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À LA BERD

Adil Chikhi, Directeur Corporate - Region SEMED à la BERD «La BERD s’aligne sur les stratégies nationales en accompagnant les secteurs à fort impact pour le développement du pays. »

LA BERD, DONT LE SIÈGE EST À LA CITY DE LONDRES, EST UNE INSTITUTION FINANCIÈRE INTERNATIONALE CRÉÉE EN 1991 POUR FAVORISER LA TRANSITION VERS UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ DURABLE EN EUROPE DE L’EST. DEPUIS SA CRÉATION, ET AU VU DU SUCCÈS DE SON MODÈLE, LES ACTIONNAIRES DE LA BERD - REPRÉSENTANT AUJOURD’HUI UNE SOIXANTAINE DE PAYS - ONT ÉTENDU PROGRESSIVEMENT LE MANDAT GÉOGRAPHIQUE DE LA BANQUE LUI PERMETTANT DE COUVRIR AUJOURD’HUI 38 PAYS DE L’EUROPE CENTRALE À L’ASIE CENTRALE ET DANS LA RÉGION SEMED ( PRÉSENTE DEPUIS 2012 AU MAROC, ÉGYPTE, JORDANIE ET TUNISIE ET DEPUIS 2017 AU LIBAN ET EN CISJORDANIE ET GAZA ) . ADIL CHIKHI, DIRECTEUR CORPORATE -RÉGION SEMED À LA BERD, NOUS EN PARLE DAVANTAGE. INTERVIEW.

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IDM : Quelles sont les orientations stratégiques de la BERD et plus précisément au Maroc ? A. CHIKHI : La BERD, dont le siège est à la City de Londres, est une Institution financière internationale créée en 1991 pour favoriser la transition vers une économie de marché durable en Europe de l’Est. Le Maroc est un actionnaire fondateur de la BERD depuis 1991 et est devenu pays d’opération de la banque depuis 2012. À ce jour, 120 milliards d’euros ont été investis dans 5.000 projets dans les différents pays d’opération. Ainsi, l’accompagnement de la banque au Maroc se présente sous forme de financements en dette et capitaux propres couvrant tous les secteurs de l’économie avec un focus sur le développement du secteur privé - Intégration, Innovation, Internationalisation & Institutionnalisation. Plus précisément, notre stratégie au Maroc se base principalement sur quatre grands axes : 1.La réalisation du potentiel entrepreneurial du Maroc en promouvant un climat des affaires favorable en facilitant l’accès au financement, en particulier aux PME en complétant l’offre existante indirecte (fond de fonds, lignes de crédit dédiées) et directe (prêts, financements en mezzanine, prises de participation) 2.La promotion de l’intégration régionale et le développement économique inclusif dans les régions en soutenant particulièrement les entreprises privées 3.Le soutien du développement durable et viable des Infrastructures & Services publics 4.Le Développement des marchés de capitaux et le soutien de la liquidité des marchés financiers (actions & obligations) La BERD essaie de combler les « écarts de marché » de manière complémentaire avec les banques commerciales et les investisseurs privés en proposant une expertise sectorielle avec des financements structurés sur mesure et innovants répondant aux besoins du projet et de l’entreprise tout en se focalisant sur le financement des investissements «Verts» pour favoriser les meilleures pratiques environnementales. Plus récemment, nous cherchons également à accompagner les entreprises marocaines dans leur internationalisation incluant dans leur expansion africaine.

IDM : Quel est le bilan de l’accompagnement de la BERD au Maroc depuis ?

A. CHIKHI : À notre arrivée au Maroc en 2012, nous nous sommes retrouvés face à une économie relativement structurée et des banques et des entreprises sophistiquées. Il fallait être innovant pour que le BERD ajoute de la valeur à l’économie et aux entreprises marocaines. Nos ambitions ont porté leurs fruits et nous avons été pionniers dans des financements innovants. Ainsi, la BERD a été, par exe,mple 1re Institution financière internationale (IFI) à offrir des financements en dirhams, à être investisseur de référence dans la 1re émission obligataire internationale d’un émetteur privé marocain (BMCE Bank of Africa), à investir dans une obligation en dirhams émise par un émetteur privé noté par les agences de notation (Zalar Holding), à investir dans un SaleLeaseback avec une structure «OpCo/ PropCo» ciblant un OPCI (Label Vie)... La BERD s’aligne sur les stratégies nationales en accompagnant les secteurs à fort impact pour le développement du pays. Ainsi, 1,5 milliard d’euros ont été investis dans le Royaume à ce jour dans une quarantaine de projets couvrant différents domaines à l’instar des institutions financières, l’agribusiness, l’industrie, les infrastructures, les énergies et immobilier & tourisme.

IDM : La BERD a manifesté un intérêt particulier envers le secteur agricole marocain comme le témoigne la récente rencontre entre Aziz Akhannouch et Suma Chakrabarti, président de la BERD. Quels sont les projets prévus par la banque dans ce cadre ? A. CHIKHI : Le secteur agricole est d’une importance capitale pour le pays et l’est également pour la BERD. Depuis le début de nos opérations au Maroc en 2012, nous avons financé 8 projets dans le secteur exclusivement avec des acteurs du secteur privé. Dans le secteur public, nous avons accompagné le ministère de l’Agriculture avec un financement de EUR 120m pour le projet de conservation des eaux de la plaine du Saïss. Ce projet est capital pour la protection du secteur agricole marocain des impacts des changements climatiques et recevra le prix d’or de résilience

climatique qui est décerné au ministère marocain de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. En parallèle des financements, la banque a mené un certain nombre d’études et d’initiatives pour le développement du secteur. Elle a notamment travaillé conjointement avec la FAO sur des études et interventions visant le développement des coopératives, le développement du secteur de l’huile d’olive et des oléagineux. Plus globalement, les axes prioritaires de la banque dans le secteur visent : 1.le développement d’une industrie agroalimentaire moderne visant les marches domestique et export, (ii) le développement du secteur de la distribution moderne, 2.renforcer les investissements logistiques dans la chaine de valeur agricole, 3.soutenir les produits agricoles pour lesquels le Maroc a un avantage compétitif durable à l’export, et 4.soutenir les investissements verts dans le secteur.

IDM : Concernant votre soutien au développement des PME et PMI ? A. CHIKHI : Le programme d’appui aux PME, financé principalement par un don de l’Union européenne, apporte un soutien technique et financier aux PME marocaines, et ce par la voie de deux mécanismes liés à la consultance locale et à l’expertise industrielle internationale. Les PME bénéficient en outre d’une subvention allant jusqu’à 85% et constatent une réelle croissance de leurs indicateurs de performance. Pour ce qui est de la consultance locale, la banque a accompagné 340 projets dans plusieurs villes comme Casablanca, Rabat, Oujda, Ouarzazate, Meknès, Fès, Al Hoceima, Larache, Essaouira, Tanger.... En termes d’impact, le programme a pu apporter des résultats tangibles notamment une amélioration moyenne de 44% du chiffre d’affaires et la création de 2.200 nouveaux emplois. En matière d’expertise internationale, 51 projets ont été accompagnés en mobilisant des experts internationaux seniors pour le partage de leur savoir-faire industriel avec les entreprises marocaines. En parallèle de ce programme, la banque a récemment mobilisé des fonds de l’Union européenne, dédiés au développement des chaines de valeurs à travers un accompagnement ciblé des PME dans ces chaines. Cet accompagnement prend la forme d’assistance technique et de subventions d’investissement.

IDM : Où en êtes-vous dans le programme Economie verte ? A. CHIKHI : Parmi les principales ambitions de la BERD est de se positionner comme une banque «verte». Dans ce sens, la BERD s’est attelée à un financement «vert», en pourvoyant 43% du financement bancaire multilatéral l’année dernière pour l’économie verte. Ces 4.1 milliards € de financements ont permis la réduction d’émission de CO2 de l’ordre de 6.3 millions de tonnes en 2017 et de 90 millions de tonnes depuis le début de l’initiative. En effet, la banque a comme objectif de promouvoir les énergies renouvelables & l’efficacité énergétique permettant une croissance inclusive et un développement durable. Concrètement, plusieurs programmes ont été mis en place dans ce sens par la BERD, ayant pour but de mobiliser les fonds de donateurs pour des subventions green. Tout d’abord le programme « FINTECC » (Finance and Technology Transfer Centre for Climate Change) » qui vise la mise en œuvre de technologies climatiques innovantes (efficacité énergétique, énergie renouvelable, utilisation rationnelle de l’eau, réduction des émissions de CO2, résilience aux impacts du changement climatique) et dans le cadre duquel la banque peut accorder des subventions allant jusqu’à 25% du coût de la technologie ou 400.000 d’euros. Nous avons également lancé le programme « MORSEFF & SPREF » (SEMed Private Renewable Energy Framework) pour les énergies renouvelables, à travers le fonds pour l’environnement mondial Global Environment Facility (GEF) et (CTF). D’un montant global de 110 millions d’euros, il s’agit de la ligne de financement de l’énergie durable destinée aux entreprises privées marocaines. Dans le même ordre d’idée, nous avons également à notre actif le « Green Logistics Programme », qui soutient les investissements logistiques (jusqu’à 15% du coût).

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