AMF services publics schémas

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Interco & territoires

Enquête

Serv r ices au public : des schémas pour quoi faire ? Destinés à établir un diagnostic puis un plan d’actions de six ans pour renfo f rcer l’off ffre de serv r ices dans les zones en défi f cit, ces schémas constituent des outils pertinents mais à certaines conditions.

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naires. Ce qui signifi f era au mieux 20 % des schémas arrêtés fi f n 2017, la grande majorité devant l’être av avant n mi-2018. Bref, f il y a encore du d trav avail. L’’Aude est le bon élèv L ève de la classe en ay ayant n été le premier à le signer, r le 8 juillet 2016, en présence de Manuel Va V lls, alors Premier ministre. Mais nomb m rededépart r ement n straîn î ent n lespieds,vo v ire ne fo f nt rien du tout, estimant qu’il s’agit juste d’un « machin » de plus qui s’inscrit pourtant dans leur compétence « solidarité territoriale ». Philippe Rappeneau, maire de Douzens (A (Aude) et vice-président n de la communauté d’agglomérations de Carcassonne, plaide en faveur du SDA D ASAP, P trop méconnu selon lui. « Dans un dép é art rtement ru r ra r l co c mme ll’’Aude qui souf uffre d’un r cul des serv re r ices publics, s tous les élus se sont beauco c up u inve v stis is, ave v c le l s serv r ice c s de l’É ’ ta t t, t pour éta t blir un diagnostic co c mmun. » La méthode a été proche de la gestion de projet : diagnostic, consultation des part r ies prenantes, sélection et tri des priorités, défi f nition des orient n at a ions, déclinaison en fi f ches actions et en indicat a eurs… « Audelà de la sig i nature r du schéma, a cela a permis d’avoir une convention op o éra r tionnelle et une réelle ré l animation dans sa mis i e en œuvre r », » ajoute Philippe Rappeneau.

Pas de modèle type Bras armé du d gouv uvernement n pour accompagner à la mise en place des SDA DAASAP AP, le Commissariat a général à l’égalité des territoires (CGET) défe f nd l’outil qui n’est pas, selon lui, « une contra r inte administra r tive sup upplémentaire r ». Il le décrit comme une « photo t gra raphie parta t gée é de l’ex e ist nt, ta t do d ublé lée d’un pla l n d’action de d stiné à le l fa f ire r évolueraupro év rofitd’unemeilllleure r qualité t duserv r ic ice public ». Il n’existe pas de modèle ty t pe pour élaborer un schéma qui doit, av avant n tout, être adapté aux situations locales et refl f éter le projet com-

Une aide du FNADT © Christophe Taarmouthe/Cit’images © D. R.

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ispositif mal connu de la loi portant nouv uvelle org r anisat a ion territoriale de la République du d 7 août 2015 (art r icle 98), dite loi NOTRe, les schémas départementaux d’amélioration et d’accessibilité des serv r ices au public (SDA DAASAP) doiv ivent n être élaborés conjoint n ement n d’ici fi f n 2017 par les préfe f ts et les présidents de conseils départementaux. Et cela en concert r at a ion av avec les autres collectiv i ités, en part r iculier les int n ercommunalités. Objectif de ces schémas : défi f nir un programme d’actions sur six ans pour renfo f rcer l’off ffre de serv r ices dans les zones en défi f cit, av avec notamment n un plan de mutualisation défi f ni sur tout le département. S’agit-il d’un schéma de plu l s, à l’utilité discutab a le, ou d’un levier pertinent pour lutter contre le recul des serv r ices au public en milieu rural ? La réponse se situe bien souv uvent n dans la fa f çon dont n les acteurs locaux se saisissent de cet outil. Le SDA DAASAP a beau être obligat a oire, il n’est pas prescriptif. f La démarche ve v ut embarquer toutes les collectiv i ités mais aussi les diff fférent n s serv r ices de l’État a (préfe f ctures, hôpitaux, écoles, gendarmeries, trésoreries…), ainsi que les opérateurs de service public (Caf, f La Poste, Pôle Emploi, assurance maladie…). Sans oublier les serv r ices priv ivés, marchands ou non, les chambres consulaires, les représentants du d monde économique, les associations d’usagers, etc. Les régions sont aussi concernées, av avec notamment n une va v lidat a ion prévue des schémas par les confé f rences territoriales de l’action publique (CTA T P). Cependant n , à quelques semaines de l’échéance prév é ue, la démarche n’a pas toujours suscité l’engouement n ! Pour preuv uve, l’import r ance du d retard r pris. Début octobre, il n’y av avait que quat a re schémas bouclés (A (Aude, Finistère, Loire-At A lant n ique et Isère). Seulement n un tiers des départ r ement n s sont n aujourd r ’hui en phase de concert r at a ion des part r e-

Pour établir son diagnostic, chaque département peut bénéficier du soutien de l’État via le Fonds national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT) – aide plafonnée à 40 000 euros – dont les demandes sont instruites par le CGET. Mobilisant souvent les données de l’INSEE (services, équipements, commerces...), les schémas sont généralement conduits avec l’appui d’un bureau d’études. Le CGET propose des outils pour réaliser les diagnostics ou élaborer les schémas. Il a notamment sélectionné un panier de 22 équipements et services de la vie courante (épicerie-supérette, bureau de poste, garde d’enfants, station-service, salon de coiffure, cafés-restaurants, etc.). Des formations sur les outils cartographiques de l’Observatoire des territoires sont également disponibles.

mun de l’État et du département. En clair, le SDA D ASAP est av a ant tout ce qu’on veut bien en f ire ! « Il fa I co c nstitue une petite t ré révolution da d ns la l f çon de tra fa r va v iller, r argumente Syl ylvie Cabassot, coord r onnat a rice de politiques publiques au CGET (accessib i ilitédesserv r icesaupub u lic)(lire r int n erv r iew e p. 60). La dé démarc rche oblig i e le l s pre r sta t ta t ire r s de d serr vice c s au public, c qu’i’ls l soient publics c ou pri rivés, à se poser de bonnes questions en sort rtant des stra r té tégies individuelles pour bâtir une stra r té tégie co c m-

mune. » Si l’accès à la santé, à l’éducation ou au n mérique se retro nu r uv uvent n dans tous les schémas, l’int n érê r tdesschémass’observ rve aussidansd’autre rs priorités spécifi f ques aux territoires. V riable selon les cas, la consultation de la Va population est pourtant essentielle. Plusieurs départements ont engagé des questionnaires très ouverts (Doubs, Aisne, Vo V sges, PyrénéesOrientales, Manche...) mais avec des taux de retour inégaux. Prév é ue, la concert r ation av avec les

Aude : savoir se servir du SDAASAP À l’heure d’un premier bilan du SDAASAP de l’Aude, Philippe Rappeneau, maire de Douzens et vice-président de la communauté d’agglomération de Carcassonne, joue le pragmatisme : « IlI n’y ’ a pas a enco c re r de d ré résulta t ts t co c ncr crets t mais i des pro de rojets t ex existe t nt. t C’ C’est de d la l re responsabililité des élus de u de d fa f ir ire co c nnaît ître ce c do d cu c ment de d ré référ nce re ce, sig i né entr tre to t us u le les acte t urs rs, et de d s’e ’ n serr vir aup vi u rè rès de d le l urs r in i te t rl rlocu c te t urs r . » Et de plaider pour plus de communication autour du schéma et sa distribution dans toutes les communes qui

l’ont souvent oublié. L’élu suggère aussi de s’en servir auprès des services de l’État pour leur rappeler les engagements pris. À Douzens, le proj o et important de réaménagement du café-restaurant, avec notamment un espace de coworking, s’appuie sur le schéma : « Je J m’e ’ n sers r pour de d mande d r une étude d d fa de f is i abililité à la l ch c ambre r de d co c mmerc rce et d’i’indu dustr trie, ou de des co cofinance c ments t aup u rè rès d to de t us u le les part rtenair ires : dé départ rtement, t ré r gio i n, n État, Ét t Eu E ro rope », explique le maire.

intercommunalités est Les maisons de service aussi cruciale car elles au public figurent dans chaque schéma. Celui-ci doiv ivent n dev evenirl’échelle doit refléter le proj o et de mise en œuv u re opé- commun de l’État et du rationnelle des SDA D A- département. SAP. P Par exemple, en Lozère, les élus et techniciens des établissement ns publics de coopération intercommunale ont été associés dès le départ. Cela n’est pas le cas part r out. Le diagnostic doit se fa f ire av a ec des opérateurs publics mais aussi les serv r ices priv ivés, très important n s dans cert r aines zones (boulangers, stat a ionsserv r ices, pro r fe f ssionnels de sant n é, etc.). Prenant n du d temps, ce trav avail de précision permet de hiérarchiser les besoins et les priorités, sachant qu’au f nal il fa fi f udra fa f ire des choix. L’’Aveyron a passé huit mois à consulter sa popuL lat a ion et à établir un diagnostic. Bonne surprise : 2 000 réponses alors que le bureau d’études n’en espérait pas plus de 500. En parallèle, des ent n retiens ont été menés av a ec les opérateurs de service. En fé f vrier, des réunions territoriales ont donné la parole aux acteurs locaux (élus, profe f ssionnels, associations…). To T ut ce trav avail en commun apermis un réel diagnostic part r agé sur l’accessibilité des serv r ices au public av aveyronnais.

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