Pause Santé 17

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LE BIEN-ÊTRE N’A PAS DE PRIX

SIDA FEMMES LES

DOUBLEMENT VICTIMES

LES ANTIBIOTIQUES PEUVENT-ILS SOIGNER L’APPENDICITE ?

BEAUTÉ PLACE AU TEINT FRAIS

ET LUMINEUX LES MÉCANISMES

INCONSCIENTS DE

JALOUSIE LA

numéro

17

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w w w.s e c o u r s - c a t h o l i q u e.o r g B P 4 55 PA R I S 7 Être près de ceux qui sont loin de tout

BON DE GÉNÉROSITÉ

❏ Oui, en cette fin d’année 2011, je réponds à l’appel du Secours Catholique. Pour aider l’association à multiplier ses actions auprès des plus démunis, je fais un don de : ❏ 30 €*

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 Je joins mon règlement par chèque à l’ordre du Secours Catholique  Je recevrai le reçu fiscal me permettant de déduire de mes impôts, jusqu’à 75 % de ce don.

MES COORDONNÉES : Nom :

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......................................................................................... * Ainsi un don de 30 €, par exemple, ne me reviendra qu’à 7,50 € après déduction fiscale, mais permettra à l’association d’agir bien plus en faveur des plus exclus.

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À retourner à : Secours Catholique - BP 455 - 75327 Paris cedex 07

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N11AP - Pour tout droits d’accès et de rectification, s’adresser au Secours Catholique.

❏ 15 €


Éditorial

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Sida , bientôt la fin de la pandémie ?

Onusida le confirme dans son rapport publié le 21 novembre : le taux annuel de nouvelles infections à VIH a chuté de 21 % entre 1997 et 2010. « Elles sont tombées à leur plus bas niveau depuis le pic de l’épidémie à la fin des années 90 », expliquent les auteurs du rapport. La mortalité elle aussi recule. 34 millions de personnes vivaient avec la maladie en 2010 en raison d’un meilleur accès aux médicaments antirétroviraux. Cette mise sous traitement fait partie de l’arsenal de la prévention* tout comme la circoncision masculine, les changements de comportements et l’utilisation du préservatif. Même si ces chiffres sont encourageants, la contamination progresse toujours plus vite que l’accès au traitement. Pourtant, l’espoir d’éradiquer l’épidémie existe réellement. Il dépend de l’accès universel aux médicaments (7 millions de personnes infectées qui en ont besoin n’en bénéficient pas), de la mise en place de moyens logistiques et humains sur le terrain et d’un élargissement du dépistage

et de la prévention. Pour ce faire, il faudrait récolter près de 20 milliards de dollars selon Stéphane Simonpietri, directeur des programmes internationaux de l’association Aides. Dans un contexte de crise économique mondiale et de baisse des financements internationaux (8,7 milliards de dollars en 2009 pour 7,6 milliards en 2010), les associations et le Conseil national du sida, organisme présidé par le professeur Willy Rozenbaum, plaident pour la création d’une taxe sur les transactions financières dont une partie pourrait être affectée à la lutte contre le VIH. Cette taxe, évoquée en conclusion du récent sommet du G20 à Cannes, ne fait pas consensus. De nombreux pays s’y opposent, les États-Unis mais aussi, en Europe, la Grande-Bretagne et la Suède. Pour éviter que ce projet porteur d’un formidable espoir ne soit enterré, la France et les pays qui la soutiennent peuvent créer une dynamique en l’adoptant sans attendre dès le début de l’année 2012. Fa b i e n n e At ta l i D i r e c tr i c e d e l a r é dac ti o n

* Les résultats de l’essai HPTN 052, publiés en mai 2011, ont démontré qu’une personne infectée qui prend bien ses antirétroviraux ne transmet plus le virus.


LES ROUGEOLES LES PLUS GRAVES NE SONT PAS TOUJOURS CELLES DES TOUT-PETITS

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La rougeole est de retour. L’attraper entre 15 et 30 ans peut être grave. Vos enfants sont-ils vaccinés ? La rougeole, le retour L’épidémie de rougeole en France monte en puissance, avec 14 000 cas sur les 6 premiers mois de l’année 2011. La rougeole est la plus contagieuse des maladies infectieuses. Elle se transmet très facilement à toutes les personnes non vaccinées et qui ne l’ont jamais eue (air, postillons, toux, éternuements, salive, mains).

Vos enfants ont entre 15 et 30 ans* ? Ils sont concernés Dans la moitié des cas, la rougeole frappe des jeunes âgés de 15 à 30 ans. Et dans un cas sur trois, elle conduit à l’hôpital. En effet, chez les 15-30 ans, comme chez les nourissons de moins de 1 an, la rougeole peut être particulièrement sévère. Elle peut entraîner des complications neurologiques et pulmonaires graves, parfois mortelles. * Nés depuis 1980.

Une seule protection, la vaccination Il n’existe pas de traitement contre la rougeole. Vos enfants peuvent être protégés facilement : il suffit qu’ils soient vaccinés avec deux injections de vaccin ROR, un vaccin efficace et bien toléré qui protège en plus des oreillons et de la rubéole.

– Illustrations : Philippe Foliard

Vérifiez les carnets de santé, parlez-en à votre médecin ou à votre pharmacien.

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Sommaire

numéro

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Les nouveaux entrepreneurs de l’économie solidaire. Donner sa moelle osseuse pour qui, pourquoi ?

santé Les femmes, la face cachée du sida. Les antibiotiques peuvent-ils soigner l’appendicite ? Abécédaire de l’allergie. Innovation thérapeutique : les nouveaux anticoagulants. L’actualité de la santé.

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beauté Fini les traits crispés, l’heure est au teint frais. Lumière, respiration, étirements, massages, les 4 piliers de l’anti-stress. Comment effacer les petits défauts cutanés ?

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saveur & nutrition 36 40

L’histoire de la pomme de terre. Le café, élixir ou poison ?

société 42

Facebook est-il une nouvelle Agora ?

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IX

Retrouvez le supplément AGORA pour aller plus loin dans la réflexion santé

En couverture, Claudia (Agence Idole-Model) est photographiée par Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com). Coiffure Patrick Ahmed (Medley) pour Sebastian Professional. Maquillage Mariana Miteva pour Mac Cosmetics.

Directeur des publications Lucien Bennatan.

Secrétariat de rédaction et révision Laurence Roch.

Suivi de fabrication Rivages.

Directrice des rédactions Fabienne Attali.

Direction artistique Julien Imbert.

Impression Roularta Printing.

Assistante de la rédaction Cindy Doorgah.

Maquette et iconographie Virginie Bazot, Julie Pauly.

Ont collaboré à ce numéro : Ghislaine Andréani, Luc Biecq, Marie-Christine Clément Édouard de Hennezel, Michèle Lajoux, Romain Loury, Corinne Tutin, Pascal Turbil. Agora : Paul-Laurent Assoun, Roger-Pol Droit, Olivier Mariotte, Valérie Sebag.

Directrice de la publicité Nadia Riou. Tél. : 01 55 20 93 72 Port. : 06 64 09 42 46 e-mail : nadia.riou@pausesante.fr

Pause Santé est édité par la société Com’Access 78, boulevard de la République 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 55 20 93 72.

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ISSN : 1968-93-30. Dépôts légaux à parution.

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Ceci est un médicament. Lire attentivement la notice. Demandez conseil à votre pharmacien. Si les symptômes persistent, consultez votre médecin.

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Bien dans mes jambes


> VIVRE ENSEMBLE

L’entreprise solidaire

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NTREPRENEURS À PART ENTIÈRE , ILS SONT DE PLUS

en plus nombreux à être animés par le désir d’améliorer concrètement et durablement la vie des autres. Quel que soit leur secteur d’activité (santé, logement, éducation, environnement), ils cherchent à asseoir un modèle économique solide en générant leurs propres revenus ou en diversifiant leurs sources de financement. Mais pour eux, dégager des bénéfices n’est pas une fin en soi. C’est un moyen de créer de la « valeur sociale ». Ensemble, ils s’attachent à prouver que la solidarité peut être un facteur de développement économique. INNOVER SOCIALEMENT

Trouver une solution durable à un problème auquel ni l’État ni l’économie de marché ne sait répondre, c’est toute PAR ÉDO UAR D DE H EN N EZEL l’ambition de l’entrepreneur social. Cela peut passer par une entreprise de réinsertion, la création de logements sociaux écologiques, un cabinet de recrutement dédié aux jeunes diplômés des quartiers défavorisés… Cela peut également passer par un service de prévention pour personnes âgées en matière de santé. Sensibilisés à cette question, Jean-Michel Ricard et Jean-Daniel Muller, co-fondateurs de Siel Bleu, n’attendent pas pour agir. À peine sortis de la faculté de sport en 1997, ils créent une association dont le but est d’aider les personnes vieillissantes à rester

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autonomes grâce à une activité physique adaptée. Encouragés par d’excellents résultats, ils sillonnent la France pour convaincre d’éventuels prescripteurs de l’utilité de leur démarche. « Un euro investi en prévention, c’est entre quatre et six euros économisés », rappelle Jean-Michel Ricard. Leur volonté est aussi de rendre leurs services accessibles à tous, même aux plus démunis. Aujourd’hui, Siel bleu compte 280 salariés et travaille en partenariat avec l’Assurance maladie, des mutuelles ou des caisses de retraites. Présentes en France, avec des antennes

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© Fondation de France/ Alain Pinoge

Depuis quelques années, face à la réduction des dépenses publiques et à l’accroissement des inégalités sociales, des « entrepreneurs sociaux » font la démonstration qu’il est possible de concilier performance économique et utilité sociale. Décryptage d’un nouvel esprit entrepreneurial.


L’argent n’est qu’un outil au service de notre mission.

en 2006, réfléchir à un nouveau modèle économique. L’enjeu était de continuer à garantir l’accessibilité financière au plus grand nombre. « Nous nous sommes dit que l’activité physique adaptée pouvait être utile à de nouveaux publics ayant les moyens de payer le vrai prix, et même un peu plus », explique Jean-Michel Ricard. C’est ainsi qu’est née GPS Santé, une société commerciale destinée à réaliser des bénéfices en proposant aux entreprises des programmes de prévention

Créée par une maman , la crèche Môm Artre propose une garderie à horaires décalés. Ses 3 objectifs prioritaires : favoriser l’éveil culturel des enfants, permettre l’égalité professionnelle et créer du lien social. www.momartre.com

santé pour leurs salariés. De quoi permettre à son actionnaire unique – le groupe associatif Siel Bleu – de poursuivre sa mission d’intérêt général dans les meilleures conditions et d’améliorer la qualité de ses programmes. Le groupe consacre en effet 3 % de son chiffre d’affaires en recherche et développement. Jean-Daniel Muller a même fait encadrer l’échelle des salaires de 1 à 2,5. Testé au sein d’une agence en charge des colis à la Poste, leur programme (un échauffement quotidien) a remporté un vif succès. Il est désormais étendu à toutes les agences Coliposte en France. « Ce programme fait baisser notre taux d’accidents du travail et renforce l’esprit d’équipe », assure Inanna Martin, directrice des relations corporate de Geopost. S’OUVRIR AUX AUTRES

Décomplexés et ouverts d’esprit, les entrepreneurs sociaux se refusent à entretenir le clivage persistant entre économie de marché et économie sociale. Ils n’hésitent donc pas à nouer des partenariats avec les grandes entreprises. Ces dernières perçoivent d’ailleurs bien l’intérêt qu’elles ont à s’associer à de telles initiatives dans le cadre de leur responsabilité sociale. Ainsi l’entreprise Danone s’est-elle rapprochée de Siel Bleu. « Bien manger » et « bien bouger » ne vont-ils pas de pair ? ●

© Fondation de France/ Alain Pinoge

un mouvement qui prend beaucoup d’ampleur en Belgique, en Irlande et en Espagne, ses équipes interviennent auprès de 60 000 personnes par semaine, en institution ou à domicile. Pour Albane, responsable Animation et Vie Sociale chez Medica France, un groupe privé d’établissements spécialisés, l’apport de Siel Bleu va bien au-delà du simple maintien de l’autonomie : « Il favorise aussi le lien social et stimule la fonction cognitive de nos résidents qui retrouvent confiance en eux. Après une séance, ils sont plus enjoués, plus dynamiques. » Mais pour en arriver là, l’entreprise a dû,

L’entrepreneuriat social séduit de plus en plus de jeunes étudiants désireux de donner du sens à leur travail. L’Essec, qui a été la première business school à créer une chaire « entrepreneuriat social », vient d’ouvrir l’Institut de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Social (IIES). Pour Tarik Ghezali, délégué général du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), « si les écoles de commerce proposent de plus en plus de cursus autour de l’économie sociale et solidaire, ce n’est pas par altruisme, mais bien parce qu’il y a une forte demande ». Fondé en 2010, le Mouves (www.mouves.org) milite entre autres pour la création d’un label « entreprise sociale ». Sur le plan européen, le Single Market Act (plan de relance européen) a fait de l’entrepreneuriat social une de ses 12 priorités. Des mesures concrètes, telles que la création d’un nouveau statut pour un fonds d’investissement solidaire, une bourse dédiée ou encore une banque sociale européenne, sont aujourd’hui à l’étude. WWW. PA U S E S A N T E . F R

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> DONS DE VIE

Le nombre de donneurs reste encore trop peu élevé en France. Manque d’information, peurs infondées ? Vérifions nos connaissances. PAR LUC B I ECQ

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ON DE MOELLE OSSEUSE : POUR QUI, POURQUOI ?

La moelle osseuse assure la production des cellules souches qui produisent des cellules sanguines de trois catégories : les globules rouges qui transportent l’oxygène, les globules blancs qui luttent contre les infections, les plaquettes qui arrêtent les saignements. Elle fabrique aussi les cellules de l’immunité, les lymphocytes, des défenseurs de l’organisme. Les personnes qui ont besoin d’une greffe de moelle osseuse sont 190 000 donneurs potentiels sont inscrits en France. environ 2 000 par an. L’objectif est de parvenir à 240 000 donneurs Elles sont en majorité rapidement. Plus le nombre de personnes inscrites atteintes de leucémie, au registre est élevé, plus les personnes malades d’autres maladies, l’aplasie ont de chances de bénéficier d’une greffe. médullaire par exemple, ou www.dondemoelleosseuse.fr de pathologies fréquentes

le registre des donneurs

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© Justine Beckett / Jupiterimages

Moelle osseuse L’apprentissage du don chez les personnes âgées comme l’hémopathie lymphoïde. Elles en ont besoin pour guérir. OÙ TROUVER UN DONNEUR ?

Pour guérir ces patients, il faut trouver un donneur compatible. Lorsque les médecins envisagent une greffe de moelle osseuse, ils cherchent une personne dont le système immunitaire est compatible avec celui du malade. Logiquement, la recherche commence chez ceux qui disposent du même patrimoine génétique : les frères et sœurs. Mais le donneur n’est trouvé dans la famille que dans 25 % des cas. L’équipe consulte alors un registre, celui

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Sida, les femmes doublement victimes Longtemps laissées pour compte de la lutte contre le sida, les femmes constituent un tiers des diagnostics de VIH en France. Si la maladie est la même que chez les hommes, les conséquences sociales sont souvent plus lourdes. PAR ROMAIN LOURY

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NE

FEMME

HÉTÉROSEXUELLE

D’UNE CINQUANTAINE D’ANNÉES

« qui tombe du ciel » : elle vient d’apprendre sa séropositivité. Le VIH, elle le croyait réservé aux homosexuels, aux plus jeunes, explique Carine Favier, médecin spécialisée dans le VIH qui l’a prise en charge à l’hôpital Gui-deChauliac (Montpellier). Une patiente dont la (mauvaise) surprise illustre nos préjugés sur cette maladie. LES FEMMES AUSSI SONT TOUCHÉES CAR 30 ANS

après l’apparition des premiers cas de sida, l’infection par le VIH demeure, dans l’inconscient collectif, ancrée à ses premières victimes des années 80. Certes, avec environ 15 % d’homosexuels touchés, c’est dans cette communauté que le virus continue à faire le plus de ravages. Mais sur les 6 700 personnes diagnostiquées en France en 2009, on compte presque autant de femmes que d’hommes homosexuels, 2 186 contre 2 480. Près des deux tiers d’entre elles (60,8 %) sont originaires d’Afrique. Biologiquement, les femmes 14

ont deux fois plus de risque de contracter le virus lors d’une relation hétérosexuelle non protégée et plus elles sont jeunes, plus le risque est grand, le vagin n’étant pas aussi bien tapissé de cellules protectrices que celui des femmes d’âge mur. Françaises comme africaines, ces femmes ont « plus de difficultés sociales, sont plus souvent déprimées et vivent plus souvent seules avec des enfants », remarque Carine Favier, qui préside par ailleurs le Mouvement français pour le planning familial (MFPF). Selon des données de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), les Françaises séropositives ont

50000 personnes en France ignorent qu’elles sont séropositives.

presque deux fois moins de chances de garder leur emploi que les hommes, quatre fois moins si elles sont africaines. LA STIGMATISATION, DÉJÀ FORTE LORSQUE L’ON VIT AVEC LE VIH, se fait davantage sentir quand

on est une femme. « Il est très difficile d’annoncer sa séropositivité, de montrer que l’on a pris un risque sexuel, c’est encore moins bien accepté lorsqu’on est une femme », poursuit Carine Favier. Selon une étude menée dans les Antilles et en Guyane, 30,3 % des séropositives n’osent l’avouer à personne, 15,4 % d’entre elles n’osent même pas l’avouer à leur partenaire. « Par peur de se retrouver à la rue avec les enfants », déplore la présidente du MFPF. Un silence imposé, qui favorise les conduites à risque. Si les préjugés sur la sexualité féminine ont globalement reculé ces 50 dernières années, ces inégalités continuent à traduire « vis-à-vis de la sexualité de la femme une position moins favorable ». « Quand un homme sort un préservatif, c’est qu’il veut se protéger ; quand il s’agit d’une femme, elle passe pour légère », explique Carine Favier.

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> SIDA, LES FEMMES DOUBLEMENT VICTIMES

☛ Au poids de la séropositivité féminine s’ajou-

le dépistage du VIH est obligatoire », explique Laurence Meyer. Résultat : les femmes ne sont que 13 % à apprendre leur maladie au stade sida, contre 21 % des hommes hétérosexuels. DÉPISTAGE ET PRÉVENTION Or qui dit dépistage précoce dit trithérapie Parmi les quelques points positifs, les femmes, plus efficace, mais aussi moindre risque de quelle que soit leur origine, sont globalement contamination de son partenaire. Il reste en dépistées plus tôt que les hommes. « Elles ont revanche beaucoup à faire dans le domaine plus de contacts avec le système de soins, notamde la prévention. Notamment sur la question ment lors de la grossesse au cours de laquelle du préservatif féminin, qui demeure à un prix exorbitant (2 €, contre 15 centimes le préservatif masculin). Et ce, malgré Plusieurs associations ont formé en 2003 le parcours médical. Il a été lancé en septembre les promesses répécollectif Femmes & VIH. Il regroupe notamment dans sept pays, dont la France. L’un des princi- tées du ministère le MFPF, Sol en Si, Aides, Act Up-Paris et 2 asso- paux éléments de ce programme consiste en de la Santé d’obteciations se consacrant à l’accompagnement une boîte à outils pratique : bien vivre avec le nir une réduction des femmes africaines séropositives : Ikambere sida, le diagnostic, les traitements, la lutte contre du prix auprès du et Marie-Madeleine. Financé par le laboratoire la discrimination, l’accès aux soins de santé. fabricant, le seul en Bristol-Myers Squibb, le programme européen Autre initiative, Women for Positive Action, dont France. Un monoSHE (Strong, HIV-Positive, Empowered Women, le site internet (www.womenforpositiveaction. pole qui ne facilite www.shetoshe.org) propose un soutien aux org) se veut un lieu d’échanges entre scienti- pas les négociations. femmes séropositives par le partage d’expé- fiques, médecins et patientes sur les avancées Mais au-delà du prix, rience. Il vise à aider les patientes à révéler leur de la recherche, aussi bien biomédicale qu’en « il existe un problème maladie à leur entourage et à gérer au mieux leur sciences sociales. d’acceptabilité du préservatif féminin et il n’est pas négligeable », reconnaît Laurence Meyer. Les autorités « nous expliquent que les négociations n’avancent pas, voire que les femmes n’en veulent pas, mais si l’on n’en fait pas la promotion… », se désole Carine Favier. « Si on parvenait à le faire essayer à 10 % de femmes, celles pour qui il est difficile de négocier l’usage des préservatifs masculins, ce serait toujours cela de pris », estime-t-elle. tent les difficultés administratives lorsque l’on est une migrante. « Il est certain que le climat actuel, avec la remise en cause du statut des migrants malades, ne leur est pas très favorable », euphémise Carine Favier. Au printemps, le gouvernement a revu à la baisse les critères de séjour pour soins, suscitant la crainte d’une clandestinité accrue pour les étrangers malades. « C’est une mesure qui aura des répercussions

gravissimes pour la santé publique », prévoit Laurence Meyer, médecin épidémiologiste au Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne.

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découvertes de séropositivité en France dont 2 186 femmes pour l’année 2009.

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Les rares essais cliniques effectués sur les femmes montrent que leur réaction aux médicaments est souvent très différente de celle des hommes.

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des femmes mieux armées

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contraception & contamination

© Fancy Photography / Veer

Inquiétude à l’Onusida : la contraception hormonale pourrait doubler le risque d’être infectée par le VIH. Et, à l’inverse, elle double le risque de contaminer son partenaire masculin lorsque l’on est séropositive. C’est ce que suggère une récente étude menée dans sept pays africains. Un résultat assez préoccupant pour que l’agence onusienne prévoie, début 2012, de revoir ses recommandations en matière de contraception. Dans un continent, l’Afrique, où les grossesses non désirées constituent un problème sanitaire majeur, il y a là un vrai dilemme. Point rassurant, le risque n’est significatif qu’avec la contraception injectable (à longue durée d’action), pas avec la pilule quotidienne. S’ils sont plus fréquents en Afrique, les contraceptifs injectables « restent exceptionnels en France, où on les prescrit surtout aux patientes ayant des problèmes psychiatriques », rappelle Karine Lacombe, infectiologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris).

L’AFRIQUE, L’ÉPIDÉMIE À VISAGE FÉMININ

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sont contaminées par un partenaire stable. Au-delà de la question du préservatif féminin, le problème réside dans le fait que « la France est un pays de tradition soignante, pas préventive », à la différence des pays anglo-saxons. Autant de lacunes que le ministère de la Santé paraît déterminé à combler. En juin dernier, il a lancé un appel à projets sur les risques liés à la sexualité (VIH, hépatites et autres infections sexuellement transmissibles) et aux addictions chez les femmes, ouvert notamment aux associations. Son premier axe : la promotion du préservatif féminin dans la population générale et chez les femmes les plus exposées.

Si l’infection par le VIH est à dominante masculine dans les pays du Nord, ce sont les femmes qui lui payent le plus lourd tribut en Afrique, où elles constituent 60 % des malades. Des jeunes femmes contaminées plus tôt que les garçons, parfois dès l’âge de 12 ans. Et, encore plus que dans les pays industrialisés, des inégalités entre sexes que l’Onusida (branche de l’ONU chargée de la lutte contre le sida) considère comme un frein à la lutte contre la maladie. Dévoilée en septembre, la stratégie 2011-2015 de l’Onusida fixe comme objectif la prise en compte des besoins spécifiques féminins « dans au moins la moitié des mesures des programmes nationaux de lutte contre le sida ». Quant aux violences liées au genre sexuel, « tolérance zéro » : elles doivent être reconnues comme « des violations des droits de l’homme, mais aussi comme des éléments qui accroissent la vulnérabilité au VIH ». ●

Contacts > Femmes et sida femmesida.veille.inist.fr > Sida Info Service 0800 840 800 (gratuit, anonyme et confidentiel 24 h/24) www.sida-info-service.org > Aides 0820 160 120 www.aides.org > Sol en si 01 44 52 78 78 www.solensi.org > Ikambere 01 48 20 82 60 www.ikambere.com > Dessine-moi un mouton 01 40 28 01 01 www.dessinemoiunmouton.org > Arcat 01 44 93 29 29 www.arcat-sante.org > Les Petits Bonheurs http://associationlespetitsbonheurs.org

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> SIDA, LES FEMMES DOUBLEMENT VICTIMES

Quand le VIH étouffe la sexualité Questions à Karine Lacombe, infectiologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris).

La sexualité constitue un problème très courant chez les femmes séropositives.

PAUSE SANTÉ : QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DU VIH SUR LA VIE SEXUELLE FÉMININE ? KARINE LACOMBE :

Les problèmes sont de plusieurs ordres. D’abord médical, avec le risque de la transmission : ces femmes ont une véritable appréhension de contaminer leur partenaire et de se contaminer à nouveau elles-mêmes. Les problèmes sont également d’ordre directement sexuel, avec des sécheresses vaginales, et donc des douleurs pendant les rapports. Elles peuvent

PS : LES MÉDECINS ONT-ILS TOUJOURS LE TEMPS DE PARLER DE SEXUALITÉ

réintégrer l’aspect psychologique. Mais avec les difficultés que traverse l’hôpital, il y a une tendance à raccourcir les consultations à 15 minutes, et il devient difficile de parler de sexualité en si peu de temps. À l’hôpital SaintAntoine, nous consacrons encore une demi-heure à chaque patient, sur laquelle on n’utilise que dix minutes pour les questions en rapport direct avec le virus. Cela nous laisse 20 minutes pour parler d’aspects psychosociaux et de sexualité.

AVEC CES PATIENTES ? KL : La prise en charge du VIH, notamment depuis l’arrivée des trithérapies, a évolué. Avant, la priorité était de maintenir le patient en vie le plus longtemps possible. Aujourd’hui, la prise en charge est celle d’une maladie chronique au long cours, dans laquelle on peut

PS : QU’EN EST-IL DU DÉSIR D’ENFANT, PARTICULIÈREMENT

PS : COMMENT SE DÉROULE

DANS LES COUPLES DITS

L’ACCOUCHEMENT?

« SÉRODIFFÉRENTS », AVEC

KL : L’accouchement a lieu

UN PARTENAIRE MASCULIN

par voie basse lorsque la charge virale [quantité de virus dans le sang, ndlr] est indétectable. Lorsqu’elle dépasse un certain seuil, fixé à 1 000 copies par millilitre de sang, il a lieu par césarienne afin d’éviter la contamination de l’enfant. Dans tous les cas, la mère reçoit une perfusion d’AZT (un médicament anti-VIH, ndlr) pendant l’accouchement et l’enfant un traitement préventif d’AZT pendant plusieurs mois.

SÉRONÉGATIF ? KL : De nombreuses femmes

comprennent qu’on peut désormais leur assurer une grossesse sans risque

plus d’infos En collaboration avec le laboratoire Abbott, Karine Lacombe vient d’élaborer un fascicule sur la sexualité des femmes séropositives. Il s’agit du premier volet d’une série intitulée « VIH au féminin » qui abordera les thèmes de la prévention, de l’adolescence et des femmes ménopausées. Disponible sur www.abbott.fr.

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de contaminer leur enfant grâce à la trithérapie. Mais le problème est souvent plus en amont, lors de la conception, notamment dans les couples qui ont en plus un problème de stérilité. Au lieu d’une simple insémination artificielle, il faut recourir à la fécondation in vitro, avec un protocole particulier pour se débarrasser du virus. Comme peu d’équipes la pratiquent en France, la liste d’attente est longue. C’est un vrai parcours du combattant pour les couples.

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être liées au VIH, mais aussi à un problème de libido, causé par le statut de personne malade. Et bien sûr, les problèmes concernent aussi la procréation : dans certains cas, cela peut être la peur de tomber enceinte, dans d’autres, la peur de ne pas tomber enceinte. Au final, la sexualité constitue un problème très courant chez les femmes séropositives.

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> ON EN PARLE

Des antibiotiques pour soigner l’appendicite ? Depuis 10 ans, on teste leur utilisation dans le traitement de cette maladie. Le point sur les recherches. PA R CO RI N N E TUTI N

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NE ÉTUDE RÉCEMMENT PUBLIÉE DANS

The Lancet (mai 2011) relance le débat. « Des résultats favorables ont été observés après la prise d’antibiotiques par des personnes qui ne pouvaient être opérées pour diverses raisons, explique le professeur Corinne Vons, chirurgien digestif à l’hôpital JeanVerdier de Bondy qui a conduit cette étude. En fait, l’appendicite fait très vraisemblablement intervenir une inflammation, puis une infection par des germes intestinaux, comme escherichia coli, de la paroi de l’appendice, un petit diverticule situé à la jonction de l’intestin grêle et du côlon. Or on sait déjà traiter par antibiotiques les inflammations qui se propagent à partir de la paroi du côlon sigmoïde. »

Quel traitement

chirurgical en 2011 ? Environ 90 000 appendicectomies sont pratiquées chaque année, le plus souvent par cœlioscopie. Elles requièrent une hospitalisation de 48 heures (24 heures dans des centres comme celui de Bondy). Attention, cœlioscopie ne signifie pas forcément cicatrice plus esthétique. Chez un sujet maigre, une incision de 2-3 cm par chirurgie conventionnelle est parfois plus jolie que celle provoquée par les 3 petits trous des trocarts. « Mais, dans le cas d’appendicites simples, certains chirurgiens expérimentent l’emploi d’un seul trocart », précise le docteur Frering. D’autres opérateurs continuent en France d’intervenir en incisant le ventre. Cela n’expose pas à un risque accru, les études internationales mettant en évidence des résultats équivalents entre les 2 méthodes.

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U N TR AITEM ENT EN CO R E E XPÉRI M ENTAL

L’étude menée par le professeur Vons chez 240 adultes n’est pas parvenue à montrer que les antibiotiques font aussi bien que la chirurgie parmi les malades. Ses résultats suggèrent « qu’il pourrait exister 2 sortes d’appendicites que le scanner différencie : la forme habituelle non compliquée (plus de 80 % des cas) correspondant à une simple infection de l’appendice, sensible aux seuls antibiotiques, et des formes compliquées (environ 20 % des cas) par accumulation de matière fécale (stercolithe) à l’intérieur de l’appendice. Ces dernières formes s’accompagnent de destruction et de rupture de la paroi de l’appendice (risque de péritonite par diff usion au péritoine) et exigent le recours au traitement chirurgical ». Aujourd’hui, d’autres travaux sont nécessaires pour proposer une antibiothérapie à certains malades. Peut-être en sera-t-il autrement d’ici une décennie ?

Appendicite comment la reconnaître ? « Le diagnostic d’appendicite, maladie qui touche en majorité des sujets de 10 à 20 ans mais aussi des adultes, est difficile, souligne le docteur Vincent Frering, chirurgien digestif à la clinique de la Sauvegarde à Lyon. Un ensemble de signes cliniques permet d’évoquer classiquement cette affection : langue blanche, fièvre aux alentours de 38 °C, douleur à droite, défense de l’abdomen à la palpation. Cependant, ces symptômes n’ont rien de spécifique et peuvent manquer. D’où l’intérêt de l’échographie et du scanner pour déterminer s’il faut opérer. En cas de doute, on doit consulter rapidement son généraliste, car on voit encore 10 à 20 % d’appendicites au stade de la péritonite. »

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COMMUNIQUÉ

RHINITES ALLERGIQUES SÉVÈRES :

VOUS AVEZ DIT DÉSENSIBILISATION ? Comme 75 millions de personnes dans le monde1, vous êtes peut-être atteint d’une rhinite allergique sévère qui vous gâche la vie. Éternuements fréquents, trouble du sommeil, baisse de la concentration : vous ne trouvez pas de solution à vos problèmes… Pour en finir avec ces symptômes gênants qui retentissent sur votre qualité de vie, il existe une solution simple : la désensibilisation – appelée aussi immunothérapie allergénique, un traitement de fond prescrit par un allergologue. Vous pensez encore que la solution se trouve dans les injections (piqûres) ? Aujourd’hui, la désensibilisation s’effectue, dans la majorité des cas, par voie sublinguale (traitement à déposer sous la langue).

Au quotidien, une maladie qui me gâche la vie ! Aujourd’hui, un Français sur quatre est atteint d’allergie respiratoire2. La rhinite allergique reste la manifestation la plus fréquente de cette pathologie. Elle provient d’une réaction anormale du système immunitaire au contact d’allergènes tels que les pollens ou les acariens (cf. encadré). Près de 15 à 20 %3 des personnes atteintes de rhinite allergique souffrent de la forme sévère de cette maladie. Outre les symptômes ressentis au quotidien (éternuements fréquents, obstruction nasale, démangeaisons du nez et des yeux,…), la rhinite allergique sévère engendre des troubles du sommeil, de l’humeur et de la concentration, dégradant ainsi la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Elle peut également compromettre l’apprentissage scolaire et l’efficacité au travail4. Vous faites peut-être partie des patients qui n’ont pas encore trouvé de solution efficace à leur gêne quotidienne.

Des spécialistes existent : consultez votre allergologue ! La rhinite allergique sévère ne s’améliore pas avec le temps. Bien au contraire ! Si elle n’est pas prise en charge le plus tôt possible, elle peut évoluer vers d’autres allergies5 ainsi que dans 40 % des cas, peut se développer en asthme6. Si vous présentez des symptômes allergiques, n’attendez pas pour consulter car des solutions

existent ! Les patients restent en moyenne cinq ans7 avant de trouver une solution adaptée à leur maladie. Demandez conseil à votre médecin généraliste. Il vous orientera vers un médecin allergologue pour réaliser un diagnostic précis et définir un traitement efficace, qui peut être mis en place dès le plus jeune âge. L’allergologue sera votre interlocuteur de choix pour votre allergie et son traitement.

Acariens, pollens, ces allergènes qui nous gênent… Les acariens vivent dans l’environnement domestique humide et chaud : matelas, moquettes, chaises, canapés, vêtements. On peut trouver jusqu’à 10 000 acariens par gramme de poussière, alors qu’il suffit de 100 acariens pour générer une sensibilisation et de 500 pour provoquer l’apparition des symptômes.9

Et si la solution tenait dans quelques gouttes sous la langue ? En habituant progressivement l’organisme aux allergènes auxquels il réagit, la désensibilisation est aujourd’hui le seul traitement efficace qui s’attaque à la cause de la maladie. Prescrits par les spécialistes en allergologie, les traitements de désensibilisation sont aujourd’hui à 80 % sublinguaux (traitements à déposer sous la langue). La désensibilisation est un traitement dont l’efficacité a été démontrée ; elle traite l’allergie à la source, ce qui permet la réduction des symptômes et de la prise de médicaments. Elle a également une action préventive, en évitant l’évolution de la maladie vers une polysensibilisation8… À vous une meilleure qualité de vie, sans allergie !

Les trois sources majeures de pollens allergisants dans la nature sont : les arbres, les graminées, et les herbacées. Les pollens provoquant des allergies respiratoires – 20 % d’entre eux10 – sont ceux transportés par le vent, car ils sont les plus nombreux dans l’air.

Pour en savoir plus sur les traitements de désensibilisation sublinguale, demandez conseil à votre médecin généraliste ou votre médecin allergologue.

1. Bousquet J. et al. Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma (ARIA). Allergy 2008: 63 (Suppl. 86): 8–160 2. Bauchau V, Durham SR, Prevalence and rate of diagnosis of allergic rhinitis in Europe, Eur Respir J 2004 ; 24 : 758-764 3. White P. et al. Symptom control in patients with hay fever in UK general practice: how well are we doing and is there a need for allergen immunotherapy? Clinical And Experimental Allergy. 1998 : 28 : 266-270 4. Bousquet J et al, Allergic Rhinitis and its impact on Asthma (ARIA) 2008 Update. GA2Len and Allergen). Allergy 2008 ; 63 (Suppl 86) ; 8-160 5. Ibid. 6. Ibid. 7. Migueres M. et al. Profils cliniques et de sensibilisation de patients ambulatoires consultant pour des allergies respiratoires – Enquête REALIS. CFA 2009. 8. Watelet JB. Rhinite et asthme : une voie respiratoire, une maladie ? Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique. 2008. (48). HS2 : 17 – 18 9. Pauli G, Bessot JC, de Blay F. Acariens et blattes. In Traité d’allergologie Vervloet D. et Magnan A. Ed. Médecine-Sciences Flammarion 2003; 37:489-502 10. Thibaudon M. Et al. Pneumallergènes polliniques. Dans traité d’allergologie. Ed. Médecine-Sciences Flammarion 2003 ; 33:409-40

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> LE DICO DE LA SANTÉ

L’allergie de A à Z L’allergie touche un tiers de la population française et devrait atteindre d’ici peu une personne sur deux selon l’Organisation mondiale de la santé, une raison suffisante pour s’informer. Voici un petit abécédaire afin de mieux appréhender cette épidémie moderne. PAR G H I S L AI N E AN D R É AN I

A comme Allergie, Allergène, Anticorps L’allergie est une réaction anormale de l’organisme au contact d’une substance étrangère (allergène) qui peut être inhalée, avalée, injectée ou touchée. Cette réaction met en jeu le système immunitaire et se traduit par la production excessive d’anticorps. Les allergènes sont des substances naturelles, inoffensives pour l’organisme humain mais capables de provoquer des réactions inadaptées, excessives et pathologiques chez les allergiques. En cause : les pollens des arbres (cyprès, bouleau, frêne, peuplier) de février à mai, les graminées de mai à juillet, les herbacées de juillet à octobre. Autres substances allergisantes : les animaux (cheval, chat). La poussière (moisissures, acariens). Le nickel présent dans les bijoux fantaisie, les piercings, les pièces de monnaie, les aliments : œuf, fruits, oléagineux, ombellifères (persil, fenouil, céleri, carotte), fruits de mer, crustacés et poissons.

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B

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comme Bronchodilatateur

comme Désensibilisation

Cette substance provoque le relâchement des fibres musculaires bronchiques et la dilatation des bronches (augmentation du diamètre). Son rôle : diminuer la gêne respiratoire au cours de crises d’asthme.

L’immunothérapie spécifique (ITS) est le procédé par lequel on arrive à prévenir et à soigner l’allergie. L’objectif est d’habituer progressivement l’organisme à des doses croissantes d’allergène afin de créer une tolérance. Ce traitement peut être administré sous deux formes. La voie sous-cutanée (injections du vaccin allergénique en doses croissantes pendant une durée maximale de 3 mois). La voie sublinguale (gouttes ou comprimés) à faire fondre pendant 2 minutes sous la langue pendant une dizaine de jours. Pour être efficace le traitement nécessite de la rigueur. La durée optimale d’une désensibilisation est de 3 à 5 ans, mais dès la première année l’allergie s’atténue.

C comme Croisées (allergies) Lorsqu’un aliment contient une protéine semblable à celle d’un allergène ou qui lui ressemble par sa structure moléculaire, les anticorps spécifiques de cet allergène peuvent se mettre en action. Ainsi lorsqu’on est allergique à un aliment, on l’est souvent à d’autres de la même famille. Une personne allergique aux amandes peut l’être aux noix, noisettes, pistaches qui appartiennent à la famille des oléagineux. Il en est de même avec les légumineuses (soja, pois, haricots, lentilles) et certains fruits comme l’abricot, la cerise, la pêche, la poire ou la prune. Aujourd’hui, les allergies croisées sont de plus en plus fréquentes. La moitié des personnes allergiques, par exemple, aux pollens de bouleau, d’aulne présentent aussi des réactions à la pomme, la pêche et la noisette.

E comme Éviction Elle consiste à supprimer le contact avec l’allergène responsable. C’est possible pour les animaux, la poussière, les substances médicamenteuses (aspirine, pénicilline), mais difficilement réalisable pour les pollens par exemple. Cependant, concernant les animaux, des études semblent démentir cette règle. Les côtoyer pourrait induire

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S une tolérance. Les enfants de fermiers sont moins allergiques que ceux des villes car les fermes regorgent de bactéries. Celles-ci contiennent des endotoxines qui déclenchent des crises d’asthme si on les inhale. Les rencontrer tôt agirait comme un désensibilisant naturel. Toutefois, avant confirmation, la prudence est de rigueur.

comme Symptômes de la famille proche sont allergiques. En fait, les enfants ne seront pas forcément réactifs au même allergène que leurs parents, c’est la sensibilité qui se transmet et non l’allergie. S’il n’existe aucune prédisposition, le risque d’être allergique est de 15 %.

Ils peuvent être cutanés (eczéma de contact, dermatite atopique, urticaire). Pulmonaires (asthme, pneumopathie). Oculaires (conjonctivite, kératite). Oto-rhino-laryngologiques (rhinite, sinusite). Digestifs (vomissement, diarrhée). Hématologiques (anémie).

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I

T

comme Fausse allergie

comme Immunoglobines

comme Tests

Manifestation symptomatique analogue à une manifestation allergique, mais ne mettant pas en jeu une réaction immunologique avec production d’anticorps IgE. Seul l’allergologue est à même de différencier ce type de symptôme.

Famille de protéines à laquelle appartiennent les anticorps. On compte cinq classes d’immunoglobines ou anticorps (IgM, IgG, IgA, IgD, et IgE). Elles sont présentes dans le sérum et les compartiments liquidiens de l’organisme. L’anticorps spécifique de l’allergie est une gammaglobuline nommée IgE que l’on trouve en abondance dans le sang.

Les tests « in vitro » sont des examens effectués en laboratoire à partir de prélèvements de liquides biologiques (urine, salive et sang en ce qui concerne l’allergie). Les tests « in vivo » sont pratiqués sur un organisme vivant (tests cutanés par exemple). En pratique, les tests cutanés consistent à mettre en contact les substances soupçonnées (pollens, aliments) avec la peau. Les tests sanguins mesurent la concentration d’IgE spécifiques à telle ou telle substance. L’allergologue, après un interrogatoire précis et selon les résultats des tests, peut poser son diagnostic.

G comme Granulation Lieu de stockage des médiateurs de l’allergie. Les médiateurs sont des substances chimiques, comme l’histamine, libérées sous l’influence de la rencontre antigène-anticorps.

H comme Hérédité Il existe une prédisposition génétique à l’allergie mais tout n’est pas écrit d’avance. Le risque pour un enfant est de l’ordre de 40 % si l’un de ses parents est allergique, de 60 % si son père et sa mère le sont. Et de 75 % si ses deux parents et un membre

M comme Médicaments Il existe des médicaments anti-allergiques (corticoïdes, antihistaminiques, antiinflammatoires puissants) qui peuvent diminuer l’intensité d’une crise ou l’enrayer. Il existe également des médicaments préventifs dans les cas d’allergie au pollen par exemple. Les traitements pharmacologiques n’agissent que sur les symptômes de l’allergie. La désensibilisation (traitement de fond) agit sur le système immunitaire en le rééquilibrant.

Z comme Zen Le rester. Dès que des signes évocateurs (éternuements, larmoiements) se répètent, il est judicieux de consulter. Le médecin pourra vous orienter auprès d’un allergologue en s’aidant d’autres spécialistes (pneumologues, dermatologue, ORL). Identifier le ou les allergènes responsables dès les premières manifestations allergiques permet un traitement adéquat. Plus le traitement est précoce, plus la chance de guérison est importante et la qualité de vie améliorée. WWW. PA U S E S A N T E . F R

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> L’INNOVATION THÉRAPEUTIQUE

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ES PRINCIPAUX ANTICOAGULANTS

sont les héparines et leurs dérivés qui, en injections sous-cutanées ou intraveineuses, agissent directement sur la coagulation du sang. Quant aux antivitamines K (AVK), dérivées de la coumadine, de la warfarine ou de la fluindione, administrées par voie orale, elles inhibent une étape de la synthèse de certains facteurs de la coagulation. Leur délai d’action est plus long que celui de l’héparine. Ces médicaments permettent d’améliorer considérablement le pronostic de nombreuses affections en prévenant le risque de formation de caillot (thrombose), d’embolie (obstruction brutale). Ils sont prescrits à titre préventif ou curatif. Les indications sont légion : artérite, phlébite (thrombose veineuse), thrombose et embolie artérielle, intervention chirurgicale, alitement prolongé, immobilisation d’un membre inférieur (port de plâtre, prothèses) et lors de certaines maladies cardiaques : infarctus, troubles du rythme cardiaque (fibrillation auriculaire), accident vasculaire cérébral. Cependant, pour éviter les effets secondaires, les patients sont contraints à une surveillance régulière (prise de sang). Ils doivent veiller aux interactions médicamenteuses. Suivre un régime particulier (consommation limitée de choux, brocolis, crudités). Surveiller les saignements spontanés des gencives, du nez, des voies urinaires, la formation d’hématomes. Et s’interdire la pratique de sports à risque : boxe, rugby... 24

3 molécules (dabigatran, rivaroxaban, apixaban) font leur entrée dans la panoplie des anticoagulants. Leurs atouts : efficaces, bien tolérés, plus simples d’utilisation, ils ne nécessitent pas de contrôles biologiques réguliers et présentent moins d’interactions médicamenteuses. Un bénéfice incontestable tant pour la santé que pour la qualité de vie du patient. Bien sûr, une surveillance médicale s’impose toujours notamment chez les personnes âgées. Actuellement, en France, le dabigatran, premier anticoagulant oral, est le seul à disposer

orthopédique programmée de la hanche et du genou : le rivaroxaban en 2009 et l’apixaban en mai 2011, mais cette dernière n’est toujours pas commercialisée. Selon les études et les essais cliniques réalisés, l’efficacité est supérieure au traitement administré par injection sous-cutanée. Un intérêt indéniable car la maladie thromboembolique veineuse apparaît en chirurgie orthopédique chez près de 50 % des patients qui ne reçoivent pas de traitement préventif. La seconde AMM, pour la prévention des accidents vasculaires cérébraux et embolies chez

Nouveaux anticoagulants un réel progrès pour les patients Employés pour fluidifier le sang afin d’éviter la formation de caillots, de nouveaux anticoagulants prennent place dans l’arsenal des traitements. Zoom sur ces nouvelles molécules. PAR GHISLAINE ANDRÉANI

de deux AMM (autorisations de mise sur le marché). L’une reçue en 2008, pour la prévention des thromboses lors des interventions de la hanche et du genou, l’autre accordée en août 2011 pour le traitement préventif des accidents vasculaires cérébraux liés à la fibrillation auriculaire. Plus de 750 000 Français sont concernés et ce chiffre augmente chaque année en raison du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie. Quant aux deux autres molécules, le rivaroxaban et l’apixaban, elles ont obtenu une AMM dans le cadre de la chirurgie

les patients atteints de fibrillation atriale et présentant un ou plusieurs facteurs de risque, comme l’insuffisance cardiaque congestive, l’hypertension, le diabète, est attendue pour le rivaroxaban début 2012. Selon le professeur Jean-Yves Le Heuzey, cardiologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou, « ces trois molécules sont intéressantes. Leur emploi ne nécessite pas de prises de sang régulières. La surveillance est moins contraignante et leur efficacité réduit les effets secondaires tel le risque d’hémorragies, notamment intra-craniennes. Il s’agit d’une véritable innovation thérapeuthique. » ●

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Hospitalisés pour une rougeole?

L’épidémie de rougeole qui sévit en France depuis 2008 s’est considérablement intensifiée depuis fin 2010 (1)

FR/VAC/0016c/11 Septembre 2011 © Laboratoire GlaxoSmithKline

C’est le cas près d’ 1 fois sur 2 chez les plus de 20 ans!(1)

Avec 2 doses de vaccination (2) stoppons l’épidémie. Demandez conseil à votre médecin ou pharmacien. (1) InVS, Epidémie de rougeole en France : données de déclaration obligatoire en 2010 et données provisoires pour début 2011 (2) Le calendrier vaccinal variant en fonction des cas, parlez-en à votre médecin. Calendrier vaccinal en vigueur : www.invs.sante.fr http://sante.gsk.fr

Cutterguide: No Printing Process: Offset GD: SV 25535

Size: 200X270 mm Pages: 1 Colors: C M Y K (4 Colors) Native File: Quark Xpress 7.3 Windows Generated in: Acrobat Distiller 9.0


> L’ACTUALITÉ DE LA SANTÉ

Des chercheurs américains (Harvard Med School, Boston, USA), en collaboration avec Claude Gronfier, chargé de recherches à l’Inserm, viennent de révéler qu’indépendamment de l’âge, l’horloge biologique des femmes avance plus rapidement que celle des hommes : la durée du cycle circadien (24 heures) est en moyenne plus court de 6 minutes. Ils ont également conclu que les femmes avaient 2,5 fois plus de chance d’avoir un rythme circadien inférieur à 24 heures. Ce résultat pourrait expliquer pourquoi elles se réveillent en moyenne plus tôt. En effet, si le réajustement n’est pas effectué, leur horloge prend un peu d’avance chaque jour et elles ont envie de se coucher et de se lever plus tôt que la veille. Ce qui n’a pas lieu dans la pratique, car elles se couchent plus tard et se réveillent plus tôt. « Cette désynchronisation entraînerait une diminution de la durée du sommeil et des difficultés à s’endormir. Raison pour laquelle l’insomnie touche moitié plus de femmes que d’hommes. Connaître cette différence devrait permettre, précise Claude Gronfier, d’adapter les stratégies thérapeutiques (photothérapie, mélatonine…) actuellement utilisées pour traiter les troubles du sommeil. On pourrait par exemple moduler l’heure d’administration et la dose selon le sexe. »

Les femmes sont de plus en plus concernées par les maladies respiratoires et plus particulièrement par la bronchite obstructive. En cause l’augmentation de la consommation de tabac. Non traitée, la BPCO provoque un essoufflement, une dégradation respiratoire et pulmonaire. Elle peut évoluer vers une insuffisance respiratoire chronique irréversible et menacer le pronostic vital. La Fédération française de pneumologie et le laboratoire Aztra Zeneca ont décidé d’agir. Ils organisent durant 4 jours des ateliers animés par des médecins et différents spécialistes du souffle : pneumologue, tabacologue, kiné. Rendez-vous à Paris le 19 novembre, à Bordeaux le 26 novembre, à Lyon le 3 décembre et à Lille le 10 décembre. www.prenezletempsdesouffler.com

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PAR GHISLAINE ANDRÉANI

À bout de souffle

© Stéphane de Bourgies (www.bourgies.com)

L’insomnie féminine expliquée

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ujourd’hui en France, on recommande le frottis à toutes les femmes de 25 à 65 ans, tous les trois ans, pour détecter des dysplasies (cellules précancéreuses) ou un cancer. Ensuite, en cas d’anomalie, on effectue des examens complémentaires pour envisager un traitement adapté. Ce dépistage systématique a permis de diminuer la mortalité, mais il se révèle insuffisant, puisqu’on dénombre encore 3 000 cancers

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et presque 1 000 décès chaque année. Faits d’autant plus regrettables que « le cancer du col de l’utérus est totalement évitable » selon le docteur Joseph Monsonego. « En effet, le frottis, explique-t-il, même s’il a fait la preuve de son efficacité à limiter l’incidence du cancer du col, demeure une technique encore approximative. Seul le test viral, s’il était systématiquement effectué en première intention, permettrait d’attirer l’attention sur les femmes réellement

à risque. » Ce test qui détecte les papillomavirus humains permet avec précision en une seule étape d’identifier les génotypes agressifs (16 et 18) et de les détecter plus précocement qu’avec le frottis. Il s’adresse aux femmes à partir de 30 ans et peut, s’il est négatif, être réalisé tous les 3 ans. Autorisé aux États-Unis, il devrait permettre de sauver des vies. À quand la combinaison systématique du frottis et du test pour s’assurer d’un risque quasi nul de développer un cancer du col de l’utérus ?

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Dépister le cancer du col de l’utérus


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Fini les traits crispés, les sourires figés, les visages momifiés, l’heure est au teint frais et lumineux. PAR LUC B I ECQ

look Fresh

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Une jolie peau, c’est d’abord une peau nourrie, sans sécheresse ni tiraillements. Les actifs hydratants, aux propriétés dites hygroscopiques, retiennent l’eau, afin de maintenir ou d’augmenter sa présence dans la peau. Ils sont inclus dans toutes les crèmes. Le geste hydratant est à lui seul un anti-âge, mais comme le remarque François Daniel, dermatologue et co-auteur du Micro Dico Dermato (Larousse) : « L’hydratation est l’un des moyens de lutte contre le vieillissement cutané, mais cette protection relative ne peut pas être chiff rée. » Parce que le vieillissement est lié à divers facteurs comme le soleil, l’alimentation, le tabac. La crème est donc un outil efficace parmi d’autres.

Une crème peut affiner le grain de peau et donner une apparence plus jeune grâce à des actifs comme les acides de fruits, la vitamine A acide,

la vitamine C ou le rétinol, mais elle ne lifte pas. Son action ne s’étend pas aux muscles. Selon Myriam Cohen, pharmacienne et auteur de Tout savoir sur vos produits de beauté (Flammarion), l’innovation vient parfois de la gestuelle et des outils comme la bille : « Elle stimule la micro-circulation, décongestionne et draine. » La bille aide aussi à faire pénétrer les actifs à leur juste quantité. Les chercheurs du groupe Pierre Fabre recommandent 0,5 ml de crème hydratante pour un visage complet, soit trois têtes d’épingle. Enfin, les récepteurs sensoriels situés dans le derme sont très sensibles au toucher. Ils adorent être chouchoutés, le plaisir fait aussi partie de la panoplie anti-temps.

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accompagne Chaque jour, Dessine-moi un mouton /Sida : familles, les personnes touchées par le VIH

- Photo : Christian Kettiger

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> TENDANCE BIEN-ÊTRE

la lumière c’est l’énergie DÈS QUE LE JOUR SE MONTRE, N’HÉSITEZ PAS À OUVRIR EN GRAND LES FENÊTRES ET PRENEZ UN BAIN DE LUMIÈRE. Elle donne

de l’énergie, disperse les tensions et régule l’humeur en déclenchant la sécrétion de cortisol (l’hormone anti-stress). Enfin, en s’opposant à la sécrétion de mélatonine le jour, elle améliore le sommeil et l’endormissement pendant la nuit.

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Comment faire ? Installez-vous confortablement, les yeux fermés, la respiration calme mais active, 1 à 3 fois par jour pendant 4 à 10 minutes dehors (balcon, terrasse, pelouse). Installez votre bureau, votre canapé, votre table près des fenêtres pour bénéficier de la lumière.

Le carré d’as anti-stress Kinésithérapeute et ostéopathe, Gil Amsallem est aussi l’inventeur de techniques de massages. Il nous livre ses conseils pour passer un hiver en toute sérénité. PAR PASCAL TURBIL

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FLUIDE ET SOUPLE PLUTÔT QUE RAIDE ET TENDU, TOUT LE MONDE EN RÊVE.

Comment faire ? À votre réveil, à tout moment de la journée, le soir avant de vous coucher, prenez le temps de vous étirer. Levez les bras et ouvrez le thorax en élevant les mains au-dessus de la tête en tirant vers le ciel. Il faut garder un étirement au moins 5 secondes pour permettre aux muscles de se décontracturer et aux articulations de se décomprimer. 32

Tournez le bassin et les hanches, façon “hula hoop” dans les deux sens une dizaine de fois, en respirant calmement. Étirez l’arrière des cuisses (les ischio-jambiers) en posant le talon sur une table ou un meuble (70 cm à 1 m). Allongez la jambe, le genou tendu, les mains sont posées au niveau du genou ou du pied en fonction de votre souplesse. Il est nécessaire de souffler au moment de l’étirement, de le maintenir au moins 5 secondes et de le répéter au moins 3 fois avant

de passer à l’autre jambe. Il permet de diluer les tensions musculaires et de réorganiser les lignes énergétiques (les méridiens). Il restaure la liberté dont le corps a besoin pour mieux vivre. Buvez un peu d’eau après ces exercices. Et, pour n’oublier aucun muscle, travaillez méthodiquement du bas vers le haut (ou le contraire).

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les étirements c’est la fluidité

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l’automassage c’est la liberté LA RÉFLEXOLOGIE EST UNE TECHNIQUE TRÈS EFFICACE CAR ELLE AGIT SUR LA TOTALITÉ DE L’ORGANISME,

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CORPS ET ESPRIT. Dans le pied, il existe plus de 7 000 terminaisons nerveuses, reliées à toutes les régions du corps par l’intermédiaire de la moelle épinière et du cerveau. En massant nos pieds et nos mains, nous stimulons d’une façon efficace les systèmes physiologiques de l’organisme : circulatoire, glandulaire, veineux. La réflexologie plantaire n’est pas un remède miracle, mais un moyen d’aider l’organisme à retrouver l’équilibre. Comment faire ? Il s’agit de travailler et d’assouplir les muscles et les articulations. Pour le pied, insistez sur le massage des orteils en relation avec la tête, les yeux, et particulièrement des gros orteils, zones réflexes correspondant à l’hypothalamus qui participe à la régulation du stress. Le massage du talon apaise les tensions du bas du dos et favorise le sommeil. En massant la voûte plantaire, c’est le ventre qui en profitera, ce massage permet de le « déspasmer ». Massez aussi le centre de la main et tous les doigts, massez chaque avantbras. Massez les pieds et ou les mains au moins 6 à 10 minutes, lentement et profondément.

L’INVENTEUR DU “MASSAGE BALLON” Gil Amsallem n’hésite pas à utiliser des accessoires dès lors qu’ils favorisent la détente et l’énergie, qu’ils aident à dynamiser les flux. Après les pierres froides ou le bambou, il propose aujourd’hui le massage « ballon » dans les instituts Thalgo, des massages aux ballons d’eau tiède. « J’ai mis beaucoup de temps à trouver une texture suffisamment douce et agréable et j’ai aussi joué sur le son. Le bruit de l’eau pendant le déplacement du ballon aide à la décontraction et la chaleur de l’eau apaise immédiatement. »

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la respiration c’est vital IMPOSSIBLE DE VIVRE SANS RESPIRER,

MAIS ON PEUT VIVRE MAL EN RESPIRANT MAL.

Comment faire ? Buvez un peau d’eau, allongez-vous sur un lit, les jambes repliées avec un coussin sous les genoux. Fermez les yeux. Respirez par le nez, sans forcer. Le plein d’air s’effectue en 4 à 8 secondes, déglutissez et expirez lentement par le nez, l’expiration s’effectue en 5 à 30 secondes. L’objectif est de souffler le plus longtemps et le plus lentement possible. Posez les mains sur le ventre. Au moment de l’inspiration il se gonfle, lors de l’expiration il se relâche. Souvent, la poitrine et le thorax sont mobilisés par le jeu respiratoire, mais il s’agit ici de porter son attention sur la respiration abdominale. L’activité du diaphragme régule le système nerveux, le système lymphatique sera stimulé grâce au pompage respiratoire, les yeux fermés apporteront apaisement et détente. Répétez cet exercice plusieurs fois par jour. Buvez de l’eau régulièrement. Dans la journée, vous pouvez aussi marcher tranquillement en inspirant calmement sur 5 pas, puis en soufflant lentement sur 10 à 30 pas. WWW. PA U S E S A N T E . F R

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> BEAUTÉ SUR ORDONNANCE

Petits défauts, grands complexes

un plan anti-taches

Comment traiter les cicatrices, les vergetures, les taches et la couperose ? Un dermatologue fait le point sur les techniques les plus efficaces.

Nous les devons à un abus de soleil et elles peuvent apparaître chez des personnes entre 20 et 35 ans, même si elles sont plus courantes chez les plus de 50 ans. Le lentigo (la tache) s’éclaircit quelque peu avec des crèmes aux acides de fruit et avec des soins au rétinol pur, sur prescription. Cela nécessite du temps et de la patience. Une petite tache peut être traitée à l’azote liquide, avec une pommade ou une seule séance de laser. Les peelings, qui s’attaquent aux pigments (acide kojique ou salicylique), sont réservés aux grandes surfaces, quand le visage est parsemé de taches. Et pour le masque de grossesse ? « On le stabilise, mais on ne le guérit pas », regrette le dermatologue. À l’application quotidienne régulière d’une crème (pendant au moins un an) avec un indice de protection solaire, de 15 à 50 selon la saison, s’ajoute un soin traitant.

PAR LUC B I ECQ

objectif zéro cicatrice LES CICATRICES SONT DES RÉACTIONS FIBREU SES DE L A PEAU. Elles s’effacent dans 80 % des cas. Pour un front barré d’une cicatrice verticale, le docteur Cartier, dermatologue, cumule les techniques : il « détend » le front en injectant de la toxine botulique. Parfois, ce geste suffit. Quand ce n’est pas le cas, il lisse avec un laser dit ablatif ou, quand la cicatrice a subi une inflammation, un laser vasculaire. Quant aux cicatrices d’acné, il est possible de les « soulever » avec une pointe d’acide hyaluronique ou de pratiquer un peeling léger, non remboursé.

Elles peuvent apparaître chez l’adolescent qui a grandi trop vite, la femme enceinte, celui ou celle qui a perdu du poids. « Il n’existe pas de traitement miracle », prévient le dermatologue. Les vergetures blanches, dites de croissance, se traitent avec un laser colorant pulsé. Les rouges, inflammatoires, se traitent à la lumière pulsée, au laser vasculaire ou au laser ablatif ou encore au peeling chimique. Quand elles sont larges et violines sur une peau très fine, le dermatologue mélange les techniques mais confirme « que l’on réduit plus que l’on n’efface ». Ces techniques coûtent de 70 à 200 € la séance, sans remboursement. Le nombre de séances dépend de la taille des vergetures.

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éservée à des petits vaisseaux, l’électrocoagulation reste une solution qui impose plusieurs rendez-vous. Le docteur Cartier préconise plutôt un laser colorant pulsé (à partir de 150 € la séance, deux suffisent pour une couperose légère). Si les crèmes préviennent et protègent, elles ne traitent pas. Attention, il faut savoir que le laser n’est pas sans effets secondaires : 4 ou 5 jours avec une peau rouge et gonflée, jusqu’à 15 jours avec une ecchymose (un bleu, très visible) quand la couperose est étendue. « Il faut prévoir que l’on ne pourra pas sortir pendant quelques jours », prévient le dermatologue.

© Veronica Davies / Istockphoto

l’exception des vergetures

une couperose atténuée

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À lire La Pomme de terre de la Renaissance au XXIe siècle, sous la direction de Marc de Ferrière Le Vayer et de Jean-Pierre Williot, Presses Universitaires de Rennes. Presses Universitaires François-Rabelais de Tours.

Elle n’a ni queue ni tête, tient dans le creux de la main mais n’y reste guère. On la jette dans l’eau ou l’huile bouillante. La pomme de terre connaît toutes les vicissitudes d’une mal-aimée. Pourtant… Que de bouches souriantes après avoir dégusté une cuillère de purée bien crémeuse ; que de bouches rieuses après avoir picoré du bout des doigts quelques frites croustillantes ! Il faut la nourrir de lait, de crème ou de gras pour qu’elle dévoile enfin tous ses talents. Sa malléabilité n’a d’égale que son affabilité. La pomme de terre est une éponge végétale qui fait siens tous les apprêts, tous les masques, tous les déguisements. Elle est la Reine des transformistes, le Fregoli de la cuisine. Actrice née, elle peut jouer tous les rôles. Sur scène, elle ferait un malheur ! Vous la voulez bouillie, sautée, écrasée, en robe des champs ou gratinée, serrée dans un corset de friture ou emprisonnant des bulles d’air ? Elle se soumet avec bonhomie à vos plus secrets désirs de gourmand metteur en scène. Mais ne vous y fiez pas : la pomme de terre a des convictions bien ancrées. Celle qu’on a voulu nommer « la Parmentière » a refusé la particule ; fille du peuple, elle veut assurer le bonheur de chacun. Pin-up du coin de la rue, la pomme de terre est peut-être moins une courtisane que notre véritable Marianne. Marylin Monroe pose dans une robe coupée dans un sac de pommes de terre de l’Idaho © Bettman/Corbis

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Bouillie, sautée, écrasée, elle joue tous les rôles


Misères et splendeurs de la

pomme de terre

Élément majeur de notre patrimoine culinaire, la pomme de terre oscille entre globalisation et terroirs. Enquête sur la petite reine, souvent malmenée, de notre alimentation. PAR MARIE-CHRISTINE CLÉMENT

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RIGINAIRE DES ANDES,

rapportée par les Conquistadores, il faudra cependant attendre le XVIIIe siècle et quelques humanistes convaincus pour que la pomme de terre commence à s’imposer. Mais ce n’est véritablement qu’avec Antoine Augustin Parmentier et la Révolution française qu’elle gagnera ses lettres de noblesse. Pharmacien militaire, Parmentier va consacrer sa vie à sa promotion. Convaincu de ses formidables possibilités, il organise en 1787 aux Invalides un « Menu tout pomme de terre » où elle sera présentée frite, panifiée et même en succédané de café. Autour de la table, il convie des personnalités de l’époque dont l’Américain Thomas Jefferson qui emportera dans ses bagages la recette d’une certaine frite.

que la culture de la pomme de terre s’impose. À défaut de brioche, la Convention distribuera en 1794 des plants de pomme de terre au peuple français. Les variétés se diversifient. « À partir du moment où l’on dispose de plusieurs variétés, les consommateurs peuvent faire une distinction salutaire entre celles pour les cochons et celles pour les hommes *». Consécration, en 1795, paraît La Cuisinière républicaine de Mme Mérigot, qui ne contient pas moins de 32 recettes à base de pommes de terre. UNE CENTAINE D’ANNÉES PLUS TARD, L A POMME DE TERRE EST L’ALIMENT DE BASE DU RÉGIME EUROPÉEN . Sans elle, le dévelop-

PARMENTIER PL AIDE AUSSI L A CAUSE DU TUBERCULE À L A COUR .

Marie-Antoinette arbore des fleurs de pomme de terre sur ses chapeaux, Louis XVI les porte à sa boutonnière et la famille royale consomme purées et hachis. Mais il faut attendre 1789 et les disettes de l’hiver 1788 pour

pement démographique et la révolution industrielle du XIXe siècle n’auraient pu avoir lieu. En réduisant les disettes et en gagnant progressivement potagers et cuisines, elle permet une expansion économique sans précédent. Le Guide culinaire d’Auguste Escoffier (1902) ne contient pas moins de soixante WWW. PA U S E S A N T E . F R

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> LA POMME DE TERRE

recettes de garnitures de pomme de terre. Elle attire bientôt l’attention des industriels qui inventent le « flocon » de pomme de terre.

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UNE FOIS ACCLIMATÉE EN EUROPE ,

elle regagne le continent nord-américain. La « pomme Pont-Neuf », qui faisait le bonheur des ouvrières et des vendeuses des grands magasins parisiens à la fin du XIXe siècle, nous revient aseptisée par Mac Donald’s. Au début des années 1960, rebaptisée French Fries, elle part à la conquête du monde coachée par le duo de choc McCain, qui assure la production et met en œuvre un processus révolutionnaire de congélation, et McDonald’s qui assure la distribution. Leur implacable système va influencer le système mondial de production, depuis la sélection des variétés jusqu’à la rationalisation des systèmes d’irrigation, la logistique de la chaîne d’approvisionnement et la codification des gestes de cuisson. Par cette standardisation et cette globalisation, la frite devient le « symbole ou facteur de l’intensification du processus d’américanisation** ». SON ADAPTABILITÉ À TOUS LES CLIMATS

et sa relative fadeur qui lui permet de s’associer à de nombreuses préparations en font un produit quasi universel. Mais hormis l’Union Européenne qui, dans sa globalité reste le premier producteur mondial, depuis 1993, l’autre grand producteur mondial est la Chine devant l’Inde et la Russie avec la variété Kexin 1, obtention 38

Une pomme de terre pour chaque usage POUR LES CUISSONS À LA VAPEUR OU À L’EAU, pour des salades, raclettes ou choucroutes, ou pour des pommes de terre rissolées ou sautées à la poêle, privilégiez les pommes de terre à chair ferme : amandine, belle de Fontenay, BF 15, charlotte, franceline, roseval.

chinoise, variété la plus plantée au monde. Alors que la FAO rappelle qu’il faudra nourrir 9 milliards d’hommes en 2050, la culture de la pomme de terre est un enjeu primordial. Son rendement important est un atout incontestable. Après avoir sauvé l’Europe de la disette, va-t-elle sauver le monde ? ● * Florent Quellier, La Table des Français, une histoire culturelle, PUR, 2007. ** Sous la direction de Marc de Ferrière Le Vayer et Jean-Pierre Williot, La Pomme de terre de la Renaissance au XXIe siècle.

POUR DES CUISSONS AU FOUR OU EN COCOTTE, en robe des champs ou en gratins, choisissez des pommes de terre à chair fondante : l’agata, la monalisa ou la samba. POUR LES PURÉES, LES POTAGES OU LES FRITES, préférez l’agria, la bintje, la caesar, la panon ou la Marabel, des pommes de terre à chair farineuse. POUR SURPRENDRE VOS CONVIVES, choisissez des variétés originales comme la vitelotte à chair violette, la corne de Gatte, la bleue d’Auvergne, l’œil-de-perdrix ou la blue belle.

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RECETTES GOURMANDES Croquettes de pommes de terre aux amandes Ingrédients pour 4 personnes > 6 pommes de terre de type amandine > 75 g d’amandes effilées > 2 œufs > 1 litre d’huile d’arachide Préparation > Épluchez et cuisez les pommes de terre dans de l’eau bouillante salée. Passez-les en purée, assaisonnez et ajoutez 1 jaune d’œuf. > Confectionnez des quenelles entre 2 cuillères, enrobez-les dans l’autre œuf battu puis dans les amandes. Fixez les amandes avec les doigts si nécessaire.

Salade de pommes de terre à la pomme

> Chauffez votre huile à 175 °C. Plongez-y vos croquettes quelques secondes pour les faire dorer puis égouttez-les. Salez selon votre goût.

Ingrédients pour 4 personnes > 4 pommes de terre de type charlotte > 1 pomme royal gala > 1 petit cœur de céleri > 20 cl de crème fleurette citron > 1 cuillère à café de moutarde > 1 endive

Soufflé de pommes de terre Ingrédients pour 4 personnes > 5 grosses pommes de terre pour purée > 3 œufs > 20 cl de crème fleurette > 100 g de comté râpé > 25 g de beurre Préparation > Cuisez les pommes de terre dans de l’eau salée. Passez-les au presse-purée puis ajoutez la crème bouillie. > Mélangez avec les 3 jaunes d’œufs et le comté râpé. Montez en neige ferme les 3 blancs et incorporez-les délicatement à la purée. > Versez l’appareil dans un plat à gratin beurré. Mettez à cuire dans un four préchauffé à 180 °C (thermostat 6). Servez aussitôt.

Préparation > Épluchez les pommes de terre. Coupez-les en rondelles de 3 mm d’épaisseur. Cuisez-les dans de l’eau bouillante salée. Laissez-les un peu fermes. Égouttez-les. > Épluchez et taillez la pomme en petits dés. Faites de même pour le céleri et l’endive. Conservez les pluches de céleri. > Mélangez la crème, le jus de citron et la moutarde. Salez selon votre goût. > Mélangez délicatement les pommes de terre, les légumes et l’assaisonnement à la crème dans un saladier. Dressez sur une assiette et décorez de pluches de céleri.

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> SAVEUR & NUTRITION

Le café, élixir ou poison ? 9 Français sur 10 en boivent régulièrement. Pour la plupart, c’est un plaisir, pour d’autres une véritable drogue. À son sujet, on a dit tout et son contraire. Alors, toxique ou bénéfique le petit noir ? PAR G H I S L AI N E AN DR É AN I

NEUROBIOLOGISTE Astrid Mehlig

(Inserm de Strasbourg), la caféine agit comme « une substance médicamenteuse ». Elle stimule des zones bien précises du cerveau : celles de la locomotion et du cycle du sommeil. Conséquence : le sommeil est plus court et moins réparateur. Mais boire du café ne provoque pas de dépendance psychique. On n’est pas accro au point de tout faire pour s’en procurer. En fait, on s’y accoutume. Une chose est sûre : on ne le supporte pas tous de la même façon et, pour l’heure, il n’existe aucune explication rationnelle. Au-delà de cinq tasses par jour, on est considéré comme un buveur chronique. Si l’on cesse d’en boire du jour au lendemain, on est comme en manque. Les médecins appellent cela « le syndrome de sevrage ». Il s’accompagne parfois de maux de tête, sensations de fatigue, nausées, somnolence, douleurs muscuEntre l’arabica et le robusta, la teneur laires. Mais ce sevrage est de en caféine va du simple au double. courte durée : environ 48 heures. L’arabica en contient 50 mg environ, Une dépendance qui n’a donc le robusta 100 mg. Le café décaféiné rien à voir avec les drogues dures. 5 à 10 mg par tasse. Les risques d’intoxication sont Une tasse de 150 mg de thé en peu probables. Il faudrait absorber 5 à 10 grammes de caféine, apporte 30 à 50 mg, de chocolat soit 50 à 100 tasses de café, pour 10 mg. Un verre de Coca 25 mg risquer l’overdose. Cependant, environ (entre 60 et 73 mg par litre). dès que la consommation est 100 g de chocolat noir de 20 excessive (supérieure à 7 ou 8 à 200 mg. 100 g de chocolat au lait de 4 à 40 mg. Un éclair au café, 10 mg. tasses par jour) les signes d’alerte apparaissent : palpitations, Un bonbon au café, 2 mg.

caféine faites vos comptes

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Crus d’exception, goût intense, facilité d’utilisation, les dosettes Nespresso ont révolutionné, avec l’aide de l’acteur George Clooney, la consommation de café un peu partout dans le monde.

nervosité, tremblements, angoisse, soubresauts musculaires. En résumé, le café n’est pas une drogue, mais il faut modérer sa consommation. À raison d’une ou deux tasses par jour, l’élévation de la tension est quasi nulle, celle du cholestérol n’est pas significative et le taux de glycémie (taux de sucre dans le sang) n’augmente pas. Il n’existe pas de lien entre les problèmes coronariens et une sage consommation. En revanche, le tabac ou le verre d’alcool qui l’accompagnent sont nocifs pour le cœur. IL POSSÈDE DES VERTUS AVÉRÉES

Substance psychostimulante, la caféine, sans excès, augmente la vigilance. Elle améliore les capacités d’attention et de mémorisation en masquant la fatigue. Elle est douée de nombreuses propriétés : bronchodilatatrice, anti-douleur (la caféine est connue depuis longtemps pour combattre la migraine et est utilisée dans certains médicaments). Elle agit également sur les cellules graisseuses en dégradant le stockage des graisses dans l’organisme. Elle exerce une action sur les petits vaisseaux et améliore la circulation sanguine. Légèrement diurétique, sans sucre, la valeur calorique du café est quasi inexistante. In fine, si on en apprécie le goût, une consommation modérée est un plaisir sans risque. ●

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ELON UNE DÉCLARATION DE LA

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> BILLET D'HUMEUR

Facebook la nouvelle agora ? En moins de 8 ans, le réseau social est devenu planétaire. Certains s’en méfient, d’autres sont addicts, mais la plupart des internautes possèdent un compte. Voici l’expérience très personnelle qu’en a fait la romancière Michèle Lajoux*.

Cette fresque de Raphaël, L'École d'Athènes (1509 - 1510), se trouve au musée du Vatican. Elle rassemble Socrate, Platon et Aristote qui tient en main L'Éthique.

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j’emmène avec moi lors de mes pérégrinations via mon smartphone. J’envoie, je poste sur mon mur en temps réel une photo, une chanson, une réflexion. Je fréquente les manifestations littéraires et les séances de dédicace sont souvent pour moi l'occasion de rencontrer des Friends. Je me souviens de Jean-Jacques : « Je suis un ami de FB ! Tous les jours je vais voir ce que vous faites sur votre mur. Je n’interviens jamais. Je suis dyslexique, dysorthographique. Je lis ce que les autres écrivent. » Le lendemain, je poste sur mon mur : « Il est moins grave de faire des fautes d’orthographe que des erreurs de pensée. » Il fut le premier à cliquer sur J’aime. Plus tard, Cathy, une amie drôle et dynamique avec laquelle j’échangeais depuis deux ans, m'est apparue en fauteuil roulant. L’émotion a troublé ma voix. Jamais, lors de nos conversations virtuelles, je n’avais soupçonné son handicap. Elle me parlait gaiement de son travail, de sa ville, de ses amis, de ses activités professionnelles, mais aussi de ses attentes sur ce réseau.

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Auteure de romans, j'utilise Facebook pour compléter la promotion de mes livres. J’ai plus de 5 000 amis que

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Facebook fait partie de ma vie. Le premier clic a suscité ma curiosité, le deuxième m’a fascinée, le troisième m’a accrochée. J’entendais pourtant garder mes distances et rester spectatrice de ce nouveau jeu social. Étrange addiction. On y entre, on n’en sort plus. Surprenante planète avec ses codes, sa langue. On poke, on poste, on linke, on demande en amitié, on aime, on identifie, on tague, on partage, on bloque. Une cour de récréation pleine de MDR, ;-) LOL, ^^ dans laquelle certains avouent passer trop de temps. Détente au milieu d’un travail. Temps volé sur l’ennui. Étonnantes amitiés virtuelles. Se promener sur FB n’est pas une errance dans un monde peuplé d’ombres impalpables. Parfois un ami peut prendre plus de densité qu’une relation de la vie réelle.

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Les amis virtuels remplacent-ils les amis de chair ? Plus lointains mais souvent plus proches, ils sont parfois plus intimes en raison de leur incognito. Des amitiés improbables se lient, des individus qui n’avaient aucune chance de se croiser, éloignés géographiquement, socialement, culturellement communiquent. Je parle à mon voisin du temps qu’il fait, mais j’échange mes impressions sur le bouleversement climatique avec un ami du bout du monde. Certains spécialistes de la psychologie des nouvelles technologies ont mis en évidence une corrélation possible entre l'utilisation de réseaux sociaux et des tendances narcissiques. Mais Facebook peut aussi susciter l'empathie virtuelle et favoriser la capacité de ressentir les émotions d'autrui à distance. Des gens insatisfaits de leur vie, inactifs ou dévalorisés, ont à leur disposition un espace d'expression sur les sujets qui les passionnent : littérature, cinéma, musique, philosophie. Mais aussi humour et défoulement.

Libérées des codes sociaux, les personnalités s’y révèlent plus authentiques. Selon les jours, Facebook est un café philo, un salon littéraire, un ciné-club, tout et rien selon les initiateurs. Les timides sont insolents, les sérieux font de l’esprit, les superficiels deviennent profonds. On s’affiche tel que l’on est ou que l’on se rêve, avec ses passions, son humour, sa mélancolie. Une simple phrase ou une photographie peuvent susciter des réactions vives et déclencher, parfois, des centaines de commentaires polémiques. Et si, finalement, c’était cela

le monde selon Facebook Ce qui n’était qu’un trombinoscope virtuel créé en janvier 2004 par un jeune étudiant de Harvard, Marc Zuckerberg, est aujourd’hui devenu une communauté qui compte plus de 700 millions de membres. L’économiste et philosophe Jérôme Batout lui a consacré un article passionnant dans la prestigieuse revue de l’historien Pierre Nora Le Débat (numéro 163). « Facebook a mis le doigt sur un formidable besoin social. Le site a clivé l’espace public comme aucun site internet n’a réussi à le faire à présent. Le réseau social est devenu un enjeu politique » explique-t-il. Retrouvez l’intégralité du texte sur www.le-debat.gallimard.fr

Facebook ? Parler gravement de futilités et futilement de gravités. Onomatopées, fautes d’orthographe, émaillent les commentaires et pourtant, malgré leur simplicité apparente, s’y égrènent réflexions pertinentes et esprit critique. Facebook est à l'image du Net. À côté du médiocre, beaucoup d’intelligence et de culture circule. Si apparemment on s’étripe pour des vétilles, on aboutit généralement à un consensus de bon aloi sur les problèmes graves. Pour autant, il est des endroits sur notre planète où les idées démocratiques se diff usent vivaces sur Facebook malgré le musèlement de quelques régimes politiques totalitaires.

Au-delà des frontières, des religions et des peuples, se met en place un nouvel espace d'expression démocratique. Au début de l'année, le Maghreb a été le théâtre de soulèvements politiques et sociaux. Les nouveaux modes de communication y ont joué un rôle essentiel. Déjouant les censures et la répression, des manifestations ont été coordonnées, des informations diff usées et la révolution du Jasmin en Tunisie a eu lieu. En créant un espace de parole libre pour ceux qui en sont privés, Facebook est peut-être devenu l’Agora du XXIe siècle. ● *Elle a publié aux éditions du Cherche-Midi : Puisque c’est ça la vie, Le guetteur du Midi.

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Allégorie du triomphe de Vénus (1540-1545), Bronzino, huile sur bois, National Gallery, Londres.

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AGORA

COMITÉ DE DÉONTOLOGIE Composé de médecins, de politiques, d’enseignants, de juristes et d’une psychanalyste, notre comité se passionne pour les débats liés à la santé. Il pose un regard indépendant et constructif sur le contenu de ce magazine.

POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA RÉFLEXION SANTÉ

SOMMAIRE Politique de santé : questions à Christian Lajoux........................................................... président des Entreprises du médicament

III

Éthique : atteinte d’une maladie d’Alzheimer................................................................. Blandine Prévost témoigne

V

Philosophie : 3 expériences pour se fabriquer des étonnements.................................. VII par Roger-Pol Droit Psychanalyse : les mécanismes inconscients de la jalousie............................................ IX par Paul-Laurent Assoun

Magistrat et spécialiste du droit international, CHRISTIAN BYK a rencontré la bioéthique « par hasard ». Depuis plus de 20 ans, il contribue à la géopolitique de la bioéthique à travers l’Association internationale droit, éthique et science (www.iales.org).

ALAIN-MICHEL CERETTI a créé l’association Le Lien, qui lutte contre les infections nosocomiales. Il est aujourd’hui conseiller santé auprès du médiateur de la République. GENEVIÈVE DELAISI DE PARSEVAL est psychanalyste, enseignante et essayiste. Elle est membre associé des principaux centres d’éthique biomédicale dans le monde.

À LIRE

HUMAIN, ENQUÊTE PHILOSOPHIQUE SUR CES RÉVOLUTIONS QUI CHANGENT NOS VIES

Ancien directeur général de la Santé, WILLIAM DAB est médecin, docteur ès sciences et professeur titulaire de la chaire Hygiène et Sécurité du CNAM. Il est l’auteur de 4 livres, dont un « Que sais-je ? » intitulé Santé et environnement, et d’une centaine de publications scientifiques.

© Philippe Matsas/Flammarion

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OLIVIER MARIOTTE est médecin. Après

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era-t-il possible demain d’éviter la maladie, de repousser la vieillesse et la mort ? Internet a-t-il changé notre mode de pensée ? Sommes-nous devant une nouvelle étape de l’histoire de l’humanité ? Pour répondre à ces questions, la journaliste et chroniqueuse littéraire de France 2, Monique Atlan (« Dans quelle éta-gère ») et Roger-Pol Droit, écrivain et chercheur en philosophie au CNRS, ont confronté les points de vue de personnalités de tous les horizons parmi lesquelles on compte Marcel Gauchet, René Frydman, Erik Orsenna, Amartya Sen, Elie Wiesel, entre autres. Les auteurs signent là un essai original et passionnant qui relève le difficile pari de nous aider à penser notre responsabilité et à dessiner les contours du monde de demain. Monique Atlan et Roger-Pol Droit, à partir du 18 janvier 2012. Éditions Flammarion.

avoir exercé des fonctions marketing dans des entreprises du médicament, il a pris la direction des affaires économiques et publiques du laboratoire ScheringPlough. Il a créé « nile », une agence conseil dédiée aux acteurs de santé. Pharmacien, PHILIPPE MINIGHETTI a suivi des cursus en nutrition, orthopédie, oncologie, et a travaillé sur la prise en charge des patients stomisés. Enseignant, il participe à de nombreux congrès.

VALÉRIE SEBAG est juriste et maître de conférences en droit privé. Spécialiste de l’encadrement de la biomédecine, elle a rédigé de nombreux articles sur le statut de l’embryon et la gestation pour autrui.

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POLITIQUE DE SANTÉ

RUBRIQUE DIRIGÉE PAR OLIVIER MARIOTTE

Loi sur le médicament rencontre avec Christian Lajoux Le 20 septembre dernier, le président des Entreprises du médicament (Leem) était l’invité du café nile*, le lieu de débat citoyen sur la santé. Des politiques, des journalistes, des patients, l’ont interrogé. Extraits.

OLIVIER MARIOTTE EST MÉDECIN.

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Il dirige nile* (www.nile-consulting. eu), une agence conseil en Affaires Publiques dédiée aux acteurs de santé.

CHRISTIAN LAJOUX EST PRÉSIDENT DES ENTREPRISES DU MÉDICAMENT (LEEM).

année 2011 a été chargée sur le plan des réformes liées au système de santé, projet de loi de renforcement de la sécurité sanitaire, loi du financement de la Sécurité sociale pour l’année 2012 (à l’heure où cet article est rédigé, les débats sont toujours en cours, ndlr). Quels sont vos commentaires ? Christian Lajoux : Je souscris totalement aux mesures touchant à la sécurité sanitaire et à la protection des patients ainsi qu’à la transparence des liens d’intérêts entre les experts. En revanche, comment ne pas être en désaccord avec les mesures qui visent à réduire l’accès au médicament et notamment les modes de fonctionnement de la commission de transparence. Je m’étonne aussi de voir apparaître des mesures sans rapport avec la sécurité du médicament comme

la mise en place de nouvelles taxes. On ne veut plus des industriels dans la formation médicale des médecins (Développement personnel continu) mais on veut bien de leur argent avec la mise en place d’une nouvelle taxe sur le chiffre d’affaires. Vous avez fait, il y a peu, une campagne de publicité dans la presse. Pourquoi ? C. L. : Cette campagne a permis de faire connaître notre position à l’ensemble de la population : oui à la sécurité sanitaire, non aux mesures d’opportunité risquant de compromettre l’attractivité et la compétitivité de la France. Il est primordial de ne pas fragiliser en période de crise un secteur porteur de croissance. Je rappelle que l’industrie du médicament emploie plus de 100 000 collabo-

rateurs directs en France et que l’effort de recherche se chiffre à 5 milliards d’euros par an. Certains industriels ont critiqué la position du Leem dans l’affaire Mediator, qualifiant son attitude de floue. C. L. : Mi-juillet, nous avons eu une réunion avec les adhérents, je n’ai pas entendu une seule critique. J’aimerais rappeler que, le 18 novembre 2010, le Leem prenait ses distances avec le laboratoire Servier et que nous avons décidé de suspendre Servier de toutes ses activités au sein du Leem à l’unanimité moins deux voix à la suite du rapport de l’Igas le 18 janvier. Nous n’avons été ni flous ni ambigus mais scrupuleux et rigoureux et nous avons affirmé notre volonté de participer à la reconstruction du système

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POLITIQUE DE SANTÉ

L’ESSENTIEL DE LA LOI Le projet a été adopté par l’Assemblée nationale et le Sénat. Celui-ci a néanmoins proposé plusieurs amendements. La commission paritaire mixte n’ayant pas réussi à trancher, la loi va donc être soumise au vote des 2 assemblées. En cas d’échec, ce sont les députés qui auront le dernier mot.

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de santé. Je voudrais ajouter que nous venons de créer un comité de déontovigilance baptisé Codeem. Composé de personnalités (8 sur 11) n’appartenant pas à l’industrie, son rôle sera de faire respecter les règles et les comportements éthiques de la profession, de procéder à une veille technologique du secteur des médicaments. En outre, il sera doté d’un pouvoir de sanction. Chacun de ses membres devra produire une déclaration d’intérêt. Vous avez fait remarquer le silence de la profession médicale dans l’affaire du Mediator, silence qui a sans doute un rapport avec la prescription hors AMM. Quel rôle doit jouer le Leem pour réduire ces prescriptions hors AMM ?

C. L. : Le Leem doit rester dans ses champs de légitimité. Le temps n’est plus où les industriels voulaient faire du chiffre par tous les moyens. Nous prônons le bon et le juste usage du médicament. La campagne électorale a commencé. Quelles sont vos propositions en matière de politique du médicament ? C. L. : Il faut relancer le secteur de la recherche, en particulier la collaboration entre les secteurs de la recherche publique et de la recherche privée. Il faut réindustrialiser la France en fabriquant des génériques sur notre territoire, il faut développer les biotechnologies. •

Le Tacuinum sanitatis (Tableau de santé) trouve son origine dans un traité d’hygiène écrit par un médecin de Bagdad au XIe siècle, Ibn Butlân. Il décrit en 280 articles les végétaux et les animaux nécessaires à l’alimentation de l’homme mais aussi les phénomènes météorologiques et les comportements capables d’influer sur la santé.

> Les laboratoires pharmaceutiques devront déclarer toute convention passée avec des médecins, des associations, des sociétés savantes et la presse spécialisée. > L’agence chargée de la sécurité sanitaire, l’Afssaps, va changer de nom. Elle bénéficiera d’un nouveau mode de financement assuré par l’État qui percevra des taxes de l’industrie. Les sénateurs préconisent la possibilité pour l’Agence d’imposer des amendes administratives aux entreprises qui ne respectent pas les obligations de transparence. > Pour être remboursé, le médicament devra démontrer qu’il est au moins aussi efficace que le médicament de référence. Aucun médicament dont le service médical rendu est insuffisant ne pourra faire l’objet d’un remboursement. > La notification des effets indésirables sera simplifiée, elle sera accessible au patient grâce à un numéro vert. > Les visites médicales des laboratoires aux médecins dans les hôpitaux seront collectives et non plus individuelles. La formation médicale des médecins sera financée en partie par un prélèvement sur l’industrie pharmaceutique.

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ÉTHIQUE

RUBRIQUE DIRIGÉE PAR VALÉRIE SEBAG

Alzheimer la vie en vrai

BLANDINE PRÉVOST a initié la création de l’association AMADiem en s’inspirant de la maison Carpe Diem, association québecoise.

« Bonjour, je m’appelle Blandine et j’ai 38 ans, je suis ingénieure en électronique, mariée à un homme extra, Xavier, et l’heureuse maman de 3 enfants. Votre regard sur moi changera peut-être si je me présente à vous en d’autres termes : « Bonjour, je m’appelle Blandine, je suis atteinte d’une maladie apparentée à la maladie d’Alzheimer, j’ai été diagnostiquée il y a bientôt 3 ans. » Ou encore, et parce que c’est un terme employé : « Bonjour, je m’appelle Blandine, je suis démente. » Le regard que vous poserez sur moi est certainement différent si je me présente à vous d’une façon ou d’une autre, et pourtant toutes sont vraies. Mais avant d’être une malade de plus,

je suis avant tout une personne, complètement, entièrement. Comme chacun d’entre vous, j’ai des rêves, et par-dessus tout j’aime la vie. Certes, j’ai une particularité, une petite distinction, un petit plus… une foutue maladie qui va peu à peu me faire disparaître à vos yeux, peu à peu on parlera de moi en ma présence, sans même avoir la décence de me consulter ou de baisser la voix, on m’infantilisera. Car je vais disparaître derrière cette maladie. Il faut que je vous explique mes pertes de mémoire. Ma réalité est différente de la vôtre : pour moi, elles vont bien au-delà d’un oubli classique, pour moi, je n’ai tout simplement pas vécu cet événement !

Allez, prenons les choses avec philosophie : les bonnes nouvelles, je les ai ainsi plusieurs fois ! Alors pitié, évitez-les : « Mais si, tu te souviens, enfin, tu te souviens… » Eh bien non, je ne peux pas vous rassurer. Si je me souvenais, je ne serais pas là, à me ridiculiser. Moi je ne l’ai pas vécu. Vous peut-être, mais moi non ! Alors parfois, pour vous rassurer, je vais apprendre à reconnaître ces différences de réalités et à vous approuver fortement : vous serez rassurés, mais je serai seule face à cet arrangement qui pour moi est un mensonge. Un jour, je ne serai pas capable de vous rassurer, mes difficultés seront telles que

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L’université d’été Alzheimer, organisée par Emmanuel Hirsch*, s’est déroulée les 12 et 13 septembre dernier. Au cours de ces deux jours, des médecins, des malades, des aidants ont échangé des savoirs, des informations et des expériences. Nous publions des extraits de l’émouvant témoignage de Blandine Prévost.

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ÉTHIQUE

je ne saurai plus le faire. Alors je pense aujourd’hui que la meilleure solution pour moi sera de me taire, de réduire mes relations aux autres, pour ne pas leur faire savoir mes différences, pour ne pas leur faire peur, pour ne pas les éloigner de moi. Cette solitude pourrait être évitée si l’entourage apprenait à comprendre la réalité d’une personne malade et à l’accepter. J’aimerais vous dire : regardez la personne que je suis et non la maladie qui m’habite. Vivre avec cette maladie, c’est un triple combat. Le premier de ces combats, c’est avant tout de me battre pour garder le plus longtemps possible mes capacités. Le deuxième c’est d’accepter, car si je n’accepte pas la perte de ces capacités, alors je n’ai qu’à sombrer. Donc ce deuxième combat : m’accepter telle que je suis ou plutôt telle que je ne suis plus et telle que je ne serai plus. M’accepter avec tous ces moins. Et enfin, en même temps que ces deux combats : un troisième combat, celui de m’inventer des solutions, de m’inventer un avenir. Voilà, de ce troisième combat est né AMA Diem. AMA Diem veut dire AIME le jour, aime le jour avec et malgré la maladie. Et je peux vous dire, c’est tout un programme ! Emmanuel Hirsch* a écrit un livre dont le titre est Apprendre à mourir. Moi, j’apprends à vivre avec une mort différente,

VRAISEMBLABLEMENT SOUS-DIAGNOSTIQUÉE, ON RECENSE EN FRANCE 2 000 NOUVEAUX CAS PAR AN DE MALADIE D’ALZHEIMER OU MALADIES APPARENTÉES CHEZ LES MOINS DE 60 ANS. LE DÉLAI POUR PORTER UN DIAGNOSTIC ÉTANT DE PRÈS DE 5 ANS CONTRE 3 ANS CHEZ DES PERSONNES PLUS ÂGÉES. L’association AMA Diem accompagne les personnes jeunes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Elles sont environ 8 000 en France à avoir moins de 60 ans et leurs problèmes sont tout à fait spécifiques : du diagnostic, à l’accompagnement en passant par la création de lieux de vie innovants. Par ailleurs, maintenir un lien avec la famille mais aussi une activité sont indispensables pour ces jeunes malades. Plus d’infos : www.amadiem.fr

une mort cérébrale, intellectuelle, un avenir qui me pose les questions : « Qui suis-je vraiment ? Suis-je moi actuellement ? Est-ce la vraie Blandine ? Et quand la maladie m’aura enlevé mes capacités, serai-je encore moi ? Quand on décidera pour moi, où sera ma liberté ? » La perspective de vieillir ne m’a jamais traumatisée, mais m’a toujours rendue sereine, certaine que tout ce que j’aurais été amenée à vivre m’aura façonnée, modifiée et aidée à grandir. Mais la maladie est entrée dans ma vie et biaise cette vision de ma vieillesse : comment gérer le fait que je ne vais pas « accumuler » des événements mais plutôt me vider ? Quelle finalité trouver dans une avancée en âge qui ne vous remplit plus, mais vous vide ? Apprendre à mourir à ma vie… Voilà une tâche qui m’incombe. Michel Audiard a dit « Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière ». Aujourd’hui j’entends dans cette phrase un espoir. La maladie va me rendre démente, fêlée. J’espère que cette maladie me permettra de laisser passer la

lumière, d’apporter quelque chose aux autres : un regard, une façon d’être. Quelque chose de positif dans la vie de ceux qui me côtoieront. » *Emmanuel Hirsch est directeur de l’espace éthique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et du département de recherche en éthique à l’université Paris Sud 11. Il est l’auteur de Apprendre à mourir édité aux éditions Grasset.

À LIRE Malgré la récente révision de la loi de bioéthique, l’évolution des sciences de la vie suscite toujours nombre de questions et d’interrogations. Pour mieux les appréhender, l’auteur, magistrat et spécialiste du droit international, retrace l’histoire, les sources, les outils, le langage de la bioéthique et pose la question de son ambition. Un ouvrage indispensable qui permet d’évaluer son impact dans notre organisation sociale.

Traité de bioéthique, Christian Byk. Éditions les Études Hospitalières.

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OÙ LA PHILO MÈNE…

RUBRIQUE DIRIGÉE PAR ROGER-POL DROIT

ROGER-POL DROIT Ancien élève de l’École Normale Supérieure (Saint-Cloud), agrégé de philosophie, Roger-Pol Droit est chercheur au CNRS (histoire des doctrines de l’Antiquité), directeur de séminaire à Sciences Po et membre du Comité National Consultatif d’Éthique pour les sciences de la vie. Il est également chroniqueur au Monde, au Point, aux Échos, à Clés. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont plusieurs sont traduits dans le monde entier. Il vient de publier Maîtres à penser. 20 philosophes qui ont fait le XXe siècle (Flammarion). www.rpdroit.com

Les philosophes sont au moins d’accord sur un point : c’est par l’étonnement que commence la réflexion. Si tout paraît définitivement lisse, habituel et familier, sans surprise, sans émerveillement, alors on ne verra jamais surgir la moindre question. Voici 3 micro-expériences capables de créer des interstices dans votre quotidien.

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our qu’une interrogation philosophique se forme – demandant par exemple : « Mais que faisons-nous là ? », « C’est quoi, être heureux ? », « La violence, est-ce normal ? » – il faut d’abord que le tissu des évidences se déchire. Car nous cherchons à comprendre seulement quand la réalité commence à paraître étrange, déconcertante, énigmatique même, dans le fond. Sans cet étonnement au départ, pas de philosophie. Platon, chez les Grecs de l’Antiquité, l’a dit le premier : « S’étonner, la philosophie n’a pas d’autre origine. » Aristote, son élève et ensuite son principal adversaire, s’accorde avec lui pour affirmer que la philosophie est toujours fille de l’étonnement, de ce regard surpris que l’on pose un jour sur le monde, en le trouvant soudain bien curieux plutôt que bien banal.

Et les Modernes, à leur tour, ont repris le thème : « Philosopher revient à se comporter comme si rien n’allait de soi » disait le philosophe français Vladimir Jankélévitch. Contre routine, monotonie, gestes mécaniques du quotidien, il s’agit bien de retrouver la fraîcheur d’une surprise, un regard d’enfant qui ouvre la pensée : pourquoi c’est comme ça ? L’ennui, c’est que nous perdons cet œil du matin. Plus rien ne nous étonne, ou presque. Blasés, accoutumés, indifférents, nous n’avons presque plus accès à la bizarrerie du monde. Rien n’empêche pourtant, si l’on veut bien s’y appliquer un peu, de la retrouver à chaque coin de rue, à n’importe quel moment. Il suffit, pour y parvenir, de s’inventer des jeux, des décalages, des pas de côté. Comme de petits écarts, capables de créer des interstices dans le

quotidien, de craqueler la banalité des jours. Histoire de se remettre, ne serait-ce qu’un instant, sur le chemin de l’étonnement.

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CHANGEZ AU MAXIMUM VOS HORAIRES. La routine s’inscrit d’abord dans le temps – répétition des mêmes gestes aux mêmes heures, retour à l’identique des actions qui se succèdent, dans le même ordre, aux mêmes moments. Voilà ce qu’il faut perturber. Dans la mesure du possible, évidemment. Impossible de conduire les enfants à l’école le soir, d’aller au bureau en fin d’après-midi ou d’ouvrir boutique avant l’aube. Mais on peut toujours, rien que pour voir, se concocter des décalages horaires sans bouger de chez soi.

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Fabriquons-nous des étonnements !

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OÙ LA PHILO MÈNE…

vous remplacerez la voiture par une carriole à chevaux. Considérez alors, geste par geste et heure par heure, ce que pourrait bien être votre quotidien dans ce monde-là. Savoir si c’est moins bien ou mieux est une autre question. Le but du jeu est seulement de prendre conscience des artifices qui nous paraissent si naturels.

Levez-vous en pleine nuit, allez faire un tour dans la rue, mangez au petit- déjeuner ce qui était prévu pour dîner, terminez la journée par un café-croissants ou un thé-toasts. Ne vous lavez pas à l’heure habituelle, dormez à un moment où vous ne dormez jamais, réveillezvous à des instants où normalement vous dormez… L’objectif n’est pas de se faire souffrir. Inutile de vous occasionner un désagrément : le jeu consiste seulement à perturber les automatismes, afin de les voir en pleine lumière. En peu de temps, finalement, vous éprouverez l’impression de n’être plus dans les rails, vous découvrirez des sensations inconnues, vous vous étonnerez de vivre de manière si régulière. Et, si vous revenez avec soulagement à vos cadrages normaux, vous n’oublierez plus qu’ils ne sont que des conventions.

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SUPPRIMEZ MENTALEMENT LES OBJETS RÉCENTS. Je ne vous conseille pas de mettre à la poubelle votre notebook ou votre iPad, ni votre smartphone ou votre lecteur de DVD. Ce serait coûteux et polluant. Une expérience de pensée suffit, heureusement. Mais elle n’est pas si simple qu’on pourrait le croire. Il s’agit de désintégrer

3 dans sa tête, l’un après l’autre, les objets techniques qui façonnent notre vie quotidienne. Et d’imaginer comment était l’existence sans eux et de s’en étonner. Commencez par les réseaux récents : Facebook, Twitter, Linkedin ou MySpace, qui remplacent les machines à mails déjà presque caduques. Imaginez le temps où l’on devait forcément, pour retrouver ses amis, se rendre quelque part, autour d’une table ou d’un comptoir. Ou, pour leur écrire, prendre une feuille de papier, un stylo, une enveloppe, un timbre et aller poster la lettre cachetée. Ou encore, pour les inviter, téléphoner à chacun, l’un après l’autre. Imaginez encore la vie de chaque jour sans écran plat, sans baladeur, sans écouteurs ou sans casque. Si vous êtes en forme, continuez en ôtant des objets moins neufs : micro-ondes, lave-vaisselle, lave-linge. Encore un effort,

Femme japonaise arrosant des coquelicots, Dilyara Nassyrova.

FAITES VOYAGER VOTRE ASSIETTE À TRAVERS LES SIÈCLES. Ce que nous mangeons aujourd’hui n’a pas grand-chose à voir avec la nourriture de nos parents ou grands-parents, encore moins de nos plus lointains ancêtres. Mais nous l’oublions. Pour s’en étonner, le jeu consiste à imaginer que notre assiette remonte le temps. Au menu d’aujourd’hui, par exemple, cheeseburger salade. Il y a trente ans, c’était steak frites. Il y a soixante ans, bœuf carottes. Il y a cent ans, haricot de mouton. Et avant ? Qu’aviez-vous, dans votre assiette, pour un repas moyen, sous Louis XIV ? Et au Moyen-Âge ? Et chez les Romains ? Et quand il n’y avait pas d’assiettes ? Ce n’est pas une interro écrite sur l’histoire de l’alimentation. Juste une piste pour prendre conscience des variations immenses de ce geste si simple de prendre un repas. D’un siècle à un autre, d’un continent à un autre, le contenu de l’assiette n’a plus rien à voir. Même les ustensiles, les horaires, les manières de manger deviennent différents. Alors, au lieu de se demander : « Mais pourquoi donc les Chinois mangent-ils avec des baguettes ? », on pourrait s’étonner de ce que nous ayons inventé des fourchettes. •

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PSYCHANALYSE

RUBRIQUE DIRIGÉE PAR PAUL-LAURENT ASSOUN

La jalousie ou le symptôme amoureux

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a jalousie renvoie à une passion fondamentale, familière tant au bon sens populaire qu’aux traités philosophiques des passions. En tant que vécu poignant, elle a fait l’objet de descriptions, tant littéraires que psychologiques puis psychopathologiques. Ce symptôme accompagne la « maladie d’amour » comme son ombre, la jalousie semblant l’enfant maladif de Psyché et d’Éros ! Du coup, cet état doté d’une immédiateté puissante paraît dissuader d’en entamer la déconstruction. Mais la psychanalyse intervient justement pour « démasquer » la jalousie en en repérant les mécanismes inconscients : tout en prêtant attention à son vécu, elle met au jour ce que ce vécu cache, ce qu’il est fait

pour cacher, en sorte qu’en inversant systématiquement ses déterminations les plus apparentes, comme on le verra, le savoir de l’inconscient en dévoile la signification.

LE MOT ET LA CHOSE PAUL-LAURENT ASSOUN EST PSYCHANALYSTE ET PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ PARIS-VII.

Il faut d’abord examiner le mot « jaloux ». Il vient du latin populaire zelosus, celui qui fait preuve de zèle et d’émulation, ce que l’on retrouve dans le mot allemand (Eifersucht, Eifer désignant le zèle et Sucht une sorte d’avidité). La jalousie désigne d’abord un « attachement vif et inquiet » pour ce qui « tient à cœur », avec ce que cela comporte

de « zélé » puisque cet attachement fait agir. Le terme n’est donc pas péjoratif à l’origine. C’est ensuite « l’amour ou l’amitié très exclusifs qui prennent ombrage de l’attachement de l’autre à un nouvel objet et de ses attachements anciens ». C’est donc un zèle exagéré. L’usage courant y voit « l’irritation et le chagrin éprouvés par la crainte ou la certitude de l’infidélité de l’être aimé ». Le noyau commun en est « le sentiment de crainte d’avoir à perdre ou à partager avec autrui un bien dont on aimerait garder la propriété exclusive ». Elle comporte donc l’idée de rivalité.

LE JALOUX EST HANTÉ PAR L’ANGOISSE D’ÊTRE TROMPÉ. IL L’EXPRIME PAR UN AFFECT EXPLOSIF, MÉLANGE DE COLÈRE ET DE RAGE.

© Musée d’Angers, photo P. David

Qui n’a jamais enduré les effets de la jalousie ? Qui n’a jamais observé ses manifestations, en particulier dans la relation amoureuse ? La psychanalyse tente d’en repérer les mécanismes inconscients.

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PSYCHANALYSE

© Musée d’Angers, photo P. David

LE SYMPTÔME JALOUX, UN TABLEAU CLINIQUE Le tableau clinique, si familier, doit être rappelé en une esquisse phénoménologique. Le jaloux est hanté par l’angoisse d’être trompé. Il l’exprime par un affect explosif, mélange de colère et de rage, qu’elle se manifeste par la violence verbale et physique ou le silence hargneux lié à une situation frustrante, d’angoisse et d’agitation. En tant qu’affect, la jalousie touche intensément le corps. Le jaloux a en quelque sorte l’estomac noué par ce corps à corps – fantasmatique – avec l’autre dédoublé, celui du (de la) rival(e) et de l’aimé(e) dont il éprouve simultanément l’hostilité et la douloureuse proximité. Cela suppose en effet de rester au plus

près des « ennemis ». À partir de ce véritable symptôme somatique, le jaloux organise ses pensées et ses démarches autour des pensées et des actes de l’objet aimé – ou à tout le moins investi d’un intérêt libidinal – dans quelle mesure la jalousie constitue une preuve de l’état amoureux, cela reste à déterminer. Le jaloux est plus que soucieux des allées et venues, des mouvements, des émois, des fréquentations, en un mot de l’emploi du temps de l’objet aimé, le soupçonnant d’organiser son penser et son agir autour d’une sphère étrangère, d’un milieu de tentations où il risque de faire la rencontre fatale de quelque perfide séducteur ou de quelque femme fatale dont il suppute les manigances. Il s’agit

Paolo et Francesca (1819), Jean-AugusteDominique Ingres, huile sur toile, musée d’Angers.

pour le jaloux de mettre au jour les « faux semblants », bref de dévoiler la « comédie de l’amour » qui se fait passer pour l’amour vrai et d’en démasquer l’imposture. Il y a donc dans la jalousie l’idée de quelque chose de dissimulé, d’occulté, sur lequel il s’agit d’enquêter inlassablement. Cela suppose d’être « dans la tête » de l’autre, en état supposé de dissimulation chronique et d’organiser une série d’hypothèses sur son agir. La jalousie est une forme de spéculation : le jaloux veut savoir par tous les moyens dont il dispose et qu’il suscite (son soupçon le dotant d’ingéniosité dans ce domaine) ce qui se trame autour de l’objet aimé et de ce que cette personneobjet peut ourdir – sachant qu’il soupçonne cet agir de nuire profondément à ses intérêts. D’où le tour persécutif : le jaloux est persuadé que « ça jouit » derrière son dos, mais on le surprend en train de participer activement à la mise en scène fantasmatique de cette jouissance ennemie et obscène. Il est hanté par la trahison, via l’infidélité, et cherche à la détecter en son cortège de mensonges, de cachotteries et de « semi-dire ». Bref, le jaloux est « mentalement » sur-occupé des affaires de l’autre, assiégé de pensées au pouvoir

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PSYCHANALYSE

quasi hallucinatoire. Les aveux de la faute supposée tendent à être obtenus soit en douceur, au moyen de ce que Proust appelle joliment « causeries investigatrices », soit par des interrogatoires musclés, lors d’accès d’ire jalouse où il s’agit de faire rendre gorge. Il est question, en ce procès constant – fût-il procès « d’intention » qui ici vaut condamnation – de faire avouer le délit, le véritable chef d’inculpation étant que son désir serait ailleurs, tâche délicate car c’est supposer que la suspecte ou le suspect sache lui-même ce qu’il désire… Il s’agit à la limite pour le jaloux d’éclairer celui ou celle qu’il suspecte sur ses sentiments cachés, de lui faire reconnaître sur le mode inquisitorial son vrai désir qui l’orienterait vers l’autre. On notera donc

César et Rosalie (1972), film réalisé par Claude Sautet avec Romy Schneider, Yves Montand et Sami Frey.

la combinaison de l’emprise possessive et de la fragilité de la revendication : le jaloux est un propriétaire d’autant plus autoritaire et dictatorial qu’il éprouve le caractère « précaire et révocable » de sa « possession ». On voit aussi le contraste entre la certitude intime d’une spoliation affective dont il serait la victime et d’une folie du doute, d’une incertitude laminante. L’acmé de cette jouissance morbide est le moment de confirmation : « Je le savais bien ! » Il cherche le « flagrant délit », tout en craignant plus que tout la découverte de son infortune – ce qui ouvre les vannes d’un « flagrant délire »… La jalousie engage finalement la croyance en l’autre : ce que redoute le jaloux, c’est le parjure, celui de la « promesse »

d’aimer. On comprend qu’un tel état ait intéressé la littérature. La jalousie a fait l’objet d’inoubliables scènes de la jalousie, d’Othello de Shakespeare à Albertine disparue de Proust, qui en restituent la complexité, tandis que « la jalousie morbide » est théorisée par la psychiatrie du XIXe siècle.

L’AFFECT DE JALOUSIE : LA « JALOUSIE NORMALE » Faisons donc entrer la psychanalyse pour dégager ce qu’elle en saisit. C’est dans un texte intitulé Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité (1922) que Freud aborde le plus directement le phénomène jaloux en sa dimension inconsciente et en démonte les mécanismes. Nul selon lui n’échappe à la jalousie et,

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PSYCHANALYSE

LA JALOUSIE ENGAGE LA CROYANCE EN L’AUTRE : CE QUE REDOUTE LE JALOUX, C’EST LE PARJURE, CELUI DE LA PROMESSE D’AIMER.

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même dans les cas où elle n’est pas ressentie, elle agit souterrainement. Freud commence, avant d’en examiner la psychopathologie, par présenter ce qu’il baptise « jalousie normale ». Il en donne les composantes : elle « se compose essentiellement du deuil, de la douleur causée par l’objet d’amour que l’on croit avoir perdu et de l’humiliation narcissique (…), des sentiments hostiles dirigés contre le rival qui a été préféré, enfin un apport plus ou moins grand d’autocritique qui veut rendre le moi propre responsable de la perte d’amour ».

d’une blessure narcissique, le sujet ayant le vif sentiment de « perdre la femme ». La jalousie est donc une auto-déploration. Le jaloux clame agressivement son préjudice.

DE L’AGRESSIVITÉ À LA CULPABILITÉ

Mouvement violent ; la jalousie, Sébastien Leclerc le Jeune (1676-1763), estampe à l’eau-forte, musée du Louvre, Paris.

Mais de plus – c’est là l’aspect le plus visible –, le jaloux en veut à l’autre, le rival supposé détenteur par détournement de son objet ainsi qu’à l’objet aimé supposé avoir infligé la blessure. De fait, la colère est au centre de l’affect jaloux. C’est sa dimension de haine et de ressentiment. L’objet aimé même en vient à être détesté. La jalousie contient et révèle cette ambivalence viscérale envers l’objet, détesté bien qu’aimé, haï parce qu’aimé.

Il y a en effet de la haine au cœur de la jalousie, ce qui s’active à la limite dans le « crime » dit « passionnel ». Mais de plus le sujet en proie à la jalousie se soupçonne en son for intérieur, alors même qu’il est selon lui injustement trahi, de ne pas être pour rien dans son infortune. Alors qu’il inculpe farouchement l’autre, il se tient, par une partie de luimême, pour « responsable ». Autrement dit, il y a un fond d’« auto-reproche » ou d’« autocritique » : « Avoue-toi qu’au fond tu l’as bien cherché ! » Le jaloux s’en veut donc aussi à lui-même. Sentiment d’autant plus fort que méconnu par l’intéressé(e), puisque la faute est d’abord attribuée à l’autre. Le jaloux est donc à la fois endeuillé, déçu, méchant ☞

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LA JALOUSIE, DEUIL NARCISSIQUE Freud ne parle donc pas d’emblée de crainte ni de pouvoir ou d’emprise, ni même de possessivité, trait pourtant flagrant dans les appréhensions habituelles de la jalousie. Il est vrai que la jalousie traduit une possessivité, mais elle est d’abord réaction à une perte imaginée ou effective, visant l’autre investi par la libido. Tout commence avec cette transe créée par l’objet cru perdu et en quelque sorte « donné pour mort » (pour soi). Celui-ci s’accompagne AGORA | XII

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PSYCHANALYSE

Bruno, écrivain public, dévoré par la jalousie envers sa jeune femme, Stella, pourtant d’une « fidélité sans tache », en arrive à lui demander à se prostituer pour obtenir un soulagement de cette torture. Cas extrême littéraire qui met pourtant sur la piste des « affres de la jalousie » qui produisent les effets les plus aberrants.

et déprimé. On notera que ces traits concernent l’objet (deuil), l’autre (l’hostilité), le moi (la vexation) et le sujet (culpabilité). On aperçoit le caractère composite de cet état, mais précisément l’ensemble est remis en acte, en un seul état qui brille de ces feux contrastés. C’est un état psychique très complet. On comprend que le jaloux soit en même temps dans tous ses états – à ce titre inspirant pour ses ressources dramaturgiques.

Galatée (vers 1880), Gustave Moreau, huile sur bois, musée d’Orsay, Paris.

On voit aussi qu’il y a dans la jalousie une « pente délirante ». On connaît néanmoins des états nettement délirants – ce qui est désigné comme « délire de jalousie » – et qui présentent des affinités avec la psychose paranoïaque. Il s’agit de sujets qui, quelle que soit l’attitude de l’objet aimé, organisent de véritables projections délirantes. Ce que décrit un texte de Fernand Crommelynck, Le Cocu magnifique (1921), dans lequel le héros, un certain

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Ce qui peut nous mettre sur la piste est un phénomène banal, ce que Freud caractérise par « la jalousie projective ». Il s’agit de ces hommes qui harcèlent leurs compagnes par leur imputation d’infidélité, alors que ce sont eux-mêmes qui les éprouvent. Le sujet perçoit donc confusément en lui des impulsions (Antriebe) à l’infidélité, alors même qu’elles ont cédé au refoulement et s’en soulagent en les attribuant à l’autre : « Ce n’est pas moi qui éprouve ces tentations, mais toi » mécanisme de projection infantile. Cela fait la transition vers un point plus délicat : dans les grands délires de jalousie, le sujet produit un état confusionnel. On trouve chez les délirants de jalousie des hommes ayant subi une agression homosexuelle, en sorte qu’il s’agit d’une identification à la femme, le rival étant l’héritier de

© RMN (Musée d’Orsay)/ René-Gabriel Ojéda

DE LA PROJECTION AU DÉLIRE


PSYCHANALYSE

© RMN (Musée d’Orsay)/ René-Gabriel Ojéda

l’agresseur du délirant. Plus structurellement, Freud diagnostique dans le délire de persécution paranoïaque une fixation homosexuelle inconsciente. Dans le délire de jalousie, le sujet porterait donc à l’expression une identification inconsciente à l’objet jalousé. Autrement dit l’homme jaloux délirant serait amoureux à son insu d’un homme et, refusant ce penchant, il raisonnerait : « Moi, un homme, je ne peux aimer un homme, c’est elle qui l’aime (délire de persécution). » On comprendrait pourquoi la jalousie paranoïaque est en son fond incurable : le sujet se tromperait de destinataire, son véritable objet d’amour inconscient serait le rival ! Force est de constater qu’en tout cas, dans toutes les formes de jalousie, le rival obsède le jaloux. Impossible de comprendre la complexité du sentiment de jalousie sans prendre en compte la « bisexualité psychique ».

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DE L’ENVIE AMÈRE À LA JALOUSIE ŒDIPIENNE Il faut donc pour comprendre la jalousie, sous toutes ses formes effectivement diverses, on le voit, remonter à l’expérience œdipienne et à la « bisexualité psychique ». Le premier objet d’amour du « petit Œdipe » est la mère et le père s’impose dès lors comme le

ON VOIT QUE LA JALOUSIE N’EST PAS SEULEMENT UN OBSTACLE AFFECTIF, C’EST PARADOXALEMENT UN INSTRUMENT DE SOCIALISATION. rival. La jalousie est donc un affect infantile œdipien et tout jaloux est en ce sens un enfant. Mais en deçà de l’œdipe, la jalousie commence avec l’angoisse de séparation. Plus précisément encore, quand l’enfant sevré éprouve la jouissance du frère appendu à la poitrine maternelle. Alors même qu’il n’a plus besoin du lait, il envie la jouissance de celui qui en profite encore et en quelque sorte à sa place. Dans un passage des Confessions de saint Augustin, commenté par Jacques Lacan, se trouve repéré ce regard d’envie, accompagné de pâleur, du petit contemplant son frère de lait. Au fond de la jalousie, gît donc cette « envie » de l’objet de l’autre, en sorte que ce qui constitue la « valeur » est justement le fait qu’il soit objet de la jouissance de l’autre. En un second temps, l’affect jaloux va se centrer sur la relation de rivalité avec les frères, dont l’enjeu est l’amour des parents et l’espace à partager. Mais en un troisième temps, avec l’œdipe, le rival n’est plus le frère, mais le père, ce qui aide à constituer l’objet de la jalousie. C’est en

Madonna of the fields (1890), Julius Gari Melchers, Telfair museum of art, Savannah, Georgie, USA.

acceptant de renoncer à l’objet primitif que le sujet s’oriente vers un désir propre, hors des objets familiaux. On voit que la jalousie n’est pas seulement un obstacle affectif, c’est paradoxalement un instrument de socialisation. « Les sentiments sociaux naissent comme superstructure sur les motions de rivalité jalouses envers les frères et sœurs », relève Freud dans Le moi et le ça. Plus les tensions jalouses sont fortes dans la fratrie pendant l’enfance, plus intenses sont les liens entre frères et sœurs adultes. La jalousie crée donc des liens à terme…

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PSYCHANALYSE Rencontre de deux femmes jalouses (1887), collection Bettmann.

Si l’homme est loin d’ignorer la jalousie, on sent bien que, chez la femme, la jalousie prend une ampleur particulière, comme l’indique le rapport à « l’autre femme », exacerbée chez l’hystérique. Cela renvoie donc au « devenir-femme » inconscient. La jalousie frappe trois fois au moins à la porte de la féminité. Le premier temps est celui de la passion jalouse dont la Mère, passionnément aimée par la petite fille, est la destinataire. Puis vient « l’envie du pénis » et le rapport fantasmatique au père. Enfin, c’est le drame amoureux dont l’homme

est le destinataire, la rage envers l’autre femme interlocutrice du féminin en étant le point d’orgue. Bref, la femme n’échappe à une jalousie que pour se jeter dans les bras de l’autre. C’est cet « effet boule de neige » qui permet de comprendre l’effet de conflagration de la jalousie conjuguée au féminin…

LA JALOUSIE, « CLÉ » DE LA VIE PSYCHIQUE ET AMOUREUSE Cette traversée de la jalousie sur sa scène inconsciente permet d’entendre l’affirmation de Freud selon laquelle « la jalousie… semble pouvoir nous donner la compréhension

LA JALOUSIE, SI ELLE EST OMNIPRÉSENTE, RÉVÈLE À CHAQUE FOIS LA POSITION INCONSCIENTE DU SUJET, ENTRE DÉSIR, AMOUR ET JOUISSANCE.

À LIRE DE PAUL-LAURENT ASSOUN POUR ALLER PLUS LOIN Leçons psychanalytiques sur la jalousie, aux éditions Economica, 2011. Freud et la femme, aux éditions Payot, 2003. Le couple inconscient, aux éditions Economica, 2004. Frères et sœurs. Leçons de psychanalyse, aux éditions Economica, 2003. Leçons psychanalytiques sur Masculin et Féminin, aux éditions Economica, 2007.

© Bettmann/Corbis

☞ LA JALOUSIE AU FÉMININ

la plus profonde de la vie psychique, aussi bien normale que pathologique » (comme il l’écrit à Ludwig Binswanger en 1920) – justement en ce qu’elle révèle cette aliénation constitutive du désir du sujet au désir de l’autre, que le sujet cherche à démêler au cours d’une psychanalyse. Encore convient-il de distinguer les formes névrotiques courantes des cristallisations psychotiques. La jalousie, si elle est omniprésente, révèle à chaque fois la position inconsciente du sujet, entre désir, amour et jouissance. Ainsi des sujets qui ne peuvent vivre un rapport à l’autre sans jalousie – ce dont témoigne l’analyste proustienne du lien à Albertine. Ils élisent même pour objet les femmes qui peuvent leur procurer les délices amers de la jalousie. D’où l’importance de la jalousie pour le collectif. Si la jalousie isole le sujet, elle le pousse à explorer tous les réseaux de signes qui alimentent les échanges humains. Désocialisante, la jalousie, qui cherche à protéger « son » objet, crée en quelque sorte une activité sociale intense. Elle fait agir, parler et écrire. Elle donne ainsi la vraie mesure des passions humaines… •

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