Voix Cheminotes

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Les Rails de l’histoire. Le journal de l’Association pour l’histoire des chemins de fer - Numéro hors série - avril 2015


Informations pratiques Illustration de couverture : Photographie de la reconstruction du pont rail de Pontoise (Val-d’Oise), 1944. SNCF Médiathèque 645-10.

Ce numéro est en ligne www.ahicf.com

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DATES

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VISITES GUIDÉES

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ACCOMPAGNEMENT PÉDAGOGIQUE

ISSN : 2116-0031 Éditeur : Association pour l’histoire des chemins de fer 9, rue du Château-Landon, 75010 Paris Directeur de la publication : Jean-Louis Rohou Rédaction : Cécile Hochard Secrétariat d’édition : Marie-Noëlle Polino Ont contribué à ce numéro : Sylvère Aït Amour Isabelle Chave Patricia Gillet Anne-Laure Hérout Pandélis Mavrogiannis Marie-Noëlle Polino

Maquette et mise en page : Isabelle Alcolea Impression : SNCF, Centre Éditions-La Chapelle, 75018 Paris Avril 2015 Les Rails de l’histoire est édité par l’Association pour l’histoire des chemins de fer, 9, rue du ChâteauLandon, 75010 Paris. Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation par tous procédés, réservés pour tous pays, onformément à la législation française en vigueur. Il est interdit de reproduire, même partiellement, la présente publication sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

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Du 8 avril au 20 juin 2015 Archives nationales, site de Pierrefitte 59, rue Guynemer 93383 Pierrefitte-sur-Seine Accès : Métro Saint-Denis Université (Ligne 13) Du lundi au samedi, de 9 h à 16 h 45 Fermeture : les dimanches et les 1er, 2, 8, 9, 14, 23 et 25 mai • Calendrier et inscriptions en ligne : www.tourisme93.com rubrique « Nos visites » • Groupes : sur rendez-vous, renseignements et réservations Mail : voixcheminotes@ahicf.com • Publics scolaires : voir ci-dessous, accompagnement pédagogique Mercredi 15 avril de 14 h 30 à 16 h Les familles découvrent les récits d’expérience des employés de la SNCF pendant la Deuxième Guerre mondiale. En salle atelier, elles s’initient à la collecte d’archives orales, passant du rôle d’enquêteur à celui de témoin. Renseignements et inscriptions : voir ci-dessous, accompagnement pédagogique Le service éducatif accueillera les enseignants pour un vernissage pédagogique le mercredi 6 mai à 14 h 30 (inscription obligatoire). Visites guidées et visites-ateliers pour les scolaires Un support pédagogique est remis à chaque élève. Réservation obligatoire auprès du service éducatif. Visites libres pour les scolaires (Secondaire et Lycée) Entrée libre, sous la conduite d’un professeur. Un support pédagogique est gracieusement remis à chaque élève. Inscription obligatoire auprès du service éducatif. Dossier pédagogique téléchargeable sur le site des Archives nationales, (www.archives-nationales.culture.gouv.fr) et le site de Rails et histoire (www.ahicf.com). Renseignements et inscriptions : les mardi, mercredi et jeudi, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 13 h à 17 h 30. Tél. : 01 75 47 20 06 • Mail : service-educatif.an@culture.gouv.fr

ACCESSIBILITÉ

Le site de Pierrefitte et la salle d’exposition sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les dispositifs d’écoute et les textes ont été pensés pour rendre l’exposition accessible à tous les publics, y compris les personnes en situation de handicap (transcriptions, gros caractères, braille). Pour assurer le confort de tous, des sièges pliables sont à disposition à l’entrée de la salle d’exposition.


Avant-propos

L

a préservation des archives de la Deuxième Guerre mondiale, engagée par les Archives de France dès la libération de Paris, est au cœur des stratégies de collecte des Archives nationales. En une quinzaine d’années, des fonds de première importance sont arrivés rue des Francs-Bourgeois, suivis par les versements des ministères couvrant tous les domaines d’activité : accueil des réfugiés, surveillance des étrangers, reconstruction ou épuration des entreprises... En 1980, la dévolution des papiers du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, pionnier dans la collecte de témoignages sur la période 1939-1945, a constitué une étape décisive. C’est dire si les Archives nationales pouvaient être sensibles à la démarche ambitieuse et rigoureuse menée par Rails et histoire depuis le début des années 2000 dans le domaine de la collecte d’archives orales et de documents conservés par les acteurs du monde ferroviaire qui ont contribué, eux aussi, à écrire l’histoire de cette période. Elles ont été plus séduites encore par le projet innovant présenté au département de l’Exécutif et du Législatif : celui de restituer, sous la forme d’une exposition sonore, et donc puissamment évocatrice, ces travaux de collecte et de documentation historique menés depuis plus d’une décennie.

L’

archive orale, qui fait partie de la grande famille des archives sonores et audiovisuelles, a la particularité d’être une « archive provoquée », au sens où elle est constituée par un entretien approfondi entre un chercheur et un individu considéré comme le témoin d’une époque. Quand SNCF a souhaité lancer en 2011 un appel à témoignages auprès des cheminots et de leurs familles ayant vécu et travaillé pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle a confié à Rails et histoire l’élaboration du projet de collecte, le traitement scientifique et technique et la mise en ligne des entretiens oraux réalisés. Avec 700 réponses, 210 témoins et 400 heures enregistrées, mais aussi 3 000 documents confiés, la collection obtenue prend place parmi les premières qui existent en France et sur ce sujet. Les témoins nous livrent les multiples aspects de leur vie professionnelle et personnelle entre 1930 et 1950, marquée par l’expérience, toujours singulière, de la Deuxième Guerre mondiale, dont on voit se déployer le souvenir.

Accueillir cette exposition sur le site de Pierrefittesur-Seine, avec l’aide du département de l’Action culturelle et éducative, engager en parallèle, avec le soutien de SNCF, un chantier de numérisation et de mise en ligne des archives de Paul Durand, compléter, grâce aux fonds d’archives conservés sur le site, le choix des documents originaux présentés à l’appui des témoignages sonores diffusés ont semblé la meilleure façon de marquer publiquement combien une institution depuis l’origine inscrite dans les principes de la citoyenneté pouvait se reconnaître dans la démarche testimoniale ici restituée : au-delà de l’évocation de la vie quotidienne et professionnelle sous l’Occupation, faire mémoire des souffrances et, parfois, du sacrifice des individus.

C’est, surtout, la première collecte d’archives orales à faire l’objet d’une « exposition sonore » aux Archives nationales, un honneur auquel les auteurs de l’exposition sont particulièrement sensibles. Sonore, car les archives doivent être écoutées : les objets et documents illustrent les paroles et non l’inverse. Des femmes et des hommes dont la voix exprime l’origine régionale, l’âge, les émotions s’adressent à chacun. Ils ont souhaité partager des moments de leur jeunesse, souvent difficiles, voire traumatiques, et nous leur sommes infiniment redevables de cette transmission. Au-delà, l’exposition apprend à écouter l’archive et à analyser le témoignage, source pour l’histoire et pour les sciences sociales. En cela, l’appel à témoignages a montré son efficacité et sa pertinence, que la reconnaissance apportée par le 70e anniversaire de la libération de la France et de la victoire sur le nazisme vient confirmer.

Isabelle Chave

Marie-Noëlle Polino

Conservateur en chef du patrimoine Responsable du département de l’Exécutif et du Législatif

Secrétaire scientifique de Rails et histoire

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Première partie : d’une guerre à l’autre 1. Le contexte de l’avant-guerre 2. La naissance de la SNCF Banc 1 : Les origines familiales Deuxième partie : la guerre 1939-1940 3. La drôle de guerre 4. L’invasion allemande et l’exode 5. L’été 1940 Banc 2 : L’exode Troisième partie : vie quotidienne et vie professionnelle sous l’Occupation 6. Les prisonniers de guerre 7. Le travail en France 8. Travailler avec/pour les Allemands 9. Le travail en Allemagne 10. La vie quotidienne et la vie personnelle Vitrine 1 : Le quotidien 11. Les différentes zones et leurs répercussions 12. Les attitudes face aux Allemands et à Vichy Vitrine 2 : Les pigeons voyageurs parachutés au-dessus de la France 13. Répressions, internements et déportations Vitrine 3 : La déportation, trajectoires individuelles de Paul Mouton, Georges Bigot et René Ketterlé Banc 3 : Le marché noir Quatrième partie : la fin de l’Occupation et l’après-guerre 14. Les bombardements 15. Les débarquements 16. Libérations et épuration 17. La Reconstruction 18. Le sort des absents Banc 4 : La Libération Cinquième partie : les mémoires 19. Les reconnaissances 20. Mémoire collective et mémoires individuelles Banc 5 : La transmission de la mémoire

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Table des matières Informations pratiques........................................................................................................ p. 2 Avant-propos...................................................................................................................... p. 3 Plan de l’exposition............................................................................................................. p. 4 Parcours de visite................................................................................................................ p. 7 De l’appel à témoignages à l’exposition sonore...............................................................p. 10 Première partie : D’une guerre à l’autre........................................................................... p. 12 Deuxième partie : La guerre 1939-1940.......................................................................... p. 18 Troisième partie : Vie quotidienne et vie professionnelle sous l’Occupation..................... p. 24 Quatrième partie : La fin de l’Occupation et l’après-guerre............................................. p. 34 Cinquième partie : Les mémoires.................................................................................... p. 42 Le fonds Paul Durand........................................................................................................ p. 48 Chronologie..................................................................................................................... p. 50 Lexique............................................................................................................................. p. 52 La journée d’étude........................................................................................................... p. 53 L’équipe de l’exposition.................................................................................................... p. 54 Remerciements............................................................................................................... p. 55

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Parcours de visite

Parcours de 1 heure

Ce deuxième parcours vous familiarise avec la collecte d’archives orales, la vie quotidienne et professionnelle des cheminots durant les années 1930-1950 et la construction de sa mémoire.

La collecte d’archives orales (5 minutes) Couloir d’entrée

Votre parcours commence par la présentation de la collecte d’archives orales, riche aventure humaine, en évoquant le nombre des témoignages, quelques parcours de témoins, ainsi que le questionnaire et le matériel utilisés par les enquêteurs.

La SNCF au début des années 1940 (10 minutes) 2 : La naissance de la SNCF 5 : L’été 1940

C’est dans le contexte de la naissance, le 1er janvier 1938, de la SNCF issue de la fusion des anciennes compagnies privées, que s’inscrivent les témoignages. Cette organisation encore fragile est bouleversée par la déclaration de guerre, la défaite et l’occupation allemande.

La vie professionnelle et quotidienne des cheminotes et cheminots (30 minutes) 7 : Le travail en France 9 : Le travail en Allemagne 10 + banc 3 + vitrine 3 : La vie quotidienne et la vie personnelle

Vous entrez ensuite dans le cœur de l’exposition, consacré à la vie professionnelle et personnelle de ces cheminotes et cheminots, apprentis, requis pour le travail en Allemagne ou encore soumis au STO et aux conséquences de ces situations diverses sur leur vie familiale et quotidienne pendant l’Occupation.

Les conséquences du conflit (10 minutes) 14 : Les bombardements 17 : La Reconstruction

Vous découvrez ici les différents récits de cheminots qui décrivent l’état du réseau ferroviaire et des ouvrages d’art à la suite des bombardements et leur reconstruction sur l’ensemble du territoire.

Les mémoires (5 minutes) 20 : Mémoire collective et mémoires individuelles

Votre parcours s’achève sur la construction des mémoires, collective tout d’abord autour du film La Bataille du rail (1946) et, depuis les années 1980, davantage individuelle, grâce aux travaux historiques et à la réactivation des récits et mémoires personnels.

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Parcours de visite

Parcours de 1 h 30

Ce troisième parcours vous permet d’aborder l’ensemble des thèmes de l’exposition, en vous proposant une sélection d’extraits sonores et de documents pour chacun d’eux.

La collecte d’archives orales (5 minutes) Couloir d’entrée

L’exposition débute sur la présentation de la collecte d’archives orales (résultats de l’appel à témoignages et mise en œuvre du projet), une aventure humaine passionnante.

La naissance de la SNCF (15 minutes) 2 + banc 1: La naissance de la SNCF

Dans la salle d’exposition, vous découvrez la naissance de la SNCF, le 1er janvier 1938, et vous faites connaissance avec les témoins qui évoquent leur milieu familial et leur vie dans les cités cheminotes.

La guerre et ses conséquences (15 minutes) 4 + banc 2 : L’été 1940

La déclaration de guerre bouleverse le fragile équilibre de la jeune entreprise, qui doit faire face d’abord aux transports militaires puis à la panique des civils, ce que nous racontent les témoins.

La vie professionnelle et quotidienne des cheminotes et des cheminots (35 minutes)

7 : Le travail en France 9 : Le travail en Allemagne 10 + banc 3 + vitrine 1 : La vie quotidienne et la vie personnelle 12 + vitrine 2 : Les attitudes face aux Allemands et à Vichy Au cœur de l’exposition, vous partagez maintenant la vie professionnelle et personnelle de ces cheminotes et cheminots et les répercussions de l’Occupation sur leur vie familiale et quotidienne. Vous découvrez la diversité des situations (apprenti, requis pour le travail en Allemagne, soumis au STO…) et des parcours individuels.

Les conséquences du conflit (10 minutes) 14 : Les bombardements 17 : La Reconstruction

Les bombardements et leurs conséquences sur le réseau ferroviaire et les ouvrages d’art sont mis en évidence par les récits de cheminots présentés ici. Ils ont également participé à la remise en état des voies ferrées sur l’ensemble du territoire.

Les mémoires (15 minutes) 20 + banc 6 : Mémoire collective et mémoires individuelles

Votre parcours s’achève sur la construction des mémoires, collective tout d’abord autour du film La Bataille du rail (1946) et, depuis les années 1980, plus individuelle, grâce aux travaux historiques et à la réactivation des récits et mémoires personnels. Vous écoutez les différentes façons dont les témoins ont parlé (ou non) de leur passé à leur entourage.

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De l’appel à témoignages à l’exposition sonore

Ce projet a pour objet principal la mémoire d’une époque vécue il y a soixante-dix ans, la guerre, ses violences, un milieu professionnel structuré, la mémoire et la transmission intergénérationnelle. Nous avons pu constater que cette mémoire constitue un sujet cher à beaucoup des personnes qui ont répondu à l’appel et provoque le besoin de parole. Nés entre les années 1910 et 1960, deux tiers des 210 personnes rencontrées appartiennent au troisième, voire au quatrième âge et les femmes représentent un quart des témoins. La plupart d’entre elles a fait preuve d’une grande lucidité dans sa manière de raconter ses souvenirs, de choisir les documents à montrer et les événements à relater et de contrôler l’usage et la destination de l’enregistrement. Arpentant toute la France en train, bus, voiture et parfois à pied, les enquêteurs ont beaucoup voyagé : ils ont fait deux fois et demi le tour de la terre ! (100 000 km). Rails et histoire a choisi la forme d’une exposition sonore pour porter à la connaissance du plus grand nombre les résultats de cette collecte de grande qualité et mettre en valeur ce patrimoine inédit. Les témoignages recueillis constituent le cœur de l’exposition, sous la forme de montages sonores. Ils sont accompagnés d’un certain nombre des documents collectés ainsi que d’objets.

« Voix cheminotes » est centrée sur la vie et le travail de jeunes gens âgés de 15 à 30 ans pendant la Deuxième Guerre mondiale et dont, pour beaucoup, la première expérience professionnelle s’est faite à la SNCF. L’exposition restitue une époque – les années 1930-1950 – à travers les témoignages de ces jeunes cheminotes et cheminots et contribue à notre connaissance des réalités de la période. Les événements, généralement racontés du point de vue national ou de la communauté professionnelle, sont ici ramenés à la dimension d’un individu. Ces témoignages présentent en particulier l’intérêt de ne pas toujours coïncider avec les résultats des travaux des chercheurs. Ils sont parfois lacunaires et n’abordent pas des événements qui nous apparaissent aujourd’hui incontournables, ce en quoi ils sont significatifs. Trois grands axes sont au cœur de l’exposition : la vie personnelle, la vie quotidienne et la vie professionnelle des témoins. Ces axes croisent une approche chrono-thématique : la collecte et les témoins sont d’abord présentés, puis les événements de l’entre-deux-guerres évoqués dans les témoignages, avant d’aborder la période de la guerre et de l’Occupation et ses répercussions sur le groupe professionnel des cheminots. Une attention toute particulière est prêtée aux singularités géographiques induites par l’existence de zones de statut différent sur le territoire français. Une place de choix est enfin accordée aux mémoires et à leur transmission.

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Première partie

D’une guerre à l’autre Le 11 novembre 1918 marque la fin d’une guerre de quatre années qui laisse à l’ensemble des populations qui l’ont vécue et subie de profondes blessures psychologiques et physiques. Du côté français, on compte 1,7 millions de morts (militaires et civils) et 4 millions de blessés, invalides, défigurés parfois. Le traité de paix entre l’Allemagne et les Alliés, signé à Versailles le 28 juin 1919, consacre la restitution à la France de l’Alsace et de la Moselle. Des événements politiques et sociaux de grande ampleur se succèdent pendant les années 1930, marquées par la crise économique mondiale. En Allemagne, Hitler accède au pouvoir en janvier 1933. En Espagne, la victoire des partis de gauche aux élections en février 1936 est contestée par un putsch militaire dès le mois de juillet. C’est le début d’une guerre civile qui s’achève en mars 1939 avec la prise de Madrid par Franco. En France, une coalition de gauche remporte les élections législatives en juin 1936 ; Léon Blum prend la tête du gouvernement de Front populaire. D’importantes réformes sociales voient le jour : les congés payés, les 40 heures hebdomadaires sont les plus marquantes. C’est le 1er janvier 1938 que naît la SNCF (Société nationale des chemins de fer français). Cette société d’économie mixte, où l’État est majoritaire, succède aux deux réseaux d’État et aux cinq compagnies privées qui assuraient jusque-là l’exploitation du réseau ferroviaire. Il faut alors unifier les pratiques professionnelles et les règlements sur l’ensemble du territoire. La SNCF emploie plus de 500 000 cheminots et cheminotes : du cantonnier à l’ingénieur, de la garde-barrière au polytechnicien cadre supérieur, du mécanicien et du chauffeur à la dactylo, ce sont des centaines de métiers, qui n’empêchent pas une forte identité corporative, forgée par les luttes syndicales et la vie dans les cités cheminotes.

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Deuxième partie

La guerre 1939-1940

La France déclare la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939, deux décennies après la fin du précédent conflit. Plus de cinq millions d’hommes sont mobilisés, environ la moitié rejoint les unités combattantes envoyées dans le nord-est du pays, le long de la ligne Maginot, dans les Alpes ou en mer. Après trois semaines de combats, militaires français et allemands reprennent leurs positions initiales. La période appelée « drôle de guerre » commence alors : huit mois au cours desquels rien ou presque ne se passe. L’offensive allemande lancée sur la Belgique et les PaysBas y met un terme brutal le 10 mai 1940. Les blindés de la Wehrmacht contournent la ligne Maginot et pénètrent en France. Il leur faudra moins d’un mois pour atteindre Paris. L’armée française s’effondre, près de 100 000 soldats sont tués et 1 850 000 sont faits prisonniers. Le 17 juin, le maréchal Pétain appelle à la cessation des combats et demande l’armistice. Il réunit l’Assemblée nationale le 10 juillet à Vichy, obtient les pleins pouvoirs et devient le chef de l’« État français ». Du 10 mai au 17 juin, des millions de personnes sont évacuées, de façon plus ou moins organisée, ou quittent leur domicile, souvent sans destination précise, pour fuir l’avancée des troupes ennemies : c’est l’exode. Les chemins de fer sont réquisitionnés par les autorités militaires dès le 24 août 1939 afin d’organiser l’acheminement des troupes et du matériel. Des services entiers de la SNCF quittent la capitale vers des villes de repli. Un quart des cheminots est mobilisé et plus de la moitié relève de l’affectation spéciale. Leur participation à l’effort de guerre passe par une augmentation du temps de travail qui atteint jusqu’à 60 heures hebdomadaires.

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Troisième partie

Vie quotidienne et vie professionnelle sous l’Occupation La SNCF est un des rouages essentiels de la collaboration d’État franco-allemande, imposée par l’armistice du 22 juin 1940. Le réseau ferré français est mis au service de l’économie de guerre nazie. Tous les transports pour l’occupant – marchandises, matériels militaires, troupes, prisonniers et déportés – ont une priorité absolue. Pour contrôler leur exécution, plusieurs milliers de cheminots allemands arrivent en France dès juin 1940 et s’installent dans les bureaux, gares, dépôts et ateliers. La vie professionnelle des cheminots français est perturbée à des degrés divers, selon leur lieu de résidence : alors que l’Alsace et la Moselle sont rattachées à l’Allemagne, le reste du territoire métropolitain est divisé en zones de statuts différents où la présence de l’occupant et ses exigences sont plus ou moins fortes. Le travail en Allemagne concerne plus de 10 000 cheminots, même si le nombre des départs diminue après octobre 1943, l’occupant ayant besoin d’un personnel qualifié pour faire rouler ses trains. La vie quotidienne des cheminots et de leur famille est fortement marquée par les difficultés du ravitaillement, même si la gratuité des transports leur permet de s’approvisionner plus aisément dans les campagnes. Les loisirs sont rares, les bals interdits, la pratique de la photographie subsiste néanmoins et l’écoute de la radio permet de se tenir informé. Les réactions, les attitudes, les comportements face au régime de Vichy et à l’occupant se mesurent à l’échelle des individus : actes isolés, travail au ralenti, gestes de solidarité envers les clandestins et les déportés, mais aussi dénonciations ou obéissance zélée aux ordres. Les cheminots figurent parmi les corporations les plus sollicitées par la résistance organisée, du fait de leurs possibilités d’action. L’engagement dans les réseaux et les mouvements, où ils sont nombreux, ne concerne cependant qu’une minorité des 500 000 agents.

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Quatrième partie

La fin de l’Occupation et l’après-guerre À partir de 1943, dans la perspective du débarquement allié, les bombardements s’intensifient sur les installations ferroviaires, afin de paralyser les transports allemands et de retarder l’acheminement des troupes et du matériel militaire. Les victimes sont nombreuses et les dégâts importants. Le débarquement du 6 juin 1944 marque le début de la libération progressive du territoire qui ne s’achèvera qu’avec la reddition, en mai 1945, au lendemain de la capitulation allemande, des troupes d’occupation retranchées dans les poches de Saint-Nazaire, de Lorient ou de La Rochelle. Au cours de leur retraite, les nazis commettent de nombreux massacres contre les populations civiles et des cheminots en sont les victimes à RobertEspagne, à Jarny ou Amagne. Le temps de la Libération est celui de l’épuration administrative et judiciaire, mais aussi celui des règlements de compte, comme les tontes de femmes qui ont lieu sur l’ensemble du territoire. La fin de la guerre, c’est aussi, pour de nombreuses familles, l’espoir d’obtenir enfin des nouvelles et d’assister au retour des prisonniers et des déportés. Beaucoup apprendront alors le décès de leurs proches ou resteront des années encore dans l’incertitude. L’ensemble des cheminots fait de la remise en état du réseau ferroviaire, de la reconstruction des ponts et ouvrages d’art détruits par les bombardements et les sabotages la priorité de l’après-guerre. Le trafic doit reprendre au plus vite afin d’acheminer d’abord les troupes alliées puis de participer au redémarrage de l’économie du pays.

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Cinquième partie

Les mémoires

La participation collective des cheminots à la Résistance et à la Libération, les souffrances et le sacrifice des individus font l’objet de commémorations régulières dès 1944. La création de l’association Résistance-Fer en décembre 1944 exprime la volonté de regrouper l’ensemble des cheminots ayant participé à la Résistance. Elle agit pour faire obtenir décorations et pensions à ses membres et organise des cérémonies commémoratives. Ce regroupement se révèle déterminant dans la construction de l’image d’une SNCF presque unanimement résistante. Le tournage avec le soutien de la SNCF, puis le succès populaire du film La Bataille du rail, qui obtient le Grand prix du jury du Festival de Cannes en 1946, renforcent cette représentation. Cette image se brouille dans les années 1980 avec le renouvellement des recherches historiques sur la France pendant l’Occupation et les procédures judiciaires entamées contre les responsables de la déportation des Juifs de France. La SNCF est alors poursuivie en France et aux États-Unis. Les cheminots qui ont participé à la collecte des témoignages ici présentés s’expriment à ce sujet et réagissent au discours prononcé par Guillaume Pepy à Bobigny en janvier 2011. Les rares témoins directs des convois de déportation parlent avec émotion des scènes auxquelles ils ont assisté. Ce discours et l’appel à témoignages ont fréquemment suscité la rédaction de mémoires personnels, leurs auteurs souhaitant laisser une trace et aider les chercheurs à poursuivre leurs travaux.

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Le fonds Paul Durand

E

allemands, réquisitions, livraisons de matériel,

Paul Durand, mandaté par Louis Armand, a réuni

de l’occupant, mais aussi exploitation de l’ancien

un précieux corpus de documents sur l’histoire

réseau d’Alsace-Lorraine, situation à la ligne de

des chemins de fer de 1939 à 1945, conservé aux

démarcation, conséquences des bombardements

Archives nationales sous les cotes 72AJ/473-508.

ou questions liées au personnel, qu’il s’agisse du

Ces matériaux, puisés pour une bonne part dans

statut des Juifs, des détachements d’agents auprès

les archives de l’entreprise publique, sont de

de la Reichsbahn, du STO ou des arrestations.

nature diverse : des originaux, tels qu’un registre

Le deuxième apport a trait à la perception qu’ont

de localités bombardées ou le livre du poste de commandement (PC) de Paris-Montparnasse à la Libération, des minutes de rapports journaliers ou annuels et des dossiers de travail de chefs de service et d’ingénieurs, retraçant tournées d’inspection et conférences avec les services allemands, voisinent ainsi avec les résultats d’enquêtes menées en 1948-1949 et en 1957 sur les « événements survenus au cours des hostilités

paiement des travaux effectués à la demande

eue les cheminots du conflit et de leur propre implication dans les événements. Les témoignages recueillis sont à cet égard significatifs, mettant l’accent sur les combats de 1940, la campagne des Flandres, le repliement des services et les premiers bombardements de gares, sans omettre le rôle des différents corps de métier et les participations individuelles à la Résistance.

1939-1945 » et de nombreuses copies de docu-

L’ampleur des ressources ainsi mobilisées et la

ments à l’en-tête des services, enrichies de notes

variété de leurs thématiques justifiaient pleine-

de synthèse de Paul Durand.

ment la numérisation du fonds Durand, autant

Ce dernier a dans le même temps réalisé avec

que le souci d’assurer la sauvegarde matérielle de

l’aide du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre

ce fragile ensemble. Mise en œuvre à l’occasion de

mondiale une enquête sur le rôle des cheminots,

l’exposition Voix cheminotes grâce à un partena-

tout en complétant sa documentation auprès

riat entre les Archives nationales, Rails et histoire

des services d’archives départementales et du

et SNCF, cette opération permettra à un large

Railway Research Service britannique.

public d’accéder via Internet à des documents

La matière rassemblée suscite principalement deux axes de recherche. Le premier, qui est aussi le plus nourri, concerne la vie de la SNCF pendant la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement les conditions d’exploitation du réseau et les relations avec les autorités d’occupation. Cette thématique se trouve illustrée de

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bien des manières : contacts avec les homologues

n préparant son ouvrage, La SNCF pendant la guerre. Sa résistance à l’occupant, publié en 1968, l’inspecteur général honoraire

d’archives dont la réunion ne doit rien au hasard mais s’inscrit bien, au-delà de la publication qui en est issue, comme une première ébauche de la réflexion de la SNCF sur sa propre histoire. Patricia Gillet, Conservateur en chef du patrimoine aux Archives nationales. Responsable du pôle Seconde Guerre mondiale.

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Chronologie 1918 11 novembre : fin de la Première Guerre mondiale.

1922 29 octobre : Benito Mussolini est chargé par le roi d’Italie Victor-Emmanuel III de former un gouvernement après la marche sur Rome de milliers de ses partisans.

1933 30 janvier : accession au pouvoir d’Adolf Hitler, nommé chancelier par le président de la République, Hindenburg.

1934 6 février : manifestation de partis de droite, d’extrêmedroite et d’associations d’anciens combattants devant la Chambre des députés ; la protestation tourne à l’affrontement avec la police et fait 14 morts.

1936 16 février : victoire de la gauche aux élections générales espagnoles. 3 mai : victoire des listes de Front populaire aux élections législatives. Léon Blum devient président du Conseil. 17-18 juillet : putsch militaire en Espagne, début de la guerre civile.

1938 1er janvier : création de la SNCF en application de la convention signée le 31 août 1937 entre les compagnies privées de chemin de fer et l’État.

1939 26 mars : la prise de Madrid par les franquistes marque la fin de la guerre civile espagnole. 23 août : signature du pacte germano-soviétique. 1er septembre : les Allemands envahissent la Pologne ; mobilisation générale en France. 3 septembre : la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. 17 septembre : l’URSS envahit la Pologne. 26 septembre : dissolution du Parti communiste français. 6 octobre : la durée hebdomadaire du travail pour les cheminots est fixée à 60 heures.

1940 10 mai : offensive allemande en Belgique et aux Pays-Bas. 14 mai : rupture du front français à Sedan. 20 mai : communiqué du gouvernement rendant hommage à « la magnifique attitude du personnel de la SNCF depuis le début des opérations ». Mi-juin : exode de la population française. 10 juin : l’Italie déclare la guerre à la France et à la Grande-Bretagne. 16 juin : démission de Paul Reynaud, président du Conseil. Formation du gouvernement Pétain.

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17 juin : Pétain demande l’armistice. 18 juin : appel du général de Gaulle à Londres. 22 juin : signature de l’armistice franco-allemand à Rethondes (qui entre en vigueur le 25). La France est partiellement occupée. L’article 13 de l’armistice précise que l’administration française place la SNCF dans la zone occupée à la disposition pleine et entière du chef allemand des transports. 28 juin : De Gaulle reconnu chef des « Français libres » par la Grande-Bretagne. 10 juillet : l’Assemblée nationale réunie à Vichy vote les pleins pouvoirs à Pétain (80 votes contre). 11 juillet : Pétain institue l’État français. Fin de la IVe République. 1er août : la durée hebdomadaire du travail des cheminots est ramenée à 48 heures. 7 août : Hitler annexe de fait l’Alsace et la Moselle. Août : les Allemands demandent (en deux fois) la livraison de 3 000 locomotives et 85 000 wagons. 150 000 wagons ont déjà été saisis pendant les combats. 21 août : à la BBC, André Labarthe appelle les cheminots à recueillir des renseignements sur les transports au bénéfice de l’occupant. 27 septembre : première ordonnance allemande antijuive, prescrivant le recensement des Juifs en zone occupée. 3 octobre : premier statut des Juifs promulgué par le régime de Vichy. 24 octobre : entrevue de Montoire entre Hitler et Pétain. La collaboration d’État est instituée. 13 décembre : Laval, vice-président du Conseil, est remplacé par Pierre-Étienne Flandin.

1941 10 février : Darlan succède à Flandin. Mai : première rafle de Juifs étrangers à Paris. 15 mai : appel à la création d’un Front national pour l’indépendance de la France par le Parti communiste. 2 juin : second statut des Juifs promulgué par le régime de Vichy. 22 juin : Hitler envahit l’URSS. Été : début de la lutte armée communiste (sabotages en Île-de-France et dans le Nord). 21 août : appel aux cheminots du secrétaire d’État aux Communications Berthelot pour faire cesser les sabotages. 22 octobre : exécution de 48 otages dont 27 à Châteaubriant en représailles d’un attentat contre un officier allemand à Nantes (dont un cheminot retraité). 7 décembre : attaque japonaise sur Pearl Harbor ; entrée en guerre des États-Unis. Décembre : échec de la Wehrmacht devant Moscou.

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Chronologie 1942

1944

Mars : en zone occupée, naissance des Francs-tireurs et partisans (FTP), rattachés au PCF. 7 mars : Pierre Sémard est fusillé par les Allemands à Évreux. 27 mars : départ du premier convoi de déportés de persécution de France. 17 avril : démission de Darlan. Laval revient au pouvoir. Été : rafles massives de Juifs étrangers et apatrides dans les deux zones et déportation (en majorité depuis Drancy vers Auschwitz). 4 septembre : loi d’orientation de la main-d’œuvre, autorisant les réquisitions pour le travail en Allemagne. Automne : en zone sud, création du Noyautage des administrations publiques, qui a bientôt une branche SNCF (NAP-Fer). 13 octobre : en zone sud, vague de grèves contre les réquisitions de main-d’œuvre pour l’Allemagne, lancée à partir des ateliers SNCF d’Oullins (Rhône). 8 novembre : débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. 11 novembre : invasion de la zone sud par les Allemands, en réplique aux événements d’Afrique du Nord. 27 novembre : sabordage de la flotte française à Toulon. Dissolution de l’armée d’armistice. 24 décembre : assassinat de Darlan. Le général Giraud lui succède.

Février : création des Forces françaises de l’intérieur (FFI). 3-4 février : congrès officiel de la Fédération CGT des cheminots ; constitution d’un comité de liaison clandestin réunissant communistes et réformistes. 4 février : la SNCF est classée par les autorités allemandes S-Betrieb (= entreprise garantie contre tout prélèvement de personnel pour le STO). 9 février : début des bombardements alliés intensifs visant les centres et grands nœuds ferroviaires. 15 mars : approbation du programme du Conseil national de la Résistance. 2 avril : 86 otages massacrés à Ascq (Nord) après le sabotage d’un train de permissionnaires allemands. 4 juin : entrée des Alliés à Rome. 6 juin : débarquement allié en Normandie. La tête de pont est rapidement consolidée, mais les Alliés restent de longues semaines cantonnés dans le Cotentin ; la Résistance exécute les plans de sabotages prévus. Juin : massacres par les Allemands à Tulle (le 9) et à Oradour-sur-Glane (le 10). 14 juillet : manifestations anti-allemandes à Paris et en banlieue. Arrestation de cheminots des Ateliers de Vitry, qui se mettent en grève le 15. Fin juillet : percée alliée en Normandie. 10 août : le comité central de grève des cheminots appelle à la grève insurrectionnelle dans la région parisienne. Août : départ des derniers convois de déportés de la région parisienne. 15 août : débarquement allié en Provence. 19-25 août : insurrection parisienne. Leclerc entre à Paris le 24 et la libère le 25. 12 septembre : jonction des troupes débarquées en Normandie et en Provence. Le front se stabilise devant les Vosges. 20 novembre : rétablissement de la liaison ferroviaire Paris-Toulouse, grâce à la réouverture du pont d’Orléans. 23 novembre : Leclerc libère Strasbourg. Décembre : création de l’association Résistance-Fer.

1943 1er janvier : la durée hebdomadaire de travail des cheminots est portée à 60 heures dans les ateliers et dépôts, 54 ou 52 heures et demie pour les autres catégories. 6 janvier : incidents en gare de Montluçon contre le départ de requis pour le travail en Allemagne. 30 janvier : création de la Milice française par Vichy. 2 février : capitulation allemande à Stalingrad. 16 février : instauration du STO. Les refus de départ deviennent massifs durant le printemps, aidés par un vaste mouvement de désobéissance civile. Une partie des réfractaires se réfugie dans des maquis, que les organisations de la Résistance tentent d’encadrer et d’armer. Avril : premières réquisitions de civils chargés de garder les voies ferrées, en plus du personnel des gardes de communications (créés en janvier 1941). 17 avril : réunification de la CGT clandestine (« accords du Perreux »). 27 mai : première réunion du Conseil national de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin. 10 juillet : les Alliés débarquent en Sicile. Décembre : grèves et manifestations de cheminots à Dijon, après la condamnation à mort de sept des leurs le 27 novembre.

1945 Février : fin de la bataille de la poche de Colmar. L’Alsace tout entière est libérée. 6 mars : premiers transports ferroviaires de rapatriement de prisonniers de guerre et de déportés. 8 mai : capitulation de l’Allemagne nazie à Berlin.

1946 27 février : sortie en salle du film Bataille du rail.

1949 Décembre : suppression des derniers tickets de rationnement.

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Lexique Assemblée nationale : sous la IIIe République (18711940), l’Assemblée nationale désigne la réunion de la Chambre des députés et du Sénat. Attaché : jeune cheminot titulaire du baccalauréat ou d’un diplôme d’enseignement supérieur à son entrée à la SNCF. Il effectuait alors plusieurs années de stage dans différents services avant d’occuper un poste permanent dans l’encadrement. Bahnhof : « Gare » en allemand. Surnom donné par les cheminots français à leurs collègues allemands en poste en France pendant l’Occupation. Affectés principalement à des tâches de surveillance, de contrôle, d’établissement d’indicateurs et de statistiques, ils sont environ 4 000 en 1940, 6 500 en 1942 et leur nombre augmente considérablement en 1944, pour atteindre 34 000 dans les seules régions de l’Ouest de la France, en prévision d’une prise en main directe du trafic au moment du débarquement allié. Exploitation, Matériel et Traction, Voie et Bâtiments : à la création de la SNCF, en 1938, le réseau ferroviaire est réparti entre cinq régions : Est, Nord, Ouest, SudEst, Sud-Ouest. Chaque direction régionale comprend trois services : l’Exploitation, chargé de la circulation des trains et des relations avec la clientèle ; le Matériel et la Traction, chargé de l’entretien du matériel roulant et de la conduite ; la Voie et les Bâtiments, chargé de l’entretien et de la construction des lignes et des gares. Facteur mixte : agent de l’Exploitation préposé à la circulation et aux fonctions commerciales. FFI : les Forces françaises de l’intérieur sont créées le 1er février 1944, regroupant les diverses formations paramilitaires de la Résistance (Armée secrète, Francstireurs et partisans (FTP), Organisation de résistance de l’armée (ORA). Après le débarquement du 6 juin 1944, les FFI apportent, par leur connaissance du terrain, une aide précieuse aux soldats alliés dans leur progression pour libérer le pays. En septembre 1944, les FFI sont intégrées dans l’armée française. FN : le Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France est un mouvement de résistance créé en mai 1941 par le Parti communiste pour regrouper des volontaires de toutes origines. Des comités de FN sont créés par branches professionnelles. C’est surtout à partir de 1943 que le FN déborde vraiment de la mouvance communiste. FTP : les Francs-tireurs et partisans sont une structure créée par le Parti communiste après la rupture du pacte germano-soviétique en juin 1941 en vue de mener la lutte armée contre l’occupant allemand. Concrètement, les FTP sont constitués de petits groupes auxquels sont attribuées des missions précises. Ils disposent par ailleurs d’un service de renseignement, le réseau FANA. Ingénieur : grade de cadre supérieur dans l’organisation des entreprises ferroviaires. L’ingénieur est un cadre possédant à la fois l’expertise technique, fondée le plus souvent sur un diplôme d’une grande école

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d’ingénieur, et le commandement (ingénieur principal, en chef, général). Inspecteur : grade de cadre moyen dans l’organisation des entreprises ferroviaires. Malgré-nous : ce terme désigne les Alsaciens et Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande à partir de 1942. On évalue leur nombre à 134 000. OCM : l’Organisation civile et militaire est l’un des mouvements de la Résistance intérieure en zone occupée membre du Conseil national de la Résistance. Résistance-Fer : association fondée en décembre 1944 par les membres du réseau de Résistance NAP-Fer pour regrouper les cheminots qui ont participé à la Résistance, avec une double vocation d’entr’aide sociale et de mémoire. Stalag, Oflag : camps pour prisonniers de guerre. Oflag ou Offizier-Lager : camp pour officiers. STO : le Service du travail obligatoire est instauré le 16 février 1943 par Pierre Laval. Il concerne tous les jeunes Français nés de 1919 à 1922 qui sont envoyés en Allemagne pour être affectés aux besoins de l’économie de guerre allemande. Le STO généralise les réquisitions de la loi sur l’orientation de la main-d’œuvre du 4 septembre 1942 qui visait des catégories de travailleurs et certaines qualifications, comme des ouvriers sur métaux employés dans les ateliers et dépôts de la SNCF. TCO : les Transports en cours d’opération désignent les transports d’unités militaires et, donc, pendant l’Occupation ceux des militaires allemands, dont l’organisation et la gestion sont assurés directement par les cheminots allemands présents dans les bureaux et établissements de la SNCF. TIA : le Traitement intégral Armand est un système de traitement des eaux inventé par l’ingénieur Louis Armand, qui prolonge la vie des chaudières en réduisant l’entartrage. Il est mis en œuvre à partir de 1941 par des agents de la SNCF attachés aux dépôts sur tout le territoire et permet de réduire les travaux de réparation des locomotives et leur coût. Tire-fond : vis qui fixe le patin du rail ou l’attache du rail sur la traverse. Le « détirefonnage » est une méthode de sabotage de la voie, consistant à désolidariser la traverse du rail en dévissant le tire-fond. Le rail se déplace au passage du train, provoquant son déraillement. Tract, papillon : un tract est, pendant l’occupation allemande, un feuillet imprimé artisanalement ou recopié, distribué de la main à la main, ou laissé à disposition dans les lieux publics ; un « papillon » est un papier de très petite taille collé ici et là, portant quelques mots ou un emblème. Visiteur : agent du service du Matériel qui s’assure dans les gares ou les triages du bon état du matériel remorqué, en particulier des organes de roulement : roues, essieux (et boîtes à essieux dont il signale l’échauffement ; on parle alors de « boîte chaude »).

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Journée d’étude jeudi 28 mai 2015

Les collectes d’archives orales et leur exploitation scientifique et culturelle Autour de l’exposition Voix cheminotes. Une histoire orale des années 1930 à 1950 Journée organisée par Rails et histoire, en partenariat avec les Archives nationales. L’exposition « Voix cheminotes » est le fruit d’un appel à témoignages, lancé par la SNCF à la fin de l’année 2011, sur la vie et le travail des cheminots pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce projet de collecte a été confié au Pôle Archives orales de Rails et histoire, équipe pluridisciplinaire travaillant à la constitution, à l’analyse, au traitement, à la valorisation et à la conservation d’entretiens menés auprès de témoins de l’histoire ferroviaire. Les témoignages collectés, mis en valeur par différents dispositifs sonores, constituent le cœur de l’exposition. Ils sont enrichis et contextualisés par des documents recueillis eux aussi dans le cadre de l’appel à témoignages ou prêtés par différentes institutions patrimoniales françaises. Le parcours scénographique est organisé autour de trois grands axes thématiques : la vie personnelle, la vie quotidienne et la vie professionnelle des témoins, étudiées et analysées grâce aux outils problématiques mobilisés en histoire culturelle, sociale et politique. Dans le cadre de cette exposition, Rails et histoire organise une journée d’étude qui réunit chercheurs, historiens, archivistes, associations, et les invite à présenter leurs travaux, démarches et résultats, liés à leurs projets de collecte d’archives orales autour de la Deuxième Guerre mondiale et plus largement des années 1930 à 1960. Cette journée se déroulera en suivant deux grands axes : • la matinée sera consacrée aux collectes d’archives orales qui font aujourd’hui référence. Leurs auteurs présenteront leur démarche, leurs méthodes et les résultats obtenus et questionneront la valeur scientifique, la pérennité et les droits d’exploitation de ces témoignages. • l’après-midi sera consacré à l’utilisation et à l’apport des archives orales dans les travaux scientifiques et les productions culturelles (ouvrages, expositions, site Internet, etc.), par la présentation de stratégies de diffusion et de valorisation innovantes. Archives nationales Site de Pierrefitte-sur-Seine 59 rue Guynemer, 93383 Pierrefitte-sur-Seine Métro ligne 13 Saint-Denis Université La journée d’étude se tiendra dans l’auditorium, de 9 h 30 à 17 h 30 6 Entrée gratuite sur inscription dans la limite des places disponibles : voixcheminotes@ahicf.com

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L’équipe de l’exposition

COMMISSARIAT D’EXPOSITION Cécile Hochard, commissaire générale. Docteur en histoire de l’Université Paris Diderot - Paris 7. Chargée de mission à Rails et histoire. Assistée de Anne-Laure Hérout, chargée de mission à Rails et histoire. CORRESPONDANTES ARCHIVES NATIONALES Patricia Gillet, conservateur en chef du patrimoine aux Archives nationales. Responsable du pôle Seconde Guerre mondiale ; coordinatrice scientifique. Anne Dumazert, secrétaire de documentation au musée des Archives nationales, sous la direction de Pierre Fournié, conservateur général du patrimoine. SCÉNOGRAPHIE

CONCEPTION MOBILIER

Guillaume Lanneau, Bruno Charzat Au Fond à gauche www.atelieraufondagauche.free.fr

Eloi Miehe Atelier de la voûte www.atelierdelavoute.net

CRÉATION SONORE

IMPRESSION BRAILLE ET RELIEF

Stéphanie Collonvillé, Stéphane Lehodey Phonotopie www.phonotopie.org

Pierre Fustier Laville impressions www.lavilleimpressions.fr

GRAPHISME Marion Cochat www.marioncochat.com COMITÉ SCIENTIFIQUE Christian Chevandier, professeur d’histoire contemporaine à l’Université du Havre Florence Descamps, maître de conférence HDR à l’EHESS, présidente de l’Association française des détenteurs des documents audiovisuels et sonores Hanna Diamond, professor of French, Cardiff University (Royaume-Uni) Pierre Laborie, directeur d’études à l’EHESS Dominique Veillon, directrice de recherche honoraire au CNRS Philippe Verheyde, maître de conférence en histoire contemporaine à l’Université Paris 8 - Vincennes Saint-Denis Sylvie Zaidman, conservateur du patrimoine aux Archives nationales COMITÉ DE PILOTAGE Archives nationales Isabelle Chave, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département de l’Exécutif et du Législatif Pierre Fournié, conservateur général du patrimoine, directeur du département de l’Action culturelle et éducative Thomas Van de Walle, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département de l’Archivage électronique et des Archives audiovisuelles Rails et histoire Sylvère Aït Amour, responsable du pôle Archives orales, coordinateur de MOIR (Mémoire orale de l’industrie et des réseaux) Marie-Noëlle Polino, secrétaire scientifique SNCF Bernard Emsellem, conseiller du président Agnès d’Angio-Barros, directrice du Service des archives et de la documentation

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