3 minute read
Société
© Camille Gabert
Advertisement
Après plusieurs mois de fermeture des écoles, certains parents redoutent que leurs enfants soient en difficulté à la rentrée. Faut-il continuer à faire la classe à la maison cet été ? Pour Patrice Iacovella, sophrologue à Mions spécialisé dans le développement du potentiel scolaire, les vacances sont avant tout une période de lâcher-prise… où il est toujours possible d’apprendre en s’amusant.
Quelles sont les conséquences du confinement sur l’apprentissage des enfants ?
C’est une question qui revient souvent chez les parents mais les enfants n’ont pas le même regard sur la situation. Pour eux, il n’y a pas vraiment de conséquences en termes d’apprentissage même si cette période reste pour beaucoup très douloureuse au niveau de l’école à la maison. Après l’euphorie suite à l’annonce de la fermeture des écoles, il y a rapidement eu de la colère par rapport aux devoirs et parfois à la surcharge de travail car les enseignants devaient assurer la continuité pédagogique. Mais la maison n’est pas le lieu pour faire l’école et les parents ne sont pas des enseignants. Cela a mis la pression à tout le monde.
Certains parents craignent tout de même que des lacunes se soient installées...
Je pense que c’est important de dédramatiser. Tous les enfants vont être à la même échelle. Ce n’est pas comme si seulement les élèves du Rhône n’avaient plus été scolarisés. Tous vont avoir les mêmes bases, plus ou moins. Il arrive un moment où il faut lâcher prise, accepter ce qui se passe et se demander : « Est-ce que cela va changer quelque chose dans l’avenir de nos enfants ?» Ce n’est pas sûr. L’année prochaine, lorsqu’ils vont entrer en classe supérieure, ils auront pratiquement tous le même niveau. Par ailleurs, à la rentrée, il y a toujours une révision des acquis de l’année précédente pour permettre aux enfants de repartir des mêmes bases. Ils auront donc l’occasion de refaire ce qu’ils n’ont pas compris ou de travailler sur ce qu’ils n’ont pas vu.
Faut-il tout de même prévoir des temps de travail cet été ?
Le cahier de vacances est pour moi comme les bonnes résolutions du 1 er janvier. Chaque année, 4,5 millions d’exemplaires sont vendus, 50% des parents avouent ne pas le finir, 31% en faire la moitié et 17% seulement quelques pages [Sondage Opinionway réalisé en 2019, NDLR]. Les vacances, c’est un moment où il faut lâcher prise. Le risque en imposant à l’enfant de travailler, c’est de créer de la colère, ce qui est contreproductif. Non, il ne faut pas utiliser les vacances pour du travail scolaire. Mais oui, il faut continuer les apprentissages parce que c’est par la répétition qu’ils s’acquièrent.
Comment procéder ?
On peut trouver des moyens détournés pour travailler sous forme de jeu. Pour la lecture, on peut très bien demander à son enfant de lire une recette de cuisine, le programme télé, les règles d’un jeu… Comme c’est une sorte de service qu’on lui demande, il va le faire beaucoup plus volontiers. Pareil pour le calcul, quand on va acheter le pain pour compter la monnaie, quand on est en voiture pour calculer le temps du trajet en fonction de la vitesse ou en cuisine pour trouver les pourcentages dans la préparation d’un gâteau. C’est par le jeu que les enfants apprennent le plus. Il existe tout un tas de sources ludiques pour continuer ces apprentissages et leur redonner un sens concret afin de montrer aux enfants à quoi cela sert de lire et de compter dans la vie de tous les jours. On peut même trouver des défis, imaginer un escape game pour apprendre de nouvelles choses sans forcément s’en rendre compte et sans créer de tensions inutiles.