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LE VIH DANS NOS VIES 34 FARAH ALIBAY 36DAVID CLOUTIER

DavidCloutier publie(enfin) sonpremierroman

après des années à lire ses chroniques aussi hilarantes qu’acidulées dans urbania, d’innombrables personnes espéraient retrouver la plume de david Cloutier dans une version plus longue. leur vœu a été exaucé avec la publication de la vie fabuleusedesgensfabuleux, un roman dans lequel on plonge dans la tête de léo, une jeune escorte tout feu tout flamme, mylène, une comédienne quarantenaire blasée, ainsi que Jessica, une maquilleuse qui peine à trouver son chemin vers l’épanouissement

Quelle place occupe l’écriture dans ta vie ?

DaviD ClOUTiEr : il y a une douzaine d’années, je suis devenu le coloc de la comédienne Catherine brunet et j’ai commencé à écrire des idées de webséries, de sketchs et de courts métrages. Un de mes projets de série télé a suscité de l’intérêt des Productions J, mais c’était vague à quel point l’équipe était intéressée. avec le temps, j’ai constaté que le milieu de la télé était hyper compliqué et chiant. Puis, un jour, j’ai envoyé un texte à Urbania un peu par hasard. ils ont aimé ça. ils l’ont publié. J’ai continué. Mais je n’ai jamais vraiment voulu être auteur. Je travaille aujourd’hui comme fonctionnaire pour le gouvernement fédéral.

Pourquoi publies-tu un premier roman à ce moment-ci de ta vie ? DaviD ClOUTiEr :il y a dix ans, je n’avais rien à dire. il y a trois ans, j’aurais eu des choses à dire, mais moins nuancées. Je me serais juste vidé le cœur en chialant sur tout et je me serais fait détester.

Cette année, j’avais envie d’exprimer des choses et de raconter des histoires, sans passer par Urbania. Je n’aimais pas que les gens réagissent automatiquement quand je publiais une chronique. Trop souvent, sur internet, les gens se sentent obligés d’avoir une opinion. En plus, j’avais compris ce que les gens attendaient de moi : une chronique drôle, crunchy, qui fait un peu réfléchir, un peu bitch, mais sans que personne se fâche. Je n’avais plus de plaisir. Dans un roman, j’imaginais dire ce que je veux pendant 300 pages.

en plongeant dans la tête de léo, de mylène et de Jessica, tu relèves le défi d’avoir trois personnalités et trois voix distinctes dans ton écriture. Quelles sont leurs couleurs respectives ? DaviD ClOUTiEr :D’abord, je dois dire que c’est 100 % fictif.

Étant donné que léo se prostitue et que j’ai déjà été escorte dans une courte période de ma vie, et que j’ai travaillé dans le milieu artistique, certaines personnes me

demandent si c’est moi. Mais non. Cependant, j’ai utilisé ces personnages-là pour exprimer des émotions que je ressens.

léo, je le voyais comme un petit ouragan, toujours en mouvement, comme s’il fuyait tout. il dit des choses de manière très assumée, mais il est souvent en train de se remettre en question. il s’est rendu à 25 ans, sans trop savoir comment il a fait. Mylène est une comédienne de 40 ans qui regarde derrière elle avec nostalgie, à l’époque où elle se sentait libre et indépendante. aujourd’hui, elle est blasée par l’extraordinaire. Jessica ne sait pas ce qu’elle veut ni qui elle est.

Sur les réseaux sociaux, je trouve que tout le monde est très campé : soit tu es très extraverti.e avec 14 gangs d’ami.e.s et toujours sur la rumba, ou encore très assumé.e dans ton côté casanier, introverti.e, en affirmant que tu ne sors pas dans les bars les vendredis, parce que tu préfères regarder la télé seul.e avec ton chat. Pourtant, il y a plein de gens qui sont entre les deux. Moi, je culpabilise quand je ne sors pas. Et quand je sors, je me demande ce que je fais là. J’ai toujours l’impression de ne pas être à la bonne place.

J’ai l’impression que ton livre aurait pu s’appeler la vie malheureuse des gens malheureux. Je ne crois pas que mes personnages sont malheureux. ils tentent de s’épanouir sans trop savoir ce que ça veut dire pour eux. ils sont en questionnement, un peu blasés, sans être malheureux. N’empêche, c’est vrai qu’aucun d’entre eux n’est ultra épanoui.

dirais-tu que ta plume est comico-triste ? DaviD ClOUTiEr : absolument. Quand je suis en contact avec un humour de surface, sans le drame qui vient avec, je trouve ça vide et ennuyant. Je ne vais jamais voir du stand-up d’humour, parce que c’est presque toujours ça. Si quelqu’un essaie juste de faire rire pour me faire rire, je m’en fous.

À vrai dire, au départ, je voulais écrire un roman drôle à la Urbania, mais je n’étais pas capable. Ce n’est pas vrai que je vais écrire 300 pages d’anecdotes drôles de trois personnages. Ce sont des humains entiers. Donc, oui, c’est comico-dramatique. il ne faut pas avoir peur d’aller dans la tristesse et dans le drame. En même temps, je trouve ça correct d’en rire. 6

samuel laroChelle samuel _ larochelle@hotmail.com

inFos | la viE FabUlEUSE DES GENS FabUlEUX, David Cloutier, les éditions de la maison en feu, 2022

FlorentTanlet: lasimplicitédésarmantedusuccès!

les communications, que ce soit dans le secteur privé ou public, voilà ce qui branche Florent tanlet et voilà maintenant qu’il ajoute une nouvelle corde à son arc avec la publication d’un livre où il partage les clés de son succès : Vivreavecpassion:oserallerplusloinquerêver!

recherchiste pour la télé, directeur de développement pour un cirque, attaché de presse de ministres, de festivals et d’une pléiade d’organismes, de même que président du grisQuébec et du groupe gai de l’université laval : tu as une feuille de route très éclectique ! FlOrENT TaNlET : En fait, j’adore perdre mes points de repère et m’ajuster à vitesse grand v. Ça peut sembler essoufflant, mais c’est tout au contraire exaltant ! J’ai ainsi tant appris sur le cinéma, la voile, le tourisme, le droit, l’éducation ou les relations internationales. Évidemment, entre le public et le privé, il y a un monde, mais également beaucoup de points de convergence. Pour le politique, on oublie trop souvent que la grande majorité des élus veulent faire avancer les choses et non le contraire. il y a un travail de moine derrière chaque décision. À titre personnel, je ressens une grande fierté en songeant qu’il y a une part de moi derrière les modifications de la loi sur les normes du travail. Du côté de la culture, ce qui me fascine c’est cette capacité à générer des émotions puissantes. Mais, un peu comme pour le politique, il y a les artistes qui occupent le devant de la scène et ceux qui œuvrent dans l’ombre.

ton livre porte sur l’accomplissement personnel : cette philosophie t’habite depuis longtemps ? FlOrENT TaNlET : J’ai toujours voulu prendre des risques : essayer, réussir ou échouer, me relever et avancer de nouveau. Je ne suis expert dans rien, mais j’ai du plaisir dans toutes ces passions qui font du bien au cœur et à l’esprit. l’objectif de mon livre est de présenter ce qui m’anime, à travers la face cachée de certaines personnalités. david bernard pour les voyages, nicolas bégin pour la danse, Pierre Jobin pour l’aviation ou le jeune rameur Joseph gagnon dont l’histoire est remplie de rebondissements. Et plusieurs autres : Claude bégin, maud ankaoua, mario Jean ou Christine michaud, qui a d’ailleurs rédigé la préface. le fil d’ariane, c’est d’illustrer que c’est bien souvent au détour de l’ordinaire que se rencontre l’extraordinaire ! ta démarche s’articule autour de quatre axes : 1) se dépasser ; 2) trouver la flamme intérieure ; 3) agir ; et 4) Faire de sa passion, son emploi. FlOrENT TaNlET : la vie peut être très courte et il faut savoir la prendre à bras le corps pour en profiter. Comme le soulignait un ami : « le bonheur, c’est comme le sucre à la crème : si tu en veux, il faut que tu en fasses ». On a tous soif d’apprendre, de découvrir, de vivre de nouvelles expériences et de profiter de la vie, mais il faut parfois se donner un petit coup de pied au derrière pour que le déclic se produise. Mon but est d’offrir des outils et des idées pour que chacun puisse embrasser une passion qui le fera sentir encore plus vivant. au fil des pages, c’est donc un accompagnement pour identifier ce qui nous fait vibrer, en se lançant des défis pour vaincre ses peurs et passer à l’action.

C’est une philosophie que tu as appliquée, avec ton amie andrée martin, face à un désir de paternité. FlOrENT TaNlET : Oui, la coparentalité vient avec son lot de défis, mais quand ce rêve d’avoir un enfant devient réalité, la Terre s’arrête de tourner pour un instant. Nous avons traversé de longues et difficiles épreuves, notamment à travers de multiples essais, et tout le stress qui s’ensuit, mais aujourd’hui notre petite louve vient tout juste de fêter son premier anniversaire. Je vis chaque moment avec elle à fond. Mon conjoint a également deux enfants en coparentalité et on vit donc un contexte de famille élargie assez intense, mais toujours extrêmement riche !

Quels sont tes prochains rêves ? FlOrENT TaNlET : voyager en famille, puisque c’est ce qui permet de s’ouvrir sur le monde, de découvrir l’autre dans toutes ses surprenantes complexités. C’est d’ailleurs très souvent dans ce contexte qu’on se donne le droit de vivre des expériences nouvelles ! 6

benoit migneault bmingo@videotron.ca

inFos | vivre avec passion : oser aller plus loin que rêver / Florent Tanlet, préface de Christine Michaud. brossard : Un monde différent, 2022. 224 p.

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