présente
FRAGILITÉ LES DESSINS DE MAGDALENA LAMRI ET LES SCULPTURES DE SAMUEL YAL
Magdalena Lamri, La communion II, techniques mixtes sur papier, 32x24 cm, 2015 ©
VERNISSAGE LE JEUDI 21 MAI 2015 DE 18H À 21H EXPOSITION DU 21 MAI AU 16 JUIN 2015
Samuel Yal, Autoportrait 9 CH, porcelaine, 0,9x0,7x0,6 cm, 2014 ©
11 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris
FRAGILITÉ
L’exposition « Fragilité », présentée par les commissaires d’exposition Guido Romero Pierini et Bastien Stisi à la Galerie Mathilde C., convoque deux artistes aux parcours déjà solides, que le fond et la forme éloignent, mais qu’un état, passager ou bien établi, rapproche au point de les rendre absolument associables.
Habituée à exposer ses craintes et les démangeaisons de l’intellect en modifiant, par transposition, les contours convenus de corps devenus gravement dérangés (on connaît sa série mélangeant le physique des humains et celui des animaux), la fragilité viscérale qu’implique l’œuvre de Magdalena Lamri se transcrit ici, plus que par le bestiaire humanisé, par un travail sur la mémoire et sur le crédit que l’on peut lui accorder. Car celle-ci, bien que réelle, se retrouve sujette à modification incontrôlée. Comment savoir si ces dessins ( « Children », « Frontière », « Vestiges »…), tous composés entre 2014 et 2015 et semblables à des clichés émanant d’un album-photo fané, appartiennent à la véracité et non pas à cet imaginaire qui fantasme ce qui s’est déroulé hier en l’enveloppant sous une posture nouvelle? Comment savoir simplement s’il existe ou non un souvenir qui n’aurait pas, de manière immédiate et naturelle, créé sa propre version de ce qui a existé l’espace d’un instant? Hier est une route formée d’œufs sur lesquels l’on marche, sans avoir conscience de l’instabilité des sols. Il s’avère nécessaire, aussi, de sélectionner ce qu’il faut retenir. Sur ces photos de familles / de groupes que Magdalena Lamri présente, certains visages se sont effacés, altérés par les ravages dommageables du temps qui lègue aux oubliettes les éléments que le moi décide d’oublier, par pur désintérêt et aussi, parfois, pour se protéger des vilaines pensées. Qu’elles apparaissent au recoin d’un songe fait en journée ou dans celui d’un rêve dont on ne mesure pas tout de suite l’invraisemblance, les frontières entre le réel et l’irréel sont exiguës. Et le fait que les œuvres de Magdalena Lamri soient réalisées sur papier et au crayon, renforce ce sentiment de fragilité viscéralement inscrit dans l’ADN de l’être.
FR A GI L I T É — 7
Magdalena Lamri, Children, techniques mixtes sur papier entoilé, 41x32 cm, 2015 ©
Magdalena Lamri, Frontière I, graphite et crayons de couleur sur papier, 70x100 cm, 2014 Š
FR A GI L I T É — 9
Magdalena Lamri, Vestiges, techniques mixtes sur papier entoilé, 50x40 cm, 2015 ©
Cette vulnérabilité, elle est aussi suggérée par le travail de Samuel Yal, ce sculpteur et réalisateur dont le travail ne cesse de remettre en question les limites de la forme et de l’espace (on sait sa faculté à manier l’idée de « solide » à celle, initialement contraire, de « volatile »), déjà exposé à New York, à Leipzig et au sein de la capitale parisienne au cours des derniers mois. À la Galerie Mathilde C., en cohabitation complémentaire avec les dessins vaporeux de Magdalena Lamri, c’est son travail sur le visage humain qui est présenté. Des visages fabriqués en porcelaine (céramique dont on n’attribue pas forcément l’idée de solidité…) dont il module la taille (« Autoportraits 9 CH »), qu’il adapte à l’envie (sa série « Solstices »), qu’il reproduit à n’en plus finir (« Evanescence »), qu’il déshumanise et désordonne (« Impression / Visage »), au point de contester la nature même attribuée au sujet. En le faisant, il affirme l’incapacité du cerveau humain à mémoriser, et donc à reproduire, les traits du visage de ses contemporains. Là encore, c’est la mémoire, aléatoire et imparfaite, qui fait acte de fabrication, plutôt que de reproduction. Ces figures, minuscules et détachées du reste du corps, elles sont à la fois absolument sereines et considérablement fracturées, gangrénées par ces éléments extérieurs qui, paradoxalement, viennent les détruire de l’intérieur. Un peu comme ces photos factices dessinées par Magdalena Lamri, usées car incapables de subvenir à leur propre pérennité. Fragilité du corps, car fragilité de l’esprit. Bastien Stisi, journaliste culturel
FR A GI L IT É — 11
Samuel Yal, Evanescence, porcelaine, sel, 650 cm, 2010 ©
Samuel Yal, Autoportraits 9 CH, porcelaine, 0,9x0,7x0,6 cm chacun, 2014 Š
FR A GI L IT É — 13
Samuel Yal, Impression / Visage, porcelaine, 30x17x10 cm, 2012 © Courtesy Galerie Ariane C-Y
Guido Romero Pierini
Mathilde de Chasteigner
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