® crédits GERAM COMMUNICATIONS
L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES
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ENQUÊTE LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN ROYAL AIR MAROC UNE RÉFÉRENCE MALGRÉ LES TURBULENCES AVIATION D’AFFAIRES LE BUSINESS JET REDÉCOLLE COMPAGNIES RÉGIONALES DES ÉCHECS PROGRAMMÉS
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MARCHÉS AFRICAINS L’INDUSTRIE AUTOMOBILE AFRICAINE UN MARCHÉ EN PLEIN ESSOR AFRIQUE DU NORD LE TOURISME FAIT DE LA RÉSISTANCE POULET AFRICAIN À L’ÉPREUVE DU CONGELÉ IMPORTÉ
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L’ÉVÉNEMENT : FORUM AFRICA 2011 FORUM 2011 L’AFRIQUE DES AFFAIRES EN PREMIÈRE LIGNE CONFÉRENCE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT ET LES INVESTISSEURS CANADIENS CONFÉRENCE AFREXIMBANK, UN INSTRUMENT DE PROMOTION DU COMMERCE AFRICAIN TABLE RONDE FINANCEMENT DU COMMERCE INTERNATIONAL PANEL DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE PANEL L’AFRIQUE, UN PÔLE DE CROISSANCE PANEL DÉVELOPPEMENT DURABLE DU SECTEUR DU BOIS ET DE LA FORESTERIE, UN ENJEU INTERNATIONAL PANEL INVESTIR DANS LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE EN AFRIQUE FORUM 2011 TÉMOIGNAGES
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ÉNERGIE HYDROÉLECTRICITÉ UN IMPORTANT LEVIER DE DÉVELOPPEMENT
À RELANCER
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LE SOLAIRE EN AFRIQUE UNE RESSOURCE « NATURELLE »
AU RALENTI
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PÉTROLE L’AFRIQUE ATTISE LES CONVOITISES DES MULTINATIONALES LE GAZ NATUREL EN AFRIQUE UNE SOURCE CROISSANTE EN
APPORT ÉNERGÉTIQUE
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ÉNERGIE ÉOLIENNE L’AFRIQUE EN PASSE DE COMBLER SON RETARD
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MONDIALISATION MARCHÉS FINANCIERS LE SON DE CLOCHE DES BOURSES
AFRICAINES
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BUSINESS LES INDUSTRIES CULTURELLES EN AFRIQUE NOLLYWOOD UNE MACHINE À FRIC ÉCRANS NOIRS FORMER AUJOURD’HUI POUR DONNER À VOIR DEMAIN LE DISQUE AFRICAIN AU ROYAUME DE LA PIRATERIE
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DÉVELOPPEMENT INDE UN PARTENARIAT GAGNANT AVEC L’AFRIQUE FLASH INFOS
SOMMAIRE
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ENQUÊTE
LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN
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Après deux décennies de turbulences, les transporteurs internationaux reviennent dans le ciel d’Afrique et les compagnies aériennes africaines semblent renouer avec une certaine activité.
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Du 5 au 8 septembre 2011 à Montréal, des centaines de gens d’affaires d’Afrique et d’Amérique du Nord ont planché sur les perspectives du développement d’affaires entre les deux continents.
ÉN R G I E 43
En Afrique, la croissance de l’environnement énergétique dépend encore d’une véritable volonté politique des États et des moyens financiers à mobiliser pour le financement des projets. Décryptage. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
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LA SOUVERAINETÉ ILLUSOIRE DES ÉTATS
A
près plus d’un siècle de colonisation et de domination, la majorité des pays africains ont acquis leur indépendance dans les années 60. Et pourtant, si l’on va au-delà des apparences, c’est-à-dire des attributs du pouvoir (hymne, devise, drapeau, etc.), tout indique que politiquement et économiquement, ils n’ont aucun contrôle sur leurs décisions et que les centres du pouvoir se trouvent ailleurs. Politiquement d’abord : on a la fâcheuse impression que les anciens maîtres sont partis sans partir et continuent de se mêler, un peu trop et souvent ouvertement, des affaires de leurs anciennes colonies. Ainsi, le dirigeant élu d’une ancienne colonie doit encore avoir leur bénédiction. De plus, chaque fois qu’il prend une décision, il faut qu’il s’assure que ça va plaire à Paris ou à Londres. Économiquement ensuite : les économies africaines restent extraverties. L’essentiel des exportations est constitué de matières premières et de produits agricoles. Or, les prix de ces produits sont fixés en Occident. Résultat : chaque fois que les pays développés toussent, l’Afrique éternue. Le comble de l’humiliation a été cependant atteint à la fin des années 80, début des années 90, quand la plupart des pays africains ont été frappés de plein fouet par une crise économique provoquée par la chute des prix des produits de base, la dette
L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM
Regardez l’Italie : septième puissance mondiale, 3e économie de la zone euro, sept fois le poids de la Grèce. Oui, mais ce géant croule sous une dette colossale de 1900 milliards d’euros, soit 120% de son PIB. Il s’est engagé à appliquer un plan d’austérité de près de 48 milliards d’euros, qui doit permettre d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2014 et relancer la croissance du pays. N’empêche : il se retrouve sous la surveillance du FMI qui va contrôler, aux côtés de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, la mise en œuvre des promesses du gouvernement. D’autres pays européens (le Portugal, l’Espagne et la France) pourraient tout aussi bien connaître le même sort, c’est-à-dire une atteinte directe à leur souveraineté politique et économique. On peut donc à juste titre se poser la question de savoir, si de nos jours, il existe encore des États indépendants et pour combien de temps encore. Ne faudrait-il pas plutôt admettre la fragilité des gouvernements nationaux face aux coups de boutoir des problèmes mondiaux de plus en plus graves et la montée en puissance des marchés qui sont devenus bien plus puissants que les États?
EST-CE LA FIN DES ÉTATS DEVANT LA TOUTE-PUISSANCE DES MARCHÉS QUI CONTRÔLENT, DÉCIDENT, IMPOSENT ET FONT LA LOI? publique qui dépassait les 100 % du PIB et le rétrécissement de l’aide extérieure. Pour les aider à s’en sortir, les institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale) venues à leur secours, leur ont imposé les programmes d’ajustement structurel (PAS). Ces programmes de réformes, extrêmement contraignants et non négociables, leur ordonnaient de réduire grandement les dépenses publiques, de laisser flotter la devise, d’éliminer les subventions, de privatiser les entreprises d’État, etc. Conséquence de ces mesures : les États perdirent leur souveraineté budgétaire. En fait, le ministre des Finances des pays placés ainsi sous tutelle était...le FMI! Pendant longtemps, le monde a cru que la souveraineté bafouée, humiliée, était le lot des pays du Tiers-Monde en général et des pays africains en particulier. L’actualité de ces derniers mois en Europe apporte la preuve qu’il n’en est rien et que les États, à l’heure de la mondialisation, sont devenus de plus en plus faibles et vulnérables. Regardez ce qui se passe en Grèce. Avec une dette de 350 milliards d’euros, soit 160 % du PIB, le pays risquait tout simplement la faillite. Pour bénéficier de l’aide internationale, on lui a fait boire la coupe jusqu’à la lie, en le faisant passer d’un plan d’austérité à un autre : augmentation des taxes, coupes salariales dans la fonction publique, réforme des retraites, etc. Face au mécontentement populaire et à ce qu’il a perçu comme un abandon de souveraineté, le premier ministre Georges Papandréou a décidé de soumettre le nouvel accord de prêt au référendum. Mal lui en a pris. Nerveux et furieux, les marchés ont eu sa peau. Aujourd’hui, son pays s’est incliné devant la volonté des créanciers et fera tout ce qu’on lui demandera pour les rassurer.
En réalité, ce sont eux qui gouvernent aujourd’hui le monde. Ils contrôlent, décident, imposent et font la loi. Mais qui sont-ils? Ce sont les banques devenues puissantes et arrogantes. Ce sont les entreprises multinationales, dont le chiffre d’affaires est très supérieur au budget de plusieurs dizaines d’États. Ce sont enfin les agences de notation qui décident de l’avenir de toute une nation, en suscitant une crise de confiance dans sa solvabilité. La doctrine néolibérale qui sous-tend tous les programmes d’ajustement structurel, exige moins d’ « État ». Les marchés vont-ils tout simplement faire disparaître cette entité? L’économiste français Jacques Attali, dans son essai de prospective mondiale intitulé Une brève histoire de l’avenir, n’hésite pas à répondre par oui. Pour lui, les forces du marché vont prendre le dessus sur tout ce qui pourrait s’opposer à elles, y compris les États qu’elles détruiront peu à peu, y compris la superpuissance, les États-Unis, qui résistera plus longtemps, mais dont la domination prendra fin avant 2035. Devenu la loi unique du monde, le marché formera ce qu’il appelle un hyperempire, insaisissable et planétaire. Cet avenir est-il inéluctable? Ne peut-il pas y avoir un sursaut des États? Lors de la crise financière de 2008, ils avaient promis de réguler les marchés. Pourquoi n’ont-ils pas pris leurs responsabilités? Est-ce un aveu d’impuissance face aux marchés devenus incontrôlables? Si c’est le cas, il y a lieu de s’inquiéter devant ce « monstre » qui a échappé à ses créateurs, devant cette ère nouvelle où le pouvoir n’est plus de type représentatif ou électif, ni localisé géographiquement, mais est exercé directement par ceux qui contrôlent le système financier. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
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AFRIQUEEXPANSION.COM Depuis une dizaine d’années, l’Afrique réussit le pari d’attirer de plus en plus d’investisseurs sur son territoire et on se bouscule pratiquement pour y faire des affaires. Cette dynamique a induit une nouvelle ligne de communication qui montre une Afrique sans complexe l’Afrique. En Amérique du Nord, AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE s’est donné pur mission d’en parler, de diffuser cette information. Le Forum Africa, qui est la clé de voûte opérationnelle de nos ambitions, est devenu un rendez-vous incontournable pour l’information sur les investissements et le développement durable sur le continent africain. Du 5 au 8 septembre à l’hôtel Fairmont Reine-Élizabeth de Montréal, on a pu entendre, débattre et échanger sur l’immense potentiel du continent africain.
ÉDITION DIGITALE
AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE a mis à votre disposition les meilleurs moments du Forum Africa 2011 sur son site et l’édition digitale du magazine en fait le tour complet avec des textes et des images (photos et vidéos).
AFRIQUEEXPANSION.COM vous offre des informations approfondies et toujours fiables sur l’actualité économique d’un continent en constante évolution : l’AFRIQUE Vous trouverez également sur le site la VERSION DIGITALE d’AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE, plus enrichie avec des dossiers électroniques exclusifs sur des informations pratiques concernant le monde des affaires en Afrique.
AFRIQUEEXPANSION.COM vous donne tous les jours une longueur d’avance et des références sur le monde des affaires en AFRIQUE et en AMÉRIQUE DU NORD.
FORUM AFRICALLIA 2012
Du 3 au 11 décembre 2011 Yaoundé, Cameroun
Du 22 au 24 février 2012 Ouagadougou, Burkina Faso
PROMOTE, l’un des plus grands rassemblements économiques en Afrique Centrale, attend cette année encore, plus de 1 000 exposants d’une trentaine de pays et plus de 120 000 visiteurs de tous les continents. Cette 4e édition nommée « Salon International de l’Entreprise, de la PME et du Partenariat de Yaoundé » se tiendra dans la capitale politique camerounaise du 3 au 11 décembre 2011. Ce sommet fait la promotion comme son nom l’indique de l’entreprise et des partenariats d’affaires entre les leaders économiques venus du monde entier.
Ouagadougou, la capitale burkinabè abritera du 22 au 24 février 2012, la 2e édition du Forum Africallia, forum ouest-africain de développement des entreprises. Il s’agit d’un forum international de rencontre d’affaires multisectorielles destiné aux dirigeants de PME, qui recherchent des alliances stratégiques commerciales au niveau international. Il va réunir près de 400 PME /PMI dont 240 de l’Union économique ouest-africain (UEMOA) qui regroupe 8 pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Togo, Bénin, Sénégal) et de 160 pays du reste du monde.
Infos : http://www.salonpromote.org/presentation.php Infos :http://home.africallia.com/fr/
FORUM MONDIAL DE L’INVESTISSEMENT 7e FORUM ÉCONOMIQUE INTERNATIONAL « L’AFRIQUE FACE AUX ENJEUX DE INTERNATIONAL DE L’OCDE LA MONDIALISATION » 6 décembre 2011 Paris, France
Du 1er au 2 mars 2012, Paris, France
Ce 9e Forum mondial organisé par l’OCDE et qui a lieu dans la capitale française, va se concentrer cette année, sur les nouvelles tendances dans l’investissement international et les activités des entreprises multinationales. Cet événement aura ainsi pour principaux thèmes : • La nouvelle géographie du commerce international, en particulier la montée des économies émergentes aussi importantes que les nouvelles sources d’investissement international • Le rôle croissant des gouvernements comme sources d’investissement international • L’augmentation rapide de l’investissement international dans l’agriculture, etc.
La Chambre Internationale pour le Conseil et la Promotion des échanges économiques internationaux (CICP) organise du 1er au 2 mars 2012, sa 7e édition du Forum économique international à Paris, la capitale française. Des entreprises venues du Burkina Faso, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Gabon, Mali, Niger, Sénégal, Maroc, Tunisie, Algérie, France, Italie, Belgique, Espagne, etc., sont attendues lors de ce forum, en plus des spécialistes du marché de la zone Afrique comme les avocats, banquiers, juristes, logisticiens. Des rendezvous intra-entreprises, des opportunités d’affaires, des déjeuners, etc. leurs seront proposés. L’occasion pour ces entreprises de découvrir toutes les opportunités que leur offre le marché africain.
Infos : http://www.oecd.org/document/ 12/0,3746,en_21571361_39598752_42844108_1_1_1_1,00.html
Infos : http://www.cicp.biz/index.php?rubrique=15607
AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES
4e SALON INTERNATIONAL DE L’ENTREPRISE, PROMOTE
La part de l’Afrique dans le trafic aérien mondial tourne autour des 3 à 4% mais c’est un marché qui présente de nombreuses opportunités. Après deux décennies de turbulences, les transporteurs internationaux reviennent dans le ciel d’Afrique et les compagnies aériennes africaines semblent renouer avec une certaine activité. Depuis, on assiste à de nombreuses mutations avec plus ou moins de réussite. Au chapitre des échecs enregistrés dans cette
industrie sur le continent, quelques compagnies ont déposé leur bilan et des regroupements de bannières n’ont pas été à la hauteur des attentes. Plusieurs de ces échecs découlent souvent d’inadéquation entre projet et marché, de liaisons aériennes insuffisantes, d’infrastructures vieillissantes, ou encore d’un déficit de sécurité inacceptable. Il n’en demeure pas moins que des éclaircies se pointent dans le transport civil et dans l’aviation d’affaires. Nous en faisons le tour dans cette enquête.
LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
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Vitraulle Mboungou
Forte de ses performances économiques et commerciales, Royal Air Maroc (RAM), deuxième compagnie aérienne africaine sur le continent, a toujours été perçue comme une référence. Mais après des années de croissance sans nuages à l’horizon, la compagnie nationale marocaine semble connaître aujourd’hui quelques turbulences.
L
a compagnie nationale marocaine, Royal Air Maroc (RAM), deuxième compagnie aérienne en Afrique derrière South African Airways (Afrique du Sud), sert véritablement de modèle sur le continent en comparaison des autres compagnies souvent trop petites et sous-capitalisées. La compagnie née en 1957 de la fusion d’Air Atlas et d’Air Maroc, domine littéralement le marché africain du transport aérien, en particulier grâce à la libéralisation du trafic aérien qui lui a permis de se restructurer complètement. Avec une flotte qui est passée de 29 à 58 avions ces sept dernières années (10 avions dont deux long-courriers acquis pour la seule année 2009), RAM a su ainsi maintenir la croissance de sa flotte. En effet, malgré un déficit budgétaire de 850 millions de dirhams, soit 103,7 millions de dollars, conséquence de la crise inter10 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
nationale des transports, cette compagnie a poursuivi le développement de son réseau à travers la création de nouvelles lignes et fréquences.
Une présence aux quatre coins du monde Toujours dans le cadre de sa stratégie de développement de son réseau, RAM a en outre augmenté ses destinations à travers le monde. Elle est ainsi passée de 58 à 70 destinations dont 54 à l’international, avec un trafic qui a quasiment doublé, passant d’environ trois millions de passagers à plus de 6 millions et un chiffre d’affaires annuel moyen de plus d’un milliard de dirhams (125,7 millions de dollars). Grâce à sa filiale « low cost » Atlas Blue (disparu en 2009 pour devenir un prestataire de services), la compagnie aérienne marocaine a également ouvert depuis 2004 son réseau à de nouvelles destinations dans le royaume comme Tanger et Agadir, très peu fréquentées habituellement par les
L’augmentation du prix du baril de pétrole de plus de 40%, la baisse du trafic aérien et les effets du « Printemps arabe » seraient les principales raisons de cette subite « dégringolade » de Royal Air Maroc. autres compagnies « low cost ». Ce qui lui a permis de proposer des fréquences régulières de vol au départ des plus grandes capitales d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Afrique, des Caraïbes, du Moyen-Orient et de l’Extrême-Orient. Ainsi, très présent dans le monde, le transporteur marocain est parvenu, au fil des décennies, à se hisser au sommet, aux côtés des plus grandes compagnies internationales. Il compte poursuivre son ascension en se déployant sur des nouveaux marchés en Europe du Nord (Autriche), centrale (République tchèque et Hongrie), en Asie avec l’ouver-
UNE RÉFÉRENCE
MALGRÉ LES TURBULENCES ture prochaine (courant 2011-2012) d’une ligne directe entre Casablanca et Tokyo et éventuellement entre Casablanca et Pékin, et en Amérique du Sud, dès la réception du Boeing 787 Dreamliner dont elle sera la première compagnie africaine à recevoir un exemplaire. Par ailleurs, Royal Air Maroc organise son activité autour de l’aéroport international Mohamed V de Casablanca où elle a implanté son Hub en tant que plateforme de correspondance afin de connecter les différents flux de trafic entre l’Afrique et le reste du monde. Selon certains spécialistes de l’aviation civile, RAM offre ainsi aujourd’hui, grâce à ce Hub devenu une référence dans la région, plus de 260 possibilités de connectivité par jour. Ce qui en fait la 3e plateforme au monde pour le trafic entre l’Europe et l’Afrique, après Paris et Londres.
RAM Express pour les régions marocaines Toujours soucieuse d’augmenter ses performances économiques et commerciales, la compagnie marocaine a créé, en 2009, RAM Express, une compagnie filiale spécialisée dans le transport aérien domestique et régional, dans le cadre d’un accord avec l’État marocain qui s’est engagé à prendre en charge 25% de cet
investissement au service de la régionalisation. Même si elle dessert également les régions voisines telles que les Îles Canaries et Lisbonne (Portugal), RAM Express a d’abord pour mission principale de relier, via son réseau, l’ensemble des plateformes aéroportuaires nationales avec des niveaux de fréquence élevés et des horaires de vols adaptés aux attentes des clients marocains. Royal Air Maroc espère ainsi, avec cette nouvelle filiale nationale, dynamiser la croissance du marché intérieur du transport aérien marocain. En plus de sa filiale nationale, le transporteur marocain exporte également son savoir-faire en investissant dans d’autres compagnies africaines, souvent en difficulté financière, telles que Air Sénégal International (qui a disparu depuis après avoir été la première compagnie de l’Afrique de l’Ouest), dont il verrouille le contrôle en participant à 51% au capital.
Une période de turbulences difficile pour RAM Royal Air Maroc, dont le succès a toujours été montré en exemple sur le continent et à l’étranger, semble traverser aujourd’hui, contre toute attente, une zone de fortes turbulences. L’augmentation du prix du baril de pétrole dont la facture a augmenté de plus de 40%,
la baisse du trafic aérien avoisinant les 10% au début de l’été 2011 du fait entre autres de la concurrence des compagnies « low cost» qui ont investi le ciel marocain après son ouverture, et les effets du « Printemps arabe », seraient les principales raisons de cette subite « dégringolade » de l’un des principaux transporteurs aériens du continent africain. Avec 22 millions de dirhams (soit 2,7 millions de dollars) de pertes chaque semaine, RAM est au plus mal selon son PDG, Driss Benhima, qui a appelé l’État au secours. Ce dernier n’aurait pas d’autres solutions que la privatisation, selon certains médias marocains. Et pour ce faire, il envisagerait d’une part, de recapitaliser la compagnie, en faisant appel à la Caisse de dépôt et de gestion et à une banque marocaine. 20 à 30% du capital de RAM pourrait ainsi faire leur entrée en Bourse. L’État prévoit, d’autre part, de redistribuer l’autre partie du capital aux employés et aux tour-opérateurs, mais également à une compagnie aérienne, probablement le groupe Air FranceKLM avec qui il serait en pourparlers. Ce dernier pourrait, si cela venait à se faire, acquérir jusqu’à 40% du capitale. Cependant, tout ceci reste pour l’instant de la pure spéculation dans la mesure où aucune des deux parties concernées n’a encore confirmé ou infirmé cette supposée privatisation. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 11
LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN
ROYAL AIR MAROC
Depuis la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud, les avions d’affaires ont réinvesti le ciel africain. Le leasing et la multipropriété aident à étoffer la flotte. Et les professionnels parient sur une croissance durable du secteur.
L
Parfait N. Siki
et 50 millions de dollars pièce. Il faut compter en moyenne 3 000 à 4 000 euros l’heure de vol pour un moyen-courrier (jusqu’à 8 places) et entre 5 000 et 6 000 euros pour un plus gros porteur (10 à 18 sièges). Pourtant, si 77% des Falcon sont acquis par des privés (entreprises et richissimes hommes d’affaires), les gouvernements possèdent les 33% restants, soit 10 des 30 jets Falcon qui sillonnent le ciel africain. Au demeurant, la baisse d’activités de 2009 a fait douter un secteur qui était en pleine croissance. En effet, jusqu’à la crise et à l’infléchissement des activités, l’aviation d’affaires avait trouvé de nombreux clients. Des compagnies ont ainsi vu le jour pour exploiter ce nouveau filon. Si la Société nouvelle air affaires Gabon (SN2AG) a été créée en 1975, Air Leasing, quant à elle, voit le jour en mai 2004 à Douala au Cameroun. D’autres sont même de création plus récente, comme Medi Business Jet, portée sur les fonts baptismaux à Casablanca au Maroc en 2007. À peine arrivée et comme pour combler son retard, Medi Busines Jet a commandé, en 2008, deux nouveaux avions : un biréacteur de type Hawker 400XP d’une capacité de 7 places et un turbopropulseur de type Des prix prohibitifs Beechcraft King Air 350 d’une capacité La première Coupe du monde de football de 8 places. Réceptionnés auprès de la à être organisée en Afrique semble avoir société américaine Hawker Beechcraft fin servi de déclic pour la reprise de ce sec- novembre 2008 à Wichita, Kansas, Étatsteur qui était en net recul les douze mois Unis, ils ont été mis en service dès début ayant précédé la Coupe du monde. À la décembre de la même année. Preuve de suite de la crise financière de 2009, la de- l’animation du secteur. mande de la clientèle européenne et afriUn secteur monopolisé caine sur le continent a considérablement par les Européens baissé, du fait d’un ralentissement des activités économiques. Certaines commandes déjà passées ont été annulées, à Cette intense activité, signe d’une bella grande désolation des constructeurs et le promesse, a conduit à une véritable des affréteurs. Si les hommes d’affaires et concurrence des constructeurs de jets en membres du gouvernement sont sensibles Afrique. Dassault Aviation, qui fabrique aux avantages des jets privés, vantés par les très convoités et connus Falcon, était les compagnies aériennes, ils se sont sou- bien présent, annonçant même la comvenus pendant cette période difficile où mande de 25 jets entre 2005 et 2008. Ses on resserre les budgets que les prix des jets concurrents s’y bousculaient aussi : Bomsont prohibitifs. Un Bombardier d’entrée bardier, Embraer, Hawker ou Gulfstream de gamme coûte 5 millions de dollars. Aerospace n’étaient pas insensibles à l’exUn Falcon 7X, modèle particulièrement plosion de l’aviation d’affaires en Afrique. optimisé et sophistiqué, appartient à la Du coup, on trouve également dans le gamme dont les prix oscillent entre 25 ciel africain les Learjet de Bombardier, les oin des stades où se déroulait la grand-messe du football mondial en 2010, l’Afrique du Sud a remporté un trophée tout aussi prestigieux : l’afflux des jets privés sur son sol. Supporters de leur pays ou égéries de marque et de sponsors de la Coupe du monde de football, des célébrités, milliardaires et personnalités politiques ont régulièrement fréquenté les villes sud-africaines pour de très brefs séjours – parfois le temps d’un match – avant de retourner dans leur pays ou à d’autres rendez-vous. L’aviation d’affaires a été mise à contribution pour gérer ces emplois du temps serrés, imposant un rythme fou dans les aéroports dédiés de Johannesburg et Cape Town. La société d’assistance ExecuJet a traité 2230 mouvements entre le 11 juin et le 11 juillet 2010 sur les aéroports de Lanseria près de Johannesburg et de Cape Town. Le pic a été atteint le soir de la finale Espagne contre Pays-Bas, avec 187 avions à Lanseria, où toutes les surfaces disponibles (et même la seconde piste) ont été transformées en parking pour garer les jets le temps d’un match de football.
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Hawker 400 XP et autres luxueux Gulfstream V550. L’infléchissement de 2009 n’a pas duré. Il a juste indiqué une méforme conjoncturelle, qui n’a pas entravé la marche en avant de l’aviation d’affaires en Afrique. En effet, la demande est repartie de plus belle. Tag Aviation, groupe anglais, qui dispose d’une importante flotte d’avions privés capables de desservir l’Afrique depuis l’Europe, a vu sa demande croître de 30 %. L’Afrique du Sud, le Nigeria, le Maghreb et l’Angola devraient doper le business jet, en raison de l’activité qu’on y observe et d’un potentiel de croissance que ces pays présentent. Les constructeurs misent même sur un effet d’entraînement que le Nigeria pourrait avoir en Afrique de l’Ouest et du Centre.
AVIATION D’AFFAIRES
« » LE BUSINESS JET
REDÉCOLLE
Pour le moment, l’aviation d’affaires permet à plusieurs investisseurs d’être pro- expansion en Afrique, il est communésur le continent est animée en partie par les priétaires d’une fraction d’un avion, ce ment perçu comme un choix coûteux qui compagnies européennes, mais aussi par qui leur donne droit à un certain nombre participe d’une obscène ostentation dans des petites compagnies locales dont les coûts d’heures de vol. Avec 100 000 euros, vous un continent pauvre. Au Cameroun par sont pourtant jugés plus abordables, de 20 pouvez être propriétaire de 1/32e d’avion, exemple, prendre un avion de ligne entre ou 30% moins chers. Ces compagnies loca- ce qui vous donne droit à 25 heures Douala, ville économique, et Yaoundé, la capitale, est encore consiles ne sont pas toujours en mesure Même si le business jet est en pleine expansion déré comme un luxe. C’est de dégager le volume de financetrois heures de route ment nécessaire à l’acquisition et en Afrique, il est communément perçu comme pourtant contre seulement 25 minutes à l’entretien des onéreux jets. Le leasing est une solution courante, un choix coûteux qui participe d’une obscène en avion. Ainsi, peu de chefs d’entreprise sont disposés à mais une nouvelle ficelle se répand : courir le risque de la critique la multipropriété. Medi Business ostentation dans un continent pauvre. en utilisant des jets pour leurs Jet est un exemple de multipropriété. Les sept avions dont elle dispose annuelles de vol sur l’avion acquis. Si cet déplacements mêmes d’affaires. Un resappartiennent à des patrons marocains qui appareil est déjà utilisé quand un autre ponsable de Air Leasing, compagnie créée les ont mis ensemble pour créer la compa- client-propriétaire, comme vous, le solli- par un riche homme d’affaires camerougnie en 2007. De trois chefs d’entreprise au cite, la compagnie vous en affecte un autre nais, pense que cette réalité est paradoxalement la preuve qu’un avenir radieux début, ils sont plus nombreux aujourd’hui. de la même catégorie. Importée des États-Unis, la multipropriété Même si le business jet est en pleine attend l’aviation d’affaires en Afrique. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 13
Elles s’appellent Air CEMAC, ASKY ou autres. Ce sont toutes des compagnies aériennes transnationales sous-régionales liées à des ensembles politico-économiques à l’instar de la CEMAC et de la CEDEAO. Créées pour pallier les défaillances des compagnies nationales, elles tardent pourtant à prendre leur envol. À qui la faute ?
L
e transport aérien en Afrique reste embryonnaire et les compagnies africaines ne participent qu’à hauteur de 4% de l’activité mondiale pour une population d’environ un milliard d’habitants, selon les chiffres de l’AFRAA (l’Association des Compagnies Aériennes Africaines). Avec la faillite des compagnies nationales (Cameroon Airlines, Air Sénégal, etc.), l’on a cru pouvoir trouver la solution palliative dans les compagnies régionales, autrement dit des compagnies plurinationales dans le cadre d’ententes politico- économiques durables. Pour Jean-Dominique CARTIER, expert Revenue Management, « une ou deux compagnies liées à un ou deux ensembles économico-politiques solides pourraient seules être des succès ». Selon cet expert, sur tous les plans (longueur et nombres des lignes desservies), la faiblesse des trafics plaide pour la création de compagnies supranationales qui devraient être les émanations des organisations plutôt économiques, telle la CEMAC.
Des entités transnationales On comprend donc pourquoi en Afrique centrale, les chefs d’État vont décider de 14 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
créer Air CEMAC. La compagnie aérienne de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale entend s’inspirer de l’expérience de la compagnie ouest-africaine, ASKY. En visite de travail à Lomé au Togo, Jean Marie Maguena, vice-président de la CEMAC, relèvera au cours d’une conférence de presse qu’il « n’est plus possible d’aller vers des stratégies isolées, mais vers des projets communautaires », tout en soulignant que le lancement de ASKY était un exemple à suivre, et que cela faisait la fierté de l’Afrique. En fait, face à la défaillance des compagnies nationales, la création des entreprises régionales est présentée comme la solution offerte au transport aérien en Afrique pour assurer son décollage. Les compagnies qui vont être mises en place, vont regrouper les contours des regroupements sous-régionaux. Il en est ainsi de Air CEMAC pour La Communauté des États de l’Afrique Centrale (CEMAC) comprenant le Cameroun, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo et le Tchad. Il en est de même d’ASKY pour la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour ce qui est
en particulier d’Air CEMAC, chacun des États membres de la sous-région Afrique centrale a confié une partie de son portefeuille aérien à Air CEMAC. Toutefois, chacun des États garde le droit de créer lui-même sa propre compagnie. La création d’Air CEMAC est, de l’avis des spécialistes, d’une impérieuse nécessité pour l’Afrique centrale. Cette sous-région connaît un certain nombre de problèmes dont le plus crucial est la difficulté de se déplacer à l’intérieur des États tout comme d’un État à un autre. Ce qui constitue un obstacle à son intégration. En effet, il n’est pas toujours aisé d’aller d’un coin à l’autre du Cameroun ou du Tchad, des pays où les distances dépassent quelquefois 1000 kilomètres. Le problème se pose encore avec plus d’acuité lorsqu’il s’agit d’aller d’un pays à un autre, de Yaoundé à Bangui, de Douala à Brazzaville, de Ndjamena à Malabo, ou de Bangui à Libreville. Les petites compagnies qui essayent de pallier ce manque de relais locaux sont très peu fiables et n’inspirent pas confiance à la clientèle. Les populations de la sous-région sont obligées d’emprunter des compagnies « étrangères » pour voyager à l’intérieur de la sous-région.
RÉGIONALES
DES ÉCHECS PROGRAMMÉS Marc Omboui
Air CEMAC un bon choix sur le papier Dans ce contexte, la création d’une compagnie sous-régionale ne pouvait qu’être la bienvenue. Les chefs d’État de la sousrégion ont affirmé leur volonté politique. La décision de créer une compagnie aérienne sous régionale avec un capital de 80 millions de dollars a été prise à Yaoundé en décembre 2001. À l’heure actuelle, tous les États de la CEMAC ont déjà versé leur contribution pour la constitution du capital de cette compagnie. Un montant qui équivaut à 30% du capital. Le partenaire stratégique, la South African Airways, s’est engagé à prendre 40% des parts. La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) contribue à hauteur de 15%. Au total, 85% du capital est déjà disponible. Le reste du capital devant être complété par des investisseurs privés. L’entreprise s’est donné un siège à Brazzaville, avec comme points de convergence des différentes correspondances Douala au Cameroun et Libreville au Gabon. Mais alors que tout semble avoir été mis en place, la compagnie Air Cémac, quant à elle, tarde à démarrer. Le lance-
ment des activités de la compagnie a plusieurs fois été reporté depuis 2002. Et depuis quelque temps, on en parle de moins en moins. Air CEMAC serait-il mort-né ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que les États semblent chacun s’investir dans les compagnies nationales. C’est ainsi que le Cameroun, par exemple, a créé Camair Co. En guise d’explication à cette situation, certains experts indiquent que l’entité juridique d’Air CEMAC n’a pas été bien définie. Et, au-delà d’Air CEMAC, la question se pose plus largement pour l’ensemble des compagnies régionales africaines. Une des raisons couramment avancées pour expliquer les difficultés de décollage que connaissent ces compagnies réside dans la complexité de leur montage et le fait qu’elles nécessitent des modes de gouvernance extrêmement solides. Jean Dominique Cartier estime que les moyens et les expertises autochtones pour les mettre en œuvre font parfois défaut. D’où donc le recours aux moyens extérieurs. Mais, observe l’expert, les objectifs des “aidants” ne convergent pas forcément avec ceux des «aidés». Une autre des difficultés observées réside dans les rapports qui existent en-
tre les compagnies régionales et les compagnies nationales. Les experts estiment qu’il faut articuler les relations entre les unes et les autres, ce qui appelle à mettre en quelque sorte en berne les égos nationaux. Au bout du compte, le constat est amer : les compagnies régionales africaines restent clouées au sol. Mais doit-on se résigner à l’idée qu’elles ne puissent jamais décoller un jour ? Assurément non. En effet, face à la faiblesse des compagnies nationales, et compte tenu de la demande de plus en plus pressante au plan national et régional, les compagnies régionales apparaissent comme la bonne la solution. Tôt ou tard, elles devront prendre leur envol. À la condition cependant que les responsables politiques fassent appel aux expertises nécessaires et que les compagnies mises en place soient dimensionnées en tenant compte du marché. Peut-être faudrait-il aussi travailler pour une définition du rôle des compagnies régionales par rapport aux compagnies nationales et aux grandes multinationales. Et que, pourquoi pas, les compagnies nationales aient des intérêts dans la compagnie régionale, en prenant par exemple des parts dans son capital. 5 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 15
LA RECONQUÊTE DU CIEL AFRICAIN
COMPAGNIES
L’industrie automobile africaine a, connu au cours de ces dernières années, une croissance remarquable qui a attiré l’intérêt des multinationales occidentales désireuses d’avoir chacune une part du gâteau de ce marché florissant dont l’Afrique du Sud et les pays nord-africains sont les premiers de la classe.
L
arc-en-ciel est peut-être considéré comme un contributeur mineur en termes de production mondiale mais il n’en reste pas moins le leader incontesté du secteur en Afrique et l’un des marchés automobiles les plus performants du monde au cours de ces dernières années. Ainsi, avec 40% du PIB de l’Afrique et 7,5% au PIB du pays, l’industrie de l’automobile sud-africaine qui représente près de 10% de ses exportations industrielles, connaît une expansion sans précédent. De même, le marché sénégalais qui, grâce entre autres, à la rénovation de son parc automobile, des promotions, des facilités bancaires, des offres d’assurances gratuites, n’est pas non plus en reste. Ce dernier a enregistré, selon les concessionnaires, une croissance annuelle de 20% au cours de ces cinq dernières années. Suivant la politique gouvernementale qui favorise un certain protectionnisme, le parc automobile sénégalais, jusqu’ici exclusivement constitué de véhicules importés, s’ouvre peu à peu aux voitures assemblées dans le pays. Le secteur contribue, en limitant ainsi le nombre des véhicules importés, au développement de la sous-traitance et des entreprises locales fabriquant des composants tels que des marchepieds et des sièges. Par ailleurs, le marché nord-africain (Algérie, Maroc et Égypte) enregistre également une très forte progression sur le continent. Ainsi, l’Algérie, qui occupe la deuxième place derrière l’Afrique du Sud, a connu une hausse de plus de 11% au premier trimestre 2009. Malheureusement, cette hausse a chuté de 18% au premier trimestre 2010 avec seulement 55 015 véhicules vendus contre 66 768 à la même période en 2009. Le marché automobile algérien est avant tout un marché de distribution que se partagent une cinquantaine de concessionnaires. Le voisin marocain, avec un parc automobile estimé à 1,9 million de véhicules, constitue Afrique du Sud, également un marché de développement important au Maghreb. Cela est d’autant premier de la classe plus vrai que le français Renault Nissan y Avec une production moyenne dépas- a implanté une de ses usines pour un invessant les 600 000 véhicules par an, le pays tissement de plus d’un milliard d’euros. ongtemps inexistante sur le continent africain, l’industrie automobile s’y développe de manière significative. Ainsi, cette industrie dont la croissance n’a cessé d’augmenter depuis quelques années, est très convoitée par les plus grands constructeurs internationaux. Et pourtant, elle ne représente que 2% de la production mondiale. Mais de par son dynamisme économique, dû en partie à l’émergence d’une nouvelle classe moyenne, l’Afrique apparaît, aux yeux des plus grandes compagnies internationales, comme un marché avec un immense potentiel encore inexploité ou pas suffisamment exploité. Avec une moyenne de 1,3 million de voitures neuves vendues par an (1,85 million en 2009) contre 4 à 8 millions de voitures d’occasion, l’industrie automobile africaine est donc considérée par beaucoup comme un marché d’avenir. Ainsi, depuis quelque temps, General Motors, Toyota, Volkswagen, Renault et les autres se livrent une lutte acharnée en investissant chacun dans les réseaux de distribution et en construisant des usines d’assemblage d’outils venus d’Occident ou de fabrication. Le but final étant de lancer d’importants programmes d’exportation. C’est ainsi que l’américain General Motors a investi en 2008 près de 50 millions de dollars en Afrique du Sud pour la modernisation de son usine à Port Elisabeth dans la région de Western Cape dans le sud ouest. Beaucoup de grandes multinationales comme General Motors qui se sont au départ installées dans le pays pour sous-traiter des composants et assembler des véhicules pour les marchés locaux et étrangers, se mettent à construire des usines dans ce pays car cela revient 20% moins cher de les fabriquer directement sur place.
PLEIN ESSOR Vitraulle Mboungou
AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 17
MARCHÉS AFRICAINS
L’INDUSTRIE AUTOMOBILE UNAFRIMARCHÉCAINENE
Les révoltes populaires qui ont fait tomber les régimes de Ben Ali en Tunisie et Hosni Moubarak en Égypte, ont frappé de plein fouet l’un des secteurs les plus dynamiques de ces deux pays, le tourisme. Plusieurs mois après, les nouvelles autorités ont décidé, pour faire revenir les touristes qui ont déserté leurs pays, de lancer une grande offensive marketing, à coup de campagnes de promotion et de paroles prêchées à l’étranger.
D
epuis la fin de ce que certains ont appelé le « Printemps arabe », désignant les révolutions qui ont eu lieu dans les pays arabes comme la Tunisie et l’Égypte, les gouvernements de transition de ces pays ne cessent de multiplier les efforts pour faire revenir les nombreux vacanciers étrangers, notamment européens. Après des années de répression, des milliers de Tunisiens et Égyptiens sont descendus dans la rue en décembre 2010, pour réclamer plus de liberté et de meilleures conditions de vie auprès de leurs dirigeants au pouvoir depuis plus de deux décennies. Des manifestations qui se sont très vite transformées en révolutions pacifiques, conduisant au renversement de Ben Ali et Moubarak. Malheureusement, ces soulèvements populaires ont quelque peu effrayés les touristes qui avaient pris l’habitude de passer leurs vacances dans ces pays ensoleillés aux plages paradisiaques.
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Un coup dur Ainsi, très rapidement la Tunisie et l’Égypte dont le tourisme constitue une source très importante de richesse (près de 7% du PIB tunisien et 11,5% du PIB égyptien), ont vu leur fréquentation touristique chuter de plus de 40%. La Tunisie a été la première à en souffrir avec une baisse d’environ 42 % entre le 1er janvier et le 10 mars 2011 et une dégringolade du chiffre d’affaires de 389,6 millions de dinars (197 millions d’euros) à 230,8 millions (117 millions d’euros) entre 2010 et 2011. Si bien que le ministre tunisien du Commerce et du Tourisme, Mehdi Houas, a déclaré à l’AFP que l’année 2011 serait sûrement « la pire de toute l’histoire de l’industrie touristique du pays ». Même son de cloche chez son homologue égyptien, Mounir Fakhry Abdel Nour, qui, même s’il a évité de prononcer le mot « catastrophe », lors d’une campagne de promotion à Paris, a malgré tout parlé de « crise probablement la plus grave pour le secteur » avec 11 millions de touristes de moins cette année, soit un
Face aux touristes effrayés par les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte, les nouvelles autorités font la tournée des salons professionnels à l’étranger pour promouvoir leur nouveau concept de « tourisme révolutionnaire ». repli d’un peu plus d’un quart par rapport à 2010.
Du « tourisme révolutionnaire » C’est véritablement un coup dur pour ces deux destinations qui habituellement attirent plusieurs millions de touristes (6 millions pour la Tunisie) tous les ans. D’où les efforts déployés par les ministères de tourisme de ces États pour ramener les touristes, en faisant notamment la tournée des salons professionnels à l’étranger
LE TOURISME
Vitraulle Mboungou
pour promouvoir leur nouveau concept de « tourisme révolutionnaire », le retour de la sécurité et de la stabilité dans leurs pays. La Tunisie a ainsi choisi pour sa campagne de promotion en Europe, en particulier la France, de jouer avec humour sur la peur suscitée par la révolution du Jasmin en utilisant des slogans choc de type « On dit qu’en Tunisie les balles fusent »; « On raconte que la Tunisie est un champ de ruines » ou encore « Il paraît qu’en Tunisie la tension est à son comble ». L’objectif de l’Office national de tourisme tunisien (ONTT) avec cette campagne de promotion aux messages quelque peu équivoques qui a coûté 3 millions d’euros (soit 70% de plus qu’en 2010), n’est aucunement de tourner en dérision la révolution ou de la décrédibiliser mais de faire passer un message de confiance aux touristes en leur prouvant que la peur qu’ils éprouvent est infondée. « Nous voulions répondre à la peur irrationnelle des touristes par quelque chose d’irrationnel », a souligné le directeur général de l’ONTT. D’où l’importance de la dédramatiser et de la ridiculiser. Cependant, cette promotion a été suivie par un dispositif publicitaire plus traditionnel comprenant des té-
moignages de touristes en séjour dans le pays, une campagne publicitaire télévisée sur les grandes chaînes européennes et des actions de communication (voyages pour de nombreuses personnalités et des journalistes européens sur place entre autres). L’Égypte, à l’instar de la Tunisie, a décidé également de transformer son récent changement de régime en argument publicitaire qui invite les touristes à venir « voir l’endroit où tout a commencé ». Outre une nouvelle campagne de publicité diffusée à la veille de l’été, le gouvernement égyptien a décidé, pour soutenir ce secteur très lucratif dans le pays, de maintenir les vols charters (jusqu’ici, les tour-opérateurs annulaient les vols lorsqu’ils n’étaient remplis qu’à moitié) et d’assurer les salaires dans l’hôtellerie et la restauration grâce à des fonds de garantie de 10 millions de dinars (5 millions d’euros) mis en place pour l’occasion. Le but étant, selon le ministre égyptien du Tourisme, « de sauver des emplois dans une activité qui fait vivre directement ou indirectement un travailleur sur sept ». Par ailleurs, tout comme son homologue tunisien, il envisage également l’élargissement de la clientèle touristique, majo-
FAIT DE LA RÉSISTANCE
ritairement européenne, aux pays émergents comme l’Inde et la Chine, « des marchés potentiellement immenses ».
Le Maroc moins touché Moins touché par le « printemps arabe », le Maroc où le tourisme représente 10% du PIB, souffre aussi pourtant de ses retombées. « La situation des pays voisins déteint bien sûr sur notre pays et se traduit évidemment par un impact négatif », indiquait récemment dans un communiqué, le ministre marocain du Tourisme et de l’artisanat, Yassir Znagui. En effet, il semblerait que la position des médias européens qui ont souvent sous-entendu que les révoltes populaires en Tunisie et en Égypte, allaient aussi s’exporter au Maroc (surtout avec les manifestations qui ont eu lieu dans certaines villes marocaines), ont eu un impact sur les décisions des touristes européens. « Nous ne sommes pas dans une situation de panique, mais nous sommes dans l’obligation de réagir », a souligné Yassir Znagui qui n’a cessé de multiplier les visites dans les différents pays pourvoyeurs de touristes comme la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie.
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MARCHÉS AFRICAINS
AFRIQUE DU NORD
VOLAILLE
POULET AFRICAIN
À L’ÉPREUVE DU CONGELÉ IMPORTÉ
I
Alors que les marchés locaux et continentaux de viande de volaille oscillent au gré de la conjoncture et des maladies aviaires, l’éternelle menace des importations moins coûteuses se fait plus pressante.
l est incontestablement établi que les questions qui touchent le marché des volailles en Afrique sont intimement liées à celle de la filière poulet, qui représente environ 85% de la viande de volaille produite dans le monde. L’espace africain, en plein essor, ne se soustrait pas à cette statistique globale. Au contraire. À ce sujet, les experts s’accordent à dire que par son dynamisme, il suscite depuis quelques décennies les convoitises aiguisées de certains des plus grands producteurs mondiaux. La conséquence immédiate de cet élan, c’est la tendance des produits d’importation, généralement bon marché, à envahir les espaces nationaux, sous-régionaux et continentaux de l’Afrique, étouffant dans l’œuf, par la même occasion, une filière poulet, dont l’éclosion semble à portée de certaines économies locales, selon des indices clairement identifiés.
L’invasion des poulets congelés Selon de récentes indications, les exportations de volailles congelées ont substantiellement gagné en vitesse ces dernières années. On rapporte ainsi que les importations de volailles en Afrique sont 20 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Badjan Ba Nken
progressivement passées de 260 000 tonnes en 2000 à 666 000 tonnes en 2007 et, si les prévisions se sont avérées exactes, elles devraient avoir tourné entre 886 000 et 1,06 million de tonnes en 2010. Des experts pensent d’ailleurs que cette marge haussière n’est pas près de s’arrêter. Dans tous les cas, pour un pays comme le Bénin, qui importe environ 50% des exportations françaises en terre d’Afrique, tout comme l’Afrique du Sud, principal consommateur des produits brésiliens, ou le Ghana et l’Angola, qui soutiennent la saga en provenance des États-Unis, la dépendance est davantage nette, alimentant de plus belle une concurrence étrangère qui a trouvé ici et là une terre fertile. À cet égard, l’appétit de nouveaux dragons comme le Brésil est de plus en plus vorace. Avec une progression des exportations toutes destinations d’environ 19% par an, représentant 42% des échanges globaux, ce pays a ravi la place de premier exportateur mondial de poulet congelé aux États-Unis. L’impact de la situation qu’impose la logique du moindre coût imposée par la razzia des gros importateurs sur les économies des pays africains est ostensible. D’une part confrontée à une demande en viande de volaille de plus en plus grande, et d’autre part contrainte d’ouvrir ses marchés aux importations moins coûteuses et parfois sous la pression d’accords antérieurs, l’Afrique n’a pas beaucoup de possibilités de protéger ses marchés
locaux, nationaux, sous-régionaux ou continentaux. Alors que la filière avicole, principalement tenue par des familles pauvres résidant dans les villages ou dans les villes, se retrouve en difficulté, les importations, elles, augmentent de près de 20% chaque année. À titre d’illustration, au Cameroun entre 1997 et 2000, en même temps que les quantités de poulet congelé passaient de 3 300 tonnes à 13 500 tonnes, la production avicole nationale diminuait, passant de 26 500 tonnes à 19 500 tonnes, soit une réduction de 26%. En 2003, elle avait encore chuté de 46%, pour ne plus atteindre que 10 500 tonnes. Et ce n’est pas un cas isolé. Conséquence : selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production continentale en 2003 ne représentait que 1,5% de la production mondiale.
Le diagnostic Dans des pays comme le Ghana, la sonnette d’alarme a déjà été tirée. Au centre des préoccupations des producteurs locaux, la nécessaire adéquation entre leurs propres besoins et ceux de l’ensemble de la population, essentiellement constituée de consommateurs. Entre autres problèmes auxquels il faut absolument trouver des solutions, figurent le manque de subventions sur la culture des intrants (maïs, soja et autres) ; l’application de taux d’imposition douanière et fiscale – dans
certains pays, les tarifs douaniers sont particulièrement bas sur l’importation du poulet congelé découpé – qui ne permettent pas aux petits producteurs locaux de concurrencer les gros importateurs ; une absence de mise à niveau des éleveurs par rapport aux nouvelles techniques qui, à travers le monde, ont pratiquement déjà été standardisées, pour permettre et entretenir une production intensive, etc. Il faudra certainement passer par des mesures correctives de ces différentes situations, pour rattraper un retard exacerbé au cours des dernières années par l’épidémie difficilement maîtrisée de la grippe aviaire, qui a ralenti des efforts jusque-là visibles et prometteurs.
Le réveil Des solutions existent et dans certains pays déjà, les parties prenantes des filières avicoles : accouveurs, producteurs et autres se sont déjà rassemblés en groupes d’intérêts communs. Leurs programmes s’appuient le plus souvent sur des mots d’ordre comme la dénonciation, l’information, la formation, la facilitation d’accès aux intrants, ou au dialogue avec les gouvernements et les partenaires étrangers. Certaines de leurs démarches commencent à porter des fruits. Au Cameroun, par exemple, la standardisation progressive des méthodes d’élevage a conduit, sous l’égide de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) et du gou-
Confrontée à une demande en viande de volaille de plus en plus grande et contrainte d’ouvrir ses marchés aux importations moins coûteuses, l’Afrique n’a pas beaucoup de possibilités de protéger ses marchés locaux, nationaux, sous-régionaux ou continentaux. vernement, à une harmonisation des prix, qui, de mieux en mieux, font concurrence aux produits d’importation. Ailleurs, comme au Nigeria, des voix de plus en plus fortes se font entendre, pour dénoncer le commerce illicite qu’induit l’appât du gain facile et peu onéreux dans les filières de la viande de volaille importée. Dans le même sillage, les questions de santé publique que peuvent causer ces produits (radioactivité, possibilités de contamination bactérienne) font désormais l’objet d’un plus grand contrôle, dans des pays qui, pour la plupart, se sont dotés de structures de contrôle des normes, et même d’agences de réglementation des potentielles sources atomiques ou radioactives. Dans d’autres pays, des directions et même des instituts de recherche ont été mis en place pour encourager, promouvoir et accompagner le
développement de filières de production de céréales et d’autres intrants dans l’élevage de volaille. Toujours dans le cadre de la formation, l’initiative qui, depuis une quinzaine d’années, rassemble des techniciens et des vétérinaires de certains pays d’Afrique de l’Ouest et du centre, a permis de donner un nouvel élan à l’aviculture dans des pays comme le Sénégal, le Burkina Faso, le Gabon, le Togo, le Bénin, etc. Cette initiative a permis le regroupement dans ces pays et bien d’autres, de professionnels, dont l’expertise et les positions sont de plus en plus prises en compte. Il y va de l’intérêt de tout le monde, car dans un marché qui, après la viande de porc, est le plus sollicité au monde (en moyenne plus de 12kg de viande de poulet par habitant et par an), il est évident que tout le monde peut trouver son compte. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 21
CAMEROUN UNE DESTINATION TOURISTIQUE QUI S’ÉVEILLE
Marc Omboui
Le pays de Manu Dibango et des Lions indomptables, des plages, des montagnes, des lacs, des forêts et des savanes, des chefferies et des festivals, veut tirer profit de son énorme potentiel pour devenir une destination touristique de premier choix.
L
e Cameroun a récemment signé avec la Chine un mémorandum d’entente en matière de développement du tourisme. À plus ou moins brève échéance, cent millions de touristes dans le monde seront chinois, et à Yaoundé, on aimerait avoir sa part de ce marché en pleine expansion. On comprend alors qu’au moment où il aspire à devenir un pays émergent à l’horizon 2035, le Cameroun essaye d’actionner sur ce levier pour lutter contre le chômage et favoriser la création des richesses. Le président du Cameroun, M. Paul Biya, n’a-t-il pas, lors de son mandat précédent, inscrit le développement du tourisme parmi ses plus grandes priorités? En fait, on pourrait affirmer que les autorités camerounaises ont décidé de prendre le taureau par les cornes afin de faire de leur pays une véritable destination touristique. Et depuis deux ou trois ans, le pays a franchi la barre symbolique de 500 000 touristes par an. Mais d’après les spécialistes, il dispose d’un potentiel qui devrait lui permettre de faire beaucoup 22 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
mieux. En effet, le Cameroun est présenté comme un « condensé de l’Afrique » tellement ses ressources touristiques sont variées tant au plein écologique qu’humain.
L’écologie, principal atout Le tourisme écologique demeure sans aucun doute le principal atout touristique du Cameroun. Le pays est favorisé par sa
position au-dessus de l’équateur, et sert de trait d’union entre la zone sahélienne chaude et sèche, et la zone équatoriale froide et humide. Certaines de ces forêts enregistrent parmi les plus fortes pluviométries au monde. Une de ces forêts, la réserve du Dja, a été élevée au rang de patrimoine mondial de l’Unesco, et le parc national de Korup recèle des espèces végétales vieilles de plusieurs millions d’années. Le Cameroun possède une variété de reliefs, de climats, de paysages, d’espèces animales et végétales, uniques sur le continent. Sa forme tout en longueur lui permet de traverser plusieurs zones écologiques : la forêt dense et humide du sud fait progressivement place à la savane, au fur et à mesure qu’on progresse vers le nord. Symbole de cette variété, les paysages lunaires des monts Kapsiki. Le pays est traversé de nombreux cours d’eau entrecoupés de chutes spectaculaires à l’instar des célèbres chutes de Nachtigal sur le fleuve Sanaga. Le territoire est parsemé de lacs. Le relief du pays est extrêmement diversifié avec des montagnes notamment sur sa dorsale ouest, avec, en tête, le légendaire Mont Cameroun, le plus haut sommet de toute la côte ouest-africaine avec ses 4100
FOCUS
mètres. Baptisé Char des Dieux par les explorateurs portugais au 15e siècle, ce volcan reste encore en activité, et les cendres des dernières éruptions sont encore visibles sur ses flancs. Le Mont Cameroun, en plus de constituer une attraction touristique, accueille chaque année l’Ascension qui porte son nom, une grande compétition sportive à laquelle prennent part des centaines d’athlètes venus des quatre coins du Cameroun, d’Afrique et du monde. Avec ses plus de 400 kilomètres de côte et ses plages dorées, le Cameroun est une destination idéale pour les amoureux de tourisme balnéaire. La ville de Kribi, dans la région du sud, constitue à n’en point douter une destination privilégiée qui accueille chaque jour les touristes par dizaines. Ils viennent profiter de ses plages et de son sable fin.
Au pays du lion La diversité écologique est aussi propice au développement du tourisme de safari. Le Cameroun compte des parcs et des réserves où l’on retrouve des espèces animales des plus exotiques. La faune est particulièrement riche avec 409 espèces différentes de mammifères, 143 de reptiles, 849 d’oiseaux et 190 d’amphibiens. Le plus emblématique de ces parcs est celui de Waza avec ses lions et ses girafes. Mais il y a aussi ceux de Kalamakoué, Boubandjida et celui de la Bénoué, pour ne citer que ceux-là. Si la richesse écologique du Cameroun est une raison suffisante pour attirer les touristes étrangers, il n’y a pas lieu de sous-estimer l’incroyable profusion humaine de ce pays. Le Cameroun est une mosaïque de près de 250 ethnies aux coutumes et traditions différentes : des pygmées, peuplades enracinées dans les traditions ancestrales qui trouvent dans la forêt environnante tout ce qu’il faut pour leur subsistance, aux éleveurs sahéliens de la partie septentrionale du pays, en passant par les populations de type bantou vivant d’agriculture, le touriste peut goûter à la diversité présente dans l’architecture traditionnelle, le folklore, la religion, la cuisine, l’artisanat, etc. Le patrimoine historique est également riche avec des monuments et vestiges du triple héritage colonial allemand, français et anglais. Le visiteur sera impressionné par les grandes chefferies de l’ouest du pays et les lamidas de la partie septentrionale. La plus représentative de ces chefferies est le sultanat bamoun, dont l’ingénieux peuple, guidé par de souverains éclairés, a créé une des civilisations les plus brillantes de l’histoire du Cameroun. Les Bamoum sont connus à travers le monde pour avoir inventé un alphabet et une écriture et surtout pour leurs prouesses artisanales. Le palais du sultan des Bamoun constitue à n’en point douter l’un des sites touristiques les plus visités du pays. Il permet de revisiter la riche histoire de ce peuple.
Un cadre institutionnel en amélioration Un potentiel extrêmement riche et varié qui ne demande qu’à être mis en valeur. Ce à quoi le gouvernement s’emploie depuis quelque temps avec le
concours du secteur privé. Les sites touristiques sont de plus en plus aménagés. Les infrastructures d’accueil s’améliorent en quantité et en qualité. Le pays dispose de plus de 245 000 chambres pour 400 hôtels classés. D’autres infrastructures sont en chantier ou en projet, parmi lesquels celui qui a été négocié avec la Ruwaad des Émirats arabes unis. Cette société se propose de construire à Yoyo, sur le littoral, un méga complexe économique et touristique avec plusieurs hôtels sur 10 000 hectares de terrain. Le problème de transport a été résolu avec la création d’une compagnie aérienne nationale qui facilite le déplacement entre les deux grandes métropoles que sont Douala et Yaoundé, mais aussi entre le nord et le sud du pays. Nouvelles frontières, Apadana et d’autres tour-opérateurs s’intéressent de plus en plus à la destination Cameroun.
LE CAMEROUN POSSÈDE UNE VARIÉTÉ DE RELIEFS, DE CLIMATS, DE PAYSAGES, D’ESPÈCES ANIMALES ET VÉGÉTALES UNIQUES SUR LE CONTINENT. Au plan institutionnel, l’État du Cameroun entend créer un office du tourisme, adopter un code d’investissement spécifique au tourisme, et procéder à la révision de la loi sur l’activité touristique qui comporte quelques lourdeurs. Le gouvernement pense que tout cela est susceptible de consolider sa place dans les principaux marchés émetteurs, et de conquérir des marchés nouveaux que sont la Chine, le Japon, etc. Ainsi donc, petit à petit, le tourisme au Cameroun se réveille pour installer ce pays parmi les principales destinations touristiques en Afrique. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 23
« LE CAMEROUN COMPTE INVESTIR L’accès à l’énergie, MASSIVEMENT POUR RENDRE SA DESTINATION PLUS ATTRACTIVE »
L
BABA HAMADOU, MINISTRE CAMEROUNAIS DU TOURISME
e Cameroun est généralement présenté comme un condensé de l’Afrique du fait de la diversité de ses ressources touristiques. Et pourtant, ce n’est que récemment que ce pays a pu franchir le cap de 500 000 touristes par an. Le ministre camerounais du Tourisme parle des atouts de son pays et des moyens mis en œuvre pour attirer encore plus de touristes.
AFRIQUE EXPANSION MAG : Quelle est la place que le gouvernement camerounais accorde aujourd’hui au secteur du tourisme ? Baba Hamadou : Lors de l’inauguration de son dernier mandat, le Président de la République Paul Biya avait placé le tourisme parmi les secteurs de l’économie susceptibles de booster le développement économique du Cameroun et réduire la pauvreté. Aujourd’hui, le flux touristique vers le Cameroun frôle les six cent mille arrivées, illustrant ainsi les efforts qui ont été déployés par les pouvoirs publics pour développer ce secteur. Même les bailleurs de fonds sont devenus plus attentifs à nos préoccupations dans ce secteur, grâce à la volonté bien affichée de l’État.
effet, grâce à sa position médiane sur le continent africain, le Cameroun regorge de ressources touristiques variées, découlant de son relief, de son climat d’où naissent une flore et une faune des plus riches d’Afrique. Par ailleurs, dans ce pays qui réunit sur son sol la quasi-totalité de ce que la nature a donné de manière éparse et inégale aux autres destinations touristiques africaines, vit une population composée de plus de deux cents ethnies qui offrent une culture d’une richesse et d’une variété exceptionnelles. Enfin, n’oublions pas la paix sociale qui règne dans notre pays, qui contraste avec les soubresauts que connaît fréquemment l’Afrique.
Qu’est-ce qui, selon vous, constitue l’avantage du Cameroun par rapport aux autres pays et qui constitue un avantage au plan touristique ?
Bien que gâté par la nature, le Cameroun n’attire pas encore autant de touristes qu’il le mérite. Que reste-t-il, selon vous, à faire pour que les touristes soient plus nombreux à venir dans ce pays ?
Comme nous l’avons toujours dit, et vous pouvez le vérifier, la principale caractéristique du produit touristique camerounais demeure son extrême diversité. Ce n’est pas un slogan d’affirmer que notre pays est un condensé de toute l’Afrique touristique. En
Je reconnais qu’au vu de son immense potentiel, notre pays n’accueille pas encore le flux touristique qu’il mérite. Nous disposons d’une stratégie sectorielle qui constitue pour nous une véritable boussole. Mais évidemment, nous sommes là dans un domaine
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Propos recueillis par Marc Omboui
LE FLUX TOURISTIQUE VERS LE CAMEROUN FRÔLE AUJOURD’HUI LES 600 000 ARRIVÉES. économique, et il s’agira essentiellement de consentir les investissements nécessaires pour rendre la destination plus attractive. Nous avons plusieurs projets d’envergure qui reposent sur l’éco-tourisme, notre produit touristique phare. En partenariat avec des investisseurs saoudiens, nous avons en projet la construction d’un méga complexe touristique à Yoyo dans la région du Littoral, qui sera une grande station balnéaire ultramoderne sur dix mille hectares. L’apport des bailleurs de fonds - le tourisme ayant été identifié parmi les filières de croissance - va nous permettre de réhabiliter nos installations ainsi que les conditions d’accès et d’accueil autour des différents sites éco- touristiques. L’entrée en jeu d’une nouvelle compagnie aérienne nationale, la
Quelles sont les opportunités d’affaires offertes par le secteur touristique? Du fait de sa transversalité, le secteur touristique offre d’immenses opportunités d’affaires. Que ce soit dans le domaine des infrastructures de transport, d’hébergement, de la restauration, des loisirs ou de l’organisation des voyages, etc., les possibilités d’investissement sont nombreuses. Pour accélérer son développement, le Cameroun a plus particulièrement besoin d’infrastructures d’accueil susceptibles de recevoir une clientèle internationale de plus en plus exigeante. Nous ne disposons pas encore de véritables agences de voyages pouvant servir de pendants aux Tour-opérateurs qui sont déjà nombreux à frapper à nos portes. Bref, le tourisme constitue un champ encore vierge pour les opportunités d’affaires au Cameroun. Quelles sont vos ambitions pour le tourisme au Cameroun? Le défi majeur est de faire de notre pays une grande destination touristique. Pour cela, la création d’un Office National de Tourisme est un préalable nécessaire et indispensable. L’office de tourisme permettra la mise en œuvre de la politique de promotion et de développement du tourisme camerounais à travers le marketing de la destination, la viabilisation des sites touristiques et la promotion des investissements. Camair-Co, constitue également un atout non négligeable dans notre stratégie.
voir, la Chine constitue aujourd’hui la quatrième puissance touristique mon-
EN PARTENARIAT AVEC DES INVESTISSEURS SAOUDIENS, NOUS AVONS EN PROJET LA CONSTRUCTION D’UN MÉGA COMPLEXE TOURISTIQUE À YOYO, QUI SERA UNE GRANDE STATION BALNÉAIRE ULTRAMODERNE SUR DIX MILLE HECTARES. Lors de la dernière visite du président Paul Biya en Chine, un accord de coopération a été signé entre ce pays et le Cameroun pour le développement du tourisme au Cameroun. En quoi consiste cet accord et que pourrait-il concrètement apporter au tourisme dans votre pays ? Le Mémorandum d’Entente signé le 21 juillet 2011 à l’occasion de la visite du Chef de l’État Paul Biya en Chine va certainement booster le flux touristique vers le Cameroun. Il faut le sa-
diale après la France, l’Espagne et les États-Unis. Mais avec la Chine, il est de coutume que les pays qui souhaitent accueillir les touristes en voyages organisés originaires de ce pays signent au préalable un mémorandum d’entente pour canaliser les flux généralement très nombreux qui en émanent. D’où l’importance de cet acte que l’on peut considérer comme l’un des accords majeurs signés lors du récent voyage
Ensuite, il faudra diversifier notre offre touristique en mettant l’accent sur l’énorme potentiel éco-touristique dont regorge notre pays. D’autres actions porteront sur: − l’amélioration de la desserte aérienne du pays, notamment par la facilitation des vols charters à destination du Cameroun; − le développement des infrastructures d’accueil de qualité par l’adoption d’un code des investissements incitatif; − le renforcement des capacités des acteurs du secteur touristique ; − la mise en place d’un appareil statistique fiable pour mesurer l’impact de nos actions, etc. Tels sont, entre autres, les principaux défis du gouvernement en matière de tourisme au cours des prochaines années.
AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 25
FOCUS
du Président Paul Biya en Chine.
C’
est encore le prestigieux Hôtel Fairmont Le Reine-Élizabeth qui a servi de cadre au Forum Africa. Cet événement biennal a accueilli au cœur du quartier des affaires de la métropole québécoise, quelque 300 participants qui ont participé à divers panels et activités organisés sous le thème «Investissements et partenariats pour un développement durable en Afrique ». Du 5 au 8 septembre 2011, plusieurs notes se sont rajoutées au traditionnel agenda des participants. Cela aura particulièrement été l’occasion de rece26 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
voir une belle brochette d’invités dont M. Tim Turner, directeur du développement du secteur privé à la Banque africaine de développement (BAD). Principal orateur du déjeuner-conférence du 6 septembre 2011, M. Turner a fait une présentation particulière sur l’opportunité offerte aux gens d’affaires canadiens de faire des affaires en Afrique. Pour le directeur du développement du secteur privé de la BAD, cette dernière est un partenaire fiable dans la conduite des affaires sur le continent africain. Si ce dernier pouvait être considéré comme un territoire à haut risque il y a quelques années, il se trouve aujourd’hui que c’est la région du monde qui offre le meilleur retour
sur investissement. Des termes qu’il n’a pas non plus hésité à reprendre dans sa rencontre avec la presse en plaidant pour un autre regard sur l’Afrique : « Les possibilités de croissance restent immenses. Outre ses ressources pétrolières et minières que l’on sait, l’Afrique abrite, entre autres, 60% des terres arables inexploitées du globe, les meilleurs sites de développement de l’énergie solaire et les plus grandes ressources hydro- électriques inexploitées » C’est cet immense chantier qui a besoin d’apport en financement car, précise M. Turner, « les gouvernements et investisseurs privés africains ne disposent souvent pas encore des fonds et de l’expertise pour mener des chantiers d’une telle
Présenté par:
ampleur. » L’appel du pied aux décideurs canadiens ne pouvait être plus explicite. En appui à cette intervention, JeanLouis Ekra, président de la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank), a également fait une présentation sur le rôle de cet établissement et les défis à relever dans les échanges commerciaux sur le continent. Rappelant que l’Afreximbank était un exemple patent de partenariat public-privé, l’action de cette institution tournait globalement autour du financement de projets commerciaux et de la garantie des crédits engagés. À côté de ces deux communications principales lors de déjeuners-conférences, cinq ateliers auront retenu l’atten-
tion des participants en raison de leur objet : Développement des infrastructures, Financement du commerce international en Afrique, Développement durable des secteurs du bois et de la foresterie en Afrique, Faire des affaires en Afrique et Investir dans le secteur de l’Agro-industrie en Afrique. Près de 150 échanges ont ainsi eu lieu entre gens d’affaires africains et canadiens, et débouché sur de nombreux accords de principe. Enfin, parenthèse ludique au cours de ce Forum, le traditionnel gala n’a pas fait l’économie de la générosité des organisateurs. Les petits plats dans les grands, des prestations musicales et surtout la remise des Prix d’excellence Afrique Expansion auront retenu le
palais et l’attention des convives. Ces prix ont couronné, comme à chaque occasion, les entreprises s’étant illustrées dans leur apport au développement de l’Afrique. Huit ans après, le rendez-vous de l’Afrique des affaires en Amérique du Nord, que représente le Forum Africa, n’en est donc plus aux prétentions. Une édition après l’autre, le défi lancé par Afrique Expansion Magazine et le Conseil canadien pour l’Afrique est relevé de façon admirable. Et plus qu’une occasion de rapprochement entre décideurs nord-américains et africains, c’est l’événement désormais incontournable pour s’informer, rencontrer et conclure des partenariats d’affaires de premier ordre avec les secteurs privé et public. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 27
L’ ÉVÉNEMENT
FORUM AFRICA 2011
L’AFRIQUE DES
AFFAIRES EN PREMIÈRE LIGNE
D
Vitraulle Mboungou ans la continuité des forums financière, l’Afriprécédents, le Forum Africa que a même reçu 2011 a voulu marquer cette 87 milliards d’inannée encore une rupture v e s t i s s e m e n t s avec l’image souvent négative privés étrangers. Amina Gerba, Présidente du comité d’organisation du Forum Africa 2011 de l’Afrique en Occident, en Selon Jean Louis communiquant sur « l’Afri- Roy, également que des Affaires qui réussit ». président de Partenariat International, en 2100) annoncée par une récente étude C’est en effet cette Afrique qui « si ce niveau d’investissement était main- de l’Ined. Qui pourrait dès lors douter est devenue un lieu de déve- tenu ces 10-15 prochaines années, si l’Afri- des opportunités qu’offre cette Afrique en loppement et de croissance économique que devait recevoir comme la Chine 800 forte croissance démographique et écoincroyable que la présidente du comité à 900 milliards d’investissements privés nomique, s’interrogeait Madame Gerd’organisation de cette 5e édition du étrangers, ce qui a l’air d’être le rythme ba? Ce formidable accroissement de la Forum, Amina Gerba et le prépopulation africaine est égalesident d’honneur Jean Louis ment « synonyme d’un marché Roy ont voulu mettre en avant de la consommation extraordilors de la cérémonie d’ouvernaire », rajoutait Monsieur Roy ture. Cette Afrique qui, chiffres car selon lui, il n’y aura pas qu’un à l’appui, est aujourd’hui consimilliard d’Africains de plus dans dérée comme un monde fiable 50 ans mais également 2 miloù il est bon d’investir et de faire liards de consommateurs potendes affaires. tiels dont 600 voire 700 millions En effet, le continent africain pourraient appartenir à la classe est actuellement la région du moyenne et donc auraient les monde qui connaît le plus haut moyens ou les ressources nécestaux de croissance économique saires pour consommer. estimé à un peu plus de 6% par Enfin, « l’Afrique des Affaian. Un chiffre qui contredit les res qui réussit », c’est aussi l’Afriidées reçues sur une Afrique que qui exporte de plus en plus. pauvre et victime de nombreuSelon le désormais célèbre ses guerres, véhiculées ici et rapport McKinsey, le taux de là. Une image que le rapport Jean Louis Roy, Président d’honneur du Forum Africa 2011 croissance des exportations du McKinsey vient compléter en continent africain vers le reste rappelant un certain nombre d’informa- prévisible, le décollage que l’on observe du monde a augmenté de 18% par an tions sur « le développement formidable actuellement, serait spectaculaire ». au cours de ces dernières années et son de l’Afrique », comme l’a souligné MonCette « Afrique des Affaires qui réus- PIB estimé à peu plus de 1600 milliards sieur Roy lors de son allocution. Ainsi, sit», c’est aussi l’Afrique des grandes villes de dollars, est supérieur à celui des pays le continent africain recevait, dans les qui vont voir leur population doubler dans comme le Brésil et l’Inde. Ainsi, ce rythannées 80, un peu moins de 10 milliards les 3 prochaines décennies avec la très for- me de croissance ressemble de plus en d’investissements privés étrangers par te croissance démographique (population plus à celui des régions du monde qui an contre 50 à 60 milliards ces dernières qui va passer d’un peu moins d’un mil- se développent comme les grands pays années. En 2007, à la veille de la crise liard aujourd’hui à près de 3,6 milliards émergents, a conclu Jean Louis Roy. 28 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
CONFÉRENCE
LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT
ET LES INVESTISSEURS
CANADIENS I
Léopold Nséké
e
nvité de marque à ce 5 Forum Africa, Tim Turner, directeur du Développement du secteur privé de la BAD, a entretenu son auditoire sur les réponses à donner à la question : « Comment la Banque africaine de développement peut-elle aider les investisseurs africains ?» On le sait, la gestion du risque est l’une des clés du financement des entreprises. S’aventurer sur un territoire aussi vaste que l’Afrique nécessite une connaissance précise des tenants et aboutissants du milieu des affaires. Pour Tim Turner, l’occasion était tout indiquée pour effacer certains préjugés tenaces et assurer de la présence de partenaires économiques et financiers forts et fiables. Sur ce dernier point, il était bien entendu important de vanter l’action de la Banque africaine de développement. Le conférencier, Canadien d’origine, a d’abord choisi de parler des défis et des opportunités d’affaires en Afrique, ensuite de marquer la BAD comme partenaire d’affaires de choix et enfin d’établir la dynamique pour faire aboutir les divers projets. Longtemps, a-t-il introduit, l’Afrique a été considérée comme l’une des destinations les plus risquées en termes d’affaires et de ce fait, a été boudée par un grand nombre d’investisseurs. Plusieurs raisons ont justifié cette situation. Des infrastructures rudimentaires, une instabilité politique quasi générale, une législation faible, une corruption rampante et une bureaucratie lourde. Voilà le cocktail nocif qui avait quelque peu marginalisé une grande partie du continent dans le concert des investissements en cours ailleurs dans le monde.
Or, quelques années plus tard, a poursuivi M. Turner, le Tim Turner, Directeur du Développement du secteur privé de vent du changement a soufflé sur la BAD le continent et de nouvelles opportunités ont vu le jour. La mise au jour de ressources naturelles plus consis- des 54 pays que compte le continent. Comme partenaire d’affaires, la BAD tantes, la résolution de plusieurs conflits, une meilleure gouvernance, une croissance fonctionne sur une vision à long terme solide et de nouveaux marchés ont fini par basée sur le développement maximal qui donner à l’Afrique un très grand potentiel rapportera, à terme, des bénéfices conséquents. C’est dire l’importance qu’elle d’attraction, a-t-il expliqué. met à la fois sur les besoins locaux et les intérêts des investisseurs. Une double tâche accomplie avec beaucoup de succès à travers les opérations financières en Afrique. Une mission qui couvre une large palette de secteurs : Énergie, Transports, Télécommunications, Pétrole et gaz, Mines, Manufactures, Agrobusiness, Santé & Éducation et bien entendu, finance et commerce. En un mot, Tim Turner n’a fait que Retrouvez l’intégralité de cette interview dans la version digitale du magazine certifier et confirmer l’existence de cette autre Afrique qu’on apprend peu à peu à Pour les gens d’affaires canadiens, découvrir et dont il faudrait prendre au séil est donc essentiel de savoir que les rieux les décideurs actuels. Ce sont de nouchoses ont changé et que surtout, un éta- veaux loups qui se sont vite mis l’école de blissement comme la Banque africaine la mondialisation et ont pris un train tiré de développement peut servir d’associé par des pays émergents. Ces derniers ne indispensable pour mener à bien prodevraient pas être les seuls à sillonner cette jets et partenariats sur le continent. À nouvelle terre de « miel et de lait ». cet effet, Tim Turner a tenu à souligner Intéressés, les participants lui ont les avantages uniques que représente la BAD. D’abord, une vaste expérience ac- réservé une réponse qui voulait tout dire. quise à travers le continent depuis plus de Des applaudissements nourris et des solli40 ans, ensuite un savoir-faire acquis tant citations pour des rencontres en privé. On au niveau du secteur public que du sec- peut ainsi dire que le message est passé et teur privé et enfin, une assise financière sera répercuté au sein des milieux d’affaisolide et une réputation sans tâche auprès res à travers le pays à la feuille d’érable. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 29
L’ ÉVÉNEMENT
AFREXIMBANK
UN INSTRUMENT DE PROMOTION
DU COMMERCE AFRICAIN T Vitraulle Mboungou
5e
rès attendu lors de la édition du Forum Africa 2011, Jean-Louis Ekra, le Président de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), un des principaux partenaires de l’événement, est venu présenter cette institution internationale et panafricaine qu’il préside depuis 2005. Créée en octobre 1993 avec un capital de 750 millions dollars selon un concept de partenariat global entre le privé (62% des fonds) et le public (35% des fonds), l’Afreximbank a pour principal objectif de promouvoir et financer le commerce intra et extra-africain. La banque travaille ainsi avec des investisseurs privés et publics issus du continent africain et d’ailleurs.
ou proches de la production et aptes à entrer sur le marché mondial. Et pour ce faire, la banque panafricaine a recours à ce qu’elle nomme les programmes de financement à « Double Recours » et « Sans Double Recours ». En résumé, les programmes à « Double Recours » sont ceux pour lesquels l’Afreximbank prête à une entreprise contre la garantie ou l’accord d’une banque jouissant d’une réputation irréprochable ou d’une entreprise solvable. Ils permettent ainsi à l’institution de s’appuyer sur la proximité entre les banques locales et les emprunteurs potentiels afin de surveiller les prêts qu’elle accorde. Cette approche favorise la réduction du risque de prêt aux exportateurs et plus généralement, au secteur privé africain émergent. Elle contribue également Les programmes de financement à la levée des entraves limitant l’octroi de financement à certains pays dits pauvres L’institution développe différents pro- ou en voie de développement. En ce qui grammes et facilités de financement concerne, les programmes « Sans Double de grande envergure, destinés à une Recours », ils sont opérés avec recours clientèle variée, en particulier les pays direct à un emprunteur. Ces opérations africains. L’Afreximbank, instrument sont effectuées avec des entreprises et des important du commerce régional sur le banques établies. continent, sert entre autres d’interméLe second volet, quant à lui, cible diaire entre l’Afrique et les institutions directement la création des produits financières internationales. Jean-Louis d’exportation autres que les matières Ekra, nommé pour un deuxième mandat premières et l’amélioration de la compéà la tête de cette banque en juillet 2010, titivité des exportations en encourageant s’est donc longuement attardé devant le les projets régionaux. Les programmes parterre de participants du Forum Africa relevant de ce second volet visent ainsi à 2011, sur les deux principaux volets qui valoriser la production des exportations composent ses programmes de finance- ciblées sur l’exploitation de certaines ment, à savoir l’expansion et la diversifi- opportunités d’accès à des marchés bilacation du commerce africain ainsi que le téraux et multilatéraux ouverts à l’Afridéveloppement des exportations. que comme l’AGOA (African Growth Le premier volet a pour but principal and Opportunity Act) du gouvernement d’éliminer les obstacles qui limitent les américain ou les APE (Accords de Paréchanges des biens africains déjà produits tenariat Economique) entre l’Union 30 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Jean-Louis Ekra, Président de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank)
européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Ils cherchent également à promouvoir la production des exportations ciblées sur l’exploitation d’opportunités commerciales intra- africaines et encourager les projets régionaux, notamment ceux touchant au développement des infrastructures. Monsieur Ekra a enfin également insisté sur les défis que l’Afreximbank se doit de relever dans un futur proche afin de réussir son mandat : problème de concentration des produits exportables dans quelques pays exportables, manque de diversité des partenaires, absence pour l’Afrique d’une vraie politique de promotion et d’encouragement de son commerce extérieur et accès limité au financement dans le commerce de type crédits.
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Christian Martin, AMCEQ et CCQ
TABLE RONDE
l’exportation, Mme Pauline Fokam, directrice d’agence chez Afriland First Bank au Cameroun, Mme Patricia Bentolila, Représentante en chef, Afrique chez Exportation et Développement Canada (EDC) et enfin M. Christian Martin, Président de l’Association des Maisons de Commerce Extérieur du Québec et du Carrefour des Communautés du Québec. En ouverture, le Dr FranLéopold Nséké cis Mbroh a succintement présenté l’Afreximbank avant d’en exposer l’action qui s’inscrit dans l’accompagnement, le financement et la diversification du commerce intra et extraafricain. Au contact des centaines d’opérateurs comPatricia Bentolila, Francis Mbroh, Pauline Fokam, EDC Afreximbank Afriland First Bank merciaux sur le continent et as d’argent, pas de négoce », aime- ailleurs, cette institution financière a pu t-on à dire dans les cercles financiers relever trois des principaux obstacles au et commerciaux. La table ronde sur développement du commerce en Afrique le délicat sujet du financement du com- et son financement : la concentration des merce international a permis de cerner affaires dans les secteurs agricole, pétroplusieurs aspects des opérations menées lier et minéral qui représentaient encore sur le continent. Il s’est agi notamment en 2009, 76% des volumes commerciaux; de la pertinence des opérations commer- le sous-développement des infrastructures ciales, des canaux de financement et des qui hypothèque la circulation des biens conditions essentielles à l’obtention des et des personnes et la création de véritacrédits nécessaires au développement du bles agences de promotion du commerce et de l’industrie et l’établissement de la commerce. Dirigé par M. Karl Miville Dechêne, confiance pour permettre, entre autres, associé chez Consultation Contacts Mon- l’installation de banques de crédit. Au-delà de ces questions structurelde, cet échange a permis d’entendre tour à tour le Dr Francis Mbroh, directeur du les et infrastructurelles, l’intervenante département de Recherche, de Planifica- suivante, Mme Pauline Fokam a posé tions et de Coopération internationale de celle de l’accessibilité des commerçants la Banque africaine pour l’importation et et plus particulièrement des femmes aux
FINANCEMENT DU COMMERCE INTERNATIONAL EN AFRIQUE
«
P
produits et services financiers. Face au poids de la tradition, aux préjugés encore tenaces qui permettent de perpétuer une certaine discrimination à l’égard des femmes dans les affaires, alors qu’elles sont reines de l’économie informelle et indéboulonnables dans les réseaux traditionnels, la réponse de l’Afriland First Bank a été, depuis 1987, de créer une passerelle entre les secteurs formels et informels de l’économie. Quand on sait enfin que 60% des opérateurs en milieu rural sont des femmes, cette offensive se justifie largement. Au chapitre des dynamiques, le Canada a depuis longtemps trouvé une réponse aux questions de financement du commerce international pour ses opérateurs. Mme Patricia Bentolila a ainsi pu introduire l’organisme Exportation et développement Canada (EDC) dont elle est la représentante du département Afrique. Agence de crédit officielle du gouvernement du Canada, cette corporation fondée il y a près de 60 ans pour accompagner les exportations et les investissements des compagnies canadiennes à l’étranger, est aujourd’hui autonome et finance ses opérations grâce à des investissements sur les marchés internationaux. L’importance d’EDC dans la dynamique d’échanges et de financement du commerce africain se justifiait aussi par l’élargissement de son mandat. Depuis 2009 en effet, il lui est autorisé d’appuyer les opérations d’entreprises étrangères au Canada en autant que ces entreprises contribuent à l’exportation de produits canadiens. La table était ainsi mise pour l’intervenant suivant, M. Christian Martin. Celui-ci aura clos la table ronde en faisant un exposé sur les échanges commerciaux entre le Canada et l’Afrique. Banquier de carrière, M. Martin a demandé aux entreprises africaines de savoir s’affirmer pour une amélioration des chiffres des rapports commerciaux entre le Canada et l’Afrique et de ne jamais oublier que « réussir à se faire financer c’est parler le même langage que les banquiers ». AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 31
L’ ÉVÉNEMENT
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE PANEL
C
ette 5e édition du FORUM AFRICA 2011 a été une fois de plus l’occasion pour les nombreux participants d’assister à divers panels aussi captivants les uns que les autres. Celui sur le développement des infrastructures en Afrique a ouvert la marche. Modérée par Nathalie Chinje, Fondatrice et Directrice du cabinet Upbeat marketing basé en Afrique du Sud et spécialisé en stratégies Marketing, cette conférence a permis à Onike Nicol Houra, Directrice de Communication à la Banque Africaine de Développement (BAD), Secteur Privé et Luc Gagnon, Directeur Développement Technologique et Applications chez CSE Power technologies Inc. (spécialiste de l’énergie électrique), de présenter leur entreprise ou institution ainsi que leur travail dans le secteur des
Luc Gagnon, CSE Power technologies Inc.
infrastructures sur le continent africain. La BAD, en particulier le Département Développement du Secteur Privé, soucieuse d’améliorer le climat d’investissement en Afrique en encourageant les investissements nationaux et étrangers, de soutenir les entreprises privées et promouvoir en outre l’intégration régionale et le commerce, investit énormément dans les infrastructures en agissant sur deux principaux niveaux. D’une part, l’institution financière aide les gouvernements africains à développer ce secteur, notamment celui de l’énergie, des 32 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
TIC et des Transports. D’autre part, elle soutient les entrepreneurs avec des opérations spécifiques. Madame Nicol Houra a ainsi passé en revue les projets des infrastructures intégrées mis sur pied par la BAD dans différents pays africains, insistant sur des projets tels que l’autoroute à péage et l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar au Sénégal, générateurs entre autres de nombreux emplois. « L’Afrique est une terre d’opportunités », notamment pour les entreprises étrangères qui souhaiteraient y investir, a quant à lui, souligné Luc Gagnon qui, comme beaucoup de gens aujourd’hui, estime que le recours aux énergies renouvelables, essentiellement l’énergie solaire, serait « la meilleure solution » pour le continent africain, lui permettant ainsi de remédier aux problèmes liés au manque d’électricité auxquels les Africains
Nathalie Chinje, Upbeat marketing
doivent faire face quotidiennement. La partie « débat » de ce panel fut tout aussi animée. Monsieur Camille Mouté à Bidias, directeur général du Fonds National de l’Emploi au Cameroun, a fait remarquer « l’incohérence entre les priorités et les politiques développées » aussi bien par les gouvernements africains que les institutions financières internationales (qui servent à la fois d’investisseurs et de conseillers sur le continent), en particulier dans le domaine des infrastructures où l’on favorise plus
Vitraulle Mboungou
Onike Nicol-Houra, Banque Africaine de Développement
Randolph Segla, SNC Lavalin
les croissances économiques techniques avec, par exemple, la construction des routes. Ces politiques sont, selon lui, bénéfiques à court terme et donc presque insignifiantes, notamment pour ce qui est du secteur de l’emploi chez les jeunes où elle représente une solution temporaire. Il a par ailleurs fait observer et à juste titre que, dans ce domaine des infrastructures, certaines régions sont plus favorisées que d’autres aussi bien par les institutions financières internationales que les investisseurs privés.
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PANEL
L’AFRIQUE,
multinationales, Lucien Sanzouango, haut fonctionnaire camerounais, Sanou Sarr du Chambre de Commerce du Mali Serge Tchaha, et Dr Goddy Idaminabo, avec Harry Bekono professeur et CEO de (Stagiaire) l’African Business School au Nigéria. Bien qu’issus d’horizons professionnels différents, ils ont prononcé un verdict consensuel, unanime : l’Afrique est une destination d’affaires prometteuse. À cet effet, Nathalie Chinje a mis de l’avant, reprenant Newsweek, une citation de Robert Zoellick - Président de la Banque Mondiale - : « clearly people are focusing on China and India. I think Africa is Lucien Sanzouango, haut Sanou Sarr, Chambre Komlan Messie, fonctionnaire camerounais de Commerce du Mali RÉPAF a potential pole for growth ». Les conférenciers ont pris le temps était sans doute l’une des thématiques les plus d’expliquer les changements structurants attendues de l’évènement. qui se sont opérés sur le continent et ont Quoi de plus normal, en invité au développement de partenariat. effet, que de discuter sur le comment « faire des affaiUne nouvelle donne… res en Afrique » lors d’un forum économique visant L’Afrique a connu une croissance moyenprécisément à vendre la ne, au cours de la dernière décennie, située destination Afrique ? autour de 5% et le FMI prévoit pour 2011 Modéré par Komlan Messie, Président et 2012 une croissance entre 5 et 6%. C’est du Réseau des Entrepreneurs et Profes- dire que le continent africain a indiscutasionnels Africains (RÉPAF), l’atelier aura blement changé sa condition comparativeété fort intéressant. Il faut dire que les ment aux décennies précédentes. Plus qu’hier, l’Afrique offre de nouorganisateurs avaient composé un panel aussi varié qu’alléchant. Il y avait Natha- veaux gisements de prospérité. Cette lie Chinje, chef d’entreprise en Afrique du mutation, pour les panélistes, peut s’exsud et conseil pour nombre d’entreprises pliquer par plusieurs raisons. D’abord, les
UN PÔLE DE CROISSANCE
C’
efforts fournis afin de développer le secteur privé dans certains pays, comme le Mali, ont été significatifs. M. Sanou Sarr a ainsi pris l’exemple du Centre des Ressources AGOA (African Growth and Opportinuty Act). Hébergé par l’Agence de Promotion des Investissements du Mali, le centre a pour mission de répondre « aux besoins d’information et de documentation des opérateurs maliens désirant exporter vers les États-Unis et également les avantages commerciaux dont ils pourront bénéficier à travers la loi AGOA ». La présence plus massive des pays émergents a également concouru à booster la croissance. Présence justifiée par une nécessité de maîtriser l’approvisionnement en matières premières.
… à fructifier via des partenariats Cet atelier a naturellement été une excellente tribune pour les panélistes d’en appeler au partenariat et de dire leur disponibilité à travailler avec des Canadiens. Car il ne faut pas s’y tromper, faire des affaires en Afrique, nécessite une préparation, un plan d’action. D’ailleurs, Madame Nathalie Chinje, dans sa conclusion, a insisté pour indiquer que l’aventure africaine ne devait pas se vivre seul. Elle a appelé au développement d’alliances stratégiques. Ce qui est incontournable.
Retrouvez l’intégralité de cette interview dans la version digitale du magazine 33 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 31
L’ ÉVÉNEMENT
PANEL DÉVELOPPEMENT DURABLE DU SECTEUR DU
D
BOIS ETUNDEENJEULA FORESTERI E INTERNATIONAL
Vitraulle Mboungou
enses et profondes, les forêts de l’Afrique centrale qui s’étendent sur plus de 200 millions d’hectares et qui constituent le 2e « poumon de la planète » après l’Amazonie, sont en train de disparaître à vue d’œil. Tel était le constat des panélistes venus débattre sur le thème de « Développement durable du secteur du bois et de la foresterie » lors d’une des conférences du Forum Africa 2011. Tous se sont accordés pour affirmer que de par son statut de « patrimoine naturel de l’Afrique », les gouvernements du continent devraient faire plus d’efforts pour booster ce secteur du bois et de la foresterie, car comme l’a souligné Marie-France Lebreton, Viceprésidente Québec du Conseil Canadien pour l’Afrique et modératrice de la conférence : « La forêt constitue une véritable richesse économique avec d’importantes rentrées d’argent au niveau de l’exploitation du bois et de l’exploitation agricole ». Propos appuyés par Tim Christophersen, Chargé de Programme pour la biodiversité des forêts, Programme des Nations Unies pour l’environnement, (PNUE) qui a résumé la situation en une phrase : « La forêt produit beaucoup de choses pour les hommes mais sans réciprocité. » Au Cameroun par exemple, selon Oumar Mairou, Expert Bois du Projet Compétitivité des Filières de Croissance (PCFC) financé par la Banque Mondiale, le secteur du bois et de la foresterie, contribue à hauteur de près de 10% au PIB national et représente la 2e source de devise avec près de 20% des recettes d’exportation. Il est également le 2e pourvoyeur d’emploi après la fonction publique (170 000 personnes employées). Mais pour lui comme pour beaucoup de 34 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Marie-France Lebreton, CCAfrique
Tim Christophersen, PNUE
participants présents à la conférence, ce secteur a besoin d’une bonne politique de gestion de la part des gouvernements africains. En effet, la survie des forêts du continent passe, selon tous, par l’amélioration des capacités des gouvernements à administrer leurs ressources forestières. Toujours dans le secteur de la foresterie mais dans un tout autre registre si l’on peut dire, Carole Robert, présidente de la Fondation PharmAfrican et BDA (organisation à but non lucratif), a fait une présentation captivante de son projet très novateur qui a reçu plusieurs prix dont le Prix International de la Biodiversité à Paris en mars 2011 et a donné naissance à une nouvelle génération d’Africains « Ecopreneurs », formés à la culture industrielle de botanicals, ensemble de plantes à valeur ajoutée utilisées dans le secteur pharmaceutique, cosmétique et alimentaire. Représentant actuellement un marché mondial de 60 milliards de dollars, ces botanicals, majoritairement originaires du continent africain, tendent à prendre une place de plus en plus prépondérante dans ces trois secteurs. Malheureusement, même si l’Afrique détient près de 2/3 de leur part mondiale, elle ne retire que 1% sur les 60 milliards de dol-
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Oumar Mairou, Expert Carole Robert, Bois, Cameroun PharmAfrica & BDA
Oumar Mairou & Tim Christophersen
lars de revenu de ces produits. « C’est un véritable non-sens », s’est indignée Madame Robert qui souhaiterait que « toute l’Afrique puisse profiter de l’or vert ». D’où le modèle d’entreprise qu’elle propose - « Ecopreneurs »- qui génère non seulement un rendement économique avec un potentiel de création de près de 6000 emplois pour chacune des entreprises ainsi créées, mais également un rendement social et environnemental.
IDANS LENSECTEUR VESTIAGROALIR MENTAIRE EN AFRIQUE PANEL
L
e panel Investissement dans le secteur de l’agro-industrie en Afrique avec comme modératrice Marie Roger Biloa, a été marqué par la diversité des thèmes abordés lors des présentations. M. Camille Mouté à Bidias, directeur général du Front National de l’Emploi (FNE) au Cameroun, s’est particulièrement intéressé à la situation actuelle de l’agroalimentaire en Afrique, mais a également présenté le Programme d’Appui au Développement des Emplois Ruraux (PADER) du FNE. Au sujet de l’agro-alimentaire en Afrique, M. Mouté à Bidias a évoqué le défi d’autosuffisance mis en évidence par le fait que l’Afrique soit importatrice de produits alimentaires. La situation est cependant appelée à s’améliorer compte tenu des atouts agro-écologiques, de la qualité de la main-d’œuvre jeune dont dispose le continent et de la volonté politique de faire de l’agroalimentaire le principal moteur de développement. Pour ce qui est du PADER, ce programme est entré en activité en 1993, avec pour principale mission de promouvoir l’emploi dans le monde rural. Limiter l’exode rural doit passer par l’augmentation les revenus des populations concernées et le programme fournit une formation aux méthodes modernes de production et d’exploitation ainsi que des moyens matériels et financiers adéquats. Les deniers chiffres indiquent que plus de 35 000 Camerounais ont bénéficié de ce programme original en 2010. Succédant à M. Mouté à Bidias, Isabelle Ouellet, chef de projets au sein du groupe Développement International Desjardins (DID), a mis l’accent sur l’accès aux services financiers et le rôle important qu’ils seront amenés à jouer dans la stabilisation du secteur agroalimentaire africain. Présent à travers le monde, DID a pour mission de renforcer la capacité
d’entreprendre des populations des pays en voie de développement en favorisant la maîtrise d’institutions à propriété collective. Afin de contribuer à l’établissement de la sécurité alimentaire, le groupe a identifié 4 piliers du développement : le financement, la technicité, la commercialisation et l’atténuation des risques. Grâce au financement qu’il peut fournir, DID est capable d’agir au sein de ces 4 piliers, une contribution résultant en l’amélioration des rendements agricoles, l’obtention de meilleurs prix et la constitution d’un patrimoine. De son côté, Bruno Licursi, représentant de CSE Power Technologies, s’est intéressé aux opportunités offertes à l’agroindustrie par l’énergie solaire. À cause de l’augmentation des coûts de l’énergie traditionnelle, l’on peut observer une plus grande demande globale de l’énergie solaire, dont la croissance annuelle est estimée à 40% depuis 15 ans. Le panéliste a par contre tenu à préciser que l’atout de l’énergie solaire n’est pas seulement économique mais se trouve également dans son abondance et sa disponibilité garantissant une sécurité énergétique fiable. Pour M. Licursi, on ne saurait évacuer non plus les atouts écologiques car il s’agit d’une énergie propre et renouvelable qui ne requiert aucun combustible fossile. Ainsi, l’énergie solaire peut devenir un pilier du développement socio- économique africain compte tenu de ses capacités d’application aux niveaux agricole, industriel, commercial et résidentiel. Finalement, trois facteurs clés favorisant un plus grand usage de l’énergie solaire au sein du continent africain ont été identifiés : l’établissement de partenariats avec des structures locales, la création de centres de formation afin d’assurer un transfert technologique et la création de structures assurant un service technique à l’échelle locale.
Léopold Nséké avec Harry Bekono (Stagiaire)
Marie Roger Biloa, Africa International
Isabelle Ouellet, DID
Retrouvez l’intégralité de cette interview dans la version digitale du magazine
Bruno Licursi, CSE Power Technologies
Camille Mouté à Bidias,
Fonds National de l’Emploi du Cameroun
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L’ ÉVÉNEMENT
FORUM AFRICA 2011
TÉMOIGNAGES
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Shaffique Allibhai (Kenya)
»
C’est pour nous un devoir en tant qu’africains de parcourir le monde afin de chercher de nouveaux partenariats d’affaires. L’Afrique est la destination affaires de l’avenir et le Forum Africa nous donne de réelles opportunités pour présenter le continent aux entrepreneurs canadiens. Nous en sommes très satisfaits.
Sanou Sarr (Mali)
La communication avec les organisateurs du Forum Africa a été impeccable et a joué pour beaucoup dans notre engagement à venir présenter l’Afrique comme territoire d’affaires aux investisseurs nord-américains. L’accueil et le déroulement du programme sont rigoureux et empreints de chaleur humaine. Ce dernier point nous a beaucoup plu, car en dehors du business, il y a aussi les rapports humains. C’est essentiel chez les Africains que nous sommes.
»
« » « » Onike Nicol-Houra (Communication BAD)
On ne peut pas parler de développement d’affaires en Afrique sans parler de la Banque africaine de développement. Notre troisième participation au Forum Africa fait partie de notre mission d’appuyer ce genre d’événement. On y rencontre beaucoup d’investisseurs et on fait tout pour les inciter à financer ou cofinancer des projets en Afrique à travers le département du secteur privé de notre banque.
Bernard Valcourt (Ministre fédéral chargé de la Francophonie)
La remise des Prix d’Excellence Afrique Expansion souligne combien d’investisseurs font déjà des affaires en Afrique avec des Africains. Les partenariats ainsi créés bénéficient autant au continent africain qu’au Canada. Après ce genre d’événement, il est de notre devoir de disséminer les bonnes nouvelles en provenance d’Afrique et de faire valoir en compagnie de la communauté des affaires, le véritablement potentiel de ce continent. Et il est énorme.
36 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Retrouvez l’intégralité de ces interview dans la version digitale du magazine
gala
relevé
L’FORUM ÉVÉNEMENT AFRICA
Un
Avec le cri du cœur de Jean-Louis Roy et les jubilations de plusieurs récipiendaires de Prix d’excellence Afrique Expansion, le Grand Salon de l’hôtel Fairmont Le Reine-Élizabeth a abrité une exubérance propre aux événements de l’envergure du Forum Africa. Un protocole conventionnel mêlé à une gastronomie et des prestations artistiques remarquables. Côté discours, on a eu droit aux allocutions très remarquées de M. JeanLouis Roy, Président d’honneur du Forum Africa, de l’honorable Bernard Valcourt, ministre fédéral chargé de la Francophonie, et de M. Gerba Malam, directeur de la publication Afrique Expansion Magazine. Tous, commis à la croissance des échanges entre l’Afrique et l’Amérique du Nord, ont rappelé l’importance de donner les moyens de réussir les missions respectives des gouvernements et des organismes voués à cette fin. À travers l’Honorable Bernard Valcourt, M. Jean-Louis Roy demandera d’ailleurs solennellement au gouvernement du Canada de permettre la venue d’un plus grand nombre de participants africains au Forum. Quand on sait que des gens d’affaires de très haut niveau n’ont pas pu faire le déplacement à Montréal pour des questions de visa, cette interpellation valait la peine d’être faite. En réponse, le ministre fédéral, manifestement impressionné par la dimension de l’événement, a vivement félicité les organisateurs en rappelant tout l’intérêt du cabinet du gouvernement fédéral pour ce genre d’initiative. S’agissant du cas particulier du Forum Africa, une attention supplémentaire pourra y être portée. Remerciant le ministre Valcourt pour ces bons mots, M. Gerba Malam a rappelé une fois de plus la mission de la publication qu’il dirige depuis une quinzaine d’années maintenant. Ce projet, a-t-il précisé, s’inscrit dans la durée et chacune des étapes de sa croissance doit contribuer positivement à l’expansion économique de l’Afrique. Voilà pourquoi aucun effort n’est ménagé pour que le Forum Africa, plus qu’une vitrine, soit un passage obligé des rencontres d’affaires porteuses. D’ailleurs, pour témoigner une fois encore de quelques réussites dans les milieux des affaires, les Prix d’excellence Afrique Expansion ont permis d’honorer des individus et des entreprises s’étant illustrés ces dernières années dans leur domaine respectif. Le Gala Afrique Expansion, ce fut enfin des prestations artistiques de premier plan. L’increvable Lorraine Klaasen et son répertoire sud-africain et la Québécoise Sophie Dussault dont la prestance à la Kora fit une nouvelle fois vibrer les convives.
AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 37
1 Honorable Brigitte Mebande (Députée Cameroun) Béatrice Bediang (AEM) 2 Camille Mouté à Bidias (FNE Cameroun) Honorine Nougoué 3 Des membres du Rotary Club et du CCQ
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Gabriel Lussier (Camions Lussier) Le représentant de la Ville de Montréal, Dieudonné Kasembo Nyembo (Congo) Honorine Nougoué Komlan Messie (REPAF) et Yves Alavo (Ville de Montréal) au centre, avec des invités
13 Des membres de la délégation malienne 14 Marie Roger Biloa (Africa International) Mohammed Aouini (AEM) 15 Les hôtesses du Forum et le reporter Tv d’AEM. 19 Habiba Nouhou (AEM) et des participantes du Forum 20 Patricia Bentolila et l’équipe d’EDC. 21 Jean Nadeau (Synergies Finances), Jean-Louis Roy (Partenariat International), Bernard Valcourt (Canada), Dr Gerba Malam (DP AEM), Michel Côté
25 Gabriel Lussier et des participants congolais 26 Honorine Nougoué et Pauline Fokam 27 Fatima Diallo et des invités de la Ville de Montréal
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31 David Creighton (Cordiant), Nicol-Houra Onike, Jean-Louis Ekra 32 Shirley Neal (Africa Channel), Shelvin Longmire (AEM), Aziza Albou (African Report) 33 Une partie de l’équipe de Zora Bio Cosmétiques 38
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M. et Mme Routier, à l’extrême droite, avec des invités Des membres de la délégation du Bénin Christian Martin (CCQ), Pauline Fokam (Afriland First Bank), Karl Miville Dechêne (CCM) Patricia Bentolila (EDC)
DOSSIER
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10 Nicole Weynandt (Dundee Inc.), Me Michel Coulomb (Rotary) et son épouse 11 Tim Christophersen (PNUE) et son épouse 12 Claude Tardif (AEM), Bouba Slim (AEM), Hon. Brigitte Mebande (Députée Cameroun)
16 Matthew Olivier, Ann Ellsworth, Manuel Pietra (Freebalance, USA) 17 Bernard Valcourt (Ministre de la Francophonie, Canada) Amina Gerba (DG AEM) 18 À gauche, Jean Kasende (CHAFRIC) et des invités 22 Salomon Azoh-MBI (Haut Commissaire Cameroun), Gerba Malam (DP AEM), Lucien Bradet (Président Conseil Canadien pour l’Afrique) 23 Marie-France Lebreton (VP Québec CCA), David Creighton (Cordiant) 24 Khadim Ndiaye, Gladiola Castro, Vitraulle Mboungou, Habiba Nouhou (AEM)
28 Tim Turner (BAD), Amina Gerba (DG AEM), Sheila Copps 29 Olivier Tremblay (MRI) 30 Goddy Idaminabo (Nigéria) Mme Idaminabo, Camille Mouté à Bidias, Béatrice Bédiang, Dieudonné Kasembo, Nathalie Chinje, Honorine Nougoué
34 Ben Marc Diendéré, Jérôme Lankouandé (Partenariat International), Abraham Bayala (Invité) 35 Shaffique Allibhai (Bannie & Archer) et son assistante 36 Lorraine Klaasen et sa danseuse 34
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PRÉSENTATION DES RÉCIPIENDAIRES 2011
& D canadienne basée à Lévis (Québec) développe et commercialise des ingrédients santé nutritionnels, cosmétiques et thérapeutiques à partir des botanicals africains.
Prix d’Excellence
Prix d’Excellence
AFRIQUE EXPANSION
AFRIQUE EXPANSION
SOUTIEN À L’ENTREPRENARIAT FÉMININ EN AFRIQUE
Zorah biocoméstiques Inc. Siège social : 6833 avenue De l’Épée, suite 304, Montréal (Québec) Canada H3N 2C7 Année de création : 2003 Activité principale : Manufacture / fabrication / production Zorah biocosmétiques est une entreprise québécoise qui développe, fabrique et distribue des cosmétiques pour le corps à partir d’ingrédients naturels et certifiés biologiques.
Prix d’Excellence
Prix d’Excellence AFRIQUE EXPANSION
EXPORT Aviation Zenith Inc. Siège social : 5900, route de l’aéroport, St-Hubert (Québec), Canada J3Y 8Y9 Année de création : 2000 Activité principale : Manufacture / fabrication / production / exportation Aviation Zenith Inc. est une entreprise canadienne qui fournit une gamme complète de produits et de services aéronautiques pour l’industrie de l’aviation générale et ses composantes majeures sur le territoire africain, tout en respectant les normes et les règlements aéronautiques en vigueur.
DÉVELOPPEMENT DU COMMERCE EN AFRIQUE Afreximbank (Banque Africaine d’Import-Export) Siège social : 72 (B) El Maahad El Eshteraky Street - Heliopolis, Le Caire 11341, Égypte Année de création : 1993 Activité principale : Financement du commerce africain La Banque Africaine d’ImportExport a été créée par des investisseurs et des institutions financières privés et publics, dans le but de financer, promouvoir et développer les échanges intra et extra-africains. Sa mission est donc de stimuler l’expansion, la diversification et le développement régulier du commerce africain, tout en étant une institution financière de premier rang, orientée sur les profits et socialement responsable.
AUTRES DISTINCTIONS
AFRIQUE EXPANSION
PARTENARIAT AFRIQUE-CANADA
Fondation Biotechnologie pour le développement durable en Afrique (BDA) & PharmaAfrican Siège social : 1083 boulevard Curé Labelle, bureau 202, Blainville (Québec), Canada J7C 3M9 Année de création : 2006 Activité principale : Manufacture / fabrication / production / formation BDA est une organisation à but non lucratif dont la mission est d’appuyer la coopération scientifique, la formation et l’assistance technique ainsi que la réalisation de projets en biotechnologie liés à la culture de plantes médicinales, dans une perspective de développement durable. PharmAfrican, est une Biopharma R 40 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Prix d’Excellence AFRIQUE EXPANSION
IMPORT Direct Terroir Canada Inc. Siège social : 1210-15, rue Villeray, Montréal (Québec) Canada, H2R 1J7 Année de création : 2004 Activité principale : Importation Direct Terroir Canada Inc. est une entreprise québécoise qui s’est donné comme mission de faire connaître les vins équitables et /ou agrobiologiques au Canada.
Hommage
SNC-Lavalin Inc. en guise de reconnaissance pour sa contribution au développement des infrastructures en Afrique Siège social : 455 boul. RenéLévesque Ouest, Montréal (Québec) Canada, H2Z 1Z3 Année de création : 1911 Activité principale : Ingénierie/ construction SNC-Lavalin est l’un des plus grands groupes d’ingénierie et de construction au monde. Ses so-
ciétés assurent des services d’ingénierie, d’approvisionnement, de construction, ainsi que de gestion et de financement de projets dans divers secteurs, notamment l’agroalimentaire, le secteur biopharmaceutique, les produits chimiques et le pétrole, l’environnement, les grands travaux de génie civil, le transport en commun, les mines et la métallurgie, l’énergie et la gestion de l’eau.
Merit as
Monsieur Camille Mouté à Bidias en guise de reconnaissance pour sa contribution à la valorisation des ressources humaines africaines Directeur général, Fonds National de l’Emploi du Cameroun (FNE) depuis 1991 La mission du FNE est de promouvoir l’emploi sur l’ensemble du territoire camerounais à travers divers programmes comme le Programme Emploi Diplômé (PED) qui est un programme de stage pré-emploi dont le but est d’apporter aux jeunes diplômés sans expérience professionnelle, une qualification en même temps qu’une expérience pratique afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail.
Bénévole 2011
Prix décerné à Lydie-Gisèle Guébédiang en remerciement à tous les services rendus lors des différents forums depuis 2003.
L’ ÉVÉNEMENT
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ÉN
RGIE Les principales révolutions industrielles ont consacré l’énergie comme moteur du développement. La multiplication des sources permet aujourd’hui de déterminer des mécanismes précis d’orientation économique en adéquation avec les impératifs écologiques. En Afrique, l’environnement énergétique est autant composé de ressources fossiles que de ressources renouvelables dont la croissance dépend encore d’une véritable volonté politique des États et des moyens financiers à mobiliser pour le financement des projets. Du nord au sud du continent, ce secteur est pluriel et c’est cette Afrique à « énergie variable » que nous détaillons dans ce dossier.
AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 43
HYDROÉLECTRICITÉ
UN IMPORTANT LEVIER DE DÉVELOPPEMENT À RELANCER Léopold Nséké
Réunies le 24 novembre 2008 à Paris, l’Union Africaine (UA), l’Union des Producteurs, Transporteurs et Distributeurs d’Énergie Électrique d’Afrique (UPDEA) et d’autres organisations du secteur hydroélectrique publiaient une Déclaration mondiale à l’occasion des 80 ans de la Commission Internationale des Grands Barrages (CIGB-ICOLD). L’événement faisait le point sur une ressource ayant largement contribué au développement des pays industrialisés.
I
l est reconnu aujourd’hui que l’hydroélectricité a contribué à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique dans plusieurs pays en voie de développement, par l’essor régional et l’expansion industrielle. Les deux tiers du potentiel hydroélectrique économiquement viable dans le monde restent à exploiter et 90% de ce potentiel se situe dans les pays les moins avancés. Selon les chiffres de la BAD, la production énergétique de l’Afrique représente environ 9,5 % de la production mondiale totale, mais le continent ne consomme qu’environ 3 % de la production énergétique mondiale.
Des besoins importants… Dans cette perspective, le continent africain est directement concerné puisque la Déclaration de novembre 2008 rappelle que « 65% de la population n’a pas accès à l’électricité et voit donc sa qualité de vie limitée, que ce soit en termes de lumière, d’eau potable, d’accès aux soins ou à l’éducation. L’électricité est pourtant un outil essentiel pour atteindre les objectifs de développement du millénaire, ceux du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique) ou du développement durable. Le Conseil Mondial de l’Énergie a calculé qu’une consommation de 500 kWh/p/an est le strict minimum pour une qualité de vie raisonnable. La consommation moyenne en Afrique est de 547 kWh/p/an alors qu’elle atteint 10 833 kWh/p/an en Amérique du Nord. » Ces besoins immenses pourraient pourtant être comblés grâce à un potentiel 44 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
énorme présent du nord au sud du continent et les plus lyriques des observateurs ont d’ailleurs conclu que l’Afrique devrait être le paradis des électriciens.
… et un potentiel immense L’exemple le plus frappant est celui du site d’Inga, sur le fleuve Congo, entre Kinshasa et l’Atlantique. Il possède un potentiel estimé entre 39 000 et 44 000 MW, soit plus du double de la puissance du plus grand barrage du monde, celui des Trois-Gorges, en Chine. Malheureusement, une portion minime de ce potentiel (1 774MW) est utilisée. En dehors du géant Inga, on retrouve dans les hauts-plateaux éthiopiens les barrages de Takeze (300 MW), Anabeles (460 MW) et de Gigel Gibe II (420 MW), auxquels s’ajoutera cette année celui de Halale Werabesa (367 MW). Cette capacité opérationnelle est également anémique puisque la zone, dans laquelle le Nil bleu prend source, dispose d’un potentiel estimé à 40 000 MW. Un autre axe de développement hydroélectrique se retrouve sur le fleuve Zambèze qui, dans la seule portion mozambicaine de son cours, affiche un potentiel de 12 000 MW. Pour l’instant, seul le barrage de Cahora Bassa (2 075 MW) est en activité et sa production devrait être couplée aux réalisations attendues du barrage de Mepanda Uncua (1 300 MW) et d’une autre centrale de 850 MW, au nord de Cahora Bassa. De l’autre côté du continent, la zone ouest-africaine dispose d’un réseau qui dépend pour beaucoup de la pluviométrie locale. Toutefois, les études les plus réa-
listes concluent qu’avec la réalisation de chantiers de masse, la sous-région pourrait disposer d’une puissance capable de drainer de multiples pôles de développement économique en plus de faciliter le quotidien des populations. Pour le moment, les plus grands producteurs d’hydroélectricité d’Afrique de l’ouest sont le Nigéria et le Ghana et dans le cadre d’un accord d’intégration pour une meilleure diffusion de l’énergie, 14 pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont signé en 2000 un protocole qui prévoit la multiplication de nouvelles sources. Le projet parle de l’aménagement de barrages existants et la construction de nouveaux ouvrages. L’hydroélectricité serait essentiellement produite par des barrages sur le Niger (Nigéria), la Volta (Ghana), le Bafing (Mali) et le Bandama (Côte d’Ivoire). Au Maghreb, on n’est pas vraiment confronté à une crise énergétique. Selon un Rapport établi par le COMELEC (Comité Maghrébin de l’Électricité) en 2006, la capacité totale installée de ses pays membres était de 21 773 MW, mais il n’en demeure pas moins que la natalité galopante et les nombreux projets d’industrie lourde intégrée nécessiteront des ressources plus importantes. Comme le conclut une récente étude de l’OCDE, la pénurie d’énergie et le manque de fiabilité des approvisionnements sont systématiquement classés parmi les obstacles majeurs à la croissance économique de l’Afrique et à la compétitivité de ses exportations. L’immense potentiel hydroélectrique du continent doit donc être développé maintenant, si l’on veut réellement atteindre les buts fixés par les Chefs d’État et de Gouvernement africains au cours des derniers sommets de l’Union Africaine et dans le contexte du NEPAD ou des objectifs de développement du millénaire de l’ONU.
L.N
UNE RESSOURCE NATURELLE AU RALENTI
Gratuit et inépuisable, le soleil fait partie de
ces ressources qui ont marqué le tournant
des énergies au milieu des années 70. Même si l’amélioration des
E
n Afrique, la situation est d’autant plus paradoxale que c’est la région la plus ensoleillée de la planète avec une exposition moyenne de 220 W/m2. Si l’on considère la surface totale du continent qui est de 30,2 millions de km², la puissance totale reçue avoisine les 6640 TW (Térawatts). Ce qui est important comme volume énergétique. En exploitant ce potentiel, l’Afrique pourra jouer un rôle de premier plan dans la fourniture et la consommation d’énergie et de technologie solaire sur la planète. Ce qui, naturellement, donnera un coup d’accélérateur à la croissance économique du continent.
Un potentiel sous-exploité Cela dit, l’énergie solaire demeure encore secondaire dans les projets d’exploitation de l’énergie électrique. En effet, moins de 0,1% de l’énergie électrique distribuée sur le continent provient des centrales solaires. Ce constat est établi à partir d’un relevé des centrales officiellement répertoriées mais ne tient pas compte des panneaux solaires disséminés dans l’arrièrepays au sein des communautés rurales. Ce chiffre extrêmement bas est d’autant plus surprenant que l’Afrique affiche un déficit électrique important et des besoins sans cesse croissants. En dehors de l’Afrique du Sud et de l’Égypte, seuls 20% des Africains (et dans certains pays seulement 5%) ont l’électricité. Dans les régions rurales où vivent la majorité des Africains, ce chiffre n’est que de 2% en moyenne, ce qui est nettement inférieur au taux d’au moins 35% que comptent atteindre les dirigeants africains.
Les freins à l’expansion du solaire La raison principale de l’accessibilité limitée à l’énergie solaire vient d’abord du
technologies a fait faire un bond considérable à cette industrie, le solaire n’a pas réellement eu l’expansion qu’on lui prédisait. coût même de son exploitation. Malgré les grands pas effectués au niveau des technologies disponibles, le financement de tous les projets dépend encore des fonds publics. Même si l’acquisition de certains systèmes a été facilitée ces dernières années par les pays émergents, Chine en tête, les prix affichés ne sont toujours pas à la portée de toutes les bourses. En dehors de l’hypothèque financière, d’autres éléments non moins importants ralentissent fortement l’expansion de l’énergie solaire. On cite pêle-mêle une mauvaise image véhiculée auprès des populations qui y voient une énergie « au rabais », une mauvaise appropriation des technologies puisque très souvent, les équipements sont mal installés par des techniciens majoritairement sans formation appropriée; une absence des normes de qualité et un service aprèsvente déficient.
à sa propre demande d’énergie et à l’Europe de compléter ses besoins tout en respectant ses engagements en matière de réduction de gaz polluants. Cette initiative originale devrait donc permettre de faire accélérer un processus qui améliorerait les gains de compétitivité des technologies et les exigences de développement propre. Le solaire est une alternative crédible aux sources conventionnelles et est absolument nécessaire pour la dynamisation de l’économie locale sur le continent africain.
Un potentiel qui aiguise les appétits Pendant que les atermoiements se multiplient, de grands groupes réfléchissent sur les moyens de profiter de l’énorme potentiel solaire africain. Ainsi le projet Desertec, initié par des promoteurs allemands, a récemment vu le jour. Il s’agit en gros de lier entre elles plusieurs centrales solaires thermiques afin d’établir un réseau intégré d’électricité qui alimentera l’Afrique du Nord, l’Europe et le Moyen-Orient. L’exploitation de l’énergie se fera à travers des capteurs photovoltaïques installés dans les déserts du Sahara et du Moyen-Orient. Cette opération de 400 milliards d’euros permettra à l’Afrique du Nord de subvenir AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 45
Énergie
LE SOLAIRE EN AFRIQUE
PÉT L’AFRIQUE ATTISE LES CONVO
S
Les compagnies européennes, américaines et asiatiques mettent les bouchées doubles et jouent parfois des coudes pour conquérir le riche potentiel du continent africain.
elon les estimations de l’Agence internationale de l’Énergie atomique, le monde a consommé en moyenne 86,6 millions de barils par jour en 2010, contre 85 millions en 2009, année au cours de laquelle on a enregistré un recul de la demande de 1,4 % par rapport à 2008. Le pétrole africain, que de nombreux experts qualifient d’excellent, est au cœur de toutes les convoitises. L’Angola et le Nigeria sont les deux premiers producteurs africains, devant l’Algérie et la Libye qui détiennent pourtant les plus importantes réserves de brut (56 milliards de barils estimés). L’Angola s’est arrogé la première place sur le continent, en 2009, avec une production de 2 millions de barils/jour. Avec 1,9 million de barils/jour, le Nigeria, longtemps principal producteur africain, a vu sa production baisser de 25% au cours des deux dernières années. La Guinée Equatoriale produit depuis 2004 environ 360 000 barils/jour. Le Soudan devance le CongoBrazzaville (240 000 barils/jour) et le Gabon (235 000 barils/jour), avec une production d’environ 337 000 barils/jour. Le Ghana, plus petit producteur africain, a récemment découvert des gisements de pétrole sur son territoire à Kubilee. Le pays produit 150 000 barils/jour. De manière générale, le continent fournit plus de 12% de la production mondiale Avec 9,6% des réserves prouvées 46 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
de pétrole de la planète, l’Afrique attise nécessairement les convoitises des multinationales. Au-delà des traditionnels exploitants européens et américains, les compagnies asiatiques rentrent dans la danse et cherchent à gravir rapidement les échelons. En dehors des plus grandes et plus anciennes enseignes, baptisées « majors », on retrouve de plus en plus en Afrique des centaines de compagnies de petite et moyenne taille, appelées « independents » (les indépendantes). Les compagnies nationales, qui ont été créées dans les pays producteurs africains au cours des quatre dernières décennies, exercent également un rôle important. Mais il reste assez difficile pour ces entreprises de gagner véritablement des parts de marché dans le secteur pétrolier en amont, à savoir l’exploitation des gisements proprement dits. À titre d’illustration, il existe en Afrique près de 40 sites offshore très profonds où l’utilisation des techniques et technologies pétrolières les plus avancées est incontournable. Or, seules les grandes multinationales sont capables de posséder de tels équipements.
Badjang ba Nken
dans l’ensemble, les gisements africains représentent pour plusieurs grandes compagnies une part croissante de leurs activités et de leurs investissements. Les compagnies européennes les plus en vue sont : Total-ELF (France), Shell (Hollande), BP (Grande-Bretagne), Eni (Italie) et Repsol (Espagne). Total-ELF est le premier producteur de pétrole en Afrique. La production de Total-Elf en Afrique en 2008, a représenté 45% de sa production mondiale de pétrole et 14 % de celle de gaz. C’est donc à dessein que les responsables de cette société décrivent l’Afrique comme «l’un des pôles de croissance du groupe». Une réalité encore plus probante pour l’italienne Eni, qui a réalisé sur le continent 54% de sa production pétrolière, en 2008. Conscients de ce potentiel, les États-Unis veillent tout aussi à maintenir et renforcer leur présence. L’Afrique est en effet devenue incontournable pour les États-Unis, en matière d’approvisionnement énergétique surtout. Les compagnies américaines, tant les «majors» que les « independents », sont ainsi de plus en plus actives. À titre d’exemple, Exxon Mobil est aujourd’hui La domination des « Big Five » le second producteur mondial de pétrole en Afrique. La part du continent dans La plupart des réserves africaines de ses investissements a effectué une granpétrole sont exploitées par les « ma- de ascension en dix ans, progressant de jors » occidentales que l’on appelle les 9% en 2000 à 22% en 2004 et 21% en « Big Five » (Total, BP, Chevron, Shell 2008. L’Afrique représente actuellement et Exxon Mobil) auxquelles les États 29% de la production mondiale de péafricains vendent des concessions. Mais trole d’Exxon Mobil. Sa production sur le
Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), les investissements cumulés en exploration et production en Afrique pour la période 2007-2030 pourraient atteindre plus de 50 milliards de dollars US annuellement et représenteraient en moyenne 14% des investissements mondiaux du secteur pétrolier pendant la même période.
continent a plus que doublé en six ans. De quoi susciter beaucoup d’intérêt de la part des autres exploitants mondiaux, notamment les Asiatiques.
Des investissements en forte hausse Les compagnies asiatiques, notamment les compagnies chinoises (China National Petroleum Corporation -CNPC-, China Petrochimical Corporation, Sinopec, China National Offshore Oil Corporation- CNOOC-), japonaises, indiennes, malaisiennes, coréennes, certaines compagnies du Moyen-Orient, d’Amérique latine et de Russie s’engagent elles aussi dans la conquête du juteux marché du pétrole et du gaz africain. En termes d’investissements, les compagnies pétrolières chinoises, avec environ dix milliards de dollars US d’investissements en 2008, se sont montrées très entreprenantes au cours de la dernière décennie. L’Afrique de l’Ouest a semblé leur offrir un terrain
plus favorable. La Chine a, par exemple, signé un contrat de 23 milliards de dollars US avec le Nigeria en mai 2010. La forte progression des investissements des exploitants pétroliers et gaziers en Afrique laisse présager que les activités d’exploration et de développement des découvertes continueront à progresser. En effet, selon une estimation de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), dans son rapport annuel World Energy Outlook 2008 (WEO 2008), les investis-
sements cumulés en exploration et production en Afrique pour la période 2007-2030 atteindraient plus de 50 milliards de dollars US annuellement. Ce total représenterait en moyenne 14% des investissements mondiaux du secteur pendant la même période. L’Afrique deviendrait ainsi l’une des zones les plus actives de la planète, car les investissements cumulés pendant la période 2007-2030 y seraient supérieurs à ceux prévus dans des zones comme la Russie, l’Amérique latine ou l’Asie.
PRODUCTEURS
MOYENNE PRODUITE
Angola, Nigeria, Algérie
2.000.000
Libye, Egypte
1.500.000
Soudan, Afrique du Sud,
500.000
barils par jour
Congo Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Soudan RDC, Mauritanie,
100.000
Cameroun, Tunisie, Maroc, Côte d’Ivoire, Ghana
AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 47
Énergie
TROLE OITISES DES MULTINATIONALES
LE GAZ NATUREL EN AFRIQUE
UNE SOURCE Plusieurs analyses le disent et les dernières découvertes le confirment. Le continent africain dégage, on et off shore, d’excellentes perspectives en matière d’exploitation du gaz. Si le pétrole a longtemps constitué la manne de plusieurs budgets nationaux, le gaz commence à y contribuer substantiellement.
CROISSANTE EN APPORT ÉNERGÉTIQUE Badjang Ba Nken
A
vec des réserves représentant près de 10% des réserves mondiales, soit 18 000 milliards de m3, contre moins de 8% il y a 10 ans, l’Afrique est de plus en plus convoitée par les géants du secteur. En termes de perspectives, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) indiquait en 2010 que la consommation de gaz pourrait doubler de cette date à 2030 et atteindre les 4900 milliards de m3. Deuxième énergie au monde derrière le charbon, il devrait connaître une expansion rapide en Afrique où on espère une hausse de la production de 2 à 4 millions de barils par jour contre 500 000 actuellement.
rang se retrouve le Nigéria, avec 32,8 milliards de m3/an en 2008 dont une partie (21 milliards de m3) est exportée sous forme de Gaz naturel liquéfié (GNL).
Le gaz comme énergie électrique
LLEs réserves à la production Une consultation des derniers chiffres de l’OCDE place le Nigéria au premier rang des plus importantes réserves prouvées sur le continent avec 5246 milliards de m3. Suivent dans l’ordre, l’Algérie (4502 milliards m3), l’Égypte (1655 milliard m3), la Libye (1538 milliards m3), l’Angola (271,7 milliards m3), le Cameroun (135 milliards m3) et le Mozambique (127,4 milliards m3). Pour ce qui est de l’exploitation, les données sont un peu différentes puisque l’Algérie mène le classement avec 86,5 milliards de m3/an dont environ 60 milliards de m3, soit 70% de la production, sont exportés, en majorité vers l’Europe. Au deuxième rang, l’Égypte affiche une production de 62,6 milliards de m3/an. 48 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Sa production, outre l’alimentation prioritaire du marché national (41 milliards de m3/an), est exportée soit par méthaniers, des unités de liquéfaction ayant été récemment construites, soit par gazoducs vers plusieurs pays de la région. Au troisième
L’une des problématiques de l’exploitation du gaz naturel demeure cependant la transformation de cette ressource en énergie pour les populations locales. Quelques expériences ont été tentées en Afrique de l’Ouest pour remplacer le bois de chauffe des populations rurales. Ailleurs en Afrique centrale, le Cameroun est passé à la vitesse supérieure avec la construction d’une centrale électrique alimentée au gaz. Première dans le pays, on l’annonce comme la plus puissante d’Afrique avec une capacité de 216 mégawatts (MW) qui devraient permettre de résorber en partie le déficit d’énergie électrique que connaît le pays. Les travaux de cette usine devraient être achevés en 2012. Et compte tenu de l’importance du gaz naturel dans un contexte mondial de diversification des sources d’énergie, de grands noms du secteur ont naturellement sauté à pieds joints dans l’aventure. Pour elles, l’Afrique représente une part croissante de leurs activités et de leurs investissements. Les Américains, les Russes, les Indiens ou encore les Français se bousculent au portillon. C’est donc dire l’importance de l’avenir du gaz en Afrique dont les pays auront pour ultime défi d’en bénéficier largement pour initier ou achever les nombreux plans de développement.
L’ENAPASSEFRIDEQUECOMBLER SON RETARD Vitraulle Mboungou
L’
énergie éolienne qui tire son appellation d’Éole, le nom que les anciens Grecs donnaient au Dieu des vents, a depuis quelque temps le vent en poupe sur le continent africain. Cette énergie électrique fabriquée à partir du vent au moyen d’un dispositif aérogénérateur, se développe de plus en plus en Afrique qui présente, malgré un certain retard dans le domaine, de belles et prometteuses opportunités. En effet, le continent africain où pendant longtemps l’introduction et l’exploitation de l’énergie éolienne se sont heurtées au manque de moyens financiers et de ressources humaines compétentes, dispose aujourd’hui de potentiels énergétiques hydrauliques, solaires, éoliens ou biocombustibles non négligeables. Beaucoup de pays africains se sont ainsi lancés ces dernières années dans des projets de construction de parcs éoliens.
Les chefs de file de l’éolien L’Afrique du Sud qui est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre sur le continent (la moitié des émissions) du fait
Loin derrière beaucoup de pays occidentaux en matière d’énergies renouvelables, dont l’éolienne, certains pays africains désireux de varier ou combler leur manque en ressources énergétiques, se tournent aujourd’hui vers ces formes d’énergies et tendent ainsi à remédier à leur retard dans ce domaine. de la prépondérance du charbon dans son bilan énergétique (la production d’électricité en Afrique du Sud dépend à 90% de centrales à charbon vieillissantes), de la faible efficacité énergétique dans l’industrie, l’habitat et les transports, ambitionne de devenir la figure de proue de l’éolien. Ainsi, confronté à l’insuffisance de ses moyens de production d’électricité, le pays arc-en-ciel entend faire du secteur des énergies renouvelables une priorité. Le gouvernement sud-africain a donc prévu de dépenser 860 milliards de rands, soit près de 129 milliards dollars au cours des deux prochaines décennies pour renforcer le réseau électrique national. Il a d’ores et déjà appelé les entreprises privées à proposer des projets « verts » destinés à alimenter ce réseau. Il a en outre commandé une cinquantaine d’éoliennes qui seront mises en service au cours de cette année 2011. Et d’ici 2015, le pays devrait atteindre le million de chauffeeau solaires installés. De même, le gouvernement nigérian, à l’instar des Sud-africains, a signé un contrat d’un montant de 26,5 millions dollars pour la construction d’un parc éolien de 10 MW à Katsina, dans le nord du pays, un projet clés en main qui devrait être finalisé au cours de cette année 2011.
Le Kenya prévoit quant à lui de construire un parc éolien de 300 MW avec au moins 353 éoliennes. Le coût total du projet est estimé à près de 760 millions de dollars. Par ailleurs, les pays du Maghreb ne sont pas en reste pour ce qui est de s’équiper en parcs éoliens, notamment le Maroc. Celui-ci se distingue de ses voisins par l’adoption d’une politique prononcée en faveur de la production d’électricité d’origine éolienne et dictée par le déficit de sa balance énergétique et sa dépendance en énergies primaires de l’étranger. Ainsi, a été inauguré en juillet 2011 dans le cadre du « Programme Éolien Intégré Marocain » de l’Office marocain de l’électricité, le parc éolien de Tanger (au nord du royaume) d’une capacité de production de 140 mégawatts. Considéré comme le plus grand en Afrique avec un investissement estimé à 250 millions d’euros (plus de 350 millions dollars), ce parc de 126 éoliennes va permettre au Maroc d’assurer 42% de sa production énergétique. Il constitue également l’une des premières réalisations qui concrétisent le plan marocain de développement des capacités de production d’énergie renouvelable et la volonté du Maroc de devenir le leader sud-méditerranéen dans ce domaine. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 49
Énergie
ÉNERGIE ÉOLIENNE
AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK BANQUE AFRICAINE D’IMPORT-EXPORT La Banque Africaine d’Import-Export a été fondée à Abuja, au Nigéria, en octobre 1993, par des Etats africains, des investisseurs privés et institutionnels africains, et des institutions financières et investisseurs privés non-africains, dans le but de financer, de promouvoir et de développer les échanges intra et extra-africains. La Banque a été créée par deux instruments constitutifs : un Accord signé par les Etats et les organisations multilatérales membres, qui confère à la Banque le statut d’une organisation internationale multilatérale ; ainsi qu’une Charte, régissant sa structure sociale et ses opérations, signées par l’ensemble des actionnaires. Le capital social de la Banque est de sept cent cinquante millions de dollars (750 millions USD). Le siège de la Banque est situé au Caire, la capitale de la République Arabe d’Egypte. Les opérations d’Afreximbank ont débuté le 30 septembre 1994, après la signature, en août de cette même année, d’une Convention de siège avec les autorités du pays hôte. Afreximbank offre les principaux produits suivants: • • • • • • • • • • • • •
SIEGE 72(B) El Maahad El Eshteraky St. Heliopolis, Cairo 11341, Egypt P.O. Box 613 Heliopolis Cairo 11341, Egypt Tel: +20 2 24564100/1/2/3
Programme de Ligne de Crédit Programme de Syndication Programme d’achat d’effets de commerce Programme de préfinancement de futurs flux financiers Programme de Financement Direct Programme de Financement de Projets Programme de prêts adossés à des actifs Programme d’achat de créances / Programme d’escompte Programme de Risques Spéciaux Programme pays Programme de Financement du Carbone Programme d’Investissements Bancaires Programme de prêts adossés à des Agences de Credit Export
AGENCE D’ABUJA No. 2 Gnassingbe Eyadema Street Asokoro Garki, Abuja Nigeria Tel: +234-94620606
AGENCE D’HARARE Eastgate Building 3rd Floor Gold Bridge (North Wing) Gold Bridge 2nd Street Harare-Zimbabwe Tel: +263-4-700904
Site Web: www.afreximbank.com
La Banque de Financement du Commerce Pour l’Afrique
BOURSES AFRICAINES
Avec des fortunes diverses, la vingtaine de places boursières du continent se fait de mieux en mieux entendre. Quelques réglages, notamment institutionnels et infrastructurels, restent néanmoins à être opérés.
E
Badjang Ba Nken n 2008, les performances particulièrement remarquables des bourses de Nairobi et du Caire avaient forcé l’agence Xinhua (Chine Nouvelle) à saluer le nouvel essor des marchés financiers africains. Dans le même rapport, il était établi qu’entre 2003 et 2008, des bourses africaines avaient progressé de 210 %. Ce dynamisme n’est pas passé inaperçu. En fait, bien des observateurs sont très optimistes sur l’avenir des places boursières du continent. Certains vont jusqu’à penser que si on cumulait leurs activités et leurs performances, comme pour une seule, les bourses africaines seraient certainement l’une des meilleures places au monde au cours des quinze dernières années. Avec des fortunes diverses, chacune de ces pièces de l’échiquier tient sa place sur une carte certainement encore inachevée.
Success stories À l’évidence, la fièvre boursière a gagné du terrain à travers les différentes régions de l’Afrique. Au nord, à l’est, à l’ouest ou au centre, les gouvernements y vont chacun de sa partition, malheureusement parfois
autocentrique. En Afrique centrale, par exemple, deux places boursières se disputent une pitance qui pour le moment ne saurait satisfaire tous les appétits. À cause de cet antagonisme, la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale au Gabon et la Douala Stock Exchange au Cameroun, bien qu’elles soient des initiatives louables et en pleine expansion, n’ont toujours pas atteint la pleine mesure de leur capacité. Cette situation préoccupante suscite de plus en plus de réflexions sur la nécessité de fusionner les deux places, qui deviendraient alors plus fortes. Il faudra, pour cela, dépasser les orgueils nationaux, au profit des intérêts communs de la sous-région. Ailleurs, le temps des clivages semble dépassé. Il faut, à ce sujet, saluer la cohabitation fructueuse des places d’Afrique de l’Ouest : la BRVM d’Abidjan, la Ghana Stock Exchange et la Nigeria Stock Exchange. Ce qui est vrai pour cette région, l’est encore davantage en Afrique du Nord, où quatre principales places boursières se partagent le marché, avec un bonheur certain. Ici, la Bourse d’Alger (Algérie), la Bourse des valeurs de Casablanca (Maroc), la Tunis Stock Exchange (Tunisie) se battent pour rattraper la Cairo & Alexandria Stock Exchange d’Égypte, qui est accréditée de meilleures performances du continent. Elle-même court derrière la Johannesburg Stock Exchange (Afrique du Sud), qui AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 51
mondialisation
MARCHÉS FI N ANCI E RS LE SON DE CLOCHE DES
Mise à part la Johannesburg Stock Exchange, les bourses africaines attirent très peu de capitaux étrangers, notamment des pays émergents et développés. domine non seulement l’Afrique australe et le continent tout entier, mais aussi fait vaillamment concurrence aux bourses de pays émergents. Les places boursières du Swaziland et de l’Ile Maurice complètent le top 12 des bourses africaines les plus en vue. Entre elles, certaines se démarquent par leurs performances.
Le succès de la Cairo & Alexandria Stock Exchange (CASE) est parfaitement illustratif de l’augmentation des bourses africaines au cours des dernières années. Après avoir atteint son apogée en 2005, avec une hausse de 155 %, cette place a su se maintenir bon an mal an. Ses plus de 1000 entreprises cotées totalisent une capitalisation de plus de 120 milliards de dollars US. Cette performance honorable n’en fait pas pour autant le leader continental. Il en faudra certainement davantage pour challenger la Johannesburg Stock Exchange, qui n’a pas grandchose à envier à ses homologues des pays émergents et même de certains pays développés. Des chiffres rendus publics il y a quelques années lui octroyaient 80% de la capitalisation du continent, et 90% de celle de l’Afrique subsaharienne. Derrière ces deux géantes, la bourse de Casablanca ne fait pas triste mine. Actuellement classée troisième du continent, par sa taille, après Johannesburg et le Caire, elle pourrait bientôt ravir la première place à ses aînées, pensent certains observateurs. Si, début 2011, on l’accréditait de plus de 54 milliards de dollars de cotation, cette performance pourrait bien faire un bond au cours des cinq prochaines années. En effet, le Maroc, pays relativement stable au plan politique, envisage un plan d’investissement dans les infrastructures (immobilier, TGV, énergies renouvelables, automobile, etc.) d’environ 100 millions d’euros au cours de cette période. Cette perspective, selon les observateurs, n’est cependant qu’un arbre qui cache une forêt de problèmes et de dysfonctionnements dans le système boursier en Afrique.
Défis Selon le groupe de la Banque africaine de développement, le secteur financier africain reste en deçà de son potentiel de développement. L’une des principales causes de cette latence c’est l’image quelque peu écornée du continent. S’il est vrai que la plupart des bourses africaines ont dépassé les problèmes structurels (développement au rabais, cadre réglementaire flou ou inadapté, manque d’informations…) dont on les affuble, elles n’ont de toute évidence pas encore gagné la confiance des grands investisseurs. De ce fait, mise à part la Johannesburg Stock Exchange, elles attirent très peu de capitaux étrangers, notamment des pays émergents et développés. En 2003, par exemple, selon la Banque mondiale, les bourses africaines n’avaient attiré que 500 millions 52 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
de dollars, représentant 3,5% seulement du flux des capitaux mondiaux. Au nombre des freins à leur développement, on peut également citer leur quasi-isolement des places financières mondiales. Sur un plan purement fonctionnel, les bourses africaines souffrent de quelques maux presque endémiques. Leur volatilité et leur surévaluation en font partie. Cette situation n’est cependant pas irréversible, si l’on en croit certains observateurs qui pensent que si les gouvernements amélioraient l’image de leurs pays à travers les campagnes rigoureuses contre les mauvaises pratiques, ils pourraient accroître la confiance des investisseurs et attirer davantage de capitaux étrangers. Une autre solution résiderait dans la diversification des secteurs économiques et l’élargissement de la couverture géographique des places financières africaines. Dans ce sens, de plus en plus de voix s’élèvent pour prôner le regroupement sous-régional ou régional. Ces fédérations donneraient plus de volume, plus de liquidités et certainement une meilleure image aux bourses africaines. Un statut qui pourrait d’ailleurs être amélioré par une communication plus agressive, à travers des forums et d’autres rencontres internationales.
Les principales bourses africaines Afrique centrale Douala Stock Exchange (Cameroun) Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Gabon) AFRIQUE DE L’OUEST BRVM d’Abidjan (Côte d’Ivoire) Ghana Stock Exchange (Ghana) Nigeria Stock Exchange (Nigeria) AFRIQUE DU NORD Bourse d’Alger (Algérie) Bourse des valeurs de Casablanca (Maroc) Cairo & Alexandria Stock Exchange (Egypte) Tunis Stock Exchange (Tunisie) AFRIQUE AUSTRALE Johannesburg Stock Exchange (Afrique du Sud) Sembex Stock Exchange (Ile Maurice) Swaziland Stock Exchange (Swaziland)
LES INDUSTRIES
CULTURELLES EN AFRIQUE
dustrie Nollywoodienne a bénéficié de la mise au chômage technique de nombreux cadres de la télévision publique nigériane, techniciens et réalisateurs, qui se sont tournés vers cette activité pour arrondir les fins de mois. Le résultat ne s’est pas fait attendre et aujourd’hui, plusieurs analystes estiment qu’après le pétrole, Nollywood est l’industrie la plus prospère du pays. En près de vingt ans, ce secteur contrôlé par environ 500 producteurs, génère un chiffre d’affaires frisant les 900 millions $ par an et crée des dizaines de milliers d’emplois. Il y a cependant un revers à cette réussite, et il est de taille. La piraterie, corollaire de la contrefaçon omnipré-
mense succès ! On me reconnaît même à l’aéroport de Bombay ! »
Un produit totalement local Toutefois, si la tendance est désormais mondiale, les racines de Nollywood sont d’abord locales avec les principaux centres que représentent Lagos, Abuja et Benin City. Lieux de tournage et marchés qui frisent les 30 millions d’admirateurs en puissance. Des amateurs de cinéma qui se reconnaissent dans le regard porté sur leur vie, loin des viseurs autrement plus condescendants des Occidentaux. Seulement, comment dans un pays où les salles de cinéma rouvrent pénible-
NOLLYW UNE MACHINE À FRIC
S
elon un rapport de l’Institut de la Statistique de l’Unesco paru en 2009, Nollywood, néologisme fait de « N » pour Nigéria et « ollywood» du très célèbre Hollywood californien, devance désormais ce dernier en termes de nombre de films (plus de 2000) produits chaque année et suit de près Bollywood, l’increvable bulle indienne du cinéma. À la base de ce succès, deux ingrédients principaux : les nouvelles technologies numériques et surtout l’esprit des affaires très commun aux Nigérians. Née au tournant des années 90, l’in-
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Léopold Nséké sente au Nigéria, ne permet pas aux artisans de ce cinéma de vivre décemment de leur art. Des dommages atténués par la notoriété qu’obtiennent les acteurs des séries que l’on retrouve désormais sur tous les marchés parallèles d’Afrique sub-saharienne. Et si revenus subséquents il y a, Nollywood les obtient surtout grâce aux réseaux internationaux qui permettent une diffusion mondiale de ses films tournés pour la plupart en Anglais. Interrogée il y a quelque temps à ce sujet, la méga star de Nollywood, Genevieve Nnaji , déclarait : « Nous faisons des films d’abord pour les gens, pas pour les jurys, et nous avons un im-
Véritable robinet à images, c esprit d’entrepreneuriat pré Au-delà de la créativité artist des millions de dollars et pl producteurs de cinéma.
ment leurs portes, un secteur aussi minoré est-il arrivé à prendre autant d’ampleur ? Il faut d’abord savoir que le produit nollywoodien correspond très généralement à l’imaginaire collectif africain. Les sujets traités n’ont pas la prétention du cinéma classique, d’auteur ou documentaire. Comme leurs pendants sud-américains des « telenovelas », les séries nigérianes puisent dans le quotidien de la nouvelle urbanité qui mêle traditions et modernisme. Avec en fond un chassé-croisé de drames ou de réussites sociales, les trames captivent et illuminent les ternes moments de détentes des familles. Ainsi naissent des productions à la chaîne. Un foisonnement qui s’explique par le
BUSINESS
format utilisé pour les tournages. Loin des grands plateaux traditionnels, on privilégie plutôt ici des décors naturels et des caméras numériques qui permettent de diviser les coûts de production par cent. Un choix qui amène à réaliser des œuvres à très bas prix, 15 000 $ à 30 000 $ en moyenne pour des tournages qui vont d’une à deux semaines.
Un horizon international prometteur Les perspectives d’avenir s’annoncent importantes puisque le cinéma nigérian dans son ensemble a besoin de reconnaissance. Or la production de films de « classe mondiale » devra passer par une mutation profonde en termes de financement. Jusqu’à présent, ce sont les particuliers ou certains organismes religieux et sociaux, qui en assuraient toutes les dépenses. Cette question fondamentale est au cœur des nouveaux mécènes nigérians parce que Nollywood a fonctionné jusqu’ici sans subventions publiques ni subsides internationaux. Tout semble changer pour le mieux car quelques groupes bancaires, dont la Diamond Bank et la Guaranty Trust Bank, étudient désormais avec
WOOD
e phénomène cinématographique n’est que l’extension d’un ésent dans la majorité des pôles économiques du Nigéria. ique elle-même, c’est une industrie du spectacle qui génère ace ce pays ouest-africain sur le podium mondial des sérieux les business plans de producteurs et commencent à les financer. Premiers résultats tangibles, quelques films de bonne facture ont paradé dans de très respectables festivals à travers le monde. Et l’histoire de Nollywood s’écrit à très grande vitesse comme en témoignent les excellents documentaires « This Is Nollywood » de Franco Sacchi et « Nollywood babylon » de Samir Mallal et Ben Addelman. Signe des temps, le phénomène tend à déplacer ses pénates et des producteurs ambitieux n’hésitent pas à faire tourner des scènes en Grande-Bretagne, au Canada ou aux États-Unis. Une progression qui bénéficie aussi de l’arrivée et de l’expansion des câbles et des satellites. Pas fous, de nombreux programmateurs ont inscrit dans leurs bouquets une offre alléchante des meilleurs films de Nollywood. C’est le cas du géant Odeon et du diffuseur britannique par satellite, BSkyB. Si cela ne parvient pas à convaincre les plus réticents, il faut leur rappeler que plusieurs studios de renom se penchent sur le phénomène et, notoriété suprême, il existe désormais en Californie la Nollywood Foundation, destinée à lui donner une nouvelle dimension.
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D ÉCRANS NOIRS FORMER AUJOURD’HUI POUR DONN epuis le 6 novembre 2010, l’Institut supérieur de formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique centrale (ISCAC) a ouvert ses portes à Yaoundé au Cameroun. Le programme, couronné d’un Brevet de technicien supérieur, dure deux ans. À l’origine, la vocation de l’opération « Écrans Noirs » était exclusivement d’établir une relation durable entre la production cinématographique africaine et les publics de l’Afrique Centrale. Mais pour donner à voir des films africains, il fallait que des Africains les réalisent, et bien évidemment des Africains d’Afrique Centrale
de la CNPS, Alain Mekulu Mvondo Akame, par ailleurs vice-président de l’Association Écrans Noirs. À cela s’ajoute du matériel de pointe que Bassek ba Kobhio estime encore insuffisant, tant les besoins sont criants et les équipements assez chers. Néanmoins, l’esprit qui anime les ambitions de ce cinéaste corrosif a suscité l’adhésion des services publics et de la coopération internationale. Ce qui fait que la première promotion n’aura à défrayer que 50 000 FCFA (130 $) au lieu des 5000 $ requis (1 950 000 FCFA). Une somme dérisoire pour 23 modules de cours dont le tiers sera théorique. Pour ne
Léopold Nséké
Si le continent regorge de talents nourris aux sources occidentales du cinéma, il n’existe pas à proprement dit de structures dédiées au 7e Art. Certes, des rendez-vous comme le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, appuyé par le gouvernement du Burkina Faso, ont pu susciter des vocations, mais le continent est encore à la traîne dans ce secteur. Heureusement, certains visionnaires tenaces poursuivent de nobles objectifs. C’est le cas du Camerounais Bassek ba Kobhio qui, à travers son association Écrans Noirs, vient d’ouvrir une toute nouvelle école du cinéma. aussi, alors que le nombre de professionnels dans cette sous région est l’un des plus faibles du continent.
Des débuts difficiles Cependant, les principaux écueils de ce type de projet concernent le matériel et les locaux d’apprentissage. À cet effet, les initiateurs du projet ont bénéficié du généreux concours de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) du Cameroun qui leur a ouvert les portes de quelques salles disponibles. Cette contribution a par ailleurs été possible grâce à l’appui du DG 56 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
rien laisser au hasard et être cohérent dans la démarche de formation, le programme s’inspire de ceux du BTS de l’ISIS au Burkina Faso, du BTS audiovisuel en France et de formations similaires au Canada et en Belgique, tout en respectant les exigences du Ministère de l’Enseignement Supérieur Camerounais (enseignement obligatoire de l’anglais par exemple). L’idée de créer un pôle cinéma sur le continent trottait depuis longtemps dans l’esprit de Bassek ba Kobhio qui révèle avoir pris la décision après le Festival de Cannes 2002. Pour l’auteur du « Grand Blanc de Lambaréné », cela devenait une nécessité.
NER À VOIR DEMAIN
L’ISCAC permet à des créateurs et des passionnés locaux de produire des œuvres qui leur ressemblent et qui sont beaucoup plus proches de leurs préoccupations.
L’histoire d’un cheminement Cette structure permanente succède donc au défunt programme « Classes de cinéma des Écrans Noirs » qui s’est étendu de 2001 à 2004, et qui se voulait une offre de formation intensive, qualifiante aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel. L’Association Écrans Noirs, par cette initiative, comptait rééditer le succès des premières éditions qui avaient vu naître de nombreux professionnels aujourd’hui reconnus dans le milieu du cinéma et de la vidéo. Pourtant, ce fut ardu comme l’explique Écrans Noirs sur son site Internet. Durant plusieurs années, l’Ambassade de France et le Pari Mutuel urbain du Cameroun ont soutenu les classes de cinéma. Par la suite, cette entreprise a connu une baisse drastique de ses recettes et a dû sacrifier plusieurs de ses activités de sponsoring et de mécénat. À un moment, l’UNESCO avait décidé d’accompagner l’association, mais une maîtrise approximative des mécanismes de fonctionnement de cette institution a fait perdre un précieux soutien garanti pourtant sur deux ans.
Suite à la réorganisation des Écrans Noirs, le Conseil d’Administration a demandé que ce volet de ses activités soit absolument relancé. Les Administrateurs ayant souligné que la formation constituait l’une des raisons d’être de l’Association, eu égard surtout aux succès enregistrés autrefois, il fallait en faire une priorité. C’est pourquoi cette action de formation certes passionnante, mais coûteuse, a complètement été revisitée avec plus d’ambition. Aujourd’hui, toutes les compétences sont les bienvenues et la nécessaire coopération pour ce type de réalisation a plus que besoin d’être. C’est pourquoi les principaux partenaires de cette nouvelle aventure ne sont pas des moindres. L’Institut est donc appuyé par le Ministère Français des Affaires Étrangères, l’Ambassade de France au Cameroun, l’Organisation Intergouvernementale de la Francophonie, l’UNESCO, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale du Cameroun et le Ministère de la Culture du Cameroun. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 57
BUSINESS
Mettre sur pied une structure permettant à des créateurs et des passionnés locaux de produire des œuvres qui leur ressemblent et qui sont beaucoup plus proches de leurs préoccupations. Ce que le promoteur traduit par le nécessaire renouvellement des générations et des intelligences pour pallier les conséquences liées à la formation des Africains à l’étranger et qui, pour la plupart, ne reviennent pas au pays. La formation locale permet donc une sélection de ceux qui veulent vraiment évoluer dans le 7e art, qui font montre de talents, et auxquels une éventuelle bourse à l’étranger pour une formation plus pointue serait à la fois profitable pour eux-mêmes et pour la collectivité. Elle a par ailleurs la faculté d’offrir une chance à tout le monde, y compris les enfants de familles défavorisées, là où des bourses directes vont souvent à ceux dont les parents ont de bonnes positions ou relations.
Voici quelques vidéos (documentaires, interviews de stars, bandes-annonces, makings of de films, etc.) sur ce robinet à images et machine à fric qu’est Nollywood.
Extrait du film The Game réalisé par Frank Rajah Arase et sorti en 2010
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Film documentaire sur Nollywood tournée par une chaine nigériane
Film documentaire réalisé par Franco Sacchi et Roberto Caputo intitulé This is Nollywood produit en 2007. Récompensé au Raindance Film Festival de Londres en 2007, il retrace la naissance et le développement de l’industrie du cinéma au Nigéria.
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Extrait du film Loyal Ennemies réalisé par Kingsley Okereke et sorti en 2010
Léopold Nséké
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Les chiffres sont effrayants et malgré toute la bonne volonté des pouvoirs publics, les auteurs-compositeurs et interprètes de musique africains sont pris dans un cercle vicieux qui laisse la plupart exsangues et sans ressources. Mais pourquoi un continent qui regorge de tant de talents n’arrive-t-il pas à canaliser une telle vache à lait que représente la production musicale?
es droits bafoués dans l’industrie musicale vont de la propriété intellectuelle à la reproduction des œuvres. Au fil des années et depuis un quart de siècle, la situation s’est aggravée par le fait de connivences désormais situées dans les hautes sphères mêmes du pouvoir politique. Dans ces cénacles, des bonzes de l’administration publique ont rejoint des horsla-loi pour engranger des revenus faramineux. Un récent rapport commandé par l’UNESCO indique que dans son sens courant, le mot piraterie désigne l’activité consistant à fabriquer des exemplaires non autorisés (exemplaires pirates) de matériels protégés et à distribuer et ven58 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
La piraterie, un phénomène mondial
dre ces exemplaires. Les droits d’autorisation enfreints par ceux qui fabriquent des exemplaires pirates et en font le commerce concernent le droit à la paternité généralement protégé par le droit d’auteur, ainsi que les droits de propriété, en particulier dans le cas des enregistrements sonores qui sont généralement protégés par des régimes de droits voisins. Au sens le plus large, la piraterie peut aussi désigner les actes d’enregistrement non autorisé d’une représentation en direct et de contrefaçon (vente d’œuvres fabriquées à l’imitation d’un exemplaire authentique, par exemple en copiant l’étiquetage, l’emballage ou l’enregistrement lui-même). Des reprises de chansons aux banales reproductions de cassettes et disques vinyles, on est passé à la copie des fichiers numériques sur l’Internet. Une transposition qui a aggravé les dommages pour les artistes et les producteurs de musique.
Pour avoir une idée de l’ampleur du problème, le même rapport rappelle que l’Organisation mondiale des douanes, par exemple, a constaté dans son enquête la plus récente qu’à peu près 5% de tous les échanges mondiaux portent sur des articles pirates. De même, la Commission européenne a conclu qu’une proportion de 5 à 7% du commerce mondial repose sur la piraterie, soit 300 à 500 milliards dollars de préjudice commercial. Enquêtant sur le même terrain, l’OCDE estime la perte subie par les échanges mondiaux à un peu plus de 5%. D’autres organisations internationales, associations industrielles et organisations non gouvernementales ont publié des estimations analogues. Aujourd’hui, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) estime qu’un CD sur trois est un produit piraté. Et si on prend en compte les cassettes musicales, encore très pré-
sentes en Afrique, le chiffre est encore le Nigéria, la Côte d’Ivoire et dans une culier dans les territoires où la piraterie plus élevé, puisque l’IFPI estime que la moindre mesure le Bénin, ont vu la dé- sévit fortement, étant donné que les enpiraterie représente aujourd’hui 40 % de sorganisation des structures accoucher treprises d’enregistrement ont moins de tous les produits musicaux vendus dans le de redoutables réseaux de contrefaçon et raisons de développer et de promouvoir monde. Selon l’organisme, qui a publié de contrebande. La République démo- les possibilités de tournées lorsqu’elles ne son dernier rapport au mois de janvier cratique du Congo, prolifique depuis les peuvent pas en attendre d’effets positifs 2011, les ventes mondiales de musique, années 50 et 60, a également vu le sec- sur les ventes légales. En fait, les investous supports confondus, ont continué teur miné par les affres de la guerre et tissements de toutes sortes qui traditionde baisser en 2010, les téléchargements partant, d’un manque d’autorité. nellement auraient été consacrés au déillégaux pesant toujours sur la santé du Plusieurs pays y vont toutefois de veloppement et à la commercialisation de secteur. Un préjudice qui se chiffre à plu- mesures pour mater le phénomène, sans nouvelles musiques et de nouveaux supsieurs milliards de dollars. grands résultats jusqu’à présent. Les dé- ports sonores sont paralysés par le spectre Si ailleurs le piratage des de la piraterie. Le secteur musiLa Fédération internationale de l’industrie pho- cal est déjà une entreprise assez œuvres musicales est minimalement combattu, l’Afrique en dans les conditions nornographique (IFPI) estime que la piraterie re- risquée subit des contrecoups lourdemales - mais lorsqu’on ajoute le ment fâcheux. En cause, la faiprésente aujourd’hui 40 % de tous les produits spectre de la piraterie à toutes blesse du pouvoir d’achat des les autres variables, il n’est pas musicaux vendus dans le monde. Africains qui ne leur permet pas surprenant que les investisseurs de s’offrir les œuvres au véritapréfèrent se tourner vers des inble prix du marché (9 $ en moyenne pour ficits s’accumulent aux indélicatesses de dustries plus sûres. un CD). Il n’en demeure pas moins que toutes sortes et l’économie globale en C’est donc tout un secteur porteur l’absence de structures de production et paye le prix. dont ne profite nullement le continent, l’inexistence d’un réseau formel et d’une À cet égard, les experts de l’UNESCO déjà lourdement pénalisé dans les autres autorité publique des marchés artistiques indiquent qu’au-delà de ces pertes direc- secteurs, dont celui des matières premièet culturels font largement défaut aux tes, il y a toutes les autres pertes dérivées res. La seule note positive de ce constat créateurs et aux producteurs. Du coup, qu’entraîne inévitablement la piraterie : est que les voix s’élèvent de plus en plus les quelques œuvres qui « marchent » perte de possibilités d’emploi dans les au sein de la communauté même des sont tout de suite copiées et proposées à studios d’enregistrement et les magasins artistes pour se battre – à mains nues – moitié, voire au tiers du prix par des ven- de détail, ainsi que les pertes subies par contre un phénomène rampant. Il faudeurs à la sauvette. toutes les autres activités auxiliaires qui dra plus que des lois pour le contrer et Si le phénomène touche le continent, contribuent à l’industrie musicale, com- l’une de ces voies est de ramener un peu la situation est particulièrement catastro- me celles des graphistes et des éditeurs de d’ordre dans la gestion des affaires publiphique dans les pays considérés pendant musique, des auteurs de contributions vi- ques et partager réellement les fruits de longtemps comme des rampes de décol- déo et cinématographiques et les experts la prospérité relative que l’on relève dans lage pour la musique africaine. Des ma- en marketing, promotion et publicité. On plusieurs pays. Comme le dit le proverbe, jors comme la défunte EMI ayant investi peut aussi s’attendre à des répercussions un droit sans réparation n’a en fait rien dans des studios et des usines de pressage, sur les concerts et les tournées, en parti- d’un droit. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 59
INDE
UN PARTENARIAT
GAGNANT AVEC
sous des barrières protectionnistes. L’État devait jouer un rôle clé dans la délivrance des produits clés et services décisifs. Or, une rupture a été observée en 1991, avec le Parti du Congrès au pouvoir, et sous l’impulsion de Manmohan Singh alors Ministre des Finances, actuel Premier ministre, le pays va prudemment renverser les vues de Jawaharlal Nehru. La Banque mondiale (BM) nous indique qu’au plus fort de cette crise, les réserves en devises étrangères avaient fondu et ne représentaient à peine que quinze jours d’importations. Le taux d’inflation atteignait 17% et la pauvreté s’était accentuée et touchait 41% de la population. La BM souligne que, parmi les premièinfluents que l’Histoire contemporaine res mesures adoptées, l’Inde a effectué un ait comptés. L’Inde et l’Afrique nous ont, rajustement du taux de change de l’ordre en effet, respectivement offert Mahatma de 20%. Des réformes ont été aussi mises en œuvre dans les secteurs suivants : politique Gandhi et Nelson Mandela. La ressemblance se situe également d’investissement, industrie nationale, régleau niveau de l’appétence d’émergence mentation des investissements étrangers, affirmée tant au pays de Bollywood qu’au régime applicable au commerce extérieur, continent de Nollywood. Et c’est cet marchés bancaires et financiers, fiscalité. appétit pour un changement de condi- En clair, l’Inde s’est ouverte et a choisi une tion de leurs populations qui conduit les voie radicalement opposée à celle prônée dirigeants, outre les relations classiques, à au début de son indépendance. Les conséquences de toutes ces rébâtir un axe Sud-Sud multiforme : politique, économique, etc. Avant d’analyser formes sont nombreuses (voir tableau). cet axe, uniquement sur le plan écono- D’après la BM, « les taux d’investissemique, nous présentons les principaux ment, soutenus par une hausse de l’éparfacteurs explicatifs du « miracle » indien. gne et stimulés par l’afflux de capitaux privés, s’élèvent actuellement à plus de 30% du PIB, comparé à 23% il y a une De l’émergence de l’Inde dizaine d’années. Les réserves en devises Les succès économiques enregistrés par ont atteint 170 milliards de dollars. L’inl’Inde ces dernières années sont le résul- vestissement étranger direct augmente tat de réformes structurantes engagées au avec une rapidité stupéfiante, du fait que début des années 1990. Jean-Luc Racine, l’Inde a été récemment jugée comme Directeur de Recherche au CNRS (Fran- l’une des destinations les plus attractives ce), permet de mieux saisir l’importance du monde en termes de placements. Ces de ces actions. En effet, il rappelle que la récentes années, la croissance des expordoctrine «nehruvienne», sur le plan éco- tations s’est accélérée, atteignant un taux nomique, consistait à vouloir bâtir l’Inde de 20% par an ».
Nouveau géant dans l’économie mondiale, l’Inde est aujourd’hui résolument engagée à prendre sa place en Afrique où elle a investi 16 milliards de dollars ces cinq dernières années. Très intéressée par le sous-sol africain, cette puissance émergente tient à développer avec ce continent un partenariat étroit et durable.
É
tendue sur 3,3 millions de kilomètres carrés, peuplée par 1,2 milliard d’habitants, annoncée comme 3e économie mondiale en 2050, ayant des sociétés qui rachètent des entreprises- symboles de la puissance occidentale, l’Inde, l’autre géant asiatique, captive la planète, fascine et intéresse au plus haut point l’Afrique. D’ailleurs, dans le cadre de coopération renforcée adopté à l’issue du deuxième sommet Afrique-Inde, qui s’est déroulé en mai dernier à Addis- Abeba, l’Union africaine précise qu’elle « va envisager la création, dans les meilleurs délais, d’un bureau à New Delhi, Inde, comme gage du partenariat étroit qui existe entre l’Inde et l’Afrique ». Mais au-delà de cette fascination, la réalité des faits invite à noter que ces deux régions du monde mêlent ressemblances et divergences. Au chapitre des ressemblances justement, il est clair qu’un des points communs qu’ont ces deux régions, dont l’avenir sera structurant pour le XXIe siècle, réside dans le fait qu’elles ont produit deux des hommes parmi les plus 60 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38
Serge Tchaha
Indicateurs économiques 1995 PIB (milliards US) Inflation moyenne (%)
2010
356, 3 1 538 8
12%
Endettement total du 71.9% 51.9% gouvernement (% du pib) Investissement étranger 0.6% 2.6% direct (% du pib) (2009 est.) Population (millions)
932 1 189
(july 2011 est.)
Au-delà de l’économie, l’émergence de l’Inde est aussi associée au « prestige » militaire que lui confère son feu nucléaire. Les spécialistes estiment que la communauté internationale a changé son regard sur ce géant asiatique en 1998, au moment où elle a effectué des tests nucléaires. Au surplus, la diaspora indienne, par la puissance de son rayonnement, contribue ardemment à l’amélioration du brand indien. D’après J-L Racine, elle remplit la Silicon Valley, exerce du lobbying aux États-Unis via l’US India Political Action Committee et envoie de l’argent au pays. L’on estime qu’en 2005, les 20 millions de diasporés indiens ont envoyé 20 milliards $ au pays.
Afrique-Inde, un axe Sud-Sud gagnant-gagnant? L’Inde et l’Afrique entretiennent une relation économique dense et multisectorielle. Leurs échanges commerciaux sont passés, selon la BAD, de 1 milliard en 1990 à 3 milliards en 2000 et ont atteint 36 milliards en 2007-2008.
Par ailleurs, les entreprises indiennes se sont lancées dans la conquête du marché africain. Le groupe Tata est à ce propos fort illustratif. Implanté aujourd’hui dans une dizaine de pays africains, il est présent dans différentes industries : automobile, métallurgique, TICs, agroalimentaire et chimique. En plus de Tata, l’Inde compte d’autres excellents ambassadeurs économiques sur le continent tels que : Ranbaxy, Cipla et Dr Reddy’s (médicaments génériques) ; WACEM (cimenterie); Alok Industrie (textile) ou Godrej Consumer Products (produits cosmétiques). À la différence de la Chine où l’État a beaucoup aidé pour l’implantation de ses nationaux, les industriels indiens, comme Tata, ont davantage compté sur eux. Concernant le niveau d’investissement, Bloomberg signale qu’au cours des 5 dernières années, ce sont 16 milliards de dollars qui ont été investis par les Indiens en Afrique. Ces investissements touchent fortement le secteur des matières premières. En effet, l’économie indienne croît à une vitesse soutenue et pour maintenir cette accélération, elle aura besoin de sécuriser ses approvisionnements. Or, l’on constate par exemple que sa dépendance au pétrole –75%, selon Bloomberg– est encore plus forte que celle de la Chine – 52%. Et d’après le Sénat français dans un rapport de 2007, la quantité de pétrole que devra importer l’Inde en 2030 devrait se situer à 95%. La nécessité de s’approvisionner auprès du coffre-fort mondial des matières premières est donc incontournable. Tisthankar Chanda, dans un article paru sur jeuneafrique.com, signale que : « le Nigeria est le principal fournisseur africain en brut (11%) de l’Inde. Juste derrière, le Soudan lui livre annuellement 3,2 millions de tonnes de brut, en échange d’une participation indienne (25%) au capital de Greater Nile Petroleum Operating Company ».
DÉVELOPPEMENT
L’AFRIQUE L’Inde pourrait développer un positionnement très original qui constituerait un avantage concurrentiel. Elle semble décidée à travailler sur le très long terme avec l’Afrique, mais par-dessus tout, elle semble vouloir l’aider à tirer le maximum de valeur ajoutée de ses ressources. En clair, elle désire aider l’Afrique à transformer ses matières premières. Le Gouverneur indien de la BAD, Dr. Anup K. Pujari, dans le discours prononcé le 28 mai 2010 lors des Assemblées Générales de cette Banque, a tenu des propos qui laissent entrevoir cette possibilité. Il a annoncé la création de 19 institutions unissant l’Inde à l’Afrique. Il y en aura au niveau des TI ou du Commerce extérieur; cependant, c’est l’Institut Inde-Afrique du diamant qui illustre le mieux notre propos. Chacun mesure bien qu’un Institut voué à la maîtrise de l’exploitation du diamant est une décision qui aidera l’Afrique à profiter au mieux de ce minerai et à lui donner sur le continent une valeur ajoutée supérieure. Il est indéniable que si l’Inde s’engage dans cette voie, elle gagnera le cœur des Africains mais surtout occupera un positionnement marketing enviable. AFRIQUE EXPANSION Magazine 38 61
FLASH INFOS
OKAVANGO-ZAMBÈZE UN PARADIS DE L’ÉCOTOURISME EN AFRIQUE
Cinq pays de l’Afrique australe (l’Angola, le Botswana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe) ont récemment signé un traité créant une vaste zone protégée dans les bassins des fleuves Zambèze et Okavango qui a pour vocation de devenir un paradis de l’écotourisme. Située à cheval sur les territoires de l’Angola, du Botswana, de la Namibie, de la Zambie et du Zimbabwe, la zone protégée Okavango-Zambèze doit permettre de relier entre eux quatorze parcs nationaux et réserves naturelles mais aussi les chutes Victoria et le delta de l’Okavango. Ce projet a pour objectif la conservation de la biodiversité, le développement durable des communautés locales, l’essor de l’écotourisme et le partage des ressources de la région. Source : AFP
NETTE AUGMENTATION DES IDE DANS LES PAYS ÉMERGENTS EN 2010 Les pays émergents après avoir attiré près de 53 % des IDE en 2010, sont devenus « les nouveaux poids lourds » du monde, selon le rapport 2011 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur « les investissements dans le monde ». Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) auraient augmenté de 5 %, pour s’établir à 1 244 milliards de dollars, soit 4,4 % des IDE. Même si l’Afrique avec un recul de 9 % des IDE est à la traîne, la situation est cependant contrastée d’une région à une autre. Ainsi, au sud du Sahara, les hydrocarbures et les mines dominent (43 % des IDE), devant les produits manufacturés (29 %) et les services (28 %). Si les investissements ont reculé dans l’ouest et le sud du continent, ils ont doublé en Afrique centrale et en Afrique de l’Est en 2010 (8 milliards de dollars).
Source : Jeune Afrique
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LA CROISSANCE AFRICAINE SOUTENUE PAR L’ÉMERGENCE DE LA CLASSE MOYENNE Un nombre de plus en plus croissant de grands investisseurs étrangers parient sur l’émergence et la montée en puissance de la classe moyenne dans les économies africaines, révèle le rapport 2011 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). D’où leur intérêt pour des secteurs jusque-là délaissés. Diverses recherches suggèrent que le nombre d’Africains pouvant s’offrir plus que des produits de première nécessité, ne cesse de croître mais pas seulement dans les pays les plus avancés économiquement comme l’Afrique du Sud, le Ghana ou le Nigeria. Une étude de McKinsey estime que cette nouvelle classe sociale devrait dépenser plus de 1,4 milliard $US en 2020 contre près de 860 millions en 2008. Source : Afrique Avenir
LES NOUVEAUX CHAMPIONS DE LA CROISSANCE EN AFRIQUE Le Ghana et de l’Éthiopie qui affichent les taux de croissance les plus importants d’Afrique (plus de 12% pour le premier et plus de 10% pour le second en 2011 selon les dernières prédictions de la BAD et de l’OCDE), viennent de compléter le tableau d’affiche des économies émergentes mondiales aux côtés des dragons et des tigres asiatiques, des jaguars de l’Amérique du sud et des BRICS. Ainsi, le Ghana a doublé la croissance de son PIB en seulement un an, passant grâce notamment au pétrole, de +5,9% en 2010 à +12% en 2011 contre 5,9% pour l’Afrique de l’Ouest en 2011. Entre 1993 et 2006, la taille de son économie a triplé grâce à la stabilité sociale et l’enracinement croissant de la démocratie qui ont permis de créer les conditions adéquates pour attirer les investissements. Par ailleurs, ce pays est le deuxième producteur d’or du continent après l’Afrique du Sud, et le deuxième exportateur mondial de cacao derrière la Côte d’Ivoire. L’Éthiopie qui compte d’importantes infrastructures comme l’aéroport international, véritable hub régional, est quant à elle en plein changement. Premier producteur de café du continent, ce pays a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 842 millions de $US sur la base des 196 000 tonnes de café exportées sur le marché mondial au cours de l’année fiscale 2010-2011. Source : Afrique Avenir
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