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Open Art Revue

Septembre 2012 /// Reims /// Mensuel Gratuit

"Rhinocéros" / © Mozart Guerra • Photo : Kristine Thiemann


Allons enfants de la Party, le diable au corps est arrivé Texte et Photo / Guilhem Simbille, directeur artistique du festival Elektricity

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oici venu le temps du ravissement et de l'extase, de l'allégresse et de l'exaltation, de l'Amour et de la Violence. Une parenthèse, plus enchantée que jamais, s’ouvre à Reims avec cette diXième édition (déjà) d’Elektricity. Sabrer le champagne sous le firmament à la santé du Roi Bleu Sebastien Tellier, consacrer l’icône Nicolas Jaar, lâcher prise devant Gesaffelstein, défiler à l'unisson avec Woodkid, protester avec SebastiAn, recevoir avec joie les uppercuts des vétérans de Cassius et les crochets de Rocky (et en redemander), monter dans le train de Chassol le magnifique, goûter aux incroyables recettes de SensitiveXplosion, telles sont les (ré)jouissances qui font la raison d’être et la fierté de ce festival des musiques du temps présent. Son autre fierté, c’est celle d’avoir vu naître puis s’envoler ces artistes rémois sans qui Elektricity n’aurait pas eu le même goût. Ils sont cette année encore de la fête. Yuksek le père (créateur du festival en 2003), et Brodinski le fils, vous in-

REIMS ☰ DU 24 AU 29 SEPTEMBRE 2O12

vitent à passer deux folles nuits sous les voutes du Palais du Tau. L'impertinente About The Girl sera la maîtresse de cérémonie d’une soirée dédiée à la Femme. Une partie du bataillon de The Shoes accompagnera Woodkid sur scène, et nos Bewitched Hands, pour leur grand retour, célèbreront une messe mystico-funny d’anthologie sur le parvis de leur cathédrale. Cette édition XXXL dont nous n’aurions osé rêver hier est aujourd’hui une réalité. Nous vous invitons à en faire un mythe. Un grand moment de liesse et de jubilation dont nous parlerons encore dans X années comme d’une légende urbaine. Un souvenir au parfum de plaisir et d’abandon enfoui au plus profond de notre mémoire collective de rémois, avec le désir avoué de le revivre, encore et encore. La Cartonnerie et Césaré s'associent une nouvelle fois pour vous inviter à cette grande fête d'anniversaire. Alors bon anniversaire à tous.

CHARLOTTE GAINSBOURG

MUSIQUES DU TEMPS PRÉSENT ☳ DIXIÈME ÉDITION

EXTRA LARGE SEBASTIEN TELLIER ☶ NIcOLAS JaaR

+ L'art hors-cadre +

TAKASHI NAKAJIMA-SAN

GESAFFELSTEIN ☰ SEBASTIAN ☳ WOODkID ☶ cASSIUS YUkSEk ☳ BRODINSkI ☶ MADEON ☰ ThE BEWITchED hANDS

MADAME B

+ Scènes de murmures +

+ Un artiste haut en couleur +

+ L'art multiformes +

cARTE BLANcHE A chASSOL

ROCKY

LA FEMME ☰ THOMAS AZIER ☳ ROckY EXTRA BALL ☵ SENSITIVEXPLOSION ☰ ABOUT ThE GIRL

+ Comme un uppercut +

PHONOGRAPHE CORP.

ATOMIc RADIO137 ☳ cONTES ☵ ERYck ABEcASSIS FLOY kROUchI ☰ PhONOGRAPhE cORP

MOZART GUERRA

+ Les musiques urbaines en curiosité +

+ œuvre sous cordes +

BIENNALE DE BELLEVILLE

WWW. elektricityfestival . FR

ABOUT THE GIRL

+ Quartier libre +

+ Plaisir en trio pop +

une production

END ÉDITIONS

+ L'art hors de l'instant +

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CHARLOTTE GAINSBOURG + SCÈNES DE MURMURES + Entretien / Texte /

Carole Manni

Alexis Jama Bieri

Photos page 5 et 7 / Photos page 6 /

© Nick Knight

© Mondino

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vec son apparence androgyne, son attitude sobre et élégante, presque timide, sa voix simplement et justement posée, sa discographie et sa filmographie à la fois populaire et exigeante, Charlotte Gainsbourg est une jeune artiste emblématique de la culture pop française, et même du patrimoine culturel français. Et ceci, non pas du fait de son illustre ascendance, mais principalement du fait de son regard perspicace sur l’univers musical et cinématographique, de sa curiosité et de ses choix justes et personnels dans ses collaborations artistiques que ce soit notamment avec Air, Jarvis Cocker, Beck et Connan Mokassin pour la musique ou Lars Von Trier pour le cinéma. Près de quarante films, quatre albums et une nouvelle tournée, nous permettent d’apprécier, plus encore à chaque fois, l’art de Charlotte Gainsbourg, chanteuse et actrice confirmée et affirmée, loin de l’esquisse, et toujours exquise.

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« Lorsque je décide de faire un album j’ai l’impression qu’il m’appartient » • Quel a été pour toi le vrai moment où tu t'es dit que tu voulais être chanteuse et celui où tu voulais être actrice ? Je n’ai pas eu le temps de me poser la question parce que j’ai débuté à 12 ans le cinéma avec Paroles et Musique et la chanson avec mon père pour Lemon incest. Je ne me souviens pas avoir eu, à cet âge-là, une vocation pour quoi que ce soit. Je pense toutefois que ma mère décelait que j’avais envie de faire du cinéma et de la chanson avant que j’ai pu m’en rendre compte. C’est le plaisir de jouer et de chanter qui m’a, par la suite, donné envie de continuer. Je regrette parfois qu’il n’y ait pas eu un rêve ou une décision pour cela. En fait, j’ai parfois l’impression qu’il y a des personnes qui ont plus de mérite de faire ce métier parce qu’elles l’ont, au départ, désiré. Ma carrière de chanteuse s’est, dans un premier temps, arrêtée avec la mort de mon père, quelque temps après m’avoir écrit Charlotte for Ever. À sa disparition, je me suis dit que c’était fini, que je ne reprendrais pas, sans lui, de plaisir dans la musique. J’ai donc mis de côté ce domaine durant 20 ans, avant d’avoir à nouveau envie de chanter. • Comment travailles-tu tes projets d'album ? Comment naissent tes collaborations artistiques (Air, Jarvis Cocker, Beck, Connan Mockasin...) ? Mes collaborations artistiques sont souvent liées au hasard, aux rencontres et à des écoutes. J’ai l’impression que c’est plus une question de personnalité et de moment dans le temps, mais je ne saurais pas comment les qualifier. Bien sûr, les artistes avec lesquels je collabore ont chacun une méthode particulière de travail. J’ai entrepris différemment 5.55, l’album réalisé avec Air, et IRM, réalisé avec Beck. Pour 5.55 c’était une collaboration à plusieurs (Air, Jarvis Cocker…) tandis que pour IRM la collaboration fut différente, car il s’agissait d’un travail avec

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Beck uniquement, chez qui nous avons élaboré l’album à Los Angeles. Ma collaboration avec Connan est née, quant à elle, du hasard de la découverte de son album, par l’entremise d’un ami qui me l’avait fait passer. Avant que je le connaisse, Connan m’apparaissait comme un mystère. Nous nous sommes donc donné de petites séances d’essais pour voir s’il y avait une bonne alchimie entre nous. Ici, je me sens privilégiée car, contrairement au cinéma où ce sont d’autres personnes qui tiennent les rênes, lorsque je décide de faire un album j’ai l’impression qu’il m’appartient. • Écris-tu l'intégralité de tes textes ? Ou bien pars-tu d'un mot, d'une expression ou d'une impression qui sert ensuite au parolier et à bâtir un texte ? Je n’écris pas personnellement les textes de mes chansons. Ma manière de m’investir dans mes projets d’album, que ce soit 5.55 avec Air ou IRM avec Beck, consiste à rechercher un sujet qui lie les titres les uns aux autres et qui rende l’album personnel. Pour IRM par exemple, j’avais des bouquins qui m’inspiraient, un cahier avec des notes, et je suis partie de bribes de mots, dans lesquelles Beck a pioché pour les mettre ensuite en poésie. • Quelles sont tes approches du chant en anglais ou en français ? Que te permettent d'exprimer ces langages aux sonorités différentes ? Je trouve que c’est comme endosser un personnage un peu différent à chaque fois. Avec le français il y a tellement de connotations personnelles et de vécu que je trouve son emploi plus difficile même s’il me procure un grand plaisir, comme dans mon live, où je reprends trois titres que mon père avait écrits. J’ai moins d’appréhension avec l’anglais car ce n’est pas ma langue maternelle et je me juge donc moins. Mais ce n’est

pas uniquement parce que c’est un masque que je choisis de chanter en anglais. Pour mes albums 5.55, IRM et Stage Whispers, j’ai recherché la poésie des auteurs avec lesquels j’ai travaillé. Car en effet j’appréciais particulièrement l’écriture de Beck et j’espérais alors qu’il écrive en anglais, de même pour Jarvis Cocker et pour Connan Mockasin. • Comment se sont opérés les choix des chansons pour ta tournée actuelle ? Sur la dernière tournée, nous avions essentiellement sélectionné des titres d’IRM. Pour la tournée actuelle, je me suis concentrée sur les inédits de Stage Whispers qui n’avaient pas été interprétés sur scène, et j’ai pioché quelques titres d’IRM, quelques titres de 5.55, et quelques titres de mon premier album Charlotte for Ever. Puisque Stage Whispers est un album live, c’est plutôt difficile de faire d’un live du live. Mais Connan a une manière si particulière de jouer les morceaux que je n’ai pas l’impression de faire une redite. • En matière de cinéma, y a-t-il des réalisateurs avec lesquels tu aimerais travailler (si tu ne travailles pas déjà avec eux) ? Il y en a plusieurs avec lesquels je n’ai pas travaillé, mais je ne passerai pas deux mois coûte que coûte avec quelqu’un, uniquement parce qu’il a du talent. Ce qui me séduit chez un metteur en scène c’est ce qu’il est humainement, son univers. J’agis à l’instinct et je n’ai pas envie de me brutaliser. Je choisis les scénarios selon mon attirance, même si je ne suis pas certaine de savoir si un scénario fonctionnera bien ou mal. L’attirance pour un projet, c’est difficilement explicable ou analysable. Ce qui importe en fait, c’est de voyager avec un film. • Aimerais-tu aller au-delà du cinéma et interpré-

ter un rôle, « en live » au théâtre ? Ce n’est pas un domaine vers lequel je suis naturellement attirée car je n’ai pas la culture du théâtre. Même si j’ai eu, vers l’âge de 24 ans, une unique et très intense expérience au théâtre, dans une pièce qui s’appelait Oléanna, ça me ferait peur aujourd’hui de jouer au théâtre. Il me faudrait une rencontre ou un hasard qui fasse que je sois vraiment séduite par un tel projet et me persuade de monter sur les planches. • Comment as-tu vécu tes expériences d’égérie devant les objectifs de photographes de mode comme Mario Testino ? J’ai énormément de plaisir à me confier à des photographes, quand ce sont des artistes que j’admire. Ça m’amuse de me prêter à ce jeu-là, surtout quand on n’a pas forcément confiance en soi. • Et quel est ton regard sur la mode ? Même si je connais Nicolas Ghesquière et ce qu’il dessine pour Balenciaga, je ne fréquente pas particulièrement les défilés et ne me considère pas comme une connaisseuse en matière de mode. Mais j’avoue que c’est amusant de faire partie de la mode sans avoir l’impression d’en faire partie ! • Quel est enfin ton regard sur la place particulière que tu occupes dans la culture pop ? Quand je vois, en concert, le public qui connaît mes chansons, ça me fait évidemment très plaisir. À part cela je n’ai pas de rapport particulier avec le public. Je ne fais pas des films qui marchent plus que ça, mis à part Prête moi ta main, même si certains d’entre eux bénéficient d’une certaine notoriété car on en entend parler au festival de Cannes. En réalité, je ne me rends pas compte de cette place car j’aime ne pas avoir de recul sur moi.

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EXTRA LARGE + L’ART HORS-CADRE + Texte /

Alexis Jama Bieri / Grimaldi Forum Monaco • Photos / © ISOPRESS / Jean-Charles VINAJ

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’exposition « Extra Large » propose une traversée des collections modernes et contemporaines du Centre Pompidou à travers une sélection de ses œuvres les plus monumentales, dont certaines sont de récentes acquisitions ou d’autres qui ont été peu exposées en Europe, un voyage dont l’objectif est d’entraîner le visiteur dans un vertige empathique et de lui faire découvrir des grands noms de l’art du XXe siècle. Ce parcours spectaculaire, parfois « vertigineux », permet d’éclairer la notion de monumentalité par la présentation d’œuvres de très grands formats de Joan Miró, Jean Dubuffet, Matta, Pierre Soulages, Frank Stella, Sam Francis ou encore Yan Pei-Ming, mais aussi des sculptures, installations et environnements de Joseph Beuys, Christian Boltanski, Daniel Buren en passant par Sol LeWitt, Anish Kapoor ou Bill Viola. Ces chefs-d’œuvre de la création moderne et contemporaine sont réunis à Monaco, du 13 juillet au 9 septembre 2012, dans une proposition délibérément « hors normes », fruit d’une étroite collaboration entre le Centre Pompidou et le Grimaldi Forum de Monaco. Conçue par la scénographe JASMIN OEZCEBI, la scénographie de cette exposition consiste à offrir, au cours d’une déambulation dirigée, une présentation qui préserve le mystère des œuvres. Le caractère monumental de chacune d’entre elles est valorisé par des surprises, des vues partielles et recadrées tout au long du parcours. La scénographie joue également un rôle déterminant dans l’accompagnement des transitions entre les salles, permettant un repérage intuitif des thèmes et des cinq sections de l’exposition :

1/ « Après Monet », le spectateur absorbé : Depuis les Nymphéas de Monet, les peintres ont joué sur l'effet d’immersion, de communion physique et mentale devant le grand format. À l’implication du corps de l’artiste dans la matière au moment de la création succède l’intégration du spectateur plongé dans la contemplation d’un spectacle démesuré. Absorbé au sein d’une œuvre-monde qui déborde son champ de vision, le spectateur appréhende l’œuvre par son déplacement, dans une boucle continue de perception et d’interaction. 2/ Jeux d’échelles, l’étrangeté de la démesure : Agrandie, disproportionnée, détournée, la représentation des êtres et des objets tient, chez de nombreux artistes, autant du merveilleux que de l'inquiétant. Le jeu sur l’échelle, le passage du petit au grand, modifient foncièrement l’apparence du sujet représenté. Traditionnellement associé à une valeur d'ordre et d'édification morale, le grand format à l'ère moderne pro-

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cède à la subversion des genres et suscite autant l'attrait que le doute. 3/ À la mesure de l’espace, l’œuvre et son lieu : Depuis les 60’s, l’œuvre d’art cesse d’être une image fermée sur elle-même pour se mesurer au lieu où elle s’expose. Remettant en cause les modes traditionnels d’accrochage, elle révèle les volumes architecturaux, se déploie sur la surface des murs ou à même le sol. Le spectateur est amené à faire l’expérience sensible de l’espace réel, dans toutes ses dimensions. À travers des formes souvent élémentaires, les œuvres renvoient à de grandes dualités : intérieur/extérieur, vide/plein, temps/espace. 4/ Images spectaculaires, projection et attraction : À une époque de sur-sollicitation visuelle, la publicité et le cinéma offrent des modèles de construction d’une image agrandie, propre à frapper l’imagination et à remporter l’adhésion du spectateur. L'écran de projection et l'af-

fiche urbaine font office de modèles de cette esthétique communicationnelle, qui détourne des procédés tels que le gros plan, l’arrêt sur image, la fragmentation, la dramatisation de la musique. 5/ Monuments à la mémoire : La monumentalité renvoie par son étymologie (du latin monumentum, de moneo « se remémorer ») aux notions de souvenir et de mémoire. La grandeur d’une œuvre a d’ailleurs longtemps été déterminée en fonction de l’importance et de la dignité du sujet représenté. Si l’art moderne a rompu avec les dogmes traditionnels, il n’a pas cessé pour autant de renvoyer à des sujets existentiels, politiques ou sacrés. Par leurs dimensions imposantes et leur solennité, les œuvres sont ici comme des hommages à une histoire universelle où se rejoignent la mémoire individuelle et la portée collective.

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ouvent réduite à la performance technique qu’elle suppose, la monumentalité a rarement été considérée en elle-même, de manière transversale. Pourtant, elle n’a cessé de constituer un enjeu tout au long du XXe siècle, comme source de renouvellement des pratiques expressives. Confrontés à d’autres langages visuels de masse qui ont misé sur le grand format comme la publicité ou le cinéma, les artistes de ce siècle ont répondu au défi de la culture populaire avec des moyens similaires et en particulier celui de l’échelle entre l’objet et le regardeur. L’exposition Extra Large invite donc à une lecture élargie de l’art du XXe siècle, explorant le grand dans ses multiples dimensions pour en saisir la signification et les implications, pour le créateur et le spectateur. Rencontre avec Catherine Alestchenkoff, coordinatrice générale de l’exposition, directrice des événements culturels du Grimaldi Forum à Monaco, et Ariane Couloudre, commissaire de l’exposition, chef du service des collections au Centre Pompidou, musée national d’art moderne à Paris.

Entretien avec Catherine Alestchenkoff • Comment s’est montée l’exposition Extra Large ? Initialement nous devions monter une exposition avec Jeff Koons, mais ce projet n’a pas pu se concrétiser. Le centre Pompidou nous avait par ailleurs contacté pour réaliser une exposition de ses œuvres à Monaco, mais il s’agissait d’une étape d’une exposition itinérante. Ce projet ne correspondait pas à notre parti pris, car nous réalisons des expositions sur des sujets nouveaux, inédits et dont nous sommes réellement producteurs. Nous avions déjà en tête, au Forum Grimaldi, de réaliser une exposition sur la monumentalité. Après concertation entre nos deux structures, nous avons pu mettre en place une collaboration avec le centre Pompidou, dans le but d’organiser une exposition, non pas clés en main, mais dans le cadre d’un travail commun où nous avons défini ensemble un sujet, en puisant dans les réserves du musée consacrées aux œuvres du XXe siècle. • Avez-vous travaillé avec les galeries et établissements d’art contemporain de votre territoire pour cette exposition ? Puisque nous avions tous une actualité durant l’été qui nous permettait d’aborder l’art contemporain, ce qui était intéressant, c’était d’offrir une sorte de résonance à certains sujets, en créant un circuit à travers différents lieux à Monaco. Nous avons donc mis en place un Pass afin de permettre au public de poursuivre sa visite en allant voir l’exposition Houses de Thomas Schütte, au nouveau musée national de Monaco, artiste dont l’œuvre Grosser Geist Nr.7 (1996) est présentée à Extra Large ou de découvrir le travail de Mark Quinn « The Littoral Zone » au Musée Océanographique (incluant donc l’ensemble des salles et aquariums du Musée) et l’exposition « Van Dongen, l’Atelier » à la Villa Sauber/Nouveau Musée National de Monaco. • En tout, combien d’œuvres sont exposées ? Une cinquantaine d’œuvres réalisées par quarante-sept artistes sont exposées dans « Extra Large », dont trentedeux très grands formats. • Quelles ont été les principales options en matière de scénographie ? Toute la scénographie est construite à partir de la liste des œuvres. Une fois que le synopsis de l’exposition, le choix des œuvres et les sections sont définis, l’architecte crée l’espace d’accrochage. L’espace

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Ravel dispose d’un plateau de 3400m² d’un seul tenant, sans poteaux, et de 600m² d’ailes en périphérie. C’est un espace rêvé pour un architecte scénographe, qui peut alors concevoir, sans contraintes liées au bâtiment, l’espace scénographié de l’exposition. Toutefois, nous avions des salles dont la dimension était imposée par certains artistes. Nous avons opté pour une scénographie très épurée, qui privilégie le vide et permet aux visiteurs de vivre une expérience physique et sensible avec les œuvres et le travail des artistes. L’architecte a donc conçu une scénographie qui s’efface au profit des œuvres, où le visiteur appréhende les différentes salles au moyen d’ouvertures très étroites. La première vision du format des œuvres est donc fragmentée, et, c’est en pénétrant dans chaque espace que l’on reçoit de plein fouet l’œuvre dans toute sa monumentalité. Habituellement, on masque avec des velums la structure industrielle du bâtiment. Ici, ce squelette tubulaire est laissé à la vue du visiteur, puisqu’il rappelle l’architecture du centre Pompidou et crée un univers d’entrepôt qui correspond plutôt bien à la période des œuvres exposées. • Et en matière de médiation ? Il y a toujours l’écueil, quand on propose une exposition ponctuelle d’art contemporain, de déstabiliser le public. Il est donc nécessaire de fournir des réponses aux questionnements pour que chacun sorte avec des repères qui permettent de saisir le sens des œuvres. Puisque toutes les collections venaient du centre Pompidou, nous avons essentiellement travaillé sur l’aspect médiation culturelle en collaboration avec un établissement du territoire : le Pavillon Bosio, École Supérieure d’Arts Plastiques de Monaco. L’exposition est accompagnée d’un petit journal et de la possibilité de disposer d’un audioguide dans le souci constant de multiplier l’information pédagogique, en offrant un parcours, un sens de lecture et des explications permettant de comprendre le travail de certains des artistes. Avec le Pavillon Bosio nous avons donc mis en place le principe des médiateurs culturels, sélectionnés parmi leurs étudiants en art, présents dans les salles de l’exposition pour répondre aux multiples questions des visiteurs sur les œuvres. Nous avons enfin instauré des rendez-vous entre les artistes et le public, où leurs œuvres sont commentées, d’auteur à spectateur. • Cette exposition sera-t-elle ensuite présentée ailleurs qu’au Grimaldi forum, notamment à Metz,

« Le hors

norme, c’est l’idée de dépasser l’échelle humaine

»

puisque le centre Pompidou y dispose d’espaces pour les grands formats ? Pour nous, ça correspond à un «one shot » et c’est toujours le cas lorsque nous réalisons des expositions. Pour le centre Pompidou, je pense qu’Extra Large offrait aussi une expérience « hors les murs » qui n’était pas inintéressante puisque l’institution dispose de près de 60 000 œuvres dans ses réserves et que la politique de son Président encourage à valoriser et à montrer les collections du musée pour les présenter à l’extérieur. • Pouvez-vous nous présenter quelques-unes des œuvres présentées dans l’exposition ? Nous avons bénéficié d’un choix d’œuvres majeures pour composer ce parcours. - L’œuvre de l’artiste espagnol Joan MIRÓ, Personnages et oiseaux dans la nuit (1974), est sublime car on découvre, inscrite sur son œuvre, son processus même de création. On voit qu’à un moment donné il travaille la finition de sa composition en montant sur la pièce. Au centre de la peinture, on peut en effet distinguer les traces de ses semelles et comprendre qu’il s’agit ici d’un corps-à-corps physique avec la matière. - L’œuvre de l’artiste italien Giuseppe Penone, Respirare l’ombra (1999-2000), est une salle dont les murs sont entièrement tapissés d’une tonne de feuilles de laurier. Ici, on rentre dans l’espace de l’artiste où le parfum des feuilles joue un grand rôle. On y vit l’expérience de la respiration. C’est également un travail sur le paysage, puisque les feuilles, offrent différentes nuances de vert. Cette œuvre est complétée par une sculpture en bronze doré en forme de poumons, qui sort du mur de feuilles naturelles et qui symbolise la respiration. Penone est un artiste de l’Arte povera, un mouvement italien apparu en 1967, en réaction à l’industrie culturelle, qui privilégie l’usage de matériaux « pauvres » pour questionner les liens de l’homme avec la nature et la culture. Tout son travail consiste à exprimer des choses extrêmement sensibles liées au ressenti. - L’œuvre de l’artiste brésilien Cildo Meireles, La Bruja I (1979-1981), consiste à cohabiter avec les autres artistes, à jouer avec l’espace d’exposition. Il accumule au départ les fils, puis les fait sortir en jouant avec la structure. C’est une pièce qui envahit la scénographie et s’étend, tombant des murs en cascades, glissant des

ouvertures dans plusieurs salles du parcours. Il s’agit de kilomètres de chutes de fils de coton noir, faisant penser à une épaisse chevelure. Le point de départ, que l’on découvre ensuite, est « le balai de la sorcière », qui se dissimule dans une alcôve, et dont les fils recouvrent le sol d’entrelacs formant un épais tapis que les visiteurs peuvent fouler. - L’œuvre du français Jacques Monory, Meurtre n°10/2 (1968) présente la vidéo d’un court métrage énigmatique où l’artiste se met en scène en train de courir, accompagnée d’une peinture le représentant, et d’un miroir percé d’impacts véritables de balles. - L’œuvre de l’artiste chinois Cai Guo Qiang, Bon voyage : 10.000 objets confisqués à l’aéroport (2004), représente un avion monumental en osier tressé suspendu au plafond. La pièce est réalisée en matériaux traditionnels chinois, auxquels l’artiste a ajouté tous les éléments que les passagers doivent abandonner au moment d’embarquer et qui ont été collectés dans l’aéroport de Sao Paulo (ciseaux, petits couteaux..etc). Ce travail symbolise le danger, celui que l’on porte en nous, celui du terrorisme devenu omniprésent… • Avez-vous participé à la restauration de certaines œuvres ? Oui. Certaines œuvres n’avaient pas été présentées au public depuis dix à quinze ans. Par exemple, nous avons spécialement restauré l’œuvre de Penone, car les feuilles de laurier avaient perdu leur parfum depuis plus de 10 ans. • Dans l’exposition, quelle est l’œuvre qui vous a le plus impressionnée ? C’est une exposition dans laquelle on retrouve tous les mouvements de l’art du XXe siècle avec des pièces d’une grande qualité. J’y ai notamment redécouvert le choc de la pièce de Penone, que j’avais auparavant vue à Avignon en 1999, et qui continue de m’impressionner. Et puis, de manière plus classique, les pièces de Sam Francis sont des œuvres que je n’avais pas eu l’occasion de voir depuis fort longtemps. • Qu’est-ce qui, selon vous, constitue la norme, ou ne la constitue pas ? Je pense que le hors norme, consiste pour les artistes, à vivre un rapport physique autre, s’agissant de leur approche artistique. C'est-àdire qu’à un moment donné, il fallait pour eux, qu’il y ait un dépassement et une redéfinition de leur champ

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DESIGN / ART

TAKASHI NAKAJIMA-SAN + UN ARTISTE HAUT EN COULEUR ! + Interview /

artistique et de leur approche, parce qu’ils abordent le très grand format. Le hors norme, c’est l’idée de dépasser l’échelle humaine et de la transcrire dans des médiums différents que ce soit en peinture ou en installation et de transposer les créations dans un registre qui va transcender cette échelle par rapport au lieu. Pour certains artistes, c’est également une façon d’offrir une analyse et un nouveau regard sur le monde, en dépassant le format habituel de l’œuvre d’art. On m’a demandé qui pouvait acheter des pièces comme celles-ci, du fait de leur format. Je pense que les artistes n’ont pas cette finalité en soi. Il s’agit d’un défi, d’un moyen de détourner l’aspect monumental et commémoratif des œuvres ou d’un moyen de se jouer des codes du grand format pour appliquer un discours différent. • Quel doit être selon vous le rôle et l’impact d’une exposition ? L’idéal, c’est de faire rêver les gens, de les transporter ailleurs ! L’exercice est assez difficile ici puisque l’on est situé en bord de plage. Par conséquent, il y a tout de suite une attirance pour l’extérieur et non pas une envie de s’enfermer dans un musée... Avec cette exposition, nous avons renforcé l’expérience de visite en famille en poussant au maximum la gratuité jusqu’à l’âge de 17 ans, pour que ce soit l’occasion pour des personnes qui sont en vacances d’effectuer une sortie culturelle et de la partager avec leurs enfants. Afin que la visite soit une réelle expérience culturelle, nous sommes à chaque fois soucieux de pouvoir montrer un sujet d’exposition avec une approche inédite afin de justement valoriser l’effet « vu uniquement au Grimaldi Forum ».

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Entretien Ariane Couloudre • En quoi l’exposition EXTRA LARGE offre-telle une vision inédite sur le thème de la monumentalité ? L’exposition EXTRA-LARGE explore une question paradoxalement peu abordée par l’histoire de l’art, celle du grand format. Cette dimension, qui « saute » littéralement aux yeux, apparaît comme une évidence pour le spectateur confronté à une œuvre colossale. Elle a pourtant rarement été considérée en soi, indépendamment des disciplines ou des mouvements artistiques. L’art moderne, dans sa remise en cause de genres jugés nobles, comme la statuaire monumentale ou la peinture d'histoire, a cherché à rompre avec une certaine forme de gigantisme, associée à la mise en scène des valeurs du pouvoir officiel. Pourtant, par l’efficacité visuelle qu’elle suppose, la monumentalité a exercé une fascination constante tout au long du XXe siècle. L’exposition rappelle qu’en dehors de la performance technique qu’elle implique, l’usage de la grande dimension n’est anodin ni pour l’artiste, ni pour le regardeur. En effet, quelles motivations peuvent pousser un artiste à réaliser une peinture de dix mètres de large plutôt qu’un tableau de chevalet ? Comment une œuvre immense parvient-elle à tisser un dialogue avec son espace ? En quoi l’expérience du grand format redéfinit totalement la perception que peut en avoir un spectateur rendu minuscule ? Ce sont quelques exemples de questions que soulève l’exposition. Au-delà de la diversité des œuvres présentées (peinture, sculpture, photographie, installation…), EXTRA-LARGE entend explorer la question du grand, dans toutes ses dimensions.

• Pourquoi présenter, au sein de l’exposition, un cabinet de dessins signés de grands maîtres modernes ? L’ensemble des œuvres hors-format présentées dans l’exposition ont été créées dans la seconde moitié du XXe siècle. Il nous a paru essentiel de replacer la quête de monumentalité dans sa dimension historique, en montrant une quinzaine de dessins de grands artistes de la modernité. Ce cabinet d’art graphique réunit ainsi Henri Matisse, Robert et Sonia Delaunay, Fernand Léger, Marc Chagall, Raoul Dufy ou encore Theo Van Doesburg. Il s’agit à chaque fois de dessins préparatoires pour des projets monumentaux, des rideaux de scène, des décors de théâtre, mais aussi des œuvres murales réalisées pour l’espace public ou pour des particuliers. Ces artistes de l’avant-garde ont tous eu à cœur de sortir du cadre de la peinture de chevalet pour se confronter à d’autres champs de création comme l’architecture ou le spectacle vivant. Il faut se replacer dans le contexte du début du XXe siècle pour comprendre d’où vient cette propension au gigantisme. Avec le cinéma et la publicité, le XXe siècle voit l’essor d’une culture populaire nourrie d’images grand format, formidablement efficaces. Pour faire face à cette concurrence nouvelle, beaucoup d’artistes répondent avec des moyens similaires, en particulier celui de l’extension de l’œuvre dans l’espace. Ce cabinet de dessins entend également mettre l’accent sur le cheminement de l’artiste, du petit vers le grand. Car l’œuvre gigantesque n’est pas donnée d’avance : elle naît d’une idée, se développe dans des esquisses, des gouaches, de petites études qui seront ensuite agrandies à l’échelle souhaitée. Le grand format forme à chaque fois l’aboutissement d’un travail

Virginie Jux, Tokyoartool Tat • Interprète / Julie Donat • Photos / © Takashi Nakajima-San

de projection et d’imagination de l’artiste. • À travers les diverses perceptions de la monumentalité qu’elle propose, cette exposition n’est­ elle pas au final l’occasion de vivre une expérience artistique hors normes ? En effet, l’exposition offre avant tout une expérience sensible. Elle cherche à susciter une rencontre avec des œuvres qui, par leurs dimensions, débordent de notre champ de vision. Certaines pièces s’adressent à tous les sens du visiteur, en l’immergeant dans la couleur, dans la lumière, dans un parfum ou une musique. Elles visent à susciter des émotions, à lui faire prendre conscience du moment présent, de l’expérience vécue, dans un jeu permanent d’interactions. D’autres œuvres déstabilisent à dessein sa perception par des jeux d’échelles. La vision d’une œuvre grand format ramène au regard que l’enfant porte sur le monde démesuré des adultes. Le sujet agrandi a cette étrangeté particulière, qui oscille entre le grandiose et l’inquiétant. Enfin, plusieurs pièces font naître par leur grandeur un sentiment de sacré et de transcendance, et rappellent que, étymologiquement, le terme « monumental » renvoie à la notion de mémoire, individuelle et collective. À travers ce parcours inédit, se pose la question d’une œuvre d’art totale, capable de rendre compte de la richesse infinie du réel.

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'abord de par sa taille, ensuite parce qu'il joue des couleurs avec grâce, juste pour la beauté du geste. Tout un art au Japon, la beauté du geste... TakashiNakajima, artiste designer Tokyoïte, conçoit de véritables spectacles vivants, ses utopies, en un simple tremblement poétique comme il froisse le papier qu'il travaille. Ses installations fantasmagoriques envahissent les espaces qu'il s'approprie, croissent dans un mouvement circulaire qui procure une sorte de vertige, comme n'en donne que l'émotion en face de la beauté. Simple.

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DESIGN / ART

DESIGN / ART

m'y rendre, pour apporter mon aide et pour mettre en place des projets artistiques. C'est pour bientôt, j'y pense depuis longtemps. Quand un peuple perd tout, ce qui lui reste c'est sa culture, l'art subsiste. Ce qui a vraiment changé dans mon travail après le 11 mars, c'est mon traitement du papier. Avant, ses contours étaient lisses, propres, bien découpés, maintenant, dans toutes mes installations le papier est froissé, abîmé, coupé à la main. C'est ce que je ressens à l'intérieur qui ressort ainsi et se manifeste dans une sorte de tremblement du papier. Ce véritable choc intérieur se retrouve dans mon rapport au papier...

• As-tu fait une école d'art particulière, ou bien es-tu complètement autodidacte ? Je ne sors pas d'une école d'art, je suis allé à l'université de Tokyo, dans une filière spécialisée de design. J'ai commencé à créer pendant ces années d'études, avec un groupe d'amis, nous louions une petite galerie pour présenter notre travail. Mais très vite, le milieu des galeries, le monde de l'art en tant que système, m'ont déplu, à cause du principe des commissions que prennent les galeries sur la vente d'une œuvre... Après l'école, j'ai donc cherché des endroits, pas forcément destinés à l'art au départ, pour montrer mon travail sans avoir à payer. De fait, jusqu'à l'âge de 30 ans, je n'avais plus jamais exposé en galerie. À nouveau, aujourd'hui, il m'arrive de travailler pour une galerie, d'y faire une installation; mais je ne suis rattaché à aucune, je n'ai pas d'agent. • Pourquoi as-tu choisi de travailler le papier et le bois ? Le papier et le bois ont deux propriétés qui m'intéressent, ils sont à la fois durs et doux, donc faciles à travailler, malléables sans être trop fragiles. Surtout, ce sont pour moi des matières agréables et des matériaux que l'on trouve facilement, ils sont partout autour de nous. Récemment, je me suis mis aussi à utiliser le plastique, pour les mêmes raisons. En fait ce sont des matériaux que l'on trouve dans la nature et que l'on transforme, ça résume l'art d'une certaine façon : partir de ce qui existe et le transformer, le transcender. • L'arbre est un élément qui revient presque systématiquement dans tes installations, pourquoi ? Est-ce un symbole particulier pour toi ? Au départ ce n'est pas intentionnel, je ne pense pas à faire un arbre, mais c'est effectivement l'objet final que l'on perçoit. Mes installations ressemblent à un arbre mais n'en sont pas véritablement. L'arbre est pour moi une image de la vie. L'homme ne fait que passer, le végétal reste et se multiplie. Dans mon travail, les plantes, le végétal sont très présents, avec cette idée de quelque chose de vivant, de mouvant, qui se multiplie. • Fais-tu un lien entre l'arbre et le papier que tu utilises ? On coupe des arbres pour faire du papier et toi tu fais des arbres en papier ! Je n'y ai pas pensé au départ mais c'est intéressant en effet, comme si mon travail s'inscrivait dans un cycle... C'est d'ailleurs ainsi que je mets en place mes installations, de manière circulaire, je pars du centre et travaille en cercles autour jusqu'à envahir tout l'espace, un peu comme un parasite, mais positif ! Le but pour moi est toujours d'occuper tout l'espace dont je dispose, de le déborder même, de le remplir de ce que j'appelle mon utopie. • Tu as participé à l'exposition « No Man's Land », organisée par l'ambassade de France en 2010, dans les anciens locaux de l'ambassade voués à la destruction. Trois mois durant lesquels tu as travaillé sur place pour faire évoluer ton installation « The Beautiful, the Ugly », peux-tu revenir sur ce projet ? C'est sans doute celui que je préfère d'ailleurs, parce que j'ai vraiment eu le temps de faire évoluer l'œuvre comme je voulais... Avant d'être retenu pour ce projet rassemblant de nombreux artistes français et japonais, j'ai dû soumettre un avant-projet à Hélène Kelmachter, attachée culturelle à l'ambassade et responsable de « No Man's Land ». Je travaillais à l'époque avec une galerie d’Hiroo (quartier de l'ambassade de France à Tokyo). Le concept m'a plu dès le départ : on me donnait tout un espace, une pièce et un temps assez long ; espace et temps étaient donc limités. Et puis tout devait disparaître au final, puisque les bâtiments allaient être rasés et il en est ainsi de mes installations qui sont toujours éphémères. Comme souvent dans mes installations, je pars de l'explosion d'une graine qui va germer, se répandre, envahir l'espace, devenir arbre ou quelque chose de végétal.

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« Je pense que les

couleurs, comme les gens, ont une personnalité (...)

»

L'installation devait donc évoluer, la graine devenir arbre, l'arbre redevenir graine. Encore un cycle ! La transition se faisait par la couleur que j'ajoutais. Le feuillage de l'arbre, des fleurs aussi ont poussé jusqu'à remplir toute la pièce, la déborder puisque l'installation sortait par les fenêtres, s'épanouissait à l'extérieur. Dans ce processus, je voulais jouer sur les opposés, d'où le nom de l'installation, la beauté et la laideur, les fleurs s'ouvraient puis devaient mourir, sans cesser d'être belles car finalement la beauté est un concept relatif qui dépend du regard qu'on porte sur les choses, on peut rendre belle une fleur qui meurt. C'est pour cela que la salle que j'occupais était peinte en noir et blanc, pour l'opposition. Comme la transition se faisait grâce à la couleur et à la disparition progressive du papier, j'ai utilisé des bombes de peinture, en jouant sur les différentes couleurs, selon le principe du pochoir. Au final tout le papier avait disparu, ne restait plus que l'ombre des feuilles et des fleurs sur les murs... • Pourquoi les univers que tu recrées, tes utopies comme tu les appelles, sont toujours multicolores ? Les couleurs « explosent » elles aussi ? On peut dire ça oui ! Pour moi les couleurs sont un peu les épices de mes installations. Plus tu goûtes d'épices, plus tu veux en mettre dans ta cuisine.

Plus tu vois des couleurs, plus tu fais des couleurs ! C'est comme une drogue finalement ! Je pense que les couleurs, comme les gens, ont une personnalité. L'art n'existe pas si les gens ne viennent pas le voir et chacun doit pouvoir s'y retrouver. Du coup, si je multiplie les couleurs, je multiplie les chances que les gens trouvent la leur ! • Pour aller dans une teinte plus sombre... j'aimerais que tu nous dises ce que le 11 mars 2011 a changé, ou pas, dans ton travail, dans ta démarche ? Évidemment, comme tout le monde, je suis humainement profondément marqué par les évènements en chaîne du 11 mars et leurs conséquences pour le nord du Japon en particulier, et pour tout le Japon. Comme beaucoup d'artistes, au lendemain de la catastrophe, je me suis demandé si je devais maintenir mes expositions ou les abandonner, l'art ne semblant pas être la préoccupation du moment compte tenu de la situation dans laquelle se trouvait le pays. Je voulais tout arrêter pour me rendre dans le Tohoku (région sinistrée par le tsunami) pour aider, puis je me suis dit que pour l'instant mieux valait continuer à faire ce que je faisais, mais le faire mieux encore. Avec le temps malheureusement, les gens vont oublier le Tohoku, moins de volontaires iront, c'est à ce moment-là que je compte

• Dans ton installation « Messy Grace » pouvaiton voir la représentation d'une vague justement ? On peut y voir une vague, mais je n'ai jamais voulu suggérer directement le tsunami. Dans cette installation, on peut voir aussi une pierre, qui peut devenir un arbre, qui peut devenir fumée, c'est encore un cycle. Au départ, il s'agit d'une grotte, une grotte qui serait une sorte de ventre maternel à l'intérieur duquel, une fois encore, pousse une graine qui devient un spectacle vivant. Ce qui m'intéresse c'est toujours la transformation, le mouvement, la perception de la lumière. On voit bien à quel point le papier est froissé dans « Messy Grace », une utopie qui peut ressembler à tout et qui ne ressemble à rien en même temps. Puisque les choses détruites ne ressemblent plus à rien, les gens peuvent s'évader, y voir ce qu'ils veulent. Chacun participe à ce spectacle vivant, à mon utopie, en ramenant sa propre histoire. J'ai commencé cette installation tout en papier blanc froissé pour faire la grotte, avec l’objectif d’ajouter les couleurs par la suite, selon le même processus. • Quels sont tes prochains projets ? En ce moment je travaille dans un temple à Gunma (préfecture qui se situe non loin de Fukushima), j'utilise tous les bouts de papier que j'ai gardés depuis un an, tous ceux que j'ai utilisés depuis mars 2011 pour cette installation qui emplit le temple. Ces papiers finiront brûlés au temple. En plus de l'installation, je travaille avec des enfants qui viennent peindre leurs mains sur les murs. Ces empreintes rappellent la forme des fleurs de lotus que l'on trouve dans les temples. C'est aussi un clin d'œil à Senju Kannon, la déesse aux mille bras qui se trouve dans ce temple. Le temple est pour moi un très bel espace, chargé d'une longue et belle histoire à laquelle j'ajoute la mienne. Ce projet n'a rien à voir avec la religion, je n'en ai pas personnellement mais l'idée est de faire revivre ce temple, lieu de rassemblement, d'y faire venir les gens pour l'art. Par ailleurs, depuis peu, je travaille de plus en plus le plastique, c'est une matière qui me plaît beaucoup parce qu'elle me permet de jouer davantage avec la lumière et la transparence qui peuvent changer la perception, c'est une exploration nouvelle qui commence. Le plastique est aussi très souple, malléable et comme je travaille sur les courbes, c'est très intéressant. Je pense refaire en plastique une de mes grandes installations en bois. Je confectionne aussi des objets design avec le plastique. • La dimension éphémère de ton travail fait penser au street art, est-ce une forme d'expression artistique qui te plaît ? Oui beaucoup, mais pour l'instant mon travail est le contraire du street art puisque je fais surtout des installations en intérieur mais je pense de plus en plus à travailler en extérieur, et davantage avec la peinture.

Pour plus d'informations sur le travail de Takashi Nakajima... Contact : jux.virginie@gmail.com

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MUSIQUE

MUSIQUE

MADAME B + L’ART MULTIFORMES + Texte /

Alexis Jama Bieri • Photos / © Madame B

M

adame B a, sous ce nom, commencé à composer en 2005. C’est une artiste qui fait tout elle-même, avec ce qu’elle a sous la main, comme des instruments récupérés ça et là dont elle ne sait paradoxalement pas jouer et qu’elle se réapproprie afin de les faire sonner à sa façon. Sa musique est parfois dérangeante, et s’épanouit dans une atmosphère claustrophobe et angoissée. Ses sonorités rappellent parfois Sonic Youth, Joy Division, le post punk, la cold wave et même l’électro minimaliste. Multi champs, Madame B s’exprime également par la peinture, la photo et la réalisation de ses clips. Ses peintures, abstraites et sombres, rappellent les œuvres de Pierre Soulages. Ses photographies, réalisées en Polaroid, sont malmenées, brulées et enfin peintes. Ses films vidéo, enfin, donnent une très large place à l’expression corporelle, aux mouvements et à la mise en scène qui rappelle la danse contemporaine. Un univers hors norme. De l’Art… totalement.

Mais pas de façon totale, car j’aime le mélange des genres.

• Peux-tu te présenter ? Je m’appelle Sophie Nadaud, j’ai 30 ans et je fais de la musique, je chante, j’écris…Je fais aussi de la peinture, de la photo et également un peu de vidéo.

• Au fond, tu es quelque part un peu punk, à l’image de ta musique ? Comme le dit Patti Smith : « être punk c’est être libre », alors si c’est ça je suis surement un peu punk !

• Que signifie Madame B ? Madame B c’est un diminutif pour Madame Barrée, le surnom que mes amis m’ont vite donné en écoutant ma musique… On peut aussi imaginer ce qu’on veut avec cette lettre… Le meilleur comme le pire ! • Comment es tu arrivée à la musique ? J’ai toujours écrit et toujours voulu faire de la musique sans jamais oser. Et puis, un jour, sans savoir pourquoi, sans me poser de questions, j’ai commencé, chez moi, à m’enregistrer avec les moyens du bord : que ce soit techniquement ou matériellement. Petit à petit, tout ça a grandi pour devenir des morceaux, des chansons puis des albums, sans que je ne m’en rende compte. • Ton univers est particulier, sombre, désolé, mais quelque part optimiste dans ce qu’il recèle de désillusions… C’est quelque part un terreau nihiliste sur lequel naît un nouveau monde… Où puises-tu ton inspiration ? De ma vie, de mes émotions et de l’injustice en général. Je ne réfléchis pas vraiment quand je crée, tout vient naturellement et spontanément. • Et quelles sont tes sources de non-inspiration ? J’ai besoin de ressentir les choses, alors je dirai que ce qui ne me remue pas, ce qui ne me touche pas, ne m’inspire pas. • Comment qualifierais-tu ta musique ? C’est le mélange des genres à l’infini. • Comment composes-tu tes morceaux ? Chez moi, devant mon ordinateur avec lequel je m’enregistre, je commence à jouer et je rajoute au fur et à mesure des instruments, puis ma voix. • Quelle part donnes-tu à l’improvisation et à l’expérimentation ? Je ne joue pas d’un instrument,

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« L’improvisation s’impose à moi » je joue AVEC les instruments, l’improvisation s’impose à moi ! • Comment conçois-tu l’univers extrêmement visuel qui entoure tes titres ? Je cherche juste la cohérence quand je commence à penser aux visuels de mes albums. J’aime faire des photos (en amateur) depuis toujours. J’utilise donc souvent des photos que j’ai déjà prises avant même de penser à un morceau. Maintenant, je réalise également des vidéos, soit me filmant ou en filmant ce qui m’entoure, soit en pratiquant le « vidéo collage » avec des extraits de films.

• Ton univers visuel présente notamment des images de croix ou de silhouettes ésotériques rappelant le folklore religieux. Quel est ton rapport à ces superstitions ? Une éducation religieuse très forte m’a surement marquée… Peut-être plus que je ne le pensais. Je me questionne beaucoup, je suis très sensible à la spiritualité en général. Et ce, au sens très large, on peut mettre derrière ce mot tant de choses… Je suis en train de chercher ce que je veux y mettre. • Et souvent monochromes. Un goût pour le vintage, presque victorien ? Oui le noir et blanc m’a toujours plu, un goût pour le vintage, surement !

• Collabores-tu avec d’autres artistes, et à d’autres projets, dans d’autres domaines artistiques ? Oui je collabore beaucoup en musique. Mes autres projets sont « Les Enfants Sales » avec Christophe Andres et « The Desolation Singers » avec Neddal Ayad. J’ai également collaboré à des albums ou des morceaux avec des artistes comme Manu Zorch (Camp Z), Cyril Mary, Frédérique Lemaître ( Room 111 ), Guilty Strangers, Shawn Terry, Zebulon Whatley (Sons of Perdition), Drunken C, Chalize Zodiac, Wehwalt, Domino and the ghosts… • Quelle est ton actu ? Mon dernier album PSALM 37:29 est sorti physiquement début juillet avec deux morceaux inédits. Il est par ailleurs en téléchargement sur les plateformes musicales du net. L’album THE BLOOD BETWEEN US, de mon autre projet The desolation Singers, est en vente sur le site Dark Holler Arts et en écoute gratuite sur Soundcloud. L’EP Madame B With Domino And The Ghosts est en téléchargement libre sur bandcamp. On peut aussi télécharger gratuitement mes albums Madame B et certaines collaborations sur Zorch Factory Records et Vault106. • Quels sont tes projets ? Un nouvel album solo, un autre pour Les Enfants Sales et encore plein de collaborations musicales… Dans un autre registre je travaille sur un recueil de poèmes et autres textes que j’écris, qui seraient illustrés par mes photos et peintures.

madame-b-music.blogspot.fr

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MUSIQUE

MUSIQUE

ROCKY + COMME UN UPPERCUT + Propos recueilli par /

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éférence au film sorti en 1976 narrant les aventures d’un certain étalon italien, Rocky est un groupe de pop aux accents électro. Quoi de plus normal alors que de le trouver à l’affiche du festival Elektricity fin septembre. Un live à voir

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Guilhem Simbille • Texte / Alexis Jama Bieri • Photo / © Sylvere H

en s’agrippant aux cordes, ganté et accompagné d’une Adrienne, denrée rare, sauf dans certaines contrées reculées. Mais retour à la civilisation, où une irrépressible envie de danse, et ce n’est qu’un début de vos envies festivalières, prendra, à votre âme défendant, possession de

votre corps. Alors lancezvous sur le ring, pour y prendre tous les coups, d’un soir pop. • Vous semblez vous connaître et faire de la musique ensemble depuis longtemps. Parlez-nous un peu de vous et du projet Rocky. Comment est-il né ? D'où sort ce nom d'ailleurs, Rocky ? Le projet est né il y a maintenant un an et demi après l'arrêt de notre précédent groupe TV Glory. On travaillait à trois à un nouveau son dans notre cave et un ami nous a présenté Inès (chant). Bien entendu ça a collé tout de suite entre nous et here we are ! Pour le choix de Rocky, on voulait un

nom punchy, simple et international. Celui-là a l'avantage d'être déjà assimilé par le public et d'être une parfaite référence pop. Et puis il est cool. Bon... l'arrivée d'ASAP Rocky nous mange un peu la feuille de match mais de toute façon, on ne joue pas dans la même division. • Quelles sont vos principales influences ? Toutes les musiques de danse : cérébrales, tribales, blanches, noires, synthétiques ou pas ; le Disco, la House, le Hip-hop, mixées à une culture pop et rock. • Vous avez récemment rejoint l'écurie Green United Music aux côtés de The Shoes, Herman Dune ou Esser. Quels sont vos projets ? Y a-t-il un EP en prévision ? Des remixes ? La première étape sera en effet la sortie d'un EP sur lequel nous

«ROn essaye de ne pas trop se disperser » éférence au film sorti en 1976 narrant les sommes en train de travailler. On espère le termiaventures d’un ner avant la fin 2012 mais certain comme ce sera notre première sortie et qu'on n’a qu'une occasion étalon italien, Rocky est de faire une bonne première impression, on veut le un de pop aux soignergroupe particulièrement. La barre est haute sur le label, mais justement, ça nous tire vers le haut, accents Quoi deailleurs, ça nous obligeélectro. à bosser encore plus. Par un remixnormal d'un titre dealors Sayem devrait plus que sortir de d'ici peu. On est très friand de l'exercice, même si on le trouver à l’affiche en réalise encore peu. On essaye dedu ne pas trop se disperser et de les choisir le plus "intelligemfestival Elektricity finsensibilité ou ment" possible, par rapport à notre

septembre. Un live à voir en s’agrippant aux cordes, ganté et accompagné d’une au détour de nos rencontres artistiques. Adrienne, denrée rare, • Vous aviez donné un de vos premiers concerts sauf dans certaines contrées lors d'une soirée Elektricity à Reims. Quel soureculées. Mais retour à ? C'était venir gardez-vous de cette folle soirée notre deuxième concert. C'était top de pouvoir la civilisation, oùl'équipe unedu festival le faire à la Cartonnerie avec où nous avons eu un super accueilde et d’excellentes irrépressible envie danse, conditions. Un featuring d'Étienne Jaumet sur et ce n’est début depetits un morceau, puisqu’un le Dj set de Yuksek. Les oignons quoi ! vos envies festivalières,

prendra, à votre âme défendant, possession de votre corps. Alors lancez• Une question pour Inès. Les membres de vous sur le pour y la bière Rocky sentent très ring, fort la testostérone, et les frites de tous leur Nord ainsi qued’un le footprendre lesnatal coups, ball. Comment trouves-tu ta place au milieu soir pop. d'une telle brochette ? Je trouve que ce sont de

très belles fragrances, tout particulièrement la bière, et puis ils ne sentent pas si fort que ça, du coup j'ai trouvé ma place plutôt rapidement et naturellement.

bler des morts et des vivants, toutes époques confondues, de qui serait-il composé ? Que des morts : Axl Rose, Lou Reed, Giorgio Moroder et Jacques Higelin. • Vous avez officié sous divers noms dont TV Glory ou encore Fischer Dieskau. Si vous deviez à nouveau changer de nom, ce serait quoi ? Putain de Camion !

• Si vous pouviez monter le meilleur groupe de tous les temps, en ayant le pouvoir de rassem-

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MUSIQUE

MUSIQUE

PHONOGRAPHE CORP + LES MUSIQUES URBAINES EN CURIOSITÉ + Texte /

Alexis Jama Bieri • Photo / © Cattleya Malejac

« Notre but n’est

pas d’exposer notre savoir à tout le monde en proposant un truc pointu, mais d’essayer d’intéresser les gens et les lier à l’occasion de nos soirées

»

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honographe Corp est une association œuvrant pour la promotion des musiques électroniques et des culture urbaines. Basée à Reims, Phonographe Corp. a, en un peu plus d’un an, su se diversifier pour regrouper aujourd’hui trois activités principales qui sont l’organisation d’évènements et de concerts avec la volonté de faire découvrir à un public plus ou moins initié des artistes prometteurs et talentueux évoluant dans des univers musicaux allant de la

22 - P H ON O GRAPHE CORP

techno au hip-hop en cours duquel l’association passant par la house ou organise des événements. la pop ; la rédaction quotidienne du webzine vous présenter ? Nous sommes www.phonographecorp.com •unePouvez-vous association qui s’appelle phonographe. Nous qui propose des interviews sommes au départ des étudiants en première et seconde année à Sup de co-Reims et avons des pard’artistes, des chroniques cours et des origines musicales différents. Notre constitue une richesse qui nous permet en tout genre, des coups de diversité de nourrir les divers projets de Phonographe corp. cœur de la rédaction ainsi Cyprien : je suis arrivé de Lyon pour étudier en école de commerce et c’est là que j’ai rencontré que de nombreux jeux Souleymane, Tom et Charly. je viens de Paris, j’écoute de la muconcours ; la participation Souleymane : sique électronique depuis que j’ai 12 ans. Quand à la vie culturelle rémoise je suis arrivé à Reims, je n’étais pas forcément dans l’ambiance école de commerce. Avec chance, par la collaboration avec nous nous sommes vite trouvés avec mes associés autour du partage de notre passion ! de nombreux artistes, Charly : je viens de Toulouse. Au départ je n’écoutais pas du tout de musique électronique. J’avais associations, institutions une culture rock, mais j’avais plutôt l’impression et collectifs locaux. d’en avoir fait le tour. Quand j’ai rencontré mes associés je les ai trouvé drôles et me suis dit que Phonographe Corp. Est participer projet de Phonographe était un moyen de m’ouvrir et d’apprendre avec eux. par ailleurs partenaire Elise : je viens de Lille et je fais partie de l’associadu festival Elektricity, au tion depuis septembre 2011. J’en avais entendu

parler par des amis et les quatre fondateurs de phonographe (Cyprien, Souleymane, Tom et Charly). J’aime la musique et ça a vite accroché. Olivier : je viens de Nantes. En venant à Reims, je recherchais une association qui intervenait dans le domaine des musiques électroniques, un peu à l’écart de l’école de commerce. Thibault : je suis comme les autres en école de commerce et poursuit des études parallèles en fac de philo. J’ai rencontré l’équipe de phonographe en octobre 2011 et ça a tout de suite bien marché. Sont également membres de Phonographe : Tom, qui vient de Paris, possède un background très rock, à l’instar de Charly et apprécie par ailleurs la techno ; Simon, alias Pur Sim, qui est un dj connu sur la scène électronique depuis environ quatre ans en France et à l’étranger ; Julien, qui vient de Bordeaux, et officie comme dj sous le nom de Proselyte. Notre association a donc été créée à Reims, en octobre 2010. Nouvellement arrivés dans la ville des sacres, nous nous sommes rendus à l’évidence que les seules soirées étudiantes ne nous conviendraient pas. En effet, nous souhaitions nous ouvrir sur la ville et ne pas rester enfermés dans le vase clos des étudiants en école de commerce. Et comme nous étions tous liés au milieu des musiques électroniques et avions pour projet de créer, un jour futur, une association qui interviendrait dans le champ de la musique, nous avons rapidement décidé de créer une association consacrée aux musiques et cultures urbaines.

Concrètement, nous organisons, d’une part, des soirées et animons, d’autre part, un blog sur Internet avec l’’idée de créer des ponts entre différents collectifs, différentes institutions, des gens qui ne se seraient pas forcément rencontrés naturellement et créer le plus d’échanges possibles au delà même de la musique. Nous développons notre projet pour qu’il soit pérenne, car les associations d’école sont presque toujours éphémères avec une durée de vie de deux ans dans le meilleur des cas. • Accueillez-vous dans Phonographe Corp. des personnes de Reims, qui ne sont pas forcément dans votre école ? Pas pour l’instant, car nous travaillons entre amis proches, ne serait-ce que pour des raisons pratiques, de concordance d’agendas ! La proximité nous permet de nous voir tous les jours, et plus aussi car certains d’entre nous vivent même en colocation. À titre d’exemple, notre premier graphiste était installé à Paris et nous avons du changer, car l’éloignement géographique n’était pas cohérent au niveau organisationnel. Nous sommes toutefois liés à des étudiants de L’ESAD pour l’aménagement des lieux de soirées, des djs locaux . Notre but n’est pas d’exposer notre savoir à tout le monde en proposant un truc pointu, mais d’essayer d’intéresser les gens et les lier à l’occasion de nos soirées en offrant quelque chose de différent, qui soit malgré tout accessible à tous. Et c’est une grande réussite, car dans nos soirées il y a des jeunes de 20 ans, des trentenaires, des qua-

dras, des étudiants en commerce, des artistes… • Vous parlez de musique urbaines, quelles sont-elles et quels territoires sont concernés par vos actions ? Les musiques urbaines au sens large, qu’il s’agisse de hip hop, rock, soul et surtout électro… Concrètement, nous écrivons des articles sur le rock, le hip hop dans notre blog, organisons des soirées électro ou hip-hop, en évitant tout clivage. Pour l’instant, nous développons des projets indépendants des institutions de la nuit. Comme nous avons des nantais dans l’association, nous avons fait venir des djs nantais à Reims et avons été invités par Cyril Jollard le programmateur du Lieu Unique à Nantes, Via le partenariat avec Elektricity, à organiser des événements dans cette salle les 15, 16 et 17 aout. Nous sommes par ailleurs en contact avec des associations basées à Bordeaux qui font venir jouer les dj’s liés à phonographe corp. Enfin, nous avons déjà organisé une soirée à paris et en avons une seconde en prévision. Ce sont pour l’instant des événements limités à de petits lieux, avant de prévoir quelque chose de beaucoup plus important. • Qu’est-ce qui vous rebute actuellement, dans la musique et la culture au sens général ? Le problème avec notre génération, c’est qu’on ne peut pas citer un type de musique qu’on n’aimerait pas. Il peut être possible d’aimer des titres de dance des 90’s ou de vieux morceaux de r’nb

alors qu’on déteste le r’nb contemporain qui rivalise de mauvaises vocalises. Il y a, malgré tout, un fil conducteur avec tous ces morceaux : une constante recherche d’intégrité artistique. Avec Phonographe corp., nous ne proposons donc pas de produits sirupeux accessibles à tous, mais des choses magnifiques à découvrir si on se donne la peine d’écouter. Ce qui nous rebute, c’est le choix de facilité en musique et le fait que, par manque de curiosité, les gens acceptent trop facilement ce que l’industrie culturelle leur sert (de pire). On ne méprisera pas pour autant quelqu’un qui écoute, hélas, David Guetta, mais on essaiera de lui faire écouter de la bonne musique. Malheureusement, quand les gens vont en discothèque en province,, ce n’est pas pour entendre un dj qui les surprendra mais pour entendre ce qu’ils connaissent déjà, par manque de curiosité, et parce que ca les rassure. Le type de musique électronique qu’on aime a vocation à rester underground et n’est pas facile d’accès, car on ne la trouve peut être pas dans les grandes enseignes de distribution.

• Pour compléter matériellement vos activités, souhaitez vous à l’avenir créer un label underground ? Monter un label, pourquoi pas, si nous en avons l’opportunité et les artistes… Cette idée est partie au départ d’une blague, mais elle passionnerait toute l’équipe. En revanche, si nous nous lancions dans l’aventure, ca serait très sérieu-

sement ! • Avec votre regard de futurs businessman et businesswoman, quel est votre avis par rapport à l’accès facilité aux créations culturelles avec Internet? Pensez-vous que le modèle économique de l’industrie du disque (Major) est obsolète ? Le business modèle de l’industrie du disque n’est plus viable aujourd’hui. Les artistes savent que ce n’est pas sur les ventes de disques qu’ils se rémunèreront. A contrario des majors, les labels underground sont gage de qualité. Au-delà des ventes de disques, les labels peuvent encore jouer un rôle en matière d’accompagnement d’artiste. • L’avenir du disque n’est-il pas en fait dans l’objet, qu’on aime manipuler, qui est un véritable concept, avec pochette, graphisme, univers artistique, comme c’est (ce fut) le cas avec les vinyles… ? Notre génération n’est pas attachée à l’objet, nous téléchargeons beaucoup, voire à outrance ! Même si l’on possède des disques, l’on possède des centaines ou des milliers de fois plus de fichiers mp3. Toutefois, quand on mixe, cela fait réellement plaisir d’avoir entre les mains un objet tangible. After festival Elektricity organisé par Phonographe Corp. avec Bambounou, le mercredi 26 septembre au Vogue Club, Reims.

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SCULPTURE

SCULPTURE

MOZART GUERRA + ŒUVRES SOUS CORDES + Texte /

Alexis Jama Bieri • Photos page 25 : "Menina de Kyoto" / pages 26-27 : "Primata Les 3 sages" / pages 28-29 : "Primata et Mozart" / © Kristine Thiemann • Photo page 30 : "Stop !" / © Patricia Ferreira Gonçalves

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é à Recife, au Brésil, en 1962, Mozart Guerra fait ses études en architecture à l’université fédérale de Pernambouc où il a obtenu son diplôme en 1986. Il a travaillé comme décorateur pour le théâtre, le cinéma et la télévision au Brésil et a parallèlement développé son travail de sculpteur. Son œuvre, colorée, exubérante, exprime, avec ironie, excentricité et détachement, des thèmes graves de la société contemporaine. Mozart Guerra vit et travail comme sculpteur à Paris depuis 1992 et a participé de plusieurs expositions individuelles et collectives dans les salons d’art et galeries au Brésil, France, Canada, Allemagne, Belgique, Portugal, Espagne, Luxembourg et Italie.

« C’est cette

• Pouvez-vous vous présenter ? Je m’appelle Mozart Guerra, je suis sculpteur. Je suis brésilien, je réside à Paris depuis vingt ans et j’ai un atelier à Montmartre depuis sept ans. • Comment êtes-vous arrivé à la sculpture ? Je suis architecte de formation. Je n’ai donc pas eu une formation académique en sculpture. Le début de mon travail artistique vient de la période où j’étais étudiant à l’université au brésil. À cette époque, j’ai commencé à réaliser des décors pour le théâtre. Tout vient de cette période de théâtre, car c’est en travaillant dans les ateliers de décors que j’ai appris les techniques de sculpture. Aujourd’hui, j’utilise pratiquement toujours les mêmes matériaux : polystyrène, résine, mousse expansée, auxquels j’ai ajouté le cordage comme couverture de mon travail. • L’architecture, que vous avez étudiée, a également une influence sur votre création ? Oui, l’architecture m’influence particulièrement dans ma façon de travailler, notamment en matière d’équilibre des volumes. Elle m’influence aussi dans ma méthode, car dans l’architecture, l’on est très encadré. En effet, mon travail est très méthodique, avec des étapes qui sont d’une grande précision, jusqu’à l’aboutissement de ma création. Évidemment aussi, j’ai bénéficié, au cours de ma formation d’architecte, d’un enseignement de base en histoire de l’art, et j’ai dû par ailleurs réaliser des exercices en arts plastiques qui mettaient en œuvre des matériaux différents. Nous devions alors travailler sur des concepts de volumes, de mouvements, sur les couleurs… Cette formation m’a par conséquent apporté de solides bases. Cela dit, comme je l’indiquais précédemment, il ne s’agissait pas d’une formation de sculpteur. • Si l’architecture a imprégné votre œuvre au niveau de la méthode, le théâtre, dont vous parliez,

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combinaison entre réalisme et fantaisie qui m’intéresse dans mon travail.

»

a fortement conditionné les techniques de votre travail ? J’ai travaillé pour plusieurs troupes de théâtre dans ma ville de Recife. J’ai réalisé des décors pour plusieurs compagnies qui me sollicitaient et j’ai également réalisé des décors pour la télévision. Au niveau des techniques, l’utilisation du polystyrène dans mes œuvres, c’est plutôt une technique qui est utilisée, au départ, en architecture pour la réalisation de maquettes, et dans le décor de théâtre pour la fabrication d’accessoires. • De manière plus générale, quelles sont vos sources principales d’inspiration ? Je ne peux pas échapper, consciemment et inconsciemment à tout ce que j’ai pu vivre dans mon pays natal. Mes sources d’inspiration proviennent du contact avec l’artisanat local, des fêtes populaires brésiliennes comme le carnaval, où l’on utilise beaucoup d’accessoires. Il y a donc tout un univers de formes et de couleurs qui sont très importants pour moi, du fait de ce contact direct, et pour avoir réalisé des projets pour le carnaval. Par exemple, avec un groupe d’amis d’université nous avions réalisé un projet pour décorer toute la ville de Recife et avions remporté le concours. Il s’agit d’un événement qui m’a apporté beaucoup de choses dans le développement de mon art, notamment en termes de conception de projets.

• Concrètement, comment concevez-vous vos œuvres ? Par quelles étapes passez-vous ? Dans la méthode, je pars toujours d’un dessin. Les sujets varient. En effet, j’ai changé ma façon d’aborder la sculpture, dans le sens où je ne fais plus les personnages ronds que j’ai réalisés pendant presque dix ans à Paris. J’ai voulu passer à autre chose. Et puis, je cherche toujours de nouveaux matériaux pour me donner d’autres façons de m’exprimer, comme les cordes de couleurs, qui sont apparues un peu au hasard. • Comment trouvez-vous vos matériaux, notamment pour vos cordages, dont les teintes sont particulières ? Au départ ce sont des cordages qui sont utilisés pour l’alpinisme, l’escalade, la voile. Ce sont des cordes très rustiques et très résistantes à la fois dont je détourne l’utilisation au service de ce que je veux réaliser. Je ne teins rien car ce sont des cordes qui sont déjà très colorées. Au fur et à mesure que je cherchais des fournisseurs, j’ai trouvé des couleurs qui étaient de plus en plus spéciales. Dernièrement, j’ai utilisé des cordes qui viennent du Japon, et que je trouve extrêmement intéressantes au niveau de leur gamme de couleurs qui est très riche. • Vous travaillez d’ailleurs sur une thématique qui rappelle le Japon, puisque vous réalisez des séries qui représentent des geishas ? C’est dû aux voyages que j’ai effectués au Japon. Il s’agit d’une

série de têtes de geishas que j’ai réalisée après mon passage à Kyôto, où j’ai été en contact avec ces personnages qui sont complètement délirants, attirants, et sérieux. Toute cette série de geishas, je l’ai appelée les Menines de Kyoto. Menines signifie filles en portugais. Elle parle des conditions des femmes, car toute cette exubérance qu’on constate quand on rencontre ces geishas est contrebalancée par le fait que ces femmes n’émettent aucun son. • D’où les bouches de certaines de vos geishas qui sont représentées cousues ? Tout à fait ! • Votre représentation de geisha qui porte un masque à gaz est une évocation de ce qui s’est passé à Fukushima et va au-delà du mutisme de ces femmes ? Celle qui porte un masque est une représentation ironique. Son titre est « Trop tard Menina ». C’est un personnage qui est déjà contaminé par la radioactivité et qui porte un masque à gaz, qui ne lui sert alors plus à rien pour la sauver. • Sur une photo qui représente l’installation de « Trop tard Menina », on voit en arrière-plan une cible. On retrouve très souvent ce motif dans votre travail. Pourquoi cette omniprésence de la cible ? Ce n’est pas une omniprésence, mais c’est vrai que depuis dix ans, c’est un symbole qui est très présent dans mes œuvres, que ce soit avec mes séries consacrées aux Indiens ou aux animaux. Je pourrais dire qu’il y a une tentative de parler de la fragilité de ces personnages, à la fois les animaux et les Indiens. Je veux ici parler de cette ambigüité que l’homme exerce par rapport à la nature et aux Indiens, en les admirant et en même temps en les attaquant et les détruisant. • En fait, vous travaillez autour de l’idée de choc des civilisations, de choc des valeurs, de choc des représentations entre Occidentaux, Indiens,

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société ? Il y a en effet un côté optimiste…et effrayé. L’homme est toujours dans une certaine ambigüité, comme je le disais plus tôt, entre admiration et destruction.

primates, animaux…? Plus que les Occidentaux, je pense qu’il s’agit simplement d’humains, car les Orientaux ont aussi des rapports de destruction de la nature. Je pense qu’il s’agit plutôt de parler des rapports de l’homme avec la nature. Ils l’admirent, l’embellissent par des couleurs. Avec mes cibles j’ai représenté des fléchettes pour évoquer une certaine sophistication dans la méthode de l’homme pour la destruction de la nature. • Cette admiration de l’homme pour la nature va jusqu’à transformer les choses de la nature en trophées de chasse… d’où toutes les têtes que vous représentez, animales ou humaines ? Les animaux sont pour moi des symboles de beauté. Quand je vois les formes de ces êtres que j’essaie de sculpter, je les trouve encore plus magnifiques en en reproduisant les détails. Je pense que nous sommes tous très attirés par cette beauté, consciemment ou non. Je peux comprendre le chasseur qui va vouloir mettre ces animaux en trophée, pour leur esthétique, mais ce que je ne veux pas c’est qu’il les tue pour pouvoir le faire. Pour moi, ces représentations en sculpture sont une façon de les mettre autrement en trophée, comme un objet sur-embelli. • Pour admirer les choses, l’humain a besoin de les réduire à l’état d’objets pour les posséder… Oui, et je pense que nous somme encore aujourd’hui très proches des hommes du paléolithique sur ce point. L’homme a toujours eu ce besoin de représenter la nature, les animaux pour se les approprier. C’est ce qu’on trouve notamment sur les parois peintes des grottes telles que Lascaux… Comme on ne peut pas avoir l’animal, on le représente. Je pense que tous les naturalistes doivent avoir ce même rapport. • Vous parlez de préhistoire, est-ce quelque chose qui vous inspire ? Dans ce sens-là. J’ai réalisé il y a quelque temps une exposition appelée « Primates » où je cherchais un thème plutôt universel, qui parle à tous. Depuis, j’ai réalisé un important travail sur les primates, les singes en les humanisant avec des accessoires humains (chapeaux, cigarettes…). À la fin de cette exposition, j’ai installé un personnage, dont le corps est humain, habillé en chemise et pantalon, accroupi, avec une tête de singe qui fume trois cigarettes, comme s’il était stressé. Alors que toutes les autres têtes de singes étaient en couleurs, il s’agissait du seul personnage gris de l’exposition. Cette

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• La mise en avant de la fragilité n’est elle pas un moyen de mettre en abime le danger ? C’est une tentative pour conjurer le danger.

exposition comportait de nombreux symboles, dont la cible, les trois sages représentés par les Chinois (celui qui ne voit pas, ne parle pas et n’écoute pas), avec un triptyque de singes à la bouche, aux oreilles et aux yeux fermés par des fermetures éclair et un autre triptyque qui en était le contraire, c'est-à-dire qu’il comportait un singe avec des lunettes pour tout voir, un autre qui parle avec un micro, et un autre qui porte un casque audio. • Au niveau des thématiques, toujours par rapport à la préhistoire, vous avez par le passé représenté des femmes aux formes opulentes. Est-ce qu’il s’agit d’un parallèle avec les vénus aux formes callipyges ? Absolument ! La vénus de Willendorf notamment a été une source d’inspiration. Je pense que d’autres artistes, comme Botero ont été inspirés par ces formes de représentation de la femme, toute en rondeurs. • D’ailleurs, vos sculptures de femmes me font un peu penser à Botero. Son travail fait-il également partie de vos influences ? Au début, certainement. Au niveau de la création, nous somme tous en recherche des mêmes sources mais nous nous exprimons à notre manière et avec notre technique propre. Je puise beaucoup parmi les images que je vois, dans ce que je lis et visite. Botero, m’a donné des idées au niveau de l’emploi des couleurs. Aujourd’hui, j’admire beaucoup le travail de David Mach qui réalise des têtes d’animaux et des masques africains avec des allumettes. J’ai découvert son

œuvre il y a dix ans à un moment où je cherchais à modifier mon travail. • Vos représentations sont-elles un moyen d’obliger le public à regarder au-delà d’un quotidien factice ? Mes œuvres sont recouvertes de fils de couleurs, artificiels, mais on distingue que derrière il y a un travail de sculpteur qui restitue des formes réalistes. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est la combinaison de la sculpture qui est réalisée dans des proportions réalistes, et du côté fantaisiste que je lui donne. C’est cette combinaison entre réalisme et fantaisie qui m’intéresse dans mon travail. • Justement, la fantaisie donne encore plus de réalisme aux formes réelles que vous représentez ? Je pense que l’utilisation de couleurs fortes fait aussi partie de ma culture brésilienne. La contemporanéité de mon travail se situe dans cette fantaisie qui apporte quelque chose de différent et de nouveau aux formes.

• En fait vos œuvres sont quelque part une critique ironique de la société contemporaine, comme avec votre représentation, installée à Paris, d’un savant stressé… C’était un projet réalisé pour une pharmacie située rue des écoles à Paris. Le projet devait constituer un pont entre le savoir et la pharmacie située près de la Sorbonne. Toujours dans cette quête de recouvrir les sculptures avec des matériaux différents, j’ai ici choisi d’utiliser des boîtes vides de médicaments que j’ai récupérées. Le personnage est donc recouvert de ces cartons de boîtes et tient dans la main une molécule. C’est encore une œuvre très ironique, puisque le savant stressé est recouvert de boîtes de médicaments. • Quels sont vos projets ? J’ai une exposition qui a lieu à Rio de Janeiro dans le cadre de l’Art Rio Fair du 13 au 16 septembre. C’est une première exposition dans mon pays natal, après vingt ans de production de sculptures. Je vais participer, au mois de novembre, au salon national des artistes animaliers à proximité de Paris. Je présente une œuvre dans ce salon qui représente une tête de rhinocéros pour laquelle j’ai reçu le prix du coup de cœur du jury. En mars 2013, j’ai enfin une exposition de prévue à Paris, où je présenterai plusieurs de mes pièces (animaux, geishas, primates) anciennes et nouvelles.

• Quelque part, on a l’impression qu’il y a une notion de danger latent dans vos œuvres, qui est plus ou moins atténuée par un côté optimiste. Essayez-vous de créer les contours d’une société imaginaire ou idéaliste ? Pour reprendre une conversation que j’ai eue il y a peu de temps avec des amis, je pense qu’il y a une réalisation d’un monde fantaisiste. • Il y a un côté optimiste dans cette création de

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BIENNALE DE BELLEVILLE + QUARTIER LIBRE + Texte /

Isabelle Giovacchini • Photo page 32 : "Circle stories, 2012" / © O. Dollinger - ADAGP Courtesy • O.Dollinger & Marion Meyer Contemporain • Photo page 33 : "Jardin révolutionnaire avec moins de couleurs et plus de fleurs, 2010" / © Alexandre Périgot, Courtesy Suzanne Tarasieve, Paris • Photo page 34-35 : " Les joueuses, 2012" / © Adélaïde Feriot

E

n quelques années seulement, Belleville est devenu l'un des points névralgiques de la création à Paris. L'aventure commence avec l'ouverture du FRAC Ile de France en 2003, qui draine à sa suite galeries et ateliers d'artistes. C'est donc tout naturellement que le quartier est devenu en 2010 le berceau d'une Biennale d'art contemporain. Tenant compte des singularités de ce territoire populaire et cosmopolite, le projet va bien-delà du simple événement institutionnel. En effet, la Biennale investit et connecte les galeries, les centre d'arts et les ateliers, mais aussi les rues et les parcs. La seconde édition se déroule du 15 septembre au 20 octobre 2012 et étend son territoire jusqu'au CENTQUATRE. Rencontre avec Patrice Joly, directeur de la Biennale, critique d'art, commissaire d'exposition et bellevillois.

lement coupé du social. Lorsqu’il ne verse pas de façon littérale dans le militantisme, et s’il arrive à se tenir à la frontière de la politique, il parvient à être doublement pertinent. Au Carré de Baudouin, nous avons décidé de partir de l’étymologie du mot "révolution", laquelle renvoie à l’idée de rotation avant de penser à celle d’effusion politique. Cela nous permet de faire dialoguer, de façon parfois arbitraire, des œuvres de Sam Durant ou encore de Claire Fontaine, qui font directement référence aux mouvements révolutionnaires, avec des pièces plus allusives comme celle d’Alexandre Périgot. Les artistes sont à leur manière des révolutionnaires car ils font ployer le discours, déplacent idées et formes pour leur faire exécuter un tour complet.

• Comment vous est venue l’idée de créer une biennale à Belleville ? Depuis une dizaine d’années, j’appartiens à un groupe de journalistes, critiques et curateurs vivant à Belleville. Nous avons vu ce quartier se modifier, se mettre en place une dynamique liée à la création contemporaine, au travers notamment de la création du Plateau, de la Générale puis enfin des galeries qui sont venues s’installer ici. Nous avons voulu à notre tour nous investir dans un événement qui accompagne les transformations de Belleville. En tant que curateurs, nous avons voulu apporter notre pierre à l’édifice. • Qui compose ce groupe ? Le noyau dur de l’équipe est composé de trois personnes : Aude Launay, Claire Moulène et moi-même après que Judicaël Lavrador et Muriel Enjalran se soient un peu éloignés pour cette édition. Emmanuelle Lequeux qui est aussi critique d’art et journaliste vient compléter notre équipe en nous apportant un grand nombre d’idées et de pistes. Nous avons ensuite invité des curateurs indépendants. Parmi eux, Caroline Hancock mettra en place une proposition à la Maison des Métallos, Gilles Baume s’occupe du projet d’artothèque au CENTQUATRE. Les différentes galeries et associations de Belleville viendront compléter notre projet avec leur programmation. • Comment cet événement se démarque t-il des autres biennales d’art contemporain ? L’idée était de partir d’une biennale de quartier, de tenir compte de ses défauts ou spécificités et d’en tirer parti. Par exemple, Belleville ne bénéficie pas vraiment de lieu fédérateur, puisque les musées et institutions se situent plutôt dans des quartiers "moins populaires" de Paris. Le Plateau aurait pu devenir le centre névralgique de la Biennale, mais cela n’a finalement pas pu être possible. En revanche, le Carré de Baudouin, même s’il n’est pas tout à fait un centre d’art, accueille les principales expositions et de fait joue un peu ce rôle de quartier général. Belleville est une zone de mixités sociales, riche en communautés. On y trouve autant de bobos que d’ouvriers ou d’immigrés. Cela en fait un quartier particulièrement "habité", où les gens vivent, consomment, sortent... Cet aspect nous a d’ailleurs particulièrement intéressé lors de la première édi-

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tion de la Biennale en 2010. L’exposition que nous proposions au Carré de Baudouin s’intitulait Solde migratoire et faisait le parallèle entre la formation d’une œuvre d’art et celle d’une ville. Toutes deux se construisent par couches successives, par des apports extérieurs, des métissages permanents. Les multiples fusions qui composent Belleville se traduisaient en 2010 dans notre façon de l’occuper, puisque les expositions et événements y étaient disséminés à travers toute la zone. Nous ne tenions pas forcément à nous doter d’un lieu central, contrairement aux autres biennales. Celle de Lyon investit par exemple la Sucrière, tandis que celle de Venise attribue à chaque état son propre pavillon... En 2010, le projet de Joanna Warsza reprenait ce modèle pour mieux le déconstruire. Elle a créé ses propres pavillons qu’elle a ensuite délocalisés sur différents sites de Belleville de façon à casser cette idée d’identité nationale. Cette année nous avons conservé cette approche. Nous occupons toujours les rues, places et ateliers de Belleville et nous essayons même d’agrandir ce territoire en nous emparant de nouveaux lieux tels que le CENTQUATRE. Ce dernier n’est d’ailleurs pas à proprement parler dans le périmètre de Belleville. Pour nous, investir ce quartier est avant tout un prétexte pour s’intéresser à l’Est parisien, pour

mettre en exergue les oppositions avec l’Ouest beaucoup plus riche et figé. C’est aussi aussi une manière de se rapprocher de la banlieue, du « grand » Paris. • Que présenterez-vous au Carré de Baudouin ? Une exposition dont je suis le curateur avec Aude Launay et qui sera articulée autour de la thématique des révolutions. Nous souhaitons mettre en avant l’idée que la révolution est toujours un moteur pour la société et une source d’inspiration inépuisable pour les artistes. Elle continue à animer, même de manière souterraine, notre société. L’histoire toute récente nous l’a d’ailleurs prouvé. Nous avons pu voir débloquer des situations qui nous semblaient totalement insolubles, comme par exemple dans les pays du Maghreb, ou même avec les mouvements de contestation Indignés ou Occupy Wall Street. Les luttes ne sont jamais définitivement enterrées. Un mouvement de fond persiste, même en France. La révolution est une pensée du mouvement social qui s’incarne dans l’esprit de rébellion, de remise en cause perpétuelle des stabilités installées. Elle pousse les sociétés à ne pas se scléroser dans certaines positions acquises mais au contraire à se renouveler. Ce qui m’intéresse, c’est que cette réflexion traverse aussi le champ de l’art. Ce dernier n’est jamais tota-

• Quelles sont les principales nouveautés de cette seconde édition ? À partir de cette année, nous collaborons avec le où nous allons installer une artothèque. Cela permettra à la Biennale de cohabiter avec les expositions de rentrée du centre d’art. Les visiteurs intéressés auront la possibilité d’emprunter plusieurs œuvres, voire d’en acquérir certaines. Grâce à la participation des galeries de Belleville, on y trouvera des pièces abordables, aux alentours de mille euros, de façon à faire la part belle aux artistes émergents. Cette politique d’acquisition sera la principale particularité de cette artothèque. Elle devrait rester ouverte trois mois, c’est-à-dire plus longtemps que la durée de la Biennale ; l’idée étant de la pérenniser si elle rencontre l’asssentiment du public et du CENTQUATRE et si nous trouvons les moyens de la faire durer. Par ailleurs, Claire Moulène organisera l’ouverture d’une dizaine d’artistes résidant ou travaillant à Belleville de façon à générer des micro-expositions. Les artistes pourront mettre en scène leurs propres pièces, ou confier leur atelier à un curateur extérieur, ou encore inviter un autre artiste. Le Grand Tour, qui est le nom du projet de Claire, va intéresser une dizaine d’ateliers d’artistes, autant de micro expositions. Enfin, nous avons prévu des projets dans l’espace public, qui s’articulent autour du patrimoine architectural et paysager du quartier. Une pièce de Vincent Lamouroux sera visible dans le parc des Buttes-Chaumont. Elle sera constituée d’arbres re-

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« L’idée était

de partir d’une biennale de quartier, de tenir compte de ses défauts ou spécificités et d’en tirer parti.

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couverts d’une substance blanche dont les pigments disparaîtront naturellement au fil de la Biennale. Nicolas Milhé va essayer de détourner l’imaginaire du quartier, de ses communautés, au travers d’une sculpture monumentale qui sera érigée en plein au milieu des quartiers chinois, arabes et juifs. • Se déployer ainsi dans l’espace public représente-t-il des difficultés ? Paris est une ville-musée ! Nous pensions à tort que Belleville dérogerait à cette règle. Beaucoup de mesures de prévention ou de sécurité compliquent la donne. Il y a deux ans, les artistes Sabrina Lang et Daniel Baumann ont par exemple souhaité peindre la chaussée de la rue de Belleville mais les autorisations nous ont été refusées sous prétexte de dangerosité ! Utiliser l’espace public dans le cadre d’un événement culturel est donc complexe. Lorsque nous obtenons les autorisations nécessaires, nous sommes ensuite confrontés au problème de l’installation des pièces. Celle de Nicolas Milhé, un élément préfabriqué qui sert à la construction entre autres des murs de séparation entre Israêl et Palestine, va devoir perturber le temps de sa mise en place le boulevard de Belleville et du coup, nous ne sommes pas sûrs d’avoir l’autorisation pour l’installer. Le projet de Morgane Tshiember d’installer une pièce en néon au sommet des châteaux d’eau de Belleville a du être abandonné à cause des risques de contamination de l’eau et de la vue qu’elle permet sur les environs… • Est-ce que ces pièces permettent de sensibiliser un nouveau public, du fait de leur implantation dans le tissu urbain ? C’est difficile de mesurer l’impact de ces œuvres sur un public qui ne fréquente pas habituellement les centres d’art ou visite peu les expositions. Au Carré de Baudouin, nous comptabilisons les visiteurs et pouvons faire des statistiques, dresser des bilans. Les pièces in situ vivent quant à elles de façon autonome. En investissant le patrimoine architectural d’une ville, elles modifient la réalité, déplacent notre perception du quotidien. La question de la médiation est de ce fait fondamentale car il arrive qu’elle puisse gâcher l’effet de surprise. Nous souhaitons malgré tout capter le public des habitants du quartier. Certains d’entre eux ne sont pas forcément sensibles à l’art

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contemporain. Cela nécessite donc beaucoup de travail en amont, avec différents organismes de la Ville de Paris qui relaient et traduisent nos informations. Nous réfléchissons également beaucoup aux questions et enjeux que soulève un médiateur placé juste à côté d’une œuvre dans l’espace public. C’est un réel problème car du fait de sa présence, il risque de perturber la lisibilité d’une pièce. À cette forme un peu trop visible nous avons préféré une médiation plus légère, moins intrusive. Tout au long de la Biennale, des rendez-vous seront proposés au public de façon à dessiner une multitude de parcours à travers le quartier. En cela, nos enjeux sont très différents de ceux d’un centre d’art. Nous devons penser notre médiation à l’échelle d’un quartier, et non d’un simple bâtiment. Cependant nous avons des moyens dérisoires pour mettre en place une véritable politique de médiation à l’échelle d’un quartier aussi vaste que celui de Belleville. • La Biennale de Belleville est-elle ouverte aux autres disciplines que les arts plastiques ? Oui. Le projet de Jean-Max Colard et Christian Bernard intitulé La nuit des tableaux vivants explore par exemple la performance, le cinéma et le spectacle vivant. Des personnages réels sont le point de départ de ce projet. Ils seront amenés à rejouer certaines situations, adhérant ainsi à la définition traditionnelle du tableau vivant[1], mais en y intégrant de nouveaux moyens et médiums, tels que la vidéo, de façon à se placer à la frontière entre plusieurs arts. Jean-Max a également invité l’association cinématographique Belleville en vue, installé depuis longtemps à Belleville à créer le temps d’une nuit une projection d’extraits de films sur un site choisi de Belleville. Dans un registre plus ludique, nous organisons aussi le dimanche 16 septembre un grand tournoi de pétanque en partenariat avec la Fondation d’entreprise Ricard et la galerie Jousse. Il se tiendra vers la station de métro Télégraphe, sur un terrain de pétanque jouxtant les châteaux d’eau de Morgane Tschiember… [1] Un tableau vivant est une représentation figée exécutée par des professionnels ou des amateurs, costumés pour la circonstance.

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MUSIQUE

MUSIQUE

« J'aime l'idée

ABOUT THE GIRL

que l'on puisse greffer une sorte de mélancolie lumineuse et de tension onctueuse dans des morceaux très pop

+ PLAISIR EN TRIO POP + Propos recueillis par /

Guilhem Simbille • Texte / Alexis Jama Bieri • Photo / DR

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ené par Amandine Denis, About The Girl distille une musique électro pop catchy et sexy à souhait. Après s’être aventurée seule sur scène, notamment à l’international à Paris, Amandine s’est adjoint les services de deux comparses

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aux machines. Groupe stylé, que l’on pourrait, à tort croire être un effet de mode, About The Girl propose un concept plutôt original, dans sa manière d’aborder les sons, les rythmiques parfois saccadées, la voix, linéaire et mutine, et les paroles d’une pop saignante, sans

parler des chorégraphies... C’est donc surtout sur scène qu’il faut voir la performance du trio, car About The Girl est avant tout un groupe de scène, de tous types, en tous lieux, que ce soit dans un bar, une rue ou un grand festival, devant un public alcoolisé ou d’esthètes

sobres, bref, un groupe qui transpire la pop. À voir au festival Elektricity le mercredi 26 septembre.

dans des morceaux très pop. C’est la conscience de l'insouciance... Mais tu peux danser !

• Amandine, peux-tu nous parler du projet About The Girl ? Comment il est né ? Cela faisait quelque temps que j'avais envie de faire ce dont j'avais envie... Concevoir et interpréter mes propres tracks, mes sons...

• Tu écris toi-même les textes des chansons. Mais qu'en est-il de la composition et de la production des morceaux ? J'écris les textes, compose, préproduit, préarrange les morceaux. Ensuite je balance tout ça à d'autres comme Guillaume Brière de The Shoes, Arbogast (batteur percutant de The Shoes et de Woodkid)... etc qui bossent sur l'arrangement, la production. Ils effectuent en quelque sorte un travail de "sublimateurs" et proposent un regard neuf sur cette idée de morceau...

• Comment pourrait-on qualifier ta musique ? C'est de la pop introspective, du fouillis pop ? J'aime l'idée que l'on puisse greffer une sorte de mélancolie lumineuse et de tension onctueuse

• Tu es une pure rémoise (ça s'entend quand tu parles). Quels rapports entretiens-tu avec les autres artistes d'ici ? Yuksek ou The Shoes ? Ahah! Merci j'entretiens cette pure intonation !

Enfin je ne suis pas vraiment née à Reims... J’ai des rapports chouettes et amicaux... On bosse ensemble avec beaucoup de plaisir. J’ai notamment posé ma voix pour les chœurs de l'album "Living on the Edge of Time" pour Yuksek et je fais les chœurs live pour The Shoes. Ils m'ont tous pas mal poussée et aidée avec bienveillance concernant About The Girl. • Sur scène, tu es accompagnée de deux garçons aux biceps saillants. Saurais-tu nous parler d'eux ? Il s'agit de Bernoire et Brian Boston, deux garçons exceptionnels aux biceps saillants et au cœur tendre... Je voulais être accompagnée pour ne pas me retrouver esseulée au bar en fin de concert ou à grignoter les derniers mars dans les loges, et finalement, ils sont devenus plus que des alibis, plus que des accompagnants aux instruments luisants : ils sont devenus les com-

plices de notre scandaleuse aventure ! Désormais, ils participent activement aux arrangements et à la production des morceaux et ils s’investissent avec énergie dans les chorégraphies du show ahah !!!!!! • On demande souvent aux filles qui font de la pop si elles se sentent investies d'un rôle particulier. À l'évidence tu n'es pas une chienne de garde, mais tu as bien des choses à raconter au travers de ta musique... Parfaitement, j'ai des choses à raconter ! Comment serait-on si l’on descendait du tigre et pas du singe ? Comment gérer ce qu'on transporte de notre petit passé ? Pourquoi c'est bon de voler près du soleil à s'en cramer les ailes ? • Quels sont les artistes qui t'ont marqué ces derniers temps et pourquoi ? J'aime beaucoup le dernier album de Hot Chip surtout "Motion

Sickness" et "Flute". J'ai l'impression qu'à chaque nouvelle écoute, je redécouvre l'album. J’apprécie particulièrement "Kindness", que j'ai découvert lors de notre live à Bourges, une vrai fête ; "Friends", où j'aime beaucoup les minauderies de la chanteuse ; "Grimes" ; "Oblivion" ; "Azealia Banks" ; "212" à fond à devenir débile et je réécoute aussi en ce moment Neneh Cherry avec "Manchild" et "Buffalo Stance" ... • Tu joueras sur la prochaine édition d'Elektricity, le 26 septembre. Tu as prévu quelque chose de particulier pour ce concert à domicile ? On a hâte de jouer à la maison !!! Oui, on a en tête pleins de trucs secrets mais assez fous, avec des guests, des licornes, des chauves-souris, de la lave, une ambiance soirée mousse ! soundcloud.com/about-the-girl

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EXPOSITION

EXPOSITION

END ÉDITIONS + ON NE VOIT PAS LE TEMPS PASSER : L’ART HORS DE L’INSTANT + Texte /

Jens Andersson • Photo page 38 : "Containers (J. Ellroy) 2010 - feutres sur papier 50x70 cm" / © Jeanne Susplugas • Photo page 39 : "E13A, 2010, porcelaine, 2m80" / © Rachel Labastie • Photo pages 40-41 : "Sans titre" 2012. Skate Dogtown bois, matelassage cuir blanc" / © Sophie Hasslauer

N

ous vivons dans un monde de plus en plus immédiat où les condensations en tous genres nous soustraient à la durée et au temps. Les artistes, de l’exposition « On ne voit pas le temps passer », se posent les questions du temps et s’interrogent sur la façon de lier au temps une transmissibilité. Que dissimulent et que révèlent ces œuvres sinon une interrogation radicale à tout ce qui au quotidien n’est ni vu, ni perçu. À cette volonté d’effacer le monde, le temps lui-même se laisse manipuler pour devenir matériau. Douze artistes, comme autant d’heures sur une horloge, rythment le parcours de l’exposition : Cécile Beau / Émilie Benoist / Mireille Blanc / Florence Chevallier / Sophie Hasslauer / Jennifer Douzenel / Rachel Labastie / Natalie Lamotte / Julie Perin / Jeanne Susplugas / Eva Taulois / Viviane Zenner. Cette exposition, organisée par Viviane Zenner, créatrice d’ENd éditions, est visible jusqu’ au 22 septembre 2012 à Val de Vesle-Marne (51)

pourtant semblé qu'il manquait un volet à cet ensemble d'activités : celui de l'édition, qui correspond à une véritable attente des artistes et du public ; j'ai donc créé ENd éditions, qui publie des textes et des livres d'artiste, des entretiens, des monographies. Les publications d' ENd cherchent à offrir de nouvelles possibilités de diffusions aux artistes et aux auteurs. ENd éditions explore les relations entre art contemporain et création littéraire tout en contribuant à renouveler le discours critique.

• Comment s'est créée votre exposition ? En tant qu'artiste, je suis en relation de travail avec d'autres artistes, de différentes générations. Nous travaillons ensemble et organisons des projets communs. Pour cette exposition, j'avais envie de réunir certaines de ces artistes femmes, de les inviter dans ma région, pour une double exposition à Reims et à Metz. • Quels choix artistiques ont guidé votre sélection d'artistes et d'œuvres ? J'ai plutôt demandé aux artistes invitées de réfléchir à des pièces de leur production qui fonctionneraient bien avec les lieux. • Pourquoi exposer dans une église d'un petit village champenois plutôt que dans un lieu spécifiquement dédié à l'art ? Est-ce dans une optique d'ouverture de l'art à de nouveaux publics ? Pour les artistes, il n'y a pas de hiérarchie des lieux. Le type d'espace qui leur est habituellement proposé est souvent le cube blanc ; mais ils apprécient également de présenter leurs œuvres dans des lieux insolites, inattendus ; des lieux qui ont des qualités spécifiques (architecture, espace disponible, lumière). De leur point de vue, les visiteurs apprécient ces espaces inhabituels, qui leur semblent plus accessibles. N’oublions pas que l’église de Val de Vesle a déjà été un prestigieux écrin à des œuvres conçues par Jaume Plensa, Tony Cragg, Giuseppe Penone et David Tremlett. • Combien d'artistes et combien d'œuvres dans cette exposition ? Les douze artistes reformulent et transposent l’idée d’accrochage afin de privilégier une dissémination de douze œuvres qui revisitent le lieu. • Pourquoi ce titre "on ne voit pas le temps passer " ? Tout va très vite dans le monde d'aujourd'hui, dans le monde de l'art également ; regarder une œuvre relève du plaisir individuel, et quand ce plaisir est intense, on ne voit pas le temps passer… • Pouvez-vous nous parler de votre maison d'édition ? L'association L'Etend'art me permet, depuis quelques années, de susciter plusieurs types de projets : événements, rencontres, expositions... Il m'a

38 - E N D E D ITIONS

« Regarder une

œuvre relève du plaisir individuel, et quand ce plaisir est intense, on ne voit pas le temps passer.

»

• Combien d'expositions organisez-vous par an ? Dans quels établissements, lieux ? J'organise autant d'expositions que nécessaires, en fonction des besoins exprimés par les artistes et le public, et de la disponibilité des lieux. • Quels liens entretenez-vous avec les galeries d'art contemporain ? Dans leur majorité, les artistes avec lesquels je travaille ont une galerie. Organisant des expositions avec ces artistes, j'entretiens des relations positives et productives avec leur galerie. Dans le milieu de l'art, surtout dans le contexte actuel, l'intérêt des institutions publiques et privées est d'être solidaires ! • Collaborez-vous avec les structures institutionnelles liées à l'art contemporain ? Forcément. Le but est d'aider les artistes, de favoriser les rencontres entre les œuvres et le public. Tous les moyens sont bons pour atteindre cet objectif, y compris les collaborations intelligentes et intelligibles avec les institutions de l'art contemporain, quelle que soit leur importance, leur taille, leur rayonnement.

"On ne voit pas le temps passer" Exposition du 1er au 22 septembre 2012 Vernissage le 1er septembre à 18h30 Église St Maur de Courmelois 51360 Val-de-Vesle endeditions.com

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EXPOSITION

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EXPOSITION

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ÉVÉNEMENT

publi rédactionnel

15.16 SEPT

Journées du Patrimoine voir infos car tes

15.16 ans le ANDRÉ cadre des Journées du Patrimoine Jacques-Victor les 15 et 16 septembre, l’Université L'artiste axonais, a créé une sculptureSEPT épurée et résolument Reims Champagne-Ardenne présente les Marino DI TEANA / photo : Laurence Bastin

GRANIT

D

LE MOULIN DE LA HOUSSE

Journées du Patrimoine architectures et les œuvres d’art de ses sites. Cette action tournera selon un rythme vriable, piloté par une série de estcapteurs. soutenueL'antagonisme par la DRAC, Ville de deslaformes ne Reims, doit rienReims au hasard. Le Métropole et lasaRégion Champagne-Ardenne. balancier par mobilité, suggère la curiosité, laPour vivacité d'un tous ceux ou ont fréquenté esprit enqui éveil.fréquentent Et le cône renvoie à la notionles decampus connaissance, la base sans dedont l’Université de cesse Reims,s'élargit. sans voir ces œuvres, qui se Recouverte d'ions, cetteurbain tour aux reflets d'argent fondent dans un paysage désincarné, et qu’onlaissera transparaître chaque nuit, sous perforations sa peau, ignore à tort. Une occasion de les redécouvrir cesde œuvres et une structure légère mais solide. de« sela forme les réapproprier ! générale s'inspire de l'image du moulin construit sur le site Journées du Patrimoine du XXIe siècle ; un clin d'œil à l'histoire, à la mémoire des lieux »

Shamaï HABER

moderne. Un long balancier, en équilibre sur un cône d'acier, voir infos cartes

SUR LE CAMPUS MOULIN DE LA HOUSSE & SUR LE CAMPUS CROIX-ROUGE

15.16 SEPT

(J.V. ANDRÉ) Samedi et dimanche de 14h à 18h Visites guidées toutes les 30 minutes. (Groupes limités à 25 personnes)

Exposition « Art Déco » du 13 septembre au 9 octobre

voir infos cartes

mètres de hauteur. Achevée en 1981, son auteur a voulu mettre en valeur l'architecture l'Université enMOULIN utilisant des figures géométriques en acier SUR LEdeCAMPUS DE LA HOUSSE corten, un acier qui s'oxyde avec le temps.

& SUR LE CAMPUS CROIX-ROUGE Samedi de 14h à 18h

Toutes les heures, visites avec un architecte et un professeur d’arts plasCollectif Diagonales (Sabine Boulet / Danièle Brossard / Claude Dorleat / tiques. Denise Geoffroy / Mona Huet / Jacques Jeangeorges Grâce / Lou / Nathalie / auxPellus commandes publiques effectuées dans le cadre du Marie-Claude Piette / France Rué)

LA MER

tapisserie d'Aubusson • Jean LURÇAT LE MOULIN DE LA HOUSSE Jacques-Victor ANDRÉ

Ces 35 blocs, de granit, tels une pluie de météorites fraîchement tombée, sont accueillis et protégés par l'architecture, de béton, d'un campus alors considéré comme écrin. Shamaï Haber, précurseur de l'art urbain a réalisé en 19701971 l'une de ses œuvres majeures sur le campus du Moulin de la Housse. En 1959, Lipschitz, Giacometti, Henri Moore, Pevsner et GRANITle premier prix Bourdelle après dix ans Zadkine lui décernent Shamaï HABER d'expositions particulières. Avec cette prestigieuse reconnaisCes 35 blocs, de granit, tels une pluie de météorites fraîchesance, il aurait pu ment devenir l'un enfants gâtés du marché tombée, sontdes accueillis et protégés par l'architecture, de de béton,Mais, d'un campus alors considéré comme écrin. une tout l'art des années 60. paradoxalement il choisit Shamaï Haber, précurseur de l'art urbain a réalisé en 1970autre voie. Il refuse le de monde des collectionneurs et des 1971 l'une ses œuvres majeures sur le campus du Moulin de laoccupe Housse. avec ses œuvres monumentales galeries privées et En 1959, Lipschitz, Giacometti, Henri Moore, Pevsner et l'espace public. Zadkine lui décernent le premier prix Bourdelle après dix ans

Lurçat estune influencé par les fauves, par les cubistes puis par les L'artiste axonais, a créé sculpture épurée et résolument moderne. Un long balancier,; il enest, équilibre un cône d'acier, essentiellement symboliste. surréalistes danssurses cartons, tournera selon un rythme vriable, piloté par une série de Le dessindes stylisé clair dense capteurs. L'antagonisme formes est ne doit rien et au hasard. Le et l'utilisation de l'élément balancier par sa mobilité, la curiosité, la vivacitéremplissage d'un végétal "icisuggère les algues" comme des motifs est déjà esprit en éveil. Et le cône renvoie à la notion de connaissance, LA MER très dont la base sans fréquente. cesse s'élargit. tapisserie d'Aubusson • Jean LURÇAT d'expositions particulières. Avec cette prestigieuse reconnaisRecouverte d'ions, cette tour aux reflets d'argent laissera sance, il aurait pu devenir l'un des enfants gâtés du marché de transparaître chaque nuit, sous les perforations de sa peau, une Lurçat est influencé par les fauves, par les cubistes puis par les l'art des années 60. Mais, paradoxalement il choisit une tout structure légère mais solide. surréalistes ; il est, dans ses cartons, essentiellement symboliste. GRANIT autre voie. Il refuse le monde des collectionneurs et des « la forme générale s'inspire de l'image du moulin construit sur le site Le dessin stylisé est clair et dense et l'utilisation de l'élément LE MOULIN LA; un HOUSSE siècle clin d'œil à l'histoire, à la mémoire des lieux » du XXIe DE végétal "ici les algues" comme remplissage des motifs estShamaï déjà HABER galeries privées et occupe avec ses œuvres monumentales Jacques-Victor ANDRÉ public. (J.V. ANDRÉ) très fréquente. Ces 35 blocs, de l'espace granit, tels une pluie de météorites fraîche-

MOSAÏQUE

Raoul UBAC

Photographe 1936 à 193 haut-reliefs e amphis - pou 1960. MOSAÏQUE la fondation Raoul UBAC époque Photographe, peintre,plus grav

1936 à 1939 toutes les ac haut-reliefs et décors mura amphis - pour les édifices p 1960. la fondation Maeght à St époque plusieurs mosaïques

ment tombée, sont accueillis et protégés par l'architecture, de L'artiste axonais, a créé une sculpture épurée et résolument béton, d'un campus alors considéré comme écrin. moderne. Un long balancier, en équilibre sur un cône d'acier, 1%tournera selon un rythme vriable, piloté par une série de Shamaï Haber, précurseur de l'art urbain a réalisé en 19701971 l'une de ses œuvres majeures sur le campus du Moulin capteurs. L'antagonisme des formes ne doit rien au hasard. Le artistique*, le campus du Moulin de la Housse jouit aujourd'hui MOSAÏQUE de la Housse. balancier par sa mobilité, suggère la curiosité, la vivacité d'un Raoul UBAC d'unelibrement collection remarquable d'œuvres d'art contemporain. espritGrâce Diagonales, collectif d’artistes champ’ardennais, s’exprime à traEn 1959, Lipschitz, Giacometti, Henri Moore, Pevsner et en éveil. Et le cône renvoie à la notion de connaissance, aux commandes publiques effectuées dans le cadre du 1%LA MER Zadkine lui décernent le premier prix Bourdelle après dix ans Photographe, peintre, graveur, illustrateur, Ubac par vers un langage et des techniques très variés : peinture, sculpture, gravure, dont la base sans cesse s'élargit. artistique*, le campus du Moulin de la Housse jouit aujourd'huitapisserie d'Aubusson • Jean LURÇAT d'expositions particulières. Avec cette prestigieuse reconnais1936 à 1939 toutes les activités des surréalistes. Se Recouverte d'ions, cette tour aux reflets d'argent laissera calligraphie, dessin, collages, photographie, vidéos, installations… afin de (« Pôle Sciences ».) d'une collection remarquable d'œuvres d'art contemporain. UNE COMPOSITION D’ENSEMBLE GÉOMÉTRISÉE sance, il aurait pu devenir l'un des enfants gâtés du marché de haut-reliefs et décors muraux - mosaïque de la rot transparaître chaque nuit, sous les perforations de sa peau, une Lurçat est influencé par les fauves, par les cubistes puis par les présenter le produit d’une réflexion contemporaine sur un thème comSUR LE CAMPUS MOULIN DE LA HOUSSE l'art des années 60. Mais, paradoxalement il choisit une tout amphis - pour les édifices publics et privés datent de structure légère mais solide. surréalistes ; il est, dans ses cartons, essentiellement symboliste. mun. Ces artistes participent et soutiennent les initiatives en rapport avec Les bâtiments de ce campus à l’américaine et notamment la Bibliothèque VUE DU CIEL UNE COMPOSITION D’ENSEMBLE GÉOMÉTRISÉE autre voie. Il refuse le monde des collectionneurs et des 1960. « la forme générale s'inspire de l'image du moulin construit sur le site Le dessin stylisé est clair et dense et l'utilisation de l'élément & SUR LE CAMPUS CROIX-ROUGE le patrimoine rémois : dans le domaine littéraire – exposition Daumal à universitaire font partie des œuvres majeures conçues par l’architecte VUE DU CIELassocié aux architectes Paul Depondt galeriesMarcel privées etLods, occupealors avec ses œuvres monumentales la fondation Maeght à St Paul de Vence accueillera du XXIe siècle ; un clin d'œil à l'histoire, à la mémoire des lieux » végétal "ici les algues" comme remplissage des motifs est déjà L’architecte propos du Grand Jeu - et plus récemment, dans le domaine historique et Marcel LODS dans les années 60. L’architecte a utilisé, pour l’ensemble L’architecte Marcel Lods, alors associé aux architectes Paul Depondt l'espace public. époque plusieurs mosaïques et tapisseries de l'artiste (J.V. ANDRÉ) très fréquente. et Henri Beauclair, etréalise un ensemble aéré de espacés, Henri Beauclair, réalise un ensemble aérébâtiments de bâtiments espacés, architectural – exposition vitraux pour le huitième centenaire de la cathé- ORGANISATEUR des bâtiments de la Faculté, des matériaux et une technique résolument ORGANISATEUR organisés un axe longitudinal avec un un espace drale Notre-Dame. Leur exposition Art Déco rend hommage à la Villa modernes : piliers extérieurs en béton blanc supportant l’ensemble, alumiorganisés suivant un axe suivant longitudinal OuestOuest Est, Est, avec espace S.U.A.C. (Service Universitaire d'Action Culturelle) central très ouvert, recevant les entités bâties aux fonctions S.U.A.C. (Service Universitaire d'Action Culturelle) Douce, ce joyau architectural rémois des années 30. Les œuvres présentées Villa nium anodisé et grands vitrages constituant les façades. Douce central très ouvert, recevant les composée entités debâties aux fonctions majeures (la rotonde 4 amphithéâtres et la Villa Douce sont inspirées par la Villa elle-même mais plus largement par ce courant Présidence de l'Université de Reims Champagne-Ardenne 9 Bd de la Paix . 51100 Reims bibliothèque sur 3 niveaux). Ce plan très géométrisé, avec une majeures (la rotonde composée de 4 amphithéâtres faible et la Art Déco qui touche toutes les formes d’art, de l’architecture à la mode en Dimanche de 14h à 18h Présidence de l'Université de Reims Plafond Villa douce / Jacques Jeangeorges Champagne-Ardenne 03 26 91 84 15 . magalie.ninin@univ-reims.fr . www.univ-reims.fr emprise au sol, libère de nombreux espaces verts, favorisant des passant par le design. Toutes les heures, visites avec un architecte et un professeur d’arts plasGrâce aux commandes publiques effectuées dans le cadre du 1% 9 Bd de la Paix . 51100 Reims bibliothèque sur 3 niveaux). plan trèscomme géométrisé, avec une faible UN TRAITEMENT ARC cheminementsCe fluides, continus une rue piétonne couverte tiques. artistique*, le campus du Moulin de la Housse jouit aujourd'hui FAÇADES TRÈS ÉPURÉ 03 26 91 84 15 . magalie.ninin@univ-reims.fr . www.univ-reims.fr et des parcours agréables, reliant les différents équipements. PARTENAIRE emprise au sol, libère de nombreux espaces verts, favorisant des d'une collection remarquable d'œuvres d'art contemporain. Présence des artistes à la Villa les 15 et 16 septembre 2012 de 14h à 18h. Cette grande cohérence arch Les édifices, ayant chacun leur propre fonction, épousent la topograSOS Reims Urbanisme & Nature UN TRAIT cheminements fluides, continus comme une rue phie naturelle du terrain et s’élèvent entrepiétonne un et deux couverte niveaux. des principes architecturaux Maison de la Vie Associative UNE COMPOSITION D’ENSEMBLE GÉOMÉTRISÉE 122 bis rue du Barbâtre . 51100 Reims L’espace peut ainsi recevoir des extensions bâties latérales ou en se traduisent par une struc FAÇADES VUE DU CIEL et des parcours agréables, reliant les différents équipements. PARTENAIRE 03 26 78 11 39 . sosreimsurbanisme@yahoo.fr L’architecte Marcel surélévation, Lods, alors associé architectesla Paul Depondt afin aux de doubler capacité d’accueil du campus. Les lique) sous forme de piliers r Les édifices, leur propre fonction, épousent la topogra(Droit et Science politique ; Sciences économiques, sociales et de gestion, Lettres et Henriayant Beauclair,chacun réalise un ensemble aéré de bâtiments espacés, SOS Reims Urbanisme & Nature bâtiments très rectangulaires, simples et allongés forment une tés à l’extérieur et détaché ORGANISATEUR La Faculté des Sciences est créée par décret le 4 juillet 1959, avant et sciences humaines.) (Siège de la Présidence de l’Université de Reims Champagne-Ardenne). organisés suivant un axe longitudinal Ouest Est, avec un espace phie naturelle du terrain et s’élèvent entre un et niveaux. composition rigoureusement géométrique, quideux est mise en continues en aluminium ano UNE PROGRAMMATION RICHE S.U.A.C. (Service Universitaire d'Action Culturelle) Maison de la Vie Associative même la création de l'Académie de Reims, intervenue en janvier central très ouvert, recevant les entités bâties aux fonctions 9 boulevard de la Paix Villa Douce valeur par la rotonde aux formes dynamiques circulaires en d’ouvertures unique. Dès juin 1959, le célèbre architecte Marcel Lods et l’architecte 1962. 122 bis rue du Barbâtre . 51100 Reims majeures (la rotonde composée de 4 amphithéâtres et la Les coquilles marquent l’entrée du Campus ; cet ensemble de 6 amphi- Présidence de l'Université de Reims Champagne-Ardenne béton blanc. Les bâtiments administratifs et la bibliothèque sont adjoint rémois André Dubard de Gaillarbois réalisent les La Faculté des Sciences, composée de plusieurs bâtiments, est 9 Bd de la Paix . 51100 Reims bibliothèque sur 3 niveaux). Ce plan très géométrisé, avec une faible 03 26sur78la 11 . sosreimsurbanisme@yahoo.fr Inscrit liste 39 supplémentaire des Monuments Historiques en 1992, théâtres a été conçu par A. et D. Dubard de Gaillarbois et R. Clauzier, 03 26 91 84 15 . magalie.ninin@univ-reims.fr . www.univ-reims.fr agrémentés de larges patios intérieurs faisant pénétrer la Le jeu de la lumière, l’utilisatio édifiée en 1967 sur le terrain vierge du Moulin de la Housse de premières esquisses de l’ensemble des bâtiments de la Faculté emprise au sol, libère de nombreux espaces verts, favorisantplantés, des cet hôtel particulier de style Paquebot (Art déco) fut construit de 1929 à elles symbolisent l’Université (logo). Construite en 1972, la structure des UN TRAITEMENT ARCHITECTURAL DES lumière à l’intérieur d’espaces très couverte ouverts et flexibles. sur toute hauteur et du bét plusieurs hectares, situé à l’entrée Est de la ville de Reims le long de cheminements fluides, continus comme une rue piétonne pour accueillir 4000 étudiants au sein d’un riche programme. Ce à l'époque 1934 par les architectes Pol Gosset et Jacques Debat-Ponsan pour André coquilles est faite en bois lamellé collé, une technique Lanovatrice Faculté des Sciences et des reliant les différents La composition permet équipements. alors d’associer les espacesFAÇADES de vie aux TRÈS ÉPURÉ PARTENAIREest créée par décret le 4 juillet 1959, avant leur qualité fonctionnelle, les la route de Châlons-en-Champagne. programme complexe associe les locaux administratifs etparcours agréables, Douce, notaire. Cette spacieuse demeure, construite en béton armé revêtu mais encore peu utilisée. Les nouveaux amphis achevés en 2000 par J-M. SOS Reims Urbanisme & Nature Cette bibliogrande cohérencevolumes architecturale desjuxtapositio bâtiments re Les édifices, ayant chacun leur propre fonction, épousent topografonctions administratives et de lasavoir (amphithéâtres, et leur d’enseignement, des laboratoires de recherche et de travaux même la création de l'Académie de Reims, intervenue en janvier phie naturelle du thèque) terrain etpour s’élèvent entre un et deux niveaux. des principes architecturaux forts et résolument mode de briques rouges, s’ordonne autour d’un hall occupé par un grand escalier Jacquet et le Bâtiment Recherche en 2003 par l’atelier de Claude Monfort Maison de la Vie Associative créer une convivialité et une réelle proximité au théâtres avec le juste équilib pratiques en mathématique, physique, physique-chimie, biologie L’espace peut ainsisein recevoir des extensions bâties latérales ou en se traduisent par une structure porteuse (initialemen 1962. de Sorbon créée en 122 bis rue du Barbâtre . 51100 Reims suspendu, sa courbe soulignée par une rampe en acier. La maison possède offrent des lignes plus sobres. La Bibliothèque Robert Marcel LODS d’un campus, refusant toute monumentalité. Cette faculté qualité acoustique unique te végétale, biologie animale, géologie, divers ateliers, une biblio03 26 78 11 39 . sosreimsurbanisme@yahoo.fr surélévation, afin de doubler la capacité d’accueil du campus. Les lique) sous forme de piliers rectangulaires en béton blan et Partenairesdes res- Sciences, composée de plusieurs bâtiments, est également une salle de musique dont l’extrémité en forme demi-circulaire 2006 et conçue comme un livre ouvert par Chabanne est l’une des premières en France à faire référence au modèle du légèreté architecturale rem La Faculté thèque et un bâtiment amphithéâtre circulaire remarquable, un bâtiments très rectangulaires, simples et allongés forment une tés à l’extérieur et détachés des façades, et de grand La Faculté des Sciences est créée par décret le 4 juillet 1959, avant ouvre par de grandes portes-fenêtres sur le jardin. L’hôtel est occupé au- pecte le label HQE. Située à l'entrée du campus, la sculpture monumentale campus à américaine. d’immatérialité recherchée p restaurant de 1000 places et 300 chambres d’étudiants. composition rigoureusement géométrique, qui est mise en continues en aluminium anodisé préfabriquées avec un UNE PROGRAMMATION RICHE 1967 même la création de l'Académie de Reims, intervenue en janvier conçue par l'italien Marino Di Teana, ne passe pasédifiée inaperçue en avec ses 10 sur le terrain vierge du Moulin de la Housse de jourd’hui par l’Université de Reims Champagne-Ardenne. valeur par la rotonde aux formes dynamiques circulaires en d’ouvertures unique. Dès juin 1959, le célèbre architecte Marcel Lods et l’architecte plusieurs hectares, situé à l’entrée Est de la ville Reims long de1962. recycléde sur papier pefc 70 le % - 2012.2013 béton blanc. Les bâtiments administratifs et la bibliothèque sont adjoint rémois André Dubard de Gaillarbois réalisent les La Faculté des Sciences, composée de plusieurs bâtiments, est agrémentés de larges patios intérieurs plantés, faisant pénétrer la Le jeu de la lumière, l’utilisation de grandes ouvertures c édifiée en 1967 sur le terrain vierge du Moulin de la Housse de premières esquisses de l’ensemble des bâtiments de la Faculté la route de Châlons-en-Champagne. lumière à l’intérieur d’espaces très ouverts et flexibles. sur toute hauteur et du béton blanc, la fluidité des es plusieurs hectares, situé à l’entrée Est de la ville de Reims le long de pour accueillir 4000 étudiants au sein d’un riche programme. Ce 4 2 - S .U .A .C . La composition permet alors d’associer les espaces de vie aux leur qualité fonctionnelle, les formes épurées géométri la route de Châlons-en-Champagne. programme complexe associe les locaux administratifs et fonctions administratives et de savoir (amphithéâtres, bibliovolumes et leur juxtaposition ainsi que la rotonde de d’enseignement, des laboratoires de recherche et de travaux thèque) pour créer une convivialité et une réelle proximité au théâtres avec le juste équilibre de ses formes arrond pratiques en mathématique, physique, physique-chimie, biologie sein d’un campus, refusant toute monumentalité. Cette faculté qualité acoustique unique tendent vers une harmoni végétale, biologie animale, géologie, divers ateliers, une biblioest l’une des premières en France à faire référence au modèle du légèreté architecturale remarquable, répondant à thèque et un bâtiment amphithéâtre circulaire remarquable, un campus à américaine. d’immatérialité recherchée par l’architecte Marcel Lods restaurant de 1000 places et 300 chambres d’étudiants.

CAMPUS MOULIN DE LA HOUSSE

VILLA DOUCE

Marcel LODS

CAMPUS CROIX-ROUGE

Marcel LODS

UNE PROGRAMMATION RICHE Dès juin 1959, le célèbre architecte Marcel Lods et l’architecte adjoint rémois André Dubard de Gaillarbois réalisent les premières esquisses de l’ensemble des bâtiments de la Faculté pour accueillir 4000 étudiants au sein d’un riche programme. Ce programme complexe associe les locaux administratifs et d’enseignement, des laboratoires de recherche et de travaux pratiques en mathématique, physique, physique-chimie, biologie végétale, biologie animale, géologie, divers ateliers, une bibliothèque et un bâtiment amphithéâtre circulaire remarquable, un

L’espace peut ainsi recevoir des extensions bâties latérales ou en surélévation, afin de doubler la capacité d’accueil du campus. Les bâtiments très rectangulaires, simples et allongés forment une composition rigoureusement géométrique, qui est mise en valeur par la rotonde aux formes dynamiques circulaires en béton blanc. Les bâtiments administratifs et la bibliothèque sont agrémentés de larges patios intérieurs plantés, faisant pénétrer la lumière à l’intérieur d’espaces très ouverts et flexibles. La composition permet alors d’associer les espaces de vie aux fonctions administratives et de savoir (amphithéâtres, bibliothèque) pour créer une convivialité et une réelle proximité au sein d’un campus, refusant toute monumentalité. Cette faculté est l’une des premières en France à faire référence au modèle du

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ÉPILOGUE !

À LA RECHERCHE DE LA LUMIÈRE PERDUE

« C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière » (Edmond Rostand - Chantecler - 1908)

E

ncore un peu de lumière avant la nuit. Timide et fugitive, la lumière s’éclipse au-dessus d’un couvercle nuageux qui devient, plus qu’un horizon, la limite d’un univers, oppressant et orageux. En cette période de « rentrée », qui n’a

de réjouissant que le dépassement de l’angoisse qu’elle suscite, il y a de l’électricité dans l’air. Jeu de mot facile, qui, vous l’aurez compris, évoque Elektricity, le festival d’automne qui devrait, peut-être, illuminer fin septembre la nuit de Reims. Le spectacle, l’art en général ont encore à nous fournir des clés de lecture. Une lecture « autrement » de notre environnement qui nous transporte vers un ailleurs, ici. Pourtant, de retour à la réalité, reposés et bronzés, une envie superficielle nous anime en ce mois de septembre : repartir vers d’exotiques horizons ou du moins quitter cette ville pour s’établir en d’autres contrées où l’on s’ennuierait différemment et moins… Mais à défaut, l’évasion se joue sous les projecteurs et son éclairage factice, baroque

ou épuré, agressif ou apaisant, sculptant les lignes de l’espace et les courbes des corps présents et absents, en lieux de spectacle ou d’exposition. Un voyage immobile et surprenant à découvrir au cours de la saison culturelle qui s’ouvre. LUMIÈRE ! (Alexis Jama-Bieri)

Journal à parution mensuelle. Prochain numéro : Octobre 2012 (#20) © Nick Knight

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