Atlas des mammifères
Actuellement, 99 espèces de mammifères vivent à l’état sauvage en Suisse et au Liechtenstein. L’Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein présente ces espèces de manière scientifique, mais dans un langage accessible pour tous. Les portraits d’espèces comprennent des textes portant sur la biologie, la distribution, les habitats, ainsi que les mesures de conservation et de gestion. Ces thèmes sont illustrés par des cartes de distribution, de nombreuses photos de qualité et des diagrammes informatifs. Des sujets qui concernent plusieurs espèces sont traités dans 15 chapitres particuliers sous l’intitulé « Sous la loupe ». Il s’agit entre autres de la réintroduction d’espèces disparues, de la gestion des grands prédateurs, des méthodes de suivi de la faune sauvage ou de mesures de conservation particulières. Cet Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein contient non seulement les données transmises par les spécialistes avérés, mais aussi celles fournies par de nombreux amateurs, notamment dans le cadre de projets de science participative. Il en résulte une vue d’ensemble complète de l’état actuel des mammifères sauvages vivant en Suisse et au Liechtenstein en 2020.
Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein
Société Suisse de Biologie de la Faune
Société Suisse de Biologie de la Faune
ISBN 978-3-258-08179-3
UG_Atlas_der_Saeugetiere.indd 2
19.01.21 18:05
Société Suisse de Biologie de la Faune SSBF
Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein
Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein
Société Suisse de Biologie de la Faune SSBF Roland F. Graf, Claude Fischer (Éds.)
Haupt Verlag
1re édition : 2021 ISBN 978-3-258-08179-3 Direction du projet : Roland F. Graf, SSBF et ZHAW, Wädenswil ; Claude Fischer, SSBF et HEPIA, Genève Rédaction : Beatrice Nussberger, Wildtier Schweiz, Zurich Couverture, conception et mise en page : pooldesign, Zurich Illustrations : Nadine Colin, illustrat.ch Rédaction photos : Annette Stephani, ZHAW, Wädenswil Cartes de répartition : info fauna – CSCF, Neuchâtel Traduction de l’allemand : Thierry Niderman, F-Sierentz Tous droits réservés. Copyright © 2021 Editions Haupt, Berne Toute forme de reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. Cette publication est imprimée sur du papier certifié FSC. La norme FSC assure une gestion des forêts respectant les intérêts écologiques, sociaux et économiques. Imprimé en Allemagne
La présente publication est répertoriée dans la Deutsche Nationalbibliografie. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site Internet suivant : http://dnb.dnb.de. Cette publication est disponible aussi en langue allemande (ISBN 978-3-258-08178-6) et en langue italienne (ISBN 978-3-258-08180-9). La maison d’édition Haupt bénéficie d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021–2024. Proposition de citation : Graf, R. F. & Fischer, C. (Éds.) 2021 : Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein. Société Suisse de Biologie de la Faune SSBF. Éditions Haupt, Berne Proposition de citation par chapitre : Müller, J. P. & Blant, M. : Musaraigne bicolore, p. 186–189, in : Graf, R. F. & Fischer, C. (Éds.) 2021 : Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein. Société Suisse de Biologie de la Faune SSBF. Éditions Haupt, Berne
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Sommaire Préface Un nouvel atlas des mammifères pour la Suisse et le Liechtenstein Premiers ouvrages dédiés aux mammifères indigènes Biologie des mammifères Diversité des mammifères de Suisse et du Liechtenstein Habitats Observer et identifier les mammifères Contenu des cartes et diagrammes Contenu des portraits d’espèces Chiroptères Chiroptera Insectivores Eulipotyphla Carnivores Carnivora Artiodactyles Artiodactyla Lagomorphes Lagomorpha Rongeurs Rodentia
7 9 10 13 17 18 25 30 36 44 172 222 290 324 342
Espèces additionnelles Bilan du projet « Atlas des mammifères » Perspectives pour les mammifères au XXIe siècle
438
Appendices Remerciements Crédits photographiques Bibliographie Liste des noms d’espèces Index
449
442 444
450 455 456 473 476
Sous la loupe Effets de la lumière artificielle sur la faune Suivi du Grand murin – une réussite pour la conservation des espèces Rénovations de bâtiments abritant des colonies de chauves-souris Écoute dans les Alpes Le suivi du Hérisson par science participative Les petits mammifères cryptiques – découverte et identification Le Loup – une espèce protégée au potentiel conflictuel élevé L’échinococcose – l’histoire du renard et de la souris Des animaux sauvages en ville Le suivi des mammifères par télémétrie L’infrastructure écologique – fonctionnalité des corridors et obstacles « discrets » Un paysage agricole richement structuré pour le Lièvre brun, l’Hermine et bien d’autres Les réintroductions à l’exemple du Castor Des souris et des hommes Les mammifères de Suisse – une histoire qui ne date pas d’hier…
52 62 114 148 178 206 228 238 266 310 320 330 350 416 430
Préface de Reinhard Schnidrig
Lorsque l’homme parle de faune sauvage il pense généralement
sont de retour dans le pays, il ne manque plus que le Bison et
aux mammifères, c’est-à-dire aux animaux qui lui sont le plus
l’Élan. Est-ce que ces deux grands Ongulés parviendront égale-
proche. Si on règle la montre de l’histoire naturelle en mettant
ment à revenir ? Ce qui est sûr, c’est que les lois fédérales datant
l’apparition des mammifères il y a plus de 200 millions d’années
du 19è siècle se sont avérées des plus efficaces pour la conser-
comme temps zéro au moment du lever du soleil, le genre Homo
vation des grandes espèces. Mais qu’en est-il des petites
n’est apparu que durant la dernière demi-heure qui précède le
espèces ? Qu’en est-il des lièvres, des Insectivores ou des
lever de soleil suivant, il y a deux millions d’années. Et ce n’est
chauves-souris ? La situation de ces espèces n’est pas bonne,
que cinq ou six secondes avant que le soleil n’apparaisse à nou-
comme on peut le voir dans cet Atlas des mammifères de Suisse
veau à l’horizon que l’homme moderne a commencé à domesti-
et du Liechtenstein. Le développement des zones urbanisées et
quer les mammifères, le Loup étant devenu un compagnon qui
la fragmentation des paysages, la restructuration et l’intensifi-
a évolué vers le Chien qui nous côtoie depuis plus de dix mille
cation de l’agriculture, ainsi que l’utilisation de pesticides et la
ans, entre autres en tant qu’aide efficace pour chasser d’autres
pollution mettent ces espèces sous pression.
espèces de mammifères. Plus tard, d’autres espèces sauvages ont pu être élevées et ont conduit à la sélection des chèvres,
Les grandes espèces de mammifères ont pu faire leur retour
moutons, bovins et chevaux, qui nous fournissent viande, lait,
grâce à l’aide que l’homme a apporté durant ce dernier siècle.
laine et cuir, ou qui réalisent différents travaux ou sont utilisés
Aujourd’hui, nous devons tout mettre en œuvre pour éviter la
comme moyens de transport.
disparition des petites espèces, qui passent souvent inaperçues. Cet Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein montre
L’évolution du mammifère particulier qu’est l’homme et de ses
où il faut apporter quels soutiens à la conservation. Je remercie
capacités culturelles est étroitement liée à la cohabitation avec
les spécialistes qui ont contribué à l’élaboration de cet ouvrage
les autres espèces de mammifères. Plus encore, la définition de
de référence important pour la conservation des espèces dans
l’homme ne peut être construite qu’autour de la définition de
le futur. Que ce précieux document puisse rencontrer le succès
mammifère, ce qui implique une obligation au respect et à la
qu’il mérite.
protection des espèces proches. Dans la dernière seconde avant le nouveau lever de soleil, l’homme a cependant souvent presque
Reinhard Schnidrig
oublié la valeur des autres espèces. Revenons cent ans en
Chef de la Section Faune sauvage et conservation des espèces
arrière : le Bouquetin, le Cerf élaphe, le Chevreuil et le Sanglier
au sein de l’Office fédéral de l’environnement
avaient été exterminés du pays. Il ne restait que quelques Chamois qui se maintenaient dans les vallées reculées. L’Auroch, le Bison d’Europe le Cheval sauvage et l’Élan avaient disparu déjà plusieurs siècles auparavant. Après les Ongulés, se sont le Lynx, le Loup, l’Ours, le Castor et la Loutre que le peuple suisse à persécuté, jusqu’à ce qu’ils disparaissent à leur tour. L’habitat principal de nombreuses espèces sauvages, la forêt, a été détruit et surexploité par des mammifères domestiques. Le revirement a eu lieu à la dernière seconde, en 1876, lorsque la jeune confédération a adopté la loi sur la Chasse et la Protection des Mammifères et Oiseaux sauvages, ainsi que la loi sur les forêts. Aujourd’hui, la quasi-totalité des grands mammifères
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Un nouvel atlas des mammifères pour la Suisse et le Liechtenstein Roland F. Graf, Claude Fischer
Les mammifères intéressent l’homme depuis des millénaires,
−− L’ouvrage sert de référence pour les futurs travaux portant sur
que ce soit comme proies, comme concurrents ou en tant qu’ani
les mammifères, en particulier dans les domaines de l’iden-
maux de rente ou animaux de compagnie. Pourtant, le grand
tification des espèces et dans les méthodes d’inventaires.
public ne connaît qu’une fraction de la centaine d’espèces de
−− Les chapitres dédiés aux espèces contiennent pour chacune
mammifères sauvages vivant en Suisse et au Liechtenstein. Un
d’entre elles une carte de la répartition actuelle et un portrait
grand nombre d’entre elles sont minuscules, vivent la nuit ou se
détaillé. Ces informations sont d’une grande valeur pour la
cachent et elles passent ainsi inaperçues. Le dernier atlas des
conservation de la nature dans la pratique et pour la sensibi-
mammifères de Suisse (Hausser 1995) est épuisé depuis long-
lisation du public.
temps et certains domaines qui y sont traités ne sont plus à jour.
−− La rédaction d’un nouvel atlas constitue toujours une forte
Depuis, la détermination des espèces par analyses génétiques
incitation pour recenser de façon plus détaillée la présence
s’est par exemple beaucoup perfectionnée et permet actuelle-
des espèces cibles et pour combler les lacunes de connais-
ment de différencier des espèces qui se ressemblent fortement
sances.
avec bien plus de certitude. De plus, la répartition de certaines
−− Le projet d’un atlas promeut l’émergence de la prochaine
espèces s’est modifiée, alors que d’autres sont arrivées depuis
génération d’experts en biologie de la faune. Des cours de
les pays voisins. Pour ces raisons, la Société Suisse de Biologie
formation continue sur les mammifères ont permis à de
de la Faune (SSBF) a décidé en 2014 de rédiger un nouvel atlas
jeunes naturalistes d’améliorer leurs connaissances des
des mammifères.
espèces et de participer activement à la collecte de données
Le moment pour publier ce nouvel atlas se justifie également pour d’autres raisons. En 2008 la SSBF et le CSCF ont
pour l’atlas, par exemple à l’occasion de camps d’été dédiés aux mammifères.
publié un ouvrage commun sur l’identification des mammifères
−− Le grand public est impliqué dans le projet et il est ainsi sen-
de Suisse (Marchesi et al. 2008), ce qui a permis d’améliorer
sibilisé aux questions qui concernent les mammifères et à la
nos connaissances sur ce groupe faunique. De plus, ces der-
conservation de la biodiversité. Par l’intermédiaire de la
nières années il y a eu un effort particulier d’inventaire pour
« science participative » il aide à combler les lacunes de
mettre à jour la Liste Rouge des mammifères (Capt 2021). Ces
connaissances sur la répartition des espèces, par exemple
inventaires constituent des bases de données nouvelles qui ont
pour des espèces faciles à reconnaître ou qui sont ramenées
été intégrées dans l’atlas. D’autre part, il a été décidé dans le
par les chats.
plan d’action de la Stratégie Biodiversité Suisse (OFEV 2017) de promouvoir la formation de spécialistes des espèces et de
Après six années de travail, le nouvel atlas des mammifères est
sensibiliser la population sur la thématique de la biodiversité.
maintenant disponible. Ce livre s’adresse aux spécialistes des
Le nouvel atlas des mammifères est bien plus qu’un livre. Le
Hautes Écoles et aux autorités, aux bureaux d’écologie et de
projet porté par la Société Suisse de Biologie de la Faune SSBF
planification privés, ainsi qu’aux organisations non gouverne-
comprend les objectifs et motivations suivants :
mentales. Il représente également une source d’informations importante pour les étudiants et pour les enseignants, ainsi que pour le public intéressé par la nature.
Bibliographie Capt 2021 Hausser 1995 Marchesi et al. 2008 OFEV 2017
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Carnivores
Manuela von Arx
Carnivores Carnivora Évolution et systématique
l’aire de distribution la plus vaste. Des espèces telles que le Loup
Les Carnivores (Carnivora) sont apparus au Paléocène, il y a environ
et le Renard roux sont très adaptables et colonisent mêmes les
58 millions d’années, à partir d’un ancêtre qui ressemblait à un
zones fortement urbanisées. Les deux espèces de Félidés indi-
Viverridé. Ils comprennent actuellement environ 270 espèces. Il y
gènes vivent par contre principalement dans les milieux fores-
a 45 à 50 millions d’années ils se sont séparés en deux sous-ordres,
tiers. La majorité des Mustélidés ont besoin d’habitats riches en
les Féliformes (Feliformia) et les Caniformes (Caniformia).
couverts avec de petites structures et une végétation haute.
Le sous-ordre des Féliformes comprend les familles des
Quelques Carnivores, comme le Renard, le Blaireau, la Fouine
Viverridés (Viverridae), des Félidés (Felidae), des Hyénidés (Hyae- et le Raton laveur, ont également réussi à coloniser de nouveaux nidae) et des Herpestidés (Herpestidae). Depuis peu, on y inclut
habitats, en particulier les milieux urbanisés, et ont adapté
également les Carnivores malgaches (Eupleridae), les Linsangs
autant leur comportement que leur régime alimentaire. Alors
(Prionodontidae) et les Civettes palmistes africaines (Nandiniidae).
que le Raton laveur et le Chien viverrin sont des néozoaires qui
Il n’existe que deux familles de Féliformes en Suisse: les Félidés,
ne bénéficient d’aucune protection, le Loup et le Chacal doré ont
avec deux espèces (le Lynx boréal et le Chat sauvage d’Europe), et
colonisé spontanément le pays et sont ainsi protégés.
depuis peu les Viverridés, avec la Genette commune. Les Caniformes se composent des Ursidés (Ursidae), des Ota- Alimentation riidés (Otariidae), des Canidés (Canidae), des Procyonidés (Procyo- L’avantage de la carnivorie réside dans la valeur nutritive élevée nidae), des Mustélidés (Mustelidae) et des Phocidés (Phocidae).
de la viande, son inconvénient dans la rareté relative et la mobi-
Selon des découvertes récentes, les Mouffettes (Mephitidae) appar- lité des proies. Certains Carnivores, en particulier les félins, sont
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tiennent également à ce sous-ordre. La famille des Mustélidés est
exclusivement carnivores et spécialisés dans une gamme étroite
la mieux représentée en Suisse et au Liechtenstein, avec sept
de proies, mais la majorité, comme de nombreux Canidés, sont
espèces (Belette, Hermine, Putois, Martre des pins, Fouine, Loutre
omnivores et exploitent une large palette de nourriture. Quelques-
d’Europe et Blaireau d’Europe). Il y a quatre espèces de Canidés
uns, comme l’Ours brun se nourrissent principalement de nour-
(Loup gris, Renard roux, Chacal doré et Chien viverrin), une espèce
riture d’origine végétale, alors que les Mustélidés sont des
d’Ursidés (Ours brun) et une espèce de Procyonidés (Raton laveur).
consommateurs de petits mammifères, poissons et invertébrés. Ils ont un besoin énergétique élevé, car leur corps présente une
Caractéristiques
grande surface par rapport à leur volume et dissipent ainsi beau-
L’anatomie des Carnivores est conçue pour capturer et dévorer
coup de chaleur. Les superprédateurs que sont les grands Car-
d’autres animaux. Leur corps est extrêmement souple : la clavi- nivores n’ont pas d’ennemis, mais les espèces de taille moyenne cule est réduite et le cubitus est soudé au radius. Une mâchoire
et petite peuvent elles-mêmes devenir des proies. La majorité
puissante et des griffes permettent en plus d’attraper et de rete- des espèces de Carnivores sont crépusculaires et nocturnes. nir les proies. Les Carnivores peuvent s’attaquer à des proies de leur taille. Les caractères communs à tous les Carnivores sont
Reproduction
la présence de dents carnassières (quatrième prémolaire supé- Les comportements sociaux des différentes espèces de Carnivores rieure et première molaire inférieure) et de longues canines. Les
sont très variés. Par exemple, alors que les Félidés, les Ursidés et
carnassières forment une sorte de ciseaux utilisés pour couper
les Mustélidés vivent majoritairement en solitaires, la vie en groupe
la viande. Les canines sont utilisées pour mettre à mort et rete- est prédominante chez les Canidés. Ces derniers vivent généralenir la proie. Les mâchoires peuvent être actionnées sur un plan
ment en groupe constitué d’un couple dominant monogame et
vertical, mais elles ne permettent pas de mâcher ; la proie est
d’aides (principalement les jeunes des portées précédentes), les-
donc avalée par morceaux plutôt que mastiquée au préalable.
quels participent à l’élevage des jeunes et à la recherche de nour-
Le nom scientifique de l’ordre, « Carnivora », est d’ailleurs dérivé
riture. La plupart des Carnivores se reproduisent une fois par an.
des mots latins « caro » (chair) et « vorare » (dévorer).
Les espèces les plus petites peuvent avoir plusieurs portées chaque année, alors que chez les espèces les plus grandes il arrive
Distribution et habitat
qu’il y ait des années sans reproduction. Chez les Mustélidés, l’em-
Les Carnivores sont présents sur tous les continents et peuplent
bryon ne se développe pas immédiatement après la fécondation,
tous les habitats, des forêts tropicales humides aux déserts et
ce qui permet de retarder les naissances pour qu’elles aient lieu
aux régions polaires. Parmi les nombreuses espèces présentes
au meilleur moment de l’année. Les jeunes Carnivores sont nidi-
en Suisse et au Liechtenstein, la plupart vivent dans des forêts
coles et restent avec la mère jusqu’à leur indépendance (deux mois
ou préfèrent des paysages structurés. La famille des Canidés a
pour les Mustélidés, jusqu’à 24 mois pour les Ursidés).
Dynamique des populations, gestion et conservation
et le pâturage en forêt. Actuellement, la majorité des espèces
Les représentants de l’ordre des Carnivores sont diversement
est protégée. Pour certaines (Lynx, Loup, Ours) il existe cepen-
perçus par le public. Ils provoquent parfois la colère et la peur
dant des concepts de gestion, lesquels permettent sous cer-
en raison de leur comportement de prédateurs, mais on leur
taines conditions l’abattage d’individus particuliers.
donne aussi souvent une dimension mythique. C’est le cas en
Les espèces domestiquées telles que le Chien et le Chat, qui
particulier pour les grandes espèces qui ont été intensivement
comptent parmi les animaux de compagnie les plus appréciés
persécutées en Europe jusqu’au XIXe siècle avec l’appui de
de l’homme, sont par ailleurs issus de l’ordre des Carnivores.
primes à l’abattage officielles. Cette persécution directe n’aurait cependant pas suffi à les éradiquer à elle seule. Ils ont disparu également parce que leurs proies ont été éliminées par une chasse incontrôlée et leur habitat détruit par la surexploitation
Bibliographie Gittleman 1989 Hunter & Barrett 2011 Macdonald 1992
Macdonald 2004 Niethammer & Krapp 1990 Wilson & Mittermeier 2009
Famille
Nom scientifique
Nom français
Canidae
Canis lupus
Loup gris
Canis aureus
Chacal doré
Vulpes vulpes
Renard roux
Nyctereutes procyonoides
Chien viverrin
Felis silvestris
Chat sauvage d’Europe
Lynx lynx
Lynx boréal
Lutra lutra
Loutre d’Europe
Martes foina
Fouine
Martes martes
Martre des pins
Meles meles
Blaireau d’Europe
Mustela erminea
Hermine
Mustela nivalis
Belette
Mustela putorius
Putois
Procyonidae
Procyon lotor
Raton laveur
Ursidae
Ursus arctos
Ours brun
Viverridae
Genetta genetta
Genette commune
Felidae
Mustelidae
Les critères qui caractérisent le mieux les Carnivores sont les dents carnassières (quatrième prémolaire supérieure et première molaire inférieure), ainsi que les canines allongées, ici à l’exemple d’un crâne de Loup.
Depuis le début de sa réintroduction dans les années 1970, le Lynx a recolonisé le Jura et des parties des Alpes suisses. Avec le Chat sauvage il fait partie de la famille des Félidés.
Les Carnivores ont un corps caractérisé par une grande souplesse et qui est adapté à la capture d’autres animaux. C’est aussi le cas du Putois, un représentant un peu plus lourdaud de cet ordre.
223
Manuela von Arx, Ralph Manz
Loup gris Canis lupus Linnaeus,1758
Grauwolf Lupo grigio Luf grisch Grey wolf
Statut
Caractéristiques
Liste rouge CH EN LC Liste rouge EU Priorité nationale CH moyenne Statut de protection CH protégé selon LChP Statut de protection FL strictement protégé selon LR 451.014
Longueur tête-corps Hauteur au garrot Longueur de la queue Poids 7 Poids 6 Longévité
130–150 cm EU 65–80 cm EU 40–50 cm EU 30–35 kg EU 25–30 kg EU jusqu’à 12 ans
Description
des petits mammifères. Il peut également manger des cha-
Le Loup possède une robe grise avec des tons beiges, roussâtres
rognes. Un Loup a besoin en moyenne de 3 à 5 kg de viande par
ou bruns sur les flancs. Sur le dos, il présente souvent une tache
jour. En Suisse, il n’y a pas encore eu d’étude scientifique sur son
sombre et contrastée en forme de selle. Sur les pattes avant, il
régime alimentaire ; mais il apparaît que dans les régions alpines,
y a généralement une ligne verticale noire qui est visible. La tête
il se nourrit principalement de Chevreuils, de Cerfs, et de Cha-
est large avec une zone plus claire autour du museau. Les
mois. Le Loup attaque ses proies dès qu’une occasion se pré-
oreilles sont triangulaires, plutôt petites et arrondies. Sa queue
sente. Ceci explique pourquoi il tue parfois plus d’animaux qu’il
est droite et touffue et se termine avec une pointe noire. Elle
ne peut en manger, à l’exemple des moutons dans les pâturages.
descend jusqu’à la hauteur de la cheville. Le Loup a de longues
Chez le Loup, les comportements sociaux et la communica-
pattes, ce qui lui donne une silhouette élancée en été lorsque sa
tion sont très développés. Ils vivent en meutes constituées géné-
fourrure est moins dense.
ralement du couple reproducteur et de leurs jeunes de l’année
224
ou des deux dernières années. Dans les Alpes, une meute se
Biologie
compose en moyenne de 5 individus, leur nombre étant plus
Le Loup chasse selon une stratégie utilisant la poursuite et se
élevé en hiver du fait de la présence des jeunes de la dernière
montre très adaptable dans le choix de ses proies. En Europe, il
portée. La surface de leur territoire dépend de la densité des
s’attaque principalement aux grands Ongulés tels que le Cerf
proies, mais elle est d’au moins 50 à 300 km² dans les Alpes.
élaphe, le Chevreuil, le Chamois ou le Sanglier. Occasionnelle-
Les accouplements ont lieu entre janvier et mars et les nais-
ment, il tue également des Renards, des animaux de rente ou
sances, généralement de 3 à 8 louveteaux, entre avril et mi-mai.
Canis lupus
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Observations 2000 –2019
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Probabilité d’observation
Les jeunes de l’année précédente qui sont restés dans la meute
quelques individus dans le nord-ouest de la péninsule Ibérique, le
aident à élever la nouvelle portée. La plupart des jeunes prennent
centre de l’Italie, certaines parties des pays baltes, les Carpates
leur indépendance à l’âge de 10 à 22 mois, mais certains restent
et les régions montagneuses des Balkans. Dans la chaîne des
dans la meute jusqu’à 3 ans. Les distances de dispersion peuvent
Apennins, en Italie, il ne subsistait à cette époque plus qu’une
atteindre jusqu’à 1500 km. Parfois, des rencontres entre mâles
population d’environ 100 Loups. Cependant, son statut d’espèce
et femelles peuvent avoir lieu à de grandes distances des popu- protégée et l’augmentation simultanée des populations de ses lations établies. De nouveaux noyaux peuvent ainsi apparaître.
proies ont permis une recolonisation rapide de toute l’Italie. Au
Le taux de mortalité des juvéniles est cependant très élevé. Cer- début des années 1980, l’espèce a été détectée près de Gênes, puis tains ne survivent pas à leur premier hiver et d’autres périssent
en 1992, la première meute de Loups s’est installée en France
durant leur dispersion, dans des collisions avec des véhicules
dans le parc national du Mercantour. Depuis 1995, plusieurs indi-
ou pour d’autres raisons.
vidus ont migré séparément en Suisse, d’abord en Valais, puis, à partir de 2001, également dans les Grisons et au Tessin. Au cours
Distribution
des années suivantes, des observations ont été faites dans de
À l’origine, le Loup était répandu dans tout l’hémisphère nord. Au
nombreux autres cantons, mais ce n’est qu’en 2012 que la pre-
siècle dernier, il a cependant pratiquement été exterminé dans
mière meute s’est formée en Suisse. Un couple installé dans le
une grande partie de l’Europe et de l’Amérique. Dans les années
massif du Calanda, dans les Grisons, a pu en effet se reproduire
1970, son aire de répartition en Europe ne se limitait ainsi plus qu’à
avec succès.
Su rfa ce s
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ives uct od pr im
cu
é Agglom rations
es vé lti
2400 1600 800 0 0
10
20
30
observations
40
50 %
225
Ces dernières années, l’évolution des populations de Loups a été très dynamique dans toute l’Europe; le nombre d’individus a augmenté et son aire de répartition s’est considérablement étendue. Par exemple, alors que dans les Alpes seules 32 meutes avaient pu être détectées en 2010, on en recensait déjà 106 en 2018, avec une population estimée de 550 à 700 individus. Dans les Alpes orientales italiennes, on a observé les premières meutes constituées par l’accouplement de Loups provenant des Alpes avec des individus provenant des Dinarides. En France, l’aire de répartition s’est étendue vers le nord (Vosges) et le sud-ouest jusqu’au Mas- 2 sif Central et les premiers individus ont atteint les Pyrénées. En Suisse, le Loup est présent principalement dans les Alpes
présente en Allemagne avec des effectifs en forte progression,
et les Préalpes. Depuis 2013, on l’observe également régulière- devraient également être possibles. ment dans le sud-ouest du Jura. Fin 2019, on estimait la popula-
Au Liechtenstein, un Loup a été identifié pour la première
tion à 80 individus pour l’ensemble du pays. Pour la majorité, il
fois le 25 décembre 2018, grâce à un piège photographique. De
s’agissait d’animaux solitaires qui n’occupaient pas encore de
par sa taille, le Liechtenstein ne représentera cependant tout au
territoire propre. En 2019, huit meutes ont pu être recensées, ce
plus qu’une fraction du territoire d’une meute.
qui correspond à un doublement par rapport à l’année précédente.
226
Une meute s’était alors même formée pour la première fois dans
Habitats
le Jura. En été 2020, on comptait 11 meutes dans les cantons de
Le Loup apprécie généralement les grands massifs forestiers,
Glaris, des Grisons, de Saint-Gall, du Tessin, du Valais et de Vaud.
mais il n’est cependant pas exclusivement lié à ce type d’habitat.
Jusqu’à aujourd’hui, tous les Loups de Suisse sont soit des
Il est en effet très ubiquiste et on le trouve également dans
individus qui ont migré à partir de la population alpine franco-ita- d’autres milieux comme la toundra arctique, les steppes, les lienne, soit des descendants des meutes établies en Suisse.
déserts et même des zones fortement urbanisées ou agricoles.
Dans le futur, des immigrations à partir de la population des
En Suisse, la superficie favorable au Loup représente environ
Dinarides – Balkans ou à partir de celle d’Europe centrale, déjà
20 000 km2, situés surtout dans les Alpes, le Jura et les Préalpes.
1
Selon cette estimation, la Suisse pourrait ainsi accueillir environ
rente, des mesures de prévention, telles que l’utilisation de
300 individus. Les modèles d’habitat suggèrent que les surfaces
chiens de protection, de clôtures électriques ou la surveillance
forestières, ainsi que la disponibilité et la diversité des proies
des troupeaux par un berger, sont encouragées et soutenues
sont les facteurs les plus favorables, alors que les zones urba- financièrement. Les Loups qui s’attaquent à du bétail malgré les nisées, les routes et les secteurs à forte densité humaine repré- mesures de protection des troupeaux peuvent être abattus avec sentent les facteurs les plus contraignants. Les observations
l’accord du canton concerné (au Liechtenstein par l’Office de
montrent cependant que les Loups sont très adaptables et qu’ils
l’environnement). La gestion du Loup est réglementée dans les
peuvent s’établir dans des paysages fortement anthropisés.
deux pays par une aide à l’exécution, le « Concept Loup ». La
C’est surtout pour l’élevage des jeunes qu’ils ont besoin de
protection et la gestion du Loup conduisent à des prises de posi-
refuges sûrs. Les louveteaux naissent dans un terrier creusé par
tions politiques très controversées et sont liées à de nombreuses
les adultes ou une cavité naturelle.
questions socio-économiques telles que le déclin des activités économiques traditionnelles, l’urbanisation et d’autres boule-
Conservation et gestion
versements dans les zones rurales où les populations concer-
Bien que l’évolution de la population de Loups ait été positive ces
nées ne se sentent pas comprises.
derniers temps, il est toujours en danger en Suisse et dans les Alpes, selon les critères de la liste rouge des espèces menacées.
Bibliographie
Les plus grandes menaces sont liées à l’homme, les causes de
Boitani 2018 Breitenmoser et al. 2016 Huber et al. 2016 KORA 2019 KORA 2020a Marucco et al. 2018a Marucco et al. 2018b ONCFS 2018 Robin & Allgöwer 2018
mortalité principales étant les activités illégales (tirs, empoisonnements), les tirs autorisés ou les collisions avec des voitures ou des trains. Les peurs et les préjugés, ainsi que les attaques contre les animaux de rente, ont fait naître une attitude négative envers le Loup de la part d’une partie de la population. En Suisse, environ 300–500 animaux de rente sont tués chaque année par le Loup, en particulier des moutons. Les propriétaires sont indemnisés par l’État. Pour réduire les dommages causés aux animaux de
3
1 Les Loups sont très adaptables
et vivent non seulement dans les forêts, mais également dans les paysages anthropisés. 2 Les grandes empreintes sont celles d’un Loup, les petites celles d’un Renard. Les empreintes du Loup sont ovales, les pieds avant mesurant environ 11 cm de long et 8 cm de large, et les pieds arrière, 8 cm de long et 7 cm de large. Les empreintes du Loup sont difficiles à distinguer de celles d’un Chien. 3 Ces louveteaux d’une meute de Loups suisses apprennent la communication typique de l’espèce par le jeu.
227
Sous la loupe
Le Loup – une espèce protégée au potentiel conflictuel élevé
De nombreux Ongulés et grands Carnivores reviennent dans
mesures de conservation et de gestion doivent ainsi être coordon-
leurs zones de distribution d’origine d’où ils avaient disparu au
nées, tant à l’intérieur d’un même pays qu’entre tous les pays
cours du XIXe siècle. L’Europe est un bon exemple pour illustrer
situés dans l’aire de distribution d’une population donnée. La
comment le retour de ces grandes espèces est possible, même
Suisse et le Liechtenstein collaborent avec les autres pays alpins
au sein de nos paysages modernes cultivés et densément peu- tant au niveau politique (groupe de travail « Wildlife and Society » plés. Dans ce contexte, le défi consiste à concilier la protection des espèces avec les intérêts humains. C’est probablement pour
de la Convention alpine) que scientifique (« Wolf Alpine Group »). Les bases légales dédiées à la protection et à la conservation
le Loup que la divergence d’opinions est la plus grande. C’est
des populations de Loups prévoient d’être intransigeantes, mais
pourquoi il sert ici d’exemple pour montrer comment l’État et la
pragmatiques quant à la voie à suivre : la Convention relative à la
société peuvent gérer les problèmes potentiels avec une espèce
conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe dite
protégée. Les principaux défis résident dans les conflits liés à
Convention de Berne, cherche notamment à préserver les espèces
l’utilisation de l’espace – en particulier l’agriculture et la chasse – et les habitats. Cet objectif nécessite la coopération des pays et au ressenti de certaines personnes qui perçoivent le Loup
concernés, coopération qui est soutenue par la convention. Les
comme une menace. Le Loup représente également souvent un
parties contractantes – la Suisse et le Liechtenstein ont signé
symbole, voire un bouc émissaire, pour des changements socié- l’accord en 1979 et l’ont mis en vigueur en 1982 – s’engagent à taux ou pour des conflits entre individus ou groupes d’acteurs
prendre des mesures pour préserver les espèces animales et
ayant des orientations, des valeurs et des intérêts divergents.
végétales énumérées dans la convention. Le Loup figure dans
Lorsque la présence du Loup et les activités humaines s’op- l’annexe II des espèces strictement protégées. Toutes formes de
228
posent réellement, il convient alors de chercher des solutions adaptées à la situation.
capture intentionnelle, de détention ou de mise à mort délibérée de ces espèces sont, entre autres, interdites. Toutefois, chaque partie peut accorder des dérogations, à condition qu’il n’existe
Une gestion transfrontalière
aucune autre solution satisfaisante et que cette dérogation ne
Les Loups peuvent parcourir de longues distances et les meutes
porte pas préjudice à la survie de la population concernée. Ces
utilisent d’immenses territoires qui chevauchent souvent plusieurs
exceptions sont par exemple accordées pour la prévention de
cantons, voire même plusieurs pays. Sur les neuf populations de
dommages graves au bétail, dans l’intérêt de la sécurité publique
Loups recensées en Europe, huit sont ainsi transfrontalières. Les
ou à des fins de recherche et d’enseignement.
1 1 En plus des bases légales, la Eidgenössisches Departement für Umwelt, Verkehr, Energie und Kommunikation UVEK Bundesamt für Umwelt BAFU
2016 (Revision der Anhänge 2019)
Konzept Wolf Schweiz Vollzugshilfe des BAFU zum Wolfsmanagement in der Schweiz
Konzept Wolf Liechtenstein
Juli 2019
gestion du Loup est réglementée plus précisément par un plan Loup ad hoc, autant en Suisse qu’au Liechtenstein. Ces plans représentent des aides à l’exécution à destination des autorités responsables et précisent les compétences et les processus liés à la gestion. 2 Les attaques de grands prédateurs sur les moutons ou les chèvres peuvent être fortement réduites grâce à la présence de chiens de protection des troupeaux. En Suisse, on a recours actuellement à environ 300 de ces chiens, des deux races « Bergers des Abruzzes » (en photo), ainsi que « Montagne des Pyrénées ».
Manuela von Arx
Cadre légal national
Les concepts de gestion cantonaux
Le Loup est protégé en tant qu’espèce indigène qui ne peut être
En Suisse, ce sont les cantons qui réalisent la gestion et le suivi
chassée, en Suisse par la loi sur la chasse et au Liechtenstein par
des populations de Loups sur leur territoire. Treize cantons ont
la loi sur la protection de la nature. Des actions contre des animaux
développé des concepts cantonaux basés sur le plan Loup Suisse.
isolés sont toutefois possibles afin de prévenir les dommages
Le contenu de ces différents concepts cantonaux est très variable,
importants. En cas de dégâts importants ou de risque accru pour
mais il définit essentiellement les processus et procédures
l’homme, des mesures de réduction de la population peuvent être
concernant la gestion du Loup au niveau cantonal, ainsi que les
autorisées, à savoir des tirs de juvéniles dans les meutes concer- responsabilités. L’un des aspects centraux de ces concepts est nées. Les critères en la matière sont définis en Suisse par l’Or- de savoir comment gérer les préjudices causés aux animaux donnance sur la chasse, et au Liechtenstein par un plan Loup. Le
d’élevage. Cette gestion comprend, entre autres, l’intégration et
plan Loup Suisse, développé en 2004 et révisé à trois reprises
l’information des autorités locales et régionales, ainsi que des
depuis (2008, 2010 et 2016), aide à une application uniforme en
groupes d’intérêt, un aspect particulièrement important pour le
accord avec la loi et l’ordonnance. Outre celui du Loup, de tels
Loup. Des tables rondes ont été organisées à cet effet dans cer-
plans ont également été développés pour le Lynx (2000, 2004, 2016), tains cantons. Les relations publiques relèvent également de la l’Ours (2006, 2009) et le Castor (2004, 2010). Un monitoring adapté
compétence des cantons, en concertation avec l’Office fédéral
est nécessaire avant toute mise en œuvre de mesures d’interven- de l’environnement (OFEV). tion, c’est pourquoi la distribution de ces espèces est mieux connue que celle de la majorité des autres mammifères.
L’importance sociopolitique du Loup se reflète également dans les débats politiques : plus de 60 motions ont été traitées
Pour une gestion des grands prédateurs, la Suisse est sub- au Parlement suisse entre janvier 2006 et mai 2019 sur le thème divisée en compartiments et sous-compartiments composés de
du Loup ! À ceci s’ajoutent de nombreuses interventions poli-
plusieurs cantons ou parties de cantons. Dans chaque compar- tiques au sein des cantons. Il faudra encore un certain temps et timent, une commission intercantonale contrôle la gestion des
un dialogue régulier avant que la société ne trouve un consensus
grands prédateurs. À partir de 2019, le Liechtenstein a aligné
en ce qui concerne la cohabitation avec le Loup et les autres
son plan Loup sur le plan suisse et fait maintenant partie du
espèces protégées à potentiel de conflit avec l’homme.
compartiment V du sud-est de la Suisse. Dans les deux pays, la gestion du Loup est supervisée par les offices nationaux chargés de l’environnement.
Bibliographie Chapron et al. 2014 Linnell et al. 2008 Regierung des Fürstentums Liechtenstein 2019 OFEV 2016a–c OFEV 2009 Schnidrig et al. 2016 Trouwborst & Fleurke 2019
229
Index Les numéros de page en gras renvoient aux portraits d’espèces. A animal nuisible 416, 445 de compagnie 9, 416 de rente 9, 229, 416, 445 Apodemus alpicola 400, 404, 406 flavicollis 400, 404, 406 sylvaticus 400, 404, 406 amphibius 352, 356 italicus 352, 356 Artiodactyla 290 Artiodactyles 290
476
B Balaenoptera musculus 13 Baleine bleue 13 Barbastella barbastellus 144 Barbastelle d’Europe 144 Belette 272 bioacoustique 27, 148 Bison bonasus 439 Bison d’Europe 439 Blaireau d’Europe 262 Bouquetin des Alpes 292 C cadavres 26 Callosciurus erythraeus 440 Campagnol agreste 362, 366, 370 de Fatio 372, 374, 376 de Lavernède 366, 370 de Savi 372, 374, 376 des champs 362, 366 des neiges 358 fouisseur 352, 356 roussâtre 378 souterrain 372, 374 terrestre italien 352, 356 Canis aureus 230 lupus 224 Capra ibex 292 Capreolus capreolus 302 capture 26 caracéristiques 37 dentaires 12, 14 Carnivora 222 Carnivores 222 Castor d’Europe 346, 384 Castor fiber 346, 384 Cerf élaphe 306, 312, 314 sika 312 Cervus elaphus 306, 312, 314 nippon 312 Chacal doré 230 Chamois 298 changement climatique 17, 430, 444 chasse 27, 30, 36, 430, 445
Chat domestique 9, 12, 242, 444 forestier 242 sauvage d’Europe 242 Chauves-souris 44 Chiroptera 44 Chiroptères 44 Chevreuil européen 302 Chien viverrin 240 Chionomys nivalis 358 colonie 32, 45 de parturition 39, 40, 44, 45, 54, 63 communication 15, 148, 172 compétition 13, 44, 267, 444 conflit 114, 228, 445 corridor de vol 44, 63 à faune 291, 321, 444 Crocidura leucodon 184 russula 180, 184, 188 suaveolens 180, 184, 188 D Daim 314 Dama dama 314 désordre 446 diagramme d’altitude 40 d’habitat 18, 40 données biométriques 37 Dryomys nitedula 390 dynamique naturelle 20, 445 E écolocation 15, 44, 148 Écureuil de Pallas 440 gris 435, 440 roux 432, 436, 440 Eliomys quercinus 386, 390 endotherme 13 Eptesicus nilssonii 132 serotinus 136 Erinaceus europaeus 174 roumanicus 438 espèce commensale 266, 444 emblématique 446 jumelle 17, 25, 29, 206 porte-drapeau 446 prioritaire au niveau national 36 Eulipotyphla 172 Eulipotyphles 172 F Felis silvestris 242 Fouine 254, 258 fragmentation 266, 320, 444 Furet 276
G genetique 29, 32, 206 Genetta genetta 286 Genette commune 286 gîte 28, 44, 45, 52, 62, 445 glaciation 12, 18, 430 Glis glis 392 Grand murin 58, 64 rhinolophe 48, 54 Grande noctule 100, 104, 108 H herbicide 23 Hérisson d’Europe 174 des Balkans 438 Hermine 268 hibernation 44, 45, 114, 342, 430 hybride 29, 206, 242, 444 Hypsugo savii 128 Hystrix cristata 441 I image thermique 26 Insectivora 172 Insectivores 172 L Lagomorpha 324 Lagomorphes 324 Lapin de Floride 338 de garenne 326, 336, 338 Lepus europaeus 326, 330, 332, 336 timidus 326, 332 Lérot 386, 390 Lérotin 390 léthargie journalière 45 Lièvre brun 326, 330, 332, 336 variable 326, 332 Liste rouge 30, 36 Loir 392 Loup gris 224 Loutre d’Europe 250 Lutra lutra 250 Lynx boréal 246 Lynx lynx 246 M maladie 238, 416, 444 Marmota marmota 426 Marmotte des Alpes 426 Martes foina 254, 258 martes 254, 258 Martre des pins 254, 258 Megachiroptera 44 Meles meles 262 Microchiroptera 44 Micromys minutus 408
Microtus agrestis 362, 366, 370 arvalis 362, 366 lavernedii 366, 370 multiplex 372, 374, 376 savii 372, 374, 376 subterraneus 372, 374 migration 45 milieu agricole 20, 23, 228, 330, 416 sauvage 446 Minioptère de Schreibers 166 Miniopterus schreibersii 166 modèle de distribution 29, 32, 39, 40 Molosse de Cestoni 162 Mouflon 296 Mulot à collier 400, 404, 406 alpestre 400, 404, 406 sylvestre 400, 404, 406 Murin à moustaches 72 à oreilles échancrées 90 cryptique 90, 94, 98, 206 d’Alcathoé 80 de Bechstein 68 de Brandt 76 de Capaccini 84, 88 de Daubenton 84 de Natterer 90, 94, 98 Mus domesticus 412 poschiavinus 11, 412 Musaraigne alpine 210 aquatique 192, 196 bicolore 184 carrelet 198, 202, 204, 206 couronnée 198, 202, 204, 206 de Miller 192, 196 des jardins 180, 184, 188 du Valais 198, 202, 204, 206 étrusque 190 musette 180, 184, 188 pygmée 208 Muscardin 396 Muscardinus avellanarius 396 Mustela erminea 268 nivalis 272 putorius 276 putorius furo 276 Myocastor coypus 384 Myodes glareolus 378 Myotis alcathoe 80 bechsteinii 68 blythii 62, 64 brandtii 76 capaccinii 84, 88 crypticus 90, 94, 98, 206 daubentonii 84 emarginatus 90 myotis 58, 64 mystacinus 72 nattereri 90, 94, 98
N Neomys anomalus 192, 196 fodiens 192, 196 Neovison vison 439 Noctule commune 100, 104, 108 de Leisler 100, 104, 108 nosvoisinssauvages.ch 30, 178, 442, 452 Nyctalus lasiopterus 100, 104, 108 leisleri 100, 104, 108 noctula 100, 104, 108 Nyctereutes procyonoides 240 O observations directes 25 indirectes 27 visuelles 25, 26, 178, 398 Ondatra zibethicus 382, 384 Ongulés 290 Oreillard alpin 158 gris 150, 154, 158 montagnard 150, 154, 158 roux 150, 154, 158 ornitho.ch 30, 178, 452 Oryctolagus cuniculus 326, 336, 338 Ours brun 282 Ovis gmelini musimon 296 P pelotes 27, 31 perturbation 321, 444 pesticide 45, 173, 444 Petit murin 62, 64 rhinolophe 48, 54 petites structures 23, 320, 330, 331, 444 piège photographique 25, 30 Pipistrelle commune 110, 116, 206 de Kuhl 120 de Nathusius 124 pygmée 110, 116, 206 Pipistrellus kuhlii 120 nathusii 124 pipistrellus 110, 116, 206 pygmaeus 110, 116, 206 placentaires 13 Plecotus auritus 150, 154, 158 austriacus 150, 154, 158 macrobullaris 150, 154, 158 pollution lumineuse 52, 63, 321, 444 Porc-épic à crête 441 prédation 13, 172, 290, 444 probabilité d’observation 32, 39 Procyon lotor 240, 280 protection des habitats 445 pseudo-absence 32 Putois 276
R Ragondin 384 Rat musqué 382, 384 noir 418, 422 surmulot 418, 422 Raton laveur 240, 280 Rattus norvegicus 418, 422 rattus 418, 422 régime alimentaire 15 régions biogéographiques 18, 34 Renard roux 230, 234 reproduction 14, 38, 44, 172, 222, 290, 324, 343 revitalisation 445, 446 Rhinolophe euryale 438 Rhinolophus euryale 438 ferrumequinum 48, 54 hipposideros 48, 54 Rodentia 342 Rongeuers 342 ruminants 15, 290, 291 Rupicapra rupicapra 298 S Sanglier 316 science participative 31, 178 Sciurus carolinensis 435, 440 vulgaris 432, 436, 440 Sérotine bicolore 140 boréale 132 commune 136 Sicista betulina 441 Siciste des bouleaux 441 Sorex alpinus 210 antinorii 198, 202, 204, 206 araneus 198, 202, 204, 206 coronatus 198, 202, 204, 206 minutus 208 Souris des moissons 408 domestique 412 du tabac 11, 412 statut de protection 36 Stratégie Biodiversité Suisse 9 Suncus etruscus 190 Sus scrofa 316 Sylvilagus floridanus 338 T Tadarida teniotis 162 Talpa caeca 218 europaea 214, 218 Tamia de Sibérie 436 Tamias sibiricus 436 Taupe aveugle 218 d’Europe 214, 218 thermorégulation 13, 16 tube digestif 15, 324 type de denture 14 de poils 13
477
U Ursus arctos 282 V Vespère de Savi 128 Vespertilio murinus 140 Vison d’Amérique 439 Vulpes vulpes 230, 234 W webfauna.ch 30, 452 Y Yangochiroptera 44 Yinpterochiroptera 44
478
Atlas des mammifères
Actuellement, 99 espèces de mammifères vivent à l’état sauvage en Suisse et au Liechtenstein. L’Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein présente ces espèces de manière scientifique, mais dans un langage accessible pour tous. Les portraits d’espèces comprennent des textes portant sur la biologie, la distribution, les habitats, ainsi que les mesures de conservation et de gestion. Ces thèmes sont illustrés par des cartes de distribution, de nombreuses photos de qualité et des diagrammes informatifs. Des sujets qui concernent plusieurs espèces sont traités dans 15 chapitres particuliers sous l’intitulé « Sous la loupe ». Il s’agit entre autres de la réintroduction d’espèces disparues, de la gestion des grands prédateurs, des méthodes de suivi de la faune sauvage ou de mesures de conservation particulières. Cet Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein contient non seulement les données transmises par les spécialistes avérés, mais aussi celles fournies par de nombreux amateurs, notamment dans le cadre de projets de science participative. Il en résulte une vue d’ensemble complète de l’état actuel des mammifères sauvages vivant en Suisse et au Liechtenstein en 2020.
Atlas des mammifères de Suisse et du Liechtenstein
Société Suisse de Biologie de la Faune
Société Suisse de Biologie de la Faune
ISBN 978-3-258-08179-3
UG_Atlas_der_Saeugetiere.indd 2
19.01.21 18:05