ARCHITECTURE EN CHINE CONTEMPORAINE : 5 APERÇUS
YANG YONGLIANG - Time Immermorial - Old Pine, 2016 1
BEIJIN
4 1 2
5 3
2
SHANGHAI
SOMMAIRE
LE LIEU
1. LIN’AN
5
RACHEL ROUZAUD
MÉMOIRE 2. LISHUI
29
ANATOLE POIRIER
ANALYSE CRITIQUE 3. GUANGZHOU
45
GWENDOLINE CHARREAU
PROCESSUS PARTICIPATIF 4. FUYANG
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CLARISSE PROTAT
MAISON À COUR 5. CHENGDU
85
MARION VALLET
BIBLIOGRAPHIE
102
3
Remerciements à Stéphanie Boufflet Architecte DPLG Docteur en urbanisme Enseignant-chercheur
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LE LIEU 1. LIN’AN RACHEL ROUZAUD
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LE LIEU
Lieu : Notion, relation par laquelle un objet est situé dans l’espace. Cycle : Succession de phénomènes constituant les étapes d’une évolution de l’état initial à l’état final, sans caractère de périodicité. La porcherie de la la ferme écologique de la Sun Commune est destinée à accueillir 30 cochons noirs. Située dans une vallée de 3,6 km de long, celle-ci accueille bon nombre d’urbains en villégiature, voulant connaitre l’origine de leur nourriture.
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vue intérieure de la porcherie Cette porcherie est dessiné par l’architecte, enseignant, chercheur Chen Haoru, originaire de la région. La porcherie est livrée en 2014 et devient un lieu touristique pour attirer des urbains dans la communauté. 7
À LA RECHERCHE DU LIEU
croquis récapitulatif dessiné lors de la recherche du bâtiment dans google maps
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extrait d’une histoire vraie
.. tic tic tic tic tic ... si vous prêtiez attention à la régularité avec laquelle le bruit des touches se faisait entendre, nous pourrions deviner quel mot était tapé ce soir-là sur le clavier : porcherie_Chen Haoru. clic sur les cinq premiers résultats, je ne s’attarde pas sur ces pages qui énoncent les mêmes banalités. Les dix pages suivantes sont sans rapport avec le sujet. retour à la barre de cherches : ... tic tic tic tic tic ... Cette fois vous essayez de vous concentrer pour reconnaitre les lettres au son que fait le clavier... Je vous aide, compliqué, quand on n’a pas l’habitude : pig farm Chen Haoru Premier résultat, pas mal, je lis en diagonale le texte que je copie sur ma planche indesign et garde l’onglet ouvert. Je passe au second site, archdaily, aucune nouvelle information... Je scrolle à la recherche de nouvelles informations, de nouvelles photographies du projet, et surtout, surtout : son emplacement. Je passe un troisième site, puis un quatrième,... Les sites défilent et se ressemblent tous. Je change les mots dans la barre de recherche : tic tic tic.. Chen Haoru architect Un site en chinois, redirection google traduction, ... Peu de résultats. Après une heure de recherches, mon indesign fait un peu la tête, je n’ai retenu que 3 sites dont un en chinois. Pour ce qui est de la localisation, google m’a appris que le site s’appelle la commune de Lin’an, le village : Shuangmiao, près de la ville de Taiyang dans la province de Hangzhou. Ouais, c’est plutôt complet mais moi non plus, ça ne me dit rien. Retour sur mon moteur de recherche, candide, je cherche Lin’an commune. Google maps met en exergue une tâche de 60km sur 20, un peu grand leur village. Ah non, en fait, c’est Lin’an district. Pour Lin’an village, je trouve un docteur placé tout près de l’inscription “Lin’an district”. Pour Shuangmiao, c’est pire, me voilà écartelée aux trois points cardinaux de la Chine : en Mongolie, près de Dazhou, et un dernier à 100km de Pékin. L’outil google se moquerait-il de moi ? Je cherche Hangzhou pour me rendre compte qu’aucun des points ne correspond. Je cherche à nouveau les mêmes mots clefs, le temps passe, et ce village reste introuvable. Retour aux recherches google, peut etre vais-je trouver un indice ? Je commence à en faire une affaire personnelle. Je retourne à Lin’an District et décide de passer la carte au peigne fin. On conviendra que c’est une bonne idée, si temps il y a et si certaines parties n’étaient pas si floues (sciemment, certainement pour me faire enrager)... Je me munis d’un crayon et regarde les photos de la porcherie, pour me demander à quoi elle peut bien ressembler de haut, avec son toit si caractéristique. Vu d’en haut peut être... 1, 2, 3 carrés centraux, le toit s’abaisse ensuite de chaque coté ce qui formerait deux rectangles de chaque côté. On voit ausis une montagne couverte d’arbre derrière le bâtiment, des champs de fruitiers devant, *quelque part* une piscine pour les cochons... Retour sur google maps. Après un moment, je me dis que c’est très noble comme quête mais que cette méthode peu fine ne portera pas ses fruits. Je me résigne, il est tard, après une énième complainte à mes collègues du master, j’abandonne et vais me coucher. ... Non mais j’arrive pas à dormir, c’est vraiment nul d’avoir échoué. Je m’y remets. J’ai intérêt à trouver, sinon je ne dormirais pas. ... Fort heureusement pour mon sommeil, j’ai fini par scroller toutes les annonces d’hôtels qui correspondaient aux mots clefs. Je finis par trouver le Murren camping situé à Lin’an, Shuangmiao. 1-0 pour Rachel. Je me mets à chercher aux alentours et trouve un endroit qui pourrait correspondre. cqfd (ce qu’il fallait démontrer). J’éteins mon ordi, il doit être 3h du matin.
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retour sur la recherche du lieu
Quelques semaines après, retour sur cet exercice qu’est de chercher, sur internet, un lieu situé dans un pays étranger et tout particulièrement la Chine. C’est bien de pouvoir relire le texte précédent pour se remémorer cette soirée de recherches et analyser ce qui s’est passé sous forme de détails à relever. Premier détail, première incohérence, pourquoi s’affairer à rechercher le lieu sur google et pas sur baidu quand on sait que ce moteur de recherche ne fonctionne pas en Chine? Est ce par réflexe, par un manque de connaissance du moteur de recherche chinois, l’anticipation que chercher en anglais sur baidu apporterait les mêmes résultats que la recherche google ou l’angoisse de ne pas réussir à comprendre ce qui serait écrit dans une langue inconnue et peu facilement traduisible avec les outils en ligne classiques type: google traduction. On en revient souvent à ce même google. Deuxième détail, la possibilité de trouver des informations facilement, qui donne l’impression de connaître le projet. Des images, des chiffres, des textes, des plans sont disponibles. Ces documents crééent l’illusion d’une proximité et donc que le site sera facile à trouver. Mais tous les documents sont choisis pour donner à voir ce qu’”on” veut bien laisser voir du projet : les images sont cadrées, si un détail n’est pas plaisant, il est volontairement oublié, la lumière est parfaite. La personne qui effectue sa recherche se fait son image du projet à travers l’oeil d’un autre : le journaliste qui a écrit l’article, le photographe qui a pris les photos, l’architecte qui parle de son projet ; et à travers ce qu’elle projette sur ce projet : ressentis, images venues de son expérience personnelle et la capacité à se projetter dans un espace représenté en plan. Si bien qu’il y a une différence entre le lieu cherché par cette personne et le lieu réel, malgré cette impression de savoir tout du projet. Troisième détail, le mot clef est le sésame qui permet d’arriver à ses fins. Peut être que l’utilisation d’autres mots clefs aurait permis de trouver le site plus facilement. Le mot clef est un intermédiaire, non neutre, puisqu’il est délibérement choisi par la personne qui cherche le lieu. Dans le choix des mots qui définiront la recherche, il y a une part d’action. Quatrième détail, immanquablement, pour trouver un site, il suffit d’en avoir les coordonnées GPS. Il parait important de s’interroger sur la forme de vérité absolue dans cette suite de chiffres et lettres qui supplante celle de la photo ou d’un plan.
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Lin’an
Positionnement de Lin’an, ville du projet, dans le territoire territoire chinois.
Localisation de la porcherie : 30°09’09.5”N 119°16’17.9”E 30.152648, 119.271636 11
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1. Village performance center 2. Bamboo bus station 3. New village shop 4. Food packaging 5. Reception house 6. Observation deck 7. Commune center 8. Field cafeteria 9. Library of commune
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10. Duck House 1:10 11. Pig house 12. Farmer’s pavillon 13. Hen House 14. Tea House of remmed earth 15. Tent school
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Carte présentant les bâtiments en bambou de la Sun Commune
campagne chinoise
Ces dernières années, la reconstruction des campagnes chinoises est devenu un sujet sur lequel le gouvernement, ainsi que beaucoup d’architectes et d’urbanistes, réfléchissent car l’urbanisation extrêmement rapide du pays a conduit à la destruction de villages, remplacés par des kilomètres de banlieues aux immeubles de grande hauteur. Le projet de la porcherie étudiée ici, fait partie intégrante du projet de revitalisation du village de Lin’an, appelé “Taiyang Farming Commune” ou la “Sun commune”. Où on retrouve plusieurs pavillons réalisés par des architectes. 13
LE LIEU, PREMIER ELEMENT DU PROJET
la porcherie dans la vallée lin’an village
Niché dans les montagnes, ce village, qui a vu nombre de ses fermiers se désintéresser du travail agricole, tombait en ruine avant l’arrivée d’un homme d’affaires de Shanghai : Chen Wei. Cherchant à revitaliser ce village, en 2013, Chen Wei fait appel à Chen Haoru pour construire une étable à cochons près de son exploitation biologique. “La grange est une attraction majeure - elle fait partie de notre marque. Elle attire les gens des villes pour qu’ils viennent à la ferme afin qu’ils puissent réellement connaître les gens qui cultivent leur nourriture”. Dans le village, quelques maisons commencent à être réhabilitées... 14
exemples de travaux de rĂŠnovations dans le village
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autre pavillon de la Sun Commune : pavillon pause des paysans
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Chen Hoaru, l’architecte de la porcherie, et ses étudiants, dans son studio à l’université agro tourisme
Pour son créateur, la “Sun Commune” n’est pas une utopie, mais une projection idyllique de la campagne par les citadins. Elle consiste en une ferme écologique de 500 acres, située dans le village de Zhu Yi, Sun Town, Lin’an City, à environ 70 km de Hangzhou. Cette ferme est située dans une vallée de 3,6 kilomètres de long, où les rizières, la porcherie, le poulailler, le dortoirs pour canards, les espaces de paturages pour moutons,... sont étendus comme des branches sur l’axe de la route. On ne peut pénétrer dans la ferme qu’à pied et en véhicule électrique afn de préserver la sereineté du lieu. Le “siège de la commune”, a été construit sur la base d’une ancienne ferme et dispose d’un espace d’exposition pour les produits cultivés sur place : choux, radis, fraises, céleri, citrouilles, courges d’hiver et miel. Près de chaque produit est présenté le portrait du producteur: “C’est le respect du producteur et cela favorise la traçabilité de la qualité du produit”. Chen Haoru, l’architecte de la porcherie, est désormais le directeur artistique de la ferme. 17
axonométrie de la porcherie et de ses alentours - représentation réalisée par R.Rouzaud 18
elevation de la porcherie
8000mm
8000mm
8000mm
plan de 1.TOITla : porcherie 8000mm
liens : 50mm copeaux de bambou : 20 mm 1.TOIT : tiges en bambou : 10cm de diamètre liens : 50mm copeaux de bambou : 20 mm tiges en bambou : 10cm de diamètre
8000mm
8000mm
8000mm
2. MURET : 8000mm mur «noble» en pierre : 300mm mur en briques : 500mm 2. MURET : mur «noble» en pierre : 300mm mur en briques : 500mm
8000mm
: 8000mm revêtement ciment : 20mm sol en briques légères : 120mm 3. BASE : dalle en béton : 150mm revêtement ciment : 20mm sol en briques légères : 120mm dalle en béton : 150mm 3. BASE
une oeuvre signal
“Une porcherie construite pour 30 cochons noirs. Une porcherie à ciel ouvert, recouverte de bambou, un toit de chaume en forme de pyramide et un étang de baignade. Chaque après-midi, ses locataires porcins font la sieste au son d’une douce musique de jazz. Tous les jours, lorsque la cloche sonne, les cochons se précipitent dehors pour s’amuser dans la vallée, trotter dans la cour, nager dans l’étang, se rouler par terre jusqu’à ce que le sifflet les rappelle à l’intérieur. On peut dire que les porcs vivent heureux ici ...“
0
1000 mm
1.
2.
3.
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LE CYCLE, ELEMENT RECURRENT DU PROJET : LE CYCLE DE LA MATÉRIALITÉ
les matériaux de construction de la porcherie
: Les matériaux et la main-d’œuvre proviennent exclusivement du village. Le projet a été dessiné et ajusté par l’architecte sur place, en regardant les ouvriers locaux travailler. Dans une optique environnementale, on peut rajouter que le projet a une empreinte carbone faible, et est l’exemple type de ce qu’on pourrait appeler un projet durable. le chantier
Le projet de la communauté fonctionne donc comme un cycle qui entretien le savoir, les traditions artisanales de construction locales. 20
photographies prises lors du chantier de la porcherie
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Prise de vue sous la toiture
la structure de la toiture avant la pause du chaume : Il existe 3 types d’assemblages en bambou à joints secs qui ne nécessitent pas de pièces supplémentaires. Pour le cas de la porcherie, à en juger par les photos, il semble que le type de liaison retenue soit le (b) puisqu’il est fait référence d’un petit marteau dans un des articles et des liens pour tenir les bambous du toit. Des liens viennent fixer le chaume.Le bambou, creux, sert aussi à l’évacuation d’eau. le bambou
(a)
(b)
(c)
encastrement, emboitement, liaison par fil 23
La porcherie vue de l’extérieur
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Détail de la jointure entre socle et toiture - représentation réalisée par R.Rouzaud
assise en béton
Du béton est utilisé pour faire le socle : qui est composé des fondations, du revêtement du sol et des murets qui supportent la toiture de la porcherie. Pour ces murets d’un mètre de haut, le béton reste apparent en intérieur, mais présente un parement pierre ou bambou sur l’extérieur. Les murets se font plus epais à chaque fois que le toit vient s’y poser servant de pile pour asseoir la toiture.
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LE CYCLE, ELEMENT RECURRENT DU PROJET :
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LIEN VILLE/ CAMPAGNE
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réactiver la campagne ?
tourisme? , tourisme de bouche?
: Le lieu, et surtout, désormais, les constructions sur place, attirent des citoyens des villes et des touristes, qui viennent en villégiature pour la journée dans la vallée. C’est par le combo architecture, lieu, contexte que ce lieu s’est créé. Sur place, de nombreuses autres programmes ont été ouverts : des magasins vendant les produits locaux, une cantine permettant de se restaurer, un camping, un pavillon accueillant des scolaires... Le village, réanimé, transmet un lien nouveau au monde vivant. Pour le créateur de la Sun Commune, ce projet de ferme écologique est considéré comme une véritable “méthode de recherche”, destinée à être répliquée mais à faire évoluer selon les endroits puisque chaque village a des traditions et une architecture vernaculaire différentes. le tourisme
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Le Produit : En ce qui concerne la porcherie, les cochons noirs sont considérés comme une nourriture de premier choix. Qui plus est, ils sont élevés dans un cadre particulièrement paisibles et des conditions particulièrement confortables, si bien que les porcs elevés à Lin’an sont une nourriture de luxe, destinée à être mangée par de riches urbains, payant leur viande au prix fort. Les porcs ne sont alors ni vendus, ni cuisinés sur place, mais envoyés dans les grandes villes par le biais de la plateforme numérique Taobao. Ici, on parle de cycle puisque la porcherie permet la revitalisation de la campagne en attirant à la fois touristes des villes et en y vendant la nourriture qui y est elevée. Ce qui fait de ce projet un lien ville-campagne. 0
1000 mm
1.
2.
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photo des cochons noirs à l’extérieur de la porcherie
8000mm
Lin’an Commune
太阳 公社
panneau d’accueil de la Sun Commune
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MÉMOIRE 2. LISHUI ANATOLE POIRIER
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MÉMOIRE
Mémoire : Faculté comparable à un champ mental dans lequel les souvenirs, proches ou lointains, sont enregistrés, conservés et restitués. Le Wang Jing Memorial Hall peut être considéré comme une représentation contemporaine de la mémoire d’un passé glorieux : celui du village de Wang, dans le Songyang. La représentation de son personnage le plus import, l’érudit impérial Wang Jing ,mais aussi d’un patrimoine immatériel, la connaissance technique de la construction en terre, identité architecturale du village.
130
Le Wang Jing Memorial Hall est dessiné par l’agence DnA. Achevé en décembre 2017, la ville veut a travers ce bâtiment valoriser et transmettre un patrimoine historique et culturel riche, pouvant devenir un lieu touristique comme un repère pour les habitants. 2 31
Au XXe siècle le village et la province se sont rapidement développés grâce, principalement à l’industrie. Tout autour du village, les zones industrielles ont petit à petit rongé le tissu urbain historique de la ville. Ce développement à de fait amorcer la création de nouveau bâtiment plus grand, en béton, pour loger les employer de ces industries en expansion. Le mémorial se retrouve ainsi dans un contexte urbain tiraillé entre une identité historique forte et une modernisation constante qui pourrait justement mettre en péril cette première. 332
4 33
UNE MATÉRIALITÉ ENTRE PATRIMOINE ET MODERNITÉ
Le village tiraillé dans son identité urbaine l’est aussi par son architecture et sa matérialité. De nouveaux immeubles plus modernes, en béton, participent à la création d’un nouveau paysage pour le village. D’une hauteur raisonnable, trois ou quatre étages, ils surplombent tout de même le bâti plus ancien, beaucoup plus proche du sol et en terre. C’est cette relation conflictuelle entre patrimoine et modernité, béton et terre, qui va forger l’identité matérielle du mémorial de Wang Jing, créant le lien entre les deux visages du village . 5 34
35
7 36
banche
terre cru tassé étanchéité
fondation béton
Détail du processus de construction réalisé d’après photos de chantier.
en Reprenant la doubleMur identité matérielle du village, le mémorial va de fait mettre à profit le patrimoine constructif des artisans. Sur un socle de béton des murs en pisé sont érigés, superposition de couches de terre tassée successives.
terre cru (pisé) - Wang Jing Memorial Hall - 1:20
Outre des avantages écologiques et économiques, les murs en terre cru permettent une gestion naturelle de la chaleur et l’humidité du bâtiment.
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LE PÉRIPLE DE WANG JING
Wang Jing était un érudit impérial à l’époque de la dynastie Ming, il fut nommé par l’empereur Yongle pour créer un recueil de connaissance, surement la première encyclopédie. Deux mille académiciens ont travaillé sur ce projet, produisant huit mille textes sur tout ce qui était connu et avait été découvert à l’époque dans les domaines de l’agriculture, de l’astronomie, de l’art, de la géologie, de l’histoire, de la littérature, de la médecine, des sciences naturelles, de la religion et de la technologie. L’encyclopédie de plus de onze mille volumes a malheureusement été perdue. Il ne reste de l’encyclopédie qu’un seul exemplaire fragmenté, dont les pages ont été incorporées dans des collections du monde entier, la plus grande partie étant conservée à la Bibliothèque nationale de Chine à Pékin. 9 38
C’est à l’intérieur, dans une atmosphère plus intime que va se révéler l’histoire de Wang Jing. Au travers de 17 bas-reliefs, le bâtiment va porter le dérouler de la vie de l’érudit. Ces bas reliefs conteront aussi sa jeunesse consacrée aux études, sa notoriété d’académicien, sa carrière d’enseignant, ses relations avec l’empereur, sa promotion de la culture et ses voyages, la mort de sa mère et son retour au village, jusqu’à ce qu’il soit nommé pour écrire l’Encyclopédie.
1. Talentueux et prêt à apprendre 2. Arrive dans la société et fonde une école 3. Obéi aux règles, réglementation et moralité familiale 4. Reconnu pour sa littérature dans la capitale
5. Diligent en politique à Kaizhou 6. Joue un rôle important pour l’Empereur 7. Participe au gouvernement Shanxi 8. Délégué à la province du Yunnan 9. Promouvoi l’éducation et l’accès à la nourriture 10. Voyage et enseignement 11. Recueillement et édition d’archives 12. l’examen approfondi du “taizushilu” 13. Observe le matin pour sa mère décédée 14. Le chef du Ministère des rites 15. Joue un rôle important pour l’Empereur, encore 16. Commande des troupes en personne 17. En charge de l’édition de l’encyclopédie Yongle 10 39
40
Les dix-sept bas reliefs sont placés aux dix-sept angles du bâtiment, liant ainsi encore plus l’histoire de Wang Jing à celle de son village. Surmonté de puits de lumière ils sont les repères et l’une des sources principales du bâtiment. Le visiteur arpente cette histoire entre ces points de lumières et les grandes ouvertures donnant sur des cours ou la rue. 1241
ACUPUNCTURE RURALE
“Tous ces bâtiments ne sont pas une forme ou une image iconique, ils deviennent plutôt un média ou un traducteur de cette histoire et de l’héritage du village” Xu Tiantian, DnA_Design and Architecture
13 42
L’identité et les réflexions proposées par le Wang Jin Memorial sont aussi un point de départ pour s’intéresser à la philophie architecturale et patrimoniale de Dna_ Design and Architecture. Le mémorial se place ainsi dans une constellation de projets parsemés dans la campagne chinoise. À travers ces projets de petites échelles, “acuponcture” dans la ruralité chinoise l’agence prend à contre-courant les dynamiques d’urbanisation ayant lieu dans le monde, mais encore d’avantages en Chine. Sans pour autant rayer la modernisation du bâti et des villages qui a eu et a lieu dans la campagne chinoise, les projets tissent un lien entre un patrimoine en perdition et une nécessité de valoriser cet héritage. Issu de la collaboration entre Xu Tiantian de DnA_Design and Architecture et le gouvernement municipal responsable du Songyang, ces interventions rassemblées lors de l’exposition “Rural Moves - The Songyang Story” se veulent représentative de processus de construction innovants qui intégrant les traditions artisanales qui auraient pu ou ont été oubliées et une utilisation locale des ressources. Le Wang Jin Memorial Hall est un des symboles de cette politique jusqu’ici minoritaire, mais doit être considéré comme une des voies à suivre dans la valorisation et la restructurions des campagnes qui va être un des prochains défis de l’architecture chinoise.
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ANALYSE CRITIQUE 3. GUANGZHOU GWENDOLINE CHARREAU
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ANALYSE CRITIQUE
Tulou
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contemporain
La critique permet d’analyser des arguments. Elle expose avantages et inconvénients pour mettre en exergue certaines situations. L’architecture, au confluant de beaucoup de domaines, représente un bon poste d’observation. Celle des Tulou, habitat traditionnel de Chine du SudEst, est le sujet de cette analyse. Elle propose 3 descriptions de Tulou et une page méthodologique relative à plusieurs articles critiques en lien avec ces 3 exemples: 1- Tulou traditionnel 2- Tulou contemporain en Chine 3- Tulou contemporain en Europe Pour conclure, ces trois exemples serviront à souligner l’aspect social du Tulou.
Tulou traditionnel 47
MÉTHODOLOGIE
L’étude critique sera basée sur 2 articles chinois et une publication suédoise parlant de 3 architectures liées aux Tulou. A savoir : 1- Un article sur Baidu des Fujian Tulou. Rédigé par le collectif “Fujian Tulou Group” - 2020.04.28 2- Une publication en anglais, regroupant les trois typologies de tulou, travail commun de l’Advanced Architectural Design master studio à la Lund School of Architecture, Suède - Septembre 2014 3- Un article du Phoenix Weekly, une revue chinoise d’actualité politique et culturelle. - 2008.12 Ces deux points de vues culturels, chinois et européen, retracent les différents contextes des tulou. Dans cette optique, chaque projet possède deux articles analysés : un d’origine chinoise et un occidental (SE). Sauf pour le logement étudiant tietgen. 48
CHAMPS LEXICAUX - ETUDES Les articles sont étudiés par champs lexicaux via Excel. La finalité de l’étude est présentée par dendrogrammes circulaires. Les mots restent dans la langue d’origine ou de traduction, à savoir l’anglais. Tout le reste est en français.
EXEMPLE DE DENDROGRAMME CIRCULAIRE - CHAMPS LEXICAUX
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Champs lexicaux : Principalement “Architecture” et “Perception”
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Nombre d’utilisations d’un mot dans le texte Mots (en Anglais)
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SOURCE POUR DIAGRAMME : https://rawgraphs.io/
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TULOU TRADITIONNEL OBJET TOURISTIQUE FUJIAN CHINE
TULOU OU MAISON DES HAKKAS Les tulou de Fujian sont des bâtiments souvent ronds, construits avec un mélange d’argile et de sol sablonneux pour protéger ses habitants, les Hakkas. “tulou” veut littéralement dire “bâtiment de terre” et “Hakka“ “familles invitées“ ou “familles qui ne sont pas d’ici“. Leurs ancêtres sont originaires du bassin du Fleuve Jaune. Les premiers villages fortifiés ont été construits à partir de la dynastie Song (960–1279), lorsque les Hakkas ont migré. Depuis, la construction est restée sensiblement la même, jusqu’à ce que des conflits conduisent au développement des logements type forteresse de la dynastie Ming (1368-1644). Depuis 2008, certains sont inscrits à l'UNESCO en tant que patrimoine culturel mondial. Aujourd'hui, ces bâtiments en terre représentent l'une des principales attractions touristiques de la région. La plupart de leurs résidents sont impliqués dans le tourisme. 50
Entrée principale
Entrées secondaires
Cour commune
Lieux de rituels
COMMUNAUTÉ & PROTECTION La famille et plus largement la communauté est le centre de cet espace sécurisé et dense. La majorité d’entre eux possèdent généralement 3 entrées dont une principale. Ils renferment une cour commune et un ou des endroits aménagés pour les rituels. Leur forme peut prendre plusieurs aspects : carrée, rectangulaire, circulaire, etc... Elle est souvent appelée “merveilleuse fleur architecturale” de par son évocation à la nature. La robuste fondation en terre mesure jusqu’à de 3m d’épaisseur à sa base. Dans la plupart de ces demeures, les appartements sont divisés non pas par étages mais par sections. Les compartiments de sa structure d’1,5m de large évitent la propagation du feu, car les circulations aux étages et les escaliers sont en bois.
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TULOU UN HABITAT DÉMODÉ ? Cet article en chinois sur le tulou traditionnel est le seul qui aborde les règlements architecturaux à l’origine de leurs premières constructions (5%). Le Tulou y est présenté comme une architecture où la matérialité et la forme revêtent une grande importance (75%). L’aspect social se concentre sur le concept de la famille et du clan, sans mentionner les usagers actuels (20%). Ceux-ci sont rarement cités dans la description car le tulou est considéré comme un habitat obsolète. La Chine d’aujourd’hui, avec sa croissance urbaine, relègue souvent les architectures traditionnelles à des objets touristiques, lorsqu’ils ne sont pas abandonnés ou détruits.
Sujets Architecture
75% Perception 20% 5%
Dénomination la plus utilisée Earth building (x8) - Architecture / Matérialité
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ANALYSE DE L’ARTICLE CHINOIS SOURCE : Fujian Tulou rédigé par le Fujian Tulou Group Edit Discussion 75 - 2020-04-28 https://baike.baidu.com/item/%E7%A6%8F%E5%BB%BA%E5%9C%9F%E6%A5%BC/101431 15#reference-[13]-17725756-wrap
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Dénomination la plus utilisée 70% Perception 30%
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TOURISME ET MUTATION La notion de famille reste très présente dans l’article suédois. Le mot est utilisé 13 fois. A contrario, l’article chinois, pour qui cet aspect social est évident, n’explicite pas autant ce concept (“famille” utilisé 3 fois). L’utilisation du mot met l’accent sur la différence des modes de vie chinois et européen. L’individualisme occidental marque le sous-texte de l’article (30%). Cependant, la description physique comme lieux touristiques prévaut celle des usagers et de leurs habitudes de vie (70%). Beaucoup de tulou tombent en ruine par inoccupation ou manque de moyens. En effet le secteur du tourisme procure la principale ressource de ses habitants. Le tulou devient peu à peu un objet de curiosité non vivable ou déserté. ANALYSE DE LA PUBLICATION EN ANGLAIS (SE) SOURCE : Advanced Architectural Design master studio at Lund School of Architecture 2014 https://issuu.com/aad_lund/docs/assignment_2/102
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TULOU CONTEMPORAIN MIGRATION PERDUE ? GUANGZHOU CHINE
PROTOTYPE URBAIN Situé à Guangzhou, dans le Sud-Est de la Chine à 7h de voiture des tulou traditionnels, ce tulou contemporain est l’oeuvre du cabinet chinois d’architectes Urbanus. Conçu comme exemple de cellule d’habitats pour le tissu urbain, cette construction s’inspire des tulou anciens. Ce prototype financé par China Vanke & Co, une très grande entreprise immobilière (Shenzhen, Chine), en est le seul modèle. Construit pour être financièrement abordable, le premier tulou d’Urbanus a été livré en 2008. La croissance effrénée des villes chinoises donnent aux architectes une meilleure opportunité d’expérimenter le logement social. Néanmoins, situé en face de l’autoroute de Guangfu, les habitants vivent avec la présence d’un axe routier très fréquenté. 56
Entrées principales
Boutiques
Cour commune
Espace intermédiaire semi-public
UN HABITAT POUR TOUS ? L’essor économique de la Chine contemporaine a nécessité d’importants besoins en maind’œuvre : les activités des grandes villes attirent en masse des travailleurs venus des zones rurales. Appelés “mingongs”, littéralement “travailleurs migrants”, ils espèrent trouver un emploi et un logement salubre. Avec cette nouvelle typologie, Urbanus, via Vanke, propose un prototype de logement “social”. Le tulou contemporain offre 278 appartements, un dortoir, un gymnase, un petit hôtel, une bibliothèque et des espaces publics intérieurs. Avec ce concept, les architectes tentent de répondre aux besoins de logements bon marché, sans y parvenir. Aujourd’hui, ce tulou contemporain est en majorité occupé par une population aisée, excluant ceux dont le niveau de vie est plus restreint.
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IDÉAL & RÉALITÉ L’article chinois aborde l’architecture du tulou contemporain sous l’angle financier et social (55%). A l’origine, Urbanus proposait un prototype de densité urbaine pour les “low income people”, notion citée 5 fois dans le texte (traduction littérale “personne à faible revenu”). Dans la pratique, les logements sont occupés principalement par des étudiants aisés et des cadres (45%). De plus, d’après l’article, cette communauté et les gestionnaires de l’immeuble rejettent les candidats qui ne correspondent pas à un certain statut social.
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ANALYSE DE L’ARTICLE CHINOIS - SOURCE : Phoenix Weekly 2008-12 http://www.urbanus.com.cn/press/experiment-and-reflection/
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Dénomination la plus utilisée 60% Perception 40%
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GENTRIFICATION DU TULOU Tournée vers le concept de prototype urbain, la publication suédoise insiste sur l’échelle du projet (cité 9 fois). L’architecture est considérée comme bien intégrée dans le paysage. Sa description est basée sur des éléments physiques et conceptuels (60%). L’aspect social, à la différence de l’article chinois, met seulement l’accent sur l’usage d’origine dédié à une population précaire (40%). Le texte évoque la possibilité que ses habitants pourraient s’isoler inconsciemment et le tulou devenir un ghetto (cité 2 fois). Aujourd’hui, les usagers - de classe sociale plus aisée que les mingong - occultent le bien-vivre ensemble par l’absence de diversité sociale et culturelle. ANALYSE DE LA PUBLICATION EN ANGLAIS (SE) SOURCE : Advanced Architectural Design master studio at Lund School of Architecture 2014 https://issuu.com/aad_lund/docs/assignment_2/102
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LOGEMENT ETUDIANT TIETGEN COHABITATION COPENHAGUE DANMARK
LOGEMENT ETUDIANT TIETGEN Tietgenkollegiet, en anglais Tietgen Student Hall, du nom du financier danois C.F. Tietgen est une résidence étudiante située dans le quartier Ørestad au sud-est de Copenhague au Danemark. Le bâtiment s’inspire de l’architecture du tulou traditionnel chinois. Ce projet de “dortoir” a été financé par Nordea Denmark Fund, un groupe bancaire basé à Helsinki, Finlande. Conçu par les architectes danois Lundgaard & Tranberg en 2006, le bâtiment a été pensé pour de petits budgets. Ses 400 usagers sont danois, hormis 15% d’étudiants étrangers. Excentré du coeur historique, le bâtiment est accessible par transports en commun. 62
INFLUENCE SOCIALE Le projet s’inspire d’une architecture facile à comprendre. Comme le tulou contemporain, la structure s’ouvre sur l’extérieur, tout en gardant un rapport étroit entre espace privé et public. Néanmoins, les coursives disparaissent et deviennent des couloirs. Toutes les chambres donnent sur le paysage environnant, les parties communes sur la cour centrale. Le bâtiment évolue dans des principes de communauté et d’interaction sociale. Les étudiants étrangers, en petit nombre, vivent dans une culture exclusivement danoise. Cette résidence universitaire, de par son concept de cohabitation, encourage le développement personnel et social. Entrées principales
Cour commune
Espace vert
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CONDITIONS SÉLÉCTIVES Le Tietgenkollegiet fait l’objet d’une description architecturale poussée (80%). La publication vante l’intégration sociale dans la communauté danoise (20%). Toutefois, les résidents doivent répondre à certains critères : être étudiant ; avoir la nationalité danoise ou faire partie des 15% d’étudiants étrangers accueillis ; avoir les moyens financiers. Bien que le projet initial devait minimiser le coût du loyer, celui-ci reste relativement élevé. La location demeure abordable pour certains grâce aux aides du gouvernement.
Sujets Architecture
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ANALYSE DE LA PUBLICATION EN ANGLAIS (SE) SOURCE : Advanced Architectural Design master studio at Lund School of Architecture 2014 https://issuu.com/aad_lund/docs/assignment_2/102
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TULOU UNE RÉPONSE AU VIVREENSEMBLE ?
Tulou traditionnel
Tulou contemporain
Tietgenkollegiet 66
MODE DE VIE & RÉALITÉS L’étude des champs lexicaux de ces articles nous parle d’architecture, principalement à travers l’objet et ignore souvent la dimension sociale, réduite en sous-catégorie. Ils présentent le concept des tulou - la communauté - en omettant le mode de vie actuel de ses habitants. Le tulou évolue d’une typologie défensive à une architecture ouverte. Les nouveaux tulou présentent des accès plus accueillants. L’idée même du tulou pourrait être une réponse au vivre-ensemble. Dans la pratique, le projet échoue parfois à suivre la notion de départ. La volonté des architectes à agir sur les inégalités sociales fait face, bien souvent, aux réalités financières. Cependant, même si le résultat attendu n’est pas celui espéré, cette analyse démontre l’efficacité du tulou à fédérer une communauté. L’architecture, musée vivant, nous laisse de remarquables témoignages. En constante évolution, elle est source d’inspiration. 67
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PROCESSUS PARTICIPATIF 4. FUYANG CLARISSE PROTAT
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PROCESSUS PARTICIPATIF
En 2013, la ville de FuYang, dans la région du Zhejiang, fait appel à l’architecte Wang Shu pour construire un centre culturel de 40 000 m2. Celui-ci accepte et arrive à négocier en échange l’autorisation de réhabiliter un village environnant de son choix. Après plusieurs voyages et recherches, il porte son attention sur Wencun, un village de 400 habitants dont certaines habitations tombent en désuétude. Le point de départ de ce projet n’est donc pas une commande mais une négociation. De
2012 à 2016, il s’attelle donc, avec son associée Lu Wenyu, à la rénovation de ce village. La maitrise d’ouvrage est assurée par la municipalité de Wencun et, originalité de la démarche, les habitants prennent une place primordiale dans le processus de projet.
70
Source : https://www.darchitectures.com/wencun
La Chine fait aujourd’hui face à une « crise des campagnes » induite par une politique d’urbanisation galopante à échelle nationale. Cette course effrénée à la modernisation, menée depuis 30ans, est actuellement conduite par la république populaire en place. À travers la réhabilitation du village de Wencun, l’agence Amateur Architecture Studio, dirigée par Lu Wenyu et Wang Shu, propose une alternative à cette urbanisation massive des campagnes. L’enjeu est pour eux de sauvegarder le patrimoine que représente le village tout en assurant la stabilité d’une population rurale sous la menace d’expulsion. Afin d’y parvenir, les deux architectes choisissent justement de penser le projet avec les habitants de Wencun : une initiative participative assez peu répandue en Chine. Voyons en quoi le processus participatif permet à Lu Wenyu et Wang Shu de trouver le juste milieu entre la politique de la tabula rasa et la patrimonialisation d’un village. 71
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
Source : Google map
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River Village Fields Mountains Partie neuve du village Nouvelles constructions Partie ancienne du village Bâtiments rénovés Nouveau pont habité (lien entre ancien et nouveau village)
PLAN
Wencun Village, 2016, après l’intervention d’Amateur Architecture Studio Source : Clarisse Protat
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PROCESSUS PARTICIPATIF HABITANTS ET CONCEPTION
Source : http://www.al-flooring.com/wencun-village-a-renovation/
Impliquer les habitants dans la conception de leur maisons Les 30 nouvelles résidences, réparties sur 14 bâtiments, ont été pensé avec les habitants. Les bâtiments déjà existants qui ont seulement été réhabilité par Amateur Architecture Studio ont eux aussi fait l’objet d’une co-conception. Dès le début du projet, Wang Shu et Lu Wenyu ont essayé de convaincre le chef du village qui est selon eux « la clé de voute » de l’implication habitante. (1) (1) Conversation entre Wang Shu et Lu Wenyu, archive vidéo, exposition monographique - Arc en rêve, Bordeaux, été 2018
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“Vers une architecture vernaculaire” représentation de l’identité du village de Wencun Source : Clarisse Protat
On retrouve à travers ce processus participatif un intérêt pour l’architecture chinoise vernaculaire, artisanale et peu dispendieuse. Pour Wang Shu, toute personne détient un savoir qu’il peut partager pendant le temps du chantier, c’est d’ailleurs pour cette raison que son agence d’architecture porte le nom d’Amateur Architecte Studio. Ces pratiques vernaculaires viennent enrichir le travail de construction de l’architecte qui, certes, a une reconnaissance par son diplôme mais se pose aussi comme un individu qui continue d’apprendre et d’évoluer. On quitte le monopole de l’expertise et une logique normative. 75
PROCESSUS PARTICIPATIF MATÉRIAUX ET SAVOIR-FAIRE
Source : photo personnelle / Stephanie Boufflet
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Toujours dans un souci de mise en valeur des savoir-faire populaires, Wang Shu a cherché aux cotés des habitants les méthodes de construction locales. Il a ainsi récupéré et rassemblé des éléments de pierre de taille standard qui avaient déjà servis à la construction de maisons dans l’ancien village. 76
Nous pouvons émettre l’hypothèse que ce réemploi de matériau est une variante du wapan. L’atelier Amateur Architecture Studio s’est distingué en réactualisant cette technique ancestrale du wapan, notamment avec le Ningbo museum. Concrètement, il s’agit de récupérer des débris de murs effondrés, de tuiles et autres matériaux de construction puis de les réassembler dans une sorte de mosaïque imparfaite : ceci créé alors ce que Wang Shu qualifie de « jardin minéral ». Au delà du wapan, le procédé du réemploi de matériaux et de gravats était utilisé par les ruraux afin d’accélérer les reconstructions après le passage des typhons.
On notera cependant que les blocs de pierre sont utilisés uniquement comme revêtement des murs en béton. Si l’utilisation du béton pour les murs porteurs semble dénoter avec le respect des matériaux traditionnels que prône l’architecte, il permet d’obtenir une structure antisismique, nécessaire dans cette région à risque. D’une technique porteuse d’une certaine necessité, Wang Shu n’a donc gardé que l’esthétique pour en faire le motif du village, et lui donner une valeur patrimoniale.
Il serait cependant injuste de réduire l’utilisation d’un tel matériau à la question de la tradition, il s’agit en effet surtout de s’adapter à un contexte et à ses ressources. Amateur Architecture Studio considère ces blocs de pierre comme une des ressources du village et le transforme en un matériau de parement local. On ne cherche pas à imiter mais bien à adapter : c’est là tout l’enjeu d’une architecture vernaculaire qui n’est en aucun cas un pastiche du passé.
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Matérialité du village avant la rénovation d’Amateur Architecture Studio Source : https://www.darchitectures.com/wencun
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Matérialité du village après la rénovation d’Amateur Architecture Studio, 2017 Source : https://www.darchitectures.com/wencun
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PROCESSUS PARTICIPATIF USAGES ET TYPOLOGIE
Source : photo personnelle / Stephanie Boufflet
Discuter des nouveaux usages avec les habitants afin d’adapter leur maison traditionnelle Les habitants occupent une place importante au sein du processus car ils sont considérés pour leur expertise d’usage. En discutant avec eux, Wang Shu peut mieux adapter les typologies à leurs besoins actuels. 80
Cette étape de concertation est d’autant primoridale que les habitants ont vu depuis 10ans, l’économie de leur province changer de direction. Depuis les années 2000 et le départ de nombreuses industries de la région du Zhejang, le secteur tertiaire s’est développé, on parle d’une « révolution tertiaire » l’échelle de la région (2). Ceci induit donc de nouvelles habitudes au sein des villages.
Révolution industrielle puis tertiaire, de 1990 à 2010 Source : Stéphane Milhaud, Les petites villes, de nouveaux centres pour le développement territorial chinois : l’exemple de la province du Zhejiang, Géographie - Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2013
Le dialogue entre l’équipe d’Amateur Architecture Studio et les habitants de Wencun permet d’adapter le village à ce secteur tertiaire grandissant, notamment par le tourisme. Il s’agit de mettre en valeur un savoir faire local en le modernisant assez pour attirer à une plus grande échelle. D’un point de vue architectural, Wang Shu et Lu Wenyu, ont cherché à adapter la typologie traditionnelle de la maison à cour aux nouveau usages.
(2) Stéphane Milhaud, Les petites villes, de nouveaux centres pour le développement territorial chinois : l’exemple de la province du Zhejiang, Géographie Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2013
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Nouveaux bâtiments de Wang Shu, variations de typologies Source : https://www.domusweb.it/it/local-editions/2017/08/22/domus_china.html
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Wang Shu ne cherche pas à reconstituer des typologies traditionnelles, et mêle sans hésiter le vernaculaire au contemporain. La maison à cour, habituellement de plein pied, s’étend ici sur 3 ou 4 étages, la cour devient ainsi un patio.
Maison à cour traditionnelle chinoise Source : http://www.brilliantstudent.in/traditional-chinese-house-plans/
“ La nouvelle structure de logements ruraux est conçue pour trois générations de personnes dans une maison, une partie pour les personnes âgées et deux autres pour les jeunes. Le premier étage est indépendant du deuxième et du troisième étage pour éviter de perturber les différentes habitudes des trois générations. Cependant, le patio à l’intérieur de la maison assure une continuité visuelle et sonore.” Wang Shu (3)
(3) 留住乡愁 王澍的古村改造发表于 Kukchon Redevelopment for Keep nostalgia Wang Shun, 2018 - Baidu - extrait d’interview en chinois traduite par Clarisse Protat
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MAISON À COUR 5. CHENGDU MARION VALLET
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MAISON A COUR
West village est conçu par Liu Jiakun, à Chengdu, ville de la province de Sichuan. La typologie de West Village est inspirée de la maison à cours. A Chengdu, la typologie de la maison à cours, est associée à la culture du thé. La ville regeorge en effet de différentes maisons de thé, organisées autour d’une cour centrale. La forme est fortement associée à la fonction, puisque la typologie de maison à cours est difficilement dissociable de la maison de thé.
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Avant construction 1 Terrain de golf 2 Avant construction Natatorium
West Village Village est est conçu conçu par par Liu Liu Jiakun Jiakun en en 2015, 2015, suite suite àà une une commande commande des des promoteurs promoteurs Sichuan Sichuan Mailu Mailu West Industrial Co., Co.,Ltd. Ltd.Le Avant construction, terrain golf et un natatorium sont sur présents le un terrain. Le Industrial projet intégre uneun variété dede ressources locales, existantes le sitesur dont terrain terrain deun golf a été transformé en différents jardins de bambou, tandis que le natatorium a été conservé. de golf et natatorium. 22 87
La maison de thé traditionnelle « La petite Grèce », près de Shuijingjie, à Chengdu, détruite le 27 mai 2005
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DISPARITION DES MAISONS DE THE Aujourd’hui les maisons de thé représentent une programmation attractive, qui demande à être réinprété e sous une forme plus contemporaine. Aujourd’hui, les maisons de thé traditionnelles, sont soumises à une nouvelle demande qui doit être attractive. Les maisons de thé anciennes, disparaissent au profit de nouvelles typologies nommées chafou et chafang (des modèles contemporains de maisons de thé plus denses et intégrant de nouvelles programmations plus contemporaines) West Village est issu de cette tendance, puisqu’il réinterprète, la programmation de maison de thé ancienne, dans un complexe multifonctionnel, et un contexte urbain dense. Les maisons de thé anciennes, sont aujourd”hui menacées car elles représentent un potentiel de densification urbain.
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UNE MAISON DE THE CONTEMPORAINE 2
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Légende “Rebirth brick” creuses Coursive sportive 3 Programmation mixte 4 Jardin de bambou 1 2
Les maisons de thé traditionnelles et populaires sont de plus en plus marginalisées : la modernisation et la réhabilitation de nombreux quartiers de la ville entraînent la destruction des quartiers anciens et de leur tissu social, au profit de la construction de grands immeubles. Il n’y a plus d’espace disponible pour installer des maisons de thé ouvertes sur la rue en centre-ville, si bien que la majeure partie des maisons de thé traditionnelles, quand elles ne ferment pas lors de leur destruction, se « délocalisent » en périphérie urbaine. Alors que les maisons de thé traditionnelles ont aujourd’hui quasiment disparu à Chengdu, les maisons de thé modernes y prospèrent. Sur les 28 000 maisons de thé recensées en 2005 dans l’aire urbaine élargie (7 300 km2), plus des trois quarts sont des chalou et des chafang. Les maisons de thé modernes sont utilisées pour donner une image valorisée de la culture chinoise traditionnelle. 5 90
Dans un contexte très contraint, par la nécessité de conserver les infrastructures existantes de l’ilôt (notament le natatorium) , Liu Jiakun propose un bâtiment compact, dont la configuration de l’anneau extérieur et de l’espace intérieur permet de valoriser le natatorium existant. L’ilot mixte, propose divers jardins de bambous,un système de cours intérieures, ainsi que des équipements publics. L’ilôt propose une densité bâtie équivalente à celle de l’ilôt voisin, pour une emprise au sol moindre. Sans mettre en place des hauteurs d’étage standard, la conception du bâtiment permet à différents programmes de coexister. West Village est une offre programmatique répondant à la demande des aménageurs, de concevoir de nouveaux programmes de maisons de thé attractifs. Le nouveau modèle de maison de thé, propose une programmation large, et variée de loisirs. La cour intérieure est construite autour des rues . A l’intérieur, sont présents différents jardins de bambou.
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UNE TYPOLOGIE INSPIREE DE LA MAISON A COURS
Vue depuis la coursive donnant sur la cours intérieure
Liu Jiakun invente une nouvelle typologie, inspirée de la maison à cours chinoise. West Village, est un complexe moderne, intégrant le fonctionnement d’un maison de thé à une programmation de loisirs dans un contexte contraint de densité. L’architecte Liu Jiakun, agit comme un chef d’orchestre, tentant de rallier la demande programmatique, des aménageurs Sichuan Mailu Industrial Co., Ltd , et l’esprit du lieu lié à la “street culture” habitante. Sur le plan architectural, le bâtiment se distingue par sa compacité, et l’usage de matériaux recyclés en façade. West Village, s’inscrit dans la mouvance de renouveau des maisons de thé. Alors que les maisons de thé traditionnelles ont aujourd’hui quasiment disparu à Chengdu, les maisons de thé modernes y prospèrent. Sur les 28 000 maisons de thé recensées en 2005 dans l’aire urbaine élargie (7 300 km2), plus des trois quarts sont des chalou et des chafang. Le projet semble avoir provoqué un phénomène de gentrification et une augmentation de 39 % des prix de l’immobilier. La programmation de West 92 7
La programmation de West Village qui a l’origine proposait uniquement des bureaux et des commerces, proposent aujourd’hui des logements loués principalement à destination de touristes ( 30% de la surface totale). West Village, est ainsi un projet entre dualité et ambivalence, tentant de recréer l’esprit de la maison à cour dans un complexe moderne répondant aux ambitions des aménageurs. West Village est ainsi un exemple de l’absorption de l’esprit du bâtiment « Siheyuan » dans une architecture résidentielle moderne. Bien que les programmes étaient censés inclure exclusivement des bureaux et des zones publicitaires, le modèle a apparemment été victime de son succès, et 30 % de la surface totale est aujourd’hui attribuée à des programmes résidentiels. Les histoires des résidents ou des visiteurs s’associent habituellement au village de l’Ouest, aux souvenirs de leur ville natale et au « Siheyuan ». WEST VILLAGE
SIHEYUAN TYPOLOGY
12 250 m²
Natatorium
Main Yard
Main Yard
INCIDENCE SUR LE DISTRICT Depuis sa construction, le prix de l’immobilier de West Village a augmenté de 39% et la population vivant à proximité des résidences a créé un processus de gentrification. Il est important de noter que les typologies Siheyuan ne sont pas des typologies traditionnelles de Chengdu. D. Wang décrit dans plusieurs études, Chendgu comme ville avec une forte culture de rue, développé autour de la culture du thé. Les typologies autour du village de l’Ouest sont en effet principalement des immeubles de taille moyenne, avec plusieurs maisons de thé, au premier étage. Afin de rendre le projet acceptable par les habitants, les zones commerciales et les zones collectives intègrent le récit de Chengdu autour de la culture du thé. West Village est un compromis entre plusieurs facteurs : la nécessité de préserver les infrastructures sportives existantes, la nécessité de se densifier et d’intégrer la “street culture” de Chengdu. 938
REBIRTH BRICK 2
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Légende “Rebirth brick” creuses “Rebirth brick” creuses jardin
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Les façades et murs transversaux donnants sur la cours intérieure, ainsi que la toiture sont constituées exclusivement de briques recyclées nommées “Rebirth Brick” Ces briques sont constituées à partir de déchets de construction (tuiles, débris de construction). Tandis que les briques pleines sont utilisées sur la façade donnant sur la cour, les briques creuses sont utilisées dans la construction, des murs transversaux, permettant ainsi une ventilation naturelle des étages. 10 95
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Des plateaux réversibles, dont l’occupation est laissée libre à l’occupant 98
SEUIL Ainsi comme nous l’avons vu précedemment, West Village s’inscrit dans une pensée de conception s’inspirant des maisons à cour chinoise (trame structurelle, jardin en bambou, rapport au ciel).Le principe d’anneau intérieur, est tiré de cette typologie. L’architecte, dessine élégamment une passerelle, à multiple niveau sur la façade Nord, de l’ilôt, dégageant des vues sur la cours intérieure, signalant le caractère public de la cour intérieure. La notion de seuil est omniprésente, à l’échelle urbaine (passerelle à multiples niveaux) comme architecturale (coursive extérieure, murs transversaux en briques recyclées). Le caractère public est marqué par l’usage des briques recyclées sur les façades donnant sur la cours intérieure. Fait anecdotique ou révelateur du lien étroit qui unie Liu Jiakun à la conception paysagère, le rapport plein-vide de l’ilôt, coincide exactement à une règle de composition paysagère énoncée par François Cheng dans l’ouvrage “ Vide et plein, le langage picturale chinois”. “Selon une règle traditionnelle, dans un tableau, un tiers de plein, deux tiers de vide. Dans cette relation ternaire Homme-terre-ciel, plusieurs aspects ayant pour facteur commun le vide, qui en assure la totalité semblent mériter notre attention : a) la disposition mentale des éléments dans un tableau, b) la perspective, c) l’inscription d’un poème dans l’espace” 1
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CONCLUSION Au delà du caractère multiple des programmes, et de la réversibilité permise par la simplicité structurelle, l’histoire de West Village est avant tout associée à une volonté conceptuelle, de promouvoir différents degrés d’intimité à travers la notion de seuil. Un élément, qui est peut être moins travaillé dans certaines résidences construites à proximité de l’édifice. Expliquant ainsi le succès dont semble bénéficier West Village, dont la programmation originale semble muter vers une programmation mixte logements-bureaux-commerces. L’architecte Liu Jiakun, est ainsi proche de réaliser un rêve qu’il cultive depuis plusieurs années, celui de réaliser un logement collectif communautaire. Lors de la conférence “ The Soul of the Place” à la cité de l’architecture le 26 février 2018, il évoque pour référence “Longchang apartment”, une ancienne caserne de police anglaise construite entre les années 1920 et 1930, référence qui m’avait parue étrange, lors de mes premières recherches. Il s’agissait en effet d’une référence étrangère à la culture chinoise et dont je comprends maintenant la signification. West Village est avant tout, un pari de Liu Jiakun, celui de construire un modèle communautaire, dans sa ville natale. Une ville dont il connait bien l’histoire et les modes de vie, acquis au fur et à mesure de ces expériences sur le terrain. L’architecte est connu pour faire parti du mouvement “homecoming”, un mouvement initié par Wang Shu, dont il tire certains enseignements (réemploi, participation habitante en milieu rural, connaissances de la culture locale). Liu Jiakun propose ainsi un bâtiment adapté à son contexte : West Village, un tour de force exceptionnel, celui du retour du rural vers l’urbain. L’édifice parvient à faire converger les intérêts des aménageurs (demande d’une programmation attractive) à l’esprit du milieu urbain et aux modes de vie des habitants, aboutissant à ce qui semble être un consensus. Sans être seulement une offre commerciale attractive, ni une somme de contraintes du site existant, l’édifice parvient ainsi à dégager une identité propre et locale : “un espace pour penser”.2
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Complexe West Village Basis Yard. Chengdu, Sichuan, Liu Jiakun (Marion Valée)
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