Réminiscences les peintures DE ÉRIC BOURGUIGNON, SIMON CASSON, JÉRÔME DELÉPINE, ROSY LAMB, JEAN-PIERRE RUEL, JULIEN SPIANTI & MARION TIVITAL
Vernissage le jeudi 12 MARS 2015 de 18h à 21h Exposition du 13 MARS au 4 AVRIL 2015
darren baker gallery 81 Charlotte Street London, W1T 4PP
RÉMINISCENCES
L’exposition « Réminiscences » présentée par les commissaires d’exposition Géraldine Bareille et Guido Romero Pierini regroupe des artistes qui explorent les fondements de la peinture. Celle-ci se manifeste à travers ses mythes premiers, ses imaginaires et son histoire, à l’image du récit fondateur de Pline l’Ancien, relaté dans son Histoire naturelle. La fille d’un potier, sous la lumière vacillante d’une lanterne, trace sur un mur le profil de l’amant en partance. Lorsque le trait est tiré, ne restent que l’absence et la mémoire, mais aussi un acte pionnier, car de là naît la peinture figurative: de la perte, de la trace et de la mélancolie. Or à de nombreux égards, ces vertus natives se sont évanouies au fil des âges ; elles constituent pourtant la trame qui réunit les artistes présentés.
Chacun d’eux introduit, à sa manière, ces réminiscences originelles. Chez Rosy Lamb, un sentiment d’attente habite les corps, comme alanguis par une solitude flâneuse. L’indolence se fait palpable, elle renvoie à une torpeur hors du temps, ou plutôt, qui hésite avec lenteur entre ce qui est arrivé, et ce qui doit arriver. Nous retrouvons cette dichotomie dans les peintures de Jean-Pierre Ruel, dont les personnages échappent à la narration, tout en œuvrant dans une étrangeté situationnelle. Là aussi, une langueur expectative et ce petit décalage avec la réalité, celle qui trône dans nos propres mémoires, celle aussi qui détonne, car elle échappe à nos représentations habituelles.
Rosy Lamb, Sans titre, huile sur plâtre, 83x66 cm, 2014 ©
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Jean-Pierre Ruel, Souvenirs de l’atelier, huile sur toile, 130x97 cm, 2012 ©
Partant de ce sentiment d’affection du réel, Marion Tivital interroge également cet espace interstitiel, tout comme un temps suspendu, en figurant des sites qui, à la frontière du géométrique, finissent par imposer une présence douce et mystérieuse. Une mélancolie flottante émane de ces espaces industriels ou de ces objets quotidiens à l’apparence minimale, à partir desquels germent des récits fantasmés, comme dotés de vie.
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Marion Tivital, Entre ici et ailleurs, huile sur toile, 73x100 cm, 2013 ©
Des Réminiscences, car est supposé l’évanouissement d’une présence passée. Cependant, les traces que cette dernière laisse derrière elle, affectives, imagées, ou magnifiées par le sentiment de singularité qui hante le mélancolique, ne sont pas que des empreintes inopérantes. Elles sont aussi des surgissements, des éclosions et des naissances, nous rappelant que toute perte s’accompagne d’une reconquête. À l’image des toiles d’Éric Bourguignon, dont le toucher vif et intense absout les formes par des contours hésitants, comme floutés, au profit d’une impression, d’une sensibilité. L’artiste nous montre que la sensibilité est la capacité à vivre, à revivre, à mémoriser des sensations, plutôt que de réitérer des informations. De même, chez Jérôme Delépine, les compositions brumeuses et éthérées suggèrent cet effacement émergeant. Les portraits notamment, diffus et nébuleux, presque fantomatiques, évoquent les visages évanescents de personnes autrefois rencontrées, dont les traits s’estompent au fil du temps, sans qu’ils soient oubliés pour autant.
Lou Ros, CL2, acrylique, pastel et huile sur toile, 195x130 cm, 2014 ©
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Eric Bourguignon, Paysage, huile sur toile, 81x100cm, 2014 ©
Jérôme Delépine, Nuages, huile sur toile, 54x65 cm, 2014 ©
Les artistes de l’exposition « Réminiscences » interrogent donc le paradoxe de l’apparition qui se joint à la disparition, paradoxe constitutif de l’acte pictural. Ainsi que nous le montrent Julien Spianti ou Simon Casson, la peinture est la pratique qui par excellence, contrairement à la photographie, permet d’amalgamer des réalités, de laisser choir sur le même plan des mondes qui s’estompent et d’autres qui s’esquissent, comme des lambeaux de mémoire luttant pour être préservés de l’oubli. Julien Verhaeghe, critique d’art.
Julien Spianti, L’amour de soi, huile sur toile, 130x97cm, 2014 ©
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Simon Casson, Vayer (Study II), huile sur toile, 41x36 cm, 2014 ©
Géraldine Bareille
Guido Romero Pierini
Commissaire d’exposition
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