Magazine Pause Sante 9

Page 1

GRATUIT - NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

le magazine qui prend soin de vous

\ ' ;OW 8cW\

TABAC

COMMENT SORTIR DE

ENQUÊTE

LA SANTÉ EN PRISON

L’ADDICTION ? LES ALLERGIES EXPLOSENT

#&"65c 6/ +0-* %c$0--&5c BOXE

USA

LA SECONDE VICTOIRE DE BARACK OBAMA PSYCHANALYSE L’AFFABULATION ANTIFREUDIENNE PAR PAUL-LAURENT ASSOUN

LES FEMMES MONTENT SUR LE RING

LE PHÉNOMÈNE

SLOW FOOD

$06("34

&--&4 "*.&/5 -&4 +&6/&4 )0..&4

DÉTENTE R U O J É UN S ANDIE M R O N N E

R E N G A ÀG R EN

NNEC VOUS CO

USES W W W. P A

TA N T S U

R

ANTE.F

>/CA3 A/<Bp 3< Bp:p16/@53;3<B 5@/BC7B AC@ D=B@3 i>6=<3


préférer “votre pharmacie ”

...Pour vous donner toutes

les raisons de

...

Nous vous offrons : une sélection de produits et de prix Une carte de fidélité «Club Pharmadys»

www.pharmareference.fr


préférer “votre pharmacie ”

...Pour vous donner toutes

les raisons de

...

Nous vous offrons : une sélection de produits et de prix Une carte de fidélité «Club Pharmadys»

www.viadys.fr



nEJUP

RETROUVEZ L’ACTUALITÉ SANTÉ EN DIRECT AVEC L’AFP SUR WWW.PAUSESANTE.FR

50 % DES HOMMES SONT DES FEMMES Ce slogan féministe des années 70 est aujourd’hui légèrement dépassé puisque 52 % des Français sont des Françaises. Sur le plan des inégalités, la situation a pourtant peu évolué. Les salaires des femmes sont toujours inférieurs d’environ 25 % à ceux des hommes. Les femmes représentent 55 % des diplômés et n’occupent que 27 % des postes d’encadrement, 10 % seulement d’entre elles sont des cadres dirigeants. Elles ne sont que 9 % à être présentes dans ces hauts lieux de pouvoir économique que sont les conseils d’administration.

www.pausesante.fr

Pour rétablir l’équilibre, l’Assemblée nationale vient d’adopter une proposition de loi instaurant 40 % d’administratrices dans les entreprises publiques et les sociétés cotées d’ici 6 ans. Si le système des quotas peut apparaître à première vue insultant pour les femmes, force est de constater que les pays qui l’ont adopté ont vu grimper en flèche la représentation féminine. La cause est évidemment juste, mais inscrire dans une loi la parité comporte d’autres risques, celui par exemple de figer la différence homme/femme ou d’apparaître comme une mesure alibi en regard de toutes les autres discriminations. Il n’existe pas a priori chez les femmes de désintérêt pour la direction d’entreprise ou pour la chose publique. En revanche, il existe une redoutable misogynie dans la classe politique française. Comme l’explique la philosophe Elisabeth Badinter « le combat majeur qui reste à mener est le partage des tâches familiales et ménagères. Un combat long et difficile, parce qu’il relève non de la loi, mais des mentalités et de la vie privée. »

Directeur des publications Lucien Bennatan. Directrice des rédactions Fabienne Attali assistée de Audrey Danten. Rédaction/coordination Julie Pujol. Ont collaboré à ce numéro Paul-Laurent Assoun, Luc Biecq, Marie-Christine Clément, Gil Couturier, Marie-Christine Deprund, Ariane Dollfus, Rica Étienne, Suzanne Kanou, Olivier Mariotte, Ségolène Pruvot, Valérie Sebag, Pascal Turbil.

L’idée est à la mode mais personne ne peut affirmer que les femmes auraient évité une crise financière ni qu’elles seront le remède à la sortie de cette crise. Les femmes auront besoin des hommes pour faire sauter le « fameux plafond de verre ». Parions plus simplement sur le duo gagnant d’une réelle mixité.

FA BI EN N E AT TAL I DI R ECT R I CE DE L A RÉDAC TION

*Women Matter **Michel Ferrary, Ceram

redaction@pausesante.fr En couverture : Élise (agence Crystal) porte un maillot Eres. Elle est photographiée par Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com).

Le cabinet de conseil Mac Kinsey* dans un rapport récent affirme que les sociétés qui emploient des femmes à des postes de direction sont plus performantes économiquement. Une seconde étude** française enfonce le clou, les entreprises du CAC 40 qui comptent plus de 35 % de femmes cadres seraient plus rentables, auraient une meilleure productivité et créeraient plus d’emploi. On peut légitimement s’interroger avec la ministre travailliste britannique Harriet Harman : « Que se serait-il passé si Lehman Brothers s’était appelé Lehman Sisters ? »

Secrétariat de rédaction et révision Anne Ducourtial, Jérémie Grandsenne, Laurence Roch. Direction artistique Julien Imbert. Maquette et iconographie Virginie Bazot. Photo Stéphane de Bourgies. Stylisme Kevin Grattagliano. Coiffure et maquillage Kim. Fabrication Delta Graphic.

Régie publicitaire DB Régie. Directrice de la publicité Nadia Riou. Tél. : 06 66 7349 89. n.riou@dbregie.com Impression Roularta Printing. Pause Santé est édité par la société Com’Access 78, boulevard de la République 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 55 20 93 72. ISSN : 1968-93-30. Dépôts légaux à parution. Commission paritaire en cours.


Sommaire numéro

MAI - JUIN 2010

09

Nature et découvertes. J’ai des brûlures d’estomac. Je stoppe la clope avec mon doc. L’actualité de la santé. Les confidences de Judith Godrèche.

8 10 12 14 16

SANTÉ Serons-nous tous allergiques ? Greffe de visage, 5 ans après.

18 22

SAVEUR Slow Food contre fast-food.

24

BEAUTÉ Décolleté, des gestes toniques au quotidien

28

BIEN-ÊTRE Le retour du roller. Boxe : les femmes enfilent les gants.

30 32

ET AUSSI… Puisque c’est ça la vie, le roman de Michèle Lajoux. La santé des femmes en prison. Cougars, ces femmes qui aiment les jeunes hommes.

34 36 40

POLITIQUE DE SANTÉ

#"3"$, 0#"."

GBJU QBTTFS TB SnGPSNF EF MB TBOUn PAGE

© Élise (agence Crystal) porte un maillot Eres. Elle est photographiée par Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com).

X DU CAHIER AGORA

TÉLÉCHARGEZ GRATUITEMENT PAUSE SANTÉ SUR VOTRE IPHONE. RETROUVEZ TOUS LES ARTICLES DU MAGAZINE, UNE ENCYCLOPÉDIE MÉDICALE ET L’ACTUALITÉ SANTÉ, EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER AVEC LE FIL .

PATIENTS OU CONSOMMATEURS DE SANTÉ ? LES FRANÇAIS EXPRIMENT LEURS ATTENTES. ' SONT MODÉRÉMENT OU TOTALEMENT SATISFAITS DU SYSTÈME FRANÇAIS. && ESTIMENT ÊTRE BIEN ASSURÉS. # AFFIRMENT SOUFFRIR D’UNE MALADIE CHRONIQUE. $" DE CEUX QUI ONT RÉCEMMENT EFFECTUÉ UN SÉJOUR À L’HÔPITAL SE DÉCLARENT SATISFAITS DES SOINS QU’ILS Y ONT REÇUS. ! DÉCLARENT AVOIR UTILISÉ UNE THÉRAPIE NATURELLE OU ALTERNATIVE. Enquête Deloitte, avril 2010


au Joker Vital Bienfaits le supporter

se.

quotidien de votre capital jeunes

et une diversité de spécifiques pour un goût intense ts frui de n ctio séle une t anti gar Il ter le vieillissement . Leur pouvoir est reconnu pour limi polyphénols antioxydants naturels se voit. e, vous vous faîtes plaisir, et cela des cellules. Vous vous sentez jeun

RC 444 630 784 - Crédit Photo : Cédric Delsaux

Jus représenté dans les verres : Orange, Goyave, Kiwi d’or. Existe aussi Orange, Passion, Figue de Barbarie.

MAIS ENFIN ! ? E G A L E U Q Z E VOUS AV


> VIE PRATIQUE NATURE &901-"/¸5&4 10*%4 1-6.&

Science & découvertes PAR SUZANNE KANOU

Cinq nouvelles exoplanètes, des planètes en orbite d’une autre étoile que le Soleil, ont été découvertes par le satellite Kepler, lancé par la Nasa au printemps dernier. Il s’agit de cinq « Jupiters » dits chauds, c’est-à-dire de géantes gazeuses plus grosses que Jupiter. La plus petite d’entre elles est l’un des objets les plus légers jamais détectés, car sa densité est comparable à celle du polystyrène expansé ! La proximité de la planète avec son étoile et le fait qu’elle ne puisse pas refroidir expliqueraient cette très faible densité.

LA BACTÉRIE QUI AIME LE SUCRE

Du plomb et du monoxyde d’azote pour tout maquillage : c’est avec cette pâte épaisse que les anciens Égyptiens ornaient le contour de leurs yeux d’un long trait épais tiré du sourcil à la tempe. Mais cette mixture n’était pas seulement esthétique. Des travaux récents du CNRS ont en effet montré que ce fard protégeait aussi les yeux des infections. Grâce à un dispositif d’analyse chimique sophistiqué, ils ont établi qu’une petite quantité de laurionite, un chlorure de plomb contenu dans ces fards, déclenchait sur la peau la production de monoxyde d’azote (NO). Or le NO est connu pour son action vasodilatatrice. En augmentant le diamètre des vaisseaux, il facilite le passage de certaines cellules, les macrophages, chargées de lutter contre les infections. Les chercheurs en déduisent donc que, loin d’être toxiques, les fards créaient un milieu hostile aux micro-organismes, ce qui réduisait la fréquence des infections ophtalmiques.

8

© Jelena Popic/iStockphoto

© Larysa Dodz/iStockphoto

."26*--"(& c(:15*&/ "/5*4&15*26&

Vous aimez le sucre ? Bifidobacterium dentium aussi. Cette bactérie au nom barbare est responsable de nos caries. Des chercheurs de l’université de Parme viennent de déchiffrer son génome. Ils ont démontré que B dentium vivait sur nos dents, où elle prospérait en s’y régalant de sucre. Elle a donc développé tout un arsenal enzymatique afin de dégrader et récupérer très rapidement les sucres présents dans la cavité buccale. Elle est même parvenue à neutraliser l’action du dentifrice, en l’inactivant ! Pour la contrer, il ne reste donc qu’un seul moyen : limiter nos apports en sucres.

UNE COLLE D’ARAIGNÉE On connaissait la soie des araignées, résistante comme l’acier. Désormais, il faudra aussi compter avec leur colle. L’adhésif qui recouvre les toiles des néphiles, grandes tisseuses de pièges mortels, vient d’être étudié par une équipe de l’université du Wyoming. Ils y ont identifié deux molécules, des glycoprotéines, puissants adhésifs. Les chercheurs prévoient donc de développer une nouvelle gamme de colles biologiques.

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R


RC 444 630 784 - Crédit Photo : Cédric Delsaux

MAIS ENFIN E ?! G A L E U Q Z E V A S VOU au quotidien de votre ligne. Joker Vital Equilibre le supporter calories en moins* grâce à la stevia.

riche en fruit avec 30% de Retrouvez tout le plaisir d’un nectar apporter de calorie. Vous e d’un fort pouvoir sucrant sans Cette plante est naturellement doté . nne des nectars d’orange et multi fruits esse et cela se voit. *par rapport à la moye conservez la silhouette de votre jeun


> VIE PRATIQUE SANTÉ

J’ai des brûlures d’estomac Remontées acides, douleurs… C’est peut-être un Reflux Gastro-Oesophagien.

Le RGO, c’est quoi ? Provoqué par Ie passage anormal et répété d’une partie du contenu gastrique acide vers l’œsophage, ce reflux est lié au relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage. Une des premières causes est la présence d’une hernie hiatale (passage d’une partie de l’estomac à travers l’orifice œsophagien). Parmi les autres causes, on retrouve un contenu gastroduodénal très acide, une augmentation de la pression abdominale (grossesse, vêtements trop serrés, obésité…). Les symptômes sont typiques : remontées acides dans la bouche, douleurs derrière le sternum, toux sèche ou irritation de la gorge après les repas ou pendant la nuit. Une qualité de vie altérée 1 Français sur 3 souffrirait de brûlures d’estomac. Une enquête européenne indique que, pour 44 % d’entre eux, le retentissement sur la qualité de vie est important. Les sujets se plaignent de désagréments qui altèrent la convivialité et la vie sociale. Le sommeil peut également être perturbé. Puis-je le prévenir ? Le surpoids et l’obésité sont des facteurs aggravants ainsi que les excès d’alcool, de tabac et de matières grasses. Privilégiez les aliments qui ont la propriété de ne pas faire varier l’acidité de l’estomac. C’est le cas notamment des féculents à base de céréales complètes. Adoptez une nourriture riche en fibres. Haricots, lentilles, pois chiches, neutralisent les acides de l’esto10

UN IPP SANS ORDONNANCE Depuis le mois de décembre, il existe un IPP* vendu sur le conseil du pharmacien, le Pantozol Control®. C’est le premier médicament, toutes classes confondues, à avoir obtenu une telle autorisation de commercialisation par les autorités européennes. Les symptômes doivent être présents plus d’une fois par semaine, l’âge inférieur à 60 ans et supérieur à 15 ans. Aucune perte de poids, de gêne à la déglutition ou de vomissements associés ne doivent être constatés. Déconseillé aux femmes enceintes et aux personnes sous traitement anticoagulant, sa prise ne doit pas excéder quatre semaines sans avis médical.

mac. Ils rendent les reflux gastriques moins douloureux. Patientez au moins une heure entre le dernier repas et le coucher, que ce soit le soir ou au moment de la sieste. Comme pour les bébés, très sujets au RGO, surélevez la tête du lit. Sur le plan vestimentaire, mieux vaut éviter les vêtements qui compriment l’abdomen. Ça brûle, je fais quoi ? Si les troubles persistent au-delà de 15 jours, il est nécessaire de consulter. L’examen de première intention est la fibroscopie qui permet d’observer ce qu’il se passe dans l’œsophage et dans l’estomac. Pour être soulagé rapidement s ,ES PANSEMENTS GASTRIQUES neutralisent l’acidité de façon transitoire. Ils sont composés de sels d’aluminium, de magnésium ou de calcium qui forment un film protecteur sur la muqueuse gastrique (Maalox®, Rennie®). Attention ! Ils doivent être pris en dehors de toute autre médication car ils empêchent le passage des médicaments dans le sang.

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSEZ, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

s ,ES ALGINATES forment un gel visqueux qui surnage sur la partie supérieure du contenu de l’estomac. C’est ce gel qui s’oppose au reflux et protège la paroi de l’œsophage. Leur effet est quasi immédiat et de courte durée (Polyssilane®, Gaviscon®). s ,ES ANTI ( sont la première génération d’anti-sécrétoires. Ils inhibent la sécrétion acide de l’estomac. Leur effet est bref et d’intensité modérée (Stomédine®, Pepcidac®). Pour agir dans la durée L’arrivée, en 1990, des INHIBITEURS DE LA POMPE Ì PROTONS )00 a considérablement changé la prise en charge du RGO. Plus puissants, ils bloquent la sécrétion d’acide à sa source et procurent un soulagement durable. Ils permettent aux lésions de cicatriser. Bien tolérés et sans accoutumance, les IPP constituent le traitement de référence du RGO. Jusqu’à présent ils n’étaient accessibles que sur prescription (Mopral®, Inexium®, Inipomp®). O

© Sebastian Kaulitzki/Fotolia

PAR GIL COUTURIER


Brûlures d’estomac

Libérez-vous

des remontées

acides

PANTOZOL Control

®

D-09/0135 - Juillet 2009 - VISA GP 0844G09W411

NOUVEAU 1 comprimé / jour pendant au moins 2 à 3 jours consécutifs, • jusqu’à disparition des symptômes. Ce médicament n’est pas destiné à apporter un soulagement immédiat. Si vos symptômes persistent après 2 semaines de traitement continu, consultez votre médecin. Ne pas dépasser 4 semaines de traitement sans avis médical.

Freine la sécrétion acide à la source • Demandez conseil à votre pharmacien

Son efficacité va vous méduser www.pantozolcontrol.fr Médicament, pas avant 18 ans. Lire attentivement la notice avant utilisation. Ne pas utiliser chez la femme enceinte. Si vous êtes traité par clopidogrel, la prise concomitante de Pantozol Control® est déconseillée : demandez l’avis de votre médecin avant de prendre Pantozol Control®.

Un médicament des Laboratoires


> VIE PRATIQUE SANTÉ

© TF1/TCD

Je stoppe la clope avec mon doc

“Arrêter de fumer est ce qu’il y a de plus facile au monde, et je sais de quoi je parle, je l’ai fait des centaines de fois.” Mark Twain

PAR PASCAL TURBIL

La dépendance physique et psychologique C’est la nicotine qui rend le fumeur accro, c’est elle qui procure à la fois du plaisir, de la détente et une certaine stimulation intellectuelle. Elle est également anxiolytique, coupe-faim et agit comme un antidépresseur. De plus, la cigarette permet d’occuper ses mains, d’avoir une contenance. La rechute fait partie du processus Pour le docteur Anne Borgne, tabacologue, les rechutes ne doivent pas être considérées comme des échecs, mais comme des étapes vers le succès final.

Il est rare en effet que l’arrêt définitif soit obtenu à la première tentative. Les rechutes sur le long terme sont fréquentes et, en moyenne, 5 à 7 tentatives sont nécessaires. « Lorsqu’un patient se rend chez un spécialiste, il est généralement à bout, il a tout essayé » souligne le professeur Yves Martinet, président du CNCT (Comité national contre le tabagisme). « L’effort porte alors sur la réflexion et la stratégie qui va lui convenir. Parfois nous prescrivons des médicaments, mais j’insiste, la part la plus importante c’est la discussion avec le patient. Il lui faut trouver la réponse à la question "Pourquoi je fume ?" ». O

Aucun fumeur ne traduit “Je fume”, par “Je suis malade” Avec le docteur Isabelle Pithois Merli*

Pourquoi est-ce si dur d’arrêter ? La cigarette soulage, déstresse, détend… Dans ces conditions, pourquoi s’arrêter ? Au contraire, le cerveau, par le biais de ses capteurs de nicotine, en redemande. Et plus on fume, plus les capteurs se développent et plus ils sont nombreux à réclamer leur dose de nicotine. C’est à ce moment que l’on devient dépendant du tabac. Quel est le rôle du médecin? Le médecin est là pour expliquer tous ces phéno-

12

mènes liés au tabac : la dépendance, les neurotransmetteurs qui acheminent la nicotine au cerveau, les conséquences néfastes sur le capital santé… Au moment de la tentative de sevrage, il accompagne, et conseille le fumeur sur les méthodes et produits. Et la volonté dans tout cela ? Elle est primordiale. Quelle que soit la méthode adoptée, il ne peut y avoir de résultats qu’avec la détermination du candidat à l’arrêt.

Donc les seuls médicaments ou substituts ne sauraient être efficaces ? Effectivement et d’ailleurs lors de la prescription du médicament développé par notre laboratoire, le médecin se doit d’insister sur ce point. J’en profite pour lever des doutes liés à la prise de ce médicament et notamment concernant les états dépressifs dont on a pu le rendre responsable. Lorsqu’un médicament est proposé sur le marché, il dispose d’un recul d’au moins 10 ans et les agences qui délivrent l’autorisation

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

de le commercialiser ont évalué le rapport efficacité/tolérance. Les études ont d’ailleurs prouvé que les incidents évoqués (dépression en début de sevrage) ne correspondent pas à la prise d’un médicament, mais bien au manque de “plaisir” procuré par la nicotine. Cet arrêt brutal peut révéler des états dépressifs latents chez certains fumeurs. *Directeur médical chez Pfizer (le laboratoire s’associe aux campagnes nationales de prévention et d’information liées au tabac : INPES, Société Française de Cardiologie).

LES CHIFFRES

QUI TUENT > 66 000 morts par an sont liés au tabac en France. C’est le principal facteur de risque du cancer. > 1 cigarette en moins = 11 min de vie supplémentaire. > Près de 50 % des personnes âgées de 18 à 34 ans fument. > 1 fumeur régulier sur 2 meurt prématurément des suites de son tabagisme, dont la moitié avant l’âge de 65 ans. > 80 % des victimes d’infarctus du myocarde âgées de moins de 45 ans sont fumeurs. > 37 % des adolescents de 11 à 15 ans fumeurs estiment ne pas pouvoir se passer de cigarette.


Mutuelle santÊ 'LV 5HXQLFD XQH À partir de

4p6ourâ‚Ź/mois pa p maman a, et bĂŠbĂŠ*

FRPSOHPHQWDLUH VDQWH SRXU WRXWH OD IDPLOOH FÂśHVW SRVVLEOH "

es rticql ue a s e i sur lla boutce.com de etitprin lep

Formules modulables en fonction

de vos besoins : hospitalisation, optique, dentaire, prÊvention, mÊdecines douces‌

Garanties jusqu’à 400% de la base

de remboursement de la SĂŠcuritĂŠ sociale

Prise en charge de la chambre

Mise en relation gratuite

avec un service Ă la personne

Forfait 4h d’aide mĂŠnagère pris

en charge Ă la sortie de la maternitĂŠ

Guide des gestes d’urgence du nourrisson offert

individuelle pour la naissance**

* Exemple de tarif 2010 pour jeunes parents nÊs en 1981 et 1982 + 1 nouveau nÊ (dÊpartement 22 Côtes d’Armor) - Formule Essentielle **

Forfait sur les formules Confort et TranquillitĂŠ (hors niveau 1)

PrĂŠvoyance

SantĂŠ

Épargne

Retraite

Action sociale

Simulation en 2 min sur :

Devis gratuit au

0810 10 37 37*** ***

NumÊro Azur facturÊ au prix d’une communication locale.

Des idĂŠes en

pour mieux vous protĂŠger

3L 7L[P[ 7YPUJL;4 :\JJLZZPVU (U[VPUL KL :HPU[ ,_\WtY` JYtKP[Z WOV[VZ ! 4HZ[LYMPSL 9V`HS[` -YLL 9-

% 0 2 -


> VIE PRATIQUE ACTU

Quoi de neuf ? L’ÂGE DU PREMIER BÉBÉ…

PEUT-ÊTRE UNE NOUVELLE PISTE CONTRE LA MALADIE D’ALZHEIMER Le père de la pilule du lendemain et de la DHEA, le professeur Étienne-Émile Baulieu a mis en évidence les interactions entre la protéine Tau et une autre protéine appelée FKBP52. Naturellement présente dans le système nerveux central, la protéine Tau assure le bon fonctionnement des neurones. Mais sous sa forme anormale, elle perturbe leur activité et joue un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer et des nombreuses démences liées au vieillissement du cerveau. Décrite par le professeur Baulieu comme une « arme », FKBP52 pourrait agir sur l’accumulation de protéine Tau et la stopper. Une découverte capitale dont les applications permettront peut-être d’interrompre le développement de la maladie.

DES PROBIOTIQUES DANS UN TAMPON La période des règles provoque parfois des sensations inconfortables telles que des brûlures ou démangeaisons. Saforelle lance un tampon destiné à rééquilibrer la flore vaginale. Il contient un probiotique issu de trois souches de lactobacilles (bactéries) présentes dans la flore saine et s’utilise à la place des tampons habituels. Il ne remplace pas un traitement en cas d’infection mais agit en relais ou en prévention. Les premières études sont encourageantes, mais on attend de nouveaux tests sur davantage de femmes et sur une période plus longue pour juger d’une réelle efficacité.

…REPOUSSÉ À 30 ANS ! C’EST EN MOYENNE À CET ÂGE QUE LES FRANÇAISES D’AUJOURD’HUI DEVIENNENT MÈRES SELON UNE NOUVELLE ÉTUDE DE L’INED. EN 1977, L’ÂGE 200 000 personnes en France sont touchées par la maladie MOYEN de Crohn qui provoque des lésions inflammatoires chroniques ÉTAIT du tube digestif. Plusieurs traitements existent (Pause Santé DE 26 ANS ET DEMI. EN EUROPE, numéro 8), l’un d’entre eux un Anti Tnf Alpha est aujourd’hui LES HOLLANDAISES SONT CELLES disponible en auto-injection à domicile (www.lesantitnf.fr). QUI ATTENDENT LE PLUS TARD Une bonne nouvelle pour les malades qui devaient jusqu’ici obligatoirement POUR FAIRE UN ENFANT, (31 ANS). passer par la case hôpital pour en bénéficier. À noter : l’édition d’un passeport CÔTÉ NATALITÉ, LA FRANCE EST Maladie de Crohn qui rassemble toutes vos infos personnelles sur votre maladie ainsi qu’un mini-dictionnaire spécifique en quatre langues. Un outil précieux à LE DEUXIÈME PAYS LE PLUS conserver toujours sur soi. FÉCOND DERRIÈRE L’IRLANDE, AVEC 1,99 ENFANT PAR FEMME. Disponible à l’association François-Aupetit (tél. : 0811 091 623) et chez les gastro-entérologues.

© Rosemarie Gearhart

PASSEPORT SANTÉ

):1&35&/4*0/ &5 1"673&5c Les habitants des quartiers défavorisés souffrent davantage d’hypertension. C’est la troublante conclusion d’une étude menée par l’INSERM. Pourquoi de telles disparités ? Les chercheurs ont relevé une forte corrélation entre le niveau d’instruction individuel et la pression artérielle. Par ailleurs une forte prévalence de l’obésité a été observée dans ces mêmes quartiers. Les conclusions de l’étude invitent à s’interroger sur la relation entre obésité et inégalités sociales. Rappelons que l’hypertension (pression trop élevée du sang dans les artères) favorise le risque d’accidents vasculaires cérébraux et d’infarctus.

1 ENFANT SUR 50… … souffre d’un trouble de la famille de l’autisme. Selon un récent sondage*, près de 30 % des médecins généralistes pensent que les autistes sont des malades mentaux, psychotiques ou schizophrènes. Et seulement 30 % savent qu’il s’agit d’un trouble neurologique. Les associations déplorent que la maladie soit encore trop mal dépistée, et donc prise en charge tardivement. * Opinionway, mars 2009.

14

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R


CHAQUE ANNÉE EN FRANCE, L’ÉQUIVALENT D’UNE VILLE DE PLUS DE 60 000 HABITANTS PART EN FUMÉE.

WOV[V ! 9HWOHLS (\]YH`

À CAUSE DU TABAC.

JVTP[t UH[PVUHS JVU[YL SL [HIHNPZTL

^^^ J UJ [ MY


PROPOS RECUEILLIS PAR ARIANE DOLLFUS

Elle a pris tous les risques en passant derrière la caméra, son film, Toutes les filles pleurent, est sorti au début du mois d’avril. Rencontre avec une jeune femme énergique et passionnée.

+6%*5)

16

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R


CONFIDENCES < &5 ."*/5&/"/5 &--& $)"/5& Pause Sant é : Réaliser son premier film après l’avoir longtemps souhaité, c’est un accomplissement agréable ? Judith G odrèche : Oui, bien sûr. Mais je ne le prends pas comme un remède à un manque. Je ne suis pas soulagée parce que je l’ai fait. Il y avait juste une envie, elle s’est réalisée. Et tant mieux !

le fœtus est celle de sa mère. La chanson possède aussi un fort pouvoir d’évocation. On a tous des lieux et des souvenirs particuliers liés à une chanson. Je ne suis pas sûre que cela soit le cas pour d’autres formes d’expression artistique.

Parce qu’elle incarne une chanteuse dans son film, Judith Godrèche a pris des cours de chant. Parce qu’elle y a pris goût, elle a enregistré un album. Voici donc douze chansons douces, essentiellement chantées en anglais, dont une par son fils, Noé Boon (le fils de Dany). Ces mélodies joliment susurrées sont écrites entre autres par Julien Doré et Benjamin Biolay, lequel est aussi au piano et à la guitare. « Toutes les filles pleurent » Because Music.

(0%3¸$)&

© Louis Decamps / H&K

À la sortie d’un film on est seule en première ligne. Comment s’y prépare-t-on psychologiquement ? On ne peut rien contre les goûts et les couleurs des autres. Tout ce qu’il faut, c’est affronter la critique et le public en connaissance de cause. C’est violent, parfois. Il s’agit d’être philosophe… Et savoir qu’il y aura un film suivant… Dans votre film, vous jouez une chanteuse. Vous avez dans la foulée sorti un album de douze titres en anglais. Que vous apporte le c hant ? Je me suis aperçue que le chant était un art extrêmement libérateur. Et même enivrant. Sans doute parce que cela vient du ventre, et que la première voix perçue par

Quels autres arts contribuent à vous apaiser ? Lorsque j’ai besoin de déstresser, j’écoute de la musique classique. Et je regarde des DVD de danse avec mes enfants. Curieusement, voir des films ne me détend pas particulièrement. C’est surtout le spectacle vivant (danse, théâtre, comédie musicale) qui m’apaise. Tourner un film, c’est avoir un rythme de travail très intensif par à-coups. À quelques jours d’un tournage, adoptez-vous un régime ou un style de vie particulier ? Je mange beaucoup de légumes, de salade, de graines germées. J’évite les graisses, le sucre et je veille à limiter les amidons et les laitages au lait de vache. Sinon je ne me livre à aucune préparation physique spécifique, sauf si ce que j’ai à

tourner est très intense. Ce qui m’arrive assez rarement, et je le regrette. J’aimerais bien que l’on me propose des films très sportifs ! Pratiquez-vous un sport ? Je fais du Pilates régulièrement, et mon rêve serait de faire du kick-boxing. Il faut d’ailleurs que je me reprenne en main physiquement, je traîne une sciatique qui me gêne trop souvent. Côté bien-être, je suis devenue accro aux massages thaïlandais, qui sont à la fois très revigorants et musculairement relaxants. Comment soignez-vous votre peau ? Avec des produits basiques, comme Redermic de La Roche Posay et Créaline H20 de Bioderma pour le démaquillage, ainsi que de l’huile de

FILMOGRAPHIE L’été prochain RS <ORW\S B`W\bWU\O\b '&# La fille de 15 ans RS 8OQ_cSa 2]WZZ]\ '&' La désenchantée RS 0S\] b 8OQ_c]b '' Ridicule RS >Ob`WQS :SQ]\bS ''$ L’auberge espagnole RS 1{R`WQ 9ZO^WaQV Parlez-moi d’amour RS A]^VWS ;O`QSOc

bain Lipikar et les sprays pour le visage de Sanoflore. Quelles sont vos recettes pour rester en forme ? Boire du jus de citron le matin à jeun, dormir les jambes surélevées, aimer et dormir… Vous avez deux enfants, Noé, 11 ans, et Tess, 5 ans. Que cherchez-vous à leur transmettre avant tout ? J’essaie de leur apprendre l’échange, la liberté d’esprit, la tolérance… O

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

17


18

SANTÉ

La course contre les biberons au BisphĂŠnol A (BPA) s’accĂŠlère. Le SĂŠnat vient de voter une proposition de loi destinĂŠe Ă suspendre leur commercialisation. Substance chimique, le BPA est aussi couramment utilisĂŠ dans la fabrication de rĂŠcipients en plastique, comme les gobelets jetables. Elle est capable de s’extraire du plastique, notamment lorsqu’elle est chauffĂŠe, et on en dĂŠtecte dans les urines et le sang de la majoritĂŠ d’entre nous. L’Agence Française de SĂŠcuritĂŠ Sanitaire des Aliments (Afssa)

18

a ďŹ xĂŠ un seuil considĂŠrĂŠ comme non toxique mais, en dĂŠcembre dernier, des chercheurs toulousains ont dĂŠmontrĂŠ un effet nĂŠfaste du BPA sur la fonction intestinale et hormonale, Ă des doses pourtant dix fois infĂŠrieures. Le dĂŠputĂŠ GĂŠrard Bapt a ĂŠtĂŠ le premier Ă interdire l’utilisation de biberons au BPA sur sa commune, Saint-Jean (Haute-Garonne). Ă€ Paris, les 28 000 biberons utilisĂŠs dans les crèches et garderies vont ĂŞtre remplacĂŠs par des biberons en verre. L’Afssa vient de diligenter de nouvelles ĂŠtudes.

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

Š DR

#*#&30/4 )"30 463 -& #*41)c/0- "


%&."*/ 5064 "--&3(*26&4 Aujourd’hui, les allergies respiratoires, rhinite et asthme allergique, touchent 20 à 30 % de la population. En 1968, ce taux était inférieur à 4 %. Une augmentation phénoménale en 40 ans qui ne semble pas prêt de ralentir car, si l’on en croit les experts internationaux, un Européen sur deux sera allergique d’ici 2020.

Pourquoi une telle augmentation ? On sait que le principal facteur de risque favorisant le développement d’une allergie est l’existence d’une prédisposition familiale. Ainsi, le risque de devenir allergique est de 80 % si les deux parents sont atteints de la même affection, de 40 à 60 % si les deux parents sont atteints d’allergies différentes, de 20 à 40 % si seul l’un des parents est concerné. Il n’est que de 5 à 15 % si aucun des parents n’est atteint. Mais la génétique est loin de tout expliquer. Acariens, virus, tabagisme interviennent aussi, tout comme la pollution et vraisemblablement la qualité de notre alimentation.

Un système immunitaire trop peu sollicité « En fait, même si les mécanismes précis de cette augmentation ne sont pas encore clairement établis, il faut les chercher du côté des modifications de notre environnement », précise le professeur Paul Van Cauwenberge, coordinateur du projet Ga2LEN. Ce projet, financé par la Commission européenne, mobilise des chercheurs de 25 centres européens pour lutter contre cet inquiétant problème de santé publique. La principale cause

avancée pour expliquer ce phénomène repose sur l’hypothèse hygiéniste. Nos vies de plus en plus aseptisées qui tendent vers le « zéro germe » ne nous permettent plus d’être en contact avec virus et bactéries. Et notre système immunitaire, non stimulé, est ensuite mis à l’épreuve de manière exacerbée face à la multiplicité des allergènes que nous croisons dans notre vie quotidienne.

Les enfants sont les premiers touchés Face à ces agressions, les premières victimes sont les enfants. L’étude ISAAC, l’un des plus vastes programmes de surveillance épidémiologique de l’asthme des enfants menée auprès de 500 000 d’entre eux, a montré qu’en 10 ans les allergies infantiles avaient explosé dans les grandes villes. « De plus, ces allergies sont souvent diagnostiquées trop tard, après des mois voire des années d’évolution », signale l’Association française de prévention de l’allergie. Mais ce n’est pas là une particularité hexagonale car, il y a 5 ans déjà, une campagne pour le diagnostic précoce de l’allergie chez les enfants avait été lancée par

l’association européenne des médecins allergologues (EACCI). Le 23 mars dernier, la 4e journée française de l’allergie était d’ailleurs consacrée à l’enfant autour du thème : « Ne laissez pas les allergies lui compliquer la vie ». En effet, l’impact de ces affections peut être très contraignant et même handicapant pour l’enfant. Afin d’améliorer son quotidien en cas d’allergie diagnostiquée, il est important de faire un ménage régulier, d’aérer quotidiennement la maison d’où tabac, animaux et plantes vertes auront été bannis. Des mesures qui sont bien sûr également valables pour les adultes allergiques.

LES SIGNES QUI DOIVENT CONDUIRE À CONSULTER C\S b]cf ^S`aWabO\bS \]Qbc`\S C\ SQh{[O 2Sa ZO`[]WS[S\ba C\ \Sh _cW Q]cZS 2Sa {bS`\cS[S\ba 2Sa P`]\QVW]ZWbSa `{^{b{Sa QVSh Z¾S\TO\b

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

© PeskyMonkey/iStockphoto

Des causes multiples

PAR SUZANNE KANOU

19


4* +§c5"*4 "55&*/5 %§6/& 3)*/*5& "--&3(*26&

L’allergie, génératrice de tensions familiales Au-delà des répercussions sur la qualité de vie des personnes atteintes, une enquête récente vient de révéler que les tensions familiales sont aussi au rendez-vous. Pour la première fois,

> Je serais une femme. > J’aurais entre 25 et 34 ans. > Je vivrais dans une agglomération de province. > Je serais allergique depuis plus de 9 ans. > J’aurais 6 épisodes de rhinite allergique par an. > Ces épisodes dureraient à chaque fois une quinzaine de jours. > Ma rhinite serait diagnostiquée par le pharmacien ou par moi-même. > Au travail, j’aurais des maux de tête et je manquerais d’énergie. > J’aurais une mauvaise qualité de sommeil et des difficultés à m’endormir. > Je me soignerais surtout par automédication. > Au fil du temps, mon état ne s’améliorerait pas. Source CFOA

© DR

Exposition inédite de dessins d’enfants « Dessine-moi ton allergie ». Ci-contre le dessin de Vanessa. www.dessinemoitonallergie.fr

l’enquête du Comité français des allergies a révélé que si la quasi-totalité des familles interrogées pense faire preuve d’empathie pour le parent allergique, celui-ci se sent incompris par son entourage dans un cas sur trois. Cette enquête démontre aussi que la personne allergique est souvent irritable, ce qui constitue un facteur de réelle tension familiale dans 19 % des cas. Évidemment, plus l’allergie est sévère, plus l’impact est important : 14 % des familles sont concernées quand les symptômes sont légers, tandis que 40 % le sont en cas de rhinite sévère. Et si près de la moitié des sujets atteints manquent de sommeil, 30 % des proches dorment mal car ils sont réveillés par leurs ronflements…

Un diagnostic rodé Mais il est heureusement possible d’agir. La démarche en allergologie est aujourd’hui très bien standardisée. Après un questionnaire minutieux destiné à préciser les circonstances d’apparition des symptômes (à l’extérieur, au domicile, à tel moment de la journée), leur description, leur ancienneté, les antécédents familiaux, le mode et lieu de vie, les éventuelles pathologies associées, l’allergologue procédera à des tests destinés à vérifier la nature de l’allergène ou des allergènes incriminés. Contrairement à une idée reçue, le diagnostic de l’allergie est réalisable dès le plus jeune âge.

6/ /067&"6 (&45& %& 13c7&/5*0/ Éternuements, nez qui coule, larmoiements… Les symptômes de la rhinite allergique touchent environ 15,6 millions de personnes en France. Des traitements existent mais, pour limiter la réaction, le premier geste est d’éviter le contact avec l’allergène. Un spray est désormais disponible en pharmacies*. À base de cellulose, il agit en tapissant les fosses nasales et permet de filtrer les allergènes sans gêner la respiration. Spray nasal allergies, dans les pharmacies du Groupe PHR, 8,90 à 9,90 le flacon de 500 ml. *Plus d’infos sur www.viadys.fr et www.pharmareference.fr.

20

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

En effet, ces tests cutanés (dits aussi prick tests et patch tests) sont réalisables dès les premiers mois de vie. Des gouttes d’allergènes et de substances neutres sont déposées sur l’avant-bras par une microscopique piqûre. 20 minutes plus tard, le médecin observe et compare les manifestations cutanées. Des dosages sanguins peuvent aussi être demandés.

Soigner et prévenir Ensuite, selon les cas, l’allergène identifié est à proscrire, et des médicaments (anti-histaminiques, bronchodilatateurs, corticoïdes) sont prescrits. Ils agiront immédiatement pour soulager les symptômes. Enfin, la désensibilisation est possible à tout âge et dès 5 ans. Elle doit en général commencer avant la saison des pollens et durer entre trois et cinq ans. Bonne nouvelle, elle ne s’effectue plus systématiquement par des injections. Des formes orales, gouttes mais aussi de simples comprimés, sont disponibles. La désensibilisation est le seul traitement capable de modifier l’histoire de l’allergie. Mais au-delà de l’aspect curatif, l’immunothérapie a également un effet préventif essentiel : elle peut éviter l’apparition d’autres allergies et prévient l’évolution de la rhinite vers l’asthme allergique. O


> GRAND JEU SUR WWW.PAUSESANTE.FR

("(/&; 6/ 8&&, &/% POUR 2 PERSONNES AU CŒUR DE LA NORMANDIE À FORGES-LES-EAUX

Pour jouer connectez-vous sur

www.pausesante.fr (règlement complet et bulletin de participation).

Le Domaine de Forges est un concept de dĂŠtente chaleureux et convivial comprenant un casino, quatre restaurants, quatre hĂ´tels, un golf et un SPA.

SĂŠjour pour 2 personnes avec soin qui inclut : le dĂŽner le jour de l’arrivĂŠe ou le dĂŠjeuner du lendemain, au restaurant La table de Forges - l’hĂŠbergement en chambre double ou twin - le petitdĂŠjeuner sous forme de buffet le lendemain - un soin au choix de 30 minutes au FORGESSPA*. Libre accès au centre de bien-ĂŞtre : piscine, sauna, hammam, jacuzzi.

Valeur : 370 E Offre sous rĂŠserve de disponibilitĂŠs, non cumulables avec d’autres promotions. Les soins doivent ĂŞtre programmĂŠs Ă la rĂŠservation. *Jeu gratuit et sans obligation d’achat avec tirage au sort organisĂŠ par le magazine Pause SantĂŠ (sociĂŠtĂŠ Com’Access, RCS Nanterre 507 525 764, 78 bd de la RĂŠpublique 92100 BoulogneBillancourt), jusqu’au 30 juin 2010 inclus. Un seul participant par famille (mĂŞme nom, mĂŞme adresse). Le tirage au sort est effectuĂŠ sous contrĂ´le d’un huissier de justice. Règlement dĂŠposĂŠ en l’Êtude de la S.C.P. VITTU & POMMIER Huissiers de justice Ă Boulogne-Billancourt.

/ PA U S E S A N T É /

21


> CHIRURGIE

(3&''& %& 7*4"(& "/4 "13¸4 En 2005, la première greffe partielle de visage au monde était réalisée par une équipe française. Une opération qui ouvrait la voie à la greffe totale du visage. Nous avons rencontré le professeur Devauchelle du centre hospitalo-universitaire d’Amiens. PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE PUJOL

© DR

Pause Sant é : Vous avez opéré, il y a quelques mois, un jeune homme de 26 ans défiguré par une explosion, comment se porte votre patient ? Professeur Bernard Devauchelle : Il va bien. Il peut à nouveau parler, s’alimenter [autrement que par une sonde, ndlr], et avoir une vie sociale. Il a un peu maigri mais il va vite récupérer. A-t-il accepté sa nouvelle apparence ? Assez vite, oui. Il faut imaginer sa situation : il était mutilé, et ce nouveau visage lui offre l’occasion d’améliorer considérablement son handicap. Bien sûr, il aura toute sa vie un regard particulier sur son corps qui, tout en lui étant étranger, le fait vivre… Comment le greffon prend-il vie ? C’est assez magique. Au départ il a un aspect amorphe, puis peu à peu, au fil des mois, les nerfs repoussent, les muscles se mettent en marche. Le visage s’anime, retrouve une sensibilité.

22

Le receveur aura-t-il le même visage que son donneur ? Non, parce que le greffon se moule sur le squelette sous-jacent. Le résultat final ne ressemblera donc ni au visage qu’avait le receveur avant, ni à celui du donneur. L’organisme du patient pourrait-il rejeter la greffe ? Avec les greffes d’organes, on sait effectivement que le transplant a une durée de vie limitée. Au bout d’un moment, il peut cesser de fonctionner. Mais pour le visage, qui n’a d’autre fonction que motrice et sensitive, il ne semble pas y avoir ce problème de rejet chronique. Il est cependant encore trop tôt pour en être sûr. En 2005, le Comité consultatif national d’éthique avait rendu un avis plutôt défavorable pour la greffe de visage. En effet, mais il avait laissé une porte ouverte en autorisant la transplantation

Définitions

Autogreffe ou autotransplantation Utilise un greffon issu du patient lui-même : peau, mais aussi muscle, graisse ou segment osseux. Méthode de base de la chirurgie plastique reconstructrice actuelle. Allogreffe ou allotransplantation Utilise un greffon issu d’une autre personne que le malade lui-même. Ce greffon peut être un organe (foie, rein, cœur…), des cellules ou des tissus.

du triangle nez - lèvres - menton. C’est ce qui a été fait sur la première patiente. Aujourd’hui la technique a prouvé son utilité, et l’on peut pratiquer des greffes de visage complet s’il le faut. Vous êtes également l’auteur de la première greffe de visage mondiale, sur Isabelle Dinoire, mordue par son chien. Presque 5 ans après, quel bilan en t irez-vous ? Je pense qu’il est encore prématuré de parler de bilan. Nous en sommes toujours au stade de l’expérimentation. Mais chaque jour qui passe est en termes de greffe de visage une confirmation du bien fondé de la technique.

TRAITEMENT IMMUNOSUPPRESSEUR DE NOUVELLES PERSPECTIVES Après une greffe, il est naturel que l’organisme cherche à éliminer le corps étranger que représente le tissu transplanté. Pour éviter cela, le patient doit prendre toute sa vie des médicaments immunosuppresseurs : un traitement lourd, que les médecins espèrent un jour pouvoir alléger, voire supprimer. C’est dans cette optique que la dernière transplantation de visage a été associée à une greffe de moelle osseuse du donneur. Un procédé qui pourrait faciliter la prévention du rejet.

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R


agora* la santé, ça m’intéresse

*

#09

Symphorien Champier (1516). Symphonia Platonis cum Aristotele et Galeni cum Hippocrate. Vignette gravée sur bois représentant un véritable orchestre composé d’Hippocrate, de Platon, d’Aristote et de Galien s’accordant en une « symphonie ». Avec l’aimable autorisation de la bibliothèque interuniversitaire de médecine et d’odontologie.


ƌ SUPPLÉMENT ƌ

09

agora*

COMITÉ DE DÉONTOLOGIE Composé de médecins, de politiques, d’enseignants, de juristes et d’une psychanalyste, notre comité se passionne pour les débats liés à la santé. Il posera un regard indépendant et constructif sur le contenu de ce magazine.

la santé, ça m’intéresse

POUR ALLER PLUS LOIN DANS L A RÉFLEXION SUR LA SANTÉ

Sommaire PSYCHANALYSE Le démon de midi par PAUL-LAURENT ASSOUN

> Magistrat et spécialiste du droit international, Christian Byk a rencontré la bioéthique « par hasard ». Depuis plus de 20 ans, il contribue à la géopolitique de la bioéthique à travers l’Association internationale droit, éthique et science (www.iales.org). > Alain-Michel Ceretti a créé l’association Le Lien, qui lutte contre les infections nosocomiales. Il est aujourd’hui conseiller santé auprès du médiateur de la République.

PAGE X

L’égalité hommes-femmes en Europe par Ségolène Pruvot

III

Dictionnaire de la bioéthique par Valérie Sebag

VI

USA, Barack Obama remporte une seconde victoire par Olivier Mariotte

VIII

L’affabulation antifreudienne par Paul-Laurent Assoun

XIII

RÉAGISSEZ, TÉMOIGNEZ SUR WWW.PAUSESANTE.FR

LA BIBLIOTHÈQUE INTERUNIVERSITAIRE DE MÉDECINE ET D’ODONTOLOGIE

La BIUM possède le plus riche fonds de France de médecine contemporaine et l’un des trois plus prestigieux fonds au monde (avec la National Library of Medicine américaine et la Wellcome Library de Londres) de médecine du XVe siècle au début du XXe siècle. Au total, 400 000 ouvrages, 20 800 titres de périodiques, toutes les thèses soutenues à Paris, un millier de volumes de manuscrits… couvrent 26 km de rayonnages. Elle propose aussi via son site internet un nombre impressionnant de ressources en ligne : bases de données, bibliothèque virtuelle, banque d’images. En 2011, la fusion de la Bibliothèque interuniversitaire de pharmacie (avenue de l’Observatoire) avec la BIUM permettra la création d’un puissant pôle documentaire dans le domaine de la santé, rattaché à l’université Paris-Descartes. Bibliothèque interuniversitaire de médecine et d’odontologie 12, rue de l’École-de-Médecine, Paris VIe - www.bium.univ-paris5.fr

II

/ AGORA /

> Geneviève Delaisi de Parseval est psychanalyste, enseignante et essayiste. Elle est membre associé des principaux centres d’éthique biomédicale dans le monde. > Ancien directeur général de la Santé, William Dab est médecin, docteur ès sciences et professeur titulaire de la chaire Hygiène et Sécurité du CNAM. Il est l’auteur de 4 livres, dont un « Que sais-je ? » intitulé Santé et environnement, et d’une centaine de publications scientifiques. > Olivier Mariotte est médecin. Après avoir exercé des fonctions marketing dans des entreprises du médicament, il a pris la direction des affaires économiques et publiques du laboratoire Schering-Plough. Il vient de créer « nile », une agence conseil dédiée aux acteurs de santé. > Pharmacien, Philippe Minighetti a suivi des cursus en nutrition, orthopédie, oncologie, et a travaillé sur la prise en charge des patients stomisés. Enseignant, il participe à de nombreux congrès. > Valérie Sebag est juriste et maître de conférences en droit privé. Spécialiste de l’encadrement de la biomédecine, elle a rédigé de nombreux articles sur le statut de l’embryon et la gestation pour autrui. > Didier Tabuteau est conseiller d’État et responsable de la chaire santé à Sciences-Po. Il est également directeur général de la fondation Caisses d’Épargne pour la solidarité. Il a été deux fois directeur du cabinet du ministre de la Santé.


OÙ SONT LES FEMMES ?

PAR SÉGOLÈNE PRUVOT

ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES UN MOTEUR DE PROGRÈS SOCIAL EN EUROPE

© DR

Aujourd’hui, les femmes ont accédé à presque tous les domaines de la vie publique, politique et professionnelle. Mais la persistance d’inégalités démontre qu’établir une société juste reste un défi, défi qu’une approche européenne est capable de relever.

Ségolène Pruvot dirige les travaux sur l’égalité pour l’association Alternatives européennes. Les thèmes de la représentation politique, de l’engagement citoyen et de la justice sociale sont au centre de ses activités.

L’égalité hommes-femmes, une reconnaissance tardive

Même si, dès 1791, dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges réclame la reconnaissance pour les femmes de droits égaux à ceux proclamés pour les hommes, son appel reste lettre morte. Les lois révolutionnaires consacrent la suprématie du citoyen homme, seul habilité à voter et diriger. En 1804, le code Napoléon consacre l’incapacité juridique de la femme mariée, considérée comme mineure. Règle qui ne sera modifiée que

très progressivement au cours des XIXe et XXe siècles. L’accès des femmes à certains droits sociaux, tels que l’éducation, se développe au cours du XIXe siècle. Mais ce n’est qu’à l’issue de longues revendications et de changements sociaux, accélérés par les deux guerres mondiales, qu’elles accèdent à l’égalité des droits politiques et civiques. En France, les femmes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité en 1944 et l’adoption du principe d’égalité des droits entre hommes et femmes est inscrit dans le préambule de la Constitution française depuis 1946. C’était il y a 64 ans seulement. Quand le privé devient politique

Dans les années 70, les mouvements pour les droits des femmes font entendre de nouvelles revendications, liées à la sexualité et au droit de disposer librement de leur corps. En appelant à la légalisation de l’avortement et à l’accès à la contraception, ils démontrent que certains domaines relèvent de choix de société. Ils sont donc du domaine politique et peuvent être modifiés si la société évolue. C’est grâce à ces acquis qu’existent aujourd’hui les actions d’accompagnement et d’information sur la sexualité, la grossesse, la maternité et l’avortement comme celles du planning familial. La possibilité de poursuites judiciaires en cas de viol et de violences conjugales y trouve aussi sa source.

Les droits humains au centre des revendications pour l’égalité

L’histoire de l’égalité hommes-femmes ne peut en aucun cas être restreinte aux périodes citées précédemment. Elle est issue d’un processus long, marqué par l’implication de nombreux hommes et femmes pour lesquels l’égalité des êtres humains était une évidence. Cette conjonction entre égalité et droits humains est illustrée par la proximité des mouvements d’émancipation des femmes et des mouvements pour l’abolition de l’esclavage au XIXe siècle et la proximité des mouvements pour l’égalité hommesfemmes avec ceux pour la reconnaissance des droits des individus et couples homosexuels dans les années 70. L’égalité hommes-femmes n’est pas une question nationale, c’est une question qui dépasse les frontières. La journée internationale des femmes fêtait son 100e anniversaire le 8 mars 2010. Cette journée est née en 1910 d’une idée lancée à Copenhague par la journaliste allemande Clara Zetkin devant une assemblée composée de femmes de 17 pays. Reconnue par les Nations unies en 1977, la journée des femmes est aujourd’hui devenue un moment privilégié pour évaluer l’état des lieux de l’égalité partout dans le monde.

/ AGO R A /

III


Après avoir été ministre de la Santé et la première femme présidente au Parlement européen, Simone Veil a été élue à la place laissée vacante par Pierre Messmer à l’Académie française le 18 mars 2010.

LES CHIFFRES Les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins à poste égal que les hommes. Elles occupent souvent des postes à temps partiel et sont plus concernées par le chômage. Elles ne représentent que 10 % des membres des conseils d’administration des sociétés européennes de premier ordre, 3 % les dirigent. En 2010 elles représentent 24 %* des parlements nationaux (47 % en Suède contre 28 % au Portugal et 19 % en France). Au sein des gouvernements, en moyenne, 26 % des ministres sont des femmes. En Finlande, elles sont 60 %, 53 % en Espagne contre 21 % en France. Cette dernière figure en 17e position sur 27 derrière la Grèce, la Pologne, le Portugal et l’Italie. À la maison, les femmes réalisent 80 % des tâches ménagères. © PHILIPPE WOJAZER/AP/SIPA

* Fondation Robert Schuman, Questions d’Europe n° 160.

Les comparaisons des situations nationales stimulent les changements

Le rapport de la Commission européenne sur l’égalité entre les hommes et les femmes en 20101 souligne que partout « les progrès sont lents, et des disparités subsistent pour ce qui est du taux d’emploi, du salaire, du temps de travail, de l’occupation de postes à responsabilités, de la prise en charge des tâches ménagères et des personnes dépendantes et du risque de pauvreté ». Il ajoute que « la suppression des inégalités tenaces entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la société est un travail de longue haleine,

IV

/ AGO RA /

car elle suppose des changements structurels et comportementaux et une redéfinition des rôles respectifs des femmes et des hommes ». Dans chaque pays européen, des mesures variées sont mises en place pour lutter contre les inégalités hommes-femmes, parfois avec des orientations similaires. Avant que la France ne fasse de la lutte contre la violence faite aux femmes la grande cause de 2010, le gouvernement de José Luis Zapatero en Espagne avait renforcé l’arsenal juridique pour lutter contre les violences conjugales et les discriminations fondées sur le sexe. Priorité qu’il a relayée au niveau européen en

prenant la présidence tournante de l’Union européenne en janvier 2010. L’Europe offre un terrain privilégié pour comparer les situations nationales et évaluer les marges de progression. Les mères françaises, par exemple, sont plus nombreuses que leurs homologues allemandes à reprendre le travail après une maternité, mais les parents suédois ont tous deux accès à un congé parental rémunéré à 80 % du salaire, dont deux mois au moins sont réservés au père. Position privilégiée en Europe ! C’est de cette opportunité que s’est saisie Gisèle Halimi en lançant la Clause de l’Européenne la plus favorisée. Cette initiative collective recense les lois les plus favorables à l’égalité dans les pays européens et invite les institutions nationales des autres pays à les adopter.


OĂ™ SON T L E S F E M ME S ?

Cette clause a ĂŠtĂŠ adoptĂŠe sous forme de rĂŠsolution Ă l’AssemblĂŠe nationale française le 23 fĂŠvrier 2010. Un signal favorable lancĂŠ aux institutions et aux autres pays de l’Union pour approfondir un travail commun Ă ce sujet. L’Europe, un moteur de progrès social ?

Les institutions europĂŠennes ont très tĂ´t fait de l’ÊgalitĂŠ une de leurs prioritĂŠs. Dès 1957, le principe de l’ÊgalitĂŠ salariale entre les hommes et les femmes fait partie des traitĂŠs. Après 1975 se mettent en place de nombreuses dispositions favorables Ă l’ÊgalitĂŠ : lĂŠgislation sur le congĂŠ maternitĂŠ, ĂŠgalitĂŠ salariale, lutte contre les violences faites aux femmes. Aujourd’hui, la Charte des droits fondamentaux de l’Union europĂŠenne reconnaĂŽt qu’ est interdite toute

discrimination fondĂŠe notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractĂŠristiques gĂŠnĂŠtiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l’appartenance Ă une minoritĂŠ nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle Âť. Elle a force obligatoire partout en Europe depuis 2009. Par ailleurs, les incitations Ă agir pour l’ÊgalitĂŠ se renforcent. En fĂŠvrier 2010, les dĂŠputĂŠs europĂŠens ont appelĂŠ Ă l’accès Ă l’avortement Ă Chypre, Malte, en Pologne et en Irlande – oĂš il est encore illĂŠgal – en adoptant une rĂŠsolution qui ÂŤ insiste sur le fait que les femmes doivent avoir le contrĂ´le de leurs droits sexuels et reproductifs, notamment grâce Ă un accès aisĂŠ Ă la contraception et Ă l’avortement Âť. Au mĂŞme moment s’Êtalaient dans les rues de Paris, Berlin, Londres et Rome, les affiches d’une campagne pour l’ÊgalitĂŠ salariale. L’ÊgalitĂŠ, pour le bĂŠnĂŠďŹ ce de tous et toutes

PLUS D’INFOS @O^^]`b ac` Zž{UOZWb{ V][[Sa TS[[Sa Q][[WaaW]\ Sc`]^{S\\S http://eur-lex.europa.eu 1VO`bS RSa R`]Wba T]\RO[S\bOcf RS ZžC\W]\ Sc`]^{S\\S www.europarl.europa.eu @{a]ZcbW]\ Rc >O`ZS[S\b Sc`]^{S\ T{d`WS` ( {UOZWb{ S\b`S ZSa TS[[Sa Sb ZSa V][[Sa Oc aSW\ RS ZžC\W]\ Sc`]^{S\\S www.europarl.europa.eu AbObWabW_cSa ( 4]\RObW]\ @]PS`b AQVc[O\ š ?cSabW]\a Rž3c`]^S \ $ www.robert-schuman.eu 1][^O`ObWT ac` ZS R`]Wb u ZžOd]`bS[S\b S\ 3c`]^S www.touteleurope.fr 1O[^OU\S Sc`]^{S\\S ^]c` Zž{UOZWb{ aOZO`WOZS S\b`S ZSa TS[[Sa Sb ZSa V][[Sa ec.europa.eu DWR{] ( 1S`QZS RSa 3c`]^{S\a ac` ZO dW]ZS\QS TOWbS Ocf TS[[Sa S\ 3c`]^S www.ceuropeens.org

Le 5 mars 2010, Viviane Reding, viceprĂŠsidente de la Commission europĂŠenne, commissaire en charge de la Justice, des Droits fondamentaux et de la CitoyennetĂŠ, a annoncĂŠ l’adoption d’une Charte des femmes, engagement de l’Union en faveur de l’ÊgalitĂŠ hommes-femmes. Lors de l’annonce, elle a tenu Ă signaler qu’elle souhaitait que tous s’engagent, hommes et femmes, pour mener Ă bien ces objectifs. Elle soulignait aussi que la Charte ne pourrait ĂŞtre effective qu’assortie d’actions concrètes relayĂŠes par tous. Construire l’ÊgalitĂŠ hommes-femmes ne sera possible que si tous perçoivent l’opportunitĂŠ de progrès social qu’elle reprĂŠsente. Le respect de l’autre et des droits de la personne humaine est une motivation majeure. Plus pragmatiquement, la possibilitĂŠ de trouver un meilleur ĂŠquilibre entre le travail et la vie privĂŠe en est une autre. De nombreuses femmes aspirent Ă plus de temps libre et Ă plus d’opportunitĂŠs professionnelles, de nombreux hommes sont prĂŞts Ă assumer une partie plus importante des tâches mĂŠnagères en contrepartie d’un meilleur ĂŠquilibre vie

LE DROIT DES FEMMES EN EUROPE :ž]cd`OUS La clause de l’EuropĂŠenne la plus favorisĂŠe, le meilleur de l’Europe pour les femmes ^cPZW{ S\ & `{acZbS Ržc\S W\WbWObWdS [S\{S ^O` 5Wa|ZS 6OZW[W 7Z `SQS\aS ZSa RWa^]aWbW]\a Z{UWaZObWdSa _cW ^`]b|US\b ZSa R`]Wba RSa TS[[Sa ac` ZS QV]Wf RS R]\\S` ZO dWS {RcQObW]\ Q]\b`OQS^bW]\ Od]`bS[S\b ZO TO[WZZS Sb ZS Q]\U{ ^O`S\bOZ ZSa dW]ZS\QSa Q]\XcUOZSa Sb ZS b`OdOWZ >O`[W ZSa Z]Wa ZSa ^Zca TOd]`OPZSa Ocf TS[[Sa S\ 3c`]^S ZSa RWa^]aWbW]\a V]ZZO\ROWaSa a]\b XcU{Sa ZSa ^Zca TOd]`OPZSa ^]c` Âą ZžOQQ|a u ZO Q]\b`O QS^bW]\ RW`SQb ZWP`S Sb U`ObcWb :žpbOb Oaac`S ZžW\T]`[ObW]\ ZO RWa^]\WPWZWb{ Sb ZO U`ObcWb{ ^]c` ZSa [W\Sc`Sa Sb ZSa TS[[Sa ORcZbSa ² :Sa RWa^]aWbW]\a ZWbcO\WS\\Sa a]\b XcU{Sa ^Zca TOd]`OPZSa Âą ^]c` ZSa RWa^]aWbW]\a `SZObWdSa Oc VO`Q|ZS[S\b Q]\X]W\bS[S\b RO\a ZS Q]RS Rc b`OdOWZ Sb RO\a ZO Z]W ac` Zž{UOZWb{ S\b`S ZSa V][[Sa Sb ZSa TS[[Sa ² 3< A/D=7@ >:CA 1V]WaW` ZO QOcaS RSa TS[[Sa La clause de l’EuropĂŠenne la plus favorisĂŠe {RWbW]\a 2Sa 4S[[Sa /\b]W\SbbS 4]c_cS 0`|dS ac` 4`O\QS 7\T] www.france-info.com (chronique : c’est en France, c’est en Europe).

privÊe/vie professionnelle qui leur permette de crÊer des liens diffÊrents avec leurs compagnes ou leurs enfants. Les conditions sont peut-être rÊunies pour un nouveau pacte social en Europe, fondÊ sur la suppression durable des inÊgalitÊs. O 1. Rapport de la Commission au Conseil, au Parlement europÊen, ComitÊ Êconomique et social europÊen et au ComitÊ des rÊgions - L’ÊgalitÊ entre les femmes et les hommes – 2010

/ AGO R A /

V


BIOÉTHIQUE La bioéthique est un domaine de réflexion consacré à l’examen des questions d’ordre éthique que posent l’application des techniques biomédicales sur la personne.

ASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION (AMP) © Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com)

Ensemble des pratiques cliniques et biologiques destinées à permettre à un couple infertile de procréer : fécondation in vitro, transfert d’embryons, insémination artificielle, et toute autre technique permettant la procréation en dehors du processus naturel. EMBRYON SURNUMÉRAIRE

Embryon fécondé in vitro dans le cadre d’un protocole d’AMP et ne faisant plus l’objet d’un projet parental. Valérie Sebag est maître de conférences à l’université Paris-XIII. Elle est co-auteur avec Geneviève Delaisi de Parseval du rapport de la fondation Terra Nova sur l’accès à la parenté.

ACCUEIL D’EMBRYON*

Technique par laquelle un couple disposant de plusieurs embryons surnuméraires en fait don à un couple infertile. BIOMÉDECINE

Science née dans la seconde moitié du XXe siècle, de l’alliance de la médecine, la biologie et l’industrie pour faire progresser la recherche médicale. C’est de la biomédecine que sont nés les Centres hospitaliers universitaires (CHU). CELLULES SOUCHES EMBRYONNAIRES (CSE)

Cellules prélevées sur des embryons. Parmi elles, certaines sont capables de former un organisme complet (elles sont dites totipotentes), d’autres sont capables de former tous les tissus de l’organisme, mais pas un organisme complet (pluripotentes).

VI

/ AGO RA /

CELLULES SOUCHES ADULTES (CSA)

Cellules capables de former soit plusieurs types de cellules (elles sont alors multipotentes), soit un seul type de cellules (elles sont alors unipotentes). DIAGNOSTIC PRÉIMPLANTATOIRE (DPI)*

Test génétique au cours duquel on prélève certaines cellules sur un embryon conçu in vitro pour dépister un éventuel problème génétique, comme certaines maladies ou mutations. On pratique cette analyse sur plusieurs embryons jumeaux conçus in vitro, pour ne pas transférer in utero un embryon problématique. DIAGNOSTIC PRÉNATAL (DPN)*

Diagnostic réalisé sur le fœtus in utero, donc en cours de grossesse, pour déceler une éventuelle anomalie morphologique, génétique ou chromosomique. FÉCONDATION IN VITRO (FIV)*

Technique d’assistance médicale à la procréation, consistant à féconder un ovocyte ex utero, pour le transférer ensuite dans l’utérus de la femme. Lorsque l’ovocyte ou le spermatozoïde proviennent du don d’une personne étrangère au couple des futurs parents, on parle de FIV avec donneur. GÉNÉTIQUE

Science qui étudie les lois de l’hérédité.


RUBRIQUE DIRIGÉE PAR VALÉRIE SEBAG

GESTATION POUR AUTRUI (GPA)

Lorsqu’une femme porte un enfant qui n’est pas le sien génétiquement pour assurer sa gestation. Il y a deux catégories de GPA : soit l’embryon est conçu avec les gamètes du couple de parents, ovocyte et spermatozoïde, soit il est conçu avec un spermatozoïde du père et avec l’ovocyte d’une femme qui n’est pas celle du couple. Mais si l’ovocyte est celui de la femme qui assure la gestation de l’enfant, on parle alors de « maternité de substitution ». ICSI (INJECTION INTRA-CYTOPLASMIQUE DE SPERMATOZOÏDES)*

Dans les cas d’infertilité masculine, technique qui consiste à « forcer » la fécondation in vitro par la micro-injection de spermatozoïdes, ou de spermatides (cellules qui deviendront des spermatozoïdes) dans le cytoplasme de l’ovule. INSÉMINATION ARTIFICIELLE*

Technique d’AMP consistant à inséminer une femme avec le sperme de son conjoint ou d’un tiers, pour optimiser les chances de fécondation en raccourcissant le trajet que doivent effectuer les spermatozoïdes pour

rejoindre l’ovocyte dans la trompe, où la fécondation s’effectuera ensuite de façon naturelle. Lorsque le sperme provient du don d’un autre homme que celui du couple, on parle d’insémination artificielle avec donneur (IAD). INSÉMINATION POST-MORTEM

Insémination artificielle réalisée avec le sperme congelé du conjoint ou du compagnon décédé ayant préalablement déposé son sperme au CECOS. MATERNITÉ DE SUBSTITUTION

Lorsqu’une femme accepte d’être inséminée avec le sperme de l’époux ou du compagnon de celle qui sera, ensuite, reconnue comme la mère d’intention de l’enfant, puis de porter et de mettre au monde l’enfant ainsi conçu, pour le remettre à sa naissance au couple receveur. TRANSFERT D’EMBRYON POST-MORTEM

Transfert, dans l’utérus de la future mère, d’un embryon conçu in vitro avec le sperme du mari ou du compagnon décédé. * Techniques autorisées en France.

à lire Mille et une façons de faire les enfants Bertrand Pulman Éditions Calmann-Lévy.

Famille à tout prix Geneviève Delaisi de Parseval Éditions du Seuil.

L’ACTUALITÉ Le droit français interdit le recours à la gestation pour autrui. Des centaines de couples se rendent donc à l’étranger pour recourir à cette pratique, légalisée dans de nombreux pays. Face à cette situation, les tribunaux français refusent de transcrire, sur les registres nationaux de l’état civil, les actes de naissance établis dans les pays où ces enfants sont nés. Au mois d’octobre 2007, après un premier jugement défavorable, la cour d’appel de Paris a autorisé la transcription, sur les registres de l’état civil français, des actes de naissance de deux enfants nés aux États-Unis dans le cadre d’une gestation pour autrui. Le 17 décembre 2008, la cour de cassation a cassé cette décision, en demandant le renvoi de l’affaire devant la cour d’appel autrement composée. Celle-ci, le 18 mars 2010, a reconnu la filiation américaine des enfants vis-à-vis de leurs parents, mais a refusé la transcription de cette filiation sur les registres d’état civil français. Par cette décision, qui constitue certainement une avancée pour les parents d’enfants nés d’une GPA réalisée à l’étranger, la cour d’appel semble indiquer que le sort de ces enfants relève de la décision du législateur. Celui-ci devra se prononcer d’ici quelques mois dans le cadre de la révision de la loi relative à la bioéthique.

/ AG O R A /

VII


POLITIQUE DE SANTÉ

© DR

ÉTATS-UNIS RÉFORME DE LA SANTÉ

YES HE DID VOTÉE ! Promesse de campagne de Barack Obama, la réforme du système de santé américain a fait couler en France beaucoup d’encre. Certains grincheux nous expliquent que la seconde grande victoire de l’actuel président des États-Unis n’est qu’une mise à niveau, « un rattrapage de l’avancée française ». Que faut-il en penser ?

Le président Barack Obama a remonté ses manches pour faire passer sa réforme de la santé. Ici à Portland dans le Maine le 1er avril 2010.

Merci à Victor Rodwin, professeur à la New York University, expert des politiques de santé publique. VIII

/ AGO RA /

Olivier Mariotte est médecin. Il dirige nile (www.nile-consulting.eu), une agence conseil en Affaires Publiques dédiée aux acteurs de santé.


PAR OLIVIER MARIOTTE

Un bouleversement des valeurs

La réforme a suscité un débat de fond sur les valeurs de l’Amérique et de la société américaine. Avancée sociale pour les uns, recul de la souveraineté des citoyens pour les autres, la révolution en marche n’est pas seulement une extension de la protection sociale. Le système de santé américain est fondé sur trois valeurs : le volontariat et la charité, la décentralisation (État, municipalité) et l’attachement aux institutions privées. Étendre la couverture maladie

16 % de la population américaine est actuellement sans assurance maladie ce qui représente 47 millions de personnes sans assurance pendant une période minimale d’un an. On estime pouvoir, grâce à la réforme, réduire de 32 millions le nombre de ces personnes. Ne pas avoir une assurance ne signifie pas, contrairement à l’idée répandue en France, l’abandon médical total. Il existe aux USA d’une part des hôpitaux publics à but non lucratif, et d’autre part de nombreuses lois obligeant à fournir des soins aux personnes qui en ont besoin. Maîtriser les coûts

© Alex Brandon/AP/SIPA

Les primes d’assurance ne cessent d’augmenter (108 % d’augmentation en dix ans), là où les salaires n’ont crû que de 32 %. Se pose alors, comme en France, la question de la possibilité du financement du système de santé, ainsi que celle du financement des programmes Medicare (prise en charge des personnes âgées de plus de 65 ans) et Medicaid (soins aux personnes démunies). Le système de santé américain est en effet celui qui dépense le plus d’argent, non seulement au niveau privé mais également au niveau public. La maîtrise des dépenses de santé représente un réel défi. Un système archaïque et gaspilleur

30 % de la population américaine estime qu’il faut entièrement revoir son fonctionnement (contre 15 % en Europe en moyenne). Le système de santé américain est souvent

LE CALENDRIER LÉGISLATIF DE LA SANTÉ EN FRANCE archaïque et non adapté aux défis du XXIe siècle. Enfin, il existe un gaspillage économique important (700 Md$ par an), sûrement réductible grâce à une meilleure gestion des hospitalisations et une amélioration significative des soins primaires. Quelles leçons pour la France ?

Le système américain et sa réforme vont donner lieu à de multiples expérimentations. Or, l’une des leçons que la France peut tirer de cette réforme concerne justement les expérimentations. Notre pays a du mal à mener des expériences pertinentes pour tous les systèmes de santé. Elles s’appellent modernisation, dossier médical électronique, disease management (gestion de la maladie par le patient), articulation des soins ambulatoires avec les soins hospitaliers, centres pluridisciplinaires de santé, prévention et intégration de la prévention au système de soins. Un défi qui reste à mener au moment où nous nous sommes dotés d’une loi de réforme nommée Hôpital, Patients, Santé et Territoires !

CE QUI VA CHANGER Dimanche 21 mars, la Chambre des représentants a adopté la réforme du système de santé américain avec 219 voix contre 212. La couverture maladie devient obligatoire, les compagnies d’assurances ne pourront plus refuser de prendre en charge les personnes à risque et leurs tarifs seront encadrés. Cette réforme historique va permettre de couvrir 95 % des Américains contre 80 % auparavant. C’est au total 32 millions d’Américains en plus qui bénéficieront d’une couverture. Une mesure dont le coût s’élève à 910 milliards de dollars étalés sur 10 ans et qui complète les dispositifs Medicare (l’aide aux personnes âgées de plus de 65 ans) et Medicaid (aide aux plus démunis).

Trois textes sont attendus. Le calendrier étant particulièrement chargé, il est matériellement peu probable que la révision de la loi de santé publique soit adoptée d’ici 2012. Les 300 textes d’application de la loi HPST seront publiés avant le 21 juillet 2010.

HOSPITALISATION D’OFFICE La Loi de réforme de l’hospitalisation d’office concerne certains patients relevant d’établissements spécialisés (psychiatriques). L’objectif principal de cette réforme est de créer une obligation de soins en ville, obligation qui n’existe pas aujourd’hui, alors que les trois quarts des patients sont suivis dans un cadre ambulatoire. Ce texte devrait être présenté par Roselyne Bachelot en conseil des ministres dans les semaines qui viennent.

MÉDECINE LIBÉRALE Une grande concertation a été annoncée (en précisant les objectifs et la méthode) par Nicolas Sarkozy. Elle viendrait renouer le dialogue avec la médecine libérale, mais devrait également apporter des réponses aux problèmes structurels tels que la difficulté d’exercer seul, la responsabilité juridique, les exigences des patients, les relations avec l’hôpital.

RÉVISION DES LOIS DE BIOÉTHIQUE Le texte à venir contiendra des précisions concernant le diagnostic prénatal, la recherche sur les cellules souches embryonnaires mais n’apportera pas de modifications conceptuelles majeures.

/ AGO R A /

IX


PSYCHANALYSE

RUBRIQUE DIRIGÉE PAR PAUL-LAURENT ASSOUN

LE DÉMON DE MIDI LES PASSIONS DE MI-VIE

© PUF/Virginie Pelletier

vie « rangée » et harmonieuse semble, à l’occasion de cette rencontre, survenue comme par hasard à ce moment-là, remettre tout en jeu et revivre une « seconde jeunesse », comme s’il repassait par son adolescence. L’écart d’âge est patent. L’homme en proie à cette passion, l’une des formes – aiguë – de la « maladie d’amour » que nous analysions dans le numéro précédent, s’éprend de cette jeune femme au point d’empiéter sur ses engagements conjugaux, voire de les dénouer et de se désengager à l’occasion de ses tâches professionnelles et de ce qu’il considérait jusqu’alors comme des « devoirs ». Paul-Laurent Assoun est psychanalyste et professeur à l’université Paris-VII.

L’

expression « démon de midi » fait partie du langage courant et même du parler populaire. Ce terme au fond mystérieux évoque, avec quelque ironie, la crise qui saisit l’homme en particulier, vers la moitié de sa vie, alors qu’ayant dépassé la jeunesse et atteint la maturité, il entre tout à coup dans une période de turbulence de son existence. Cette crise « d’entre-deux âges » culmine dans un épisode passionnel qui prend pour objet une jeune fille, une femme elle-même au cœur de sa jeunesse. Bref, du jour au lendemain, celui qui mettait le cap sur une

X

/ AG ORA /

Le démon de midi, un thème littéraire

Le thème a inspiré la littérature – on sait peu que c’est un romancier catholique, Paul Bourget, qui a consacré à ce thème un long roman sous ce titre Le Démon de midi, en 1914. On en retrouve l’inspiration dans Damage, le roman de Joséphine Hart qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique de Louis Malle sous le nom de Fatale. Le scénario montre un homme parvenu à la stabilité et à la respectabilité – un intellectuel catholique dans le roman, un secrétaire d’État dans le film qui, à l’occasion d’une rencontre (dans le roman une jeune fille jadis aimée qui réapparaît dans sa vie à la quarantaine, dans le film une jeune femme, fiancée de son propre fils, qui exerce sur lui une violente attraction) subit une métamorphose. Dans ces deux versions, l’histoire se termine mal : par la mort du fils de l’intéressé, ce qui semble suggérer que ce jeu avec le temps

a des effets transgressifs. Il y a certes bien d’autres formes de démon de midi, connaissant des dénouements variés. Dans certains cas, il s’agit d’un entracte, le « dissident » sortant de cette tourmente et « rentrant chez sa femme » légitime ; dans d’autres cas, il « refait sa vie » et concrétise ce nouveau départ. La psychanalyse intervient ici au-delà de tout jugement moral ou d’une position goguenarde – « les hommes sont bien comme ça ! », « le voilà qui s’éprend d’une “jeunesse” », comme on dit –, il s’agit de comprendre ce qui se joue sérieusement là. Si nous avons consacré une étude spécifique et détaillée à ce phénomène*, c’est qu’il implique une véritable clinique de l’amour en sa signification inconsciente. Un signifiant religieux

Si l’on parle de « démon », c’est que le sujet semble alors agir sous l’ascendant d’une force aussi irrésistible qu’énigmatique. Lorsque l’on assiste à un phénomène d’altération violent et inattendu chez un sujet, qui se manifeste par des transformations – du corps et du comportement – spectaculaires, on évoque, même si l’on n’y croit pas, l’action de démons, comme si l’on avait affaire à quelque phénomène de « possession ». Parmi les démons, pourquoi celui-ci est-il « méridional » ? D’où vient l’expression « démon de midi » ? Elle est en fait tirée des textes sacrés. Le « démon de midi » est d’abord un signifiant : passé dans l’usage courant, il constitue une citation – qui s’ignore comme telle la plupart du temps – du texte biblique.


C’est dans les Psaumes (Livre des hagiographes, livre IV, chant 91 du texte hébreu, chant 90 du texte gréco-latin, versets 5 à 7) que l’on trouve évoquée « l’épidémie qui exerce ses ravages en plein midi ». On notera qu’elle est désignée comme une maladie et évoquée comme ce mal contre lequel « le juste » est immunisé, figurant à ce titre face aux « flèches qui voltigent le jour » en regard des « terreurs de la nuit » et « de la peste qui chemine dans l’ombre ». Dans la version grecque des Septante, puis dans la vulgate latine, l’épidémie a été personnalisée en « démon » : d’où le daemonio meridiano que l’ancien français restituera comme « le diable méridien », de meridies, midi. Ce passage a été utilisé pour décrire plus spécifiquement ce que l’on appelait « acédie », « maladie des moines », espèce de dépression et d’agitation qui surprend ceux-ci à une certaine heure du jour et les plonge dans l’ennui et la désorientation – en sorte qu’ils ne songent plus qu’à sortir du cloître. Midi à l’horloge de la passion

Pourquoi cette image de « midi » ? On désigne sous ce terme le moment précis qui marque la moitié de la journée. Le sujet concerné se trouve au « midi » de sa vie (ce que l’on appellera « crise de la quarantaine »). Midi est la seule heure qui se voit. Le paradoxe est que la confusion des deux aiguilles sur le cadran vient symboliser une espèce de suspension du temps (c’est l’heure du repos et de la sieste) avant de basculer dans ce que l’on appelle « après-midi ». Mais cette immobilisation se traduit paradoxalement par un déchaînement. Midi est le moment où le soleil est au plus haut, mais c’est à l’heure où l’ombre est la plus raccourcie que le corps s’embrase. Transe qui ne va pas sans une sorte de panique : le dieu Pan est un des « démons de midi » (Roger Caillois) exemplaire, surgissant en plein midi et venant menacer les bergers de mort subite de frayeur. C’est de là que dérive le terme « panique » – de fait il y a une sorte de panique dans cet épisode. L’heure de midi, ensoleillée, est l’heure

du farniente. Mais c’est aussi l’heure de tous les dangers, pour employer le langage de la « tentation ». De l’insolation, certes… mais aussi des passions. En s’appliquant à la problématique profane, le terme a pris le sens d’une « tentation sexuelle » au moment où l’homme se trouve au zénith de sa vie. C’est le moment où il est le plus installé qu’il s’avère secrètement le plus vulnérable. Traditionnellement, les démons sont représentés comme travaillant dans l’ombre – à « minuit », tandis que ces démons agissent en pleine lumière – en quoi ils apparaissent encore plus actifs.

SI L’ON PARLE DE « DÉMON », C’EST QUE LE SUJET SEMBLE ALORS AGIR SOUS L’ASCENDANT D’UNE FORCE AUSSI IRRÉSISTIBLE QU’ÉNIGMATIQUE.

Le temps et le désir

C’est en ce point que la psychanalyse est requise. Que se passe-t-il donc chez un sujet « possédé » par le démon de midi – car comme dit Freud avec humour dans une lettre à Stefan Zweig de 1925, « notre façon prosaïque de lutter avec le Démon consiste en ceci que nous le décrivons comme un objet scientifiquement observable ». Tout d’abord, on sent bien que cet accès passionnel et désirant est sous-tendu par une angoisse de vieillir, par l’érosion pulsionnelle. On dépiste à l’occasion un moment dépressif précédant la crise, celle-ci venant y apporter une sorte d’antidote. Comme si le sujet, dans une conjoncture de sa vie présente, réalisait que précisément il n’a qu’une vie… Par ailleurs, la « jeune fille en fleurs », pour employer le vocabulaire proustien, est choisie pour relancer le désir. Le sujet qui

était endormi dans une forme de léthargie – plus ou moins confortable – éprouve, du jour au lendemain, le vif besoin de revenir sur le désir qu’il avait laissé en chemin. Il peut même arriver qu’il y ait des bonheurs assommants, voire déprimants : l’analyse montre que, alors même que l’on aspire au bonheur, l’état de quiétude peut être secrètement difficile à supporter. Il faut au sujet une tension pour relancer les ressorts du désir et « se sentir vivre ». C’est ce qui arrive en l’occurrence. Ce que le « démonisé » attend de la femme choisie, c’est qu’elle donne des couleurs neuves à son désir. Il aspire, étreignant son corps, à réétreindre sa propre capacité à désirer. Si l’objet est passionnément convoité, on devine qu’il s’agit d’un prétexte au narcissisme de se réanimer – ce que l’on désigne conventionnellement comme une « seconde jeunesse », espèce de transe narcissique. La jeune fille en fleurs n’est pas simplement une femme jeune, c’est en quelque sorte la jeunesse prenant corps, ce qu’illustre son incarnat. On entrevoit que cette « jeune fille en fleurs » est élue pour (re)donner corps à la pulsion et, au-delà, au « désirable ». Cela « bouge » à la fois dans le corps propre et dans l’objet investi d’affect, ce qui est une caractéristique de la passion amoureuse. C’est l’objet « flambant neuf », dans le fantasme de l’amoureux, qui a pour fonction de produire la reviviscence désirante. L’amoureux, qui n’est plus de la première jeunesse, la retrouve fantasmatiquement en l’incarnant dans celle qui, elle, se trouve encore à l’orée de sa vie, et qui, de son côté, peut trouver dans cet amant d’une autre génération un attrait de nature œdipienne, selon un processus au reste complexe. Il y a certes une illusion dans cette histoire et même certains éléments comiques qui côtoient le vaudeville, comme chaque fois qu’opère un déni. Mais en ces moments, comme on le sait, rien n’arrête le sujet. Il échangerait toute la sécurité heureuse du monde contre ce délicieux désordre. De plus il y va d’une dimension tragique, celle d’un moment de vérité du désir.

/ AGO R A /

XI


Le corps en acte

Dans cette espèce de tableau clinique de l’expérience, on comprend le rôle du corps. Ce qui est remarquable dans le démon de midi, c’est que « l’ancien homme » – celui de la veille ! – cède brusquement la place à « un nouvel homme », qui se trouve être à ses propres yeux un jeune homme (même si l’état civil le dément). C’est comme si son acte de naissance bien établi était relégué symboliquement au statut de « faux papiers ». Bref, le « démonisé » de midi se réincarne en jeune premier de sa vie pulsionnelle. On voit le problème, le corps organique, lui, continue à vieillir – c’est la loi de la castration réelle du « vieillissement ». Mais le corps pulsionnel ne l’entend pas, si l’on ose dire, de cette oreille.

sur la scène de « jeune premier ». Déguisement touchant, parfois vaguement ridicule, mais qui s’explique par la volonté de mettre en harmonie la transformation intérieure et l’apparence rénovée. Il repasse ainsi par une adolescence que, dans certains cas, il a manquée. D’autres signes le confirment : ainsi certains se lancent-ils dans une révolution diététique afin de retrouver une silhouette juvénile. Façon différente d’habiter un corps rénové. Tout cela ressemble à une métamorphose, terme qui, dans la logique inconsciente, désigne régulièrement une régression. Sauf à s’aviser que celle-ci n’est pas simple retour à une étape antérieure, mais reviviscence pulsionnelle, comme par hasard mobilisée à ce moment-là, en rencontrant sur sa route cet objet porteur de Jouvence.

LE SUJET DU DÉMON DE MIDI SE SENT À NOUVEAU « VIVANT » PARCE QUE DÉSIRANT. Le démon de midi, cette passion de plein midi, peut d’ailleurs se voir à l’œil nu en quelque sorte, en ses manifestations corporelles chez le sujet, par la transformation du corps. Il impose à l’occasion le renouement avec des habitudes vestimentaires d’un autre âge. Ces oripeaux lui servent à remonter

S’il s’agit bien d’une régression, celle-ci ne se réduit pas au retour mécanique à une étape dépassée du développement : c’est dans la désunion pulsionnelle – d’Éros (Amour) et de Thanatos (Mort) – qu’elle prend sa vraie dimension.

à lire

XII

/ AGORA /

* Le démon de midi Paul-Laurent Assoun Éditions de l’Olivier.

Leçons psychanalytiques Paul-Laurent Assoun Le Fantasme Éditions Economica.

Leçons psychanalytiques Paul-Laurent Assoun L’Angoisse Éditions Economica.

Les démons de midi Roger Caillois Éditions Fata Morgana.

La leçon de l’histoire : le temps, le désir et la mort

Mise à l’heure des horloges du désir dont Freud a formulé le principe en une dense formule dans les Considérations actuelles sur la guerre et la mort : « Le penchant à exclure la mort des comptes de la vie a pour conséquence bien d’autres renoncements et exclusions. » En ce moment d’enthousiasme, le sujet entre dans la « conduite à risque » au sens le plus radical, puisqu’il prend le risque de conformer sa vie à l’urgence de son désir du jour. Ce sont aussi des moments où le sujet se sent embarqué pour de bon dans la vie. Non seulement vivant, mais à bord de sa vie. Il réalise alors qu’il « n’a qu’une vie ». Le sujet du démon de midi se sent à nouveau « vivant » parce que désirant, ce qui marque la résurgence d’un corps oblitéré. Ne pas exclure la mort des comptes de la vie, qu’est-ce que cela signifie ? Qui n’engage pas sa vie dans la pensée de la mort ne désire pas. Il ne peut désirer pour de bon, assumer les échéances de son désir s’il n’inclut, au cœur de sa vie, la pensée du réel, soit le possible de la mort. En d’autres termes, s’il compte sur un rattrapage, il est prêt à tous les « arrangements », par exemple, remettre soigneusement au lendemain ce qui risquerait de l’engager ici et maintenant dans le réel de son désir. Le plus remarquable sans doute est que le sujet, en ce moment de vérité, advient à une angoisse qui soit sienne et qu’il ne récuse plus. Cette angoisse, avec sa « note » propre, procède de ce qu’il l’affronte sans plus se voiler la face. Ce rapproché du temps, en une sorte de Carpe diem (« cueille le jour »), rend le sujet pour de bon contemporain de lui-même. Voilà donc de quelle oreille on peut entendre ce type d’épisodes, quand il se trouve interrogé par exemple dans le cadre d’une psychanalyse. On ne peut l’évaluer qu’en en comprenant la portée subjective au moment où il survient. D’une part, il s’agit d’une sorte de passage à l’acte ; de l’autre, il y va d’une sorte de réveil. Bref, là où son « démon » était, le sujet a à advenir pour s’y reconnaître… O


POLÉMIQUE

PAUL-LAURENT ASSOUN RÉAGIT AU LIVRE DE MICHEL ONFRAY*.

L’AFFABULATION ANTIFREUDIENNE LA HAINE DE L’INCONSCIENT

L

a dénonciation de la psychanalyse comme une fiction et de la pensée de Freud comme une supercherie est aussi vieille que la psychanalyse elle-même. L’ouvrage de Michel Onfray n’en est que le dernier avatar. On a eu les attaques contre, La Scolastique freudienne de Pierre DebrayRitzen, Le Livre noir de la psychanalyse, les dénonciations de Mikkel Borch-Jacobsen, voici le temps d’une prophétie fulminante de style nietzschéen : « l’idole », pour l’auteur, c’est Freud dont le « crépuscule » est annoncé. Freud soulignait que la psychanalyse ne se prête pas aux « utilisations polémiques », étant beaucoup plus attentive à faire avancer le réel, plus urgent que tous les discours. Reste qu’elle est en état de guerre de résistance, larvée ou déclarée. Sans entrer dans le détail qui demanderait un examen attentif des allégations, il s’agit d’aider le lecteur à se déterminer par rapport à la rumeur d’une imposture liée au nom de Freud. « Qui croire ? », peut-il alors se demander. Trois points nous semblent importants à souligner. L’un touche à la nature de la psychanalyse, comme savoir et expérience ; le deuxième à la tentation chronique du rejet de l’inconscient ; le troisième au véritable enjeu du différend, soit le statut du désir et de la loi. Questions qui concernent la condition actuelle de la psychanalyse – c’est à ce titre qu’elles doivent nous intéresser.

LA CRITIQUE À L’EMPORTE-PIÈCE

La première question est de savoir comment il est possible de prétendre réfuter d’un trait de plume (ou d’un ouvrage de 600 pages) un savoir complexe, ouvert au débat et nourri d’une expérience, produit de milliers de pages d’observations cliniques et d’ouvertures métapsychologiques, savoir lui-même en dialectique permanente et même quotidienne – à chaque séance d’analyse ! – avec luimême. Comment une rhétorique peut-elle ne serait-ce que prétendre mettre à mal ce qui justement n’est pas un « système », mais une pensée en acte et en mouvement (alors que la critique en est, elle, systématique) ? Comment peut-elle le faire sans se référer à la source vive à laquelle elle emprunte ses affirmations, celle du sujet en proie au symptôme ? La psychanalyse ainsi visée est réduite à des affirmations textuelles, réfutées sans égard pour l’argumentation théorique ni l’étayage clinique et à une série d’éléments supposés sulfureux, visant la vie du créateur de la psychanalyse et frisant le ragot – dans la mesure où la personne de Freud est séparée du mouvement même de son œuvre. La psychanalyse, comme tout savoir, s’offre au débat. Freud note que ce qui convient pour l’aborder, ce n’est pas une adhésion « en coup de foudre », ni un rejet en masse – car il y a aussi des « coups de foudre » de haine –, mais la position vigilante et bienveillante à la fois. C’est pourquoi beaucoup de textes freudiens ont une forme dialoguée, avec un partenaire imaginaire mais nécessaire que Freud appelle

/ AGO R A /

XIII


« le tiers impartial », celui qui ne mâche pas ses mots, mais examine les avancées de la psychanalyse avec une ouverture pour les faits avancés, et non un procès d’intention. Il faut reconnaître que nous ne le reconnaissons pas dans une telle littérature : ce tiers-là est loin d’être impartial et au lieu de se régler sur le logos, il cherche à porter le doute au cœur même d’un savoir dont il ne veut rien entendre. Cela fait penser à d’autres discours qui cherchent à porter le doute au cœur d’une réalité : un certain Pérès soutenait au XIXe siècle que Napoléon n’avait pas existé, qu’il était une invention mythologique ! Ce livre prétend nous montrer que la psychanalyse n’existe pas, entendons comme savoir, mais que c’est le produit magique d’une pensée arbitraire. Freud, qui cherche pourtant à s’effacer devant sa « création », s’y trouve inculpé avec un ton de procureur général dont on aimerait savoir la « Cause » qu’il défend. D’où vient que ceux qui ont l’expérience de la psychanalyse se reconnaissent si peu dans ce qui est avancé, qui fait penser à une psychanalyse fabulée afin d’être mieux réfutée ? C’est que la véracité du savoir freudien s’engage dans son acte, son expérience et, bien entendu, dans son texte dont nous avons montré la dynamique dans notre Dictionnaire des œuvres psychanalytiques, justement pour qu’une telle pratique de déni soit rendue plus malaisée – en comptant non sur ceux qui sont déjà convaincus et gagnés à la cause analytique, mais sur la bonne foi d’un lecteur attentif à ce qui est dit et élaboré dans les textes freudiens et post-freudiens et d’un sujet qui peut faire le lien avec son propre vécu. Qu’une telle critique aveugle soit possible pointe une difficulté objective. Freud lui-même l’avait signalé, à propos de son étude sur Moïse et le monothéisme, disant avoir « construit un colosse sur des pieds d’argile en sorte que n’importe quel fou pourrait le renverser » – alors même que sa construction doit être

XIV

/ AGO RA /

LA PSYCHANALYSE NE SE PRÊTE PAS AUX UTILISATIONS POLÉMIQUES, ELLE EST BEAUCOUP PLUS ATTENTIVE À FAIRE AVANCER LE RÉEL, PLUS URGENT QUE TOUS LES DISCOURS.

examinée en sa logique propre. Quelle joie de détruire le considérable travail freudien comme un château de sable : plaisir d’enfant, certes, mais dérisoire, car ayant « triomphé » magiquement par les mots, reste la réalité de l’inconscient, qui insiste (lourdement !) par le symptôme comme par le rêve et les lapsus. Tout cela que Freud a si bien affabulé que le sujet le reconduit chaque jour et chaque nuit ! De quoi enrager encore davantage : que tout rêveur soit freudien, quel scandale ! LE REJET DE LA PSYCHANALYSE FREUDIENNE, COUVERTURE DU REJET DE L’INCONSCIENT

L’inconscient, comme le fait (ou la structure), est têtu. Il revient toujours à la même place. Le caractère précieux et génial de l’apport freudien est justement d’aborder ce « continent noir » de la psyché inconsciente en son genre rationnelle, avec réalisme, sans divaguer, tout en assumant le risque de la spéculation

face aux énigmes de la psyché. N’est-ce pas une bonne nouvelle que de pouvoir s’orienter dans les dédales de son inconscient, de « ne pas mourir idiot », mais surtout de vivre un peu plus « en accord avec sa vérité psychologique » ? Eh bien, ce n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde! On sent à la hargne de l’entreprise qu’il ne s’agit pas seulement de discuter – ce qui est ô combien sain – et de contester – ce qui est possible, donc nécessaire –, mais de détruire : qu’il ne reste pierre sur pierre de ce temple maudit ! Le lecteur peut se demander pourquoi tant de haine. Qu’y a-t-il dans la psychanalyse de si dangereux pour certains qu’il faille en dénier la légitimité et surtout – ce qui est plus grave – qu’il faille en nullifier l’objet ? C’est que le savoir analytique d’un côté est attirant, de l’autre rétif à l’organisation humaine, comme Freud l’avait dit lui-même, le sujet n’aimant pas à se savoir ainsi divisé par des puissances internes. Tout brûlot est bienvenu qui nous débarrasse de ce savoir au fond indésirable. Quel soulagement si Freud était un menteur ! Nous ne serions pas satellisés par notre vérité pulsionnelle. Or, il faut s’y faire, il a « lâché le morceau » ! Le caractère injuste et fou de ces critiques est de se représenter cet homme qui plaçait la véracité et le courage en valeurs absolues (au-dessus de l’intelligence) et qui se défiait comme de la peste des « visions du monde » qui ont réponse à tout, comme le tenant d’une vision pansexualiste moniste (stéréotype répété à l’envi). Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir lui-même ses symptômes (il est mort d’un symptôme nommé tabac), ses tâtonnements, mais surtout une passion de corriger ses propres acquis (contre les psychanalystes même !) et de chercher « non ce qui est plus avantageux, mais ce qui se rapproche de la mystérieuse réalité ». Quel contraste avec les phraseurs ! Freud détestait « la majorité compacte » dont parlait Henrik Ibsen, celle des conventions et des consensus, mais aussi ceux qu’il appelait « les originaux au mauvais sens du terme », ceux qui forgent


leur originalité dans l’outrance de la critique et l’édification d’un petit système personnel. Le succès de mauvais aloi de cette négation du réel inconscient pourrait provenir de ce qu’elle donne alibi à l’envie de revenir sur ce pas décisif et de déboussoler une « idole » (là où il y avait seulement un homme de vérité). LA HAINE DU SYMBOLIQUE, RESSORT DE « L’ANTIPSYCHANALYSME »

Il semble y avoir un enjeu plus caché et plus déterminant dans cette détestation de la psychanalyse : c’est ce qu’elle nous montre un sujet désirant confronté à la culpabilité et à la loi. Pour lui permettre de s’en débrouiller certes et ne pas s’y enfoncer. Mais les philosophies hédonistes, telles que celles que professe l’auteur, qui prônent l’adhésion joyeuse de l’homme à son être et à son appartenance terrestre – programme a priori réjouissant – y trouvent un os de taille. Car enfin on peut se demander pourquoi Freud devient l’enjeu d’une telle allergie déclarée à la face du monde. Qu’y a-t-il en son projet d’inavalable ? La véritable haine pourrait avoir pour objet, au-delà de la création freudienne, ce qui est abhorré comme le préjugé de la loi, celle qui, pour ces prêtres de la jouissance terrestre – qui justement l’idolâtrent – viennent, à leurs yeux, nous empoisonner l’existence. Le vrai Nietzsche n’allait pas dans ce sens, comme nous l’avons montré en en reconstituant le dialogue des œuvres et des projets. On retrouve ce raisonnement dans des familles idéologiques diverses, dans certaines polarités extrêmes notamment, curieusement convergentes. Si elles sont inassimilables entre elles pour le reste, elles s’accordent sur une haine du symbolique et curieusement

du sexuel, en tant qu’il ne réduit pas à une émulsion existentielle ou hédonique, mais pose la question du sujet et de sa prise dans la loi et le rapport à l’autre. C’est peut-être ce qu’entendait Freud quand il liait la résistance à la psychanalyse à l’antisémitisme adressé à sa personne – soupçon dont on peut lui laisser la responsabilité, mais qui fait réfléchir à cet enjeu complexe du symbolique et de la haine qu’il génère. Reste la question du destin de ce genre de psychodrames éditoriaux. Tout sujet confronté à la réalité de sa souffrance, se confrontant à l’expérience analytique – avec toutes ses difficultés, ses échecs et ses succès –, n’a guère usage de textes qui ne triomphent pas les mots d’un réel qui revient obstinément à la même place. Qui parvient à rejeter son

de la psychanalyse précis, d’autant plus avisé qu’il plaçait la barre de la critique là où elle exerce son tranchant : que « Freud est l’un des rares auteurs dignes d’être lus ». C’est une fois cela reconnu que la critique peut s’exercer, sans mâcher ses mots, sur le savoir, le langage, la vérité et leur transmission. Toute autre démarche n’est que critique vaine, ce qui donne une impression de « gâchis des pouvoirs de pensée ». O *Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne.

QUEL SOULAGEMENT SI FREUD ÉTAIT UN MENTEUR ! NOUS NE SERIONS PAS SATELLISÉS PAR NOTRE VÉRITÉ PULSIONNELLE. inconscient réalise certes une bonne opération dans l’immédiat, mais les effets s’en font fatalement sentir : au-delà de la psychanalyse, que valent une philosophie et un savoir de l’homme qui mutilent la réalité humaine de l’inconscient ? Pas plus qu’une idéologie. Enfin l’incantation au plaisir se heurte à d’étranges paradoxes bien humains, qui réintroduisent la « pulsion de mort », fait anthropologique qui est d’ailleurs tout sauf un hymne à la mort, soit une lucidité sur le fait qu’est actif en l’homme un « au-delà du principe de plaisir », insupportable aux hymnes au bonheur. Enfin le regret le plus vif que laisse ce type d’ouvrage, c’est encore l’existence d’un véritable débat épistémologique avec le savoir de l’inconscient, bref d’une critique qui tienne le coup. Il augmente la nostalgie d’un Ludwig Wittgenstein, critique

à lire Freud et Wittgenstein Paul-Laurent Assoun Éditions PUF, collection Quadrige.

Freud et Nietzsche Paul-Laurent Assoun Éditions PUF, collection Quadrige.

/ AGO R A /

XV


...Faire des promesses

sans être certain de les tenir, c’est facile...

...Vous donner toutes

les raisons de préférer

votre pharmacie, c’est mieux...

www.pharmareference.fr

www.viadys.fr


GREFFE TOTALE DU VISAGE &MMF B FV MJFV FO &TQBHOF TVS VO KFVOF IPNNF -FT DIJSVS HJFOT POU USBOTQMBOUn MB QFBV FU MFT NVTDMFT BJOTJ RVF MF OF[ MFT MoWSFT M§PT NBYJMMBJSF TVQnSJFVS MFT EFOUT MF QBMBJT MFT QPNNFUUFT FU MB NBOEJCVMF %F TPO BODJFO WJTBHF MF QBUJFOU OF DPOTFSWF RVF MFT ZFVY FU MB MBOHVF

Depuis le 27 novembre 2005, date de la première greffe de visage, 10 autres greffes de ce type ont ĂŠtĂŠ pratiquĂŠes en France et dans le monde. Deux patients sont dĂŠcĂŠdĂŠs : le premier n’avait pas suivi son traitement immunosuppresseur ; l’autre, greffĂŠ simultanĂŠment du visage et des deux mains, est mort d’un arrĂŞt cardiaque lors d’une opĂŠration destinĂŠe Ă soigner son visage qui s’Êtait infectĂŠ.

Deux des patients ayant subi cette chirurgie sont dĂŠcĂŠdĂŠs‌ Oui, malheureusement. Mais chaque nouvelle intervention est une dĂŠcouverte. Et Ă chacune d’entre elles, nous nous amĂŠliorons. Il ne faut pas oublier que ces greffes permettent de sortir de situations jusque-lĂ insurmontables. Et le rĂŠsultat est au-delĂ de nos espĂŠrances : on parvient Ă redonner au patient non pas un masque, mais un visage qui fonctionne, capable d’expression. Pourquoi opter pour la greffe de visage plutĂ´t que pour une autre technique chirurgicale ? L’autotransplantation et les mĂŠthodes classiques de rĂŠparation sont toujours utilisĂŠes pour reconstruire des visages, notamment ceux de grands brĂťlĂŠs ou de personnes atteintes de malformations. Mais lorsque la lĂŠsion est importante et la perte de substance irrĂŠparable esthĂŠtiquement et fonctionnellement, seule l’allogreffe peut apporter une vĂŠritable bĂŠnĂŠďŹ ce.

Comment sont choisis les patients ? La première indication est une dĂŠďŹ guration très importante. Il faut aussi un potentiel d’avenir, donc la personne doit ĂŞtre jeune. EnďŹ n, elle doit se montrer solide psychologiquement, nous convaincre qu’elle est prĂŞte Ă accepter les contraintes, et Ă suivre les traitements Ă vie. Pour 150 demandes reçues, nous avons dĂť en rejeter 95 %. Pourquoi 4 pays seulement (la France, les États-Unis, l’Espagne et la Chine) se sont-ils lancĂŠs dans ce type d’interventions ? On peut effectivement s’interroger. Des personnes sont dĂŠďŹ gurĂŠes partout dans le monde. Mais c’est une intervention complexe, qui ne laisse pas le droit Ă l’Êchec. Elle est extrĂŞmement lourde Ă organiser car elle nĂŠcessite la mobilisation d’une ĂŠquipe d’une cinquantaine de personnes. EnďŹ n, il faut des donneurs. Au Japon, par exemple, les mĂŠdecins ne peuvent rĂŠaliser ces interventions parce qu’ils n’en trouvent pas. Chacun d’entre nous peut s’interroger : que ferait-on si on nous demandait de prĂŠlever le visage d’un de nos proches dĂŠcĂŠdĂŠ ? O Š Dr Taha - CHU Amiens

LES CHIFFRES

Isabelle Dinoire première greffĂŠe du visage ÂŤ Quand je me suis vue [après l’opĂŠration, ndlr] je me suis dit : C’est pas pensable qu’ils aient rĂŠussi Ă ce pointlĂ . (‌) Jamais je n’oublierai ce moment. Les premiers jours je n’ai pas trop cherchĂŠ Ă me revoir Ă cause des ďŹ ls qui faisaient comme des tourbillons. Et puis Ă l’intĂŠrieur, il y avait une sensation‌ Ça ne m’appartenait pas. C’Êtait mou. C’Êtait atroce. C’Êtait‌ je ne sais pas si c’est bien de dire cela‌ c’Êtait ĂŠcĹ“urant. Quand on rÊÊchit, le plus dur Ă accepter, c’Êtait ça : avoir l’intĂŠrieur de la bouche de quelqu’un d’autre. (‌) ÂŤ L’autre Âť elle restera prĂŠsente tout le temps. C’est un don trop fort pour oublier que c’est Ă elle. (‌) Au dĂŠbut, oui, je lui parlais, je la remerciais. (‌) TĂŠmoignage extrait du livre, Le baiser d’Isabelle, de NoĂŤlle Châtelet, ĂŠditions du Seuil, 18 â‚Ź.

REPRÉSENTATION DU VISAGE DU PATIENT AVANT L’INTERVENTION. Toute la partie infĂŠrieure du visage a ĂŠtĂŠ arrachĂŠe lors d’une explosion accidentelle. Les lèvres, les joues, le menton, les maxillaires et les muscles du plancher buccal sont dĂŠtruits.

REPRÉSENTATION DES TISSUS COMPOSITES GREFFÉS (PEAU, TISSUS MUSCULAIRES, OS, VAISSEAUX, NERFS). Une fois la ďŹ xation osseuse effectuĂŠe, la circulation sanguine est rĂŠtablie en suturant, sous microscope, les artères et veines du patient Ă celles du transplant. Puis chaque muscle, chaque nerf, sont eux aussi reconnectĂŠs. EnďŹ n, les tissus dermiques sont reconstituĂŠs depuis le cou jusqu’à la base du nez.

SIMULATION INFORMATIQUE DE LA RECONSTRUCTION. Après une intervention de 19 heures, le greffon est en place. Pour respecter la dignitĂŠ du donneur, la zone prĂŠlevĂŠe sera restaurĂŠe Ă l’identique grâce Ă un moulage effectuĂŠ avant le prĂŠlèvement.

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

23


24

SAVEUR

« Je n’ai pas de cantine dans mon entreprise, en revanche j’ai des tickets resto. Comme les restaurants proposent rarement des plats à 7 €, aujourd’hui direction Monoprix. Décidée à composer un repas équilibré, j’achète deux tranches de jambon, une salade, des yaourts et un fruit. Quelle n’est pas ma surprise quand la caissière refuse catégoriquement mon ticket restaurant. Ces titres ne sont valables que pour payer des plats préparés. "Il y a eu trop d’abus", explique-t-elle avec beaucoup de conviction. Mais de quel abus me parle-t-on ? Celui de vouloir consommer autre chose que des plats bourrés de sel, de graisses et de conservateurs ? "Consommez 5 fruits et légumes par jour" me répète-t-on à longueur de journée, eh bien moi j’ai envie de répondre "j’aimerais bien mais je peux point".»

24

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

© Papirazzi/Fotolia

.0/013*9 /& 7&65 1"4 %& .&4 5*$,&54 3&450


4-08 '00% ."/(&634 %& 5064 -&4 1":4

6/*44&; 7064

Entre OGM, pesticides, ĂŠlevages intensifs, menaces sur la biodiversitĂŠ, impacts ĂŠcologiques, se nourrir est un vĂŠritable casse-tĂŞte. Comment devenir des ÂŤ ĂŠco-mangeurs Âť, responsables et vigilants?

Le Slow Food, un mouvement citoyen crĂŠĂŠ en rĂŠaction aux fast-foods Bra ne serait qu’une banale petite ville du PiĂŠmont, si elle n’abritait le siège international de cette association Ă but non lucratif crĂŠĂŠe en 1989. Aujourd’hui ĂŠtablie dans 150 pays, forte de 100 000 adhĂŠrents rĂŠpartis dans 1 300 sièges locaux appelĂŠs les conviviums, Slow Food a des allures de multinationale. Son fondateur, Carlo Petrini, ĂŠtait loin d’imaginer l’ampleur que prendrait sa rĂŠaction Ă la ÂŤ fast life Âť des annĂŠes 80. Si elle ĂŠtait d’abord motivĂŠe par la dĂŠfense du goĂťt et des produits en voie de disparition, l’association se veut de plus en plus militante et revendique ÂŤ une haute qualitĂŠ alimentaire au quotidien, accessible Ă tous Âť. Une maison d’Êdition, des salons internationaux Ă Turin, Stuttgart, Bilbao, Yokohama, Tours ou San Francisco et rĂŠcemment une universitĂŠ, sont les piliers actifs de cette internationale de la dĂŠfense du bien manger.

Des conviviums dans le monde entier Les conviviums sont la clĂŠ de voĂťte de l’association. Établis en Islande, au Liban, en Uruguay ou au Ghana, en Nouvelle-ZĂŠlande, Ă Chypre, en ThaĂŻlande ou aux Philippines, et bien sĂťr au Japon, aux États-Unis et en Europe, ils servent de relais entre l’organisation centrale et chaque rĂŠgion. L’Italie, pays d’origine du fondateur, est leader en nombre de conviviums et fait ďŹ gure de modèle. La France a attendu 2003 pour crĂŠer sa structure nationale, mais compte actuellement une trentaine de conviviums rĂŠpartis surtout dans le Sud. Chaque organisation peut Ă l a fois initier une dĂŠmarche de protection d’une spĂŠcialitĂŠ ou d’une variĂŠtĂŠ et ĂŠduquer ses adhĂŠrents Ă la diversitĂŠ alimentaire en organisant dĂŽners thĂŠmatiques, ateliers du goĂťt, visites chez des producteurs locaux, manifestations, rencontres ou expositions.

PAR MARIE-CHRISTINE CLÉMENT

Jardin ĂŠphĂŠmère devant l’HĂ´tel de Ville de Paris.

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

Š GINIES/SIPA

%FWFOJS VO HPVSNFU BWFD VOF DPOTDJFODF FOWJSPOOFNFOUBMF

25


DES INITIATIVES FRANÇAISES

Le ministère de la Culture avait créé en 1989 un Conservatoire national des arts culinaires (CNAC), et entrepris un inventaire du patrimoine culinaire français publié en plusieurs temps à partir de 1992 aux éditions Albin Michel. Déjà, en 1921, Maurice Curnonsky et Marcel Rouff, relayés en 1928 par Austin de Croze, avaient entrepris en 28 volumes la publication des spécialités régionales, regroupées sous le titre La France gastronomique. Et les premiers inventaires culinaires avaient été dressés en France dès le premier Empire, à la demande de Napoléon. À l’initiative d’Alain Fauconnier, sénateur de l’Aveyron, et de Bernadette Bourzai, sénatrice de la Corrèze, a eu lieu au Sénat, le 17 décembre dernier, la cérémonie d’ouverture du Club du Sénat des Amis de Slow Food France. Il témoigne de l’engagement en faveur d’une alimentation locale et durable de quelques dizaines de sénateurs. Si une démarche de qualité alimentaire est désormais en place, la Haute Qualité Alimentaire® accessible à tous au quotidien sera le vrai but à atteindre avant 2013.

26

En Côte d’Ivoire, le convivium de Chigata encourage l’agriculture coopérative et la promotion de la production d’une nourriture saine. Mariam Ouattara,

En l’espace de deux ans, 30 jardins ont été créés sur le territoire américain et, suite à cette initiative, 100 jardins-écoles ont été inaugurés en Italie. De manière générale, les conviviums s’investissent largement, à travers le monde, dans l’éducation du goût, l’alimentation et l’environnement.

Un inventaire des produits menacés Mais depuis sa fondation en 1989, l’une des vocations premières de l’association est de s’investir dans la protection de variétés ou de produits

© ALBERTO RAMELLA/NEWSCOM/SIPA

Les villes de Millau et de Bègles, ainsi que la structure du Foyer des jeunes travailleurs de Tours, ont signé la charte Haute Qualité Alimentaire ® (HQA) lancée par Slow Food. Ces 2 villes s’étaient déjà investies depuis plusieurs années dans l’amélioration de leur restauration collective. Un repérage de producteurs, artisans, chefs, éleveurs et autres collectivités répondant aux exigences du « bon, propre et juste » est actuellement en cours.

De l’agriculture coopérative aux jardins-écoles

Salon Terra Madre, Turin 2006.

la responsable, a rassemblé plusieurs groupes d’une centaine de femmes qui travaillent à améliorer la qualité de la nourriture cultivée et à la construction de granges pour abriter les récoltes. En Irlande, le convivium de Tipperary organise chaque printemps une fête pour valoriser les produits locaux et le patrimoine alimentaire celte. En Argentine, le convivium « Mar de Plate » a mis en place un festival du film pour attirer l’attention sur un marché local qui regroupe les « Mujeres del abasto », des femmes unies pour aider les indigents à se nourrir après l’effondrement économique argentin. En Indonésie, le convivium « Lippo Karawaci » de Jakarta organise des ateliers du goût. Des lieux où l’on enseigne à des enfants l’équilibre alimentaire et où on leur fait découvrir une sélection de légumes et de produits locaux. En 2001, Slow Food USA a initié un projet national soutenant les « School Gardens », les jardins-écoles.

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

alimentaires en danger. Le projet l’Arche du goût, lancé à Turin en 1996, a pour but de répertorier et d’attirer l’attention du public sur des produits alimentaires menacés de disparition, appelés « les produits orphelins ».

Les sentinelles du goût Au-delà de cette action de recensement, Slow Food s’investit dans des projets de relance économique de produits du terroir, avec les Sentinelles du goût. Leur but, alerter les médias et le grand public sur les produits menacés mais aussi maintenir une biodiversité dans plus de 50 pays. Le blé indigène Red Fife canadien, l’huile d’argan marocaine, les langoustes hollandaises d’Oosterschelde, le riz Basmati de Dehradun en Inde, le maïs andin de Caramarca en Argentine, la prune Pozegaca de Bosnie-Herzégovine, les anchois de Menaica en Campanie


SLOW FOOD <

entre autres ont été préservés. En France, 11 produits apparentés à une méthode de production locale et traditionnelle sont soutenus par Slow Food : le navet noir de Pardailhan, les vins de rancio sec du Roussillon, le porc noir de Bigorre, le bœuf gascon aréolé du Gers, la poule gasconne, le mouton de Baréges-Gavarnie, la lentille blonde de Saint-Flour, le pélardon affiné des Cévennes, la brousse du Rove, en Provence, le petit épeautre de HauteProvence et les fromages d’estives des Pyrénées béarnaises.

« Bon, propre et juste » Le mouvement, qui souhaite sortir du simple cercle de ses sympathisants, s’engage également depuis peu dans une nouvelle dimension. Slow Food France a lancé en décembre dernier un manifeste définissant les contours d’une Haute Qualité Alimentaire®, qui intègre l’ensemble des dimensions d’une production et d’une consommation « bonnes, propres et justes ».

L’éco-mangeur, un gourmet vigilant Slow Food propose de maintenir la biodiversité, dans une mouvance politique proche du mouvement alter-mondialiste. Il a le mérite de s’adresser, là encore au niveau mondial, à l’ensemble des acteurs de la filière alimentaire, de la production à la consommation.

La prise de conscience qu’une solidarité active entre le mangeur et l’éleveur, le maraîcher et le producteur doit s’instaurer de façon plus intime est aujourd’hui un véritable enjeu de société. O

1063 &/ 4"70*3 1-64 Bon, propre et juste, Carlo Petrini, éditions Yves Michel, 2006. Slow Food France www.slowfood.france.fr

En juin 2009, Michelle Obama cuisine avec des enfants de l’école Bancroft des petits pois du jardin de la Maison Blanche. Une façon d’encourager les enfants à manger des légumes frais et à lutter contre l’obésité.

L’exigence de sauvegarde s’inscrit dans une longue expérience française : la tradition des terroirs. On peut souligner au passage le véritable rôle de leaders des chefs de cuisine : Michel Bras à Laguiole a réinventé le terroir de l’Aubrac, Olivier Roellinger à Cancale s’engage pour la protection du thon rouge, Didier Clément à Romorantin œuvre pour le renouveau des variétés anciennes et Régis Marcon, à Saint-Bonnet-le-Froid, pour le maintien de la cueillette de produits sauvages. Si la conscience de la nécessaire sauvegarde d’un patrimoine alimentaire est récente au niveau mondial, elle est ancrée chez nous depuis longtemps et de façon notoire, ce qui peut expliquer l’arrivée tardive, en France, de l’organisation italienne. Mais elle y est désormais présente et la création récente d’un groupe des Amis de Slow Food au Sénat montre que les instances politiques ne sont pas insensibles à ces questions.

© Alex Brandon/AP/SIPA

Sauvegarder le terroir

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

27


> BEAUTÉ 28

"456$&4 1063 6/

%c$0--&5c (-".063 '3"6%& "69 *.1-"/54 .".."*3&4 L’Agence de sécurité sanitaire des produits de santé vient de suspendre la commercialisation des implants mammaires fabriqués par la société Poly Implant Prothèse (PIP) en raison d’un taux anormal de rupture. Il apparaît que le gel de silicone utilisé n’est pas celui déclaré aux autorités sanitaires au moment de sa mise sur le marché. Le pôle de santé publique du parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire. La société domiciliée à la Seyne-sur-Mer a été placée en liquidation judiciaire.

28

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

Des seins plus bombés et plus fermes, c’est possible. Il suffit d’adopter quelques réflexes au quotidien.

PAR LUC BIECQ ET JULIE PUJOL © Élise (agence Crystal) est photographiée par Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com), elle porte un bas de maillot de bain Eres.


Soignez leur enveloppe

Directrice de l’institut Au pied levé, Catherine Marin a remarqué que ses clientes s’attachent à soigner trois zones : le visage, la taille et les jambes. « Sans doute parce que, grâce à la lingerie, on peut davantage modifier l’allure des seins », précise-t-elle. Elle suggère de les gommer une fois par semaine, « la peau le supporte très bien », et d’étaler chaque matin son soin de jour sur le décolleté. Il s’agit bien d’utiliser le soin visage et non la crème pour le corps, moins riche en actifs. Les sérums contenant de la vitamine C, de l’acide hyaluronique et de la vitamine B5 sont tout indiqués.

Faites un huit

Pour appliquer votre soin, posez la main droite enduite d’une fine couche de crème sur le bord externe du sein gauche. Remontez en massant le contour externe, faites un demi-cercle, redescendez par le centre et passez sous l’autre sein. Imaginez que vous dessinez un huit horizontal. Ce geste renforce les muscles pectoraux. Renouvelez-le huit fois, en changeant de main.

Concentré regalbant buste, bras, ventre, Caudalie, 23 € les 75 ml (en pharmacies et parapharmacies).

et on muscle dorsaux et pectoraux. La natation et la méthode Pilates sont également excellents. Après quelques séances d’entraînement, les épaules gagnent en ouverture et le maintien des seins est renforcé.

En marchant, baissez les épaules, gardez les omoplates en arrière et vers le bas. L’effet « remontée » est mécanique ! Côté sport, la barre au sol, un cours d’étirement et de renforcement musculaire, sont à privilégier. On y apprend à tenir son dos, on renforce ses abdominaux, on assouplit

Gel buste tenseur aux protéines d’amande, L’Occitane, 30 € les 50 ml (dans les boutiques l’Occitane).

Oubliez les clichés Les professionnels de l’esthétique (et les chirurgiens, parfois prompts à poser des prothèses) ont longtemps dit qu’il était impossible d’agir naturellement sur la tenue du sein. C’était oublier que des pectoraux toniques maintiennent les seins. « Ces muscles sont identifiés comme masculins, analyse Catherine Marin, c’est sans doute pour cette raison qu’il existe des réticences à imaginer qu’une femme puisse les muscler. »

Travaillez votre posture

Crème raffermisante aromatique pour le buste, Shiseido, 47,50 € les 75 ml (en parfumeries).

)"65 -&4 4&*/4 Sérum liftant buste, Talika, 39 € les 50 ml (chez Sephora).

Fuyez le soleil

« La peau du décolleté est en première ligne pour recevoir les rayons », souligne Catherine Marin. L’intérêt d’une crème visage avec un indice UV se vérifie une fois encore. À la plage, il ne faut pas hésiter à adopter des indices de protection très élevés, 30 au minimum. Si vous trouvez vos seins trop pâles, déposez un peu de poudre bronzante sur l’arrondi intérieur. O

Soin régénérant cou et décolleté, Phytomer, 55 € les 50 ml (en instituts et parapharmacies).

Crème de modelage anti-taches, Lierac, 40 € (en pharmacies).

R É AG I S S E Z , T É M O I G N E Z , C O M M E N T E Z S U R WWW. PA U S E S A N T E . F R / PA U S E S A N T É /

29


30 BIEN-ÊTRE

Les salles de fitness de France se préparent à la révolution Zumba. La prochaine rentrée sportive (septembre) s’effectuera sous le signe du déhanché latino, alors autant s’y préparer dès maintenant. Il s’agit d’un cours de fitness dansé tout droit venu de Colombie, qui mêle salsa, merengue, flamenco, reggaeton… et des mouvements dynamiques de fitness. Le Canada et les USA y ont déjà succombé.

30

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

© Jurgen Magg/Jupiterimages

#06(&3 $0..& 4)",*3"


30--&3 +&6/&44& Détrôné par la trottinette, le roller opère un retour en force grâce à une innovation liée au freinage. Suivez le guide !

Le roller, c’est bon pour moi ? Ce sport de glisse favorise l’équilibre et fait travailler l’ensemble des muscles, y compris les muscles profonds, même si ceux du bas du corps (jambes et fesses) sont davantage sollicités. Il permet d’affiner la silhouette et stimule l’ensemble du système cardio-vasculaire. Sa pratique est moins traumatisante pour les articulations que la course à pied. Le roller est une discipline déconseillée à ceux qui souffrent d’insuffisance respiratoire ou cardiaque, comme à ceux qui présentent des articulations fragiles. Tous les autres peuvent s’y mettre, sans distinction d’âge.

Des piétons comme les autres Loisir, moyen de déplacement ou pratique sportive, le roller est une activité de rue par excellence. Sachez donc que la Prévention Routière assimile les porteurs de rollers aux piétons. Vous avez obligation de circuler sur les trottoirs, d’utiliser les passages piétons, de respecter les feux… Hors de question d’emprunter les rues, les routes et les pistes cyclables. Et mieux vaut doubler les piétons à gauche, éviter de raser les voitures et les sorties d’immeubles et rester maître de sa vitesse.

PAR PASCAL TURBIL

Préserver son souffle Comme lors de toute pratique sportive en milieu urbain, vous êtes exposé à la pollution. Le docteur Jacques Blanc du Centre régional de médecine du sport en Languedoc-Roussillon préc ise : « Le mieux est d’éviter les jours de pics de pollution dans les grandes villes. Il faut savoir qu’un cycliste respire moins de polluants qu’un automobiliste dans sa voiture (lorsque la voiture n’est pas en recyclage interne, ce qui est désormais possible dans les voitures récentes). » Les pics de pollution étant liés à la météo, n’oubliez pas de la consulter avant de chausser vos rollers et évitez les artères au trafic dense.

Les Parisiens et le roller 65 % des personnes interrogées n’ont jamais fait de roller. 38 % ne souhaitent pas en faire, car elles ont peur de ne pas freiner à temps et de tomber. 77 % sont prêtes à tenter l’expérience si les rollers sont vraiment faciles d’utilisation. 67 % seraient intéressées par des cours d’initiation gratuits afin d’être informées du fonctionnement des rollers. Enquête réalisée pour Oxelo par les étudiants de l’ISCOM.

LES 24 HEURES DU MANS Après les autos et les motos, c’est au tour de 15 000 patineurs d’investir le circuit Bugatti pour une course d’endurance de… 24 heures. Les patineurs viennent de toute l’Europe pour participer à cet événement cosmopolite. Le départ sera donné le samedi 26 juin à 16 heures, tradition oblige, patins d’un côté et participants de l’autre (chausser les patins étant la première épreuve de la compétition). Une véritable fête sportive pas seulement sur la piste. Infos et inscriptions sur : www.24rollers.com.

Un freinage confortable Terminés le chasse-neige, l’utilisation du frein tampon ou le freinage en T qui étaient difficiles à maîtriser, notamment pour les débutants. Pour freiner, il suffit désormais d’avancer la jambe vers l’avant. Une révolution et surtout un confort d’utilisation baptisé Diabolo Break System et breveté par Oxelo. La distance de freinage est réduite de 38 % et il permet une maîtrise parfaite de la vitesse, sur le plat comme en descente. O

Roller en ligne www.rollerenligne.com www.preventionroutiere.asso.fr Roller Squad Institut www.rsi.asso.fr

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

31


> POUR GARDER LA FORME

16/$)*/( 80."/

Les femmes n’esquivent plus la boxe. À l’image d’Hilary Swank (Million Dollar Baby) ou de Michelle Rodriguez (Girl Fight), elles enfilent les gants et montent à l’assaut des rings. Des femmes sur le ring Apparue au quatrième millénaire avant Jésus-Christ en Orient, l’histoire de la boxe s’interrompt à la chute de l’Empire romain avant de réapparaître au XVIIe siècle en Angleterre, d’où son nom de « boxe anglaise ». La boxe anglaise féminine, qui se développe dès le début du XXe siècle, fait aujourd’hui sauter le dernier verrou. Les boxeuses participeront, en effet, aux prochains Jeux Olympiques de Londres en 2012. La boxe était le seul sport olympique à ne pas être mixte… Farida El Hadrati, Aziza Oubaita, Myriam Lamare (8 fois championne du monde), sont les ambassadrices sportives d’une discipline que les femmes ont fini par découvrir et apprécier. Elles sont championnes de France, d’Europe ou du monde. Chacune à sa manière a montré que l’on pouvait être championne d’un sport de combat réputé violent et demeurer féminine…

Une affirmation de soi La boxe permet de relâcher la tension nerveuse et présente l’avantage de vous sculpter un corps de rêve, pour peu que vous acceptiez de finir au tapis après chaque entraînement. Dans les banlieues, comme la plupart des sports de combat, elle est encore utilisée pour canaliser l’énergie des filles et des garçons. À l’instar des hommes, les boxeuses 32

&/ 4"70*3 1-64

PAR PASCAL TURBIL

Le site de la Fédération française de boxe possède une rubrique dédiée à la boxe féminine (dans l’espace boxe amateur) www.ffboxe.asso.fr. Fédération de boxe française et de savate www.ffsavate.com. Fédération de boxe thaï et disciplines assimilées www.ffmda.com. professionnelles sont souvent issues de milieux défavorisés et se hissent socialement grâce à leur sport. Elle aidera les plus timides à s’affirmer et à développer leur esprit d’initiative, indispensable si vous ne voulez pas recevoir le premier coup ! C’est aussi un bon moyen d’apprendre à se défendre et d’acquérir confiance et maîtrise de soi.

Un sport complet La boxe fait travailler aussi bien les bras et les épaules que les jambes, car il faut toujours rester en mouvement. Coordination, réflexes et force sont sollicités. La diversité des appuis et des positions lors d’un combat ou d’un entraînement permet de faire travailler tous les muscles du corps : biceps, triceps, abdominaux, jambes, fesses. Résultat, le corps est rapidement galbé. C’est aussi et surtout un sport qui développe l’endurance et permet de perdre du poids. Sur une période de 50

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

minutes d’entraînement, 45 minutes au moins stimulent le système cardiovasculaire. Pour autant, la boxe au féminin ne suppose pas systématiquement l’affrontement. La plupart des pratiquantes s’entraînent sans échanger de coups. Mais rien n’empêche de frapper dans le sac avec la musique de Rocky dans son iPod…

Une discipline tous publics Pascale, responsable d’une agence de communication, est assidue aux entraînements. Elle est l’image parfaite de cette nouvelle boxe qui a gagné le cœur et le corps des femmes et qui est désormais pratiquée par toutes les couches de la société. Nombreux sont en effet les cadres et les chefs d’entreprise qui ont adopté cette discipline. Pour Pascale, il s’agit presque d’une drogue. « Je m’entraîne trois fois par semaine, dont une séance avec un coach personnel. J’y suis allée au début pour me défouler et j’ai rapidement compris l’intérêt de ce sport. Je suis beaucoup plus tonique au quotidien, j’ai retrouvé un corps qui me plaît et j’ai le sentiment de pouvoir aborder toutes les situations de la vie sans appréhension. » O


TESTEZ, C’EST GRATUIT -F 'PSVN EFT )BMMFT QSPQPTF FO FYDMVTJWJUn EFT DPVST EF CPYF ­MMFT FOUJoSFNFOU HSBUVJUT KVTRV§BV KVJO TBVG MF FS NBJ *MT POU MJFV UPVT MFT TBNFEJT NBUJOT EF IFVSFT h IFVSFT FU TPOU FODBESnT QBS EFVY DPBDIT QSPGFTTJPOOFMT EF MB TBMMF QBSJTJFOOF #BUUMJOH $MVC TQnDJBMJTnF EBOT MFT TQPSUT EF DPNCBU *MT TPOU PVWFSUT BVY EnCVUBOUFT DPNNF BVY TQPSUJWFT DPO­SNnFT

© Quavondo/iStockphoto

Forum des Halles, porte Lescot, niveau - 1. Accès libre. Plus d’infos sur www.forumdeshalles.com.

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

33


> ITINÉRAIRE

PAR LUC BIECQ

Certains pensent que tout le monde peut écrire, d’autres croient qu’ils en seront toujours incapables. Entre les deux, Michèle Lajoux a soudain décidé de prendre la plume. Genèse d’une romancière.

$

omment se construire, comment vivre en femme libre après une enfance où les adultes ne vous laissaient pas de place ? Dans son dernier roman, Michèle Lajoux invente une héroïne qui ressemble trait pour trait à l’enfant qu’elle fut : Angeline, double romancé de Michèle, porte sur le monde ce regard qui fut le sien, d’enfant mal-aimée perdue dans une famille et dans une société pétries de fausse morale et de vrais tabous.

Les étapes-clés Il y a encore quelques années, Michèle Lajoux ne souhaitait pas être écrivain, persuadée de ne jamais réussir « à écrire aussi bien que Céline ». Mais avec le temps, elle est parvenue à se défaire de ce complexe pour achever un premier livre. Elle n’écrirait pas comme Céline, certes, mais elle écrirait autre chose. À 45 ans, sous l’impulsion du professeur de piano de sa fille, qui lui révèle avoir des élèves de tous âges, elle comprend qu’il faut « oser être médiocre ». C’est le déc lic : « J’ai débloqué un processus ». 34

Un conseil décisif Elle sort de son admiration paralysante pour les grands auteurs, et se lance. Grâce au piano ? Pas seulement. Un proche à qui elle avait donné l’un de ses textes à lire lui donne le conseil qui la fera basculer : « C’est joli, mais tu dois te mettre en danger. » C’est alors que reparaît Céline, mais cette fois, non pour la bloquer, mais pour la guider. Elle se souvient qu’il comparait l’acte d’écrire à celui de mettre la peau de son estomac sur la table, et à gratter. « Il a admirablement défini une certaine manière d’écrire », confirme-t-elle. Peu de temps après, c’est sa propre peau qu’elle met sur la table, pour commencer d’écrire son roman le plus personnel. Puisque c’est ça la vie, ou l’histoire de sa vie transformée en roman. Ce passage des souvenirs à la fiction permet à Michèle de se réconcilier avec son passé, et à Lajoux d’écrire un livre.

Des souvenirs au roman Pour mieux mettre à distance ses souvenirs, Michèle Lajoux sait qu’elle veut éviter le « je » et qu’elle ne souhaite pas se glisser

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSEZ, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

Puisque c’est ça la vie Sa mère la voulait en garçon, en cheveux bruns, en soleil. Elle naît petite fille maigre et blonde du Nord, pas assez belle. Toute sa vie sera suspendue à ce manque d’amour, et à cette quête. Autour d’elle, la vie petite-bourgeoise d’une préfecture de province des années 60 et les secrets de famille, ce que tout le monde sait mais que tout le monde tait, comme ce grandpère exhibitionniste ou, plus banalement, ce père en retrait dans l’ombre de sa propre mère. Vingt années de vie, ou le roman comme une issue. Michèle Lajoux, Éditions Le Cherche-Midi, 2009.

© Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com)

-§&/'"/$& %& -§" 35

dans ces deux formes littéraires que sont le récit et le témoignage. La Michèle de ses souvenirs devient donc l’Angeline de son livre, et les faits authentiques passeront par « le filtre de la mémoire et du souvenir, et à travers le prisme de la littérature ». Mais avec le plaisir d’écrire, la professeur d’histoire, qui parle toute la semaine en cours, découvre le nouveau rapport au temps qu’implique la pratique de l’écriture. « J’avais l’habitude de parler, mais la mise en mots, quand on écrit, nécessite de restructurer, de réfléchir. Rien n’est immédiat. » Et prendre le risque de se dévoiler aux yeux des autres libère étonnamment son écriture. La trame du roman s’organise sans difficulté, le travail est linéaire, et elle approche parfois une écriture quasi-automatique. Dirait-elle que le travail de romancière est thérapeutique ? « Oui, je portais cette histoire depuis longtemps, j’avais souffert. En écrivant, j’ai laissé derrière moi le stade de la souffrance. » Elle va même plus loin. « Écrire détache du problème, c’est comme si j’avais abandonné une partie douloureuse de ma propre existence. » Des lectrices ont témoigné s’être reconnues en lisant le roman. C’est que l’imaginaire, une fois de plus, reflète une part universelle de vérité. O



« L’IMPOSSIBLE PHOTOGRAPHIE, PRISONS PARISIENNES » Le musée Carnavalet présente une exposition de 340 photographies réalisées dans les prisons parisiennes (La Force, La Grande et la Petite Roquette, l’Hôtel des Haricots…) de 1851 à nos jours. Ce corpus, inédit, est accompagné de textes et de films d’archives. Des rendez-vous gratuits sont également organisés dans le cadre de l’exposition : nuit des musées le 15 mai, parcours nomades du 3e arrondissement du 28 au 30 mai et un parcours en toutes lettres en juin. Musée Carnavalet 23, rue Sévigné, Paris 3e. Tél. : 01 44 59 58 58 Programme complet sur www.carnavaletparis.fr Jusqu’au 4 juillet, du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures, 7 €.

Religieuse, galerie de cellules à 1 lit, prison de Saint-Lazare, Faubourg Saint-Denis, Paris juin 1888. © Pierre Emonts /Musée Carnavalet / Roger-Viollet. Bureau pour la location de télévisions vu d’une coursive, maison d’arrêt de La Santé, Paris avril 2009. © Jacqueline Salmon. Visite médicale à l’infirmerie, prison Saint-Lazare, Paris entre 1929 et 1931. © Henri Manuel / ENAP-CRHCP.

36

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSEZ, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R


'&..&4 &/ 13*40/

TEXTE MARIE-CHRISTINE DEPRUND

Parce qu’elles sont minoritaires en prison, les femmes souffrent davantage. Elles manquent de moyens pour entretenir leur santÊ. Des ex-dÊtenues, des mÊdecins et des visiteuses de prison ont acceptÊ de tÊmoigner.

Une petite place dans les prisons d’hommes OĂš vont les femmes condamnĂŠes Ă des peines d’emprisonnement ? Le plus souvent dans des prisons d’hommes. Rien d’Êtonnant, ils sont la majoritĂŠ, les femmes ne reprĂŠsentant, dans les pays d’Europe, que 4 % des dĂŠtenus. Elles souffrent donc relativement moins de la surpopulation qui mine les prisonniers masculins. Mais leurs conditions de vie sont difďŹ ciles pour d’autres raisons. En France, les 2 070 femmes dĂŠtenues sont rĂŠparties dans 63 ĂŠtablissements pĂŠnitentiaires, dont trois seulement ont ĂŠtĂŠ prĂŠvus pour elles. Occupant des espaces rĂŠquisitionnĂŠs sur les bâtiments des hommes, et ĂŠtant entendu qu’hommes et femmes ne doivent jamais se croiser, elles ne disposent souvent que d’une minuscule cour pour les promenades,

n’ont pas de gymnase, manquent d’ateliers oĂš elles pourraient se retrouver et travailler. Un conďŹ nement qui se rĂŠpercute sur leur santĂŠ physique et morale.

Des femmes qui ont besoin de soins Souvent en rupture de ban avec leur famille, ces femmes ont presque toujours ÊtÊ victimes de violences, d’abus sexuels ou de prostitution.  Elles arrivent dans un Êtat lamentable. La plupart n’ont jamais vu un gynÊcologue de leur vie, un ophtalmo c’est rarissime. Alors, ici, nous sommes contentes de trouver des mÊdecins qui se battent pour nous , explique Josiane, une ancienne dÊtenue au centre de Bapaume dans le Pas-de-Calais. Le docteur Catherine Fac, mÊdecin-chef à la prison de Fresnes, tÊmoigne :  À Fresnes, beaucoup de jeunes femmes

&MMFT OF EJTQPTFOU RVF E§VOF NJOVTDVMF DPVS EF QSPNFOBEF

COMMENT LES AIDER ?

Il est impossible de faire des dons Ă des personnes incarcĂŠrĂŠes : ni monture de lunettes, ni mĂŠdicaments, ni aucune sorte de matĂŠriel mĂŠdical ne peuvent entrer dans les centres de dĂŠtention. En revanche, l’Association nationale des visiteurs de prison a besoin de bĂŠnĂŠvoles. Un entretien est requis et une formation est donnĂŠe par l’association. Il est nĂŠcessaire de suivre une charte de dĂŠontologie et d’effectuer, avec succès, une pĂŠriode probatoire. Il faut ensuite accepter de rendre visite rĂŠgulièrement Ă une ou plusieurs dĂŠtenues qui ont demandĂŠ cette aide. Pour en savoir plus rendez-vous sur le site www.anvp.org, puis ÂŤ devenir-visiteuse-ou-visiteur-de-prison Âť.

sont ĂŠtrangères. Elles ont ĂŠtĂŠ arrĂŞtĂŠes Ă l’aĂŠroport d’Orly pour transport de drogues, un ultime moyen, pensent-elles, de s’en sortir. Certaines sont enceintes, les passeurs les utilisent parce qu’elles sont censĂŠes ĂŞtre moins contrĂ´lĂŠes. Je n’ai jamais entendu une de ces femmes refuser le rendez-vous mĂŠdical, et pourtant elles en ont le droit, les examens et les dĂŠpistages n’Êtant pas obligatoires. Âť La consultation d’entrĂŠe comprend un examen gĂŠnĂŠral bien sĂťr mais aussi, si la femme le souhaite, la prescription

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

37


d’une radio pulmonaire et un examen gynĂŠcologique. La tuberculose est rare mais les problèmes gynĂŠcologiques nombreux. Tous les dĂŠpistages sont proposĂŠs : frottis, mammographie, test de dĂŠpistage du VIH. D’après les ĂŠtudes pĂŠriodiques du ministère de la SantĂŠ, il semble que le taux de femmes sĂŠropositives en prison baisse (environ 1 % des dĂŠtenues). Pourtant, il reste bien supĂŠrieur Ă celui des hommes incarcĂŠrĂŠs et trois Ă quatre fois supĂŠrieur Ă celui enregistrĂŠ au sein de la population libre. ÂŤ D’autres MST sont Ă la fois plus frĂŠquentes et moins connues comme les chlamydiae. Or si ces germes ne sont pas traitĂŠs, ils peuvent ĂŞtre cause de stĂŠrilitĂŠ Âť, ajoute le docteur Fac. En prison, tous les soins et les traitements sont gratuits. ÂŤ Si bien que la dĂŠtention est souvent une occasion de s’occuper enďŹ n d’elles-mĂŞmes Âť continue le Docteur Fac. Les grossesses sont suivies, sans doute mieux qu’elles ne l’auraient ĂŠtĂŠ Ă l’extĂŠrieur. Et ÂŤ mĂŞme si la nourriture est critiquĂŠe, les repas sont servis trois fois par jour. Une occasion pour bien

des femmes de se remplumer, quand l’absence de moyens à l’extÊrieur les avait amaigries , souligne Marie-Paule Haynaud, prÊsidente de l’Association nationale des visiteurs de prison.

Soins et mĂŠdicaments, une longue attente Le problème est diffĂŠrent quand les femmes sont condamnĂŠes Ă de longues peines. Josiane est entrĂŠe en dĂŠtention dans un fauteuil roulant, sa prothèse de hanche ayant cĂŠdĂŠ quelques jours avant sa mise sous ĂŠcrou. ÂŤ Rien n’est fait en prison pour les handicapĂŠes, tout est un problème : la toilette, les dĂŠplacements, monter des escaliers. Âť En prison, c’est la croix et la bannière pour obtenir un lit mĂŠdicalisĂŠ, il n’y a pas de mĂŠdicaments ou si peu. Rien n’entre ni ne sort sans d’interminables formulaires Ă remplir, des demandes Ă faire passer de surveillante en inďŹ rmière.

Pas de trousse d’urgence en cellule, les traitements sont distribuĂŠs au jour le jour, parfois avalĂŠs devant une surveillante ou l’inďŹ rmière. Rares sont celles qui reçoivent leur traitement pour une semaine ou plus. ÂŤ Certaines tenteraient de garder des mĂŠdicaments pour ĂŠventuellement mettre ďŹ n Ă leurs jours, d’autres essaient de les monnayer contre des services ou de la nourriture. Les toxicomanes sont nombreuses Âť, explique Josiane. MĂŞme obtenir un cachet contre la migraine nĂŠcessite des demandes rĂŠitĂŠrĂŠes. ÂŤ La pharmacie d’une maison d’arrĂŞt ne contient que des mĂŠdicaments courants, de l’aspirine, quelques pommades, rien de bien efďŹ cace. Les autres mĂŠdicaments doivent ĂŞtre commandĂŠs Ă la pharmacie centrale. On doit ĂŞtre accompagnĂŠe pour aller chez le dentiste, faire une radio. Cela prend des jours, des semaines. C’est l’attente qui ronge Âť, se souvient-elle.

&O 'SBODF DIBRVF BOOnF FOGBOUT OBJTTFOU FO QSJTPO

Š COUTIER BRUNO/SIPA

Des consultations sous haute surveillance

Nurserie dans le quartier des femmes de la prison de Fleury-Merogis. Les mamans ont la possibilitĂŠ de garder leur enfant jusqu’à l’âge de 18 mois.

38

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

Quant Ă la consultation en externe, une fois acceptĂŠe, elle est l’objet des plus grandes prĂŠcautions de la part des autoritĂŠs pĂŠnitencières aďŹ n de prĂŠvenir toute tentative d’Êvasion. La dĂŠtenue attend (encore) une escorte, jusqu’au moment oĂš on la prĂŠvient subitement que le fourgon l’attend. Le dĂŠpart est alors immĂŠdiat. ÂŤ Parfois on est encore en pyjama Âť, prĂŠcise Josiane. Une fois Ă l’hĂ´pital, la consultation a lieu sous haute surveillance. ÂŤ C’est au mĂŠdecin de demander que l’on enlève les menottes pour examiner la patiente. S’il ne le demande pas, le règlement s’applique Âť, souligne le docteur Fac. D’oĂš ces faits divers choquants de femmes accouchant menottĂŠes Ă la table de travail.


%&4 $)*''3&4 1063 .*&69 $0.13&/%3&

63 Êtablissements pÊnitentiaires sur 186 accueillent des femmes. Trois Êtablissements seulement accueillent les femmes condamnÊes à des moyennes ou longues peines. Ils sont situÊs dans la moitiÊ nord du pays : Rennes, Bapaume et Joux-la-Ville. Ce qui pose un problème de visite aux familles vivant dans le Sud. 39 % des dÊtenues sont incarcÊrÊes dans des Êtablissements accueillant moins de 50 femmes, 22 % dans des prisons qui accueillent entre 50 et 100 femmes et 36 % dans des Êtablissements recevant entre 100 à 350 dÊtenues.

EN ANGLETERRE ET AU PAYS DE GALLES 90 % des femmes incarcĂŠrĂŠes prĂŠsentent des troubles psychologiques, sont toxicomanes, ou les deux Ă la fois.

Une situation que l’on rencontre encore parfois, malgrĂŠ les nouvelles recommandations du ministère de la Justice, et surtout malgrĂŠ son absurditĂŠ ĂŠvidente. En France, chaque annĂŠe, une cinquantaine d’enfants naissent de femmes incarcĂŠrĂŠes. Ils pourront rester avec leur mère jusqu’à l’âge de 18 mois. La maternitĂŠ est toujours une parenthèse d’Êquilibre et de joies dans la vie d’une femme en prison.

Le manque de soutien psychologique Mis Ă part cet oasis, entre les quatre murs de la chambre, la santĂŠ se dĂŠgrade inexorablement. ÂŤ Le plus difďŹ cile, c’est de dormir. Il y a les cris, l’angoisse, la culpabilitĂŠ. On pense Ă ses enfants, on s’inquiète pour eux Âť, conďŹ e Josiane.

une population marginale, pauvre, souvent sans accès aux soins, proďŹ tant de son sĂŠjour carcĂŠral pour se faire soigner. L'enfermement deviendrait-il le mode de traitement de la pauvretĂŠ ? Âť s’interrogeait-elle. Depuis les tĂŠmoignages n’ont pas changĂŠ. O Sources @O^^]`b Rž]PaS`dObW]\ ac` ZSa Q]\RWbW]\a RS R{bS\bW]\ RSa TS[[Sa RO\a aSWhS ^Oga Rž3c`]^S XcWZZSb prisons.de.femmes.free.fr. 0cZZSbW\ RS Zž=`UO\WaObW]\ []\RWOZS RS ZO aO\b{ Od`WZ ' ac` Zž{bOb RS aO\b{ RSa TS[[Sa S\ ^`Wa]\ AO\b{ RSa TS[[Sa u ZSc` S\b`{S S\ ^`Wa]\ `O^^]`b Rc [W\Wab|`S RS ZO AO\b{ eee aO\bS U]cd T` @O^^]`b ac` ZSa Q]\RWbW]\a RS R{bS\bW]\ RSa TS[[Sa /aaS[PZ{S \ObW]\OZS & aS^bS[P`S ' ;{RSQW\ QVST u ZO ^`Wa]\ RS ZO AO\b{ ^O` D{`]\W_cS DOaaSc` :S :Wd`S RS >]QVS

-§"$56 En visite Ă la prison de Bois-d’Arcy le 19 avril 2010, Roselyne Bachelot et Michelle Alliot-Marie ont annoncĂŠ la mise en place prochaine d’un plan d’action ambitieux sur la prise en charge sanitaire des dĂŠtenus.

Š COUTIER BRUNO/SIPA

EN FRANCE

Les femmes sont en effet souvent le seul soutien de familles (alors que les hommes laissent une femme, une mère ou une grand-mère qui prend soin de leurs enfants). Et malgrĂŠ cette situation, elles reçoivent moins de soutien de leurs proches que les hommes car elles sont isolĂŠes socialement ou ĂŠtrangères. Plus de la moitiĂŠ des dĂŠtenues de la prison de Joux-la-Ville, par exemple, ne reçoivent jamais de visites au parloir. Pas de courrier non plus, ni d’argent pour amĂŠliorer l’ordinaire. Cette absence de liens rend plus difďŹ ciles les possibilitĂŠs d’hĂŠbergement, donc les permissions de sortie. RĂŠsultat : elles souffrent plus que les hommes de dĂŠpression et de troubles psychiques graves. Il faut des somnifères, des anxiolytiques, des antidĂŠpresseurs pour combler le vide. ÂŤ Certaines se plaignent que l’on en prescrit trop, d’autres pas assez. Mais d’après mon expĂŠrience, beaucoup d’entre elles, notamment celles qui effectuent de longues peines (meurtres intra-familiaux ou infanticides), auraient besoin d’entretiens psychologiques car elles cherchent Ă comprendre. Nous, tout ce que nous pouvons leur apporter, ce sont des visites et une qualitĂŠ d’Êcoute Âť, explique Marie-Paule. La plupart en ont un besoin vital. Les faibles possibilitĂŠs de faire du sport ou de se rĂŠunir en atelier minent la santĂŠ des femmes, les condamnent Ă des attitudes boulimiques, anorexiques, violentes et dĂŠpressives qui aggravent encore leur condition physique. ÂŤ Je suis entrĂŠe Ă ce poste pour quelques semaines et ďŹ nalement je suis restĂŠe. Je travaille en milieu carcĂŠral depuis plus de 20 ans, parce qu’ici on se sent vraiment utile pour des gens qui, eux aussi, nous apportent beaucoup Âť, conclut le docteur Fac. VĂŠronique Vasseur qui attira l’attention sur l’Êtat des prisons va plus loin. ÂŤ Pendant mes huit annĂŠes passĂŠes Ă la SantĂŠ, j'ai ĂŠtĂŠ frappĂŠe de voir, Ă part quelques exceptions,

/ PA U S E S A N T É /

39


« Desperate Housewives » diffusé sur TEVA tous les dimanches soirs. Gabrielle Solis, interprétée par Eva Longoria Parker, entretient une liaison avec son jeune jardinier.

PAR RICA ÉTIENNE

Véritable phénomène de société aux États-Unis, les cougars envahissent les écrans et font la une des magazines. Liaison passagère ou véritable rencontre amoureuse ?

"

u sens propre, félin sauvage, au sens figuré, femme de plus de 40 ans attirée par de jeunes hommes assimilés au rang de gibier consentant, les cougars sont habituellement disponibles (donc célibataires ou divorcées), parfois avec enfants. « Les cougars sont peut-être des caricatures de prédatrices, admet la psychologue Maryse Vaillant, mais elles montrent qu’elles ont du pouvoir. Pouvoir financier, maturité, expérience, sérénité, et plus rien à prouver au plan professionnel. Ces femmes sont bien dans leur peau, en bonne santé et peuvent se définir par rapport à elles-mêmes. Elles ne sont plus uniquement la mère de leurs enfants ni la femme de leur mari. Avant de devenir grands-mères, elles ont une petite dizaine d’années devant elles, un créneau magique, où elles peuvent profiter de leur expérience. Si elles ont envie d’une aventure ou plus si affinités, elles se tourneront vers des hommes

40

$06("34

%&4 '&..&4 %& +&6/&4 plus jeunes qui, contrairement aux maris ou aux amants de leur âge, n’auront pas besoin d’une nounou pour prendre en charge, par exemple, leurs petits soucis de santé. »

Un phénomène qui n’est pas récent Demi Moore et Ashton Kutcher ou Madonna et Jesus Luz de 28 ans son cadet, les people ont amorcé le mouvement. Dans la série Cougar Town, la flamboyante Courteney Cox se mue en croqueuse de jeunes hommes. Mais rappelez-vous Le Rouge et le Noir de Stendhal, Le Blé en herbe

/ PA U S E S A N T É / RÉAGISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

de Colette ou encore Anne Bancroft initiant Dustin Hoffman dans Le Lauréat… « Au XIXe siècle déjà, les mères avaient des amies initiatrices pour leurs jeunes garçons, rappelle le docteur Michèle Lachowski, gynécologue et psychosomaticienne. Depuis la nuit des temps, dans certaines sociétés traditionnelles, les femmes mûres ont pour rôle d’initier les jeunes garçons à l’amour. Avec les stars, ce qui était dans l’ombre passe en pleine lumière. » Mais nul besoin d’être une célébrité pour aimer un homme plus jeune. Aux États-Unis, un tiers des femmes de 40 à 69 ans auraient un compagnon plus jeune qu’elles d’au moins dix ans.


© DISNEY-ABC INTERNATIONAL TELEVISION. ALL RIGHTS RESERVED

SOCIÉTÉ <

-§"44"65 )0..&4 Et l’enquête Linéance, réalisée par Ipsos en 2007, révèle que 50 % des hommes de 25 à 34 ans sont séduits par des femmes de 50 ans et plus.

Le bel âge À 40 ans, les femmes se sentent encore jeunes et belles, et sans doute le sont-elles davantage que leur mère ou leurs grands-mères. Avoir des relations avec un homme plus jeune leur permet sûrement de voir reculer le spectre de la ménopause et du vieillissement. Ces femmes (se) prouvent inconsciemment qu’elles peuvent encore aimer, être aimées, séduire.

« C’est d’autant plus important que le jeunisme règne aujourd’hui en maître dans notre société, déplore Michèle Lachowski. Il faut paraître jeune, donc fréquenter des jeunes, aimer des jeunes. Entre 45 et 55 ans, avec le tumulte de la ménopause, savoir que l’on attire un homme plus jeune aide à franchir le cap. Avoir un amant peut devenir extraordinairement soignant, mais nombreuses sont celles qui s’y refusent. » Celles qui se l’autorisent savent pourtant relativiser. « Une femme de 50 ans qui fait l’amour avec un homme plus jeune sait qu’elle n’a plus un corps de 20 ans, mais elle sait aussi qu’on ne fait pas l’amour

devant un miroir, que l’homme qui est dans ses bras n’est pas le prince charmant et qu’il la quittera avant qu’elle soit en maison de retraite ! Elle accepte de vivre de belles expériences en toute lucidité. C’est parfois aussi simple que cela », analyse Maryse Vaillant.

Un rôle d’initiatrice Depuis toujours, les hommes jeunes ont trouvé chez leurs aînées un soutien qui leur ouvre les portes qui, grâce à leur expérience, leurs relations ou leur argent, leur permet de franchir des étapes. Mais ce mobile est loin d’être le seul. La nouvelle génération a été élevée dans l’idée d’une égalité entre les hommes et les femmes et les hommes jeunes acceptent mieux qu’une femme mûre les désire, comme autrefois on acceptait qu’un homme mûr aime une jeune femme sans rien y trouver de choquant. Il arrive aussi que les hommes jeunes tombent tout simplement amoureux. « C’est faire injure à la femme aimée que de dire que cet homme plus jeune la fréquente uniquement par intérêt ou parce qu’il recherche sa mère. Il y a peut-être un peu de cela, mais il y a aussi l’attirance physique, l’amour, la tendresse qui permettent de désamorcer la crainte de ne pas être à la hauteur avec une femme de son âge. Avec une femme mûre, la donne est claire, il en sait moins qu’elle ! Elle est donc plus compréhensive et indulgente. Elle accepte son rôle de mentor et d’initiatrice, pas seulement à l’amour mais aussi à la vie. » Les hommes jeunes préfèrent sans doute aussi les femmes de 50 ans « parce qu’elles sont de vraies femmes, avec un ventre, des hanches, des fesses » alors que les jeunes femmes d’aujourd’hui sont ultraminces et formatées. « Cette rondeur, ces courbes, ces fragilités

/ PA U S E S A N T É / R É AG I SSE Z , T É M OI G N E Z , COM ME N T E Z SU R WWW. PA U SE SA N T E. FR

41


26* 40/5 -&4 .*-'

© KENNELL KRISTA/SIPA

Acronyme : MILF. Traduction : Mother I’d like to fuck… Cette expression est utilisée par les jeunes hommes pour décrire les femmes de 40 ou 50 ans qu’ils trouvent sexy. La MILF est également un genre pornographique à part entière et, sur Internet, des sites de rencontres ou d’échange spécialisés lui sont consacrés. « Cette génération a peut-être inventé une manière de supprimer la transgression et le malaise lié au fantasme œdipien d’avoir envie de faire l’amour avec une mère, avec sa mère, reconnaît Michèle Lachowski. En clamant haut et fort son fantasme, on se libérerait d’une culpabilité inquiétante. » 1

© Embassy Pictures/TCD

Une relation qui peut durer

2

2. Dustin Hoffman et Anne Bancroft dans Le Lauréat, film de Mike Nichols, 1968. 3. Gérard Philipe et Danielle Darrieux dans Le Rouge et le Noir, film de Claude Autant-Lara, 1954.

qui affleurent chez les femmes mûres, les humanisent et les rendent plus attirantes », écrit un blogueur sur la toile. Est-ce dangereux, tabou ou œdipien de succomber à une telle aventure ? Les mauvaises langues argueront que ce n’est pas très sain – voire incestueux – qu’un homme jeune vive sa sexualité avec une femme qui a l’âge d’être sa mère ou qu’une femme vive la sienne avec un homme qui a l’âge d’être son fils. « On est loin de franchir le tabou de l’inceste, s’insurge Michèle Lachowski. Il s’agit simplement d’un échelon supplémentaire qui est franchi dans la relation entre hommes et femmes et dans la façon dont les hommes voient les femmes. Ils les considèrent désormais comme leur 42

© Franco London/TCD

1. Demi Moore et Ashton Kutcher.

3

égale. » Quant au complexe d’Œdipe, on n’y est pas non plus. Certes, on pourrait invoquer une relation basée sur le manque. Manque d’une mère pour l’homme qui la recherche à travers une femme mûre… « Parfois seulement, relativise Maryse Vaillant. En ce cas, l’aventure sera difficile, sans avenir. Ce sont justement ceux qui ne sont plus enfermés dans le complexe d’Œdipe qui s’épanouiront dans la relation et sauront voir dans leur partenaire la femme qu’ils aiment sans y reconnaître une mère. » Même sentiment pour Michèle Lachowski : « Personne ne peut prouver que cette relation serait bâtie sur le reliquat d’un complexe qui n’aurait pas été résolu durant l’enfance. »

/ PA U S E S A N T É / RÉAG ISSE Z, TÉMOIG NE Z, COMMENTEZ SUR WWW. PA U SE SA N T E . F R

Regardez autour de vous, vous constaterez qu’il existe des couples vivant ensemble depuis vingt ou trente ans dont l’écart d’âge peut atteindre jusqu’à vingt-cinq ans. « Ce sont des couples stables, parce que lorsqu’il existe de vraies différences, on ne perd pas son temps à entrer en rivalité avec l’autre, comme dans des couples dont les membres ont le même âge, constate Maryse Vaillant. En tout cas, on ne cherche pas son identité en écrasant l’autre. » Et quand bien même le couple ne durerait pas, l’expérience reste fabuleuse aux dires de certain(e)s. « Nous avons grandi avec l’idée que le couple n’avait pas nécessairement une valeur éternelle, confie Laurent, 31 ans. Pourquoi pas un couple avec une grande différence d’âge qui dure un an, deux ans ou dix ans ? C’est toujours du bonheur à cueillir. Ce qui importe, c’est le présent. » O

-*3& Un temps pour les femmes Michèle Lachowski éditions Odile Jacob. Comment aiment les femmes Maryse Vaillant éditions du Seuil.


préférer “ votre pharmacie ” ...Vous donner toutes

les raisons de

...

Rendez-vous prévention Informations et conseils Accompagnement personnalisé Sélections produits-prix Carte de fidélité «Club Pharmadys»

www.pharmareference.fr

www.viadys.fr


NOUVEAU Avec Kelmed, retrouvez, 24h sur 24, le médicament d’origine de votre médicament générique*, sur www.biogaran.fr

Application

GRATUITE sur votre

iPhone

Grâce à Kelmed, le moteur de recherche des médicaments génériques développé par Biogaran, retrouvez le nom et les informations utiles sur * Un médicament générique est un médicament qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité.

Vo t r e s a n t é n o u s e s t p r é c i e u s e .

www.biogaran.fr

PO 2888 - 12 / 09

l’équivalent générique de votre médicament et réciproquement.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.