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« Notre intégration au sein d’UNITA est capitale »

de formation de l’espace Bologne, dont la Suisse fait partie. Il ne s’agissait que d’un interstice, mais il nous est apparu indispensable de saisir cette opportunité. Si nous avons été la première haute école spécialisée à être en mesure d’intégrer une telle alliance, c’est parce que nous avons pu nous appuyer sur des partenariats existants et forts.

En quoi consiste l’initiative des universités européennes ?

La HES-SO a été accueillie au sein de l’université européenne UNITA – Universitas Montium en juin 2022. René Graf, Vice-recteur Enseignement, explique l’importance de la participation à cette alliance.

La HES-SO a été la première haute école spécialisée de Suisse à rejoindre une université européenne en juin 2022. Pouvez-vous expliquer les raisons de votre intégration à UNITA ?

René Graf Cette intégration au sein d’UNITA – une alliance de six universités à travers l’Europe qui comprend également six hautes écoles associées – a représenté une belle opportunité dans un contexte difficile. Je rappelle que la Suisse n’est pas associée à Erasmus+, ce vaste programme d’échange d’étudiant·es, de chercheur·es et d’enseignant·es entre les hautes écoles d’Europe et du monde. En 2021, elle a également été écartée d’Horizon Europe, le plus ambitieux programme d’encouragement de la recherche et de l’innovation conçu par l’Union européenne à ce jour, en raison de la rupture des négociations avec l’Union européenne par le Conseil fédéral. Au début de l’année 2022, l’Union européenne nous a ouvert une porte. Elle a décidé d’élargir l’initiative des universités européennes aux établissements

Elle représente l’un des projets les plus prestigieux du programme Erasmus+. Elle vise à approfondir un processus engagé par Bologne, qui renforce la cohérence des systèmes d’enseignement supérieur en Europe au moyen d’alliances entre hautes écoles. Plus de 41 alliances ont déjà été constituées, associant 280 établissements. L’objectif est de créer de vastes campus interuniversitaires européens, au sein desquels étudiant·es, checheur·es et enseignant·es peuvent évoluer de manière fluide. L’enjeu est de taille pour toutes les hautes écoles. À l’avenir, l’Union européenne souhaite que 50% des étudiant·es au sein des alliances aient une expérience de mobilité durant leur cursus. Cela ne signifie pas forcément un semestre à l’étranger, cela peut être un cours d’été, la participation à un module, des collaborations entre enseignant·es. Ces alliances faciliteront ces échanges, donneront de nouvelles opportunités aux étudiant·es et valoriseront au final leur diplôme. La Suisse ne peut tout simplement pas se permettre d’observer ces changements de l’extérieur, elle doit être partie prenante de ce processus.

Parmi ces 41 alliances, pourquoi avez-vous choisi UNITA ?

La HES-SO a toujours affirmé une volonté d’ouverture et de collaboration avec des partenaires internationaux. Elle a ainsi cultivé des réseaux et d’excellentes relations avec plusieurs établissements, parmi lesquels l’Université Savoie Mont Blanc. Cette dernière nous a parrainés pour notre intégration à UNITA, au sein de laquelle nous avons été extrêmement bien accueillis. Nous partageons un certain nombre de caractéristiques avec les membres de cette alliance : ils sont tous situés dans des zones de montagne transfrontalières, ils parlent une langue romane et entretiennent des liens étroits avec leur région.

Le statut de la HES-SO est celui de membre associé. Qu’est-ce que cela signifie ? Comme nous ne faisons pas partie d’Erasmus+, nous ne recevons pas de financement de Bruxelles et notre participation est limitée sur certains aspects. Cependant, UNITA nous a dès le départ intégrés dans sa gouvernance. Nos compétences y sont reconnues et nous bénéficions au sein d’UNITA d’un positionnement équivalent à un membre ordinaire. En effet, ces 25 dernières années, nous avons acquis beaucoup d’expérience dans la création d’un réseau de hautes écoles et les membres d’UNITA souhaitent que nous leur apportions ce savoir-faire. Cette reconnaissance est très valorisante pour nous, mais cela signifie également beaucoup de travail et d’implication. Et comme nous n’avons pas de financement spécifique à l’heure actuelle, nous avons dû débloquer nos propres fonds pour mettre à disposition des ressources.

Quelles ont été les avancées depuis un an ? UNITA se trouve actuellement dans une phase pilote et vient de déposer une demande de pérennisation pour les six prochaines années. Nous sommes partie intégrante de ce projet, structuré en cinq domaines de développement comme le pilotage de la gouvernance, l’enseignement et la recherche ou la création d’une communauté UNITA. En tout, 21 tâches ont été définies, pour lesquelles la HES-SO délègue à chaque fois deux personnes. Plus de 40 personnes sont impliquées dans le pilotage d’UNITA au sein de la HESSO. Dans une phase ultérieure, ce cercle s’élargira à nos chercheur·es et étudiant·es. Mais des collaborations et des évènements ponctuels ont déjà donné lieu à des échanges. Je pense notamment à l’Assemblée des étudiant·es d’UNITA à laquelle prennent part deux de nos étudiant·es, ou encore à notre participation aux semaines UNITA, comme celle de Saragosse en février 2023.

Qu’est-ce que cette association à UNITA apporte à la HES-SO ?

Elle est capitale à nos yeux, même si elle illustre les limitations actuelles des hautes écoles suisses à participer aux programmes européens. Nous avons été invités à la table d’une alliance européenne d’importance et nous participons aux discussions sur le futur paysage européen des hautes écoles. Cela nous permet de ne pas rater ce train ! Grâce à UNITA, nous comprenons les évolutions, nous participons aux discussions et nous devenons un interlocuteur qui compte. Surtout, nous cultivons des réseaux qui seront indispensables lors de notre retour dans l’arène des hautes écoles et de la recherche européennes. Ces possibilités de collaborations sont aussi essentielles pour nos chercheur·es, qui doivent se construire un réseau à l’international pour leur carrière.

À terme, la participation de la Suisse à Erasmus+ et à Horizon Europe est donc indispensable…

Tous nos efforts se font dans ce but. Notre statut actuel est précaire. Nous capitalisons sur la bienveillance de nos partenaires, basée sur une confiance mutuelle. Celle-ci résulte de relations interpersonnelles de longue date. Mais cette situation n’est pas viable à long terme. La Suisse doit rejoindre Erasmus+ et Horizon Europe dans les plus brefs délais. Il y va de la qualité de ses hautes écoles et des diplômes qu’elles décernent, de même que de l’employabilité des jeunes. Nous répéterons ce message autant qu’il le faudra. •

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