avant-propos
L
a parution de ce dossier spécial de Lesedi – qui rassemble des articles tirés de missions de terrain dont plusieurs ont été soutenues par l’IFAS-Recherche – est une excellente occasion d’élargir la focale, et de mettre en valeur la variété et la complémentarité des recherches menées en Afrique australe sur les thématiques liées à l’eau.
L’IFAS-Recherche a donc demandé, en guise d’avant-propos, à deux chercheurs français du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), tous deux actuellement en poste à l’université de Pretoria, de présenter les centres de recherche auxquels ils sont rattachés, le Centre for Environmental Economics and Policy in Africa et le Centre for the Study of Governance Innovation. Le foisonnement des travaux menés dans ces deux instituts démontre combien la question de l’eau est cruciale en Afrique australe, et à quel point elle cristallise toute une série de questions de nature économique, politique, sociale, anthropologique, etc. que les chercheurs de tous horizons n’ont pas ni d’épuiser.
Gouverner la ressource en eau en Afrique australe Magalie Bourblanc, Damien Jourdain Magalie Bourblanc Politiste de formation, chercheuse au CIRAD rattachée à l’UMR G-Eau (université de Montpellier), Magalie Bourblanc est actuellement extraordinary lecturer à l’université de Pretoria, où elle mène ses recherches sur les politiques de l’eau en Afrique australe au sein de deux centres, le Centre for Environmental Economics and Policy in Africa CEEPA et GovInn. Damien Jourdain Chercheur en économie au CIRAD, rattaché à l’UMR G-Eau (université de Montpellier), Damien Jourdain est depuis plusieurs années visiting researcher à l’université de Pretoria, où il travaille sur des thématiques liées au développement agricole et aux ressources naturelles au sein du CEEPA et de GovInn.
La gouvernance de la ressource en eau est une des thématiques phares du Centre for the Study of Governance Innovation (GovInn) et du Centre for Environmental Economics and Policy in Africa (CEEPA), deux centres de recherche de l’université de Pretoria. Innover avec les acteurs africains sur la gouvernance et l’économie des ressources naturelles, en particulier l’eau, et favoriser l’intérêt des décideurs dans ce domaine, telles sont les missions de ces deux centres de recherche. Dans le domaine de l’eau, leurs travaux sont de nature diverse. Il existe d’abord en leur sein une série de travaux qui étudient la dimension politique du nexus eau-société. Ces travaux considèrent la problématique de l’eau comme un point d’observation privilégié de la dynamique de recomposition et de transformations de la société sud-
africaine dans un contexte post-Apartheid. En effet, on parle beaucoup des crispations autour du foncier en Afrique du Sud et de l’infâme « héritage de l’Apartheid » : des discriminations raciales qui étaient loin de n’être que sociales et qui au fil du temps ont fini par s’inscrire jusque dans les paysages. Les chercheurs de GovInn considèrent que pour bien saisir les questions de justice spatiale, il est essentiel de remettre au centre de l’analyse la problématique hydrique, aux côtés des débats sur le foncier, dans la mesure où l’accès à l’eau représente un marqueur majeur des injustices sociales en Afrique du Sud en particulier, mais pas uniquement. Au moment de la transition démocratique en 1994, le premier ministre de l’Eau, Kader Asmal, l’avait bien compris. Il voulait faire de l’accès à l’eau une des batailles
Lesedi #22 | Carnets de terrain | IFAS-Recherche | Octobre 2020
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