Les syndicats veulent leur part du grand débat

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Les syndicats veulent leur part du «grand débat»


Par ​Amandine Cailhol​ ​— 6 janvier 2019 à 20:46

Philippe Martinez, secrétaire national de la CGT, à Paris le vendredi 14 décembre 2018. ​Photo Cyril Zannettacci. VU pour Libération

Hors-jeu depuis le début de la mobilisation, les centrales réclament une plus grande


considération de la part de l’exécutif pour sortir de la crise ●

Les syndicats veulent leur part du «grand débat»

Leurs solutions pour trouver une sortie à la ​crise sociale des gilets jaunes​divergent. Mais les syndicats s’accordent sur deux points. D’abord leur crainte de disparaître, effacés par un mouvement spontané qui les dépasse. Et leur croyance rabâchée qu’ils sont, au moins en partie, la clé pour sortir de l’impasse. ​«J’en appelle à ce qu’on écoute les syndicats, nous sommes représentatifs», ​suppliait presque le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, sur RTL la semaine dernière. Pour lui, le salut doit passer par plus de dialogue social. Même discours de Laurent Berger, le numéro 1 de la CFDT, dimanche sur France Inter. Tout en dénonçant les ​«violences intolérables» d ​ e l’acte VIII des gilets jaunes, le cédétiste s’en est pris au gouvernement qui, parce qu’il n’a eu de cesse selon lui de faire la sourde oreille aux appels des syndicats, ​«porte une lourde responsabilité» e​ t doit ​«réparer cela».


«Nerf».​Las, celui qui plaide depuis plusieurs semaines pour une «conférence du pouvoir de vivre»​ a quelques raisons de douter : depuis leur rencontre à l’Elysée le 10 décembre, il n’a pas été contacté par le président de la République. ​«C’est bien là le problème : si ce gouvernement considère qu’il aura la réponse tout seul, il se met le doigt dans l’œil», ​s’est-il agacé. Et d’ajouter : ​«Le grand débat [annoncé par Macron en décembre], c’est très bien […] mais à condition qu’il soit totalement ouvert et transparent» ​et qu’il ​«s’accompagne d’une discussion avec les organisations syndicales et patronales et les élus locaux». «Nerf de la guerre» ​selon Berger, la réforme de la fiscalité, avec une taxation plus importante des hauts revenus, est le premier sujet à mettre sur la table. Tout comme celui de la conditionnalité des aides aux entreprises liées à leurs engagements en matière d’emploi et d’investissement.

Grève.​Plus encline à tendre la main aux gilets jaunes, la CGT entend elle aussi peser dans la période. ​«La mobilisation aux ronds-points, c’est bien, dans les entreprises, c’est mieux», ​a déclaré son secrétaire général, Philippe Martinez, dans une interview aux journaux régionaux du groupe Ebra. Pour Fabrice Angéï, secrétaire confédéral de la CGT, la sortie de cette «crise sociale et démocratique» d ​ oit passer par des annonces fortes et immédiates du Président en faveur d’un ​«impôt juste» ​et du pouvoir d’achat. Or, en lançant un ​«grand débat national» ​tout en expliquant d’avance qu’il ne bougera pas sur certains points clivants comme l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), le gouvernement ne va, selon lui, rien


solutionner. Pour Angéï, le rétablissement de l’ISF est un préalable. Tout comme la suppression du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), couplée à la mise en place d’aides différenciées pour les PME. Quant à la question du pouvoir d’achat, ​«elle ne peut se régler par une prime, mais par une véritable hausse des salaires et des minimas sociaux. Le gouvernement doit accorder un coup de pouce au smic, qu’il a jusqu’alors refusé, et revenir sur le gel du point d’indice des fonctionnaires». P ​ as question, donc, pour la CGT de participer, en l’état, à la concertation lancée par l’exécutif. D’autant plus que pour le cégétiste, des risques d’instrumentalisation existent. A la place, le syndicat entend faire vivre le débat dans les entreprises en appelant à la «lutte généralisée». C ​ ’est-à-dire à la grève. ​«Il n’y a pas d’alternative, explique Angéï. ​Face au blocage du gouvernement, il faut un acte fort.» Amandine Cailhol




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