We Love Padel Mag N°1

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L’interview décalée avec Bastien Blanqué, champion de France 2022 François Authier

(Esprit Padel), le coach de Welovepadel Dans chaque numéro de Welovetennis Magazine, François vous donnera des conseils pour améliorer votre jeu.

La news

L’édito À compter de ce numéro, vous retrouverez dans chaque édition de Welovetennis Magazine une séquence éditoriale consacrée au padel. Une sorte de mag dans le mag où nous vous ferons progresser grâce à notre coach François Authier, et nous vous conseillerons sur vos achats en partenariat avec Esprit Padel Shop. L’actualité du padel en France et dans le monde ne sera pas oubliée, avec des interviews et des reportages. Le padel étant devenu un phénomène, il lui fallait trouver sa place dans Welovetennis Magazine, d’autant que nous sommes distribués dans tous les centres privés, mais aussi dans les clubs qui ont fait le pari de cette discipline où convivialité et performance font encore bon ménage. Certains expliquent que jouer au padel devient addictif, c’est une évidence au sens où l’on peut très vite s’amuser, progresser et prendre du plaisir. Au padel, quel que soit votre niveau, vous avez la

Tu es plutôt par 3 que par 4 ? Par 4, en contrant les smasheurs adverses, c’est vraiment une situation de jeu que je kiffe. Belasteguín ou LeBron ? Tous les jours, Belasteguín, c’est une référence. C’est un Argentin, sa qualité en défense, son timing, un génie de notre sport. Padel indoor ou outdoor ? Comme je suis un défenseur, je préfère jouer en indoor. Je suis plus efficace et plus performant. Tacos ou hamburgers ? Hamburgers, miam, miam, une fois toutes les deux semaines. Une forme de rituel, de pèlerinage. Nadal ou Federer ? Roger évidemment, un peu comme Belasteguín : la classe, un jeu esthétique, l’élégance absolue. Relais & Châteaux ou Airbnb ? Sur les tournois, on doit trouver le meilleur rapport qualité/prix et c’est donc souvent Airbnb. Castorama ou Leroy Merlin ? C’est marrant, cette question, parce que j’ai fait des études en aménagement paysager. J’opterais pour Leroy Merlin car il y a plus de « matos » pour une décoration extérieure réussie.

garantie de taper dans la balle, de vous dépenser

Blonde ou brune ? Très bonne question… Écoute… j’ai eu des copines dans les deux catégories, mais bon je vais dire brune.

" Belasteguín, c’est une référence. C’est un Argentin, sa qualité en défense, son timing, un génie de notre sport. " Stade toulousain ou Toulouse Football Club ? Question totalement absurde [rires] ! Le Stade toulousain, forcément. Le plus gros club de rugby du monde. J’irais au bout du monde pour aller voir le Stade. En plus, j’ai des copains qui y jouent et de temps en temps, on tape la balle sur une pista. Le Stade toulousain est une vraie institution, voilà c’est dit.

Propos recueillis par Antoine Touchard

LA FRANCE MÉDAILLÉE DE BRONZE !

Aux championnats du monde par équipe organisés à Dubaï, l’équipe de France masculine a réalisé un véritable exploit en se hissant sur la troisième marche du podium juste derrière l’Argentine et l’Espagne. L’équipe a su saisir sa chance en dominant le Portugal, qui avait créé la surprise en sortant précédemment le Brésil. Un grand bravo au team France composé de Benjamin Tison, Jérémy Scatena, Thomas Leygue, Johan Bergeron, Max Moreau, Bastien Blanqué, Jérôme Inzerillo et Adrien Maigret.

Le Chiffre : 1339 (terrains de padel) Le nombre de courts de padel est toujours une donnée à surveiller, car elle permet de quantifier avec précision l’évolution de la pratique, même si le cas de la France reste très particulier comme l’explique Romain Taupin en page 29 de ce numéro. En septembre 2022, on comptabilisait donc 1 339 terrains contre 1 193 en 2021 et 985 en 2020 à la même période. Si la croissance des joueurs compétiteurs est très forte, celle des courts n’évolue pas vraiment au même rythme. À noter que les centres privés représentent aujourd’hui à peu près la moitié du parc, l’autre moitié des courts est composée des clubs de tennis qui ont choisi de franchir le pas. Pour bien comprendre le phénomène tricolore, on compte plus de courts à Rome que sur l’ensemble de notre territoire.

Champion de France ou médaille de bronze aux Mondiaux ? C’est très difficile de choisir. Le titre de champion de France est important, mais c’est personnel. La médaille de bronze avec le maillot bleu sur le dos, ce sont d’autres sensations, notamment l’ambiance de fou qui a régné au sein de l’équipe à Dubaï. C’était très fort aussi. En fait, je ne me prononce pas, je n’ai pas envie de choisir, je garde les deux au même niveau.

échange mémorable, dont vous vous souviendrez jusqu’à ce que vous reveniez sur un court encore et encore… Laurent Trupiano, fondateur de Welovetennis

Vous êtes un acteur du monde du tennis ou du padel, et vous voulez participer à la deuxième édition de la We Love Padel Tennis Cup qui aura lieu le 9 mars à Esprit Padel (69). L’ensemble des marques et des acteurs du secteur seront présents pour essayer de soulever les trophées. Cette année, deux tournois seront organisés, la Premium Cup (P250) et la Masters Cup (P100). La We Love Padel Tennis Cup, c’est une journée complète all inclusive (petitdéjeuner, déjeuner, cocktail) pour échanger, jouer, partager sa passion et bien sûr faire du networking. Attention, les places sont limitées à 32 équipes. Pour y participer, il suffit de contacter l’organisation au 06 60 26 37 76, ou d’envoyer un mail à l’adresse suivante : laurent.trupiano@gmail.com.

DROITS PHOTOS

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Quels sont les conseils techniques pour acquérir un bon service ? Utiliser la hauteur de frappe maximale autorisée pour avoir la meilleure trajectoire possible. Avoir le poids du corps vers l’avant pendant la frappe afin de favoriser une bonne vitesse de balle et une montée plus rapide au filet. Attention à la position sur le terrain pour servir : selon le placement de votre coéquipier, vous devez vous positionner au T ou au milieu de côté, toujours derrière la ligne de fond. Par exemple, à 15/0 service à gauche, votre partenaire est un joueur de droite (position à droite), vous devez donc vous placer au milieu de votre côté gauche pour servir. Ainsi, vous protègerez naturellement plus de terrain et arriverez au filet dans de meilleures conditions. Petit rappel de règlement, la balle doit rebondir derrière la ligne blanche. De la même façon, vos pieds ne doivent pas dépasser la ligne avant d’avoir tapé dans la balle. Comment progresser au service ? Et que faire pour s’améliorer ? La répétition est primordiale pour un coup qui ne dépend que de soi. C’est le seul coup où l’on se lance la balle à soi-même. Je conseille donc de s’entraîner au service en répétant une zone définie avec comme objectif d’avoir une trajectoire tendue et une bonne longueur de balle. Pour un débutant, servir sur la vitre latérale reste le plus efficace pour gêner l’adversaire.

We Love Padel Tennis Cup 2023

et surtout de finir par faire un coup ou un

Qu’est-ce qu’un bon service ? Un bon service a pour but de gêner fortement l’adversaire pour arriver au filet dans de bonnes conditions et effectuer une bonne première volée. Il faut pouvoir mettre en difficulté l’adversaire dès le début du point. Si l’on peut gagner le point directement au service, il ne faut surtout pas s’en priver !

Vocable : Bandeja La bandeja, aussi appelée « smash plateau », est un coup spécifique et emblématique du padel, qui n’existe pas en tennis. Cela s’apparente à une volée haute très coupée, principalement utilisée dans la diagonale. Ce smash provient du mot espagnol « plateau », il consiste donc à frapper une balle haute de façon coupée comme si la raquette était un « plateau ». Autrefois, il s’agissait du coup le plus utilisé pendant un match de padel. Ce n’est désormais plus le cas, car le jeu est de plus en plus agressif. Exemple : Fernando Belasteguín en effectue énormément alors que Paquito Navarro n’en joue quasiment pas. Ce coup a pour effet de repousser son adversaire au fond du terrain dans le but de récupérer du temps afin de conserver l’avantage au filet en provoquant une balle de plus en plus courte et le déclenchement d’un coup de finition. La zone d’une bandeja doit être longue dans la diagonale ; sinon, l’adversaire pourra vous enlever du temps.

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Quel est le plus important entre la zone et la vitesse ? Pour moi, la zone reste le plus important puisque l’adversaire sera gêné par la longueur ou par le rebond sur la vitre latérale. Une balle rapide mais trop courte est plus facile à renvoyer, et réduit notre temps pour monter au filet. L’objectif est de savoir envoyer la balle où vous le souhaitez en maîtrisant et variant la vitesse (lente ou rapide). Mes petits « tips » supplémentaires Oser une prise de risque élevée sur première balle. Je conseille aussi souvent à mes élèves d'adapter la vitesse de leur service en fonction de la rapidité avec laquelle ils montent au filet.


Joffrey Gilant : « Chaque jour, notre préoccupation est de satisfaire et bien conseiller nos clients » Esprit Padel Shop est devenu une référence de la vente en ligne. Joffrey Gilant, le responsable du site, a bien voulu résumer pour Welovetennis Magazine sa stratégie et les évolutions de ce marché en pleine croissance.

Quand et comment l’idée de monter un site en ligne a-t-elle germé ? En travaillant pour le pro shop d’Esprit Padel, j’ai développé un goût particulier pour le conseil et la vente de raquettes de padel. Mais avec le temps, j’ai senti un plafonnement des ventes en raison du trafic du nombre de joueurs au sein du club qui ne pouvait pas augmenter à l’infini. En parallèle, Sébastien Cornet (fondateur d’Esprit Padel) réfléchissait à créer un site internet pour faire tourner un peu plus rapidement le stock de matériel du club. Nos objectifs personnels se sont rejoints et nous avons rapidement regroupé nos idées et travaillé sur la création d’un site de vente en ligne. Nous avons profité du confinement pour créer la plateforme et tout mettre en place alors que nous avions du temps devant nous et que l’activité au club était en sommeil. Quelles ont été les principales difficultés ? Quand on se lance dans ce type de projet, on est souvent naïf et inconscient. Sans grande surprise, cela a été mon cas. J’ai vite été confronté à différentes problématiques comme le référencement du catalogue des produits, la difficulté d’avoir un site ergonomique et réactif (adapté au format mobile), la gestion des bugs, etc. J’ai monté le site tout seul, sans le soutien d’une agence spécialisée. J’ai donc eu quelques mois de travail très intenses, mais au final, j’ai beaucoup appris et j’arrive désormais à déléguer plus facilement certaines tâches à mon équipe. Te souviens-tu de la première commande de l’histoire du site ? Si oui, c’était quoi ? Comme si c’était hier ! C’était un grip Hesacore que l’on vend 18,90 €. La bonne nouvelle était que le site fonctionnait bien ! Mais j’avais oublié de rentrer les frais de port dans le système, car nous n’offrons pas les frais de port pour les commandes inférieures à 80 €. Du coup, avec le coût de l’envoi qui oscillait aux alentours de 10 € pour ce type de colis, nous avons perdu de l’argent sur cette première commande… [Rires.] Le padel étant en pleine explosion, ne crains-tu pas l’arrivée de sites peu spécialisés qui agiront par

opportunisme ? On constate l’apparition de nouveaux sites tous les mois et on sait que cela va continuer. Je pense que ce mouvement est un bon signe, car cela confirme que le marché évolue positivement et qu’il a besoin de différents acteurs. Je suis persuadé que la concurrence est saine. Cela oblige les acteurs à se challenger, ce qui bénéficie au client final qui mérite d’avoir le meilleur service possible. À nous d’être vigilants et attentifs à ce qui se fait ailleurs, et surtout de continuer à être un acteur innovant et précurseur. Si l’on devait définir en trois mots les priorités d’Esprit Padel Shop ? Je réponds tout de suite qu’il n’y en a qu’un : la satisfaction client. Nous accordons un soin tout particulier à répondre au mieux aux différentes problématiques de nos clients. Que ce soit pour le conseil avant l’achat, les éventuels pépins qui apparaissent après la vente, les mots personnalisés dans chaque commande, les bonbons dans les colis pour Halloween, etc. Comme tu es au centre des problématiques des produits, quelles sont les grandes tendances que tu perçois ? La grande tendance qui se dégage, malgré un développement assez soutenu et un nombre de nouveaux joueurs en constante augmentation, c’est la vente de raquettes haut de gamme. Qu’il soit débutant ou expérimenté, le joueur de padel s’engage vite dans cette pratique avec un matériel de très haute qualité. L’autre tendance, c’est l’augmentation des ventes dans le textile, notamment pour l’achat de tenues de joueurs professionnels… Est-ce qu’être au contact d’une belle communauté, pouvoir dialoguer avec elle quotidiennement, ne constitue pas un véritable avantage concurrentiel par rapport aux sites classiques de vente en ligne ? Nous avons la chance d’être un club de padel avant d’être une boutique en ligne. Notre avantage aujourd’hui, nous le tirons du terrain, car nous avons accompagné des centaines de clients, pour ne pas dire des milliers, dans leur choix de raquettes, chaussures et autres équipements.

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Nous connaissons les marques, les modèles qui fonctionnent et qui plaisent le plus aux joueurs. Le nerf de la guerre sur l’online, cela reste la qualité de service. Qu’avez-vous mis en place en termes de SAV ? La qualité de service, et particulièrement le SAV, est un point clef pour satisfaire le client. Nous essayons de réagir le plus rapidement possible aux requêtes de nos clients. Ils peuvent nous appeler, nous contacter via le chat du site ou encore nous envoyer un mail s’ils le souhaitent. Nous nous engageons à répondre dans un délai court, et notre maître mot est que chaque client est unique. Le site est en croissance continue depuis sa création. Avez-vous prévu des changements pour 2023 ? Oui, le site est en perpétuelle évolution. Nous essayons d’adapter notre offre du mieux possible en fonction des retours clients. Dernièrement, nous avons apporté un effort particulier à l’ergonomie du site. Nous avons amélioré le moteur de recherche et le filtre des produits pour permettre de trouver plus rapidement la gamme de produits que l’on recherche. Nous avons encore pas mal d’idées en stock, comme l’élargissement de nos canaux de communication et de nouvelles fonctionnalités qui viendront agrémenter notre développement au cours de l’année. On sait que la partie « conseil » est primordiale, d’autant plus qu’il y a encore beaucoup de marques. Allez-vous développer du contenu dans ce sens pour aiguiller avec précision le consommateur ? C’est effectivement l’une des questions sur lesquelles nous concentrons nos efforts en ce moment et cela fait partie de notre axe de développement concernant la communication en 2023. Si l’on se revoit dans un an, qu’est-ce qui signifiera que tu as bien fait ton travail ? Que les joueurs disent du bien de nous et de notre travail. Le reste, ce ne sont que des chiffres.

Pour en savoir plus : www.esprit-padel-shop.com

Côté Court

Côté Marque

Un par 4 pour Agustín Tapia, numéro 3 mondial « J’ai un talent caché : la capacité de ne pas m’énerver dans presque toutes les situations »

Un par 3 avec Kristina Clément, export manager chez Nox « Au Mondial, il n’y a plus de petites équipes »

1) Comment et pourquoi avez-vous commencé à jouer au padel ? J’ai commencé à jouer au padel en famille. Nous sommes très proches chez les Tapia et nous allons généralement partout ensemble. Lorsque ma famille a décidé de se lancer dans ce sport, j’ai commencé par l’accompagner. Au début, comme j’étais trop petit, je ne pouvais pas jouer et je me suis donc contenté de regarder. Une fois plus grand, j’ai enfin pu taper dans la balle et j’ai tout de suite aimé cette sensation. Comme j’étais aussi fan de football, j’ai d’abord essayé de combiner les deux sports, mais à 14 ans, j’ai décidé d’abandonner le ballon rond.

" voyager depuis l’Argentine, arriver en Espagne et jouer un tournoi du World Padel Tour, c’était déjà réaliser un rêve. Tout ce que je vis maintenant est incroyable. " 2) Pourquoi avez-vous choisi de quitter l’Argentine pour vous installer en Espagne ? En Argentine, tous ceux qui jouent au padel et qui rêvent d’aller loin se fixent comme objectif de se rendre en Espagne. Dans mon pays, nous n’avons pas encore les possibilités ou les ressources qui existent en Espagne. Évidemment, au début, il était difficile de se retrouver loin de sa famille et de ses amis, mais il n’y a pas de réussite sans douleur. Une fois en Espagne, le processus n’a finalement pas été si pénible que ça, car j’ai tout de suite constaté que c’était le bon choix : le niveau de vie, les entraînements, les clubs. Cela m’a beaucoup aidé. J’ai également eu la chance que la marque Nox me soutienne tout au long de ce processus, ce qui a contribué à rendre le tout plus facile et plus professionnel.

1) Tu as participé à plusieurs championnats du monde. Peux-tu nous dire si le niveau s’est élevé depuis tes débuts ? C’étaient mes cinquièmes Mondiaux. J’ai commencé en 2008 à Calgary, puis j’ai connu 2010 et 2012 à Cancún avec l’équipe de France, 2021 au Qatar et cette année à Dubaï. Auparavant, il y avait trois nations largement au-dessus des autres : l’Argentine, l’Espagne et le Brésil. Aujourd’hui, j’ai pu constater qu’il n’y a plus vraiment de petites équipes. Beaucoup de nations se renforcent avec d’anciens joueurs de tennis, je pense à l’Italie avec Roberta Vinci, qui a été top 10 et numéro 1 mondiale en double à la WTA. De notre côté, nous avons joué les mêmes équipes et même si nous nous sommes renforcées, nous avons du mal à battre le Chili et les États-Unis qui progressent également. En fait, la réalité est aussi que tout le monde joue plus et s’entraîne davantage, donc le niveau monte forcément. 2) Nox est une marque pure player de padel. Une profusion de nouvelles marques sont arrivées dernièrement, qu’en penses-tu ? J’ai démarré chez Nox en 2017. En Espagne, il y avait déjà plus de 300 marques. Donc ce n’est pas quelque chose de nouveau. Mais si l’on regarde au niveau international, huit marques se détachent, dont Nox bien évidemment. Par ailleurs, avec le confinement, il y a eu une demande importante et soudaine car la pratique a explosé. Toutes les grandes marques ont alors rencontré des problèmes de stock et cela a permis à des marques moins connues de profiter de cette situation. Maintenant que tout le monde est capable de produire normalement, un nouvel équilibre va se mettre en place.

" C’étaient mes cinquièmes Mondiaux. J’ai commencé en 2008 à Calgary, puis j’ai connu 2010 et 2012 à Cancún avec l’équipe de France, 2021 au Qatar et cette année à Dubaï. Aujourd’hui, j’ai pu constater qu’il n’y a plus vraiment de petites équipes. "

3) Qu’aimez-vous faire quand vous ne jouez pas au padel ? J’aime être entouré de ma famille. J’aime également le football, écouter de la musique… des choses assez diverses. Mais il faut savoir qu’Agustín Tapia, en dehors des terrains, est un gars très calme et normal. Pour conclure, je dirais que j’ai peut-être un talent caché : la capacité de ne pas m’énerver dans presque toutes les situations. 4) Peut-on dire qu'en tant que joueur de padel professionnel, vous vivez un rêve en ce moment ? À dire vrai, voyager depuis l’Argentine, arriver en Espagne et jouer un tournoi du World Padel Tour, c’était déjà réaliser un rêve. Tout ce que je vis maintenant est incroyable et c’est vrai que je n’aurais jamais imaginé cela. Je suis heureux, je profite de chaque instant et je m’entraîne fort pour continuer à réaliser des rêves encore plus fous.

3) Pourquoi l’Allemagne est-elle si en retard en termes d’offre de courts ? En Allemagne, construire un centre est beaucoup plus réglementé qu’en France ou ailleurs. Cela engendre aussi plus de coûts alors même que trouver des terrains ou des locaux reste compliqué. Tout cela explique les difficultés rencontrées. Mais l’Allemagne est un grand pays de sport et de tennis, et de grands groupes s’intéressent désormais de près au padel. Les choses devraient donc évoluer dans le bon sens pour les années à venir.

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Le Tennis Club de Lyon a trouvé la bonne formule Après avoir testé la pratique pendant quelques années avec deux courts extérieurs, le Tennis Club de Lyon a décidé de passer à la vitesse supérieure en se dotant de deux courts couverts et d’une cotisation 100 % padel. Un choix stratégique mûrement réfléchi par son bureau et les cadres techniques, dont Jessica Ginier, bien connue de la famille du padel. Reportage Laurent Trupiano

Jessica Ginier : « Bien prendre soin de la qualité des courts » Conseil du projet, joueuse émérite, Jessica a bien voulu répondre à trois questions clés concernant l’installation de courts au sein d’un club déjà très énergique et efficace dans sa pratique du tennis, mais aussi sur le développement du padel dans l’Hexagone.

Se rendre au Tennis Club de Lyon, c’est une forme de petit voyage. D’abord, c’est un lieu historique puisque Henri Cochet, l’un des « Quatre Mousquetaires », y est né. D’autre part, c’est une place forte du tennis français, connue pour la qualité de ses installations, mais aussi sa terrasse, l’une des plus belles de la « capitale des Gaules ». Il est donc rassurant de constater qu’un club que certains disent « fermé » a fait le pari du padel, et ce afin de compléter son offre raquette déjà impressionnante avec ses 25 courts de tennis et ses deux courts de squash, comme l’explique Sarah Fatton, sa directrice : « C’est drôle que l’on puisse encore penser que le TCL est fermé, qu’il faut être parrainé pour devenir membre. Tout cela, c’est de l’histoire ancienne, mais visiblement, cela a marqué les esprits [rires]. Quand on nous a proposé d’installer deux courts extérieurs, nous avons tout de suite relevé le défi, car nous voulions constater par nous-mêmes si cela allait prendre effectivement. Petit à petit, l’oiseau a donc fait son nid et très vite, des joueurs du club ont commencé à adhérer à cette nouvelle discipline. » Il faut dire que Jessica Ginier, exchampionne de France et professeur au club, est une véritable pionnière, une très belle ambassadrice. Elle a d’ailleurs joué un rôle fondamental pour éduquer les joueurs et promouvoir la pratique : « Il est évident que la présence de Jessica a favorisé le développement, car il faut un référent technique, mais aussi une personne qui puisse convaincre, mettre en place une vraie stratégie sportive, de cours, de compétition, faire vivre le padel au sein du club. » Le faire vivre, mais aussi être porteur d’un projet fort, ce qui a vite amené le club à se pencher sur la construction d’une structure couverte : « On sait qu’en France, le nombre de courts est un problème, que l’offre est trop faible par rapport à la demande, et c’est encore plus vrai pour les courts couverts dans les zones dites urbaines. Nous l’avons vite ressenti dans le club, et

encore davantage quand la rosée envahit les vitres [rires]. Nous avons donc étudié le projet de construire une structure couverte il y a près d’un an. Au début, certains ont cru que nous allions, comme c’est souvent le cas, enlever des courts de tennis. Or, au TCL, nous avons besoin de tous les courts de tennis. Le choix a donc été fait de prendre du terrain sur l’un de nos parkings. Pour le financement, nous avons fait appel avec succès à du mécénat auprès de nos membres, que nous avons complété avec un prêt. Une fois les devis des différents prestataires réunis, nous sommes arrivés à un budget de 360 000 euros. En parallèle, une réflexion autour de la cotisation a été menée et nous avons rapidement abouti à l’idée qu’il fallait qu’elle soit dissociée de la pratique du tennis. Là où la cotisation tennis est à 935 euros, celle du padel est à 600 euros. Aujourd’hui, nous comptons plus de 200 membres et ce chiffre va forcément augmenter, puisque nous proposons la seule offre à la fois couverte et découverte dans Lyon. De plus, notre structure est optimisée. L’été, nous pouvons ouvrir un côté par exemple. Nous étions également attachés au fait qu’elle s’intègre parfaitement au sein des autres bâtiments, et c’est le cas. C’était un pari et désormais, personne ne le remet en cause, ce choix était finalement assez inévitable », note Sarah qui y voit aussi une nouvelle façon de travailler. « Au padel, on ouvre des parties, on les complète, tout cela grâce à une application. Ces recettes, nous allons aussi nous en servir pour le tennis, donc au final, tout cela crée une sacrée dynamique », conclut Sarah. Une dynamique dont bénéficie également le joueur de padel, qui ne pourra pas être déçu par l’offre de restauration du club. Cette dernière est un axe fondamental faisant partie intégrante de l’offre padel, où convivialité et partage sont des règles de base. Il est en effet très rare qu’une partie ne se termine pas autour d’un verre ou d’un bon repas.

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Quelle est la clé de la réussite d’un projet padel au sein d’un club ? Il n’y en a pas qu’une. La première, et j’insiste là-dessus, c’est la qualité des courts, leur durabilité. Au TCL par exemple, j’ai été très pointilleuse sur le choix de la moquette et des matériaux. Il y a beaucoup de prestataires car le marché est en plein boom, il faut donc se faire conseiller ; c’est primordial et cela évite de se tromper. La deuxième clé, c’est d’anticiper en réfléchissant en amont au référent qui fera vivre la pratique pour donner des cours, organiser des compétitions, animer la communauté de joueurs. C’est très important. Quel constat fais-tu de la pratique du padel en France ? Elle avance. Pas toujours aussi vite qu’on le voudrait, mais ça bouge. La couverture télévisuelle fait du bien, ce sport est de plus en plus connu. Par ailleurs, ce sont aussi les structures privées qui tiennent aujourd’hui la discipline et elles font du bon travail. L’offre d’un club est différente, mais j’y vois la possibilité d’un accès simplifié pour les jeunes à travers la mise en place d’écoles de padel. Cela peut aussi permettre de faciliter l’accès des filles. Dans dix ans, à quelle place vois-tu le padel ? Difficile à dire, mais il faut rester positif. Dans certains pays, le développement va plus vite ; dans d’autres, la pratique est presque inexistante donc il faut laisser du temps au temps. Ce sport a tellement de qualités que je ne me fais aucun souci, il est très adapté à nos modes de consommation et il est rarement déceptif. On peut aussi se féliciter que les baby-boomers du tennis y soient venus en masse, car cela favorise la croissance, même si de plus en plus de personnes qui ne sont pas issues du tennis s’y mettent également.

Romain Taupin : « Nous allons assister à un boom du padel dans chaque pays dans un premier temps, boosté par l’engouement parfois aveugle du secteur privé » Le fondateur de Padelonomics revient pour Welovetennis Magazine sur le développement du padel en Europe. Son analyse confirme qu’il existe deux mouvements différents sur le Vieux Continent et que la France est un peu à la traîne. Entretien. Propos recuellis par Laurent Trupiano

Romain, quand as-tu créé Padelonomics ? En octobre 2018 très exactement, quatre ans déjà ! Quelle a été ton intuition ? Je cherchais à me faire connaître pour trouver un emploi chez l’un des gros acteurs du secteur. Je me suis dit que créer un site en partageant toutes mes connaissances me servirait de « CV en ligne » pour me faire repérer. Ma fierté, c’est la stratégie autour de la ligne éditoriale du site qui est la clef de son succès. Mon site contient 150 à 200 pages web utiles (si une page ne sert à rien, je la supprime), soit l’équivalent d’un livre dans lequel j’explique, avec pédagogie et surtout indépendance de pensée, les grands thèmes qui peuvent intéresser le lecteur. Pas de blabla. J’atteins aujourd’hui 40 000 lecteurs uniques sur une année, en augmentation constante (7 000 en 2019, 16 000 en 2020, 26 000 en 2021). Comment arrives-tu à avoir toutes ces statistiques ? Peux-tu nous expliquer ta façon de travailler ? C’est un travail à la fois très simple et très ennuyeux [rires]. Depuis 2016, je référence dans un fichier Excel tous les nouveaux clubs qui se créent en faisant une veille sur les réseaux sociaux et Google. Au bout de six ans, ça me permet d’avoir une vision de la vitesse de développement du padel par département, par type de structures, etc. Si je te demande de résumer les grandes tendances de la pratique du padel en Europe depuis cinq ans… Les cinq dernières années représentent l’envol du padel en Europe hors des frontières espagnoles avec une croissance de la discipline dans tous les pays, mais des scénarios de croissance bien différents selon les cas. Derrière l’Espagne, si je résume grossièrement, nous avons deux groupes de pays : 1) Les pays qui sont en plein boom, voire en fin de boom (Suède, Italie, Belgique, Danemark, Finlande, Pays-Bas) ; 2) Les pays qui commencent leur boom (France, Royaume-Uni, Allemagne, Norvège).

Comment expliquer ces différences entre les pays ? Pour simplifier, car il serait trop long de décrire pays par pays le pourquoi du comment, disons que pour qu’il y ait un boom, il faut quatre ingrédients : 1) Des investisseurs ; 2) Des terrains disponibles ; 3) Des normes de construction et des plans locaux d’urbanisme (PLU) peu restrictifs ; 4) Une demande suffisante pour que le projet soit rentable. La première catégorie de pays (pays scandinaves, Benelux) réunit ces quatre critères. Pour l’Italie, c’est un peu différent ; c’est un pays moins riche, mais qui a la chance d’avoir un climat ensoleillé comme l’Espagne, ce qui lui permet d’investir dans des clubs de padel outdoor à très bas coût. La seconde catégorie de pays ne réunit pas ces critères ; ils ont tous beaucoup de mal à trouver des terrains disponibles et accessibles en prix et la demande n’est pas encore assez forte pour compenser les charges exorbitantes de ce genre de projet. Peut-on dire que la France est en retard ? Oui, nous sommes en retard. Comment expliques-tu ce phénomène ? Comme je le disais, il est très compliqué en France de trouver des terrains/hangars à des prix accessibles. Cela freine l’investissement privé. Au Pays basque, à Nice, Montpellier, Lille, ou Paris par exemple, je dois avoir vingt porteurs de projets qui n’arrivent pas à trouver de terrains pour monter leur structure alors qu’ils ont parfois le capital pour cela. Néanmoins, ce frein dans le privé est compensé par la facilité d’installations de terrains de padel, financés par les mairies et les régions, dans les clubs de tennis. Ce qui nous donne au final une croissance forte dans l’Hexagone, mais pas exponentielle comme chez nos voisins italiens ou belges. La pratique évolue donc avec une forte croissance. Jusqu’où cela peut-il aller ?

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Il est beaucoup trop tôt pour le dire. Ce que je sens, c’est que nous allons assister à un boom du padel dans chaque pays dans un premier temps, boosté par l’engouement parfois aveugle du secteur privé. Dans un deuxième temps, à cause du surplus de clubs de padel « privés » qui se seront lancés sans réel business plan viable dans ce secteur, nous assisterons à une « correction du marché », comme en Suède actuellement, et des clubs fermeront. Le sport se structurera alors dans chaque pays autour des clubs associatifs et de quelques clubs privés solides financièrement, et une nouvelle vague de croissance plus solide arrivera. Mais l’avenir du padel s’annonce incroyable, car c’est selon moi le sport de raquettes du troisième âge et il représente une porte de sortie sportive et sociale pour tous les retraités du tennis/ badminton/squash (sports plus exigeants physiquement). Ces sports étant très développés, le padel a de très fortes chances de devenir aussi important… Toi qui regardes tout, on a l’impression que les ÉtatsUnis sont réfractaires. Est-ce une vue de l’esprit ? Ou parce que le pickleball est très installé ? Aux États-Unis, le pickleball est en plein boom, c’est vrai, comme le tennis d’ailleurs. Cela peut être l’une des raisons qui freinent le développement du padel outre-Atlantique. Mais je pense que la raison principale est beaucoup plus simple : il n’y a presque aucun club de padel là-bas ! Sans offre, pas de demande ! Un premier club est enfin apparu à New York cette année. Il va falloir du temps et la création de nombreux clubs pour « évangéliser » les Américains, mais je ne vois pas pourquoi ce sport ne pourrait pas réussir là-bas. J’avais étudié l’âge moyen des joueurs de chaque sport et il en ressortait que le joueur de pickleball avait en majorité plus de 60 ans, le joueur de padel entre 35 et 55 ans et celui de tennis moins de 35 ans. Selon moi, chaque sport a son public. On sait que tu es un joueur de padel. Quel est le coup qui te fait vraiment kiffer ? Plus qu’un coup, j’adore défendre. Je trouve que la défense est ce qui rend ce sport si attractif. Mais si je devais choisir, je dirais le lob. C’est pour moi le coup le plus important du padel, surtout au niveau amateur.

En savoir plus : www.padelonomics.com


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