Gobages.com la revue N°8

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Numéro 8

Retour des salons 2013

L'efficience en Test billes pêche à vue. noires JMC.

Gobages.com

Les truites du bout du monde

Relâchez vos rêves... Avril 2013

Avril 2013

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58. A la poursuite des truites du bout du monde par Alexis GANTE.

4. Concours montage et casting Paris 2013 par Auversasoie

8. Technique photo la désaturation

par P.FAURE

40. Opération zéro déchet sur les Nives par Cédric SIMONET

10. Test de fils de pêche 5. Salon de St Etienne le mot du président par P. FAURE

6. Efficience en pêche à vue par F. ROUILLON

par Lucien 86

12. Salon des pêches sportives (Paris) par

80. Jacky BOILEAU par Patrick FAURE

P.FAURE

15. 2012 en 12 mois par gobages.com

Couverture : Landes du bout du monde photos d' Alexis Gante Gobages.com la revue est un webzine destiné à être lu en ligne et partagé en ligne. Vous pouvez l'imprimer dans le cadre d'un usage personnel, ne pas jeter ou distribuer sur la voie publique. Ce webzine est produit quand nous en avons le temps et l'envie, il rentre dans l'objet de notre association qui consiste à faire la promotion de la pêche à la mouche et la remise à l'eau des poissons.

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Que la magie opère à nouveau.

I

mmanquablement, tous les ans au plus profond de l'hiver, la passion de la mouche se fait de plus en plus pressante. Certains occupent le temps en faisant quelques sorties en réservoir, en se promenant dans les allées des salons. D'autres montent des mouches ou refont le monde sur les forums. Mais comme rien ne vaut la pêche en rivière, on jubile tous à l'idée de revenir taquiner les truites dès l'ouverture avec la poignée de son fouet en main. A de rares exceptions près, plus particulièrement cette année où les eaux sont froides et hautes, les pêches d'ouverture sont rarement bonnes. Mais quelques mouches aperçues, au mieux quelques heures d'activité suffisent à notre ravissement pour calmer notre impatience. Avril n'est en général pas un bon mois pour la pêche à la mouche. Hormis pour ceux qui ont accès à des rivières de piémont épargnées par la fonte, nombreux sont ceux qui sont condamnés à regarder passer des m3 d'eau aussi verdâtre que froide. Qu'ils se rassurent. Leur première prise une fois les eaux en ordre annulera la déprime des semaines de disette : c'est la magie de la mouche. Un seul gobage, un seul posé couronné de succès remet tous les compteurs à zéro et donne suffisamment d'énergie pour surmonter bien des obstacles. En attendant ce moment magique comme le feu d'artifice des mois de mai et juin, nous vous proposons cette nouvelle revue. Issue comme à son habitude d'un travail bénévole et coopératif nous espérons qu'elle saura vous divertir. Bonne lecture et bonne saison 2013

Fredéric Serre 82. Montage billes noires par Spent82

83. La Dame de Saint Ursanne(Partie 2) une

87. Eloge du minimalisme par Alexis GANTE

nouvelle de Bleuvague

Avril 2013

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Concours montage et casting à Paris

Retour sur une des animations du salon 2013

par Au ver à soie

Les sociétés, JMC, Le Danica, les Sources d’Eclimont, Dumont Rod, PetitJean, Pêche Mouche et Au Ver à Soie / Pêche à Soie ont organisé à l’occasion du Salon de la Pêche Sportive de Paris , un concours de montage de mouche.

Le jury composé de Messieurs Marc Petitjean, Bruno Pimpanini et de Michel Rigault a eu bien du mal à départager les candidats. Le podium : 1­ Monsieur Calavia (404 points) gagne deux soies naturelles « Pêche à Soie (PP#5 et WF#4). Vainqueur pour la deuxième année consécutive. 2­ Monsieur Rainaud (389 points) gagne une paire de lunettes JMC Watersun Missions 3­ Monsieur Jegou (377 points) gagne une mouche Victorienne encadrée montée par Bruno Pimpanini, monteur international français Alexandre Serouge, le plus jeune compétiteur, gagne un prix spécial jeune : un abonnement à Pêche Mouche magazine.

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Les autres compétiteurs gagnent un abonnement d’un an à Pêche Mouche magazine Concours de lancer. Résultat du concours de lancer sur cible, organisé par Pêche à soie avec le concours de l’ACBB Pêches Sportives. Malgré la difficulté pour organiser ce concours et le mauvais temps pour pimenter le tout, il y avait une vingtaine de participants dont un junior. Le concours s’est déroulé avec une canne Dumond Rod ICT 9p soie de 4 (canne appréciée par tous les compétiteurs). 5 postes de lancer à différentes distances, 2 lancers par poste.

Cible d’Arenberg , 10, 8 et 6 points, 100 points maximum. 1­ Monsieur Lalligan (84 points) gagne une canne Dumont Rod Soie #3 2­ Monsieur Lesalle (82 points) gagne une paire de lunettes JMC Cristamax et 1 abonnement à Pêche Mouche magazine 3­ Monsieur Caillau (76 points) gagne une soie naturelle ST#4 Pêche à Soie Le plus jeune : Maxime Delestre gagne un prix spécial jeune : 1 abonnement à Pêche Mouche magazine Les 4éme et 5éme gagnent un abonnement d’un an à Pêche Mouche magazine.


Salon de Saint-Etienne : le mot du président.

par Patrick FAURE

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e remercie Jean­Luc Cometti de m'avoir accordé 65 exposants étaient présents. Je regrette que l'on ne quelques minutes à la fin du salon pour faire un puisse pas en accueillir davantage mais « on ne peut point « à chaud » sur cette 18 ème édition du pas pousser les murs ». SANAMA. Ce qui fait la qualité de ce salon, ce sont les aires de lancer et nous souhaitons garder ces espaces chers aux exposants pour qu'ils puissent faire essayer leur matériel, ce qui hélas, nous prive de stands supplémentaires. Un autre signe de la « bonne santé » du salon, de nombreux monteurs de renommée internationale nous ont contactés pour venir spontanément réaliser Gobages : Le salon va fermer ses portes dans des démonstrations de montage de mouche. quelques minutes. Quels bilans quantitatif et Le salon, c'est une équipe de 90 personnes sur le qualitatif pouvez­vous faire ? JLC : D'un point quantitatif, le samedi nous avons eu week­end où chacun a son rôle : montage, une fréquentation très importante. Le dimanche, déroulement du salon, démontage, intendance. bien qu'intéressant au niveau du nombre de Il s'agit de personnes motivées et lorsque, à la visiteurs, a été plus calme, sûrement en raison des réunion préparatoire, je pose la question pour savoir qui viendra « donner un coup de main » de conditions atmosphériques. En ce qui concerne l'aspect qualitatif, j'ai le sourire. nombreuses mains se lèvent. Je viens de faire le tour des stands et je n'ai vu que des exposants ravis. Tous m'ont dit : « ne changez rien », ce que nous ne ferons pas, bien sûr, car il faut toujours chercher à s'améliorer. J'ai aussi discuté avec des visiteurs, ils étaient enchantés.

Gobages : Le mot de la fin ? JLC : A l'heure qu'il est, je suis heureux pour tous ceux qui ont travaillé pour la réussite de ce salon et … rendez­vous dans deux ans. Avril 2013

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L’efficience en pêche à vue, ou l’importance d’être toujours prêt.

par François Rouillon

L'efficience, c’ est, selon le Larousse, la capacité d'un individu ou d'un système d'obtenir de bonnes performances dans un type de tâche donné. Autrement dit, c’ est la qualité d'un rendement permettant de réaliser un objectif avec l'optimisation des moyens engagés (Benoît Pigé, Management et contrôle de gestion, Nathan, 2008, p. 9. )

C’est pas la classe ça dans un article de pêche à la mouche ?! Non mais ! vos espoirs de présenter à ce poisson si En quoi cela nous concerne­t­il, nous, pauvres annihilant rare votre imitation amoureusement montée durant pêcheurs ? Voici deux exemples qui vont vous aider à comprendre où je veux en venir : Vous êtes planqués sous votre arbre depuis une heure à l’attendre, cette grosse truite qui fait son tour par ici. L’air bruisse, le temps se tend et se déforme et soudain, vous la voyez. C’est là que ça se joue, mais vous n’avez pas vu que votre fil était passé juste au dessus d’une branchette. Il s’y emmêle évidemment et vous empêche d’effectuer votre lancer arbalète. La truite passe, broute tout ce quelle trouve au fond tandis que vous pestez et ragez contre cette putain de branche, et/ou (selon votre personnalité) contre vous­ même, pensant même à l’auto flagellation avec la dite tige végétale…

l’hiver. Encore rageant comme situation, non ? En plus d’exiger une réactivité constante, la pêche à vue demande d’être toujours prêt. Et ceci implique de minimiser les erreurs et les situations d’emmerdement. Tout doit être vérifié plusieurs fois durant une partie de pêche. Cela touche bien sûr à toutes les vérifications matérielles : la confection des nœuds et leurs tests, le préréglage du frein, le bon emboîtement des éléments de la canne…etc. Mais aussi à l’étude approfondie de notre environnement. En effet, lors de l’arrivée sur un poste, et non par La Poste, les bons pêcheurs analysent d’emblée l’environnement et se posent les bonnes questions concernant les fenêtres de lancers, les arrivées et les couloirs de circulation probables des Seconde situation : sur un flat breton, vos yeux poissons, les obstacles à éviter et l’entrée dans l’eau piquent à force de scruter les scintillements de lors du combat… l’estuaire à la recherche d’un bar en maraude. Soudain, à quinze mètres, un mouvement sur votre J’ajouterai qu’il faut régulièrement avoir un œil par gauche. Ce gros poisson nage et vous n’avez qu’un terre afin d’éviter de marcher sur la branche morte lancer, à effectuer rapidement, pour lui présenter qui va sinistrement craquer, et qu’avant tout on doit votre crevette. Vous commencez à fouetter, mais dès savoir où se placer. le second faux­lancer, vous vous apercevez que votre soie intermédiaire est sortie de son panier et qu’elle Ceci est évidemment valable quand on pêche du bord est emmêlée dans le crochet de vos guêtres de en milieu encombré comme c’est le cas lorsqu’on wading, interdisant tout allongement et donc traque la truite en bordure en nymphe à vue.

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Ensuite, en action de pêche, je pense qu’il est capital d’être toujours prêt à lancer. Ayez bien en tête que vous pouvez voir surgir un poisson à n’importe quel moment et (presque) n’importe où, et que par conséquent il faut optimiser votre temps d’opérationnalité. Réduisez votre temps d’hésitation quand au choix d’une mouche, faites vos nœuds plus vite et évitez de changer votre imitation toutes les 3 minutes… Déplacez­vous avec la nymphe entre les doigts, prêt à "arbaléter". En wading, ayez un ou deux mètres de soie déjà sortis en bout de canne, cela vous fera peut­être gagner deux ou trois secondes nécessaires à une bonne présentation sur un poisson en maraude.

requise pour être performant en pêche à vue est assez fatigante, car il est nécessaire de s’user les yeux et de farfouiller le fond de l’eau à la recherche du moindre mouvement qui pourrait trahir le déplacement d’un poisson. Cette constante attention visuelle peut entraîner des maux de tête, et le fait de glisser quelques comprimés d’aspirine dans le gilet de pêche peut éviter des parties de pêche écourtées par ces terribles douleurs oculaires engendrées par une trop grande sollicitation des yeux. Les réflexions qui précèdent sont issues de ma très humble expérience en matière de pêche à vue. Je suis très loin d’être un grand pêcheur, mais ces idées sont le produit de situations qui me sont arrivées, et qui continueront de m’arriver encore. C’est en ça que la pêche à la mouche est si passionnante : la Nature et les poissons nous rappellent régulièrement que nous avons toujours quelque chose à travailler pour nous améliorer.

En fait, essayez constamment d’anticiper l’apparition d’un poisson dans votre champ de vision et certaines questions vous viendront naturellement. Être prêt et réactif implique aussi d’être en forme. N’allez pas faire des pompes avant d’enfiler vos waders mais buvez un coup et mangez un morceau, ça vous évitera peut­être le petit coup de mou qui tombe au En résumé, soyons dans vos waders comme dans nos mauvais moment. J’ai toujours une barre aux céréales shorts de scouts : toujours prêts ! ou une petite compote en « gourde » dans une poche. J’en connais qui ont le camelbak dans le dos du gilet. Ne soyez pas pressés au bord de l’eau, ne vous précipitez pas, concentrez vous avant d’arriver sur la berge pour, encore une fois, anticiper la rencontre avec un poisson. La lenteur des déplacements a un double avantage : on passe plus de temps sur les postes, donc on maximise nos chances de repérer un poisson ; et il est évident que plus on est lent dans nos mouvements, plus on est discrets et moins on a de risque de faire fuir un poisson qu’on n’aurait pas encore vu. La concentration extrême Avril 2013

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Technique photo : la désaturation.

par Patrick FAURE.

Si je vous dis : « Est­ce que vous connaissez la

La photo de « base » ouverte avec photofiltre : une désaturation ? », il est probable que vous me truite ayant « succombé » au charme d'un booby regardiez avec de grands yeux étonnés. orange. Si j'ajoute « vous savez, les photos noir et blanc où il ne reste plus qu'une petite partie en couleur », cela va beaucoup plus vous parler. Et si je vous propose de réaliser facilement « en trois clics » vos désaturations, je suis sûr que ça vous intéresse. Pour pouvoir réaliser cet effet, vous allez avoir besoin d'un logiciel photo. Inutile d'aller en chercher un sophistiqué, je vous en conseille un gratuit et simple d'utilisation. Il s'agit de « Photofiltre ». Si vous ne l'avez pas encore installé, vous pouvez le télécharger sur : Dans la barre de titre, cliquer sur « Edition » puis http://www.01net.com/telecharger/windows/Multime dans le menu affiché, cliquer sur « Utiliser comme dia/photo_numerique/fiches/telecharger­21756.html motif » Passer l'image en « niveaux de gris » soit en passant Avant de voir les différentes étapes, voici quelques par Filtre > Couleur > Niveaux de gris soit en conseils : cliquant sur le bouton : Prenez une photo où des éléments « claquent ». Je crains qu'une photo d'une rivière prise en hiver dans le brouillard ne convienne pas… Cet effet n'est pas une recette miracle, ça se saurait. Une « mauvaise » photo ne sera pas rattrapée par une désaturation. Comme pour tous les effets, une photo désaturée peut être agréable à regarder (c'est même le but) mais il ne faut pas en abuser.

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Voyons comment procéder.


Utiliser « l'outil Tampon » à droite Cela vous ouvrira une boîte de dialogue. Cocher la case « Motif » puis choisir le « Rayon ». Plus il sera « petit », plus vous serez précis mais plus il vous faudra de temps pour passer sur les zones « à colorier ». Le mieux est de « jouer » avec le rayon et d'en prendre un grand lorsque la surface est importante et de le modifier pour « faire les finitions ». Dernière étape : avec la souris, passer sur les zones à « coloriser ». Pour être plus précis, n'hésitez pas à zoomer votre photo à l'écran.

Il existe d'autres façons de procéder. Par exemple en sélectionnant la zone que l'on veut garder en couleur, en inversant la sélection et en passant cette nouvelle sélection en noir et blanc. La méthode que je vous ai montrée est à mon avis suffisamment simple et performante pour débuter. A vous de jouer.

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Test de fils de pêche : les résultats. par Lucien86.

Voici enfin comme promis les résultats des tests des

Sur ces douze nylons, trois d’entre eux se sont démarqués par des qualités parfois nettement au­ nylons de pêche que vous m'avez envoyés. Merci dessus de certains autres nylons. Certaines marques d'avoir pu me permettre de réaliser ces tests. qui ont plutôt la cote chez nous pêcheurs, voire Cela m'a pris du temps, que j'ai dû répartir sur un compétiteurs, se sont retrouvés en bas du terme assez long, mais, assez parlé ! classement, voire tout en bas... J'ai aussi donné une note à l'aspect du nylon, je tiens à préciser que cela est purement subjectif. Je les ai simplement observés sur l'eau, sous l'eau, avec de la lumière, sans etc... Cela s'est donc fait à l'oeil. Mon idée : Au début je m'étais mis en tête de tester les résistances aux noeuds, cependant j'ai vite abandonné, car je n'avais jamais assez de fils pour effectuer une moyenne cohérente. Pour la résistance il n'y a donc que la résistance linéaire qui est testée. Conclusion : Je pars du principe qu'avant de vouloir un nylon J'ai pris du plaisir à réaliser ces tests même si parfois costaud pour les noeuds, il doit avant tout être solide ce n'était pas facile de se motiver. Je continuerai à à l'état brut ! tester des fils. Mais s'il n'y avait que ça ! Les cannes, les moulinets, Conseils et explications : les soies, les mouches, les hameçons (tests en Rien n'empêche après avoir trouvé 3, 4 voire 5 bons cours !), les noeuds et bien d'autres choses sont dans nylons, de les tester chacun plus dans le détail, ce mes projets futurs. Maintenant vous savez comment que je me suis promis de faire. Je pense à des tests tester un nylon, vous en avez une douzaine, je vous comme l’élasticité, la résistance aux nœuds, la laisse maintenant vous mettre à l'atelier ;) flottabilité par exemple. Je pense que, plus tard et si gobages.com me le Comme vous pouvez le voir, les nylons sont classés permet je referai ce genre de test. par couleur, les cellules vertes sont pour moi les J'espère que cela vous a plu et pourra vous servir meilleurs ensuite les jaunes et pour finir les rouges dans le choix de vos « bobines ». qui n'ont pas retenu mon attention.

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Nous ne reviendrons pas sur la méthode qui a été présentée dans cet article ( http://www.gobages.com/peche-mouche/test-de-nylons-de-peche-2659.html)

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Salon de la pêche sportive (Paris) . par Patrick FAURE.

Comme tous les ans, je me suis rendu cette année au salon de Paris. Il avait lieu, comme l'an dernier au Parc Floral les 1er et 2 février. En ce qui me concerne, je n'y suis resté que le vendredi. Je remercie l'organisation qui m'avait, cette année encore, accordé une « accréditation Presse ». La première chose qui m'a frappé en pénétrant dans Vue du le stand de Marc Petitjean cette année et le le hall, c'est la diminution du nombre d'exposants. même stand « pris d'assaut » l'an dernier. Je n'ai, bien sûr, pas tous les éléments pour l'expliquer mais en discutant quelques semaines plus tard à Saint­Etienne avec des marques qui avaient « fait l'impasse » sur Paris, le coût d'un tel salon pour un exposant était souvent rédhibitoire. J'en profite pour dire que je n'ai nullement l'intention de comparer et encore moins d'opposer les deux salons tant ils sont différents. Saint­Etienne Peu de monde dans les allées est organisé tous les deux ans par un groupe de bénévoles dans une salle qui est prêtée aux organisateurs (ce qui n'enlève rien à sa qualité – voir notre compte­rendu si vous en doutez) ; Le salon de Paris est organisé au Parc Floral de Vincennes par des professionnels. Deuxième constat, et les photos sont là pour l'appuyer, beaucoup moins de visiteurs que les années précédentes. Je rappelle que je n'y étais que le vendredi et je n'ai pas demandé les statistiques définitives du nombre de visiteurs.

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Conclusion : J'ai entendu tout et son contraire pendant le salon. Je n'ai aucune information quant à sa pérennité. La seule chose que je peux dire, c'est que Nous moucheurs, avons tout intérêt à ce qu'un salon ait lieu tous les ans à Paris.

Une note d'optimisme : j'ai depuis discuté avec plusieurs professionnels ayant exposé à Paris. Tous me disaient avoir « très bien travaillé » sur le salon.

La baisse des visiteurs serait­elle due à la crise, qui fait que les gens ne payent plus une entrée uniquement pour voir du matériel mais que ceux qui Son absence serait malheureusement révélatrice du viennent ont déjà prévu leurs achats et viennent les marasme dans lequel plonge notre passion. concrétiser ? A méditer …

Une tête qui n'est pas inconnue de Gobages pour la présentation du tenkara par Maxime Miquel. Rencontre avec Bruno Pimpanini, monteur de mouches à saumon. Bruno a commencé le montage il y a 20 ans à l'APNLE. Il débute, avec Jean­Paul Dessaigne, le montage des mouches victoriennes il y a 7 ans. Bruno ne pêche pas le saumon, mais pêche la truite et monte ses mouches. Il a participé à différents concours aux Etats­Unis et est membre du Fly Tying Forum dont il a gagné le Un stand de matériel de montage bien fourni avec concours en 2006. TOF. Avril 2013

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Nos amis du club des saumoniers. Leur slogan parle de lui­même.

Le stand partagé par Dumont Rod et Pêche à soie. Inutile de les présenter.

Le stand Jacky Boileau. Impossible d'imaginer que ce serait son dernier salon.

Une marque qui fait l'effort de présenter une grande diversité de matériel. Certainement le prix du plus beau stand pour Vincent alias Mouche Guy Plas.

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Boom sur le stand Euro­Fly

Jean­Paul Dessaigne, toujours disponible pour Une association qui a redémarré il y a peu de temps. donner des informations sur le stand Ardent.

Le calendrier Gobages.com Bien souvent nous sommes sollicités sur le pourquoi nous ne montrons pas à l'avance les photos du calendrier. C'est en fait un choix pour préserver mystère et plaisir lors de la découverte des photos de l'année. Dans les pages suivantes vous pourrez visionner les photos du calendrier 2012. Si vous souhaitez participer sachez que nous demandons que les photos n'aient pas été publiées. Alors gardez au chaud une ou deux jolies photos, pour pouvoir participer. La magnifique photo de couverture de l'édition 2012 est l'œuvre de Yann ABDALLAH. Merci aux contributeurs d'accompagner notre année. Jean‐Yves.

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Calendrier 2012 : Un dernier regard ~ (Damien Brouste)


Calendrier 2012 : Fish eye ~ (Damien Brouste)



Calendrier 2012 : Fragile bataillon ~ (Adrien VIGNOLLET)



Calendrier 2012 : Fragile bataillon ~ (Adrien VIGNOLLET)




Calendrier 2012 : Relâchez vos rêves ~ (Adrien VIGNOLLET)



Calendrier 2012 : Rendez‐vous même lieu même heure ~ (Adrien VIGNOLLET)



Calendrier 2012 : Force rouge ~ (Adrien VIGNOLLET)


Calendrier 2012 : Se faire mener par le bout du nez ~ (Franรงois BONTEMPS)



Calendrier 2012 : Rapidité et précision ~ (Gérard Piquard)



Calendrier 2012 : LĂŠgendes d'Automne ~ (GĂŠrard Piquard)



Calendrier 2012 : Pêche complice ~ (Jean‐Louis Suarez)



Calendrier 2012 : Brumeuse Sana ~ (Yann ABDALLAH)



Opération zéro déchet sur les Nives

par Cédric SIMONET

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our la quatrième année consécutive, la journée de nettoyage des berges de la Grande Nive s’est déroulée sous un soleil radieux et dans une excellente ambiance. Une nouvelle saison halieutique va démarrer sur les Nives et avant de profiter 6 mois de l’année de nos chères rivières, il est bon de leur consacrer simplement une journée en retour….ne pas être un simple consommateur. La forte mobilisation des bénévoles récompense le gros travail en amont du Syndicat Mixte du Bassin versant de la Nive , de ses partenaires : le SMUN (Syndicat mixte de l’usine de la Nive) et Bil Ta Garbi (acteur local en charge de la valorisation et du traitement des déchets ménagers et assimilés et l’association d’insertion professionnelle Lagun. Grâce à l’implication des sociétés de sport d’eaux vives de la vallée, riverains, pêcheurs et amoureux des Nives se sont retrouvés sur le même bateau pour participer à cette journée de nettoyage. Depuis la première édition, les membres de l’AAPPMA de la Nive participent activement à cette journée de nettoyage pour sensibiliser au maximum sur l’avenir de nos rivières au Pays Basque. Avec 110 bénévoles qui ont répondu présent, ce ne sont pas moins de 500 kg de plastique, 1T de ferraille, 500 kg de pneus, 30 kg de verre pour seulement 2 kilomètres de rivière nettoyés… Triste bilan pour notre Grande Nive ... il est vraiment temps que les gens se rendent compte de la chance d’avoir de tels « joyaux » qui coulent au cœur de nos montagnes, de nos villages. Mot du président de l’Aappma de la Nive : "Un premier contact avec la Grande Nive après six mois de léthargie...Un rendez vous désormais incontournable et un temps fort pour l'AAPPMA de la Nive ! La Grande Nive et ses habitantes ont été choyées, elles sont maintenant prêtes à nous recevoir pour la saison 2013 ! Bonne pêche au Pays Basque !" Didier MINVIELLE­DEBAT Président de l'AAPPMA de la Nive


Pourquoi une telle initiative ? « L’objectif est de sensibiliser la population à la dégradation de nos cours d’eau », explique Maxime Diribarne, technicien de rivière du Syndicat mixte du bassin versant de la Nive. « Cette année sera la quatrième édition de cette journée … et au vu du nombre de décharges sauvages répertoriées sur la Nive, ça ne sera pas non plus la dernière ! ». L’an dernier, plus de 70 bénévoles se sont mobilisés autour de ce projet pour nettoyer 1500 mètres de rivière. 200 kilos de pneus et autant de déchets plastiques et de ferrailles ont été enlevé. 3 Organisateurs: Le Syndicat mixte du bassin versant de la Nive: Regroupant 46 communes du bassin de la Nive et la communauté d’agglomération Côte Basque­Adour, le Syndicat mixte du bassin versant de la Nive met en œuvre le contrat de bassin, outil de gestion intégrée de l’eau, structure le bassin en terme d’entretien des rivières et est opérateur de la démarche Natura 2000 sur la Nive. Plus d’infos sur www.bassin­versant­ nive.com Le Syndicat Mixte de l’Usine de la Nive (Smun): Le Smun est un syndicat en charge de la production d’eau potable pour 26 communes du Pays Basque et du sud Landes. Il capte l’eau de la Nive à Ustaritz pour ensuite la traiter et la rendre potable grâce à ses installations implantées sur Anglet. Produisant environ 10 millions de mètres cubes par an, il alimente un large bassin de vie : 190 000 personnes en hiver et jusqu’à 400 000 en été. Plus d’infos sur www.smun.fr Bil ta Garbi: Bil Ta Garbi est un acteur public local en charge de la valorisation et du traitement des déchets ménagers et assimilés. Il regroupe 12 communautés de communes et 1 communauté d’agglomération rassemblant 202 communes et plus de 270 000 habitants d’une grande partie de l’Ouest du département des Pyrénées­Atlantiques


















A la poursuite des truites du bout du monde par Alexis GANTE


« un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » Lao Tse


Je reviens de l’Hémisphère Sud, d’une île perdue parmi les milliers de confettis qui jalonnent l’océan dans cette partie du monde. Ce voyage trouve son origine dans un rêve de gosse, celui de partir seul, sac sur le dos, dans le but de me confronter à la nature originelle et dans l’espoir de débusquer quelques truites rageuses, qui n’auraient pas trop connu le piquant des hameçons. Nul doute que ce voyage m’a donné entière satisfaction ! Mais maintenant, j’ai le plus grand mal à trouver le ton juste pour décrire cette aventure, car ce périple en solitaire m’a fait riche de souvenirs qui isolent. L’expédition aux franges du monde connu que je m’étais bricolé s’est également transformée en voyage introspectif, en prise de conscience de mes propres limites. Au cours de ces dix jours sur place, j’ai pleuré d’être perdu, ri du chant d’un oiseau, hurlé de solitude. J’ai erré dans la tourbière, hypnotisé par l’immensité, malmené par le vent. Cela a­t­il encore à voir avec un récit halieutique ? Je pense que oui, car si ce voyage a largement dépassé la sphère de la pêche à la mouche, c’est ma passion pour cette dernière qui m’a fait franchir la ligne rouge et trouver parfaitement légitime et défendable de partir seul, avec l’aide de cartes bricolées maison sur un GPS fraîchement acquis. Je vous propose un condensé de cette aventure, qui restera gravée à jamais dans ma 60 mémoire comme ma première confrontation avec la nature dans ses atours les plus sauvages.


L’île, lieu idéal pour agacer les ima­ ginaires. La géographie a parlé d’elle­même, quelques cailloux et puis plus rien, seulement la mer qui a refusé le passage à tellement de marins… Après des mois à avoir fantasmé ce périple, sur le quai, j’ai les entrailles serrées par la trouille de l’inconnu. Abruti par le vol et la nuit dans une auberge de jeunesse sordide, je n’ai qu’une hâte, quitter la caricature de ville dans laquelle j’ai atterri la veille, m’enfuir de ce Far West du tourisme. Avant d’accoster sur une jetée prête

à s’effondrer, il a fallu patienter face à la nonchalance de quelques douaniers, puis subir le roulis d’un bateau minuscule au regard des humeurs de l’océan. Pour se rendre sur la seule ville de l’île, il faut encore affronter dans un van à bout de souffle quarante kilo­ mètres d’une piste coincée entre une forêt impénétrable qui dégrin­ gole de la montagne et un trait de côte tout en fractures. Collé à la fe­ nêtre, j’observe la mer sans cesse parcourue d’un frisson où se dé­ clinent toutes les nuances de l’acier,

tour à tour griffée par le vent, balayée par la lumière ou par les grains qui enflent à l’horizon. Quelques témoignages de l’occupa­ tion humaine ponctuent le chemin, un petit chalutier aux couleurs fanées ou quelques vaches ou chevaux s’en­ fuyant mollement à l’approche du véhi­ cule, mais la plupart des constructions sont abandonnées. Missionnaires et chercheurs d’or, privés d’âmes à convertir et de métal précieux, ont lâ­ ché prise au début du siècle dernier, et seuls s’accrochent encore quelques éleveurs et pêcheurs.



« La mer [...] balayée par la lumière ou par les grains qui enflent à l'horizon »


Avant l’homme blanc, trente mille Yagans, navigateurs et nomades se déplaçant d’îles en îles, illuminaient la mer et les côtes de ce bout du monde, faisant ronfler un feu permanent entretenu jusque dans les canots. On raconte que devant cette vision les premiers explorateurs européens nommèrent cette partie du monde « Terre de Feu ».

Aujourd’hui Il reste moins de trente témoins de cette civilisation, malaise devant un minuscule cimetière perdu que les herbes dévorent. Seul l’intérêt géostratégique de l’île justifie encore une présence humaine. La Ville se résume à quelques dizaines de maisons de bois sommaires jetées le long de rues gravillonnées, trois ou quatre bâtiments administratifs, et un Ce peuple qui faisait briller la côte s’est éteint, terrassé pimpant quartier militaire, maisons blanches bien par les maladies importées du Vieux Continent, et alignées, église en surplomb des navires de guerre et rapidement privé de sa principale ressource canons pointés vers l’océan. Je tourne le dos à tout ça, alimentaire et vestimentaire, le lion de mer. et m’enfonce dans la forêt.

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J’avais prévu deux jours de marche plein sud, par genoux ou dans des sous­bois inextricables à la un sentier apparemment balisé, pour rejoindre un recherche du moindre signe pouvant m’indiquer le cabanon construit au bord d’un lac, où plusieurs bon chemin. rivières convergent à moins de quelques kilomètres l’une de l’autre. Ensuite, je m’étais imaginé capable de rallier, en dehors de toute trace humaine, une section de rivière entre le lac et la mer, où je pensais les truites grosses et grasses de leurs allers­retours fréquents avec l’océan. Ça, c’était vu depuis mon ordinateur, la réalité a été un peu différente. Dès le début, je me perds complètement, refusant de croire mon GPS et suivant une vague trace qui m’aura emmené dans une forêt impénétrable. Je rebrousse chemin. J’aurai perdu quatre heures avant de trouver le départ du bon sentier. Epuisé, j’installe un camp de fortune dans un fond de vallée détrempé, à cinq kilomètres de mon point de départ. L’humidité m’empêche de lancer un feu, je Je marche tour à tour dans de profondes forêts où suis mouillé, couvert de boue, et le moral en a pris résonne le ricanement diabolique du Pic de un sérieux coup. Magellan, le long des dizaines d’ouvrages de castors, dans des plaines inondées, sur les rives de lacs de montagnes aux eaux glacées, dominés par les crocs enneigés de la Cordillère de Darwin. L’eau partout, en ruisseau grondant, en rigole, en étang, gorgeant le sol, suintant de la moindre pierre, gouttant du moindre arbre. Dans le ciel, le bleu est trop vite balayé par les nuages de pluie qui semblent tapis derrière chaque montagne, chaque crête, prêts à foncer sur moi poussés par le vent hurlant qui me mord les mains et le visage. Le lendemain, je comprends que la journée précédente n’a été qu’un vague aperçu de la réalité des lieux. Je me suis fixé pour objectif de rallier la cabane, pour ça je dois passer un col de montagne, et couvrir près de dix­sept km. Sous une pluie régulière, puis sur les hauteurs, sous la neige et les grêlons, je m’engage dans ce qui s’avère être un parfait parcours du combattant. Pour cause de castors, le chemin est un enchevêtrement de troncs, au­dessus ou en dessous desquels il faut passer avec le sac de plus de 20 kg. Bien évidemment les divins rongeurs n’ont pas épargné les arbres avec les signes du sentier, que je perdrai des dizaines de fois, errant, de l’eau aux Avril 2013

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Un des nombreux lacs qui constellent la montagne.



Après ce qui m’a paru comme un interminable calvaire, la vallée s’élargit et je pressens le lac tout au fond. Pour en terminer, je traverse une immense tourbière de plus de deux km de long, que je parcours dans un état presque second, titubant, tombant, me relevant couvert de boue et à moitié fou, épuisé, le regard embué par des larmes d’impuissance face à une nature qui semble m’aspirer en son sein. Enfin, je longe les méandres d’une rivière, et blotti contre une colline, cerné d’arbres, le doux refuge. Quelques planches de travers, des plaques de tôle en guise de toit, mais un merveilleux, un superbe, un inespéré poêle à bois !

suprême ! », de vêtements secs.

Après avoir dégringolé les montagnes en bouillonnant, les rivières paraissent à l’approche du lac, semblant regretter de s’y jeter. Elles méandrent en immenses boucles au milieu d’un paysage de tourbières, de barrages de castors et d’arbres morts. Le lac, lui, est immense, rythmé par des chapelets d’îles couvertes de forêts. De ma cabane, je pouvais rejoindre trois rivières à moins de deux heures de marche. Toutes présentaient des estuaires bien dégagés, propices à la pêche, tandis qu’en les remontant, les arbres morts, la végétation rivulaire et les ouvrages de castors rendaient cette dernière beaucoup plus J’ai trouvé mon Hermitage, tant pis pour la section technique et difficile. de rivière entre le lac et la mer, pour laquelle il aurait fallu repartir pour plusieurs jours de bivouac. Une de ces rivières drainait une vallée merveilleuse Je prospecterai autour de ma douce cabane, ayant où je n’aurais pas été étonné de croiser quelques pris la mesure de l’âpreté de la nature qui dinosaures tant l’amplitude du paysage, la m’entoure. Je m’effondre pour dix heures de luxuriance de la végétation et la violence des truites sommeil après m’être vêtu, « oh bonheur ramenaient aux temps premiers.

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J’ai touché trois espèces de poissons dans ces eaux : ­ des peladillas (Aplochiton Taeniatus), poissons en­ démiques d’Amérique du Sud, au corps gris bleu et ­ des truites arc en ciel, une souche superbe et très entièrement lisse, morphologiquement pas très colorée. Toutes avaient un point orange sur le haut éloigné du hareng. Pas bien gros mais très bagar­ de la dorsale, certaines étaient presque bronze, reurs. voire olive.

Les poissons faisaient entre 35 et 50 cm, peut­être un peu plus pour certains spécimens, les peladillas ne dépassaient pas les 25 cm. J’ai pris quelques ju­ véniles en remontant les rivières. De toute évi­ dence, il doit y avoir de plus gros sujets qui remontent du lac à l’automne, et j’en aurais très certainement rencontrés sur le secteur à l’aval du lac si j’avais eu le courage de m’y rendre. Les deux tiers des poissons que j’ai touchés l’ont ­ des saumons de fontaine, poisson à la robe somp­ été en pêchant au streamer. tueuse, le dos sombre et marbré, les flancs vermillon, des ocelles bleues et jaunes, d’énormes En lac, je pêchais avec de grosses imitations (hame­ nageoires ourlées de blancs et surtout cette gueule çon 4 voire 2) et une pointe plongeante, en privilé­ et ces yeux noirs d’encre qui leur donnent un air giant les zones potentielles de passage des rageur et furieux. poissons, les enrochements, les cassures. En rivière j’ai mis un peu de temps à comprendre les tenues des truites. Je me suis d’abord focalisé sur les berges, avant de réaliser que les poissons étaient sous les herbiers et regardaient plutôt vers le milieu de la rivière. Sur les portions rapides, je pêchais un peu comme en roulette, en conduisant de petits streamers très plombés dans les veines d’eau, le long des obstacles, dans l’attente de la décharge qui allait m’arracher la soie ou d’un simple arrêt de la dérive. De manière générale, les attaques étaient franches et violentes. Malgré cela, j’ai loupé ou décroché un nombre incalculable de poissons, surtout sur les portions rapides. Avril 2013

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Bijou du bout du monde.



Salmonicus fontinalis la beautĂŠ brute.


A noter qu’arcs et saumons ont des défenses très distinctes. Les arcs n’hésitent pas à bondir plusieurs fois hors de l’eau, et enchaînent les accélérations soudaines. En revanche, les saumons de fontaine offrent une résistance toute en puissance, tentant à tout prix de garder le fond. Quelle que soit l’espèce, les poissons m’ont proposé une défense sauvage et puissante, à croire que l’isolement ne leur a pas ap­ pris les bonnes manières ! J’ai également pu pêcher presque tous les jours en sèche, ce à quoi je ne m’attendais pas forcément. Je me suis mordu les doigts de ne pas avoir pris ma boîte de mouches pour les rivières françaises. Tcher­ nobyl, sauterelles et autres cigales étaient hors d’échelle au vu des éclosions. En rivière, de tout petits éphémères sombres dé­ rivaient lorsque les fins de journée étaient calmes et lourdes, mais ne semblaient pas intéresser les pois­ sons. De temps en temps, j’observais un gobage sporadique, et en général, un gros criquet n’était pas refusé. Lorsque je relis mes notes, je me rends compte que je n’ai quasiment pas pu sortir un pois­ son de la rivière en sèche_! Tous les poissons ainsi pris étaient des arcs qui m’ont offert un véritable festival de cabrioles en tout genre, clos presque systématiquement par un décroché. En lac, le matin, lorsque le vent n’était pas encore levé, j’avais de bonnes chances d’assister à des re­ tombées massives de bibios. Le lac était alors cou­ vert de gobages. Presque systématiquement il

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s’agissait de saumons de fontaine. Les poissons étaient parfois à moins d’un mètre du bord, dans trente cm d’eau ! J’ai passé quelques moments exaltants, dans l’eau au­dessus de la ceinture, à plus de cent mètres de la rive (les berges étaient la plupart du temps en pente douce et sablonneuses), entouré de gobages, à ten­ ter de leurrer avec des imitations de sauterelles des poissons marsouinant sur des petites mouches noires! J’ai connu quelques échecs cuisants mais quel bonheur lorsque l’imitation disparaissait dans un remous… Chaque poisson pris m’apparaissait comme un tré­ sor, un don de ce bout du monde isolé de tout. Lorsque j’étais lassé de la pêche, que le vent gron­ dait trop, je me couchais parmi les fleurs et les mousses, attentif à ne pas perdre une miette des moments uniques que je vivais.


Parfois, le vent façonnait un arbre à la façon d’une estampe japonaise, d’autre fois, je me perdais dans l’observation du couvert végétal de la tourbière. Mousses, lichens, fougères, fleurs, rivalisant d’abon­ dance et de beauté pour couvrir le sol d’un manteau organique, tapis mouvant sous le pied du marcheur. Partout autour de moi, les oiseaux, petits canards siffleurs, toujours soucieux de leur portée, grèbes et grands cormorans, concurrents sur les meilleurs

coins de pêche, saluant mon arrivée de leur lourde envolée ou d’un cri rauque, et des centaines de pas­ sereaux, multicolores et vifs, dont le gazouillis mar­ quait l’arrivée du soir. Un matin, j’ai tourné le dos au lac, ajusté mon sac, et suis parti vers la montagne. Longtemps j’ai regardé en arrière, jusqu’à voir au loin l’Archipel du Cap Horn, comme un appel à aller encore plus loin la prochaine fois. C’est de retour en France, en serrant ma femme dans mes bras à l’aéroport, en écoutant les amis, les collègues, dont certains pensaient assez sérieuse­ ment ne pas me revoir, que j’ai pris la mesure de l’aspect un peu fou de ce périple. Pourtant, jamais je ne me suis senti en danger. J’ai franchi un cap, celui de la prise de conscience qu’il est relativement facile de rompre les amarres et de partir au gré du vent. Mais je dois reconnaître que l’exercice de la solitude a été particulièrement éprouvant, sans doute le prix à payer pour contempler le spectacle de la beauté du monde. Avril 2013

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Estampe japonaise.




Jacky Boileau. par Patrick FAURE.

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Vienne où tous les trois (avec Alain avec qui il partageait ses « sessions saumon »), nous nous installions sur le même plat en attendant que les ombres montrent le bout du nez. Malheur à qui loupait un poisson, car « ça Nous devions évoquer la proche retraite de Jacky chambrait dur ». (en juillet de cette année) et le passage de relais qui était en train de s'opérer entre lui et Christophe. Le Le plus impressionnant est que c'était un pêcheur Destin en a décidé autrement. Jacky est décédé le complètement éclectique. Le saumon était sa grande passion mais il faut voir le plaisir qu'il 17 février d'une crise cardiaque. prenait à leurrer les truites du Plateau ou du La veille, en plaisantant , il avait demandé à réservoir, les ombres, les aloses ou encore les Christophe la « permission » d'aller à la pêche. Cette mulets. sortie au réservoir avec Daniel, fut hélas, la dernière Voici quelques photos en souvenir de lui. Sûr que de sa vie. plus d'un pêcheur pensera à lui en arpentant les Tout le monde connaît les cannes qui ont fait sa rives des rivières Limousines. réputation, beaucoup ignorent quel pêcheur La plus belle phrase qui puisse nous rester en exceptionnel il a été. mémoire est celle de son épouse et de ses filles : J'ai commencé à pêcher avec lui dans les années 90. « le malheur de l'avoir perdu ne doit pas nous Je me souviens encore de ces coups du soir sur la faire oublier le plaisir de l'avoir connu ».

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et article était prévu de longue date. En préparant mes questions, il y a quelques semaines, je ne pensais pas le réaliser dans ces conditions.


La reprise du flambeau Depuis quelques mois, Christophe a repris l'activité de Jacky. Certains on déjà fait sa connaissance car ils étaient ensemble au salon de Paris. Depuis un an environ, Jacky lui transmettait son savoir. Christophe avait déjà monté des cannes mais il lui fallait connaître les particularités de chaque modèle de la gamme Boileau. Les blanks sont là :

Les cannes en cours de montage ou réparation (Christophe effectue aussi les réparations de toutes sortes de cannes) sont sur le râtelier. L'oeil est aguerri, le geste est sûr . Avril 2013

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Billes nymphe noires

par Spent82.

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es billes laiton existent en 3 coloris : noir / cuivre / chrome.

8 tailles sont disponibles : 1mm / 1.4mm / 1.7mm / 2.5mm / 3mm / 4mm / 4.5mm / 5.5mm Le test porte sur les billes de couleur noires en taille 2.5 et 3mm. Le produit présenté sous pochette plastique, est composé de 10 billes usinées dans la masse, évasées d'un côté et échancrées de l'autre. CONCLUSIONS : UTILISATIONS : Produit parfaitement calibré, ces billes permettent de monter des nymphes assez légères, sur des hameçons H14 et H16 standards ou courbés.

Il s’agit là d’un produit bien adapté et bien proportionné pour le montage des nymphes sur des hameçons H14 et H16. Le poids des billes permet de faire des nymphes à la coulée assez rapide. Il aurait peut­être été judicieux de penser à une autre possibilité de conditionnement. 10 billes par sachet, pour certains monteurs « fous », ça fait un peu juste… Les + du produit: ­ La gamme de couleur et de taille permet de couvrir toutes les situations. ­ La régularité de l’usinage, des diamètres, des perçages. ­ Utilisation et mise en œuvre a la portée de tous. Les moins du produit: ­ le nombre de billes (10) par pochette. Unique conditionnement.

Le perçage des billes est bien adapté aux tailles des hameçons « forts de fer ». Acheter en ligne les billes Nymphe­lest JMC L’échancrure à la base de la bille permet un blocage aisé avec la soie de montage. La brillance des billes noires est intéressante pour relever des montages sombres. Les billes sont homogènes, régulières, que ce soit en coloris, en diamètre extérieur ou en diamètre de perçage. Les perçages sont réalisés bien perpendiculairement à l’usinage de la collerette. Les diamètres et le poids sont conformes aux tailles annoncées. Les possibilités de montage restent classiques, cependant, je trouve que le coloris noir donne une palette supplémentaire de montage par rapport aux couleurs « standard » des billes laitons.

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Les confessions romancées d’un pêcheur mythomane

La Dame de Saint Ursanne Partie 2

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par BleuVague.

’apéritif fut mené grand train, vin jaune Château­Chalon cuvée de l’abbé, planchette garnie d’une Pachon au marc du Jura rele­ vée à l’ail des ours, une gentillesse pour se mettre en bouche ! Marcel finit de se présenter, il pêchait depuis l’aube de ses temps. Entre deux ron­ delles de Pachon, il confessa même avoir mené à l’épuisette sa première carpe bien avant l’abandon des couches. Il était un pêcheur né comme avant lui son père, son grand­père et tous ses nobles aïeux. Ces gens­là savaient attraper du poisson depuis la création du bambou et, à écouter Marcel, c’était eux, les Jovignot, qui l’avaient inventée : la pêche. Sauf que, d’aussi loin que remontait cette illustre li­ gnée, elle avait été l’innocente victime d’une ter­ rible malédiction. –– Comme je vous le dis ! Mais juste entre nous, avait avoué Marcel tout haletant, le doigt pointé vers le ciel pour prendre à témoins Dieu et tous ses Saints, jamais, au grand Diable jamais encore, un Jovignot n’avait « chopé » d’ombre ! Le mauvais œil, rien d’autre, avait­il lâché avant d’être interrompu par l’arrivée de la serveuse. Elle déposa devant nous trois assiettes où trônaient majestueuses, trois saucisses de Morteau toutes fumantes, accompa­ gnées d’un charmant gratin de pommes de terre au Comté et de quelques petits légumes pour faire bonne figure, rien de tel pour oublier « malédic­ tion », «mauvais œil » et je ne sais quoi encore… ! Durant le repas, on parla : repas ! Bertrand a tou­ jours eu l’art de discourir d’un unique sujet lors­ qu’il mange : la nourriture. Non content de se suffire à l’absorber, il aime en disserter. En Casano­ va des fourneaux, il livre, impudique et sans com­ plexe ses nombreuses expériences. Il en va d’un haut de cuisse rôti à la braise, en passant par les dessous d’une tarte farcie de fruits exotiques. Sans oublier, bien entendu, ses moules normandes que l’on caresse de crème et peut­être aussi, ses petites poires voluptueuses fermes au toucher, mais si sa­ voureuses quand elles vous fondent dans la bouche. Des histoires comme celles­là Bertrand doit en avoir, en réserve, une pour chacun des repas qu’il

lui reste à faire et que le ciel m’en soit témoin, cet homme­là finira vieux, très vieux ! Bertrand nous raconta, ou plus précisément énu­ méra, les innombrables manières d’accompagner dignement une saucisse de Morteau : avec des len­ tilles, avec des pommes cuites au four, avec du lard, avec… Marcel entre deux bouchées buvait libérale­ ment les paroles de Bertrand et moi, tout simple­ ment je savourais l’instant ! Puis vient le tour du dessert ! Pas grand­chose, juste trois tartes aux pommes mariées à une glace vanille faite maison, un pur délice. Une fois le dessert en­ glouti pour certains, dégusté pour d’autres, les choses sérieuses purent reprendre. Bertrand nous envoya chercher nos boîtes à mouches, histoire de dresser un état des lieux. Comme deux gamins désireux de satisfaire leur maître d’école, Marcel et moi avons bondi sur nos gilets de pêche pour y cueillir nos trésors secrets. Ouvertes en grand sur la table entre les cafés et les petits verres d’Armagnac (cadeau du patron), cinq boîtes remplies à ras bord de mouches subissaient l’examen de passage par l’œil averti d’un Bertrand devenu subitement aussi sérieux qu’un apothicaire. Après un silence de funérailles, le verdict tomba aussi sec que la guillotine : –– Aucune chance Messieurs ! Ce que vous avez là peut éventuellement tromper une truite, mais il est question ici de Thymallus thymallus et avec ça… Il désigna les boîtes à mouche d’un rapide mouve­ ment du menton, attitude de dédain qu’il accompa­ gna d’un profond soupir, avant de répéter laconique : –– Aucune chance ! Même avec un spécimen en grève de la faim depuis trois saisons, vous n’aurez pas le moindre petit début de chance ! Marcel parut complètement dépité, à l’image d’un condamné venant d’apprendre l’heure de sa sen­ tence. Connaissant Bertrand et la manière toute personnelle qu’il avait d’exagérer les choses, j’es­ sayais de sonder ses yeux pour en apprendre d’avantage. Mais leur bleu glace ne reflétait qu’une chose : la vérité. Avril 2013

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J’avais passé des soirées entières crispé sur mon étau, mais sans l’ombre d’un doute, j’avais échoué ! Etait­ce cela l’inconnue de mon équation, une simple question de mouche ? Bertrand semblait réfléchir. Alors ni Marcel, ni moi n’osions prendre la parole, nous nous regardions en coin attendant que l’un ou l’autre prenne l’ini­ tiative. –– Allons bon Messieurs, vous n’allez tout de même pas vous mettre à pleurer ! Vous avez des mouches à truites, qu’à cela ne tienne, un petit tour du côté de Saint Ursanne et vous aurez des mouches à ombre. –– C’est qui c’te Sainte Ursanne ? Une nonne ? J’aime pas bien trop les couvents moi, mais si la religieuse a le pouvoir de transformer les mouches… Lâcha Marcel qui, mû par la curiosité, venait de rompre notre mutisme. –– Pas qui mais où ! Corrigea Bertrand. Saint Ur­ sanne est une petite bourgade sur la rive suisse et il y a là­bas un détaillant d’articles de pêche ou de­ vrais­je dire un orfèvre en la matière. Chez les Hel­ vètes, ce type est un mythe, une sorte d’oracle qu’on vient consulter quand plus rien ne marche, et je vous promets qu’on vient de très loin. Il faut le voir pour le croire… S’il t’a à la bonne, quand il te dit « Aujourd’hui c’est cette mouche ! » en te montrant une espèce d’imitation que tu ne verras jamais ailleurs, ne te pose alors plus aucune autre question. Tu noues à ton bas de ligne ladite mouche, et de la Goule à la borne frontière de Bré­ moncourt, tu vas taper à en avoir des crampes au poignet. Le plus incroyable dans l’histoire, c’est qu’en aval de cette borne, plus rien ! Les poissons refusent la mouche, comme si l’enchantement s’évaporait, dilué dans l’eau. En résumé, le pouvoir du type est certain, mais géographiquement locali­ sé ! De surcroît, Messieurs, vous allez vous réjouir au moment où je vais vous annoncer le plus beau : en plus d’être médium, le sorcier de Saint Ur­ sanne est un spécialiste incontesté et incontestable dans l’art et la manière de pêcher l’ombre. Marcel ouvrait de grands yeux dont les pupilles s’étaient dilatées, sorte de réponse hypnotique aux propos de Bertrand. –– C’est loin d’ici ce bled ? Faut l’VISA pour la Suisse ? –– Non l’ami, une MASTERCARD suffira, répondit Bertrand tout sourire. Remballez vos affaires on y va, conclut­il en se levant d’un bond.

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Sur les 35 kilomètres qui nous séparaient de la ville promise et de son mage, Bertrand nous en révéla un peu plus sur cet « imprévisible » des rivières. Se­ lon lui, l’ombre avait ses goûts et ses couleurs, un peu à la manière d’une femme, impossible de lui re­ filer du toc, il préférait de loin l’ostentatoire au doux plaisir de la simplicité. Il nous raconta même qu’au siècle passé, dans les années quatre­vingt­dix, un type avait créé une collection de nymphes « haute couture » rien que pour l’ombre et croyez­ moi si vous le voulez mais ces petits bijoux étaient coulés dans du métal précieux, de l’or aux dires de Bertrand. Je n’ose imaginer le prix de la chose ! –– Et ça marchait, ces bidules en or ? Demanda Marcel qui m’ôta littéralement les mots de la bouche ! –– Cela dépend pour qui ! Répondit Bertrand amusé ! Au début, les ombres ont trouvé ça marrant qu’on les gave à coup d’or 18 carats, mais très vite ils ont fini par juger ça trop dur à avaler ! Pour les marchands de monts et merveilles l’affaire a été ju­ teuse. Ils ont entretenu la légende un bon bout de temps, histoire de faire tinter le tiroir­caisse. Ils ont chanté à qui voulait l’entendre qu’on avait décou­ vert l’aimant à ombre, une formidable arme de destruction massive ! Tenez, ajouta­t­il, je me souviens même d’un article paru à cette époque, dans une revue halieutique des plus sérieuses et si­ gné d’une grande plume. Un plaidoyer sincère condamnant avec véhémence ce nouveau fléau pour l’ombre. L’effet fût immédiat ! Plus possible de trouver la moindre nymphe en or. –– Belle prise de conscience, dis­je ! –– Gros naïf, me rétorqua Bertrand moqueur ! Les tiroirs caisses ont sonné comme jamais, j’en ai en­ core les oreilles qui sifflent… Pensez­donc, tous les viandards de l’hexagone se sont rués sur la mitraille, question d’arroser l’ombre en bonne et due forme ! Plus besoin même d’un fouet ! Une bonne canne en fibre de verre montée pour le brochet, un gros plomb et l’affaire devait se faire ! Sauf qu’un ombre a un peu plus de jugeote que le viandard moyen. Je les entends encore rire d’ici nos chers Thymallus thymallus en voyant toutes ces richesses leur pleu­ voir sur la gueule. Jusqu’alors on les appelait les poissons d’argent, et voilà qu’ils venaient par miracle de prendre de la va­ leur. Un vrai délit d’initié…


Marcel riait de bon cœur. Moi, j’imaginais la scène en me demandant s’il serait lucratif de ratisser le fond des rivières à la recherche de tout cet or en déshérence ? On entre dans Saint Ursanne en passant un pont à quatre arches qui enjambe fièrement le Doubs. Si l’idée vous prend de vous arrêter en son milieu vous y remarquerez assurément deux choses. Pour les plus pieux d’entre vous, dont je suis certain qu’ils sont fort nombreux : la statue de Saint­Jean Népomucène protecteur du lieu. Pour les autres, les indisciplinés, ceux pour qui la vue d’une rivière est synonyme de jouissance, et qui, pauvres pêcheurs, ne peuvent résister à la tentation d’y jeter un œil concupiscent « au cas où… » : une bande de che­ vesnes remarquables tant par le nombre que par la taille des spécimens qui la composent. Cette coloca­ tion de poissons a élu domicile à l’année légère­ ment en amont de la deuxième arche. –– Nom de Diou, ne put s’empêcher Marcel au passage du pont. Et croyez­moi ce n’est pas la ren­ contre avec la statue de l’homme d’église qui arra­ cha son blasphème à notre nouvel ami ; statue qu’il n’avait du reste, très clairement pas dû apercevoir. Mais c’est à notre bande de chevesnes qu’il avait dé­ dié son juron ! –– Z’avez vu les monstres ? Ils les nourrissent au grain ou quoi… ? C’est pas bien catholique des bêtes pareilles ! Il me tira par la manche pour me prendre à témoin. Non mais regarde, je te jure même en Dombes on n’en a pas de comme ceux­là ! Je fus dans l’obligation de pousser Marcel qui, plan­ té sur place comme envoûté, donnait l’illusion de ne plus jamais vouloir bouger d’un pouce. Quant à Bertrand, en habitué du coin, il était passé sans sourciller, et s’engageait déjà dans la ville. Une fois le pont franchi, vous faites face à une im­ pressionnante porte, qu’il faut traverser pour péné­ trer dans la cité fortifiée. D’un coup le XXIème siècle s’oublie quelque part dans les arcanes du temps, vous voici plongé en plein Moyen­Age. Sur la gauche, pointe une collégiale où se marient les styles roman et gothique. Lui faisant face, sur votre droite, une rangée de maisons typiquement médié­ vales, dont une abrite un café­restaurant à la ter­ rasse de charme. Puis, la rue principale amorce un virage et se prolonge pour finir par buter contre une autre porte marquant la fin de la Saint Ursanne historique. Bertrand s’était arrêté entre les deux portes de la

ville, à une centaine de mètres des murs de la collé­ giale devant une échoppe où étaient parquées deux grosses berlines allemandes. Il nous fit signe de la main. Je m’étonnais de le savoir amateur de puis­ santes cylindrées, lui qui demandait principalement à une voiture d’être capable de l’emmener à la pêche quel que soit le terrain et, chose ô combien importante, d’être assez longue pour recevoir une 9 pieds entièrement déployée. Je pressais le pas pour le rejoindre. Derrière moi, Marcel suivait tant bien que mal, tout en marmonnant dans sa moustache. Je percevais çà et là quelques bribes de phrases dont le sujet récurrent était la taille des chevesnes qui pataugeaient sous le pont. Arrivé à la hauteur de Bertrand, intrigué, j’exami­ nais les plaques minéralogiques des deux véhicules où je lus immédiatement un D majuscule pour Deutschland, suivi d’une série de trois lettres : OAL. –– Dans l’Ostallgäu à la frontière du Tyrol ! Quand je vous disais qu’on venait de loin… Ponctua Ber­ trand à notre adresse. Au­dessus de nous, se balançait doucement en grin­ çant une vieille enseigne en fer forgé représentant un poisson que de mémoire je n’avais encore jamais vu. –– C’est le roi du Doubs, ou l’arpon si vous pré­ férez. Un poisson devenu tellement rare que d’en apercevoir un est le présage de bonne fortune ! Ex­ pliqua Bertrand. –– Ils sont vraiment mystiques dans la région ou c’est juste une impression ! Ne pus­je m’empêcher de constater. –– Et tu n’as encore rien vu mon ami… Ils ont été longtemps isolés par ici, alors ceci explique certai­ nement cela. A côté de la porte, une fenêtre en arc, au travers de laquelle on devinait un établi où régnait un im­ mense chaos. Attiré, je m’approchai pour mieux voir. Là, juste derrière la vitre se tenait un vieil homme perdu dans un brouillard de fumée, en pleine discussion. Il me vit et me sourit avec cha­ leur. Bertrand poussa la lourde porte en bois massif puis entra, suivi de Marcel et moi qui fermais la marche. Un voyage ! Nous venions de glisser vers une di­ mension inattendue, bien loin du monde réel. Certes, l’endroit était sombre et démesurément pe­ tit mais n’importe quel pêcheur à la mouche aurait deviné sur le champ qu’il venait d’atterrir au paradis. Marcel ne savait plus où donner de la tête. Avril 2013

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Quant à moi, j’avais le vertige tellement il y avait de choses à voir. Nous étions devenus deux gosses in­ vités dans la salle de jeux du Père Noël. Dans les boutiques que j’avais jusqu’alors fréquen­ tées, hormis peut­être celle de L’ami du Moucheur (lire le kit Décathlon), tout y était ordre, discipline et rigueur, rien jamais ne devait dépasser, même pas d’un poil de chevreuil. On y pensait « marketing », « packaging », « merchandising » bref, des tas de « things » en « ing »… On vous vendait la peau des fesses, un pauvre bout de peau de chamois. C’est tout juste si vous deviez payez le cul­de­canard à la pièce. Et je ne m’explique pas encore pourquoi les queues de faisans devaient systématiquement subir d’horribles mutilations avant d’être mises en rayon dans des paquets toujours trop petits. Ici, tout avait un autre goût. Les matériaux destinés au montage des mouches parsemaient le moindre espace libre. Dans cette caverne d’Ali baba, on avait tout jeté pêle­mêle pour le seul et unique plaisir des fouineurs. Quand le propriétaire vous cédait une peau de chamois, il s’agissait de la bête dans son entier, de quoi monter des mouches en cervidé pour le reste d’une vie. Les Jurassiens ont inventé les imitations en crou­ pion de canard, la preuve formelle de cette affirma­ tion était scellée entre ces murs. Il y avait en effet ici, un choix quasi infini en matière de cul­de­ca­ nard, de la taille de la plume, en passant par l’épais­ seur de son rachis, sans oublier bien entendu la multitude de ses coloris. Les emballages fourrés de cul­de­canard pouvaient dépasser allègrement les 50 grammes autant dire un nombre colossal de plumes. Exit les queues de faisans ayant été victimes d’une amputation mercantile. Dans cette cour des mi­ racles, les plumes quelles qu’elles soient avaient leur taille d’origine. Voici qu’au hasard d’un monti­ cule, je vis pour la première fois de ma vie des cous de coq entiers «Whiting Farms Gold » et qui plus est dans des teintes que je n’avais même pas encore osé rêver. Et, au beau milieu de la montagne d’à cô­ té, c’était des lancettes longues comme l’avant­bras. Perdu sur une étagère, un cou du Léon accompagné d’une valise débordant de plumes de « pardo ». Au­ cune indication de prix ! Pour cela, il fallait s’adres­ ser au maître de ce royaume qui fixait le cours des valeurs à la sympathie qu’il vous portait.

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A partir de ce jour­là, je suis retourné fréquemment dans cet Eden du moucheur et toujours avec un plaisir tout enfantin. Il y a deux ans, une liste de fournitures de plusieurs pages en poche, j’arrivai au pied de la boutique tout excité. Ma surprise fut à la taille de ma déception : immense. A la place du marchand de Graal se tenait une boutique de bijoux. De vous à moi, j’en ai pleu­ ré et c’est encore le cœur gros que j’y repense au­ jourd’hui ! –– Bonjours Hans ! Lança Bertrand interrompant sans gêne la conversation que le vieil homme entre­ tenait avec deux grands gaillards blonds comme les blés. –– Ach… Bertrand mein freund , quel bon vent t’amène à moi ? Répliqua Hans avec un accent aux consonances teutonnes. Je prends congé de mes deux visiteurs venus de loin et je suis à toi… Je veux dire à vous ! Ajouta­t­il en nous regardant Mar­ cel et moi. Il continua à parler dans un allemand parfait en même temps qu’il encaissait les deux hommes char­ gés comme des mules. Au vu des billets passant d’une main à l’autre, j’ai pensé que Hans venait de faire son mois… Il raccompagna les deux clients vers la sortie et les salua amicalement d’une tape dans le dos. –– Ach, ces Allemands, il faut toujours qu’ils foutent leurs voitures au beau milieu de la rue, au­ cun sens civique, vous ne trouvez pas ? –– Ha ça m’sieur, pour sûr, affirma Marcel en étouffant un début de fou­rire. Chez nous, les Fran­ çais, le sens civique c’est notre seconde nature. –– T’es pas Allemand Hans ? Je l’aurais pourtant juré ! S’étonna Bertrand. –– Gott Nein, nein ! Et ne jure pas mécréant ! Je suis né dans le canton d’Obwald, mais ma mère était Alsacienne. –– C’est tout comme le petit­là, et il me désigna du doigt, moitié Munster moitié Gruyère, une drôle de fondue. –– Et tu as fait tout ce chemin pour me parler fro­ mage ? –– Bien sûr que non … Bertrand nous présenta tous deux à Hans et lui ex­ posa la raison de notre venue. Dès qu’il prononça le mot ombre, le vieil homme devint plus attentif et finit par s’asseoir devant un étau qu’il avait dû fabri­ quer lui­même.


Je restai là, l’observant, fasciné par le travail de ses doigts qui se jouaient des fils et des plumes de croupion de canard avec la grâce d’un violoniste à son archet. Le mouvement était rapide et sûr sans que jamais la moindre hésitation ne vienne gâcher l’harmonie. De ses gestes, transpirait toute l’expé­ rience des longues années passées, le dos plié sur son établi faisant face à la fenêtre, répétant inlassa­ blement ses gammes pour se rapprocher au­ jourd’hui de l’excellence. Peu à peu naissait entre ses mains une œuvre d’art. Il me la tendit. Je la pris, presque hésitant, tâchant d’être le plus doux pos­ sible par peur de l’abîmer. Il devina ma réserve et me dit rassurant toujours avec cet accent guttural : –– Faut y aller, c’est du solide ! Même une fois reti­ rée de la bouche d’un ombre, elle te servira des tas de fois encore. Ce genre de mouche n’a qu’un en­ nemi : les branches d’arbres. Je la fis tourner entre mes doigts, la contemplant avec tout le respect que l’on doit à une création d’artiste. –– Quel nom donnez­vous à cette merveille ? –– Eh bien, mon gars, répondit­il en s’amusant de ma question, une mouche à ombre, tout simple­ ment ! –– Mais elle n’a pas un « petit » nom de baptême, insistai­je ? Il haussa les épaules, pour toute réponse. Baissant les yeux, je continuai à regarder ce magni­ fique bijou. Il s’en dégageait quelque chose de féminin, une pureté, une sensualité à la limite de l’érotisme. La générosité de ses formes était bien loin des standards actuels. Cette mouche était une femme mûre consciente de ses charmes et em­ prunte de sagesse. De ces maîtresses qui offrent aux hommes bien plus que de chastes baisers, de celles qui peuplent vos souvenirs pour une vie entière. Alors comme soulevé par une révélation, je lâchai d’un trait : –– La Dame de Saint Ursanne. Tout se résumait là, dans ces quelques mots. D’abord songeur, je vis se dessiner sur le visage du vieil homme un sourire d’approbation. Le plus incroyable allait venir, il réussit l’impossible exploit de refaire à l’identique sept fois la même mouche, sans qu’il fut possible d’y distinguer la moindre différence entre la mère et toute sa descendance.

Imaginez un peu Picasso faire sept copies, si par­ faites, de ses baigneuses que même un expert ne puisse y voir que du feu. Inimaginable pour quel­ qu’un comme moi qui est tout bonnement inca­ pable de faire deux mouches avec, ne serait­ce, le moindre petit embryon de ressemblance. Il plaça, dans une petite boîte transparente, la di­ zaine de mouches qu’il venait de terminer en me soufflant : –– Ce sont les mouches qu’il vous faut jusqu’à de­ main soir. Des Dames de Saint Ursanne comme vous le dites si bien ! Un large sourire, laissant entrevoir le piteux état de sa dentition, vint se peindre sur son visage buriné. Sur le mur, derrière Hans, une photographie enca­ drée attira mon attention. Je reconnus sans peine l’endroit, il s’agissait du Pré Bourassin à Goumois. Sur l’image prise d’assez près, je remarquai la pré­ sence d’un cygne blanc. La bête me troubla, comme lors d’un sentiment de déjà vécu. Cet animal res­ semblait étrangement à celui que j’avais aperçu quelques heures auparavant ! (voir partie 1 gobre­ vue n° 7) Certes, rien ne correspond plus à une cygne blanc qu’un autre cygne blanc. Mais celui­là avait quelque chose dans sa physionomie qui lui était propre ! Son apparence peut­être, qui parais­ sait plus fière encore qu’un cygne commun, une allure de prince. Si ce n’étaient les couleurs jaunies, délavées par le temps, j’aurais pu parier que cette photo avait été prise pas plus tard qu’hier ! –– De quand date cette photo ? –– Pourquoi ? –– Je ne sais… pas ! Je suis juste intrigué par le cygne ! Marcel regarda la photographie et marmonna : –– Il est pas bien gras le volatile. Puis se détourna tant il était absorbé à admirer tout ce qui l’entou­ rait. –– 1985…! Hans surprit mon étonnement et il me fit un clin d’œil comme si nous partagions un grand secret. Au même instant, j’eus l’incroyable sensation que le cygne sur la photographie me fixait du regard. Fal­ lait­il y voir l’écho d’une promesse ? Fin de la 2ème partie Avril 2013

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Eloge du minimalisme, tentative pour rassurer les débutants

par Alexis GANTE.

Les différents forums de Gobages voient passer régulièrement les mêmes questions, qui tournent autour du souhait de connaître la mouche qui marche, au bon moment, au bon endroit. Dans le même temps, je constate le trouble des débutants, qui se manifeste soit par des questions existentielles sur la composition d’une bonne boîte pour démarrer, soit par une tendance compulsive à monter toutes sortes de modèles divers et variés, avec comme traduction fréquente au bord de l’eau le sentiment frustrant de ne jamais disposer de la bonne mouche, malgré des boîtes bien garnies. On sent parfois poindre une réelle angoisse chez certains, au point de considérer que faute de réponses de la part des autres gobnautes, la réussite de leur prochaine partie de pêche ou de leur séjour pourrait en être altérée ! Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’une mouche ne pêche jamais aussi bien que sur ou dans l’eau, et que rien ne remplacera la phase d’observation préalable à toute partie de pêche, l’analyse des éclosions, de la microfaune sous les pierres, et du comportement alimentaire des poissons. Cette réponse un peu facile aux angoisses de mes confrères moucheurs ayant été énoncée, il n’en reste pas moins légitime que ces questions ressurgissent régulièrement, surtout quand elles sont le fait de personnes débutant la pratique de la pêche à la mouche. L’abondance d’informations disponibles rapidement grâce à Internet, rend paradoxalement très complexe la constitution d’une boîte « de base ». L’évolution de la société et des moyens d’information mis à notre disposition amène à une culture du zapping qui nous éloigne parfois du conseil avisé des gens rencontrés au bord de l’eau, dans les clubs ou chez les guides. Et puis en matière de « mouches qui marchent », chacun a sa petite idée sur la question et la lecture d’une même discussion sur un forum amène souvent à constater qu’en matière de pêche à la mouche, tout et son contraire peut être affirmé avec le plus grand sérieux et la plus intime conviction ! J’y vois pour ma part une bonne nouvelle, il n’existe pas de vérité universelle et c’est tant mieux !

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Le texte qui va suivre n’a donc absolument pas l’ambition de valoir force de loi. Il se base sur une pratique empirique, la mienne en l’occurrence, et le constat que je souhaite adresser comme un signe d’espoir aux débutants qui peuvent nous lire (il faut m’imaginer asséner cette phrase une pipe à la main, devant un feu de cheminée, ça donne plus de corps à l’histoire) : « Plus les années passent, et plus la diversité de mouches présentes dans ma boîte à diminué, alors que dans un mouvement inversement proportionnel, le nombre et la qualité de mes prises ont augmenté ». Mon postulat est le suivant : Avec trois mouches sèches et trois nymphes, déclinées en différentes tailles et couleurs, il est possible de faire face à 90% des situations de pêche. Il est entendu que ce postulat s’entend pour les espèces les plus couramment recherchées à la mouche, à savoir les salmonidés et les cyprins d’eaux vives. Les carnassiers méritent qu’on y consacre d’autres articles, même si je vous fais d’emblée cet aveu, je ne pêche sieur Esox qu’avec deux modèles de mouches … Avant de rentrer dans le vif du sujet et de livrer à vos pupilles dilatées par la curiosité les six modèles en question, je tiens ici à préciser que je ne me fais le héraut d’aucune école. J’ai le plus profond respect pour les acharnés de l’étau, les défenseurs de la mouche ultra réaliste ou les passionnés de diversité (si vous souhaitez disposer de mouches à tarpon dans votre boîte quand vous allez pêcher la truite, et si ça vous rassure, je n’y vois absolument rien à redire). Je suis d’ailleurs un grand consommateur des blogs et sites de passionnés de montage, et je m’inspire régulièrement des idées de chacun. Il reste de toute manière dans mon postulat 10% des situations de pêche pour que vous puissiez laisser libre cours à votre créativité débordante ou à votre don pour reproduire ce que vous avez pu voir à droite et à gauche, ou bien encore pour monter n’importe quoi en priant je ne sais quelle divinité qu’un poisson s’y intéresse (on est parfois très surpris du résultat).


L’air de rien, cet exercice de synthèse a nécessité des choix et des arbitrages forts, j’ai dû écarter des classiques, et j’entends déjà la toux courroucée de certains lorsqu’ils constateront, effarés, que je n’ai pas retenu le Palmer, la Peute ou l’Araignée dans ma short­liste. Comme je le disais, il ne s’agit que d’un retour d’expérience personnelle, je pêche des rivières aux eaux claires, subissant une très forte pression de pêche, peuplées de poissons éduqués. De fait, ma boîte contient principalement des modèles aux couleurs neutres, à la flottaison basse lorsqu’il s’agit de mouches sèches. J’ai aussi éliminé des modèles que j’apprécie ou qui sont censés être très efficaces, comme les parachutes ou les nymphes à billes, parce que je constate que ces mouches sont moins souvent prises que d’autres modèles, et comme je vais à la pêche aussi pour prendre du poisson, je les laisse peu à peu s’endormir au fond de ma boîte. Je note également que, lorsque je visite d’autres rivières, les mouches qui ont mes faveurs d’ordinaire marchent là aussi plutôt bien, ce qui tend à prouver l’efficacité générale de quelques bons montages bien pensés. Par ailleurs, cette liste n’est pas figée, l’évolution des cours d’eau, la pression de pêche, l’apport d’autres monteurs ou de nouveaux matériaux pourraient faire tomber de leur piédestal les six mouches que je vais vous présenter. Cette liste est également le fruit d’une certaine pratique de la pêche à la mouche, en sèche et en nymphe à vue, et de fait, un pratiquant assidu de la roulette ou de la pêche en noyée n’y trouverait pas forcément son compte.

Voici un aperçu de mes boîtes, une pour les sèches, l’autre pour les nymphes, derrière la diversité des couleurs et tailles, vous noterez la rémanence de quelques modèles. Parmi eux, mes six fétiches, les six mouches que je privilégie dans l’écrasante majorité des cas. Amateurs de scoops ou d’innovations techniques, passez votre chemin, il s’agit de modèles très classiques, parfois avec une touche de personnalisation parce que j’ai mes petites préférences et maniaqueries. Pour les mouches sèches comme pour les nymphes je vous présente les modèles par ordre de préférence.

Les mouches sèches Trois critères doivent guider vos choix lorsque vous apercevez les premiers gobages. Plutôt que le nom latin de l’éphémère du moment, intéressez­vous à la taille, pour moi le critère prépondérant, la couleur, et le stade d’émergence. Une abondante littérature existe sur la question et je n’ai pas la prétention de m’y substituer. Toujours est­il qu’avec les trois modèles présentés ci­après, j’ai rarement été pris en défaut. L’Emergente Chevreuil En sèche, c’est la mouche qui termine ma pointe dans les trois quarts des situations de pêche. Je lui trouve énormément de vertus, sur les lisses, face à des poissons méfiants, elle reste très sobre, il est possible d’enlever quelques fibres, de modifier l’inclinaison des ailes, pour faire face à de nombreuses situations et obtenir quelque chose de dépouillé. Sur une eau un peu chahutée, elle a l’immense avantage de rester flottante très longtemps. C’est primordial pour moi, qui déteste passer du temps à sécher puis tartiner de différents onguents mes mouches. En plus, cela permet de pêcher avec des montages discrets ou des petites mouches même lorsque les eaux sont turbulentes, ce qui est un réel plus lorsqu’on doit faire face à des poissons difficiles. Avril 2013

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Je monte cette mouche du 10 ou 12 (mouche de très visibles sur l’eau. mai, march­brown) au 20 (petits éphémères, Cette mouche est excellente l’été ou pour les moucherons), et je la destine aux truites et aux ombres, car contrairement à une idée reçue, le chevreuil peut très bien marcher avec ces derniers. J’ai la chance de disposer d’une peau de chevreuil récupérée au Québec, le poil est très fin, ce qui me permet de descendre dans les tailles d’hameçon. Avec un carré de peau du commerce c’est plus difficile. Si vous avez des amis chasseurs, demandez­leur de vous réserver la fin du dos, le début des cuisses (le haut), vous trouverez des poils fins de même nature. pêches urbaines, lorsque les truites s’alimentent régulièrement de chironomes. Je la monte avec des corps en fil beige, gris ou noir. En blanc et en très petite taille elle est redoutable, particulièrement pendant les éclosions de caenis. Elle a la préférence des truites, les ombres me paraissent moins réceptifs. Le Voilier en Cul de Canard Le corps peut être monté en fil, en soie polyfloss (ma préférence), avec du substitut de condor, ou tout ce qui vous passe à l’esprit. J’entoure mon aile d’un dubbing de lièvre bien aéré pour donner un peu de mouvement à la partie immergée. Je dispose dans ma boîte d’une variante sans cerques et avec un hameçon caddis, elle simule l’émergence de sedge. Il s’agit tout simplement de ma mouche fétiche. Sur hameçon droit ou caddis, cette mouche m’a permis d’en finir avec la malédiction des capots sur le no­kill de la Bienne et d’être un des deux pêcheurs, sur la vingtaine présents sur la Henry’s Fork un jour d’août 2011 au niveau du Harriman State Park, à ne pas prendre une pilule1, et rien que pour ça je compte financer un musée à sa gloire. L’Ecureuil Il y a deux ans, j’ai découvert ce matériau un peu par hasard. Le poil, plus raide que le lièvre, est particulièrement adapté aux montages type Araignée, et permet de réaliser de petites mouches sobres, flottantes (en tout cas plus que le lièvre), et

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Ce n’est pas la peine que je présente cette mouche, un incontournable dans le monde entier. Personnellement, je ne saute pas sur cette mouche en ouvrant ma boîte, la perspective de passer mon temps à sécher mes imitations ne m’emballant pas… Toutefois, dès que dérivent des imagos bien formés, ailes fièrement pointées vers le ciel, je n’hésite pas trop longtemps. Cette mouche a pour elle son extrême discrétion, elle se pose tel un flocon de neige, et un grand choix de coloris qui permet de couvrir un large spectre d’imitations. Je privilégie les teintes que j’ai du mal à retrouver avec les deux imitations précédentes, pour répondre présent pendant les éclosions d’olives ou de sulfures, ou bien encore pour disposer de coloris appétissants pour les ombres fantasques. Pour ces derniers, je vous invite à essayer le modèle en photo : un corps en matériau blanc brillant (type Z­Lon), une aile en cdc rose, un dubbing de lièvre foncé pour l’abdomen, je choisis cette mouche dès que je me retrouve face à des éclosions multiples, ou devant des ombres « intordables », leur curiosité étant leur pire défaut, il y en a toujours un qui finit par craquer pour


cette petite bouchée aux couleurs acidulées. En matière de montage, je privilégie le twistage des fibres, rabattues ensuite vers le haut pour obtenir un voilier.

Le montage est simple, la matière première peu onéreuse, une peau de chamois pour le lustrage des voitures, qu’on trouve à peu de frais dans les magasins automobiles. Hors de l’eau, l’aspect est peu engageant et le matériau semble trop clair, mais une fois mouillée, la peau de chamois revêt une teinte très naturelle. Je privilégie les montages avec quelques fibres de perdrix et un peu de dubbing en tête, pour donner de la vie à l’ensemble. Les tailles et formes d’hameçons, les lestages, vous permettent de couvrir une large gamme de situations de pêche.

Les nymphes Le choix pour les nymphes a été moins évident, j’ai décidé de mettre de côté deux grands classiques qui méritent tout de même que vous leur consacriez un peu de temps à l’étau, la pheasant tail et la vautour, toutes deux très Cette imitation est particulièrement prenante efficaces. Là encore j’ai privilégié les modèles qui lorsque les truites picorent sur le fond des porte­ m’ont le plus réussi. bois. Accessoirement, elle remplira très honnêtement le rôle de mouche de pointe sur un La pêche en nymphe est extrêmement exigeante, train de noyées. Ce montage peut également les paramètres sont tellement nombreux que je ne accueillir des billes en tête et conviendra alors peux pas m’empêcher de penser que la mouche parfaitement pour les pêches à la roulette. compte au final pour assez peu. Les poissons sont opportunistes, reste à leur présenter le plus Le Gammare naturellement possible une larve qui dérive. Dans cette pêche, la maîtrise de la troisième dimension, la profondeur, est un des éléments clefs, de même Difficile dans les rivières calcaires tout au moins, que l’absence de dragage, très dur à percevoir. Les de ne pas disposer d’imitations de gammares. modèles proposés peuvent être montés avec plus Ces petits crustacés d’eau douce composent une ou moins de plomb (le champ du possible est large part du menu des truites, et au printemps, plus limité pour la « Toute Fine »), à vous de lorsqu’ils se rassemblent sur les bordures, les trouver la meilleure équation courant / poids / zébrées ne sont jamais loin, opérant parfois des volume / résistance / diamètre du fil / âge du razzias gueules ouvertes dans les bancs de capitaine ! crevettes, à la manière des baleines, scènes toujours très impressionnantes. La Chamois Les formules de montage sont légion. J’ai pour ma part beaucoup tâtonné, je ne suis toujours pas sûr Lorsqu’il s’agit de remonter une bordure à l’affût d’avoir trouvé le modèle absolu. Je conseille de de quelques truites en vadrouille, c’est disposer de deux montages très différents et de ce systématiquement la nymphe que je choisis. fait complémentaires. Avril 2013

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Un premier modèle, non lesté, est à réaliser en cul de canard, avec un dos en faisan ou matériau plastique. Il servira pour les pêches en nymphe à vue, dans peu d’eau ou dans le cas d’un courant faible, à destination de poissons méfiants. En effet, le gammare a une fâcheuse tendance, celle de faire un gros « ploc » en tombant dans l’eau, le gammare en cdc (mouillez le au préalable !) est au contraire très discret lorsqu’il touche l’eau.

Le second est lesté, je vous livre un montage que j’aime bien, un peu personnalisé, mais il en existe des dizaines d’autres. De manière générale, essayez les plombs plats ou les superpositions de fils de plombs, qui permettent de confectionner une silhouette proche de celle de la petite bête. J’ai pas mal testé de matériaux pour la carapace, les matériaux plastiques ont pour eux le réalisme, mais je trouve que ça occasionne des montages parfois un peu longuets (gardez à l’esprit que je suis un flemmard et que le temps consacré à la pêche, je préfère le passer au bord de l’eau plutôt que devant l’étau). L’époxy est un matériau séduisant mais je trouve sa mise en œuvre un peu fastidieuse. C’est pourquoi je généralise dorénavant des montages avec de la soie polyfloss, une fois mouillée, elle prend une teinte qui s’approche vraiment de la couleur des petits crustacés. Bien plombée, cette mouche pourra par ailleurs servir à la pêche au fil ou à la roulette au besoin. La « Toute Fine »

souci de disposer d’une nymphe qui puisse réunir plusieurs qualités, parfois en contradiction. Je souhaitais en effet une mouche discrète, qui coule rapidement mais sans faire « ploc », et qui puisse être vivante. Le modèle que je vous propose ressemble un peu à la Absolut No Refuse (que j’ai découvert après je vous promets !), du moins l’esprit en est­il assez proche, un corps fin, peu de lestage, un peu de perdrix pour amener de la vie. Cette mouche doit être associée à une pointe fine pour bien couler, donc gare au ferrage ! J’ai perdu beaucoup de poissons (et de mouches !) à cause d’un ferrage trop appuyé.

C’est une nymphe à privilégier sur les lisses, par eaux basses, idéale pour les pêches estivales. Malgré son côté discret, les ombres l’apprécient. Sur une longue pointe, et à condition de poser détendu, vous serez étonné de la profondeur qu’elle atteint rapidement. En conclusion, j’espère vous avoir convaincu que quelques modèles simples mais auxquels on croit sont de bons garants d’une partie de pêche réussie, et qu’il est important de disposer de modèles dans lesquels on a confiance. Je suis d’ailleurs assez persuadé qu’une grande part du succès réside dans l’état d’esprit du pêcheur. Plus vous doutez, moins bien vous pêchez, et le choix des mouches participe activement à faire naître ce doute.

Le dernier montage que je vous propose est une mouche qui s’est construite « au fil de l’eau », si je Go fishing ! peux me permettre cette expression, ce montage est le résultat de pas mal de tâtonnements, avec le

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