Réconcilier les Français et l’économie : Mission impossible ?

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Colloque sur la culture économique des Français

« Réconcilier les Français et l’économie : Mission impossible ? » Assemblée nationale - Mercredi 23 novembre 2011

Jean-Michel FOURGOUS Député-maire d’Elancourt, Co-Président de « Génération entreprise » « Si nous avons organisé ce colloque, c’est parce que les Français ont un vrai problème avec l’économie » ; « Praticien de l’économie, je suis arrivé dans un hémicycle où plus de la moitié des membres était issue de la fonction publique ! Chef d’entreprise, j’ai alors découvert mes nouveaux collègues : de véritables théoriciens, dont la plupart n’avait jamais créé de richesse, ni vu un plan comptable, mais savaient très bien taxer et dépenser ! ». Jean-Michel Fourgous a ensuite évoqué les raisons pour lesquelles il « Selon le prix Nobel d’économie Edmund PHELPS, la France perd un a créé, avec son collègue Olivier point de croissance à cause de son manque de culture économique » Dassault, « Génération Entreprise », groupe d’étude qui regroupe quelque 100 Députés issus du secteur marchand : « C’est parce que l’entreprise est mal représentée, qu’elle est parfois considérée comme le mal absolu, et que les entrepreneurs sont trop souvent caricaturés dans nos écoles et dans les médias » ; La vocation de « Génération Entreprise » est de rappeler que « c’est l’entreprise qui finance nos routes, nos hôpitaux et nos écoles ». Car, selon le Député, il y a au moins une chose dont on peut être certain : « Un pays qui met au ban de la société ses producteurs de richesse n’a pas d’avenir ». Il a alors insisté : « Nous sommes le peuple le plus réfractaire au monde à l’économie de marché. L’économie fait peur à nos compatriotes ! Les entreprises aussi. Alors que c’est l’économie qui fait le social, pas l’inverse ! ». Enfin, Jean-Michel Fourgous a souligné qu’en matière économique, « les perceptions des Français l’emportent trop souvent sur la réalité des faits ». Quelques exemples : 1) En matière d’inégalités : pour 80% des Français, elles ont augmenté, alors qu’en France, les inégalités ont diminué (le rapport interdécile était de 4,6 dans les années 1970 ; il est de 3,4 en 2009) ! 2) En matière de justice sociale : la France est le pays le plus généreux au monde avec plus de 600 milliards d’euros redistribués au social chaque année ! 3) En matière de pauvreté : la France a l’un des taux de pauvreté les plus faibles d’Europe (selon Eurostat, le taux de pauvreté français était de 12,9% en 2009 contre 15,5% pour l’Allemagne et une moyenne de 16,3% pour l’Union européenne).


Olivier DASSAULT Député de l’Oise, Co-Président de « Génération entreprise » « Que nous arrive-t-il ? », s’est interrogé Olivier Dassault. « La crise financière mondiale n’entraîne pas la fin du monde, mais la fin d’un monde : celui de la dépense publique facile, celui du confort et de l’immobilisme », a-t-il ensuite déclaré. Le Député de l’Oise a expliqué qu’ « aujourd’hui, en pleine guerre économique mondiale, les peuples doivent, plus que jamais, innover, s’adapter, créer et entreprendre…Bref, changer leurs habitudes », avant d’ajouter : « Mais les Français sont, hélas, souvent rétifs au changement ». Pour Olivier Dassault, cela s’explique par « des années de gestion assistée de la société et de l'économie qui ont « Le défaut de culture économique conduit trop souvent entraîné nos concitoyens sur la nos concitoyens au mécontentement » pente de la sécurité et du confort ». Résultat ? « Celui qui réussit est désigné comme coupable ». Olivier Dassault a poursuivi : « Le Français souffre car il se raidit ; il se raidit parce qu'il ne comprend pas. Il ne comprend pas que l'économie est aujourd’hui le levier de la puissance, le mécanisme du retour à la croissance, c'est à dire à l'emploi et au pouvoir d’achat ». Pourtant, « chacun, dans sa vie quotidienne, plus ou moins consciemment, vit et participe à l’économie : par son travail, sa consommation, ses comportements d’épargne, les crédits qu’il souscrit ». « Réconcilier nos concitoyens avec l’économie, telle est notre ambition, car notre mission c'est de réconcilier la France avec la croissance ! », a-t-il alors conclu.


Table ronde n°1 « État des lieux de la culture économique des Français »

Yves de Kerdrel Journaliste au Figaro

« Les Français sont-ils inaptes à l’économie ? Perspectives historiques, culturelles et comparaisons internationales » Pour Yves de Kerdrel, même si « Les Français ne sont pas nuls en économie ! », il est incontestable qu’il leur manque une véritable « culture économique ». « Comment en est-on arrivé là ? », s’est-il alors interrogé. « À mon sens, et au risque de susciter un débat, nous souffrons beaucoup de la culture judéo-chétienne qui a façonné gravement nos mentalités. Il ne s’agit pas d’un procès mais d’un simple constat. Quand on fait du prêt de l’argent à intérêt un péché ; Quand on interdit à l’aristocratie pendant des siècles de faire du commerce ; Quand on révoque l’Édit de Nantes (…), toutes les conditions sont réunies pour faire de la France un pays agricole et non industriel ; un pays où l’on se préoccupe plus de percevoir des taxes plutôt que de créer de la richesse ». Selon le journaliste du Figaro, « cette culture judéo-chrétienne, ce mépris des « Dans les manuels d’économie, on parle d’un monde fantasmé où affaires d’argent, se retrouve les affreux capitalistes ont inventé une mondialisation qui ne aujourd’hui dans la manière dont profite à personne » certains médias parlent des riches, ou des inégalités, et a joué un rôle terrible jusqu’à envahir nos écoles » : « Nulle part, dans les manuels d’économie, il n’y est dit que depuis la chute du mur du Berlin, le 9 novembre 1989, un milliard d’êtres humains sont sortis de la pauvreté » ! Puis, Yves de Kerdrel a apporté un deuxième élément de réponse : « Sur le plan historique et politique, la France paie un lourd tribu de sa fascination pour l’Etat. Ainsi : « Comment demander à un Français de s’intéresser aux mécanismes de la création de richesse, quand 56% du PIB est absorbé par les dépenses publiques ? (…) Comment le passionner pour la chose économique lorsqu’il voit une auguste assemblée voter 35 années de suite des budgets en déficits ? ». En conclusion, Yves de Kerdrel a voulu soumettre quelques questions : « Trouvez-vous normal que les éditeurs de manuels scolaires économiques n’aient pas le droit de choisir les auteurs des livres d’économie qui sont uniquement désignés par les syndicats de ces enseignants ? Trouvez-vous normal que dans tous les lycées de la République française, les professeurs fassent souvent l’écho d’une revue alter-mondialiste, dénommée « Alternative économique » ? (…) Trouvez-vous normal, enfin, que la France compte dans ses seuls lycées, quatre fois plus de professeurs d’éducation physique que de professeurs d’économie ? ».


Jean-Baptiste JACQUIN Rédacteur en chef du journal Le Monde

« Comment les médias parlent-ils d’économie ? Sont-ils de bons pédagogues ? » « Permettez-moi d’être beaucoup plus optimiste que tout ce que j’ai entendu jusqu’ici », a commencé par dire Jean-Baptiste Jacquin. Selon lui, paradoxalement, « la crise est un moyen d’apprendre et de comprendre les phénomènes économiques : dans les médias, on parle de Triple A, d’agences de notation, on voit des articles sur les spreads… Il y a 6 mois, absolument personne ne connaissait ces mots… ». Et le rédacteur en chef du Monde d’ajouter : « La presse parle d’économie. Le « contrat » est rempli ». De plus, il y a « une autre innovation pédagogique qui fleurit depuis quelques années : l’infographie » ; « C’est une nouvelle façon de voir les choses : on montre une réalité puis on laisse le lecteur se faire sa propre opinion ».

« Les hommes politiques font trop usage du levier médiatique et manquent de pédagogie de l’économie »

Pour lui, le problème vient plutôt de la manière dont les hommes politiques font usage des médias pour faire croire aux citoyens qu’ils peuvent intervenir à leur guise dans le domaine économique.

En conclusion, Jean-Baptiste Jacquin a rappelé que « la pédagogie de l’économie nous concerne tous ». Les politiques doivent donc, eux aussi, faire des efforts : par exemple, « sur la crise de la dette grecque, les Allemands ont eu un débat sur les enjeux économiques alors que les hommes politiques français se sont, en grande partie, contentés d’un débat de nature politique ».


Christian Saint-Etienne Économiste

« Quels sont les impacts du manque de culture économique des Français sur notre croissance ? » « Je veux évoquer la responsabilité du peuple français dans la situation dans laquelle nous sommes », a déclaré Christian Saint-Etienne avant de préciser ses propos : « Pour les Français, de manière générale, la situation dans laquelle nous sommes est le fruit de systèmes extérieurs (le capitalisme, la mondialisation, l’Europe…), sur lesquels nous n’aurions aucune prise, et non la conséquence de décisions que nous avons été amenés à prendre ».

« La culture française nous forme à être des spectateurs critiques de l’économie et non des acteurs responsables »

Et Christian Saint-Etienne d’ajouter : « Il y a une vraie interrogation pour comprendre comment la culture française s’est progressivement construite de telle sorte que nous soyons tous exonérés des responsabilités de la situation dans laquelle nous sommes ».

En guise de conclusion, l’économiste s’est interrogé : « Qui a conscience de l’extraordinaire dégradation de l’image de la France à l’extérieur ? Il y a une incrédulité du reste du monde sur la manière dont la France gère ses affaires. Le reste du monde nous regarde et tout le monde se dit : comment un pays qui a autant d’atouts peut-il merder à ce point ? C’est une interrogation absolument majeure : nous sommes aujourd’hui un cas d’école ».


Geoffroy Roux de Bézieux Entrepreneur

« Quels sont les impacts du manque de culture économique des Français sur nos entreprises ? »

Pour Geoffroy Roux de Bézieux : « Réconcilier les Français avec l’économie est une nécessité absolue » ! « D’abord, parce qu’il y a un fort courant dans ce pays qui est pour une alternative à l’économie de marché, et cela déteint sur l’ensemble de la population qui se met à douter ». Pour le Président de Virgin Mobile, « Indiscutablement, le manque de culture économique a un impact sur nos entreprises ». En effet, « toute idéologie qui rampe contre l’économie de marché détruit la confiance de tous les acteurs, de nos salariés, et de ceux qui veulent entreprendre. Pourtant, sans confiance, on ne crée pas de richesse ! ». Ce problème provient « du rapport que les Français entretiennent avec « Il y a une responsabilité des élites mais aussi un devoir d’exemplarité l’Etat : la France est un pays jacobin, des patrons » centralisé, où l’on attend de l’Etat qu’il intervienne dans tout et qu’il prenne des initiatives ». Mais, « il y a aussi une responsabilité des patrons » : « Les patrons français, d’une manière générale, ne sont malheureusement pas assez présents dans le débat public qu’ils ont l’habitude de fuir, de peur d’être attaqués, laissant le champ médiatique aux discours extrémistes ». De même, « Le devoir d’un patron dans l’entreprise, c’est de recréer de la confiance en tenant un discours de vérité et d’équité (partager les sacrifices mais également les fruits de la croissance), ce qui n’a pas toujours été parfaitement le cas…».


Hervé Novelli Député d’Indre-et-Loire Ancien Ministre

« Quels sont les impacts du manque de culture économique sur les décisions politiques ? »

Pour le Président des Réformateurs, « La représentation de notre Assemblée nationale est aujourd’hui déséquilibrée ». Résultat : « Depuis des années, nous avons accumulé des décisions en passant à côté de la réalité économique ». Naturellement, « cela a des impacts très lourds ». « Ce sont des lois intellectuelles, idéologiques, décalées par rapport à « Les 35 heures ont été adoptées sans évaluation, sans expertise, la réalité, et mises en place sans sans étude d’impact » aucune expertise », a-t-il poursuivi. Pour lui, l’exemple des 35H est éloquent : « Inscrire dans la loi une durée du travail est une mesure singulière, qui n’a été adoptée dans aucun autre pays européen ». Il y a donc aujourd’hui dans notre pays des réformes simples qui pourraient être faites : « Par exemple, en Angleterre, pour éviter une représentation biaisée, les fonctionnaires doivent démissionner lorsqu’ils sont élus à la chambre des Communes ». « Il faudrait aussi doter le Parlement d’un outil d’évaluation et d’expertise (…) Cela fait des années que l’on attend, en vain…. Cela conduit à cette triste réalité : nous votons des lois qui ne sont jamais évaluées »…


Table ronde n°2 « Quelles solutions pour réconcilier les Français et l’économie ? Quels impacts sur notre croissance ? »

Emmanuel CHAIN : « Journaliste Entrepreneur »

« Comment les médias peuvent-ils rendre l’économie plus accessible au grand public ? »

« La manière dont les médias peuvent rendre l’économie vivante, concrète, accessible et reconnecter les Français avec la réalité, est fondamentale », a commencé par déclarer qui a popularisé l’économie à la télévision. En effet, pour Emmanuel Chain, « il n’y a pas de fatalité à constater un divorce entre les Français et l’économie. Bien au contraire ! ». Le succès de son émission sur M6 en est la preuve : « Ce qui a intéressé les gens, c’est qu’on s’est accaparé de cette matière (l’économie), en la traitant avec des reportages qui racontaient des histoires. C’était une approche très concrète, très vivante (…), l’enjeu était de montrer la réalité telle qu’elle est. Cela a reconnecté les gens avec une réalité qui leur paraissait parfois complexe, abstraite, et qui tout d’un coup devenait proche d’eux ». L’émission « Capital » doit nous rendre confiants : « Capital » montre bien qu’il y a la possibilité de faire de la pédagogie vivante de l’économie ».

Pourtant, une des grandes interrogations d’Emmanuel Chain « Plus que jamais la télévision a besoin d’émissions économiques » demeure : « Pourquoi aucune autre chaîne n’a fait une émission de ce genre ? Pourtant, ça marche ! ». Pour lui, montrer les choses telles qu’elles sont, même de manière non agressives ni polémiques, peut provoquer quelques grincements de dents chez les annonceurs… De plus, avec un ADN plutôt politique, les journalistes ont souvent du mal à parler d’économie… C’est pourquoi, « Les experts doivent alimenter les journalistes pour qu’ils comprennent les enjeux et qu’ils puissent les raconter à travers des histoires ; On est dans une réalité, il faut pouvoir la montrer, la raconter de manière indépendante, objective, honnête, et je pense que c’est cela qui plait au public. C’est ça qui me rend optimiste ».


Thibault Lanxade Entrepreneur

« Les jeunes et l’entreprise : comment mettre fin au déphasage ? »

Les déphasages entre les jeunes et l’entreprise ont lieu très tôt : à l’école, au collège, et à l’université. En effet, « dans l’enseignement de l’économie, l’approche « business » ne leur est absolument pas dispensée. Et, quand elle l’est, c’est sous ses angles les plus négatifs » : « Il y a une responsabilité des professeurs de sciences économiques et sociales qui enseignent parfois cette discipline avec des manuels très orientés, même si beaucoup de progrès ont été faits, notamment grâce à la Commission Darcos ». Selon lui, l’objectif à l’Education nationale est de donner « aux élèves en classe de seconde la possibilité de lire une page du Monde (…) : on voit bien un positionnement extrêmement élitiste, qui n’est absolument pas en phase avec les réalités quotidiennes ». Aujourd’hui, il y a pourtant des initiatives très fortes qui sont menées, notamment celle de Michel PEBEREAU (au sein de l’Institut de l’Entreprise) qui a été de se rapprocher des professeurs de SES en les incitant à venir dans les entreprises. De même dans les universités : « avec la réforme, de plus en plus d’étudiants auront des modules interdisciplinaires qui leur permettront d’avoir des notions de droit, d’économie, de gestion, pour pouvoir par la suite mieux s’insérer dans l’entreprise ». Mais, « c’est aussi à l’entreprise de fournir un certain nombre « La façon dont les entreprises intègrent ces jeunes et la manière de d’efforts ». Dans ce domaine, les manager doit changer » « beaucoup d’initiatives ont été menées et tout cela est très positif: le MEDEF a par exemple mis en place la semaine « Ecole-entreprise » ; des associations (comme « 100 000 entrepreneurs ») mobilisent les entrepreneurs pour parler dans les classes à côté des professeurs… ». De même, « il faut qu’en entreprise, on adapte notre management : il faut responsabiliser nos jeunes et donner du sens à ce qu’ils font ».


Agnès Verdier-Molinié Directeur de la Fondation IFRAP

« Comment mener une politique publique en faveur de la pédagogie de l’économie ? » Pour Agnès Verdier-Molinié : « C’est au cœur de la mission de l’IFRAP d’aller au fond des faits et des chiffres pour expliquer l’économie aux Français, aux citoyens, aux contribuables ». Mais, « sans les chiffres, sans les statistiques, on ne peut pas faire de la pédagogie ; on ne peut pas mener à bien cette mission des Think tanks indépendants qui est d’expliquer et de décrypter ». Pour le directeur de l’IFRAP, la pédagogie de l’économie « passe donc forcément par une chose essentielle qui s’appelle : l’open gouvernement (…). Il faut que l’administration accepte de donner ses chiffres (…) ; l’open data est au cœur de chaque politique publique ». Ce qui est en jeu, c’est « le rôle que joue la société civile pour challenger le politique. Notre rôle est de donner des chiffrages indépendants, de challenger les propositions qui sont faites, notamment dans le débat présidentiel, et d’être des moteurs de propositions chiffrées ». Sur la question de l’ « open data », « les Britanniques sont très en « Pour faire de la pédagogie de l’économie : il faut donner avance sur nous. Ils ont notamment gratuitement l’accès aux données publiques » publié des données sur les salaires de leurs hauts fonctionnaires, ce qui est très difficile à obtenir en France (…) ; les Think tank anglo-saxons travaillent aussi beaucoup plus main dans la main avec les différents ministères ». Conclusion : « Tant qu’on ne mettra pas à la disposition des Think tank les données brutes, on ne pourra pas avancer en profondeur sur de nombreux sujets ».


Jacques GARELLO Président de l’ALEPS Professeur émérite à l’Université Aix-Marseille-III

« Comment adapter la formation de nos élites au monde économique d’aujourd’hui ? Jacques GARELLO a voulu compléter les propos d’Agnès Verdier-Molinié : « il faudrait aussi introduire en France la concurrence dans les instituts de statistiques. Les Allemands ont trois organismes majeurs, qui s’inter-contrôlent, comme c’est le cas dans toutes les situations de concurrence classiques. En France, nous n’avons que l’INSEE, un peu engagé idéologiquement, et qui ne publie que les séries qui les arrangent ! ». « On dit d’un libéral qu’il est pessimiste à court terme et optimiste à long terme : je crois que c’est le cas », a-til ensuite déclaré, en racontant des initiatives concrètes menées dans les trois niveaux de formation des Français en économie : la formation des jeunes, celles des adultes et des élites. Car pour le professeur, il y a une certitude : « sur ces trois points il y a beaucoup à faire ; mais quand on fait : on réussit ! ». Ainsi, le fait d’envoyer des entrepreneurs dans les écoles, de leur faire prendre la parole pour qu’ils expliquent quel est leur travail, ou de créer de nouveaux supports (numérique, bande dessinée…) pour expliquer ce qu’est l’économie, sont des initiatives qui vont dans le bon sens. Concernant la formation des adultes, Jacques Garello a rappelé qu’à son « L’économie mérite d’être connue, car c’est la plus belle des choses : époque, « les partenaires sociaux c’est l’échange, la complémentarité avec les autres, le service » étaient engagés dans la formation économique, formation qui semble aujourd’hui se faire beaucoup plus discrète, surtout depuis les années 1981 »… Les contenus de ces formations étaient concrets : « Nous partions de leur ménage. C’est un mensonge de dire qu’on ne gère pas un Etat comme un ménage : il y a des lois économiques qui sont aussi vraies pour la macro que pour la micro-économie. Ce qui est vrai, c’est qu’on ne peut pas avoir de revenu si on ne produit pas, qu’on ne peut pas dépenser plus que ce que l’on a gagné, qu’à trop vouloir partager et donner de l’argent à ceux qui ne font rien, il y a un nombre de gens qui ne font rien qui se multiplie… ce sont des lois de bon sens ! (…) Les gens étaient ravis ! Il y a un besoin de culture car cela permet aux gens de connaître la signification de leur travail, de leurs efforts ». Une autre expérience a été de former les salariés à connaître « le montant complet de leur salaire et celui des impôts pris sur le travail du salarié » : « Les gens apprenaient par exemple que pour la seule retraite, ils payaient deux fois moins de salaires net par an (…) ; Après cette expérience, 95% ne voulaient plus de ce système de sécurité sociale par répartition ! ». Concernant la formation des élites, la situation semble être plus compliquée : « Nous avons des économistes qui n’en sont pas, recrutés sur des critères purement idéologiques qui envahissent l’esprit des jeunes et des moins jeunes. Il faudrait, là aussi, avoir des universités privées et concurrentielles ! ».


Laurence Parisot Présidente du MEDEF

« Comment changer l’image de l’entreprise en France ? » Pour Laurence Parisot : « Il y a une petite tendance chez les libéraux, parfois, à sombrer dans le pessimisme (…) ; Je pense qu’il faudrait que nous oublions notre tendance au pessimisme à court terme et que nous nous concentrions sur l’optimisme à moyen et long termes ». « J’ai la conviction que sur cette grande question que vous posez à travers ce débat, de la relation entre les Français et l’économie, ou sur l’image de l’entreprise, les choses ont incroyablement évolué ces toutes dernières années ». Un exemple : à la mort d’Édouard Michelin, après avoir été traité « plus bas que terre en tant que chef « De nombreux progrès ont été faits pour améliorer d’entreprise » lors de la période des restructurations, la relation entre les Français et l’entreprise » « j’ai alors vu toute la France, pas simplement les salariés du groupe Michelin, pas simplement les habitants de Clermont-Ferrand ou de la région Auvergne, mais toute la France et l’ensemble des médias, pleurer, mesurer, et faire comprendre à tous, qu’on avait perdu l’un des plus grands industriels français. En vous racontant cela, je voudrais vous dire qu’en réalité les Français sont attachés à l’entreprise, mesurent l’apport de l’entreprise à l’économie d’un pays, savent que sans l’entreprise il n’y a pas de vie. Simplement, ça ne se fait pas de dire qu’on aime son entreprise. Ce n’est pas politiquement correct. Il faut donc des circonstances tragiques pour le dévoiler, le mesurer ». « Depuis quelques années, on a développé une relation avec l’Éducation nationale qui n’a rien à voir avec ce qui se passait il y a 10 ou 15 ans ! Aujourd’hui, nous avons lancé la semaine « École-entreprise » : 200 000 élèves en France vont ainsi être concernés. Il y a moins de 10 ans, ils étaient à peine 10 000. De même, aujourd’hui, il y a en France près de 15 000 jeunes qui font partis des « mini-entreprises ». Ce sont des collégiens qui, avec l’un de leur professeurs, se constituent en entreprise, choisissent un produit, une idée, écrivent le business model, et essayent même de fabriquer et de vendre leur produit ! Ce sont des aventures extraordinaires qui naissent ! ».


Pierre Lellouche Secrétaire d’État au Commerce extérieur

Discours de clôture « Dans le cadre de cette matinée sur la réconciliation des Français avec l’économie, je suis là pour vous parler d’un volet qui est mal connu par les Français : les déficits très préoccupants de notre commerce extérieur ». « On voit, avec la souffrance engendrée par la crise, remonter des thèmes qui sont vieux comme la crise, vieux comme l’entre-deux guerre, vieux comme la Loi Méline, vieux comme les réactions à la politique d’ouverture des frontières de Napoléon III : la tendance protectionniste ». « Je pense que, insidieusement, la mondialisation va être au cœur de la campagne présidentielle. Simplement, pour l’instant le débat est préempté par ce que j’appelle les « anti-mondialisateur » ou les « démondialisateurs », qui rencontrent un écho très grand dans l’opinion publique. Il y a donc un vrai effort de pédagogie car nous sommes au cœur du débat que les Français doivent avoir avec eux-mêmes sur le monde qui change ». « En 10 ans, la part de la France s’est comprimée à l’échelle mondiale. C’est dû, en partie, à l’arrivée des émergents et au mouvement de l’Histoire, comme disait Toynebee (…). Mais, la compression française est aussi due à des causes endogènes que nous ferions bien de regarder en face ». « Nous avons donc établi un diagnostic sans complaisance de nos handicaps et nous avons essayé de les résoudre ». « Les choix de l’industrie automobile française qui ont été d’aller vers les « La mondialisation n’est pas une fatalité qui ne mènerait qu’à notre marchés d’entrée de gamme et de défaite, c’est quelque chose qui doit nous inciter à réfléchir sur notre délocaliser ensuite la production, modèle de production et de redistribution ». beaucoup en Europe, pour réimporter des voitures, fait qu’en matière de commerce international et de chiffres, on a une dégradation très forte. Dès 2006, la production d’automobiles à l’étranger a dépassé la production en France. En 2010, c’est 70% de la production d’automobile qui est réalisée hors de nos frontières ». « Le problème n’est pas la demande mondiale de produits français, cette demande n’a jamais été aussi grande, parce que vous avez des pays qui se développent à +10% et des classes moyennes qui sont de l’ordre de 300 millions en Chine et en Inde ! Le problème, c’est le coût et l’organisation de l’offre ! (…) Pour autant la bataille est-elle perdue d’avance ? Fermer les frontières serait une solution absolument suicidaire ! ». « Travailler sur l’offre, travailler sur notre politique industrielle est donc quelque chose d’absolument indispensable (…) ; Si l’Allemagne est aujourd’hui excédentaire, c’est qu’elle a fait ce genre de réformes, il y a 12 ans, sous un chancelier socialiste ».


« Depuis de Gaulle et Pompidou, il n’y a pas eu de politique industrielle en France ! Les fameux grands contrats résultent de choix industriels pris il y a 30 ans ! La création d’Oséo, le Grand emprunt, le FSI, les investissements d’avenir, sont les briques d’une politique industrielle pour demain, la création de filières industrielles qui sont indispensables pour demain ». « Voilà ce que nous sommes en train de construire : une meilleure compétitivité du coût du travail, les bases d’une politique industrielle, et un accompagnement à l’export qui est en train de devenir professionnel (…) ces mesures-là vont payer ! » « Quand on connaît la créativité de nos ingénieurs, la force de travail de nos employés, la qualité de nos managers, il n’y a aucune fatalité qui consiste à dire que d’un côté du Rhin on doit être à – 75 milliards d’euros et de l’autre à plus 175 ».

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