BOOK MM LXX

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Felix dies natalis Magister




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Di motivi per riconoscere in Michel Maffesoli un « grande maestro » ne ho molti e hanno tutti un nome : quello di ciascuno degli allievi italiani che ha raccolto e educato – lezione di stile, la sua, davvero rara – nel proprio dottorato alla Sorbonne e nell’esperienza parigina del CEAQ. Ne ha avuto cura, infatti, con una eleganza culturale ben rara dentro ogni accademia, quale ne sia la nazionalità e la tradizione. Ma a parte questo senso di gratitudine per il suo magistero in una materia così a rischio come l’immaginario e la vita quotidiana, nel mio rapporto con Michel a pesare è stata la grande affinità con lui : è questa affinità, questa vicinanza, a rendere amici. Una comunione di pensiero che ho sentito nei suoi modi sprezzanti di intrattenersi con la politica delle istituzioni e con gli intellettuali : nella sua capacità – insieme con passione e metodo – di scandalizzare il conformismo delle ideologie progressiste. La ricerca di una dimensione di pensiero adeguata al post-umano ha in Maffesoli un suo fondamentale – fondante – passaggio. Alberto Abruzzese

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Michel Maffesoli s’est révélé très jeune, dans la « communauté scientifique » mais aussi plus largement dans le « public », comme un sociologue engagé dans un projet de refondation théorique et conceptuel. Son œuvre, aujourd’hui, est reconnue comme originale et innovante, mais aussi plurielle et paradoxale. Comment ne pas lui rendre l’hommage qu’il mérite aujourd’hui, pour sa volonté de comprendre l’imaginaire, qu’il dit « post-moderne », et pour sa volonté incessante de décrypter (décrire et interpréter) sociologiquement les rituels collectifs ? Ce que je perçois, personnellement, de cette œuvre ambitieuse, c’est la recherche, la quête plus encore que l’enquête, jubilatoire (dans la recherche comme dans l’enseignement), d’« être au monde », de le dire « tel qu’il est » et non « tel qu’on aimerait qu’il soit » ! Michel sait bien, à l’instar de Victor Hugo, que « rien n’arrête une idée dont le temps est venu », et que, contre la « rationalisme dominant » (l’économisme et le déterminisme de la finance mondiale), il s’agit de mettre en œuvre, au quotidien, la « raison sensible ». Merci à l’auteur qui accepte volontiers la polémique intellectuelle, de s’être exprimé récemment sur l’électorat populaire, et d’avoir montré cette séparation inquiétante « entre les élites et le peuple ». Il fallait en effet trouver d’autres « mots » pour « penser et tenter de panser les maux ».

 Ali Aït Abdelmalek

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Michel Maffesoli Ă Bratislava, Slovaquie. Photographies de Dilbar Alieva.

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Rions puisque c’est grave ! L’avenir radieux selon Michel Maffesoli.

Bon anniversaire et merci pour toutes ces rencontres enchanteresses ! Colette Barbier

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« Il vaut mieux avoir l’humilité d’élaborer une pensée plus caressante, c’est à dire qui accompagne les choses plus qu’elle ne les crée […] »

Michel Maffesoli.

Et c’est bien dans le sens de la pensée que tu m’as caressée lors de notre première rencontre : tu venais de faire une conférence sur « l’afrèrement » … Je venais des Sciences de « l’info/com », j’avais écrit sur la construction de la notoriété du designer Philippe Starck, je travaillais sur les stratégies chinoises (ou plus exactement étais travaillée par)… Bref, sans ta pensée holistique privilégiant l’imaginaire, l’affect, le sensible... mon « nomadisme » culturel serait resté lettre morte à l’entrée du Temple. Mais la postmodernité que tu revendiques est ouverte au pluriel et tu m’as accueillie, rassemblant inlassablement une fois de plus ce qui était épars, tu m’as même invitée à publier sous la bannière du CEAQ (Centre d’Etude de l’Actuel et du Quotidien)… et je me suis même surprise à rêver « l’enracinement dynamique » de Starck dans la culture chinoise comme la preuve d’une posture post- moderne ! Et plus important encore, puisque de l’ordre l’intime, du très intime : tu m’as permis de réaliser à titre posthume (mais qu’est-ce à dire par rapport à « l’instant éternel »?) le rêve de mon père qui était de me voir intégrer un jour peut-être la Sorbonne ! Pour cela aussi, pour cela surtout dont je suis infiniment honorée, et dont il aurait été si fier, un immense merci à toi cher Michel, merci à vous Professeur Maffesoli... Christine Bauer

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You are a thorn in the body of our self-complacent and self-congratulating discipline, dear Michel! I wish you to continue the good work for a long time to come. We need you, and so do those many who - rightly or wrongly - see enlightenment in our work. Zygmunt Bauman, Leeds

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Cher Maître, cher monsieur, cher ami, J’ai lu l’autre jour, dans un livre que j’ai heureusement oublié, une petite phrase immortelle de Francis Bacon que j’aimerai bien partager avec vous à cette occasion : “Salomon saith, there is no new thing upon the earth. So that as Plato had an imagination, that all knowledge was but remembrance; so Salomon giveth his sentence, that all novelty is but oblivion.” Je vous souhaite des bons moments d’oubli, et des belles et anciennes nouvelles expériences. Et je vous prie de croire, cher monsieur, à mon souvenir amical. Je pense bien fort à vous et à vos conseils, et je suis très heureux et honoré de vous souhaiter un bon anniversaire. Un muy fuerte abrazo, Manuel Bello Marcano

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Du temps des tribus au nomadisme initiatique De la contemplation du monde à son réenchantement Du binaire au ternaire via le « duel » Du creux des apparences au chœur des reliances Déliance, reliance, confiance, médiance Ethique, esthétique, esthésie Modernité, post-modernité, hyper-modernité Des bons sentiments aux bien-pensants : la part du Diable Par delà les astres, les affres de la « sociologie » De l’ombre de Dionysos à la lumière d’Eros … logos … mythos … que d’os, que d’os … MM .

M.

(phrase à lire à haute voix)

Bref : de Marcel de Bruxelles à Michel de l’existentiel éternel :

MERCI ! Marcel Bolle De Bal

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Ce que j’aime énormément chez toi : tu as toujours su concilier l’humour et la pensée. Tu ne te contentes pas d’être le principal penseur de l’époque présente. Lorsque tu nous accueilles pour de mémorables agapes, vient toujours aux alentours de deux heures du matin cette injonction : « Qui veut un œuf au plat ? ». Ensuite, tu nous noies dans des flots de génépi. Merci, Michel, pour les livres, les étincelles, et l’œuf au plat. Christophe Bourseiller

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Félicitations cher Michel. Merci pour nous montrer la vitalité qui se trouve dans les profondeurs de chaque société. Enrique Carretero Saint Jacques de Compostelle

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Cher Professeur, Au moment de vous écrire, tant d’images me viennent à l’esprit. Celle des fresques de l’Amphi Durkheim, celle des tableaux du Foyer des Professeurs et des tentures de la salle du Conseil de l’Ecole de Médecine, le portrait de Richelieu salle Louis Liard, les lumières de Saint-Germain-des-Prés en hiver au pied de la SEIN, cette photo où le sourire d’Hélène est illuminé par les bougies du gâteau qu’elle porte… Toutes les joies et les bonheurs de ces moments, je les réunis dans ces quelques mots pour vous souhaiter un très joyeux anniversaire. Bien à vous, Chloé Charliac

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Dans ce monde en plein bouleversement, la société française cherche des repères. Certains s’apitoient sur le passé, d’autres nous prédisent l’apocalypse. Vos réflexions sur la postmodernité nous (Eduardo et moi) permettent de sortir de cette vision manichéenne et stérile de voir le monde. Vous êtes un penseur - et ça me (Eduardo) plaît pour ma recherche sur la science, l´imaginaire et la postmodernité - qui a le mérite de passer progressivement des métaphores aux concepts sociologiques, et vice-versa. Nous (Eduardo et moi) apprécions également l’élégance de votre comportement lors des débats télévisés auxquels vous participez. Nous (Eduardo et moi) vous souhaitons de pouvoir arborer fièrement votre nœud papillon encore très longtemps... Olivier Chatriant et Eduardo Portanova Barros Lyon et Porto Alegre

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Le tragique Un esprit vagabonde ce Dionysos nocturne Au-tour de la peau et de la chair solaire d´une vie assez éphémère Eduardo Portanova Barros


Mon premier souvenir de Michel Maffesoli remonte à un colloque organisé à Tomar, au Portugal, où nous avions pris ensemble l’avion de retour, et où, au delà de ses positions, déjà, sur la post-modernité, j’avais pu découvrir quelqu’un d’attentif à tout ce qu’on pouvait dire, d’une extrême gentillesse, et d’un totale ouverture d’esprit. Ensuite, en compagnie de sa femme et de la mienne, les rencontres se sont multipliées - et je n’ai jamais changé d’avis. Ou peutêtre était-ce le nom de Gilbert Durand qui nous réunissait au delà de tout? Toujours est-il que Maffesoli m’a sans cesse paru un « contemporain capital… » Michel Cazenave

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Ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui ont décidéenfin de le considérer comme un point classique de repère. Roberto Cipriani

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l’instar de Dionysos dont il s’est fait l’inlassable avocat, Michel Maffesoli, je crois, aime à jouer de mille et un masques pour cacher ce qu’il a tôt deviné être la tragédie originelle de l’abîme entre le divin et l’humain. C’est au sein même de cette contradiction qui lui fut, je le crois également, d’abord contrariété fâcheuse avant de devenir contrainte malicieuse, qu’il s’est résolu à quêter la joie dans l’irrésolution du savoir, dans une science dansante qui aiguiserait l’âme plutôt que de rassurer, bonne ou mauvaise, la conscience. Le maître exigeant et le dissident volontaire, l’écrivain impeccable et l’agitateur iconoclaste, l’ami fidèle et le joueur de flûte emmenant à sa suite la jeunesse sur les sentiers ravinés ne font qu’un, je l’entrevois, dans le petit garçon de Graissessac, secrètement enfoui mais jamais oublié et toujours affleurant, qui découvrait, je le pressens, dans un sourire baigné de larmes l’inconsolation à laquelle est destinée le monde mais qu’il est forcément quelqu’un à qui rendre grâces pour la grâce d’être – quoique pas tout de suite, plus tard, bientôt peut-être demain comme le disait Augustin, cet autre enfant terrible et, au fond, son frère de cœur qui le ramène à cet éblouissement d’enfance, à cette douce reddition qu’il n’est de Verbe qu’incarné, et avec lequel il aime répéter, je le sais : Deus ubique adest. Jean-François Colosimo

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Ce que j’ai d’abord admiré, ce que j’admire toujours chez Michel Maffesoli, c’est le style de sa pensée, de son écriture et de ce qu’elles laissent entrevoir : cette sereine lucidité, cette manière allègre de se rapporter au monde. Sérénité et allégresse se faisant nécessaires aujourd’hui d’autant plus qu’elles deviennent rares, notamment chez les « législateurs » de tout ordre, ces donneurs de leçons prêts à dire « non », hantés sans remède par l’obsession de la « preuve ». À l’encontre de cette passion du non et du comptable, Michel Maffesoli a compris que l’affirmation est condition de la compréhension, et il a mis en conséquence la description à la place de la démonstration. C’est pourquoi le style de son écriture relève moins de la science que de la littérature, c’est-à-dire de la vie. Car ce style nous apprend toujours et à nouveau que ce qui est reste improbable, mais qu’il mérite d’être dessiné. Voilà ce à quoi nous exhorte l’œuvre et la personne de Michel Maffesoli, peintre de la vie postmoderne. Pablo Cuartas

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J’ai rencontré Michel Maffesoli pour la première fois en 1992, sur une terrasse magnifique qui regardait le golfe d’Amalfi. Je venais d’avoir gagné mon doctorat de recherche sur Simmel, j’avais lu L’ombre di Dionysos et Le temps des tribus et j’étais très intéressé à ses thèses. J’étais en effet fasciné par sa pensée, si différente des autres et que je trouvais si proche de mon esprit. Ces jours-là j’étais aussi un jeune journaliste qui essayais de conjuguer sa passion sociologique avec les exigences de la presse. Je décidai donc d’interviewer le penseur déjà fameux ou mieux de tenter d’obtenir une rencontre, car j’étais habitué aux refus des professeurs italiens. À ma grande surprise, la chose se révéla assez simple et nous nous trouvâmes, un après-midi de mai, à converser pendant deux heures des mots clef de la compréhension de la socialité à venir, d’une lecture actuelle des classiques de la sociologie et de ses projets futurs. A la fin je lui demandai timidement un aide dans mes

recherches : avait-il écrit quelque chose que j’aurais pu employer pendant l’écriture de ma thèse ? Il me dit qu’il avait besoin d’y réfléchir et qu’il m’aurait écrit dans quelques jours. Je le remerciai pour sa disponibilité, même si j’étais secrètement convaincu qu’il aurait oublié la question tout de suite. C’était un vendredi, le colloque finit le jour suivant et tout le monde rentra chez soi. Quatre jours après je trouvai dans mon courrier une enveloppe qui venait de la France. Je la regardai intrigué, sans comprendre d’où elle pouvait arriver ; je la retournai et je lus le nom de l’expéditeur... Michel Maffesoli ! Je l’ouvris incrédule  : il y avait une lettre riche de suggestions et des essais photocopiés. Je restai debout, les larmes aux yeux. Je venais d’apprendre une leçon bien plus profonde que le développement de ma recherche, une leçon d’équilibre et d’estime, de passion et d’ouverture qui m’a suivi depuis et qui m’a aidé à devenir ce que je suis maintenant. Bon anniversaire, Michel Maffesoli ! Fabio D’Andrea

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Il y a autour de vous un climat généreux dont on devient tributaire. Nous recevons de vous les grandes forces qui animent les hommes assoupis, ainsi que l’occasion d’en devenir, à notre tour, les passeurs. Vous avez dit, un jour au Temple : « il est triste, celui qui n’a pas eu de Maître », je l’ai noté. Voilà, je ne suis pas triste. MVD

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« Tout ce qui est simple, tout ce qui est fort en nous, tout ce qui est durable même, est le don d’un instant » Gaston Bachelard

Michel Maffesoli à L’Université Fédéral de Pernambouc, CAA, Caruaru, Brésil 17 de novembro de 2013.

Grande e afetuoso abraço Mário de Carvalho Caruaru, 2014

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Nous nous sommes rencontrés il y a 40 ans autour d’une revue anticonformiste qui se voulait libre : un jeune philosophe et un débutant politique qui partageaient de l’appétit et de la curiosité, tous deux stimulés par des épouses exigeantes, n’ont cessé de s’apprécier en s’amusant. Car, heureusement comme le soutient Michel, la vie est plus vaste que la raison. Patrick Devedjian

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Michel Maffesoli est un être lumineux En janvier 2012, Michel Maffesoli répondait à une invitation de mon Centre de recherche le CÉLAT pour venir nous entretenir de la question de la différence, celle tout particulièrement qui crée du lien. Il souhaitait vivement venir au Québec à la période des froids les plus polaires et le moment était plutôt bien choisi de débarquer chez nous au coeur du mois de janvier si glacial. Mais, me dis-je, qu’estce qui peut bien intéresser un homme du Sud à venir se glacer tous les membres du corps au pire moment des « gellicules » du Nord  ? J’ai compris par la suite, après que Michel fut rentré chez lui, qu’il venait en fait chercher ici non pas le froid, mais la pureté de la lumière de nos hivers. À le lire assidûment et le fréquenter à l’occasion, on comprend très rapidement qu’il s’agit d’un réel penseur de la lumière en tant qu’espace et transparence qui entrelace les masses que nous formons, tout en se faisant et se défaisant avec plus ou moins de sagacité. Depuis son passage sur les rives du Saint-Laurent, j’aime à penser qu’il cherche la plus cristalline des lumières et je crois qu’il est facile de statuer sans grands risques qu’il est prêt à toutes les audaces pour la trouver. Bonne suite Michel, d’un ami québécois qui a besoin de ta lumière.

Michel Maffesoli sur les berges glacées du fleuve Saint-Laurent dans le bas de Québec en janvier 2012. Photographie prise par Philippe Dubé

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Philippe Dubé, professeur de muséologie, Université Laval, Québec.


Petite confession : j’ai eu du mal à lire Michel Maffesoli alors que j’étais tout jeune étudiant. Je n’avais pas encore vu l’homme danser, rire, partager sa vie de famille, avec, autour de lui, des étudiants et collègues de tous horizons comme prolongement spirituel, famille élargie de sa pensée vécue, sans dogmatisme, sans autre prétention que celle de s’ouvrir amicalement aux autres avec une aménité enjouée de poète et une probité ludique et lucide de philosophe ; et curieusement, après ce moment festif (qui s’est répété rituellement au fil des ans) et cette vision de l’homme : j’ai pris goût à sa lecture, j’y ai lu un enthousiaste, au-delà de ce qu’il exprimait du social, depuis le dedans même de la socialité du monde. Les meilleures leçons sont celles qui se donnent par l’exemple vivant, et le professeur Maffesoli est, comme l’ombre portée de son chat, en harmonie avec l’éthique esthétique de l’homme qui, derrière l’écrivain, sécrète le style de ses ouvrages, partage sa vision du social. Merci Michel, pour La leçon. Jérôme Dubois, de St-Rémy-les-Chevreuse.

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La fissure élégante Le contact avec Michel Maffesoli a été et est une fissure élégante sur toutes les murailles de la connaissance pétrifiée, une invitation à nous aventurer dans les plis d’un savoir poétique. Le voir et l’écouter, oxygène à tout être inquiet, à tout chercheur qui ne se conforme pas, qui ne se contente pas de ce qui est établi. Grâce à toutes les invitations offertes par Maffesoli dans chacune de ses classes, il est possible de s’initier vers une connaissance sensible, une intelligence collective qui stimule à être ce qu’on est. C’est une expérience qui nous encourage à inviter les autres à la fête partagée de la vie et du quotidien, dans cette danse collective enracinée dans la terre de nos sentiments. Roberto Falcon, Montevideo

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Hic dies vere mihi festus atras eximet curas. Sociologia bonum consilium est, non multis verbis opus est, sed efficacibus. In opere crescit. Eadem est inquam, praeceptorum condicio quae seminum cum amicos in societatem cupiendi par voluntas trahit. Maffesolisiensis diffusivum sui bonum factum feliciter quod agis. TOUS MES SOUHAITS Maria Caterina Federici

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Hommage à Michel Maffesoli pour son Soixante-dixième anniversaire Depuis notre première rencontre, à l’université de Strasbourg, j’ai vu avec plaisir dans Michel Maffesoli le dandy gourmet avec son papillon, mais j’ai aussi compris en même temps que c’etait une façade. L’homme était complexe. Voilà, je me disais, une curieuse ambivalence qui frôle l’ambiguité : un critique sévère de la sociologie contemporaine qu’il aperçoit figée dans des catégories scholastiquement dogmatiques et en même temps un connaisseur profond et raffiné de la penseé sociologique classique. Je dirais que l’originalité de Michel Maffesoli se lie, d’une manière tout à fait naturelle et paisible, à la sociologie des fondateurs – d’Auguste Comte à Emile Durkheim, de Herbert Spencer à Max Weber et Vilfredo Pareto, en sou lignant dans l’oeuvre de ces pionniers les aspects généralement négligés : la vision synoptique de la société chez Comte; l’effervescence dans Les formes élémentaires de la vie religieuse chez Durkheim ; l’évo lution constante et magmatique du social chez Spencer ; l’angoissante prévision d’un monde de fonction naires chez Weber ; l’inutilité du changement social dans Vilfredo Pareto. C’est par là que je considère Maffesoli un révolutionnaire con servateur. Il a compris que la tradition n’est pas nécessairement traditionaliste. En effet, pour lui

la tradition est révolutionnaire. Ce qui lui permet de voir et saisir ce qu’il se passe anjourd’hui d’une manière bouleversante. Je pense à Le temps des tribus, c’est-à-dire à cet individualisme socialement orienté et grégaire qui fait justice rapide, mais pas sommaire, de la tension entre individualisme et socialisme. Par là, La transfiguration du politique, dans laquelle Maffesoli prévoit la fin des partis jacobins et la montée des mouvements sociaux, inexplicables et même pas déchifrables à l’aide des vieilles catégories. Chez

Maffesoli la logique formelle, jadis «impérialiste», est maintenaut nue. Elle montre, impudiquement, ses limites. Dans sa miserable solitude le rationalisme cartésien est en même temps orgueilleux et impuissant. L’ombre de Dyonisos avance. Elle gagne continuellement du terrain. Elle renverse les vetos et les tabous si bien qu’elle élargit et enrichit le sens de la présence humaine dans le monde. Elle nous fait découvrir ce qu’il y a dans

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le creux (apparent) des apparences. Maffesoli s’approche à un nouveau baroque. Il fait vibrer le marbre. La vie et le vitalisme méditerranéens gagnent la priorité existentielle contre les structures formelles, obligeantes et contraignantes, des institutions. Homo quam res publica senior. Qu’est-ce que ça veut dire ? est-ce que l’on peut critiquer radicalement les vieilles catégories sans faire recours à des catégories nouvelles ? Et comment les construire ? La sociologie peut-être devrait s’ouvrir aux autres sciences humaines. Il se peut que, de ce point de vue, Maffesoli soit un véritable Pontifex. Il fait les ponts ; il utilise ces concepts «  migrants  », tels que «  structure», «  interaction  », «  morphogenèse  », «   autopoïesis  », etc, pour établir des relations entre les disciplines sociales. Et pourtant, ça ne suffit pas. Ce qui semble nécessaire est une démarche nouvelle en ce qui concerne la formation des concepts sociologiques. Il faut sortir de l’essentialisme apriorique et purement déductif. À soixante-dix ans, Maffesoli, peut-être comme le grand Moïse biblique, nous indique la terre promesse de la recherche sur le terrain pour la formation des concepts « d’en bas », à travers la pratique du dialogue interpersonnel et les histoires de vie qui out été, depuis le début, la matière première de la pensée sociologique. Franco Ferrarotti


Il m’a également appris qu’il n’existait pas de recherche sans communauté de chercheurs. Tout comme dans une cordée on suit le pas de celui qui se trouve devant nous, je suis très heureux de pouvoir m’inscrire dans ses pas et dans ceux de ses prédécesseurs dont il m’a transmis le relais. Aurélien Fouillet 4646






À mon maître, qui toujours a construit mon imaginaire et qui m’apprit à perdre les scrupules. Com carinho, Cristaine Freitas Rio de Janerio

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Pour moi donc, ce passage du Temps des tribus : « Les histoires plutôt que l’Histoire. Tel pourrait être le merveilleux secret qui nous expliquerait la persistance des sociétés ». La sortie de la mélancolie, et la certitude qu’il y avait encore quelque chose à penser. La roue avait recommencé à tourner, autrement, ailleurs. Bon anniversaire, et du fond du cœur merci pour tout. Christophe Gaudin

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Ce travail a commencé un jour précis. C’était le 2001 et moi j’étais seule, jeune et suffisamment ingénue, à Paris. Je lui ai lui dit : « oui, j’aimerais bien travailler sur l’imaginaire » « et bien », fut la réponse, « il faut voir Les structures anthropologiques de l’imaginaire de Gilbert Durand ». D’abord merci à Michel Maffesoli. Valentina Grassi Début de la thèse Rome

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Au pirate des pensées  ; au chaman des paroles… Maffiosoli au Mexique. « Va mi espada en prenda, voy por ella » Guadalupe Victoria. Premier Président Independent du Mexique (1824)1 Surcroit qu’un maître des penseurs, un pro-vocatore de la pensée, un interstice de l’imaginaire présent. Avant, une vingtaine des étudiants assistons dans la salle à côté de l’amphi Durkheim écouter tes idées « banales du quotidien », aujourd’hui nous comprenons tes imaginaires quotidiens des pensées archaïques du présent. Tout un monde s’est écoulé sous tes mots, le tout humain a passé sur tes paroles : nous deux seuls mais ensemble en quatre-vingt dix, dans l’ancienne salle des examens près du couloir Claude Bernard de la Sorbonne, m’apprêtais à finir mon essai de l’extraordinaire du séminaire sur le postmodernité; toi écrivant la postmodernité de l’extraordinaire… moi écrivant sur la banalité du postmoderne. Nous deux ensemble, en deux mille, mais seuls dans la conjonction de la compréhension du monde, prés de la salle des conférences du Colegio de Mexico au moment de ton propos sur le quotidien dans la ville plus grande du monde. Tu as remémoré mon regard, moi apprécié ton courage des dragons. Jadis tes propos radicaux forgèrent les racines de mes écritures, mes visions, mes émotions... Jadis, nous avons parlé de l’informel et des pirates, de la commun-auté et du formel… du cosmo-(ordre)-vision qui font émotions du vivant : du social. Jamais seras tu un montagnard qui conquit, mais un pyrénéen qui se laisse conquérir par les affects. Pas un esclave du concept, mais un culteur (cultiver) de la métaphore. Pas un hautain au présent, mais toujours à l’hauteur du quotidien. Jadis je pensais un saccageur des Amériques latines au simili du Napoléon III; seulement est-vous un poète de la revanche du Sud. Delà êtes-vous un initié/ initiateur du laboratoire postmoderne de la Amérique latine. Delà « mon épée en gage : j’y vais la chercher… » Daniel Gutiérrez-Martínez 1

“Voilá mon epée en gage : j’y vais la chercher”. Phrase célebre dans son debut d’independece du Mexique du royaume espagnol.

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Il ne fait pas tout à fait nuit  ; une caravane de voitures chemine lentement, se suivant avec quelque hésitation parfois, jusqu’à une très belle maison qui domine ce qu’une étrange brume de carbone laisse deviner d’une vue plongeante sur Mexico. Nous sommes quelques-uns à sortir, séduits de ce lieu et engourdis du trajet – costumes froissés, cravates resserrées – et charmés d’être conviés à un dîner donné à l’occasion de l’anniversaire de Michel Maffesoli par l’Ambassadeur de France, son ami et lecteur depuis toujours. Nous entrons et apprenons d’emblée que Michel, profitant de quelques heures vacantes, est reparti pour donner une conférence – loin – et nous rejoindra un peu plus tard, le temps de passer dans une bibliothèque où buvant déjà, nous parlons de lui et d’autres choses. Bien plus tard, après quelques avions immobilisés puis repartis, voilà Michel qui entre. L’impression est frappante, Michel est chez lui ; il a pris le temps de ces rencontres, de ces lecteurs, de ses étudiants du bout du monde, mais il est là, tenant le bras de ses hôtes. Le dîner est servi et tout protocole disparaît.

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Maffesoli, les amis et les vins toujours ensemble - Paris 2004

Maffesoli & copines - Club de danse Piratininga, Sao Paulo, Br茅sil 2001

A vous ma colaboraci贸n Amicalement Bernardo Issler

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L

e tragique d’une vie est d’être vécue avant d’être pensée notait ici ou là l’homme averti. Merci cher Professeur de m’apprendre et de m’avoir appris, avec autant de mots, vos mots chemins, que de compagnie partagée, à ce que vivre et penser ne soient jamais dissociés, et à ce que l’un et l’autre soient toujours un jeu ! Camille Jacquey

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Cher Michel Vous ajoutez une âme aux idées Une voix au monde Une touche affectueuse dans nos vies Nous vous aimons plus fort que l»amitié Denis Jeffrey

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Michel Maffesoli est d’abord pour moi un homme-livre à l’œuvre sans entraves dont les mots en chair pulsée explorent inlassablement les pores de l’existence et la sudation du quotidien. Un homme à la hauteur des choses humbles, qui met en lumière ce que nous sommes

en clair-obscur, au creux de notre ordinaire condition. Un homme ancré dans les turbulences du présent, qui dit le futur de notre mémoire. Mais il est surtout un ami qui, par touches successives, sait transformer les épreuves en chances d’être. Philippe Joron

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Cher professeur, La nuit porte conseil dit-on. Et en effet, un beau matin de la fin du millénaire précédent, dans l’agitation d’un sommeil paradoxal m’est revenu avec insistance une idée obsédante, comme un signe, une indication, un message sous la forme d’un titre : Le temps des tribus. Livre qui, découvert quelques mois plus tôt, attendait patiemment dans une pile sur une table de chevet que je m’en ressaisisse. Ce que je fis immédiatement au réveil qui fut alors aussi comme un éveil à la « Connaissance ordinaire », à la « raison sensible » et à la « pensée de la place publique » dont l’anarchisme ontologique entrait en correspondance avec l’actualité quotidienne de mon environnement social. Ce fut dès lors pour moi le début d’une nouvelle aventure par la découverte de nouveaux chemins de la pensée m’ayant enfin permis de sortir de l’impasse intellectuelle dans laquelle m’avaient conduit les mornes et si ennuyeuses théories sociologiques dominantes. Joyeux anniversaire ! Raphaël Josset

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Alors on danse ! – Für Michel Maffesoli “I wanted a sociology of taste and culinary practices, of feelings and sex, of drunkenness and festivals, music and artistic inspiration, and so on – a sociology of the present instant, of the body, and of dance. (…) We should be afraid of nothing, limited by no taboos, and unafraid of the powers that try to tell us what to study”. (Michel Maffesoli 2005) Ich erinnere es nicht mehr genau, doch es war im Winter 1985/1986. Ich studierte in Rennes, bei Manuel de Queiroz, und da gab es diesen furiosen Abendvortrag eines jungen Pariser Professors, Michel Maffesoli, dessen Namen ich noch nicht gehört hatte. Referenzen an Adorno, Simmel, Dionysos, das Alltagsleben, den Orgiasmus und Tribalismus, all das wirbelte durch den Raum und entfachte ein Feuerwerk der Gedanken. Ich nahm die paar mir geläufigen französischen Sätze zusammen, fragte schüchtern nach einem‚ Literaturhinweis‘, und wenig später wurden mir „La conquête du présent“, „L’ombre du Dionysos“ und dann das Manuskript zu „Le temps des tribus“ zu Texten, die etwas zum Klingen brachten, zeigten, was Soziologie AUCH sein kann. Das war so ganz anders als all das, was im ernsten Deutschland

zu lesen war. Nach einer ersten bescheidenen Übersetzung (‚La forme fait corps‘) schloss schnell meine Abschlussarbeit an, in der ich die Auseinandersetzung mit dem so unterschiedlichen Denken von Michel Maffesoli und Ulrich Beck suchte : Tribalismus versus Individualisierung ! Bald schon diskutierten wir beim Couscous im (für mich) exotischen Belleville, und es schlossen sich viele Besuche in der Rue des Archives und anschließenden Lebensorten an, eine langjährige und andauernde freundschaftliche Begegnung, der ich viel Inspiration verdanke, und für die ich - selbst nun deutlich älter als Michel zur Zeit unserer ersten Begegnungen - mich auf diesem Wege sehr bescheiden meinerseits bedanken möchte - mit allerherzlichsten Wünschen für weitere Geburten tanzender Sterne. « Denn genau und gerade um das Leben geht es. Gewiss, widerspenstig und teilweise auch anomisch. In mancherlei Hinsicht auch paradox. Eine Vitalität, die den verschiedenen modernen Scholastiken entkommt und das ästhetische und tragische Grundgefühl der Existenz aufbauscht. Eine Vitalität des Berührbaren und Fühlbaren, die nach einer feinfühligen, empfänglichen Vernunft verlangt » (Michel Maffesoli 2004) Reiner Keller

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C

onsidérer ce qui autour de nous a un sens. Le décrypter. Aller jusqu’à imaginer le comprendre. Et se réveiller face au vide. Le travail de Michel enseigne cette humilité particulière de poser différemment les questions indispensables de ce quotidien qui a chacun appartient. C’est une découverte incontournable, un regard, le bruit d’une pensée dont on finit par avoir du mal à se passer. Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre Philippe

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Maffesoli est plus d’un Maître. Il est un père spirituel qui nous a accueillis dans la grande tribu du CeaQ et nous guide vers le « chemin de la pensée » et la jouissance pour la vie. J’ai croisé sa pensée dans le sud de l’Italie à partir Du nomadisme et Le temps des tribus et les pages de ces livres me parlaient, touchaient l’âme, l’esprit… c’était une invitation, une initiation et cela m’a poussé à rejoindre la tribu guidée par le « Chef en papillon » qui nous a ré-enchantés entre les couloirs et les messes académiques de la Sorbonne et ses chambres du Vème arrondissement qui nous ouvrent toujours une fenêtre sur le monde de la vie : sourire, danser, boire, manger, discuter, ironiser, comprendre, philosopher, tel est l’univers qui nous offre l’art de vivre maffesolien ! « A qui pense grandement, il faut errer grandement » disait Heidegger…. et nous continuons à errer, nomadiser et grandir grâce à la résonance de vos idées qui sont dans toutes les têtes et votre esprit magique qui nous touche et nous charme. Long vie au Chef de la tribu ! Fabio

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La vitalité de votre dionysiaque existence prouve à chacun de nous que la jeunesse éternelle appartient à ceux qui ont su préserver la curiosité, l’appétence à expérimenter la vie sous toutes ses formes, enfin, à écouter les passions qui animent son fort intérieur. Aussi, bien plus qu’un enseignement, dont les horizons dépassent de loin la sociologie, c’est une posture -  dispositio  d’être au monde que vous m’avez enseignée. Pour cela, et bien d’autres choses encore, je vous en serai à jamais reconnaissant. Excellent anniversaire Professeur, Frédéric

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Je ne lui dois pas seulement mes connaissances en sociologie mais un véritable chemin d’accès au monde du savoir. Voilà, il est mon gourou éternel ! Pour moi, il est d’ailleurs un homme d’Extrême-Orient ! Chang-Hoon Lee Séoul

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J’ai vécu à Paris entre 2005-2010, quand j’ai fait ma thèse de doctorat avec le professeur Maffesoli. En 2012 j’y suis revenue express pour l’hommage rendu au professeur lors de la Journée du CeaQ. Parmi les plusieurs chercheurs et étudiants qui se rassemblaient autour de lui, j’y étais avec mon fils, Tomás. Julieta Leite De la ville de Recife, Brésil

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Joyeux anniversaire. Toute ma gratitude à celui que m’a ouvert les portes de la connaissance de la vie sociale. À Paris, au CEAQ, au Gretech je me suis fait homme et intellectuel. Félicitation, amitiés et respect ! Merci Michel. André Lemos Bahia, Brésil

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Mon cher Michel Depuis le midi méditerranéen qui nous a vus naître tous deux et où je me suis enfin réinstallé, je t’adresse mes amitiés ensoleillées – oui, même en novembre. Tu sais que je suis l’un de ces astrophysiciens qui n’a pas brandi l’étendard de la rationalité lorsque tu as jadis fait passer une thèse en sociologie concernant l’astrologie. J’ai toujours apprécié ton ouverture d’esprit, et tu me l’as bien rendu en m’invitant maintes fois à parler de mes travaux au CEAQ. Ces très conviviales rencontres - à ton image   sont d’ailleurs l’une des rares choses que je regretterai après avoir quitté Paris. Bel anniversaire. Jean-Pierre Luminet

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Cher Professeur, À vous qui m’avez appris la bonne combinaison de la patience et de la passion, j’aurai toujours une dette envers vous même si je reste mille ans durant un mauvais élève. Intellectuellement, ainsi qu’émotionnellement, cela reste toujours un plaisir et un privilège. Rónán MacDubhghaill, Paris (et partout)

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Petits souvenirs pour un grand Fabulateur Je ne serais pas capable de dire où je l’ai vu pour la première fois, si à Paris où à Rome. Je me souviens, bien évidemment, de Michel Maffesoli jeune professeur à la Sorbonne, occupant la chaire qui était jadis celle d’Émile Durkheim. Je me souviens aussi qu’il avait hérité la robe académique de Durkheim. Il avait à l’époque une maison dans le Marais, un quartier qui pour moi était fascinant. Puis, il a ensuite habité près du Panthéon, et, un peut plus tard, à Boulevard St. Germain. Il portait un nœud papillon, un chapeau noir, ainsi qu’un grand manteau noir. Tous ces signes extérieurs et les contextes urbains et institutionnels faisaient de Michel un « personnage ». Mais je me souviens, en particulier, de son sourire, un sourire timide, innocent, naïf, tout différent de son regard plutôt vif et sournois. A l’Université, Michel n’a pas toujours eu une vie paisible. Je me souviens de demandes de témoignage et pétitions de solidarité qui circulaient parmi nous pendant la période où il avait des ennuis avec certains collègues. Michel et moi avions des positions politiques différentes. Comme sociologues, il s’intéressait, en premier lieu, à

des questions d’ordre théorique, alors que mon point de départ a toujours été la recherche sur le terrain. Mais Michel était aussi très relationnel. Lors de ses séminaires et colloques à la Sorbonne il était courant de rencontrer plusieurs professeurs venant non seulement de pays voisins comme la Belgique, la Hollande, ou la Suisse, mais aussi du Canada et d’autres pays lointains. Je me souviens aussi que nous mangions très bien chez lui, et j’ai encore le souvenir vivide de bons et longs repas français, avec des vins délicieux. Comme il était un grand voyageur, ces repas étaient souvent enrichis par des biscuits fragiles arrivés du Japon, ou avec des produits qui venaient de l’Amérique Latine. Plusieurs fois, en allant moi-même au Mexique ou au Brésil (Universités de Sao Paulo, de Rio de Janeiro, de Recife), j’ai trouvé le souvenir d’une quelque visite de Michel : même si brèves, elles étaient toujours appréciéess et considérées comme stimulantes. Et puis il y a eu une longue période, je crois entre les années 1970 et 1980, quand Michel venait souvent à Rome. Il logeait souvent, et de préférence, dans un petit hôtel sur la place du Panthéon, non très loin de mon appartement, où il venait aussi dîner. Des collègues et amis se joignaient à nous, entre autres Franco Ferrarotti, Franco Crespi, Anna Maria Curcio. On se retrouvait aussi, grâce à Michel, une ou deux fois par an à Paris, à la Sorbonne, avec eux, avec Caterina Federici, Carlo Mongardini, Alberto Abruzzese. Chez lui j’ai connu Gilbert Durand, le disciple de Bachelard, auteur de Les structures anthropologiques de l’imaginaire, texte fondamental pour nous tous. Gilbert Durand était en fait le fondateur du Centre de

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Recherche sur l’Imaginaire, un autre thème qui à l’époque m’intéressait beaucoup. Je dois d’ailleurs encore avoir des photos de Gilbert Durand avec Michel. Michel a aussi été un catalyste pour la traduction de plusieurs livres italiens : trois où quatre de Ferrarotti, par exemple. Da ma part, je l’avais aussi aidé avec la publication de certains de ses livres en italien. La connaissance ordinaire était son texte que je considérais, à cette époque, le plus proche de mon travail. Ce livre me semblait n’être pas trop loin du thème de l’autobiographie et de son usage dans les sciences sociales et la sociologie qualitative. C’était aussi un thème sur lequel Ferrarotti réfléchissait. En fin de compte, songer à Maffesoli me ramène et me rappelle cette période intense d’expérimentation, d’étude, de travail et d’amitié. Michel était un bon connaisseur des classiques de la discipline, un exégète exemplaire et un fin connaisseur de généalogies étymologiques. On pouvait se confronter avec lui, avec Le Grand et Tacussel. Songer à Maffesoli ça veut aussi dire se souvenir de bons cafés à la place de la Sorbonne, de bons diners à la Coupole ou chez lui. Il m’avait dit, une fois, un peu troublé, qu’un important collègue plus âgé, avait découragé un de ces invités, et lui avait expliqué qu’on devait pas fréquenter la maison de Maffesoli. Pour ma part, je lui avais répondu -  et j’en suis toujours convaincue que j’avais toujours pensé qu’être invité chez les Maffesoli était un vrai privilège. Bonne nourriture, vin approprié, conversation toujours intéressante, et une ambiance amicale. Qu’est ce qu’on peut vouloir de plus ?

Maria Immacolata Macioti


J

amais je n’aurais pensé qu’une poétique sur le quotidien et la simplicité du jour à jour pourrait avoir un gémeau dans le théorique, jusqu’à ce que j’ai trouvé le penseur-poète, mon gémeau, mon ami, Michel Maffesoli. À toujours, Miguel Maldonado.

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J’ai rencontré Michel Maffesoli, lors de mon année de Maîtrise d’Economie à l’Université Paris Dauphine. Il avait été invité par un de nos enseignants Eli Théofilakis. L’enseignement avait pour objet de nous ouvrir à d’autres formes de pensée, mais surtout de nous faire toucher du doigt les auteurs les plus innovants de la période. Nous étions en 1984, période riche de créativité à mon sens et encore libre dans bien des domaines. Le cours faisait suite à la publication par Michel Maffesoli de son ouvrage « le Temps des Tribus ». Après l’intervention de Michel, tout semblait claire et prenait soudain du sens. En revenant sur l’idée d’un individualisme qui serait inévitable et prenant appui sur une vision plus anthropologique et philosophique de notre environnement (les communautés « affectuelles »), Michel donnait enfin quelques clés de compréhension au monde dans lequel nous vivions, bien éloignées du prêt à penser de certains penseurs. En devenant plus proche, j’ai appris que Michel et moi partagions des origines sociales semblables sans être identiques. En cela, Michel n’était pas qu’un critique d’une théorie déterministe trop souvent appliquée mécaniquement, mais il était aussi celui, qui par son parcours, montrait qu’il y avait d’autres chemins possibles. Chacun portait ainsi en lui la possibilité d’être et de faire autrement. Il y avait aussi chez Michel une réelle séduction, si bien que j’ai prolongé cette relation intellectuelle et amicale durant plusieurs années, jusqu’à un doctorat de sociologie. Cette relation se poursuit aujourd’hui avec la même admiration et le même respect. Eric Marchandet

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Doctorat ‘Honoris Causa’ à l’Université du Minho (Braga, Portugal). Hommage académique à Michel Maffesoli. L’éloge d’une pensée vraiment large et libre, d’une pensé qui est l’apanage d’une véritable Universitas, contre la pensée unique, les dogmatismes, les téories de convenance et le jargon institué. L’éloge des possibilités de l’humain contre l’horizon obscur d’une société logocentrique, phallocrate et prométhéenne, une société qui reste dupe sur les finalités qu’elle poursuit. Moisés de Lemos Martins

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La sociologie de Michel Maffesoli est une sociologie de la liberté dans l’analyse indéterminable des particules élémentaires de la condition humaine. Carlo Mongardini

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Michel Maffesoli a changé ma façon d’appréhender le monde, ma vie, mon rapport aux autres. Au travers de ses livres, mes deux favoris « Le Temps des tribus » et « Du Nomadisme », qui m’accompagnent encore. Du CEAQ où j’ai tellement appris. De sa famille et sa bienveillance. Merci de m’avoir accueillie dans la « MM tribe », depuis 20 ans déjà. Nathalie Orvoën Nice

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Pendant de longues années, j’ai été l’étudiante du professeur Maffesoli. Son humanité, son ouverture d’esprit font de lui un excellent guide, un maître. Il m’a permis, en écrivant une thèse sous sa direction, de connaître la sociologie du quotidien, de faire la connaissance des différentes notions de la sociologie postmoderne et, surtout, de son école de vie. Toutes ces années m’ont permis de connaître son œuvre, dans laquelle j’ai trouvé d’extraordinaires ressources intellectuelles pour mener mon travail de recherche. Sous sa direction, j’ai profité du Centre de Recherche sur l’Imaginaire, mondialement reconnu. Enfin, il a changé mon regard sur le Monde. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai eu de la chance d’avoir été l’étudiante de Michel Maffesoli. Intellectuellement, je me sens à l’aise, et je salue mon Professeur. A cette occasion, je lui souhaite une longue vie, pleine de santé, de succès, et de bonheur. Chahnaz Parvaneh

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M

ichel è l’unico francese che ho conosciuto in vita mia, per il quale l’amicizia è una cosa molto più importante e stabile delle idee. Le teorie possono cambiare, ma un affetto che dura da 42 anni rimane. Mario Perniola

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Michel, Il y a maintenant plus de 15 ans, j’ai lu le Temps des tribus, qui a donné du sens à une pratique que je souhaitais comprendre et a aiguillonné mon désir de continuer la sociologie : penser les transes sur les dance floors des raves parties, penser la pulsion à être ensemble comme l’une des dynamiques du social. Ce fut le début d’un cheminement intellectuel et humain, où bien des choses se sont écrites, des amitiés construites, des moments partagés. Merci pour tout cela. Anne Petiau

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Michel Maffesoli

ou l’estime du monde Comme Velasquez peignant ses Ménines, Michel Maffesoli a su subvertir le monde qu’il observe et l’ennoblir. Le monde stable et ordonné de la sociologie, triste parfois car tropacadémique a su vibrer enfin de l’imaginaire qui l’enveloppe, des mythes qui l’habitent. Comme Velasquez et ses Ménines, Maffesoli, par son œuvre, nous invite à franchir le seuil de ce qui pourrait advenir car il est l’aposentador, le personnage secret des Ménines, celui qui détient les clefs et qui habite en pleine conscience l’ambigüité d’un présent. Il est le maître qui règle l’accès au visible car il sait que le visible n’est que la face apparente de l’invisible. J’entends déjà Dionysos et sa Syrinx et je me joins à cette farandole de l’invisible, des mythes et de l’imaginaire. Je vois déjà Michel Maffesoli se saisir de la vigne du savoir, de ses sarments et de ses grappes pour en faire un nectar qui dit toute l’ivresse du monde. Surtout, cette nouvelle ivresse n’est pas celle de l’oubli : elle est plutôt nouvelle lucidité face aux « nouveaux bien pensants », aux « culs de plomb » que déjà Nietzsche étrillait. Mais Michel le fait par une moqueriegénéreuse qui donne au monde un faste nouveau, bâti sur l’estime du monde et l’imminence d’un nouvel enchantement. La force de la pulsion et de l’affect, nous dit Michel, est notre richesse. Cette richesse, oubliée, domestiquée et frustrée par la pensée qui calcule, il est grand temps de la célébrer. Et de l’aimer. Vincent Petitet

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Hommage à Michel Maffesoli

Si « le Brésil est un laboratoire vivant de la postmodernité », nous pouvons dire que depuis la fin des années 70, quand Michel Maffesoli a commencé ses séjours dans le pays, il fait partie de sa dynamique sociale, non seulement dans les milieux universitaires, mais dans le quotidien. Si pour obtenir de la connaissance, il faut « éprouver la vie telle qu’elle est », et bien, il faut constater que la vie telle qu’elle est, « éprouve » la théorie, ou mieux, la lecture qu’en fait Michel.

Autre activité du groupe : la Maffesofísica. Toutes nos félicitations !

Danielle Perin Rocha Pitta (Recife – Brésil) Novembre 2014

Illustrations : le groupe Café com Gelo créé en 2009 au Juazeiro do Norte, ville de l’intérieur du Ceará dans le Nordeste du Brésil. En font partie Las Maffesolitas qui ont lancé, en 2013, le concours Miss Raison Sensible ! http://www.coletivocafecomgelo.com/search/label/Las%20Maffesolitas

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« Pour Michel Maffesoli, dont son œuvre œuvre pour un réenchantement du monde » Tania da Rocha Pitta

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Nos vies se font de hasard. Ainsi de ma rencontre avec Michel Maffesoli. J’étais un teuffeur. Je voulais continuer à rencontrer le monde. J’étais pris dans un DESS d’Action humanitaire après avoir terminé un DEA d’Histoire. Je me suis dit que je pourrais faire un mémoire de maitrise de sociologie sur les organisateurs de free parties. J’avais lu quelques articles de Michel sur mon univers. Il me paraissait plus juste que d’autres sur le sujet. Il m’accorda un RV de 15 mn qui en dura 45. J’en ressortis doctorant. C’était en juin 2000. Forcément mon premier grand et étrange souvenir de ma première année de thèse au sein du CEAQ fut l’incident Teissier. Je me souviendrai toujours de cette soutenance à la Sorbonne avec un amphithéâtre rempli de journalistes, de scientifiques, de sorciers, de chercheurs. Et Michel qu’on sentait à vif, mais qui respecta, comme toujours, toutes les formes. Je me souviens surtout de la fête qu’il organisa le soir chez lui, la première à laquelle j’étais invité. Il relâcha la pression et je le vis pour la première fois, très « joyeux ». La tenue vestimentaire impeccable du début de la soirée connut quelques modifications Le teuffeur que j’étais décida qu’il pouvait l’accepter comme maître/magister. Il prit le teuffeur humanitaire et en fit un sociologue médical, sûrement plus classique, voire trop, qu’il ne l’aurait imaginé. Il est probable que les sociologues habituels qui me reconnaissent aujourd’hui comme « un des plus normaux des maffesoliens » (dixit), ne m’auraient pourtant pas accepté en thèse à l’époque. Ceux qui nous prennent pour une secte se trompent. Une secte, c’est fermé. Or le CEAQ fut pour chacun de nous un carrefour, un lieu ouvert sur nos possibles qui nous aida à devenir nous-mêmes, mais en plus grand et en plus libre. Que l’on regarde ce que nous sommes devenus : tout. Au moment où je commence ma carrière de directeur de recherche et de thèse, je sais que je ne serai jamais pour mes élèves comme il fut pour moi. Je n’en suis pas capable et il serait ridicule de le singer. La seule chose que je chercherai à transmettre de lui sera cet impérieux devoir du pas de côté pour commencer un grand voyage. Lionel Pourtau (Paris, 2014)

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Cher Michel, Je vous ai connu lors d’une conférence que vous aviez donnée à la faculté de sociologie de Strasbourg, sur invitation de Stéphane Jonas, il me semble que c’était en 1977, avant même que vous n’y deveniez enseignant. Je ne me souviens plus du thème exact, c’était dans le cadre de la sociologie de la ville et de l’urbanisme, mais je me souviens que vous aviez abordé l’un de ces thèmes obsédants qui constituent le travail de toute une vie : le report de jouissance. Depuis lors, j’ai suivi vos cours et conférences, lu vos livres et soutenu ma thèse sous votre direction. Et vous n’avez jamais cessé d’être une source d’inspiration pour moi. J’ai eu l’immense bonheur, les wébériens diraient la chance, d’avoir eu un grand maître. Pour tout cela, je vous en remercie. Je vous souhaite un Joyeux anniversaire et une longue vie aux côtés de ceux qui vous sont chers. Bien à Vous, Jean-Martin Rabot

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«  E qui ritorna l’aberrazione moderna di pensare che ogni comunicazione è diretta, di aver dimenticato ch’esiste la comunicazione indiretta. E qui, al contrario, risiede l’autentico insegnamento, dominio esclusivo del non-prometeico  » (Kierkegaard, Sulla comunicazione etica). Con affetto, Antonio Rafele

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Oriba Michel Maffesoli «Mestre não é quem sempre ensina, mas quem de repente aprende.» João Guimarães Rosa, em Grande Sertão : veredas Conduz-nos a lugares surpreendentes somente os caminhos do pensamento livre, única fresta ante à esterilidade dos velhos cânones universitários que nos asfixiam, tornando-nos míopes face às aceleradas transformações do tempo presente. É só este pensamento, que transita entre a literatura e a sociologia, a filosofia e o senso comum, a teoria e a poesia, que é capaz de captar traços desses imaginários tão complexos quanto as efervescências tropicais e as dinâmicas reticulares. Eis-nos, pois, diante do pensamento de Michel Maffesoli. Este não nos acalma e tampouco nos reconforta com fórmulas infalíveis. Trata-se de um pensamento inquietante, que nos conduz à meditação, que nos convida a uma paradoxal contemplação imersiva, ali mesmo onde as realidades tecem-se e os imaginários emergem : a vida cotidiana, as redes digitais. Permitimo-nos sair de um seguro processo pedagógico para aquele iniciático. Nous voici, alors, face à l’amitié de Michel Maffesoli. La construction de ce type de pensée se fait à partir de ce qui était cher aux anciens Grecs : la relation amicale, le dialogue franc et authentique, non seulement entre le maître et ses étudiants, mais entre « nous », cette intelligence collective et connective que seulement quelqu’un de notable peut créer autour de soi - celles-ci figurant non pas comme le centre, mais comme un pôle d’attraction. Revenons aux tropiques et aux réseaux. Quelque chose de surprenant se passe dans ces latitudes et dans ces circuits informatifs, quelque chose qui contredit la linéarité du monde dans lequel nous avons cru pendant si longtemps. Contradiction parce que nous n’avançons pas : nous revenons à nos origines, à un autre type d’êtreensemble qui n’a rien à voir avec les sociabilités officielles et qui, sans doute, a toujours été là, dans le souterrain. Les technologies, les plus avancés, au lieu de nous conduire à un stade plus évolué de notre civilisation, nous révèlent, avec une clarté dérangeante et de façon spiralique, que le chemin s’agit d’un retour. Oriba c’est un mot tupi-guarani qui signifie la joie et le bonheur! Em Nome do Atopos, Adriana Ramos, Cadu Souza Aguiar, Dayana Melo. Em algum lugar entre São Paulo, Jõao Pessoa e Paris.

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70 ans dans les sp iritueux, ce sont le s crus d’exception. fut ton influence da Exceptionnelle ns ma vie profession nelle car exceptionn capacité de décele elle fut ta r, d’expliquer avan t les autres les phén sociaux qui agitent omènes la société dans laqu elle nous vivons. E particulier au débu n t des années 90 et devant l’essor d’internet tu m’a s révélé le pouvoi r des tribus, des communauté s. Toute mon approche marketing en fut profondément mar quée. Exceptionnelles ce tte curiosité de la vie, cette vitalité, cette ouverture sur tous les milieu x y compris celui de l’entrepri se. Pour tout cela Michel, un grand mer ci.

l

Jean Pau

Richard

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Pour moi, Michel Maffesoli est le chef de file d’un mouvement où deux exigences co-habitent : celle de la rigueur intellectuelle, des savoirs, celle aussi de l’élégance en toute chose, des fêtes et du raffinement. Pour l’une comme pour l’autre, la mise entre parenthèse est de règle et seule cette mise à distance autorise la proximité avec ses amis, tous si différents, mais tous si heureux de faire partie de la tribu. (Joyeux anniversaire) Elisabeth Rohmer

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Cette photo des Chalps me rappelle ces moments où tu m’as fait partager ta passion de la montagne. C’est l’un des nombreux souvenirs des moments passionnants et chaleureux que nous avons pu partager entre cîmes, Paris, et autres chemins... Heureux anniversaire !

Daniel Rota

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Las clases en la EHES eran insuficientes. Pese al rigor destilado por los maestros para convertirnos en investigadores de los hechos sociales Faltaba amplitud de espíritu Si se quiere vida. De modo que una tarde decidí acudir a La Sorbona Con el fin de asistir a una clase del historiador que con gran alegría durante mi Primer Congreso Internacional de Religiones había conocido en México. Me dirigí con mucho entusiasmo al anfiteatro Durkheim para minutos antes de que Pierre-Antoine Faivre hiciera su aparición Instalarme en alguna silla. Durante un par de horas lo escuché muy atento… ¡Todo lo que decía resultaba tan esotérico! La mayoría de sus alumnos eran damas emperifolladas Forradas de pulseras y collares hasta el cogote. Al final observé cómo el profesor descendiendo de su altar y haciendo una mueca entre despótica y soberbia daba la mano a algunas de sus predilectas. Discretamente me acerqué a la fila Pero ¡Oh sorpresa! Su Eminencia Reverendísima me negó la mano para que le besara el anillo. ¡Cómo! ¿En su Sede apostólica ni siquiera me reconocía? Ante tanta parafernalia abandoné el recinto deprimido. En la puerta me detuve No podía creer tanto engreimiento. En esos momentos se acercó un profesor empavado de abrigo de cachemira y sombrero de ala ancha cardenalicio que fumando pipa lanzaba enormes bocanadas Me preguntó si la clase ya había terminado pues a él le tocaba el turno. Efectivamente numerosos estudiantes comenzaban a tropezarse con los que salían del sagrado recinto. Sin saber a quién trataba debí hacer algún comentario odioso sobre la arrogancia parisina Mi interlocutor me miró con ternura. De algún modo sentí sus avances… Con un gesto noble me invitó a su clase Me dijo que si quería podía escuchar algo diferente : un curso

sobre el imaginario humano. En esas recordé Las estructuras antropológicas de Gilbert Durand… El refinado profesor afirmaba que semejante autor era su maestro. A los dos minutos todo el mundo había ingresado y supongo que alguien desde adentro le hacía señas porque él se despidió dándome un par de palmadas en el hombro Yo lo seguí sin más observando cómo descargaba su maletín quitándose abrigo y sombrero… Al personaje le sentaba muy bien el corbatín de seda Se llamaba Michel Maffesoli y desde aquel día nos volvimos amigos. [...] Gracias a Michel Maffesoli conocí el Espacio Paul Ricard donde cada mes en horario vespertino él invitaba a un intelectual postmoderno. En ese sitio vi por primera vez a Gilbert Durand vestido con una chaqueta militar de incontables botones Conversé en medio de la audiencia que acudía al lanzamiento del Intercambio imposible con Jean Baudrillard Y en par de ocasiones crucé algunas palabras pese a su sordera con Edgar Morin. Constaté que la Academia oficial era bastante estrecha descalificando a esos pensadores por no seguir los protocolos oficiales. Los llamaban impostores Astrólogos poco serios Prestidigitadores de las ciencias sociales Reaccionarios incapaces de explorar un solo terreno. Olvidando los adjetivos que irresponsablemente los descalificaban Con el tiempo preferí aquellas tertulias. Por una razón sensible : simple y llanamente Michel y su séquito destilaba humanidad Compartían sin complot Intuían sin mayor preámbulo lo actual y lo cotidiano. Fabián Sanabria, « ¿Profesor? », Taller de edición Rocca, Bogotá, 2012, pp. 121-123.

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Cher professeur, c’est grâce à vous que je peux suivre mon parcours intellectuel avec toute liberté et soutien, et j’en vous serai toujours reconnaissant. Bon anniversaire ! Saúl Sanchez

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We first had the honor of meeting Professor Maffesoli in 2008 when, as Danish PhD students, we had the chance to visit Maffesoli and CEAQ for a six month research fellowship. The welcoming was extraordinary. We are grateful that we were given the possibility to participate in the stimulating intellectual exchanges with Maffesoli and the researchers at CEAQ. It was some extremely stimulating and intense months for both of us, and it has made a decisive imprint, not only on our PhD dissertations, but also on our subsequent development in the academic world. It is not too much to say that we remain ardent Maffeosolians to this day. Also, on a more personal level, our connection to Maffesoli was and still is deeply enriching. We have been invited into the home of Maffesoli and Madame Strohl, we have meet the family and were even present at their daughters combined birthday – experiences we will never forget. Cher Maître, we thank you from the bottom of our hearts for all you have given to us and to the world, and we wish you a wonderful birthday. Stay radical… Bjørn Schiermer & Sébastien Tutenges – Danemark

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Qui est Michel Maffesoli pour moi ? un, non, le Maître, dans beaucoup de dimensions dont l’académique évidemment. Belle mécanique intellectuelle nourrie des Humanités et des Lettres Classiques, il est de cette génération qui sait encore lire, écrire et parler en latin. Quel plaisir d’échanger avec ce beau puits de sciences ! Mais il est aussi MAF, l’homme veillant en bien sur ses disciples ; tout comme il est aussi Michel l’ami qui sait être là quand il faut. Il est aussi l’épicurien, le compagnon de table et de verre autour d’un met ou d’un vin, blanc, of course. Tout comme il est le conseiller du prince ou le provocateur dont l’emblématique doctorat de Mme Tessier. Bref, il est tout cela pour moi, cette personne aux multiples personae. C’est en quoi, il est bien déjà l’incarnation de cet homme du 21ème siècle, postmoderne qu’il a su si bien théoriser. Mais enfin, nourri au lait du situationniste, je reconnais en Michel ce situ, tel que je les ai connus dans mes très jeunes années m’ouvrant l’esprit en lisant en 1967 le traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations. Avec Michel, je continue encore aujourd’hui à penser et à vivre que la vie doit se décliner autour de la créativité, de la jouissance et de la gratuité. C’est souvent ainsi que Michel continue à être. Je l’en remercie profondément. François Silva

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Bienvenue en ce pique-nique improvisé sur les rives de l’imaginaire social. Mieux que quiconque tu as su nous indiquer l’esprit du déjeuner sur l’herbe. Le CEAQ reste ce lieu de concoction du social, sa station météorologique, et a su par delà l’institué s’inscrire dans les chemins de traverse des trouveurs. Toi le fils d’Eranos qui sais nous faire partager et caresser ce sens de la vie de la terre, éprouver le tellurisme divin contenu en chacun de nous afin de mieux humer le social. Merci d’avoir su défricher ce chemin combien libérateur pour les quêteurs de la mystique corporelle et naturelle. Qu’en ce jour au banquet soient conviées les puissances fantastiques de l’Eros dont la force ne te quittera jamais. Avec toute mon amitié Olivier Sirost Rouen

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Michel Maffesoli est le plus brésilien des penseurs européens et celui qui comprend le mieux le Brésil après Gilberto Freyre. Maffesoli voit le Brésil comme un laboratoire de la post-modernitié, mais c´est Maffesoli lui-même qui est le grande laboratoire post-moderne, à la fois interprète, chroniqueur et philosophe de cette post-modernité qu’il voit comme une émancipation présente du culte de l´émancipation utopique future. Lire ses livres est une expérience libératrice. En plus, pour des Brésiliens comme moi, Michel est un maître, un ami, une source d´inspiration et un directeur de thèse inoubliable. Je suis heureux de pouvoir le saluer pour ses 70 ans. Je veux trinquer avec lui avec un verre de caipirinha. Comme on dit au Brésil : Valeu, Michel ! Juremir Machado da Silva, Porto Alegre, Brésil

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J’ai subi comme Michel Maffesoli l’influence de maitres non-conformistes, entre autres Gilbert Durand et Julien Freund. Comme lui j’ai toujours été persuadé du rôle fondamental des affects et de l’imaginaire dans la vie sociale. Longue vie à Michel Maffesoli! Qu’il continue à nous étonner et à nous stimuler par des « considérations intempestives ». Jean-Pierre Sironneau

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Maître et ami, mais surtout maître, ou bien trop maître pour être un ami comme les autres, Maffesoli a changé ma vie en toute discrétion, sans le réclamer ni le donner à voir – et pourtant il est là. Léger, mais puissant, il « dirige » encore ma recherche, dont celle académique n’est que le prétexte de quelque chose de bien plus vaste et important qu’elle et que moi. Joyeux anniversaire mon cher Professeur. Votre fête est toujours aussi la mienne, mais surtout la nôtre, celle de votre tribu. Vincnzo Susca

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Joyeux anniversaire Cher Professeur Maffesoli, vous m’avez tellement apporté et enrichi ma vie de tant d’imaginaire ! Un grand merci pour avoir dirigé ma thèse de doctorat ! Gyorgyi Szabo Merci beaucoup !

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La personnalité et l’œuvre de Michel Maffesoli sont, pour moi, indissolublement associées à l’expérience du voyage, autrement dit à la reconnaissance du sol qui nous a vu grandir et dont l’étendue demeure illimitée sur le plan de l’esprit, de notre usage du temps et des espaces nous interrogent sur cette relation. En cela, le cheminement heideggerien, avec lequel il a familiarisé nombre de ses élèves et amis, m’a toujours paru une épreuve qui, loin de nous abandonner à la gravité des vicissitudes de la condition humaine, donne à chacun de nos pas une empreinte sans délai. C’est en ce sens que j’ai lu, alors doctorant à Grenoble, son livre : La conquête du présent. Cette sagesse devant la vie et ses contrariétés et la finitude m’a conduit à lire ses écrits en cherchant cette altitude - dont Thomas Mann évoque l’attraction éternelle dans La montagne magique - et que j’ai rencontrée dans les Alpes avec lui, laquelle nous invite à mesurer ce qui nous ramène à notre radicale humanité confrontée à la souveraine puissance de la nature et au cycle qui gouvernent notre existence. À cet égard, les leçons du sociologue prennent une envergure qui dépassent leur excellence académique : pourquoi notre histoire domestique - celle de nos épreuves douloureuses et nos joies - devraientelles s’effacer sur la scène d’un monde qui expulse ce quotidien où se tissent toutes ces regards, cette multitudes de choses et d’événements sans lesquels nous finirions par perdre le souvenir de ce que nous sommes. Cette hauteur que Georg Simmel a fréquentée, Michel me l’a transmise, comme Gilbert Durand s’est efforcé à nous initier aux difficultés d’en tenter l’ascension, et rien ne fut moins indigne pour moi que d’y consacrer tant d’efforts. Ayant consacré nombre d’années à l’étude de Charles Fourier, Michel Maffesoli m’a offert un clef : celle de se retrouver dans l’entièreté d’une rêve plus long que la nuit. En ce domaine, ce que l’utopie avait concédé à l’Histoire et à ses reliquats, il aura offert un possible qui est fait d’une exigence supérieure à tout intérêt politique et sans laquelle le fait d’être ensemble nous éloignerait des mots, des situations, des formes d’une socialité qui dessinent notre visage dans un paysage qui n’a d’autres frontières que celles que nous avons franchies. Patrick Tacussel

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Le maitre clandestin Dans cette recherche sur l’éducation, sur ces professeurs spéciaux, ceux qui nous touchent par leurs paroles, par leurs idées, j’ai rencontré Maffesoli. L’écouter pour la première fois, c’est ressentir un baume au cœur, c’est comme si notre être était soulagé d’écouter enfin les paroles nécessaires, les idées qui se révèlent dans notre intérieur. Maffesoli nous dit dans son séminaire doctoral qu’il faut trouver les mots les moins faux pour parler de notre époque, de l’air du temps, des ambiances qui nous entourent, et justement ce sont les mots justes qu’il nous offre, les contours qu’il dessine de notre quotidien dans lequel on s’y retrouve, on se reconnaît et on y vit. Maffesoli est ce maître spécial que l’on n’oublie pas, qu’on a envie de suivre, d’imiter, de faire perdurer ; Un maître clandestin qui discrètement et peu à peu soulève nos évidences, ébranle nos idées tuméfiées, il nous initie au quotidien pour nous permettre d’observer la vie telle qu’elle est, dans sa créativité et son aventure. Apolline Torregrosa, Versailles

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The work of Michel Maffesoli has made me look more closely and less dogmatically at the social world around me, and it has taken me intellectually to places that I hadn’t been to, and which I probably would never have found myself. So, it remains of central importance to me. Mike Tyldesley

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C’est avec un grand plaisir que je vous envoie d´ici au Brésil mes meilleurs vœux pour votre anniversaire. Je vous remercie le privilège d´avoir été acceptée comme étudiante, amie et membre d´une grande tribu dans des commémorations mémorables de la joie de vivre. Amitiés, Nizia

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Tu sais que je pratique plus volontiers la moquerie que la flatterie, mais il est des occasions où l’éloge s’impose, la célébration de ton septante-dizième anniversaire est une de celleci. Démocrite a dit : Il ne vaut pas la peine de vivre si l’on n’a pas un bon ami. Je ne cite pas Démocrite pour faire étalage de culture, mais parce que je te considère comme le nouveau Démocrite, car tu es bien, en ces temps de disette intellectuelle, « tel Démocrite l’avisé et le gardien/ de fabuleux discours, le bivalent causeur » (Timon Silles), celui-ci eut cette formule : « la parole est l’ombre de l’acte ». Il me semble alors voir l’ombre de ton grand chapeau italien sur ta bouche rieuse qui déverse ses paradoxes et aphorismes sur l’auditeur médusé. Dans tes antécédents, il y a bien sûr Robert Burton (1577-1640) qui signe son œuvre magistrale (Anatomie de la mélancolie) du pseudonyme de Démocrite junior. Certes, tu ne fréquentes pas les cimetières et ne vit pas au milieu des animaux que tu as disséqués. Je t’entends rire : tu y as pensé, mais le sang te dégoûte, tu préfères la cuisine d’Hélène et sa science de la diversité des goûts. Ton imagination s’est emparée depuis l’enfance de ta conscience qui t’a permis de transformer la tragédie de la vie en une comédie. Ta mélancolie (on dirait aujourd’hui ta bipolarité) ne te porte pas à l’accablement métaphysique mais alimente la source d’une jouvence qui désaltère le lecteur emporté par ton érudition joyeuse. Faux vaniteux mais vrai modeste, tu cultives la docte ignorance pour mieux accabler le pédant. Pour l’hédoniste Maffesoli, il n’est pas de chemin escarpé dans sa montagne qui ne le conduise à quelque brin d’herbe sauvage l’enivrant d’une bouffée de bonheur. Mais un éloge qui dure endort celui que l’on loue. Nunc est bibendum ; je ferai une exception au nom de mon amitié et trinquerai avec un verre de ton vin d’Alsace (notre seul désaccord, car en bon vigneron bordelais, ma préférence va ean-Didier au vin rouge). A ta santé et longue vie à toi.

J

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Vous nous avez donné un modèle de vie à suivre : dynamique et sérieux ; sympathique et noble. Je vous souhaite le plus brillant succès pour la saison de la récolte qui est sans conteste odoriférante, féconde, donc éblouissante. Joyeux Anniversaire, mon Professeur !

壽如日昇 (La longévité comme le lever du soleil)

Yun WANG

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Première rencontre Fin des années soixante-dix. Nous étions jeunes doctorants en sociologie à l’université de Strasbourg. Avant d’y prendre son poste, Michel Maffesoli vint y faire une conférence sur l’imaginaire. Nous sommes allés l’écouter. Après la conférence, il y eut un dîner au restaurant. C’est là qu’a commencé notre conversation avec lui. Elle se prolongea fort tard dans la nuit, dans notre petit appartement strasbourgeois. Elle devait se poursuivre bien plus longtemps, en bien des lieux, mais cela, nous ne le savions pas encore. Quelques semaines plus tard, nous avons fait la connaissance d’Hélène. Et des années plus tard, la conversation continue dans la fidélité, le soutien indéfectible, la belle histoire de l’amitié. Patrick Watier & Karine Stebler-Watier, Strasbourg.

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Comment rendre hommage à l’homme à qui l’on doit tout ! Compliqué de remercier dans ces Temps Modernes où chacun se doit d’être émancipé. Mais cela fait partie de nos contradictions postmodernes et non des moindres que de rester libre sans jamais oublier celui qui ouvre et a ouvert la route. Oui je reconnais ma « dette inviolable et sacrée » comme Saint Just le soulignait pour la nation envers les plus démunis, envers le collectif de pensée incarné par Michel Maffesoli. Il a su créer un « oikos », une maison commune et un environnement propice à la réflexion et à la fécondation d’idées nouvelles. Dette d’honneur pour la dignité d’être intellectuel(le) dans notre époque complexe. Dette de vie pour l’école de la socialité au quotidien pensée et agie ensemble. Deux articles m’ont permis de rendre visible la fécondité des idées maffesoliennes. Je ne suis pas seule, et nous sommes nombreux à lui devoir beaucoup. Loyauté et fidélité comme valeurs fondamentales de l’interaction, permettent de comprendre la force de la socialité à l’œuvre dans notre collectif de pensée. Bel et bon anniversaire Michel !! Martine Xiberras, Montpellier, août 2014.

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Félicitation pour l’anniversaire des 70 ans du professeur Michel Maffesoli

2

Le pêcher et le prunier n’attirent pas toujours les gens, mais puisque ils sont pourvu de fruits et d’un parfum de fleur, ces derniers marchent souvent sous leurs branches. Un chemin, alors, leur apparaît. Sens premier pêcher

dessous

LA GÉNÉROSITÉ, LA SINCÉRITÉ, L’ATTITUDE ET LA PENSÉE DU PROFESSEUR NOUS ATTIRENT, IL NOUS DONNE L’OPPORTUNITÉ DE TRACER NOTRE CHEMIN ACTUEL ET FUTUR.

3

automatiquement spontanément

prunier

SENS ALLÉGORIQUE

1 4

devenir

ne pas

3 3

L’année de Jia Wu (selon le calendrier lunaire chinois, chaque 60 ans est un Jia Zi, l’année de Jia Wu est la 31ème année de Jia Zi)

4

À Chang An (l’ancien nom de la ville Xi’an)

chemin

parler 2

129 129




INDEX NOMINUM

A

Alberto Abruzzese, 9 Ali Aït Abdelmalek , 10 Dilbar Alieva, 11

B Colette Barbier, 12 Christine Bauer, 13 Zygmunt Bauman, 14 Manuel Bello Marcano, 15 Marcel Bolle De Bal, 16 Christophe Bourseiller, 17

C Enrique Carretero , 18 Chloé Charliac, 23 Federico Casalegno , 24 Olivier Chatriant et Eduardo Portanova Barros , 25 Michel Cazenave, 26 Gérard Chomier, 27 Panagiotis Christias, 28 Roberto Cipriani, 29 Jean-François Colosimo , 30 Pablo Cuartas, 31

D

H

Fabio D’Andrea, 32 Michaël V. Dandrieu, 37 Mário de Carvalho , 38 Patrick Devedjian, 39 Philippe Dubé, 40 Jérôme Dubois, 41

Stéphane Hugon, 55 Hélène Houdayer, 56

E Najva Esfahani, 42

I Bernardo Issler, 57

J

F

Camille Jacquey , 58 Denis Jeffrey, 59 Philippe Joron, 60 Raphaël Josset, 61

Roberto Falcon, 43 Maria Caterina Federici, 44 Franco Ferrarotti, 45 Aurélien Fouillet, 46 Cristaine Freitas, 51

K

G Christophe Gaudin, 52 Valentina Grassi, 53 Daniel Gutiérrez-Martínez, 54

Reiner Keller, 62 Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre Philippe, 67


L

P

S

V

Fabio La Rocca, 68 Frédéric Lebas, 69 Chang-Hoon Lee, 70 Julieta Leite, 71 André Lemos, 72 Jean-Pierre Luminet, 73

Chahnaz Parvaneh, 86 Mario Perniola, 87 Anne Petiau, 88 Vincent Petitet, 89 Danielle Perin Rocha Pitta, 90 Tania da Rocha Pitta, 95 Lionel Pourtau, 96

Fabián Sanabria, 103 Saúl Sanchez , 104 Bjørn Schiermer & Sébastien Tutenges, 109 François Silva, 110 Olivier Sirost, 111 Juremir Machado da Silva, 112 Jean-Pierre Sironneau, 113 Vincnzo Susca, 114 Gyorgyi Szabo, 115

Nizia Villaça, 124 Jean-Didier Vincent, 125

T

Martine Xiberras, 128 Yi Bing Xu, 129

M Rónán MacDubhghaill, 74 Maria Immacolata Macioti, 75 Miguel Maldonado., 76 Eric Marchandet, 81 Moisés de Lemos Martins, 82 Thierry Mathé, 83 Carlo Mongardini, 84

O Nathalie Orvoën, 85

R Jean-Martin Rabot, 97 Antonio Rafele, 98 Adriana Ramos, Cadu Souza Aguiar, Dayana Melo & Jõao Pessoa, 99 Jean Paul Richard, 100 Elisabeth Rohmer, 101 Daniel Rota, 102

Patrick Tacussel, 116 Mary Taddeï, 117 Apolline Torregrosa, 118 Mike Tyldesley, 123

W Yun WANG, 126 Patrick Watier & Karine Stebler-Watier, 127

X



Composition graphique et illustration de FrĂŠdĂŠric Lebas


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