La troisième Conférence de l'Organisation des femmes arabes
«La femme arabe : un partenaire clé dans la voie du développement durable" 28 - 30/oct /2010
La participation de la femme arabe dans la production du savoir scientifique est un garant de la durabilité environnementale Oum Kalthoum Ben Hassine Professeur à l'Université de Tunis El Manar / Tunisie
Le concept de développement durable adopté est un concept tridimensionnel qui comprend: - une dimension sociale qui vise à satisfaire les besoins humains et à répondre à des objectifs d’équité et de cohésion sociale, - une dimension économique qui vise des objectifs de croissance et d’efficacité économique, - une dimension environnementale qui vise à préserver, améliorer et valoriser l’environnement et les ressources naturelles sur le long terme. Mais, le véritable enjeu du développement durable est la mise en œuvre d’une approche intégrée de ces dimensions, qui peut être représentée par trois cercles qui s’entrecoupent, leur zone d'intersection correspond au développement durable. Ainsi, le concept de développement durable implique l’harmonieuse intégration de la croissance économique, du progrès social et du devoir écologique. Cette intégration nécessite la production du savoir scientifique, avec la participation des hommes et des femmes de tous les pays, et ce en développant la science, la technologie, la recherche scientifique et l’innovation avec la pleine participation des femmes. En effet, la science et la technologie ont un rôle de premier plan dans les domaines des énergies renouvelables, de l'agriculture respectueuse de l'environnement, de l’écoconstruction, de l’aménagement urbain, de l’écopédagogie et de la valorisation des attitudes de coopération concernant les problèmes globaux comme les changements climatiques, le réchauffement climatique ou les invasions biologiques. Il ne fait aucun doute que la science a constamment besoin d’une recherche scientifique de haut niveau, productrice de connaissances scientifiques et génératrice de technologie.
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Cette recherche est étroitement liée à un enseignement supérieur de qualité et au diapason de l'évolution de la science, de la même manière que la production du savoir scientifique est conditionnée par une recherche scientifique de haut niveau.
Le progrès de la science et l’innovation technologique permettent la connaissance scientifique des problèmes, l’élaboration des solutions et l’invention de nouvelles réponses techniques. Cependant, ce progrès dépend de la nécessité de la participation effective des femmes à la production du savoir scientifique, ce qui impose l'égalité des chances dans l’accès au domaine scientifique et technologique et aux différentes spécialités et aux divers débouchés. Cette formation doit être totalement appropriée aux nécessités et aux besoins de la durabilité environnementale et subordonnée à une recherche scientifique, réalisée équitablement par les hommes et les femmes et qui permettra, par la transformation des idées conçues et des résultats obtenus sur le terrain et en laboratoire mais aussi par les applications «intelligentes» des technologies de l'information et de la communication, de trouver des solutions appropriées et novatrices pour la préservation de la biodiversité , la gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes, l’accroissement de l'efficacité énergétique, le développement des technologies propres et vertes, l'amélioration des conditions de vie des populations, surtout dans le milieu rural, la réduction de la pauvreté et la lutte contre la pollution, les divers risques et nuisances, les effets du changement climatique et la désertification, terrestre et marine. Toutefois, les études ont montré l’existence de grandes disparités entre le nombre élevé d'étudiantes dans les universités arabes et leur intégration dans la recherche scientifique, les sciences exactes et les sciences techniques. Même celles qui intègrent la science et la recherche scientifique, elles interrompent le processus de la recherche et de l'innovation dès l’obtention de leurs diplômes de Doctorat, en raison de leurs rôles familial et social, en plus de l'absence, dans les universités et les centres de recherches arabes, de structures d’aide tels que les cantines, les garderies et les jardins d'enfants. Si nous devions dessiner un graphique, basé sur les pourcentages des hommes et des femmes enseignants-chercheurs, à tous les grades professionnels, dans les universités des pays arabes, nous obtiendrions un graphique sous forme de ciseaux, appelé le graphe en ciseaux ou le plafond de verre; et ceci pour tous les domaines de la science. Dans le domaine des sciences de la vie (biologie) où l'on trouve le plus grand nombre de femmes engagées dans la science dans certaines universités arabes, dans le grade d'assistant, le pourcentage des femmes dépasse 80% ; ce chiffre diminue peu à peu par la suite, en allant au grade de maître assistant puis à celui de maître de conférences pour atteindre 13% au grade de Professeur, et ceci dans les meilleures conditions, alors que c'est l'inverse pour les hommes dont le pourcentage ne dépasse pas 20% au grade d'assistant et augmente peu à peu aux grades plus élevés pour atteindre 90% au grade de professeur..
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Ce paradoxe impose l'adoption du principe d'égalité entre les hommes et les femmes dans l’accès à l’éducation scientifique, à la recherche scientifique et aux plus hauts niveaux universitaires dans les domaines scientifiques et technologiques afin d’utiliser toutes les créativités et profiter du réservoir de talents féminins arabes pour la science, la technologie et l’innovation. En effet, de par leur rôle dans la société (éducation, soins des autres, transmission de la culture, maintien d’un milieu sain), les femmes sont souvent des porteuses de paix et de préservation de l’environnement. Dans ce cas, leur pleine participation dans le domaine scientifique et technologique permettra non seulement l’augmentation du potentiel scientifique humain des pays arabes, ce qui n’est pas sans importantes répercussions sur le processus du développement, mais aussi une plus grande diversité dans l’élaboration du savoir scientifique et des questions de la recherche et dans la formulation de nouvelles normes éthiques sur les applications de la science et de la technologie. L'intégration paritaire de la femme arabe dans les sciences et sa contribution à l’élaboration du savoir scientifique et technologique est donc essentielle pour parvenir à un développement humain durable et égalitaire. Par conséquent, il n'y aurait pas de développement économiquement viable, socialement équitable et écologiquement prudent, sans la participation, sur le même pied d'égalité, des femmes et des hommes, dans la production du savoir scientifique et technologique et dans le processus d’innovation dans son ensemble. Cette participation égale des femmes arabes, permettra la réconciliation entre trois vastes ambitions et leur mise en relation constructive et qui sont: - le développement du milieu de vie, c'est à dire, tous les facteurs physiques, chimiques et biologiques avec lesquels les êtres vivants entretiennent des relations dynamiques tels que l'eau, l'air, le sol et le sous-sol, - le développement du mode de vie qui réfère à la manière d’être et aux façons de vivre ; il renvoie aux pratiques sociales, y compris les aspects culturels et où l'on trouve les valeurs importantes qui caractérisent une société et ses représentations centrales comme l'éducation, la sécurité, la santé et l’équité entre les personnes, quelle que soit leur génération, etc. ; - le développement du niveau de vie, qui englobe, entre autres, l'utilisation des ressources disponibles, la production de biens et de services, et les activités de communication et de distribution ainsi que les marchés de consommation. Ainsi, le développement durable des pays arabes nécessite un renforcement de la richesse et de la diversité de la science et de la technologie avec la participation active des femmes et des hommes parce que la discrimination dans ce domaine et dans tous les domaines est la négation des valeurs du développement durable lui même. Enfin, le développement durable nécessite que les priorités et les visions des objectifs de développement des femmes soient clairement prises en compte, intégrées et encouragées, particulièrement dans les politiques relatives à l’éducation, la science, la technologie, la recherche scientifique, la culture scientifique, la communication et l’information. 3