Le MARAIS DE-SAINT-GOND Un marais tourbeux au cœur du paysage champenois Gaëlle Duménil Mémoire personnel d’étude et de recherche «Mémoire de cent ans de paysage» Année 2015 / 2016 - Formation des paysagistes D.E.P. École Nationale Supérieure d’ Architecture et de Paysage de Bordeaux
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Remerciements à - Emmanuelle HEAULMé Et Didier GALOP, professeurs à l’ENSAP Bx pour les conseils et le suivi pendant l’élaboration de ce mémoire. - Le Conservatoire des espaces naturels de Champagne Ardennes, Jessica WENDLiNG et Marion JANSANA. - Christian LHEUREUX, Christian CHARDAiN, Anne RiBEYRE Je tiens à remercier également toutes les personnes qui m’ont aidé pendant toute la durée de mon mémoire. Je les remercie pour leur disponibilité, leur accueil et les informations précieuses qu’elles ont pu me confier.
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SOMMAIRE AVANT PROPOS INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE Comment des enjeux multiples ont amené à la création d’un paysage fragmenté ?
PARTIE 1 : Un paysage actuel fragmenté entRe viticulture et grandes cultures intensives
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I. Un paysage unique en champagne > Un paysage de transition entre viticulture et agriculture à l’apparence longiligne boisée > Le marais au cœur du réseau hydrographique de la vallée supérieure du Petit Morin
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II. UN MARAIS «SAUVAGE» DANS UN PAYSAGE Cultivé A. Le marais, une mosaïque de situations paysagères particulières 1. Un paysage reflété à travers une mosaïque de miroirs 2. Le marais troué par l’agriculture 3. Un paysage à l’aspect moutonnant entre friches et saulaies 4. Un paysage bocager : maillage entre prairies humides et maïsiculture 5. Un paysage diversifié à valeur écologique et paysagère : la réserve naturelle régionale de Reuves
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Le Petit Morin, ÉLÉMENT PAYSAGER LIANT LE MARAIS AVEC SES FRANGES SYNTHÈSE GÉNÉRALE - le marais
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B. Les franges, un paysage rural AGRICOLE ET VITICOLE 1. Des limites franches entre cultures des terres et le marais 2. Une structure urbaine autour du marais 3. Deux situations paysagères particulières
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SYNTHÈSE GÉNÉRALE - les franges SYNTHÈSE DES DYNAMIQUES ET QUESTIONNEMENTS
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PARTIE 2 : De nouveaux enjeux sociaux et industriels : vers une fragmentation accrue
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I. Formation géologique unique dans un paysage dominé par le calcaire
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II. Avant 1850 - Un MARAIS AU CŒUR D’UN PAYSAGE AGRICOLE Traditionnel A. Un paysage façonné par les activités du quotidien B. Un paysage difficile à cultiver
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SYNTHÈSE
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III. DE 1850 à 1950 - A LA CONQUÊTE DU MARAIS : EXPLOITATION DE LA TOURBE ET Développement de nouvelles terres agricoles _ travaux d’assèchement et d’assainissement : pour de nouveaux usages A. Une histoire d’assèchement liée à des droits de propriété B. Un programme d’assèchement et transformation du réseau hydraulique C. L’assèchement du marais : moteur de l’exploitation de la tourbe D. Augmentation de la surface des terres cultivables et prospérité de l’élevage SYNTHÈSE IV. DE 1950 à 2000 - UN PAYSAGE INDUSTRIALISE : TRANSFORMATION DES PRATIQUES AGRICOLES ET COMPOSITION D’UN NOUVEAU PAYSAGE FRAGMENTÉ A. Contexte de l’après-guerre : vers une autosuffisance alimentaire B. Vers une exploitation industrielle de la tourbe C. Transformation du réseau hydraulique : vers des possibilités nouvelles qui répondent aux besoins agricoles modernes D. Développement industriel et agroalimentaire dans la plaine
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SYNTHÈSE
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V. UNE Prise de conscience : vers le paysage actuel
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SYNTHÈSE du paysage de 1800 a 2016
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PARTIE 3 : Le devenir du marais de Saint-Gond : une disparition annoncée ?
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Constat sur le territoire du marais de saint-gond A. Évolution DES ENJEUX ET DES DYNAMIQUES DANS LE TEMPS B. Conséquences dans le paysage d’Aujourd’hui - Les Dynamiques
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Questionnements - vers QUELS PAYSAGES ?
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I. LA GESTION ET LA Préservation DE la Qualité De l’eau :UN ENJEU Partagé A. La Gestion du cours d’eau dans le paysage du marais B. Alimentation en eaux potables des villages périphériques C. L’eau, source de loisirs
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II. LA VALEUR ÉCOLOGIQUE ET PAYSAGÈRE, UNE LENTEUR DANS LES ACTIONS A. Programme de valorisation limité
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1. Mise en place de programmes de restauration 2. Communiquer pour sensibiliser le public B. Un sentier pédagogique SUR L’ensemble du marais retardé ou annulé ? C. L’AVENIR DE NATURA 2000 III. DIFFÉRENTS SCÉNARIOS D’ÉVOLUTION : QUELS AVENIRS ? SYNTHÈSE DES ACTEURS DU TERRITOIRE ET POLITIQUES du TERRITOIRE Scénario 1 : Vers un abandon du marais : épaississement du boisement Scénario 2 : Vers une PROTECTION ET UNE MISE EN VALEUR DU MARAIS Scénario 3 : TENDANCIEL - VERS UNE FERMETURE DU MARAIS CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE
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Avant Propos MÉMOIRE DE RECHERCHE «100 ANS DE PAYSAGE» Ce travail d’étude et de recherche personnel s’inscrit dans le cadre de l’exercice pédagogique «Mémoire cent ans de paysage». Ce dernier marque la fin de la première année de master au titre du diplôme d’état de paysage (DEP). L’objectif est de formuler une lecture de paysage qui explicite les principaux déterminants naturels et sociaux de l’aspect paysager d’un territoire, le tout replacé sur un axe histoire-prospective. Ce document s’empare du paysage comme outil de médiation et de discussion sur l’avenir du territoire concerné. . LE CHOIX DU TERRITOIRE : LE PAYSAGE DE MES VENDANGES Particulièrement attachée à la région de mon enfance, j’ai tout naturellement choisi un territoire au cœur de la ChampagneArdenne. J’ai pu découvrir ce territoire d’étude à la fin de l’été dans le cadre des vendanges. J’ai apprécié ses paysages en le parcourant pour me rendre dans les parcelles de vignes AOC Champagne situées sur les coteaux ensoleillés de la cuesta d’Île de France. Ce territoire vécu au quotidien pendant une semaine renferme une histoire qui mêle pastoralisme, agriculture et viticulture. Il regroupe des paysages colorés évoluant au fil des saisons. En automne, c’est un paysage de coteaux flamboyant grâce au feuillage chatoyant de la vigne qui revêt à cette saison de multiples teintes colorées alliant le vert, le doré et le pourpre. Ces couleurs contrastent avec le camaïeu de couleurs plus pastelles et tendres des îlots de culture de la plaine. En fonction du roulement des cultures, les terres fraîchement labourées ajoutent une teinte de couleur brune qui fait écho à la couleur des tuiles des maisons anciennes des villages. Le Marais de Saint-Gond apporte une richesse à cette plaine crayeuse où le regard file à perte de vue. En effet, il attire le regard avec sa vaste étendue boisée longiligne qui s’étend en amont le long de la rivière, le Petit Morin. Né d’une dépression dans la plaine, le marais de Saint-Gond est doté d’un patrimoine naturel et écologique fort. C’est un territoire complexe impliquant une multitude d’acteurs. Ses mutations paysagères actuelles reflètent les évolutions des modes de cultures, les choix d’exploitants et les dynamiques de la région.
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INTRODUCTION Le marais de Saint Gond se situe au nord-est de la France, en Champagne-Ardenne, plus précisément dans le département de la Marne. Au sud-ouest de celui-ci, il se trouve à 60 km au sud de Reims, à 30 km au sud d’Épernay, et 10 km au nord de Sézanne. Cette tourbière alcaline, d’une superficie d’environ 1700 hectares, s’allonge en pente douce sur 18km, n’excédant pas 5km de large sur le territoire communal de 14 communes. Le marais, oscillant entre 138 et 141 mètres d’altitude, est niché au cœur de la dépression formée par la vallée supérieure du Petit Morin, au pied de la côte tertiaire de l’Ile-deFrance. Le marais de Saint-Gond, est intégré au réseau Natura 2000 et dispose d’une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF de type 1) à laquelle s’ajoute une zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO).
Après avoir posé l’identité du territoire et les fondements de ce paysage tel qu’il se propose devant nous, il s’agira de comprendre les grandes phases d’évolution de la mise en place du paysage actuel au travers d’analyses rétrospectives et diachroniques du Marais de Saint-Gond. Puis, à partir de l’étude des actions des différentes politiques publiques sur les dynamiques paysagère en cours, des prospectives du territoire pourront être proposées pour tenter d’imaginer l’avenir de cette ancienne tourbière.
TERRITOIRE MARAIS DE SAINT-GOND
Me
us e
Aisne
REIMS Epernay
Ma r ne
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Inquiétant et attirant à la fois, le marais de Saint-Gond est un monde fascinant qui a inspiré de nombreuses légendes et histoires qui ont subsisté à travers les générations. Aujourd’hui, le paysage du marais de Saint-Gond est un paysage «sauvage» entouré de part et d’autre d’un paysage cultivé. Cette tourbière alcaline est fabriqué d’une succession de situations paysagères qui compose un paysage hétérogène. Le marais révèle son histoire au travers de ses paysages. Comment des enjeux multiples ont amené à la création d’un paysage fragmenté ? La démarche utilisée pour mener à bien ce mémoire de recherche a été de laisser parler le paysage dans un premier temps. Cette approche sensible, perceptible a permis de saisir le sens et l’identité du territoire en mobilisant la géographie, les empreintes de l’histoire, l’identité des communautés. L’ensemble participe à la création et à l’évolution du paysage. Des relevés de terrain ont permis de construire des premières hypothèses et d’analyser spatialement le paysage. La démarche veille à croiser dans chaque partie du travail les trois dimensions à savoir l’analyse des données de recherches (cartes, inventaires), les informations et explications (entretien) avec une lecture attentive du paysage pour en saisir la diversité territoriale du marais de Saint-Gond.
CHARLEVILLE -MEZIERES
TROYES CHAUMONT
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Lecture paysagère du territoire d’aujourd’hui
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La lecture du paysage du Marais de Saint-Gond va consister à analyser le territoire, à capter les éléments essentiels du paysage, à identifier les relations structurantes et spatiales qu’ils entretiennent les uns avec les autres. Il s’agira également de comprendre le fonctionnement du territoire et son organisation, les réutilisations ou les disparitions éventuelles d’activités déterminant le paysage d’hier et d’aujourd’hui.
PARTIE 1 : Un paysage actuel fragmenté entRe viticulture et grandes cultures intensives
«Le marais, c’est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n’est plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu’un marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basses couvertes d’eau ? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, les étranges feux follets, le silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de mortes, ou bien encore l’imperceptible clapotement, si léger, si doux, et plus terrifiant parfois que le canon des hommes ou que le tonnerre du ciel, qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux.» Guy de Maupassant Le Horla
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I. UN PAYSAGE UNIQUE EN CHAMPAGNE Un paysage de transition entre viticulture et agriculture Le marais de Saint-Gond, vaste tourbière alcaline en Champagne-Ardenne, dessine un paysage unique de transition au contact d’une agriculture intensive et de la viticulture. Depuis les coteaux viticoles, cette ancienne tourbière constitue un attrait paysager certain avec une déclinaison nouvelle vers l’horizon de la plaine uniforme. La Champagne crayeuse au contact du vignoble de la côte tertiaire se transforme en un marais apportant une diversité à la fois floristique et faunistique. En effet, il ne s’agit plus des îlots de grandes cultures céréalières (blé, orge, ..) et autres cultures (pommes de terre, betteraves) qui prolongent les vignes, mais d’un marais avec une diversité de milieux. Des ensembles de mares ou étangs, des prairies humides, s’entremêlent pour former une grande variété d’habitats et accueillir une biodiversité riche en espèces animales et végétales possédant un fort intérêt communautaire. MOndement
VillevenarD Val-des-MAraIs MARAIS DE SAINT-GOND
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SOMME / SOUDE
Plateau de la Brie champenoise
Tra i
Petit Morin
MONT-AINé
VUE 2
Cuesta d’Île de France Coteaux viticoles de champagne MArais de Saint-Gond La plus vaste tourbière alcaline de la Champagne-Ardenne
Source
VUE 1 MONT-Août
PLAINE DE LA CHAMPAGNE CRAYEUSE Agriculture intensive : grandes cultures céréalières (blé, orge, ..) et autres cultures (pommes de terre, betteraves)
N boisement
Bloc diagramme du contexte territorial du marais de Saint-Gond
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BRIE CHAMPENOISE
Petit Morin vignes
cultures CUESTA D’ILE DE FRANCE
Bois les Usages Villevenard
Marais de Saint-Gond Courjeonnet Coizard-Joches
Mont Aimé
Distillerie de Aulnay Broussy-le-Petit
Reuves
VUE 1
Oyes
Bois de Cormont
Panorama Mondement - Depuis le panorama du monument mémorial de la première guerre mondiale à Mondement, le marais compose un paysage unique, dont le caractère exceptionnel est renforcé par l’horizontalité de la masse arborée et arbustive composée de saules cendrées, d’aulnes glutineux, de bouleaux et de trembles Courjeonnet
Mont Août
Marais de Saint-Gond
Coteau Allemant
VUE 1 VUE 2
Villevenard
VUE 2
Mont Chaumont
Panorama sur les hauteurs des coteaux de Villevenard - Le marais apparait comme une composante essentielle de transition entre la plaine céréalière et les coteaux viticoles de la côte tertiaire d’Île-de-France. L’horizontalité de la bande forestière se prolonge de part et d’autre dans la plaine. Sa présence est fortement marquée contrastant avec la planéité de la plaine. Cette bande boisée, cernée par les parcelles de grandes cultures de Champagne Crayeuse semble former un vaste ensemble unitaire où la pénétration visuelle et physique paraît impossible. Le marais de Saint-Gond s’identifie, au premier regard plus à une forêt qu’à un marais.
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Le marais au cœur du réseau hydrographique de la vallée supérieure du Petit Morin L’eau est particulièrement dominante dans le paysage du marais de Saint-Gond, tantôt visible, tantôt invisible. Elle est toujours suggérée à travers la végétation présente dans la plaine. Situé dans la vallée supérieure du Petit Morin, le paysage du marais de Saint-Gond s’inscrit au cœur d’un bassin versant de 630Km². Cette rivière prend sa source à 800 mètres au nord du marais, sur le territoire de la commune de Val des Marais, précisément à Morain. Elle traverse longitudinalement d’est en ouest le territoire du marais de Saint-Gond et conflue vers la rivière de la Marne sur la commune de Ferté sous Jouarre. Véritable fil conducteur du paysage du marais de Saint Gond, le Petit Morin est canalisé sur un parcours de 20 kilomètres (sur ses 86,3km) au travers de la zone humide. Il comporte 21 affluents et s’écoule sur trois départements (Marne, Aisne, et Seine-et-Marne). Il est parallèle au Grand Morin, situé au sud de celui-ci également confluent de la Marne. LÉGENDE Forêts Vignes Marais Étangs Villages Petit Morin Réseau de drainage Routes
LA FERTE-SOUS-JOUARRE
VERTUS MONTMIRAIL CRECY-LA-CHAPELLE
Petit Morin VAL-DES-MARAIS Grand Morin
Source
LA FERTE GAUCHER
ESTERNAY
N Bassin versant du Petit Morin et Grand Morin Vert-Toulon Coizard-Joches
Villevenard Courjeonnet
Val-des marais
Oyes Bannes Reuves
Broussy-le-Grand Broussy-le-Petit
Carte de l’occupation du sol du territoire du marais de Saint-Gond [Source : fond de carte de Géoportail ]
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Source
N
Unité paysagère 1
Unité paysagère 2 :
Le marais, une mosaïque de situations paysagères particulières.
II. UN MARAIS «SAUVAGE» DANS UN PAYSAGE Cultivé
MORAINS
COIZARD JOCHES COURJEONNET VILLEVENARD
BROUSSY-LEGRAND LE MESNIL-BROUSSy BROUSSY-LE-PETIT
Oyes
REUVES
Le marais, une mosaïque de situations paysagères particulières. 4 COIZARD JOCHES
MORAINS
3
2
COURJEONNET
1
BROUSSY-LEGRAND
5 BROUSSY-LE-PETIT Oyes
1. Un paysage reflété à travers une mosaïque de miroirs
REUVES
2. Le marais troué par 3. Un paysage à l’aspect l’agriculture moutonnant entre friches et saulaies
4. Paysage bocager : maillage entre prairie humide et maïsiculture
5. Un paysage diversifié à valeur écologique et paysagère : RNR de Reuves
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1. Un paysage reflété à travers une mosaïque de miroirs Différentes pièces d’eau se succèdent le long de la périphérie du marais. Elles sont de superficie et de profondeur différentes. Ces mosaïques de miroirs décomposent à la manière d’un kaléidoscope le paysage environnant du marais en de multiples reflets et créent ainsi une ambiance paysagère particulière. Par ailleurs, la végétation qui encadre les pourtours des étangs oriente le regard vers les coteaux ensoleillés de la côte tertiaire et ses parcelles flamboyantes de vignes. Ces étangs, matérialisés sous la forme de grandes fosses font 93600m² de superficie d’emprise au sol. Les tourbières creusent ainsi le sol, découpant en de nombreux rectangles les étangs. Ces grandes superficies emplies d’une eau calme se révèlent 2 km être de véritables indices du passé dans le paysage. On peut supposer que ces étangs, situés sur la commune de Villevenard, sont 1 : 61 028 d’anciennes fosses d’extraction de la tourbe.
Ancienne fosse d’extraction de la tourbe aux superficies importantes
DEBUT DU VERSANT Amorce des premières vignes Végétation de bordure des dans le paysage plans d’eau (Cornouiller, Aubépine, Bouleau, Sureau)
Petit Morin
Canaux de drainage, perpendiculaire au Petit Morin
Ces étangs sont de véritable miroir d’eau qui captent la lumière et décomposent le paysage en de multiples reflets
PLAINE DE LA CHAMPAGNE CRAYEUSE
Tourbière boisée (Bouleau verruqueux et Bouleau pubescent)
Les plans d’eau contrastent avec la végétation riveraine. Ils découpent le marais en de multiples rectangles aux vastes superficie. Ces étangs sont privés et des aménagements laissent penser à une pratique de la pêche.
Étangs de Villenard aux vastes superficies
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2. Le marais troué par l’agriculture
Culture de maïs sur les parcelles au contact du marais, Sol frais Tourbière boisée 2 km Envahissement de ligneux (saules, : 61 écologie 028 bouleaux) avec1une moindre
Petit Morin
Cette situation paysagère se distingue par son grand espace ouvert. Elle est cerné de part et d’autre par les bras du marais. le paysage visible aujourd’hui est composé de vastes parcelles géométriques. l’entretien de ces parcelles occasionne un paysage ouvert. Durant les saisons d’alternance des cultures, les couleurs et les textures variées révèlent le découpage des parcelles. les cultures pratiquées sont celles de la Champagne crayeuse à savoir une dominante de cultures céréalières (orge, blé, avoine), ainsi que la culture de pommes de terre et de betteraves. le maïs est la culture privilégiée sur les parcelles au contact du marais, car bien qu’elles soient drainées , les sols sont relativement frais. D45 Parcelles de cultures Toulon-la-Montagne Bras du marais de Coteaux viticoles Saint Gond Courjeonnet
Coizard-Joches
labourées
Vue PANORAMIQUE NORD DU MARAIS Le regard file dans ce large paysage ouvert et vient s’accrocher sur la première bande boisée du marais. Au second plan, les coteaux viticoles se détachent du paysage. Bras du marais
Boisements humides isolés Fragmentation du marais
Cœur du marais occupé par de vastes parcelles géométriques. Cultures à dominante céréalières (orge, blé, avoine) avec un maillage de pommes de terre. Elles fabriquent un camaïeu de couleurs dans le paysage qui contraste avec la silhouette boisée à chaque extrémité de l’unité.
Boisement idolé : résidu du marais
Parcelles géométriques culture céréalière
Vue PANORAMIQUE SUD DU MARAIS Le paysage est un paysage d’openfield où le regard file entraîné par la planéité des vastes parcelles de cultures céréalières. Au Sud, il s’arrête sur la silhouette du marais. Elle forme une bande boisée horizontale qui s’étend dans la longueur de la plaine.
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3. Un paysage à l’aspect moutonnant entre friches et saulaies
Strate buissonnante de sureaux et de clématites
Le paysage est composé d’un espace ouvert de prairies, envahi par les silhouettes particulières de saules qui forment des lignes insolites et construisent l’horizon du marais. Le saule est accompagné également de sureaux et de Clematis vitalba qui façonnent des touffes de végétation. Cet ensemble paysager crée un paysage à l’aspect moutonnant. 2 km
Ce micro-paysage apparait comme un stade intermédiaire perturbé par le phénomène anthropique. La végétation formant une succession de buissons isolés révèle une perturbation humaine du milieu. Il est à un stade pionner d’enfrichement.
Silhouette de saules Roselières et graminées
1 : 61 028
BRAS DU MARAIS Les ruisseaux qui alimentent le Petit Morin et en eau le marais descendent des versants sous la forme d’une épaisse bande boisée Petit Morin
Cultures de maïs qui s’entremêlent avec les cultures de blé, seigle, avoine et les parcelles du marais
Saules
BRAS DU MARAIS Peupleraie située le long du Rû qui trouve son exutoire dans le Petit Morin
Un paysage de friches et saulaies La végétation de sureau, clématites, saules viennent structurer le paysage en formant des touffes compactes et isolées
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Aspect du paysage moutonnant dans le paysage du marais de Saint-Gond
PLAINE DE LA CHAMPAGNE CRAYEUSE Parcelles de cultures géométriques céréalières
Sureau Clématite Aubépines
> Formation végétale de touffes compactes isolées de saules. Sureaux et clématites forment une strate buisonnates aux bords des cheminements. Strate herbacée : Tapis de graminés et de roseaux.
4. paysage bocager : maillage entre prairie humide et maïsiculture
2 km 1 : 61 028
Cette situation paysagère s’identifie par un paysage bocager dans le marais de Saint-Gond composé de vastes étendues de prairies humides. Ces dernières sont délimitées entre elles par des lignes de saules qui sont reconnaissables dans le paysage par leurs silhouettes. Ces prairies humides sont entremêlées de cultures de laboures. Du maïs y a été introduit ces dernières années. Ces parcelles sont très humides voire inondées en automne et en hiver et asséchées en été. la végétation présente dans ce milieu démontre un certain assèchement avec une présence notable de la caille lait blanc et de la grande marguerite.
Haies de saulaies qui délimitent l’arrière des parcelles, Elles sont organisées dans le paysage parralèle à la route Maïsiculture
Prairie humide Les haies de saules créent un système bocager autour des prairies humides, il est moins présent sur les parcelles dédiées à la maïsiculture Les cultures de maïs s’entremêlent aux parcelles de prairies humides du marais
Petit Morin
Peupleraie
Haie de saules
Sentier privé accès interne au marais
Canaux de drainage pour alimenter en eaux les parcelles en période estivale et au contraire évacuer le plus rapidement l’eau vers le Petit Morin en période hivernale
Prairies humides PLAINE DE LA CHAMPAGNE CRAYEUSE
Boisements humides
Ambiance paysagère du maillage des prairies humides avec les parcelles dédiés à la culture de maïs.
INDICE Du passé dans le paysage Des indices du passé sont dissimulés dans le paysage. Un enclos à bestiaux est présent sur le territoire dissimulé entre saules et roseaux. Il témoigne des activités anciennement pratiquées. Il est le signe d’un ancien pâturage extensif durant lequel des bovins étaient susceptibles de fréquenter le marais durant au moins 5 mois dans l’année. Aujourd’hui, l’élevage a visiblement presque disparu sur le marais. Il persiste uniquement sur les parcelles gérées par le conservatoire des espaces naturels de ChampagneArdenne à savoir sur la commune de Reuves et de Oyes. Ce lieu n’étant plus géré comme autrefois, il est sujet à une forme d’embroussaillement et des ligneux se développent dans le paysage.
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5. un paysage diversifié à valeur écologique et paysagère : RNR de Reuves Parcelles de Oyes
RNR de Reuves
La Réserve naturelle régionale située sur la commune de Reuves met en scène une séquence paysagère de micropaysage. Lors de la déambulation sur le territoire, le promeneur est invité à traverser des espaces tantôt boisés, tantôt ouverts. La présence de l’eau est un élément important qui compose la situation particulière de la réserve. Généralement difficile d’accès cette situation paysagère permet d’approcher au plus près la faune et la flore du marais. Les roseaux structurent des percées vers des étangs qui reflètent tels des miroirs le paysage environnant. Mousse humide
Noisetiers en cépée
2 km 1 : 61 028
2
1 Les plans d’eau accompagnent la déambulation au travers de cette réserve
Poubelles tris des déchets
5
4 3 2 1
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Abri en taule ouvert avec mobilier
Des ambiances de sous-bois sont caractérisées par de la mousse qui crée un tapis verdoyant sur lequel des silhouettes de noisetiers évasées, coupées en cépée, prennent place.
Table de pique-nique
3 Certains plans d’eau sont aménagés en périphérie par de petits batiments en tôle et des tables de pique-nique. On peut supposer que ces installations sont à disposition des promeneurs et plus particulièrement des pêcheurs.
Ruches Espace ouvert en recul du cheminement
Un maillage de milieux propice à la biodiversité La réserve naturelle régionale de Reuves comporte une riche biodiversité sur le plan national et européen . On dénombre 260 espèces floristiques recensées. Parmi elles, 2 sont protégées à l’échelle nationale (l’Oeillet superbe et la Grande Douve), 8 sont protégées à l’échelle régionale en ChampagneArdenne et 15 sont inscrites sur la liste rouge régionale des espèces. Réserve naturelle régionale du Marais de Reuves – Plan de gestion 2010-2014 (version 04-12-2009)
Carte 6 : Habitats naturels de la réserve Réserve naturelle régionale du Marais de Reuves – Plan de gestion 2010-2014 (version 04-12-2009)
Carte 6 : Habitats naturels de la réserve
4 Des espaces de clairières accueillent des ruches
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Des espaces ouverts sont dégagés et permettent de capter la lumière et d’ouvrir le regard vers l’horizon. Des clôtures sont installées en périphérie de ces espaces. L’herbe est travaillée et les arbres isolés ou en touffes situés au sein de cet enclos sont grignotés et coupés net. On peut supposer que ce paysage est entretenu grâce à l’élevage extensif.
Naturel de Champagne-Ardenne, 2009
Conservatoire du Patrimoine Naturel de Champagne-Ardenne, 2009
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Périmètre de la réserve avec cartographie des habitats naturels [Source: Plan de gestion 2009-2013 de la RNR Reuves, Conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne 2009] 60 Conservatoire du Patrimoine Naturel de Champagne-Ardenne, 2009
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Le Petit Morin, ÉLÉMENT PAYSAGER LIANT LE MARAIS AVEC SES FRANGES Élément paysager en liAnt avec le marais et ses franges L’eau est un marqueur du territoire du marais de Saint Gond, et le ruisseau et ses affluents en sont les acteurs. Le Petit Morin pourtant discret dans le paysage constitue le lien entre les différentes situations particulières. Il traverse une succession d’ambiances : saulaies, prairies humides, roselières, étangs et tourbières. Sa perception dans le paysage s’effectue sous deux formes selon la place de l’observateur.
1. PERCEPTION DU PETIT MORIN DEPUIS LES FRANGES 2. PERCEPTION DU PETIT MORIN DANS LE MARAIS
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Source du Petit Morin
1. PERCEPTION DU PETIT MORIN DEPUIS LES FRANGES Depuis les franges, dans la Champagne Crayeuse ou depuis les coteaux de la cuesta d’Île de France, le Petit Morin est discret mais est révélé par sa végétation riveraine qui constitue une ligne quasi continue dans le paysage.
Silhouette de peupliers
Cultures céréalières
2. PERCEPTION DU PETIT MORIN DANS LE MARAIS L’eau exerce un pouvoir attractif non négligeable. Les points d’accès sur le Petit Morin s’effectue par les voies de communications qui traversent en largeur le marais de Saint-Gond. La rivière étant régulièrement entretenue , la vue est dégagée et apporte une ambiance remarquable. Le regard s’oriente vers l’horizon qui se définit au fond de la ligne droite tracé par le cours du Petit Morin calibré sous la forme d’un tracé rectiligne. Il traverse les différents milieux et leurs végétations caractéristiques. La flore se reflète dans la rivière et dessine la jonction entre le ciel et la terre.
Ambiance créée par le Petit Morin et la végétation des différents milieux au cœur du marais de Saint Gond (1) et à la fin de la zone humide(2). De nombreux ouvrages hydrauliques accompagnent la succession paysagère de la rivière. L’accès au bord de la rivière pourtant tentant n’est pas aisé
La végétation forme une ligne continue dans le paysage et accompagne la rivière du Petit Morin.
Culture céréalière
Silhouette du Petit Morin frange boisée et longiligne du marais
Coteaux viticoles
Le Petit Morin est une pièce importante du système paysager des marais de Saint-Gond. A la fois fil conducteur dans le paysage, il participe également au réseau hydrographique du marais de Saint-Gond
1
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SYNTHÈSE LECTURE GÉNÉRALE : LE MARAIS Le paysage du marais de Saint-Gond, apparait aujourd’hui comme une mosaïque de milieux, un paysager fragmenté ressemblant davantage à une juxtaposition de différents marais qu’à un ensemble paysager cohérent. Les dynamiques végétales et les pratiques humaines ont conduit à modeler un paysage hétérogène qui forme une succession de situations paysagères particulières. Ces dernières reflètent les dynamiques sociales, culturelles, politiques et naturelles impactant les milieux. L’anthropisation a une grande influence sur le faciès du paysage du marais de Saint-Gond. 3. Un paysage à l’aspect moutonnant 1. Un paysage reflété à travers une entre friches et saulaies mosaïque de miroirs 2. Le marais troué par l’agriculture
4. Paysage bocager : maillage entre prairie humide et maïsiculture
5. Un paysage diversifié à valeur écologique et paysagère : RNR de Reuves
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Unité paysagère 2 :
Les franges, un paysage rural agricole et viticole ouvert
Unité paysagère 1
MORAINS
B. Les franges, un paysage rural AGRICOLE ET VITICOLE ouvert La plaine offre un paysage cultivé et entretenu occasionnant un paysage ouvert. La viticulture est installée sur les coteaux ensoleillés de la cote tertiaire d’Île de France. L’agriculture est en contre-bas dans la plaine et façonne un paysage d’openfield avec la marqueterie des vastes parcelles géométrique de plusieurs hectares. MORAINS
COIZARD JOCHES COURJEONNET VILLEVENARD
BROUSSY-LEGRAND LE MESNIL-BROUSSy BROUSSY-LE-PETIT
Oyes
REUVES
Champs cultivés (céréales, colza) Marais de Saint-Gond
Viticulture sur les coteaux
Villevenard
Vue depuis les coteaux de Villenard - Le regard file vers l’horizon dégagé de la plaine agricole de la Champagne Crayeuse.
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1. Des limites franches entre culture des terres et le marais La plaine agricole de la Champagne Crayeuse est très présente dans le paysage des franges du marais de Saint Gond. Une marqueterie de formes géométriques aux tons ocres, beiges, bruns, verts ou dorés variant au fil des saisons dessine les limites du marais. Le paysage change par cette rotation de semences. Aujourd’hui, l’agriculture intensive, donnant un paysage d’openfield, prend une grande place sur le territoire du marais, d’autant plus marquée à l’est où les coteaux ne sont plus des limites physiques. La morphologie de la plaine légèrement ondulée dissimule en partie le marais situé dans une dépression. Les cultures en place sont des cultures céréalières (blé, orge), oléo-protéagineuses (colza, tournesol), et d’autres cultures telles que le pavot, la betterave ou la luzerne. Au printemps, les champs ont donc une multitude de teintes vertes, en ajoutant des couleurs spécifiques aux cultures implantées comme le jaune vif du colza, qui contraste avec la vigne, ou le blanc rosé du pavot. En été ce sont les champs, prêts à être moissonnés ou déjà moissonnés, qui ont différentes teintes de brun qui s’opposent au vert de la vigne.
Silhouette du marais
Culture de colza
Avril 2016 -
Octobre 2015 Vignes de champagne flamboyantes
Culture de blés
Silhouette du marais
Parcelles labourées Culture de colza
Octobre 2015 -
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Culture de blés
Avril 2016 -
2. Des installations viticoles et agricoles dans les franges du marais Les franges sont marquées dans le paysage par des installations agro-alimentaires. Elles se dressent parfois dans le paysage comme des cathédrales modernes de l’agro-alimentaire. Distillerie, coopérative de désydratation, coopérative vinicole ou puits de pétrole sont installés en périphérie du marais en lien avec l’agriculture et la viticulture des franges. Coopérative agricole de la Champagne
Coopérative vinicole
Puits de pétrole
Distillerie
Coopérative de désydration de luzerne et Distillerie à Aulnay-aux-Planches de pulpes (commune de Val-des-Marais)
VAl-des-Marais Silo de Villenard
BANNES
VILLEVENARD Silo de Bannes
Silo de Mesnil-Broussy
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2. une structure urbaine autour du marais + Une origine forte avec le marais + Le marais est ancré dans la culture locale. De nombreuses communes ont hérité leur dénomination des représentations et des pratiques du marais. La commune de Oyes est originaire de awa (eau) pour désigner sa situation géographique proche du marais de Saint-Gond. Aulnizieux provient de la végétation du marais à savoir l’aulne, tandis que Villevenard tire son origine du latin Villa Venariae, c’est à dire, «Maison de chasse». Les populations locales au bord des marais vivaient de chasse et de pêche. Le territoire du marais de Saint Gond dispose sur toute son étendue de 14 petits bourgs. Les villages rayonnent tels des satellites autour du marais de Saint-Gond. Accolés au parcellaire agricole, les bourgs du territoire étudié sont implantés dans la plaine crayeuse, légèrement en hauteur par rapport au marais, sur les terres exondées. Les villages, à la morphologie généralement peu développée, se sont implantés le long des voies de communications périphériques au marais. Ils sont compacts et peu étendus dans la plaine. Si chaque bourg possède une morphologie qui lui est propre, c’est la disposition d’habitat groupé «en tas» qui se retrouve le plus souvent : Broussy-le-Petit-, Bannes, Courjeonnet,... Le tissu urbain reste centré sur le noyau ancien, à l’exception de Villevenard qui accueille des pavillons modernes. En incluant les lotissements récents, Villevenard possède une trame dite «village-rue». Ces villages ruraux ne disposent pas d’une population très importante, allant de 50 habitants et ne dépassant pas 600 habitants. Aujourd’hui, certains villages sont le regroupement de bourgs. Ainsi, la commune de Val-des-Marais, d’une population de 568 habitants est la fusion de 4 communes à savoir Aunay-aux-Planches, Aulnizeux, Coligny et Morains.
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VILLEVENARD
COIZARD-JOCHES
COMMUNES VALDES-MARAIS
COURJEONNET
Oyes BANNES REUVES 2 km 1 : 61 028
BROUSSY-LEPETIT
BROUSSY-LEGRAND
Organisation des villages autour du marais, sur les terres exondées
COMMUNES VALDES-MARAIS COIZARD-JOCHES COURJEONNET VILLEVENARD
BANNES Ancienne voie de chemin de fer
Morains
BROUSSY-LEGRAND LE MESNILBROUSSy
Oyes REUVES
BROUSSY-LEPETIT
Les villages se composent d'habitats divers allant de vieilles fermes typiques construites autour d’une cour centrale et de grands hangars agricoles en tôle ondulée qui marquent le paysage par leur immensité et quelques pavillons récents.
Extension - Hangar en tôle ondulé en lien direct avec les cultures Les volumes secondaires (grange, remise, étable,...) sont disposés de part et d’autre de la cour, dans le prolongement de l’habitation et par retour d’équerre compose ce vide.
La cour est un espace partagé qui donne accès aux différents corps de bâtiments
Un portail prolongé par un mur bas assure la clôture de la cour sur la rue.
Le volume d’habitation s’installe pignon sur rue. L’accès se pratique depuis la cour.
Principe d’organisation des corps de ferme à cour fermée
BROUSSY-LE- PETIT - Village tas, développement selon plusieurs axes, maille serrée. Hangar en tôle ondulé en lien direct avec les cultures
Parement de briques autour des fenêtres, des portes et aux angles du bâtiment
Portail ou porche rond accès direct à l’étable ou à la grange sous le même toit que l’habitation
Pavillons année 70 Mur en carreaux de terre cachées par le revêtement
Caractéristiques architecturales du volume d’habitation typique de la maison rurale de la Brie Champenoise.
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3. Deux situations paysagères particulières : COMMUNES VALDES-MARAIS COIZARD-JOCHES COURJEONNET VILLEVENARD
BANNES Ancienne voie de chemin de fer
Morains
BROUSSY-LEGRAND LE MESNILBROUSSy
Oyes
BROUSSY-LEPETIT
REUVES
des villages au contact des coteaux viticoles, Au nord, les villages sont implantés au pied des coteaux. Au contact de la côte tertiaire, ils sont nichés dans les irrégularités de la pente, dans les valons. Les villages côtoient directement les vignes. Des villages organisés sur les terres exondés de la plaine, Au sud, les villages sont implantés sur les terres exondées du marais, légèrement en hauteur de celui-ci. Ils sont dissimulés par le léger jeux de vallonnement de la plaine. Les villages sont au contact des cultures céréalières du paysage d’openfield de la plaine.
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Vignes
VILLEVENARD céréales, luzernes oléagineux
MARAIS aulnes, saules, peupliers
Implantation de Villevenard et son rapport avec le marais. MARAIS aulnes, saules, peupliers
BROUSSY-LE-PETIT céréales
Implantation de Broussy-le-Petit et son rapport avec le marais.
céréales
SYNTHÈSE LECTURE GÉNÉRALE : LES FRANGES Le paysage des franges est dominé par la forte présence de l’agriculture qui détermine l’organisation spatiale de la plaine. La viticulture est installée sur les coteaux de la côte tertiaire d’Île de France. Sa superficie est moindre mais participe à l’identité paysagère du territoire et à son économie. Le paysage évolue au fil des saisons. En automne, ce sont les coteaux flamboyants du vignoble qui ressortent et embellissent le territoire. A l’inverse au printemps, le vignoble est nettement plus discret et laisse place à un patchwork de couleurs. L’ambiance jaune du colza et des cultures vives contrastent fortement dans le paysage avec les vignes implantées sur la cuesta. En été certaines cultures sont vertes, dans une teinte assez proche de celle de la vigne, la limite entre cultures et vignobles est alors moins visible. La viticulture AOC Champagne participe à l’économie et à l’identité du territoire
COMMUNES VAL-DESMARAIS
BANNES
COIZARD-JOCHES COURJEONNET
Morains
Puits de pétrole de Vert-la-Gravelle (commune de Vert-Toulon)
Ancienne voie de chemin de fer
VILLEVENARD
Distillerie à Aulnay-aux-Planches (commune de Val-des-Marais BROUSSY-LE-GRAND
LE MESNIL-BROUSSy
BROUSSY-LE-PETIT Oyes REUVES
L’agriculture est la ressource économique importante sur le territoire. Les cultures en place sur les vastes parcelles géométriques sont des cultures céréalières (blé, orge), oléoprotéagineuses (colza, tournesol), et d’autres cultures telles que le pavot, la betterave ou la luzerne.
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SYNTHÈSE DES DYNAMIQUES L’étude plus approfondie de ces deux unités paysagères à l’aspect et aux fonctions divergentes met en lumière les dynamiques du territoire actuel. Il apparaît dès lors que l’agriculture et la viticulture acquièrent une domination économique lisible sur le territoire. Le domaine agro-alimentaire occupe une place prioritaire tant d’un point de vue spatial qu’économique. La viticulture AOC Champagne assure une image identitaire et patrimoniale (Route touristique du Champagne) sur le terrioire. Le marais a tendance à s’effacer malgré sa valeur paysagère et écologique. Il se révèle aujourd’hui comme un paysage fragmenté qui suggère un abandon d’une partie du marais noyé dans la marqueterie des parcelles agricoles. L’attention portée à la gestion du marais semble être nettement moins généreuse que sur les franges. Le marais paraît subsister grâce aux activités de loisirs telles que la chasse ou la pêche sur certaines parties du marais occasionnant un paysage un peu plus entretenu. Dynamique d’enfrichement globale à l’échelle du marais. Envahissement de jeunes ligneux. Fermeture des espaces Valeur pédagogique et de patrimonialisation d’une partie du marais + élevage extensif En limite avec les frange, présence de jeunes peupleraies (Plantation récente) Abattage d’anciennes peupleraies sur certaines parcelles
Agriculture + Industrie agro-alimentaire Puits de pétrole
Développement de la maïsiculture sur les parcelles au contact du marais Morains
BROUSSY-LE-GRAND LE MESNIL-BROUSSy ACTIVITéS Humaines PRATIQUées sur le territoire
BROUSSY-LE-PETIT Oyes REUVES
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Questionnements - Que comprendre ? -Vers quoi se diriger? Fermeture des espaces, embroussaillement : La prolifération des saules et des bouleaux est nettement visible dans le paysage. Cet envahissement par les ligneux mène à une fermeture du marais, qui peut laisser penser à une perte de la qualité paysagère et à la qualité biologique du marais. Quelles sont les causes et quelles vont être les conséquences sur le paysage? Assèchement du marais : Le niveau d’eau en hiver est nettement inférieur à celui qu’il était autrefois. Quelles sont les causes de cet assèchement et quelles sont les conséquences à long terme sur le marais ? UNE MAUVAISE GESTION ? DES CONFLITS DE JEUX d’acteurs ? UN Phénomène NATUREL ? Fragmentation du paysagère : Le marais apparaît aujourd’hui dans la lecture du paysage comme une juxtaposition de différentes situations paysagères, semblables à un collage de divers marais plutôt qu’à un ensemble paysager cohérent. Qu’est ce qui explique le fractionnement du marais ? Quels sont les enjeux multiples qui ont amené à la création d’un paysage fragmenté ? Quel avenir pour le marais ? Relation des franges et du marais : Les franges et le marais ont-ils toujours été déconnectés ? Quels sont les enjeux qui ont formé ce territoire fragmenté tant dans la relation du marais avec ses franges qu’à l’intérieur du marais lui-même? Quelles sont les dynamiques sociales, culturelles, politiques et naturelles qui expliquent le paysage d’aujourd’hui ? QUELLES ont été les étapes de la construction de ce paysage fragmenté ?
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Le temps du paysage, le paysage dans le temps
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Le paysage est à la croisée de l’histoire, de la gestion des territoires, des modèles sociaux, culturels, politiques... L’analyse historique du paysage vise à comprendre l’évolution et les transformations du territoire à travers les indices du paysage, des documents historiques ou des cartes anciennes. L’ensemble révèle les interactions de l’homme avec ces milieux naturels. Ces évolutions marquantes du territoire du marais de Saint-Gond sont regroupées à travers des périodicités illustrant le temps du paysage.
PARTIE 2 : De nouveaux enjeux sociaux et industriels : vers une fragmentation accrue PARTIE 2 : De nouveaux enjeux sociaux et industriels : vers une fragmentation accrue I. Formation géologique unique dans un paysage dominé par le calcaire II. Avant 1850 - Un MARAIS AU CŒUR D’UN PAYSAGE AGRICOLE Traditionnel III. DE 1850 à 1950 - A LA CONQUÊTE DU MARAIS : EXPLOITATION DE LA TOURBE ET Développement de nouvelles terres agricoles _ travaux d’assèchement et d’assainissement : pour de nouveaux usages IV. DE 1950 à 2000 - UN PAYSAGE INDUSTRIALISE : TRANSFORMATION DES PRATIQUES AGRICOLES ET COMPOSITION D’UN NOUVEAU PAYSAGE FRAGMENTÉ V. UNE Prise de conscience : vers le paysage actuel
AMBIVALENCE ENTRE FASCINATION ET PEUR En France, les marais sont associés à l’image d’une nature originelle, celle du premier jour de la création de la Terre, où l’eau et la terre ne formaient qu’une même unité. Ils reflètent l’exubérance et le désordre de la nature comme le décrit François Terrasson, spécialiste de la psychologie de l’environnement. En ses termes, les marais incarne «une vision tentaculaire et inquiétante du foisonnement végétal». Ces paysages inspirent à la fois de la fascination et un monde inquiétant et hostile. L’angoisse créée par ces territoires semblent justifier en partie la conquête de l’homme sur ces milieux tout au long de l’histoire. Cette ambivalence autour du marais, n’a eu de cesse de faire évoluer ce paysage à travers les représentations et l‘appropriation du milieu.
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MARAIS DE SAINT-GOND
BRIE CHAM
PENOISE
Petit Morin
Cuesta
I. Formation géologique unique, dans un paysage dominé par le calcaire Le marais est géologiquement situé au contact de la côte tertiaire de l’Île de France, limite entre la plateforme structurale des calcaires (Crétacé supérieure) de la Champagne Crayeuse à l’est et des meulières (Oligocène supérieure) de Brie à l’ouest. La formation dominante à la base du territoire du marais de Saint-Gond est la craie campanienne. Il s’agit d’une craie blanche pure, sans silex, répartie sur une épaisseur moyenne de 80 mètres. Au quaternaire, suite à l’alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, une dépression s’est constituée, il y a 10 000 ans par des successions de fissurations et de désagrégations de la craie campanienne en surface (roche gélive). Sous l’action érosive des eaux de ruissellement, la grève, matériau d’altération, s’est formée par alluvionnement et colluvionnement dans la vallée du Petit Morin et dans les talwegs, ceci sur plusieurs mètres d’épaisseur. La formation du marais résulte du phénomène de capture de cours d’eau qui a produit principalement un fort remblaiement dans la dépression marécageuse. La Somme a d’abord capturé l’eau de la Soude, en détournant une partie de la rivière du Surmein, puis la Somme en détournant une partie du Petit Morin. Ce dernier a conservé ses eaux car ne disposant pas d’une pente relativement importante, il a alors été incapable d’évacuer l’eau en surplus. Ainsi, l’infiltration en profondeur et le ruissellement des eaux superficielles ont été freinés et ont eu pour conséquence la stagnation de l’eau, ce qui a favorisé un comblement tourbeux. Dans ces dépressions, en raison de l‘asphyxie du milieu en eau, la production de matières organiques (MO) par les mousses et autres végétaux de substrat alcalin n’a pas suffi pour sa décomposition. La tourbe s’y est donc développée sur une épaisseur variant de 1.5 à 4m.
ce
e Fran ’Île d
d
MONT-AINé
Source
CHAMPAGN E CRAYEUSE
MONT-Août
5 4 1
1
4 2
Colluvions
PLATEAU DE BRIE
3
Boisements
1 PLATEAU : Tourbe;DE2 BRIE : Alluvions; 3: Colluvions; 4 : Craie de Campanien; 5: Argile et marne [Source : Géoportail]
PLATEAU DE DE BRIE BRIE PLATEAU
Boisements
Vignobles
Boisements Boisements
PLAINE CHAMPENOISE
Vignobles PLAINE CHAMPENOISE CHAMPENOISE Vignobles PLAINE Vignobles
Craie du du Campanien Campanien Craie (Crétacé) Craie du Campanien (Crétacé) Argile(Crétacé) et Marne Marne Argile et (Tertiaire) (Tertiaire) Argile et Marne Meulière de Brie Brie (Tertiaire) Meulière de (Tertiaire) (Tertiaire)
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SOMME / SOUDE
Meulière de Brie (Tertiaire)
Colluvions Colluvions
Zone humide humide Zone humide Zone (creux) (creux) (creux) Craie du Campanien (Crétacé)
Colluvions
PLAINE CHAMPENOISE Zone humide (creux)
Craie de Sémonien Sécheron Sécheron
Sécheron
Colluvions
Argile et Marne (Tertiaire)
Grève calcaire
Meulière de Brie (Tertiaire)
Complexe de tourbe
Grève calcaire calcaire Grève
Grève calcaire
Complexe de de tourbe tourbe Complexe
Complexe de tourbe
Coupe structurelle du terrioire
Avant 1850 :
II. Un MARAIS AU CŒUR D’UN PAYSAGE AGRICOLE Traditionnel A. Un paysage façonné par les activités du quotidien Au cœur de ces paysages, le marais de Saint-Gond, a été occupé dès le paléolithique inférieur. De nombreux vestiges (constructions, outils et ossements) ont été retrouvés et attestent la présence de l’homme. Essentiellement nomades, ces hommes regroupaient des chasseurs cueilleurs qui profitaient des nombreuses ressources comestibles offertes par le marais (gibiers d’eau, mammifères, plantes comestibles). Vers le Néolithique, ces populations se sédentarisent. Il est d’ailleurs possible d’apercevoir des vestiges, des sépultures collectives, nommés hypogés des premiers occupants sédentaires de cette période de l’histoire. Deux petits témoins, au nord, discrets dans le paysage agricole, continuent malgré tout de marquer les esprits des habitants et touristes. Pendant des siècles, les habitants du marais et des alentours vont récolter la tourbe et bénéficier des ressources du marais. Les abbayes qui se sont implantées le long du Petit Morin ont joué un rôle dans la mise en valeur des terres du marais. Jusqu’au XIXe siècle, les hommes ne modifient pas considérablement le paysage du marais de Saint-Gond mais cohabitent à l’aide de techniques traditionnelles. Le territoire du marais de Saint-Gond a été créé par les hommes en interaction Sécheron avec les espaces naturels de la zone humide. Le marais offrait des ressources non négligeables pour l’homme. Il était essentiel dans la vie sociale, économique pour les sociétés rurales de l’ancien temps. Ces paysages offrent un milieu naturel favorable pour les hommes en termes de ressources, ainsi que des matériaux prétextes aux usages courants (roseaux, tourbe,...). Il est constamment exploité, pâturé et parcouru par les hommes. Le paysage s’organise principalement autour des vastes terres humides du marais en contrebas et d’espaces agricoles sur les hauteurs.
Menhir sur la route entre Congy et Coizard-Joches, au cœur du marais de Saint-Gond
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Cueillettes : Le marais n’offrait pas seulement de vastes terres de pâture mais fournissait également quantité de denrées et de ressources vivrières aux populations voisines (foins, roseaux,...) Les roseaux était récoltés pour servir à la couverture des foyers (chaume), à la confection de liens ou encore de litières pour les animaux. Les roseaux sont coupés dans les roselières inondables et le jonc sur des prairies humides. Cette récolte avait l’avantage de permettre une certaine gestion et de canaliser la prolifération du roseau. La tourbe : La tourbe, abondante servait à alimenter les habitations en combustible et à couvrir les habitations les plus rustiques. Elle était également utilisée pour l’amendement des terres de labours, jardins, vergers et vignes.
Parcelles cultivées Pré
Prairie humide Jonc Roselière inondable
Roseaux
Les roseaux sont utilisés pour la toiture, la confection de liens ou pour la litière du bétail.
Un paysage façonné par les activités du quotidien
La carte de Casini montre au XVIIe siècle, un marais qui s’impose dans le paysage. Sa superficie est nettement supérieure à celle que l’on connaît aujourd’hui. Le paysage semble être une vaste zone marécageuse de prairies humides et de roselières. Le cours d’eau du Petit Morin coule librement, en effectuant un certain nombre de méandres d’est en ouest. Cernées par les deux coteaux, essentiellement boisées de part et d’autre, les terres cultivables sont minoritaires par rapport à la surface des parcelles du marais. Carte de Cassini [Source : Géoportail]
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B. Un paysage difficile à cultiver Forêt : syviculture et chasse
Viticulture
Prairies moutons, chevaux, bovins
Tourbe et cueillettes Elevage extensif
COURJEONNET
Agriculture : terres labourées Cultures d’avoine, seigle, blé et orge
COIZARD JOCHES
MORAINS
VILLEVENARD
BROUSSY-LEGRAND LE MESNILBROUSSy Oyes
BROUSSY-LEPETIT REUVES
la majorité de la population locale est formée de petits agriculteurs, propriétaires de quelques petites parcelles. ils produisent le nécessaire pour la survie de leur foyer. le travail des terres du marais n’était pas évident. les conditions d’existence sont difficiles, et les récoltes bien souvent incertaines. ils le manifestent nettement dans le cahier de doléances (1789). le marais réduit la superficie de labours à moins de 40 % du territoire communal et les prés ayant une bonne terre sont rares. les cultures produites sur le territoire sont surtout de l’avoine et du seigle, un peu de blé tendre et de l’orge. la récolte de seigle est compromise chaque année par l’humidité importante formée par le brouillard au printemps. les laboureurs se plaignent de la qualité des sols. ils répandent régulièrement leurs meilleurs champs de cendres ou du combustible de la tourbe. Ce paysage est aussi marqué par de petits vignobles d’une superficie de 8 à 30 hectares exposés sud, sur les coteaux de Villevenard et Vert-laGravelle.
L’élevage permet d’apporter une ressource complémentaire. On dénombre à cette époque 500 chevaux, 1 400 bêtes à cornes et 3 600 moutons sur le territoire du marais de Saint Gond. Les éleveurs peuvent amener leurs bêtes paître dans le marais que 5 mois par an. Le reste du temps, le marais est totalement submergé d’eau rendant impossible la pâture des animaux. L’élevage du mouton sur le territoire est plus prospère, chaque communauté voisine du marais, sauf Reuves possède un troupeau de 100 à 60 bêtes qui se situe sur les terres de jachères et les pâtis. A Broussy-leGrand, les terres du Mont Août ont des herbes très fines et spécialement utiles et avantageuses pour le troupeaux.
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SYNTHÈSE DU PAYSAGE Avant 1850 : Le paysage du marais de Saint-Gond est un paysage ouvert composé de prairies humides et de roselières. Les droits de chasse et de pêche sont réservés au roi. Le territoire est majoritairement structuré de petites parcelles. L'élevage (bovins, chevaux et moutons) s'effectue à la périphérie du marais. Les terres exondées sont réservées à la culture de l'avoine, du seigle, du froment et de l'orge. Le marais de Saint-Gond est façonné par les activités du quotidien (cueillettes, tourbe, roseaux,…). Les habitants ont établi un lien étroit avec le marais. La population à cette époque est nettement supérieure à aujourd’hui. Le marais a sa superficie qui commence à diminuer. En effet, la volonté d’acquérir de nouvelles terres pour leur mise en culture est concrétisée par le programme des Ponts et Chaussées débuté en 1840. L’élevage continue de prospérer. Des vignes sont présentes sur les coteaux à Villevenard et à Vert-la-Gravelle. Chevaux, mulets et ânes sont élevés pour le travail dans la vigne. Tourbe et cueillettes Élevage extensif
Forêt : sylviculture et chasse
Viticulture
Prairies moutons, chevaux, bovins Agriculture : terres labourées Cultures d’avoine, seigle, blé et orge
COURJEONNET
COIZARD JOCHES
MORAINS
VILLEVENARD
BROUSSY-LEGRAND LE MESNILBROUSSy Oyes
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BROUSSY-LEPETIT REUVES
DE 1850 A 1950 :
III. A LA CONQUÊTE DU MARAIS : VERS UNE MISE EN VALEUR DES TERRES A. Une histoire d’assèchement liéE à des droits propriété - DES TRAVAUX D’ASSÈCHEMENTS ET D’deASSAINISSEMENT : POUR DE NOUVEAUX USAGES 1599
1655
Edit d’Henri IV Décision d’assécher tous les marais du pays
1828
1670
Décret de Louis XIX 50 % comte Romecourt «Tous les marais ou terres vagues entrent dans le domaine royal» 50% communautés locales 50 % propriété des terres au roi 50% communautés locales
1837 25% M. de Lontage 25% M. de Lontage 25% Etat 13% Compagnie Pécourt/ Des jardins/Renard 50% communautés locales 37% Etat 50% communautés locales
Lien entre droits de propriété et volonté d’assèchement appliqué au marais de Saint-Gond _ De manière générale, il y avait une obligation d’assécher ces milieux pour officialiser un droits de propriétés. Dans le cas contraire, il devenait bien public pour les communautés locales (communes) qui jouissait des parcelles non conformes.
L’histoire d’assèchement et d’assainissement du marais est liée aux droits de propriétés. De nombreux édits et décrets sont passés entre le pouvoir royal et les grands propriétaires du marais. Il s’agit d’une politique mise en place à l’échelle de la France sur l’ensemble des zones humides du pays. Les projets d’assèchement des marais sont motivés par un impératif sanitaire et la volonté de rendre l’agriculture française plus prospère. Les premiers travaux de dessèchement du marais de Saint-Gond datent du début du XVIIIe siècle. Quelques fossés apparaissent dans le paysage, signalant les limites de séparation entre la nature du droit de propriété des terres du marais, à savoir les parcelles royales et les parcelles communautaires. C’est à partir de 1830, que le paysage des marais de Saint-Gond va commencer à se métamorphoser. La vente des terres de l’État aux compagnies Pécourt/ Des jardins/Renard va faire évoluer les pratiques et enclencher le dessèchement du marais.
Les parcelles sont découpées en lanières. Ainsi chaque exploitant possédait des terres à la fois sur le marais et dans la continuité de la plaine (jardin pour le maraîchage, parcelle pour le pâturage, une parcelle de fauche pour le foin et la culture). Des fossés accompagnés de saules délimitaient les parcelles.
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B. Un programme d’assèchement et transformation du réseau hydraulique
2 km
Les Ponts et Chaussées sont chargés d’organiser le programme d’assèchement du marais de Saint Gond. Le cours du Petit Morin va être recalibré et canalisé. Des fossés vont être creusés. Au centre du marais, sur sol tourbeux, il s’agit de simples rigoles. Puis à la périphérie du marais, sur sol graveleux, des drains profonds vont être mis en place pour assurer le dessèchement efficace des terres et proposer leur mise en culture. Le Ministre des Travaux Publics suggère la création d’un Syndicat des Propriétaires ayant pour but d’entretenir les travaux afin de prévenir les inondations. Il a été créé en 1865. Dès sa fondation, il dressa un plan péricentral pour recenser sur tous les terrains, y compris dans l’association, l’ensemble des ouvrages de dessèchement (les rigoles, les canaux-fossés, les ponts, les chaussées,...). La superficie totale de tous les terrains est répartie entre 413 propriétaires sur une totalité de 2 850 hectares.
1 : 61 028
Lit du Petit Morin calibré Il circule dorénavant de façon rectiligne dans le paysage du marais
Petit Mor
CANAUX DE DRAINAGE Développement de saules le long des canaux Terres de labours Orge,seigle, avoine
in
Anc i en
PRAIRIES D’éLEVAGE Parcelles au contact du marais Transition entre les parcelles humides ou en eau du marais avec les terres de labours
40
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Ancien lit du Petit Morin Assèchement Morcellement des parcelles Remembrement PARCELLES DU MARAIS Humides ou en eau Parcellaire en lanière parturage, chasse, fauche,...
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C. L’assèchement du marais : moteur de l’exploitation de la tourbe La tourbe est une matière végétale noirâtre ou brune dont l’aspect est fibreux. Elle résulte majoritairement de l’agglomération de mousses (en particulier sphaignes) ainsi que de plantes aquatiques, d’herbes et de feuilles. Ces dernières se décomposent très lentement dans un milieu presque constamment saturé en eau. Il est estimé que l’épaisseur de la tourbe progresse de 50 mètres tous les siècles si les conditions sont favorables. La tourbe ancienne, la plus profonde est de meilleure qualité car elle est plus riche en carbone. Il faudra attendre l’assèchement du marais pour débuter réellement l‘exploitation de la tourbe. C’est ainsi qu’une fois, le programme d’assèchement des Ponts et Chaussée, supervisé par la compagnie Renard, l’économie autour de l’exploitation de la tourbe va débuter. Le paysage va alors continuer à se transformer.
EXTRAction de la tourbe au louchet Source : dessins de Jean MACLIN [ Du pays sézannais, PER CH XI 56 ; n°12, octobre 2011 , p. 54-64]
En 1840, le marais de Saint-Gond ont une superficie de 2 756 hectares. L’épaisseur de la tourbe est hétérogène sur le marais, variant de 90 centimètre à plus de 4 mètres de profondeur. L’économie du marais autour de la tourbe est en plein développement. Des établissements voient le jour tel que des fours à chaux, des tuileries, des briqueteries et des verreries sur le territoire. Au lieu dit La Louvière, le souhait de M. Renard se concrétise, la construction de la verrerie s’installe à Joches. Elle fabrique des bouteilles de champagne à haut goulot, ainsi que de petits objets en verre tels que des billes, règles et presse-papiers. Par la suite, M. Renard envisage d’utiliser la tourbe dans des fours d’usines. Il fait faire des essais de carbonisation de la tourbe à l’école des Arts et Métiers de Châlons. Une carboniserie naît sur le coté droit de la route entre Coizard et Bannes. Toutefois, l’usine ne va pas durer longtemps. En 1845, un incendie se déclare, ce qui va engendrer la fermeture définitive de l’établissement. Les deux établissements de M. Renard sont éphémères, la compagnie se dissout en 1949 et tous deux sont reconvertis en fermes.
Verrerie - Exploitation de la tourbe [Source : Delcampe] L’exploitation de la tourbe donne une valeur économique au marais de Saint-Gond. En 1850, on extrait à Reuves 600m3 de tourbe par an, à Aulnizeux 50m3. Le centre principal est à Vert-la-Gravelle ou 40 à 50 ouvriers extraient prés de 5 000m3.
D. Augmentation de la surface des terres cultivables et diminution de l’élevage Le paysage est composé majoritairement de terres de labour, soit la moitié de l‘occupation du sol de chaque commune. Les prés sont nettement moins présents. Les parcelles proches du marais sont laissées à l’abandon au profit des terres cultivables. Des résineux ont été plantés mais leur présence reste faible dans le paysage. Le seigle est de moins en moins cultivé remplacé par l’orge ou l’avoine. Les communes de Oyes, Broussy-le-Petit et Courjeonnet cultivent le froment en majorité tandis que le seigle est privilégié à Baye. Aulnay Aux Planches et Bannes, sur les terres d’alluvions, favorisent la betterave. L’élevage de moutons a diminué de plus de moitié. Seules six communes conservent un troupeau allant de 300 à 800 bêtes.
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SYNTHÈSE DU PAYSAGE Avant 1950 : Le marais est devenu un lieu important d'extraction de la tourbe. L'assèchement entrepris par la compagnie Renard en collaboration avec les Ponts et Chaussées a rendu plus facile l'extraction. Le territoire se compose majoritairement de terre de labours. Les prés sont nettement moins présents dans le paysage. Le marais continue de perdre de la superficie.
Diminution de la superficie des prés. L’élevage est en net baisse.
Canaux de drainage développement de saules
Développement de la viticulture sur les coteaux.
Diminution de la superficie du marais. Les terres de labour deviennent de plus en plus présentes dans le paysage. La superficie des prés diminue au fur et à mesure des années. Extraction de la tourbe Calibrage du Petit Morin Rectiligne dans le paysage MORAINS
COURJEONNET
bANNES
LE MESNILBROUSSy
Oyes
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REUVES
BROUSSY-LEPETIT
BROUSSY-LEGRAND
DE 1950 A 2000 :
IV. UN PAYSAGE INDUSTRIALISE : TRANSFORMATION DES PRATIQUES AGRICOLES ET COMPOSITION D’UN NOUVEAU PAYSAGE FRAGMENTÉ A. Contexte de l’après-guerre : vers une autosuffisance alimentaire. Les guerres mondiales successives de 14-18 et de 39-45 ravagent les terres, et détruisent en bonne partie les villages. Par la suite le territoire se reconstruit. Les édifices, les fermes, les ponts et chaussées sont rebâtis. L’agriculture va rapidement devenir un des moteurs du redémarrage économique du territoire. Impulsé au lendemain de la guerre par l’aide financière et matérielle des USA (plan Marshall) et la politique française d’autosuffisance alimentaire de la Champagne Crayeuse et Pouilleuse, le paysage des marais de Saint-Gond va être bouleversé. Entre les années 1950 à 1980, les moyens de cultures se modernisent. On va alors passer à un paysage mécanisé. Les tracteurs et autres machines agricoles remplacent peu à peu les animaux et l’usage traditionnel disparaît. Les méthodes de travail sont radicalement transformées. Les petites exploitations sont en déclin. Les engrais chimiques et autres substances permettent de traiter les cultures.
Les chevaux étaient élévés pour le travail dans les vignees
Vendangeoir, Maison A. Sommesous Fils [Source :Delcampe]
B. Vers une exploitation industrielle de la tourbe. La méthode traditionnelle qui consistait à exploiter la tourbe où la nappe est à son niveau le plus bas (mai à octobre) est abandonnée dans un souci de rentabilité. Le pompage permet d'extraire l'eau avant l'extraction à l'aide de pelle mécanique. Ainsi, l'extraction de la tourbe ne dépend plus des contraintes naturelles saisonnières. Cette technique à répétition impacte fortement le paysage du marais et de son écosystème. Les marques de la pelle de mécanisation tassent les cotés et empêchent la régénération de la végétation. Par ailleurs, au fur et a mesure ces fosses exploitées aux dimensions extrêmement importantes sont remplies d'eau et deviennent support pour la pratique de la pêche. L'abaissement du niveau de la nappe se fait ressentir progressivement. En 1997, plus que 20000 mètres cubes de tourbe par an sont extraits.
Vestige d’un louchet mécanique entre Coizard et Courjeonnet [Source : Du pays sézannais, PER CH XI 56 ; n°12, octobre 2011 , p. 54-64]
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1975 1969
1975 1980 1984 1990
2 km 1 : 61 028
1958
2016
1994
C’est à partir des années 60, que l’exploitation de la tourbe s’intensifie en utilisation des nouveaux outils modernes. Les fosses d’extraction à Villevenard en sont le reflet. Cette exploitation se fait à l’aide de la pelle mécanique, combinée à un bateau-pompe, de mai à septembre creusant sur une profondeur de 1,30 mères. Plus tard, ces fosses vont devenir des étangs, une forme remplie d’eau et vont faire le bonheur de pêcheurs
L’extraction de la tourbe va profondément marquer le paysage du marais de Saint-Gond à cette période. Après la deuxième guerre mondiale, la modernisation des moyens matériels se développe et engendre une exploitation intensive de la tourbe. Le marais de Saint Gond est l’un des gisements de tourbe les plus conséquent du département. La tourbe ne sert plus au chauffage mais à l’amendement des sols et à la protection conte l’érosion dans le domaine de l’horticulture et de la viticulture pour les vignes champenoises. Vers 1960, la tourbe est exploitée à Joches. C’est en 1962, que la société France Tourbe va s’installer à Villevenard et extraire surtout sur le marais de Saint-Gond. Les meilleures années, c’est 90 000 m² de tourbe qui vont être extraite sur le marais. Les outils se sont perfectionnés permettant d’extraire plus facilement et d’avantage en profondeur la tourbe. Toutefois, cette méthode va profondément impacter sur l’écologie du milieux laissant des berges abruptes et décapées.
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Canaux de drainage, perpendiculaire au Petit Morin pour permettre l’assèchement du sol et ainsi favoriser l’exploitation de la tourbe ou la mise en culture La tourbe était utilisée pour l’amendement des sols
Anciennes fosses de tourbage héritées de l’exploitation de la tourbe industrielle. Les fosses sont nées entre 1975 et 1990 Petit Morin PLAINE DE LA CHAMPAGNE CRAYEUSE
EXPLICATION DU PAYSAGE d’aujourd’hui - Ces étangs, situés sur la commune de Villevenard, illustrent donc l’extraction industrielle de la tourbe au XXe siècle. Aujourd’hui, l’extraction de la tourbe est interdite sur l’ensemble du territoire. Ces plans d’eau, supports de loisirs, sont remplis afin de pouvoir y pratiquer la pêche (truites, perches et brochets). Cette activité est particulièrement appréciée sur le marais.
C. Transformation du réseau hydraulique : vers des possibilités nouvelles qui répondent aux besoins agricoles modernes. Dés 1960, le marais subit une autre période d’assèchement et les conséquences impacteront fortement le paysage du marais de Saint-Gond. Le réseau hydrologique est transformé, le Petit Morin subit un recalibrage plus conséquent. Le paysage du marais est marqué par le creusement de nouveaux fossés disposés en peigne. De multiples canaux de drainage sont creusés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. L’objectif étant d’accélérer l’écoulement des eaux vers le Petit Morin. En 1940, hormis la canalisation du Petit Morin sur 20km, il n’y avait que 35km cumulé de fossés de drainage, en 1969 70km et en 1979 75km. Aujourd’hui ce réseau représente l’équivalent de 85 km. Un important système de vannes a été mis en place, au nombre de 7 afin d’évacuer l’eau en période humide et de la retenir en période sèche.
Disparition des arbres isolés Monument de Montdement
vers 1914
vers 2016
Métamorphoses du paysage engendrées par l’agriculture moderne - Vers la disparition des haies et des
as
arbres isolés sur le territoire. [Source : Guides illustrés Michelin des champs de bataille, les marais de Saint-Gond, 1917. ude de c Et de de c tu E e d d ec u Et 3
as
1
as
2
L’amélioration des performances techniques (machinisme, fertilisation) apportée par l’agriculture moderne participe au développement de la Champagne. L’essor économique de l’agriculture a débuté dans les années 1950. L’agriculture moderne façonne un paysage de grandes cultures qui fait disparaître les haies et les arbres isolés sur le territoire. Ce paysage résulte du groupement des parcelles pour répondre aux besoins de la mécanisation. et à l’augmentation de la taille moyenne des exploitations. Le territoire du marais de Saint-Gond se transforme rapidement, les franges et le marais tourbeux sont consacrés à une agriculture intensive qui mène à une forte hausse des rendements et de la productivité. Le drainage a valorisé les terres pour créer un paysage céréalicole aux dépens d’un paysage marécageux.
Bois d’Allemant Château de Montdement Eglise de Montdement
Étude de cas selon la méthode de comparaison de vues aériennes à trois époques différentes pour illustrer les évolutions du paysage après la guerre. [Sources des vues aériennes anciennes : Géoportail]
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2 km 1 : 61 028
Etude de cas 1
Système bocager frange du marais : Saules, frênes Petit Morin calibré
1949
Fossés de drainage
Fosses d’extraction de la tourbe
1979
L’objectif du réseau de canaux et fossés de drainage est d’assécher le marais pour l’assainir et obtenir de nouvelles terres cultivables. En 1950, le réseau de drainage était quelques peu existant mais peu important dans le paysage et dans l’efficacité recherché. A partir des années 60-70, suite à une volonté d’assécher encore davantage le marais, le paysage voit l’apparition de canaux, en forme générale d’ «arrête de poisson», dont leur but est de recueillir et d’évacuer les eaux collectées par les drains. Des saules et autres arbustes viennent coloniser les abords des fossés. Le paysage du marais se transforme relativement rapidement. L’agriculture conquière les superficies du marais. Suite à l’assèchement, comme l’illustre la photographie aérienne de 1979, un premier remembrement, engendre un agrandissement des parcelles de labours et à disparition de bras de marais. Sous la pression agricole, les parcelles humides du marais ont nettement disparu en 1980 sous la pression agricole. Les parcelles sont transformées pour la culture céréalière dont le maïs. Aujourd’hui, ce fort assèchement causé en partie par ce réseau de drainage intensif, a pour conséquence la colonisation des ligneux sur les parcelles. Cette dynamique d’enfrichement se lit peu à peu dans le paysage qui a une tendance à sa fermeture.
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Disparition de parties Augmentation du de marais sous la réseau de fossés pour pression agricole le drainage
2016 Réduction du marais causé par l’intensification du réseau de drainage dans les années 60-70. Puis la succession de remembrements qui a réorganisé le parcellaire.
Les terres gagnées sur le marais sont dédiés à la culture de céréales (blé, orge). Les parcelles les plus au contact des terrains humide sont privilégiées pour la maïsiculture
Le marais a perdu en épaisseur
Dynamique d’enfrichement Fermeture du paysage L’humidité des sols n’est plus autant assurée qu’avant
EXPLICATION DU d’aujourd’hui -
PAYSAGE
2 km
Etude de cas 2
1 : 61 028
Petit Morin calibré
1949
Système bocager frange du marais : Saules, frênes
Petites parcelles en lanière
Diminution du marais Conquête de terre cultivable
Remembrement Regroupement de parcelles
1979
Le remembrement va réorganiser le parcellaire en permettant le regroupement et l’agrandissement de parcelle. Plusieurs phases de remembrement vont avoir lieu entre 1950 et 2000. Cette réorganisation a pour but de faciliter le travail de la terre et de correspondre aux nouveaux moyens techniques. Dans les années 1949, le parcellaire a une forme très identifiable de petites parcelles disposées en lanières et crée une marqueterie de couleurs nuancées dans le paysage en fonction de la nature des cultures. Les relations entre les franges et le marais se traduisent par un système de haies bocagères. Au fur et à mesure des années, le paysage agricole tend vers de grandes parcelles de cultures céréalières. L’essor de l’agriculture se reflète dans le paysage par la dimension impressionnante des champs de cultures de plusieurs hectares. Elle développe un paysage d’openfield sur la plaine de la Champagne Crayeuse. En 1979, un boisement du marais continue de se développer lorsque les terres du marais n’ont pas cédé la place à des terres cultivables. Aujourd’hui les cultures de céréales viennent côtoyer des parcelles de maïs. Ces dernières sont situées davantage sur les parties les plus proches du marais profitant d’un sol frais.
2016 Culture de maïs sur les parcelles au Organisation du parcellaire contact du marais, héritée de plusieurs phases de Sol frais, bien drainé remembrements Marais boisé qui a résisté à la pression agricole
Boisement humide isolé Perte de la continuité avec le marais, encerclé de part et d’autre de terres de cultures
EXPLICATION DU PAYSAGE d’aujourd’hui -
Superficie de plusieurs hectares pour répondre aux besoins des machines agricoles
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2 km 1 : 61 028
Hypothèse élevage extensif Prairies d’élévage
Peupleraie
Diminution du marais Remembrement Réorganisation des parcelles Conquête de terre cultivable
Etude de cas 3
Indice dans le paysage
1949
1979
Autrefois, le pâturage extensif était largement fréquent sur le marais durant au moins 5 mois dans l’année par des bovins. Des prairies pâturées étaient situées en pourtour du marais. Elles faisaient la transition entre le marais et les franges dédiées à l’agriculture de céréales. Face au développement de l’agriculture moderne et des nouveaux moyens techniques, la pratique de l’élevage s’est peu à peu estompée dans le paysage.
2016 Canaux de drainage Assèchement pour assainir et Peupleraie Prairies humides transformer en terres cultivables reconversion d’anciennes prairies Maïsiculture introduite dans le marais côtoyant les prairies humides
Ces anciennes parcelles, lors des différentes phases de remembrement ont rapidement été changées en terres cultivables au profit du blé, de l’orge ou du maïs. Des peupleraies ont également investi ces parcelles, encouragées par la Politique Agricole Commune (PAC) en 1992 et par les aides du Fond Forestier National (FFN). Aujourd’hui, l’élevage a presque disparu. Certains indices dans le paysage nous révèlent les activités passées du territoire comme cet enclos à bestiaux, dissimulé par la végétation.
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EXPLICATION DU PAYSAGE d’aujourd’hui Petit Morin
Boisements humides Abandon du marais
2 km 1 : 61 028
D. Développement industriel et agroalimentaire dans la plaine
L’essor de l’agriculture porté par la PAC (Politique Agricole Commune) a mis l’accent sur l’amélioration de la productivité et sur l’intensification de la production dessinant un paysage d’openfield sur les franges. Ce paysage ouvert agricole voit l’apparition de nouveaux bâtiments dédiés à l’agro-alimentaire et à l’industrie dans la plaine. En parallèle des bâtiments agro-alimentaires, le territoire voit apparaître des coopératives viticoles au sein des villages adossés aux coteaux AOC champagne. Des hangars agricoles viennent également se développer dans les villages et résultent le plus souvent d’extension des corps de ferme existants. Bras du marais
1949
Petit parcellaire
Disparition du marais Conquête de terres cultivables
Construction de bâtiments agro-alimentaires
1979
Le paysage marécageux du marais s’est dissipé pour Déshydratation de luzerne former un paysage ouvert composé d’une marqueterie de champs au couleurs variés en fonctions du type de cultures Silo sélectionnées. Au fur et à mesure des remembrements, des terres cultivables sont gagnées. A partir des années 80, le développement de structures bâtis nouvelles liées à l’industrie agroalimentaire, à savoir des coopératives agricoles, viticoles et de déshydratation, ainsi qu’une distillerie vont apparaître 2016 dans le paysage. Paysage des cathédrales modernes
2016
Distillerie
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SYNTHESE DU PAYSAGE 1950-2000
Le paysage du marais de Saint-Gond a été profondément bouleversé. L'agriculture se modernise, les moyens de cultiver évoluent, les méthodes de travail changent face à la mécanisation. La naissance de l'agriculture moderne entraine le regroupement et l'agrandissement des parcelles. Les prairies sont converties en terre de labours. L'exploitation de la tourbe continue avec des méthodes industrielles, laissant des fosses d'une superficie importante dans le paysage. Pendant cette période, c’est 1,5 à 2 ha de marais par ha qui ont disparu suite à l’exploitation industrielle de la tourbe. Au début, des années 2000, l’extraction a cessé, les autorisations d’exploitation deviennent de plus en plus difficile à obtenir suite à une volonté de préserver cette zone humide. Le territoire se caractérise par l'apparition de vastes étendues agricoles et le développement de bâtiments liés à l'industrie agroalimentaire (coopérative agricole, déshydratation, distillerie,..), ainsi que des coopératives viticoles. Le marais a perdu entre 1950 et 1990, une très forte partie de sa superficie. La cause principale est la conquête de nouvelles terres au profit d’une agriculture intensive. Embroussaillement Enfrichement Fosse industrielle d’extraction de la tourbe
Diminution du marais Nouvelles terres cultivables
Évolution de la surface du marais de Saint-Gond pour la période 1949-1996 [Source : GIRARD,1997 ] Remembrement des parcelles Disparition des haies et arbres isolés
Boisements Peupleraie
bANNES
Villevenard LE MESNILBROUSSy
Oyes
REUVES
BROUSSY-LEPETIT
Évolution des différents milieux sur le marais de Saint-Gond entre 1949 et 1996 [Source : GIRARD,1997 ]
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DE 2000 -2016 :
V. UNE PRISE DE CONSCIENCE : VERS LE PAYSAGE ACTUEL 1981
Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie commande l’inventaire des tourbières françaises. Marais de Saint-Gond classé 81e sur 900 tourbières d’intérêt primordial.
1987
URCANE (Union Régionale Champagne-Ardennes pour la Nature et l’Environnement) considère les marais comme l’un des sites les plus prestigieux de la région.
1992
Première définition des zones humides en droit français, loi du 3 janvier 1992, dite «loi sur l’eau»
1994
Réserve naturelle volontaire (RNV) à Reuves, 64 hectares Le Conservatoire des Espaces Naturels de Champagne-Ardennes s’est vu confié la gestion de 14ha à Reuves et de 40ha à Oyes.
1999
Site pilote pour le réseau Natura 2000.
2005
Loi relative au développement des territoires ruraux : reconnaissance de la préservation et de la gestion durable des zones humides comme intérêt général.
2008
RNV devient une Réserve Naturelle Régionale (RNR) de Reuves.
Dans les années 80, La régression du marais va être ralentie par des outils participant à la protection du marais. Le marais de Saint-Gond va attirer l’attention sur sa valeur écologique. Il présente un intérêt exceptionnel au niveau national et représente la plus vaste tourbière alcaline de la région Champagne-Ardenne. Un projet de réserve naturelle nationale est soulevé mais rapidement abandonné face aux oppositions locales des propriétaires privés Toutefois, à l’initiative locale, des habitants et élus se mobilisent pour la préservation du marais. En 1994, une réserve naturelle volontaire est créée à Reuves, d’une superficie de 64 hectares. Le Conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne obtient de la gestion d’une partie de la réserve et se voit confiée également 40 ha sur la commune de Oyes la même année. Ces initiatives appuie la forte valeur écologique et paysagère du marais de Saint-Gond.
Parcelles de Oyes
Mise en place d’outils participant à la protection du marais.
Quelques années plus tard, l’Etat met en place le réseau Natura 2000 qui rassemble à l’échelle de l’Union Européenne des sites ayant une valeur exceptionnelle pour le patrimoine écologique. Le marais de Saint-Gond fait partie des sites pilotes à l’échelle nationale de ce réseau. L’animation autour du site Natura 2000 a du mal à s’affirmer. Ce dernier repose sur un document d’objectifs (DOCOB). Élaboré en concertation avec les acteurs locaux, à partir des particularités et des richesses naturelles du territoire, il décrit le territoire, les pratiques ainsi que les habitats écologiques présents. De plus, ce document fixe les enjeux et les objectifs de préservation en définissant des actions de gestion. Initié dès 1995, le document d’objectif n’a été validé qu’en 2007. Petit Morin
Etangs
Broussy-le-Petit Prairie de pâture
RNR de Reuves
Vue vol d’oiseau, Réserve Naturelle Régionale de Reuves, juin 2013 [Source : Pascal Bourguignon, photographe] 2 km 1 : 61 028
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SYNTHÈSE DU PAYSAGE de 1800 à 2016 État paysager avant 1850 Le paysage du marais de Saint-Gond est un paysage ouvert composé de prairies humides et de roselières. Les droits de chasse et de pêche sont réservés au roi. Le territoire est majoritairement structuré de petites parcelles. L'élevage (bovins, chevaux et moutons) s'effectue à la périphérie du marais. Les terres exondées sont réservées à la culture de l'avoine, du seigle, du froment et de l'orge. Le marais de Saint-Gond est façonné par les activités du quotidien (cueillettes, tourbe, roseaux,…). Les habitants ont établi un lien étroit avec le marais. Le marais a sa superficie qui commence à diminuer. En effet, la volonté d’acquérir de nouvelles terres pour leur mise en culture est concrétisée par le programme des Ponts et Chaussées débuté en 1840. L’élevage continue de prospérer. Des vignes sont présentes sur les coteaux à Villevenard et à Vertla-Gravelle. Chevaux, mulets et ânes sont élevés pour le travail dans la vigne.
État paysager avant 1950 Le marais est devenu un lieu important d'extraction de la tourbe. L'assèchement entrepris par la compagnie Renard en collaboration avec les Ponts et Chaussées a rendu plus facile l'extraction. Le territoire se compose majoritairement de terre de labours. Les prés sont nettement présents dans le paysage. Le marais continue de perdre de la superficie.
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État paysager avant 2000 Le paysage des marais de Saint-Gond a été profondément bouleversé. L'agriculture se modernise, les moyens de cultiver évoluent, les méthodes de travail changent face à la mécanisation. Au lendemain de la guerre, l'agriculture va devenir un des moteurs du redémarrage économique porté par le plan Marshall (USA) et des aides de l’État français. La naissance de l'agriculture moderne entraine le regroupement et l'agrandissement des parcelles. Les prairies sont converties en terres de labours. L'exploitation de la tourbe continue avec des méthodes industrielles, laissant des fosses d'une superficie importante dans le paysage. Le territoire se caractérise par l'apparition de vastes étendues agricoles et le développement de bâtiments liés à l'industrie agroalimentaire (coopérative agricole, déshydratation, distillerie,..), ainsi que des coopératives viticoles. Le marais a perdu entre 1950 et 1990, une très forte partie de sa superficie. La cause principale est la conquête de nouvelles terres au profit d’une agriculture intensive. Pendant cette période, c’est 1,5 à 2 ha de marais par ha qui ont disparu suite à l’exploitation industrielle de la tourbe. Au début, des années 2000, l’extraction a disparu, les autorisations d’exploitation deviennent de plus en plus difficile à obtenir suite à une volonté de préserver cette zone humide. MORAINS
COIZARD JOCHES COURJEONNET VILLEVENARD BROUSSY-LEGRAND
BROUSSY-LE-PETIT Oyes
REUVES
État paysager D’aujourd’hui - 2016
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3 54
Démarche prospective par le paysage La prospective paysagère est une méthode qui consiste à envisager divers scénarios du paysage futur en fonction de l’analyse des évolutions passées et de conjecture sur ce qui pourrait advenir. Elle permet de mettre en évidence les choix politiques, économiques et sociaux.
PARTIE 3 : Le devenir du marais de Saint-Gond : une disparition annoncée PARTIE 3 : Le devenir du marais de Saint-Gond : une disparition annoncée ? Constat sur le territoire du marais de saint-gond I. LA GESTION ET LA Préservation DE la Qualité De l’eau :UN ENJEU Partagé II. LA VALEUR ÉCOLOGIQUE ET PAYSAGÈRE, UNE LENTEUR DANS LES ACTIONS III. DIFFÉRENTS SCÉNARIOS D’ÉVOLUTION : QUELS AVENIRS ?
L'avenir est domaine de liberté, de pouvoir, de volonté. (H. de Jouvenel, 2002)
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Un paysage d’openfied Grandes cultures céréalières aux parcelles géométriques Enfrichement Fermeture du paysage
Anciennes fosses d’extraction de la tourbe transformées en étangs, apprécier pour l’activité de la pêche
Un paysage viticole coteaux viticoles AOC Champagne Lieu d’implantation des villages
Peupleraie
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Constat sur le territoire du marais de saint-gond L’analyse des formes paysagères et des processus passés permettent de comprendre la fragmentation du territoire. L’image du marais dans son rapport à la société a muté. Le marais était auparavant une ressource économique dans laquelle les populations locales tiraient partie des ressources. Aujourd’hui, le marais a changé de vocation et est devenu une source de loisirs avec la chasse ou la pêche. L’ agriculture s’est éveillée petit à petit sur le territoire et a pris une place prédominante dans le paysage. Elle demeure aujourd’hui, au côté de la viticulture, l’activité économique prépondérante dans le paysage. Elle fabrique ainsi une structure bâtie viticole et agricole (coopératives vinicoles, déshydratation, distillerie, hangars,...) en lien avec ses activités réparties sur les franges du marais. Ces activités semblent créer un paysage relativement stable. Quant au marais, une prise de conscience de sa valeur écologique et paysagère a émergé un peu avant les année 2000. Cet élan de patrimonialisation a été engagé d’une part par les politiques publiques de l’État mettant en place des outils de préservation des zones humides, ainsi que des acteurs locaux du territoire. Toutefois, la multiplicité des acteurs et les enjeux qui y sont associés compliquent la mise en place d’outils de protection à une échelle globale du marais. En effet, à une échelle très réduite, la réserve naturelle volontaire de 1994 (devenue réserve naturelle régionale en 2008) s’est mise en place relativement rapidement sous l’impulsion d’acteurs engagés dans la protection de ce marais. Au contraire, le projet de site pilote Natura 2000, porté par l’État a eu du mal à se concrétiser comme le montrent les démarches du document d’objectifs. Ce dernier débuté en 1995, n’a été validé qu’en 2007, c’est à dire plus de 10 ans avant d’être finalisé.
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A. Évolution DES ENJEUX ET DES DYNAMIQUES DANS LE TEMPS
Avant 1850 Un MARAIS AU CŒUR D’UN PAYSAGE AGRICOLE Traditionnel
Avant 1950 un PAySAGE inDuStRiAliSé
A LA CONQUÊTE DU MARAIS : travaux d’assèchements et d’assainissement EXPLOITATION DE LA TOURBE ET Développement de nouvelles terres agricoles Causes - Importance d’un point de vue de la santé publique - Economique :Valorisation des terres pour leur mise en culture - Inondation : Préserver les cultures en périphérie, du risque d’inondation et des villages
> Les activités agricoles sont étroitement liées au marais. (élevage, cueillette, tourbe, culture) > Organisation spatiale du territoire structurée selon le marais > Le marais est la ressource économique du territoire
Conséquences dans le paysage - Programme d’assèchement et transformation du réseau hydraulique -Création de réseau de drainage - Calibrage du Petit Morin - Exploitation plus facile de la tourbe - Augmentation de la surface de terres cultivables -Prospérité de l’élevage
Viticulture sur les coteaux de la côte tertiaire
> Rupture des franges et du marais > Organisation spatiale du territoire structurée selon l’agriculture moderne > L’agriculture devient la ressource économique du territoire.
Verger à l’arrière des habitations Cultures en lanière
Prairies de pâture Terres humides du marais
Séquence schématique - relation du marais avec les franges
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TRANSFORMATION DES PRATIQUES AGRICOLES ET COMPOSITION D’UN NOUVEAU PAYSAGE FRAGMENTÉ Causes - Contexte de l’après-guerre : autosuffisance alimentaire de la Champagne Crayeuse et Pouilleuse - Modernisation de l’agriculture - Mécanisation - Politique agricole commune (1970) - Fond Forestier National (1992)
Conséquences dans le paysage - Transformation du réseau hydraulique -Remembrement : regroupement et agrandissement de parcelles de cultures - Augmentation de la surfaces de terres cultivables - Exploitation industrielle de la tourbe - Diminution, puis disparition de l’élevage - Plantation de peupleraie - Développement de la maïsiculture - Diversification des cultures betteraves à sucre, oléagineux, pomme de terre et céréaliculture - Assèchement du marais - Baisse du niveau de l’eau - Enfrichement : envahissement par les ligneux - Fermeture du paysage
Viticulture sur les coteaux de la côte tertiaire Modernisation des fermes
Peupleraie ancienne parcelles de prairies Vastes cultures géométriques
Année 2000 UNE Prise de conscience : vers le paysage actuel
> Mise en place d’outil participant à la préservation du marais > RNV / RNR de Reuves (1994, puis 2008) > Site pilote NATURA 2000 > Gestion du Petit Morin > Veille à la qualité de l’eau du Petit Morin
Embroussaillement du marais Fermeture du marais
Séquence schématique - relation du marais avec les franges
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B. CONSéquenceS dans le paysage d’Aujourd’hui - Les Dynamiques 1
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Patrimonialisation du marais à échelle réduite Sensibilisation à la valeur paysagère et écologique du marais Sentier pédagogique, classe de découverte, chantier vert
1 Interdiction de l’exploitation de la tourbe
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2 Modernisation des anciens corps de fermes
5 Élevage très restreint
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hangars agricoles, coopératives vinicoles dans les villages Abattage de peupleraie Plantation de nouvelles en périphérie du marais
Concentré sur les parcelles gérées par le Conservatoire des espaces naturelles de Champagne-Ardennes (Oyest et Reuves) Canaux de drainage
6 Entretien par l’Association Syndicale Autorisée (ASA) Interdiction de recréer de nouveaux fossés
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Vastes parcellaire géométriques de plusieurs hectares Réorganisation suite à plusieurs phases de remembrements Diversification des cultures : céréaliculture associée aux cultures de betteraves à sucre, d’oléagineux et de pomme de terre . Structure agricole Cathédrale moderne dans le paysage distillerie, désydratation de luzerne
Maïsiculture au cœur du marais au contact des prairies humides
8 Dynamique d’enfrichement sur l’ensemble du marais Envahissement de jeunes ligneux. Fermeture du paysage Le marais tend vers un stade de forêt
9 Dynamique d’assèchement du marais
Réchauffement climatique Diminution du niveau d’eau Envahissement des ligneux : bouleaux, saules Perte de la biodiversité, strates herbacées
10 Puits de pétrole
Questionnements - vers qUELS PAYSAGES ? Fragmentation du paysage: Le marais est le résultat d’enjeux multiples et de dynamiques qui ont conduit à la création de ce paysage fragmenté, une juxtaposition de différentes situations paysagères, semblables à un collage de divers marais. Dans les années futures, Cette fragmentation EST-ELLE VOUée à Se renforcer ? EXISTE-T-IL des Alternatives ? Fermeture des espaces, embroussaillement : La prolifération des saules et des bouleaux est engendrée par un abandon du marais, dû à des politiques publiques qui ont favorisées l’abandon de l’élevage. L’abaissement du niveau d’eau, engendrant l’assèchement du marais conduit à accélérer la dynamique végétale. Par ailleurs, le réchauffement climatique aggrave l’assèchement. La période d’inondabilité durant moins longtemps, altère l’écosystème des milieux. L’avenir du marais est-il de devenir une forêt? Quelles sont les solutions pour préserver et améliorer la qualité paysagère du marais ? Assèchement du marais : La gestion et la qualité de l’eau sont des enjeux importants pour lutter contre l’assèchement du marais. Ils sont très étroitement liés à la dynamique d’enfrichement du marais et à la perte de la biodiversité, à cela s’ajoute le réchauffement climatique. COMMENT Revisiter l’assèchement du Marais? Par une meilleure Gestion ? Comment ALLIER LES DIFFÉRENTS ACTEURS (AGRICULTEURS, CHASSEURS, PROTECTEURS DU MARAIS) SUR UN PROJET COMMUN ? DYNAMIQUE DE PROTECTION DU MARAIS - PATRIMONIALISATION Depuis les années 90, une préservation du marais a été mis en place, surtout à une échelle réduite (restauration, sensibilisation, sentier pédagogique). CETTE DYNAMIQUE PEUT-ELLE S’ÉTENDRE A L’ÉCHELLE DE L’ENSEMBLE DU MARAIS ? L’AGRICULTURE ET LA VITICULTURE Ces deux activités semblent bien établies et prospères dans le paysage. Elles sont la ressource économique du territoire. SE DIRIGE T-ON VERS UN PAYSAGE DES FRANGES Figé ? L’AGRICULTURE ET LA VITICULTURE VONT-ELLES évoluer DANS LE TEMPS ? LES MOYENS TECHNIQUES ? Les PUITS DE pétroles VONT-ILS SE MULTIPLIER Quelles sont LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES ACTEURS SUSCEPTIBLES DE FAIRE évoluer le paysage ? QUELS SONT LES ENJEUX DU TERRITOIRE Partagés PAR TOUS ? Quels sont les différents scénarios envisageables sur le territoire ?
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I. LA GESTION ET LA Préservation DE la Qualité De l’EAU : UN ENJEU Partagé A. La Gestion du cours d’eau dans le paysage du marais Il s’agit du Syndicat du marais de Saint-Gond créé en 1865 qui s’occupe actuellement de la gestion hydraulique des marais. Il gère et entretien les ouvrages. Par ailleurs, en saison froide, il s’occupe de lever les vannages, notamment quand il pleut dans le but de faciliter le drainage et l’écoulement des eaux. Au contraire en saison chaude, les vannages sont fermés.
Etat du Petit Morin avant entretien
Entretien du Petit Morin, faucardage et débroussaillage
Désenvasement ou un faucardage du lit du Petit Morin pour faciliter l’écoulement des eaux
ENTRETIEN TOUS LES 5 ANS Rive Nord Débroussaillage de la végétation
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Rive Sud Végétation de haut jet préservée
Il coordonne l’entretien de la rivière selon un programme pluriannuel d’entretien depuis 1992. Le marais est découpé en cinq parties. Chaque année, une gestion est effectuée et répétée tous les cinq ans. Elle consiste à effectuer une sélective de la végétation en fonction de leur situation sur la berge. La végétation arbustive de haut jet est préservée au Sud, avec une réduction des saules marsault en pied de berge. Sur la rive nord, un débroussaillage de la végétation est effectuée. Le lit du Petit Morin ne dispose que d’une très faible pente sur les marais de Saint-Gond, un désencombrement du lit a lieu chaque année avec un désenvasement ou un faucardage ponctuel pour garantir l’écoulement naturel du cours d’eau. Mais tout élargissement du cours d’eau ou approfondissement est exclu. Un programme de bande enherbée sur l’un des cotés est assurée.
DES OUVRAGES HYDRAULIQUES DANS LE PAYSAGE : POUR LA GESTION de L’EAU Le système de vannage a une importance dans le paysage du marais de Saint-Gond. A la fois par leur présence, ces ouvrages ponctuent de façon séquencée le cours du Petit Morin. Par ailleurs, ils sont un facteur primordiale dans la gestion écologique du territoire. Le système de vannage permet de contrôler la vidange et le niveau des eaux dans le marais. Il est ouvert en hiver en période de hautes eaux pour permettre l’évacuation rapide des eaux et épargner les cultures périphériques des risques d’inondation. Puis, à contrario, les ouvrages hydrauliques sont maintenus fermés en été afin d’augmenter la réserve facilement utilisable par les cultures. Cette gestion révèle la prédominance de la plaine agricole, de la pression agricole sur la richesse écologique du territoire. De plus, le niveau d’eau en hiver est largement inférieur à ce qu’il était auparavant. A cela s’ajoute, le phénomène du réchauffement climatique, si la période estivale est d’autant plus longue, le niveau d’eau du marais baisse ne permettant pas le renouvellement des nappes phréatiques du marais, facteur important de l’écologie floristique du marais. Cette baisse générale d’eau se traduit dans le paysage par l’apparition d’une flore banale dont la richesse écologique est nulle. Il convient de trouver une meilleure gestion des eaux raisonnée qui allie l’allongement d’immersion des milieux du marais tout en veillant aux risques des phénomènes des crues redoutés par les habitants.
Ouvrage Fossés hydraulique
En hiver, les ouvrages hydrauliques sont ouverts pour évacuer le plus rapidement possible l’excès d’eau. Ouvrage Fossés hydraulique
B. Alimentation en eau potable des villages périphériques La valeur hydraulique du marais est reconnue par l’ensemble des acteurs. Le marais de Saint-Gond est une source en eau potable d’intérêt général et d’épuration des eaux. Le marais est doté de captages qui prélèvent l’eau dans la nappe souterraine à des fins domestiques, d’alimentation en eaux des communes environnantes. Par ailleurs, l’utilisation de cette eau issue de la nappe de craie sert également pour des besoins industriels et d’irrigation de l’agriculture. Les points de captage sont situés sur les communes de Villevenard, Coizard-Joches, Val-des-Marais, Broussy-le-Grand.
En été, les ouvrages hydrauliques sont fermés pour conserver l’eau dans le marais et l’irrigation des cultures.
La qualité de l’eau au sein du marais et du Petit Morin est un enjeu partagé par tous les acteurs, qu’ils soient agriculteurs, chasseurs, pêcheurs, environnementalistes, etc. Sa qualité s’est nettement améliorée ces dernières années. Situé dans une dépression de la plaine, le marais est alimenté par les eaux de ruissellement et de surfaces susceptibles d’être chargées en produits chimiques issus des coteaux viticoles ou de la plaine agricole intensive. La maîtrise des pollutions agricoles est devenue un enjeu fort du territoire. Des mesures notamment la réduction de l’utilisation d’intrants et phytosanitaires ont été prises afin de préserver la bonne qualité de l’eau du marais à la fois pour le maintien de l’écologie du marais, mais également pour sa ressource en eau potable. Le captage de l’eau dans la nappe de craie du marais a suscité quelques débat. En effet, les acteurs en faveur de l’écologie affirment que ces prélèvements d’eau participent à la dégradation du marais et à son assèchement. A noter que le volume d’eau prélevé a diminué depuis les dernières années.
Ouvrage hydraulique sur le Petit Morin
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C. L’eau, source de loisirs L’eau est une composante du paysage du marais de Saint-Gond essentiel. Elle amène des activités sur le territoire. Les loisirs liés à l’eau les plus représentés sont la pêche et la chasse du gibier d’eau. La pêche est une ressource économique grâce à la vente d’actions pour la pêche à la truite, à la perche ou au brochet. Aujourd’hui, elle donne lieu à une mise en valeur des plans d’eau crées après la guerre, par l’exploitation mécanique de la tourbe extrayant des volumes considérables. Ces fosses se sont au fur et à mesure remplis d’eau et servent aujourd’hui pour ce loisir. Par ailleurs, de nombreux plan d’eau artificiels ont été créés ces dernières années pour cette pratique Ainsi, ces étangs de pêche ou de chasse se sont multipliés parfois de manière anarchique et incontrôlée dans les années 90. La pêche est une activité particulièrement appréciée sur le marais. Les pêcheurs ne sont pas opposés à la conservation écologique du marais. Le maintien de cette activité et le développement de l’intérêt des pêcheurs et chasseurs de gibiers d’eau «naturel» permettent d’augmenter le rôle de gestion de l’eau et d’assurer la préservation de sa qualité. En revanche, toute limitation de cette activité conduirait à une opposition forte de la part de la population locale et un désintérêt du marais, ce qui nuirait à sa conservation et à sa gestion. Aujourd’hui, la charte natura 2000 interdit la création de nouveaux étangs
Des aménagements ont été créés pour la valorisation de la l’activité de la pêche sur le territoire. Ces étangs de vastes superficies sont généralement loués et participent à l’économie locale du territoire.
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II. LA VALEUR ÉCOLOGIQUE ET PAYSAGÈRE, UNE LENTEUR DANS LES ACTIONS A. Programme de valorisation limité 1. Mise en place de programmes de restauration Le paysage du marais de Saint-Gond a tendance à s’embroussailler à l’échelle générale du territoire. Le paysage se referme petit à petit sur lui-même par l’envahissement des ligneux qui colonisent rapidement les divers milieux du marais. C’est pourquoi, des travaux de débroussaillage ont été menés localement sous la direction du Conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardennes (CENCA) sur la Réserve régionale de Reuves. Ces interventions de restauration se traduisent dans le paysage par l’élimination des rejets d’aubépines et de prunelliers afin d’ouvrir les milieux. Certains fourrés d’aubépines ont été conservés car ils sont très appréciés par les insectes ou les oiseaux (piegrièche). Afin de préserver l’écologie des milieux, les graminées à accroissement rapide sont fauchés. Des travaux expérimentaux ont été également mené sur les parcelles gérées par le CENCA pour lutter contre la pousse rapide des ligneux, à savoirs les bouleaux, et les saules. Des actions d’arrachage de souches et de racines ont été effectués à la pelle mécanique en période estivale lorsque le sol était le plus approprié pour l’utilisation d’engins sans nuire aux milieux écologiques. Puis début du mois de septembre, pour éviter le rejet des ligneux issu des souches des arbres précédemment abattus, une machine a été utilisée pour araser et dévitaliser les souches. Malheureusement, ces travaux expérimentaux menés sur plusieurs années n’ont pas abouti aux résultats escomptés. De plus, l’élevage extensif réintroduit par le CENCA avec 3 éleveurs sur Reuves (14 vaches) et sur Oyes (10 vaches) permet de garder un paysage ouvert.
Avant restauration : [Source : Conservatoire des Espaces naturels de Champagne-Ardenne, Lettre d’information de la Réserve Naturelle de Reuves n°5, novembre 2013] Le paysage du marais est un paysage fermé où le regard est arrêté très rapidement par des silhouettes de jeunes arbres qui contrastent avec la strate de végétation herbacée, une nappe de graminées aux teintes beiges. Ces jeunes arbres sont des fourrés de bouleaux, de saules et d’aubépines qui s’entremêlent dans le paysage. Après restauration : [Source : Conservatoire des Espaces naturels de Champagne-Ardenne, Lettre d’information de la Réserve Naturelle de Reuves n°5, novembre 2013] Le regard circule librement dans ce nouveau paysage ouvert. Il vient se poser sur les silhouettes d’aubépines qui ont été préservées pour leurs baies appréciées par la faune. Les herbes hautes des graminées ont été fauchées pour laisser place à une prairie dont la richesse écologique est de meilleure valeur.
Araseuse de souches télécommandée : 60 souches sur 0,7 hectare ont été déchiquetées et pulvérisées par cet engin. [Source : Conservatoire des Espaces naturels de Champagne-Ardenne, Lettre d’information de la Réserve Naturelle de Reuves n°5, novembre 2013].
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2. Communiquer pour sensibiliser le public Une sensibilisation est nécessaire pour communiquer l’intérêt écologique et paysager du territoire du marais de Saint-Gond. Actuellement, il existe peu de communication de la qualité paysagère du marais de Saint-Gond. Le conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne a depuis peu inauguré un sentier pédagogique pour mettre en valeur le marais de Saint-Gond et le faire découvrir au plus grand nombre. Ce sentier de découverte ludique est aménagé par le Conservatoire sur la commune de Reuves. Il se matérialise dans le paysage par la pose de panneaux pédagogiques placés sur les chemins d’accès afin de sensibiliser le public à l’écologie du marais, de la découverte de la faune et de la flore et des pratiques au sein du marais. Il est accessible de début avril a fin aout. Le CENCA organise également quelques visites réparties sur l’année animées par des experts de divers domaines (écologie, archéologie, géographes) à destination du grand public pour faire découvrir le marais. « La sensibilisation, ca fait aussi partie de la préservation des habitats » Jessica Wendling, chargée de projets au Conservatoire des Espaces Naturels de Champagne-Ardenne.
B. Un sentier pédagogique SUR L’ensemble du marais retardé ou annulé ? La principale difficulté pour mettre en place des actions menée à l‘échelle du marais est qu’il est en grande partie morcelé en propriétés privés. Un projet de sentier pédagogique a été initié par les propriétaires du marais. Toutefois, il n’a pas réussi à aboutir à cause de démarches administratives difficiles. En parallèle, la réforme territoriale n’offre pas un cadre idéal pour effectuer de nouvelles actions. En effet, les fonds économiques ne sont pas encore définies et sont en attentes à l’heure actuelle. N’ayant aucun financement, le projet reste suspendu.
C. L’AVENIR DE NATURA 2000 Le document d’objectif (DOCOB) de Natura 2000 est arrivé à son terme en 2015. Un bilan des objectifs est en cours et le renouvellement du document est en cours d’écriture. A noter, que le précédent a mis 10 ans avant d’être validé. Par ailleurs, l’avenir de Natura 2000 semble compromis par la démission de l’animateur chargé de la concertation et de la gestion technique, administrative et financière de l’animation du DOCOB, sans personne pour assurer sa succession.
Aménagement du sentier pédagogique sur l’hisoitre du marais, les activités humaines ou encore l’écologie des milieux.
Sortie Nature avec un intervenant professionnel du marais [Source CENCA]
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III. DIFFÉRENTS SCÉNARIOS D’ÉVOLUTION : QUELS AVENIRS ? SYNTHÈSE DES ACTEURS DU TERRITOIRE ET POLITIQUES du TERRITOIRE De tout temps, les paysages connaissent des mutations plus ou moins profondes. Liés aux facteurs naturels et/ou humains, ces changements interviennent sur l’espace physique et sur les représentations sociales des populations à des échelles spatio-temporelles variables. Les mutations du paysage du marais de Saint-Gond se sont opérées lentement au fil du temps. Les changements les plus notoires ont eu lieu après la seconde guerre mondiale. Ils ont donné lieu à une disparition d’une grande partie du marais au profit d’une agriculture modernes. A partir, des données de l’analyse rétrospectives et de la lecture du paysage, il s’agit ici de mener une réflexion plus large quant à l’avenir du territoire. Quels sont les futurs possibles et envisageables de ce territoire ?
Usagers, propriétaires, associations, habitants - Agriculteurs -Chasseurs -Pêcheurs -Habitants - Association Marne Nature Environnement - ASA des marais de St Gond Etat et établissements publics DREALde Champagne-Ardenne SAFER de Champagne-Ardenne DDT de la Marne Collectivités territoriales et établissements publics locaux Conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardennes SAGE des 2Morins Syndicat d’Alimentation en Eau Potable de la Région Nord Est Seine et Marne Élus communaux
Les documents d’urbanisme tels que les SCoT et PLU n’existent pas encore sur le territoire. Un projet de création de SCoT du Pays de Châlons-en-Champagne est en cours. Les communes ne disposent que de plans communaux et n’ont pas actualisé leur document d’urbanisme et elles ne sont pas passées au PLU. POLITIQUES PUBLIQUES
Acteurs du territoire
La projection de scénarios s’appuie sur le constat des dynamiques actuelles en prenant en compte les différents types d’acteurs et les politiques publiques qui façonnent le paysage. Trois scénarios peuvent être envisagés : > Scénario 1 : Vers un abandon du marais : épaississement du boisement > Scénario 2 : Vers une protection et une mise en valeur du marais > Scénario 3 : Tendanciel - vers une fermeture du marais
Le contrat territorial de la Brie des étangs Développement d’une politique locale de protection et de reconquête des milieux aquatiques et des eaux souterraines. Projet de Parc Naturel Régional Ce projet ne figurant pas dans les priorités de la région Champagne-Ardenne. il semblerait d’aprés le premier périmètre décidé que les limites du PNR se cantonneraient au département de la Seineet-Marne (77). POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE NATURA 2000 DOCOB en cours d’écriture ...
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Scénario 1 : Vers un abandon du marais : épaississement du boisement Ce modèle paysager hypothétique prend comme fondement la disparition programmée du marais. La dynamique d’enfrichement présente aujourd’hui dans le paysage va s’intensifier et s’épaissir pour arriver à la formation d’un boisement dense de type forêt alluviale. La végétation présente va se banaliser et la biodiversité actuelle de tourbière alcaline va avoir tendance à disparaître. Cette hypothèse d’évolution envisage également la réévaluation du périmètre de Natura 2000 afin de mieux l’ajuster aux zones à valeur écologique de qualité. Par ailleurs, impulsée par les aides de la PAC, l’agriculture va prospérer. La plaine peut évoluer au profit des ressources énergétiques. Sur l’élan des puits de pétrole à Vert-la-Gravelle (commune de Vert-Toulon,), des puits de pétroles peuvent voir le jour dans la plaine. De plus, il n’est pas inimaginable, qu’un parc éolien vienne s’implanter au sud du territoire, sachant qu’à 7 km environ un a été récemment créé en 2011. 6 7 8 2 5 1 3 4
1 Développement d’activités tournées vers l’eau comme la pêche.
2 Le vignoble inchangé Développement de la populiculture sur
3 la périphérie du marais
4 Préservation d’une partie restreinte du marais Sanctuarisation - sentier pédagogique
5 Envahissement des ligneux
Fermeture du paysage Mise en place d’une forêt Disparition de la biodiversité actuelle Abandon de la chasse du gibier d’eau Chasse de gros gibiers (sangliers)
6 Réévaluation possible du périmètre
Diminution des limites de NATURA 2000 aux zones écologiques de qualité uniquement
des prairies humides remplacées des 7 Disparition cultures de maïs Gestion de la qualité des eaux et du niveau de l’eau du
8 cours d’eau pour éviter l’inondation des champs de cultures et des villages
9 Une agriculture dans la continuité de l’existant plaine au profit de l’énergie 10 Une Développement de puits de pétrole dans la continuité de
Vert-la-Gravelle (commune de Vert-Toulon) Développement possible d’éolienne dans la plaine au Sud (Déjà présent dans l’horizon de la plaine, à quelques kilomètres du marais)
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10 - 30 ans
ÉPAISSISSEMENT DU BOISEMENT
DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES DANS LA PLAINE : PARC éOLIEN ET PUITS DE Pétrole
La dynamique actuelle tend vers une accentuation de l’envahissement des ligneux. Le boisement va s’accentuer pour venir totalement refermer le paysage. La végétation herbacée va peu à peu évoluer en flore de sous-bois humide avec une régression des plantes héliophiles, au profit d’un développement d’espèces sciaphiles. Cette transformation de la végétation va avoir pour conséquence d’amplifier l’assèchement du marais. jeune chênes
jeune bouleaux
jeune saules
grève tourbe Formation herbacée colonisée par les ligneux
Source : Avis de l’autorité administrative compétente en matière d’environnement, Travaux d’exploitation de la concession de Vert-la-Gravelle, 26 août 2013.
Développement par la société LUNDIN Internationale l’exploitation du gisement d’hydrocarbures liquides ou gazeux situé sur les communes de Bannes, Broussy-le-Grand, Coizard-Joches, Val-des-Marais et Vert-Toulon. Le projet est d’y forer dix puits supplémentaires , deux sont destinés à injecter de l’eau dans le gisement, les autres sont utilisés pour l’extraction du pétrole. Par ailleurs, l’acheminement actuel des liquides s’effectue par camion citerne jusqu’au centre de traitement situé à Montmirail. Le projet consiste également à construire un réseau de canalisations d’une longueur totale de 12km pour l’acheminement des effluents.
Chênaie Boulaie Saulaie SECHERON - grève
tourbe
Marais largement envahi par les ligneux - milieux fermés
Clôtures
Reconstruction schématique des successions végétales [Source : CHAPUIS, 1996]
Puits de pétrole
Parcelles de culture
Dans la plaine, un parc éolien s’est implanté à 7 km du territoire, précisément à FèreChampenoise-Euvy-Corroy. Il a été créé en 2011.
Jeune peupleraie
Puits de Pétrole Jeune peupleraie Surélévation du terrain
PLAINE CRAYEUSE E SL VER
S
RAI
MA
Implantation d’un puits de pétrole dans la plaine
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Scénario 2 : Vers une PROTECTION ET UNE MISE EN VALEUR DU MARAIS
1 Développement d’activités tournées vers l’eau comme la pêche.
2 Le vignoble inchangé
Ce modèle paysager hypothétique se base sur une protection et une valorisation du patrimoine paysager et écologique du territoire. Propriétaires privés, agriculteurs, pêcheurs et élus se regroupent pour mettre en commun un projet de sentier pédagogique sur l’ensemble du marais. Ce sentier de découverte pourrait également mettre en valeur le patrimoine archéologique (hypogées, menhirs,...) d’une richesse exceptionnelle situé sur les franges du marais de Saint-Gond. Par ailleurs, afin de dynamiser le marais et de lutter contre la fermeture du paysage, l’élevage pourrait être réintroduit sur certaines parcelles du marais. Cela permettrait de ralentir et de contrôler l’envahissement des ligneux. Les parcelles louées par le conservatoire, elles peuvent être des lieux d’expérimentation pour trouver des solutions efficaces et peut coûteuses pour gérer la prolifération des saules cendrées notamment. «Une mise en valeur du marais, pas une sanctuarisation» Christian Chardain, agriculteur , ancien animateur chargé de l’animation du réseau 2000 sur le marais de Saint-Gond.
1
2
3
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3 Terrain d’expérimentation pour trouver des méthodes de gestion efficaces à l’échelle du marais : > Lutter contre la fermeture des paysages
4 Sentier pédagogique et de découverte à l’échelle du marais pour en faire découvrir l’histoire, le paysage et l’écologie des milieux
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5 Entretien du système bocager
Réintroduction de l’élevage extensif Réouverture des milieux
de la qualité des eaux et du niveau de l’eau du 6 Gestion cours d’eau optimal. Compromis entre agriculteurs et protecteurs des milieux pour éviter ‘inondations des cultures périphériques mais aussi garder un bon taux humidité favorable pour la biodiversité existante.
7 Une agriculture dans la continuité de l’existant 8 Développement de puits de pétrole dans la continuité de Vert-la-Gravelle (commune de Vert-Toulon)
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10 - 30 ans
Scénario 3 : TENDANCIEL - VERS UNE FERMETURE DU MARAIS La modification des pratiques agricoles amorcée après la seconde guerre mondiale s’est accompagnée de l’abandon d’un certain nombre d’usages traditionnels (pâturage extensif, fauche de litière). Ces activités permettaient d’entretenir le paysage ouvert. L’évolution tendancielle du marais de Saint-Gond sur lequel se base ce modèle paysager est la fermeture et le boisement du marais. A ce jour, aucune solution durable n’a été trouvée pour éviter l’envahissement par les ligneux sur les milieux. Ces derniers vont donc progressivement se boiser, se fermer et se banaliser entraînant la disparition de la faune et de la flore remarquable du site. Les actions sur la réserve naturelle régionale de Reuves, les parcelles de Oyes gérées par le conservatoire, laisse présager un entretien du paysage d’aujourd’hui, voire une mise en valeur. Par la mise en place récent d’un sentier pédagogique, le conservatoire tente de sensibiliser le grand public pour préserver le marais. Une partie réduite du marais serait donc conservée. Le marais et les franges n’auront guère de réconciliation. L’ économie du territoire privilégie l’agriculture intensive et la viticulture, avec un élan vers le développement de puits de pétrole à Toulon-la-Montagne. 1
2
3
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5 8
1 La pêche et la chasse sont très
appréciés sur le marais. Développement de ces activités
2 Le vignoble inchangé Développement de la populiculture sur
3 la périphérie du marais
4 Protection et valorisations timides
cantonnées à une échelle locale sur le marais (Réserve naturelle régionale)
5 Enfrichement et fermeture du marais
5
gestion du niveau d’eau 6 Meilleure Amélioration plus adaptée des ouvrages hydrauliques Compromis entre les agriculteurs et protecteurs des milieux pour éviter l’inondation des cultures périphériques mais aussi pour garder un bon taux humidité favorable pour la biodiversité existante.
7 Une agriculture dans la continuité de l’existant 8 Développement de puits de pétrole dans la continuité de Vert-la-Gravelle (commune de Vert-Toulon)
0-10 ans
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CONCLUSION Historiquement, le destin des zones humides en France est malheureusement bien souvent identique. A l’échelle nationale, leur superficie s’est vue réduite de moitié ces clinquante dernières années. Ce triste constat est aussi valable pour le marais de Saint-Gond. Des enjeux économiques et sanitaires, l’évolution des sociétés et les mutations agricoles ont fabriqué un paysage fragmenté. Pendant des siècles, le marais de Saint-Gond établit un lien étroit avec les populations locales. Il leur procure des moyens de subsistance. La volonté d’acquérir de nouvelles terres agricoles et la volonté d’assainir le marais pour des enjeux sanitaires amorcent des transformation dans le paysage, rompant l’équilibre des franges et du marais. Après la seconde guerre mondiale, les enjeux économiques, le contexte et les nouvelles pratiques agricoles accélèrent les modifications paysagères et impactent fortement le paysage. Les différentes situations paysagères mises en exergue dans la lecture de paysage illustrent les conséquences des divers enjeux à échelle de temps variable sur le territoire. Actuellement, l’avenir du marais est incertain. Le document d’objectifs de Natura 2000 est arrivé à échéance et est en cours d’écriture mais les délais peuvent être longs. Par ailleurs, aujourd’hui, l’absence de succession de l’animateur chargé de la concertation et de la gestion technique, administrative et financière de
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l’animation du DOCOB freine tout projet sur l’ensemble du marais, De plus, le changement de région gèle la mise en place de tout projet tant que la répartition de financement n’a pas été établie. Les documents de planification urbaine des différentes communes sont très anciens, au stade de cartes communales. Un SCoT est en cours d’élaboration sur le Pays de Châlons-enChampagne. Les premières orientations semblent privilégier la préservation de la biodiversité et de la zone humide. Toutefois, l’enjeu prioritaire du marais est la lutte contre la fermeture du paysage engendrée par l’envahissement des ligneux. Cette dynamique végétale est très rapide et aucune solution durable n’a été trouvée. Si des projets de préservation du marais de Saint-Gond aboutissent dans une logique de politique de préservation et de valorisation, n(interviendrontils pas trop tard ? Il est vrai que ces dernières années, impulsée par le Conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne, une dynamique de protection du marais et de sensibilisation a émergé des consciences. Mais, la mise en place d’un projet à l’échelle du marais engendre du temps et un besoin de financement. Pendant ce temps, la prolifération des ligneux ne cessera pas de s’épaissir et de fermer les milieux nuisant à la qualité écologique de la faune et la flore installées sur le marais.
La continuité de l’agriculture et de la viticulture est assurée et risque de renforcer la rupture des franges avec le marais. La tendance économique du territoire est de se développer autrement autour de puits de pétrole, installés dans la plaine. Le Petit Morin est le seul élément paysager qui fait le lien entre le marais et les franges. Sous l’impulsion des politiques publiques, ce dernier continuera à être entretenu et à être accompagné d’une attention particulière pour la qualité de l’eau qui assure l’alimentation en eau potable des communes et la pratique de la pêche. Pour conclure, l’avenir du marais est incertain mais des projets à l’échelle du marais dans un but de préservation peuvent émerger au cours des prochaines années. Si le marais était voué à disparaître, cela amènerait à une banalisation de ce paysage si singulier entre agriculture intensive et viticulture ainsi qu’une perte identitaire du territoire enrichi par l’inestimable valeur patrimoniale de cette plus vaste tourbière alcaline de la région Champagne-Ardenne.
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PERSONNES RESSOURCES Anne RIBEYRE, Conservatrice bénévole sur le marais de Saint Gond, membre de l’association Marne Nature Environnement Marion JANSANA, chargé de mission au conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne Jessica WENDLING, chargé de mission au conservatoire des espaces naturels de Champagne-Ardenne Rémi MARTINEAU, Archéologue sur le site de la «Crayère», Toulon-la-Montagne Marie-Claude Dupont, Maire de Reuves CHRISTIAN L’HEUREUX, président de l’ASA des marais de Saint-Gond CHRISTIAN CHARDAIN, agriculteur , ancien animateur chargé de l’animation du réseau 2000 sur le marais de Saint-Gond.
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