Résumé En 2013, Greenpeace Suisse a présenté un scénario énergétique global pour la Suisse. Ce scénario montrait comment la Suisse pourrait sortir du nucléaire et d’ici 2050, réduire à zéro ses émissions de gaz à effet de serre (GES), sans dépasser le budget CO2 encore disponible à ce moment-là. Nous avions aussi montré quels sont les investissements nécessaires pour créer des emplois autochtones et garantir la sécurité de l’approvisionnement.
A l’époque, c’était encore impensable pour beaucoup de gens de devoir éliminer toutes les émissions de CO2. Entre-temps, l’objectif zéro net est devenu incontournable. L’Accord de Paris le mentionne explicitement et en 2019, le Conseil fédéral a officiellement annoncé vouloir une Suisse « climatiquement neutre » d’ici 2050. En 2020, il y eut ensuite les Perspectives énergétiques 2050+ de la Confédération qui montrent comment la Suisse peut atteindre cet objectif. Le Conseil fédéral a adopté en janvier 2021 la stratégie climatique à long terme de la Suisse qui se base sur ces perspectives.
La principale faiblesse de la stratégie du Conseil fédéral se trouve dans la quantité de gaz à effet de serre (GES) beaucoup trop élevée qui peuvent encore être émis en Suisse dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie d’ici 2050. Il n’est donc pas possible de respecter la limite d’un réchauffement de 1.5°C fixée dans l’Accord de Paris sur le climat pour assurer la pérennité de nos conditions de vie. Si tous les pays avaient les mêmes ambitions climatiques que la Suisse, nous risquerions jusqu’à 3°C de réchauffement, comme le montre l’analyse de Climate Action Tracker, un think tank spécialisé dans le climat.1 Sur une planète plus chaude de 3°C, nous risquons une mortalité massive et la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. C’est pour cela que Greenpeace Suisse a mandaté des spécialistes indépendants de l’Institute for Sustainable Future (ISF) de l’Université de Sydney (University of Technology Sydney, 6
UTS) pour faire une mise à jour de l’Energy [R] evolution. Deux nouveaux scénarios, Energy [R] evolution (ER) et ADVANCED Energy [R]evolution (ADV) montrent les possibilités de décarbonisation accélérée et d’une sortie plus rapide de l’utilisation de l’énergie nucléaire. Ils tiennent compte des dernières connaissances du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du budget CO2 dont la Suisse dispose encore pour limiter le réchauffement de l’atmosphère planétaire à 1.5°C au maximum. Les scénarios Greenpeace montrent qu’un approvisionnement en énergie sans électricité d’origine nucléaire et sans émissions de CO2 est possible en Suisse et économiquement réaliste. Les éléments décisifs en sont : - une extension fortement accélérée du photovoltaïque et - une augmentation de l’efficacité énergétique y compris des économies liées à des changements de comportements. Le photovoltaïque devient l’énergie clé pour la décarbonisation des transports, des bâtiments et de l’industrie. Afin de respecter le budget carbone restant pour 1,5°C et de garantir la sécurité d’approvisionnement, le développement du photovoltaïque doit être massivement accéléré à plus de 12 TWh/a d’ici 2025 ( !). D’ici 2035, la contribution des nouvelles énergies renouvelables (sans l’hydraulique) doit être portée à plus de 38 TWh/a, dont 30 TWh/a proviendront du photovoltaïque. Ainsi, les émissions de CO2 liées à l’énergie en Suisse peuvent être réduites de 60% d’ici 2030 et de Voir l’analyse sur https://climateactiontracker.org/ countries/switzerland/ (état 03.01.2022).
1