Geistlich Biomaterials NEWS - 01-2019

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­GEISTLICH BIOMATERIALS

Photo : Shutterstock /ShotPrime Studio

VOLUME 14, NUMÉRO 1, 2019

ACTUALITÉS PAGE 10

FOCUS PAGE 24

GRAND ANGLE PAGE 31

Recherche et pratique.

Que la force soit avec l'os.

La science de la sérendipité.

Pourriez-vous être chercheur(se) ? Voici quelques leçons apprises auprès d'experts, avec trucs et astuces.

Compacter ou ne pas compacter le biomatériau pendant la régénération osseuse... Telle est encore la question.

Vous croyez qu'il n'y a plus de découvertes fortuites en sciences ? Pensez-y encore...


LEADING REGENERATION.

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Éditorial

Outre la planification, il faut de la chance et de la curiosité Seuls ceux capables d'identifier une opportunité découvriront réellement quelque chose.

Photo : Roger Schuler

Lisez notre article sur la « sérendipité » qui parle de découvertes opportunes. Nous y décrivons des découvertes scientifiques capitales ne résultant pas d'une planification méticuleuse. Des scientifiques compétents se sont juste concentrés sur « l'étude de l'inattendu ». Nous devons à leur curiosité la pénicilline, la radiologie et plus encore. La sérendipité est aussi l'une des préoccupations de ­Geistlich. Peter ­Geistlich a feuilleté par hasard une revue de chirurgie orale au début des années 1980 et s'est demandé s'il pouvait contribuer avec son expertise en matière de traitement de l'os et du collagène à la nouvelle science de la régénération osseuse, posant ainsi les fondations de ­Geistlich Bio-Oss®. D'une part, découverte heureuse et d'autre part, vision et ténacité - c'est ce qui compte. ­ eistlich existe depuis 1851, et nous devons cette longue hisG toire à des événements planifiés ou pas. Mais ce qui demeure, c'est notre passion pour la régénération tissulaire couplée à nos valeurs d'entreprise. Parmi elles, l'esprit « novateur » car seuls ceux qui sont capables d'explorer et de changer restent fidèles à eux-mêmes. Sachant cela, j'ai hâte de me lancer dans une nouvelle aventure avec vous...

Dr Mirjam Kessler Directrice Communication du groupe

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Numéro 1 | 2019

ACTUALITÉS

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La régénération se joue à long terme

6 Moins de cicatrices après la préservation de crête 7 Avec ou sans ­Geistlich Bio-Gide® ? Avec. 7 La gestion des tissus mous favorise la santé périimplantaire 8 Fiche d'indication 2.0 avec caractéristiques additionnelles 8

Investissement majeur sur le site de Wolhusen

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Apprendre avec les meilleurs

9 Blog ­Geistlich – Une mine de connaissances solides

10 Recherche et pratique clinique

Dans la recherche, les questions sont sans fin et les réponses peuvent être difficiles à trouver. Quelques trucs, astuces et leçons appris auprès d'experts peuvent aider. FOCUS

11 Institut iMc : un exemple pour la recherche basée sur la pratique Dr Michael K. McGuire | États-Unis

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98 teintes de gris Dr Pasquale Loiacono | Italie

19 « La recherche, ce n'est pas uniquement faire des expériences » Pr William Giannobile | États-Unis

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La recherche qui doit influencer la pratique clinique Dr Ulpee R. Darbar | Royaume-Uni

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Mentions légales Magazine pour les clients et amis de ­Geistlich Biomaterials Numéro 1/2019, Volume 14 Éditeur ©2019 ­Geistlich Pharma AG Business Unit Biomaterials Bahnhofstr. 40 6110 Wolhusen, Suisse Tél. +41 41 492 55 55 Fax +41 41 492 56 39 biomaterials@geistlich.ch GRAND ANGLE

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« Que la force soit avec l'os » Entretien avec Jung-Chul Park et Niklaus Stiefel

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5 cliniciens et 5 questions

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Les kératines qui font la différence

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La science de la sérendipité

Pr Istvan Urban | États-Unis

Dr Klaus Duffner

34 Dans la matrice Bande dessinée avec le Professeur Shahram Ghanaati

Comment réagissent les cellules sur un biomatériau implanté dans l'os ou les tissus mous ? Le professeur Shahram Ghanaati et son équipe mènent l'enquête.

Rédactrices en chef Dr Giulia Cerino, Verena Vermeulen Mise en page Larissa Achermann Fréquence de publication 2 fois par an Diffusion 20 000 exemplaires en différentes langues dans le monde entier Le contenu de GEISTLICH NEWS est rédigé avec le plus grand soin. Le contenu rédigé par des tiers, toutefois, ne reflète pas nécessairement l'opinion de ­Geistlich Pharma AG. ­Geistlich Pharma AG ne garantit par conséquent pas l'exactitude, l'exhaustivité ni l'actualité du contenu fourni par des tiers, et décline toute responsabilité en cas de dommages de nature matérielle ou non matérielle liés à l'utilisation des informations de tiers ou d'informations erronées et incomplètes de tiers sauf en cas d'intention coupable ou de faute lourde prouvée de la part de ­Geistlich Pharma AG.

FONDATION OSTEOLOGY

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Situation actuelle et horizon

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Avec Gong Ping in Xi'An Mentions légales

ENTREVUE

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La régénération se joue Moins de cicatrices après à long terme la préservation de crête Traiter une lésion intra-osseuse avec une procédure régénératrice plutôt que l'élévation d'un lambeau est un investissement initial judicieux.

G ­ eistlich Mucograft® Seal s'adapte mieux aux tissus muqueux environnants qu'un greffon autologue (punch). La matrice laisse donc moins de cicatrices.

Pour leur évaluation, les auteurs ont modifié un score cicatriciel utilisé en dermatologie. Ce score repose sur la taille, l'invagination et la coloration de la cicatrice.

Le site parodontalement touché traité par une approche régénérative est cliniquement plus stable, présente moins de récidives et d'édentements que celui traité par une chirurgie d'élévation de lambeau seule. Le coût au départ plus élevé de la régénération parodontale est en partie compensé dans le temps. Des dents conservées plus longtemps et une évolution ralentie de la parodontite réduisent les coûts de traitement à long terme en soins et la perte de dents. Tel est le résultat des données sur 20 ans publiées par ­Cortellini et coll. qui ont reçu le prix R. Earl Robinson Perio­dontal Regeneration Award 2018 décerné par l'American Academy of Periodontology.

« L'utilisation d'une matrice de collagène porcin semble être associée à une meilleure esthétique, des coûts inférieurs, des temps de traitement plus courts et une morbidité des patients moindre, elle pourrait être une alternative valable aux greffes de gencives » Telle est la conclusion des auteurs d'une étude contrôlée récemment publiée.

Moins de cicatrices signifie une meilleure esthétique.

Fickl et coll. ont déterminé laquelle des procédures induisait le moins de cicatrices pour le comblement d'une alvéole d'extraction entre une greffe gingivale libre et l'utilisation de G ­ eistlich Bio-Oss® C ­ ollagen.

Toutes catégories confondues, les patients traités avec la matrice de collagène montraient un meilleur score. Avoir moins de cicatrices signifie pour le patient moins d'actes pour les faire disparaître et un résultat esthétique supérieur. Stabilité du volume et réussite de l'implant étaient comparables dans les deux groupes de traitement. (Ed.) Fickl S, et coll.: Int Journal Periodontics Restorative Dent 2018; 38(1): e1-e7.

Données sur 20 ans

Cortellini et coll. ont comparé les résultats obtenus avec la régénération et la chirurgie d'élévation de lambeau sur une période de suivi de 20 ans. Ils ont réalisé une analyse des récidives pour évaluer les coûts de réintervention. À ce jour, aucune étude comparative prospective avec périodes d'observation de plus de dix ans n'a comparé les résultats à long terme des deux approches thérapeutiques. (Ed.) Cortellini P, et coll.: J Clin Periodontol 2017; 44(1): 58-66.

5 4 Score cicatriciel

1,3 Longues cicatrices

Teintes différentes

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2

Pas d'invagination

4,3

Correspondance de teintes parfaite

Préservation de la crête avec Geistlich Mucograft® Seal

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Forte invagination

6

3

Pas/très peu de cicatrices

Préservation de la crête avec greffon (punch)

Coût de l'effacement des cicatrices :

58 €

en moyenne

Coût de l'effacement des cicatrices :

0€

en moyenne


La gestion des tissus mous favorise la santé péri-implantaire L'augmentation des tissus mous a été essentiellement recommandée pour améliorer l'esthétique. Une revue systématique et une méta-analyse récentes ont évalué son impact sur la santé péri-implantaire.

Avec ou sans G ­ eistlich Bio-Gide® ? Avec. ­ eistlich Bio-Gide® associée à ­Geistlich G Bio-Oss® et à un dérivé de matrice amélaire peut influencer positivement la reconstruction du tissu parodontal perdu. Plusieurs traitements ont été développés pour recréer le tissu parodontal perdu suite à une parodontite avec lésions intra-osseuses. Des études de cas ont montré de bons résultats avec l'association de G ­ eistlich Bio-Oss®, d'un dérivé de matrice amélaire et de ­Geistlich Bio-Gide®. Il n'est toutefois pas certain que ces résultats soient attribuables à la membrane. Nemoto et coll. ont en revanche comparé l'effet du traitement régénératif avec un dérivé de matrice amélaire et G ­ eistlich Bio-Oss®, avec et sans G ­ eistlich Bio-Gide®. Bénéfice pour les patients avec un biotype épais

Les patients traités avec ­Geistlich BioGide® ont présenté une amélioration

significative de la profondeur de sondage et de la mobilité dentaire selon ­Miller par rapport aux patients traités avec ­Geistlich Bio-Oss® et le dérivé de matrice amélaire seuls. Le gain d'attache clinique était supérieur avec G ­ eistlich Bio-Gide®, même si la différence n'est pas statistiquement significative. Chose intéressante, la comparaison graduelle a montré que G ­ eistlich Bio-Gide® a eu un impact positif supérieur sur la profondeur de poche et le gain d'attache clinique chez les patients ayant un biotype épais. Les auteurs ont conclu : « Le traitement régénératif combiné incluant ­Geistlich Bio-Gide® semble être une méthode prédictible, surtout chez le patient ayant une gencive épaisse. » (Ed.) Nemoto Y et coll.: Int J Periodontics Restorative Dent 2018; 38(3): 373-81.

L'augmentation des tissus mous avec des greffons autologues réduit la perte osseuse marginale dans le temps. La chirurgie de régénération du tissu kératinisé a elle aussi un impact positif. Elle améliore les indices de saignement et se traduit par un gain du niveau d'os marginal. C'est ce que révèle une revue systématique publiée par Thoma et coll. dans le cadre de la conférence de consensus Osteology 2017 sur les « Connaissances basées sur des preuves sur l'esthétique et la maintenance du tissu péri-implantaire ». Réponse au manque de preuves scientifiques

Les auteurs ont répondu à la question : Quel est l'effet des greffes de tissu mou pour accroître la largeur du tissu kératinisé ou l'épaisseur de la muqueuse sur les sites d'implant dentaire en termes de santé péri-implantaire ? Les procédures de greffes de tissus mous ont plusieurs indications en association avec la réhabilitation implantaire. Il n'y a toutefois pas de recommandations scientifiques quant à la nécessité de réaliser ou non des interventions chirurgicales pour assurer la santé péri-implantaire et limiter l'incidence de la maladie péri-implantaire. (Ed.) Thoma DS, et coll.: Clin Oral Implants Res 2018; 29 Suppl 15: 32-49.

ACTUALITÉS

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Fiche d'indication 2.0 avec caractéristiques supplémentaires ­ eistlich publie des concepts théraG peutiques cliniques depuis plus de 10 ans - expliqués et commentés par les chirurgiens eux-mêmes. Les Fiches d'indication de ­Geistlich sont ainsi présentes dans les cabinets dentaires du monde entier. La nouvelle version de ces fiches d'indication, appelée « BioBrief », associe un format papier à un complément dispo-

nible en format numérique. S'ajoute à cela un court webinaire avec des informations complémentaires du même auteur sur le même cas et l'accès à une bibliothèque en ligne avec d'autres études de cas et articles.

efs ?

ri Envie d’autres BioB

Vous aimez les fiches d'indication ? Vous allez adorer BioBrief ! Rendez-vous sur www.bio-brief.com pour consulter le premier BioBrief. (Ed.)

Investissement majeur sur le site de Wolhusen ­ eistlich étend son département de G Recherche & Développement ainsi que son site de production à Wolhusen/ Suisse. La première pierre du bâtiment supplémentaire « 888plus » au siège de ­Geistlich Pharma AG à Wolhusen a été posée le 1er février 2018. Cet investissement de dizaines de millions d'euros prouve l'engagement de ­Geistlich envers le site suisse. L'entreprise renforce en outre ses pôles

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Stratégie, Recherche & Développement et Production « sous un même toit ». Les principales raisons de la décision d'investir incluent la présence de professionnels qualifiés, la proximité avec les principales écoles de dentisterie suisses et la coopération avec l'université des Sciences et Arts appliqués de Lucerne. Le nouveau bâtiment de trois étages sur une superficie de 2 194 m2, jouit d'une conception flexible avec des zones de production distinctes.


Apprendre avec les meilleurs

Blog G ­ eistlich – Une mine de connaissances solides

En 2019, ­Geistlich offre sept nouveaux webinaires – en accès libre dans le monde entier et avec une session de Q&R en direct.

Intéressés par des entretiens avec des experts de la régénération dentaire ? Techniques, astuces, commentaires ? Ou des informations sur la régénération dans la nature et en médecine ?

Tous les webinaires sont assurés par des experts reconnus et traitent de techniques basées sur des preuves, de connaissances scientifiques et de conseils pratiques.

Le blog de G ­ eistlich www.regeneration-­ expert.com est une mine de connaissances et un ouvrage de référence pour tous ceux intéressés par la régénération orale. (Ed.) Visitez dès à présent www.regeneration-expert.com

Thèmes et intervenants : Professeur agrégé Richard Bauer | États-Unis Augmentation osseuse et des tissus mous Avril Dr Daniele Cardaropoli | Italie Gestion des tissus mous Mai

En bref > Concepts thérapeutiques > Entretiens avec des experts > Trucs & astuces > Infographie > Dernières études > Cas cliniques

Pr Bilal Al-Nawas | Allemagne Augmentation osseuse complexe Juin Professeur agrégé Dieter Bosshardt | Suisse Biologie de l'os Septembre Pr Istvan Urban | Hongrie Augmentation osseuse horizontale Octobre Pr Li Dehua | Chine Augmentation osseuse alvéolaire Novembre Pr Massimo Simion | Italie Chirurgie de ROG Décembre

Plus de détails et inscription sur notre site Web www.geistlich-pharma.com

ACTUALITÉS

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FOCUS

Recherche et pratique.

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Photo : Roger Schuler

Focus sur la recherche en cabinet dentaire, les organisations de recherche, les opportunités de financement et enfin les trucs et astuces de la photographie dentaire.


Faire de la recherche dans un cabinet dentaire

Institut iMc : un exemple pour la recherche basée sur la pratique Dr Michael K. McGuire | États-Unis The McGuire InstituteTM & Perio Health ProfessionalsTM, Houston

La vérité est que nous, cliniciens, sommes tous des chercheurs praticiens. Quand nous posons un diagnostic, choisissons un traitement et suivons les résultats, nous faisons réellement de la recherche, qu'on le sache ou non. Nos questions en la matière sont sans fin. Nous avons beaucoup d'outils diagnostiques, tels les antécédents médicaux et dentaires du patient, les mesures de ­sondage, les radios rétro-alvéolaires et les clichés CBCT, mais nous devons toujours nous demander quels outils sont appropriés et comment les utiliser au mieux pour choisir le traitement. Faut-il prescrire des antibiotiques ? Si oui, lesquels, à quelle posologie ? Quelles sont les meilleures techniques d'incision et de lambeau ? Quels biomatériaux donnent les meilleurs résultats et quel suivi post­opératoire est le plus bénéfique ? Dans la réalité, nos diagnostics, pronostics et plans de traitement sont nos « hypothèses et méthodes d'étude » et les issues pour le patient sont nos « résultats d'étude ». Peu importe les connaissances acquises à la faculté dentaire ou via la formation continue, plus nous exerçons, plus nous observons nos résultats cliniques, les comparant peut-être avec

« La validité de nos conclusions doit être testée, continuellement, car les techniques et technologies médicales évoluent, il y a plus d'alternatives que nous devons aussi étudier. »

ceux d'autres cliniciens ou la littérature, de manière à obtenir ce que nous pensons être nos meilleures « conclusions d'étude » pratiques. Mais la validité de nos conclusions doit être testée, continuellement, car les techniques et technologies médicales évoluent, il y a plus d'alternatives que nous devons aussi « étudier ». Là se situe notre rôle dans la recherche continue basée sur la pratique. La seule question est : voulons-nous formaliser, consigner et publier nos « résultats de recherche » ?

Les premiers pas Mon propre cheminement vers la recherche basée sur la pratique a débuté dans les années 70. Au début de ma carrière je voulais à tout prix contribuer à la littérature et étant jeune praticien, je ne savais pas où obtenir des bourses et trouver une entreprise désireuse de soutenir mes recherches. J'ai alors cherché un projet que je pouvais faire dans mon propre cabinet. Il y avait des publications classiques (Hirschfield, Wasserman, McFall et autres) évaluant rétros-

pectivement des populations de patients, et je me souviens d'un article sur la maintenance des patients qui m'a fait pensé, « Moi aussi, j'aurais pu faire ça ! » Un jour, donc, après un cours aux internes à San Antonio, j'ai commencé à réfléchir au pronostic et à ce que nous en savons réellement. J'ai rétrospectivement analysé 100 de mes patients, évaluant si les pronostics (et traitements associés) que j'avais établis étaient prédictifs des issues 5 et 10 ans plus tard. J'étais seul auteur et c'était la première fois que j'essayais de publier quelque chose, je ne comprenais donc pas vraiment le processus de publication (organisation, soumission et relecture de l'article). J'ai soumis mon travail au Journal of Periodontology ; il a été rejeté sans commentaire du relecteur. J'étais très déçu et je pensais n'avoir aucun recours, jusqu'à ce que le Dr Raul Caffesse, qui savait que j'écrivais l'article, m'interroge à son sujet. Une fois informé, le Dr Caffesse a contacté le rédacteur

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en chef de la revue et lui a demandé de « donner une chance au petit ». J'ai finalement reçu les commentaires des relecteurs et pu faire des corrections satisfaisant la revue. L'article a finalement été publié et le plus suprenant est qu'il est l'un de ceux qui font aujourd'hui ma renommée à travers le monde1. Il fait maintenant partie de la littérature classique.

La réussite Je dirige à présent une équipe de 16 praticiens investigateurs - parodontistes, chirurgiens oraux et maxillo-faciaux et, plus récemment, dentistes généralistes sous-investigateurs nous aidant pour la recherche en restauration. Nous avons des cabinets à travers les États-Unis et partageons la même vision. Nous voulons utiliser la recherche pour comprendre comment mieux traiter nos patients et apprécier la valeur de la recherche basée sur la pratique, où de vrais patients sont traités dans de vrais cabinets. (Nous apprécions aussi de collaborer avec des universités où des procédés particuliers de recherche – par exemple, biomarqueurs inflammatoires diagnostiques, développement de la thérapie génique et projets de bourses d'état – sont mieux développés et étudiés.) Nos investigateurs ont publié plus de 350 articles évalués par les pairs et ils assurent, chaque année, 70 conférences régionales, 45 nationales et 15 internationales en moyenne. Ils sont actifs à tous les niveaux de la dentisterie en tant que rédacteurs en chef ou dans le comité de rédaction de revues évaluées par les pairs respectées. Nous croyons tous au pouvoir de la recherche basée sur la

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­ ratique et pensons qu'elle traduit plus p rapidement les nouvelles thérapies en pratique clinique2.

Ce que cela suppose Décider si vous voulez vraiment être un praticien chercheur. Considérer que vous pourriez gagner moins d'argent et travailler plus et plus dur que si vous traitiez simplement vos patients dans votre cabinet. Créer des protocoles d'étude, chercher des subventions ou des promoteurs industriels, remplir des cahiers d’observation (CRF), analyser les résultats, rédiger des comptes rendus d'étude et les soumettre aux processus de relecture des revues. Si vous avez un(e) associé(e) au cabinet, il est appréciable qu'il/elle soutienne votre travail et encore plus s'il/elle collabore avec vous. Je suis très reconnaissant que mon associé, le Dr E. Todd Scheyer, soutienne mes recherches basées sur la pratique mais qu'il soit aussi un investigateur et auteur collaborateur, tout en soutenant le financement du ­McGuire Institute (iMc). Je crois que le plus gros défi est d'intégrer une recherche clinique de haute qualité dans un cabinet privé très actif. Pour y parvenir, il faut développer des systèmes et avoir du personnel pour permettre le fonctionnement du cabinet sans perturbation. Il faut du personnel spécifique pour recruter les patients, coordonner l'étude, aider à consigner les résultats et rédiger le compte rendu. Je ne serais parvenu à rien sans l'équipe d'excellents hygiénistes, assistant(e)s de chirurgie et coordinateurs d'étude qui s'assurent que notre recherche fonctionne ! J'ai, à l'origine, créé iMc comme un projet d'héri-

« Nous croyons tous au pouvoir de la recherche basée sur la pratique et pensons qu'elle permet d'introduire plus rapidement les nouvelles thérapies dans la pratique quotidienne. » tage. Après mes conférences, surtout lors des grandes rencontres sur la parodontologie, il arrive souvent que quelqu'un vienne me voir et me dise « Cest super. J'aimerais faire ça. Dites-moi comment vous faites. » Avec iMc, nous pouvons aider les cliniciens à apprendre à mener des études de haut niveau efficacement pour leur bénéfice, celui de la profession et de leurs patients.

Aide, outils et références Trouver des mentors en recherche. Vous avez lu ci-dessus comment le Dr Caffesse et d'autres m'ont aidé. Mais l'opportunité qui m'a vraiment lancé était une étude organisée par les Drs Ken Kornman et Mike Newman sur un fil imprégné de tétracycline pour application locale contre la parodontite. À ma connaissance, il s'agissait de l'une des premières grandes études basées sur la pratique en dentisterie3. Ken, Mike et leur équipe ont aidé à me former ainsi que l'un de nos hygiénistes à la recherche basée sur la pratique et cela a été le « coup de foudre ». Trouver des collaborateurs et partenaires spécialisés dans les études. Le Dr Newman m'a enseigné la dentisterie factuelle (et était le rédacteur en chef et fondateur du Journal of Evidence-Based


Le McGuire Institute – Faits & chiffres Réseau de recherche clinique basée sur la pratique

Parcours de recherche clinique Un projet de recherche clinique comporte de nombreuses étapes.

L'INSTITUT 16 cliniciens

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13 cabinets 256 années d'expérience combinées 350 articles à ce jour 70 conférences régionales/an 45 conférences nationales/an

Développement du protocole et approbation du comité d'éthique

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15 conférences internationales/an

Initiation, coordination, surveillance et clôture de l'étude

Domaines de recherche : Ingénierie tissulaire, Traitement orthodontique chirurgical, Imagerie CBCT / TDM, Implants dentaires, Régénération parodontale et osseuse, Pratique dentaire et modèles d'assurance, Chirurgie plastique des tissus mous, Régénération et transplantation dentaires, Thérapies cellulaires/ biologiques, Pathologie, Prothèse et Pathogénie

3 Analyse biostatistique des résultats

4 Rapport détaillé pour relecture interne et soumission réglementaire

20 000 patients en maintenance 200 rendez-vous d'hygiène/jour 14 000 patients sous traitement actif Tous les mois, en moyenne : 460 implants sur 430 patients avec 300 procédures de régénération osseuse, 85 procédures d'augmentation des tissus mous et 60 procédures péri-implantaires 365 interventions chirurgicales parodontales, avec 215 greffes osseuses et 160 procédures de régénération parodontale

5 Soumission d'article pour publication

310 traitements non chirurgicaux 270 augmentations des tissus mous

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220 procédures de recouvrement radiculaire, 120 épaississements tissulaires et 100 procédures d'augmentation du tissu kératinisé

Illustration : Quaint

Arrivée, communication des résultats

TRAITEMENTS

FOCUS

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« Si vous aimez la dentisterie et la recherche, et ce qu'elles peuvent offrir à vos patients, vous pourriez peut-être aussi envisager la recherche basée sur la pratique. »

Dental Practice). Le Dr Jack Gunsolley, biostatisticien, harmonise nos contrôleurs (pour la mesure cohérente et précise des résultats à t­ ravers le pays), crée les modèles statistiques assurant la puissance de nos études et fait l'analyse statistique de nos résultats. Le Dr Thiago Morelli, chercheur à l'université de Caroline du nord, nous a récemment présenté une nouvelle technique de scan intra-oral numérique en 3D pour mesurer les variations du tissu mou buccal avec une précision de 0,05 mm. Le Dr Alan Herford (université de Loma Linda) nous a aidés pour les analyses histologiques. Une subvention du NIDCR pour la recherche en médecine régénérative et ingénierie tissulaire a permis un partenariat d'iMC avec le Dr Will Giannobile, les universités du Michigan et de Pittsburg et l'institut Harvard/Wyss. Dans ce processus très compétitif, de nouvelles technologies sont sélectionnées pour le financement et iMc a été choisi pour aider à sélectionner et guider ces nouvelles thérapies via des études précliniques vers des essais cliniques sur l'humain. De plus, le sociologue Chad Gwaltney (Université Brown), notre « pro des PRO » (aux dires des patients), participe aux entretiens avec les patients traités, par exemple au laser, puis crée les questions et questionnaires des PRO (Patient Related Outcome) nous informant sur la douleur, l'anxiété et les thérapies préférées des patients.

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iMc a également pour partenaire l'organisation de recherche sous contrat Medelis Inc. qui nous aide à organiser, initier et contrôler nos études multicentriques. Nous nous réunissons régulièrement avec Medelis pour une formation aux bonnes pratiques cliniques (BPC). Les directives relatives aux BPC aux Etats Unis figurent dans le Code of Federal Regulations (Title 21) de la Food and Drug Administration ; des directives comparables existent pour les études européennes. Cette année, beaucoup de nos coordinateurs et contrôleurs d'étude sont allés à Houston et Phoenix pour harmonisation et formation aux BPC en préparation de nos études en cours sur le laser et ­Geistlich Fibro-Gide®. Outre le Code of Federal Regulations (Title 21), il existe d'autres guides et références utiles, comme Osteology Guidelines for Oral and Maxillofacial Regeneration – Clinical Research4. Cet ouvrage utile comporte des conseils et des outils pour concevoir et conduire des études cliniques. Il existe aussi des guides pratiques pour rédiger des articles, tel que : A guide for preparing a patient-oriented research manuscript de ­Dodson5, ou conduire des PRO6,7. Toute l'aide nécessaire y figure. Il faut juste un peu d'efforts (et des lectures nocturnes) pour le maîtriser.

Récompenses Les récompenses ? Je suis reconnaissant pour l'aboutissement de ma carrière et de mes recherches. La recherche basée sur la pratique a certainement rendu mon activité plus intéressante et m'a permis d'accéder à des technologies et dispositifs que je n'aurais pas connus autrement. Le Dr Scheyer et moi-même avons pu proposer à nos patients certains des traitements les plus récents. La recherche nous distingue aussi d'autres cabinets et nous a permis de fournir à nos patients des traitements gratuits ou à prix réduit. Nous apprécions clairement la notoriété liée à la recherche et j'aime les voyages et la camaraderie que mes conférences favorisent. En fin de compte, il s'agit de satisfaction professionnelle. Si vous aimez la dentisterie et la recherche, et ce qu'elles peuvent faire pour vos patients, vous pourriez peut-être aussi envisager la recherche basée sur la pratique. Références 1

McGuire MK: J Periodontol 1991; 62(1): 51-8.

2 Contopoulos-Ioannidis DG, et al.: Science 2008; 321(5894): 1298-9. 3 Wilson TG Jr, et al.: J Periodontol 1997; 68(11): 1029-32. 4 Giannobile W, et al.: Quintessence Pub Co 2014. 5 Dodson TB: Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2007; 104(3): 307-15. 6 McGuire MK, et al.: J Periodontol 2014; 85(10):

1313-9. 7 Gwaltney CJ: J Evid Based Dent Pract 2010; 10: 86-90.


La photographie en dentisterie

98 teintes de gris

Photo : ©iStock.com/martin-dm

Dr Pasquale Loiacono | Italie Cabinet privé, Tropea Propos recueillis par le Dr Giulia Cerino

La photographie est devenue une ressource précieuse dans la pratique dentaire quotidienne, révolutionnant le diagnostic, le traitement et la communication avec les patients et les confrères. La parole est à l'expert, le Dr Pasquale Loiacono, qui partage des trucs et astuces pour obtenir une image dentaire de qualité.

Vous enseignez la photographie dentaire. Quelle est la question la plus fréquente de votre auditoire ? Dr Loiacono : La question la plus importante est certainement comment régler l'appareil correctement. En écoutant mon auditoire, j'ai réalisé que le réglage est vraiment un point faible qui crée de l'anxiété, comme si les gens avaient peur de l'appareil.

Quel est le matériel de base dont un dentiste a besoin pour faire de bonnes photos cliniques pour les publications et les présentations ? Dr Loiacono : Pour la photographie dentaire de base, il faut un appareil avec objectif macro et flash dédiés (détails dans le Cadre 1 : appareil, flash et objectif).

La plupart des gens, pendant leur temps libre, utilisent leurs portables pour prendre des photos. Est-ce également une option pour la photographie dentaire ? Ou les portables sont-ils à éviter absolument ? Dr Loiacono : Disons qu'ils ne sont pas à éviter à 100 % mais sont sans aucun doute une option moins souhaitable. La principale limite des portables est leur absence d'uniformité de la photo plus l'incapacité de les enregistrer au format RAW (le seul format ayant une valeur légitime) et l'absence de l'option macro, ce qui déforme les images. Leur seul avantage serait une profondeur focale supérieure.

Quelles marques sont le plus souvent utilisées ? Dr Loiacono : J'ai une préférence pour

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Matériel de base : appareil, flash et objectif. Appareil. Reflex numérique mono-objectif (DSLR) de milieu de gamme (800 – 1200 euros) avec un capteur 24 x 18 mm. Les capteurs plus grands (p. ex. 24 x 36 mm), offrant une profondeur de champ et un grossissement inférieurs, sont un inconvénient pour le praticien.

Réglages de départ

Flash. Flashs annulaires pour photos intra-orales. Ils se fixent à l'avant de l'objectif avec des anneaux de montage, permettant ainsi de positionner la source lumineuse près du sujet et de l'objectif.

Objectif. Les objectifs macro s'avèrent être la meilleure option si on décide de priviligier les deux caractéristiques principales : distance focale et grossissement au moment de l'achat.

Flash double sur support pour région antérieure et procédures prothétiques. En contrôlant la distance et la position de la tête du flash, il est aisé de capturer les détails mais cela améliore surtout la perception des dimensions des éléments dentaires.

> Distance focale. 100 mm, mais sachez que les objectifs de 100 mm ne sont pas tous des objectifs macro.

Nikon qui, pour moi, est une entreprise plus intéressée par la photographie scientifique. Mais j'ai également montré qu'avec les mêmes réglages, Canon donne les mêmes résultats. Quelle que soit la marque, il faut se demander : « Cette photo est-elle acceptable ? » L'appareil devient un instrument de mesure de la réalité et toutes les marques produisent des « instruments de mesure ». L'appareil est neutre ; la différence vient de l'œil et de l'esprit de la personne derrière l'objectif.

sissement, une profondeur de champ et une perspective corrects. Ces trois piliers sont impératifs dans les réglages (détails dans le Cadre 2 : Réglages de départ).

> Mode : Manuel. Ainsi, nous augmentons ou réduisons l'ouverture du diaphragme pour augmenter ou réduire la profondeur de champ et

> Grossissement 1:1. Cela signifie qu'à la distance focale la plus courte (c.-à-d. la distance la plus courte entre l'objectif et l'objet qui donne une image nette) il est possible d'obtenir une image d'un objet de la même taille que l'objet lui-même, ce qui se traduit par un grossissement considérable.

toujours avoir une netteté parfaite. > Mise au point : Ne jamais utiliser l'autofocus car l'augmentation de la profondeur de champ est décidée par le plan de mise au point. Je suggère d'utiliser l'autofocus pour les photos du visage uniquement. > Espace couleur : Adobe RGB > Qualité d'image : RAW + jpg > Balance des blancs : Je suggère de mesurer d'abord une valeur pour régler la balance des blancs avec la procédure appropriée et la balance sur carte blanche, à ne pas confondre avec la balance des gris à 18 %, qui est très différente. Cette procédure sert à reconnaître la température lumière du flash, ce qui permet à l'appareil de gérer les couleurs correctement. Les réglages par défaut du fabricant pourraient donner un résultat approximatif. > ISO : 100 ou 200 (selon l'appareil) est considéré comme la norme.

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GEISTLICH NEWS 1-2019

Un médecin achète un nouvel appareil photo pour faire de belles photos cliniques - quels réglages lui recommandezvous ? Dr Loiacono : Les trois piliers pour une photo scientifique réussie sont un gros-

Des recommandations concernant les accessoires tels que rétracteurs, miroirs ou contrasteurs ? Dr Loiacono : Les accessoires pour photographie dentaire aident à faire de meilleures photos. Entrant en contact avec la bouche du patient, ils doivent être autoclavables (détails dans le Cadre 3 : Rétracteurs, miroirs et contrasteurs).

Supposons qu'un praticien veuille documenter une ROG pour une publication. Quels clichés doit-il prendre ?


FIG. 1 : Exemple de la manière dont la profondeur de champ (représentée en orange) varie selon l'ouverture du diaphragme.

Dr Loiacono : Tout d'abord, il faut obtenir une documentation basique de la situation pré-opératoire incluant au moins des photos extra-orales du visage et des lèvres au repos, de face et de profil, et du sourire dans ses trois positions (léger, moyen et forcé). Il faut ensuite photographier la zone d'intérêt chirurgical avec une perspective au moins de face mais, si possible, aussi occlusale avec un miroir pour voir la largeur des volumes osseux et gingivaux. Si la zone à traiter est latérale, il faut bien sûr utiliser des miroirs latéraux. Il est recommandé de prendre des photos peropératoires avec les mêmes perspectives et grossissements pour faciliter les comparaisons entre les différentes étapes thérapeutiques. Concernant les réglages, il ne faut pas oublier que plus on zoome, plus le diaphragme se ferme et la profon-

deur de champ s'agrandit (Fig. 1). Le gros problème avec la photographie chirurgicale est le saignement. Il faut donc préparer le matériel avec soin, décider du cadre et, une fois tous les paramètres photographiques définis, inviter l'assistant(e) à aspirer et retirer autant de sang que possible, tout en prenant la photo aussi vite que possible.

Conserver les photos peut être un défi. Recommandez-vous une stratégie particulière ? Dr Loiacono : La stratégie est sans aucun doute de ne jamais faire confiance à votre PC (rires) ! Je suggère d'avoir au moins un disque de secours activé pour une sauvegarde quotidienne. À cela, il faudrait ajouter un deuxième disque de secours mais ailleurs (en cas d'événe-

ments fâcheux). Les autres possibilités sont, bien sûr, le serveur de stockage en réseau (NAS), le serveur de stockage de données informatiques au niveau de fichier connecté à un réseau informatique donnant l'accès à un groupe hétérogène de clients ou le stockage sur le Cloud. Les connexions physiques des disques durs sont un problème supplémentaire. Changeant souvent avec les nouveaux processus de développement numériques, il faut toujours mettre à jour les disques durs.

Recommandez-vous de retoucher les photos ? Dr Loiacono : Il faut bien sûr retoucher aussi peu que possible. La photo doit déjà être belle et utilisable pour commencer. De plus, l'idée d'acquérir une photo ratée

FOCUS

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Accessoires pour photographie dentaire : écarteurs, miroirs et contrasteurs.

> Les miroirs sont utilisés pour capturer l'image reflétée des dents, sans interférence des joues et des lèvres. Ils peuvent être fabriqués avec différents matériaux et différentes techniques et sont proposés avec différentes formes et tailles selon la situation. Je recommande toutefois d'avoir, au quotidien, au moins un miroir occlusal et latéral.

ou même des cartes opaques jetables créant un fond noir derrière les dents pour améliorer la translucidité et la perception des dents, accroissant ainsi le contraste avec les éléments dentaires blancs. Cela permet de supprimer les informations inutiles pour comprendre l'image. Comme les rétracteurs et les miroirs, ils sont proposés en différentes formes et tailles pour les vues antérieures, occlusales et latérales.

Photo : ©iStock.com/Talaj

>L es écarteurs sont souvent utilisés pour écarter les lèvres et faciliter l'accès à la cavité buccale. Ils peuvent être en plastique ou métal et avoir différentes formes et tailles. Les écarteurs autostatiques sont surtout utilisés pour les vues de face et les clichés en occlusion. Les écarteurs unilatéraux sont surtout utilisés pour les vues latérales.

>L es contrasteurs sont des plaques en caoutchouc ou métal

ou moche et de penser que beaucoup de retouches sont possibles avec un logiciel est fausse. On peut corriger le grossissement et l'exposition, et il vaut toujours mieux surexposer légèrement. D'autre part, il ne faut pas corriger la perspective ni la profondeur de champ.

Une préférence concernant le logiciel ? Dr Loiacono : L'un des meilleurs logiciels sur le marché dans ce domaine est Adobe® Photoshop Lightroom. Le mode Develop offre tous les outils nécessaires pour faire les améliorations précitées. L'une des caractéristiques les plus importantes du logiciel Lightroom est la manière dont il traite les fichiers. Il n'est pas destructif ; les fichiers originaux n'étant pas modifiés, vous pouvez toujours y revenir dans l'historique. Le logiciel permet en outre de travailler avec différents types de fichiers, dont RAW, jpg, TIFF, psd et png. Je recommande toutefois de travailler avec le fichier RAW.

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Comment résumer les caractéristiques des photos pour les conférences ou publications et l'impression ? Conférences

Impressions

Format

jpg

TIFF (mais dépend de l'éditeur/imprimerie)

Qualité

Maxi.

Maxi.

Résolution

72 pixels par pouce

240 pixels par pouce

Espace couleur

sRGB

Adobe RGB

Compression

Correspond à la plus haute qualité

Aucune

Modifications possibles

Grossissement / Exposition

Grossissement / Exposition


Organisation et financement des recherches

« La recherche, ce n'est pas seulement faire des expériences » Pr William Giannobile | États-Unis École de médecine dentaire, Université du Michigan, Ann Arbor Propos recueillis par Verena Vermeulen et Todd Scantlebury

Il est l'un des chercheurs les plus expérimentés dans le domaine de la dentisterie régénérative et rédacteur en chef du Journal of Dental Research. Le professeur William Giannobile nous parle de l'impact de la recherche, de la ténacité qu'elle nécessite et du rôle de la Fondation Osteology dans la formation et le financement des chercheurs.

Prof. Giannobile, vous rappelezvous la publication qui vous a le plus marqué ? Pr Giannobile : Quand j'étais en cycle supérieur à l'École de médecine dentaire de Harvard et l'Institut Dana-Farber, j'ai lu un article sur la thérapie génique1. Il montrait que la thérapie génique utilisée pour régénérer le tissu perdu permettait d'exploiter la capacité du corps à produire des facteurs de croissance plutôt que d'appliquer des protéines exogènes. L'article a alors réellement inspiré mes propres recherches.

Pour divers motifs, nombre de projets de recherche ne se terminent pas par une publication scientifique… Pr Giannobile : Vrai. Si nous prenons les résumés présentés lors des rencontres scientifiques et essayons de les rassembler, nous voyons qu'en moyenne seuls dix à vingt pour cent des résultats sont publiés dans des revues évaluées par les pairs. Beaucoup de travaux sont lancés mais ne sont pas achevés et promus via une publication scientifique.

Cette statistique donne à réfléchir ! Quels en sont les motifs ? Pr Giannobile : Un exemple : des attentes trop optimistes. Les chercheurs veulent étudier une hypothèse et, si les données ne cadrent pas avec l'hypothèse, ils doutent des données, font de nouveaux tests, poursuivent avec un plus gros échantillon, démontrent que les données sont reproductibles, etc. Dans ce processus, on peut perdre son enthousiasme ou réaliser que le travail est

FOCUS

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trop préliminaire. Mais nous encourageons nos étudiants à être tenaces. Il y a d'autres raisons pour ne pas achever des recherches, tel un financement insuffisant ou un biais de publication négatif. Il y a en fait un Journal of Negative Results in Biomedicine, mais ce n'est pas une revue dans laquelle les gens pensent à publier.

Vous êtes rédacteur en chef du Journal of Dental Research depuis longtemps. Votre perception d'un bon article d'étude a-t-elle changé dans le temps ? Pr Giannobile : J'ai vu la complexité et le besoin de collaborer s'accroître dans la recherche dentaire. Il y a trente ans, le nombre moyen d'auteurs d'un article était deux ou trois. Aujourd'hui, c'est sept ou huit. Les questions de recherche sont abordées de manière plus coopérative, en associant par exemple les sciences biologiques et l'ingénierie ou les sciences cliniques et la bio-informatique. Ces projets coopératifs sont stimulants mais les résultats sont aussi très intéressants.

Qu'en est-il des facteurs sociaux de la recherche coopérative ? Pr Giannobile : Quel que soit le type de collaboration, le respect mutuel entre les individus travaillant ensemble est la clé. Mark Kelly, ancien astronaute de la NASA, a dit durant sa présentation d'ouverture de la rencontre annuelle de l'AAP en 2018 qu'il aime travailler avec des personnes compétentes, pas des « bénioui-oui ». Ces deux éléments sont importants dans tout type de recherche coopérative : compétence pour réaliser des expériences sophistiquées et esprit critique mais également ouverture et transparence pour interpréter les résultats. En tant qu'enseignant, j'encourage les étudiants en leur disant que ce n'est

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Osteology Research Academy Programme de formation en 2 modules aux bonnes pratiques de recherche, pour acquérir des connaissances sur la méthodologie de recherche auprès de scientifiques renommés

FIG. 1 : La Fondation Osteology promeut

la recherche, essentiellement via l'Osteology Research Academy, des recommandations et un ­ nancement. fi

Le module principal vise à transmettre le savoir-faire nécessaire pour une recherche réussie.

pas grave d'avoir des résultats négatifs. Nous voulons savoir ce qu'il se passe réellement.

Vous collaborez également avec les fabricants de matériel médical. Quel est leur rôle dans la recherche ? Pr Giannobile : L'industrie peut aider le monde universitaire car elle a un but : mener quelque chose à l'application clinique. Explorer une multitude d'idées est un grand privilège dans le monde universitaire mais au final, si on veut trouver une vraie application à un dispositif, un médicament ou un outil diagnostique pour une situation humaine spécifique, il va falloir définir les priorités et des buts clairs. Les partenariats entre universités et industries peuvent donc être synergiques.

Vous êtes le président désigné de la Fondation Osteology. Sa devise est « Lier la science à la pratique en régénération ». Est-ce la vôtre aussi ? Pr Giannobile : Oui. Je me sens vraiment privilégié de faire partie de la Fondation Osteology. L'important est de traduire

Le module spécialisé propose un regard plus approfondi et prévoit une formation pratique avec des experts renommés.

les solutions dans la pratique clinique et d'équilibrer science et pratique clinique. Il y a les symposiums nationaux et internationaux pour les cliniciens et l'­Osteology Research Academy pour former les jeunes chercheurs. Il y a aussi des programmes de bourses soutenant la recherche élémentaire, préclinique et clinique (cf. Fig. 1). Nous pensons que ce sont les piliers nécessaires pour soutenir la dentisterie basée sur des preuves.

Prévoyez-vous d'accroître encore le soutien ­de la Fondation Osteology à la recherche ? Pr Giannobile : Oui. Il y aura plus d'Osteology Research Academies à l'avenir, formant également de jeunes chercheurs dans la communauté mondiale en évolution. Ce n'est pas seulement une source précieuse de connaissances, mais également l'opportunité de bâtir un réseau scientifique avec des gens ayant la même vision. Nouveau président de la Fondation Osteology, je m'efforcerai de suivre les traces de nos leaders antérieurs hors pair, les professeurs Christoph H ­ ämmerle et Mariano Sanz. Ils ont accentué l'équilibre entre la recherche et la formation


Recommandations pour la recherche

Financement

Série de livres pour transmettre une base scientifique et des protocoles d'étude détaillés et permettre aux lecteurs de conduire des études systématiques et significatives.

Série de possibilités de financement pour promouvoir la recherche et conduire à des visions significatives sur tous les aspects de la régénération tissulaire orale.

Recherche préclinique pour apprendre les modèles translationnels les plus adaptés, les protocoles d'étude les plus efficaces et les aspects éthiques et réglementaires.

Recherche clinique pour développer des protocoles d'étude, des mesures et méthodes analytiques validées.

en ­régénération des tissus buccaux. L'an dernier, la Fondation Osteology s'est lancée dans un processus de planification stratégique visant à promouvoir davantage et globalement la régénération tissulaire orale via nos nombreux programmes pour toucher la génération suivante de chercheurs et cliniciens en dentisterie. Cela devrait être une période passionnante pour la ­Fondation qui a récemment fêté ses 15 ans.

Que conseilleriez-vous à quelqu'un qui veut commencer des recherches en dehors de l'université ? Pr Giannobile : Il est important de savoir que faire de la recherche ce n'est pas seulement faire des expériences et tester des hypothèses d'étude. C'est aussi la coordination d'étude, l'approbation du comité d'éthique, le soutien du personnel pour rassembler des données de qualité, etc. Mal organisée, la qualité des données obtenues ne pourra pas être transposée dans la pratique clinique. J'encouragerais donc ceux qui veulent s'engager dans cette voie de se former davantage. Par exemple, la Fondation Osteology organise des programmes de recherche

Maxi. 30 000 CHF Durée de 1 an

Maxi. 100 000 CHF Durée de 2 ans

Bourses cliniques importantes

Bourses d'étude

Maxi. 350 000 CHF Durée de 3 ans

Maxi. 35 000 CHF Durée de 1 an

universitaire d'une semaine pour les cliniciens intéressés par la recherche clinique. Nous enseignons les principes de base allant de la demande de subven­ tion et la conduite éthique évidente à la gestion de l'étude et la préparation du rapport, etc.

Quel est le résultat de recherche dont vous êtes le plus fier ? Pr Giannobile : L'étude qui me vient à l'esprit concerne la médecine personnalisée. Dans une population d'environ 5 000 patients, nous avons cherché trois facteurs de risque clés associés à la maladie parodontale : tabagisme, diabète et expression d'un polymorphisme génétique. Ces trois facteurs et l'intervalle de suivi des patients nous ont permis de prédire quels patients perdraient plus

Illustration : Quaint

Bourses pour jeunes chercheurs Bourses de recherche avancée

de dents et auraient plus d'évènements indésirables dentaires2. C'était passionnant de voir que, pour la première fois, une approche médicale personnalisée permettait de prédire les issues des patients en dentisterie. C'était aussi, pour moi, une vraie expérience d'apprentissage car il y avait eu au départ un certain rejet de la communauté dentaire. Mais j'étais très fier d'en faire partie car la traduction dans la pratique clinique est un processus rassemblant chercheurs, cliniciens et décideurs.

Références 1

Lieberman JR, et al.: J Orthop Res 1998;16(3):330-9.

2 Giannobile WV, et al.: J Dent Res. 2013; 92(8):

694-701.

FOCUS

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Dentisterie régénérative

La recherche qui doit influencer la pratique clinique Dr Ulpee R. Darbar | Royaume-Uni Consultante en dentisterie restauratrice Eastman Dental Hospital & Institute, Londres

Les revues systématiques, malgré des problèmes d'hétérogénéité et de standardisation, peuvent fournir un cadre au clinicien pour évaluer et planifier ses patients, compensant provisoirement le manque actuel d'essais comparatifs randomisés, notamment en implantologie dentaire. Cet article donne un bref aperçu des principales revues systématiques publiées et de leur pertinence pour le clinicien.

TABAGISME2

AUGMENTATION DES TISSUS MOUS1

Gain de tissu kératinisé : Le greffon gingival pour augmenter le tissu kératinisé entraîne une réduction significative du saignement au sondage, de l'indice gingival, de la profondeur au sondage et de l'indice de plaque ainsi qu'un niveau osseux marginal supérieur comparé aux sites en maintenance sans greffon. Gain d'épaisseur du tissu muqueux : La greffe de tissu conjonctif a un effet positif sur la réduction du niveau osseux marginal mais n'améliore pas significativement le saignement, l'indice de plaque ni la profondeur au sondage. Pertinence clinique : Les cliniciens doivent inclure l'évaluation de la morphologie et la qualité du tissu mou dans la planification du traitement implantaire. L'amélioration du tissu kératinisé et/ou de l'épaisseur au cours du traitement implantaire peut beaucoup aider à améliorer le ­résultat.

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GEISTLICH NEWS 1-2019

La perte osseuse marginale est plus importante chez les fumeurs, et également plus importante au maxillaire qu'à la mandibule. Il a aussi été montré que les fumeurs ont un risque supérieur de complications et il a été rapporté que le tabagisme a un effet négatif sur les implants dans les sites régénérés - probablement à cause de l'effet de la nicotine sur l'apport sanguin et la cicatrisation osseuse. Pertinence clinique : Les cliniciens doivent tenir compte du rôle du tabagisme dans les résultats thérapeutiques et connaître le risque supérieur d'échec de l'implant et de perte osseuse marginale, notamment si une greffe est prévue. Ils doivent aussi comprendre l'importance du niveau osseux de référence pour surveiller, après la réhabilitation avec implant, la perte osseuse marginale dans le temps.


PÉRI-IMPLANTITE (22 %)

MUCOSITE (43 %)

MALADIES PÉRI-IMPLANTAIRES4, 5

La prévalence, l'étendue et la gravité de

SITES INTACTS CONTRE SITES AUGMENTÉS3

Les patients recevant des implants dans des sites augmentés présentent une plus grande variabilité en termes de résultat et de prédictibilité que ceux les recevant dans des sites intacts. D'après la littérature, cela est en partie dû aux critères d'éligibilité, à l'échantillon de patients, aux différentes techniques d'augmentation et aux définitions variables des complications biologiques. Pertinence clinique : Les cliniciens doivent connaître les limites des données comparatives pour les sites augmentés versus intacts. Ils doivent tenir compte de l'importance d'évaluer les facteurs liés au patient lors de la planification du traitement implantaire avec augmentation.

la maladie péri-implantaire décrites par Derks et coll. dans leur premier article étaient : mucosite péri-implantaire 19-65 % (moyenne pondérée 43 %) et péri-implantite 1-47 % (moyenne pondérée 22 %). Cette revue souligne les limites de la prévalence, l'étendue et la gravité rapportées de la maladie péri-implantaire du fait de l'absence de définition standard de la maladie péri-implantaire, des durées de suivi variables et de l'utilisation d'échantillons de commodité par opposition aux échantillons sélectionnés aléatoirement. Le Workshop international 2017 de l'EFP/AAP a abordé ces problèmes comme l'indique le deuxième article de Derks et coll. incluant les nouvelles définitions standardisées de la santé et la maladie péri-implantaires et soulignant la nécessité de les utiliser. Pertinence clinique : De plus en plus de rapports suggèrent une hausse de la prévalence de la maladie péri-implantaire. Les cliniciens doivent toutefois tenir compte des limites des preuves publiées et de la surestimation éventuelle des données rapportées. La planification et l'évaluation pré-opératoire minutieuse des facteurs de risque et de la prédictibilité ne doivent pas être négligées car plusieurs de ces facteurs influenceront la prédictibilité post-traitement. Les cliniciens doivent connaître les nouvelles définitions de la santé péri-implantaire et les appliquer pour le diagnostic de la maladie péri-implantaire.

PRÉSERVATION DE LA CRÊTE ALVÉOLAIRE6

Les techniques de préservation de la crête alvéolaire peuvent prévenir la perte osseuse horizontale et verticale. Les résultats sont meilleurs avec l'élévation d'un lambeau et l'application d'une membrane avec xénogreffe ou allogreffe, notamment pour les mi-hauteurs buccale et linguale. Pertinence clinique : Les cliniciens doivent comprendre la nécessité de préserver l'os après une perte dentaire. Il faut par conséquent envisager la préservation de la crête alvéolaire sur tous les sites d'extraction pour minimiser la perte osseuse et limiter le recours à une greffe et une augmentation étendue par la suite.

Références 1

Thoma DS, et al.: Clin Oral Implants Res 2018; 29 Suppl 15: 32-49.

2 Moraschini V, Barboza ED: Int J Oral Maxillofac Surg 2016; 45(2): 205-15. 3 Salvi GE, et al.: Clin Oral Implants Res 2018; 29 Suppl 16: 294-310. 4 Derks J, Tomasi C: J Clin Periodontol 2015; 42 Suppl 16: S158-71. 5 Renvert S, et al.:. J Clin Periodontol 2018; 45 Suppl 20: S278-85. 6 Avila-Ortiz G, et al.: J Dent Res 2014; 93(10): 950-58.

FOCUS

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GRAND ANGLE

Discussion scientifique

« Que la force soit avec l'os »

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­GEISTLICH NEWS 1-2019

Photo : Alfons Gut

Entretien avec le professeur Jung-Chul Park et Niklaus Stiefel conduit par le Dr Giulia Cerino et Verena Vermeulen


La régénération osseuse est-elle plus efficace avec un comblement « aéré » du défaut ou le tassement du substitut osseux est-il bénéfique ? Le professeur Jung-Chul Park, Corée du Sud, fait partie des premiers chercheurs à poser la question dans une étude clinique. Ici, il discute avec Niklaus Stiefel du département recherche de G ­ eistlich, des preuves existantes et des conjectures dans le domaine des forces de compression.

Prof. Park, vous avez mené la première étude clinique sur l'impact de différentes forces de compression sur la préservation de la crête. Pourquoi ? Pr Park : Lors d'une procédure de préservation de la crête, les particules d'os sont parfois expulsées de l'alvéole dans le temps. C'est pourquoi nous avons décidé de tasser le comblement osseux dans l'alvéole. Il n'y avait eu aucune étude sur les forces de compression les plus efficaces pour la préservation de la crête ou la régénération osseuse guidée. Nous avons alors décidé de comparer les effets d'une pression extrême et d'une pression faible3.

Comment l'étude a-t-elle été réalisée ? Pr Park : Nous avons inclus 20 patients nécessitant l'extraction d'une seule mo-

laire maxillaire ou mandibulaire. Après l'extraction, les alvéoles ont été comblées avec 250 mg de ­Geistlich Bio-Oss® Collagen, appliqués avec une faible pression, 5 newtons, ou une pression extrême, 30 newtons. Nous avons ensuite recouvert les alvéoles avec une double couche de ­Geistlich Bio-Gide® et réalisé des sutures croisées internes sur le dessus.

Qu'avez-vous observé ? Pr Park : L'intérêt portait sur les variations de volume osseux et de tissu mou, la survie de l'implant et la formation d'os nouveau. Cette dernière a été évaluée au moyen d'analyses histologiques à partir de biopsies. Le gain de volume et la survie des implants étaient similaires dans les deux groupes, mais la quantité d'os nouveau était supérieure dans les alvéoles comblées avec des forces de compression élevées.

Photo : Alfons Gut

FIG. 1 : Quelle pression ­Geistlich Bio-Oss® peut-

il supporter avant l'écrasement des particules ? Pr. Jung-Chul Park (milieu) et Niklaus Stiefel (droite) discutent des propriétés du produit.

GRAND ANGLE

25


4,1 g

8,2 g

10 g

1

2

2

50 g

200 g

3

500 g

3000 g

4 1

2 1 Contrôle

20 animaux (80 défauts)

6 animaux (96 alvéoles)

Fermeture de défaut

Contour osseux (volume au-dessus de la partie supérieure linguale/vestibulaire de l'os natif, volume maxi.)

2

47 %

88 %

±8,5

±7,3

Zone extérieure de formation d'os nouveau

1

2

3

4

0,9 mm²

1,4 mm²

2,9 mm²

3,8 mm²

Formation d'os nouveau apicale

20 patients (20 alvéoles)

Formation d'os nouveau

1

2

1

2

3

4

1

2

39 %

88 %

38,6 %

29,6 %

30,5 %

39,5 %

6,7 %

13,6 %

±5,3

±7,3

Étude préclinique1 (voûte crânienne de lapin) avec un substitut osseux synthétique (Osteon™ Sinus) et 2 forces de compression

±2,8

±1,3

±1,4

±1,2

Étude préclinique2 (mandibule de chien) avec un substitut osseux synthétique (Bone Ceramic™) et 4 forces de compression

±7

±5,6

Étude clinique3 (extraction de molaire dans la mandibule ou le maxillaire) préservation de la crête avec Geistlich Bio-Oss® Collagen, Geistlich Bio-Gide® et 2 forces de compression

FIG. 2 : La compression des biomatériaux conduit-elle à une ostéoformation supérieure dans le site comblé ? Voici les preuves existantes.

Vous n'avez toutefois pas observé de différences en termes de gain de volume ni de survie des implants. Pr Park : Vrai. Nous avons déjà un taux de réussite élevé avec la planification du traitement, les implants et les biomatériaux actuels. Si tout fonctionne si bien, alors pourquoi se soucier de la force de compression ? Même si cela ne fait pas une grosse différence pour tous les patients, la compression peut avoir un impact énorme chez ceux ayant des problèmes médicaux tels que l'ostéoporose ou le diabète ou des pertes osseuses importantes.

26

GEISTLICH NEWS 1-2019

Nik Stiefel, vous suivez les développements dans ce domaine. Le lien entre compression et quantité d'os nouveau supérieure vous surprend-il ? Nik Stiefel : Oui et non. Oui, car il est recommandé en dentisterie d'appliquer le comblement osseux aussi délicatement que possible pour ne pas perdre l'architecture trabéculaire et la porosité du greffon. Et non, parce que la compression augmente la stabilité mécanique du greffon particulé et il n'y a pas de raison pour que le principe de la mécanobiologie « plus de stabilité égale plus d'os » ne s'applique pas à la formation d'os crânien.

Pourriez-vous expliquer l'effet positif de la compression ? Nik Stiefel : D'après les lois mécanobiologiques, la quasi-absence de mouvement entraîne l'ostéoformation tandis que l'excès de mobilité entraîne la formation de tissu mou. La compression augmentant la rigidité mécanique du matériau particulé, on s'attend à moins de mouvements et, donc, à une moindre formation de tissu mou et une formation d'os plus importante.

Ce principe est-il démontré ? Nik Stiefel : Oui. Nous savons que la ­stabilité du caillot sanguin et la stabi-

Illustration : Quaint

1


D'autres voix sur la question : « Comprimer ou ne pas comprimer ? » lité globale du site jouent un rôle crucial dans la régénération osseuse. Par exemple, dans la fracture du tibia chez le rat, certains types de contraintes entraînent la formation de cartilage plutôt que d'os4. Alors que le défaut contenu s'ossifie complètement pendant la régénération osseuse avec de l'os particulé5, une stabilisation mécanique est nécessaire pour l'ostéoformation dans le défaut vertical6. Il est aussi prouvé qu'au niveau du tissu les contraintes mécaniques et le mouvement des fluides ont un impact sur les cellules telles que les ostéoblastes7, les cellules endothéliales8 ou les cellules souches mésenchymateuses humaines9 utiles pour la régénération tissulaire. Pr Park : D'autres facteurs pourraient intervenir. La transduction mécanique avec la signalisation via les intégrines-β dans les ostéocytes est un principe bien étudié. La formation facilitée de ponts osseux dans une cavité densément comblée en est un autre - il s'agit de l'ostéogenèse de contact. Tout simplement, en tassant le biomatériau nous l'introduisons de force dans la partie la plus apicale de l'alvéole. Tout ce que nous savons aujourd'hui est que plus nous tassons le biomatériau, plus nous obtenons de l'os nouveau, mais nous ne savons pas si c'est cette force qui améliore l'ostéoformation ou autre chose, par exemple la stabilité du biomatériau.

Attendriez-vous le même effet avec un autre biomatériau ? Pr Park : Notre étude a été réalisée avec ­Geistlich Bio-Oss® Collagen dont les fibres de collagène pourraient assurer le maintien d'espace entre les particules d'os et empêcher l’écrasement du biomatériau. Les choses pourraient être différentes avec les particules de ­Geistlich Bio-Oss®. Il faut tenir compte d'autres variables comme le type de procédure

(augmentation horizontale ou verticale ou préservation crestale), origine du biomatériau (matériau xénogénique, allogénique ou synthétique), taille des particules (fine ou large), qualité de l'os environnant (p. ex. défaut à 3 parois ou 1 paroi). Comment décider ? Si l'on pense que la compression est un facteur important, mille questions émergent.

Y a-t-il des recherches en cours dans ce domaine ? Pr Park : Il y a beaucoup de recherches sur la manière d'améliorer la régénération osseuse avec des facteurs de croissance, des anabolisants, des inhibiteurs de la résorption osseuse, etc. Tous ces traitements adjuvants ont des effets secondaires. Mais une adaptation minime d'une procédure clinique de routine peut faire une différence. Et, en tant que clinicien, je ferais presque n'importe quoi pour améliorer et accélérer la cicatrisation osseuse.

Pr Maurício Araújo Université d'État de Maringa | Brésil

« Lors d'une préservation de crête, je comprime d'habitude le biomatériau jusqu'à sentir une résistance. Pour obtenir la plus grande stabilité possible de la plaie, je ne veux pas de granules de biomatériau dispersés dans le défaut. Pour cette raison, je préfère ­Geistlich Bio-Oss® Collagen car le collagène assure une stabilité supplémentaire aux granules. »

Dr Mario Roccuzzo Université de Turin | Italie

« Lors d'une préservation de crête, je n'utilise d'habitude que ­Geistlich Bio-Oss® Collagen et le recouvre avec ­Geistlich Mucograft® Seal. Je le compresse pour m'assurer qu'il n'y a pas de vides dans l'alvéole. »

Références 1

Romanos GE, et al.: Clin Oral Impl Res 2015; 29(6):612-619.

2 Delgado-Ruiz R, et al.: Clin Oral Impl Res 2016; 29(7)792-301. 3. Cho IW, et al.: J Periodontal Implant Sci 2017; 47(1): 51-63. 4 Miller GJ, et al.: Biomech Model Mechanobiol 2015; 14(6): 1239-53. 5 Hwang D, SonickM: Implant Site Development. John Wiley & Sons Ltd: Sussex 2012. 6

Urban I: Implant Site Development. John Wiley & Sons Ltd: Sussex 2012.

7 Knothe Tate ML, et al.: Int J Biochem Cell Biol 2008; 40(12): 2720-38. 8 Califano JP, Reinhart-King CA: Journal of Biomechanics 2010; 43(1): 79. 9 Gjorevski N, Lutolf M: Prog Mol Biol Transl Sci 2014; 126: 257-78.

Pr aux. Thiago Morelli Université de Caroline du nord | États-Unis

« Lors des procédures de préservation de la crête, la plupart des cliniciens (y compris moi) ont une tendance à comprimer les biomatériaux dans les défauts osseux pour stabiliser les particules et combler l'espace avec la quantité maximale possible de biomatériau. Même si cliniquement cela ­remplit l'objectif, je m'inquiète de l'écrasement excessif des biomatériaux. L'écrasement pourrait endommager les particules et détruire ainsi la structure pour la formation d'os nouveau. L'utilisation de biomaté­ eistlich riaux à base de collagène tel G ­Bio-Oss® Collagen peut limiter la nécessité de trop comprimer en assurant la stabilisation du greffon. » GRAND ANGLE

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Points de vue

5 cliniciens et 5 questions 5 cliniciens. 5 questions. 5 réponses précises. Nous avons sélectionné cinq cliniciens renommés et nous leur avons demandé de répondre à cinq questions sur la recherche, en partageant leurs points de vue avec des confrères. Résultat : 25 regards professionnels et personnels.

Pr Kristina Badalyan | Russie

Pr Nikos Donos | Royaume-Uni

CNIIS, Département d'implantologie orale, Moscou

Université Queen Mary de Londres

Quel(le) chercheur(se) célèbre aimeriez-vous rencontrer ?

Quel(le) chercheur(se) célèbre aimeriez-vous rencontrer ?

Jan Lindhe. Ses livres et articles sont la bible des parodontistes et des chirurgiens oraux.

Alexander Fleming et, actuellement, Shinya Yamanaka qui a révolutionné la recherche sur les cellules souches.

Sur quoi portait votre première recherche ? Influence de la microchirurgie sur les tissus durs et mous pendant l'implantation.

Un moment marquant pour vous dans votre carrière ? J'ai assisté à un congrès à Lucerne en 2004 qui m'a permis de voir le sens des développements à venir et donné l'opportunité d'utiliser de nouvelles connaissances dans ma pratique clinique.

Si vous étiez chercheur(se) dans un autre domaine, quelle idée développeriez-vous ? Préservation et culture de cellules du ligament parodontal et comment les utiliser pour la régénération.

Un(e) chercheur(se) doit toujours… « Rendre les choses aussi simples que possible, mais pas plus simples. » Albert Einstein.

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Sur quoi portait votre première recherche ? Évaluation de l'utilisation de greffons osseux autologues associés à des membranes non résorbables.

Un moment marquant pour vous dans votre carrière ? Le développement du principe de la RTG et l'application clinique correspondante.

Si vous étiez chercheur(se) dans un autre domaine, quelle idée développeriez-vous ? Diagnostic précoce du cancer buccal via des biomarqueurs dans la salive.

Un(e) chercheur(se) doit toujours… Être critique et ouvert(e) aux nouvelles idées et technologies, mais aussi assez humble pour comprendre que tout nouveau résultat amène de nouvelles questions passionnantes.


Pr Andreas Stavropoulos | Suède

Pr Giuseppe Romito | Brésil

Dr Rachel Schallhorn | États-Unis

Département de parodontologie, Faculté d'odontologie, Université de Malmö

Département Parodontie, École dentaire, USP – Université de São Paulo

Cabinet privé, Aurora, Colorado

Quel(le) chercheur(se) célèbre aimeriez-vous rencontrer ?

Quel(le) chercheur(se) célèbre aimeriez-vous rencontrer ?

Quel(le) chercheur(se) célèbre aimeriez-vous rencontrer ?

J'aimerais avoir rencontré Sture Nyman. Il est considéré comme l'un des pères de la régénération des tissus buccaux et c'était apparemment un personnage !

Niklaus Lang et Jan Lindhe pour discuter de leur avis sur les perspectives à venir en parodontologie et implantologie.

Je l'ai déjà rencontré ! Mon grandpère, le Dr Robert Schallhorn.

Sur quoi portait votre première recherche ?

Étude du mécanisme d'apoptose avec un médicament utilisé pour traiter le cancer de la prostate pendant ma formation de premier cycle.

Sur quoi portait votre première recherche ? Évaluation de l'impact d'un substitut osseux sur l'ostéoformation au moyen de la régénération osseuse guidée.

Relation entre le microbiote sous-gingival et salivaire et la prolifération gingivale chez les patients transplantés cardiaques après la prise de la cyclosporine A.

Un moment marquant pour vous dans votre carrière ?

Un moment marquant pour vous dans votre carrière ?

Le fait de faire de la recherche peut en soi vous rendre heureux !

Quand j'ai compris que le plus important, outre les résultats, est tout le processus de recherche.

Si vous étiez chercheur(se) dans un autre domaine, quelle idée développeriez-vous ? Je trouve fascinante l'idée du rajeunissement et de la reprogrammation cellulaire guidée.

Un(e) chercheur(se) doit toujours… Regarder honnêtement les données et utiliser le bon sens lors de l'interprétation des résultats. Étudier aussi et ne jamais abandonner !

Si vous étiez chercheur(se) dans un autre domaine, quelle idée développeriez-vous ? Ingénierie tissulaire avec cellules souches pour améliorer la capacité du patient à remarcher, par exemple !

Un(e) chercheur(se) doit toujours…

Sur quoi portait votre première recherche ?

Un moment marquant pour vous dans votre carrière ? Le jour où j'ai finalisé ma thèse. J'ai réalisé que j'avais appris beaucoup plus que je ne pensais.

Si vous étiez chercheur(se) dans un autre domaine, quelle idée développeriez-vous ? Épigénétique et influence de facteurs externes et environnementaux sur l'expression des gènes.

Un(e) chercheur(se) doit toujours… Rester objectif(ve). Garder l'esprit ouvert pour les découvertes imprévues ou inattendues.

Être en ébullition et ouvert(e), persévérer et être enthousiaste dans le domaine universitaire.

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Histologie

Les kératines qui font la différence Pr Istvan Urban | États-Unis et Hongrie École de médecine dentaire, Université de Loma Linda Formation avancée en dentisterie implantaire

FIG. 1 : Coloration à l'hématoxyline et à l'éosine (H&E) d'une biopsie traitée (en haut). Coloration d'une biopsie traitée pour la kératine-14 (rouge) et le DAPI (noyaux, bleu) confirmant la répartition physiologique des kératinocytes basaux (en bas).

L'intervention chirurgicale testée dans cette étude prospective1 a été appelée « technique de greffe combinée » car elle consistait à combiner un greffon gingival autologue (bandelette) en position apicale et ­Geistlich Mucograft® en position coronaire. Cette technique est indiquée pour corriger les gros défauts mucogingivaux dus aux procédures régénératrices avancées tout en limitant le prélèvement d'un greffon autologue et la morbidité du patient. Il s'agit d'une approche mini­ malement invasive servant à régénérer de grandes quantités de tissu kératinisé manquant. N'utilisant qu'une bandelette en position apicale et la majeure partie du lit de la plaie étant couverte d'une matrice de

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collagène, nous voulions savoir quel type de tissu nous obtenions après la cicatrisation. Outre l'histologie classique, nous avons évalué le schéma d'expression de différentes kératines dans la mesure où elles révèlent l'état de la gencive et permettent de déceler une différenciation anormale. La coloration histologique et

l'examen par immunofluorescence ont révélé que le tissu régénéré était kératinisé sans différence par rapport au tissu kératinisé « normal ». Références 1

Urban IA, et coll.: Int J Periodontics Restorative Dent 2019; 39(1):9-14.

« Lorsque j'ai vu les magnifiques images d'immuno­fluorescence et les kératines briller comme de belles lumières de Noël, j'ai eu un frisson. Voici un petit exemple d'ingénierie tissulaire, petit mais frappant, réussi et utile ! »


La science de la sérendipité

Photo : Getty Images/Chad Baker/Jason Reed/Ryan McVay

À l'ère de la conception de médicaments assistée par ordinateur, beaucoup pensent que les découvertes fortuites en médecine et sciences font partie du passé. Heureusement, ce n'est pas le cas.

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Même aujourd'hui, des observations aléatoires et des échecs imprévus ouvrent des voies nouvelles à des innovations révolutionnaires. Le monde scientifique a un terme pour qualifier ces découvertes involontaires : « sérendipité ». Le terme provient d'un conte oriental. Lors de leurs voyages aventureux, trois princes de Serendip – ancien nom du Sri Lanka – faisaient toujours des découvertes sans le vouloir. La sérendipité va toutefois au-delà de la pure coïncidence car seuls ceux qui identifient une opportunité peuvent transformer les hasards en découvertes. Les scientifiques qui ont suivi ont travaillé dans leurs domaines pendant des années et ont donc pu juger de la valeur du hasard. Leur talent particulier a été la capacité à reconnaître la sérendipité et à en tirer profit.

Rayons X - une étrange lueur Un seul événement peut être décisif et plusieurs découvertes capitales peuvent être liées à une date ou même un moment de la journée. Tel fut le cas pour le physicien Wilhelm Conrad Röntgen qui, le soir du 8 novembre 1895, faisait une expérience avec un tube de Crookes (tube à vide dans lequel des rayons cathodiques se propagent en ligne droite sans champ magnétique) à l'université de Würzburg, Allemagne. Lorsqu'il a appliqué la tension, un papier fluorescent qui se trouvait par là dans la salle sombre s'est soudainement mis à briller. Röntgen a essayé d'empêcher la lueur gênante avec un carton noir - en vain. Il a vite réalisé que certains matériaux, tels l'os et le métal, étaient moins perméables à ce « rayonnement X » et que le plomb le bloquait complètement. Plaçant une plaque photo derrière la main de sa femme, il a pu représenter ses tissus internes - l'un des premiers clichés radio-

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Photo : ©iStock.com/jarun011

Dr Klaus Duffner

FIG. 1 : Près d'un médicament antimicrobien, la croissance bactérienne est inhibée. Le principe

et le premier antimicrobien, la pénicilline, ont été découverts par Alexander Flemming en 1928.

logiques jamais réalisés. La découverte accidentelle et, plus tard, l'étude approfondie des rayons X ont valu à Röntgen le prix Nobel de Physique en 1901.

Pénicilline – un couvercle oublié Les recherches du bactériologiste écossais Alexander Flemming ont été marquées par ses expériences pendant la première guerre mondiale. Il y a plus de soldats morts dans les tranchées à cause d'infections de plaies que de blessures au combat. La recherche révolutionnaire d'un remède a été due à une coïncidence. Lorsque Fleming est parti en vacances en août 1928, il a oublié de fermer ses boîtes de ­Petri contenant des cultures de staphylocoques. De retour à son laboratoire à l'hôpital St Mary à Londres, le 28 septembre, il a remarqué de la moisissure dans l'une des boîtes. Mais partout où le champignon avait été en contact avec les staphylocoques, les bactéries avaient ­disparu. Flemming a cultivé le champignon et découvert qu'il sécrétait un poison antibactérien. Cependant, plus d'une décennie

s'est écoulée avant que ce poison, appelé plus tard pénicilline, puisse être produit en quantité suffisante et utilisé comme antibiotique. Flemming, qui a reçu le prix Nobel de Médecine avec deux autres bactériologistes en 1946, est resté modeste toute sa vie. Interrogé sur sa grande découverte, il a dit : « C'est la nature qui l'a créée. Je suis juste tombé dessus. »

Empreinte génétique – on a ça dans le sang Le 10 septembre 1984, dans son laboratoire de l'université de Leicester en Grande-Bretagne, le biochimiste Alec John Jeffreys menait ses recherches sur ce que l'on appelle l'ADN minisatellite. Les minisatellites sont des portions dans le génome humain consistant en des répétitions variables d'une courte séquence d'ADN.


Jeffreys a étudié des échantillons de sang de plusieurs membres d'une même famille, côte à côte. Il a relevé que chaque image d'ADN minisatellite pouvait être attribuée à une seule personne, comme un code à barres. Les liens familiaux étaient également visibles - plus la concordance était élevée, plus la parenté était proche. Jeffreys a immédiatement compris l'importance de sa découverte. Il avait trouvé ce que nous appelons aujourd'hui l'empreinte génétique. Il est aujourd'hui impossible d'imaginer des enquêtes criminelles ou des tests de paternité sans empreinte génétique ou profil d'ADN.

Inhibiteurs de la PDE-5 – des effets secondaires inattendus En 1989, deux chercheurs britanniques, Peter Ellis et Nick Terret, cherchaient un médicament pour prévenir les crises cardiaques et autres troubles cardiovasculaires. Ils s'intéressaient au sildénafil, substance active et vasodilatatrice. Après deux années d'étude, l'efficacité du sildénafil contre la coronaropathie n'était pas encore démontrée mais le médicament avait un effet secondaire inattendu : les hommes avaient plus d'érections et elles persistaient. Le sildénafil avait inhibé l'enzyme phosphodiestérase-5 (PDE-5) et la concentration du messager secondaire cGMP dans le tissu érectile du pénis est restée élevée, ce qui a entraîné la dilatation des vaisseaux et causé des érections inattendues et durables. L'une des causes les plus fréquentes du dysfonctionnement érectile à ce jour - constriction des vaisseaux sanguins et apport sanguin au pénis insuffisant - avait à présent un traitement pharmaceutique.

L'effet secondaire observé par hasard a fait des inhibiteurs de la PDE-5 l'un des médicaments les plus utilisés au monde aujoud'hui.

aléatoire dans le sud de la France a été, plus que tout, un gros coup de chance.

Hémangiome – rétrécissement soudain

En 2003, dans une clinique britannique, Didier Raoult de l'Université de la Méditerranée à Marseille, ne cherchait pas des virus mais un type particulier de bactérie : legionellae. Quand Raoult a examiné le contenu d'un filtre à bactéries de plus près, il a trouvé des virus géants alors inconnus qui allaient mettre sens dessus dessous certaines idées sur les virus. Longs de 0,4 µm et contenant environ 900 gènes, ils étaient non seulement bien plus gros que tous les virus connus, et que beaucoup de bactéries, mais c'était également une espèce d'organisme hybride ayant la capacité de produire des protéines. De tels micro-organismes géants avaient déjà été observés par des chercheurs dans les années 1990 qui les ont pris pour de nouvelles espèces de bactéries. Didier Raoult a non seulement trouvé les organismes mais les a aussi identifiés comme étant des mégavirus. Depuis, tout un spectre de virus géants encore plus gros a été décrit. Leur étude indique que la ligne entre les virus et les bactéries, viables et non viables, est à présent moins nette. Tout un nouveau chapitre de la virologie a commencé, par hasard.

La tache de naissance caoutchouteuse rouge vif sur le nez du bébé s'était rapidement étendue et commençait déjà à appuyer sur sa trachée. L'hémangiome est un nodule de vaisseaux sanguins en plus sous la peau. En 2007, la pédiatre Christine Léauté-Labrèze de l'hôpital universitaire de Bordeaux a initié un traitement avec des corticostéroïdes systémiques mais le traitement a échoué. À l'âge de trois mois, le bébé ayant également développé un trouble du muscle cardiaque, un traitement avec le bêta-bloquant propranolol a été initié. Seulement quelques jours plus tard, une chose totalement inattendue s'est pro-

« Seuls ceux qui reconnaissent une opportunité peuvent transformer les hasards en découvertes. » duite : l'excroissance voyante est passée du rouge au violet et s'est ramollie. En quelques semaines, elle a commencé à rétrécir. Lorsque le bêta-bloquant a été arrêté à 14 mois, l'hémangiome avait presque complètement disparu. Neuf autres enfants avec un hémangiome facial problématique ont rapidement été soignés de la même façon. Pour les médecins, les parents et surtout des milliers d'enfants, cette observation

Virus géants – coincés dans le tamis bactérien

Bibliographie 1

Meckel M, Rettig D: Serendipity. Wer nicht sucht, der findet. Kein & Aber 2018.

Photo : ©iStock.com/puflic_senior

GRAND ANGLE

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DANS LA MATRICE :

INTÉGRATION OU DÉSINTÉGRATION

SHAHRAM GHANAATI et son équipe du FORM-Lab enquêtent sur la réaction des cellules à un biomatériau implanté – p. ex. une matrice ou membrane de collagène ou un substitut osseux.

Nous savons que le sang et les facteurs de croissance s'accumulent dans la matrice de collagène. Dans le temps, du tissu nouveau se forme et s'intègre dans la structure. Mais comment le système immunitaire réagit-il à un biomatériau implanté ? La matrice de collagène provoquet-elle une réaction à un corps étranger ?

... en réalisant une chirurgie maxillo-faciale majeure impliquant l'utilisation d'une matrice de collagène. coraux

éponges bactéries procaryotes (cellules sans noyau) 2

requins

poissons (vertébrés) 1

0,7

insectes volants 0,5

3 4

0,3

protozoaires vertébrés tereucaryotes (premiers organismes restres, amphibiens, insectes (cellules avec « ressemblant à des animaux ») noyau) « Explosion cambrienne » (première apparition de reptiles, dinosaures des milliards d'années la plupart des groupes en arrière d'animaux actuels) abeilles

oiseaux

5

COMMENT L'ORGANISME RÉAGIT-IL ? Pour tester la réponse immunitaire, différentes matrices et membranes de collagène ont été implantées sous la peau de souris. Des coupes histologiques de ce comblement ont été analysées après...

0,1

10 millions 300 000 humains (Homo sapiens) aujourd'hui

Épiderme Derme Hypoderme Biomatériau Geistlich Mucograft®

... 3 jours

... 10 jours

... 15 jours

© Studio Nippoldt, Berlin

... 30 jours *Les coupes histologiques montrent Geistlich Mucograft®1. Autres membranes et matrices testées : Geistlich Bio-Gide®2, membrane de collagène BEGO3, Ossix® Plus4, Mucoderm®5, membrane de collagène Symbios SR et Collprotect®6.

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... 60 jours

Illustrations : Studio Nippoldt, Berlin

UNE FAMILLE DE PROTÉINES HAUTEMENT CONSERVÉES hominidés Le collagène est phylogénétiquement très ancien et hautement conservé chez les mammifères, y compris les humains. Il est bien accepté par le système immunitaire humain.

mammifères


Geistlich Mucograft® et Geistlich BioGide® n'ont induit que des cellules mononucléées. Toutes les autres matrices et membranes testées ont en revanche induit des cellules géantes multinucléées.

Les études sur d'autres animaux et les études cliniques ont abouti à la même conclusion7.

Cellule géante multinucléée

Nous devons étudier comment les biomatériaux provoquent ces différentes réactions et si les cellules géantes multinucléées perturbent la régénération tissulaire.

Shahram Ghanaati et sa collègue Sarah Al-Maawi évaluent les résultats.

LES MACROPHAGES DEVIENNENT DES CELLULES GÉANTES MULTINUCLÉÉES réparation et le maintien de l'intégrité des tissus7-10. Les macrophages sont des cellules mononucléées. Leur activiEn cas d'échec à éliminer les particules étrangères (p. ex. un bioté phagocytaire et leur capacité à libérer facteurs de croissance matériau implanté) par phagocytose, ils fusionnent pour former des cellules géantes multinucléées. Ensuite, ils dégénèrent. et cytokines sont importantes pour la cicatrisation des plaies, la ACCUMULATION 0-10 jours

IL-4

IL-4

IL-13

FUSION 10-15 jours

IL-4

IL-4 IL-13

IL-13

Selon la réaction immunitaire, on distingue deux schémas : A) Intégration physiologique Les biomatériaux sont bien intégrés dans le tissu hôte sans signe de réaction aux corps étrangers ni de dégradation prématurée.

IL-4

Je suis convaincue que l'ingénierie tissulaire guidée nécessite des biomatériaux servant de structure pendant un temps défini. L'élimination rapide par les cellules géantes multinucléées est donc contre-productive.

B) Désintégration pathologique Les biomatériaux suscitent une réaction aux corps étrangers caractérisée par la présence de cellules géantes multinucléées. Cette réaction est associée à une perte prématurée de la fonction et de l'intégrité7. temps (jours) Références : voir page 39

3

10-15

30

DÉGRADATION/DÉSINTÉGRATION 15-60 jours

60

Oui, il faut s'interroger de manière critique sur la contribution ou non de ces cellules au processus de régénération. Mais avant, il nous faut plus d'études à ce sujet ! Références : voir page 39 GRAND ANGLE

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Osteology Barcelone 2019

Fondation Osteology : Situation actuelle et horizon Entretien avec le professeur Mariano Sanz, Espagne, conduit par Basil Gürber

La devise « La NOUVELLE RÉGÉNÉRATION » combine les principaux centres d'intérêt de la Fondation Osteology pour Barcelone 2019. Cela inclut la nouvelle génération de traitements régénérateurs ainsi que la nouvelle génération de praticiens - non seulement comme participants au programme mais également comme futurs spécialistes de la régénération tissulaire orale. Avec le recul, comment la Fondation Osteology s'est-elle développée depuis le dernier symposium international Osteology à Monaco en 2016 ? Pr Sanz : La principale mission de la Fondation Osteology est de relier la science à la pratique clinique dans le domaine de la régénération tissulaire orale. Ainsi, les progrès scientifiques et le développement de nouvelles technologies dans ce domaine ces trois dernières années l'ont conduite à élargir ses activités. Cela inclut l'extension et la diversification du programme de financement des recherches, l'élargissement de nos programmes de formation à la recherche via le développement des cours de l'Oral Research Academy en Amérique du sud et en Asie ainsi que le développement de nos programmes d'enseignement et de formation en coopération avec les principales associations scientifiques mondiales.

Quels sont les objectifs de la Fondation Osteology ? Pr Sanz : Nous venons d'élaborer un plan stratégique traçant la voie que va suivre la Fondation Osteology dans les 10–15 ans à venir. Nous voyons la Fondation Osteology devenir une entité mondiale clé soutenant la recherche et la formation dans le domaine de la régénération tissulaire orale.

Une nouvelle génération de praticiens arrive dans le domaine – comment la Fondation Osteology peut-elle soutenir leurs carrières professionnelles ? Pr Sanz : Cette ambition mondiale de toucher chaque professionnel de la santé bucco-dentaire ne peut se réaliser qu'avec les outils de communication appropriés. Le contact électronique direct avec chaque professionnel doit être combiné avec des activités d'échange scientifique et de formation bien planifiées, en collaboration avec les associations et entités de formation scientifique les plus prestigieuses à travers le monde.

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GEISTLICH NEWS 1-2019

Quels outils la Fondation Osteology a-t-elle développé pour faire face à ces évolutions ? Pr Sanz : Pour remplir cette mission, la Fondation Osteology a besoin de ressources humaines et techniques. Nous avons un comité élu et un conseil d'experts regroupant les chercheurs et cliniciens les plus prestigieux dans le domaine ainsi qu'un personnel dévoué exceptionnel, tous prêts à faire face à ces besoins qui évoluent. Quant aux ressources techniques, nous avons une plateforme électronique puissante (THE BOX) qui sert merveilleusement les besoins de formation et de communication directes entre le praticien et notre association.

En comparaison de Monaco en 2016, qu'est-ce qui est nouveau à Barcelone en 2019 ? Pr Sanz : À Barcelone, nous voulons impliquer plus de jeunes professionnels, plus de praticiens intéressés ; nous avons donc élaboré un programme scientifique passionnant associant des conférences de grands orateurs internationaux et les nouvelles générations à venir. Nous maintiendrons le contenu scientifique de haute qualité qui a toujours caractérisé le symposium international de la Fondation Osteology, avec de nouvelles modalités d'interaction pendant le congrès qui permettront le réseautage le plus efficace avec les technologies actuelles. En transférant le symposium international de Monaco à Barcelone, nous voulons le rendre plus accessible, essentiellement aux jeunes professionnels ; à cette fin, nous avons introduit des frais d'inscription spéciaux et prévu de nouvelles activités spécifiquement adaptées à leurs besoins.

Qu'attendez-vous avec le plus d'impatience à Osteology Barcelona 2019 ? Pr Sanz : Barcelone est l'une des plus belles villes du monde. Elle associe parfaitement modernité, culture, fraîcheur et lumière de la mer Méditerranée. Elle exerce donc une attraction magnétique, sur les jeunes comme sur les moins jeunes dans le monde entier. Combiné à la qualité du programme scientifique et du réseautage professionnel auquel nous nous attendons au symposium international de la Fondation Osteology, c'est le cocktail parfait de la réussite. Ce qui rendra ce congrès très spécial pour moi, c'est qu'il a lieu dans mon pays d'origine et pendant ma dernière année à la tête de la Fondation Osteology. J'adorerais accueillir personnellement tous les participants au symposium international et je suis sûr qu'ils apprécieront beaucoup le congrès, cette magnifique ville ainsi que la culture, les délices culinaires et l'hospitalité espagnols bien connus.


Cours de l'Osteology Research Academy 2019 La recherche est le moteur des progrès en science. C'est pourquoi la Fondation Osteology s'engage à organiser des cours intensifs sur le plan et la méthodologie de recherche. De plus, un cours avec différents regards sur la recherche tissulaire osseuse est proposé en 2019. > Plan et méthodologie de recherche 3-6 juin 2019, Université de Hong Kong, SAR, RP de Chine 9-13 septembre 2019, Université de Lucerne, Suisse 22-25 octobre 2019, Rio de Janeiro, Brésil > Recherche tissulaire osseuse 4-6 novembre 2019, Université de Bern, Suisse

Oral regeneration in a nutshell : À propos du livre Le but des auteurs de ce petit livre n'était PAS de faire un nième manuel complet. Le but était plutôt d'introduire les débutants au domaine complexe mais fascinant de la régénération orale et de donner un aperçu général des indications, procédures et matériaux utilisés. Ce livre présente les bases de la régénération parodontale, osseuse et tissulaire ainsi que de la préservation de la crête. Les objectifs des différents traitements, les principes sous-jacents, les indications cliniques et les procédures chirurgicales sont présentés très simplement avec des illustrations et des images cliniques. Plus d'informations sur www.oral-regeneration.org

Éditeur ©2018 Osteology Foundation Landenbergstrasse 35 6002 Lucerne Suisse TÉLÉPHONE : +41 41 368 44 44 info@osteology.org www.osteology.org OSTÉOLOGIE

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Entrevue

Avec Gong Ping in Xi’An Propos recueillis par Yun Yang

Ce numéro de ­Geistlich News s'intéresse à la recherche et à la pratique. Quelle est votre expérience ? Pr Gong : La recherche et la pratique se complètent. Avant d'utiliser une technique ou un produit sur un patient, la première étape doit toujours se baser sur la recherche. En tant que chirurgien-dentiste expérimentée, je suis toujours très prudente lorsqu'on me présente un nouveau produit. Je veux vraiment vérifier si le produit est aussi bon qu'on le dit. Je consulte moi-même la littérature scientifique et je fais plusieurs études et tests. En suivant cette approche, je comprends mieux les matériaux et leur application clinique. Comme dit un vieux proverbe chinois : « Sachez quoi et pourquoi en même temps ». Aimez-vous enseigner ? Pr Gong : J'ai eu et j'ai toujours des étudiants brillants. Ils étudient et travaillent très dur. Tous mes étudiants qui ont décidé de rester dans mon université après leur diplôme ont reçu au moins une bourse de la Fondation nationale des sciences naturelles, l'un des premiers instituts en Chine. C'est un grand honneur pour moi ! J'essaie de garder le contact avec eux tous. Nous avons des groupes de chat. Nous discutons et partageons des informations du monde entier. C'est un véritable plaisir d'enseigner ! Mais vous traitez aussi des patients. Quelle est votre attitude à leur égard ? Pr Gong : J'essaie toujours de me mettre à leur place. Quel type de traitement accepterais-je ? De plus, j'essaie toujours de connaître la situation du patient. Je pense qu'un traitement reposant sur l'empathie est la meilleure solution pour avoir des bénéfices durables. J'enseigne également cette approche à mes étudiants. Il est important que le patient soit à l'aise, surtout

dans un hôpital universitaire. J'offre à mes étudiants la possibilité d'interagir avec les patients. Je suis à leur côté, les écoute et les soutiens. Si je vois ou entends quelque chose de faux, je prends le temps de discuter avec l'étudiant à part.

Une approche qui peut sembler rude… Pr Gong : Je ne suis pas une enseignante dure, mais j'ai des règles. Vous devez vous engager envers le patient. Le téléphone portable n'est pas autorisé pendant le travail et personne ne doit m'interrompre quand je suis en consultation avec un patient. Après les soins, j'encourage mes étudiants à appeler les patients pour le suivi. Bien que l'on ait beaucoup de patients à traiter et que l'on soit très occupé(e) tous les jours, il faut finir ce que l'on a commencé. Que rêviez-vous de faire quand vous étiez enfant ? Pr Gong : Je suis née dans une famille de médecins. Ma mère est pédiatre et mon père orthopédiste. Nous n'avons jamais eu de dîner de famille, même pas pour le Nouvel an chinois. Bien que je n'aie jamais supporté le fait que mes parents soient très occupés, je comprenais aussi qu'ils avaient des occupations très respectables. J'ai alors décidé de devenir aussi médecin. Et pourquoi l'implantologie dentaire ? Pr Gong : Enfant, j'avais beaucoup de problèmes dentaires et il n'y avait pas beaucoup de centres dentaires près de chez moi. Par conséquent, à l'université je n'ai envisagé aucune faculté autre que celle de la médecine dentaire. On m'a dit un jour : « Les dents sont les indicateurs de votre hygiène de vie. Le soin dentaire sera là pour toujours ! » Je ne dirais donc pas que c'était mon rêve, mais plutôt une obsession !

La professeur Gong Ping est enseignante, médecin-conseil et directrice du Centre d'implants à l'École de stomatologie de la Chine occidentale. En plus d'être la co-directrice du Comité spécialisé en implantologie dentaire de l'Association chinoise de stomatologie, elle est un membre actif de l'American Academy of Implant Dentistry (AAID) et de l'International Association for Dental Research (IADR). Elle est auteure et co-auteure de plusieurs articles de revues évaluées par les pairs et de manuels, et donne des conférences lors de rencontres nationales et

Photo : Jia Degang

internationales.

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GEISTLICH NEWS 1-2019


Numéro 2 | 2019

sera publié en août 2019.

Autour des implants > Péri-implantite : Comment régénérer le défaut > Phases de traitement : Comment combiner augmentation osseuse et augmentation du tissu mou > Comment traiter un tissu mou qui s'amincit DISCUSSION SCIENTIFIQUE

Yxoss CBR® ou membrane renforcée au titane

Références 1

Ghanaati S: Acta Biomater 2012; 8(8): 3061-72.

2 Ghanaati S, et al.: Biomed Mater 2011; 6(1): 015010. 3 Barbeck M, et al.: J Oral Implantol 2015; 41(6): e267-81. 4 Chia-Lai P, et al.: Clin Oral Investig 2018; 22(4): 1851-63. 5 Barbeck M, et al.: J Oral Implantol 2015; 41(6):e238-51.

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ARRIÈRE-PLAN

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