum
est
annolationibus
textuum,
hoc Venetiis per Bonetum
Locatelluni jussu et expensis nobilis viri Oclaviaui 8coli civis Modoeticnsis, aiuio >alutis i^yO, iionis sextilibiis.
ETLDES SUU LEOAAllD DE VLXCI
IÔ2
mouvoir plus rapidement à quelque distance de l'arc, la flèche se meut plus lentement. » Les historiens de Léonard ont souvent signalé son caractère hésitant; difficilement, il s'arrêtait à un ferme parti, parce qu'il en reconnaissait, avec trop de clairvoyance,
Dynamique
Au
De
défauts.
et les
cette
continuelle perplexité, ses idées en
un nouvel exemple.
offrent
sujet des principes de celte science,
tous les écrits dont
il
avait eu
avait lu et médité
il
communication, aussi bien ceux
Thomas d'Aquin que ceux
de saint
points faibles
les
d'Albert de Saxe; voici
une note qui nous en apporte le témoignage Du mouvement en général. Quelle chose
^
:
est la cause
c(
mouvement. Quelle chose chose est celle qui est
le
mouvement en
est le
est
Vimpeto; quelle chose est la cause de Vimpeto
où
elle se crée.
est sa cause. Quelle
percussion
la
Aristote,
de
3''
la
et
Mundo.
Entre
les
quelle chose
Physique,
Thomas,
et Albert, et
de
7*^
la
et les
Physique. De
»
Écoles adverses, Léonard n'a pu se décider à faire
un choix exempt de
tout partage;
il
ne
s'est
Thomas d'Aquin qui du mouvement du mobile à
à suivre l'École de saint les particularités l'air
du milieu
et sa cause.
autres; sur le rebondissement, dans le
Cœlo
;
et
rebondissement. Quelle chose
le
courbure du mouvement droit
est la »
chose est
Quelle
soi.
mouvement. Quelle chose
plus apte au
Quelle chose est
du
ambiant;
il
n'a point,
non
plus,
point résolu
attribue toutes l'agitation
donné son
de
entière adhé-
sion à l'École d'Albert de Saxe qui, pour rendre compte de ces particularités,
invoque seulement Vimpelus.
Entre ces doctrines opposées,
terme
et,
pour tout
dire,
c'est
de cote mal
de Vinci. Avec Albert de Saxe, projectile qui a quitté son
il
moteur
une
taillée,
Les manuscrits de Léonard do Vinci, nis.
i3o
[<S:j|,
verso.
moyen
attribue le
mouvement du
à Vimpeto,
à \diforza, à la
tence et définit les caractères; mais avec saint
1.
de
qu'adopte Léonard
gravité accidentelle dont, à maintes reprises,
fol.
sorte
I
de
la
il
affirme l'exis-
Thomas d'Aquin,
Bibliolliôiiuc
do
rinslilut.
BERNARDINO RVLDI, ROBEKVAL ET DESCAUTES il
explique par l'agitation de
le
Thomas
passage suivant «
'
:
fcnt
mouvement
traversent lair par un et
phénomènes
d'zVquin qui inspire à Léonard de Vinci
Le milieu du chemin direct
sance
les
33
ou supposés.
d'accélération, vrais C'est saint
ambiant tous
l'air
I
par des corps pesants qui
violent est de plus (jrande puis-
de plus grande percussion, sur rotjstacle quits rencontrent,
qu aucune autre partie de ce parcours. »
La raison de ceci
de son moteur,
est
que quand
l'air
mouvement
sans
premier degré de sa résistance;
petite partie de l'air
et,
vitesse.
en
le
et,
bien que
par suite, au
la force
en rester vainqueur chassant, est
meut en
;
il
un peu empêché
mouvements
formés étant semblables à ceux qui
cercle en chassant ainsi la
un
autre,
même
se font
s'approche
même
que
la
dans
tout l'air
trouve
qui se
ligne que lui se trouve préparé
davantage
trouvant moins de résistance dans course; de
;
pour centre. Chaque
au mouvement, mouvement qui s'accroît d'autant que l'air
chasse
lui est toujours centre
l'eau avec l'endroit frappé par la pierre
qui chasse
une
Cet air étant donc poussé, en pousse
circulaires dont le poids qui se
devant son moteur sur
offre
l'air
chasse d'autre, en produisant derrière lui des
les cercles ainsi
la force
du poids poids n'agissant que sur une
le
lair, arrive à
de sa place
dans sa propre et
et,
de résistance plus grande que n'est
qui y est poussé, néanmoins,
donc
poids part, de par
trouve, bien que ce départ soit au premier
il
degré de sa puissance,
somme
le
l'air,
;
par suite,
double
barque menée dans
le le
la vitesse
l'eau,
poids poids
de sa
laquelle
meut avec difficulté dans le premier mouvement, bien que son moteur soit dans sa plus puissante force; mais quand l'eau, avec des ondes arquées, commence à prendre mouvement, la barque, suivant ce mouvement, trouve une faible résistance et, dès lors, se meut avec facilité... o Léonard a formulé à plusieurs reprises', avec une grande se
1.
Les Manuscrits de Léonard de Vinci; ms. verso.
A de
la
Bibliothèque de l'institul,
fol. /|3, 2.
Cf. P.
Duhcni, De l'accélération produile par une force constante; notes pour servir la Dynamique (Comptes rendus du 2' Congrès de Philosophie, p. 85f)
à l'histoire de
;
Genève,
190/1),
ETUDES SIR LKONARD DE VINCI
l8^|
netteté, la loi de l'accélération
uniforme de
Cette accélération, d'ailleurs,
il
la
chute des graves.
comme
en rendait raison
le
un mécanicien de l'École de Jordanus, dont Léonard paraît s'être fréquemment inspiré, et plus dès
faisait,
Walier Burley
tard,
La
«
siècle,
xni''
le
et
Jean de Jandun.
gravité qui descend libre,
dit-il
i,
acquiert à chaque degré
de mouvement un degré de poids. Ceci naît par la deuxième
premier qui
dit
En
résistance.
que
du
corps sera plus grave qui aura une moindre
le
on
cas de la descente libre des corps graves,
voit manifestement, par l'expérience déjà alléguée de l'onde de
que
l'eau,
l'air fait la
même
parce qu'il se trouve poussé dire qu'il fait
A
onde sous
la
chose qui descend,
de l'autre côté,
et,
une onde tournante qui aide
attiré, c'est-à-
à pousser
présent, pour ces raisons-là, l'air qui fuit en avant
qui
le
en bas.
du poids
chasse montre manifestement qu'il ne lui résiste pas
et,
par conséquent, qu'il n'empêche pas ce mouvement; dès lors, plus descend l'onde qui Aa plus vite que la gravité qui la
meut, plus dure nière
Au deux
poids à une facile
le
xvi*" siècle, les
cette gravité; plus la der-
fuite. »
mécaniciens se divisent presque tous entre
partis.
Les uns suivent de
mouvement de
s'en éloigne et d'autant plus elle prépare l'air qui
onde
touche
le
l'air,
ils
ment des
la tradition
attribuent
projectiles,
de Walter Burley; à l'agitation
non seulement
l'entretien
mais encore l'accélération de
du mouvela
chute des
graves; c'est parmi ceux-ci qu'il convient de ranger
car-
le
dinal Gaspard Contarini et le jésuite Benedictus Pererius.
Au Non
Les autres sont nettement les disciples d'Albert de Saxe.
premier rang de ceux-ci, plaçons Jules -César Scaliger. content de développer avec force
les
arguments d'Albert de
Saxe en faveur de l'existence de Vimpetus, Scaliger, dans ses Exercitationes
adversus
Cardanum, explique avec beaucoup
de netteté commerit une gravité persistante engendre à chaque instani
comment I.
f.es
lombe et impetus de plus en plus intense détermine une
im nouvel impetus au cet
mannsrrila do Léonard
fol. ?u, vorso.
cjo
\
inci
sein
;
nis.
d'un grave qui
V flo la
Bibliothèque
ilo
l'Institut,
hF.n\\ni)i\<)
chule accéiéroe, La
nAF.Dt,
ri dtscahifs
u,
luêjnc pensée
non moins de
tard, avec
ii<>i'.r:ii\
i.î.»
Irouve exprimée plus
se
par Jean-Baptiste Benedetli.
clarté,
Entre ces deux Écoles, à l'exemple de Léonard de Vinci,
dont
paraît bien avoir éprouvé la puissante influence. Cardan
il
mû
prend un moyen terme.
11
un impelus
Et quand on suppose' que (ont ce qui
mouvé
est
mouve, l'eau,
acqiiisHus l'est
c'est
:
«
admel que
une impétuosité acquise,
le feu est oslé, l'eau
Mais
brûle
le feu
que
ainsi
par
la
chaleur en
outre nature, et toutefois
main de
la
celui qui la touche.
qu'épiouve un projectile apiès
réalilé
el
et
l'explique
il
«
comme
Léonard de Vinci
«
:
qu'il
comme
moteur. Cette accélération, Cardan,
d'Aquin
esl
»
impelus acquisUns ne peut rendre compte de l'accé-
oel
léralion
la
projecUle
de quelque chose, ce est très vrai; mais ce qui
qui est induite en l'eau par
quand
le
quitté
Arislote,
son
en admet
Thomas au commencement
l'ont
Car
a
saint
fait
l'air
mouvement, sinon (pie bien peu; par succession mouvemeni naturel de l'air, comme il est mouvé,
n'aide point le
de temps,
le
est fait plus valida;...
pouiquoi par
du mouvement
la célérité
estre
lui
mesme
augmentée.
est nécessaire
il
»
Cette action accélératrice de l'air ébranlé. Cardan la étudiée à plusieurs reprises;
novum de
proportlonibiis-',
avant
l'avait fait l'air
dans un
lui,
il
ses derniers
ouvrages, VOpns
décomposée,
comme Léonard
île
l'a
en deux autres actions
condensé à l'avant du mobile
qui vient,
:
une
traction de
une impulsion du fluide en tourbillonnant, occuper la place que le projectile et
évidemment de là qu'en tout mouvement, soit naturel, soit violent, il se fait un certain accroissement de vitesse depuis le début du mouvement jusqu'à un certain instant. C'est pourquoi les machines de guerre de tout genre exigent une certaine distance pour que leur coup laisse
1.
ride derrière
Les livres de
lui.
u II
résulte
Hiérome Cardanus, médecin Milannois,
intitulés de la subtilité et
subtiles inventions, ensemble les choses occultes et raisons d'icelles,
Irançois par Richard le Blanc; Paris, Charles l'Angelier, 2. Cardan, loc. cit., p. ^18, verso.
MDLVI;
traduis de latin eu '17, verso.
p.
3. Hieronymi Cardani Mediolanensis, civisqne Bononiensis, philosophi, medici et mathematici clarissimi, Opus novum de proportionibus namerorum, motuuni, ponderum, sonorum, aliarumque rerum mensurendarum, non solum geometrico more stabilitum, sed etiam variis experimentis et obscrvationihus rernm in natara solerti demonstratione illustratum, ad multipliées usus accomodatum, et in V libros digestum; Basilea*, ex ofRcina
Henricpelrina,
Anno
Salutis
MDLXX, mense
Martio:
lib.
V. prop.
XXX.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
\'AC)
atleigne sa plus grande violence. lératrice de l'air
ambiant que
»
C'est
donc à
l'action accé-
l'on doit attribuer
la vitesse
^
du mouvement naturel par lequel un grave tombe à terre; sur ce point, comme sur tant d'autres, Cardan se range à l'opinion de Léonard de Vinci. Comme Léonard et Cardan, Tartaglia admet qu'un projectile accélère d'abord sa course et il attribue cette accélération à une croissante
action de l'air mis en branle. Cette action lui sert à répondre
une question^ posée par le Signor Gabriel Tadino di Martinengo, chevalier de Rhodes et prieur de Barletta u Le Prieur à
:
:
même pièce une même hausse, une
l'on tire
Si
coup, avec
charges égales,
les
Sans aucun doute,
deux
ils
d'artillerie
vers
seront inégaux
le
;
coup sur
fois
un même but
seront-ils
tirs
deux
égaux?
avec deux
et
—
Tartaglia:
second coup portera
— P.
—
Pour quelle raison? T. Pour deux raisons. La première est que, lors du premier tir, le boulet a trouvé l'air en repos, tandis que, lors du second tir, il le trouve non seulement tout ébranlé par le boulet lancé au plus loin que
premier
tir,
vers lequel
le
premier.
mais encore tendant fortement, courant au lieu
on
tire.
Or,
il
une chose déjà mue
trer
repos fois,
et
est plus facile et
de mouvoir et de péné-
pénétrée qu'une chose qui est en
en équilibre. Par conséquent,
rencontrant un moindre obstacle à son
la première, ira plus loin
que
seconde
la balle tirée la
mouvement que
celle-ci... »
Tartaglia empruntait peut-être ces raisonnements à quel-
qu'une des notes laissées par Léonard de Vinci; peut-être aussi avait-il
les XTii''
siècle,
avons
conçus en lisant
le
traité de
Ponderibus
écrit,
au
par ce mécanicien de l'École de Jordanus que nous
nommé
le
Précurseur de Léonard de Vinci.
On
peut
le
croire d'autant plus volontiers qu'au septième livre des Quesiti et inventioni diverse,
Tartaglia a plagié l'œuvre statique de ce
géomètre avec une impudence que Ferrari
1.
Cardan, Opus novum. de proportionibus,
lib.
V, prop.
lui
a
durement
XXXI.
ad instantiaetrequisitioneet a propria spsse de Nie. Tarlalca Briscianoautore; MDXLVF. // primo libro delli quesiti et inventioni diverse di JMcolo Tartaglia, sopra gli tiri dette artiglierie, et altri suoi varii accidenti. Libro primo. Quesito quarto. Cf. Libro .sfirondo. Quesito primo. 2.
Qaesili et
inventioni diverse di Nicole ïartaloa.
Vineoia, Vont. Riiffinelli,
—
lîEll>ARDÏNO nAf,DT,
reprochée; on
nOIîRRVAL ET DESGARTES
égalemenl que
sait
de ce géomètre fut
traité
le
publié par Gurtius Trojanus, d'après
187
un manuscrit que
lui
avait légué Tartaglia.
Autant
et plus
que Cardan, Bernardino Baldi
s'est
nourri de
pensée de Léonard de Vinci. Les notes de Léonard de
la
Vinci ne sont cependant pas inspiré;
en
il
dont
parmi ceux-ci,
cite, qu'il a lus, et,
à plusieurs reprises le
seuls écrits
les
il
se
il
soit
mentionne
commentaire aux Questions mécaniques
composé par Alexandre Piccolomini ^. Or, en ce qui concerne la cause du mouvement des projecAlexandie Piccolomini se montre disciple très exact tiles,
d'Aristote qui a été
d'Albert de Saxe;
il
un
attribue à
moteur non seulement
l'entretien
communiqué par le du mouvement du projectile impetiis
après qu'il a quitté ce moteur, mais encore
la
chute accélérée
produite par une gravité permanente.
même temps que dans son XXXVIP cha-
Cette doctrine, Piccolomini l'expose, en toute sa théorie
d'Aristote Il
violent,
consacré à l'examen de
pitre,
((
du mouvement
trente -deuxième
la
:
faut remarquer,
» dit-il,
ou pesanteurs: l'une qui
«qu'il y a
a sa source
corps; l'autre, superficielle, que Celle-ci n'est point autre
les
ou bien ù
En
tendance (qui
deux
dans
Grecs
sortes de gravités
nature
même du
nomment
âriTrôXa'.av.
la
chose qu'un certain impetus non per-
manent, qui peut ou bien s'acquérir dans sa propre
le
corps même,
vel acquirifnr in re ipsa
ex suo
lorsqu'une pieire tend vers
effet,
le
la
elle
pesanteur superficielle)...
mini a exposé Il
par suite du
acquiert une plus grande pesanteur (j'entends
Baldi, qui cite avec éloge ^
ces idées.
natii mota),
bas, elle devient
sans cesse plus rapide, paice que sans cesse,
mouvement,
mû par
imprimé par un moteur mouvant violemment.
être
parler de
question
ses idées
admet
-^
le
»
passage
au sujet de
la
oii
Alexandre Piccolo-
Dynamique, admet
qu'a en un grave qui tombe,
il
toutes
y a deux
1. Alexandri Piccolominei In mechanicas qnrestlones Aristotelis paraphrasis paulo quidem plenior, ad Nicolaum Ardinghellum Cardinalem amplissimum. Excussum Roma^, apud Antoninm Bladum Asulanum, MDXLVII. 2. Bernardini Baldi In mechanica Aristotelis problemata exercitationes, p. 180. .^. Bornardino Baldi, lue. cit., p. iic).
KTUDFS srn ri'iownD
i.'iS
pesanteurs,
savoir la
plus ce
mouvement d'où tombe
le lieu
le fait
même
une pesanteui'
ol
de sou mouvement. Aussi
prolongé, plus
est
vf\r;i
nalurello
pesanloui-
acquise au mobile par
df,
par exemple, est
tiaut,
grave, plus est grande cette pesanteur
le
un plus grand mouvemenl o. Piccolomini n'a poini parlé du prétendu accroissemeid de vitesse qu'éprouverait une flèche après qu'elle a quitté Tare; en cela, il s'est conformé à une tradition constante dans
accidentelle engendrée par
l'École d'Albert de Saxe; ou bien les physiciens de cette École
ne font aucune allusion à celle soi-disant accélération, ou bien
même, comme Gaétan de
Tiène,
ils
en nient
la réalité.
si
rompt avec cette Iradition. Léonard de Vinci, dont il a fréquemment suivi la pensée, a trop nettement insisté sur
la
prétendue accélération
Baldi
moteur pour
vienne à
qu'il lui
du projectile séparé de son
initiale
la
pensée de négliger ou de
nier cette accélération; et cependant,
Thomas d'Aquin, Léonard
saint
et
il
ne veut poinl. avec
Cardan,
l'e\pli(|uer
par
l'ébranlement du milieu. Il
admettra donc
de cette accélération
la réalité
et
l'inter-
il
prétera en imitant l'explication qu'Albert de Saxe et Piccolo-
mini ont donnée de
chute accélérée des graves. La gravité
imprimée par
accidentelle
analogue à
la
la
le
moteur au
gravité naturelle; de
même
projectile
que
est
fort
celle-ci produit
une chute accélérée, de même celle-là déterminera un mouvement accéléré. Toutefois, une différence sera à signaler :
la
gravité
naturelle
persistante;
est
détermine s'accélère-t-elle sans cesse. accidentelle,
ment
née de
qu'elle régit
la
violence,
aussi
Au
est
il
se
ralenlira
chute qu'elle
contraire,
périssable;
commencera donc par
bout de quelque temps
la
cl
le
s'accélérer,
prendra
gravité
la
mouvemais au
fin
de
lui-
même. ((Les projectiles cesseni
dont
la vertu et
relle,
qui
I.
de se mouvoir', car l'impression
rimpéluosité
les
mais purement accidentelle
esl
accidentel
Bernardino
el
entraîne n'est point et violente;
or, rien
nalu-
de ce
violeid, rien de ce ({ui est hors nature.
lîalrli, lor.cil., p.
lyi).
BFRWRDTNO
B\T;DT.
lUmF.RVAÎ. ET DESCARTFS.
l3()
n'est perpétuel. Cette impression aeeideiilelle s'évanouit
s'évanouit graduellement,
et tandis qu'elle
projectile se ralentit et
que
lanl
:
mouvement
devient plus rapide; ensuile,
peu à peu,
même
repos.
mouvement
le
naturel;
il
est plus
même du mouvement, il comme la violence imprimée
puis, par le fait
lent à son début;
nouit en
par atteindre l'immo-
violence prédomine,
la
violent est tout semblable au
s'affaiblit
finit
mouvement du
le
Ajoutons une remarque que beaucoup d'auteurs
bilité absolue.
ne font poini
mobile
le
donc,
il
mouvement
se ralentit; enfin le
temps que Vimpetus
mobile tombe au
et le
Aussi rexjK'rience nous enseigne
s'éva-
elle
t
que
coup
le
porté par un projectile devient plus violent à quelque dislance
du point de départ de son mouvement; ce coup
maximum
au
lorsque
ayant acquis
le projectile,
est nuisible la
plénitude
de son mouvement, est animé de sa plus grande vilesse. Voilà
pourquoi nous voyons
enfants, instruits par la initure, se
les
mur
placer à quelque distance d'un
lorsqu'ils veulent biiser
des noix ou quelque autre chose en les lançant contre ce
vous leur demandez pourquoi
si
vous diront qu'à plus efficace.
et
L'idée
logique;
un
cette distance le
s'y
prennent de
l'on
si
la sorte, ils
coup devient plus vigoureux
»
que Baldi exprime en ce passage
moteur
impetus,
ils
mur;
peut admettre que
permanent,
on n'en
crée
à
saurait conclure
la
est
étrange et peu
graAité naturelle, qui est
chaque instant un nouvel que
la
gravité artificielle,
imprimé au projectile par le moteur, son tour un impetus de second ordre; visiblement,
c'est-à-dire Vimpetas
engendre à
Baldi s'est laissé entraîner par l'analogie entie la gravité naturelle et la gravité
ceptables; ainsi qu'il
accidentelle jusqu'à des
que nul, avant le
donne
lui,
n'ait
à entendre,
corollaires inac-
formulé ces corollaires,
nous ne saurions nous en
étonner.
Mais que cette théorie, assez étrange, porte
profondément gravée, de Bernardino Baldi. très
précieuse pour l'histoiien; elle lui
reconnaître,
en des
écrits
plus
récents,
la
marque,
très
c'est particularité
permet en
effet
de
l'influence qu'ont
exercée les doctrines de l'érudit abbé de Guastalla,
ÉTUDES Sun LÉONARD DE VINCI
l/|0
H MeRSENNE.
lÎALDI ET IF P.
I>EK\ VUDIN!)
Bernardino Bakii ont exercé une
profonde influence sur
très
recherches des géomètres qui, vers
les
Dynamique, par
(lochines professées, au sujet de la
Los
ï^ouis XIII et
au déhut du règne de
au progrès de
cette science.
recueilli les idées
de Baldi
du règne de
fin
la
XIV, oui contrihué
T^ouis
Mersenne, Roherval, Descaries ont ;
quelques-unes de ces idées ont
germé en leur esprit et y ont produit d'amples théories. Que Mersenne ait connu les Exercices composés par Bernardino Baldi sur les Questions mécaniques d'Arisiote, nous le savons par son propre témoignage. Contrairement à un usage trop répandu au
nomme
Minime
xvi*"
siècle et
au
xvii^ siècle, le
probe
et loyal
volontiers les auteurs qu'il a lus et dont
il
s'est inspiré.
C'est en ses Questions théologiques, physiques, morales et mathé-
matiques, imprimées en i634i,
que
le P.
Mersenne
fait
mention
des Exercices de Bernardino Baldi.
La question IX, examinée par Mersenne, termes
:
romaine
que
le Il
((
Peut-on donner
les
ont
11
raison de tout ce qui arrive à ta
aux balances? C'est eu répondant
et
laborieux religieux écrit ^ ces lignes faut
pesans en
en
la
donc conclure que
les
les
faire plus
à celte question
:
poids peuvent estrc rendus
éloignant dudit point de
en approchant; que
formulée eu ces
est
la
la capacité,
balance, et plus légers et la
puissance qu'ils
de chemin ou à descendre plus
de leur plus grande pesanteur; que tous
Mechanique, dont parle Aristote dans Blancan, Monantolius,
et
les
viste, est
cause
instruments de
la
ses Questions, et Balde,
Gueuare dans leurs Commentaires,
tirent leurs forces de ces raisons.
»
Les Questions théologiqiies, physiques, morales et mathématiques, oh chacun troudu conlcnlcmont, ou do l'oxorcicc. Composées par L. P. M. à Paris, MDCXWIN Clic/ Henry Guenon, rue sainct Jacques, près les Jacobins, à rimage saitict Bernard. 1.
vera
2,
.
Mersenne,
loc. cit.,
pp. 87-38.
liEll.NAUDlNO BALDl,
tion
de Baldi. La Queslion VIII
aux
sert
(/ui
niée lianiq lies ?
4
I
£;a:er-
Quelle esl la ligne de direc-
:
eu
1
emprunts aux
d'ailleurs, a lait crassoz larges
Merscnne, citationes
IIOBEUYAL ET DESCARÏES
est pres([ue
textuellement
nous apprenons combien il est ulile, j)our rendre compte des diverses attitudes de riiomme, de considérer la verticale issue du centre de gravité. Déjà en
En
extraite.
cette
{|uestion,
1626, dans son Synopsis malhemalica, Merscnne avait produit
des considérations semblables;
il
les
extrayait alors
du volu-
mineux ouvrage du P. Villalpand. Il les demande maintenant, on le reconnaît sans peine, non plus au savant Jésuite, mais à l'érudit abbé Guastalla; lun et l'autre, d'ailleurs, lui transmettent, à peine modifiées,
Parmi
recueillies, telle la
au sujet duquel
D'où
le
il
en
est
que Villalpand n'avait pas
notion du centre de
Minime s'exprime en de conclure que
est aisé
il
intuitions de Léonard de Vinci.
vues de Léonard de Vinci que Berna rdi no Baldi
les
a transmises à Merscnne,
«
les
la gravité accidentelle,
ces termes
^
:
point, dont les corps
le
sont suspendus, se rencontre toujours dans la ligne de direc-
Mais
tion.
il
faut
remarquer que
cette
ligne a 3
sortes de
du milieu, qui concurre avec le centre de pesanteur; et que chaque corps peut estre suspendu par l'un de ces 3 points, que l'on appelle pour points, à sçavoir le supérieur, l'inférieur, et celui
ce sujet, points de rétention, et de suspension, autour desquels le
corps se peut mouvoir. L'on peut encore de violence, ou du
mouvement
corps pesant, ou qu'on jetlée
en bas
le jclle
est portée
les
Niolenl,
nommer
lors
qu'on lève un
en haut, ou en bas, car
par ces
2
centres,
centres
la
pierre
ou par un mesme
centre, lequel est double en puissance. L'on peut aussi mettre
un
centre de légèreté dans les corps légers, mais
dans
la
puissance de nostre Meclianique,
pesanteur.
ne sont pas
ils
comme
est celay
de
»
Ce passage, que d'évidentes omissions, que des lapsus à corriger rendent quelque peu confus, est presque tion des Exercices de Bernardino Baldi.
Il
faciles
une traduc-
nous montre que
la
notion de centre de violence avait attiré l'attention de Merscnne.
r.
Merscnne,
loc. cit., p. 34.
ÉTUDES SLU
l',2
l-LO.NAKD
DL Vl^Cl
Or, altirer rtitleutioii de Meiseime, c'était, par le
de tous
attirer l'alleiilion
entretenaient
Minime;
un
tes
fait
même,
géomètres français; tous, en
commerce
assidu
avec
l'actif
et
curieux
ne cessait de leur communiquer ce
celui-ci
effet,
qu'il
avait appris par la lecture des savants étrangers et de leur
soumettre
les
problèmes que
cette lecture lui suggérait.
Nous
ne nous étonnerons donc pas de voir les idées de Bernardino Baldi connues de Roberval, qu'une étroile amitié liait à Mersenne, et de Descartes, dont
correspondance avec
la
le
Minime
était incessante.
Mais ni Roberval ni Descartes n'avaient pris de leur religieuv
ami
la
raient;
loyale
coutume de
Roberval, en ses
auteurs auxquels
il
écrits,
ne devait rien;
mentionnait
pondance,
citer les auteurs
quelque
souvent pour entamer avec bientôt le ton
dune
lui
Descartes l'aveu de ce Baldi;
portent
cherchons la
([u'ils
plutôt,
marque,
ils
s'inspi-
ne nommait guère que et si Descartes,
géomètre,
les
en sa corres-
c'était
plus
le
une discussion qui prenait
condamner par un
querelle ou pour le
jugement hautain et tranchant. Ne cherchons donc point dans
dont
les écrits
de Roberval
de
et
ont pu emprunter à Bernardino
parmi leurs
encore
pensées,
reconnaissable,
de
celles
l'abbé
qui
de
Guastalla.
111
Bernardino Baldi et Roberval. Roberval avait rédigé à l'usage, semble-t-il, des artisans, un petit traité
de Mécanique
et
d'Hydraulique qu'il avait intitulé
:
Tralclé de Méchaiiujiie et spécialemenl de la vondidtte et élévation deff
eaux, par M.
imprimé; Nationale
de Roberval.
Cet ouvrage ne fui jamais
une copie manuscrite, conservée ï
à la Bibliolhèque
avec les copies d'autres ouvrages du
même
auteur,
nous la seule gardé.
1.
lUbliollièquc Naliuiiiilc,
loiul!? laliii.
ms.
viijO, fol. 85. roclo, ù lui. ju;. >cr>o.
UERNAKDl-NO lîALDl. KOBr.KNAl, ET DKS(JAlVJi;s
Ce
de Mécanique nesl pas daté.
Irailo
de ces pièces dont
époques diverses;
Un
en
il
passage de ce
de l'époque où
il
traité
fut
eaux au moyen du termes'
<<
de 160G, d'autres de
des
à
i6/i5.
nous donne une indication au
sujet
composé. Parlant de l'élévation des syphon », Roberval s'exprime en ces
:
Et quoyqlie par ce
«
se trouve;
il
connue appartiennent
la date est
est
même,
de
est
avec lesquelles
d'ailleurs, de plusienrs des pièces celles
en
Il
l/|3
moyen
il
senijjle
qu'on peut
faire passer
par une haute montaigne, touttefois on se souviendra
l'eau
qu'une
telle
haults que
conduitte d'eau
3'j
est
impossible aux lieux
plus
pieds de France, et qu'un peu au dessoubs de
32 pieds elle est fort mal asseurée par deux raisons. La pre-
mière qu'il est
que
l'air
fort difficile
que
le
syphon
soit
si
bien soudé
moyen le syphon
n'y trouve bientost passage, et par ce
s'emplissant d'air l'eau ne coule plus. L'autre raison est qu'en
une grande haulteur subject à crever,
il
faut
un syphon trop
hault, ainsy
il
est
n
L'expérience de Torricelli a placé en la pression de l'atmo-
sphère la raison véritable des Il
est clair
effets
que mentionne Roberval.
que celui-ci n'a encore, à l'époque où
il
rédige
son Traicté de Méchanique, aucune idée de cette expérience célèbre. Or, c'est en i6^i4 qu'au retour d'im
voyage en
Mersenne répéta a Paris l'expérience de Torricelli
gua en France, non sans l'admiration de tous curieux
les
«
la divul-
savans et
» '.
Familier de Mersenne, Roberval dut connaître
miers l'importante
expérience d'Italie
a
en son Traicté de Méchaniqiie^ fulTédigé avant
Du
et
Italie,
c'est
un des
donc
pre-
il
l'ignore
apparemment que
celui-ci
».
Si
i6W
Traicté de Méclianiqae de Roberval,
une boime part
est
Dynamique la Dynamique qu'enseigne le a pro fesseur en la chaire de Ramus, au Collège de France », c'est, le plus souvent, la Dynamique de Léonard de Vinci; mais, habi consacrée à la
1.
Roberval,
loc. cit., fol.
;
17G, versO.
Noacelles expériences touchant Biaise Pascal, éd. Hachetle, 1880. p. i). •i.
lt*ii.i^cA\,
le
olde:
au Iccleur {Œuvres complètes
tic
ÉTUDES SLR LÉuNAKD DE M>Cl
l'j^
tuellement,
il
puiser
dii
également est,
11
la
où
serait malaisé d'indiquer les sources
il
en a
connaissance; Tartaglia, Cardan, Baldi ont pu fournir.
la lui
un passage où rinllucnce de Bernardino
toutefois,
semble particulièrement reconnaissablc; nous
Baldi nous
trouvons, en
pour expliquer
avait imaginée
que labbé de Guastalla
l'élrange théorie
effet,
la
y
prétendue accélération des
projectiles.
Voici ce passage
•
:
La violence d'un boulet de canon
composée de deux impressions. L'une est purement violente venant du canon mesme et de la poudre enflammée à pousser le boulel. L'autre ((
est naturelle, estant
De
la
causée par
première impression
augmentée jusques degrez acquis par
à
le
la
la
est
pesanteur propre du boulet.
violence après s'estre
quelque distance du canon
mouvement,
à
un peu
cause des
lesquels degrez s'adjoustent
à l'impression de la poudre, avant que cette impression soit
insensiblement diminuée,
il
arrive ensuite que cette impres-
sion diminuant beaucoup plus de soy qu'elle n'est augmentée
par
les
degrez acquis,
elle
qu'au bout de certain temps
continuellement,
s'allentit
au
elle finit; or,
tant
commencement
la ligne
de direction de cette impression violente est dressée
vers
part où est pointé
la
nuellement
et la
le
canon
puis elle change conti-
cause de ce changement est l'impression
naturelle, c'est-à-dire la pesanteur le
;
centre de la terre. Car
le
du corps, qui
le
porte vers
meslange de ces deux impressions
violente et naturelle faict que le boulet ne suit précisément ny l'une
ny
rement que
l'autre; la
mais au commencement
il
suit
presque entiè-
violente laquelle est sans comparaison plus grande
la naturelle.
Ensuite
la violente s'allentit petit à petit,' la
naturelle se rend sensible, et ainsy le boulet
cendre une ligne courbe,
et ce d'autant
commence
à des-
plus que l'impression
violente diminue, et la pesanteur naturelle s'augmente par les
degrez acquis.
En
1.
cette
Kobcrxyl,
»
impression
loc. cil., fol.
laC»,
violente
rcclo.
qui
<(
s'augmente un peu
BERNARDINO BALDI, ROBERVAL ET DESCARTES
l45
jusques à quelque distance du canon à cause des degrez acquis
par
le
mouvement», nous reconnaissons bien aisément une
supposition dont Bernardino Baldi a revendiqué l'invention. D'autres marques des doctrines qu'il a développées dans ses Exercitationes se retrouvent, d'ailleurs,
au Traicté de Méchanique
de Roberval; mentionnons seulement
la théorie
de la sensibilité de la balance
et
i.
de la stabilité
Ces rapprochements nous
assurent que Roberval avait lu les Exercices de Bernardino Baldi sur les Questions mécaniques
d'Aristote
avait
qu'il
et
parfois adopté les opinions qu'exposait cet ouvrage.
IV
Bernardino Baldi et Descartes. Descartes
dans ses
Nous n'avons rien trouvé qui nous permît de donner à cette question
a-t-il
écrits
lu le livre de Baldi.^
une réponse catégorique. Du moins pouvons-nous affirmer que Mersenne, qui avait lu ce grand philosophe
livre,
communiquait
les réflexions et
parfois au
problèmes que
les
cette
lecture lui avait suggérés.
Le 26 avril i643. Descaries répond à une lettre
dont
le texte
nous
ce que nous lisons
^
est
lettre
de Mersenne,
malheureusement inconnu;
en celle missive
:
Pour
a
la
voici
plus grande
force d'une espée, ie ne double point qu'elle ne fust au centre
de gravité,
main;
et,
si,
en donnant
le
coup, on
au contraire, qu'elle ne
la laissoit aller
fust tout
au bout de
de
la
l'cspée,
on tenoit parfaitement ferme car ce bout est meu plus viste que le reste. Mais, pource qu'on ne la tient iamais extrêmement si
;
ferme, et aussy qu'on ne
grande force
la laisse
est entre le centre
pas aller tout à
de gravité
et le
fait,
cete plus
bout de
l'espée,
aprochant plus ou moins de l'un que de Tautre, selon que
et
celuy qui s'en sert a la
t.
Roberval,
p.
DUHEM.
»
loc. cit., fol. 89.
Œuvres de Descartes, publiées par Gh. Adam CGC, t. III, p. 658.
2.
art.
main plus ferme.
et
Paul Tannery, Correspondance^
10
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
i46
A
quelle question de Mersenne Descartes répondait- il en ce
passage? Nous pouvons, je crois, avait sans doute proposé et qu'il avait
peut
dans
lire
A
deviner; Mersenne lui
le
un problème que
prétendu résoudre les Exercitaliones
'
en
voici,
;
Baldi avait formulé ce que l'on
effet,
:
une fort belle question se présente à notre esprit.* On peut se demander si le coup porté par une épée est plus efficace quand on frappe avec la partie voisine de la pointe, ou avec la partie médiane, ou avec la partie voisine de ((
la
ce sujet,
garde
on peut, en
;
sens, soit ))
Soit
en
effet,
invoquer des raisons
en un
soit
l'autre.
AB
une épée
(fig. /^,
A
garde de cette épée, B
la
pointe,
D
G
centre de gravité,
le
la partie voisine
Si l'on assène
épée, cle,
de la garde.
un coup de
cette
décrit trois arcs de cer-
BE, G F, DG. On demande
oii le
E,
on
la
coup sera
plus fort, en
le
en F ou en GP
11
semble
qu'il
sera plus fort en E, car, grâce à la plus
grande longueur du
rayon AB,
l'arc
BE
de cercle
Fig.
est le plus
quent,
le
mouvement
en E. D'autre part,
il
le
pesanteur.
la
semble que
le
puissant se produise en G, bien que lent
que partout
comme un que
la
levier
ailleurs;
dont
en D,
le
par consé-
le
si,
en
le
fait
de B
en F,
fort
toute l'impression
fait
le
coup
mouvement y
le
plus
soit
plus
on regarde Tépée
effet,
point d'appui serait en A, tandis
puissance qui presse serait en B,
l'objet frappé
,
coup sera plus
peut sembler encore que
11
et
plus rapide est celui qui est
car c'est là que, grâce au centre G, se
de
grand
rapport de
BA
à
et la résistance
AD
sera plus
de
grand
BA
à
A G, en
sera plus violente en
D
qu'en G. Tout bien considéré, je serais
que
le
rapport de
porté à croire que le coup
I.
le
sorte
que
la
pression du coup
plus violent est frappé en F par
Hernardiiii liakli In inechanicu Arislotelis problemata excrcilalioiies, p. loi
tJERNÀRDiNO BALDI, ROBERVAL ET t>ESCAt\tES
milieu C, plutôt qu'aux extrémités E, G.
le
vitesse est la plus grande,
mais
considérons de nouveau
l'épée
A
points d'appui
où et
effet,
où deux
placé en G, là
deux longueurs A G
;
petite valeur.
par suite de
il
le
perd en poids. D, au con-
davantage du poids, mais
traire, participe
poids s'y
les
En
il
pointe B gagne en vitesse,
la
levier
la
efl'et,
y aurait seulement en B une pression moitié du poids G donc ce que le coup frappé par
étaient égales,
égale à la
comme un
de gravité. Si
B, en
fait défaut.
B soutiennent un poids
et
se trouve le centre
BG
poids
le
En
1^7
En
la vitesse
G, la vitesse est médiocre,
il
y a sa plus mais,
est vrai,
présence du centre de gravité, l'impression du
la
fait sentir
tout entière.
»
Le rapprochement de ces deux citations ne saurait
laisser
place au doute; Descartes n'avait peut-être pas lu les Exerci-
de Bernardino Baldi; mais, à coup sûr,
tationes
il
connaissait
par Mersenne certaines des idées émises en cet ouvrage.
La discussion entre Roberval et Descartes AU sujet du centre d'agitation.
—
Le
p.
Honoré Fabry.
Ghristiaan Huygens.
Parmi
les idées
que Baldi exposait en son ouvrage,
il
en
peu qui fussent aussi nettement mises en évidence que
est
l'ana-
logie entre le centre de violence et le centre de gravité; cette idée
n'avait point échappé à tationes
;
Mersenne
lorsqu'il avait lu les Exerci-
ni Roberval, ni Descartes n'ont ignoré cette
impor-
tante notion de centre de la gravité accidentelle que Baldi lui-
même
tenait de
Roberval de
la
il
s'est
à
les
mouvement a
préoccupé sans cesse de donner aux théories
Mécanique
cherché le
Léonard de Vinci.
la
plus
grande
généralité possible;
mettre sous une forme qui comprît à naturel et
constamment
fait
générale de puissance
le
mouvement
il
a
la fois
violent; dans ce
but_,
porter ses raisonnements sur la notion :
a
Nous appelons en général une puis-
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
l48
sancei cette qualité par
que ce
tend ou aspire
soit
moyen de laquelle quelque chose à un autre lieu que celuy où elle est,
le
en bas, en haut ou à côté,
soit
naturellement à
la
communiquée par
lui
soit
convienne
communiquée
que l'impression qui
lui
peut
violence.
L'examen des circonstances
un corps
cette qualité
des puissances, Roberval range donc
aussi bien le poids d'un corps être
que
chose ou qu'elle
Au nombre
d'ailleurs. »
soit
solide admettent
un
oii les
puissances appliquées à
centre, la
centre lorsqu'il existe, semblent avoir
détermination de ce
constamment
sollicité
l'attention de Roberval; les résultats qu'il avait tirés de cette
recherche
vont mettre aux prises avec Descartes.
le
Une question posée par Mersenne au philosophe de qu'il
nomme
faire
donne occasion au sujet du point
à Descartes
connaître ses idées
centre d'agitation, et qui est précisément le centre
de violence de Baldi.
Un
corps
solide
de forme quelconque, pendu à un axe,
exécute des oscillations d'une durée déterminée. Imaginons qu'à
un
petites
fil
de masse négligeable, on pende un poids de très
dimensions, de manière à former ce qu'au xvn^ siècle
on nommait un funépendule,
un pendule
simple. Quelle
ce
que nous
nommons
longueur devrait avoir ce funépen-
dule pour que ses oscillations fussent de oscillations
du
en
est le
i6/i6,
même
durée que
les
solide considéré en premier lieu? Cette déter-
mination du pendule
donné
aujourd'hui
simple synchrone
d'un pendule
composé
beau problème que Mersenne proposait à Descartes
dans une
lettre
aujourd'hui perdue.
La réponse de Descartes, envoyée d'Egmond le nous a été conservée 2; nous y lisons ce qui suit
2
mars i646,
:
L'autre point de vostre lettre, auquel ie ne veux pas différer
((
de répondre, est
la
question touchant
grandeur que doit
la
avoir chaque corps, de quelque figure qu'il soit, estant sus-
1
.
Lettre de Monsieur de Roberval à Monsieur de Fermâtes (sic) conseiller de Tliou-
loaze contenant quelques propositions ineclianiqucs (Bibliothèque Nationale, fonds latin, fol. 3/j, recto, à fol. 5/i, verso. — Œuvres de Fermai, publiées par Paul ïanncry et Ch. Henry, t. Il, p. yS-Sa). Cette lettre est du octobre iG36. a. Œuvres de Descartes publiées par Gh. Adam et P. Tannery, Correspondance, Art. CDXXIII, t. IV, p. 363.
ms. n° 7226,
1
1
fi
BERNARDINO BALDl, ROBRRVAL ET DESGARTES
pendu en tours
et
l'air
par l'une de ses extremitez, pour y faire ses
plomb pendu
retours égaux à ceux d'un
longueur donnée. Car celle question, et ie
huit jours
I,
l/jQ
voy que vous
ie
vous en ay
que mesme
ie
ne
escrit si
me
faites
à
un
grand
filet
de
estât de
négligemment,
souviens pas de ce que
y a
il
vous
ie
en ay mandé, aussi que vous ne m'aviez proposé qu'un seul
La règle générale que
cas. il
y a
un
donne en cecy
est que,
comme
centre de gravité dans tous les corps pesans,
aussy dans qu'ils se
ie
les
mesmes corps un
meuvent
y a
il
centre de leur agitation, lors-
estant suspendus par l'un de leurs points, et
que tous ceux en qui ce centre d'agitation
est
également
di-
du point par lequel ils sont suspendus, font leurs tours et retours en temps égaux, pourveu toutes fois qu'on excepte ce que la résistance de l'air peut changer dans cette proporstant
tion...
»
Peu de temps après
qu'il
eut écrit cette lettre à Mersenne,
Descartes, consulté par Gavendish au sujet lui adressait 2 ces
éclaircissements
du
même
problème,
:
y a environ un mois que, le R. P. Mersenne m'ayant proposé la mesme difficulté, je luy fis response que, comme il u II
y a un centre de gravité en tous les cors, selon lequel ils descendent librement en l'air, ainsy ceux qui se meuvent estant suspendus, ont
un
centre de leur agitation, lequel
durée de ce que vous
nommez
règle la
leurs vibrations, en sorte
que
tous ceux en qui ce centre d'agitation est également distant de l'aissieu
autour duquel
ils
se
meuvent, font leurs vibrations en
tems égal. »
Premièrement,
situé,
comme
le
centre de gravité est tellement
au milieu d'un cors pesant, qu'il n'y a aucune partie de
ce corps qui puisse, par sa pesanteur, détourner ce centre de la
ligne suivant laquelle
il
descend, dont
l'effect
pesché par une autre partie qui luy est opposée
et
ne
soit
em-
qui a juste-
ment autant de force qu'elle; d'oii il suit que ce centre de gravité se meut tous jours, en descendant, par la mesme ligne 1.
2.
Dans une lettre aujourd'hui perdue. Œuvres de Descartes, publiées par Ch.
dance, Art. P- 379.
CDXXVII;
Adam
et
Paul Tannery;
Descartes à Gavendish; d'Egmond,
le
3o
Correspon-
mars i646;
t.
IV,
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
l50
quç toutes
cstoit seul, et
qu'il feroit
s'il
cors dont
est le centre fussent ostées,
il
les autres parties
ainsy ce que je
du
nomme
centre d'agitation d'un corps suspendu, est le point auquel
le
se rapportent
si
également
les diverses agitations
de toutes les
autres parties de ce cors, que la force que peut avoir chascune d'elles à faire qu'il se
d'où
;
celle
mesme
avec la
l'aissieu
vitesse qu'il feroit
un plomb pendu
feroit
si
que ce centre d'agitation auquel
il
suspendu,
est
tout le reste
du cors dont
mesme vitesse mesme distance de
par conséquent, de
est partie estoit osté, et
que
fait,
d'une autre qui luy est op-
suit aussy (ex definilione)
il
mouvoir autour de
se doit
il
plus ou moins viste qu'il ne
empeschée par
est toujours
posée
meuve
à
un
filet
à
l'aissieu. »
par ces deux passages que
clair
11 est
dont Descartes
d'agitation,
fait
la
notion de centre
usage pour déterminer
la lon-
gueur du pendule simple synchrone d'un pendule donné, a source dans la notion de centre de de
la
gravité accidentelle
conçue par Léonard de Yinci
la violence
et
sa
ou
par Bernardino
Baldi.
Descartes ne
s'est
pas borné à définir cette notion
;
il
a tenté
de marquer, en certaines figures, la position du centre d'agitation.
La règle par laquelle
n'était point correcte.
en
compte de
cette
des points de
quantité de
dans
du centre d'agitation, tenait quantité de mouvement de chacun
détermination la
mais point de
la figure,
mouvement en ;
où tous
cas
le
problème
nous nous bornerons à dire que Des-
grandeur de
la
a prétendu résoudre ce
Sans entrer en des détails techniques qui
seraient déplacés ici^, cartes,
il
les
sorte
que
la direction
de cette
sa règle n'est exacte
que
points de la figure ont des vitesses
pareillement dirigées.
Roberval, par sa discussion avec Fermât au sujet des pro-
du contre de
priétés
gravité,
était
rompu
à
la
composition
d'actions qui oui, aux divers points d'un corps, des directions différentes; l'erreur de Descartes lui apparut
A
I.
voir
donc tout d'abord.
:
ce sujet et au sujet de la querelle qui survint entre Descartes et Roberval, Paul Tanncry, Les autographes de Descartes à la Bibliothèque Nationale, X, XI,
XII, XIII et 3oi et 3o7
;
XIV
1891
(Bulletin des Sciences mathématiques,
—
t.
XVI, pp. 33
et 35
;
1892).
2°
série,
t.
XV, pp.
287, 291,
BERNARDINO BVLDl, ROBEUVaL ET DESGARTES
en mai i646, à Gavendish s en y joignant une
signalait,
Il la
moins
autre critique bien «
Nous convenons de
justifiée
sa conclusion
le
Monsieur Descartes
poinct qu'il appelle
nommons
nous
:
définition,
touchant
disait Roberval,
tation, lequel
l5l
centre d'agi-
icy le centre de percussion;
entièrement différente de
est
le
moy,
et
la
laquelle pourtant j'ay la démonstration absolue.
mais
mienne, de Il
y a donc
quelque deffaut en son raisonnement... Mais nostre démonstration est trop longue
nement agité,
est qu'il
pour ce
Le defTaut de ce raison-
considère l'agitation seule des parties du corps
chacune de ces
oidDliant la direction de l'agitation de
parties; laquelle direction ((
lieu...
et est différente... »
quoyque
Je passe encore que,
d'agitation fust assigné
change
comme
le
centre de percussion ou
dessus,
il
neparoist pas qu'il
ou distance requise pour les vibrations ou balancement des corps, auquel balancement le centre de gravité
fust la règle
contribue quelque chose, aussy bien que
Car
le
le
centre d'agitation.
centre de gravité est la cause de la réciprocation de ce
balancement de gauche à
A rencontre avait raison,
droite... »
de l'opinion émise lorsqu'il
ici
par Roberval, Descartes
déterminait la longueur du pendule
simple synchrone d'un pendule donné, de considérer
le
centre
d'agitation et point le centre de gravité; mais de sa géniale intuition,
il
ne pouvait rendre un
Dynamique dont trop inexacte;
il
il
se réclamait était
compte
satisfaisant;
encore trop incomplète
la et
n'opposait donc à Roberval qu'une affirmation
accompagnée de considérations
fort
obscures
:
«
Je trouve aussi,
% qu'il s'est mépris en pensant que le centre de gravité du mobile contribue quelqu'autre chose à la mesure de ses disait-il
vibrations,
que ne
fait le
centre d'agitation
;
car
le
mot de
meuvent librement, meuvent point du tout; et pour ceux qui
centre de gravité est relatif aux corps qui se
ou bien qui ne
1.
art.
p.
se
Œuvres de Descartes, publiées par Gh. Adam et Paul Tannery; Correspondance, à Cavendish pour Descartes, de Paris, mai i646; tome IV,
GDXXXVI, Roberval
[\20. 2.
Adam et Paul Tannery; CorresponGavendish, d'Egmond, i5 juin i6/t6 t. IV,
Œuvres de Descartes publiées par Gh.
dance, art. p. 433.
GDXXXVII,
Descartes à
;
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
l52
meuvent autour d'un essieu auquel ils sont attachez, ils n'ont aucun centre de gravité au regard de cette position et de ce mouvement, mais seulement un centre d'agitation. »
se
Aux
de
affirmations
Roberval
Descartes,
contentait
se
d'opposer d'autres affirmations, arguant toujours de
gueur de telle
démonstrations pour ne
ses
les
discussion ne pouvait guère être
bientôt très acerbe et se termina par
la
lon-
point publier ».
Une
féconde
;
elle
devint
une complète rupture
entre Roberval et Descartes.
Les efforts de Roberval et de Descartes n'avaient pu amener
l'immédiate solution du problème qu'ils avaient abordé;
Dynamique
la
devait encore progresser avant qu'elle pût être
donnée; toutefois,
les tentatives
de Roberval
et
de Descartes
ne furent pas sans influence sur l'achèvement de cette solution.
Parmi
les
hommes
de science qui vivaient dans
de Mersenne se trouvait un savant jésuite,
rité
Fabry;
ses écrits,
Honoré comme ceux de Mersenne, nous montrent
lorsqu'il s'agissait de résoudre
quelque
le P.
efforts
en com-
difficile
question
que ces deux religieux mettaient souvent leurs
mun
la familia-
de Mécanique ou de Physique. Fort au courant des doctrines
du
comme
xvi^ siècle,
de Descartes
et
des recherches plus récentes de Galilée,
de Gassendi,
le P.
Fabry entreprit de donner
un exposé systématique de la Dynamique. Le Traité physique du mouvement local qu'il composa ne fut pas publié sous son nom, mais sous le nom de son ami, Pierre Mousnier, docteur en médecines Ce livre fut en grande faveur, notamment dans la Compagnie de Jésus; était le fruit
il
méritait,
d'ailleurs,
cette
faveur,
car
il
d'un très grand effort logique. Cette vogue ne fut
1. Parmi les«crits inédits de Roberval que renferme le ms. 7226 (fonds latin) de Bibliothèque Nationale, on trouve (fol. 2, recto, à fol. 3o, verso) un fragment rédigé en latin et intitulé Traclatus mechanicus a D. D. Roberval, anno i6l\5. Avec un grand appareil logique, Roberval se propose d'y traiter des centres de toutes sortes de puissances. Mais ce fragment inachevé examine seulement le cas où toutes les puissances appliquées au corps sont parallèles entre elles. 2. Traclatus physicus de inota locali, in quo effectus omnes qui ad impetum, molum naturalem, violentum et mixtum pertinent, expiicantur, et ex principiis phy. sicis dcmonstrantur; auctore Petro Mousnerio, Doctore medico; cuncta excerpta ex prœlectionibus R. P. Honorati Fabry, Societatis Jesu; Lugduni, apud Joannem Champion, in foro Cambii, MDGXLVI.
la
:
BERNARDINO BALDI, ROBERVAL ET DESCARTES
l53 la jalousie
point sans inquiéter Descartes, toujours enclin à «
me
Fabri n'escrit rien contre moy, je ne
Si le P.
:
soucie pas
escrivoit toute la
pour ce qu'on vous avoit dit qu'il philosophie beaucoup mieux et en meilleur
ordre que je n'ay
fait,
de
aussy
voir^; mais
le
moy,
sein de l'opposer à
son
pourtant
si
par mer.
»
et
de tascher de
livre, afin
que
pressé,
que
je pensois
je
eussent des-
les Jésuites
en ce cas je serais obligé de voir
me
défendre; mais rien ne seroit
ne peusse bien attendre à
le
recevoir
Les craintes que Descartes manifestait en ce passage étaient
peu
non seulement
justifiées;
Tractatus physicus de
mécaniques y
trines
en particulier,
eût
il
P. Fabry, sous le
nom
centre de percussion
n'était point attaqué
il
mais l'influence de
dans
le
ses doc-
motu
locali,
était
reconnaissable en maint passage; tout ce que le
pu revendiquer presque
de Pierre Mousnier, avançait au sujet du
Non seulement
2.
des critiques de Roberval, déterminait
Fabry, en dépit
le P. le
centre de percussion
suivant la règle erronée que Descartes avait formulée 3, mais
encore
de
la
donnait raison à Descartes contre Roberval au sujet
il
théorie
du pendule synchrone
:
«
Dans ce mouvement
circulaire, disait-il^, le centre de percussion régit le
de tous
qui joue
les autres points, car c'est lui
de gravité... Ce point se comporte donc
en
lui le
poids total et
la totalité
semblable à un funépendule,
masse du
la
tion a
En allait
fil,
durée que
bientôt éclater à
soumet au
P.
Mersenne
qu'il lui adresse
Mais
la force.
oii l'on
la
il
serait alors
ne tient aucun compte de
5
se
;
sa vibra»
dix-sept ans, dont le génie
tous les yeux, ses
réunissait
s'il
vibration de ce funépendule.
un jeune géomètre de
i646,
comme
rôle de centre
mais seulement du poids suspendu
même
donc
de
le
mouvement
premiers
Ghristiaan
La première
essais.
termine par ces mots
Huygens,
:
«
lettre
Et en attendant
Œuvres de Descartes, publiées par Ch. Adam et Paul Tannery; Correspondance, CDLV, Descartes à Mersenne, d'Egmond, 2 nov. i646; t. IV, p. 55/i.
1.
art.
2.
Petrus Mousnerius,
loc. cit.,
Appendix prima, physico-mathematica, de centre
loc. cit.,
theorema theorema
percussionis. 3. h. 5.
Petrus Mousnerius, Petrus Mousnerius,
loc. cit.,
17, p. 427.
3o, p. /|35.
Œuvres complètes de Ghristiaan Huygens publiées par la Société Hollandaise tome premier, Correspondance, n° i/| Ghristiaan Huygens à Mersenne,
des Sciences
;
28 octobre 1646
:
;
p. 28.
ÉTUDES SUR LÉOINARD DE VINCI
l54
avecq grand désir quelque particularitez des centres de percussion, je demeureray, Monsieur, votre très
Huygens.
A «
le
Christien
»
demande, Mersenne répond en
cette
humble
J'eusse plustost satisfait à vostre désir
ces termes
^
:
pour ce qui concerne
centre de percussion, ou d'agitation des corps suspendus
comme
qui ont leurs vibrations libres,
plomb pendu
le
suspendu, lequel j'appelle fanépendale, pour fuyre
filet
un
à
les cir-
conlocutions, mais parce qu'il y a tant de différentes figures
dans
les
corps qui font tousjours de nouvelles diffîcultez, je ne
voy pas qu'une seule règle y puisse satisfaire, si ce n'est que Mr. Des Cartes, le plus excellent esprit du monde à advis, a donné, laquelle je vous repeterois icy,
commandement puisque
qu'ayant cette source inépuisable a
amy
sçay qu'il est vostre
la
et
»
A quelque temps
de
là,
Mersenne
Huygens, père du grand géomètre faut
Il
dont
la
^
r" est la
partie de la
in/i"
faire
Gonstantyn
à
donner une demie
d'une nouvelle philosophie,
Logique démonstrée
Physique,
écrit
:
que vous vous résolviez de
pour deux volumes
pistole
que vous avez bien plus
de vous faire boire d'un ruisseau, quand vous avez
source chez vous.
((
je
comme
intime, ce seroit vous faire tort
a luy aussi, de vous envoyer d'icy ce
proche
mon
ne croiois
je
si
celle
et la
qui apartient aux
2'"^
première
la
mouvemens
tant
naturels que violents, tant simples que composez d'un
ou
plusieurs plans ou directions,
un
traité particulier
faire baler dez
il
y a 10 Livres... Et
des centres de percussion à la
demain ce
1'^
fin
;
il
si
pour vous
où sont lettre,
le faire tenir,
les centres
je
a
peux
volume pour vous l'envoyer après
tout entier avec le sieur ïassin espiant l'occasion, la dité
y
mais seulement
les 2
ou
commo-
3 feuillets
de percussion, je vous l'enverray avec cette
car je brusle d'envie que Mr. vostre
fils le
voye ce
traité
et qu'il
l'examine, peut estre, que l'envie luy en prendra à luy
mesme
de
le
mieux démonstrer... Pleust
à Dieu que vostre
fils
I. Œuvres complètes de Christiaan Huygens tome premier, Correspondance, n° a3 Mersenne à Christiaan Huygens, 8 décembre iG/jS p. /|5. 2. Œuvres complètes de Christiaan Huygens; tome premier, Correspondance, n* a!^ Mersenne à Gonstantyn Huygens, père, 3 janvier iGiy. ;
:
;
:
I
BERNAKDINO BALDI, ROBERVAL ET DESCARTES
l55
voulust démonstrer tout ce qui est à sa manière plus noble, car je crains bien qu'il s'y trouve quantité de paralogismes; krÀyjLù
tamen, jusques aux examens.
L'écrit sur lequel
^)
Mersenne appelle
de Christiaan Huygens n'est autre que
motu
du
locali
Le
envoyer un
s'imprimer»; l'auteur
que
physicas de
à Christiaan
fois,
traité des centres
ajoute
il
je
Mersenne annonce de nouveau »,
1647,
directement cette lui
le Tractai us
l'attention
P. Fabry, publié par Pierre Mousnier.
janvier
8
instamment
si
a
:
Je
Huygens
u
et
qu'il attend à
de percussion qui vient de
m'asseure
qu'aprez avoir vu
vous envoyé des centres de percussion, vous
renchairez dessus, et que vous trouverez quelque règle plus
ou plus exquisite
excelente,
gismes, vous
En
me
;
ferez plaisir
vous y apercevez des paralode m'en avertir. »
et si
montrée singulièrement clairvoyante dix-sept ans, qui lui envoyait la
chute des corps,
l'avait
jugé capable de
de
loi il
si
de Mersenne
cette circonstance la bienveillance
il
;
en ce jeune
homme
une démonstration fausse de
avait deviné le génie
tirer
s'était
au
de la
du géomètre;
clair la doctrine si
confuse et
controversée des centres d'oscillation; l'avenir devait prou-
ver
n'avait
qu'il
point
trop
ptréjugé
du jeune Christiaan
Huygens.
En
Huygens donnait son immortel traité de l'horloge à pendule ^ le problème sur lequel Mersenne avait appelé l'attention du jeune géomètre vingt six ans plus tard, en 1678,
effet,
;
hollandais y était résolu d'une manière complète et définitive; la
querelle qui s'était élevée' entre Roberval et Descartes était
jugée sans appel. Une Dynamique enfin assurée prouvait que Descartes avait eu, contre Roberval, raison de prendre d'oscillation
d'un corps
synchrone à ce corps table règle était celle
extrémité
le
du funépendule
centre d'oscillation d'une figure
que Roberval avait énoncée, proposée.
centre
montrait, d'autre part, que la véri-
elle
pour déterminer
Descartes avait 1.
;
comme
le
et
non point
celle
que
Ainsi les vérités aperçues par ces
Œuvres complètes de Christiaan Huygens
;
tome premier, Correspondance,
n° 25,
p. 5o. 2.
Horologiiun oscillaiorium, sive de motu pendulorum ad horologia aptato démons tra-
tiones geometricx, auctore Christiano
Hugenio
;
Lutetioe, 1G73.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
l56
deux irréconciliables adversaires prenaient place dans une théorie mise hors de doute, tandis que tombaient dans l'oubli opposées l'un à l'autre avec passion.
les erreurs qu'ils s'étaient
y a là, sans contredit, a écrit Paul Tannery, un des exemples les plus remarquables de l'influence exercée par la ((
Il
correspondance du Minime sur xvn" siècle.
le
progrès des Sciences au
»
Nous pouvons dire plus Il y a, dans l'histoire que nous venons de retracer, un des exemples les plus remarquables de :
continuité
la
suivant laquelle s'enchaînent les découvertes
scientifiques.
Avant
du jeune Huygens sur Mersenne avait suscité, à
d'attirer l'attention
des centres d'oscillation, ce
problème,
P.
Fabry;
géomètres
il
le
les
de Roberval,
efforts
les
avait
livre
ou
problème
l'endroit de
de Descartes
en faisant connaître
suscités les
le
et
du
à
ces
pensées de Bernardino Baldi. Mais
Bernardino Baldi, à son tour, avait emprunté à Léonard de Vinci
la
notion
notion de centre de
s'était
la
gravité accidentelle ; et cette
présentée à l'esprit de Léonard
comme une
suite
naturelle de la théorie de Vimpetus, développée par les physiciens
du
xiv" siècle.
Non
plus que la Nature,
la
Science ne
fait
point de saut brusque.
I.
Paul Tannery, Les autographes de Descaries à
des Sciences mathématiques, 2* série,
t.
XV,
p.
296
;
la
Bibliothèque Nationale (Bulletin
1891).
i '5l
THÉMON LK FILS DU
JUIF
ET
LÉONARD DE VINCI
THÉMON LE
FILS DU JUIF ET
LÉONARD DE VINCI
Les Questions sur les Météores de Thémon, le fils du
juif.
Léonard de Vinci a dû beaucoup aux ouvrages composés, au milieu du xiv"
siècle,
conservé k
nuscrit
la
par Albert de Saxe'. Le cahier made
Bibliothèque
sous
l'Institut
rubrique F est rempli de réflexions qu'ont suggérées
la
les dis-
cussions scolastiques du vieux maître de l'Université de Paris, et ces
discussions ont provoqué l'éclosion, en l'esprit du grand
peintre, de ses plus
quelques-unes de
ses idées les plus originales,
de
profondes intuitions.
Le cahier F, qui porte tant de marques de l'influence exer-
nombre
cée sur Léonard par Albert de Saxe, contient aussi
de pensées qui ne doivent rien à Albertutius. Parmi ces pensées,
il
en
est
un grand nombre sur
la perspective^
sur
le clair-
obscur, sur la lumière et les couleurs, qui se retrouvent, sous
une forme plus achevée, au Traité de pour objets
la figure
ses
les divers
MsxeœpoXoY'./.a,
conservaient
le
t.
nom
Voir Albert de Saxe
marées ou de
l'arc -en -ciel,
en
phénomènes dont Aristote avait traité dans auxquels le Moyen-Age et la Renaissance de Météores; de ces pensées,
retrouvent au traité Del moto
igoB).
Peinture. D'autres ont
des mers, l'origine des sources, la forma-
tion des nuages, la cause des
un mot,
la
et
e
la
plupart se
misura delV acqaa.
Léonard de Vinci
(Bulletin- Italien,
t.
V, p.
i
et p. ii3;
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
l6o
De ces ébauches relatives au mouvement des eaux, il en est un grand nombre qui porlent, bien visible, la marque originale de Léonard
qu'affectent les eaux
diverses figures
les
;
courantes, les ondes variées qui en rident la surface, les tourbillons qui roulent en leurs profondeurs et en afîouillent le
tous ces effets nature, ont été
lit,
longuement étudiés sur minutieusement décrits et dessinés par le grand complexes ont
si
été
ingénieur hydraulicien.
Mais à côté de ces observations où Léonard n'a eu d'autre guide que l'expérience, on trouve, au cahier F, des considérations théoriques analogues à celles dont
quemment dans
les écoles.
on disputait
fré-
Ces considérations sont- elles aussi
des fruits spontanés du génie de Léonard? ne sont- elles pas plutôt des
réflexions
suggérées
par
quelque
lecture de
la
commentaire aux Météores d'Aristote ?
Que Léonard,
si
curieux de tout ce qui concerne
du globe, n'eût point cherché dans
mer
les écoles, ce serait
la
Physique
à connaître ce qu'on en disait
chose bien peu vraisemblable;
l'affir-
une erreur; nous en avons pour garant
serait professer
son propre témoignage.
Recourons à
inventaire inscrit par
cet
Léonard
sur la
couverture du cahier F, à cet inventaire qui nous a révélé
la
présence, en la bibliothèque du peintre, du Tractatas propor-
tionam et des Qaœstiones Saxe; «
là,
mède. De centra ».
temps que météores
Quel
Une que
et,
,
entre ces titres
gravitatis »,
:
et
Mando
indication
tête cette «
Yitruve
d'Albert de
et a
»
nous trouvons ce mot
:
«
Qaœstiones d'Albert de
vraisemblablement, un
Archi-
Meteura,
Léonard avait donc en mains, en i5o8, en les
:
même
un traité des imprimé à Venise.
Saxe,
traité
sur les météores possédé par le Vinci?
foule de rapprochements nous ont permis de reconnaître
le traité
:
»
était cet écrit
était celui titre
de Cœlo
en une colonne qui porte en
Livres de Venise
météores
in libros
des météores lu et
commenté par Léonard de Vinci
que l'imprimerie a fréquemment reproduit sous ce
Qaœstiones saper cjaataor libros nieleorani conipilatae per
doctissimani philosophiœ professoreni Thinionem.
L'écossais Georges Lokert, qui, en i5i6, enseignait à Paris,
THÉMON LE
FILS
au Collège de Montaigu
deux
ces
DU JUIF ET LÉOxNARD DE VINCI
en i5i8,
et,
deux éditions
dates,
à la
Physique donnés, au milieu du
les
xiv''
Sorbonne, publia, à
même ouvrages
d'un
ouvrage avait pour objet de réunir
l6i
Cet
enseignements sur par
siècle,
la
brillante
la
école nominaliste qui occupait alors les principales chaires de l'Université de Paris.
Il
reproduisait d'abord les
Quœstiones
De physico aadltUy sur le De generatione et corruptione, sur le De Cœlo et. Mundo; venaient ensuite les Quœstiones saper quatuor libros meteorum de Thimon enfin la d'Albert de Saxe sur
le
;
collection était complétée par les Quœstiones
où Jean Buridan
des divers écrits d'Aristote que réunit la
traitait
commune
désignation de Parva naturalia.
En publiant
ces Quœstiones et declsiones de Philosophie natu-
composées
«
depuis près de deux cents ans par ces trois
hommes éminents
qui formaient alors une sorte de triumvirat
relle,
en
célèbre École de Paris
la
que
avertir
qu'alors
;
érudition
il
écrits
les
de Buridan étaient seuls inédits jus-
nous apprend que
»
Vénitiens; que ceux
œuvres des deux afln
«
grande
la solide doctrine et la
Thimon
d'Albert de Saxe et de
demeurées inconnues des
«
Georges Lokert a soin de nous
»,
Italiens
n'étaient
point
particulièrement, des
et,
avaient pris soin de faire imprimer les
ci
de l'Université de Paris,
illustres professeurs
que nous ressentions une honte méritée de notre cou-
pable négligence, nous qui avons
si
longtemps
souffert
que
nos grands auteurs demeurassent ensevelis dans l'abandon
et
la poussière. »
Les Questions sur les
Météores,
compilées
par Thimon,
avaient donc été imprimées à Venise bien avant i5i6
;
elles le
furent encore après cette date; en 1622, les héritiers
d'Octa-
viano Scoto
les
adjoignirent à
édition des
la belle
Commen-
composés antérieurement à 1476 par Gaétan de Tiène, qu'ils donnèrent à cette époque 3. Les Questions sur les Météores, composées par Thimon, ont
taires
aux Météores
d'Aristote,
t. En noire étude sut Albert de Saxe et Léonard de Vinci, nous avons indications bibliographiques complètes au sujet de cet ouvrage.
2.
Gaietanus super Metheo. Habes solertissime lector
Aristotelis Stagirite
DUHEM.
hoc codice libros Metheororam
peripatheticorum (sic) principis cuni commentariis fidelissimi expo-
sitoris Gaietani de Thienis p.
in
donné des
:
iina
ciiin
duplici translatione, videlicet Francisci
Vatabli I I
et
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
l63
exactement
même
forme que
sur le De Cœlo, sur
le
De
les
Questions sur la Physique,
generatione et corruptione, rédigées
par Albert de Saxe; celles-là sont visiblement destinées à faire suite à celles-ci, de telle sorte
que leur ensemble forme un
commentaire complet de l'œuvre physique du Stagirite. Ce commentaire, profondément original parfois, où le respect au sens de
éclairé de la tradition péripatéticienne s'unit
vation
à
et
un
esprit
l'obser-
vraiment scientifique, a exercé une
influence profonde et durable; de cette influence la trace se reconnaît, bien visible, en maint écrit de la Renaissance et
même du
xvii^ siècle.
Mais
si
les
physiciens
les
plus célèbres
de ces temps n'ont point hésité à recevoir l'inspiration des
deux maîtres nominalistes, par une sorte de convention
tacite,
jamais nommer, alors
même
ils
se sont
entendus pour ne
les
impudemment; ils ont traité les pensées d'Albert de Saxe et de Thimon comme des idées tombées dans le domaine commun, auxquelles il n'est plus dû de droits d'auteur. A quel point la mémoire d'Albert de Saxe fut victime de celte conspiration du silence, inexplicable et inexcusable,
qu'ils les plagiaient
nous avons eu l'occasion de
Thimon
ou, plus
le
exactement^
montrer
ailleurs
'
le
;
nom
de
de Thémon, n'a pas moins
soulTert de cet oubli systématique et injuste.
Il
Ce que nous savons de Thémon, Ce
le fils du juif
parti pris, de la part des physiciens qui ont succédé à
la brillante
à laquelle
ils
École nominaliste de Paris, de cacher puisaient, explique que nous soyons
mal renseignés au
sujet des
si
la,
source
peu
et si
maîtres qui composaient cette
Antiqua: noviter impressos : ac mendis erroribusque purgalos.— Tractatuin de reactione. Questiones pcrspicacissimi EL Iractalum de intensione et remissione ejasdem Gaietani. philosopki Thimonis super quatuor libros metheororum. Colophon Opuscula hoc impressa fuerunt Veneliis nutu ac impendio hcredum quondam nobilis viri dominl Octaviani Scoli civis Modoetiensis : ac sociorum. Anno salutis 1522. Die 20 Xnvcinbris. Les propriétés inécaniijue^ I. V. P. Duhem, Les origines de ta Statique. Chapitre du centre de gravité, d'Albert de Saxe à Ëvangelista Torrirelli.
—
:
W
:
THÈMON LE
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
PILS
particulier,
nous ne savions presque
ces dernières années.
Aux quelques mots que
De Thimon, en
École.
rien jusqu'à
Georges Lokert nous en a
nous ne pouvions joindre qu'un
dits,
Du Boùlay Témon ou Timon
court passage emprunté à
Temo Judœus,
((
Westphalie,
comme
était
un
Voici ce passage
'.
originaire de la
le Juif,
clerc de la ville de
:
Munster;
il
débuta
maître es arts, sous maître Dominique de Ghivasso,
en 1349; pl^s tard,
procureur de
fut élu
il
26 août i353, puis, de nouveau, le 18
le
l63
qu'il était procureur,
Nation anglaise,
la
novembre
i355. Alors
on rendit une ordonnance qui prescrivait
à tous les maîtres de l'Université de dire leurs leçons et de ne
point dicter. Ce
les
un
d'ailleurs,
fut,
très célèbre
professeur
de philosophie; nos lectures nous ont montré que bon nombre d'étudiants
avaient subi devant lui les épreuves
lauréat
ou de
débuté
comme
la
licence,
maître es
avaient,
qu'ils arts.
du bacca-
sous sa direction,
»
Pendant longtemps, on ne sut rien de plus de ce physicien. Aujourd'hui,
il
nous
ces renseignements P. Denifle et à
est possible d'ajouter plus
si
concis et
insuffisants, et cela grâce
au
M. Châtelain.
Ges deux érudits, en
effet,
Livre des Procureurs de Paris
si
d'un détail à
la
ont entrepris
la
publication
du
Nation anglaise en l'Université de
3
La
Nation anglaise
était
une des quatre Nations
entre
lesquelles se partageaient professeurs et élèves de l'Université
parisienne; elle réunissait les maîtres et
les
étudiants
qui
avaient pour pays d'origine l'une des quatre provinces d'Alle-
magne, d'Ecosse, de Dacie et de Suède. De même que le Recteur présidait à l'Université tout entière, chaque Nation avait à sa tête un Procureur ^ élu, en général, parmi les jeunes maîtres, le Procureur n'était nommé que pour ;
un mois; au bout de 1.
ce temps,
devait être réélu
il
Bulaeus, Historia Univcrsilatis Parisiensis,
t.
IV, p. ggi
;
ou céder
MDCLVlll.
Auctarium chartalarii Universitatis Pafisiensis sub auspiciis Consilii generalis f acultatum Parisiensium ediderunt Henricus Denifle O. P. et .Emilius Châtelain Tomus I Liber Procuratoram Nationis Anglicanae (Alemanniœ) in Universitate Parisiensi; ïomus I, ab anno MGGCXXXIII usque ad annum MGCGCVI. Parisiis, apud fratres 2.
;
:
Delalain, 3.
anno MDGCGLXXXXIIII. tomus I, Introductio,
Auctariunij
p. xxi.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
l6A
ses le
fondions à un autre. D'après un règlement datant de 1288,
nom
procureur devait, aussitôt élu, inscrire son
et la date
de son élection sur un registre spécialement consacré à cet
en outre,
objet;
s'engageait par serment à noter sur ce
il
registre tous les faits, importants
pour
Nation, qui se pro-
la
noms
duiraient au cours de sa procuration, en particulier les
de ceux auxquels un grade universitaire serait conféré. Ainsi fut
composé ce Livre des Procureurs de la Nation anglaise qui nous permet de reconstituer, de i33o à 1/192, la vie d'une partie de l'Université parisienne.
Ce
livre
nous fournit, au
sujet
du physicien qui nous occupe,
de multiples renseignements.
nous permet, en premier
11
les divers
libros
nom. Ce nom,
lieu, d'en fixer le
imprimeurs qui ont publié
les
in
quatuor
Du Boulay
l'a écrit
Quxstiones
Melheoruni l'ont orthographié Thinio
;
Tenio; la forme que le Livre des Procureurs lui attribue inva-
riablement est Themo; cette
il
forme authentique
:
convient donc de garder à ce Thénion.
Le Livre des Procureurs de
la
Nation anglaise ne nous permet
pas seulement de rectifier l'orthographe du il
nous conduit
à modifier son
Temo Judœus, en
Juif,
sorte
Boulay. Or,
si
le
nom
de
surnom. Du Boulay
ïhémon;
l'appelle
le
que certains biographes ont
traduit par rabbin le titre de clericus
Du
nom
que
lui
donne
le
Liber Procuratorwn adopte cette
même même
forme, Themo Judœus^ c'est d'une manière tout accidentelle;
presque invariablement,
il
nomme Thémon non
pas
le
Juif,
du Juif Themo Judœi; et c'est, notamment, ce surnom que Thémon lui-même se donne dans un passage mais
écrit Il
le fils
de sa main'. est clair,
ïhémon
par
la
forme de ce surnom, que
Thémon lui-même
était juif,
pourrait, d'ailleurs,
donner d'autres preuves,
1.
Auctariuin,
lomus
i3/i9
I,
que
les
deux
frères
;
on en longues
en Sorbonne'.
Thémon
et Nicolas,
col. 319.
Aactarium, tomus I, liilroduclio, p. vvxiv, d'après Bibliothèque de l'Arsenal. 2.
la
en l'année
telles les fit
père de
le
était chrétien
éludes de théologie que notre maître es arts C'est
si
la p.
33
1
dii
m»
u" lojt
de
THÉMON LE
de Miinster,
DU JUIF ET LÉONARD DE VINCI
FILS
surnommés
les fils
du
1
65
l'examen de
Juif, subissent
déterminance ou de baccalauréat devant Maître Henri de Herne
de Unna».
De
ce Nicolas de Munster, le Livre des Procureurs ne fait plus
aucune mention, tandis progrès de son
qu'il
En
frère.
nous
tient
même
l'année
au courant des
{l^^g) où
a déter-
il
miné, nous le voyons subir l'examen de licence devant Maître
Walter de WardelaAV^
et
première leçon de maître
faire sa
Dominique de Chivasso^.
es arts sous la présidence de Maître
Le 26 août i353,
les
maîtres de la Nation anglaise se réuni-
rent auprès de l'église Saint- Julien-le-Pauvre afin d'élire
un
procureur; leur choix se porta sans aucune opposition sur
Thémon^. Le derechef à
Thémon
une troisième
On ne anglaise
novembre
i8
les
i355, la Nation devait confier
fonctions deprocureur^; elle lui conféra
fois cette dignité le lo février 1356^.
peut parcourir
ému
sans être surpris et
parmi ces étudiants, venus de
gnements de
Procureurs de
le Livre des
si
de
loin
la
pauvreté qui règne
pour
recueillir les ensei-
examens
qu'ils subissent;
leur faut affirmer sous serment la pénurie où solliciter des délais,
ils
il
se trouvent,
engager leurs livres ou leurs vêtements
qu'au jour de l'échéance
a
Nation
l'Université parisienne. La plupart ne peuvent
acquitter les droits afférents aux
Tel,
la
ils
seront hors d'état de dégager.
comme Wiskin Wenslay ou comme
Albert de Saxe,
déjà rempli les fonctions de procureur de la Nation, qui
n'est point
encore quitte de ses droits de baccalauréat.
Thémon,
le
fils
du
Juif, n'est sans
tunés; lorsqu'il passe des examens, solliciter
il
doute pas de ces inforacquitte les droits sans
de remise^; devenu maître es
arts,
il
est
souvent
le
bailleur de fonds de la Nation anglaise. Soit seule, soit en
anglaise
possédait
1.
Auctariani,
2.
Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium,
3. /l. f).
6. 7.
tomus tomus tomus tomus tomus tomus tomus
commun certaines
1,
col. i3o.
I,
col. i34.
I,
col. i38.
1,
col. i6G.
I,
col. 187.
I,
col. 189.
I,
col. i36.
avec
la
écoles;
Nation picarde,
Thémon
était
la
Nation
préposé
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
iCG
y pourvoyait de ses deniers, rembourser de ses avances par le trésor de la
à l'entretien de ces écoles; quitte à se faire
Nation.
11
semble que ce trésor
remboursement
le
il
tenue près de l'église Saint-Mathurin,
rembourse ce
et
que
fût lent et laborieux.
en i355, dans une réunion générale de
Ainsi,
lui
mince
fût parfois fort
qu'il a
la
Nation,
Thémon demande qu'on
avancé pour l'entretien des écoles i;
un peu plus tard, le 28 septembre i355, le receveur de la Nation, Wiskin Wenslay, rendant ses comptes avant de quitter sa charge, reconnaît la dette contractée envers le fils du Juif en i356, le nouveau receveur, Jean de Louvain, fait dere^
;
chef mention de cette dette ^;
encore acquittée
le
et
cependant,
elle n'est
point
Thémon réclame
26 juin i356; ce jour-là,
à la Nation assemblée les trois écus dépensés pour l'entretien
des écoles et
est fait droit à sa
il
requête ^
C'étaient, semble-t-il, de francs la
buveurs que
les
maîtres de
Nation anglaise en l'Université de Paris. Le maître es arts
qui venait de débuter,
ment
procureur ou
le
un écu ou un
élu devaient payer
joyeux avènement;
et cet
écu
le
receveur nouvelle-
florin
était aussitôt
comme don
dépensé par
de les
maîtres de la Nation en quelqu'une de leurs tavernes accou-
tumées.
Aux deux
A
épées,
la
grange ou
A
Vépitoge de Gilet.
don du nouveau venu ne suffisait pas à étancher la des nombreux maîtres es arts; de la dépense excédante
Parfois, le soif
chacun, alors, payait son écot. Mais, bien souvent, les nouveaux dignitaires n'étaient point
en fonds;
ne pouvaient acquitter de suite ce que
ils
la
Nation
consommé; ils avaient recours à la bourse obligeante de Thémon, le fils du Juif. Le 5 février i356, en la taverne du faubourg Saint-Jacques
avait
dont l'enseigne porte a
joyeusement
Geneviève
et
fêté la
:
A
l'image de
Notre-Dame,
Auctariuin,
2.
Aiiclarium,
3. /i.
Auctariinn,
Nation
désignation de l'examinateur de Sainte
fclection de maître Jean de Wanczeberch,
Luneburch, aux fonctions de procureur; 1.
la
tomus lomus
I,
col. i86.
I,
col. 187,
Auctarimn, lomiis
I,
col. 189.
lomus
I,
col. 199.
c'est
Thémon
de qui
THÉMOiN LE FILS DU JUIF ET LÉO^ARU DE VINCI
a réglé la dépense.
lui faut,
Il
pour obtenir
de son dû, adresser une réclamation Nation;
jugement de
le
celle-ci oblige
à
le
167
remboursement de
l'assemblée
la
Jean de Wanczeberch
à s'exécuter I.
Une
une réunion de maîtres
autre fois,
écu, sans doute pour quelqu'une de ces
Lwre
des Procureurs fait
l'ordre
au
111s
Thémon
si
Nation anglaise;
beuveries
l'écu; la Nation
en quelque sorte,
était tout
il
«
dont
»
le
complaisante mention; on donne
du Juif de fournir
se trouvait,
d'un
es arts a besoin
le
rembourserai
banquier de
la
désigné pour assumer la charge
de receveur. C'était
une fonction
mission de percevoir dépenses,
monnaies, dont
que
la
Nation, d'en solder les
au courant du change des
très
valeur variait d'un jour à l'autre;
la
ayant
celle de receveur^;
revenus de
les
fallait être
lui
il
délicate
il
était
pécuniairement responsable de toute erreur, de toute libéralité consentie par lui; aussi la fonction de receveur n'était-elle
guère briguée par
les
maîtres peu fortunés; on la confiait, en
général, à des maîtres déjà anciens et d'esprit mûr.
Le 23 septembre iSSy, de
la
Saint-Mathurin,
l'église
Nation anglaise, assemblée près confia
l'importante
charge
de
Thémon, le fils du Juif, en même temps qu'elle élevait Jean de Duns à la dignité de procureur; pour fêter cette double élection, les maîtres se rendirent à une taverne receveur à
de
la
cité,
nommée
le
Cygne, où
ils
dépensèrent 6 livres
et
12 sous^.
Thémon garda
les fonctions
de receveur jusqu'à la fin de
son séjour à l'Université; alors, en octobre i36r,
il
fut
rem-
placé par maître Albert de Saxe 5.
Chaque mois,
le
receveur devait soumettre ses comptes à la
Nation assemblée; mais beaucoup, peu exacts en leur gestion, négligeaient de
se
présenter à
la
réunion.
point, sans doute, de ces fonctionnaires
1.
2.
3. l\.
5.
Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium,
tomus lomus tomus tomus tomus
I,
col. 190.
I,
col. 2o5.
I,
Introductio, p. xxii.
I,
col. 221.
1,
col. 267.
peu
Thémon ne zélés;
il
fut
semble
ÉTUDES SUR LÉONAHD DE VINCI
l68
avoir rendu compte à
souvent
même que
Nation de
la
ne l'exigeaient
tembre i358, un an après son doute après exposé
velé, sans
cependant,
il
met de nouveau
des finances le 22 octobre %
de la
même
Parmi
«
beuveries
Egher de Kalker demi;
zèle
renou-
18
Nation au courant de
novembre^
et le 3
^ ;
et
l'état
décembre^
»
nom
de la
tenaient assurément une large place.
on
l'on
et
devait solder au
a élu fête
comme
cette
procureur Henri de
élection en
la
taverne
de Noire-Dame; on dépense cinquante-huit sous et
veur, maître
Le
la
nouveau procureur paye vingt-huit sous
le
est
approbation de sa gestion
Thémon
dépenses que
Ainsi, le 11 février iSBg,
A Vimage
son mandat
année.
les
Nation, les
le
les statuts; ainsi, le 23 sep-
élection, et
de sa caisse plus
l'état
Thémon,
solde le reste
et le rece-
5.
que Thémon semble avoir apporté dans l'accomplis-
sement de
ses fonctions de receveur,
en toute besogne dont
il
était
lui confiait-elle volontiers
il
le
chargé; aussi
mettait sans doute la
Nation anglaise
missions particulièrement dé-
les
licates.
La Nation anglaise
Nation picarde se disputaient parfois
et la
certains étudiants; les provinces qui ressortissaient à d'elles étaient
mal
délimitées.
En
i357, les
deux nations réso-
lurent de mettre fin à ces différends et de fixer, par invariable, la
commune
chacune
un
statut
frontière de leurs départements res-
pectifs.
L'élaboration de ce statut n'alla point sans discussions, déli-
bérations et formalités prolongées.
Le procureur de
la
Nation anglaise, Jean-Nicolas d'Upsal,
devait, à cet efTet, comparaître devant les notaires; le 10 sep-
tembre,
il
avait,
en présence des députés de l'Université, prêté
serment de dire
la vérité;
mais
à peine
ce serment était-il
prêté que des affaires personnelles l'obligeaient à s^absenter
bien
vite,
il
délégua en son lieu lomus
1.
Aiictarium,
2.
Auctarium, ibid. Auctarium, tomus Auctarium, tomus Auctarium, tomus
3. /i.
5.
I,
I,
col. 287.
col. 238.
I,
col. 289.
1,
col. 2^1.
et place
maître
Thémon,
;
le fils
THÉMON LE
du
lendemain
Juif; le
mélites,
FILS
DU JUIF ET LÉONAHD DE VINCI
169
septembre, près du couvent des Car-
1 1
Thémon comparut devant les
notaires mais les Picards ;
refusèrent de le laisser déposer, ne le trouvant point autorisé;
fallut
il
qu'une assemblée de
firmât la délégation donnée à
Thémon
la
par
dûment
Nation anglaise conle
procureur
iNicolas-
Jean d'Upsab. Les théologiens de la Sorbonne ne pouvaient se résoudre à reconnaître la prééminence du recteur ils ne voulaient point ;
admettre qu'on
nommât
le
plusieurs reprises,
ils
chef
et
supérieur de l'Université; à
s'étaient élevés contre les prérogatives
de ce haut fonctionnaire; au début de l'année iSSg,
un exposé de
gèrent
leurs griefs qu'ils envoyèrent
delà Faculté des Arts
aux maîtres de
la
et
des autres Facultés;
Faculté de Droit de juger
ils
ils
rédi-
aux maîtres
demandaient
le litige; à
leur
Pape^ prétention des théologiens excita une grande rumeur
défaut,
ils
Cette
en appelaient à
dans l'Université, cureurs de
la
sentence du
nous en jugeons par
si
le
Livre des Pro-
Nation anglaise.
la
Le i4 février iSSg,
la
Faculté des Arts tout entière, réunie
près de l'église Saint-Julien-le-Pauvre, décide de déléguer quel-
ques-uns de ses membres qui composeront une réponse au «
rotulus
à cet
effet
dépense
des théologiens; huit écus Philippe sont déboursés
»
et
les
;
quatre Nations se partagent également cette
maître
Thémon paye
les
deux écus dus par
la
Nation
anglaise^.
Ce premier débours soulevée
relle
25 février,
la
par
ne* pouvait suffire
les
récriminations
aux
frais
de
que-
théologiens;
des
le
Faculté des Arts, assemblée de nouveau, décide
que chaque Nation versera vingt écus pour couvrir ces en particulier, pour envoyer un député à maître
la
Thémon
la
frais et,
Curie d'Avignon;
acquitte la contribution de la Nation anglaise
à cette dépense^.
Auctarium, tomus I, col. 219. Chartularium Universitatis Parisiensis subauspiciis Consilii generalis FacuUalum Parisiensium collegil Henricus Denifle, O. P, auxilianle /Emilio Châtelain; n" i2^G; 1.
2.
Tomus 3.
III, pp. G1-G9. Parisiis, ex typis fralrum Delalain, anno Auctarium, tomus I, col. 2^1.
4.
/4ucfartum,
tomus
I,
col. 242.
MDCCCLXXXXIIII.
ETUDES SLU Li:ONAKD DE Vl^CI
I-yO
envoyés furent chargés de présenter au
Quels
réponses que
les
Pape
les
Facultés opposaient aux doléances des théo-
logiens? Nous l'ignorons; ces réponses furent Araisemblable-
ment gnon taires
jointes au rôle
que l'on envoyait périodiquement à Avi-
sur lequel se trouvaient consignés les
et
noms
des digni-
des maîtres de l'Université. Le 3o septembre iSSg,
et
l'assemblée de la Nation anglaise charge
Kempen
Thémon
Henri de
et
du rôle qui la concerne; à l'unanimité, elle désigne Thémon pour porter ce rôle à Innocent VI, en compagnie des députés que les autres Nations ont élus ou qu'elles vont élire; rendant grâce de l'honneur qui lui était fait, le fils du Juif promet d'accomplir fidèlement les deux de composer
missions qui
lui
la partie
sont confiées
pourvu du moins que obstacle
en particulier,
et,
manque
le
seconde,
la
d'argent n'y mette point
».
Thémon mena
sans doute à bien son ambassade auprès du
Pape, car, bientôt après, nous voyons la Nation anglaise confier
une
en
lui
autre, en des circonstances particulièrement mar-
quantes. Fait prisonnier à la bataille de Poitiers, Jean le d'être
rendu à
la liberté
par
le traité
Bon
venait
de paix de Brétigny, signé
mai i36o; l'entrée solennelle du roi à Paris était fixée au i3 décembre de la même année. Le 3 novembre, après avoir convoqué l'Université entière
le 8
auprès de
l'église
Saint-Mathurin,
le
recteur proposa d'envoyer
au Pape, en signe de réjouissance, un
rôle exceptionnel.
Sur
instances des théologiens, on décida que ce rôle serait
les
établi avec
une rigueur toute particulière;
véritables
régents
portés et
le délai
seuls, les
noms
des
actuellement présents à Paris y seraient d'inscription serait clos irrévocablement
le
samedi suivant.
Le lo novembre,
la
Faculté des Arts et la Nation anglaise
s'assemblèrent auprès de l'église Saint-Julien le-Pauvre pour
nommer
l'ambassadeur qui remettrait ce rôle extraordinaire
aux mains d'Innocent VI;
i.
Auctarium, tomus
I, col.
aSa.
le
choix se porta sur
le fils
du
Juif;
THEMON LE
FILS
commun
en outre, d'un
un
ouvrirent à leur élu
Thémon fait
les
;
pour
DU JUIF ET LEONARD DE accord,
les
VINCI
maîtres
de
I7I
Nation
la
crédit de cent écus Jean.
accepta avec reconnaissance l'honneur qui lui était
dont
fêter l'élection
était l'objet,
il
emmena
il
tous
maîtres de la Nation anglaise à une taverne voisine de
du Bon Jean
l'hôtel
l'
apothicaire
;
et là,
largement, on but à ses
fraisa Cette joyeuse
Thémon que
rapporte
le
est le dernier trait
»
n'appartint plus à
de
Livre des Procureurs de
son ambassade à Avignon,
Après
anglaise.
beuverie
«
le
la vie
Nation
la
fils
de
du Juif
Faculté des Arts de l'Université de Paris.
la
Que devint -il? Nous
l'ignorons.
La nuit qui enveloppa
premières années nous dérobe aussi
ses
les dernières.
III
Quelques rapprochements entre les doctrines de Thémon et les pensées de léonard de vinci.
une théorie qui
S'il est
tion de
Thémon,
le fils
ait
du
particulièrement sollicité l'atten-
Juif, c'est
assurément
celle de Tarc-
une grande place dans son œuvre; dix-huit
en-ciel; elle tient
questions du troisième
que
à l'étude de VIris; ce
livre
des
Météores sont consacrées
Thémon
dit
de ce
phénomène passe
de beaucoup tout ce qu'en ont dit non seulement les physiciens de l'Antiquité et les commentateurs arabes, mais encore, en la
dernière partie du
Albert
le
Grand
et
xiii" siècle, les
grands scolastiques,
Roger Bacon, ou
le
comme
célèbre opticien Witelo
seules, les considérations développées par Thierry de Saxe,
début du xiv^
siècle,
au sujet de
;
au
peuvent être comparées aux raisonnements de Thémon, qu'elles ont peut-être inspirés et qu'elles dépassent en un point.
En
fait,
Thémon
l'arc-en-ciel,
a expliqué d'une
manière correcte
la for-
mation du premier arc-en-ciel; non seulement l'explication I.
Auciariam, tomus
I,
coll. 260-2G1.
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
172 qu'il
a
donnée
est l'esquisse
mais encore celle-ci provient de celle-là; de
aujourd'hui,
Dominis, que l'on
comme
souvent
cite
ayant
Thémon;
de l'œuvre de
et inintelligent
curseur de Descartes, ce n'est pas de Dominis, et les Questions le
en cette
été,
précurseur de Descartes, ne fut qu'un plagiaire
matière, le
impudent
de celle que nous admettons
sur
le vrai pré-
c'est
Thémon;
quatre livres des Météores^ composées par
les
vieux maître scolastique, étaient peut-être sous
grand philosophe lorsqu'il composait
les
yeux du
ses Météores.
Or, dans le cahier F, 011 Léonard de Vinci jetait, à peine
ébauchées,
les
pensées que suggérait en lui
la lecture
d'Albert
de Saxe ou du traité des Météores qu'il possédait à ce moment,
une page
entière
est
'
Il est difficile
ciel.
idées émises par
consacrée à des réflexions sur
de parcourir cette page sans juger que
Léonard
passages écrits par
l'arc en-
les
rapprochent étroitement de certains
se
Thémon;
rapprochement
et le
est d'autant
plus frappant que certains de ces passages, très caractéristiques
Thémon,
des Questions de
n'ont point leur analogue dans les
divers commentaires sur les Météores qu'il nous a été
de
feuilleter.
Thémon est-elle
se pose, entre autres, la
une forme
question se trouve celle-ci
mée en
nuée ou en
la
analogue à Timage qui
une forme
est
réelle;
auteur avait écrit
vons voir
ment
ces
fragment^' ((
De
l'iris
I.
a.
3. '4.
«
«
:
la pluie;
se
les
on
la
:
«L'iris
nuée, où n'est-elle
réponses données à cette
L'iris est
une forme le
prouve
réelle impri-
:
car elle est
forme dans un miroir; or celle-ci
donc,
etc.
»
Un peu
auparavant-^, notre
L'expérience nous montre que nous pou-
naturel dans
un
miroir.
»
Ce sont
visible-
deux passages qui ont inspiré à Léonard décrire ce :
l'arc-en-ciel. Si l'arc-en-ciel est
à-dire sa rondeur)
la
:
question suivante ^
imprimée en
réelle
qu'une forme imaginaire?» Parmi
de
donné
ou par
le soleil
engendré par
moyennant
le
l'œil (c'est-
nuage.
»
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien; ms. F Bibliothèque de l'Institut, fol. 67, verso. Thimonis Quœstiones in quatuor libros Metheorum ; in librum III qua^stio XII. Thimonis Quœstiones in quatuor libros Metheorum ; in librum III qua^stio XI. Léonard de Vinci, loc. cit.
THÉMON LE
FILS
DU JUlF ET LEONARD DE VINCI
Le miroir ne prend d'espèces que
c(
et les
l']3
corps visibles,
celles des
espèces ne se produisent pas sans ces corps; donc
si
cet
arc est vu dans le miroir et que les espèces y concourent qui
ont pour origine cet arc-en-ciel, par
le soleil et
par
nuage.
le
nous poursuivons
Si
controns
ï
Lorsque apparaît
((
suit
de
lecture
la
l'arc,
du
une
cercle de l'horizon) sont sur
déterminé
yeux
et
N'est-ce pas ce passage
ont
centre de l'œil et centre
même
droite idéale...
même
le soleil
passant par
un
un œil
relatif à cet œil; si divers ils
verront des
ligne droite.
se
»
que Léonard nous présente sous
vu dans
derrière et
le
les pluies fines
nuage devant,
et
par
les
cette
tel
le
soleil,
en
centre de l'œil, se terminera au centre de l'arc.
arc ne sera jamais
endroit que par l'autre œil;
nuage où
yeux qui
toujours une ligne
imaginée continuellement droite à partir du centre du Et
Il
:
L'arc-en-ciel est
«
quatre
pour chacun d'eux, ces quatre points
trouveront toujours en une
forme 2
nous ren-
ciel, ces
en des positions différentes,
arcs différents; mais
engendré
cette proposition se rapporte à
au centre de l'horizon
se trouvent
Thémon,
naturel ou l'arc en
l'iris
que
l'arc est
:
points (centre du soleil, centre de
faut bien entendre
que
»
passage suivant
le
il
forme
il
vu par un des yeux au même sera vu en autant d'endroits du
arc est tout dans le
y a d'yeux qui le voient. Donc cet nuage où il s'engendre et tout en chacun
des endroits où
peut se trouver,
il
se
grand ou plus
il
petit,
qu'il
et ainsi
demi, entier, double,
il
paraîtra plus
triple. »
Plus tard, au cahier que Venturi a marqué de la lettre E, et
dont
la
rédaction n'est point antérieure à i5i33, Léonard résu-
mait, en ces termes^', les opinions que nous venons de lui voir
énoncer ((
1.
2.
:
Les couleurs au milieu de l'arc se mêlent entre Thimonis Qiiœstiones in quatuor Léonard de Vinci, loc. cil.
libros
Metheorûm; in librum
elles. »
III
quaestio
XX.
On y lit, en effet, le passage suivant « Je partis de Milan pour Rome au jour septembre i5i3, avec Jean, François de Melzi, Salai, Laurentet leFanfoïa. » {Les manuscrits de Léonard de Vinci, ms. E de la Bibliothèque de l'Institut, fol. i, recto.) Les manuscrits de Léonard de Vinci, ms. E de la Bibliothèque de l'Institut, verso !i. de la couverture. 3.
a4 de
:
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
I-y^
L'arc en soi n'est ni dans la pluie, ni dans l'œil qui le
((
qu'il s'engendre avec
voit, bien
de
la
vu par
les
du
pluie,
soleil et
de
l'œil. »
L'arc céleste est toujours
«
entre la pluie et
corps du soleil
le
donc
;
yeux qui s'interposent
pluie à l'Occident, l'arc s'engendre dans la pluie occi-
et la
dentale.
»
Volontiers, en son étude de l'arc-en-ciel, les
c'est ainsi qu'il
mentionne
produit en hiver, ou pendant l'haleine émise par la
tourne
dos au
le
cette
jette
Qu'on
avec
la
cet
en
homme
Or Léonard
))
forme circulaire; l'haleine dans le
nuque,
et aussi
»
pas toujours
artificiel n'est
:
» dit-il, «
les
couleurs de
elles
l'iris
apparaître dans
sans prendre cependant la
apparaissent ainsi... lorsque l'on souffle
rayon solaire qu'un trou
laisse passer.
»
C'est
pensée que Léonard exprime en cette note marginale
deux sphères de métal envoient
lieu obscur,
les
:
rayon solaire
le
le soleil à la
observe ^ que l'arc-en-ciel
Nous avons vu,
longue.
l'ombre.
encore avec l'eau soufflée dans
une foule d'autres expériences,
Si
froid et serein,
bouche d'un homme, lorsque
soleil et la face vers
de forme circulaire
((
«le petit arc-en-ciel qui se
lumière des torches ou de lune.
même
artificielle-
note en marge du feuillet que nous analysons
fasse
Thémon
la
^
un temps
qui passe en lieu obscur, en ayant
((
Thémon invoque
observations faites sur des arcs-en-ciel obtenus
ment;
«
étant à l'Orient
le soleil
eaux
soufflées
le
:
rayon solaire en un
feront l'arc d'iris de figure
))
La page du cahier F
oii
Léonard
sur l'arc-en-ciel ne contient pas lecture des Questions de
a
consigné ses réflexions
un mot que
n'ait
suggéré
la
Thémon.
Léonard paraît également avoir adopté, au. sujet des marées, l'opinion de
Thémon buent
le
Thémon, qui
est fort originale.
n'ignore pas^ que beaucoup d'astronomes
phénomène de
la
marée
à
une action
ïhimonis Quœstiones in quatuor libros Metheorum ; Thimonis Quœstiones in quatuor libros Metheorum ; 3. Thimonis Quœstiones in quatuor libros Metheorum ; librum II quaestio II. I.
iu libriiiii
:!.
in libriuu in lil)rani
attri-
lunaire, que III
qua^slioXIV.
ill qiia^slio 1
quH'stio
I,
XIX. cl in
THEMON LE
DU JUIF ET LEONARD DE VmCI
FILS
cette action s'exerce par l'intermédiaire
de la lumière ou qu'elle
due à une influence spéciale; mais
soit
paraît sujette à bien des objections;
17^
cette explication lui
en esquisse une autre
il
qui lui parait préférable.
L'un des éléments de
Thémon
lui
Au second livre des existe en mer des courants
par Aristote.
fourni
est
Météores, le Stagirite affirme qu'il
engendrés par
des marées proposée par
la théorie
plus grande hauteur des eaux en certaines
la
régions; la région septentrionale est celle
Teau
en sorte que l'Océan
est la plus élevée,
la surface
oii
de
est le siège
d'un
courant continuel dirigé du nord au sud. Celte doctrine
était
généralement acceptée des scolastiques
Thémon admet' qu'il déclare tirée
mer
»
;
cette
ébuUition sous tions,
il
cette
opinion;
d'un certain
«
hypothèse
le
Grand, en
il
traité
est telle
:
a
y joint une hypothèse du flux et du reflux de
La mer
s'enfle et entre
en
parcours du soleil;» de ces deux supposi-
le
tire cette
Albert
longuement développée.
particulier, l'avait
la
;
explication des marées^:
meut entre les tropiques, ses rayons tombent normalement sur la mer et réchauffent violemment; Tandis que
le soleil se
l'eau qui se trouve
exactement s'enfle
exactement sous
comme
le soleil
entre en ébullition
en une marmite placée sur
le
feu; elle
donc, produisant une extumescence qui se meut d'orient
en occident
comme
le
soleil.
Pendant ce temps, dans
les
régions septentrionales, la lune dont la vertu est propre à créer
vapeurs
l'eau, refroidit les
mer; par
ainsi se trouvent
la raréfaction
et
produit une augmentation de la
engendrées deux pleines mers, l'une
que détermine
par la géné-
le soleil, l'autre
ration d'eau qui provient de la lune.
Cette théorie peut nous sembler enfantine
moins en progrès sur toutes Depuis Ptolémée, les
les
celles
;
elle
n'en était pas
qui l'avaient précédée.
astrologues expliquaient presque tous
vives-eaux des syzygies, les mortes-eaux des quadratures,
en supposant que
le
soleil
pouvait exalter ou atténuer
l'in-
fluence de la lune suivant la position relative des deux astres. 1.
2.
Thimonis Quœstiones Thimonis Quœstioiies
in in
quatuor libros Metheorum ; in librum quatuor libros Metheorum; in librum
II
quaestio
II
quaestio IL
I.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
176
Pour
la
première
avec Théinon, nous voyons
fois,
la
marée
décomposée en deux marées partielles, de périodes différentes, dont Tune dépend de la marche de la lune et l'autre de
totale
marche du
la
xvi^ siècle,
L'idée sera reprise, au premier tiers
soleil.
par Frédéric Grisogone de Zara',
et cela
du
pour ne
plus être abandonnée. Or, que cette curieuse théorie des marées ait attiré l'attention
de Léonard de Vinci, nous n'en saurions douter lorsque nous lisons le passage suivant ^ ((
:
La mer sous l'équinoxe
s'élève par la chaleur
prend mouvement, en toute partie de l'eau qui s'élève,
à sa sphère.
la colline
ou partie de
rendre
la perfection
l'égalité et
même
théorie qui suggère cet autre passage ^
en un cahier que Léonard composa, nous en aurons
bientôt la preuve, postérieurement au cahier {{
Da mouvement
meut
soleil et
»
C'est encore la inscrit
pour donner
du
de
la
mer
F
:
toutes les six heures... Si le
chaud
humeurs, le froid les arrête, et 011 le froid est plus grand, se trouve une plus grande solidification d'humeurs. »
du
les
quelqu'un voulait dire que ce
Si
froid, qui fit croître et décroître la
cela paraît impossible effet,
pour
augmentatrice
fût la lune,
mer
toutes les six heures,
énoncées. En
les raisons ci-dessus
une chose étant semblable
à
une
autre, elle n'attirera pas
par ressemblance, mais par dissemblance; lu ne verras pas le feu il
chaud
et sec attirer à lui le feu,
attirera le froid et
d'autre eau.
l'humide
tu
;
du
marée
humide par
excellence, sur les
à
ici
en faveur de
Thémon, contre
reflux proposée par
attribue la
1.
ne vois pas Teau
attirée par
»
Léonard combat visiblement flux et
mais bien au contraire,
l'action
sympathique de
humeurs
la théorie
la
du
doctrine qui lune, astre
la
terrestres.
De arlificioso modo collegiandi, pronostiœgrUudinum per dies criticos, necnon de humana Joan. A. de refluxu maris; Voncliis, impr,
Fcderici Chrlsogoni nobilis Jadertini
cûndl cl curandi fcbres felicitale,
ac
deniqiie
et
de pi'ognosticis
de Jlaxu
et
;t
Sabio, i528. 2.
de
la
de
la
3.
Les manusciits de Léonard de Vinci, publiés par (]h. Kavaisson-Mollien Bibliothèque de l'Institut, loi. 70, verso. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. llavaissoa-Mollien Bibliothèque de l'Institut, fol. 07, recto.
;
ms. F
;
ms. A
THÉMON LE
FILS
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
I77
Plus tard encore, au cahier E % Léonard formule de nouveau sa
croyance à une marée solaire ((
haute que
qu'en
soleil
équinoxial.
aucune
nous nous proposions simplement
Météores d'Aristote,
en
par
de ce
partie
il
du Vinci,
le
cercle
que Léonard a
du
le fils
Juif, sur les
serait superflu d'insister; la ;
preuve
est
notre objet est de suivre,
progrès de certaines pensées suggérées
du vieux maître de
la lecture
d'établir
Thémon,
Mais nous voulons davantage
l'esprit
plus
plus haute sous le
et est
autre
est
»
lu les Questions compilées par
faite.
mers équinoxiales
l'eau des
eaux septentrionales,
les
du
corps
Si
comment
Décris...
...
:
l'École nominaliste de Paris.
IV
La mer est -elle plus haute que la^erre? Nous
allons, en effet, prendre quelques-unes des doctrines
qui ont contribué à former le traité Del moto e misura delV acqua,
en
publié
1826
par F.
Gardinali,
nous allons
et
retracer l'évolution par laquelle elles se sont développées
au
du génie de Léonard. Les notes manuscrites du grand peintre nous permettront de suivre pas à pas les démarches sein
par lesquelles
il
s'est efforcé d'atteindre la vérité et,
au cours
de ces démarches, nous constaterons la continuité de
Thémon. C'est premier germe de
fluence exercée par
la lecture
aura déposé
la théorie
le
laquelle travaille Léonard; et
des opinions
du vieux maître
si
de
il
qui
au progrès de
celui-ci s'écarte
scolastique,
Thémon
l'in-
un moment
ne tardera pas à
revenir vers elles.
La mer
est-elle
plus élevée que la terre? Cette question était
souvent agitée au sein des écoles du Moyen-Age. Les quatre
éléments qui forment
au plus léger, I.
le
monde
sont, en allant
la terre, l'eau, l'air et le feu
Les manuscrils de Léonard de Vinci, ms.
E de
la
;
du plus grave
ne convient-il pas
Bibliothèque de
l'Institut,
fol. 12, recto.
p.
DUHEM.
ii
ETUDES SUR LEONARD DE ViNCt
î-jS
qu'ils
succèdent dans cet ordre
se
l'Univers? Et de
même
que
le feu se
du centre de
à partir
trouve au-dessus de
l'air,
ne convient-il pas que la surface des mers soit plus distante du centre du monde que la surface de la terre ferme? Telle était l'opinion soutenue par Averroës.
Assurément, cette opinion avait rencontré, dès
Moyen-
le
Age, de vigoureuses contradictions. Déjà au xni^
siècle,
Cam-
panus de Novare soutenait que partout
terre
ferme
la
oii
monde
émergeait, elle était plus distante du centre du partant, plus haute
qne
la surface
des mers
;
la
et,
doctrine de la
pesanteur exposée par Albert de Saxe prêtait son appui à
Campanus; nombreux
l'affirmation de
étaient toutefois ceux
qui tenaient pour la supposition d'Averroës
ouvertement professée, non encore au milieu du xvi^
Thémon
a développé
ce qui suit
:
seulement au xv"
la trouve,
siècle,
mais
siècle.
sa minutieuse discussion,
La surface qui termine
«
on
avec beaucoup de force l'opinion de
^
Campanus; au cours de
;
nous lisons
eaux de
les
la
mer
est
plus rapprochée du centre de l'Univers que la surface convexe
de
la terre
sur laquelle nous nous trouvons
comme
le
remar-
Aristote, cette proposition peut se constater expérimenta-
que
lement; considérons, en
mer, de
jette à la
nous trouvons,
la
effet, la
rivière;
la terre est
mer,
mais au fur la surface
surface d'une rivière qui se
Seine par exemple; aux lieux où nous
plus éloignée du centre du
la
;
et à
visiblement plus élevée, c'est-à-dire
monde que
la surface
mesure que
la rivière
de l'eau de
la
s'approche de
de ses eaux devient plus voisine du centre du
monde; sinon, l'eau ne descendrait pas plutôt vers la mer que vers une autre région; puisque la mer reçoit cette rivière, c'est que la surface de la mer ne s'éloigne pas davantage du centre que
l'eau
de
plus proche;
rivière,
la la
mais, au contraire, qu'elle
convexité de
la
mer
est
en
est
donc sûrement plus
voisine du centre de l'Univers que la surface de la terre ferme
nous sommes.
011
I.
cdd,
»
in quatuor libros Melheorum; in librum 1 qiuoslio V (ap. i5iG vcl i5i8), vel qii.nestio VI (ap. cd. Vcncliis iSaa). La première premier livre en cette dernière édition manque dans les deux éditions
Thimonis Quxsliones Parisiis
question du données par Georges Lekorl.
THÉMON LE
Ce passage
DU JUIF ET LEONARD DE
1
s où il explique l'illusion qui mer plus haute que la terre
79
fait,
celui-ci
parfois, paraître la
:
Naturellement, jamais aucune partie de
((
VINCI
sans doute sous les yeux de Léonard lors-
était
composait
qu'il
FILS
la terre
que décou-
vrent les eaux n'est plus basse que la surface de la sphère de l'eau.
DB
(flg. i), est
une plaine
où un fleuve court à la mer, cette plaine ayant pour terme la mer ;
en
cette plaine découverte
fait,
n'est
pas dans la
l'égalité 2,
position
puisque^
ainsi, le fleuve
mouvement;
en
s'il
de
était
n'aurait pas de
puisqu'il se meut,
p^^
^
cette position doit plutôt être dite
DB
plage que plaine. Ainsi la plaine à la sphère de l'eau,
que
si
confine de telle manière
l'on s'avançait
en continuelle
recti-
tude suivant BA, elle entrerait sous la mer; de là naît que la
mer ACB
paraît plus haute que la terre découverte.
Chose curieuse, nous allons voir Léonard dans ce passage
qu'il soutient
et
sur l'origine des sources vont
rejeter l'opinion
admettre que
plus élevée que les plus hautes montagnes le
»
la
mer peut
méditations
ses
;
être
conduire à cette singulière
opinion.
Nous admettons aujourd'hui comme un immédiate que les sources proviennent, pour eaux pluviales qui ont imbibé
la terre et se
et si obvie, est,
en
peine à s'accréditer.
pense pas qu'une
réalité,
une de
la plupart,
Au premier
telle
;
il
des
sont infiltrées dans
celles qui
ont eu
si
le
simple plus de
livre des Météores^ Aristote
ne
cause suffise à expliquer la masse des
eaux qui sortent du flanc des montagnes
ait été
d'évidence
des roches. Cette vérité qui nous paraît
les fissures
aux fleuves
fait
et
donnent naissance
veut encore qu'une grande partie de ces eaux
vraiment engendrée au sein de
la terre
;
Thémon
par-
1. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien; ms. F de la Bibliothèque de l'Institut, fol. 78, recto. Ce passage est textuellement repro^ duit dans le traité Del moto e misura deW acqua, libre primo, capitolo XIX.
—
2.
G'est-à-dire
:
n'est pas horizontale.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
l8o
tage celte opinion'
;
quant à Léonard, observateur
tout ce qui concerne les eaux courantes^
eagace de
si
ne paraît pas, en
il
tout ce qu'il a écrit touchant les sources, qu'il leur ait attribué
un
seul instant
une origine
Pline l'Ancien qu'Aristote;
il
pénètre dans
on
voulait
^
la voit
mer
qu'elles vinssent de la
«
:
La mer
à l'intérieur, à l'extérieur, à la
la terre entière,
canaux qui
la sillonnent
en tous
s'échapper des plus hauts sommets auxquels
parvenue
elle est
aux sources une autre origine
attribuait
surface, par les veines et les
sens;
pluviale.
comme
par un siphon, grâce à
l'effort
des
vents, à la pression produite par le poids des terres; bien loin
donc que en tous
mer ne
la
risque de tomber, on en voit l'eau jaillir
sommets,
les
clairement pourquoi
de fleuves ne
Thémon^
fait
même
quotidien d'un
l'afflux
pas croître la mer.
avait fort
et
;
si
par là on voit
grand nombre
»
sagement réfuté
Pline avait tirés d'une «
les plus élevés
les
raisonnements que
Hydrostatique bien mal informée
:
L'eau des sources ne monte pas aux orifices des fontaines, du
moins en général, par
un
suite de la pression des terres;
si la
terre
ou bien encore si elle était entièrement imprégnée d'eau, elle pourrait comprimer l'eau et la faire monter;
était
fluide,
mais alors
la terre entière
être submergée...
descendrait peu à peu et finirait par
»
monter naturellement jusqu'au déversoir d'une fontaine, mais jamais elle ne peut monter plus haut que «...L'eau peut bien
le lieu d'oii elle vient;
de
la
ce
vertu par laquelle
mouvement est simplement un effet un corps moins grave monte pour
céder sa place à un corps plus grave. Cette vérité apparaît
clairement par et les
en un
les
expériences que nous fournissent les canaux
aqueducs; jamais on ne peut conduire l'eau d'une source lieu plus élevé
Léonard de Vinci
que son
est trop
lieu d'origine.
bon hydraulicien pour mécon-
Thémon
naître la valeur des objections de
de Pline; 1.
il
Thimonis
»
contre l'hypothèse
fonde d'ailleurs toute son Hydrostatique sur ce Quiestiones in quatuor libros
Melheorum;
iii
librum
(ap. edd. Parisiis i5iG et i5i8), vel quaeslio X.X (ap. éd. Veniliis loaa). 3.
C. Plinii
3.
Thémon,
Sccundi Naturalis historix liber loc. cit.
II.
I
qu.Tstio
XI\
THÉMON LE principe
:
«
FILS
L'eau ne se meut pas d'elle-même
Cependant,
est séduit
pas.
»
aux
infiltrations des
lui faut
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
il
par cette hypothèse
eaux de
donc prouver que
mer
la
haut situées, partant que
^
ne descend qui attribue
l'origine des fleuves;
il
mer, ou tout au moins quel-
la
est plus élevée
qu'une de ses parties,
si elle
l8l
que
sources les plus
les
cimes des plus grandes mon-
les
tagnes.
s'imagine, en
Il
avoir obtenu de cette proposition
effet,
une démonstration convaincante découverte,
il
dans sa joie d'une
et,
célèbre la supériorité de la
méthode qui
telle
la lui a
fournie, de l'observation directe de la nature, sur la lecture
des livres qu'il tient de fra Bernardino Si l'eau qui
((
mer, dont
la
le
sourd par
les
2.
hautes cimes des monts vient de
poids la pousse là-haut, afin qu'elle soit plus
haute que ces monts, pourquoi une ainsi possibilité de s'élever à
une
telle particule
grande hauteur
si
pénétrer la terre qu'avec tant de difficulté
quoi
n'a-t-il
même,
de
lequel confine à
la susdite partie?
le
de ne
de temps? Pour-
A
qui n'est pas pour lui résister,
l'air
tout ne s'élève pas à la toi
revient d'apprendre de
il
et
et
pas été accordé au reste de l'élément de l'eau de faire
dételle manière que
que
d'eau a-t-elle
qui as trouvé une
même telle
hauteur
invention,
nouveau par l'observation de
la
nature; car tu te trouveras bientôt pris de court avec toutes les
opinions dont tu as
du
frère,
dont tu
fait
grande provision en lisant
es possesseur
3.
le
fonds
»
Quelle est donc l'invention qui arrache à Léonard ce cri de joie et de
Un
triomphe? La voici en substance
courant constant déverse
autres; ce courant suppose
mers
une pente; par
vellation, le niveau de certaines
plus que ce dernier n'est
les
:
les
les
suite de cette déni-
mers surpasse
dominé par
unes dans
celui de l'Océan,
plus hautes monta-
les
gnes; ainsi, l'eau provenant de ces mers peut sourdre aux N'oublions pas que Léonard possédait une Histoire naturelle de Pline parmi les dont le Codice atlantico nous a conservé la liste. 2. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. RaYaisson-^k)llien ms. F de la Bibliothèque de l'Institut, fol. 7^, verso. 3. La fin de ce passage est peu claire dans le manuscrit de Léonard nous l'avons légèrement paraphrasée, en suivant les indications données par M. Charles Ravaisson1.
livres
;
;
Mollien.
•
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
l8a
sommets des monts
les
plus élevés. Voyons naître cette hypo-
thèse en l'esprit de Léonard
On demande
((
si
^
:
un fleuve qui passe par un
lac altère Vunifor-
monde que présentait la surface avant que le fleuve passât par le susdit lac. là une belle question; et l'on prouve qu'une telle
mité de la distance au centre du
de ce
lac,
C'est
))
surface ne garde pas l'uniformité de sa dislance au centre
monde
donne passage au
lorsqu'elle
susdit fleuve, par la qua-
trième qui montre que l'eau ne se meut pas pas. Et,
ici, il
semblable à
faut entendre
celle
de l'entrée
que ;
la sortie
s'il
en
si elle
ne descend
lac a
une largeur
du
est ainsi,
il
est nécessaire
que
l'eau soit de cours uniforme, par la septième, qui
que
le
mouvement de
partie de sa
tout fleuve en
temps égaux donne
comme
largeur de l'entrée,
que tout
il
C'est là, selon le
réponse
coup
du
une brasse
de.
est
fleuve
et,
du
si le
est dit, égale à la le fleuve
qui passe ;
ainsi
une distance variée
»
mot de Léonard, une
belle question;
mais
du
lac surpasse de
beau-
du
lac et
incomplète;
la section
il
descente par mille
l'eau d'un tel lac sera, à sa surface, à
du centre du monde. la
est nécessaire
le lac ait, lui aussi,
donc
à toute
une brasse de descente par
mille, la largeur de la sortie étant,
par
montre
longueur un égal poids d'eau. Maintenant,
fleuve émettait de l'eau qui voulût
du
la section
fleuve; les vitesses d'écoulement
partant, les inclinaisons de leurs surfaces sont en
raison inverse de ces sections
;
la
pente de
la surface
du
lac
donc insensible. Cette remarque ruine d'avance toute l'argumentation de Léonard; mais n'y insistons pas; Léonard sera
saura bien se corriger lui-même. Pour
nous de suivre la
le
conséquence
suit
de
là
que
le
moment, contentons-
développement de sa pensée
de reproduire
qu'il tire des considérations précédentes
la
plus haute partie
:
« Il
mer de Tana^, qui confine au Tanaïs, est la or elle est éloiqu'ait la mer Méditerranée ;
gnée du détroit de Gibraltar de 35oo milles, la carte à
et
comme montre
naviguer, ce qui donne une descente de 35oo brasses^
Les manuscrils de Léonard de Vinci publiés par Ch. Ravaisson-Mollien; nis. F Bibliothèque de l'Institut, fol. 68, verso, et fol. 68, recto. Cf.: Del moto e misura dell' acqua, libro I, cap. XII. 3. La mer d'Azow. 1.
de
la
TIIÉMON LE FILS DU JUIF ET LÉONARD DE VINCI
un
c'est-à-dire
un sixième
mille et
cette
;
mont d'Occident. » Léonard revient un peu plus loin
mer
l83
donc plus
est
haute que tout
«
Pourquoi Veau
au Don,
il
est
'
à cette
en haut des monts
?
y a 35oo milles, c'est-à-dire
même
conclusion
Du détroit un
:
de Gibraltar
un sixième
mille et
de différence de niveau, en donnant une brasse de descente
par mille à toute eau qui se meut médiocrement;
et la
mer
aucun des monts d'Europe ne s'élève d'un mille au-dessus de la peau de nos mers donc on pourrait dire que l'eau qui est aux cimes des monts Caspienne
est
beaucoup plus haute;
et
;
vient de la hauteur des
mers
et
des fleuves qui se déversent en
ces mers, étant plus hauts qu'elles.
Invoquer
la
»
dénivellation des mers pour expliquer la pré-
sence des sources à la cime des montagnes était assurément
même
une idée nouvelle. Mais l'hypothèse tion et de l'écoulement qui
de cette dénivella-
en résulte n'appartenait point en
propre à Léonard; au second livre des Météores, Aristote l'avait très
formellement énoncée
aux colonnes d'Hercule, déclivité terrestre les fleuves.
le
«
Cet ensemble de mers qui aboutit écoule dans
avait-il dit,
eaux que
lui
la
visible.
le
sens de la
amènent une multitude de
Le PalusMéotide coule dans
Euxin dans
moins
:
le
Pont-Euxin
et le
Pont-
mer Egée. L'écoulement des autres mers Gela est dû au grand nombre des fleuves,
Palus-Méotide
et le
est
car
Pont-Euxin reçoivent plusieurs grands
cours d'eau. Gela est dû aussi à la hauteur de la mer. La
semble être d'autant plus basse qu'elle s'avance vers
les
mer
colonnes
d'Hercule. Le Pont-Euxin est plus bas que le Palus-Méotide; la
mer Egée
est plus basse
plus basse que la
que
mer Egée;
Sardaigne sont, de toutes, se
Pont Euxin;
le
la
les
la
mer de
mer Tyrrhénienne
plus basses
;
Sicile est
et la
quant aux eaux qui
trouvent en dehors des Golonnes d'Hercule, elles sont
en une cavité. De
même
que
un courant continuel
comme
l'on voit les fleuves couler des
lieux les plus élevés vers les lieux les plus bas, de
l'Océan,
mer de
s'établit
même, dans
des lieux les plus élevés
1. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Gh. Ravaisson -MoUien; ms. F de la Bibliothèque de l'Institut, fol. 5o, recto. On observera que le ms. F a été, presque en entier, écrit à rebours ; les feuillets qui portent les numéros les plus élevés doivent être lus les premiers.
—
ÉTUDES SUR
l84
de toute la Terre, qui sont plus bas.
les
Lorsque
DE VINCI
LÉOlNfARD
les
régions arctiques, vers les lieux
))
cette explication des sources qui coulent
au sommet
des montagnes s'était offerte à l'esprit de Léonard,
enthousiasme;
accueillie avec
ne tarda pas à
il
supposer Si,
en
la
mer
effet,
la rejeter,
il
ne
qu'il était
mer;
est
il il
la
dénivellation des mers est entretenue par
plus haute des
la
impossible que ceux-ci tirent leur origine de la
faut qu'ils viennent de certains réservoirs;
ont dû s'épuiser au cours des
ci
absurde de
plus élevée que la terre ferme.
Teau qu'amènent des fleuves plus élevés que mers,
l'avait
pas longtemps;
s'y tint
avouant
il
mais ceux-
siècles, et la surface des
mers
a
dû redevenir horizontale. Telle est, en résumé, l'argumentation par laquelle Léonard dissipe l'illusion qui l'avait un instant séduit.
Voici en quels termes
il
confesse et corrige son erreur
:
Opinion de quelques-uns qui disent que l'eau de quelques mers
((
est
^
plus haute que
plus hauts sommets des montagnes et que
poussée vers ces sommets.
l'eau est
dans un autre que elle
les
si
—
L^eau n'ira d'un endroit
ce dernier est plus bas que le premier, et
ne pourra jamais remonter par son courant naturel à une
élévation égale à celle de la première place où, en sortant des
monts,
elle
parut au
tu disais % avec
ciel.
Quant à
cette partie
une fausse imagination,
être
si
de
la
mer que
haute qu'elle se
déversât sur les cimes des hautes montagnes, elle serait, après tant de siècles, épuisée et écoulée par les issues de ces monta-
gnes.
Tigre
Tu peux bien penser et
que, depuis tant de temps que le
l'Euphrate se sont déversés par les sommets
montagnes, on peut croire que toute
un
très
grand nombre de
ne crois pas que
le
fois
par
l'eau de l'Océan a passé
les dites
embouchures; or
Nil ait mis plus d'eau dans la
en a à présent dans tout l'élément de
des
l'eau.
11
mer
tu
qu'il n'y
est certain
que
1. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Gh. Ravaisson-Mollien ; ms. A delà Bibliothèque de l'Institut, fol. 56, recto et verso. 2. Ce passage nous permet d'aiïirmer que le ms. A est postérieur au ms. F; des rapprochements de ce genre permettraient, croyons-nous, de classer dans leur ordre chronologique la plupart des manuscrits de Léonard et de suivre, plus exactement qu'on ne l'a fait jusqu'ici, le développement de ses pensées.
THÉMON LE FILS DU JUIF ET LEONARD DE
eau
cette
si
tombée hors de
était
machine aurait
mer aux
la
que toute
et
du
Nil.
mer
et les fleuves
le
même
et
circuit,
ont passé par l'embouchure
))
Débarrassé
de
la
soutenue par
Thémon,
le
imagination
fausse
«
Gampanus de Novare, par du
fils
Juif,
qui
avait,
du monde. A
la
la
doctrine
que
surface
de
surface de la mer,
du
la
de cette affirmation,
l'appui
un
Albert de Saxe, par
à l'affirmation
ferme s'éloigne, plus que
la terre
»
jugement, Léonard revient à
instant, troublé son
centre
mer
l'eau va des fleuves à la
en faisant toujours
fleuves,
la
ce corps de la terre, cette
eau depuis longtemps déjà; en sorte
été sans
que l'on peut conclure que de
l85
VliNCI
accu-
il
mule maintenant les raisons; et dans la forme passionnée qu'il donne parfois à ses arguments, on sent la joie qu'il éprouve d'avoir retrouvé jamais du doute Preuve^ que
«
la terre et est la
vérité, le désir
la
de
la
sauver à
:
la siirjace
de
la
mer
est équidistanfe
plus basse surface du monde.
au centre de
— Les parties
les
plus basses des montagnes sont où elles se rejoignent à leurs
plus basse d'une vallée est sa rivière,
et la partie la
vallées;
cause de cette vallée
les fleuves
;
ont leur partie
la
plus basse
à leur confluent avec le fleuve royal où, en perdant leur forme, ils
perdent leur
royaux
est la
nom;
mer, où
enfin la partie la plus basse des fleuves les fleuves,
avec leurs affluents, se repo-
sent de leurs pérégrinations.» a
Du
le vrai
centre de rocéan^.
forme ronde. Mais
l'élément de la terre, la surface
terre
il
de l'Océan,
ferme
la terre n'a
parties
monde.
centre de notre
d'eau, en
— Le centre de
;
car
il
est
si
la
Celui-ci se
sphère de l'eau est
compose de
terre et
tu voulais trouver le centre de
contenu en un lieu équidistant de
non pas équidistant de la surface de la facile de comprendre que cette boule de
et
est
vraiment rien d'une parfaite rondeur, sinon en ces
que couvrent
la
mer,
les lacs
ou autres eaux mortes,
et
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch, Ravaisson-Mollien ms. A Bibliothèque de l'Institut, fol. 56, verso. 2. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien; ms. A de la Bibliothèque de l'Institut, fol. 58, verso. Cf. Del moto e misura dell' acqua, 1.
de
;
la
:
libro
I,
cap. IX.
ÉTUDES SUR LEONARD DE YINCl
l86
toute partie de la terre qui centre.
mer
la
s'éloigne de son
»
Preuve
((
émerge de
^
de ce que
la terre n est
elle
voyons
Nil partir des
de ce que, n'étant
— Nous
centre.
méridionales
régions
en courant vers
provinces,
diverses
et
commun
ne peut pas avoir un
pas ronde, le
pas ronde
et arroser
un
sur
septentrion
le
espace de 3ooo milles, puis se jeter dans les eaux méditerra-
néennes, sur
d'Egypte
les rivages
;
que
du cours des
à l'universalité
le Nil est,
fleuves,
le
Danube,
partir des contrées germaniques,
Rhin
le
comme
l'orient, l'autre
au septentrion,
et le
mers, l'un à
les
dernier vers les mers
bien tout, tu verras que
tu considères
si
un concours beaucoup plus hautes cimes des monts maritimes;
plaines d'Europe font
sont les
le
combien
ces cimes sont
rivages maritimes.
terre découverte.
me donne par
le
les
élevé que ne et
fîgure-toi
elles-mêmes plus élevées que
les
»
De quelques-uns qui
«
et
commenle Rhône
d'une sorte de centre
de l'Europe, pour prendre leur course vers
méridionales;
nous trouverons
à la fin, plus bas de dix milles qu'au
cement. Nous voyons encore
commu-
qu'on accorde
à cette descente dix brasses par mille,
nément
nous voulons donner
or, si
disent que
— Certes,
est plus
haute que
la
ce n'est pas peu d'admiration que
commune
l'opinion
Veau
formée, à l'encontre du vrai,
concours universel des jugements des
bent tous d'accord que la surface de la
mer
hommes; est plus
ils
tom-
haute que
plus hautes cimes des montagnes, en alléguant beaucoup
les
de vaines et puériles raisons; contre ces raisons, j'en alléguerai,
moi, une seule, simple
manière évidente que couvrira la terre
si
et la fera
quelle quantité de terre
marines couvrissent
le
et
courte
l'on ôte à la
Cf.
:
Del moto e misura
mer
on enlèverait pour
monde; donc
deW
Nous voyons d'une ses digues,
de parfaite rondeur
plus élevé que les rivages de la mer.
I.
:
acqua, libro
ï,
faire
;
elle
or, considère
que
les
ondes
ce qu'on enlèverait serait »
cap. X.
ÏHÉMON LE
FILS
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
187
Gomment l'eau peut sourdre au sommet des montagnes à la supposition qui plaçait le niveau de cer-
En renonçant taines
mers plus haut que
des montagnes, Léonard
sommet
le
a rejeté la réponse qu'il donnait tout d'abord à cette question
Gomment S'il
en a trouvé une autre qui
Léonard
solution,
Gette
par la comparaison entre
l'homme;
de
dessein d'écrire
plus élevées?
les
lui paraît meilleure.
la justifie le
la
par une comparaison;
corps de la Terre et
comparaison
à cette
qu'il projette
aux cimes
sa première solution de ce problème, c'est
abandonné
a
qu'il
l'eau peut-elle sourdre
:
mettre en
il
tête
corps de
le
donne tant d'importance du Traité de Veau qu'il a
:
Commencement du Traité de Veau — L'homme est dit par les Anciens un petit monde, et certes cette épithète est bien placée. En effet, l'homme est composé de terre, d'eau, d'air et de feu; le corps de la Terre est de même. Si l'homme a en lui '
((
.
des os qui le soutiennent et une armature de chair, a les roches qui supportent la terre. Si
du sang, où
croît et décroît le
l'homme
poumon dans
monde
le
a en lui le lac
la respiration, le
corps de la Terre a son océan qui, lui aussi, croît et décroît toutes les six heures avec la respiration lac de
sang dérivent
corps humain, de d'infinies veines
les veines,
même
d'eau.
Il
l'intention
du mouvement,
il
n'y advient
dudit
qui vont se ramifiant dans
manque au corps de
la
Terre
trouvent pas, parce que les nerfs sont
ne
stabilité,
Si
le
l'océan remplit le corps de la Terre
nerfs, qui
s'y
du monde.
et
que
le
monde
les
faits à
étant de perpétuelle
aucun mouvement; aucun mouvement
n'y advenant, les nerfs n'y sont pas nécessaires. Mais en toutes
choses,
l'homme
et le
monde
sont fort semblables.
»
Les manuscrits de L'îonard de Vinci, publiés par Gli, Ravaisson-Mollien ms. A Bibliothèque de l'Institut, fol. 55, verso. Cf. Del moto e misura deW acqua, libro I, cap. XXXIX. I.
de
la
;
:
ÉTUDES
l88
Suivons gnes;
le
cette analogie
sang
afflue à
LÉONAKD DE VINCI
SUll
au sommet des monta-
l'eau sourd
:
la
de l'homme; ces deux
tète
effets
semblables se doivent expliquer par des raisons semblables; aussi
Léonard poursuit-il en ces termes
i :
Des veines de Veau au sommet des montagnes.
((
—
clairement que toute la surface de l'océan, quand
aucune fortune, que
et
les
11
apparaît
il
ne subit
également distante du centre de
est
la Terre,
cimes des montagnes sont d'autant plus éloignées
de ce centre qu'elles s'élèvent davantage au-dessus du centre de
la surface
de
mer. Donc
la
de ressemblance avec l'homme,
de
la
mer, qui
est à croire
la tête
que
L'explication
que
la
raison qui retient
même
la
des
sang au sommet de
le
tendance qu'ont tous
les
offre
de la tête de l'homme,
il
si
ne devrait
le
quelqu'un cassait sortir
que
les
veines et les
qui oblige
le
la tête? Cette
il
gonfler
sang à s'échapper par
cassure de la
tête,
la
se
toute chose et
;
il
paraît
fuit
s'il
dans
c'est ce
gonflement
rupture du
sommet de
que
la
sang qui
le
elles-mêmes à fournir une
afflue; celui-ci n'a pas
de
sang qui
opinion serait vite réfutée. Les veines, en
comme
haut
la respiration, s'emplit d'air;
au sang qui
1.
effet,
sang a un poids,
chasse de ce lac
fait croître et
suffisent bien par
2.
le
le
il
sang quand ce poumon, dans qu'en se dégonflant,
désir de
monte comme une chose aérienne poumon se dilate au sein du lac de
impossible que, de lui-même, Diras-tu que
le
la
:
trouve entre les bords de cette cassure; en pesante désire les lieux bas,
difficultés
commun
liquides, à leur
semble 2 à première vue que
des
semble contredire à
l'autre,
s'écouler des lieux élevés vers les lieux bas
et légère.
sommet
qui retient l'eau au
phénomènes
deux
comme
11
montagnes,
»
toutes pareilles'; l'un,
((
les
l'eau
monter au sommet de ces montagnes. D'où
de l'homme est
des montagnes.
que
serait impossible
il
est tellement plus basse
pût, par sa nature, il
corps de la Terre n'avait pas
si le
commode
effet,
retraite
besoin de déborder par
manquait de
place.
la
»
Léonard de Vinci, /oc. cil.CJ. Delmoloc misuradeW acqua,\'\hvo\,CQ-[). XXXVIU. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Uavaisson-Mollien; ms. A Bibliothèque de l'Instilut,
fol. 56,
verso.
THÉMON
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
FILS
I.E
189
Quelle est donc la cause qui, en dépit de la pesanteur,
sang à
affluer le
la
de l'homme? C'est
tête
fait
La
chaleur.
la
chaleur mêle à un corps pesant des parties de feu qui sont légères et dont la légèreté porte vers le haut le mixte ainsi
composé
:
—
Pourquoi ce sang J ait par le sommet de la téte^. Les parties spirituelles ont force de se mouvoir et d'associer à leur course ((
parties matérielles.
les
Nous voyons
le
chaleur spirituelle, envoyer au-dessus de
aux vapeurs en
ainsi si
et
est-il
aux fumées, des matières
pour
tu la brûles.
De même
elle est infusée et mêlée... et
emporte avec
et
emporte en
la tête,
lui les
cheminée, mêlées
se réduire
en cendres
chaleur mêlée au sang, désireuse
la
de retourner à son élément, rupture de
la
la
terrestres et pesantes;
que tu verras
la suie,
moyennant
feu,
trouvant à s'évaporer par la
compagnie
sa
sang auquel
le
Le feu veut retourner à son élément
humeurs
réchauffées,
comme on
le
voit
en distillant du vif argent dans un alambic; quand cet argent de
grande pesanteur sera mêlé à
si
verras se soulever,
un second
On peut
que
d'ailleurs constater
retomber dans
et aller
»
au moyen de
cette
« le «
chaud rend légers
expérience
les
probante^
»
:
Tu
»
feras cette
épreuve au moyen de deux balles de cuivre
attachées aux balances par deux
fils
de fer; tu mettras l'une
des deux au feu que tu attiseras en soufflant; l'aura portée
au rouge, tu
pas soulevé par
soit
alors
que
la
chaleur. C'est
l'en retireras, afin
quand
que
le
le
feu
poids ne
vapeur chaude qui monte; tu verras
cette balle, qui avait
qu'elle était froide, est
même
poids que l'autre lors-
devenue plus légère par
l'effet
de la
»
donc
cette légèreté, effet de la chaleur, qui porte le
sang jusqu'au sommet I.
»
deux choses de poids égal sont placées sur la balance, qui sera embrasée sera plus légère que l'autre, qui est
froide.
3.
le
Si
celle
«
monter en fumée,
chaleur du feu, tu
réceptacle, en reprenant sa première nature.
corps pesants ((
la
Léonard de Vinci, Léonard de Vinci,
loc. cit. loc. cit.
de
la
tête
lorsque
l'homme
est
en
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VlNCl
jqô
vie;
montagnes
— Je
dis qu'elle est
dans
relient
des
:
sommet des montagnes
Explication de la présence de l'eau au
((
sommet
aussi qui pousse l'eau jusqu'au
elle
c'est
les
comme
'
sang, que la chaleur naturelle
le
au sommet du corps de l'homme
veines,
;
quand l'homme est mort, le sang, refroidi, se réfugie dans les parties basses du corps; quand le soleil échauffe la tête de l'homme,
sang y
le
qu'il force les veines et
De même, le
est
il
mêlé d'humeurs, en
afflue,
engendre souvent des douleurs de
tête.
des veines qui vont se ramifiant dans tout
corps de la Terre; la chaleur de corps continu,
ce
abondance,
telle
la Terre,
répandue en tout
maintient l'eau élevée dans
veines
ces
jusqu'aux plus hautes cimes des montagnes. L'eau que contient un conduit muré, creusé dans le corps de la montagne, sera
comme une
chose morte
;
ne s'élèvera pas du
elle
tout, parce
qu'elle n'est pas échauffée par la chaleur vitale de la première
veine.
La chaleur de l'élément du feu
soleil,
ont
la
et, le
puissance de la réveiller.
jour, la chaleur
du
»
Et Léonard d'imaginer^ une expérience propre à confirmer cette explication
:
Au
fond d'une
sorte de fournaise se trouve de
un grand feu échauffe sommet de cette fournaise,
l'eau le
;
comme le
échauffe la cime
soleil
des montagnes
l'eau s'élève en
;
vapeurs au sein de
loin
du sommet,
dehors ((
2.
RF
par-dessus, l'eau quittera
Toute 1.
de
la
libro 2.
cap.
cette
RF
et,
fournaise
par un conduit percé non
et,
FiG.
la
Si
elle distille
au
:
tu
(Jig.
prends l'instrument
2) et
montant,
que tu l'échauffés
se déversera
par A.
»
Physique, bien surprenante pour notre science
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollion ms. A Cf.: Del moto e misura deW acqua, Bibliothèque de l'Institut, fol. 56, recto. ;
—
cap. XLI. Léonard de
I,
XLL
Vinci,
lac.
cit.
—
Cf.
:
Del
moto
e
misura
dcli
acqua.
libro
1,
THÉMON LE
FtLS
JUiF ET
DtJ
LÉONARD DE VINCt
IQt
moderne, que Léonard développe avec tant de conviction, point du tout, de sa part, une innovation
n'était
entièrement
presque
enseignements
des
tirée
ancienne Scolastique. En particulier,
comme
Albert
Grand
le
il
il
;
d'une
très
expliquait exactement
sommet
présence des sources au
la
l'avait
des montagnes. Aristote,
qui ne voulait voir dans les eaux
pluviales ni
l'unique raison, ni la raison principale, des sources, attribuait
en grande partie
la
génération de l'eau que celles-ci amènent
au jour à une corruption d'air au sein des cavités dont est creusée;
il
n'avait nullement invoqué l'action de la chaleur
jusqu'aux sommets des
pour expliquer l'ascension de
l'eau
monts
hypothèse
;
il
semble bien que
celte
maître Albert, qui s'exprime en ces termes ((
la terre
de
soit la propriété :
L'eau est lourde plutôt que légère; par nature, elle descend
donc
vers les lieux bas; soit qu'elle
haut,
ait
pour cause
tombent sur
qu'elle provienne de la mer, soit
les
le sol,
humides qui, d'en ne pourra s'élever du fond des
impressions
elle
cavités terrestres jusqu'aux orifices d'où découlent les fleuves et les sources.
Pour résoudre
cette difficulté,
il
de nous
suffit
rappeler ce qui a été dit plus haut. Nous avons dit que le soleil et les étoiles,
par
le
mouvement
continuel de leurs rayons,
engendraient sous terre de très chaudes vapeurs; souvent, ces
vapeurs demeurent enfermées entre des parois solides; sont poussées vers des cavités, la terre, ((
le soleil,
en s'approchant de
en engendre sans cesse de nouvelles quantités...
comment
Voici donc
dans
où
les cavités terrestres,
l'eau s'élève.
La vapeur contenue
où
elle se
trouve la chaleur ;
eaux qui se trouvent au-dessous. Cette
vapeur bout au sein des eaux; entre les parois solides,
»
en tourbillonnant sur elle-même,
échauffe la voûte solide de la cavité ainsi produite attire les
elles
et,
elle
continue à tourbillonner
semblable à un vent qui serait en-
î. Beati Alberli Magni, Ratisbonensis episcopi, ordinis proedicatorum. de Meteoris librilV... recogniti per R. A. P. F. Petruni lammy, sacrœ Iheologiae docto.
.
primum prodeunt. Operum tomus secundus. l.ugduni, MDGLI. — Liber II Meteorum; Tractatus II De origine fluminum; Gaput XII El est digrcssio declarans hoc quod est elevans aquas ad ostia suorum fluxuum.
rem, conventus Gratianopolilani, ejusdem ordinis, nunc
:
:
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
192
Sa continuelle poussée
fermé, elle élève les eaux.
finit
par
ouvrir quelque orifice au flanc de la montagne; l'eau s'échappe
par cet orifice
met
et se
Les eaux jaillissantes s'échappent ainsi des
à l'extérieur...
comme dune marmite
des fontaines
orifices
à couler sur la pente qu'elle trouve
liquide en ébuUition.
»
Cette théorie d'Albert le
Léonard de Vinci; ce le
à
Grand, mais
celle
remplie d'un
Grand
est
cependant
n'est pas
de Thémon,
Léonard son explication de
bien celle que développe
le fils
du
la lecture
d'Albert
qui a suggéré
Juif,
présence de l'eau au flanc des
la
montagnes.
Thémon, en sa théorie;
effet,
emprunte
mais à l'appui de
celles
à Albert le
cette théorie,
tions tirées de l'expérience de
fournies par les
^
chaque jour
phonomènes de
qu'invoque Léonard
;
Grand et ces
;
nous ne saurions où prendre
donc que
faut
lieux, la terre est
ces cavernes recueillent les eaux
pluviales qui semblent s'être perdues;
il
précisément
:
creusée de vastes cavernes
sources;
observations,
distillation, sont
Nous voyons qu'en un grand nombre de
((
des observa-
cite
il
l'essence de
s'il
n'en
les réservoirs
était
pas ainsi,
d'où viennent les
Comme
ces cavernes existent.
ces
cavernes ne peuvent être vides, elles sont remplies d'air ou de vapeur. D'autre part, la terre qui entoure cet air et cette
vapeur
est froide; elle détruit
condense;
la
refroidie, elle
la
vapeur, en
prend
donc
la
effet, est
chaleur de la vapeur
humide;
et
lorsqu'elle est
de l'eau. Cette transforma-
les propriétés
lion de la vapeur en eau se produit
peu
à peu,
gouttes qui adhèrent aux parois de la caverne
;
engendrant des goutte à goutte
forment des masses d'eau, qui finissent par descendre aux
se
plus bas lieux, car la nature des fluides pesants est de toujours
descendre. Ces eaux s'échappent enfin par
un
orifice et,
de
la
une source est produite. Nous observons des effets semblables en des expériences
sorte, ((
artificielles;
est
t-
il
en est ainsi, par exemple, dans l'alambic, qui
l'instrument propre à
Thimonis Quœstioncs
in
faire
l'eau
ou dans
distillée,
quatuor libros Metheoriim: in librum
\
quaestio
XX.
le
ÏHÉMON LE
FILS DU JUIF ET
LEONARD DE
\
IqS
LNGI
fourneau qui sert à fabriquer l'eau de rose. La vapeur monte
au sommet du récipient; mais
du vase
froideur
la
de
et
qui l'entoure condense cette vapeur; celle-ci découle
l'air
aussitôt.
»
Les expériences que Léonard invoque à l'appui de sa théorie
Thémon;
sont empruntées aux Questions de
ment
la
entre
leur doit égale-
comparaison, qu'il a développée avec tant de faveur,
macrocosme
le
et
le
microcosme, entre
l'homme; car Thémon continue en
ces termes
terre
la
et
:
L'explication précédente est confirmée par cela qu'il en est
((
de
il
même
dans
dans
le petit
monde
grand monde; dans
le
(je
veux dire dans l'homme) que
le petit
monde,
il
y a aussi une
caverne, l'intérieur de la tête; les vapeurs s'élèvent vers cette cavité; elles s'y convertissent
par
les
yeux.
en eau
découlent parle nez et
et
»
Ces passages suffiraient à nous prouver,
nous n'en étions
si
convaincus par ailleurs, que Léonard a pris souvent sur
tions
les
Météores compilées par Thémon
comme
les Ques-
guides de
ses méditations.
Nous pouvons,
d'ailleurs,
indiquer assez exactement l'époque
où Léonard a emprunté à Thémon son explication de l'origine des sources.
Nous avons vu, en
effet, qu'il
n'acceptait point
encore cette opinion lorsqu'il jetait ses pensées sur
du cahier il
la
F,
commencé
i5 septembre i5o8; le cahier A,
écrivait le cahier
pour Léonard, définitivement acquise lorsqu'il
E qui
comme en témoignent Je partis de Milan
i5i3.
fut,
commencé en
sans doute,
ces lignes par
lesquelles
il
i5i3,
débute
»
Léonard reprend
comment
la théorie favorite d'Albert
où
de Saxe, montre
l'érosion fait sans cesse varier le centre de gravité de
la Terre, et
prouve par l'observation des
ments qui
témoignent de
cette
Les manuscrits de Léonard de Vinci; ms.
fossiles les soulève-
variation,
E de
la
nous trouvons
Bibliothèque de l'Institut,
verso. p.
:
pour Rome au jour 24 de septembre
Feuilletons, en effet, ce cahier E; à côté de fragments'
I.
où
développe, est donc postérieur à cette date. D'autre part,
cette théorie était,
((
le
les feuillets
DUHEM.
i3
fol.
^i,
ÉTUDES SUR LÉONARD DE
1()4
où
d'autres fragments celui-ci ((
De
par exemple
I
la
VIISCI
de Thcmon,
se reflètent les pensées
:
grandeur qa'a
la
sphère de Ueaa.
— La
sphère de
une circonférence moindre que la terre découverte de et pour mesurer cette sphère de l'eau, aie un espace
l'eau a l'eau,
connu de la mer quand elle est au calme. » Nous trouvons surtout, en ce cahier E, un fragment capital ^; Léonard y résume toutes les doctrines sur les relations de la terre et de l'eau que nous lui avons vu recueillir de l'enseignement de Thémon :
«
Ordre du premier
choses sont hauteur
livre
— Définis d'abord quelles
des eaux.
et bas-fond,
puis
comment
sont situés les
éléments l'un dans l'autre. Ensuite quelle chose est
dense
et la gravité liquide,
mais d'abord quelles choses sont en pourquoi l'eau
soi gravité et légèreté. Puis décris
pourquoi
elle
la gravité
se
termine son mouvement; puis pourquoi
ou rapide,
se fait plus lente
en outre comment
et
elle
toujours, étant limitrophe d'air plus bas qu'elle. Et l'eau s'élève
retombe en monts. Et
si
en
l'air,
pluie. l'eau
moyennant
la
Encore pourquoi
la
chaleur du
la surface
la
et
elle
descend
comment
soleil, et
l'eau sourd des
d'aucune veine plus haute que
peut verser une eau plus haute que
comment
meut
puis
cimes des
mer Océan
de cet Océan. Et
toute l'eau qui retourne à l'Océan est plus haute que
sphère de l'eau. Et
comment
l'eau des
mers équinoxiales
est
plus haute que les eaux septentrionales, et est plus haute sous le
corps du Soleil qu'en aucune autre partie du cercle équi-
noxial.
Gomment on
ardent, l'eau qui,
expérimente, sous la chaleur du tison
moyennant
ce tison, bout et l'eau qui, tout
autour du centre de cette ébullition, descend en onde circulaire.
Et
comment les eaux
les autres
septentrionales sont plus basses que
mers, d'autant plus qu'elles sont plus froides, jusqu'à
ce qu'elles se changent en glace. »
i.
Les manuscrils de Léonard de Vinci; ms.
fol. 2(j, 2.
recto.
E de
la
Bibliothèque de
l'Institut,
verso.
Les ma/iusc/'i/s de Léonard do Vinci; ms.
Edcla Bibliothèque de
l'Institut, fol. 13,
THEMON LE
DU JUIF ET LÉONARD DE VINCI
FILS
I95
VI L'ÉCOULEMENT UNIFORME DES COURS d'eAU.
Léonard de Vinci, pour rendre compte de la présence de l'eau au flanc des montagnes, a fini par adopter l'explication proposée par
renoncé à
Thémon
le Juif,
après Albert
celle qui l'avait séduit tout d'abord.
Grand;
le Il
il
a
n'a pas aban-
donné cette dernière sans avoir reconnu le vice qui faussait son raisonnement et sans avoir substitué une vérité à sa première erreur.
La masse des eaux douces que reçoivent
les
mers méditerra-
néennes suppose un écoulement constant de ces mers vers
un continuel abaissement de la depuis la mer d'Azow jusqu'au détroit de Gibraltar; la supposition que Léonard emprunte à Aristote. partant
l'Océan,
Léonard suppose également que de l'eau doit être partout la surface doit être la
même
même,
eji
la vitesse
de l'écoulement
tout point; en quoi
la vitesse
telle est
partant, que la pente de la
assurément. Lorsqu'un écoulement d'eau est
régime permanent,
surface
trompe parvenu à son il
se
avec laquelle l'eau coule est en
raison inverse de la section qui s'offre à son passage; très
rapide dans les parties étroites et peu profondes du cours d'eau, le
mouvement devient
a largeur et profondeur.
Méditerranée
deviendra
Un très
très lent là
où
la
nappe d'eau
courant insensible en sensible
dans
le
mer
la
de
détroit
Gibraltar.
Cette vérité n'avait
point échappé à Aristote;
second livre des Météores,
remarque que la
«
dans
il
traite
laisseraieut,
la
du mouvement des mers,
il
mer paraît couler grâce ù au lieu du large espace qu'elles
les détroits, la
configuration des côtes qui,
lui
lorsqu'au
resserrent étroitement
»
;
Aristote,
il
est
semble donner pour origine à cet écoulement « le balancement qui, fréquemment, fait osciller la mer », c'est-à-dire la
vrai,
marée;
il
insiste sur ce point
que
«
l'oscillation très petite
au
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
196
large, paraîtra nécessairement fort la terre laisse
peu de place à
la
grande dans
mer
les
endroits où
»
Ce passage devait attirer l'attention de Léonard, d'autant que Thémon en avait cité la phrase essentielle sous cette forme: « Fluit autem mare et videtur secundum angustias. ^
—
La mer coule
cela s'aperçoit dans les détroits.
en outre, l'attention sur
attire, lit
et
où
il
d'ailleurs,
à
dans Aristote
Léonard
Thémon,
et
les
mots
u
hue
»
Thémon
et illuc » qu'il
une allusion au flux et au reflux. l'époque où il lisait les Météores de
voit
songé à l'accroissement que l'amplitude d'une
a
marine éprouve en un golfe resserré; nous en trouvons la preuve dans un curieux fragment ^ du cahier F; oscillation
le
Vinci y montre que
le flux et le reflux
«
sont doubles dans
un même pelago », entendant par ce mot un golfe qu'une étroite embouchure fait communiquer avec la pleine mer. Gela a lieu parce que l'onde du premier flux court fortement dans le pelago et que dans le temps que cette onde suit son impeto, celle qui se trouve en dehors de la bouche fait son reflux avant que l'onde qui s'est engolfée ressente l'effet du ((
;
reflux qui s'est produit à l'embouchure, le flux renaît à cette
bouche; à ce moment,
la
première onde engolfée ralentit son
impeto et s'arrête tandis que s'engolfe la deuxième onde. Ainsi
niveau du pelago s'élève
forte-
eaux alors retournent impétueusement derrière
le flot
tant d'ondes s'engolfent
ment;
les
que
le
qui rétrograde; la troisième, la quatrième onde n'engolfent plus ce
flot
qui rétrograde, tant que la première eau ne s'est
pas dégolfée.
»
Celui qui s'efforçait d'analyser ainsi
l'effet
de
la
configuration
des côtes sur les marées ne pouvait méconnaître bien long-
temps l'influence que violence du courant
;
la largeur il
d'un cours d'eau exerce sur
ne devait pas tarder à signaler
la
cette
influence et à en formuler la loi précise: Si le débit d'un cours
d'eau est
le
est partout
même
en toutes ses sections,
en raison inverse de
l'aire
de
la vitesse
du courant
la section.
Thimonis Qaxstiones
in quatuor libros Metheororum ; in librum IT quaeslio II. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Gli. llavaissoa-Moliien ms. F de la Bibliothèque de rinstilut, fol. G, verso. 1.
2.
;
THÉMON LE Si,
par exemple,
DU JUTF ET LÉONARD DE VINCI
FILS
le lit
du cours d'eau
a,
partout,
I97
même
pro-
fondeur, la vitesse du courant sera en raison inverse de la largeur. Ce corollaire est
de Léonard
^
premier qui
le
se présente à l'esprit
:
mer a plus de courant dans le détroit d'Espagne Le fleuve de profondeur uniforme aura une fuite qu ailleurs. plus rapide dans la moindre largeur que dans la plus grande, d'autant que la plus grande largeur surpassera la moindre. Pourquoi
((
la
—
Cette proposition se prouve
))
l'expérience la confirme.
mille de largeur passera fleuve sera large de
le
à refaire le mille
chacun de ces
fleuve sera large de trois milles,
milles carrés mettra le tiers de sa quantité fait le
mille carré
du
et
cinq milles, chacun de ces cinq milles
un cinquième de lui-même manquant dans le pelago.
Et là où
))
raison
En effet, quand par un canal d'un un mille de longueur d'eau, là où le
carrés mettra
carré d'eau
par
clairement
détroit.
Pour rendre aisément
pour
le
défaut qu'a
»
saisissable cette proposition,
Léonard
imagine l'exemple suivant:
Imaginons une avenue formée de de largeurs difTérentes;
les autres,
le
tronçons consécutifs,
premier tronçon,
le
quatre fois moins large que
moins large que
trois
le
second,
et celui-ci est
premier; des hommes, serrés
emplissent ces avenues;
ils
se trouvent
la partie large
en
la
région
les
moyenne en doivent
uns contre
hommes
tous les
mouvements qui passent par des
faire
deux
et
ceux
lieux de différentes
»
Ce qui vient
d'être dit
touchant le courant d'un fleuve de pro-
fondeur invariable, mais de largeur variable, Léonard
le
répète ^
ms. A Les manuscrits de Léonard de Vinci, publics par Ch. Ravaisson-MoUien Cf. Bibliothèque de l'Institut, fol. 67, recto et verso. Del moto e misiira acqua, libro VIII, cap. XLI,
1.
—
la
deW
qui se
proportion que tu trouveras dans
étroit espace, huit; «
de
fois
de l'avenue font un pas, ceux qui
du plus
largeurs.
les
deux
doivent marcher tous
ensemble d'une manière continue; quand trouvent en
plus étroit, est
le
;
:
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien ms. A Bibliothèque de l'Institut, fol. 07, verso. Cf.: Del moto e misura deW acqua, Ubro VIII, cap. XXllI, 2.
de
la
—
;
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VTNCT
198
d'un cours d'eau où une profondeur variable s'associe à une largeur uniforme:
Tout mouvement d'une eau de largeur
«
et
suPface uniformes
courra plus fort dans un endroit que dans un autre d'autant que cette
eau sera moins projonde dans l'un que dans Vautre.
— Cette
bien que
le fleuve
proposition se prouve clairement; en soit
de largeur
et
effet,
de surface uniformes,
s'il
inégale,
EGA
M îT^
par
est il
de profondeur nécessaire,
est
données
les raisons
mouvement
dessus, que son
^k
ci-
soit, lui aussi, inégal.
Et ce
ï
mouvement
k
I
qualité
fois
et
3.
3), l'eau a
MN
entre en
y entre quatre fois; le mouvement sera donc quatre plus rapide en MN qu'en AB, trois fois plus qu'en CD il
deux
fois
Léonard
plus qu'en EF. a
donc
»
rectifié l'erreur
par laquelle
il
montagnes en ;
la rectifiant,,
essentiel d'Hydraulique
;
il
a clairement formulé
nous Talions voir
tirer
avait cru,
sommet
tout d'abord, expliquer l'ascension de l'eau au
un
MN
Je dis qu'en
d'autant que
AB;
de cette
un mouvement plus rapide qu'en AB,
(fig. FiG.
:
sera
des
un principe
de ce principe
corollaire important.
VII L'invention du principe fondamental de l'Hydrostatique
Au moment où Léonard vient de formuler cette vérité En un cours d'eau uniforme, de section variable, la vitesse du courant varie en raison inverse de la section; au moment où :
il
vient d'expliquer cette vérité par
ajoute' ces
1.
de
la
libro
mots
un exemple
saisissant,
il
:
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-MoUien ms. A Bibliothèque de l'Institut, fol. 67, verso. Cf.: Del moto e misura delC acqua, ;
Vin, cap. XLI.
THEMON LE FILS DU ((
se
Regarde
la
meut d'un
doigt, la première eau qui a paru au dehors s'est
mouvement
que le
si le
199
seringue; quand son piston, qui chasse l'eau,
Tu trouveras
éloignée de deux brasses... le
ET LEONARD DE VTNCI
.TUFF
même
la
chose dans
des roues par rapport à leurs pignons, attendu
pôle de
la
roue est de
mouA ement du pignon
même
de
et
grosseur que de
la surface
la
le
pignon,
roue est plus
rapide que celui de son pôle d'autant que la circonférence du
pignon entre davantage dans
circonférence de
la
roue.
la
»
En
marge de ces lignes, au-dessous d'une seringue, est dessinée une grande roue dentée qui engrène avec un pignon de même grosseur que l'axe de la roue. Examinons de près la pensée que nous venons de transcrire, exactement tous
afin de reconnaître très
les
germes de
vérité
qu'elle porte en elle. Si la
circonférence de
grande que la
la
elle, se
fois
phis
circonférence de Taxe qui la porte, un point de
circonférence de la roue,
avec
roue dentée est vingt
la
meuvent vingt
un point du pignon qui engrène fois
plus vite qu'un point pris à la
surface de l'axe; dans le temps que ce dernier parcourt
pouce de chemin,
les
un
deux premiers parcourent chacun vingt
pouces.
Supposons que par un poids dont
peu
à
la
roue
le
fil,
soit
mue,
à la façon d'une horloge,
enroulé sur l'axe de
la roue, se
peu; supposons aussi que, par un dispositif
pignon remonte un poids dont
le
fil
dévide
inA^erse, le
s'enroule à sa surface;
tandis que le premier poids descendra seulement d'un pouce, le
second montera de vingt pouces. Cette multiplication de vitesse entraîne
le
une conséquence
premier poids ne pourra descendre en
second à monter que celui-ci;
si
le
s'il
est plus
de vingt
fois
le
plus lourd que
poids qui doit descendre est exactement égal
à vingt poids semblables à celui qui doit
vement ne
contraignant
:
monter, aucun mou-
se produira; la puissance et la résistance se tien-
dront en équilibre; enfin,
si
vingt fois plus grand que
second,
en sens contraire;
le
le
le
poids dont
descendra, forçant à monter
le
premier poids
le
le fil
est
mouvement
moins de
se
produira
s'enroule sur le pignon
poids que porte l'axe de
la
roue.
ETUDES SUR LEONAUD DE VINCI
200
Ces vérités élaient familières aux mécaniciens de l'Antiquité; jouaient
elles
en avait
traité
nommé
L'éléva-
l'application aux engrenages de roues dentées
fait
de pignons,
et
rôle essentiel dans les Questions mécaniques
Héron d'Alexandrie, en son
d'Aristote; teur,
un
Pappus, en
et
mathématiques,
Collections
ses
avait reproduit cette partie de l'œuvre de Héron.
Comparons maintenant, comme Léonard nous y
invite, les
propriétés des engrenages à celles de la seringue.
Que
la section
de
la
canule par laquelle l'eau s'échappe soit
pompe;
cent fois plus petite que la section du corps de
courra dans
canule cent
Imaginons
piston. petit
la
que
le
l'eau
plus vite que n'avance le
fois
qu'un second piston, cent
fois
plus
premier, s'oppose à cette course cent
fois
plus
alors
y parviendra sûrement pourvu que la force qui le pousse soit au moins égale à la centième partie de celle qui
rapide;
il
pousse
le
grand piston
centième partie de et le
et si
première force surpasse
la
seconde, c'est
le petit
cette
:
un vaisseau
Si
la
piston qui avancera
grand qui reculera. Nous pouvons donc formuler
conclusion ((
la
;
deux
d'eau, clos de toutes parts, a
plein
ouvertures, l'une centuple de l'autre; en mettant à chacune
un piston qui
un homme poussant le de cent hommes, qui pousseront
soit juste,
lui
piston égalera la force
qui est cent fois plus large,
et
petit
celui
en surmontera quatre-vingt-
dix-neuf. »
Et quelque
proportion qu'aient ces
forces qu'on mettra sur les pistons sont elles seront
d'eau est
en équilibre. D'où
homme, par
puisqu'un
»
lui
les
ouvertures,
paraît qu'un vaisseau plein
les forces à tel
ce
les
si
une machine
et
degré qu'on voudra,
moyen, pourra enlever
tel
fardeau
proposera.
Et l'on doit admirer qu'il se rencontre en cette machine
nouvelle
cet
ordre constant qui
anciennes; savoir est
comme
un nouveau principe de mécanique,
nouvelle pour multiplier
qu'on
il
ouvertures,
que
force.
le
Car
chemin il
le levier,
est
le
trouve
en
toutes les
tour, la vis sans fin, etc., qui
augmenté en
est visible que,
se
même
comme une
proportion que
de ces ouvertures
la
est
THKMON LE centuple de l'autre, fonçoit d'un pouce,
si
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
l'homme qui pousse
comme pour
la force est à la force; ce
même
chose de
d'eau,
que de ;
de cet
vraie cause
la
le petit
ne repousseroit l'autre que de
il
seulement;... de sorte que
partie
d'eau
FILS
chemin
le
que
effet
piston Tenla
centième
au chemin
même
prendre
l'on peut
étant
:
est
20I
clair
que
c'est
la
un pouce de chemin à cent livres cent pouces de chemin à une livre
faire faire
faire faire
et qu'ainsi
lorsqu'une livre d'eau est tellement ajustée
avec cent livres d'eau, que les cent livres ne puissent se
remuer un pouce,
qu'elles
ne fassent remuer
de cent
la livre
demeurent en équilihrc, une livre ayant autant de force pour faire faire un pouce de chemin à cent livres, que cent livres pour faire faire un pouce à une livre. » pouces,
il
faut qu'elles
Ces lignes ne sont pas de Léonard cependant, elles forment
;
elles sont
de Pascal
de
la suite toute naturelle
que énoncée par Léonard; tant
il
est vrai
la
»
Pascal, se trouve
logiquement contenu
qu'en cette remarque
tout d'abord développée? A-telle produit,
même
de Léonard de Vinci,
les effets qu'elle
sance? Léonard, en d'autres termes, a-t l'aperception
question est
de
!
Mais la vérité que cette remarque contenait en germe elle
et,
remar-
principe fondamental de l'Hydrostalique, le principe
le
;
il
dans
s'est-
l'esprit
contenait en puis-
précédé Pascal dans
du principe fondamental de l'Hydrostatique? La d'importance; elle mérite d'être examinée avec
soin.
Et d'abord le génie de Léonard était-il préparé à apercevoir
conséquences dont sa remarque
les
était
capable? Nous allons
reconnaître sans peine que son attention, pleinement éveillée, guettait
Dès
en quelque sorte ces conséquences.
les
premiers
Vinci préoccupé de la loi se répartit ((
3.
la
fois la
bouche A entre dans tout
le
vide du
Pascal, Traité de V équilibre des liqueurs, chap. IL
A
l'inverse
A
a été écrit,
F, qui a été presque entièrement écrit à rebours, le en général, dans l'ordre où il est paginé. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien; ms. A Bibliothèque de l'Institut, fol. i5, verso,
caliier
de
en une masse fluide 3.
Autant de
1.
2.
du cahier A^, nous voyons le suivant laquelle une pression donnée
feuillets
du cahier
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
202 soufflet,
en autant de parties
soufflet ci-dessous figuré
le
Ainsi,
^i).
(fi(j.
poids se divisera dans si
nous disons que
bouche du looo
fois
dans
la totalité
que
et
poids qui
presse
lui aussi,
la
soufflet entre
de celui-ci, le
le est,
de looo livres,
du
bouche
la
le
soufflet
aura pour sa part une FiG.
seule livre de ce poids
k.
999 autres parties 999 parties du soufflet qui restent en et les
du poids agiront sur sus de la bouche.
De
les
»
la vérité à découvrir,
Léonard n'a encore qu'une vue
bien imprécise et bien incorrecte; des diverses parties du fluide eiit
un
jouer aux volumes
fait
rôle qu'une formule exacte
attribué aux surfaces.
Cette
même
erreur se retrouve dans
cependant, plus encore que dans
Léonard
a entrevu le principe
l'Hydrostatique «
il
le
fondamental de
lui
d'eau moindre par rapport à lui-même,
au-dessus de
représente
précédent,
:
Le poids qui pressera sous
plus
passage suivant', où
le
5j
(fig.
lui.
— Par
une quantité la
chassera
exemple,
si
AB
onze brasses de pierre sur
une brasse d'eau BC, toute
la
brasse inférieure
rm n Fig.
E N
g.
Fig.
est pressée
par
brasse d'eau
onze
la
fois
a,
le
poids superposé; donc,
sur
elle,
si
une
onze brasses de pierre, l'eau sautera
plus haut que celle de
la
brasse
EN
qui a
(pg. 0)
I. Les manuscrits àe Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-MoUien Bibliothèque de l'Institut, fol. l\b, recto.
;
ms.
A de
TIIÉMOX
F[LS
r-E
sur elle seulement une
DU JUIF ET LÉO\ARD DE VINCI
de pierre, car onze brasses
brasse
d'eau ont sur elles onze brasses de pierre.
Non seulement
ce passage nous
marque
mais encore
en cherche
la solution; cette solution,
de
tirer
il
l'égalité entre
le
il
travail
résistant, qui assure l'équilibre des
moteur
même
la
quand pôle.
:
du
dans
poids, et semblablement dans la lenteur
dans
et le travail
immédiatement
écrites
Cette proportion qu'aura la longueur
contre-levier, tu la trouveras de
il
souhaite visiblement
au-dessus de celles qui viennent d'être citées ((
des
machines simples; pour
nous en avons ces lignes,
garants,
la distribution
nous montre par quelle voie
pressions,
la
»
à quel point l'esprit
de Léonard est attentif au problème de
de
203
levier avec
la qualité
son
de leurs
du mouvement
et
du chemin parcouru par leurs extrémités, seront parvenus à la hauteur permanente de leur
qualité
ils
»
Souci du problème à résoudre, intuition de la méthode qui
en doit fournir
moment où lysée,
la solution,
jette sur le
il
rien ne
manque
à Léonard,
au
papier la note que nous avons ana-
de ce qu'il faut pour développer
les vérités
que
cette note
implique. Assistons maintenant à ce développement. C'est au cahier
I,
vraisemblablement postérieur au cahier A,
que nous découvrirons
premières traces de ce dévelop-
les
pement.
Léonard y étudie des instruments analogues à celui que Héron a décrit; ils se composent d'une série de roues dentées; ^
chaque roue engrène avec un pignon solidaire de
la
roue
sui-
vante; une telle machine permet de multiplier indéfiniment la force
qu'on
lui
applique
:
<(
Une
livre de force
résultat dix mille milliers de millions de livres
que quand liers
la
de millions de tours, celle de dessous ne donne qu'un
nique.
là
des merveilles de
l'art
du génie méca-
»
Ces réflexions voisinent, dans I.
en M... Et sache
première roue de dessus donne cent mille mil-
tour entier. Ce sont
la
en B a pour
le
même
cahier, avec des
Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien
Bibliothèque de l'Institut,
fol. 57] 9],
verso.
;
ms.
I
de
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VIMCI
20/|
considérations sur
que reproduit « Il
le traité
dans
est
la
la
pression hydrostatique;
Del molo e misura delV acqiia
nature qu'un
même
une distance
l'eau loin de soi à
telle
laquelle l'eau s'échappe,
u
infinie
;
parce qu'infinie peut
par
l'issue »
Et à chaque degré de hauteur,
un degré en
conduit acquiert
:
conduit puisse jeter de
hauteur occupée par l'eau qui charge sur
être la
celle- ci»,
la distance à laquelle
il
le
peut
jeter. »
Qu'en ces sortes de multiplication de motrice ohéisse toujours à
pour mesure chute, c'est
sions hydrostatiques
dans
((
moment même que
c'est ainsi
;
cahier
le
loi
;
qu'elle ait toujours
hauteur de
la
vérité qui est sans cesse présente à l'esprit
Vinci, qui le sollicite au
cité est,
même
produit du poids moteur par
le
une
la
force, la puissance
I,
le
qu'il
du
songe aux pres-
passage précédemment
aussitôt suivi de celui-ci ^
:
quelqu'un descend de marche en marche en faisant de
Si
l'une à l'autre
sances des
un
saut et que tu additionnes toutes les puis-
percussions et poids de
tu trouveras
tels sauts,
sont égales à la totalité de la percussion et du poids
qu'elles
que donnerait un
tel
homme
s'il
tombait par ligne perpendi-
culaire de la tête au pied de la hauteur dudit escalier. C'est dans le traité Del moto
e
»
misura deW acqua que nous
pouvons contempler, parvenues à leur plein développement, les vérités
dont
les
fragments précédents nous présentaient
la
première ébauche.
Le problème essentiel qui tion de
Un
Léonard
est le suivant
pompe
corps de
sollicite à
maintes reprises
:
cylindrique se relie par
conduit vertical également cylindrique;
pompe
(hotluio) est pressé
(contrappeso) ;
à
quelle
l'eau
le
bas à
un
du corps de
par un piston qui porte une charge
hauteur,
dans
le
l'eau s'élèvc-t-elle au-dessus de son niveau
pompe
l'atten-
conduit
dans
le
vertical,
corps de
?
1. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Cli. Ravaisson-MoUien ms. I de Bibliothèque de l'Inslilut, fol. i^i, recto.— Cf. Del moto e misura deW acqua, libre VllI, cap. LV. 2. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés parCh. Ravaisson-Mollien ms. I de la Bibliothèque de l'Institut, fol. i^, verso. ;
la
:
;
200
THEM0;N le fils du juif et LEONAUD de VINCI
La charge du piston peut
diverse; Léonard lui
être fort
attribue visiblement
une forme cylindrique,
pas toute diversité
Les contrepoids
contenue dans
le
«
:
ce qui n'exclut
qui en pressant l'eau
^
corps de pompe, chassent cette eau en haut
sont de trois natures: de nature plus grave que l'eau, ou plus
ou
légère,
que
En
pompe, ou plus
étroits,
ou
général, Léonard suppose que l'on remplace cette charge
même
le
piston par
un
pesanteur que de
usage de cet et
de
ou plus larges
:
))
exercée sur
de
du corps
largeur
la
égaux.
égale. Ils sont aussi de trois formes
artifice
dans
«
cylindre d'eau de
contrappeso
)).li fait
même
base et
constamment
énoncés que nous allons rapporter
les
où nous trouverons, sous des formes
variées, l'affirmation
bien claire du principe de Pascal.
au cas
oii
que
le
ces énoncés ont trait
La plupart des
du piston a précisément
même
section
charge
la
corps
de
pompe. «
L'eau qui est élevée par suite d'un degré quelconque de
mouvement d'une meut dans l'eau qui
par la
la
le
autre eau^ est plus mince que celle qui la
rapport
même
plus longue. Multiplie
elle est
descend par sa hauteur de chute
et divise
hauteur à laquelle tu veux élever l'eau
quantité d'eau ultime et
Autant de
on veut monte.
où
fois la
maximum que
chute de l'eau entre dans
l'élever,
autant de
fois
est
la
plus
la
;
^
le
produit
le résultat est
pompe
versera.
hauteur à laquelle subtile
l'eau
»
«Le poids de
l'eau''
dessus de son niveau a
qu'un conduit quelconque élève autelle
proportion à celle de l'autre eau
[équivalente au contrappeso] qui la chasse qu'a la section
conduit à celle du corps de l'eau qui presse étant
pressée dans
1.
le
2. 3. l\.
pompe
d'où
supposée égale à
corps de pompe.
il
sort, la section
celle
de l'eau qui
du de est
»
Léonard de Vinci, Del moloe misura deW acquit, libro Vlll, cap. LKXX (Raccolta tomo X; Bolodel moto deW acque ; edizionc quarla
d'autori italiani che trattano
gna,
qui
;
MDGCGXXVI). Léonard de Vinci, Del moto e misura delV acqua, libro VHI, cap. LVIL Le texte dit multipUcala ; c'est visiblement un lapsus calami. Léonard de Vinci, Del moto e misura deW acqua, libro VIII, cap. LVIII. :
ETUDES SUK LEONARD DE
2o6 «
Si le contrepoids
dans
corps de pompe,
le
qui opère
et
conduit.
telle est la fraction
commune
section]
de ce contrepoids
du vide dudit
section
la
conduit opposé
le
»
Nous avons
du principe de
là l'énoncé
Pascal, aussi formel,
qu'on peut l'attendre de notes désordonnées,
précis
hâtivement jetées sur
Du
que leau comprimée
section
pèse sur l'eau qui s'élève dans
qu'est [à cette
aussi
même
a
'
VllNGI
dans
le papier,
la fièvre
de l'invention.
principe ainsi posé, d'ailleurs, Léonard sait tirer des corollaires exacts
;
telle la loi
selon laquelle
des liquides de densités diverses se super-
posent en des vases communiquants
l'eau
est moitié plus
l'huile
« Si
instrument
cet
2,
légère
7) aura
(fig.
côté la surface de l'eau en regard
de gravité de l'huile;
que
et
:
que d'un
du centre
les
conduits
soient variés en grosseur autant que l'on
voudra,
que
FlG.
et
que
l'huile soit
ses
énoncés plus
clairs,
corps de pompe; mais
il
sait
que
d'essentiel à l'exactitude de la loi
«
Si
qu'il
que
cette loi le
si
;
il
»
même
section que le
cette restriction sait
comment
il
la surface
Le Vinci,
n'a rien faut for-
l'on veut la débarrasser de cette restriction
contrepoids^ est dix fois plus large que
comprime,
quantité
Léonard a attribué au
contrappeso la forme d'un cylindre de
muler
telle
l'on voudra, la règle se produira tou-
jours dans l'ordre susdit.
Pour rendre
en
le boltino
l'eau qu'il élève s'élèvera dix fois plus
de l'eau équivalente au contrepoids.
d'ailleurs,
ne perd jamais de vue
:
haut
»
le lien
qu'ont
toutes ces propositions avec l'égalité qui s'établit, en l'équilibre
de toute machine, entre « Il
est
impossible
^'
le travail
que
moteur
l'eau qui
et le travail résistant
meut n'importe quel
:
inslru-
Léonard de Vinci, Del moto e misura deW acqua, libro VIII, cap. LXXXII. Léonard de Vinci, Dd moto e misura dcW acqua, libro Vill, cap. L\X\ IN. — Cf. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Gh. Ravaisson-Mollicn, ms. E delà liibliolhcquc de l'Inslilut, loi. 70, verso. 3. Léonard de Vinci, Del moto e misura delV acqua, libro VIII, rap. LXXXIII. Léonard de Vinci, Del moto e misura deW acqua, libro \ III, cap. LIX. !.
3. :
.'j.
THÉMON LE
ment puisse la
elle est partie,
celle qui lui est
chapitre si
élever, depuis le niveau
hauteur d'où
que
long
même
tais-toi,
LXXXIV ',
où
elle s'arrête
On
semblable en poids. qui dit
Il
:
2O7
VIIVGI
jusqu'à
une quantité d'eau plus grande est
le
prouve par
le
impossible qu'en un temps%
un poids qui descend
soit-il,
à
DU JUIF ET LÉONARD DE
FILS
tire
un poids
égal à lui-
une hauteur égale à celle dont il est descendu. Donc, toi qui veux tirer un poids d'eau plus grand que le
En
contrepoids qui la lève.
vérité, si tu lèves mille livres
à
une brasse, leur descente ne chassera environ que deux cents livres d'eau, et ne les chassera pas à plus de cinq brasses s.»
VIII
Comment le principe fondamental de l'Hydrostatique s'est transmis de Léonard de Vinci a Pascal. Giovanni Battista Benedetti et le P.
Que Léonard de Vinci
ait
clairement aperçu
laquelle la pression exercée sur fluide, qu'il ait
Mersenne.
un
la loi
selon
fluide est transmise par ce
nettement formulé celte
loi, qu'il ait
reconnu
qui la rattache au principe général de l'égalité entre le
le lien
moteur
travail
sont autant de propo-
nous paraissent maintenant hors de doute.
sitions qui
certain
et le travail résistant, ce
que Léonard, en
la
Il
est
découverte de ces vérités, a précédé
Pascal de près d'un siècle et demi.
Ce point acquis, une nouvelle question notre attention. Pascal a
par
le
t-il
se pose aussitôt à
tout ignoré des découvertes faites
Vinci, en sorte que ses propres trouvailles gardent leur
entière originalité? A-t-il,
au contraire, parle canal d'une
tra-
ou moins détournée, reçu quelque part des idées que Léonard avait émises au début du xvi" siècle? Ce problème
dition plus
mérite assurément de nous arrêter
Que
les idées
hâtivement jetées par Léonard sur
1.
Le texte
2.
Léonard do Vinci, Del moto
3.
Le texte
dit,
dit,
un moment.
par erreur
:
per
la oUantesiinaquinta.
misura deW acqua, libro par erreur, nove braccla. e
les feuillets
\ lil,
cap. L^.XXI^^
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
2o8
de ses cahiers aient grandement influé sur
du
XVI' siècle, c'est,
dit ailleurs
pensée scientifique
croyons-nous, chose assurée. Nous avons
à quel point la Statique de
'
la
Cardan nous
paraissait
nourrie de la Statique de Léonard; nous verrons, dans une
prochaine étude, que
mathématicien -astrologue
célèbre
le
Léonard de Vinci bien d'autres emprunts;
avait fait à
même^, nous avons vu un des
cahiers
du Vinci
dans l'œuvre de Villalpand, puis
intact,
et, ici
passer, presque
Exercices mécani-
les
ques de Bernardino Baldi s'enrichir de toutes
les
pensées du
grand peintre 3. Cardan, Baldi
Villalpand ne sont sans doute point les
et
amas de pensées pillages. Parmi ceux qui
seuls qui aient bénéficié de ce prodigieux
bientôt livrées à tous les
inédites,
en ont
parti,
tiré
en
effet,
mécanique
La
BenedettiV
Baptista paraît,
nous avons cru pouvoir ranger Giovanni
presque entièrement
qu'expose tirée des
auteur
cet
manuscrits de
Léonard.
Or
le recueil d'écrits scientifiques
divers publié en i585 par
Benedetti^ contient une série de lettres adressées à Jean-Paul
Capra de Novare, maître de
l'hôtel
du duc de Savoie; parmi
ces
lettres, oii l'influence
de Léonard se perçoit à plusieurs reprises,
bien reconnaissable,
il
chine qui pousse de cette ((
lettre
et
en
est une*J qui a
soulève l'eau
».
pénètre
le
ait
le
corps de
Si le
premier diamètre
drait
que
I.
ma-
était
pompe où
un diamètre plus grand
que celui du tuyau par où l'eau doit monter,
lourd que
la
:
piston qui chasse l'eau
le
«
Voici les passages essentiels
ne faut point, en une fontaine, que
Il
pour objet
et voici
plus grand que
le
pourquoi
second,
il
:
fau-
poids du piston qui chasse Teau fût beaucoup plus
volume d'eau capable de remplir un cylindre dont
le
Les origines de la Statique, chapitre IIF, Jérôme drd&n (lievuc des t. IV, 1900). Vide supra il, Léonard de Vinci et Villalpand. Vide supra IIF, Léonard de Vinci et Bernardino Baldi. P. Duhem, Les origines de la Statique, cliapiircX {lievuedes Questions scientifiques,
p.
Duhem,
questions scientifiques, 3' série, 3.
3. h.
:
:
3' série, 5.
t.
VI, 190/i).
philosophi, Diversarum speculationum physicarum liber : Taurini, MDLXXXV. J.-B. Benedetti, Diversarum speculationum liber, p. 287.
Jo. Baplistaî Benedicli, patritii Veneti,
mathematicorum G.
et
THEMON LE la
hauteur serait
de pompe.
monter
et
celle
de
209
du corps
la fontaine et la section celle
»
Soient, par
«
LEONARD DE VIXCI
FILS DU JUIF ET
AU
supposons
le
exemple,
(fig.
F
conduit par lequel l'eau doit
le
8) le corps de
corps de
pompe;
pompe AU
aussi
F et plus large que lui. Imaginons ces deux vases pleins à bord. Il est évident que l'eau du tuyau F suffira à résister à la poussée de l'eau du corps élevé que le tuyau
pompe AU
de
et
réciproquement, bien
du vase A U surpasse en volume et en poids l'eau du vase F. Gela s'explique par ce fait que l'eau du vase A U ne que
l'eau
FiG. 8.
pousse pas de tout son poids l'eau du tuyau F;
du fond du
divisé proportionnellement à la surface ((
suffit à
pourra résister
poids est
vase...
n
AU et F.
De même que l'eau contenue résister à Feau contenue dans AU, de même on à cette dernière en remplaçant l'eau du conduit F
Revenons aux vases
dans F
le
par un poids égal de n'importe quelle matière, placé dans l'âme du tuyau F, pourvu seulement qu'il soit exactement adapté à la cavité interne du tuyau de sorte que ni l'eau ni
ne puissent passer entre
l'air
la surface interne
de
pompe AU,
la surface externe
du tuyau. Gela va de
soi.
de ce piston et
Mais dans
qui, par hypothèse, est plus large
que
le
le
corps
tuyau F,
aucun piston ne pourra résister à la poussée de l'eau du tuyau F s'il n'est aussi lourd que toute l'eau contenue dans AU jusqu'à
la
hauteur du tuyau F.
Si,
tuyau F pesait seulement une livre était
dix fois plus large que
tenir l'eau
du tuyau
le
F, placer
par conséquent^ l'eau du
et si le
tuyau F,
dans
le
corps de
il
pompe AU
faudrait,
corps de
pour sou-
pompe AU un
piston qui s'y adaptât exactement et dont le poids fût de dix livres;
pour
faudrait
qu'il fût
en
état
de pousser l'eau du tuyau F,
que ce piston pesât plus de dix
que ce corps
soit
que
l'eau qu'il
occupe seulement
EO
suffira
DUHEM.
Imaginons
formé d'une matière tellement plus dense
à pousser l'eau
léger n'y suffirait pas. p.
livres.
il
volume EO. Le corps pesant du tuyau F, mais un corps plus le
» l4
2
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
10
Dans ce passage, Benedetti formule, au exactement
la loi
Benedetti ne la entre
le
l'a
et
le travail
Léonard^ de
résistant;
en
loi,
l'égalité effet,
la
contre les principes de l'École de Jor-
conduit à rejeter toute démonstration fondée sur
axiome mais
cet
comme l'avait fait
moteur
mène
réaction qu'il
danus
qu'a énoncée Léonard de Vinci. Cette
tire pas,
travail
pompe,
sujet de la
;
la
déduction dont
il
fait
usage
était suffisam-
ment esquissée par l'habitude qu'avait Léonard de substituer au piston, en ses énoncés, une masse d'eau de même poids'. Les considérations hydrostatiques de Benedetti sont donc toutes voisines encore de celles du Vinci. Et cependant, combien elles sont proches de celles que donnera Pascal! Benedetti a sub-
un piston successivement à l'eau du vase étroit, puis à l'eau du vase large; si, réunissant ces deux substitutions, il eût placé simultanément un piston dans chacun des deux corps de pompe, il eût inventé la presse hydraulique; du moins a-t-il laissé bien peu de choses à faire à celui qui, l'ayant stitué
imaginerait cet instrument.
lu,
Celui qui, ayant lu Benedetti, a imaginé la presse hydraulique, ce n'est pas Pascal, c'est
Que Mersenne le
ait lu le
Mersenne.
Diversarum speculationam
liber ^
savons par son témoignage. Ayant, en son Harmonie
verselle'^ y
traiter fait
à user de la notion de
de l'équilibre de
la
balance,
Jean Benoist dans son
3*^
moment il
nous uni-
d'une force pour
ajoute ces mots
:
«
Gomme
chapitre sur les méchaniques.
Or l'écrit De mechanicls est une des sarwn speculalionum liber.
parties principales
»
du Dicer-
Lors donc que Mersenne écrivait sur l'Hydrostatique,
le
sou-
venir de ce qu'en avait dit Benedetti se présentait sans doute à son esprit;
il
se mêlait
au souvenir des
écrits
de Stevin, que
1. Léonard de Vinci, d'ailleurs, a, parfois, usé d'un raisonnement presque semblable à celui de Benedetti. Cf. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien, nis. E, fol. 7/4, verso et Del moto c misura dell' acqiia, libro \1I1, cap. LXXVU.
—
:
—
2. Harmonie universelle, contenant la théorie et la pratique de la musique, oii est traité de la nature des sons, et des mouvemens, des consonances, des dissonances, des genres, des modes, de la composition, de la voix, des chants, et de toutes sortes d'inslrumcns harmoiniques, par F. Marin Mersenne, de l'ordre des Minimes; à Paris, chez Sebastien Granioisy, MDGXXXVl. Nouvelles observations physiques et mathématiques, ^ * observation,
—
p. 17.
THEMON LE
DU
FILS
J
LEONARD DE VLNGl
DIF ET
211
On
savant Minime avait, depuis longtemps, lus et résumés.
le
que des principes
s'explique, dès lors,
pu
tirer ce corollaire
((
Supposons que
vase de
^
ait
il
:
la
mer
un
entière ait été enfermée dans
qu'un couvercle, pressant sa face supérieure,
telle sorte
de monter,
l'empêche
établis par Stevin,
tout
comme
fond
le
l'empêche de
immerger un bâton dans l'Océan; le couvercle ne pourra empêcher la mer de monter^ à moins d'exercer une force qui contienne le poids du bâton autant de fois que la surface de l'Océan contient la section du bâton. » « Si donc, par un trou percé dans le couvercle, ce bâton plongeait dans le vase précédemment décrit, le couvercle se s'écouler; supposons, en outre,
que
l'on veuille
trouverait pressé, de bas en haut, par l'eau qui se trouve au-
dessous de lui avec autant de force qu'il
le serait,
de haut en
on lui superposait un cylindre de bois ayant hauteur que Je bâton et même largeur que le vase où
bas,
si
De
contenue.
est
même dans
un trou dans
les parois latérales,
ce trou,
ayant
il
faudrait
même
le
les
parois latérales
fond, ou dans
pour empêcher
le
mer
le
bâton
et
vase.
ou
l'eau de s'échapper par
même
Ces lignes étaient écrites en i644. Or
commença
du
couvercle,
une force égale au poids du cylindre
hauteur que
i646 que Pascal
la
plus, ce bâton et ce cylindre exerceraient
pression l'un que l'autre sur
Si l'on perçait
même
»
de bois
largeur que le trou. c'est
seulement en
à s'occuper de recherches person-
nelles sur l'équilibre des fluides, à l'occasion de l'expérience
célèbre de Torricelli, et c'est par le P. Mersenne que Pascal il
nous l'apprend lui-même
vation. C'est
((
>>
— avait ouï parler de
cette obser-
du P. Mersenne » qu'il refit l'expérience du vif-argent, «laquelle ayant
sur les Mémoires
à Rouen, en i646,
très bien réussi,» dit-il, «je la répétai plusieurs fois
1.
quam
F. Marini
—
;
et
par
Mersenni Minimi Cogitata physico-mathematica, in quibus lam naluree admirandi certissimis demonstrationibus explicantur; Parisiis,
artis effectus
sumptibus Antonii Bertier, MDCXLIV; p. 228. 2. Le texte, hâtivement rédigé, comme la plupart des écrits de Mersenne, fait, en cet endroit, une confusion entre le couvercle et le bâton; la suite du texte suffit à dissiper cette confusion; nous avons, dans la traduction, rétabli le sens. 3. Lettre de Pascal à M. de Ribeyre {Œuvres complètes de Biaise Pascal, tome III, p. 72, Paris, Hachette, 1880).
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
2 12
fréquente répétition, m'étant assuré de sa vérité, j'en
cette
conséquences pour
des
tirai
la
preuve desquelles je
nouvelles expériences très différentes de celles-là.
dans
le
composé par
dernier ouvrage
le P.
»
de
fis
C'est enfin
Mersenne que ces
premières expériences de Biaise Pascal furent, tout d'abord, publiées ^
Il
est
donc hors de doute que Pascal
qu'en ses Cogitata physico-mathematica,
connu ce Mersenne avait
le P.
ait
écrit sur l'équilibre des liqueurs.
Par l'intermédiaire de Mersenne, Pascal
s'était
courant des découvertes de Stevin; mais
il
trouvé mis au
avait,
en outre,
subi l'influence de Benedetti, et l'influence de Benedetti n'était autre, en dernière analyse,
que
de Léonard de Vinci.
celle
IX Comment le principe fondamental de l'Hydrostatique s'est transmis
Le
p.
de Léonard a Pascal
Benedetto Castelli et Galilée.
Par Giovanni- Battista Benedetti
connu une
partie des idées
partie.
il
Le principe fondamental de
clairement aperçu par
le
et
Mersenne, Pascal avait
que Léonard avait conçues touchant
pression hydrostatique, mais
la
(suite).
n'en avait connu qu'une la presse
hydraulique,
grand peintre, avait
été recueilli
si
par
Benedetti. Mais Léonard ne s'était pas borné à formuler ce
principe
;
il
l'avait rattaché à
un axiome d'une bien
généralité^ dont découle la Statique tout entière
un
corollaire de l'égalité entre le travail
il
;
moteur
plus grande
en avait
fait
et le travail
machine en équilibre ou réduction de l'Hydroslaliquc à une
résistant, égalité qui caractérise toute
en régime permanent; loi
cette
qui n'avait été appliquée jusque-là qu'à l'équilibre des
poids solides suffirait à placer Léonard au premier rang des
mécaniciens.
I.
Novarum
observationuni physico - mathematicanun F. Marini
lotnus III, qulbus accessU Arislarclius
Antonii Bcrlicr,
MDGXLMI;
p. 91.
Samius de Mundi systemalc ;
Merscnui Miainii
Parisiis, sumiilibus
THÉMON LE
DU JUIF ET LÉONARD DE VINCI
FILS
2l3
de cette puissante idée, toute trace a disparu dans
Or,
de Benedetti
lettre
étonner; fonder travail
créée,
moteur au
xiii^
Benedetti était
la
nous ne saurions,
;
la
nous en
d'ailleurs,
science de l'équilibre sur l'égalité entre le
méthode siècle, par l'école de Jordanus de Nemore, et parmi les géomètres du xvi*' siècle qui luttaient et le travail résistant est le
propre de
la
contre la tradition de Jordanus'. Et cependant,
grande pensée que Benedetti n'a point
cette
transmise, Pascal la connaît et la formule avec une parfaite clarté.
A
la description
entendu joindre
de
presse hydraulique, nous l'avons
la
cette observation
:
«
Et l'on doit admirer qu'il
se
rencontre en cette machine nouvelle cet ordre constant qui
se
trouve en toutes les anciennes
vis sans fin, etc., qui est
proportion que
la
que
force.
»
le
;
savoir le levier, le tour, la
chemin
Le lien
augmenté en que Léonard avait est
même établi
entre l'Hydrostatique et la Statique des corps pesants, Pascal l'a-t-il
donc retrouvé par
ses
propres méditations?
découverte n'excédait assurément point génie.
Il
ne paraît pas, cependant, qu'elle
une génération toute spontanée, reçu aucun germe.
Au moment même
oii
soit
telle
de son
puissance
la
esprit par
Une
née en son
et sans qu'il
du
Pascal, sous l'influence
en
ait
P. Mer-
commençait à rechercher les raisons de l'équilibre des liqueurs, le Minime exposait avec grand éloge quelques-unes des idées émises par Galilée a dans un subtil petit livre, écrit senne,
^
en
italien,
au sujet des corps plongés dans
l'eau,
voudrais voir lu par tous ceux qui aiment l'étude
livre
que
))
L'ouvrage de Galilée, dont Mersennc propageait ainsi
renommée rence,
imprimé en 1612, à FloSerenissimo Don Cosimo II,
titre
:
Discorso al
di Toscana, intorno aile cose che slanno in su V acqua,
o che ni quella délia
la
et les doctrines, avait été
sous ce
Gran Daca
je
si
muovono,
di Galileo Galilei, Jllosofo e matematico
medesima Altessa Serenissima, Pascal, sans doute, avait
1. Cf. p. Duhem, Les origines de la Statique. Chapitre X: La réaction contre Jordanus; Guido Ubaldo, Benedetti; tome I, p. 209. 2. F. Mersenni Minimi Cogitata physico-mathemaiica, in quibus tam naturœ quam artis effectus admirandi certissimis demonstrationibiis explicantur ; Parisiis sumptibus Antonii Bertier, via Jacobeâ, MDCXLIV. Ph.Tnnomona hydraulica, p. 195.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
2l4 suivi le conseil
studieux;
il
que son religieux ami donnait à tous
les propriétés
pu voir
pu
Galilée
ramener
des corps flottants, connues depuis Archimède,
du principe des
à n'être que des corollaires avait
gens
avait lu le Discorso de Galilée
Or, dans ce discours^ Pascal avait
il
les
lire les
vitesses virtuelles;
raisonnements par lesquels
le
grand physi-
cien de Pise appliquait ce principe à l'équilibre d'un liquide
en deux vases communiquants de différentes grosseurs; une
masse d'eau, contenue dans
petite
le
vase étroit, peut faire
une grande masse, contenue dans
équilibre à
le
vase large,
parce qu'un petit abaissement de celle-ci entraîne
soulèvement de dont Pascal
celle-là.
allait
Ce raisonnement
l'œuvre du géomètre français,
exactement celui
en sorte qu'il marque,
usage,
faire
est
un grand
le
en
sceau qui caractérise les
pensées de Galilée; mais, non moins exactement, ce raisonne-
ment
est celui
que Léonard a maintes
nettement donc que
fois
employé; aussi
l'influence de Galilée se
reconnaît en
l'œuvre de Pascal, l'influence du Vinci transparaît en celle de Galilée.
Qu'est-ce à dire? Galilée traité
que
a-t-il
eu en main une copie du
Del moto e misura deïï acqua? Pourquoi non,
cette affirmation aurait d'invraisemblable?
et qu'est-ce
N'avons-nous
pas vu 2 Bernardino Baldi, en ses Exercices sur les Questions
mécaniques d'Aristote, faire à les
la
science du Vinci les emprunts
plus larges et les plus variés,
comme
reconnaissables? Et Bernardino Baldi
les
n'était-il
plus nettement
pas
un
familier
de Guidobaldo del Monte, que fut lui-même l'un des premiers maîtres et des premiers protecteurs de Galilée? N'est-il point, dès lors, fort naturel de penser que Galilée
ait eu,
directement
ou indirectement, connaissance de certains fragments composés par Léonard et, en particulier, de quelques-unes des notes qui ont servi à former
Que
le
Del moto e misura deïï acqua"^
ces notes aient été
connues parmi
les
géomètres
et les
ï. Sur la genèse du principe de Pascal, le lecteur trouvera des détails plus complets dans P. Duhem, Le principe de Pascal, essai historique (lievue générale des Sciences, iG* année, p. ^99, i5 juillet 1905). j. Voir notre précédente étude sur Léonard de \'inci et Bernardino Paldi (Bulletin :
Italien,
t.
V, p. 809; 1905).
TIIliMON LE FILS
DU JUIF ET LEONARD DE VINCI
commerce avec
2l5
on n'en peut guère douter, croyons- nous, lorsqu'on analyse l'œuvre du physiciens qui avaient
Galilée,
P. Benedelto Castelli.
Né à Brescia en 1577, "^ort à Rome eu i6/i4, après y avoir formé ces deux élèves de génie qui se nomment Cavalierl et Torricelli, le
Bénédictin Benedetto Castelli fut
le disciple et
ami de Galilée; le grand géomètre entretint avec le Castelli une longue correspondance, témoignage irrécusable
le fidèle
P.
de
la
confiance qu'il avait en
lui
vieux géomètre, aveugle, malade
envoya en
lui
le fruit
c'est
et reclus
au P, Castelli que en sa
les faire
œuvres lorsqu'on
La communion
le
villa d'Arcetri,
Dynamique, insérer dans l'édition com-
de ses dernières réflexions sur
recommandant de
plète de ses
;
la
la publierait.
intellectuelle de Galilée et
du
P. Castelli fut
particulièrement intime en l'étude des problèmes que pose la
Mécanique des
fluides; cette
communion
changea presque
se
en collaboration. Les raisonnements exposés par
Galilée
en son Discorso
Colombe
avaient été critiqués par Lodovico délie
•
et
par Vin-
cenzio di Grazia^. Le grand géomètre laissa au P. Castelli le soin de confondre ses
deux contradicteurs;
le
savant religieux
une réfutation minutieuse-^ des objections soulevées par Lodovico délie Colombe et par Vicenzio di Grazia composa, en
effet,
;
en cette réfutation,
il
épousa
si
exactement
les
opinions de
que plusieurs historiens croient devoir attribuer cette riposte au maître lui-même, et non pas à l'élève; l'élève se serait
Galilée
borné à prêter son nom. Si le P. Castelli a
eu connaissance des recherches de Léonard
de Vinci sur l'Hydrostatique,
il
est bien
vraisemblable que
Galilée ne les a point ignorées. 1.
Discorso
apologetico
siccomed' intorno 2.
ail'
di
Lodovico
clelle
Colombe,
d' inlorno
al
Discorso del
cose che stanno in su Vacqua, o cfie in quella si miiovono aggiante faite dal medesimo Galileo nella seconda impressione.
Sig. Galileo Galilei circa
le
Considerazioni di M. Vicenzio di Grazia, sopra
il
intorno aile cose che stanno in su Vacqua, o che in quella
;
Discorso del Sig. Galileo Galilei
si
rnuovono.
Risposta aile opposizioni del Sig. Lodovico délie Colombe e del Sig.]'incenzio di Grazia, contra al Trattato del Signor Galileo Galilei dcUe cose che stanno sull' aequa, o che in 3.
Enea Piccolomini Aragona, Signore Sticciano, conteugono molle considerazioni filosofiche remote dalle vnlgate
quella si rnuovono. Airillustrissimo Sig. ecc, Nella
quale
si
opinioni. Firenze, i6i5,
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
2lG
Or, en
1628, le P.
la
première
mesure des eaux courantes
édition de son célèbre Traité sur la
Cet ouvrage, qui, plus que tout autre, auteur,
Rome
Gastelli publiait à
la
fit
»
réputation de son
tout entier consacré à l'exposé d'une vérité et
est
à son application à l'étude des cours d'eau
cette vérité,
;
où
nous reconnaissons une des idées essentielles de Léonard de Vinci, peut se formuler en ces termes :
Toutes en
même
même
sections d'un
les
temps, à
la
même
cours
d'eau livrent passage,
quantité d'eau; la vitesse de l'eau qui
traverse une section est donc en raison inverse de l'aire de cette section.
Voici par quelle voie^ Benedetto Gastelli conduit l'esprit de
son lecteur à l'acceptation de cette vérité
:
Pour expliquer tout cecy plus clairement par un exemple, faut supposer un vaisseau plein d'eau, tel que seroit un
« il
tonneau, lequel demeure tousiours plein, bien que l'eau en sorte continuellement,
supposons que Peau en sorte par
et
deux robinets d'égale grosseur, dont Pun
soit
tonneau, et l'autre au bas
que dans
temps, dans lequel
il
il
;
sortira
est certain
mis au haut du le
mesme
du robinet plus haut une certaine
mesure d'eau, du plus bas il en sortira quatre, cinq, et davantage des mesmes mesures d'eau, selon que la différence de hauteur des robinets sera plus grande, et selon Péloignement
du robinet supérieur de dans il
le
tonneau;
la surface et
du niveau de Peau qui
et cela sera tousiours ainsi,
bien que,
est
comme
a esté dit, les robinets soient égaux, et que Peau en sortant
remplisse tousiours leur canal. D'où
mièrement que bien que 1. Benedetto Camerale, 1G28.
la
il
faut
mesure des robinets
Gastelli, Délia misura delV acque correnti... In
—
2*
édition: In
remarquer pre-
Roma, per Francesco
Roma,
soit csgale,
nella stamparia
Cavalli, 1689.
— 3* édition
:
In qiiesla terza edizione accrcsciiita del seconda libro, e di moite curiose scritture, non piu stampate. AU' 111° et Rev" Signor Abbale Urbano Sacchetti. In Bologna, per gli hh.
—
MDGLX. Traicté de la mesure des eaux courantes de Benoist Gastelli, relitraduit de l'Italien gieux du Monteassin et mathématicien du Pape Urbain VIII en François; avec un Discours de la jonction des Mers, adressé à Messeigncurs les Comensemble un Traicté du mouvement des eaux d'Evanmissaires députez par sa Majesté gcliste Torricelli, mathématicien du Grand Duc de Toscane; traduit du Latin en François. A Gastres, par Bernard Barconda, Imprimeur du Roy, de ia Ghambre Nos citations sont exlrailes de cotte de l'Edict de ladite Ville et Diocèse. iGVi. del Dozza,
;
;
—
édition française, a.
Gastelli, Traicté de la mesure des
eaux courantes,
p. j.
THEMON LE
DU JUIF ET LEONARD DE YINGl
FILS
néantmoins dans un temps égal
il
2
1
7
sort et passe par leurs trous
une quantité inesgale d'eau. Et si nous considérons cecy plus attentivement, nous trouvons que l'eau qui sort par le robinet
beaucoup plus de
que ne
fait celle
robinet supérieur, quelle qu'en soit
la cause.
inférieur passe avec
qui sort par
le
vitesse
du robinet supérieur mesme quantité d'eau que l'inférieur en un temps égal, doncques nous voulons
Si la
sorte
qu'il
qui ne voit qu'il faudra multiplier les robinets de
partie
la
mettre au haut du tonneau un plus grand
supérieure,
et
nombre de
robinets,
d'embas sera plus
d'autant plus grand que
et
viste
que
celui
le
robinet
ou bien
d'en haut,
faire
robinet supérieur d'autant plus grand que l'inférieur, que
le
l'inférieur est plus viste
égal
il
que
le
supérieur. Et ainsi en
un temps
une esgale quantité d'eau du robinet supérieur
sortira
de l'inférieur. Et partant, supposé ce raisonnement, nous
et
pourrons dire que toutes
les fois
que deux robinets de différente
une esgale quantité d'eau en temps esgaux, il faudra que le robinet moins viste soit plus gros, et ait le trou plus grand que le robinet plus viste, d'autant que le robinet vitesse ietteront
plus viste surpasse en vistesse ((
le
moins
viste... »
Maintenant pour appliquer à nostre dessein tout ce que
nous avons
dit
jusques icy,
ie
considère qu'estant très certain
qu'en diverses parties d'une
mesme
courante,
en
il
passe
tousiours
rivière,
ou canal d'eau
temps esgaux, une esgale
quantité d'eau,... et estant encore vray qu'en diverses parties
de la
mesme
y peut avoir diverses vistesses, il s'en suivra par nécessaire conséquence, que là oij la rivière aura
moins de elle
rivière,
vistesse, elle
aura plus de mesure,
et
aux endroits où
aura plus de vistesse, elle aura moins de mesure,
le dire
mesme
en peu de mots, rivière
les vistesses
auront éternellement
avec leurs mesures.
et
pour
des diverses parties de la la
proportion réciproque
»
La proposition que est
il
le P.
Benedetto Gastelli vient de formuler
bien celle que nous avons vu Léonard inventer afin de se
réfuter à
lui-même
la théorie des
les
objections qu'il avait dressées contre
sources imaginée par Albert
nue par Thémon
;
mais
le
Grand
et soute-
celte proposition, Gastelli la doit-il à
études sur LÉONARD DE VINCI
2t8
Léonard? Au premier abord, empruntée, Il
qu'il l'ait
en
est conduit,
il
semble
découverte seul
effet,
et
qu'il
ne
pas
la lui ait
par ses propres
efforts.
à énoncer cette proposition en obser-
vant que, toutes choses égales d'ailleurs, une ouverture percée
dans
paroi d'un tonneau laisse échapper
la
le
liquide avec
d'autant plus de vitesse qu'elle se trouve plus bas au-dessous de
du fluide. Or, ce n'est point par de telles considérations que Léonard a été amené à son important théorème, bien qu'il
la surface
se
préoccupé sans cesse de
soit
d'écoulement d'un fluide à surface
libre,
et
que
ses
la
la
qui relie la vitesse
loi
distance entre l'orifice et la
essais
pour formuler
cette
loi,
fréquents en la plupart de ses cahiers de notes, abondent au cahier A.
Mais
la voie
même
que
suit le P. Castelli
pour montrer au
lecteur que la vitesse d'un cours d'eau varie en raison inverse
de
l'aire
de
marque, à tout prendre^ l'influence
section,
la
exercée par les pensées de Léonard sur les recherches du savant Bénédictin.
Ouvrons, en
ce traité Del molo e misura delV acqiia,
effet,
publié par Gardinali en 1828, et où se trouvent réunies la
plupart
des
mique dont
propositions les
manuscrits de Léonard nous conservent
brouillons. Le livre huitième est intitulé e délie canne.
Ce
livre débute
où Léonard a étudié loppe la enfin
par
il
loi
qui
lie
:
DeW
e
fragments
diverses circonstances qui règlent
les
la vitesse
orifice;
puis
il
la
déve-
d'un cours d'eau à sa section
;
expose l'application du principe des vitesses virtuelles
à l'Hydrostatique. Si le P. Castelli a eu en
molo
les
oncia dclV acqiia
la collection des
d'écoulement d'un liquide par un
vitesse
d'Hydrodyna-
d'Hydrostatique et
mains ce
traité
Del
misura delV acqua ou quelque recueil analogue, n'est- il
pas bien naturel qu'il
ait suivi,
en exposant l'idée de Léonard,
méthode qu'il a, en effet, adoptée? Et le choix de méthode qui, considérée en elle-même, peut paraître
la
artificielle,
cette
assez
ne trouve-t-il pas, dans ce rapprochement, sa plus
satisfaisante explication
Voici encore
?
un rapprochement qui semble marquer, en
l'œuvre de Castelli, l'empreinte des pensées de Léonard,
THÉMON LE
Dans
le Traité
ce passage
ï
de
un
cède
219
mesure des eaux courantes^ nous lisons
la
:
De
Corollaire cinquiesme.
((
de
cette opération
nature pro-
la
autre effet digne de considération, qui est que
d'eau estant retardé,
du
DU JUIF ET LÉONARD DE VINCI
FILS
torrent,
son eau
s'il
comme
a esté dit en ces dernières parties
en
telle
sorte
rendent trouble,
petites parties terrestres qui la
qui rehausseront
fond de son
le
ne puisse pas
qu'elle
alors le torrent deviendra clair, en laissant parties
cours
arrive que le torrent devienne trouble et que
soit retardée,
emporter ces
il
le
tomber
ces petites
à l'endroit des
lict
dernières parties de son cours dans la rivière, et ce rehausse-
ment
résidence des parties terrestres sera après emporté,
et
lorsque la rivière s'abaissant vitesse.
»
Ce corollaire ne
;
le désir
du
tient
que par un
lien assez lâche
au
reste de
y paraît en quelque sorte accisa présence, en ce Traité, ne s'explique-t-elle pas par
l'ouvrage dentel
torrent reprendra sa première
le
P. Gastelli;
il
de conserver une pensée de Léonard, que nous voyons,
en ses notes, préoccupé sans cesse des phénomènes d'érosion et
d'alluvion? N'est-on pas tenté, en particulier, de rapprocher
ce cinquiesme corollaire
du fragment suivant ^
:
«
De
Valterrisse-
ment des marais. Les atterrissements des marais seront
quand on aura conduit dans
ces marais les fleuves troubles.
Ceci se prouve, parce que, où le fleuve court, terrain, et Il
où
il
se retarde,
il
faits
il
délaye
le
laisse sa perturbation... »
nous paraît donc probable que
le P.
Benedetto Gastelli a
eu connaissance des recherches hydrauliques de Léonard de
un rapprochement partique Bernardino Baldi avait connu ces
Vinci; nous avions déjà prouvé, par
culièrement saisissant,
mêmes
recherches,
que Galilée
les eût
il
serait,
dès lors, de toute invraisemblance
ignorées.
Lors donc que Pascal trouvait dans
méthode selon laquelle être
1.
2.
le
le
Discorso de Galilée la
principe des vitesses virtuelles doit
appliqué aux problèmes d'Hydrostatique,
il
subissait,
en
Benoist Gastelli, Traicté de la mesure des eaux courantes, p. 10. Les manuscrits de Léonard de Vinci ms. E de la Bibliothèque de l'Institut,
fol. 5, recto.
;
2
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
20
dernière analyse, l'influence des recherches du Vinci. C'est
encore cette influence qui, par de longs détours, venait jusqu'à lui lorsque Benedetti et
Mersenne
lui
suggéraient l'idée de
la
presse hydraulique.
Léonard avait aperçu tique;
avait
il
la
loi
fondamentale de l'Hydrosta-
reconnu comment
elle
devait être reliée aux
principes de la Statique générale. Mais la vérité dont
eu
la
vue
si
fragmentée
pleine et
et
si
entière ne s'était plus
avait
montrée que
morcelée à ceux qui s'étaient inspirés de ses
notes; chacun d'eux en avait aperçu partie seulement.
une
partie,
mais une
La tradition qui avait pris source en
découvertes n'avait point coulé, large
unique;
il
elle s'était divisée
et rapide,
en ruisselets multiples
ses
en un fleuve et
appauvris.
Voici qu'en Pascal, tous ces ruisselets confluent de nouveau
pour former une doctrine qui suivra désormais un cours régulier.
VI
LÃ&#x2030;ONARD DE VINCI CARDAN ET BERNARD PALISSY
LÉONARD DE VINCI CARDAN ET BERNARD PALISSY
Cardan Maintes la
fois,
a-t-il
pu plagier Léonard de Vinci?
au cours de nos recherches sur
de
l'histoire
Mécanique', nous avons eu occasion de remarquer que
les
opinions professées par Cardan, tant en Statique qu'en Dyna-
mique, ressemblaient étrangement aux idées émises sur
mêmes
sujets par
Léonard de Vinci. Cette ressemblance
manifestée à nous en des circonstances diverses
que nous n'avons pas cru
une rencontre
nombreuses
si
les s'est
et
si
qu'elle fût explicable par
fortuite entre les pensées issues
spontanément
de ces deux génies; nous avons supposé que Cardan avait eu
connaissance des notes manuscrites laissées par Léonard et qu'il n'avait
point hésité à profiter des découvertes semées à
profusion dans ces immortels brouillons.
Parmi ceux qui ont bien voulu ne trouvent point cette
lire
supposition
nos
écrits,
il
en
est
qui
suffisamment assurée.
Sans méconnaître l'analogie qui existe entre la Mécanique de
Cardan
et celle
de Léonard,
ils
pensent que cette analogie peut
résulter de l'accord spontané qui s'établit parfois entre esprits lorsque ces
deux
esprits, à l'insu l'un
quent leurs méditations au haut
I.
le
P.
p. lo/i).
de la
même
de l'autre, appli-
problème.
Ils
prisent trop
génie scientifique de Cardan pour admettre qu'il
Duhem,
Les origines de
la
Statique, ch, III
(t. I,
— De l'accélération produite par une force constante
Dynamique^
Genève du
4
au
8
p. 34) et ch. ;
deux
notes
XV,
S
pour servir à
ait
B
(t.
pu
Il,
l'histoire
(Congres international de Philosophie 2' session, tenue à § V. septembre 190/4. Rapports et comptes rendus, p. 859.) ;
ÉTUDES SLR LÉONARD DE VINCI
224
grossir son
œuvre d'emprunts inavoués, trop semblables
larcins. Ils
remarquent enfin que
ses,
de Léonard, conci-
les notes
obscures, écrites de droite à gauche, difficiles à déchiffrer
non moins
parfois,
et,
à des
difficiles
guère propres à tenter
à interpréter, ne paraissaient
concordantes leur font croire que et la
Dynamique
Ces raisons diverses
plagiaire.
le
aperçus sur la Statique
les
présentés en divers livres
sont bien œuvres propres de Cardan, lors
en les découvrant, n'a
fait
et
du De
même
que retrouver ce que
Subtilitate
que
celui-ci,
Vinci avait
le
déjà inventé.
Les objections que l'on peut élever à rencontre de notre
hypothèse ne sont point, croyons-nous, assez fortes pour nous contraindre à l'abandonner.
Sans doute, la fièvre
les notes
que Léonard
si
les déchiffrer
un
même moment,
trait
sollicitaient
tumultueusement active du grand peintre; aussi pêle-mêle, elles
offrent-ils
étaient
et
couramment sans
d'un miroir; ces notes, d'ailleurs, avaient
divers qui, en
011,
dans
de l'invention, étaient écrites de droite à gauche,
peu de personnes pouvaient l'aide
jetait sur le papier,
aux la
les
sujets
pensée cahiers
enregistrées aussitôt qu'écloses
presque toujours à nos yeux l'aspect d'un inexpri-
mable désordre. Mais, pour les renseigner sur les inventions du Vinci, les
hommes du
xvi* siècle avaient, en bien des cas, des documents
d'un plus facile usage.
Il
existait
pensées du grand peintre ayant
des cahiers où toutes les
trait à
un même
vaient réunies, lisiblement transcrites
ordre provisoire. Que Léonard recueils, qu'il
nommait
ait
et
objet se trou-
classées
dans un
lui-même composé de
des Traités, on n'en
tels
saurait douter;
une proposition du Traité des poids, du Traité de l'eau, du Traité du mouvement local; cette proposition est désignée par le numéro qui marque à chaque instant, ses notes nous renvoient à
sa place en ce traité; les discordances
mêmes
et les variations
que, parfois, l'on peut noter en ces numérotages nous montrent
que Léonard retouchait souvent ces ébauches de
traités, qu'il
modifiait l'ordre des propositions déjà rassemblées ou qu'il intercalait de nouvelles propositions.
1
LÉONARD DE
VINCI,
CARDAN ET BERNARD PALISSY
22i3
Nous ne possédons point les manuscrits autographes de ces traités; mais, pour mieux répandre les innombrables troude celui qui
vailles
Melzi
fît
lui
avait légué ses écrits,
où
tirer des copies des recueils
vaient réunies
de
François
ses pensées se trou-
main en main, trop quelquefois recopiées par un lecteur plus
ces copies passèrent de
* ;
souvent égarées,
soigneux; à des répliques de ce genre nous devons
la
conser-
vatioQ du Trattato délia pittara et du Tratlalo del moto e misura
deW acqaa. Ces recueils de pensées de Léonard ne furent pas seulement lus et recopiés; Gellini,
furent
ils
impudemment
Benvenuto
dans son Traité de Perspective, ne nous apprend-il pas
rendu acquéreur de
qu'il s'était
l'écrit
sujet, qu'il l'avait prêté à Sarlio, et
que
le
même
en avait
tiré ce
du Vinci sur celui-ci
y a de mieux dans son ouvrage? L'étude des œuvres de
qu'il
Villalpand ces
plagiés.
de Bernardino Baldi
et
^
ne nous
a-t-elle
pas montré
deux auteurs reproduisant un grand nombre de théorèmes bien nette encore, la marque de leur génial
qui portaient,
inventeur? Celui qu'étonnerait l'emploi de semblables procédés connaîtrait
mal
l'esprit
et Villalpand.
Le
du temps où vécut xvi^ siècle, la
nous apparaissent, au cours de l'époque où
le
Sarlio,
où vécurent Baldi
première moitié du
xvii^ siècle
comme
l'histoire des sciences,
plagiat fut pratiqué avec la plus cynique
dence. C'est alors que l'on vit Statique avec les écrits
un
impu-
Tartagiia composer toute sa
démarqués de
l'École de Jordanus,
un
Giuutino copier de longues pages d'Albert de Saxe sans pro-
noncer une seule
comme
de
lui,
nom de l'auteur, un un même livre, et la lettre
fois le
dans
Taisner donner sur l'aimant de
Pierre de Maricourt, et les recherches sur la chute des corps
de Benedetti. Sans atteindre à ce degré d'impudence, mètres
et
les
physiciens
peu soucieux de
1.
la
les
les géo-
plus illustres se montraient fort
propriété d'une idée scientifique, du moins
Charles Ravaisson-MoUien, Les manuscrits de Léonard de Vinci,
t.
I,
p.
i;
Paris, 1881. 2.
Vide supra
:II,
Léonard de Vinci
et
Villaloand;
III,
Léonard de Vinci
et
Bernardino
Baldi. p.
DUHiai.
*
i5
2
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VlNCl
20
lorsqu'elle n'était point leur;
noms de ceux dont
ils
taisaient sans
ils
s'inspiraient,
pour ne
scrupule
citer
les
que leurs
adversaires.
Ce mépris du droit de priorité s'affirmait même au sujet d'inventions que publiaient des manuscrits fort répandus, des livres
plusieurs fois imprimés;
il
s'exerçait
que
serait bien étrange
même
à l'égard
les
notes de Léo-
nard de Vinci n'eussent point eu à en souffrir;
elles offraient,
d'auteurs vivants;
en
il
au plagiaire une proie particulièrement assurée
effet,
réclamation à craindre,
nulle
l'auteur,
et
la
diffusion très
restreinte de ses manuscrits garantissait contre tout celui qui se prétendait l'inventeur de
de
;
démenti
quelque découverte
qu'il
y avait lue.
mieux que ses contemporains à la tentation que lui offVaient les traités composés par Léonard; pour renoncer à enrichir ses œuvres et à accroître sa renommée des pensées que ces traités renfermaient, il eût fallu que Jérôme Pour
Cardan
résister
fût
guidé par
les règles
du Vinci. Or, en Jérôme Cardan, l'histoire ne nous révèle aucune trace de cette rigide probité; ses contemporains l'ont accusé
au temps où
de vices
il
vivait,
ou bien
d'une probité rigide, bien rare
qu'il ignorât les écrits
soupçonné de crimes;
et
et le
plus récent
comme
le
plus indulgent de ses biographes, M. Maurice Cantori, termine
par ces mots
Cardan
:
« Ei/i
de caractère Sa vanité,
!
la
vivante étude qu'il a consacrée à Jérôme
Génie doch
kei/i
Charakter
—
Un
génie, mais pas
»
comme
la
médiocrité de son sens moral, condam-
naient presque fatalement Cardan à plagier les découvertes de
Léonard de Vinci, pourvu sciilcment qu'il les connût; or, il les a connues nous en avons pour garant son propre témoi;
gnage.
Par deux
1.
Moritz
fois,
Canlor,
dem XVI Jahrhunderte
en ses livres Sur
la
Subtilité^,
Cardan
cite
Cardanus, eiii vnssenschaftliches Lebensbild amt Congresso interna: ionale di Scicnzc sloriche, Roma.
Uieronymas (Atti
del
Aprile 1908, vol. XII, p. 3i). Ilieronymi (lardani, modici Mcdiolanensis, D<' Sublililatc libri \Xl. Ad illuslriss. l'iincipein l'errandiun Gonzagam, Mediolanciisis proviiichr Prafectiiin. Ijiirdimi. IjCS ;/(vv.s- de IlicTomo Gardaapud Guglielmum Houillium siib sciilo Vcnclo. \'y7)\. 1-9
2.
—
LEONARD DE
CARDAN ET BERNARD PALISSY
VINCI,
Léonard de Vinci. Ces deux citations l'une de Tautre, au
En le
peintre doit posséder:
rapprochées
se trouvent,
livre.
première', Cardan indique
la
bon dissecteur le
XVIP
2:27
les qualités
Le peintre
a
multiples que
est filosofe, architecte, et
l'excellente imitation de tout le corps
;
manifeste, jà
humain
commencée de longtems par Léonard Yin-
cius Florentin, presque parachevée.
Cardan, nous
»
le
voyons
par ce passage, connaissait cette admirable série de figures
anatomiques dessinées par en
le
et
conservées aujourd'hui
bibliothèque de Windsor.
la
connaissait
11
également
Léonard ou, tout au moins, en
Vinci
effet
:
«
les
ses essais d'aviation;
Léonard Vincius, duquel
de voler, mais en vain;
il
bien
paraît
avoir
connu
parlé,
partie des notes
où
serait étonnant,
Il
s'est
dit^,
efforcé
»
le
ses
vol des oiseaux. Cardan
multiplicité des problèmes
la
l'étude desquels se complaisait ce génie et avoir
une
nous
il
de
anatomiques de Léonard, de
pour imiter mécaniquement
essais
j'ai
grand peintre.
estoit
Instruit des recherches
mécaniques
inventions
ses réflexions
d'ailleurs,
que
en
vu au moins
nous sont conservées. les
notes
laissées
par
Léonard fussent demeurées inconnues de Girolamo Cardano, alors
que
le
un
père de celui-ci, Fazio Cardano, était
du Vinci; Léonard nous apprend lui-même'^ des livres au
père de Cardan
Giovanni Taverna
»
et «
;
qu'il
tenait de lui
il
familier
empruntait
« le
livre de
Les proportions d'Alchino'^ avec
considérations de Marliano
»
;
il
les
étudiait les propres ouvrages
nus, médecin Milannois^ intitulés de la subtilité et subtiles inventions, ensemble les causes occultes et raisons d'icellcs, traduis de latin en François par Richard le Blanc. A Paris, par Charles l'Angelier tonanl sa boutique au premier pillier de la grand'salle
du
Palais. i556. 1.
Hieronymi Gardani De
Richard 2.
le
Blanc, éd. i550, p.
Hieronymi Gardani De
Richard
Subtilitale libri
XXI, éd. i55i, p. 620.
— Traduction de
XXI, éd.
—
3 18, verso.
Siibtilitate libri
i.'>5i,
p. 532.
Traduction de
Blanc, éd. i556, p. 322, recto. 3. Il Codice atlantico di Leonardo da Vinci nella Biblioieca Ambrosiana di Milano, riprodetto e pubblicato délia Regia Accademia dei Lincei, sotto gli auspici c col sussidio del Re e del Governo. Ulrico Hoepli, Milano, MDGGGLXXXX.IV, fol. 225, recto b (34). Gf. Maria Baratta, Leonardo da Vinci ed i Problemi délia Terra, Torino, le
—
1903, p. 9. '4. Il s'agit, je pense, de l'ouvrage intitulé Alexandri Achillini Bononiensis De proportionibus inotuum quaestio. Get ouvrage fut d'abord imprimé à Bologne, en i/ig^, :
par Benedictus Hectoris, sous
le titre
:
De
distributionibiis ac de
proportione motmim.
Il
ÉTUDES SUR LÉOiNARD DE VlNCl
!^28
de Messer Fazio; celui-ci avait donné une édition de live de italien
la
perspec
Léonard prit la peine de traduire en John Peckham un passage de l'introduction dont Fazio Gardano avait '
;
doté cette édition 2.
Que entre
si,
la
désormais, nous constatons
la
plus étroite analogie
Mécanique professée par Jérôme Cardan
et la
Mécanique
de Léonard, nous serions bien naïfs d'attribuer cette analogie
une coïncidence toute fortuite. Ce n'est pas seulement entre la Mécanique de Cardan et celle de Léonard que l'on peut reconnaître de nombreux rapà
ports;
il
est
impossible de parcourir
De
la
les
unes à demi
Subtilité
pensées que
le
les
vingt et un livres
sans y trouver de nombreuses réminiscences, effacées, les
grand peintre
autres très nettes encore, des
a émises
en ses cahiers de notes.
énumérer toutes en cet article; nous en signalerons seulement quelques-unes; nous choisirons celles qui témoignent du passage, entre les mains du médecin milanais, des deux cahiers, copiés par les soins de Melzi, qui sont venus jusqu'à nous Le Traité de la Peinture et
Ces réminiscences, nous ne pouvons
les
:
moto
le Trattato del
e
misura deW acqua.
a élc reproduit dans les éditions des Alexandri Achillini Bononiensis Opéra omnia données à Venise, en i5/j5, i55i et i568, par Hieronymus Scotus. Quant à Jean Marliani, nous avons de lui un écrit intitulé De proporiione motuuni iii Impressum Papie per Damianum de velocitate qaestio subtilissima. Golophon Coniphalonerii de Binascho, die i6 Decembris Anni 1/482. Amen. Cette question a été reproduite dans la collection des œuvres de Jean Marliani, publiée, sans date, par le môme éditeur. Cette collection renferme encore une pièce intitulée Probalio cujusdam conseqaentie Calculatoris in de motu localL L'inscription portée par Léonard au verso de la couverture du cahier F, inscription mentionnée en notre étude sur Albert de Saxe et Léonard de Vinci, nous montre qu'en i5o8, le grand peintre possédait un écrit qu'il intitule Marliino, De calciilatione ; il s'agit vraisemblablement du second des deux ouvrages mentionnés ci-dessus; Il est destiné à défendre Suisset, le Calciilator de motu locali, d'une critique que lui adresse Achillini. I. Prospectiva communis D. Johannis, Archiepiscopi Cantauriensis, fratris ordinis minorum, ad unguem castigata per eximium artium et medicinae ac juris utriusque doctorem ac mathematicum peritissimum D. Faciuni Cardanum Mediolanenscm in venerabili colegio juris peritorum Mcdiolani residenlem. (Sans nom d'imprimeur ni :
:
:
:
date d'impression.) a.
Op.
Léonard de Vinci,
cit.,
p. 272.
Il (^odice
atlantico,
fol.
200 reclo A.
—
Cf.
Mario Baratta,
LÉONARD
CARDAN
VINCI,
l)i;
lîERNARD PAL16SY
J/i
22()
II
Des emprunts faits par Cardan AU Traité de la Peinture de Léonard de Vinci.
De
question de toutes choses en ces vingt
est
Il
Subtilité,
la
xvi''
qui furent Fun des ouvrages
demeurent une des œuvres
siècle et qui
de cette époque;
de
reprises,
la
est question,
y
il
peinture et
des
algébriste, physicien, astrologue,
souplesse de
voyons pas cependant, en soit
les plus curieuses
plusieurs
de
variété; géomètre,
médecin, les
et à
Les aptitudes
couleurs.
son génie aux objets
livres
plus lus au
les
en particulier,
Cardan étaient assurément d'une extrême
un
et
il
appliqué la
a
plus divers; nous ne
lisant l'histoire de sa vie, qu'il
adonné aux beaux-arts;
donc
si
de
traite
il
se
peinture,
la
il
n'en saurait rien dire qui soit issu de son expérience personnelle;
est naturel qu'il
il
en parle d'après
de ceux qui ont pratiqué cet
Où donc Cardan parler
du peintre?
Il
cherchait-ii
ture la
;
la
discipline
inventions;
et
chose plus admirable que les
spéculative en
car
il
faut
que
le
que «la peinture
mécaniques,
peinture adjouste
ombres,
la
est la
ou
est
fîlosofe,
architecte
imitation de tout le cors
et
humain
le
de longtems par Léonard Yincius chevée.
»
Lors
même
que
Vinci, à la suite de ces
marquer
l'origine,
il
-
quelques nouvelles ait
la
cognoissance
réflexions,
nous eût
été
le
pein-
dissecteur;
l'excellente
manifeste, jà
commencée
Florentin, presque
Cardan
la
les couleurs, et s'ajoint
peintre
bon
plus
la sculp-
de toutes choses pource qu'il ensuit toutes choses; tre
deviner.
plus noble. Et
la poterie
adjoustant le
voulait
inspiration lorsqu'il
ne nous sera point malaisé de
subtile de tous les arts fait
enseignements
art.
Écoutons-le lorsqu'il déclare'
peinture
les
n'eût
pas
comme pour facile
para-
nommé
le
en mieux
de deviner celui
I. Hieronymi Cardani De SnhtiUlate libri XXI; liber XVII; éd. Traduction de Richard le Blanc, éd. i556, p. 3 18, verso.
i55i,
p.
629.
ÉTUDES SUR LÉONARO DE VINCI
'y.'Ao
qui les avait inspirées; à la supériorité de les autres arts
peinture sur
la
plastiques, à l'effort intellectuel que le peintre
donner avec plus de puissance et d'intensité que le sculpteur, la pensée de Léonard revient sans cesse avec com-
doit
plaisance; surtout,
un
aime
il
esprit universel
Le peintre
«
:
rendre bon perspectif,
pour
et
que
le
peintre doit être
le
commencer par
doit
^
moins en
il
doit estre encore
il
n'a pas la pratique,
il
ne faut point
voir et dessigner sur le naturel.
»
Le peintre doit donc être bon
«
il
bon
ce qui concerne la régularité
extérieure d'un édifice et de toutes ses parties
dont
se
puis s'acquérir une connaissance
du corps humain;
entière des mesures architecte,
à répéter
doit savoir placer exactement
et
;
aux choses
qu'il néglige d'aller
perspectif
tout d'abord,
et,
»
d'horizon
la ligne
de son
tableau par rapport aux figures humaines qui s'y trouvent
donne
représentées. Voici la règle que Cardan^ ((
Mais cependant souvienne
veuë égale; est peint
c'est le
chef de
que tu observes
toi
la figure
en un petit tableau; car
veu dessous, estre bas;
et
à cet effet: le lieu
de
la
humaine, quand l'homme
l'œil
jugera tout ce qui sera
tout ce qui sera dessus, estre haut.
»
Cette règle est aussi celle que nous trouvons, plusieurs fois répétée, dans le Traité de la Peinture
sur le relief doit s'accomoder de
au niveau de celuy de
:
telle
a
Celuy^ qui desseigne
sorte
que son œil
la figure qu'il imite.
—
))
perspectif' doit estre mis au niveau de l'œil d'un taille
ordinaire,
sur
la
«
soit
Le point
homme
de
ligne qui fait confiner le plan avec
l'horizon, de laquelle ligne la hauteur doit estre esgalle à celle
de l'extrémité du plan joignant l'horizon, sans néantmoins y comprendre les montagnes, lesquelles sont libres. »
Le peintre possède découvrir
un moyen très efficace de commises contre les lois de la
d'ailleurs
les fautes qu'il aurait
1. Traité de la Peinture de Léonard de Vinci, donné au public et traduit de l'italien par R. F. S. D. C. [iloland Fréart, sieur de Chambray]; à Paris, de l'imprimerie de Jacques Langlois, MDCLl, ch. CCLXXIV, p. 89. 2. Hieronymi Cardani De Subtilitate libri XXI; liber IV éd. i55i, p. i85. Traduction de Richard le Blanc, éd. i55G, p. 92, recto. 3. Traité de la Peinliire do Léonard de Vinci, ch. De la manière de desseigncr sur la bosse ou d'après nature; éd. iG5j, p. 8. A quelle hauteur 4. Traité de la Peinture de Léonard de Vinci, ch. CCLXWI on doit mettre le poinct de veuë; éd. iG5i, p. 92. ;
XWI
:
:
2^1
CAIVDAX ET 15EKNAUD PALISSY
LÉONAllI) DE VL\CI,
perspective; c'est d'examiner l'image de son ouvrage rétlccliie
dans un miroir plan. Cardan préconise» l'emploi de ce proPar mesme moien presque les peintures doivent estre cédé :
((
éprouvées au miroir. Car
le
miroir découvre plusieurs choses
qui estoient latentes^ entendu qu'il monstre les choses qui sont à l'opposite.
»
Léonard
le
peintre doit
vaillant, le
recommande également^ « En tratenir devant luy un miroir plat, et :
ouvrage dans ce miroir, qui
considérer souvent son
le
luy
main d'un pourra mieux
représentera tout au rebours, et semblera de la autre
maistre, de sorte que par ce
remarquer
moyen
il
ses fautes. »
Léonard
une admirable sagacité
a étudié avec
impressions qu'engendre en notre œil
la
les diverses
juxtaposition de cou-
Cardan reproduit plus ou moins clairement
leurs diverses;
presque tout ce qu'il en avait
dit.
phénomène de l'irradiation, qui agrandit une figure claire placée sur un fond sombre, qui, par contre, diminue une figure de nuance foncée tracée sur un fond clair. A ce phénomène, le Traité de la Peinture fait allusion ^ en ces termes a La chose qui sera veuë en un air obscur et bruineux Voici d'abord
le
:
estant blanche paroistra plus grande qu'elle n'est pas arrive parce
que
comme
il
a esté dit cy-dessus
:
La chose
semble s'augmenter dans un champ obscur, par cy-devant déduites. les effets
»
Les livres De
de l'irradiation
:
«
la Subtilité
monstre plus grandes. Les desquels tant lettres
livres
imprimés
sembler estre moindres.
»
Subtilitate libri
noire
les
démonstrent,
le
fait
les
XXI;
des notes du
tirés
liber IV^, éd. i55i, p. i8G. ch.
GGLWIV
mesme
:
Traduc-
Gomment un
de son propre ouvrage éd. i65i, p. 89. Peinture de Léonard de Vinci; ch. GLXÏI Des couleurs; éd. i65i,
peintre doit examiner et juger luy Traité de la
^
Seulement, dans sa hâte à
tion de Richard le Blanc, éd. i55G, p. 92, recto. 2. Traité de la Peinture de Léonard de Vinci; 3.
la
plus l'encre est claire, tant plus elle
Hieronymi Gardani De
raisons
décrivent aussi
comme
reproduire les enseignements qu'il avait 1.
les
claire
Certes la couleur blanche monstre
choses moindres qu'elles ne sont,
les
ce qui
;
;
:
p. 02.
Hieronymi Gardani De Subtilitate libri XXI ; lil)er XVII. Le passage dont il est question ne se trouve pas en la première édition (i55i) de l'ouvrage; il a été introduit par Gardan en la seconde édition sur laquelle a été faite la traduction de Richard le Blanc; en celle-ci, il se trouve à la page 819, verso. ^.
ici
ÉTLDES SUR LEONARD DE VINCI
232
Vinci, Cardan écrit tout le contraire de ces enseignements et
de
la vérité.
où
n'est pas le seul
Ce cas
de
lui soit arrivé d'altérer et
il
fausser les résultats exacts des observations de Léonard. Considérons, par exemple, ce passage si
finement certains
couleurs
effets
grand peintre décrit
le
observés en l'association des diverses
:
Or prenez garde que
«
où
»
lente obscurité,
blancheur,
il
si
faut lui
et ainsi
vous voulez représenter une excel-
donner en parangon une excellente
pour une blancheur excellente luy opposer
une grande obscurité; de mesme fera paraistre le
le
jaune pasle relesvera
rouge de couleur plus vive
et
ne seroit pas de luy-mesme en parangon du
qu'il
et
plus allumée violet.
11
y
une autre règle par laquelle on n'a pas dessein de rendre
a
les
couleurs plus hautes et plus éclatantes qu'elles ne sont naturellement, mais en les accompagnant et assortissant ensemble,
s'entredonnent de
elles
et tout
comme
la grâce,
au contraire aussi,
le
verd au rouge,
fait le
verd est antipathique au bleu.
Il
y a encore un second moyen de produire et faire naistre la grâce aux couleurs par l'union et par l'assortiment de celles qui ont de la sympathie ensemble,
jaune qui blables,
Du
est fort pasle,
le
passage qui vient d'être
estre disposées
en
rapprochons
cité,
mais
si
les
ornement
à la peinture;
Il
est évident
pourtant, la rouge couleur doit
blanche entre
que
le
second passage
est
une
sorte de
Traité de
résumé
et
confond tout
Comment il faut Peinture do Léonard de Vinci, ch. L\.X\\1\ couleurs l'une avec l'autre en sorte que l'une donne de la grâce à
la
les
la
désir d'abréger, et sans doute aussi par
incompétence en ces matières. Cardan brouille 1.
donnent grâce
»
du premier; mais par
accompagner
:
obscures ont lieu entre
estre entremeslée entre la bleue et la verde, la
grise et la jaune.
celui-ci 3
couleurs ne doivent
les claires, les claires entre les obscures, elles
et
le
et lieu. »
la peinture, les
la légère;
de l'azur avec
blanc, et d'autres sem-
dont nous parlerons en temps
Or pour retourner à
u
ou avec
comme
:
l'autre; éd. iG5i, p. 3i. 2.
Hieronymi Gardani De
Sabtililate libri
XXI, liber IV;
tion de Richard le Blanc, éd. i556, p. 92, verso.
éd. i55i, p.
i8G.
Traduc-
LÉONARD DE
que Léonard avait soigneusement distingué; Léonard, par
ce
exemple, signale
de contraste que produisent deux cou-
l'effet
comme
leurs complémentaires,
vert et le rouge; cet effet,
le
sépare soigneusement du contraste que produit
le
sition
d'une teinte claire
et
donne comme exemple de
que prend
le
rouge lorsqu'il
bleu avive également
est voisin
rouge;
le
en
les défigurant, les
Cardan déforme qu'il
il
du
vert;
que voici Car
^
que
apparaît assez par là qu'il
du
à ce point les parties
nous n'avions, pour
si
la
clarté...
mais qu'il trans-
Traité de la Peinture
décevoir »?
au passage
peut estre cachée, non plus que de
d'icelle
plus tost que peinture?
la
Il
nous
serait fort malaisé
nous explique bientôt milanais; Léonard, en
lorsqu'il
nous
la
par
l'air,
le
deviner
si
nous ne
proposition énigmatique du médecin
effet, insiste
des objets voisins
de
Peinture; mais la lecture de ce traité
la
remarque qu'un objet blanc
le
»
Cardan prétend nous enseigner
recourions au Traité de
que
faut-il attribuer
de
couleur blanche est aidée par autres couleurs pour
la «
soleil et
l'éclairer, le texte
Ainsi elle est aidée par autres couleurs pour décevoir
Qu'est-ce que
reflets
fait
couleur blanche approche fort en la clarté, en sorte
et est teinture
que
le
:
que nulle partie
le
croit
observations d'autrui.
Léonard. Quel sens, par exemple,
dit
il
pense résumer, que son exposé serait souvent tout à
incompréhensible
{(
juxtapo-
ce dernier effet l'éclat
n'écrit point d'après ses propres observations, crit,
la
il
d'une teinte sombre; Cardan, au
contraire,
ce
253
CAUDAN ET BERNARD PALISSY
VINCI,
:
«
à maintes reprises sur cette
montre toujours coloré par les L'ombre du blanc ^ esclairé par le se
a sa teinte tirant sur le bleu, et cela vient de
blanc de soy n'est pas proprement une couleur, mais
réceptacle des autres couleurs... Cela provient^^ de ce que le
blanc n'est pas mis au 1.
Hieronymi Cardani De
nombre
des couleurs, mais est seulement
Subtilitate libri
XXI, liber XVII. Ce passage ne
se
trouve
pas dans l'édition de i55i il a été ajouté par Cardan en la seconde édition, sur laquelle Richard le Blanc a fait sa traduction; en celle-ci, il se trouve à la page 3 19, ;
verso. 2.
Traité de la Peinture de
Léonard de Vinci, ch. CIV
De
:
la
couleur du blanc;
éd. i65i, p. 33. 3.
Traité de la Peinture de Léondivd de
une ombre plus noire;
éd. i65i, p. 33.
Vinci, ch.
CV
— Cf. ch. GXXIII
propre à recevoir les couleurs; éd. i65i, p. 4i.
:
Quelle couleur produira Quelle est la superficie plus :
LÉONAUD DE VINCI
KTLlDES SU II
2'6!l
propre
disposé à
et fort
recevoir toutes indifféremment, et
les
transforment mieux
superficies blanches se
les
et
reçoivent
plus essentiellement les couleurs de leur objet qu'aucune autre superficie de quelque couleur
Un
que ce
et sur les
:
Bon nombre
des réflexions sur la peinture
De
couleurs qui se trouvent au
extraites des notes de
ont été
Sahtililate
Léonard de Vinci; mais en résumant sans
du grand
soin ni compétence les observations
Cardan
peintre.
souvent transformées en aphorismes faux ou incompré-
hensibles, à il
mécon-
lecteur attentif ne pourra guère, croyons-nous,
naître cette vérité
les a
soit. »
point que pour les rectifier ou les interpréter
tel
de recourir au Traité de
est nécessaire
la peintare,
qui en fut
la source.
III
Les emprunts faits par Cardan AU TliArTATO DEL MOTO E
Nous allons
MISUIiA DELL'
être conduits à
en étudiant ce que Cardan l'eau à la surface sujet des
une conclusion toute semblable
a écrit
du globe
vesseaus.
voions
la
présence de
au
eaux courantes.
L'eau est ronde^
loing;
au sujet de
terrestre et, particulièrement,
Lisons, par exemple, ce passage' ((
ACQUA DE LÉONARD DE ViNCI.
Pour eaus
tu vois ans pos de terre et autres
ceste cause les fleuves et lacs sont
nous regardons d'en haut,
car ou les
comme
:
;
on nous regardons de
ment nous voions
les eaus,
et
la plaine,
pource que l'eau
veus de
pource nous d'où
mesme-
est ronde.
»
La remarque qui termine ce passage semblera bien obscure à qui n'a pas lu Léonard de Vinci; elle s'éclairera, au contraire, si
l'on
ouvre
\e
Del moto
e inisura delV
acqaa; on y trouvera'.
I. Hioronymi Gardani De SubtilUate Ubri XXI, liber \X.I. Ce passag^e ne se trouve pas en la première édition (1550; il a été ajouté en la seconde édition; en la traduction de Richard le Blanc, il se trouve au verso de la page 388. 2. Leonardo da Vinci, Del moto c misiira delV acqua, iibro primo, capitulo \1\
{liaccoUa d'aiilori italiani che traltano del moto delV aaïue. Edizione (piarla.
Bologna
VIDCCCWVI,
p. 281.)
Tomo
\.
LÉONARD
en
Di:
une réflexion
effet,
235
CAllDAN ET BERNARD PALISSY
VINCI,
que nous avons repro-
assez étrange
duite, avec la figure qui l'illustre, en notre précédente étude'.
Léonard y montre comment une étendue plane semblerait s'enfoncer au-dessous d'une nappe d'eau sphérique à laquelle elle confinerait.
Le
iva'iié
Del moto
e
misura deW acqua ne renferme pas, tant
s'en faut, toutes les pensées
que Léonard avait conçues au
de l'eau
en ses notes. De ces pensées. Cardan
et qu'il avait fixées
sujet
dû posséder un recueil plus complet que le traité publié eu il en connaît assurément qui n'ont 1826 par F. Cardinali
a
;
point été reproduites en ce recueil. Voyons, par exemple, de quelle manière «
explique^ l'origine des montagnes
il
Les montagnes peuvent être produites de trois manières
En premier
différentes.
secouée de
lieu, la terre,
engendre
répétés, s'enfle et
les
monts comme
de vessies sortant de son corps; ainsi
Averne, en Campanie, terre est
accumulée par
approprié
et
le
démolie par pierres
vallée; c'est
place, tandis
un mont pierreux
pourquoi
la
sommet de
dessus du sol;
la pluie,
terre des
faisse
peu
souvent
champs;
en
le
ces
sol
à peu; les pierres,
elles croissent,
proviennent
procédé
c'est le
les récifs d'îles
dont
même l'eau
le
plus
—
la
terre
est
par
la
mer;
les
du fleuve descend
s'élève ainsi au-dessus de la
s'élève de plus en plus au-
ronge chaque jour davantage
meuble lui-même au contraire, ne
comme nous
aussi sont elles plus basses
En mer,
que
monts
effet,
cependant, sont rongées par
»
et
plupart des montagnes sont formées
de rochers. Le
la
—
lieu,
lieu, la
qui arrive fréquemment
les vents, ce
eaux courantes ou
demeurent en
provenaient
formé, près du lac
plus fréquemment employé,
les
la vallée;
s'est
s'ils
mouvements
mont Moderne. En second
le
en Afrique. En troisième
en
:
les
que
le
s'affaissent point;
verrons. Les vallées,
eaux courantes
les
champs
sont formés de la la terre a été
se tasse et s'af-
et les torrents;
et les plaines.
même
rongée par
manière;
ils
les flots. Mais,
Vide supra V, Thémon le fils du Juif et Léonard de Vinci, IV, fig. i, p. 179. Hieronymi Cardani De 5u6/i7/7a/<' libri XXI, liber II; odit. i55i, p. 2i5. Traduction de Richard le Blanc, éd. i556, p. Sg, verso. La traduction de Richard le Blanc est fort peu claire en ce passage; nous ne la suivrons pas. 1.
2.
:
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
y 36
à leur tour, fler, ils se
elles
très
récifs
si
la terre
qui
les
transforment en
montueuses
;
porte vient à s'élever et à s'en-
îles.
Aussi
plupart des
la
mer
lorsque la
sont devenus des montagnes.
desséchée, les
s'est
donc point éton-
n'est
11
sont-
îles
nant de trouver, au sein des montagnes qui avoisinent
la
mer,
des épaves de navire, des huîtres et d'autres coquilles. IN'esl-ce
pas
la
preuve que ces montagnes ont
milieu de
la
mer, ou qu'elles ont
grande inondation.^
été
au
submergées par une
»
Nous ne trouvons deir ocqua, qui ait
été jadis des récifs
rien,
dans
Del moto e inlsura
traité
le
pu inspirer ces considérations sur
l'origine
des montagnes; en revanche, nous reconnaissons en ces considérations
un résumé
très net des
vues sur
Géologie que
la
Léonard a consignées au cahier F de ses notes ^ Léonard, il est vrai, avait emprunté à Albert de Saxe idées sur la formation des
dan aurait donc pu,
à
ses
montagnes par voie d'érosion Carson tour, les emprunter au même ;
auteur; d'autant que maint indice semble nous révéler la pré-
du médecin milanais, des Questions composées sur le De Cœlo par ce grand scolastique. Mais si Cardan a pu apprendre d'Albertutius comment les eaux courantes avaient creusé les vallées et sculpté les montagnes, il n'a pu
sence, aux mains
apprendre de
lui
comment
les fossiles
témoignaient des soulè-
Acments qui avaient porté à ces hauteurs des immergées. En
cette observation, force
nous
terres jadis
de reconnaître
est
l'une des idées favorites de Léonard.
Le Vinci a minutieusement analysé
le
procédé par lequel
coquilles des mollusques se sont fossilisées. C'est encore
les
une
résumé des observations du grand peintre que nous donne Cardan lorsqu'en sa description des diverses espèces de sorte de
pierres, «
il
arrive à celles qu'il
On nomme
Conchites
nomme
Conchites
^
:
une pierre semblable à une
coquille,
Vide supra: I, Albert de Saxe et Léonard de Vinci, 111 et W. Hieronymi Cardani De Sahtilitate libri AXl, liber VII. La première ligne de ce passage se trouve seule en l'édition de i55i tout ce qui concerne la fossilisation a été introduit en la seconde édition, sur laquelle a été laite la traduction de Richard le Blanc; en cette traduction (éd. i55G), le passage considéré se trouve au verso de la page cji. Nous ne suivons pas ici cette traduction, moins claire que le texte latin. 1.
—
2.
;
LÉONARD
VlNCF,
t)E
couverte de stries courbes
Une
CARDAN ET BERINARD PALISSY et
ornée d'une armature brillante.
du marbre;
autre espèce de ConchUes a l'aspect
blanche, tendre, coquillages. ville
Ton y trouve habituellement des
et
On ne
la trouvait autrefois
que ce pays-là
s'est
En
recouvert par la mer.
eil'et,
lorsque
au sein des rochers
et
la
un sûr
C'est
des coquillages
les tests
sont fort anciens, en beaucoup d'endroits, pétrifier
de
tests
une certaine époque,
à
trouvé^
elle est
qu'au voisinage de
de Mégare, au témoignage de Pausanias.
indice
'2'S-
finissent par se
ils
sous la terre.
gardent leur
Ils
forme, mais leur substance est changée. La plupart sont recouverts d'armatures dorées
ou argentées
;
ces armatures sont for-
mées d'une matière qui contient beaucoup de en
effet, et
de
sel
ces armatures sont constituées
sel; le sel brille,
par quelque partie
pur. Celles qui proviennent des coquilles sont faites
d'une certaine matière salée; celle-ci est rejetée à l'extérieur
du coquillage trouve
;
puis
le fossile la
aqueuse de
la
le
grand froid qui règne au
lieu
congèle sous forme d'armature;
la
substance qui forme cette armature
la
où
se
partie
rend
aqueuse ne disparaît pas, parce qu'elle intimement mélangée d'une matière terreuse très fine;
brillante. Cette partie est
Parmi ces
objets, les
uns prouvent
la sagacité
de
la nature,
qui
poursuit une fin bien déterminée; les autres démontrent la
longue durée du monde.
»
Certes, les idées géniales par lesquelles
Géologie
et la
Léonard
a créé
la
Paléontologie sont reproduites par Cardan sous
une forme quelque peu confuse;
cependant bien
elles restent
reconnaissables, et bien capables encore d'éveiller l'attention
d'un esprit soucieux des questions naturelles; d'ailleurs, en s'appropriant ces idées, Cardan leur rend il
les
exhume de
pendant des
notes
siècles,
ovi,
un
sans doute, elles fussent demeurées,
inconnues
et inutiles
;
il
les
par la vogue extraordinaire qui accueille Les lité,
elles
se
service signalé:
publie; portées
livres
répandent en tous lieux, prêtes à
nouvelles recherches; et
le
Cardan
plagiat de
du Vinci. Les renvois qui accompagnent nos pu suggérer une remarque au lecteur
de
la Subll-
susciter
fera de
de
Bernard
Palissy le continuateur
citations de :
Cardan ont
La première édition du
ÉTUDES SUK LÉONARD DE VlNCl
!i38
emprunts au Traité de la Peinture, aux observations de Léonard sur l'Hydraulique et la Géologie; ces emprunts sont bien plus nombreux en la seconde
De
déjà divers
Suhtllitate contient
La lecture des opinions de Cardan touchant la Mécanique donne lieu à une semblable remarque^ Cardan s'était déjà inspiré maintes fois des cahiers du Vinci lorsqu'il avait édition.
composé son ouvrage il y recourut de nouveau lorsqu'il voulut en donner une seconde édition plus complète. Nous allons voir que la publication de cette seconde édition ne mit pas fin aux emprunts subis par les notes du grand peintre. ;
Nous avons
dit,
Léonard de Vinci
en notre précédente étude % à quel point
s'était
préoccupé de
cette question
Comment
:
donne naissance aux fleuves, peut-elle sourdre au sommet des montagnes P Ce problème est de ceux que ne man-
l'eau qui
quaient guère de
au
traiter,
écrivaient sur les météores;
il
xvi'' siècle,
était
les
philosophes qui
donc naturel
qu'il sollicitât
l'attention de Cardan.
Dès se
première édition de ses livres Sur
la
propose d'examiner^
Cardan
la Subtilité,
les diverses explications
données de l'origine des fleuves. Ces explications,
qui ont été il
commence
énumérer « Le filosofe donc estime que les eaux sont engendrées; Salomon pense qu'elles soient dérivées de la mer par
les
:
par circuit;
les
autres estiment qu'elles soient assemblées des
pluies et neiges; les autres pensent qu'elles sourdent des fontaines qui sont sous terre,
paraît
exempte de
n
Aucune de
difficultés.
«
11
ces explications
est manifeste
engendrée aux montagnes ne de
n'est
sourd au
champ
de Moscovie.
davantage
raient rivières
mesme
:
«
elle
suffire
à
»
La neige
l'air;
1. ->..
p.
lui
que toute eau
veu que Tanaïs
et les pluies
rendre compte de
la
ne sau-
genèse des
Pareillement, l'eau n'est des seules neiges, veu que
coule des montagnes quand elles ne sont couvertes
de neiges^ ne mouillées de pluies; totalement donc crédibile
ne
que tant grande quantité des eaus,
Duhem,
Vide supra
et tant
il
n'est
continue
Les origines de la Statique, ch. XV, 8, t. TI, p. to4. V, Thémoii ie fds du Juif et Léonard de Vinci, IV et V.
:
3. Hicronymi Gardani De Subtilitate libri XXI, liber H; Traductioade Richard le Blanc, éd. lô.^O, p. O'i, verso, sqq.
éd.
i33i, p.
137
sqq.
LEONARD DE soit
CARDAN ET BERNARD PALlSSY
VlNCI,
une hypothèse qui graves objections, c'est assurément
engendrée des neiges.
soulève de nombreuses et celle qui
prétend dériver de
des montagnes
:
«
»
Mais
la
mer
est
s'il
la
mer jusques
coupeau des montagnes;
le
qu'elle
parvienne jusques aux montagnes,
qu'elle
ne s'épartc de tous costés
jamais diminués;
mesmement
et
au sommet
l'eau qui sourd
Et ne peut monter de
grande hauteur qu'est
389
de fleuves, ains aucunefois
la
et les fleuves
;
mer ne
;
devant
a
moien
ne seroient
sufïiroit
asséchée
elle seroit
et
n'y
il
à tant
pas
tant
à
entendu que
la
plus grande part des eaus s'évanouit par la chaleur du Soleil;
mesmement,
comme j'ai
mouvement dessous
ce
dit; et n'y a pas raison
der d'une montagne,
non d'une
vraisemblable qu'elle
pour que
autre; aussi difficilement
est
exempte de
et
faire rejeter toutes les
solutions proposées; c'est du parti contraire que
Cardan
a
:
toutes les causes prédites.
Parmi
il
»
Ces critiques, semble-t-il, devraient l'éclectisme de
trembler,
l'eau doive procé-
rendue tant pure
soit
saline et d'amertune.
la terre la feroit
Que dirons
s'accommode
donc:> Qu'elles sont de
»
ces causes, cependant,
il
en
est
une qui semble jouir
particulièrement de la faveur du célèbre astrologue, et cette
cause est celle qui attribue aux eaux pluviales l'origine des
Dès
rivières.
la
voyons admettre
première édition de son ouvrage, nous ^
fleuves par la pluie
son
traité,
il
que
c
o.
l'eau
donc
puisse
augmenter
le
les
compose la seconde édition de vingt et unième livre d'une longue
Lorsqu'il
accroît le
addition relative aux météores aqueux; au cours de cette addition, les
s'exprime 2 au sujet de la formation des rivières dans
il
termes
bonne
mêmes que nous
fin
Soleil; car
il
a
que
esté fait
premièrement
se convertit
emploierions aujourd'hui
en eau douce,
les
après elle rend
de fleuves qui se déchargent en
1.
Hieronymi Cardani De
Richard le
le
Blanc, éd. i556, p.
Subtilitate libri (JG,
c(
Et à
pluies accompagneroient le
l'eau salée attirée de la et
:
mer en
la pareille
mer, desquels
la
XXL
éd.
i55i, p. i3o.
haut,
par tant les
eaus
Traduction de
recto.
2. Les livres de Hiérome Cardanns, intitulés De Blanc, éd. ibSfi, p. 390, recto.
la Subtiliié.
Traduction de Richard
ÉTUDES SUR LÉO^SARD DE VINCI
2 4o
douces se convertissent en salées. Pour ceste cause
si
la distri-
bution doit estre égale, qu'elle puisse demeurer sempiterne,
que
est nécessaire
il
l'eau des pluies soit fort abondante, laquelle
puisse estre égalée à la cheute de tous les fleuves qui tombent
dedens
mer.
la
Toutefois,
«
sivement arrêté à
Cardan ne semble pas
passage que nous venons de
que
eaux de
souterraine, des
abondantes en eaus,
c'est
la
nous
citer,
qui arrosent les
les fleuves
presque
théorie;
cette
aussitôt
des
i5 fleuves,
isles.
quand
Et
«
:
un argument
comme
Car
seroit
il
ces isles sont
et signe évident,
et le
:
mont environné de
douces, qui esloient salées, en
niveau
par
n'avoient leur source de la mer, quand les eaux
s'ils
montagne
comment
les
possible qu'Hibernie eut
ces eaus proviennent douces, pource que la
que
et distilées
sont purgées en passant et coulant par les terres?...
de
le
voyons admettre
le
eaus n'y sont engendrées, ains coulées seulement la terre
après
proviennent, par dérivation
îles
mer
s'être exclu-
de
l'eau
primitif.^
la
mer
les
l'isle est le
la
mer rend
faut
que
coupeau eaus
les
coulant et distilant.
»
Mais
monter plus haut que son
peut-elle
Cardan, qui,
Il
toujours jusqu'ici, a réputé
impossible cette ascension, néglige maintenant de nous en
indiquer la cause.
Avant de
la
qu'il n'ait
Sabtllitéy Jules
pu connaître
seconde édition des Livres
la
César Scaliger publiait, de cet ouvrage,
une critique vive jusqu'à
la
violence et détaillée jusqu'à
minutie I. En cette critique, Scaliger
traitait à
son tour de
la
l'ori-
gine des fleuves; à l'encontre de ce que Cardan avait écrit en la
première édition du De SabtilUate,
il
soutenait
que
les
sources qui arrosent les flancs des montagnes proviennent de la
mer,
et
s'élève plus
Cardan ter plus
haut que son niveau dans si
J.
Luleiiiv
l'eau
,
du réservoir
apud \ascosanum,
G. Scaligeri
gencralione.
l'eau de la
mer
que l'eau ne pouvait, par un tuyau, monle
réservoir qui la fournit;
n'est pas
comprimée; mais
Julii Cîcsaris Scaligeri Exotericarum exercitationiim liber
Cardanum ; a.
comment
haut que sa surface libre 3.
a affirmé
cela est vrai
I.
prétendait expliquer
il
De
Siibtilitale
XV
:
il
De SabtUitate ad
1557.
ad Cardanum; Exercilatio \L\
I
:
De lluviorum
LÉONARD
en
est
autremeat
charge et
IJE
elle est
si
leau montera dans
serait
obtenu
si
sommet
que
le
;
les
la
mer peuvent
même
le
effet
atteindre le
eaux marines inférieures sont
en un corps de pompe, par
celles qui les
de cette pression, ces eaux s'élèvent en
l'effet
comme
des roches
pompe. Quiconque
d'ailleurs,
eaux de
les
comme
surmontent; par les fissures
tuyau bien plus haut que dans
une masse d'eau poids. Cette remarque nous explique tout
des montagnes
comprimées,
avec une pierre, par exemple,
l'on remplaçait la pierre par
comment
aussitôt
le
'ifxl
soumise à une pression. Que l'on
est clair,
Il
même
qui aurait
CARDAN ET BERNARD PALISSY
pompe
piston d'une
le
corps de pompe.
de
VINCI,
elles s'élèveraient
dans
le
tuyau
la
a des lois de l'Hydrostatique
une notion quelque
peu sensée ne peut manquer d'accueillir en souriant niveau
monte dans
explication
;
pompe
précisément celui qu'atteindrait, dans
est
le
l'eau
oi^i
le
cette
tuyau d'une le
corps de
pompe, l'eau dont le poids équivaudrait à la charge du piston. Ce principe était souvent invoqué dans les notes de Léonard de Vinci où, vraisemblablement, Giovanni-Baptista Benedetti allait
En
l'apprendre'.
vertu de ce principe, la compression
des eaux marines inférieures par les eaux marines supérieures
ne peut soulever celles-ci.
ignore
plus haut que la surface libre de
celles-là
Mais Scaliger n'a cure de cette objection, car idées fécondes introduites en
les
il
Hydrostatique par
le Vinci.
Ce
n'est pas
que Scaliger
libre des liquides
;
de Léonard,
Selon
la
se
c'est celle d'Albert
il
se
réclame n'est point
de Saxe.
doctrine d'Albert de Saxe, dont nous avons dit
mot en notre première étude 2, un grave ne de gravité actuelle
ne
qu'il se
soit
s'il
hors de ce
se trouve lieu,
gêner ni se comprimer
1.
3.
de l'équi-
préoccupe au contraire d'y soumettre
mais l'Hydrostatique dont
sa théorie; celle
il
soit sans souci des lois
les
saurait être
doué
en son lieu naturel; à moins
ses diverses parties
unes
les autres;
ne sauraient
en particulier.
Vide supra: V, Thénion le Jîls du Juif et Léonard de Vinci, VIH. Vide supra I, Albert de Saxe et Léonard de Vinci, IT. :
P»
DUHEM.
un
iO
ÉïLDES SUn LÉO.NAHD DE VINCI
242
lorsque l'eau se trouve naturellement située, les parties voisines
du fond ne sont nullement pressées par celles qui sont proches delà surface; c'est l'enseignement formel d'Albert de Saxe « Una non movetur contra aliam, ergo non impedit aliam; assumptum patet de aqua, cujus partes superiores non comprimunt nec deprimunt inferiores. » Or, selon l'enseignement du même maître, la mer, limitée ^
par une surface sphérique dont
:
centre est celui du Monde,
le
en son lieu naturel
se trouve actuellement
;
les
supérieures n'exercent donc aucune pression inférieures;
elles
ne sauraient
les
eaux marines sur les
eaux
sommet
pousser au
des
montagnes. Visiblement, Jules César Scaliger souscrit à la première partie de la doctrine d'Albert de Saxe;
dire à la seconde partie
;
il
lui faut soutenir
il
donc contre-
lui faut
que
mer
la
pas actuellement en son lieu naturel; et c'est ce qu'il
invoquant
Pour que naturels,
raisons que voici
les singulières
les
vînt ensuite, puis
:
centre de l'Univers; que
le
l'air,
puis
sphère que
la
la
du centre; que Teau
le feu.
cette disposition n'est point celle
A
en
faudrait qu'ils fussent limités par quatre surfaces
il
terre occupât la région la plus voisine
sente.
fait
quatre éléments fussent vraiment en leurs lieux
sphériques ayant pour centre
Or
n'est
que
la terre devrait
nous pré-
la réalité
naturellement occuper,
des protubérances et des gibbosités ont été ajoutées, qui forment les
continents et les
îles
;
ces protubérances remplissent
partie de la
couche sphérique que
occuper;
masse d'eau chassée par
la
élève le niveau de l'Océan
;
l'eau devrait naturellement elles
de son lieu naturel
l'Océan se trouve ainsi formé de deux
couches superposées; l'une,
la
couche profonde,
est constituée
par de l'eau qui se trouve en son lieu naturel;
couche
superficielle,
une
représente
l'eau
que
la
l'autre,
terre
la
ferme a
chassée de son lieu naturel; en vertu de la doctrine d'Albert de Saxe, celle-ci, de tout son poids, presse celle-là. Telle est l'étrange doctrine par laquelle
I.
Albcrli
de Saxouia
Qiisesliones
in
VIII
libros
Scaliger
Physicorum
;
in
prétend,
librum
IV.
LÉONARD DE
2^3
VINCI, GAllDAN ET lîERNAKD PALISSY
contre Cardan, que les sources des montagnes proviennent
des eaux marines.
Les attaques de Jules
médecin de Milan;
insensible le Actio prima
César Scaliger ne laissèrent point
calamniatorem
in
du De
troisième édition latine
qu'il
joignit,
Cardan
niateur;
il
insiste le plus
parle
comme
est
i56o,
un des
à
la
points sur
en ^on Action contre
3
se bornait à
s'il
en
Siihiilitate^.
La théorie de l'origine des fleuves lesquels
une
riposta vivement en
il
calom-
le
développer plus lon-
guement une doctrine déjà indiquée au De Subtilitate; en réalité, il expose une hypothèse dont, jusqu'alors, il n'avait mot.
soufïlé «
L'eau de la
mer
pénètre la terre de toutes parts,
comme elle
imbiberait une éponge; parfois, elle la pénètre par de larges
conduits elle alimente alors les puits d'eau salée ;
elle
se
;
.
.
.dans ce cas,
ne monte jamais d'elle-même; aussi, toute fontaine
trouve en
un
lieu plus bas
que
la
salée...
mer. Toute eau qui s'élève
au-dessus de ce niveau a nécessairement éprouvé l'action de la chaleur; partant, elle est devenue douce. L'eau est donc tirée
du Soleil et de la pluie; le qui règne au sommet des montagnes condense les vadu
vers la surface froid
sol par la chaleur
peurs, qui forment des ruisseaux; ceux-ci, coulant en foule vers les bas lieux, engendrent les fleuves. Cette ascension d'eau est perpétuelle, car les
vapeurs sont soulevées non seulement
par la chaleur des astres, mais encore par la chaleur qui règne
dans
profondeurs du
les
distiller.
ne
fait
sol,
de
même
qu'au sein d'un vase à
Ainsi donc la matière de cette perpétuelle circulation
jamais défaut, car
la
mer y pourvoit;
détermine est aussi toujours présente
;
c'est,
la
en
part, la chaleur céleste et la chaleur des entrailles
d'autre part, le froid des pierres et de l'air au
cause qui
la
effet,
d'une
de
terre,
la
sommet
des
1. Hieronymi Gardaui Mediolaaensis medici De Subtilitate libri XXI. Ab authore plusquam mille locis illustrati, nonnullis etiam cum additionibus. Addita insuper Apologia adversus calumniatorem, qua vis horum librorum aperitur. Basileae. In
—
Ilieronymi Cardani : Basileae, en ofïicina Petrina, Anno MDLX, menseMartio. Mediolanensis medici In calumniatorem librorum De Subtilitate actio prima ad Fran-
fine
ciscimi
3.
Abundium,
paru en Cardan, lac.
i'i26. (11
a
S.
Abundii Gommendalai'ium perpetuum. Éd. in 8", pp. ".^^^rnir^ temps, et chez le même imprimeur, une édition in- ^lio.7 ^ '^«.
même cit.,
pp. iSit-iSîfi.
ÉTUDES SUK LÉOjNAKD DE
2/i4
monts. Dès
sources est continuel...
lors, le jaillissement des
comment
Vois maintenant
VINCI
comment
tous les faits et
tous nos
dires s'accordent avec les vrais principes; dans notre théorie,
on
ne
trouve
d'absurde.
de
rien
de
rien
faux,
contradictoire,
rien
»
Cardan peut maintenant affirmer fièrement une doctrine entièrement nouvelle
«
:
exposé
qu'il a
Nunc usque inauditam
Nous n'aurons garde de le croire. Cette doctrine, en effet, nous la connaissons déjà; nous l'avons lue dans les notes de Léonard de Vinci '. doctrinam declaravimus.
et
»
C'est bien certainement
dans ces notes que Cardan
non point dans
de quelque prédécesseur du Vinci;
sans
les écrits
Albert
doute,
Grand
le
de vapeurs au
sommet
nouveau; sans doute,
la terre,
des monts,
le fils
supposé que
avait déjà
échauffée dans les entrailles de
du
le
oii
l'eau,
montait sous forme
froid la
Thémon,
Juif,
l'a lue,
condense de
avait déjà
com-
paré cette ascension à la distillation de l'eau dans l'alambic;
mais Albert
et
Thémon
tote; ils pensaient
admettaient tous deux la théorie d'Aris-
que
engendrée au sein de
sources s'alimentent est
au secours de
Léonard,
le
premier, a repris ces
considérations pour les faire servir à la doctrine de
Pline l'Ancien
et
expliquer
comment
l'eau
des
mers peut
sommet des montagnes. C'est de lui, non Grand ni de Thémon, que Cardan s'est inspiré.
sourdre au le
cette
appel à la chaleur du sol et à la
fait
distillation qu'elle produit.
les
et c'est
la terre,
hypothèse qu'ils avaient
mêmes
dont
l'eau
Lors donc que Cardan a rédigé ses Vingt Subtilité,
il
a
fait
et
un
d'Albert
livres
sur
la
de larges emprunts au trésor de pensées
accumulé par Léonard de Vinci;
il
a continué d'y puiser, soit
lorsqu'il s'est
proposé de rendre son ouvrage plus complet,
soit lorsqu'il a
voulu
le
défendre contre
César Scaliger. Réflexions sur
remarques sur et
la figure
les attaques
peinture et sur
la
de Jules
les couleurs,
des eaux, considérations sur l'érosion
sur les soulèvements du sol, explication de la formation des
I.
Vide s\lpra
:
\,
Thémon
le
fih du
f
.lui
cl
Léonard de
\inci. \,
LÉONA.KD DE VINCI, CAIU)A.\ LT BEUNAUD PALISSY fossiles, théorie
SublUUate,
21^5
sur l'origine des fleuves, tout cela porte, au De
marque indéniable du Vinci; Cardan, sans doute,
la
y a mis du sien; mais, bien souvent, il n'y a ajouté que les incohérences et les obscurités de son génie étrange et fumeux; à tel point que pour comprendre pleinement la pensée du célèbre astrologue,
qu'il a défigurée
grand peintre
On ne
nous faut parfois recourir à
il
en
la
la
note du
voulant reproduire.
s'étonnera plus maintenant de nous entendre affirmer,
comme nous
l'avons
fait ailleurs,
presque tout ce qu'il a tique et la
au De
écrit,
Dynamique.
que Cardan doit à Léonard Subtilitate,
touchant
Si l'on voulait prétendre
la Sta-
que l'analogie
entre la Mécanique de Cardan et la Mécanique de Léonard résulte d'une coïncidence toute fortuite,
autant des rapprochements,
avons signalés entre serait
vraiment
nous aurions
le
De
nombreux
si
faudrait en dire
et si variés,
Sabtilitate et les notes
de nous écrier
que nous
du Vinci. Ce
au hasard; avec Pascal,
faire la part trop belle
le droit
il
:
«
Les dés sont pipés.
»
IV
La formation des fossu.es selon Bernard Palissy. Les pensées
que Cardan avait empruntées à Léonard de
Vinci ne sont pas demeurées inaperçues ou méconnues, dans les écrits
du médecin milanais
;
la
vogue extraordinaire des
Livres de la Subtilité les a signalées à l'attention d'une foule de
savants
ont
;
fait
ceux-ci les ont reprises
produire
C'est surtout
du
livre
Richard
de le
les
et,
par leurs méditations, leur
découvertes dont elles étaient grosses.
en France que
se
peut remarquer cette influence
Cardan, influence que
la
traduction
Blanc a puissamment secondée;
et,
par
par
faite là,
il
se
trouve que Léonard de Vinci a grandement contribué à l'éveil
de la Science française.
Mécanique nous fournirait bien des argul'appui de cette assertion; nous n'en citerons qu'un.
L'histoire de la
ments
à
Depuis François Arago, on
sait quelle place
de choix
il
con-
ÉTUDES SUU LÉONARD DE
240
YliNCI
vient d'attribuer, parmi les inventeurs de la
machine
à vapeur,
Salomon de Caux ou de Caus. Salomon sur cette de Caus fonde toute sa Mécanique industrielle En aucune machine, le travail résistant ne grande vérité peut excéder le travail moteur. Mais si Salomon de Caus a créé le mot travail, il n'a créé ni l'idée que ce mot représente, ni le principe fécond dont cette idée est un terme il les a empruntés au seul mécanicien moderne dont il cite le nom, à Cardan; et Cardan les tenait de Léonard. Lors donc que nous remonà l'ingénieur français
•
:
;
tons jusqu'à l'origine des théories qui régissent la Mécanique industrielle,
nous
les
voyons naître de ce que Cardan a pris
au Vinci. Il
en
est
même
de
de
la Paléontologie.
Nul, en France, ne paraît avoir affirmé l'origine organique
des
fossiles
avant ce potier de génie
qui a
nom
Bernard
Palissy.
imprimée en i563% que Palissy reconnaît, en examinant les coquilles pétrifiées dont abonde la Saintonge, que ces pierres curieuses sont les restes d'animaux qui ont vécu en ces lieux. Laissons-le nous conter^ dans sa Recepte
C'est
sa découverte ((
véritable,
:
Sur toutes choses qui m'ont
terre produisoit
fait
croire et entendre que la
ordinairement des pierres,
j'ay trouvé plusieurs fois des pierres, qu'en
eust
les
pu rompre,
il
se trouvoit des
coquilles estoyent de pierre plus dure que
c'a esté
parce que
quelque part qu'on
coquilles, lesquelles
non pas
le résidu,
1. Les raisons des forces mouvantes avec diverses machines tant utilles que plaisantes ans quelles sont adioint s plusieurs desseings de grotes et fontaines, par Salomon de Caus, Ingénieur et architecte de son Altesse Pal.'>tine Électorale. A Francfort, en la boutique do Jean Norton, iGi5. Cf. P. Duhem, Les origines de la Statique, t. I, p. 290,
—
Paris, 1905. les hommes de France pourront apprendre à mulaugmenter leurs thrésors Jtem ceux qui n'ont jamais eu cognoissance des lettres pourront apprendre une philosophie nécessaire à tous les habitans de la terre... Composé par Maître Bernard Palissy, ouvrier de terre, et inventeur des rustiques fîgulincs du Roy et de Monseigneur le Duc de Monlmorancy, pair et connestable de France, demeurant en la ville de Xainctes, A la Rochelle, De l'imprimerie de Barthélémy Berton, MDLXllI. Cet écrit est reproduit dans les diverses éditions des œuvres de Bernard Palissy dont la plus récente a le titre sui\ant Les œuvres de Maistre Bernard Palissy. Nouvelle édition, nnue sur les textes originaux par B. Fillon, avec une notice historique, bibliographif[ue et iconolog-ique par Louis Audiat. Niort, 1888. Nos renvois se rapportent à cette édition. 3. Les œuvres de Maistre Bernard Palissy, éd. 1888, t. I, pp. ^7 sqq. 2.
Recepte véritable par laquelle tous
—
tiplier et
—
:
LÉONAKD DE
qui a esté
la
cause que je
qui pouvoit estre
tourmenté
'J^'
débatu en
et
contempler
et
cause de cela... à baisser la teste le
long de
cause de cela,
pensay dès
et,
chose que je crois encore à présent
lors,
d'autres fois quelque habitation, et ceux qui toient, après qu'ils avoient la coquille, ils
où
mangé
le
pour
il
y a eu
lors y habi-
poisson qui estoit dedens
jettoyent les dites coquilles dedens cette vallée,
ledit
esloit
mon
estant en ce travail
m'asseure qu'il est véritable, que près dudit fossé
et
mon
de ne voir rien qui m'empeschast d'imaginer
fin
qui pourroit estre la d'esprit, je
suis
moyen et commençay
le
Et dès lors je
chemin, à
me
de plusieurs jours, pour admirer
esprit, l'espace
))
CAKDAN ET BERNARD PALISSY
VINCI,
fossé,
et,
par succession de temps, lesdites
coquilles s'estoyent dissoutes en la terre, et aussi la terre de ce
bourbier
s'estoit
terre fine,
modifiée, et les saletez pourries et réduites en
comme
terre argileuse, et ainsi lesdites coquilles se
venoyent à dissoudre sel desdites coquilles
et la
et liquéfier, et la
vertu et substance du
faisoyent attraction de la terre prochaine
réduisoyent en pierre avec soy; toutesfois, parce que coquilles tenoyent plus de sel en soy qu'elles n'en
lesdites
à la terre, elles se congeloyent d'une congélation
donnoyent
beaucoup plus dure que non pas la terre, mais l'une et l'autre se réduisoyent en pierre, sans que lesdites coquilles perdissent leur forme.
Oh!
comme
il
»
convient d'accueillir avec méfiance
le récit
de
l'inventeur lorsqu'il nous conte la genèse de ses découvertes
Avec complaisance, ses
il
nous
fait
descendre en
propres méditations; mais, trop souvent,
profondeur de
la il
!
oublie de nous
dire quelle lecture a fait jaillir l'étincelle qui a illuminé ces
ténèbres.
Dans
les
dialogues par lesquels
Bernard Palissy prend volontiers
il
le
nous expose visage de
«
ses opinions, la
qui tire toutes ses connaissances de l'observation
Practique ;
il
»
persifle
Théorique», gonflée d'une science ridicule que lui ont donnée de gros livres, écrits en latin. Il nous peint les « la
tourments des fossiles
et ;
débats de son esprit cherchant à deviner l'origine il
que ces tourments et débats eut ouvert Les livres de Hiérome Car-
omet de nous
prirent fin après qu'il
dire
ETUDES SLR LEONARD DE
248
VllNCl
danus, traduits par Richard le Blanc,
passage suivant
Conchites
«
^
et
y eût lu
qu'il
le
:
semblance d'une coquille, de rides
est dit à la
courbées, décoré d'armature jaune.
11
est
un
autre genre de
marbre blanc, mol, auquel coustumièrement sont trouvées les écailles des coquilles au lems passé on n'en trouvoit aucune part, sinon en la ville Megara, conchites, qui est espèce de
:
comme
Pausanias témoigne. Et ceci est un certain indice, que
mer
la
auparavant couvert
avoit
Megara. Car
long tems,
les
sous
et
où
quand
coquilles,
est
située
sont de
elles
deviennent pierres en plusieurs liens entre
elles
les rochers,
écailles des
région
la
muée. Pourquoi
la
c'est
terre, la
forme retenue,
qu'aucune de ces pierres sont munies
d'armatures dorées ou argentées, saline en est cause
:
substance
la
car
le
sel
de quelque pure portion du
matière qui n'est sans
la
resplendit sel.
:
et elles
sont faites
Celles qui sont faites des
coquilles sont composées de quelque portion salée
:
et cette
portion jelée extérieurement au grand froid du lieu, elle
une armature, pource que que
la
la partie
aqueuse
reluit. Et
matière aqueuse est meslée à la terre subtile;
fait
pourtant elle n'est
consumée. Aucunes de ces choses sont de nature provide, regardante à certaine perpétuel.
Que
ce
fin
:
et
aucunes sont argument de monde
»
passage de Cardan
ait
suggéré à Bernard Palissy
sa théorie de la fossilisation, la chose est tout d'abord évi
dente; ces deux auteurs attribuent l'un et l'autre l'armature solide et brillante des coquilles pétrifiées a la substance saline
que ces coquilles renfermaient
un
tel
et qu'elles
accord en une supposition
si
du hasard. Bernard Palissy, il point, et d'une manière fâcheuse,
l'effet
ont rejetée au dehors
;
étrange ne saurait être
est vrai, a la
modifié en un
doctrine de Cardan
;
celui-ci voyait dans les fossiles les témoins de l'antique pré-
sence de la
regarde se
mer aux
comme
lieux maintenant émergés; celui-là les
des débris de la cuisine humaine; en quoi
montre singulièrement naïf I.
Les livres de
p. i5i, verso.
et
mal
il
inspiré.
Hiérome Cardanus... traduits par
Ricliard le Blanc, éd.
i55G;
LÉONARD DE
CARDAN ET BERNARD PALISSY
VIJNGI,
'2l\()
Bernard
D'ailleurs, en parcourant soit la Recepte véritable de Palissy, soit ses Discours admirables
^ ^
nous aurions occasion
de noter maint passage où l'Inventeur des rustiques figulines
du
inspiré
s'est
Cardan y
livre
de Cardan; non pas, cependant, que
nommé;
soit
au
auteur moderne dont on emprunte
que pour
on ne
xvi" siècle, les
opinions; on ne
contredire Cardan; pour
où
si
il
nous
contredire,
le
souvent avait puisé sa soi-disant
Or
j'ay
mer des
vu
la
homme
faute
si
livre traité
il
nombre de
des montagnes et
une
où
C'est
».
»,
au
de ces discours qui :
que Cardan avoit de
la
fait
coquilles pétrifiées jusqu'au
mesme dans
impri-
cause pourquoy
les rochers.
il
se
sommet
Je fus fort aise de
lourde pour avoir occasion de contredire un
tant estimé; d'autre costé j'étois fasché de ce
livres des autres
le
Théorique
Practique
à celui
en
et,
Practique.
un
autrefois
Subtilitez,
trouve grand
voir
«
Des pierres, que nous empruntons ce dialogue ^
«
»
«
besoin de
le
l'a cité;
il
a révélé la source, produite par
huitième de ses Discours admirables, traite
le cite
le réfuter.
Fort heureusement, Bernard Palissy a éprouvé
citant,
guère un
cite
que
les
philosophes n'estoyent traduits en françois,
comme cestuy là, pour voir si d'aventure j'eusse pu contredire, comme je contredis à Cardan sur le fait des coquilles lapifiées. ))
Et
»
1
des
.
Théorique.
comment? Voudrois-tu
Discours admirables de
métaux, des
la
contredire à
nature des eaux
et
un
tel
sçavant per
fontaines tant naturelles qu'artificielles, du feu et des émaux, avec plusieurs
sels et salines, des pierres, des terres,
autres excellens secrets des choses naturelles, plus un traité de la marne fort utile et nécessaire pour ceux qui se niellent de l'agriculture, le tout dressé par dialogues es quels sont
par M. Bernard Palissy, Inventeur des rustiques de la Royne sa mère. A très haut et puissant sieur le Sire Anthoine de Ponts, Chevalier des Ordres du Roy, Capitaine des Cents Gentilshommes et Conseiller très fidèle de Sa Majesté. A Paris, chez Martin le Jeune, à l'enseigne du Serpent, devant le Collège de Cambray, i58o. Les œuvres de Maistre Bernard Palissy, éd. Fillon et Audiat, t. II. 2. Les œuvres de Maistre Bernard Palissy, éd. Fillon et Audiat, t. II, pp. i6o sqq. introduits la Théorique et la Practique,
figulines
du Roy
et
—
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
25o
sonnage, toy qui n'es rien? Nous sçavons que Cardan est
un médecin fameux,
lequel a régenté à Tolette, et qui a
com-
posé plusieurs livres en langue latine. Et toy, qui n'as que la
langue de
mère, en quoy est-ce que tu
ta
voudrois
le
contredire? ))
En
»
ce
a
qu'il
Practique. que
dit
estoyent esparses par l'univers, es jours
du Déluge, lorsque
montaignes,
hautes
terre,
la
l'univers, laissa
sont
poissons de
les
que
et
poissons,
les
en
réduits
sentence
la
et
la
mer
Pour
de M.
croire
que
la vérité
ne
Si est ce
eaux surmontèrent
plus
les
eaux couvroyent toute
les
mer
les
dilatoyent
se
par
tout
portans
poissons
elle
coquille
forme.
Voilà
se la
Cardan.
fort belle raison, et je
ne sçaurois
soit telle.
»
»
mer
Théorique.
une
certain, voilà
estoyent venues de la
sans changer de
pierre
»
»
qui
estant retirée en ses limites, les
et
l'opinion
pétrifiées,
comme
et,
coquilles
les
Practique.
me
que tu n'as garde de
faire croire
une
telle
bavasse... »
Si
Cardan eust regardé
le
livre
de
la
Genèse,
il
eust parlé
Moyse rend tesmoignage qu'es jours du Déluge les abymes et ventailles du ciel furent ouvertes et pleut l'espace de quarante jours, lesquelles pluyes et abymes autrement, car
amenèrent la
les
là
eaux sus
la terre, et
non pas
le
desbordement de
mer. »
»
Théorique.
Mais d'où voudrois tu donc dire
dedans escrit?
les pierres, si ce n'est
par
le
la
cause de ces coquilles
moyen que Cardanus
a
LÉONARD DE
»
pétrifiées qui
trouvent en
le
grand nombre de coquilles
la terre, tu
connoistrois que
la
ne produit guères moins de poissons portans coquille
terre
que
se
aSl
Practique.
bien considéré
Si tu avois
»
CARDAN Eï BERNARD PALISSY
VllNCl,
mer, comprenant en
la
icelle
les
fontaines et
rivières,
ruisseaux. L'on voit aux estangs et ruisseaux plusieurs espè-
de moules,
ces
quand y
il
et
quelque
a
poissons portant coquilles,
que,
en
icelle
sont gettées à terre,
coquilles
dites
les
autres
semence
salcitive,
elles
si
viendront
se
à
pétrifier... »
Par quoy je maintiens que
les
poissons armez,
et lesquels
sont pétrifiez en plusieurs carrières, ont esté engendrez sur
mesme, pendant que
le lieu
de
et
rochers n'estoyent que de l'eau
les
depuis ont esté pétrifiez avec lesdits
la vase, lesquels
poissons... »
»
Théorique.
Par ce propos tu n'as rien
fait
contre l'opinion de Cardan,
car tu n'as pas dit la cause de la pétrification des coquilles.
»
»
Aucunes ont
poisson
esté jetées
estant en
et,
Practique. en
la terre,
après avoir
mangé
par leur vertu salsitive ont
terre,
le
fait
attraction d'un sel génératif, qui, estant joinct avec eeluy de la
coquille en quelque lieu
aqueux ou humide,
dites matières estant jointes à ce pétrifié
la
la raison, et
le
regret
le plaisir qu'il ressentait à
qu'il
à
la
ne faut pas
controverse;
la
il
pensée d'autrui
latin. et
n'a
contredire Cardan, n^
éprouvait de ne pouvoir contester avec
philosophes qui ont écrit en
combattre
et
»
Assurément, Bernard Palissy aimait dissimulé ni
des
corps mixte ont endurcy
masse principale. Voilà
que tu en cherches d'autres.
l'affinité
Ce
désir
immodéré de
d'en triompher
imaginer de toutes pièces une théorie qui
les
l'a
conduit
fût aisée à réfuter
20-2
ETUDES SUR LEONAUI) DE VINCI
et à la prêter très
gratuitement au médecin milanais, qui n'en
avait soufflé mot. est
Il
pris les
Palissy,
Selon
recueille,
les
pour
fossiles
les
Bernard
d'antiques repas.
reliefs
coquilles pétrifiées témoignent que les terres
lui, les
on
011
comme
bien vrai que Cardan n'a point,
émergées aujourd'hui,
jadis sous les flots;
mais
insinué que ces
fussent ceux
flots
n'a point dit,
il
sont trouvées
se
même
n'a
il
du déluge biblique;
point
ne
il
le
pensait sans doute point,
et,
vraisemblablement, à l'imitation
d'Aristote et de Léonard,
il
admettait qu'au cours des temps,
océans
les
et
continents avaient lentement changé de
les
place. D'ailleurs,
Genèse nous a conté,
la
peu question aux Livres de
fort fait
du déluge que
une vague
De
donc
ce
est
à peine y est-il
la Subtilité;
douteuse allusion. Discourant des grandeurs
et
relatives de la terre et de l'eau, «
il
il
est
Cardan expose
manifeste
comment
ces
remarques
^
:
sont faites les inon-
dations que coustumièrement on appelle déluges. Car entendu
que si
l'eau est petite de nature, et
elle s'enfle
tems
quelque peu,
elle
mise au dessus de
couvre
elle est retirée, car elle est petite,
Mais
si
elle
tant
estoit
la terre,
les liens bas, et
en bref
quoi qu'elle fût creue.
grande qu'elle
estimée, elle
estoit
requerroit une grande augmentation pour faire les déluges.
Pourtant jamais
les
déluges ne fussent venus
pu
fussent venus, difficilement eussent-ils
ils
et retirés,
que
le
non seulement par et
:
plusieurs mois. Mais,
au déluge dont
donner leurs, I.
verso.
écrit
le plaisir
révoqués
fois,
la
de
la
comme
récite
ains plusieurs
»
Cardan, n'attribue l'origine des
Bible nous a gardé
Bernard Palissy a imaginé
seul,
une
derechef en peu de mois sont cessés.
Rien donc, en ce qu'a fossiles
être
cachée sous l'eau par plusieurs
Plato, ces déluges n'ont esté seulement fois
quelquefois
genre humain n'eust esté totalement esteint
et aboli; et la terre eust esté
ans,
et si
:
cette
le
hypothèse
souvenir;
pour
combattre. Que l'on n'aille pas,
se
d'ail-
s'étonner extrêmement de ce procédé de polémique.
dardai», Les livres de
la Subtilité,
traduits par Richard
le
Rlanc. éd.
loôf),
p.
03,
LÉONARD DE
Au XM°
siècle,
«
CARDAN ET BERNARD PALISSY
VINCI,
ceux de
Religion
la
»
206
invoquer
se plaisaient à
Bible en des discussions dont la science profane avait seule
la
connu jusque-là; les
sur
c'est ainsi
que Luther
premiers adversaires que le
résoudre au
nom
de
la
Mélanchthon furent
système de Copernic rencontra
le
théologique;
terrain
et
les
premiers,
prétendirent
ils
Révélation les problèmes de Méca-
nique céleste que saint Thomas d'Aquin, Albert
le
Grand,
Albert de Saxe, Pierre d'Ailly, Prosdocimo de' Beldomandi, Nicolas de Gus, Gœlio Galcagnini, Gopernic
avaient traités
par la raison naturelle. G'est sans doute cette coutume qui entraîna Bernard Palissy en sa polémique contre Gardan. comptait-il sur cette polémique pour faire
Peut-être aussi
oublier ce qu'il devait aux Livres de
quelques idées justes qu'il émettait au sujet de des fossiles,
il
les avait tirées
les avait
en
la Subtililé;
effet, les
formation
la
empruntées à Cardan qui, lui-même,
des notes de Léonard. Ainsi, par cette suite de
larcins, les vérités
que
a la
Practique
avait enseignées
»
au
Vinci touchant les coquilles pétrifiées allaient se répandant
parmi
les
savants,
singulièrement amaigries
mais fécondes encore
et
défigurées,
et
capables de donner naissance à la
Paléontologie.
Gomme
Yillalpand,
comme
d'autres de ses contemporains.
en plagiant
les
idées
l'oubli; grâce à la
sema partout,
et
Cardan
fut
un
de Léonard de Vinci,
grande vogue de son
son
comme
Bernardino Baldi,
manque de
découvertes dont elles portaient
les
pensées humaines
fait servir
plus tristes faiblesses des savants.
plagiaire; mais les
il
le
sauva de
livre étrange,
scrupules leur
les
tant
fit
il
les
produire
germe. Celui qui mène
au progrès de
la
Science les
VII
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET
LÃ&#x2030;ONARD DE VINCI
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET
LÉONARD DE VINCI
I
Où
TROUVENT LES PREMIÈRES PENSÉES DE LÉONARD
SE
SUR LA RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX.
Léonard de Vinci musicien
énuméré
après avoir tait
Ludovic
à
qu'il écrivit
seulement peintre, sculpteur
était aussi architecte et
il
;
n'était pas
ces motsï
:
«
le
More pour
ingénieur. lui
En
la lettre
services,
offrir ses
divers projets de génie militaire,
En temps de
et
paix, je crois pouvoir
il
ajou-
donner
complète, à l'égal de n'importe qui, en matière
satisfaction
d'architecture, dans la composition des édifices tant publics
que privés, autre.
et
pour conduire
eaux d'un endroit à un
les
»
Aucun
édifice
s'attribuait
;
important ne témoigne du talent que Léonard
mais
les
notes manuscrites qu'il a laissées abondent
en projets de palais, d'églises, de mausolées, certains
d'ajouter
Hanté par des visions
un
fleuron à sa couronne artistique.
d'édifices
;
préoccupé sans cesse des
selon lesquelles les forces s'équilibrent; soucieux, plus
qu'aucun
artiste
ne
l'a
jamais
été,
sciences projettent sur les arts,
î.
beauté de
de ces projets nous assure que l'occasion seule a
manqué au Vinci lois
et la
Eug. \tûntz, Léonard de p.
DUHEM.
des lumières que les diverses
Léonard devait nécessairement
Vinci, p. i4ii ty
ÉTUDES SLR LÉONAUD DE VlNCI
258
rechercher quels secours l'Architecture peut tique;
tirer
de la Sta-
devait, de tous ses efforts, tendre à la constitution
il
d'une théorie de la résistance des matériaux.
De
nous trouvons mainte
ces efforts,
trace
parmi ces notes
qui nous permettent de suivre pas à pas quelques-unes des
méditations du grand peintre.
que Venturi
a
marqué de
Bibliothèque de
En
particulier,
la lettre A, et
le
manuscrit
qui est conservé à la
renferme un grand nombre de
l'Institut,
réflexions sur la flexion des poutres, sur la poussée des arcs en
plein ceintre et en ogive, sur les
rupture.
De
ces réflexions,
moyens propres
à en éviter la
nous avons touché quelques mots',
tout en signalant les emprunts que Bernardino Baldi paraît
avoir contractés à leur égard.
Texamen des nombreuses remarques sur
Toutefois,
stance des matériaux que nous présente
des questions intéressantes dont tion.
De
il
le
cahier
A
la rési-
pose bien
ne nous donne pas
la solu-
quel principe les diverses propositions formulées par
Léonard ont-elles
été tirées?
de Statique alors connues,
amené
a-t-il été
et
Ce principe
se relie-t-il
par quel lien?
aux
lois
Comment Léonard
à le concevoir.'^ Autant de problèmes à la solu-
tion desquels les fragments exposés sous nos yeux incitent notre curiosité, sans lui fournir les
Visiblement, au
moyens propres
moment où Léonard
du cahier A de son
à les résoudre.
couvrait les feuillets
écriture renversée et de ses croquis, sa
théorie de la résistance des matériaux avait déjà reçu, en son esprit,
une forme aux contours
première ébauche, pour développée,
s'est
il
saisir le
nous
faut
Pour en trouver
arrêtés.
germe
la
à partir duquel elle
assurément étudier quelque
manuscrit plus ancien. Il
la
nous
a
semblé que l'on surprenait, en son principe même,
doctrine que Léonard de Vinci développera plus tard au
sujet de la flexion des poutres et de la solidité des arcs, lorsque
l'on feuilletait le
manuscrit conservé dans
la
bibliothèque du
prince Trivulzio^. Jll, Léonard de Vinci et Bernardino Baldi, IIIj p. loG. Cod/ce di Leonardo da Vinci nella biblioteca dcl Principe Trivuhio in Milano, Irascritlo edannotato da Lucaliellranii riprodutto in g'i lavolc clioiiralirlio da An^iclc I.
Vide supra
:
2. /i
;
.lolla
Croco. Milano,
MDCCCXCI
;
lUrito llocpli. (dKorc.
LA SCIEÎSTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
La lecture des notes,
très brèves
pour
la
plupart, qui
sent ce manuscrit, nous montre, en outre,
Léonard avait puisé per;
au
cette
nous
nous
source,
au plus
siècle
xni''
les idées
en un
trouvons
la
à
de dévelop-
composé,
écrit
un géomètre dont
tard, par
compo-
quelle source
se proposait
qu'il
2^^
le
inconnu.
est
Que Léonard
ait
emprunté
à cet auteur le principe de sa
théorie de la résistance des matériaux, cela n'est point
peintre et
paru assez
ayons proposé Vinci;
pour
du grand la Statique de ce mécanicien inconnu nous ont nombreuses et assez saisissantes pour que nous
nous étonner. Déjà,
de
nom
^
de
les analogies entre la Statique
nommer
mais nulle part
celui-ci le Précurseur de le
Léonard
contact entre Léonard et son
Précurseur n'apparaît plus intime, plus aisément reconnaissable,
qu'en ces courtes réflexions sur
au Codice
la
Mécanique consignées
Trivulzio.
II
Les AucroHEs de Ponderibus et le Précurseur de Léonard.
Le Précurseur de Léonard de Vinci
De ponderibus. Au Moyen- Age,
la
Mécanique
est l'auteur
d'un
sollicite les efforts
méthodes par lesquelles mêmes, en général, pour Tune
catégories de penseurs, et les traitée
ne sont pas
l'autre de ces
Cœlo
lorsqu'ils et
de deux elle est
et
pour
deux catégories.
D'une part, en sités,
les
traité
eiîet,
nous voyons
commentent
la
les Maîtres des
Physica ausculiatio ou le De
Mundo, développer, au sujet de Léquilibre
vement des poids, des doctrines
Univer-
et
du mou-
qu'ils rattachent à la philoso-
phie péripatéticienne. D'autre part, avant que les universités
ou bien après leur création, mais hors de leur discipline, des géomètres développent une Science des poids qui n'emprunte presque rien à la Physique de l'Ecole.
fussent créées,
I.
P.
Duheni, Les orujines de
la
Statique,
l.
1,
p. io4;
Pai'iï>,
Hjêô.
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
aOo
domaine peu étendu, mais
Cette science indépendante, au
nettement délimité, ne demeurait point inconnue, d'ailleurs, de ceux qui avaient étudié
déclare
^
qu'elle
«
ribus ; c'est
Physique scolastique. En 1267,
pour manifester
Bacon,
Roger
la
permet de comprendre
une science
de
l'utilité
».
Cent ans plus
Quatorze questions par lesquelles
il
ponde-
pour ceux
difficile
qui n'ont pas expérimenté les causes des
corps pesants ou légers
Géométrie,
la Scientia de
mais trop
fort belle,
la
mouvements
en l'une des
tard,
commente
des
le
Traité de la
Sphère de Jean de Sacro-Bosco (John of Holywood), Pierre d'Ailly,
ébauchant une classification des sciences, marque ^
place que doit occuper, selon lui,
le
la
Tractatus de ponderibus.
Les philosophes de l'École, d'ailleurs, ne se contentaient pas
de connaître la Science des poids; entre cette science doctrines qu'ils professaient,
chements; tantôt
ils
ils
faisaient parfois des rappro-
invoquaient à l'appui de leurs doctrines
des propositions empruntées aux traités De ponderibus interprétaient selon les principes
ils
les
et
axiomes qu'invoquaient ces
de
leur
traités. C'est ainsi
;
tantôt
Physique
les
qu'au xiv^ siècle
Albert de Saxe^^ et son disciple Marsile d'Inghen^' mentionnent écrits
les
relatifs à la
Science des poids. Parfois
même,
les
ne dédaignaient point de
maîtres de la Faculté des Arts
s'adonner à cette science; Biagio Pelacani, dit Biaise de Parme, qui enseigna avec éclat, à la fin du
de Paris, de Padoue
et
xiv'' siècle,
aux Universités
de Parme, nous a laissé un
traité
De
ponderibus^.
Les maîtres péripatéticiens et les géomètres qui s'adonnaient à la Scientia de ponderibus ont, les
grandement au progrès de I.
la
uns
et les autres,
Statique.
A
contribué
ceux-ci
on
doit
Miuormn, Opus majus ad Clemcnlrm Quartum, Roinanum. Ex M. S. Codice Dubliiiieiisi, cuin aliis quibusdum collalo, mine cdidit S. Jcbb, M. D., Londini, lypis Guliclmi Bowycr, MDCGXXXIII.
Fralris Rogeri Bacon, ordinis
Pontijicein
primam Pars IV,
dist. IV, cap.
XV,
p. io5.
de Aliaco, Episcopi Gameracensis, XIV Quasstioncs in Sphœram Johannis de Sacro-Bosco ; Quiestio I. (Gel écrit a ou de très iiombreuses éditions.) 3. Qaœstiones subtilissiniœ Alberli de Saxonia in libros de Cœlo et Manda; Libri 3.
III,
Pelri Cardinalis
qua^st. f\.
II
et III
;
Venetiis, 1/192.
Qiiœstiones subtilissirnœ
Johannis Marcilii Inguen super oclo
secunduni nominalium viani; circa libriini IV quiest. VIII et XI; P. Duliem, f.es origines de la Statique, t. T, p. l'iy; igoB. .').
libros Pfiysiconnn,
Lugdnni,
i5i8.
LA SGIENTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
dont Descartes
attribuer ce principe, verselle puissance
Ce qui peut élever an certain poids à une
:
fois moindre.
K.
axiome que
cet
déductions
pour
aurait
Torricelli
Un système
:
faut bien
titres
Jois plus
grand à
prendra pour point de départ de de gravité.
science par ces deux Écoles leur
la
égaux à notre reconnaissance
que ceux à qui
ses
en équilibre lorsque tout dérangement
est
Les services rendus à
K
Ceux-là ont, peu à peu, formulé
effet d'en élever le centre
donnent des
reconnaître l'uni-
fera
certaine hauteur peut aussi élever un poids
une hauteur
2G1
cette
;
mais
s'en
il
reconnaissance est due nous
soient de part et d'autre également connus.
Parmi
les
maîtres dont l'enseignement a développé au sein
des Universités la doctrine péripatéticienne de la gravité,
dont l'histoire nous a gardé
est
Pierre d'Ailly sont de ce
le
nombre. D'autres, parmi
les
plus
cependant
;
les
Universités nous ont conservé quelques traces
registres des
et
de leurs enseignements; ainsi en est- il pour
Thémon
Albert de Saxe, pour
Au
en
souvenir; Marsile d'inglien,
grands, ont été victimes d'un injuste oubli
de leur vie
il
le fils
du
Juif.
nous ignorons presque tout des géomètres qui l'École De ponderibus. La plupart du temps, les
contraire,
ont illustré
Scolastiques qui les citent les désignent, d'une manière collective et
anonyme par
ces
mots
de ponderibus Seuls les deux .
sont parfois mentionnés.
Nemore sont également
les
même comme de un
texte
auteurs des poids, auctores
les
noms d'Archimède
Euclide,
noms
manuscrits où se conserve récrit attribué à
:
la
et
de Jordanus
Archimède, Jordanus de
qui figurent en tête des textes Scientia de ponderibus;
Archimède n'est sûrement pas de est donné tantôt comme d'Euclide
Jordanus; mais
trois traités
lui;
mais mais
et tantôt
absolument disparates
réclament de Jordanus de Nemore.
se
Nous nous sommes
efforcé de mettre
un peu
d'ordre dans ce
chaos. Qu'il nous soit permis de rappeler en quelques mots les
conclusions auxquelles nous nous
Parmi
I.
p.
les traités
Duhem,
sommes
arrêtée
dont usait l'École de Jordanus,
Les origines de
la
Statique,
t. I,
il
en est qui
ch. V, VI et VII; Paris, igoS.
ÉTUDES SUR LEONARD DE YINCl
>.C)2
provenaient assurément de
hellène, bien qu'on ne
la science
puisse accepter sans réserves l'attribution que faisait à tel
De
ou
tel
Moyen-Age en
le
géomètre grec.
ou pour mieux dire de ces fragments, deux attribués à Euclide. Le premier, intitulé De levi et pon-
ces traités,
étaient
deroso
posait avec
libellas,
Dynamique
une grande
du
traitait
des principes de
levier.
Un fragment
«ur
se prolongeait
plet,
la
péripatéticienne. Le second, le Liber de poiideribus
secundum terminorum circumferentiam, la théorie
axiomes de
netteté les
les
poids spécifiques, aujourd'hui incom-
vraisemblablement par une description
de l'aréomètre; toujours on l'attribuait à Archimède
les prin-
;
cipes sur lesquels repose ce petit traité d'Hydrostatique sont,
cependant, contraires à ceux d'Archimède; bien plutôt, l'auteur de cet écrit semble s'être efforcé de déduire d'une Physique
voisine de celle d'Aristote les lois découvertes par Archimède.
A
ces traités d'origine hellénique joignons
écrit sur la
balance romaine,
le traité
De
un
élégant petit
composé
canonio,
un géomètre du nom de Charistion. Un commentaire, ou mieux une introduction au livre de Charistion, œuvre du célèbre astronome Thâbit-ibn-Kurrah, représente l'apport de la Science musulmane à la doctrine De ponderibus. sans doute par
Sur
cette
mince alluvion de Science hellène
et
de Science
musulmane, la Science occidentale commença de bâtir. Dès le début du xn!*" siècle, à coup sûr, et probablement avant cette époque,
elle avait jeté les
premiers fondements d'un édifice qui
ne devait plus cesser de grandir
et
de s'étendre.
de génie, dont nous ignorons tout, sauf Statique des temps
modernes en un
d'introduction au traité
le
Un géomètre
nom, inaugura
la
petit écrit destiné à servir
De canonio; en
cet écrit,
où
il
créait la
notion de gravité secundum situm, Jordanus de Nemore inventait la
ver la
méthode des travaux virtuels loi d'équilibre du levier.
et s'en servait
pour prou-
Le renom de Jordanus étouffa celui que certains de ses disciples eussent mérité d'acquérir.
tique que composèrent les auteurs
Parmi
les
traités
du De ponderibus
et
de Sta-
que
les
LA SGIILM'IA
du xnV
scribes
PONDKKI MUS ET l-KONAKD UE Vl^Gl
\)E
siècle
nous conservèrent,
soit attribué à
du
texte qui, visiblement, fut le
raisonnable de regarder
deux autres
germe des autres
comme
l'œuvre du chef d'École,
écrits est
l'œuvre d'un philosophe, fort
peu géomètre, qui cherche à rattacher nus aux principes de
les doctrines
de Jordanus
et
de Jorda-
Physique d'Aristote. C'est sans doute
la
que Roger Bacon
à ce péripatéticien «
traités et qu'il
écrits sollicitent notre attention.
Le premier de ces
parlait
n'en est aucun qui
Jordanus de Nemore. Et cependant, à côté
ne
est
il
T-iO.'^
faisait allusion lorsqu'il
de son commentateur
»
L'œuvre de ce
.
commentateur fut comprise dans la rhapsodie qu'au xvi*^ siècle Pierre Apian donna comme représentant le Traité des poids ^
de Jordanus. Si l'écrit
du Commentateur
dépourvu de toute valeur d'un autre traité que aussi, à Jordanus.
péripatéticien de Jordanus est
scientifique,
les scribes
Œuvre
du
il
n'en est pas de
xni^ siècle attribuent, lui
d'un géomètre habile, ce
ferme quelques-unes des découvertes
les
par des démonstrations dont la rigueur
aux méthodes de
la
traité ren-
plus fécondes qui
aient été faites en Statique; et ces découvertes,
à envier
même
il
et l'élégance
les justifie
n'ont rien
Géométrie grecque. Le principe
des travaux virtuels dont Jordanus avait tiré la loi d'équilibre
du
levier droit sert,
libre
du
dans cet ouvrage, à prouver
la loi d'équi-
un procédé d'une extrême également une solution irréprochable
levier coudé, et cela par
ingéniosité
;
il
fournit
du problème du plan incliné, solution par laquelle l'auteur inconnu de ce traité De poiideribus acquiert à la reconnaissance des mécaniciens des titres comparables à ceux d'Archimède. C'est cet auteur
que nous avons
nommé
le
Précurseur de
Léonard de Vinci. Les textes manuscrits^ divisent son traité en quatres livres.
I. Liber Jordani Nemorarii, viri clarissimi, de pondèrihus propositiones XIII et eariimdem demonstratlones, maltarumqae rerum raliones sane pulcherrimas complectens,
in lucem editus, cum gratia et privilégie imperiali, Petro Apiano, mathematico Ingolstadiano, ad XXX annos concesso. MDXXXIII.
nunc
La Bibliothèque nationale possède deux de ces textes, tous deux du xiii* siècle; trouvent dans les manuscrits 7878 A et 858o (A fonds latin). Tartaglia, dans ses Qiiesiti et inventioni diverse, Aysiit impudemmeni lilagié ce traité; il en légua le texte ->..
ils se
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
264
Les trois premiers sont seuls consacrés à
ment
dite.
Le quatrième
traite
à la Science de
propre-
de questions fort diverses,
que nous rapporterions aujourd'hui drostatique,
la Statique
à la
l'élasticité.
Dynamique, C'est en
à l'Hy-
lisant ce
quatrième livre que Léonard conçut ses premières pensées sur la résistance des matériaux.
III
Une remarque de Léonard a propos du levier et du La plupart des pensées le
treuil.
Mécanique que renferme bibliothèque du prince Trivulzio
relatives à la
manuscrit conservé en
sont des notes jetées sur
la le
papier par Léonard, alors qu'il
lisait le traité
De ponderibus dont nous venons de parler;
se rapportent
presque toutes au quatrième livre de ce
parmi
les
propositions de ce quatrième livre,
ne soient, au Codice
Trivulzio^ l'objet
il
en
elles
traité;
peu qui
est
d'une remarque; celles
qui n'y sont point mentionnées se trouvent commentées en d'autres écrits de Léonard, particulièrement au cahier
Bibliothèque de l'Institut; ce cahier semble
comme un développement du
Codice
être,
Trivulzio;
E de
en
la
effet,
bon nombre
de pensées, simplement ébauchées en celui-ci, parviennent,
en
celui-là, à leur Il
est,
forme achevée.
toutefois,
un
du Codice
feuillet
Trivulzio^
dont
les
réflexions ne paraissent pas se rapporter au quatrième livre
du traité De ponderibus, mais du troisième livre.
à l'avant -dernière proposition
à son ami Curtius Trojanus, l'éditeur vénitien; celui-ci le publia'; mais, incapable de déchiffrer les abréviations dont avait fait usage le copiste du Moyen-Age, il présenta l'œuvre du disciple de Jordanus de la manière la plus fautive et la plus incompréhensible. L'importance de cet écrit pour l'histoire de la Mécanique a été signalée tout
d'abord par M. G. Vailati''. I. Léonard de Vinci, Codice Trivulzio,
fol.
26
r" (34).
a. Jordani Opusculum de ponderosiiate, Nicolai Tartaleae studio correctum et novis figuris auctum. Veneliis, apud Curtium Trojanum, MDLXV. h. G. Vailati, Il principio dei lavori virtuali, da Arisiotele a Erone d'Alessoudria (Accademia Reale délie Scieuze di Torino, Vol. XXXII, anno 1896-1897).
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
265
Lorsqu'un poids pend à l'extrémité d'un bras de
pour
l'efTort qu'il faut faire
mesure que
fur et à
rapprocher de
le
maintenir soulevé diminue au de l'horizontale pour se
le levier s'éloigne
la verticale
;
en
le
effet,
sans cesse, de plus en plus
devient,
levier,
moment
petit.
de ce poids
Cette
remarque
n'échappe sans doute pas au fellah qui puise de l'eau au bord
du
ne
Nil; aussi l'Antiquité
de Héron d'Alexandrie
ment ou implicitement
et la
point ignorée;
l'a-t-elle
les écrits
de Pappus en supposent expliciteconnaissance.
mesure du moment d'un poids suspendu à l'extrémité d'un bras de levier oblique que le Précurseur de Léonard de Vinci consacre l'avant-dernière proposition de son C'est
à
la
troisième livre. Cette proposition, Quolibet ponderoso
secundum mensuram
l'énonce ainsi
il
ab
sequalitale^
:
ad directionem^
elevato,
omni positione pondus
sastinentis in
ipsius
determinari est possibile.
Le développement que l'auteur du De ponde ribus donne à
cette
non
seu-
proposition renferme des affirmations inacceptables,
lement en
l'édition
si
étrangement incorrecte de Curtius Tro-
janus, mais encore dans les textes manuscrits du
même
la grossièreté
de son
siècle
;
de ces erreurs nous assure qu'elles sont
l'œuvre de quelque copiste inintelligent tres parties
xiii''
;
d'autant qu'en d'au-
usé fort correctement de
traité l'auteur a
la
notion de moment.
La proposition que nous venons de citer
a
sûrement
Léonard
de
attiré
Vinci.
Au
l'attention feuillet
de
que
nous avons mentionné, deux dessins se trouvent tracés. res,
l'une
(flg.
i)
De ces deux a évidemment
figutrait
changement qu'éprouve le moment d'un poids pendu à l'extrémité au
d'un bras fort
I.
de
analogue à
= =
œqualitas
3. directio
la
levier
lorsqu'on
incline
FiG.
ce
celle qu'avait tracée l'auteur position horizontale.
la verticale.
levier;
I.
elle
est
du De ponderibus ;
m
KTIjDES SUU
l'autre (fig. 2) représente
deux poids inégaux
LEONARD OE VINCI
un
se tiennent en équilibre.
Auprès de ces deux figures «
La chose
qui,
par l'intermédiaire duquel
treuil
dans
se
trouve la réflexion que voici
la ligne
d'égalité,
:
trouvera plus
se
éloignée de son support ï, sera d'autant moins soutenue par ce
Fig.
support,
comme
Fig.
2.
cela est
3.
démontré ci-dessous, enMN.
même
Cette pensée est reprise par Léonard, en la
»
page, sous
quatre formes peu différentes. Contentons- nous d'en reproduire une, qui est la plus développée. Elle figure
quées
ffig.
3) d'une règle très inclinée et
les distances
se trouvent
la
mar-
des deux extrémités à la A^erticale du point
de suspension. Elle est ainsi libellée ((
où
accompagne
La partie de ce bâton qui
:
est la plus éloignée
de son sup-
port est moins soutenue par ce support; étant moins soutenue, elle
garde plus de liberté pour observer sa nature
est
pesante
et
que
la
nature
des
;
comme
choses pesantes
elle
désire
descendre, cette partie du bâton descendra plus vite qu'aucune autre partie.
»
La page que nous venons de
lire
suggère bien des remar-
ques.
En premier été le I.
germe qui
C'est-à-dire
grande.
lieu, les réflexions
:
a
dont
que nous venons de
donné naissance la distance à
citer onl
à la théorie delà résistance
sou support a une projection liorizonlale plus
LA SGIENTIA DE l'ONDERlBUS ET LEONARD DE VINCI
des matériaux développée par Léonard
nous
;
267
verrons tout
le
à l'heure.
En second avait sous les cette étude
Léonard a
lieu, si
yeux
le traité
écrit ces réflexions alors qu'il
de son Précurseur
ne nous permettra guère d'en
un
n'en sont pas moins conçues dans celui de la
Scientia
de ponderibas
Saxe
plutôt de celui d'Albert de
passage
^
où Albertutius critique que
siturn telle
la
doLitei'
et la
esprit qui
n'est point
Cet esprit procède bien
.
semble inspiré par ce
il
;
— suite de — ces réflexions
notion de gravité secandum
la présentaient les Auctores de
ponderibas
:
Nous devons déclarer qu'un grave ne désire pas plus descendre par une ligne que par une autre s'il descend par ((
;
telle
qué à »
non par telle autre, ou telle résistance...
ligne et telle
Mais, dira-t-on,
descendre par
voyons, en diculaire,
il
la
eflet,
il
cela tient à ce qu'il est appli-
semble bien qu'un grave désire plutôt
perpendiculaire que par une oblique; nous
que lorsqu'un grave descend par
est plus
soit le signe
la ligne
arrêter lorsqu'il descend
la
raison de cet
désir de descendre par
l'oblique; cet effet tient à ce
qu'il
efîet, est
plus
difficile à
suivant la verticale que lorsqu'il
descend obliquement; mais
moindre résistance
la
oblique.
Je réponds à cela qu'un grave, en
un plus grand
paraît bien
il
d'un désir plus grand à descendre par
perpendiculaire que par ))
perpen-
de l'arrêter ou d'empêcher sa
difficile
descente que lorsqu'il descend par une oblique;
que ce
la
que
le
la
effet n'est
verticale
que par
corps pesant éprouve une
descend verticalement que
lorsqu'il
point
lors-
descend obliquement, sur un plan incliné, par exemple;
moins facile d'empêcher le mouvement d'une puissance motrice donnée avec une moindre résistance qu'avec une résistance plus grande. » or,
il
est
La méthode par laquelle la
les
Auctores de ponderibas traitaient
Statique, forme première de notre
travaux virtuels,
n'exigeait
moderne méthode des
pas que l'on
réaction des appuis sur les poids mobiles I.
Alberti de Sax.onia Sabtilissimœ ITI quaest. Xf.
lihrum
Qaœstiones
in
;
prît
garde à
la
Albert de Saxe, au
libros
de Cœlo
el
Mundo ;
in
ÉTUDES SUR LEONARD DE YINCI
268
comme
contraire,
qu'on
plus tard Guidobaldo
de
justifie les lois
par
la Statique
Varignon, veut
et
considération de cette
la
Dans les passages que nous venons de citer, nous voyons Léonard confronter, pour ainsi dire, les deux méthodes. réaction.
où
Cette occasion n'est pas la seule
aux prises
Trivulzio mettent
de Léonard avec
enseignements du Précurseur
les
doctrines d'Albert de Saxe
les
du Codice
les réflexions
nous en trou-
;
verons d'autres.
Mais plus encore que l'influence d'Albert de Saxe,
une qui paraît citer
En
tote.
deuxième question,
sa
en
est
aux passages que nous venons de
se trahir
c'est l'influence directe des Questions
:
il
mécaniques d'Aris-
déclare qu'un corps
le Stagirite
mobile sur un cercle éprouve une résistance
(Ixxpouatc)
d'au-
tant plus grande
en donne
cette
que
le cercle est
plus petit
il
;
du plus petit rayon est plus voisine du centre Hxq que l'extrémité du plus grand Kaxi yàp xo lYvuispov raison que
l'extrémité
«
:
£?vai Tou [j.ÉvcvTcç TYjç
âXaxTovc^ xo ay.pGV,
r^
Ce principe joue un rôle tout à
était
Il
[j.£'ZovC(T. »
primordial dans
fait
donc bien capable
Léonard, pour peu que celui-ci
les
d'attirer l'attention
de
eu connaissance des Ques-
ait
mécaniques.
tions
Or,
il
peu vraisemblable que ce monument de
serait
science grecque lui fût
demeuré inconnu, car
heure l'attention des savants de ceni de est
xy]ç;
développe au sujet des diverses
considérations qu'Aristote
machines.
xo
un
dans
de bonne
à la fin
du
xv* siècle,
des premiers érudits qui aient étudié les auteurs grecs
ï
la
originaux
traduction
mécaniques. fait%
attira
Renaissance. Nicolas Leoni-
Tomes, qui enseignait à Padoue
les textes
publié
la
il
la
On
peut,
;
et le
or, le seul de ces textes
commentaire
d'ailleurs,
dont
il
ait
est celui des Questions
relever,
—
et
nous l'avons
— au cours des notes de Léonard, d'autres traces de
l'in-
fluence exercée par les Questions mécaniques.
1.
Nicolai Leonici
proxima liabonlur
Thomapi Opuscula nupcr
in
lucem
a?dita,
quorum nomina
pagolla... Conversio mechanicarum quœstionum Arislotelis cumfigiiris
annotationibus qiiibusdam... In fine Opusculum hoc ex impressione repiwscnlavit Bernardinus Vitalis Venetus anno Domini MCGCCCXX.V, Die XXllI Februarii. Ex
et
:
Veneliis. 2.
Vide supra: p. 7O.
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
269
Voici une nouvelle remarque qui, plus encore que les trois
rend intéressants
autres,
avons reproduits
Ouvrons
le
tement
Un
les
aux précieux volumes de
des feuillets de ce cahier
i
la
cordes
les
enroulées
Bibliothèque de
nous présente exac-
deux dessins que reproduisent
où
points
les
:
cahier manuscrit formé par les feuilles que Libri
avait arrachées l'Institut.
notes et les dessins que nous
les
les figures
sur les
touchent ces tambours
lettres
M, N. Auprès du premier de ces deux dessins réflexion,
et 2
tambours
treuil
cette
i
ont été marqués
des
;
du
mêmes
se trouve
presque identique à celles que nous avons
lues dans le Codice Trivalzio
:
«
La chose qui
est plus éloignée
de son point d'appui est moins soutenue par lui; étant moins soutenue, libre la
elle
garde plus de sa liberté,
et
parce que
le
poids
descend toujours, nécessairement l'extrémité du fléau de
balance qui est plus distante de son point d'appui, parce
qu'elle est plus pesante, descendra de soi plus vite partie.
»
Lorsque Léonard trace ces lignes, cupé des
mêmes
qu'au
pensées
réflexions sur les feuillets
nant,
qu'aucune
il
en
tire
évidemment préocmoment où il jetait ses il
du Codice
est
Trivalzio. Mais,
mainte-
des conclusions dont le Codice Trivalzio ne
porte point de traces.
Au
feuillet
du manuscrit qui provient du fonds
dessins reproduits par les figures
d'un autre croquis; figure
I,
celui-ci,
est la copie
peu
i
et 2 se
((
de l'un des dessins qui illustrent
la réflexion
Pelacani dit que
bera plus vite que
le
le
que voici
Parme. A ce dessin
:
plus petit, parce que sa descente décrit fait le petit, et
poids désirant tomber par ligne perpendiculaire,
tira
d'autant plus que
le
plus grand bras de cette balance tom-
son quart de cercle plus droit que ne le
trouvent au-dessous
différent, d'ailleurs, de notre
Tractai as de ponderibas de Maître Biaise de
Léonard joint
Libri, les
le cercle se
courbera plus.
parce que, il
se ralen-
»
I. Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Gh. Ravaisson-MoUien. Ms. 2o38 (italien) de la Biljliothèque nationale (Acq. 8070, Libri), fol. 2, verso. Cf. P. Diihem, Les origines de la Statique, t. 1, p. 160-162.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
270 C'est alors
que Léonard dessine
figure 2 et qu'il ajoute ces
La figure
((
MN
mots
M
parce que
jette à terre cette raison,
s'abaisse.
Ajoutons qu'un peu
pourtant,
et,
fait,
à
chaque
sur
jdIus loin,
instant,
Combien sont venons de
faire
le
même
feuillet,
dans ses notes,
instructifs
les
le
moment, dont
plus pesant
commun
des graves
directement au centre
de l'obliquité de
cette considération
en corollaires exacts,
moins oblique.
la trajectoire,
Commentateur
le
avait étudié le
était d'autant
ou, en d'autres termes, que sa trajectoire était
la
Léonard
!
qu'il tendait plus
de
poids
rapprochements que nous
Jordanus avait déclaré qu'un corps
substitué,
le
plus heureux usage.
Nous y voyons, tout d'abord, que Léonard Tractatas de ponderihus de Biaise de Parme.
A
la des-
»
présente d'une manière fort exacte la notion de il
la
:
cente de ses poids ne va pas par cercle,
du grand bras
reproduit en
le lieuil
féconde
péripatéticien avait
par une transposition fâcheuse,
considération
la
courbure; Biagio Pelacani avait adopté cette manière
de voir.
A
l'opinion inacceptable
du Commentateur péripatéticien
et
de Biaise de Parme, Léonard oppose victorieusement l'exemple saisissant
que
lui offre le treuil.
niciens se réclamaient,
par
il
principes dont ces méca-
substitue des considérations inspirées
les doctrines d'Albert
aux mécaniciens du
Aux
de Saxe. Par
là,
il
prépare la voie
xvi^ siècle qui s'insurgeront contre
enseignements de l'École de Jordanus,
et
les
particulièrement à
Guidobaldo del Monter y a plus, et l'on est en droit de se demander si le marquis del Monte n'empruntait pas à Léonard quelques-uns des arguIl
ments par lesquels
il
combattait l'École de ponderibus.
assez malaisé d'en douter lorsqu'on
lit
blable à ceux que nous venons de citer Si le bras de la 1.
Cf. p.
Duliem, Les origines de
Guido Ubaldo 2.
OD
balance
et Benedetti. T.
\,
(fig.
la Slalique, cli.
ce passage %
(>oncordiauij
est
sem-
:
U) est plus
X: La
long que
le
réaction contre Jordanus-
pp. 209 sqq.
Guidi Ubaldi e Marchionibus Montis Mechanicorum
nynium
si
11
MDLXXVJI, De
lil)ra,
prop. IV.
liber...
Pisaurij
apud Hiero-
LÀ SCIËNTIA DE PONDERlBUS ET LÉONARD DE VINCI
bras OC, Lin poids placé en
371
sera plus lourd lorsqu'il
pend
du premier bras qu'à l'extrémité du second, descente du poids sera plus proche du
à l'extrémité la
mouvement
OH le
que par
la
circonférence OG. Si donc
centre de la balance est placé en D,
poids sera plus libre le
et
moins
centre était placé en G
plus lourd. être
))
G
O
naturel par la circonférence
;
Ce passage,
le
que
lié
partant,
il
si
sera
pu
toutefois, a
suggéré au marquis del Monte par
la
lecture des Questions mécaniques d'Arisioie. D'ailleurs,
car
«
que Guidobaldo
Frc.
/i.
connu
ait
certaines pensées de Léonard de Vinci,
il
n'y aurait rien là
qui nous puisse étonner; Guidobaldo avait Bernardino Baldi
pour familier,
et
nous avons vu que
s'inspirait sans cesse des idées Si
Léonard a
dont usait
traité
la
il
même
Mécanique de Baldi
conçues par Léonard.
rejeté certaines des
dans l'École de Jordanus,
la
opinions qui avaient cours
y a été poussé par École.
la lecture
Déjà, l'étude des feuillets
volés par Libri nous avait conduits à cette conclusion
même sous
temps que les
moment
yeux
le traité
d'une force
impérieusement
cette
s'est
^
:
a
En
de Biaise de Parme, Léonard avait
de son Précurseur lorsque
l'écrit
d'un
manifestée à
lui.
»
du
l'idée
Combien plus
conclusion va s'imposer à nous lorsque
nous aurons achevé l'examen du Codice
Trivulzio!
IV Les réflexions de Léonard sur le quatrième livre
DU Tractatus de ponderibus composé par son Précurseur.
Parmi
les
propositions que le Précurseur de Léonard a
for-
mulées au quatrième livre de son traité, il n'en est presque aucune dont les écrits du grand peintre ne nous offrent un
I.
I'.
Duhem,
Les origines de
la Statique,
t.
I,
p.
lO'i.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
272
commentaire
souvent ce commentaire se trouve au Codice
très
;
ne
Trivulzio; lorsqu'il
s'y
trouve pas, nous
sommes
peu près
à
où Léonard a
sûrs de le rencontrer en quelqu'un des cahiers
consigné ses réflexions. N'insistons pas sur
Précurseur;
le
mouvement.
Léonard étudie éprouvent de
formulée
elle est ainsi
On ne
»
première proposition énoncée par
la
saurait
la résistance
«
:
Toat milieu gêne
énumérer tous que
les
corps
les
passages
le
011
en mouvement
part du milieu qu'ils traversent; mais tant
la
d'auteurs en ont parlé avant lui qu'il serait malaisé de relever
en
de
ses réflexions la trace
ticulier,
:
ou
tel
d'entre eux
et,
en par-
de l'auteur du De ponderibus.
Venons de auteur
tel
Plus
c
seconde proposition que donne cet
suite à la est
pesant
le
lente la descente qui se fait
sition, à l'appui
milieu qui doit être traversé, plus est
au travers de ce
de laquelle l'auteur
milieu.
»
Cette propo-
l'exemple de
cite
l'air et
de l'eau, est une des traces les plus nettes que l'on puisse relever de l'influence exercée par la Physique péripatéticienne
sur la Mécanique
du Précurseur.
invoqué par Aristote, au troisième
démontrer que
le
Elle est, en livre
l'axiome
eff'et,
de sa Physique, pour
vide est impossible, attendu que
dans
le
vide les graves tomberaient avec une vitesse infinie.
Au
Codice Trivulzio, nous ne trouvons
cette proposition.
rien qui
concerne
Mais nous avons vu certaines réflexions,
consignées au Codice Trivulzio, se continuer, pour ainsi dire, sur quelques-uns des feuillets dérobés par Libri, et ces feuillets avaient été arrachés au cahier tut.
Or,
«
'
la
Bibliothèque de
l'Insti-
nous ouvrons ce dernier cahier, voici ce que nous
si
y lisons^
A de
:
Du mouvement
dans
l'air.
— Le
mouvement dans
l'air est
plus rapide que celui de l'eau (quoiqu'il soit causé par une au bas de la tranBibliothèque nationale (Les manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. llavaisson-MoUien. Ms. II de la Bibliothèque de l'Institut et mss. Ash. 2o38 et 2087 de la Bibliothèque nationale Paris, 1891). M. Ravaisson-Mollien a, d'ailleurSj fait remarquer (Ibid., conclusion, p. 5i) que le manuscrit A de la Bibliothèque de l'Institut et le Codice Trivulzio sont de même format. 2. Les manuscrils de Léonard de Vinci. Ms. A, fol. 3o, verso. 1.
Voir, à cet égard, la note mise par M. Ravaisson-MoUien
scription
du
lolio
I,
recto,
du manuscrit 2o38
(italien)
de
la
;
LA SCIENTIA DE PONDÈRIBtJS ET LÉONARD DE VÎNGI
d'autant que
force égale),
est plus
l'air
l'expérimenteras avec une épée.
subtil
278
que
l'eau; tu
»
Voici la troisième proposition du quatrième livre De ponderibus
:
Ce qal a plus de cohésion soutient davantage.
«
assurément à
C'est
du Codice
réflexion
cette proposition
que
se
»
rapporte une
un croquis représente une
Trivalzio^;
sphère pesante qui s'enfonce dans la vase; à côté de ce croquis
deux phrases
se lisent ces
:
«
La
terre qui est plus
mélangée
d'eau résistera moins aux poids posés à sa surface. L'eau qui
un
participera davantage de la terre fera résistance à
grand poids.
plus
»
Nous arrivons à l'une des plus remarquables propositions qu'ait données notre Aactor de ponderibus, celle qui occupe la quatrième place termes
La
«
:
elle
;
est
énoncée en ces
descente est d'autant plus
en un fluide qu'il est plus profond.
»
A
TQ
lente
l'énoncé
D
K
A
succède un développement qui mérite d'être reproduit ((
Soit
:
A B G D
(flg.
K
enfermé en de certaines lignes; soient E F les parties
cente,
E
au travers desquelles
étant la plus
les parties situées
B
et G.
Plus
de part
et d'autre
le liquide est
en
effet,
comme
comprimées par ce qui
de E sont
comprimées;
trouvent au-dessus, mais
les
aussi
G
E ^^^-
*•
les
parties
parties
se trouve
par exemple,
E,
est
du liquide qui
se
par celles qui se trouvent B,
G,
au-dessus
poussées à s'échapper de tous côtés
E de
B
située;
profond, plus les
comprimé non seulement par à côté;
se fait la des-
profondément
inférieures sont
parties
F
5) le fluide profond,
;
sont liquides et d'elles, elles
elles font
donc
sont
effort sur
F venait à céder, la partie E sortirait du lieu qu'elle occupe pour prendre une position plus élevée il est donc clair que non seulement la partie E supporte la telle sorte
que
si
;
F en repousse d'autant plus fortement K. F repousserait moins
partie F,
1.
mais encore qu'elle
Léonard de Vinci, Codice Trivubio, p.
DUUEM.
fait effort
fol. 33,
contre
elle,
et
recto (65). i8
ÉtLDES sur LÉONARD DE
•2-jl\
K si
fortement
la
de F; car alors
F
profondeur du lluide
la paroi solide
VIxNCt
était
terminée au-dessous
qui se trouverait au-dessous de
supporterait seulement ce liquide sans faire effort à ren-
Donc,
contre.
la
descente du liquide K, en la position qu'il
occupe, se trouve plus fortement empêchée que
moindre. De même,
était
plus fort empêchement.
Étrange
est la
le
T qui tombe éprouve un
poids
»
et
non moins étrange
en cette argumentation
tration! Et cependant,
profondeur
»
proposition
nous trouvons, de
si la
si
la
peu logique,
au sein d'un
la pression qui s'exerce
une notion plus nette peut-être que celle dont d'Archimède nous donnent la définition. Léonard de Vinci
Cette notion,
ment,
»
dit-ib,
qu'il lui est
En
cette
Saxe sur
repousse
«
:
fluide,
les
les parties
supérieures de
les parties inférieures.
brève réflexion,
la gravité qu'il
écrits
Aucun
«ne pèse au sein de son propre élément,
connexe;
donc pas sur
la
démons-
l'air
élé-
lors-
ne pèsent
»
c'est toute la doctrine d'Albert
de
résume pour l'opposer à l'auteur du
De ponderihus. Nous avons esquissé en notre première étude-^ cette théorie de la gravité et nous avons \\x comment elle avait conduit Albert de Saxe à ces conclusions, toutes semblables à
que Léonard vient de formuler
celle «
Lorsque^
point
les
unes
les
dont
les diverses parties
d'un corps ne se meuvent
unes à l'encontre des autres, elles^ne les
autres.
les parties
On
le voit
se
gênent pas
clairement en observant l'eau
supérieures ne compriment ni ne dépriment
les parties inférieures. u
:
»
Si les parties centrales de la terre ^ sont plus denses
les parties externes, ce n'est
par
les
celles-ci
que
point qu'elles soient comprimées
parties terrestres qui se trouvent au dessus d'elles;
ne pèsent pas sur
les parties sous-jacentes.
»
Une proposition analogue se trouve au livre des II po6Xy) axa attribué à Arisun bâtiment enfonce plus dans l'eau douce que dans l'eau de mer; l'auteur pense (XXII f, 3) que cola provient de ce que la mer contient plus d'eau qu'un 1.
jj.
tote;
fleuve. 2.
Léonard de Vinci, Codice
3.
Vide supra, p. i6. Alberti de Saxonia Qiixstioncs in libros de physica anscultotione: in libnini IV
ft.
TrivnlziOy fol. 0, verso (la).
qujest. X. 5.
Alberti de Saxonia Quœstioncs
in lihros
de
(^<flo
cl
Miindo, libri
II!
(nuusl.
III.
LA SGIENTIA DE PO>DERIBUS ET LÉO?iAKD DE
Une plus grande largeur diminue
((
mulée
la
s'agit
il
gravilé.
la
Ainsi est for-
»
quatrième proposition de notre auteur'.
d'un aphorisme de
270
VIISCI
Ici
encore,
Physique péripatéticienne; au
la
quatrième livre du De Cœlo (chap. YI), Aristote admet qu'une plaque de
large
aiguille
Pour
fer
peut
sur l'eau
flotter
pendant qu'une
mince s'enfonce. son
justifier
assertion,
le
disciple
de Jordanus
a
recours à des considérations peu différentes de celles que nous
avons vu développer tout à l'heure;
lui
que
le
invoque
il
pression
la
liquide sous-jacent exerce à l'encontre du grave;
celui-ci est large, plus est
monter,
et
puissante la résistance qu'il a à sur-
«plus sa descente est relardée
Selon ces derniers mots,
un théorème sur
plus
la
proposition dont
il
s'agit devient
qu'un fluide oppose à
la résistance
des graves; elle cesse d'être,
».
comme
le
la
chute
voulait Aristote,
une
d'Hydrostatique; d'erreur grave elle se transforme alors en
loi
vérité assurée. C'est avec ce sens
que Léonard l'adopte;
en ce sens qu'elle se trouve interprétée dans énoncés que voici ^ ((
Du mouvement
les
c'est
multiples
:
fait
par
le
grave.
meut du côté où il pèse le plus. » Et le mouvement du grave est fait du côté où il trouve une moindre résistance. » La partie la plus lourde des corps qui se meuvent dans Lair se fait guide de leur mouvement. » Ce grave est de plus lente descente dans l'air, qui tombe ))
Tout grave
se
en plus grande largeur. ))
suit
Il
que ce grave sera de plus rapide descente qui
se
resserre en plus courte largeur. »
La descente
libre de tout
grave est
faite
par la ligne de son
plus grand diamètre. »
Ce grave
se fait plus rapide qui se réduit
en plus courte
épaisseur.
1.
Au
Trojanus 2.
lieu de dit
:
:
Latitudo major minuit gravitatem, le texte
Les manuscrits
fol. 67,
recto.
imprimé par Curtius
Altitudo major...
de Léonard de Vinci. Ms. F de
la
Bibliothèque de l'Institut,
ÉTUDES SUR LÉONAKD DE
yyé »
La descente du grave
en plus grande largeur.
Ce passage
est d'autant plus lente qu'elle s'étend
»
est d'autant plus intéressant
dont nous parlons la
VliNCl
la
trouve jointe à cette autre
s'y
meuvent dans
plus lourde des corps qui se
de leur mouvement.
que
proposition «
:
La partie
l'air se fait
guide
un des aplioun emprunt du
Cette proposition, qui est
»
rismes favoris de Léonard,
est,
elle
aussi,
grand peintre à son Précurseur, Le cahier E, dont
nombre de
la citation
précédente est extraite, contient
réflexions sur la résistance qu'éprouve
fort large lorsqu'il
tombe dans
l'air. Il est
un corps
riche, d'ailleurs, en
corollaires tirés par le Vinci des enseignements de l'École de
Jordanus.
Nous trouvons, d'ailleurs, la proposition qui nous occupe énoncée par Léonard de Vinci en un autre cahier ^
«
Ce poids
figure.
se
se fera
de plus grande
»
Continuons venons à ((
montrera plus léger qui
:
la
la
lecture
du
que nous
traité
analysons
proposition suivante, qui est la cinquième
Une chose grave
se
l'eau, car l'air est
:
méat daatant plas rapidement
descend plas longtemps. Ceci est plus vrai dans
l'air
et
qa'elle
que dans
propre à toutes sortes de mouvements. Donc
un grave qui descend
tire,
en son premier mouvement,
fluide qui se trouve derrière lui et
met en mouvement
le
le fluide
qui se trouve en dessous, à son contact immédiat; les parties du milieu,
en mouvement, meuvent
ainsi mises
suivent, de telle sorte
que
celles
celles-ci, déjà ébranlées,
qui les
opposent
un moindre obstacle au grave qui descend. Par le fait, celui-ci devient plus grave et donne une plus forte impulsion aux parties du milieu qui cèdent devant lui, au point que celles-ci ne sont plus simplement poussées par lui, mais qu'elles le tirent. Il arrive ainsi que la gravité du mobile est aidée par
mouvement est mouvement accroît conti-
leur traction, et que, réciproquemenl,
accru par
la gravité,
nuellement 1.
la vitesse
en sorte que ce
du grave.
»
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms.
loi. 5(j, recto.
leur
M
de
la
Bibliothèque de
riiistitiit,
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
Ces considérations, nous
les
trouvons presque textuellement
reproduites par Léonard au cahier que Venturi a
M; nous avons remarqué
la lettre
la
277
déjà,
marqué de
y a un instant, que
il
précédente proposition de l'élève de Jordanus se trouvait
exactement énoncée en ce cahier. Voici donc ce que nous
très
lisons en ce cahier ((
La
M^
:
gravité qai descend libre acquiert à chaque degré de
vement un degré de poids. Ceci naît par
deuxième du premier
la
qui dit que ce corps sera plus grave qui aura une moindre
En
stance.
mourési-
on
cas de la descente libre des corps graves,
voit
manifestement, par l'expérience déjà alléguée de Tonde de
que
l'eau,
l'air fait la
même onde
parce qu'il se trouve poussé
et,
sous la chose qui descend,
de l'autre côté,
attiré, c'est-à-
une onde tournante qui aide à pousser en bas. A présent, pour ces raisons-là, l'air qui fuit en avant du poids qui le chasse montre manifestement qu'il ne lui résiste pas et, dire qu'il fait
mouvement; dès
pas conséquent, qu'il n'empêche pas ce
lors,
plus descend l'onde qui va plus vite que la gravité qui
meut, plus dure
le
mouvement de
le
cette gravité; plus la der-
nière onde s'en éloigne et d'autant plus elle prépare l'air qui
touche
poids à une facile
le
Reproduisons
danus ((
))
du
sixième proposition
disciple de Jor-
:
La forme du corps pesant change la vertu du poids. En effet, si ce corps est étroit et pointu, il traverse plus
aisément le
la
fuite. »
le
milieu, et cela pour deux raisons
sépare plus aisément est heurté
et,
par
là, il
par une moindre quantité
il
qu'il
éprouve une moindre résistance il
en premier
lieu,
il
devient plus léger; d^autre
part,
encore,
:
et,
d'air,
pour
en sorte
cette raison
passe plus rapidement. Le contraire aurait lieu
s'il
était obtus. »
Or, au cahier A, Léonard écrit ceci^
trouve de résistance dans
1.
l'air,
:
«Moins
la
chose
mue
plus elle va loin. Le corps long
Les manuscrits de Léonard de Vinci.
Ms.
M
de
la
Bibliothèque de l'Institut,
fol. /i6, recto. 2.
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms.
fol. 36, recto.
A de
la
Bibliothèque de
l'Institut,
ihUDES SUR LÉONARD
o^-jH
DF.
VIA'CI
pointu, de proportion pyramidale, ira plus loin qu'un corps
et
rond de poids
égal.
La page où cette autre a
Du
se trouve cette réflexion
pensée
coup.
»
:
— Un
autant son objet
nous présente encore
tombé de haut, endommage qu'un poids médiocre tombé de bas. » petit poids,
Cette pensée est suggérée à Léonard, croyons-nous, par la
septième proposition que son Précurseur donne en son quatrième livre
:
Tout corps produit une plus forte poussée lorsqu'il
((
est en
mouvement. S'il est
))
mû
par impulsion,
en état de pousser;
s'il
mouvement, plus
se
plus
un
il
il
se
meut, au contraire, de son propre
meut, plus
devient pesant.
Un
d'autant plus fortement qu'il se
proposition
n'est
devient rapide
il
corps en
obstacle plus fortement que
Cette
est clair qu'il est lui me^'me
il
s'il
et,
partant,
mouvement pousse donc ne
mouvait point,
se
meut davantage.
»
pas seulement intéressante
parce
de Léonard, elle
qu'elle a sans doute attiré l'attention
et
l'est
encore parce qu'elle nous manifeste une influence exercée sur
son Précurseur;
cette
aurons à relever
la
dont plusieurs
influence,
trace,
est
celle
des
nous
fois
Mç/^tkv.o:
-pî6Ay;;j.:tTx
d'Aristote.
La vingtième question de cet
une hache divise le divise
pas
si
le
le
Lors donc qu'on pose
elle
se
meut
communique
«qu'un grave en mouvement la
gravité que
hache,
et
par son poids
celui qui frappe.
empêche davantage
elle n'est
le
la
et
par
la
en repos.
mue que
par
pesanteur que
le
lui
»
huitième proposition
mouvement
reçoit
:
«
Ce qui
une plus forte imput
Appuyée d'une démonstration peu
paraît surtout destinée à préparer la suivante ((
était
s'il
reçoit
sa pesanteur; lorsqu'au contraire elle est lancée,
Passons rapidement sur
sion. »
pourquoi
u
l'on se contente de la poser à la surface de ce
mouvement de
mouvement de
demande
bois lorsqu'elle frappe, tandis qu'elle ne
bois». Aristote répond
davantage
écrit
intelligible,
elle
:
La vertu du moteur semble également frustrée
et
par un poids
LA S(JE\T[A OE PONOERIBUS RT LEONARD trop grand de la chose mise en faible.
AB
Soient
soit si léger
moteur
le
par rapport à
il
accompagne
la
cette proposition
G
la
puissance du moteur
le projectile.
Il
reçoit à peine
il
peut arriver, au contraire, qu'il soit
pas à
par un poids trop
et
mette point obstacle; alors, Il
et
279
»>
Voici le développement qui ((
mouvement
V[NCr
l)K
si
se
peut que G
AB
qu'il n'y
une impulsion.
lourd qu'il ne cède
puissance du moteur ou qu'il n'y cède qu'avec peine
donc une impulsion
reçoit
deux
très
faible
:
ou
nulle.
;
Partant,
parce que cetfe
du moteur semble frustrée, puissance ne convient pas ou convient mal au
mouvement du
projectile.
dans
les
Le sujet de
cas, la puissance
»
cette proposition n'est point
demeuré étranger
aux méditations de Léonard de Vinci; témoin ces passages «
De
connaissance des poids proportionnés aux puissances de
la
leurs moteurs
K Toujours
la
puissance du moteur doit être pro-
portionnée au poids de son mobile
dans lequel ((
l'air
De
:
le
poids se meut...
chose jetée en
la
l'air
et à la résistance
du milieu
»
avec furie
—
^.
La chose jetée en
par une puissance plus grande qu'il ne convient à sa
moins de mouvement, chemin, que si elle était mue par une moindre puissance. Tu verras à en faire l'expérience avec une balle ou une vessie; si tu la jettes doulégèreté, fera
cement,
elle ira fort,
chemin.
»
((
lète
Pourquoi
et si
la balle est
tu la jettes fort, elle fera peu
de
chassée plus loin par rare que par Varba-
de grande longueur^.
— Toutes
les fois
une force ne sera pas proportionné à
que
cette
le
poids
mû
force, la
par
chose
poussée ne fera pas son dû parcours. »
Le poids, chassé par
proportion avec »
1.
fureur de la force, qui est hors de
ne fera pas son dû parcours.
Cela se confirme clairement par l'expérience; en
effet, si
Ms. E de
la
Bibliothèque de l'Institut,
Léonard de Vinci. Ms. A de
la
Bibliothèque de l'Institut,
Léonard de Vinci. Ms. A de
la
Bibliothèque de
Les manuscrits de Léonard de Vinci.
fol. 28, 2.
elle,
la
verso.
Les manuscrits de
fol. 33, recto. 3.
Les manuscrits de
fol. 29,
verso.
l'Institut,
ÉTUDES SUR LEONARD DE VTNCI
aSo
un rapide mouvement de bras une chose dont la légèreté n'est pas compagne de ta force, elle prendra peu de mouvement. De même, si tu traînes une chose tu éloignes de toi avec
d'un poids supérieur à
Mais
la
ta force, elle fera
Physique de l'École
peu de chemin.
souvent intéressée
s'est si
»
à cette
question qu'il serait téméraire de vouloir trop affirmativement
désigner elles
Léonard a trouvé
l'écrit oii
le
ont pu lui être suggérées par
germe de
les Questions d'Albert
De Cœlo aussi bien que par
Saxe sur
le
ribus; le
rapprochement que nous venons de
peu propre
à mettre
Vinci par ce dernier
En revanche,
la
ces réflexions;
le
de
Tractatus de pondefaire
est
donc
en évidence l'influence exercée sur
le
écrit.
proposition dont nous venons
l'énoncé et la démonstration
lièrement nette que l'auteur
de citer
marque d'une manière particudu Tractatus de ponderibus avait
quelque connaissance des Questions mécaniques attribuées à Aristote.
comment
Voici, en effet, ces Questions ((
formulée
est
la
trente-cinquième de
:
Pourquoi
ne sont-ils point lancés au loin lors-
les projectiles
quHls sont ou trop petits ou trop grands?
»
Et voici la réponse qui est donnée à cette question «
Il
faut
que
le
projectile
manière au moteur. Ne et
faut-il
poussé résiste à ce qui
corresponde
d'une
certaine
pas que ce qui doit être projeté
pousse? Dès
le
:
lors, ce
qui ne cède
aucunement à cause de sa grandeur ou ce qui ne résiste aucunement à cause de sa faiblesse, ne saurait faire jet ni impulsion. Celui-là, en effet, ne cède aucunement parce qu'il excède trop les forces
ne
résiste
du moteur;
aucunement...
celui-ci,
parce qu'il est très
»
La treizième des Questions mécaniques «
Pourquoi
les
fronde qu'avec
la
faible,
projectiles se
main seule?
est la suivante
lancent-ils plus
loin
:
avec
»
Les considérations qui accompagnent cette question se
minent <(
ainsi
une
ter-
:
Lorsqu'on se sert d'une fronde,
la
fronde est une ligne issue de ce centre
main ;
se fait centre; la
plus elle est grande,
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
plus le projectile est la
main,
la ligne
à la fronde.
mû
rapidement. Lorsqu'on
qui meut
le projectile est
jette
»
composait sa dixième proposition
ribas, lorsqu'il
La
rotation
du propulseur en augmente
d'autant plus fortement que
De
A
avec
courte par rapport
De ponde-
Cette Question semble bien avoir inspiré l'auteur
«
28
rayon en
le
vertu,
ta
et
cela
est plus long. »
donne deux raisons
cette vérité, l'auteur
:
:
l'extrémité d'un plus long rayon, le projectile est plus
pesant, et son
La onzième
mouvement et
la
est plus rapide.
douzième proposition du Précurseur de
Léonard ne portent pas moins nettement
marque de
la
fluence exercée par les Questions mécaniques
réservons l'examen pour
le
;
l'in-
mais nous en
prochain paragraphe, car
elles
ont
inspiré ce que Léonard a dit de la résistance des matériaux.
Nous passons donc de ((
Ce qui
suite à la treizième proposition
reçoit une plus forte impulsion devient plus cohérent.
L'impulsion
est
produite
ont à pousser celles qui celles-ci
:
par se
les
parties
postérieures
trouvent devant elles;
—
qui
comme
opposent, grâce à leur poids, une certaine résistance,
qui se trouvent au milieu sont obligées de se resserrer
celles
parfois aussi, elles s'échappent sur les côtés.
que
sorte
Il
;
arrive de la
qui sont fixées aux parties
les parties inférieures,
supérieures, s'appliquent plus étroitement contre ces parties
lorsque celles-ci reçoivent une impulsion.
La condensation de
l'air
»
au-devant du mobile qui
a été maintes fois considérée par Léonard.
une de «
ses réflexions à ce sujets
L'air se
condense devant
le
traverse
Citons seulement
:
les
corps qui
le
pénètrent rapi-
dement, avec une densité d'autant plus grande ou plus petite
que
le
mobile
est
prouve pourquoi
de plus grande ou plus petite l'air se
le
une
I.
tout de ce qui est en avant. C'est ce que
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. verso.
E de
la
le
partie ne pousse
nous enseigne
l'inondation qui s'engendre au-devant du navire.
fol. 70,
On
condense au-devant des corps qui
pénètrent, parce que ce qui en pousse
pas
vitesse...
))
Bibliotlièque de l'Institut,
ÉTTJDRS SLR LÉONARD DE VINCI
•jH'J.
La proposition que nous venons d'étudier paraît avoir eu surtout pour but de préparer la suivante,
Léonard nous
connaître
fait
Précurseur de
oii le
du rebondissement
sa théorie
après le choc. Cette théorie est remarquable par le rôle qu'elle
du corps choquant, soit des éléments du milieu condensé en avant du mobile. La voici « Un corps dont les parties sont cohérentes se rejette directeattribue à l'élasticité soit des éléments
:
ment en arrière produit par
l'efFet
du
soit
l'eau
Soient A
projectile,
le
B
donc que A quitte se trouvait,
le lieu
pour
que A
cause
à
effet et
que B
La
même
il
moins que
Au moment
forte]. le
poids qui
G
B
;
en
est alors le
lieu
où
et
de
le rejeter
en arrière
tournant^ et cela d'autant plus [que l'im-
brisée par l'obstacle
A;
B du
impulsion a donc
le
oii
A
vient heurter G, B ne
surmonte
le
comprime
rend plus pesant; mais l'impétuosité de
seul de
G
retourne en arrière pour remplir
de chasser B en avant
un mouvement
le
se
et
A met B en mouvement; puis
laisse derrière lui.
peut plus avancer;
à
aussi
et
occupait et chasse
le lieu qu'il
faut
il
pulsion est plus
et
l'air,
corps se
le
milieu qu'il traverse
le
l'obstacle qu'il vient heurter.
par
ou
Gela se
»
plus ou moins grande raréfaction des parties [du projec-
la
tile].
il
au sein duquel
milieu
que ce milieu
meut, de
est
heurté dans son mouvement.
s'il
n'est plus pressé
A
trouve
se
que par
alors
le
poids
de rejeter en arrière ce projectile,
état
poids n'en soit trop fort; et
il
le rejette
norma-
lement, car B recule également de tous côtés.
La dilatation des parties du mobile produit
»
tat;
en
effet, les
parties
du mobile A qui
se
sont les premières qui heurtent l'obstacle G alors pressées par la se
trouvent derrière
le
même
résul-
trouvent en avant ;
elles se
trouvent
masse
et
elles,
ce qui les oblige à se condenser;
par l'impétuosité des parties qui
l'impétuosité des parties postérieures se trouve ainsi amortie; les parties antérieures,
reprenant leur volume primitif, revien-
nent en arrière en communiquant aux autres une impulsion. Si les parties
se
détacher
de-là.
qui ont été ainsi comprimées sont susceptibles de les
unes des autres,
elles
rejaillissent
de-ci
et
»
Gette théorie du choc a certainement attiré
du ne
manière
LA SCIKNTrV DE PONDERTRUS ET LEONARD DE VINCI
"iHS
toute spéciale l'atteiiliou de Léonard de Vinci. Le rôle qu'elle
jouer à
fait
condensation,
la
suivie de dilatation,
même
diverses parties d'un solide élastique^ soit
peut observer
masse
d'air;
il
des diverses
comprendre comment rebondissement d'un mobile sur une
que
parties d'un fluide tel
on
des
soit
le
lui fait
l'air,
applique aussitôt cette idée au vol des oiseaux,
sujet constant de ses méditations.
En deux passages du
idée naître au contact de la proposition il
y a un instant, au traité
passages
la fuite
que nous empruntions,
De ponderïbus.
Voici ces deux
de
engendre un mouvement plus rapide que
la force' l'air
denser, tout le
cette
:
Quand
((
nous voyons
Codlce Trivalzio,
qui résiste au mobile, cet air vient à se con-
comme
plumes qui sont pressées
les
poids du dormeur
corps qui chasse
et le
;
l'air,
par
et foulées
trouvant une
résistance en ce fluide, rebondit à la ressemblance de la balle
qui frappe une muraille. «
comprimer, tandis que
L'air se peut
Lorsque fuite
le
mouvement
de ce fluide,
tile se fait
et,
mouvement
le
de cet
air, le
qui chasse
ne
le
peut pas^
plus rapide que la
l'air est
du
fait
dans
l'air est
plus rapide que
apparaît dans
le
à celui qui l'animait d'abord. C'est lorsqu'il leur
vol des oiseaux,
bien qu'ils les meuvent avec toute
puissance du moteur qui
Il
se
produit un
appuyé du pied mains, est
et
effet
mur;
1. 2.
l'oiseau
si le
un mur,
mur ne
remonte
6,
avec
les
cède pas, l'homme
la lecture
mécanisme qui produit
Léonard de ^'^inci, Codice Trivuhio, fol. Léonard de Vinci, Codice Triviilzio, foL
fait,
homme,
n
Nous avons vu Léonard concevoir, à le
et
semblable lorsqu'un
nécessairement rejeté en arrière,
son Précurseur,
bas,
des ailes ont plus de peine à
des deux mains à
effort contre ce
le
est
que peut produire
la vitesse
anime;
les
d'autant plus que les pointes s'abaisser.
la fuite
corps qui a mis cet air en branle vient à prendre
impossible d'abaisser les pointes de leurs ailes vers
la
projec-
par conséquent, plus résistante. Ainsi,
un mouvement contraire ce qui
l'eau
partie qui est la plus voisine
la
plus dense
quand
»
verso (12).
20, recto (46).
le
u
du
traité
de
vol réfléchi
»
ÉTUDES SUR LÉOÎNARD DE VINCI
284
des oiseaux;
si
nous voulions connaître tout
su tirer du principe ainsi découvert,
maint
ici
du cahier
feuillet
E, conservé à la Bibliothèque de
Le Précurseur de Léonard projectile,
le
nous faudrait reproduire
I.
l'Institut
oii
il
le parti qu'il a
s'était
borné
choquant normalement
à considérer le cas l'obstacle, rebondit
suivant la normale. Les lois du choc oblique ne préoccupent
pas moins
le
Vinci, témoin ce passage
du Codice
Trivalzio'^
:
Toute chose qui heurte un objet résistant rebondit sur
«
objet sous
produite.
La
((
un angle
égal à celui sous lequel la percussion s'est
»
même
chose est prouvée en
troisième livre De
Cette loi,
la
Léonard
dixième proposition du
la
»
reprend au cahier A qui
de Codice Trivulzlo
sorte, la suite
la
nature du coup, où l'on traite de la balle
un mur...
lancée contre
«La
cet
ligne de la percussion,
»
en quelque
est,
:
du
dit-iP, uet celle
saut sont
placées au milieu d'angles égaux.
Tout coup frappé sur un objet saute en arrière par un
»
angle égal à celui de
la
percussion.
Cette proposition apparaît clairement; en effet,
))
si
tu frappes
un mur avec une balle, en arrière par un angle
égal à celui
de
si la
balle
elle
retour-
la
(Jig.
percussion; ainsi,
elle sautera
en C,
6) est jetée
nera en arrière par
la
B
ligne CB,
parce qu'elle est contrainte à laisser FiG.
sur la paroi
G.
et
si
des angles égaux;
tu la jettes par la ligne
retournera en arrière par la ligne DE;
elle
de percussion
et la ligne
entre
1.
2.
'^
M
BD,
et ainsi la ligne
de saut feront, sur la paroi FG, un
angle situé entre deux angles égaux,
foL
FG
comme on
voit l'angle
D
et N. »
Voir, en particulier, en ce manuscrit, les folios ai, verso; 87, verso, et Léonard de Vinci, Codice Triviilzio, fol. 87, recto (71). Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. A de la Bibliothèque de
19, recto.
89, recto. l'Institut,
LA SCIENTIÀ DE PUNDERIBUS ET LÉONARD DE VINCI
De
Léonard
cette loi,
de l'écho'.
Il
aussitôt application au
fait
examine %
d'ailleurs,
une foule de
285
phénomène
particularités
qui peuvent se présenter dans la réflexion qui suit
un choc;
visiblement, toutes ces pensées lui sont suggérées par la qua-
torzième proposition du quatrième livre De ponderibus. Simplicius, voulant prouver Taccélération de la chute des graves, cite^ deux observations qui sont propres à mettre cette
accélération en évidence
Lorsqu'un par exemple,
filet il
se
:
d'eau tombe d'un lieu élevé, d'une gouttière
montre continu au voisinage de son origine
mais bientôt l'accélération de
la
chute sépare
les
;
unes des
autres les gouttes d'eau qui tombent à terre isolées.
Quand une
tombe d'un lieu élevé, elle frappe l'obstacle plus violemment si on l'arrête vers la fin de sa chute qu'au milieu ou au commencemeut; ce choc plus violent est la marque d'une plus grande vitesse. Simplicius emprunte ces observations à un écrit intitulé Ile pi /.ivYjc7£03ç, composé par Straton de Lampsaque qui fut pierre
:
disciple de ïhéophraste, l'élève préféré d'Aristote. Mais clair qLi'elles
ont pu être
faites
de tout temps
et qu'il
il
est
serait
puéril d'en chercher le premier auteur. C'est à la première de ces
deux observations
et à
son expli-
cation par l'accélération de la chute des graves que se rapporte la
quinzième proposition donnée par l'auteur De ponderibus,
en son quatrième livre
forme un
continue le
liquide intéressé
influence
Cette
:
«
Un
liquide qui s'écoule d'une
manière
jet dont la section est d'autant plus étroite que
par
cette section coule depuis plus longtemps.
qu'exerce
l'accélération
de
la
chute
»
des
graves sur l'écoulement des liquides a maintes fois occupé l'esprit
1.
2.
3.
de Léonard ^ Mais
Léonard de Vinci, ms. Léonard de Vinci, ms.
elle avait été si
cit., fol. ig, cit.,
foL
souvent considérée
recto et verso.
8, recto.
Simplicii in Aristotelis Physicoruin libros quaUuor posteriores commentaria edidit Diels, Berolini, MDGX.CV, p. 916 (Gomment, in Physicorum lib. V,
Hermannus cap. VI).
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. F de la Bibliothèque de l'Institut, verso. Ms. M de la Bibliothèque de l'Institut, fol. A7, verso et recto. Il Codice Atlantico, fol. i45; fragment cité par Libri, //ts^otVe des Sciences mathématiques en Italie, t. III, note V, p. 212. 4-
loi. 5o,
ÉTUDES SUR LÉOJNARD DE
a86
VIÎSCl
commentateurs d'Aristote que nous ne saurions déclarer Léonard la tenait ou non de son Précurseur.
par si
les
Arrivons à
comment
Voici
proposition de l'auteur De ponderibus.
la dernière il
l'énonce
:
Si la pesanteur d'an corps n'est pas uniforme, en quelque
((
partie que l'on
communique à
ce corps une impulsion, la partie la
plus lourde viendra se placer en avant.
))
Nous ferons grâce au lecteur des considérations par
lesquelles
l'auteur prétend justifier cette affirmation, en prouvant que
plus lourde du mobile attire, en quelque sorte,
la partie la
vers
la
elle,
totalité
suite les traces
de l'impulsion; nous rechercherons de
de cette proposition parmi les notes manu-
de Léonard de Vinci.
scrites
Nous
trouvons,
les
en
lisons,
presque une traduction de
De ponderibus ((
Ce qui
dont
passage ^
ce
elïet,
au cahier A; nous
d'abord,
tout
première ligne
la
y est
proposition formulée au traité
la
:
de celui qui
est plus loin
le lance, est ce
qui est
le
plus pesant, attendu que c'est la partie du boulet qui va devant et qu'elle se
poussé
l'a
et
trouve sur une ligne passant par l'endroit qui
par
le
centre
du poids
et
de
la fuite; et, se
également au milieu de deux puissances,
ainsi
une égale action;
comme
or,
duisent une percussion frappé.
elle
qui est
le
Précurseur, sert
ces forces sont unies, elles pro-
une ruine plus grande sur
:
«
Ce qui
plus pesant, ici
de celui qui
est plus loin »
le lieu
pait obliquement.
à expliquer pourquoi
Apres
se réfléchissant afin
le
le
lance
que Léonard emprunte à son
un boulet qui
normalement une muraille l'endommage plus que en
en subit
»
Cette proposition est ce
et
trouvant
choc oblique,
le
s'il
frappe la frap-
boulet pirouette
de mettre en avant, suivant sa nouvelle
trajectoire, la partie la plus lourde qui contient le centre la fuite
:
Et la chose qui sera la plus légère dérivera, car la partie
«
du boulet qui frappe 1.
fol.
de
le
mur
est
Les manuscrits de Léonard de Viuci.
44
j
plus près de la bouche de Ms.
A
de
lu
la
Bibliothè(iue de riiislitut,
recto.
I
La èCIElNtlA
bombarde,
cela
et,
mouvement,
également
rellement
PONDEhlBUS Et LÉONARD DE
étant,
éloignée du centre du
plus
est
287
VIlNGl
poids étant hors de ce centre, les parties
et, le
ne
des puissances ni
t)E
peuvent pas
charger
la partie
sur
la
qui pèse
le
également
être
distantes,
qui frappe;
partie
plus pousse
le
et
plus,
natu-
d'où
le
boulet se tord avec furie; en mettant, après la percussion,
d'abord
le
centre de la fuite,
se tord et
il
parce que la ligne de fuite se tord, force.
touche
le
mur; mais
coup n'a que peu de
le
»
L'intluence exercée sur l'esprit de Léonard par la proposition
qui nous occupe se remarque encore au cahier E; nous la
reconnaissons dans ces formules^ ((
Tout grave
«
La partie
l'air se fait
se
la
meut du
côté
:
oii il
pèse
plus lourde des corps qui se meuvent dans
guide de leur mouvement.
Ces formules, nous
»
avons déjà rencontrées, car
les
trouvent jointes à diverses variantes de inspirée par le Liber de ponderibus
descente dans
l'air,
rapprochement,
le plus. »
et
:
«
celle-ci,
Ce grave
est
elles se
également
de plus lente
qui tombe en plus grande largeur.
»
Ce
bien d'autres remarques que nous omet-
nous prouvent que Léonard attribue maintenant à la résistance de l'air ce fait que «la partie la plus lourde d'un
trons,
grave se
fait
guide de son mouvement». De cette explication,
d'ailleurs exacte, le cahier
A ne
portait point de trace;
Léonard
semblait, à l'imitation de son Précurseur, y attribuer cet effet à l'inégale distribution de Vimpetiis entre les diverses parties
du mobile. La proposition qui nous occupe
est
constamment invoquée
par Léonard pour rendre compte du
moyen par
lequel les
oiseaux dirigent leur vol. C'est
au milieu de considérations sur
nous retrouvons, au cahier E^, ((Toujours le centre
cette
le
vol des oiseaux que
formule
du grave qui descend dans
rera sous le centre de sa partie la plus légère.
I.
l'air
demeu-
»
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. E de la Bibliothèque de l'Institut^
fol. 57, recto. :!.
:
Léonard ào Vinci,
nis. cit.,
l'ol.
V'i,
recto.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE
288 C'est en
un cahier consacré presque entièrement au
oiseaux que nous lisons ces phrases ((
...Parce
que toujours
du mouvement. » De la manière de ((
s' équilibrer .
vol des
:
—
plus lourde se
Toujours
fait
fait
guide
plus
la partie
guide de leur mouve-
»
Léonard de Vinci aime à répéter encore deux formules ((
'
la partie la
lourde des corps est celle qui se
ment.
Vllkci
cette proposition
en voici
;
:
Le poids tombant 2 inégal de proportions
et
de pesanteur
dirigera, selon la ligne de sa course, le centre de sa partie la
plus lourde sous ((
Da
le
centre de sa partie la plus légère.
»
mobile de poids non uniforme qui se méat dans
ou dans Feau^.
—
Dans
mobiles de matière uniforme
les
ou
l'air
et
de
gravité
non uniforme, toujours
guidé.
Le poids pyramidal de grosseur uniformément non
uniforme^ qui sera lancé par
la partie la plus
avec
l'arc
tournera immédiatement sa base vers
meut.
la
le lieu
grave se
fait
pointe en avant oii
son tout se
»
En adoptant
la loi
paraît bien en avoir
formulée par son Précurseur, Léonard
profondément modifié
l'explication; le titre
du passage que nous venons de citer en dernier lieu, les considérations parmi lesquelles se rencontrent d'autres passages analogues, semblent prouver que Léonard rendait compte de cette loi en invoquant la résistance du milieu que traverse le mobile; il n'est pas certain, cependant;, qu'il ait toujours admis cette explication.
Nous savons quel
rôle important ces affirmations
ont joué dans l'évolution de la Mécanique.
du Vinci
Par une tradi-
/ manoscrittl di Leonardo da Vinci Codice sal volo degli uccelli e varie altre matePublicato da Teodoro Sabachnikoff. Trascrizioni e note di Giovanni Piumati. ïraduzione in lingua francese di Carlo Ravaisson-MoUien. Parigi, Edoardo Rouveyre 1
;
rie.
MDCCGXGIII. Fol. /,, verso, et fol. i6 [i5], recto. Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. G de la Bibliothèque de l'Institut, fol. 28, verso.
edilorc; 2.
3.
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms.
G de
la
Bibliothèque de
l'Institut,
fol. 5i, recto.
Ces mots équivalent aux mots uniformiter difformis, employés par Albert de Oresmc et par la plupart des mathématiciens de l'École; ils sont exactement rendus par notre expression moderne utiifomicment varié. 4.
:
Saxe, par Nicole
:
LA SCIENTIA. DE PONDERIBUS ET LÉOINARD DE VINCI
389
Léonard à Bernardino Baldi, de Bernardino Baldi à Mersenne, à Roberval, à Descartes, au P. Honoré Fabry, de ceux-ci, enfin, à Ghristiaan Huygens, nous
tion ininterrompue qui va de
avons vu ces formules donner
moderne des
naissance
De
centres d'oscillation.
à
notre théorie
nous
cette tradition,
avions découvert une première source en la notion de gravité
communément répandue
accidentelle,
du
début
au
déjà
nous venons d'en reconnaître une seconde source
xiv^ siècle;
en
la
dernière proposition du Liber de ponderlbas
par
le
Précurseur de Léonard.
composé
V Les premiers essais sur la résistance des matériaux. Aristote, Vitruve, Héron d'Alexandrie le Précurseur de Léonard, Léonard de Vinci.
En parcourant nous avons
Léonard
laissé
ce quatrième livre
du
traité
De ponderibus,
de côté deux propositions qui ont suggéré à
sa théorie de la résistance des matériaux. Ces
onzième
sitions
occupent
retenir
un moment notre
le
et le
douzième rang;
propo-
elles
vont
attention.
Ces deux propositions tirent leur origine de deux des Questions
mécaniques d'Aristote,
la
quinzième
La quinzième Question mécanique
et la
traite «
dix-septième.
de la rupture d'un
morceau de bois au moyen du genou )>. Pourquoi un morceau de bois donné, » demande Aristote, « se rompt-il plus aisément au moyen du genou si les mains le saisissent près des bouts, que si elles se placent proche du genou? De même, si le pied serre ce bâton contre terre, pourquoi avec la main le brise-t-on plus aisément en le saisissant loin du pied que près du pied N'est-ce pas parce que le ((
.^
genou, dans jouent
le rôle
le
premier
de centre
cas, et le pied, et
dans
le
second cas,
qu'une chose quelconque
est d'au-
mouvoir qu'elle est plus éloignée du centre? un objet, il faut le mouvoir. »
tant plus facile à
Or, pour briser p.
DUHEM.
Kl
ÉTUDES SUR LEONARD DE VlNCt
âgO
Voici maintenant l'énoncé de la dix-septième Question mécanique, et le
commentaire qui l'accompagne
Pourquoi
«
les
:
perches de bois sont-elles d'autant plus
fai-
bles qu'elles sont plus longues? Et pourquoi, étant soulevées,
en sorte qu'une perche mince,
se courbent-elles davantage,
longue de deux coudées,
courbe moins qu'une grosse
se
perche, longue de cent coudées? N'est-ce pas parce que ce long
morceau de bois que
comme un
l'on soulève est
que
sa charge et son point d'appui? la partie
joue
de point d'appui
le rôle
;
perche
se courbera...
ici
par
xvn" siècle
le
plifie la
On
audacieusement,
;
le
la
même remarque
dit
du centre
qu'un corps
se
en
effet, se
la raison des propriétés
du
levier.
En son
livre
;
du
brillé
quinzième
la
levier qu'Aristote
trouve, pour
ordonné sur
peu
en
levier.
meut d'autant plus
là,
plus loin
du
au sujet de
Question mécanique; c'est bien aux loi?
songe lorsqu'il
elle ressortit,
Philosophe en sim-
solution qu'il prétend tirer des lois
peut répéter
;
aucune lueur n'a
à la théorie de l'élasticité, dont
avant
de
excède de beaucoup
A.ristote
connaissances physiques de son temps
effet,
le rôle
»
La question soulevée les
joue
du point d'appui, plus
poids. Plus cette extrémité est distante la
main soulève
la
l'autre extrémité
levier, avec
le
qu'il est
Philosophe,
Héron
Les Mécaniques,
d'Alexandrie reproduit s avec de sérieuses variantes, plusieurs des Questions mécaniques d'Aristote
que nous venons de
forme ((
qu'il leur
;
en particulier,
citer sont reprises
donne
les Questions
par Héron
3;
voici la
:
— Pourquoi rompt-on plus vite un bâton quand genou en son milieu? — Parce que, lorssur
Question 7.
on l'appuie qu'on place
le
le
genou en deçà de
la moitié,
l'une des deux
portions du bâton étant plus longue que l'autre,
une
main
sorte de fléau partagé la
plus éloignée
il
constitue
en deux segments inégaux,
du genou l'emporte sur
la
et
la
plus rappro-
Les Mécaniques ou VÉiévateur de Héron d'Alexandrie, publiées pour la première sur la version arubc de Qostà ibn Lûkà et traduites en français par M. le baron Carra de Vaux. Extrait du Journal Asiatique. Paris, iSg.'j. Livre H, section iV. 2. Héron d'Alexandrie, loc. cit., p. i40-i^j7. Questions 7 et 8. 1.
fois
La SCIENTIA de PONDERIBiJS ET LÉONARD DE VINCt
29
chée; les mains ne peuvent résister l'une à l'autre que se trouvent
ensemble aux extrémités du bâton à des distances
du point d'appui.
égales
qu'il est plus
»
— Pourquoi un bâton est-il d'autant plus faible
Question 8.
((
si elles
long, et d'autant plus
—
davantage aux extrémités?
Parce que
s'amincit
qu'il
flexible
bâton long subit
le
l'action de forces multiples réparties entre ses différents seg-
ments,
et
dont
somme
la
partie fixe par laquelle
chose que dans
le
il
l'emporte sur la résistance de la
est
soutenu.
Il
même
se produit ici la
cas d'un bâton court au bout duquel
on
sus-
pend quelque chose qui tend à l'abaisser. L'accroissement de longueur du bâton joue le même rôle que ce poids qui appuie sur le bâton court. fait
de sa longueur,
Le bâton long supporte de lui-même, du la
même
action que
duquel on pend un corps lourd.
le
bâton court au bout
»
Les modifications apportées par Héron au texte d'Aristote ne sont point sans intérêt. Plus formellement que fait
appel, en la première question, à la théorie
demande
ce qu'il
En
la
du
levier;
mais
à cette théorie est vraiment de son ressort.
seconde question, au contraire,
du
lois
le Stagirite, il
levier de résoudre
ne demande plus aux
il
un problème
d'élasticité. Il a
donc
commentaire de ces deux questions en éliminant erreurs commises par la Mécanique trop imparfaite du
purifié le les
Philosophe.
La onzième proposition que YAuctor de ponderibus développe en son quatrième livre est ainsi formulée milieu que se déprime
mités;
il
se
le
u
C'est
plus vite ce qui est soutenu par
déprime davantage encore
cela selon la forme et la
:
masse de
s'il
l'objet
les
par
le
extré-
reçoit une impulsion, et
qui
le
presse.
»
Nous ne reproduirons pas le commentaire assez long qui accompagne cette proposition; nous nous contenterons de dire
que l'auteur assimile chacun des deux supports au point
d'appui d'un levier, et qu'il regarde
comme
la partie la plus
le
milieu de l'objet soutenu
pesante, parce qu'elle est la plus
éloignée de chacun des deux points d'appui. l'idée et
erronée que
le texte d'Aristote
que Héron d'Alexandrie avait su
Il
explicite
donc
contenait implicitement
éviter.
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
293
même
Le ((
Lorsque
le
auteur énonce ainsi sa douzième proposition
:
milieu d'un objet est maintenu fixe, ce sont les extré-
mités qui se courbent
plus aisément.
le
»
cours des considérations qui accompagnent cette propo-
Au
sition, voici ce
que nous lisons
:
a
Plus l'objet considéré est
long, plus ses extrémités sont aisées à courber
même
;
pour
c'est
la
raison qu'en une balance, les charges sont d'autant plus
pesantes qu'elles
plus
sont
du
éloignées
qu'elles décrivent des arcs plus grands. »
Il
attendu
centre, est
impossible de
résumer plus fidèlement l'opinion qu'Aristole avait émise dans les deux Questions mécaniques que nous avons citées. Les deux propositions que nous venons d'étudier sont, dans les écrits
de Léonard, l'origine de développements importants;
renferment, en particulier,
elles
touchant
la résistance des
Tout ce
qu'il
va dire,
il
le
germe de ce
qu'il dira
matériaux. le
rattachera à ce principe que nous
avons entendu formuler à propos du levier ou du
lui
treuil
:
«La chose qui est plus éloignée de son point d'appui est moins soutenue par lui. » Dès le moment où il écrivait ses réflexions sur les feuillets du Codice
nous
Trivulzio,
voyons appliquer ce principe à
le
»
comme
flexion des corps fixés par leurs extrémités,
curseur l'avait
en
fait
ci-dessus étudiées.
son Pré-
deux propositions
des
dessine une voile gonflée par le vent
Il
à côté de ce dessin,
première
la
il
écrit
:
a
la
et,
Cette partie de la voile qui sera
plus lointaine de son soutien cédera davantage au vent, son
moteur.
La
même
pensée, reprise sous diverses formes, se
lit
cahier A, qui est en quelque sorte la suite du Codice vulzio
V endroit
le
plus faible de
la
chose qui plie'.
corps a une grosseur uniforme, la partie
la
— Si
I.
De
la disposition
de
la
chose pliée.
—
Léonard de Vinci, Codice Trivulzio, i'ol. 33, recto Les maimscrils de Léonard de Vinci. Ms. A de
ioL 33, recto.
un
plus éloignée des
extrémités se pliera avec plus de facilité qu'aucune autre.
2.
Tri-
:
«De
((
au
Si tu
veux
plier
»
deux
(05).
la
Bibliollièquc de l'Inslilul,
LA SGlEiNTlA DE POXDERIRUS ET LEONARD DE VINCI
298
choses d'égal poids, tu plieras la plus longue avec une moindre force
que
la
plus courte.
Se souvenir de faire
((
»
cette expérience.
— Expérimente,
si
un
bois mince, suspendu en travers par ses extrémités sur deux
supports, porte lo livres, ce que portera
proportions. Assure-toi l'expérience ((
et
fait
bonne
si la
une poutre de mêmes
règle de trois est applicable, car
règle.
»
Dans toute chose suspendue', apte à ployer,
et
de grosseur
de matière uniformes, la partie qui sera la plus éloignée des
supports sera celle qui s'abaissera
Après avoir étudié
deux extrémités,
le
la flexion
le plus. »
d'une tige supportée par ses
Précurseur de Léonard,
d'Arislote, a étudié la flexion d'une tige fixée
l'imitation
à
en son milieu.
Il
évidemment au même d'étudier la flexion d'une tige dont une extrémité est encastrée, tandis que l'autre extrémité demeure libre. C'est sous cette forme que Léonard aborde le problème, et il en demande toujours la solution au même revient
principe. Il
dessines par exemple, deux bâtons de
même
grosseur,
mais de longueurs inégales, qui sont encastrés dans un par une de leurs extrémités; l'autre extrémité, poids. ((Si
un :
la
même
grosseur en portera 200.
bâton court entre dans
plus de poids que le long.
le
En
effet,
long, autant de fois
il
autant
soutient
»
Le principe formulé au Codice Trivalzio plus éloignée de son point d'appui est lui, »
libre, porte
Ce dessin est accompagné du commentaire que voici une lance de deux brasses porte loo livres 3, une brasse
de bâton de le
mur
:
((
La chose qui
est
moins soutenue par
inspire à Léonard tout ce qu'il écrit sur la résistance des
arcs et des voûtes. Cette théorie de la solidité des arcs, qui fait l'objet
de mainte réflexion consignée au cahier A, nous
la saisissons à l'état
naissant en une courte note
Trivulzio-K
1.
2. o. 4.
Léonard de Vinci, ms. cit., fol. 47, verso. Léonard de Vinci, ms. cit., foL 49, recto. Par un lapsus évident, Léonard u écrit 10 livres. Léonard de Vinci, Codice Trivulcio, fol. i?f), recto (28). :
du Codice
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
294
Un
croquis nous montre
successivement
même
une
7)
(fig.
charge placée
sommet
l'extrémité d'un support vertical, au
à
d'un arc ogival, enfin sur
de voûte d'un arc en plein
la clef
cintre; à côté de ce croquis,
\^
se trouve cette courte phrase,
l_
J
(^
immédiat du principe que nous venons de rap-
corollaire
peler Ficx.
:
La ligne qui est
((
la
plus
droite est celle qui résiste le
7.
plus.
Le principe dont, assurément,
»
celte
conséquence
a
été
déduite, justifie aussi cette conclusion, qui paraît bien, d'ail-
impliquée dans
leurs,
être
citer
Si l'on réduit
:
simple droite
et la
par
passage que nous venons
le
pensée
la
le
de
support vertical à une
charge à un point pesant,
la résistance
de
ce support sera infinie. Cette conclusion, Léonard la formule à
au cahier A de
telle
:
charges! un support placé en ligne perpendiculaire,
Si tu
«
façon que
du poids,
il
résistance. le
le
centre de ce support soit sous
// est
centre
du poids correspondent aux
impossible que
le
De
la
pression dupoidsK
de grosseur
centre
et
—
11
parties de la
support qui a son centre placé
du poids superposé par
puisse jamais ployer, mais d'abord «
le
s'enfoncera plus vite qu'il ne ploiera, parce que
toutes les parties
sous
plusieurs reprises
ligne perpendiculaire se
poussera sous terre sa
il
est
base.))
impossible qu'un support
de force uniformes, étant chargé debout d'un
poids équidistant à son centre, puisse jamais se tordre et se
rompre, mais
il
pourra bien s'enfoncer; mais
excès se trouve placé plus sur une partie l'autre, le
support se ploiera du côté
si
le
poids en
du support que sur
oii il se
trouvera
le
plus
pressé par la plus grande charge, et cassera au milieu de partie opposée,
éloignée des extrémités.
1.
Vis.
verso.
Léonard de Vinci, ms.
cit.,
est la
plus
»
Les manuscrits de Léonard de Vinci.
fol. l\5, 2.
dans cette partie qui
c'est-à-dire
la
foL
3,
verso.
A de
la
Hibliolhèque de l'Instilut,
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET LÉONARD DE VINCI
Nous n'insisterons pas sur
nombreux
les
SqS
diverses remarques et sur les
croquis, relatifs à la solidité des arcs et des voûtes,
que renferme
cahier A; en une autre étude', nous en avons
le
un
déjà touché
mot,
nous avons signalé comment
et
les
pensées émises à ce sujet par Léonard se retrouvaient dans les In mechanica Aristotelis prohlemata exercitationes de
Bernardino
Baldi.
Nous n'avons pas épuisé toutes les réflexions auxquelles le grand peintre s'est livré touchant la résistance des matériaux, et celles qui nous restent à analyser sont d'une singulière importance. Elles
concernent
charge sur
les
répartition des efforts exercés par
la
appuis qui
Pour en trouver
la
une
soutiennent.
la
source,
nous faut encore remonter
il
jusqu'aux Questions mécaniques d'Aristote.
En
sa trentième
Question, Aristote se
demande:
Pourquoi
a
deux hommes qui portent un poids suspendu à une perche n'éprouvent pas une égale pression.
A
cette question,
»
hommes ne
répond que ces deux
il
res-
sentent point une charge égale, à moins que le poids ne se
trouve pendu au milieu de la perche; hors ce cas, qui est plus voisin du poids se trouve plus chargé. pas,
portefaix,
regardé
le
fardeau serait
qui est
celui
«
N'est-ce
comme
résistance, tandis
la
à mouvoir, et plus
charge
résiste à la
que
du fardeau, plus
est propre,
fait.
donne un des porteurs
Si et,
il
en
la faut
effet,
il
a de facilité
tandis
:
III,
la
»
appliquer tout autrement
l'on veut déterminer l'effort
que
partant, la charge qu'il ressent,
on
un
levier
point d'appui est l'épaule de l'autre porteur, tandis que
Vide supra
que
à fournir la solution
doit l'assimiler à la puissance qui agit sur
î.
être
l'autre est la puis-
façon d'un point d'appui.
question posée, mais l'a
du poids peut
presse l'autre porteur,
il
La théorie du levier qu'Aristote ne
point d'appui.^ Des deux
le
plus voisin
le
sance; plus celui-ci est distant
la
porteur
ajoute le Philosophe, «parce que la perche joue le rôle
»
d'un levier dont
de
le
Léonard de Vinci
et
Bernardino Baldi,
JII,
pp. 106-108.
dont
le
le faix
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
296
suspendu représente la résistance. Cette solution exacte conduit, d'ailleurs, pour le rapport des charges éprouvées par les deux portefaix, à
la
même
valeur que la solution incorrecte du
Stagirite; ces charges sont entre elles
comme
les distances des
épaules des porteurs au point de suspension du fardeau.
connues par
Les Questions mécaniques d'Aristote ont été
divers mécaniciens de l'Antiquité, parmi lesquels
au dixième
de citer Vitruve; consacre tout tions
convient
son Architecture^,
il
chapitre ^ à exposer quelques-unes des Ques-
mécaniques.
C'est ((
un
livre de
il
en ce chapitre que nous lisons ^ ce qui
Lorsque
suit
:
ou quatre à quatre veulent mesurent les hastons dont ils
les portefaix six à six,
soulever de lourds fardeaux,
ils
servent pour cela, et font en sorte que le centre qui doit
se
porter, soit au milieu, afin de partager la charge également
sur les épaules de chacun. Pour cet
effet,
il
y a des chevilles de
au milieu de leurs basions, pour empescher que
fer
royes qui portent
Or quand
le
le
fardeau ne glissent d'un costé ou d'autre.
fardeau s'éloigne du centre,
porteurs vers lequel
a coulé, de
il
aller le poids et l'anneau ((
Il
en
est
de
les cour-
mesme
il
pèse sur celuy des
mesme que
lorsqu'on
fait
d'une romaine vers son extrémité...
»
des basions à porter... lorsque les cour-
royes ne sont pas au milieu, et qu'il y a une partie du baston plus longue et une autre pltis courte, sçavoir celle vers laquelle la
courroye a coulé; car cela estant ainsi,
le
baston sur l'endroit où est
la
si
Ton
courroye, qui est
partie la plus longue décrira par son extrémité cercle, et la plus courte les petites
un plus
petit; et ainsi
roues ont plus de peine à rouler,
fait
le centre, la
un de
tourner
plus grand
mesme que
les
basions...
pèsent davantage du costé où est l'intervalle plus court depuis le
centre jusqu'à
l'extrémité,
et
au contraire
ils
soulagent
1. Les dix livres d'Architecture de Vitruve, corrigez et traduits nouvellement en François, avec des notes et des figures. Seconde édition revevië, corrigée et augmentée. Par M. Perrault de l'Académie Royalle des Sciences, Docteur en Médecine de la Faculté de Paris. A Paris, chez Jean- Baptiste Coignard, Imprimeur ordinaire du Roy, rue S. Jacques, à la Bible d'Or. MDCLXXXIV.
2. Chapitre VIII, De la force que pour porter les fardeaux. 3.
Vitruve,
loc. cit., p.
3ii.
la ligne
droite et la circulaire ont dans les nuiffiines
LA SCIENTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
d'autant ceux qui les portent, qu'il y a
depuis
le
centre jusqu'à l'extrémité.
Vitruve a paraphrasé
coup
sûr,
il
ne
l'a
le
un
297
plus long espace
»
raisonnement d'Aristote; mais, à
point amélioré.
Nous avons vu que Héron d'Alexandrie
aussi,
avait, lui
reproduit quelques-unes des Questions mécaniques d'Aristote, mais,
parfois,
en
les
modifiant
en
et
les
améliorant d'une
manière sensible. De ces Questions, aucune n'a plus vivement et plus longuement sollicité son attention que celle dont nous
nous occupons en ce moment. Le premier,
a
il
vu
les liens
qui l'unissaient à certains problèmes qui se posent en l'étude
de la résistance des matériaux. Plus exactement,
premier des géomètres anciens dont
nous soient parvenues;
car, si
les
nous
est le
il
remarques sur ce
l'en croyons, ces
sujet
remar-
ques ne font que résumer un ouvrage d'Archimède, aujourd'hui perdu. Voici
comment débute
Héron auquel nous faisons allusion « Il
est nécessaire
ment on porte
d'expliquer
et transporte les
le
passage
^
du
livre de
:
comment on
soutient,
com-
corps graves, avec les dévelop-
pements convenables pour une introduction. Archimède a traité cette
matière avec
un
art très sûr
dans son livre appelé
pour nous, nous établirons ce qu'on a besoin d'en connaître pour d'autres objets, et nous ferons usage de ces résultats, dans la mesure qui peut convenir aux Livre des supports;
étudiants. Voici la voie »
que nous suivrons
Soient des colonnes en
:
nombre quelconque
tent des poutres transversales
elles
;
suppor-
ou une paroi, posées sur
elles
dans des situations identiques ou diverses, dépassant par l'une de leurs extrémités ou par sont également ou
deux ensemble,
et ces
colonnes
inégalement distancées;
nous
voulons
les
connaître quelle portion du poids supporte chacune d'elles.
Un exemple
semblable
poutre, partout de
est
même
offert
par ce cas
:
Une longue
poids, est portée par des
également espacés sur sa longueur
et
hommes
entre ses extrémités;
Les Mécaniques ou l'Élévateur de Héron d'Alexandrie, publiées pour la première sur la version arabe de Qostà ibn Lûkà et traduites en français par M. le baron Carra de Vaux. Extrait du Journal Asiatique. Paris, i8q4. Livre I, section VI, p. 77. I
fois
.
298
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
dépasse par l'une de ses
elle
extrémités ou par les deux ensemble. Nous voulons connaître quelle portion de son poids
chaque
deux
homme
cas.
Si la
blème
supporte. Le problème est le
même
dans
les
»
poutre n'est portée que par deux manœuvres, ainsi
énoncé
ramène
se
considéré; la poutre
le
pro-
aussitôt à celui qu'Aristole a
peut être traitée
comme une
tige sans
poids, à condition que l'on suspende en son centre de gravité
une charge égale à son poids; la loi du levier fournit alors solution demandée. Lorsque le nombre des porteurs excède deux, la question complique étrangement; alors
est
l'épaule de
impuissante
de
la
déterminer
chaque portefaix
une question
définie,
poutre,
et
la
il
se
Mécanique des solides invariables
la
à
la
faut
;
pour que
que
charge qui
la
presse
problème devienne
le
l'on tienne
compte des
question ressortit alors à
la
flexions
théorie de
l'élasticité.
Naturellement, Héron n'a point soupçonné cette complication
du problème
qu'il avait
énoncé; naturellement aussi,
solution qu'il en a proposée est tout à
pas lieu de la rapporter
Après avoir donné le
problème
même
cette solution.
Héron d'Alexandrie aborde
«
Soit
un corps
même poids
:
égal aussi
a g (fig. 8),
dans toutes
et
de
il
repose sur des supports dressés dans
ses parties
des conditions identiques a y et ^l. clair
à ap, au point il
est évident
H
que sur chacun des supports pèse
moitié du poids a
Fig. 8.
n'y a
qui avait sollicité l'attention d'Aristote;
P
par moitiés,
il
ici.
voici ce qu'il en dit
6
insuffisante;
fait
la
s;
p.
;
est la
Suspendons un poids
si le
point
s
divise
a|3
que chacun des deux pieds supporte
une moitié du poids a p, plus une moitié du poids suspendu au point e ou chargé en ce point. Si le point s ne divise pas ag en deux parties égales, divisons le poids suspendu en deux
I.
Héron d'Alexandrie,
loc. cit., p. 86.
LA SCIENTIA DE POjNDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
portions dans tionnelle à
£
rapport
le
—
pèsera sur a y
(3
tionnelle à as pèsera sur g
supporte
la
moitié de a g.
3.
poids de la portion propor-
le
;
399
de
et celui
De
la
portion propor-
chacun des deux poids
plus,
»
La règle que Héron propose pour répartir la charge entre les deux appuis est celle qu'Aristote avait formulée; cette règle, Aristote y était parvenu par un raisonnement inexact; Héron se
contente de
poser sans songer aucunement à
la
Le Précurseur de Léonard de Vinci va
faire
la justifier.
même
de cette
règle la conclusion d'une déduction logique.
En
effet,
il
préoccupé, lui aussi, du problème qui a
s'est
sollicité les efforts d'Aristote,
drie;
il
de Vitruve
prend pour objet de
le
la
de Héron d'Alexan-
et
proposition qui clôt son
troisième livre. Voici cette proposition et la démonstration, aussi brève que correcte, qui l'accompagne ((
Le poids qui
n'est point
courte partie dans
le
partie plus courtes
n
:
suspendu au milieu alourdit
rapport de
la
plus
partie la plus longue à cette
E (flg. 9) le poids suspendu et ABC ce qui le divisons E en deux parties D et F, de A B \ ((
la
Soient
soutient;
G
'^
telle sorte
que
rapport que
dons
D
D
AB
soit à
à
au point C
chacun d'eux aura le
BC.
F dans
Si
et
le
même
nous suspen-
F au point A,
même pesanteur que
Ç\
poids E, pourvu que l'on regarde
l'autre extrémité
comme
jouant
f
le rôle
Q^
^
(
e p^^
de point d'appui du levier. Donc, pour
ceux qui portent, en pesanteur en
A
A
et G, le
poids E, suspendu en B,
sera à la pesanteur en
G comme GB
est à
Ge court passage mérite grandement, par lui-même, l'attention de l'historien des sciences;
en
effet,
depuis que
les
hommes
pour
la
la
BA.»
d'attirer
première
fois,
s'occupent de Mécanique,
1. Nous trouvons ici un saisissant exemple des déformations que l'édition de Curtius Trojanus a fait subir à la pensée de VAuctor de ponderibus. Celui ci avait énoncé sa proposition en ces termes « Pondus non in medlo dependens breviorem parteni secundum proportionem longioris ad ipsam. graviorem reddit. » Le Jordanl opusculum de ponderositate, en sa Quœstio vigesima-octava, lui fait dire «Mundus non in medio descendens breviorem partem secundum proportionem longioris ad ipsam gravitatem redditur! n :
:
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
3oo
une
une méthode
force de liaison s'y trouve déterminée par
exacte. Mais
combien plus
que nous aurons salué
Léonard
s'imposera à notre souvenir lors-
il
découvertes qu'il va suggérer à
les
!
Ce que Léonard de Vinci a pensé en lisant la proposition remarquable que nous venons de reproduire, le Codice Trivulzio ne nous le dit pas; pour saisir l'éveil des réflexions du grand peintre,
il
nous faut recourir à l'un des
aux cahiers de
avait arrachés
Ce
feuillet se
tices,
que Libri
Bibliothèque de
l'Institut.
un
trouve maintenant en
des deux cahiers fac-
provenant des déprédations de Libri, que conserve
Bibliothèque
nationale
cahier B, dont cahier
le
la
^
feuillets
il
formait
B semble
primitivement
appartenait
il
;
94® feuillet.
le
être bien
Comme
la
au
cahier A,
le
souvent une suite naturelle du
Codice Trivulzio.
Deux croquis
(Jig.
10) sont tracés côte à côte.
En
l'un,
un
B A
Ô8
Ô8 FiG.
10.
boulet qui pèse 8 est suspendu à égale
supports qui soutiennent une perche;
la
au-dessus de chacun de ces supports.
charge 4
En
des deux
distance est
l'autre,
marquée
même
le
boulet est suspendu au point B dont la distance à l'extrémité
A
un un 6
2
de
la
perche
nous indique
est triple la
de
la
C
distance à l'extrémité
charge du support qui aboutit en A,
et
;
la
charge du support qui se trouve au-dessous de C. Ces croquis sont accompagnés du commentaire que voici
«La même proportion qu'a de
A
l'a
avec celui de C.
l'espace
BC
avec AC,
le
:
poids
»
«Si tout corps pesant désire tomber au centre, l'opposition I.
Les manuscrits de
nale, fol.
l\,
verso.
Léonard de Vinci. Ms. 2087
(italien)
de
la
Bibliothèque natio-
LA SCIEÎVTIA DE PO]NJ)ERlBUS ET LEONARD DE VINCI
3oi
plus proche participe plus de ce poids. Et sache
qui en est
la
qu'autant
BG
entre
mesure en AG, autant de
par
poids qui se trouve en
A
en G;
générale.»
et cette règle est
fois
le
entre dans le poids qui se trouve
M Gomment Léonard a découvert la
loi
de composition
des forces concourantes.
Gomme
nous l'annonce
cherchera généraliser
cette dernière phrase,
Léonard va
la règle qu'Aristote a posée,
que Vitruve,
que Héron d'Alexandrie, que son Précurseur ont
De
suite,
il
suivie.
propose une première généralisation;
qui pèse toujours
8, est
suspendu
(fig,
le
houlet,
ii) au point de jonction
de deux poutres inclinées. Dans un premier cas, ces poutres forment, avec
un
la
ligne horizontale qui passe par leurs pieds,
triangle isocèle; alors,
chacune
une charge k. Dans un second verticale du point d'application
d'elles
transmet au sol
cas, le triangle est scalène; la
divise la base
en parties dont
l'une est triple de l'autre; les appuis pressent alors le sol les
poids
écrit
2
et 6.
«Bien que ces supports changent de forme,
Léonard, néanmoins
ci-dessus.
((à
mettre
ils
même
sont de la
nature que ceux*
»
Gette généralisation, s'efforcer
comme
fort
inexacte
d'ailleurs,
de l'étendre encore davantage le
boulet entre deux cordes.
»
:
Léonard va
ulngénie-toi,
»
dit-il,
ETUDES SUR LEONARD DE VlNCl
3o3
Le Vinci s'ingénia aisément à placer cordes
En
;
nous en avons pour garant un
boulet entre deux
le
feuillet
du manuscrit A ».
ce feuillet, qui est, sans doute, postérieur en date au
feuillet
que nous venons d'étudier, nous trouvons
que reproduit
la figure
12;
nous
croquis
le
oyons comment Léonard
a
étend aux tensions de deux cordes qui soutiennent
un poids
la règle
erronée qu'il avait énoncée pour qui supportent une
appuis
des
charge.
Auprès du croquis que nous
venons de reproduire
s'en trouvent
plusieurs autres, où nous voyons
un poids soutenu par
plusieurs
cordes ou par plusieurs poutres; à ces croquis sont jointes les FiG.
gnes suivantes
12.
((
ché en haut
et
li-
:
De ponderibus
.
— Le poids
atta-
suspendu avec des cordes ou soutenu par-
dessous avec des poutres établies avec leurs extrémités en différentes situations
plus grande à
donnera une partie de son poids d'autant
un support qu'à un
de l'un sera plus près de
que
l'autre voisin.
la
autre que le point d'appui
perpendiculaire du centre du poids
»
La lecture d'une proposition que VAuctor de ponderibus avait empruntée aux Questions mécaniques d'Aristote a conduit Léonard de Vinci à se poser l'un des problèmes les plus imporproblème de
tants de toute la science de l'équilibre, le
la
com-
position des forces concourantes.
De
ce problème, la première solution qui s'est offerte à
l'esprit
du grand peintre
est
une solution erronée;
tion va retenir avec persistance son adhésion, notes,
I.
Lei manuscrits de Léonard de Vinci. Ms.
fol. 47, •2.
nous en retrouverons maintes
et,
dahs
formule ^ Mais
ses les
A de
la
Bibliothèque de riustilul,
A
la
Bibliothèque de
verso.
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms.
fol. 3i,
fois la
cette solu-
verso.
—
Ms.
G de
la
de
Bibliothèque de l'Institut,
fol. 89,
verso.
l'Inslilut,
LA SCIËiVTIA
PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
t)E
3o3
méditations du Vinci sur ce sujet contraindront
incessantes
enfin la vérité à se manifester.
Ouvrons
lisons -le en
marqué de la lettre E et pagination. Nous sommes
cahier que Venturi a
le
de
inverse
sens
la
assurés que nous suivrons ainsi, dans la partie de ce cahier
même
qui nous intéresse, l'ordre à qui en douterait,
des pensées de Léonard
;
et
nous pourrions en fournir des preuves
convaincantes.
A
la
du verso du
fin
achever un raisonnement, écrit
du
même
du
recto
feuillet,
Léonard,
6i,
feuillet
Tourne le papier. » En haut nous lisons « Ici suit ce qui o
:
:
manque derrière au pied. » Au verso du feuillet 77, un passage coup
note, qui semble mise après
troisième page après celle-ci.
»
:
u
biffé est suivi
sième page avant
donc
du
du
de
la
recto
« Ici
celle-ci.
Feuilletons partir
:
Or, c'est au recto
le
se finit
de cette
Ceci est mieux dit à la
ce qui
du
feuillet 76
même
passage,
manque
à la troi-
que nous trouvons une nouvelle rédaction du précédée de ces mots
ne pouvant
»
cahier E en commençant par
feuillet 71,
la fin;
à
nous voyons Léonard soucieux
composition des forces concourantes
;
presque à chaque
page, nous trouvons des réflexions et des dessins qui ont trait à ce
problème; jusqu'au
feuillet
réflexions, tous ces dessins
thème unique,
et ce
thème
68 inclusivement, toutes ces
ne sont que des variations sur un est la règle
erronée déjà formulée
au cahier A. Mais voici que l'hésitation s'empare de l'esprit de Léonard; à côté de cette règle erronée, est la véritable; entre ces
préoccupe,
il
en entrevoit une autre, qui
deux solutions du problème qui
le
semble tâtonner.
La première page où au verso du
il
feuillet 67.
se
marquent
ces hésitations
La page presque entière
est
se trouve
consacrée
à des énoncés divers de la règle incorrecte; mais tout au bas,
un
dessin
I
représente une poutre soutenue par deux cordes
concourantes; du centre de gravité de I.
Ce dessin
et le
dans Les origines de
la poutre,
commentaire qui l'accompagne ont
la Statique,
t. I,
fig.
5o et p. 17g.
qui se trouve
été reproduits et étudiés
ÉTUDES SUR LEONARD DE VINCI
3oA
du point de suspension, deux perpendicusans douie, Léonard laires sont abaissées sur les deux cordes a comparé les moments des tensions des deux cordes par dans
la verticale
;
rapport au centre de gravité de
Au
poutre.
la
verso du feuillet 66, nous trouvons des dessins analo-
gues, mêlés à des croquis relatifs à la règle que Léonard va
abandonner
au recto du
;
même
feuillet, le
Vinci s'efforce de
du problème qui
tirer des propriétés des poulies la solution
le
préoccupe.
Mais voici que
lumière se
la
fait
dans son esprit;
il
voit
que
de composition des forces concourantes se peut tirer
la loi
d'une théorie qu'il possède pleinement, la théorie du levier coudé.
commence par résumer
Il
(fol. 65,
verso) les principes
de cette théorie en les mettant sous la forme qui va lui servir. Puis, par il
ce
un
artifice très
élégant'
(fol. 65, recto, et 64,
verso),
résout l'importante question qu'il avait posée en formulant
théorème
:
Lorsque deux cordes soutiennent un poids, par
rapport à un point pris sur l'une des deux cordes,
le
poids et
moments égaux
et
de sens
de l'autre corde ont des
la tension
contraires.
^
Les pages suivantes recto
;
(fol.
63, verso et recto; 6i,
verso
et
6o, verso et recto) sont consacrées à des variations sur
cette solution,
dont
la
découverte
suffirait à
mettre Léonard au
Nous avons vu que cette découverte lui avait été suggérée par une proposition que l'École De ponderibus avait empruntée aux Questions mécaniques premier rang des
mécaniciens.
d'Aristote.
De
cette
mémorable découverte nous pouvons
mativement
la date
;
en
effet, le
fixer approxi-
cahier E, où elle est consignée,
nous apporte deux renseignements propres à déterminer
Au
date.
partis
cette
Je du folio i nous lisons cette mention de Milan pour Rome au jour 24 de septembre i5i3 avec recto
,
:
((
la solution, donnée par Léonard, du problème de la compoLéonard de Vinci et la composition des forces concourantes des forces dans {Bibliotkeca mathematica, 3* série, t. IV, p. 338, 190/1) et dans Les origines de la Statique, Mais, iaute d'avoir vu que le manuscrit E devait être lu à rebours, i. I, eh. VIIF, -2. nous avions cru que Léonard avait méconnu sa découverte. Le lecteur trouvera ilans CCS deux écrits des détails qui ne peuvent, ici, trouver place. I.
sition
Nous avons étudié
:
3o5
LA SCIEMIA DE PONDERIBUS ET LÉOiXARD DE VINCI
Jean, François de Melzi,
Salaï,
Laurent
le
et
Fanfoia.
»
Le
du feuillet 80 nous présente cette autre indication A Parme, à la campagne, au jour 26 de septembre i5i/i. » Si l'on observe que la partie du cahier E comprise entre le
recto
:
((
folio
80
et le folio
60 renferme précisément tous les essais qui
ont conduit Léonard à courantes
la loi
que, d'ailleurs, cette partie du cahier
;
en sens inverse de
été écrite
de composition des forces con-
grande découverte du Vinci et qu'elle fut
sans doute
E
a sûrement
pagination, nous voyons que la
la
est postérieure
au 25 septembre i5i4
peu de temps après
faite
cette date.
Léonard de Vinci avait alors soixante -trois ans.
VII
Quelques problêmes sur la balance suggérés au Vinci PAR SON Précurseur.
Parmi
les
propositions que VAuctor de ponderibus a exposées
en son quatrième se soit
emparé
ment. Des six
livre,
il
n'en est aucune dont Léonard ne
donné quelque développepropositions qui composent le troisième livre, et à laquelle
il
n'ait
deux dernières ont également servi au Vinci,
les
d'elles, la sixième, lui a fourni l'occasion
et
l'une
d'une grande décou-
verte; c'est en cherchant à la généraliser qu'il a obtenu,
premier, la
loi
le
de composition des forces concourantes.
Le grand peintre
a-t-il
également connu
quatre premières
les
propositions de ce troisième livre?
Les premières propositions de ce livre ont
de
la balance.
troisième
trait à la stabilité
Aristote avait déjà abordé ce
Question
mécanique^
;
solution
la
problème en sa qu'il
en
avait
donnée renfermait de graves erreurs. Ce problème est également l'un de ceux auxquels Jordanus ait tenté d'appliquer la notion de gravité secundam situm; pas la moins fâcheuse qu'il 1.
Cf. Les origines de la Statique, p.
DUHEM
t.
ait faite I,
et
cette
application n'est
de ses principes.
chap. VI,
2
;
p. iio. -20
ÉTL'DES SUR LEO>ARt>
3o6
Au sujet
que
contraire, tout ce
même
de cette
le
Î)E
VlNCt
Précurseur de Léonard a dit au
question, dans les trois théorèmes par
lesquels débute son troisième livre, est très clair et très exact.
Si
((
le
dus aux deux extrémités,
jusquà devenir de
est impossible
il
la règle et la
rapport entre
le
longueur de
la
la règle; si
l'angle de la règle avec la verticale.
au
à peine
contraire,
Léonard douter
;
le
arrivera que
s'il
poids suspen-
la règle s'incline
a-t-il
ton donne également
les
on connaîtra
la règle,
»
pivot se trouve au-dessous de la règle, c'est les
connu
au sujet de
du pivot au milieu
distance
rapports des poids suspendus au poids de
Si,
que
les
verticale. »
Si l'on donne
((
:
pivot autour duquel tourne la règle qui sert de fléau se
trouve au-dessus de cette règle, quels que soient
((
théorèmes
à reproduire l'énoncé de ces trois
Bornons-nous
poids puissent demeurer en équilibre.
ces propositions?
la stabilité
de
fort exactes; et ces choses, très
la
est
11
balance,
conformes à
il
»
malaisé d'en
a dit
^
des choses
de son
la théorie
Précurseur, se trouvent particulièrement au cahier E, où nous
avons relevé déjà tant de traces du Liber de ponderibus.
Après
les
trois
théorèmes consacrés à
la
stabilité
de
la
balance, ce livre nous présente cette proposition, d'allure paradoxale, qui mérite de nous arrêter
un
instant
((
:
Le fléau d'une balance
vant dans
la
position
se trou-
horizontale,
on peut, du côté que Von voudra, y suspendre un poids aussi grand que Von voudra, sans que détourné de
la position horizontale. »
Soient, en effet, le fléau, il
D
tourne,
point
D
;
le
et
ABC
(fig.
13)
pivot autour duquel
DE
la verticale
pour remplir
tions de l'énoncé, le
fléau soit
le
il
du
les condi-
suffit
de suspendre au bras
BH
du
fléau
poids qu'on y veut attacher, en donnant à ce poids la forme
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. E de la Hibliothcque de l'Instilul, Statique, t. 1, r- J^Ofol. 57, verso; loi. 58, recto; loi. 5y, reclo. Cf. Les origines de la I.
La SGlENTlA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
homogène Z DE.
d'une règle verticale
H, dont le milieu
ne paraît pas douteux que Léonard
II
un fragment^ qui
sition. Voici
un corps quelconque
Si
«
se trouve sur la
connu
ressemble fort
lui
(fig.
ait
T
007
cette
propo-
:
i^J de longue figure, de gros-
seur et de poids uniformes, étant suspendu à ses extrémités
par deux cordes attachées aux extrémités des bras égaux des
D
CD
CD A Fig.
Fig. ik.
ï5.
balances, les cordes sont de longueurs différentes, les balances
n'en resteront pas moins dans la ligne de
en
est
sous
que
le
centre
si
l'égalité.
La raison
une ligne qui passe
tu tires perpendiculairement
centre de la balance, cette ligne passera aussi par le
du poids soutenu.
Assurément,
»
c'est la lecture
de cette
même
proposition qui a
suggéré au Vinci cette réflexion 2, inscrite au Codice Trivalzio ((
Tout poids
fait la
somme
:
de sa charge sur sa résistance en
une balance, un poids qui en montre ABCD (flg. i5), et qui soit
ligne perpendiculaire. Soit, sur
entièrement
comme le uni comme en
poids
sur
G
dans
le
est fort distant,
raîtra
2
la figure. Je dis
met un
;
sorte, \q Codice Trivalzio;
le
»
cahier
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms.
Léonard de Vinci, Codice
A
prolonger, en quel-
nous ne nous étonnerons donc
G de
la
fol. 7, verso. 2.
l'on
un poids 3 sur D, le poids i en excès appaplateau B et je ramènerai A à l'équilibre en
Nous avons accoutumé à voir
1.
si
et
y mettant une livre de plus qu'en B.
que
que
Trivulzio, loi. 3, verso (6).
Bibliothèque de l'Institut,
ETUDES SUR LEONARD DE
3o8
pas d'y
même
lire la réflexion
—
CD
et
AB
que
qui dépend évidemment du
J,
principe que la précédente
De ponderibus
«
suivante
:
AD
Si le clou
VI>'CI
16) est fiché sur Tais
(fîg.
BGD,
pèse autant que
le
clou et
l'ais
qui
soutient seront en équilibre, et leur pôle sera au point G. Qu'il existe
un
lien étroit entre cette réflexion et celle
nous avons empruntée au Codice
FiG.
sans peine;
il
Trivalzio,
iG.
»
que
s'en peut assurer
FiG.
de regarder
suffît
on
le
17.
dessin que Léonard a tracé,
le
sans aucune explication, au-dessous de cette dernière; ce dessin
(fig.
un cadre pesant en
17) représente
équilibre sur
pointe. Mais l'équilibre surprenant de ce clou et de le soutient s'expliquait
tentation,
par
auquel
le
le
de Saxe
qui
théorème du polygone de sus-
Vinci avait
la lecture d'Albert
artiste, se
par
l'ais
une
2;
précédemment conduit ainsi, dans l'esprit du grand été
soudaient les unes aux autres
les
pensées d'origines
diverses.
Le cas d'équilibre paradoxal imaginé par Léonard a vive-
ment excité son intérêt; il y revient, en effet, un autre semblable, dans le passage suivant^ Le poids uni qui
«
est il
1.
fol. I, 2.
soutenu par
le
il
en combine*
:
milieu, et dont le reste
suspendu, peut être de n'importe quelle forme étrange, car
s'établira toujours
3.
est
et
en équilibre sur son soutien,
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. verso.
Vide supra
pp. 73 sqq. Les manuscrils de Léonard de Vinci. Ms.
fol. 33,
verso.
A
et
quelque-
de
la
Bibliothèque de
A de
la
Bibliothèque de Tlnslitut,
l'Institut,
:
3o9
LA SGIEiNTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VTNGI
extrémités ne se trouveront pas à égale distance
fois les
centre ))
du
poids.
Exemple. Soit
ment par
du
AB
18)
(Jig.
un bout de
règle qui pose seule-
l'extrémité A, le reste étant suspendu; c'est impos-
FiG. i8.
sible à faire
si
d'abord tu n'attaches pas à cette règle
qui fasse un contrepoids et ce »
tel
que A
reste
poids viendra à s'arrêter sur
L'instrument de dessous
semblable.
Quel
(Jîg.
le
le
poids G
au milieu entre G
et B,
pôle A.
19) est soumis à une raison
»
fut le rôle
de ces pensées dans l'histoire de
la Statique
;
FiG. 19.
comment, plus ou moins écrits de Gardan et du ailleurs
I.
^
et
défigurées, elles passèrent dans les P.
Mersenne, nous l'avons conté
nous ne voulons point
Les origines de
la
Statique,
t.
II,
le
répéter
ici
pp. loô-iiaet pp. 126-128.
:
il
nous
suffît
ÉTUDES SLR LEONARD DE YINCI
3lO d'avoir montré
comment Léonard
les a
conçues par
le
rappro-
chement des Subtilissiinœ qiiœstiones in lihros de Cœlo et Mundo, composées par Maître Albert de Saxe, et du Liber de ponderibus dont usaient
de Jordanus.
les disciples
Vin Conclusion.
Parmi
les
propositions qui forment
les
deux derniers
livres
De ponderibus, il n'en est presque aucune dont les cahiers de Léonard de Vinci ne nous présentent la trace bien à coup sûr, le grand peintre nette et bien reconnaissable
de ce
traité
;
avait lu et médité les livres III et IV de ce traité. Avait-il
Ce
eu connaissance du livre
livre II est consacré à des
blèmes
oii il est
II
du
même
problèmes sur
ouvrage
la
tenu compte du poids du fléau;
?
balance, proles
questions
posées, tout aussi bien que les procédés par lesquels elles sont résolues, rappellent par plus d'un trait le petit écrit intitulé
De
:
canonio.
Les problèmes de ce genre ont souvent sollicité l'attention
de Léonard de Vinci
dont
^ ;
mais
il
est
malaisé de fixer l'ouvrage
suggéré ces questions
la lecture lui a
avons étudié au cours de cet
article, le
de ponderibus de Maître Biaise de
;
le traité
De canonio,
le
que nous Tractatus
Parme peuvent également
les
lui avoir posées.
En revanche, il
est
un point qui nous semble hors de doute
:
du traité dont les derniers livres l'ont si souvent inspiré, Léonard n'a pas connu le premier livre. Voici une raison, entre beaucoup d'autres, qui nous semble capable de fixer notre opinion à ce sujet
:
Feuilletons les cahiers où nous avons relevé les traces fréIraité
De
La plupart d'entre eux,
les
quentes de rinflueiice exercée sur Léonard ponderibus de son
1.
Précurseur.
Cf. Les origines de la Statique,
t.
I,
pp.
i5r)-i5().
pai*
le
LA SGIENTIA. DE PONDERIBUS ET LÉONARD DE VINCI
cahiers
A, G, E, M, H,
de la Bibliothèque de
Codice sal volo degli uccelli nous
préoccupé du problème
du plan
montrent
le
incliné;
ce
l'aborde parles voies les plus diverses ï; tente, les
unes
le
3ll
l'Institut,
grand
le
artiste
problème,
il
des solutions qu'il
conduisent à une formule erronée
;
les autres,
par des raisonnements plus ou moins logiques, lui donnent l'énoncé d'une règle exacte.
breuses et variées,
il
parmi
Or,
nom-
solutions
ces
n'en est pas une seule où l'on puisse
moindre reflet de la méthode, si simple et si convaincante, que l'auteur du De ponderibus a exposée en son premier livre; aucune note de Léonard, si courte soit-elle, ne fait découvrir
le
du Vinci
allusion à cette belle démonstration. Le silence sujet est d'autant plus significatif s'agit reposait sur la
une de
que
la
démonstration dont
notion du travail de
ses idées favorites
;
la
il
a
fréquemment usé
méthode ;
qu'elle
en un mot, admirablement propre à ravir son suffrage
était,
il
pesanteur, qui fut
qu'elle procédait selon la
des déplacements virtuels dont
à ce
s'il
connu.
l'eût
Les notes du Vinci, d'ailleurs, ne portent pas davantage la trace
du procédé
si
élégant par lequel l'auteur du De ponderibus
a établi la condition d'équilibre
du
levier coudé.
donc indiquer que Léonard a ignoré le premier composé par le disciple de Jordanus.
Tout semble
livre
du
traité
Au contraire, il semble avoir bien connu les doctrines mêmes de Jordanus de Nemore; il en a donné une critique très ingénieuses Les résultats auxquels nous a conduits notes de Léonard avec
nants
;
ils
1.
CL Les
comme
composés celui
comparaison des
De ponderibus semblent surpre-
seraient incompréhensibles
ce traité étaient
en main,
le traité
la
comme
si
tous les manuscrits de
ceux que nous avons eus
que Tartaglia a plagié
et
dont Gurtius
origines de la statique, i.l, -pp. 26-33 et pp. 182-198. t. I, pp. iGS-iGg. L'Académie royale
de Venise possède la première page d'un traité sur la Mécanique écrit par Léonard, traité dont tout le reste est perdu. En cette page, on lit cet énoncé « Un grave se montre d'autant plus grande pesanteur qu'il se meut par une ligne plus voisine de la verticale, n C'est la traduction « Graviusesse indescendcndo quanto ejusdem motus textuelle du principe de Jordanus ad médium rectior.y^ [V. Uzielli, Eicerche su Leonardo da Vinci, Série II, Roma, 1884. Giovanni Vailati, /i prmc/pio dei lavori virtuali da Aristotele a Erone d'Alessandria {Accademia reale délie Scienze di Torino, anno 1896-1897).] 2.
Cf. Les origines de laStatique,
:
:
—
ETUDES SUR LEONARD DE VINGT
3l2
Trojanus a donné une édition
dont
composition
la
a signalé
il
est des textes
M. Axel Anthon Bjôrnbo en
est différente.
un que renferme
I
fautive. Mais
si
manuscrit n" 3io2 de
le
la Biblio-
thèque du Vatican; en ce codex, on trouve tout d'abord
neuf propositions des Elemenia de Jordanus, puis
les
les
quatre
propositions du De canonio; ces treize propositions sont suivies
du
des trois derniers livres
traité
De ponderibas qui nous
a
constamment occupé en cet article. Tout ce que nous avons dit au sujet des emprunts faits par Léonard à la Scientia de ponderibus devient fort aisé à comprendre si le manuscrit étudié par le grand peintre se trouvait composé comme celui qu'a décrit M. Bjornbô. est
Il
étudié, traité
donc possible, au traité De ponderibus que nous avons de supprimer le premier livre et de le remplacer par le
de Jordanus
;
c'est assez dire
plus lâches. Rien de plus aisé,
les trois derniers, le lien est des
en
effet,
que de briser ce
lien.
exposées aux trois derniers liVres proposition du premier livre. jouent, au premier livre,
secundam situm premier
part,
livre,
Aucune des démonstrations n'invoque explicitement une
y a plus
les
:
et les trois
forment deux ouvrages
la
pesanteur, n'appa-
derniers livres. Visiblement,
trois
d'une part,
deux notions qui
rôle essentiel, la notion de gravité
notion de travail de
aucunement aux
raissent le
et la
un
Il
qu'entre le premier livre et
derniers livres, d'autre
distincts,
fort
artificiellement
réunis l'un à l'autre.'
Que pouvons-nous ouvrages
En
forme
deribus, l'influence
les trois
de
derniers livres
ces
la science
grecque
se
du traité De ponmarque avec évi-
Bon nombre de questions examinées en
sont empruntées aux
sous laquelle
Mrf/avr/.à 7upo6X7^[j.a-a
la théorie
grande analogie avec
en son
chacun de
?j
celui qui
dence.
dire touchant l'origine de
des
celle
moments
que
lui
cet
d'Aristote.
ouvrage
La forme
est présentée a la plus
donne Héron d'Alexandrie
livre sur r Élévateur.
I. Axel Anthon lîjornbo, Stadien iiber Menelaos' Spharih. Beitriige ziir Geschirhte der Spharik und Trigonométrie der Griechcn (Abhandlangen :ur Gesrliichte der malliema-
tischen Wissenschaften mit Einschluss ihrer
XlVif*
Ilert, S. 1/17; 1902).
Anwendungen, l)Cf>rrmdet vonMoritzCanlor.
LA SGIENTIV DE PO>fDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
Un
3l3
autre caractère permet de reconnaître l'origine
nique de cette partie du les lettres se
En
traité.
Iiellé-
nous avons vu
la figure i3,
succéder dans l'ordre A, B, C, D, E, Z, H, T;
cet ordre, qui rappelle celui de l'alphabet grec a, g, Y, 0, £, C,
se retrouve
dans toutes
figures des livres II et
les
IIÏ.
permettent de reconnaître
0,
•//,
démonstrations
dans toutes
et
les
Selon M. Hultsch, ces désignations les écrits
grecs venus à la connais-
sance des Occidentaux par l'intermédiaire de versions arabes.
Le passage par l'arabe explique d'origine grecque dans
le
de
l'absence
tout
mot
ces
mots
du De ponderibus ;
texte
sont au contraire très fréquents, en général, dans les versions
du grec au latin dont remarquable exemple.
directes
Est-il possible d'aller
de cet ouvrage
premier attribué
^
De canonio nous
plus loin et de
Nous ne
"è
le
le
nommer
offre
un
l'auteur grec
croyons pas. Thurot, qui a
le
une origine hellénique^ a émis
à notre traité
l'hypothèse de son identité avec
le
IIspl po7ï(T)v
de Ptolémée.
Cette hypothèse ne nous paraît pas justifiée. Simplicius, en effet,
connaissait ce traité de Ptolémée qu'il cite^ en son
mentaire au De Cœlo d'Aristote. Or, lorsque
même
le
Simpli-
cius énumère"^ les diverses théories qui ont été proposées
rendre compte de
la
chute accélérée des graves,
tionne aucunement l'explication traité
soit
peut-être, r Élévateur de
t.
XIX,
traité
II s pi
les Mrj^^avtxa
composé
izpo^lrnj.oiTa et,
le
Principe d'Archimède (Revue archéolo-
1869, P- '^7)-
Simplicii in Aristotelis de Coelo commentavia cdidit
MDCCGCXCIV (Comment,
poTuwv,
l'auteur,
Héron d'Alexandrie.
ïhurot, Recherches historiques sur
gique, nouvelle série,
3.
ne men-
curieuse qu'en donne notre
donc possible d'en nommer
nous pouvons y reconnaître un par un géomètre qui connaissait
2.
pour
De ponderibus.
Sans qu'il nous
1.
si
il
com-
J.
L.
Heiberg",
Berolini,
in de Coelo, lib. IV, cap. IV).
Simplicii in Aristotelis de Coelo commentaria edidit J. L. Heiberg. Berolini, pp. 26/i seqq. (Comment, in de Coelo, lib. 1, cap. VIII).
MDCCCCXCIV,
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VTNCl
3 14
Tout
que nous présente
différent est le caractère
Aucune marque de imprimée.
Les lettres
ne
hellénique
science
la
qui désignent les
divers
le livre
trouve
s'y
points
figures s'y succèdent dans l'ordre de l'alphabet latin.
I.
des
La seule
empreinte que nous y reconnaissions, profondément gravée, est celle de l'Ecole de Jordanus. L'auteur a écrit après Jordanus de Nemore.
en reproduit certaines démonstrations, non sans
Il
les critiquer.
Ses deux propositions les plus marquantes, la
condition d'équilibre du levier coudé
sa théorie
du plan
sont établies en usant de la méthode par laquelle
incliné,
Jordanus a ment,
et
justifié la loi d'équilibre
l'écrit
qui forme
le
premier
du
levier droit. Visible-
livre de notre traité
De pon-
une production du Moyen-Age occidental. deux écrits, si différents d'origine et de caractère,
deribus est Si ces
trouvent
le
plus souvent soudés l'un à l'autre, est-ce pur
se
effet
de hasard.^ Les écrits dont usait l'École De ponderibus nous offrent autre exemple de soudure entre
un
autre traité
un
traité d'origine
grecque
composé par un géomètre du Moyen-Age
;
un et les
Elemenla Jordani super demonslraiionem ponderis sont presque toujours, et dès le xni' siècle, unis au
De canonioK De
cette
rapsodie, la raison est évidente; le De canonio ne se suffit pas à ((
lui-même;
il
invoque des propositions qui ont été démontrées
par Euclide, par Archimède
et
par d'autres
»;
or, la
démons-
tration de ces propositions est l'un des principaux objets de l'écrit
de Jordanus
;
forme
cet écrit
ainsi,
au De canonio, une
introduction très naturelle et peut-être voulue par Jordanus
même. Ne peut-on donner une explication analogue de la soudure entre le premier livre du traité De ponderibus et les trois derniers ?
Gomme loi
du
le
De
canonio, le second livre de ce traité suppose la
levier et son extension
au cas où l'on tient compte du
poids des bras du levier; l'auteur du premier livre démontre ces propositions exactement
r.
Cf. Les origines de la Statique,
t.
I,
comme Jordanus p.
1
25- 138.
l'avait fait
avant
3l5
LA SGIEINTIA DE PONDERIBUS ET LEONARD DE VINCI
en sorte que son premier
lui;
que
livre peut, aussi bien
Elemenla Jordani, servir d'introduction au second
les
livre.
Mais ce premier livre apporte au troisième livre un secours
que
Elémenta Jordani ne lui sauraient donner.
les
Prenons, en livre
qui
:
«
Si
forme
première proposition de ce troisième
pivot de la balance se trouve au dessus de la règle
le
fléau, quels que soient les poids suspendus en ses
fléau ne s'inclinera pas jusqu'à devenir vertical,
le
Suivons-en
la
ABC
supposons poids G;
la
le
extrémités,
«Soit
effet,
démonstration
le
poids
menons
:
20) le fléau,
(fig.
A
n
D
le pivot,
DBE
la verticale;
supérieur au
DG,
les lignes
DA
;
prolongeons cette dernière jusqu'en Z,
de
comme
poids
le
que DZ
sorte
telle
remplaçons égal à G,
le
A
placé
en
DG
au poids G,
est
poids
soit à
A
et
par un poids Les
Z...
choses
étant ainsi disposées, Z voudra s'ap-
procher de
que G; A
la
se
DBE
verticale
rapprochera donc de
quantité proportionnelle; verticale.
autant
n'arrivera
il
même
verticale d'une
donc pas
à toucher cette
la
»
Visiblement, cette démonstration suppose l'on peut
énoncer
ainsi
:
((
aux bras
Si des poids égaux pendent
inégaux d'un levier coudé, poids soient équidislants de
un lemme que
il
faudra, pour
la verticale
l'équilibre,
du point d'appui.
que ces »
Gette
proposition était assurément connue des géomètres de l'Ecole
d'Alexandrie; elle est citée par Héron d'Alexandrie
regarde avec raison
comme
impliquée dans
les
',
qui la
théorèmes
d'Archimède. Mais, bien loin de se trouver établie dans Elemenla Jordani,
elle
y
était
les
formellement niée. Au contraire,
du premier livre De ponderibus l'énonce exactement en son théorème VllI, et il la justifie par un raisonnement des
l'auteur
plus élégants.
De même que Jordanus de Nemore semble avoir rédigé
I.
Les Mécaniques ou VÉlévateur de
Héron d'Alexandrie,.., pp.
87 sqq.
ses
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
3i6
Elementa pour en faire une sorte d'introduction au De canonio,
de
même
paraît avoir souhaité de fournir aux trois derniers
derihas, livres
A
son disciple, en composant un premier livre De pon-
un lemme dont
ils
avaient besoin.
inconnu des quatre
De ponderihus, nous avions proposé de donner un nom; nous l'avions appelé le Précurseur de Léonard de Vinci. Or, voici que cet auteur se dédouble, pour ainsi dire, et que nous trouvons en lui deux l'auteur
personnages
:
livres
un géomètre adepte de
Science hellène, a
la
un mécanicien de Jordanus de Nemore, a composé le
rédigé les trois derniers livres de l'ouvrage; occidental,
disciple
premier.
Au premier
de ces deux auteurs,
Léonard convient
exactement;
très
de son traité qui n'ait
il
de Précurseur de
le titre
n'est
sollicité l'attention
aucune proposition
du Vinci;
il
en
est
qui lui ont suggéré quelques-unes de ses plus belles trouvailles
en Mécanique, notamment
la loi
de composition des forces
concourantes.
Au
contraire,
théorèmes du
les
inconnus à Léonard
;
celui-ci a
ignoré
second
nom du
demeurés
la belle solution
par celui-là au problème du plan incliné eût illustré lé
sont
;
une
disciple de Jordanus,
telle
si
ce
donnée
découverte
nom
n'était
à tout jamais perdu. L'auteur de cette découverte ne mériterait il
pas
le titre
le titre
et
ï
de Précurseur de Simon Stevin.^ ou bien encore
de Précurseur de Descartes, puisqu'en cette solution
en une autre
il
a
si
heureusement usé de
la
méthode que
le
grand philosophe devait préconiser?
I.
Cette dénomination nous a été proposée par M. P. Mansion, professeur à l'Uni-
versité de
Gand.
vni
ALBERT DE SAXE
ALBERT DE SAXE I
Ce que nous connaissons touchant la tie d'Albert de Helmst^dt, surnommé Albert de Saxe. L'influence d'Albert de Saxe sur les pensées de Léonard de Vinci a été considérable; à plusieurs reprises, il nous a été
donné d'en relever la
marques; souvent, encore, nous aurons à signaler. Gomment ne souhaiterions-nous pas de connaître, les
complètement que possible, ce que fut la vie de ce maître? Malheureusement, jusqu'à ces dernières années, nous possé-
aussi
dions bien peu de renseignements sur cette vie;
les
particularités de
quelques lignes de Georges Lokert ou de
Du Boulay
contenaient tout ce qu'il nous était donné d'en savoir.
Aujourd'hui, bien que notre curiosité ne puisse encore faire tous ses légitimes
désirs,
du moins
satis-
a telle reçu de pré-
cieux aliments par les soins du R. P. Denifle et de M. Emile Ghatelain.
Dans
le Cartulaire
de r Université de Paris, dont la
publication est due à leur érudition, nous trouvons quelques
documents authentiques sur
la vie
d'Albert de Saxe'. Nous
trouvons d'autres renseignements, en bien plus grand nombre,
dans ce Livre des Procureurs de
nous
la
Nation anglaise qui, déjà,
permis de reconstituer quelques parties de la vie de ïhémon^ et dont nous devons la publication aux mêmes a
savants éditeurs-^. Chartularium Universitatis Parisiciisis sub auspiciis Goncilii generalis Facultadiversis bibliothecis tabulariisquc collegit, cum authenticis chartis contulit, notisque illustravit Henricus Denifle 0. P.... auxiliante Emilio 1.
tum Parisicnsium, ex
Ghatelain... Tomus Ilf, ab anno MCGCL usque ad annum MGGCLXXXXIIII. Parisiis, anno MDGGGLXXXXIIIL — Ghercher à la table au nom Albertus de Saxonia. 2. Vide supra V, Thémon le fils du Juif et Léonard de Vinci, pp. 162 sqq. 3. Auctariiim Chartularii Universitatis Parisiensis sub auspiciis Goncilii generalis :
:
Facultatum Parisicnsium cdiderunt Henricus Denifle G.
P....
_^milius Ghatelain...
ETUDES SUR LliONAUD DE VINCI
03O
Les premières pièces le
nomment
qui fassent mention d'Albert de Saxe
^
Alhertas de Helmstede, Albert de Helmstœdt; c'est
ainsi qu'il est encore désigné
au rôle
transmet au pape en i352; mais
officiel^
on
déjà'^
que l'Université
avait pris l'habitude
de l'appeler Albert de Saxe, Alberlus de Saxonia.
La
ville
de Helmstœdt appartient aujourd'hui au duché de
Brunswick; mais 1180 le
le
elle
fit
duché de Saxe
longtemps partie de
fut
démembré,
Brunswick, à constituer
elle
la
Saxe; lorsqu'on
continua, avec tout
du duc déchu.
les alleux
Il
n'est
donc pas étonnant qu'à l'Université de Paris, au xiv*' siècle, on regardât comme Saxon un maître né dans cette ville. Albert de Saxe n'était pas le premier citoyen de Helmstœdt
qui fût venu étudier et enseigner à Paris; l'Université parisienne avait déjà connu
un Jean de Helmstsedt;
celui-ci avait
pris la déterminance (ou baccalauréat)^ et la licence ^ en i345; la
même
année,
il
comme
avait débuté^
procureur de la Nation anglaise
maître es arts; élu
juin iSliQ^,
le 12
il
ne tarda
pas à quitter Paris pour retourner dans son pays^; en i352, Livre des Procureurs de
parmi
les
la
Nation anglaise
le cite
maîtres présents à l'Université; puis
il
le
de nouveau ^
n'est plus fait
aucune mention de son nom. C'est
en i35i qu'Albert de Helmstœdt subit l'épreuve de
déterminance sous maître Albert de Bohême, en
que Wiskin Wenslay la
même
la subit
1.
sous maître Henri de Minden
Parisiis,
comme
anno MDGCCLXXXXIIII.
annum MCCCCVI.
— Chercher à
1.
Auctariiim, coll.
2.
Auctariuni, col. 160.
3.
Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium^ Auctarium, Auctarium,
ti.
5. 0, 7. 8. 9.
10. 11.
12.
i» ;
maîtres es arts^^ Maître Albert
candB (Allemanniœ) in Universitate Parisiensi.
ad
temps
année, les deux condisciples subirent l'examen de
licenceii et débutèrent
Tomus
même
la
i/ig,
i5o, 162 et i5/i.
coll. i55, i58,...
col. 79. col. 85.
col. 88. col. 90. col. 96. col. iGo.
col. 149-
col. i5o. col. i52.
la table
—
Liber procaratorum Nationis Àngll-
ïomus au
I,
nom
ab anno
MGCCXXXIII usquc
Helmstat (Albertus).
ALBERT DE SAXE
Bohême
de
présidé
avait
toutes
à
32
1
épreuves auxquelles
les
Albert de Saxe avait été soumis.
Chacun des examens
récipiendaire, l'acquittement de certains droits
men
donné,
le
miné d'après
mêmes
taux de ces droits n'était pas
les
fixe;
pour un exail
était déter-
étaient évaluées d'après la bursa, c'est-à-dire d'après la
vait de sa famille; et
le
parmi
déterminant ou
ces
escholiers
u
de Suède ou de Dacie pour recueillir l'Université de Paris, qu'ils sont le
;
ressources de l'étudiant; ces ressources elles-
pension hebdomadaire que
sur
du
universitaires exigeait, de la part
»
le licencié rece-
venus d'Ecosse,
enseignements de
les
nombreux ceux dont
le
Livre des Procureurs, est suivi de cette mention
bursa nihill
au jour
le
De
leur famille,
jour,
comme
ne recevaient rien;
ils
:
nom, Cujus
vivaient
ils
pouvaient.
ils
Ni Albert de Saxe, ni son condisciple VViskin Wenslay, ne se
trouvaient dans cet absolu dénuement; leur
madaire
était
lorsqu'il
débuta
de cinq sous au
comme
moment
«
bourse
»
hebdo-
de leur déterminance
;
maître-ès-arts, Albert recevait six sous
par semaine; bien peu d'étudiants touchaient davantage. Ces ressources ne leur permettaient pas, cependant, d'acquitter les droits
minance,
ils
d'examens
au
;
moment où
durent s'engager
i,
receveur de la Nation, à payer
de licence avant la
fête
de
la
ils
par une
les droits
subirent la déterlettre adressée
au
de déterminance
et
Pentecôte, et ce sous peine d'être
privés de leurs titres.
La Pentecôte passa; mais point
ciples,
les
les
honneurs vinrent aux deux condis-
ressources qui leur permissent de se
libérer.
Wiskin Wenslay
avait été élu, dès i35i
Nation anglaise; Albert de Helmstœdt
même
année, la veille de Noël 3;
lesquels
impayés.
ils
En
s'étaient
i352,
I.
Auctariain, col. lig.
2.
Auctariain, col.
ib-2.
3.
Auctariiim, col.
i5/j.
4.
Auctarianij col. i58, p.
UUllKM.
et
procureur de
la
son tour,
la
fut à
cependant,
engagés envers
on consentit^
le
3,
la
les billets
par
Nation demeuraient
à leur remettre ces billets en
ÉTUDES SUR LEONARD DE MxNCl
33 2
échange de
la
promesse d'acquitter leur dette
plus tôt
le
possible. Si
l'Université
comme
Nation
la
et
nous
anglaise
apparaissent
des créanciers doués d'une bienveillante patience à
l'égard de leurs débiteurs, les maîtres étaient sans doute plus
pressés de réclamer les redevances que les usages leur
Tout licencié qui
buaient.
faisait sa
attri-
comme
leçon de début
maître-ès-arts, tout maître élu procureur était tenu de verser
un écu ou un
pour étancher
florin
francs buveurs pour
la plupart;
et
la soif
impôt ne
cet
point les longs délais dont s'accommodaient
En
sitaires.
i35i, nous voyons
^
le
de ses collègues, souffrait
les droits
univer-
procureur Wiskin Wenslay
promus Henri de Clèves, Albert de Helmstaedt, Zebald de Nuremberg et Hermann Rotwill verser chacun un florin afin d'offrir une u consolation » (sola-
et les
maîtres nouvellement
ciiim)
aux maîtres de
la
Nation anglaise présents à Paris.
Albert de Saxe ne fut pas seulement procureur de la Nation anglaise; nous le voyons
2,
en i353, recteur de l'Université.
Le i3 février i353, Albert de Saxe présente ^ une requête à la
Nation anglaise, assemblée près de
il
demande
l'église
Saint-Mathurin;
une
à envoyer, sous le sceau de la Nation,
au cardinal Pierre de Croze, évêque d'Auxerre, qui
lettre
fut provi-
seur de la Sorbonne, afin d'être admis en cette maison de
Sorbonne;
à
l'unanimité,
sa
demande
un
reçoit
accueil
favorable.
Albert étudia longtemps en Sorbonne
docteur en théologie ? croire, S'il
;
reçut-il le
Aucun document ne nous
bonnet de
autorise à le
malgré l'opinion de certains biographes'*.
ne
fut
point théologien, Albert de Saxe fut assurément
un professeur
brillant et zélé de la Faculté des arts
;
le
souvenir
de son enseignement n'était point effacé au temps de Georges Lokert, et le Livre des Procureurs de
la
Nation anglaise nous
apporte maint témoignage de son activité. Auctarium, col. i53. Auctarium, coll. i65-iGG. 3. Auctarium, col. 162. Chartularium, p. 98, en note. (Celle noie est attribuée à Albert de Hicuiestorp, /». ([ui, nous le verrons, n'est pas Albert de HelmstcTpdt, 1.
2.
323
ALBERT DE SAXE
Sans cesse, nous
voyons
le
solliciter l'autorisation
de faire
des leçons soit en dehors des heures réglementaires, soit aux
jours fériés. à
En
355,
1
il
donner lecture d'un
sainte Vierge.
En
est autorisé
i358,
le
i356,
mieux,
demande 3
il
à partir de la fête de Noël,
livre d'Aristote à l'heure des
permis
lui est
il
en son propre domicile, sur qui lui plaira
i,
les
le
;
à enseigner, en ces
après
fête,
le
morale
sermon. En
une leçon sur la Robert le Normand demande également mêmes jours, le Centiloquiam et VOpus
quadripartitam de Ptolémée; ces deux
blement accueillies par aussi,
de faire des leçons,
^
livre de philosophie
jours de
la
à faire, les jours fériés,
Politique d'Aristote
droits des
réserver les
nones de
la
Nation; cependant
autres
donner des leçons
les
demandes sont elle
favora-
a soin de
maîtres qui voudraient,
eux
jours fériés.
Albert a été très activement mêlé à la vie universitaire de
son temps; non seulement
il
d'examens de baccalauréat
et
a fait
de
un bon nombre
passer
licence,
débuts de maint maître-ès-arts, mais encore plusieurs délibérations importantes dont
le
a
il
il
présidé aux a pris part à
souvenir nous est
conservé par des documents authentiques.
Tous
les ans, la
(rotulus)
Curie pontificale recevait à Avignon un rôle
qui faisait
connaître au Pape
l'état
du personnel
enseignant de l'Université de Paris. L'établissement de ce rôle
donné lieu à des abus, car la Nation anglaise en i352^, pour fixer le canon inviolable selon lequel
avait, sans doute,
se réunit,
cette pièce serait
désormais rédigée.
On
devait inscrire d'abord
maîtres actuellement pourvus d'un enseignement à Paris,
les
par rang d'âge, en commençant par finissant
par
le
plus jeune. Les
noms
le
plus ancien
Gautier de
1.
0. 4.
donne
les
des maîtres appartenant à la Nation anglaise qui étaient
présents à Paris au
2.
en
des survenants pren-
draient place ensuite. Le Livre des Procureurs nous
noms
et
moment
W aldclaw,
Auctarium, col. i86. Auctarium, col. 19g. Auctarium, col. 226. Auctarium, col. 160.
de cette délibération; ce sont:
Jean de Wesalie, Gerhard t de Prusse,
ÉTUDES SUR LÉO>ARD DE VINCI
324
Jean de Helmstsedl,
Henri de Minden, Mathias
de Suède,
Wiskin Wenslay, Albert de Helmstsedt, Jean de Louvain, Jean l'Écossais, David l'Écossais, Henri de Clèves, Hermann
Tylemann, Eghelin, Gerhardt du et Jean de Minden.
Rotwill, Johannes de Aquis,
Moulin,
Thomas
l'Écossais
Chaque année, la Nation désignait des maîtres qu'elle chargeait de composer le rôle, conformément au statut; en cette fut investi de
année i352, Albert
mission
cette
il
i;
le
fut
encore en i3552.
Nous avons
dit le
appartenant à
dénuement de bon nombre
Nation anglaise
la
d'étudiants
bienveillance
et la
avec
laquelle la Nation leur accordait soit des délais pour le paie-
ment de droits.
même
leurs droits d'examens^ soit
la
remise de ces
Mais cette bienveillance favorisait des abus; certains
étudiants aisés se disaient pauvres, afin d'être dispensés des ((
bourses
»,
et
leur
finances, souvent
Les maîtres de nêtes
;
ils
peu prospères, de la
ils
auparavant, avaient la Nation, furent le
la
Nation.
un
y mît fin et, le chargèrent^ cinq d'entre eux d'élaborer ce
Wiskin Wenslay
Désormais,
un grave préjudice aux
Nation s'émurent de ces procédés malhon-
résolurent d'établir
2^ mai i354, statut;
fraude portait
fait
et
statut qui
Albert de Saxe qui, peu d'années
appel à
la
longanimité du receveur de
au nombre des maîtres
élus.
candidat dénué de ressources dut affirmer
sous serment qu'il ne possédait ni à Paris, ni en son propre pays, la
somme
d'argent nécessaire à l'acquit des droits;
dut, en outre, laisser en gages, entre les
il
mains des représen-
tants de la Nation, des objets d'une suffisante valeur; au jour
de l'échéance, l'étudiant
était
faute de quoi, les gages étaient
mis en demeure de
vendus au
profit
se libérer,
du
trésor de
la Nation.
Ces délais de paiement constituaient une faveur que l'étudiant devait, en général, solliciter en personne de la Nation assemblée. Le i4 mars i356, nous voyons'' Maître Albert de 1.
Aactariiiin, col,
i(5o.
2.
Auctariuin, col.
i8'i.
3.
Aiictarinm, col.
i']'\.
li.
Auctariuni, col. 191.
Saxe
du
le fils
demander
Juif,
pour deux candidats retenus dans
cette faveur et
Thémon,
Maître
et
62b
DE SAXE
ALr.EI\T
obtenir
et
la salle
d'examen
empêchés de présenter eux-mêmes leur requête. L'étudiant à court d'argent donnait volontiers quelque livre
en gage, pour obtenir un délai dans
le
d'examens mais, au jour de l'échéance, ;
démuni que par
Au début dépenses
le
paiement de
ses droits
se trouvait
non moins
il
passé et hors d'état de récupérer son gage.
de l'année iSôg, la Nation avait à faire face à des
exceptionnelles, car la querelle des théologiens et
du recteur de
l'Université
exigeait la confection d'un rôle
^
spécial et son envoi h Avignon. Aussi, le
i/i
février % la Nation
de l'Université,
anglaise,
réunie
résolut
extorquer quelque argent à ses débiteurs
d'((
convoqua
avec
la
Faculté
à venir acquitter leurs dettes le
(17 février). Les étudiants furent
à cet appel
ceux qui
;
s'y
leurs gages seraient vendus
gages seraient vendus
engagés par
les livres
les
peu empressés de
rendre
se
la le
savoir que
fit
ne soldaient leur dû
;
mais
majorité de la Nation décida
plus tôt possible.
En
étudiants furent mis dans
en présence des bedeaux de
l'on scella,
elle les
;
dimanche suivant
aux autres, on
s'ils
nul ne put se libérer. Alors, les
»
rendirent furent, par délibération,
invités à racheter leurs gages;
que
Arts
des
la
attendant,
un
sac
que
Nation, du sceau
du
procureur; on mit ce sac en dépôt chez un libraire, Jean de la
Porte
;
procureur, Henri Egher de Kalker,
le
maîtres que
la
et
les
deux
Nation avait désignés pour présider à cette
opération. Maître
Thémon
et
Maître Albert de
cèrent cinq sous et huit deniers pour payer
le
avan-
Saxe,
porteur
et
pour
boire avec les libraires.
Maître Albert était volontiers choisi par la Nation anglaise lorsqu'il s'agissait de la représenter
en quelque circonstance
importante
l'un des témoins qui, le
et délicate
;
il
fut ainsi
12 juillet i358, signèrent le concordat^ par lequel
anglaise et la Nation picarde fixaient la
commune
des pays ressortissant à chacune d'elles.
1.
2. 3.
V, Thémon le fils du Juif et Léonard de Vinci, p. 169. Auctarium, col. 2/11. Chartularium. tomus III, p. 56, n" i2-'io.
Vide supra
:
la
Nation
frontière
ÉTUDES SUR LÉONARD DE
SaÔ
En de
cette
Saxe,
même
année,
un
frère d'Albert de Helmstaedt,
trouvait à l'Université
se
27 août i358, nous voyons
VIISCI
de
Paris.
En
Jean le
effet,
Maître Albert déclarer à l'Assem-
^
blée de la Nation anglaise que son frère Jean désire faire ses
regagner aussitôt son pays;
débuts de maitre-ès-arts et
demande donc que
il
l'on veuille bien faire remise au récipien-
des droits relatifs à cette leçon de début, et que l'on
daire
consente également à l'inscrire sur
moyennant
maîtres absents,
la
le
avec les autres
rôle,
redevance prescrite. Ces deux
requêtes ayant été favorablement accueillies,
«
Maître Jean de
Saxe, frère de Maître Albert de Saxe, débuta sous la présidence
de Maître Henri de Saxe.
»
Dans une assemblée tenue en octobre i36i, nous voyons
la
^
Nation anglaise acquitter certaines dettes qu'elle avait contractées
de trois maîtres, parmi lesquels se trouvait
à l'égard
Albert de Saxe.
Au mois demande 3
d'octobre
de
la
même
année.
Maître
à l'Assemblée générale de la Nation de le
Albert
nommer
curé de la paroisse des Saints Gôme-et-Damien, qui s'étendait
sous les
murs de
Paris et qui dépendait de l'Université
;
à
l'unanimité, cette charge lui est confiée.
Peu après, la Nation lui confère^ la dignité de receveur, en remplacement de Thémon, qu'elle délègue auprès du pape. Maître Albert, d'ailleurs, ne devait pas garder longtemps cette nouvelle fonction, car, le 28 septembre 1862, nous voyons qu'elle est déjà
aux mains de Henri de Kempen.
C'est à l'occasion de son élection
que
le
nom
à' Alberlus
prononcé par plus que
le
le
nom
1.
2.
3. A. f).
de Saxonia est, pour la dernière fois,
Livre des Procureurs de la Nation anglaise; pas d'Alberhis de Helmstsedt,
pages suivantes. Aussi de curé
aux fonctions de receveur
la carrière
Auctariam,
col. 287. Auctariuni, col. 266.
Auctarium, col. 2G7. Auctariam, col. 267. Auctariam, col. 269.
Du Boulay
a-t-il
il
ne
se retrouve
arrêté à sa
du profond philosophe.
aux
nomination
ALRERT DE SAXE
32 7
II
Albert de HelmstyEdt
même qu'Albert de Ricmestorp?
est-il le
Cette carrière, d'autres historiens l'ont prolongée davantage;
dans ce but,
ils
ont identifié Albert de Helmstaedt avec Albert
de Ricmestorp, dont la
nom
le
Nation anglaise au
paraît au Livre des Procureurs de
moment
précis
où
le
nom
d'Albert de
Saxe disparaît.
En
un Jean de Ricmestorp
subir les
examens du baccalauréat. Ce Jean de Ricmestorp, on
l'identifie
1357, nous voyons'
avec Jean de Saxe, qui, en i358, débute
comme
maître-ès-arts,
après que son frère, Albert de Saxe, a obtenu pour lui une
remise de droits.
Ce Jean de Ricmestorp a, en effet, un frère nommé Albert. Le 3 novembre i362% Albert de Ricmestorp est hors d'état de payer
droits d'inscription au
les
un
supplie la Nation d'accorder à
donner
envers
qu'on
la
sa parole
rôle;
Jean de Ricmestorp
délai à son frère;
pour Maître Albert,
à s'engager
il
s'offre
pour
lui,
Nation, par un billet scellé de son propre sceau, ce accorde.
lui
Albert de Ricmestorp eut, d'ailleurs, une brillante destinée^; après qu'il eut été, en i363, recteur de l'Université de Paris, il
fut,
en
Urbain
V
i365,
dépêché
en
par Rodolphe, duc
ambassade d'Autriche.
auprès
En
du pape
cette
même
année i365, l'Université de Vienne fut fondée, et, sous l'influence de Rodolphe, Albert de Ricmestorp fut élu comme premier recteur.
nommé,
le 21
Il
était
chanoine d'Hildeseim lorsqu'il
fut
octobre i366, évêque d'Halberstadt.
Quelle raison a-t-on pour regarder cet Albert de Ricmestorp
comme
étant la
même
personne qu'Albert de Helmstaedt ou
de Saxe? Celle-ci seulement
1.
2.
3.
Auctarium, col. 208. Auctarium, col. 276. Chartularium, tomus
III, p.
:
Le Livre des Procureurs de
98 (en note).
la
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VTNCï
328
Nation anglaise cesse de mentionner les deux frères Albert et
moment même où
Jean de Saxe au
deux
Jean
frères
et
commence
il
à citer les
Albert de Ricmestorp.
Mais, pour soutenir cette identité entre Albert de Helmstaedt
Ricmestorp,
de
Albert
et
que
d'invraisemblances
faut
il
accumuler!
brusquement il
nom
le
Saxe abandonne
d'abord, qu'Albert de
supposer,
faut
Il
de sa
était célèbre jusqu'alors,
surnom sous lequel pour prendre un nom qu'il n'avait ville natale et le
jamais porté. Il
que Jean de Saxe, au
faut supposer
de retourner dans
lieu
comme
son pays après son début de maître-ès-arts, l'avait déclaré à la Nation, est
Saxe cumule
la vie universitaire
la paroisse des Saints la
demeuré
son frère
à Paris; qu'Albert de
avec ses fonctions de curé de
Gôme-et-Damien,
reprend en 1862
et qu'il
charge de recteur qu'il avait occupée neuf ans auparavant. Et ces invraisemblances ne sont pas les seules
que l'on
doive signaler.
En
1862, Albert de Saxe est curé d'une paroisse de Paris;
vient de
quitter
maîtres fortunés
fonctions
les ï;
aux
réservées
supposer, cependant,
le faut
il
de receveur,
si
il
démuni
d'argent qu'il ne peut payer son inscription au rôle et que son
jeune
frère,
un débutant,
qui est presque
lui
répondant; ne semble-t-il pas plutôt, en cette de Ricmestorp
Ricmestorp
comporte en
se
frère
doit servir de
affaire,
que Jean
aîné et qu'Albert
de
soit le cadet?
D'ailleurs, ce rôle
envoyé
à
Urbain
Y
le
novembre
27
1862,
ce rôle à l'occasion duquel Jean de Ricmestorp fut le répon-
dant de son frère Albert, nous en possédons apporte contre
la thèse
textes et ce texte
le
dont nous parlons des arguments
singulièrement puissants. Naturellement, les deux frères Jean et Albert de Ricmestorp
y figurent,
et voici
Maître Jean,
exactement comment
surnommé
1.
Auctarium, tomus
2.
Chartulariutn,
tomus
3.
Chortularium,
loc. cit., p.
I,
le fils
de Bernard
inlroductio, p. xxii. III, n° 12G5, p. 8-;!. 91.
ils
y sont désignés ^ le
:
Riche, de Ric-
AT.RERT DE SAXE
3^9
mestorp, au diocèse d'Halberstadt, chanoine majeur de l'Église
de Brème. Maître Albert,
surnommé
le
fils
de Bernard
le
Riche, du
diocèse d'Halberstadt, recteur de l'Université de Paris, exami-
nateur des licenciés en l'examen de Notre-Dame de Paris,
chanoine de Mayence. Les deux frères sont originaires du diocèse d'Halberstadt;
comment
pu
Albert aurait-il
naître à Helmstsedt?
Aussi voyons-nous que la mention de Helmstaedt ne figure
aucunement au
de curé des Saints
le titre
nom
non plus que Gôme-et-Damien. Peut-on demander
rôle, à la suite
du
d'Albert,
preuve plus convaincante à rencontre de
la
proposition que
nous avons mentionnée?
A
bien examiner,
le
arguments propres
le
nous fournit encore d'autres
rôle
à ruiner cette proposition.
Rappelons-nous, en
effet, le
statut relatif à la rédaction de
ce rôle, statut arrêté dix ans auparavant, en i352, et à la confection
duquel Albert de Saxe avait pris part; en vertu de ce
statut,
les
maîtres présents à Paris, en i352, devaient être
Inscrits d'abord,
par rang d'âge, du plus ancien au plus jeune;
maîtres entrés plus tard à l'Université devaient prendre
les
rang à
En
la suite.
vertu de ce statut, nous devons trouver, en tête du rôle
noms
des maîtres qui enseignent encore à cette
de i362,
les
date
qui appartenaient déjà à la Nation en
et
i352;
c'est
parmi ces noms que nous devons trouver celui d'Albert de Saxe, s'il y figure. Plus loin dans la liste doivent s'inscrire les noms des maîtres moins anciens
et,
parmi eux,
celui
de Jean de
Ricmestorp.
Examinons donc telle
27
que nous
novembre
En premier
la
la liste
présente
des maîtres de la Nation anglaise,
le rôle
'
adressé au pape Urbain
I.
le
i362.
rang, nous trouvons naturellement
de la Nation, Thierry Distel de Unna;
jeune maître;
Y
il
c'est,
le
procureur
selon l'usage,
un
a subi la déterminance, en i358, sous Albert
Chartularium, tomiis
III, n"
ia65, pp. 82-98,
330
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
de Saxei; en
la
même
année, sa leçon de début a été présidée
par Thémon^; quatre Aussitôt après faisait prévoir,
le
un
fois, il été
élu procureur de la Nation
comme
procureur vient, très
ancien maître de
le statut
nous
•'5.
le
Faculté des Arts,
la
Magister Nicolinus de Dombrec, prêtre d'Aberdeen. Nicolinus de
Dombrec
a
déterminé en
comme
subi l'examen de licence 5 et débuté*^
moment où
en i35i, au il
cette
Dombrec continue d'appartenir 11
est
en i348,
il
a
maître-ès-arts;
Albert de Saxe subit la déterminance,
examinateur pour
est déjà
i344^';
épreuve^. Nicolinus de
à l'Université jusqu'en i364^.
chargé parfois des missions auxquelles
la
Nation anglaise
attache une importance particulière; lors des démêlés de cette
Nation avec
la
Nation picarde,,
député par
est
il
les
siens^
d'abord pour entamer les négociations, puis pour rédiger
le
concordat.
Nicolinus de
Dombrec appartenait
en i352, on arrêta
le statut relatif
à l'Université lorsque,
au rôle; mais
était alors
il
absent de Paris. Des maîtres présents à Paris à ce moment, pas
un
nous le
seul ne figure au rôle de i362. Le premier
nom
de Henri de Holtz de
Kempen licencié
Le
Dombrec
lisions après celui de Nicolinus de
subi
n'a II
et a
nom
la
débuté
Kempen;
maître
d'Henri de Holtz de
Jean de Ricmestorp, surnommé
^^
en
Kempen le fils
est,
en
effet,
or Henri de Holtz de
déterminance qu'en
comme
nom que
i353ïo;
il
a
été
i35/i.
est suivi
de Bernard
du nom de le
Riche.
Après Jean de Ricmestorp, nous trouvons: Henri- Jean de Holtz de et
débuté 1.
2.
3. li.
5.
0. 7.
8.
9.
10. 11. 12.
i3. 1^.
comme
Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium,
Kempen, qui
a déterminé en iSSS'"^
maître-ès-arts en i359 ^^
tomus J, tomus 1, tomus 1, tomus I, tomus I, tomus 1, tomus I, tomus I, tomus I, tomus I, tomus I, tomus I, tomus 1, tomus 1,
col. 226.
col. 289. coll. 261-252, 254, 278, 276.
col. 70.
col. 121. col. 1/12. col. i^Q-
col. 396. col. 222.
col. i65. col. 168.
col. 172.
col. 226. col. 260.
ALBERT DE SAXE
Henri Yde de Beest, qui a subi
33 I
déterminance en i356i
la
première leçon de maître-ès-arts en iSôi^,
et a fait sa
Bricius Kerre, prêtre de Glasgow, au sujet duquel le Livre des Procureurs est muet.
Wilhelm,
dit
Bucer, bachelier en i356%
et maître-ès-arts
en i357^.
noms que nous trouvons celui d'Albert, de Bernard le Riche; parmi les noms des maîtres
C'est après tous ces dit le
fils
autres que le Procureur,
occupe
il
le
huitième rang;
il
est
à trois rangs après celui d'un maître dont la première leçon
date de l'année précédente. Quelle dérogation à l'étiquette cet Albert,
fils
de Bernard
le
Riche, est
le
et illustre
professeur Albert de Helmstsedt!
un
manquement aux égards en
pareil
statut,
solennellement arrêté,
tombé en désuétude, garantit N'est-il
Vienne
nous l'avions supposé, Qu'il n'a,
et
que
Comment
savant
expliquer
des circonstances où
un
respect de la hiérarchie?
le
fils
de Bernard
le
évêque d'Halberstadt,
le frère
le
trop récent encore pour être
et
pas évident qu'Albert,
sera recteur de
même
si
Riche, qui
comme
est,
cadet de Jean de Ricmestorp.^
par conséquent, rien de
philosophe Albert de Helmstaedt,
commun
dit Albert
avec
le
grand
de Saxe?
III
Albert de Saxe appartint-il a un ordre religieux? Albert de Saxe et Albertutius. Certains auteurs ont pensé qu'Albert de Saxe était sa
nomination
à la cure de
la
un
laïc;
paroisse des Saints Gôme-et-
Damien nous prouve surabondamment
qu'il était prêtre.
Fut-il prêtre séculier ou bien appartint-il à quelque ordre
monastique
1.
2.
3. /|.
?
Auctarium, Auctarium, Auctarium, Auctarium.
tonius
tomus tomus tomus
I, col.
190.
I,
col. 267.
I,
col. 19 a.
I,
coll. 219-220,
332
ETUDES SUR LEONARD DE VINCI
Aucun document contemporain de sa qu'il ait été moine. En revanche, à la fin du du
xvi*'
siècle, les divers
comme
mentionne
xv" siècle,
au début
ordres se disputent ce philosophe,
alors célèbre; les titres de ses livres le ciscain,
vie ne
dominicain ou
donnent
comme
comme
fran-
augustin, selon que
lui-même de la règle de saint François, de celle de saint Dominique ou de celle de saint Augustin. Ainsi, frère Luca Pacioli di Borgo San Sepolcro, qui est l'éditeur est
franciscain,
cite^
Traité des
le
proportions
d'à Albertutius,
ancore de Saxonia, de l'ordine nostro seraphyco ». Le R. P. Isidoro Isolani de Milan, frère prêcheur, a composé un Epitome^ du Tractatus proportionam d'Albert de Saxe; de l'auteur,
il fait,
bien entendu, son frère en saint Dominique.
Edité à Pavie en i5i3 et en 1622, à est intitulé
Eplthoma
:
in
Lyon en
i58o, cet Epitome
proportiones fratris Alberti de Saxonia,
sacri Ordinis Prœdicaiorum.
nous voyons
Enfin,
sa
Logique attribuée ^ en
i522,
par
Maître Aurelio Sanuto de Venise, à «Maître Albert de Saxe, de
Tordre des Ermites de saint Augustin
Revendiqué de il
la sorte
par
».
les divers
ordres monastiques,
extrêmement probable qu'Albert de Saxe n'appartint à
est
aucun d'eux. Nous avons dit^ comment certains historiens avaient été amenés à distinguer l'un de l'autre un premier Albert de Saxe, professant à l'Université de Paris au milieu
du
siècle, et
xiv''
un second Albert de Saxe, moine franciscain du xv'^ siècle, surnommé Alberiutius. Nous avons dit aussi que cette distinction ne nous semblait aucunement fondée q\i' Alberiutius était assurément le nom sous lequel le grand penseur du xiv'' siècle ;
était
1.
fréquemment désigné au Summa
Venise,
1/49/1,
de Arithinetica, P- 6^» recto.
—
xv''
siècle et
Geometria, Proportioni
et
au
xvi" siècle.
Proportionalità
;
i" ('dition,
édition, ïoscolano, iSaS, p. G8, recto, Intorno al Tractatus proportionam di Alberto di ij'
Sassonia 2. B. Boncompagni, {BuUetino di Bibliografia e di Storia délie Scienze mateniatiche e fisiche, pubblicato da Baldassare Boncompagni, t. IV, 1871, p. Bog). 3. Logica Albertucii. Perutilis logica exccllenlissimi sacr.T thcologi.no professoris Magistri Alberti de Saxonia, ordinis Eremilanim divi Augiistini, por Magislrum
Aurelium MDXXll. !\.
Sanutum Vcnetum;
Vide supra
:
pp. G-7.
Venetiis,
ivro,
et
sollertio
ha^rednm
O.
Scoti,
ALBERT DE SAXE
A
de
l'appui
cette
333
de
d'Albert
identification
Saxe
et
nous avons déjà apporté des arguments convaincants. Nous avons vu Nicoleto Vernias de Chieti attrid'Albei'tutius,
buer à Albertutius
la théorie
de ïlmpetus qu'Albert de Saxe a
constamment soutenue en son Tractatas proporUonam, en ses Questions sur la Physique, en ses Questions sur le De Cœlo. Nous avons vui Léonard de Yinci attribuer à a Albertucco » un De calculatione, c'est-à-dire, selon le langage du temps, un traité
des proportions; ce traité, Léonard l'intitule ailleurs
proportione, en restituant à l'auteur le
A
nom
nous en pouvons ajouter
ces preuves,
d'autres. le
Albertutius, dit encore de Saxonia
«
De
d'Albert de Saxe.
Nous venons de voir Fra Luca Pacioli attribuer proportionum à
2
Tractatus
».
Nous trouvons une indication analogue dans un recueil des commentaires et des questions sur le De generatione et corruptione,
composés par
d'Inghen
Dans
Gilles de
Rome (yEgidus Romanus),
Marsile
Albert de Saxe^.
et
ce recueil, Paul de Genezano, de l'ordre des frères de
Saint -Augustin, se donne, à la fin des Questions d'Egidius et
comme en ayant revu la rédaction; il a sans la même tâche pour les Questions d'Albert de
de Marsile,
doute
accompli
Saxe,
en sorte que l'on doit
note qui se trouve au
lui attribuer la
en cette note, on
remarquer au lecteur que les Questions d' Albertutius portent exactement sur les mêmes textes folio i32;
que
les Questions
de Marsile d'Inghen.
Constamment donc, certaine, avoir été
données
comme
minations 1.
œuvres que
les
:
l'on sait,
d'une manière
composées par Maître Albert de Saxe sont
écrites
par
désignent un
Vide supra
fait
Albertutius.
même
Ces
personnage.
deux
déno-
Ajoutons que
p. 20.
Vide supra ."p. 28. 3. Egidivis cum Marsilio et Alberto De generatione. Commentaria fidelissimi expositoris B. Egidii Romani in libros de generatione et corruptione Aristotelis cum textu 2.
intercluso singulis locis.
— Quesiiones
libre de generatione ; iiunc
ejusdem doctoris super primo publicum prodeuntes. — Questiones
item subtilissime
quidem primum
in
—
Item quesquoque clarissimi doctoris Marsilii Inguen in prefatos libros de generatione. tiones subtilissime magistri Albcrti de Saxonia in eosdem libros de generatione ; nusquam alias impresse. Omnia accuratissime revisa, atquc castigata; ac quantum Impressum Venetiis mandato et ars aniti potuit fîdeliter impressa. Colophon expensis nobilis viri Luceantouii de Giunta Florentini, Anno Domini i5i8, die 12
—
:
mensis Februarii.
ETUDES SUH LEONAUD DE
J34
nomme
Nicoleto Vernias ne
Albertutius ; par opposition à
\ iNCl
pas seulement Albert de Albert
Grand,
le
nomme
le
il
Saxe
encore Albertas parvus.
Le célèbre philosophe Augustin Nipho désigne Saxe par
les
Alberiillus
un grand
à' Alber Villas et dCAlberlilla.
qu'Albert de Saxe fut
d'ailleurs, ((
surnoms
logicien
u
summus
logicus
>>
»
il
;
il
;
le
le
«
péripateticien
regarde
place
rang des faiseurs de raisonnements subtils culatorum prxclpaas
Nipho déclare %
un savant
non ignarus peripateticus
Albert de
^
^^
^
comme
au premier
Albertilla captian-
)>
IV Les Écmis d'Albert de Saxe. Les écrits d'Albert de Saxe sont assez nombreux;
dont
vogue
la
a été
grande
et
il
en
est
qui ont été imprimés à plusieurs
complète et exacte. Nous n'avons pas la prétention de donner ici cette liste; pour la dresser, il faudrait des recherches beaucoup plus étendues que celles auxquelles nous avons pu nous livrer. reprises;
il
serait fort intéressant d'en
posséder
la liste
Nous pensons, cependant, être utile à quelques lecteurs en consignant ici les renseignements que nous avons pu recueillir. De tous les écrits d'Albert de Saxe, aucun ne semble avoir eu plus de vogue que l'opuscule intitulé Traclatus proporlionam.
Cet ouvrage a été
l'objet
extrêmement exactes de
la
de recherches part
bibliographiques
du prince Boncompagni^.
Augustiiii Mplii medices philosoplii Suessani, /n Ubris Arlstotelis meteorologi-
1.
corurn comrnentaria. In prfrlo Brandini et Octaviani Scoli, Venctiis, MD\L. fol. 8, Aristolelis Stagirita^ De Cœlo col. a; fol. i/j, col. c; fol. ki, col. d; fol. 'nj, col. a.
—
quatuor, e grseco in latinuin ab Augustino Niplio pliilosopho Suessano conversi, et ab eôdem etiam prœclara, neque non longe omnibus aliis in hac Scientia resolutiore aucti expositione. Venetiis, apud Hieronymum Scotuni, MDXLIX, fol. nj, el
Mundo
libri
d; fol. 3i, coll. c et d; fol. Sa, coll. a, b et d; fol. oS, col. b; b cl c; fol. 89, col. c. ; fol. ya, col. a. In Ubris de a. Aug. Niphi In Ubris meteorologicorum comrnentaria, fol. 8, col. a. Cœlo commenlaria, fol. 3i, col. c. 3. Aug. Niphi In Ubris de Cœlo et Mundo comrnentaria, fol. 5o, col. c. Aug. Nipho, toc. cit., fol. aG, col. c. /i.
col. a; fol. 2G, coll. c et fol. 5o, coll.
—
5.
B. Boiicoiupagni, Intorno al Tractatus j)ropurtionuni di Alberto di Sussonia {BalleBibliograjla e di Storia dclle Scienze matematiclie e Jisiche, t. IV, 1871, p. ^\)S).
tino di
ALBEKT DE SAXE
Du
proporlionum d'Albert de
Traclalas
Boncompagni
335
Saxe,
prince
le
décrit dix éditions.
furent données à Padoue, en i4S2, i484 et
Trois éditions
1487, par Matheus Gerdo de Windischgrœtz.
A
une édition fut donnée en MGGGGXXXLVII (1487?) par Andréas Gatharensis; une autre, en i494, par Bernardinus Venetus, aux frais de Jeronimus Duranti; une Venise,
troisième, en 1496, par Bonetus Locatellus, aux frais d'Octa-
vianus Scotus. Benedictus Hectoris imprima à deux reprises, à Bologne, des collections contenant
le
Tractatus proporlionum; ces deux
éditions sont datées de i5o2 et de i5o6. La seconde contient
un commentaire
même
à ce
traité;
ce
commentaire a pour
auteur Benedetto Yittori, de Faenza, qui enseigna la logique, la
philosophie
A
Paris,
et la
une
médecine à Bologne
édition,
sans date ni
Padoue i.
et à
nom
d'imprimeur,
se
vendait au faubourg Saint-Jacques, près de l'église Saint- Yves, à l'enseigne
du Pélican.
Une dixième
édition ne porte ni date, ni indication d'ori-
gine.
A
la description
joint, d'après
de ces dix éditions,
Échard,
la
le
prince Boncompagni
mention d'une onzième édition
faite
à Venise, en 1496, par les héritiers d'Octavianus Scotus.
Bappelons, en outre,
Les
données à Pavie en i5i3
et
Lyon en i58o de V Epithoma in proportiones fratris de Saxonia, composé par le R. P. Isidoro Isolani, O.P.
en i522, Alherti
les éditions
et à
Sabtilissinide
quœsUones super
ocio
libros
auraient été imprimées à Padoue dès i493, selon
riwn bibliographie uni de Hain. Deux autres
imprimées à Venise, aux héritiers,
frais
Physicorwn le
Reperto-
éditions
furent
d'Octavianus Scotus, puis de ses
par Bonetus Locatellus, l'une en i5o4, l'autre en
i5i6.
Dès
Mundo I.
i48i,
les
QuœsUones
in
Arislolelis
libros
de
Cœlo
et
furent publiées à Pavie par Antonius de Garchano.
F. Jacoli, Intorno ad un comento di Benedetto Vittori, medico Faentino, al Tractatus
proportionum
di Alberto di Sassonia (Bulletino di Bibliograjîa e
niatematiche ejîsiche,
t,
IV, 1871, p. 498).
di
Storia délie Scienze
ETUDES SUR LEONARD DE YlNGl
33(3
En
1492, Bonetus de Locatellis les
A
d'Octavianus Scotus. édita en
aux
frais
Venise encore, Olinus Papiensis
De
le
les
geiierallone el corraptio/ie d'Aristote
en général, publiées dans
été,
commentaires de
même
à Venise
Mg;.
Les Questions sur
ont
imprima
Ce
traité.
De
Atberto
Gilles de
Rome
recueil,
generatione,
même
recueil
que
les
de Marsile d'inghen sur
intitulé
cum
Egidius
:
imprimé
fut
Bonetus Locatellus, aux
et
le
à Venise,
Marsilio
le et
d'abord par
d'Octavianus Scotus, en i5o/i;
frais
puis par G. de Gregoriis, en i5o5; enfin par Luceantonius de
Giunta, en i5i8.
Georges Lokert, régent du Collège de Monlaigu au commen-
cement du
xYi*"
siècle,
une
a réuni en
même
Quœstiones d'Albert de Saxe sur les Octo Très
de Cœto
tibri
corruptione ;
Tliémon
il
et les
Mando
et
et
Duo
les
physicorum,
tibri
libri
collection' les les
de generatione
et
y joignit les Quœstiones in libros meteororum de Quœstiones in parva naiuratia de Jean Buridan.
Ce monument, élevé à l'École nominaliste qui florissait à Paris au milieu du xiv" siècle, a été deux fois édité par Jodocus Badins Ascensius
et
Gonradus Resch
données à Paris, en i5i6 Sous
le
;
les
deux éditions ont
été
en i5i8.
et
de Logica Atbertucii, la Logique d'Albert de
titre
Saxe fut éditée à Venise, en i522, par Aurelius Sanutus Venetus,
aux
En
frais
des héritiers d'Octavianus Scotus.
i497j Bonetus Locatellus
Scotus,
d'Octavianus
Saxonia super
Un
libros
J.
Quœstiones
les
à
Venise, aux frais
de
Alberti
subtilissimœ
posteriorum Aristotelis.
opuscule intitulé
Lyon, par
imprima
Tractatus
obligationum fut
publié
à
Carcan, au voisinage de i^qS; aucune marque
typographique, d'ailleurs, ne donne ces indications, que nous
empruntons
à M"^ Pellechet.
Petrus Le Rouge
imprima
cule dont le titre est
:
Sophismata Magistri
Le Tractatus obligationum sième opuscule,
I.
Vide supra
: \}.
5.
un
autre opus-
xilberti
de Saxonia.
à Paris, en 1/189,
et les
les Insolubilia,
Sophismata, joints à
un
forment une collection qui
troifut,
ALBERT DE SAXE trois fois
63']
au moins, imprimée à Paris
Vuolf Badensis; en
:
en 1490, par Gcorgius
par Félix Baligault; à une date
i/igô,
inconnue, par Anthonius Cayllaut.
Le cinquième
traité
de
\3l
paralogismis seu fallaciis; le sixième et dernier traité se
de deux parties qui ont pour
De
et
la
tains
titres respectifs
De
:
insolubilibus
obligationibas. Les opuscules intitulés Traclatus obllgatio-
num, Sophismata de
De compose
Logica Albertucii est intitulé
seulement des extraits
et Insolabilia sont-ils
Ou bien, au chapitres, comme le Logica?
contraire, en développent-ils cer-
Tractatus proportionum développe
quelques-unes des Questions sur
Cœlo? Nous ne saurions
les
le décider,
Physiques ou sur
le
De
n'ayant pu consulter ces
opuscules.
Nous possédons enfin un ouvrage oii les commentaires de Guillaume Occam et d'Albert de Saxe sur VArs vêtus sont réunis sous ce
Artem veterem
mum
titre
:
Expositio aurea et
admodum
édita per venerabilem inceptorem
utilis
super
fratrem Guliel-
Ocham cum questionibus Alberti parvi de Saxonia; cet ouvrage fut imprimé à Bologne, en 1496, par Benedictus de
Hectoris.
Certains écrits
de
d'Albert
sollicité l'attention
Saxe
semblent n'avoir point
des imprimeurs de la Renaissance;
demeurés inédits ou n'ont
été publiés
M. Heinrich Suter a publié
^
en i884 un
petit traité intitulé
un manuscrit du début du
(Codex A. 5o) conservé à
Gomme le
Boëce
rapport de
la
le
xv^ siècle
Albert de Saxe croit que
circonférence au diamètre est exactement
M. H. Suter a publié également ^ un second fragment, tulé se
— inti-
De proportione dyametri quadrati ad costam ejusdem^ qui
:
trouve, I.
nom
Bibliothèque municipale de Baie.
et tous ses successeurs,
la
sont
que de nos jours.
Demonstrationes de quadratura circuli qui se trouve, sous d'Albert de Saxe, dans
ils
sans
nom
d'auteur,
dans
le
même
manuscrit;
Heinrich Suter, Der Tractatus «.De quadratura circuit)) des Albertus de Saxonia Mathematik und Physik, XXIX Jahrgang, 1887; Historisch-literarische
(Zeitschrift fiir
Abtheilung, p. 81). a. Heinrich Suter, Die Questio a
De proportione dyametri quadrati ad costam
des Albertus de Saxonia (Zeitschrift
fur Mathematik und Physik,
p.
XXXH
ejusdem))
Jahrgang, 1887,
40. p.
OUQEM.
33
338
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
M. Suter attribue
cet écrit à Albert de Saxe;
dans une note^
qui nous font rejeter cette opinion.
les raisons
M. Aschbach mentionne ^ un d'Albert de Saxe traité contient
maxima
et
comme
le
sans doute
premier
traité
De maximo
et
minimo
existant en manuscrit à Venise; ce le
développement des idées sur
minima qu'Albert
question sur
nous développerons
livre
les
a exposées en sa quatorzième
du De Cœlo
et
Mundo.
M. Aschbach attribue également à Albert de Saxe un Tracta-
formarum qui aurait été imprimé à Venise en i5o5; mais nous n'avons pu trouver aucune trace de cet ouvrage, ni découvrir en les écrits d'Albertutius aucune mention des mots latitudo formarum. Nous pensons qu'il y a là quelque confusion; il est bien vrai, en effet, qu'on imprima à Venise, en i5o5, un recueil ^ qui contenait deux traités De lalitudinihus formarum; mais de ces deux traités, l'un était dû à tus de latitudinïbus
Nicole
Oresme
et l'autre à Biaise
Vraisemblablement, incomplète; elle
est
vogue dont
il
cette liste des
suffît,
l'activité intellectuelle
de Parme.
ouvrages d'Albert de Saxe
cependant, à donner une idée de
de ce grand philosophe, à marquer
jouissait au début de la Renaissance,
combattre l'inexplicable oubli où ressent les progrès de la pensée
le
la
enfin à
délaissent ceux qu'inté-
humaine au cours du Moyen-
Age.
1.
2.
Vide infra : note A. Aschbach, Geschichte der Wiener
Universitàt, Bd.
— Tractatus
I,
p. 365.
proportionum introductorius ad Tractatus proTractatus proportionum Thome Bradvardini. calculationes Suisset, Tractatus de latitudinibus formarum ejusdem Nicholai. portionum Nicholai Horen. Auctor sex inconvenientium. Tractatus de latitudinibus formarum Blasii de Parma. Colophon Venetiis, mandate et sumptibus heredum quondam nobilis viri D. Octaviani Scoti Modoetiensis per Bonetum Locatellum Bergomensem presbyterum, 3.
Questio de modalibus Bassani Politi.
—
—
:
kalendis Septembribus i5o5.
—
—
—
NOTES
22
A
NOTES
— SUR
A.
UN ECRIT ATTRIBUÉ A ALBERT DE SAXE
Un manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Baie, le Codex A. 5o, contient, parmi beaucoup d'autres pièces, un écrit intitulé Qaestio Alberli de Saxo nia de qaadratura circuli; nous avons dit, en notre VHP étude, que cet écrit avait été publié par M. Heinrich Suter. :
A
de ce
la suite
traité
opuscule qui a pour qiiadrati
sur la quadrature du cercle, se trouve
titre
:
un autre
Item alla questio de proportione dyametri
ad costam ejusdem
et
qui ne porte aucun
nom
d'auteur.
M. H. Suter a publié également cet opuscule qu'il attribue formellement à Albert de Saxe. Parmi les raisons qu'invoque M. H. Suter pour justifier cette attribution, nous trouvons d'abord le langage en lequel cet opuscule est écrit u Je m'arrêterai seulement à ce sujet », dit M. H. Suter, « à l'expression est dare pour il y a, il y aura, qui revient plusieurs fois dans les deux mémoires que je publie; on la rencontre fréquemment dans ceux i
:
des écrits d'Albert de Saxe que
j'ai eu l'occasion de comparer à ces dans les commentaires à la Physique d'Aristote, au De Cœlo, et au De generatione et corniptione, que cet auteur a composés. Au contraire, cette expression ne se rencontre absolument pas (gar nicht) dans les écrits d'autres scolastiques comme Guillaume d'Occam (In libros physicorum Arislotelis) et Thémon (In quatuor libros meteororum Aristotelis) ; certains, comme Jean Buridan, ne l'emploient qu'en quelques écrits (par exemple, dans le commentaire au De anima d'Aristote), et encore n'en usent-ils que fort rarement. » A l'appui de l'attribution à Albert de Saxe de la question De proportione dyametri quadrati ad costam ejusdem, M. H. Suter allègue une autre raison. En ses questions sur la Physique d'Aristote, iVlbertde Saxe invoque à deux reprises (Jn lib. Wlquœst. XI et in lib. VI quœst I)
mémoires,
par exemple
l'incommensurabilité du rapport entre
pour combattre fait
le
côté
l'existence des indivisibles
;
du
carré et la diagonale
c'est
précisément ce que
l'auteur de la Question conservée dans les manuscrits de Bàle.
Ces deux raisons n'ont pas, croyons-nous, démonstrative que leur attribue M. H. Suter. Les expressions quantitatem,
:
est
signifiant
dare :
maximum
telle
la
valeur absolument
quantitatem, est dare
quantité admet
un
minimum
maximum ou un
1. Heinrich Suter, IHe Qaeslio « De proportione dyametri quadrati ad costam ejusdem» des Albertus de Saxonia (Zeitschrift filr Mathematik und Physik, \XX1I Jahrgaug, 1887; Historisch-llterarische Abtheilung, pp. 4i-56).
ÉTUDES SUR LEONARD DE VlNCt
342
minimum semblent absolument consacrées, dans dès
le
Romanus) il
V
écrire
:
a
langage scolastique,
Nous voyons Gilles de Rome (.Egidius Est dare minimam carnem et minimam aquam »
début du xiv" i
le
siècle.
;
emploie sept fois l'expression est dare au cours de ses questions IV, et VI sur le premier livre du De generatione et corruptione. Walther
même
Non
minus minimo. » Nous troudans une seule question 3 de vons cette Guillaume d'Ockam sur le Livre des sentences de Pierre Lombard. Dans ses divers écrits, Albert de Saxe emploie très fréquemment cette Burley dit de
2
:
u
forme de langage
est dare
trois fois
tournure d'un latin barbare; mais ses contemporains ne se font point faute de l'imiter là où ils en trouvent l'occasion. Cette occasion ne se rencontre pas
fréquemment dans
les
écrits
de Jean Buridan que nous avons eu occasion de feuilleter mais elle se présente une fois, et il semble que Buridan ait hâte d'en profiter, ;
deux pages qu'occupe une de ses questions sur le De anima d'Aristote, nous avons relevé jusqu'à vingt-huit emplois de la forme est dare^. Les successeurs d'Albert de Saxe ne se font point faute non plus d'user de cette expression on la rencontre très fréquemment dans les
car dans les
;
écrits
de Marsile d'Inghen
et
de Pierre d'Ailly.
donc voir dans l'emploi de cette formule Est dare, un motif suffisant pour attribuer à Albert de Saxe la question De proportione dyametri quadrati adcostam ejusdem. Cette attribution ne trouve pas non plus une suffisante justification dans cette remarque qu'Albert a, par deux fois, invoqué la nature
On ne
saurait
:
incommensurable du rapport entre le côté du carré et la diagonale pour réfuter la doctrine des indivisibles. Cet argument, en effet, était tout à fait classique en la Scolastique du xiv" siècle. Il semble qu'il ait été imaginé par Roger Bacon, qui l'expose en son Opus majus^. Jean Duns Scot l'a reproduit^. Guillaume d'Ockam libroa de physlco auditu Aristotelis commentaria acciiratissiine 1. Egidii Romani in emendata. Golophon Venetiis impressus mandato et cxpensis heredum nobilis viri Domini Octaviani Scoti civis Modoetiensis per Bonetum Locatellum presbyterum. 13 Kal. Octobr. i5o2. fol. 59, col. b. Impressa arte et diligentia 2. Burleus Saper oclo libros phisicorum. Golophon Boneti Locatelli Bergomensis, sumptibus vero et expensis nobilis viri Octaviani Scoti :
:
Modoetiensis. Venetiis, anno Salutis 1/191, quarto Nonas Decembris. f 71, col. b. 3. Guilhelmi de Ockam Saper quatuor libros seatentiarum anno ta tione s ; libri
II
quaîstio VllI. !^.
telis
Joannis Buridani, artium liberalium doctoris subtilissimi, In secundum AristoXX. (Dans l'édition de Georges Lokert qui a été décrite
de anima librum quaîst.
ci-dessus, p. 5). 5. Fratris Rogcri Bacon, Ordinis
Minorum, Opus majas, ad Clementem quartum, ex M. S. Godicc Dubliniensi, cum aliis quibusdam coUato, nunc primum edidit S. Jcbb. M.D. LonJini, lypis Gulichni Bowycr MDCCXXXlll, p. f)3. G. R. P. F. Joanis Duns Scoti, Doctoris suljtilis, Ordinis Miiiorvnn, (Jua'Slioncs in lib. II Sententiaruni. Lugduni, sumptibus Laurent! Durand, MDGX\.XIX (R. P. F. Joannis Duns Scoti Opéra; tomi VI pars I). Lib. II, dist. Il, qu.pst. IX. pontificom
Romanum,
;
NOTES
343
indiqué en un de ses Qiiodtibeta {Quodlibet.
l'a
plus brillants disciples de
donné d'après son maître
Duns
I,
qaœst. 9) et l'un des
également
Scot, Jean le Chanoine, l'a
i
Les raisons qui ont conduit M. H. Suter à attribuer à Albert de Saxe
Qaœst 10 de proportione dyametri quadrati ad cosiam ejusdem ne nous paraissent donc nullement convaincantes; la lecture de cette question nous semble, par contre, très propre à fournir des motifs la
à qui désire contester cette attribution.
En
cette question,
l'infmiment grand retenir
un
et
se trouvent exposées diverses considérations sur
l'infiniment petit
((
une de
ces considérations va
instant notre attention.
Voici, en effet, l'étrange paradoxe
comme
;
huitième conclusion 2
que l'auteur de
la
question donne
:
Étant donnés une infinité de corps, qui sont tous d'un
volume déterminé,
et
qui occupent un espace
sans leur faire subir aucune condensation, de
un corps
fini,
occupant un espace
fini...
En
infini,
on peut
les
telle sorte qu'ils
voici la
preuve
:
même réunir
forment Considé-
que des fruits ou d'autres objets analogues, qui occupent un volume infini. En la première partie proportionnelles d'une heure, prenons un premier corps en forme de prenons ensuite un second de ces corps, boule, et soit A ce corps comprimons-le en une large figure, que nous fléchirons de façon à en recouvrir le premier; soit B cette couche d'une certaine épaisseur. En
nombre
rons ces corps en
infini, tels
;
seconde partie de l'heure, prenons un autre corps
la
et
recouvrons-
B; soit C cette nouvelle couche. Prenons encore un nouveau corps et recouvrons-en l'ensemble A B C de façon à former la couche D, et répétons la même opération en chacune des parties proportionnelles de l'heure. Alors, à la fin de l'heure, nous aurons en l'ensemble
A
réuni une infinité de corps dont chacun a
cependant je vais prouver qu'à
la fin
un même volume
fini, et
de l'heure, cet agrégat est
fini. » «
que
En la
seconde couche est appliquée à une plus grande surface de première elle est donc moins épaisse que la première
effet, la
;
;
couche appliquée en troisième lieu est moins épaisse que la seconde, et ainsi de suite. On voit donc que l'épaisseur de- la première couche est à l'épaisseur de la seconde dans le même rapport que l'épaisseur de la seconde à l'épaisseur de la troisième, que l'épaisseur de la troisième à l'épaisseur de la quatrième, que l'épaisseur de la
même,
la
quatrième à l'épaisseur de 1.
la
cinquième,
et ainsi
de
suite.
Joannis Canonici Qaœstiones super VIII libros physicorum Aristotelis
Ainsi les
periitiles;
in
VI, quaest. unica. 2. Loc. cit. y p. 48. 3. Diviser une heure en parties proportionnelles, c'est, dans le langage du xiv' siècle, une demi-heure, la diviser en parties qui décroissent en progression géométrique suivie d'un quart d'heure, puis d'un huitième d'heure, etc. lib.
:
ÉTUDES SUR LÉOTSARD DE VINCI
344
épaisseurs de toutes ces couches décroissent en proportion continuel;
première d'entre elles a, d'ailleurs, une valeur finie et déterminée, et il en est de même de son rapport à la seconde. Dès lors, ces couches en nombre infini dont les épaisseurs décroissent en propor-
la
forment pas une épaisseur infinie, de même que les parties proportionnelles d'un continu quelconque ne forment pas un continu infini. Il résulte donc de là que le corps obtenu à la fin de l'heure a une épaisseur finie; comme il est sphérique, son diamètre est fini et il est fini lui-même, bien que formé d'une infinité de corps tion continue, ne
;
égaux, ce qu'il
fallait
démontrer.
»
Albert de Saxe connaît cet étrange raisonnement et c'est
pour
l'expose,
mais
demande
« S'il
il
le réfuter.
En une de peut exister
De Cœlo^, Albert une grandeur solide, superficielle ou ses questions sur le
se
linéaire qui soit
Ayant l'intention de conclure par la négative, il expose d'abord, selon la méthode scolastique, les arguments que l'on peut C'est parmi invoquer pour l'affirmative u Et primo videtur quod sic. ces arguments que se trouve, occupant le cinquième rang, le résumé du singulier raisonnement que nous avons reproduit.
infinie».
))
:
A
la fin
de
la
question, sous
Ad
le titre
rationes, se trouve la réfuta-
arguments produits au début; c'est là qu'Albert de Saxe montre très sensément Terreur commise par l'auteur de la Quœstio de proportione dyametri. « A la cinquième raison je réponds qu'il n'est pas possible, sans raréfaction ni condensation, de transformer une infinité de corps égaux et séparés les uns des autres en un corps fini. Lorsque l'auteur déclare qu'on a là une infinité d'épaisseurs dont la plus grande est finie, je l'admets. Lorsqu'il ajoute que l'épaisseur qui tion des
somme
est la
de toutes
celles-là est finie, je l'accorde si ces épaisseurs
décroissent en proportion continue, mais point
Or
n'en est pas ainsi
il
même
rapport que
la
la
;
première n'est pas à
seconde à
d'assimiler ces épaisseurs aux
en un continu, est égal
de
au rapport de
même
la
troisième;
la
que
le
rapport de
seconde à
de ces épaisseurs.
il
n'en est pas ainsi.
la
seconde dans
le
n'y a donc pas lieu
parties proportionnelles d'un continu
les parties proportionnelles
tion continue, de telle sorte
s'il
se la
;
succèdent en porpor-
première à
la troisième
;
mais
il
la
seconde
n'en est pas
»
Albert de Saxe a donc pris soin de réfuter une grave erreur contenue
Quœstio de proportione dyametri quadrati ad costam ejusdem. Comment serait-il l'auteur de cette Question ? en
la
géométrique.
1.
C'est-à-dire en progression
2.
Questiones subtilissime Alberti de Saxonia in libros de Cœlo et Mimdo. Veneliis,
1/192.
Tn lib.
T,
quest. ÎX.
NOTES
—
B.
345
A PROPOS
DES QUESTIONS SUR LES MÉTÉORES DE THÉMON, LE FILS DU JUIF En ses savants commentaires aux livres des Météores, le célèbre Augustin Niphoi déclare formellement 2 que les Questions sur les Météores qui ont été publiées sous d'Albertillus, c'est-à-dire d'Albert
tiones sunt editse sub
A
nom
le
de Saxe
:
de Thimon
Juif sont
cujus quœs-
u Albertillus,
nomine Thimonis judœi.
le
»
l'appui de cette opinion de Nipho, on peut invoquer certains
arguments.
On
peut remarquer, en premier
res sont de
forme
très
semblable à
lieu,
ses Questions sur la Physique, sur le et
mêmes principes que mêmes thèses lorsqu'elles Questions sur
les
ont à
De generatione
qu'elles adoptent les sujets
manière
la
;
enfin,
que
les
plus heureuse la celle-
Philosophie naturelle du Stagirite.
la
peut, en second lieu, donner
qui n'est pas moins
;
mêmes
la
Météo-
s'inspirent exactement
de Saxe
des
le
composées par Albert de Saxe, formant avec
un commentaire achevé de
On
traiter
les
de Saxe a donnée à
sur
et
Thémon
celles d'Albert
Météores complètent de
série des Questions ci
De Cœlo
corruptione ; que les Questions de
des
que ces Questions sur
celle qu'Albert
une preuve d'une autre ordre
et
forte.
Aux deux éditions que nous avons eu vrage de Thémon débute en ces termes
:
occasion de consulter, l'ou« Ici
commencent
les
ques-
tions sur les quatre livres des météores compilées par le très savant
professeur de
philosophie
Thimon.
—
Incipiunt qusestiones super quatuor libros metheororum compilatae per doctissimum Philosophiœ
professorem Thimonem. » Cette forme est très inusitée les Questions publiées par Jean le Chanoine, par Albert de Saxe, par Jean Buridan, par Marsile d'Inghen, par une foule d'autres scolastiques, ne sont jamais données comme compilées par ces auteurs. 11 semble donc bien que Thémon n'ait ;
point voulu se faire passer pour l'auteur des Questions sur et qu'il ait
revendiqué seulement
la
les
Météores
rédaction de ces Questions, qu'un
autre avait composées. Dès lors, tout porte à croire que cet autre était
Albert de Saxe. 1. Augustin! Niphi medices, philosophi Suessani, In libris Aristotelis meteorologicis cnmmentaria. Ejusdeni Generalia cominentaria in lihro de mistis, qui a veteribus quartas ineteororum liber inscribiliir, et a junioribiis meteorologicon dicitur. Anno post partum intemeratae Virginis, in praelo Brandini et Octaviani Scoti fratruni haec commentaria curiose cudebantur, Venetiis, MDXL. A la fin de l'ouvrage, on lit Finis Salerni,
—
iSaS, quinto Aprilis. 2,
Aug. Nipho,
loc. cit., fol.
ilt,
col. c.
;
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
346
C.
—
SUR LA BIBLIOGRAPHIE
DES ŒUVRES DE BERNARDINO BALDI Nous avons
dit
(p.
que
98)
le
prince Baldassare Boncompagni
possédait, en manuscrits, l'original et plusieurs copies de l'ouvrage
composé par Bernardino Baldi sur ciens.
les vies
des grands mathémati-
Enrico Narducci, qui a extrait de ces manuscrits
notices
les
aux géomètres italiens, a donné une description de ces précieux codices dans l'introduction qu'il a mise en tête de sa publi-
relatives
cation
i.
D'autres extraits de l'ouvrage de Baldi ont été publiés dans
Boncompagni. Nous en avons déjà
Bulletino dirigé par le prince
un
à la page 98, sous le n" 26.
En
voici quelques autres
La notice sur Alhazeno se trouve reproduite à la
1°
l'écrit
suivant
le
cité
:
fm
de
(p. 47)
:
Intorno ad una iraduzione italiana, fatta nel secolo decimoquarto del irattaio d' Ottica d' Alhazen,
matematico
del secolo
undecimo,
ad
e
altri lavoridi questo scienzato. Nota di Enrico Narducci (Bulletino di
Bihliografia e di Storia délie Scienze matematiche e fisiche pubblicato
da B. Boncompagni;
La
2°
l'article
t.
IV, p.
i,
1871).
de
notice sur Vitellione se trouve reproduite à la fin (p. 77)
suivant
:
Sur l'orthographe du nom et sur la patrie de Witelo (Vitellion). Note de M. Maximilien Gurtze {Bulletino..., t. IV, p. 49; 1871). 3° Vite de matematici Arabi traite da un' opéra inedita di Bernardino Baldi con note di M. Steinsghneider {Bulletino..., t. V, p. 427; 1872).
Les notices de Baldi qui sont reproduites en cet écrit
et
commentées
avec une rare érudition par M. Steinschneider, sont intitulées suit
comme
:
— Albumasaro — Tebitte — Albategno — Almansore Alhazeno — Ali Abenrodano — Punico — Ali Abenragele — Arzahele — Gebro — Alpetragio. Messala
4°
—
Andalo
Alfragano
de'
— —
Negri (De
Alchindo
vite
le
de matematici
dino Baldi da Urbino, Abbate di Guastalla. Manoscritlo posseduto da D. B. car. 120-121) {Bulletino...,
t.
libri
due
di
Bernar-
MDXGVI. Tom.
Boncompagni contrassegnato
« A^"
II.
i5U
»,
VII, p. 337; 1874).
I. Vite inédite di matematici italiani, scritte da Bernardino Baldi e pubblicate da Enrico Narducci (Bulletino di Bihliografia e di Storia dellr Scienze matematiche e fisiche, pubblicato da B. Boncompagni, t. \IX, pp. 333, 383, '|37 et 02 188O). 1
;
TNOTES 5"
Vite
inédite
scritte
matematici
di tre
Giovanni de Lineriis
e
347 (Giovanni Danck di Sassonia,
Fra Luca Pacioli
da Bernardino Baidi
{Balletino...,
di t.
Borgo San SepolcroJ
XII, p. 420; 1879).
Ces
trois notices sont précédées d'un article dont voici le titre Baldassare Boncompagni, Intorno aile vite inédite di tre matematici :
(Giovanni Danck di Sassonia, Giovanni de Lineriis e Fra Luca Pacioli di t.
Borgo San Sepolcro) XII, p. 352;
Dans l'article
le
scritte
da Bernardino Baldi [Balletino...,
1879).
même
volume, à
précédent, sous le
la p. 863, se
titre
trouve
un complément
à
:
Baldassare Boncompagni, Giunte allô scritto intitolato a Intorno... » Vita di Pitagora, scritta da Bernardino Baldi, trotta deW aiitografo et annotata da Enrico Narduggi {Bulletino..., t. XX, p. 197; 6°
1887).
ÉTUDES SUR LÉONARD DE VINCI
348
—
D.
SUR UN PASSAGE EMPRUNTÉ
PAR BERNARDINO BALDI A LÉONARD DE VINCI Nous avons vu
que Bernardino Baldi
(p. io4)
avait exposé quelques
sur la formation des tourbillons au
considérations
des
sein
eaux
courantes; deux circonstances lui paraissaient propres à engendrer ces tourbillons.
Léonard
Nous avons
décrivait,
cité
presque dans
seconde de ces circonstances,
également les
io5)
(p.
mêmes
un passage où
termes
celle à laquelle se
que Baldi,
rapporte
la
la figure 2
page 104. Quant à la première de ces circonstances, à laquelle i de la même page, il n'en était pas question en ce fragment écrit par le Vinci. de
la
a trait la figure
Celte circonstance, Léonard en fait mention au
Cahier
H
de ses
notes manuscrites, et cela de la manière la plus formelle; nous
trouvons, en tiques
qui dépasse
I
fleuves se
la
profondeur ou
meut en mouvement
Cette eau
c(
la
décrite à trois reprises, en termes presque iden-
:
L'eau
((
effet,
2
se tournera
la largeur
générale des
contraire. »
en cours contraire qui dépasse
les largeurs
profondeurs générales des fleuves. » «L'eau 3 qui dépasse en profondeur ou en largeur la largeur et profondeur générale des fleuves se tournera contre son premier
et
cours.
De ((
»
ces trois réflexions,
on peut encore rapprocher
celle-ci^
:
Les tournants de l'eau, après la percussion angulaire terrestre, se
tournent en
mouvement
contraire. »
Chacun de ces passages est accompagné d'un dessin très sommairement esquissé. Ces quatre dessins, peu différents les uns des autres, ressemblent fort à la figure i de la page 104. Toutefois, il existe une divergence essentielle entre le croquis de Baldi et ceux de Léonard La rotation du tourbillon a, dans le premier, un sens opposé à celui qu'elle affecte dans les derniers. On reconnaît sans peine qu'en la figure 1 de la page io4, Baldi attribue au mouvement tourbillonnaire un sens de rotation qui ne peut être le sien; là où l'eau tourbillonnante est contiguë à l'eau :
Les manuscrits de Léonard de Vinci. Ms. 08 [20], verso.
i.
fol.
Ibid., fol. 87 [39], recto. Jbid., fol. 87 [89], verso. 4. Ibid., fol. 47, verso. 3.
3,
II
de
la
Bibliothèque de rinslitut,
qui coule dans
NOTES
349
le fleuve, les vitesses
de ces deux masses d'eau sont
dirigées en sens contraire l'une de l'autre.
montré à Léonard de Vinci que les tourbillons ne tournaient pas ainsi, mais bien comme Baldi les a fait La raison
et l'expérience avaient
page io4. Maladroit comme le sont souvent les plagiaires, Baldi a renversé le sens de cette rotation, montrant ainsi que ses connaissances d'Hydraulique avaient une tout autre
tourner en
origine
que
la figure 2
la
de
la
contemplation de
la nature.
>
atlribiĂŻ,
peut
et
Les 68 [2f
1.
fol.
2.
/6itiy
3.
Ibid.,
k.
Ibidl
ERRATA
Page
5,
Page
ligne 5 de la note,
i34, note
Ms.
:
M
de
i6o, ligne 3
Page
i6i, ligne 9
Page
172, notes 2 et 3,
Page
173, note
:
même au
— page
— page 178, note — page i,
note
I
:
même
la
:
meteorum,
A
de
correction.
la
:
lisez
:
meteororum.
Bibliothèque de
Bibliothèque de
en remontant, au lieu de
Page
i,
de
lieu
au lieu de: Ms.
i,
verso, lisez
fol. 3i,
au
l'Institut,
l'Institut, fol. 46, recto.
meteorum,
lisez
:
meteororum.
correction. lieu
de
:
metheorum,
174, notes 180, note
i,
i,
2
et 3,
lisez
:
metheororum.
— pages
— page
175, notes
192, note
i,
—
i
et 2,
page 19O5
attribii
peut
1.
fol.
.
é»
Les
68
[2<
2.
Ibu
3.
Jbid.^
A.
Ibidl
TABLE DES MATIÈRES
pages
Préface
I.
ni
Albert de Saxe et Léonard de Vinci I.
II.
Albert de Saxe.
—
i
Ce que nous savons de
Quelques points de
la
sa vie
3
Physique d'Albert de Saxe
7
III.
Ce que Léonard de Vinci a emprunté à Albert de Saxe.
IV.
Ce que Léonard de Vinci a ajouté aux théories d'Albert de Saxe. .
.
,
que Léonard de Vinci
V. Ce
.
a
19
33
opposé aux doctrines d'Albert
de Saxe
39
IL LÉONARD DE ViNCI ET ViLLALPAND
L Gomment
se sont
répandues
53 les
pensées de Léonard de
Vinci
53
IL La théorie de l'équilibre des mers selon Aristote, x^draste et
Théon de Smyrne
III.
La sphéricité de
IV.
La sphéricité de
58
la terre et des la
mers selon Albert de Saxe
terre et des
mers dans
les écrits
.
de
Léonard de Vinci V. Le
centre
de gravité
68 et
l'équilibre
dans
les
écrits
Léonard de Vinci VI. Les
III.
vie de
73
X
Bernardino Baldi, abbé de Guastalla
.
.
IL Les œuvres de Bernardino Baldi III.
Les emprunts de Bernardino Baldi à
la
Mécaniqu
la
Mécanique
Léonard de Vinci IV. Les
emprunts de Bernardino Baldi
Léonard
de
accidentelle
Vinci
de
.80
théorèmes de Jean-Baptiste Villalpand
LÉONARD DE ViNCI ET BeRNARDINO BaLDI
L La
63
(suite).
Le
à
centre
de
la
p
ÉTUDES SUR LÉONARD DE
354
VIÎSCI l'aies
IV.
Bernardino Baldi, Roberval et Descartes I.
Une opinion de Bernardino
127
Baldi touchant les
mouvements
accélérés
127
II.
Bernardino Baldi
et le P.
III.
Bernardino Baldi
et
Mersenne
i4o
Roberval
i42
IV. Bernardino Baldi et Descartes
i45
V. La discussion entre Roberval et Descartes au sujet d'agitation.
V. Thémon le fils DU JUIF et Léonard de Vinci. 1.
IL III.
V.
les
Météores de
Quelques rapprochements entre
les
iSg
juif
La mer
171
peut sourdre au
l'eau
177
sommet des montagnes.
Comment
le
principe fondamental de l'Hydrostatique
Comment
le
.
.
s'est
207
principe fondamental de l'Hydrostatique
transmis de Léonard de Vinci à Pascal.
s'est
— Le P. Benedetto 212
Castelli et Galilée
VI.
LÉONARD DE ViNCI, CaRDAN ET BeRNARD PaLISSY
223
pu plagier Léonard de Vinci? IL Les emprunts faits par Cardan au Traité de
228
I.
Cardan
a- 1 -il
la
Peinture de
Léonard de Vinci III.
Les emprunts
faits
.
229
par Cardan au Trattato del moto e misura
Léonard de Vinci
delV acqua de
La formation des
fossiles selon
234
Bernard Palissy
245
NTIA DE PONDERIBUS ET LÉONARD DE ViNCI se
attribiV
peut
ê* ^,
.'
.
j fol.
198
— Giovanni Battista
Mersenne
le P.
187 igS
transmis de Léonard de Vinci à Pascal. Benedetti et
.
uniforme des cours d'eau
VU. L'invention du principe fondamental de l'Hydrostatique
IX.
et
plus haute que la terre?
est-elle
Comment
169 162
Thémon
doctrines de
.
.
pensées de Léonard de Vinci
VI. L'écoulement
VIII.
147
,
.....
Thémon, le fils du Ce que nous savons de Thémon, le fils du juif Les Questions sur
les
IV.
du centre
Le P. Honoré Fabry. Ghristiaan Huygens
08 3.
les
premières pensées de Léonard sur
la
résistance des matériaux
Les Auctores de Fonder ibus et
Une remarque de Léonard
[2(" '^es /fettt«
trouvent
267
réflexions
de
le
Précurseur de Léonard
à propos
Léonard
Traciaf as de poAideri6«s
267
sur
du
le
levier et
du
quatrième
.
treuil
livre
composé par son Précurseur.
.
259
.
2 04
du .
.
271
355
TABLE DES MATIERES V, Les premiers essais sur Aristote, Vitruve,
résistance des
la
—
matériaux.
Héron d'Alexandrie, Le Précurseur de
Léonard, Léonard de Yinci VI.
Gomment Léonard
289
a découvert la loi de composition des
forces concourantes
VIL Quelques problèmes sur
3oi
balance suggérés au Vinci par
la
son Précurseur VIII.
VIII.
3o5
Conclusion
3io
,
Albert de Saxe I.
Ce
III.
819
que nous
Helmstaedt, II.
connaissons touchant
surnommé
Albert de Helmstaedt est-il
la
vie
d'Albert de
Albert de Saxe le
819
même qu'Albert de Ricmestorp?
Albert de Saxe appartint-il à
un ordre
religieux?
—
de Saxe et Albertutius
33
334
Notes
B.
.
— —
Sur un
A
le fils
— — D. C.
écrit attribué à Albert
propos des Questions sur
Sur
la
du
des météores de
34
34
Thémon,
juif
345 .
.
.
346
passage emprunté par Bernardino Baldi à Léonard
de Vinci
Errata
de Saxe
les livres
bibliographie des œuvres de Bernardino Baldi
Sur un
827
Albert
IV. Les écrits d'Albert de Saxe
A.
Pages
348
35
BORDEAU.s
â&#x20AC;&#x201D;IMPRIMERIE
G.
GOUNOUILHOU, 9-
II,
RUE GUIRAUOE.
Il
''^*.*
,^>'
i:,
K.
Avv
I